MAT311 Slides9 X14
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ÉCOLE POLYTECHNIQUE –
En dimension finie un endomorphisme est injectif si et seulement s’il est surjectif. Les valeurs
propres d’un endomorphisme A sont les λ ∈ K tels que Aλ − id n’est pas injectif, i.e. il existe
x 6= 0 tel que A(x) = λ x (auquel cas x est appelé un vecteur propre de A pour la valeur
propre λ).
Si A est un opérateur symétrique (resp. hermitien) d’un R-espace vectoriel (resp. C-espace
vectoriel) de dimension finie dans lui-même, il existe une base orthonormée de l’espace
constituée de vecteurs propres de A. Les valeurs propres d’un opérateur hermitien sont réelles.
Ainsi λ ∈ R.
Si H est un espace de Hilbert complexe (resp. réel), on dit que A : H → H est un opérateur
hermitien (resp. symétrique) si on a A∗ = A ; autrement dit, si
Définition
On dit qu’un opérateur borné A : H1 → H2 est inversible s’il existe un opérateur borné
B : H2 → H1 tel que A ◦ B = idH2 et B ◦ A = idH1 .
Définition
Soit A : H → H un opérateur borné.
(i) On appelle spectre de A, et on note sp(A), l’ensemble des λ ∈ C tels que A − λidH n’est
pas inversible (un tel λ est appelé une valeur spectrale de A).
(ii) L’ensemble des valeurs propres de A, noté vp(A), est encore l’ensemble des λ ∈ C tels
que A − λidH n’est pas injectif, i.e. l’ensemble des λ ∈ C pour lesquels il existe
x ∈ H − {0} tel que A(x) = λx (un tel x est encore appelé un vecteur propre de A pour
la valeur propre λ).
vp(A) ⊂ sp(A).
Si λ ∈
/ vp(Λ), l’opérateur
xn
Λ̃ (xn )n>0 :=
λn − λ n>0
vp(A) = ∅.
Mais pour λ ∈ C, l’opérateur A − λ id est inversible si, et seulement si, λ 6∈ [−1, 1] ; dans ce
cas l’inverse est donné par
f (t)
(A − λid)−1 (f )(x) := .
cos(t) − λ
Donc
∅ = vp(A) ⊂ sp(A) = [−1, 1].
Théorème
Soient H1 et H2 des espaces de Hilbert et soit E ⊂ H1 un sous-espace dense. On se donne
A : E → H2 un opérateur tel que
Lemme
Pour tout k > 1, l’espace Cck (RN ; C) des fonctions de classe C k à support compact est dense
dans Cc (RN ; C), muni de la norme k · kL∞ .
Remarque : on peut aussi contrôler en mesure le support des fonctions de Cck (RN ; C)
approchant une fonction f ∈ Cc (RN ; C) donnée, en montrant qu’il existe une suite de
fonctions fn ∈ Cck (RN ; C) telle que
On remarque que Z
f (x) − fn (x) = gn (z) f (x) − f (x − z) dz,
RN
donc Z
|f (x) − fn (x)| 6 sup |f (x) − f (x − z)| gn (z) dz .
z∈Bf (0,1/n) RN
Le support de f étant compact, on utilise le théorème de Heine pour conclure que la suite
(fn )n>1 converge uniformément vers f .
Lemme
Pour tout k > 1, l’espace Cck (RN ; C) est dense dans L2 (RN ; C) pour la norme k · kL2 .
Preuve. Soit f ∈ L2 (RN ; C) et n > 1. Il existe gn ∈ Cc (RN ; C) telle que kf − gn kL2 6 1/2n.
Choisissons fn ∈ Cck (RN ; C) telle que
Z 1/2
kgn − fn kL2 6 kgn − fn kL∞ 1{fn 6=0}∪{gn 6=0} dx
RN
1
6 kgn − fn kL∞ (1 + |{gn 6= 0}|)1/2 6 .
2n
Finalement kf − fn kL2 6 1/n, et on a donc construit une suite de Cck (RN ; C) qui converge vers
f pour la norme k · kL2 .
Les applications Φ et Ψ sont définies sur L2 (RN ; C) ∩ L1 (RN ; C), et à valeurs dans L∞ (RN ; C).
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 15 / 49
Transformée de Fourier dans L2 : définition par prolongement
Théorème
Les applications Φ et Ψ s’étendent en des isométries bijectives de L2 (RN ; C) dans lui-même et
leurs extensions, encore notées Φ et Ψ, vérifient
Φ ◦ Ψ = Ψ ◦ Φ = IdL2 .
Le fait que Φ et Ψ sont des isométries se traduit par kΦ(f )kL2 = kΨ(f )kL2 = kf kL2 pour toute
f ∈ L2 (RN ; C).
L’espace CcN+1 (RN ; C) est dense dans L2 (RN ; C) pour la norme L2 . Le théorème précédent
permet donc de prolonger Φ (et Ψ) à L2 (RN ; C).
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 16 / 49
Transformée de Fourier dans L2 : adjonction
Vérifions que Ψ est l’adjoint de Φ, i.e. ∀f , g ∈ L2 (RN ; C) on a hΦ(f ), g iL2 = hf , Ψ(g )iL2 .
Si f , g ∈ CcN+1 (RN ; C), alors
(x, ξ) 7→ f (x) g (ξ)
appartient à L1 (R2N ; C) et par Fubini on peut écrire :
Z Z
1 −ixξ
hΦ(f ), g iL2 = e f (x) dx ḡ (ξ) dξ
(2π)N/2 ZRN Z RN
1
= e −ixξ f (x)ḡ (ξ) dx dξ
(2π)N/2 RN RN
Z Z
1 ixξ g (ξ) dξ
= f (x) e dx
(2π)N/2 RN RN
= hf , Ψ(g )iL2 ,
Φ ◦ Ψ = Ψ ◦ Φ = id,
d’où le théorème.
Y y
Cache Ecran
dS Pupille
Onde plane
M(x,y)
+
X x
Le problème : on suppose que P est un ensemble borné, d’intérieur non vide, mesurable, du
plan. On suppose connue 1c P , la transformée de Fourier de 1P , la fonction indicatrice de la
pupille. Malheureusement, on a
P ∈
1c / L1 (R2 ; C)
(autrement on pourrait appliquer la tranformée de Fourier inverse et l’on pourrait conclure que
1P est p.p. égale à une fonction continue).
Ainsi en appliquant Ψ à 1c
P , on retrouve 2π 1P .
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 20 / 49
3. Opérateurs compacts
ÉCOLE POLYTECHNIQUE –
Exemples.
1. Un opérateur borné de rang fini est compact. Par exemple, l’opérateur de projection
orthogonale sur un sous-espace vectoriel de dimension finie est un opérateur compact.
2. L’application f 7→ I (f ) de L2 ([0, 1]; C) dans lui-même définie par
Z
I (f )(x) := f (t) dt,
[0,x]
est compacte.
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 22 / 49
Exemples d’opérateurs compacts, preuve
Ainsi, l’image par I d’une suite bornée de L2 ([0, 1]; C) est une suite équicontinue sur [0, 1] et
bornée dans C([0, 1]; C). Donc, par Ascoli, si (fn )n>0 est une suite bornée de L2 ([0, 1]; C), on
peut extraire de la suite I (fn ) n>0 une sous-suite qui converge dans C([0, 1]; C) pour la norme
de la convergence uniforme k · kL∞ . Or
donc la sous-suite extraite converge dans L2 ([0, 1]; C) pour la norme k · kL2 .
Proposition
Si B : H → H est un opérateur borné et A un opérateur compact, alors B ◦ A et A ◦ B sont
des opérateurs compacts.
Proposition
Une limite d’opérateurs compacts pour la norme k · kL(H) est un opérateur compact.
Exercice : un opérateur est compact si et seulement s’il est limite d’une suite d’opérateurs
(bornés) de rang fini.
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 24 / 49
Limites d’opérateurs compacts, preuve
Preuve. On va utiliser un argument de procédé diagonal. Soit (An )n>0 une suite d’opérateurs
compacts qui converge vers A pour la norme des applications linéaires continues, et soit
(xn )n>0 une suite d’éléments de Bf (0, 1).
(i) Puisque A0 est 0
0
compact, on peut extraire de (xn )n>0 une sous-suite (xn )n>0 telle que la
suite A0 (xn ) n>0 converge.
(ii) Puisque A1 est 0 1
1
compact, on peut extraire de (xn )n>0 , une sous-suite (xn )n>0 telle que la
suite A1 (xn ) n>0 converge.
(iii) On poursuit ainsi par récurrence et, en utilisant le fait que Ak est compact, on extrait
(xnk−1 )n>0 , une sous-suite (xnk )n>0 telle que la suite Ak (xnk ) n>0 converge.
Définissions la suite extraite diagonale xϕ(n) = xnn . Par construction, pour tout k ∈ N, la suite
Ak (xϕ(n) ) n>0 converge.
On peut écrire
kA(xϕ(m) ) − A(xϕ(n) )k 6 kA(xϕ(m) ) − Ak (xϕ(m) )k
La convergence pour la norme (notée xn → x) est appelée convergence forte lorsque l’on veut
éviter toute ambiguı̈té et la distinguer de la convergence faible (qui notée xn * x).
Lemme
Si xn → x alors xn * x.
Remarque : c’est ainsi qu’on prouve le théorème de Riemann-Lebesgue pour les fonctions
dans L2 (S 1 , C), avec la base hilbertienne donnée par les fonctions exponentielles t 7→ e inx .
en (t) := e int ,
Preuve. On suppose que f ∈ Cc (R; R) et que le support de f est inclus dans [a, b]. On a
Z Z
hfn , g iL2 = f (t − n) g (t) dt = f (t − n) g (t) dt.
R [a+n,b+n]
Théorème
Soit (xn )n>0 une suite bornée dans un espace de Hilbert séparable H. Alors (xn )n>0 possède
une sous-suite (xϕ(n) )n>0 qui converge faiblement dans H.
On remarque que
|hxn , ej i| 6 sup kxm k.
m>0
(1) Par le procédé diagonal on extrait de la suite (xn )n>0 une sous-suite (xϕ(n) )n>0 telle que :
Proposition
Si xn * x dans H et si A : H → H est un opérateur borné, alors A(xn ) * A(x).
Preuve. Écrire
hA(xn ), y i = hxn , A∗ (y )i,
et faire tendre n → +∞.
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 35 / 49
5. Théorème spectral pour les opérateurs
compacts
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Nous pouvons enfin revenir à la question du début du cours, à savoir la réduction de certains
endomorphismes hermitiens d’espaces de Hilbert.
Théorème
Soit H un espace de Hilbert séparable de dimension infinie et soit A : H → H un opérateur
hermitien compact. Alors :
(i) Il existe une base hilbertienne de H, disons (en )n>0 , constituée de vecteurs propres de A,
i.e. A(en ) = λn en .
(ii) Les valeurs propres de A sont réelles et tendent vers 0.
(iii) Les valeurs propres non nulles sont de multiplicité finie (i.e. les espaces propres des
valeurs propres non nulles sont de dimension finie).
(iv) On a : sp(A) = vp(A) ∪ {0}.
Si Eλ est de dimension
infinie, on peut trouver une suite (xn )n>0 orthonormée de vecteurs de
Eλ . La suite A(xn ) n>0 n’admet pas de sous-suite convergente car
On montre de même que l’ensemble des valeurs propres de A n’a pas d’autre valeur
d’adhérence que 0.
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 38 / 49
Théorème spectral – preuve (fin, modulo un lemme)
On note Eλ l’espace propre de A associé à λ et
M
F := Eλ .
λ∈R
Le sous-espace F est invariant par A, donc F ⊥ l’est aussi. On montre enfin (grâce au lemme
suivant) que A restreint à F ⊥ est identiquement nul puis que F ⊥ = {0}.
Lemme (caractérisation variationnelle des valeurs propres)
Soit A un opérateur hermitien et compact, défini sur un espace de Hilbert E non réduit à {0}.
On note
λ := sup hA(x), xi et µ := inf hA(x), xi.
kxk=1 kxk=1
Si λ > 0, alors λ est une valeur propre de A ; si µ < 0, alors µ est valeur propre de A.
Preuve. On suppose que λ > 0. Soit (xn )n>0 une suite d’éléments de E de norme 1 tels que
lim hA(xn ), xn i = λ.
n→+∞
On peut extraire de la suite (xn )n>0 une sous-suite telle que A(xϕ(n) ) →
z (par compacité de
l’opérateur A) et xϕ(n) * x∞ . On sait que kx∞ k 6 1 et que A(xϕ(n) ) n>0 converge
faiblement vers A(x∞ ) et fortement vers z, ce qui entraı̂ne que A(x∞ ) = z. Comme
on en déduit que
λ = lim hxϕ(n) , A(x∞ )i = hx∞ , A(x∞ )i.
n→∞
x∞
Comme λ 6= 0 on a x∞ 6= 0 et en posant y = , on trouve que hA(y ), y i > λ ; ainsi le
kx∞ k
maximum est atteint en y .
1
t 7→ hA(y + tw ), (y + tw )i,
1 + t2
qui admet un maximum en t = 0. En dérivant par rapport à t en t = 0, on trouve que
<hA(y ), w i = 0. En changeant w en iw , on conclut que hA(y ), w i = 0. Donc A(y ) est
colinéaire à y ce qui permet de conclure que A(y ) = λy .
Lemme
L’opérateur
AK : L2 ([0, 1]; C) → L2 ([0, 1]; C)
est un opérateur compact.
Si X
K̃ (x, y ) = gi (x) hi (y ),
finie
alors !
X Z
AK̃ (f )(x) = hi (y ) f (y ) dy gi (x).
finie [0,1]
Ainsi l’opérateur AK est compact, au titre de limite d’une suite d’opérateurs de rang fini.
Lemme
L’adjoint de l’opérateur AK est donné par
Z
A∗K (f )(x) := K (y , x) f (y ) dy .
[0,1]
En particulier, AK est hermitien si et seulement si K (x, y ) = K (y , x) p.p. sur [0, 1]2 .
Proposition
On suppose que K ∈ L2 ([0, 1]2 ; C) vérifie K (x, y ) = K (y , x) pour presque tout (x, y ) ∈ [0, 1]2 .
Alors, il existe (λn )n>0 une suite de réels qui tend vers 0 et (ϕn )n>0 une base hilbertienne de
L2 ([0, 1]; C) telles que
AK (ϕn ) = λn ϕn .
Lemme
Sous les hypothèses précédentes, on a l’égalité
X Z
2
λn = |K (x, y )|2 dx dy .
n∈N [0,1]2
Ce résultat montre que la suite des valeurs propres de AK tend vers 0 assez rapidement.
Introduction à la théorie spectrale Bertrand Rémy 46 / 49
Réduction des opérateurs à noyaux auto-adjoints, preuve
Preuve. Par Fubini, la fonction y 7→ K (x, y ) est dans L2 ([0, 1]) pour presque tout x ∈ [0, 1].
La famille (ϕn )n>0 est une base hilbertienne de L2 ([0, 1]) donc par Parseval, on a :
Z X
|K (x, y )|2 dy = |hK (x, ·), ϕn iL2 |2
[0,1] n>0
Z
La fonction x 7→ |K (x, y )|2 dy est intégrable ; par Fubini puis convergence monotone, on
[0,1]
en déduit :
ZZ Z ! !
X X Z
2 2 2
|K (x, y )| dx dy = |hK (x, ·), ϕn iL2 | dx = |hK (x, ·), ϕn iL2 | dx .
[0,1]2 [0,1] n>0 n>0 [0,1]
On retrouve que
X Z
AK (ϕm )(x) = λn ϕn (x) ϕn (y ) ϕm (y ) dy = λm ϕm (x).
n∈N [0,1]
Les valeurs propres de cet opérateur sont données par λj = π21j 2 et les fonctions propres
√
associées sont données par fj (x) = 2 sin(πjx), où j ∈ N − {0}.