1 - Entrée / Sortie

Renaissance
2 - La mutation intellectuelle de la Renaissance
3 - Une Europe des artistes
1
4 - Un chef-d’œuvre de Léonard de Vinci : La
Sainte Anne
2 5 - La conscience d’être artiste
6 - À la découverte du corps Révolutions dans les arts en Europe, 1400-1530
7 - Le corps disséqué
3 8 - La réalité du visage
9 - La représentation de l’espace
10 - Les modèles antiques
11 - Des histoires antiques
12 - L’ornement
4 15 13 - Les nouveautés techniques
14 - Period room
15 - François Ier, Prince collectionneur
5 14

6 13

7 12

8 11

DOSSIER Pédagogique
9 10
 Sommaire

Crédits photographiques :
© Musée du Louvre-Lens / Philippe Chancel, © Kazuyo Sejima + Introduction générale 4
Ryue Nishizawa / SANAA,Tim Culbert + Celia Imrey / IMREY
CULBERT, Catherine Mosbach, Muséographie : Studio Adrien
Gardère : p. 4-5
© Musée du Louvre, Dist. RMN / Martine Beck-Coppola : p. 6, 19,
Les Échanges artistiques dans l’Europe de la Renaissance
26, 28 Introduction 7
© RMN-GP(Musée du Louvre) / Tony Querrec : p. 9
© Getty Research Institute (http://archive.org/details/
albertidvrericla00dure) : p. 10
© RMN-GP (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi : p. 11, 20, 24,
Partie 1 : Des artistes voyageurs 8
27, 31 Érasme et ses portraitistes : des itinéraires croisés 8
© BIU santé (Paris) : p. 12
© Centre d’études supérieures de la Renaissance (Tours) : p. 13 Dürer et l’Italie 10
© Musée du Louvre, Dist. RMN / Thierry Ollivier : p. 14 Art et anatomie : une diffusion européenne 10
© Musée du Louvre, Dist. RMN / Pierre Philibert : p. 16
© RMN-GP (musée du Louvre) / Tony Querrec : p. 23
© RMN (musée du Louvre) / Adrien Didierjean : p. 25
© RMN-GP (Musée du Louvre) / Gérard Blot : p. 29
Partie 2 : Des commanditaires aux goûts européens 15
Des rois mécènes 15
Des aristocrates amateurs d’art 17
Directeur de la publication :
Xavier Dectot, musée du Louvre-Lens
Des banquiers et des marchands collectionneurs 21
Responsable éditoriale :
Juliette Guépratte, musée du Louvre-Lens
Iconographie : Partie 3 : Des influences qui s’entrecroisent 22
Charles-Hilaire Valentin, musée du Louvre-Lens Le triomphe à l’antique d’un empereur germanique 22
Service des publics du musée du Louvre-Lens : Des œuvres d’après gravure 24
Juliette Guépratte, chef du service des publics
Evelyne Reboul, chargée des actions éducatives
Des motifs et des techniques qui voyagent 28
Médiation : Géraldine Blutte, Perrine Butz, Arnaud Debève,
Ludovic Demathieu, Fabien Dufoulon,Virginie Dewisme, Alexandre Glossaire 30
Estaquet-Legrand, Céline Marot, Stéphanie Peicher, Erell Piette,
Miryam Pol, Caroline Tureck, Stéphanie Vergnaud, Loraine Vilain

Rédaction : Les pistes pédagogiques en arts visuels 32

Peggy Garbe, professeur d’arts plastiques au collège Henri Wallon
de Méricourt, missionnée au Louvre-Lens
Godeleine Vanhersel, professeur d’histoire-géographie et d’histoire « Les Échanges artistiques dans l’Europe de la Renaissance »
des arts au lycée Pasteur de Lille, missionnée au Louvre-Lens
dans les programmes scolaires 36
Graphisme et mise en page : Charles-Hilaire Valentin
Photo de couverture : Hans Holbein dit le Jeune, Portrait
d’Érasme écrivant (détail) © Musée du Louvre, Dist. RMN / Mar- « Les Échanges artistiques dans l’Europe de la Renaissance »
tine Beck-Coppola
les œuvres en écho 37
© Musée du Louvre-Lens, 2012
6, rue Charles Lecocq
B.P. 11 - 62301 Lens Infos pratiques 39
www.louvrelens.fr

L’exposition « Renaissance. Révolutions dans les arts en Europe, 1400-1530 » a été

réalisée grâce au mécénat de la fondation d’entreprise Total.
3
Introduction générale

Dès sa conception, le musée du œuvres portant sur la même thématique

Les échanges
artistiques
Louvre-Lens a eu pour ambition d’ac- mais dans différents domaines artistiques
cueillir les publics les plus divers possibles. sont proposées à l’étude. Enfin, les réfé-
Amener au musée les enfants et les ado- rences aux programmes scolaires sont
lescents, qui ensuite reviendront avec toujours spécifiées.
leurs parents, est l’un des moyens indis- dans
pensables pour parvenir à ce but. Les en- Pour l’exposition « Renaissance.
seignants et tous ceux qui accompagnent Révolutions dans les arts en Eu- l’Europe de la

Renaissance
les enfants ont un rôle essentiel à jouer rope,1400-1530 », la thématique choisie
dans cette mission. Le musée du Louvre- porte sur « Les échanges artistiques dans
Lens a la volonté de les accompagner l’Europe de la Renaissance ». Dürer, Hol-
dans leurs projets pédagogiques et de leur bein ou Léonard deVinci, par leurs voyages,
donner les outils qui leur permettront de se sont ouverts à diverses influences. La
s’approprier les expositions. Ils pourront demande de puissants commanditaires
ainsi envisager des visites en autonomie. comme François Ier les a aussi poussés
Les dossiers pédagogiques réalisés par le à découvrir de nouveaux horizons. Les
musée sont conçus pour les aider dans techniques originaires de pays lointains
cette démarche. Ces dossiers sont orga- se propagent elles aussi. Ce thème des
nisés selon une thématique qui peut ser- échanges peut être étudié dans le cadre
vir de fil conducteur lors d’une visite. Ils de l’enseignement de l’histoire des arts
donnent des clés de lecture, des œuvres mais aussi dans d’autres disciplines telles
en lien, avec le contenu scientifique défi- que le français et l’histoire et il est pré-
ni par le commissaire d’exposition. Des sent dans tous les programmes, de l’école
pistes pédagogiques en arts visuels sont et du collège au lycée général et au lycée
proposées pour exploiter pédagogique- professionnel.
ment les différentes notions abordées
à travers les œuvres. Afin d’enrichir en- evelyne reboul
core le travail avant ou après la visite, des Chargée des actions éducatives

4 5
 Introduction

En 1467,  Angelo Tani, un banquier italien Le retour à la tradition antique s’unit

installé à Bruges pour le compte des Médi- à un nouvel intérêt pour la réalité de la
cis, commande un Jugement dernier à Hans représentation du corps humain, pour ses
Memling. Quatre ans plus tard, il l’envoie proportions et son anatomie ainsi que pour
par bateau à Pise mais le navire est arrai- les sciences de l’optique qui révolutionnent
sonné par des corsaires de la Hanse et le 1
la perspective. La Renaissance du Nord, elle
triptyque de Memling peut être aujourd’hui aussi sensible à l’humanisme, se caractérise
admiré à Dantzig et non dans une église plutôt par le désir d’être fidèle à la réalité.
italienne comme c’était initialement pré- Entre le Nord et le Sud du continent, les
vu. La mésaventure de Tani atteste que les échanges artistiques s’intensifient à cette
Hans Holbein dit le Jeune
œuvres d’art faisaient fréquemment l’objet époque tant parce que les artistes effec- Augsbourg, 1497-1498 –
d’un transport vers des régions lointaines à tuent des périples à la découverte d’autres Londres, 1543
Portrait d’Érasme écrivant
la Renaissance mais généralement dans des horizons artistiques que par le souhait des Bâle, 1523
conditions plus tranquilles. La Renaissance puissants d’attirer à leur cour les meilleurs Bois (tilleul)
H. 42 ; l. 32 cm
débute en Italie, selon les uns avec Giotto d’entre eux ou encore par la transmission Département des Peintures,
collection Everhard Jabach
au xiv siècle, selon les autres avec Ghiberti
e
des images et des techniques le long des
acquise par Louis XIV, 1671.
au tout début du xv siècle.
e
routes du commerce. INV 1345

1. L’Angleterre fut opposée à la puissante ligue han- 7

séatique entre 1470 et 1474. Les navires de la Hanse
pratiquaient la guerre de course à l’encontre des An-
glais et le navire, qui battait pavillon neutre, a néan-
moins été attaqué.
Des artistes voyageurs

Érasme et ses portraitistes : des itinéraires

croisés

Albrecht Dürer La République des Lettres qui naît Albrecht Dürer a rencontré l’hu-
Nuremberg, 1471 –
Nuremberg, 1528
au xve siècle n’existe sur aucune carte maniste au moins une fois à Bruxelles
Érasme de Rotterdam d’Europe. Elle s’étend pourtant de l’Italie et deux fois à Rotterdam lors du voyage
1526 aux Flandres, de la France à l’Allemagne qu’il effectue entre juillet 1520 et juillet
Burin
Dimensions à la feuille : h. 25,6 ; et à l’Angleterre. Ses citoyens sont des 1521 aux Pays-Bas qui appartiennent
l. 20 cm érudits et des philologues désireux de alors aux domaines de Charles Quint.
Dimensions au coup de planche :
h. 25 ; l. 19,3 cm retrouver les lettres et les arts antiques. L’artiste allemand dessine plusieurs fois
Département des Arts graphiques, Son prince en est Érasme. Non seule- le penseur pendant ces rencontres mais
collection Edmond de
Rothschild, donation ment il entretient une correspondance ce n’est pas avant 1526 qu’il exécute
d’Edmond de Rothschild, 1935. nourrie avec certains membres de cette son portrait gravé. Le 8 janvier 1525,
603 LR Érasme écrit dans une lettre à leur
communauté mais il n’hésite pas à aller
à leur rencontre. Pour cela, il traverse ami commun, l’humaniste Willibald Pir-
l’Europe de l’Angleterre à l’Italie via la ckheimer, « Je voudrais que Dürer fasse
Suisse à diverses reprises au cours de mon portrait2. » Le réformateur catho-
son existence. Certes, il a voyagé sans lique lui voue une profonde admiration
doute bien plus que beaucoup de ses ainsi que le montrent ses propos : « Un
contemporains mais dans le monde des artiste comme lui serait digne de ne ja-
lettrés et des artistes, cette propension mais mourir3. » Dürer mène finalement
au voyage est loin d’être un cas unique. le projet à terme grâce aux encoura-
gements de Pirckheimer en s’inspirant
Hans Holbein a aussi parcouru d’une médaille que ce dernier possédait
l’Europe. Originaire du sud de l’Alle- et qui avait été gravée d’après Quen-
magne, il s’établit en Suisse, va en Italie tin Metsys. Dürer reprend la posture
et en France pour finalement achever qu’avait choisie le peintre flamand et
son existence en Angleterre. Il s’installe reproduit sur la gravure* l’inscription
à Bâle en 1515. Il fait la connaissance grecque de la médaille. Cette inscrip-
d’Érasme qui réside dans la ville entre tion en grec dit d’Érasme que « sa meil-
1521 et 1523. Le peintre et l’humaniste leure image réside dans ses écrits ».
nouent des liens d’amitié et le premier Dans l’encadré, au dessus de ce texte,
réalise trois portraits du second. Dans une phrase en latin indique que Dürer
celui du Louvre, Érasme est peint de a fait cette image d’après nature, et en
profil comme l’étaient les empereurs dessous se trouvent la date, « 1526 »
romains sur les monnaies antiques. Il en chiffres romains, et le monogramme
est en train de rédiger le début du Com- de l’artiste. L’usage de ces deux langues
mentaire sur l’Évangile selon saint Marc renvoie aux activités de l’humaniste
publié en 1523. Les quelques lettres tout comme les livres dont il est entou-
déchiffrées sont similaires à celles vi- ré et le fait qu’il est en train d’écrire.
sibles sur le portrait du Kunstmuseum Érasme a amélioré sa maîtrise du grec
de Bâle où le texte est tout à fait lisible. au cours d’un voyage en Italie.
8 2. Érasme de Rotterdam, lettre à W. Pirckheimer, 8 9
janvier 1525 cité par Friedrich Piel dans Dürer, Aqua-
relles et dessins, Bibliothèque de l’image, 2006, p. 10.
3. Ibid.
Des artistes voyageurs

Dürer et l’Italie
Dürer se rendra par deux fois mesurer et calculer les proportions des
en Italie. Lors de son premier voyage corps ou pour dessiner la perspective.
entre l’automne 1494 et le printemps Dürer va poursuivre cette quête de la
1495, il découvre l’art italien et son représentation fidèle des formes hu-
(ci-contre) goût marqué pour l’Antiquité. L’Acadé- maines jusqu’à la fin de son existence. Il
Albrecht Dürer mie de femme debout, de dos, la main sur connaît l’ouvrage de l’architecte romain
Nuremberg, 1471 –
Nuremberg, 1528 une hampe (1495), date probablement Vitruve et ses tentatives pour inscrire
Académie de femme debout, de de ce séjour. Ce nu féminin rappelle la le corps dans des formes géométriques.
dos, la main sur une hampe
1495 statuaire grecque classique par sa posi- Il a aussi connaissance des travaux
Lavis gris repris à la plume, tion en contrapposto*. Le déhanchement d’anthropométries de Léonard de Vin-
encre noire
ainsi produit met en valeur la courbe de ci quand il se lance, au retour de son
H. 31,6 ; l. 21,2 cm
Signé du monogramme en bas à la hanche et de la cuisse. Ce dessin est second voyage en Italie, dans la rédac-
gauche, à la plume et encre noire, réalisé au pinceau et au lavis. Des traits
et daté « 1495 »
tion de Vier Bücher von menschlicher Pro-
Département des Arts de plume entrecroisés suggèrent les portion (Quatre livres des proportions
graphiques, ancienne collection volumes et les ombres. Bien des Vénus, du corps humain). Seul le premier livre
Peter Vischer le Jeune, entré au
Louvre avant 1827.
des Fortunes et des Lucrèces seront sera édité de son vivant, en 1528, l’an-
INV 19058 recto issues de ce nu. née de sa mort. Pour réaliser ce travail,
L’intérêt de Dürer pour la repré- Dürer a pris les mesures de dizaines
sentation du corps humain est ren- de corps de toutes formes et a élabo-
forcé par sa rencontre avec le peintre ré une grille mathématique applicable
vénitien Jacopo de’Barbari qui l’initie pour tous types de mesures du corps
à l’utilisation des mathématiques pour humain.

Art et anatomie : une diffusion européenne

Art et sciences sont étroitement servations. Cette œuvre est un traité
unis à la Renaissance, qu’il s’agisse des d’anatomie destiné à la fois aux méde-
mathématiques, comme on l’a vu ci-des- cins et aux artistes. Vésale a fait appel à
sus, ou de l’anatomie. La dissection était un élève du Titien, Jan Stephan von Cal-
une pratique déjà employée au iiie siècle car, originaire comme lui des Pays-Bas,
av. J.-C. Elle est abandonnée avant de pour illustrer l’ouvrage. Son frontispice
renaître au Moyen Âge. Une première nous montre une leçon d’anatomie où
dissection est effectuée en 1315 à
le maître, richement vêtu, dissèque le
l’Université de Bologne avec l’accord
corps d’une femme. Le visage barbu,
de l’Église. Deux siècles plus tard, An-
dré Vésale, né à Bruxelles de parents derrière l’épaule droite de l’anatomiste
d’origine allemande, fait ses études est celui du Titien. La scène se déroule
à Louvain et Paris avant de partir en- dans un amphithéâtre entouré d’une
seigner à Padoue. Il publie à 28 ans, en spectaculaire colonnade. La Fabrica est
Albrecht Dürer 1543, De humani corporis fabriqua (De l’ouvrage d’anatomie le plus exact de
Vier Bücher von menschlicher
Proportion la Fabrique du corps humain) dans le- l’époque et il est à l’origine de l’anato-
Nuremberg, 1532 quel il reprend l’ensemble de ses ob- mie moderne.
10 11
 (page de droite) De nombreuses planches de l’Ana- le saint Barthélémy, mort écorché vif,
Andreas Wytinck Van Weesel, tome corpore humani (Anatomie du peint par Michel Ange dans Le Jugement
dit Andreas Vesalius ou André
Vésale corps humain) de Juan Valverde de dernier de la chapelle Sixtine. L’Espagnol
Bruxelles, 1514 – Zante Amusco étaient copiées de la Fabrica Beccera y avait travaillé avec Michel
(Grèce), 1564 de Vésale au grand mécontentement
De humani corporis fabrica Ange. L’écorché de l’Espagnol, exhibe
(De la fabrique du corps de celui-ci qui a accusé Valverde de fièrement sa dépouille qu’il regarde d’un
humain) « n’avoir jamais utilisé sa main pour faire air stupéfait. Le livre est d’abord publié
Ouvrage exposé : édition de
une dissection et ne rien connaître à la
Johannes Oporinus, Bâle, 1543 en 1556 en espagnol sous le titre : Histo-
H. 43,5 ; l. 29,2 cm médecine4 ». L’anatomiste espagnol, qui
ria de la composicion del cuerpo humano
Bibliothèque de l’École nationale a étudié et vécu à Padoue et à Rome,
supérieure des beaux-arts. puis traduit en Italien et enfin en latin
Masson 1630
justifie ses « emprunts » par le fait que
les illustrations de la Fabrica sont de par l’imprimeur anversois Christophe
Exemplaire reproduit ici :
Centre d’études supérieures de la grande qualité et inégalables. Quelques Plantin en 1566. L’ouvrage a connu un
Renaissance. grand succès et a été maintes fois réé-
Université François-Rabelais de
autres dessins ont été ajoutés par Val-
Tours – UMR 7323 du CNRS verde, par exemple, celui montrant un dité dans différentes villes européennes.
écorché tenant sa peau. Ce dessin, à Valverde, à l’instar d’Holbein ou de Dü-
la mise en scène théâtralisée, a pour rer, s’en va à la recherche de nouveaux
auteur Gaspard Beccera et il rappelle savoirs.
4. Jean-Pierre Changeux, dans Catalogue expo-
sition «  Renaissance. Révolutions dans les arts en
Europe (1400-1530)sous la direction de Geneviève
Bresc-Bautier, «  Nouveaux regards sur le corps  »,
Somogy-Musée du Louvre-Lens, 2012, p. 130.

Juan Valverde de Amusco

Vers 1520 – 1588
Anatome corporis humani
(Anatomie du corps humain)
Édition de Plantin, Anvers,
1568
Bibliothèque interuniversi-
taire de santé.
143764 (1) / Mf no 1770

12 13
 Des commanditaires aux goûts européens

Des rois mécènes

Des guerres d’Italie, les rois de La Belle Ferronnière et La Sainte Anne, la

France ont rapporté des goûts et des Vierge, et l’Enfant jouant avec un agneau
œuvres. Ces guerres se sont déroulées (1515-1517). Léonard apporte avec lui
sous les règnes de Charles VIII (1483- un Saint Jean-Baptiste et La Joconde. L’ef-
1498), Louis XII (1498-1515) et Fran- fet de sa présence sera immédiat. Dans
çois Ier (1515-1547). Charles VIII entre le portrait de François Ier, roi de France,
en Italie à la fois parce qu’il y est en- Jean Clouet, peintre d’origine flamande,
couragé par le duc de Milan et parce emprunte à Léonard et à Raphaël le ca-
qu’il souhaite faire valoir les droits de la drage, l’éclairage, le modelé du visage et
couronne de France sur le royaume de le réalisme des plis du vêtement.
Naples. En effet, les terres napolitaines Si l’auteur de La Joconde n’a passé
étaient autrefois dirigées par la maison que les trois dernières années de sa vie
d’Anjou dont les rois de France sont en France, Girolamo della Robbia,
les héritiers. Cette première guerre convié lui aussi par François Ier, effec-
d’Italie ne répond pas aux espoirs fran- tuera l’essentiel de sa carrière auprès
çais. Louis XII se rend maître, pendant de l’aristocratie française. Issu d’une cé-
quelques années, du duché de Milan lèbre dynastie de céramistes florentins,
dont il est l’héritier par sa grand-mère Girolamo della Robbia s’inscrit dans la
Valentine Visconti. Puis François Ier, de- tradition familiale et pratique surtout
venu roi, est vainqueur à Marignan, mais l’art de la céramique. Mais il y déroge
il perd le duché et la liberté à Pavie en lorsqu’il exécute en marbre le transi* de
1525. Catherine de Médicis. Ce transi est sai-
Dès le début de son règne, en 1515, sissant. La reine est nue, ses os saillent
François Ier invite des artistes italiens sous la peau, sa maigreur est extrême.
à la cour de France. Michel Ange ne Cette Effigie ébauchée de Catherine de Girolamo Della Robbia
répondra pas à l’invitation. Léonard Médicis (1565-1566) n’a jamais été Florence, 1488 – Paris, 1566
de Vinci accepte la proposition de terminée soit à cause d’un défaut du Effigie ébauchée de Catherine de
Médicis
son nouveau mécène qui lui donne le marbre, soit du fait de la mort du sculp- Paris, 1565-1566
manoir du Cloux, l’actuel château du teur ou soit, comme le dit la tradition, Statue, marbre
H. 0,29 ; l. 1,94 ; pr. 0,66 m
Clos Lucé, près d’Amboise. Louis XII parce que la reine a été choquée de se Département des Sculptures,
avait déjà acquis La Vierge aux rochers, voir dans cet état sinistre. collection royale. RF 1515

15
 Des commanditaires aux goûts européens

Des aristocrates amateurs d’art

Charles d’Amboise, le gouverneur mandie afin de peindre à fresque* une

du Milanais nommé par Louis XII, convie série de portraits dans la chapelle haute
Léonard de Vinci, dont il est un grand du château du Gaillon. Cette forte-
admirateur, dans la capitale lombarde. resse, résidence d’été des archevêques
Le peintre reprend l’exécution de La de Rouen, a été transformée par le
Sainte Anne, la Vierge, et l’Enfant jouant cardinal en un palais somptueux. Des
avec un agneau. Charles d’Amboise se médailles et des bustes commandés en
fait représenter en 1508 par un disciple Italie embellissent les façades et la cha-
de Léonard, Andrea di Bartolo dit pelle du château. Le Louis XII (1508) de
Andrea Solario. La posture du mo- Lorenzo da Muzzano serait la pre-
dèle rappelle celle de La Joconde. Ce- mière grande statue royale à la romaine
pendant la facture un peu froide de ce en France. Cette sculpture a été réa-
portrait laisse penser qu’il s’agirait plu- lisée à Milan. Elle a été décapitée à la
tôt d’une copie (1508) d’après Andrea Révolution. Le torse est revêtu d’une
Solario que d’un original. En revanche, cuirasse similaire à celle que portaient
la Tête de saint Jean-Baptiste (1507) est les empereurs romains, rappel du rôle
de la main de Solario. Charles est pro- de chef militaire du roi. La référence à
bablement celui qui a conseillé à son l’Antiquité est ici évidente. En signe de
oncle, Georges d’Amboise, l’achat de domination, il s’appuie sur une tablette
ce Saint Jean-Baptiste. Georges d’Am- sur laquelle on reconnaît le baptistère
boise, était le principal ministre de de Florence, le dôme de Milan et le Co-
Louis XII et cardinal de Rouen. Il avait lisée de Rome. Ces villes appartiennent
une dévotion particulière pour le saint. alors à des États différents. En effet,
D’après la Bible, Jean-Baptiste repro- l’Italie de la Renaissance est morcelée
chait au gouverneur de Judée, Hérode, en une multitude de principautés et de
son mariage avec Hérodiade qu’il avait cités-États.
séduite alors qu’elle était la femme de Parmi ces petits États, le duché
son frère. Au cours d’un repas de fête, d’Urbino connaîtra une période parti-
Salomé, fille d’Hérodiade, danse de- culière faste sous le règne de Frédéric
vant Hérode qui, charmé, lui octroie ce de Montefeltre. Condottiere de talent,
qu’elle souhaite : la tête de Jean-Bap- le duc d’Urbino utilise sa fortune pour
tiste. La tête tranchée est apportée sur faire de sa cour un haut lieu de la Re- Lorenzo da Muzzano
un plateau aux convives. Andrea Solario naissance qui attire humanistes et ar- Actif de 1490 à 1509
a représenté ceci, sans doute en s’inspi- tistes. Le père de Raphaël, Giovanni Louis XII
rant d’un modèle de Léonard de Vinci Milan, 1508
Santi, y était peintre officiel. Piero del- Statue à mi-corps, marbre
dont il a adopté le modelé délicat et la la Francesca, né à une quarantaine de H. 90 ; l. 70,4 ; pr. 38 cm
palette restreinte. Le reflet sur le pied kilomètres d’Urbino, réalise vers 1474 Signé et daté sur la cuirasse :
de la coupe serait peut-être un auto- le portrait de Frédéric et de sa femme
« MEDIOLANENSIS LAVREN-
CIVS DEMUGIANO OPVS
portrait inversé de l’artiste. Battista Sforza. Frédéric de Montefeltre FECIT 1508 »
Georges d’Amboise, qui aurait ac- n’hésite pas à faire appel à des artistes Département des Sculptures,
acquis pour le musée des Monu-
compagné Louis XII en Milanais, propo- venus d’horizons plus lointains pour ments français, 1796-1798.
sa à Andrea Solario de venir en Nor- décorer son palais. Ainsi, il demande au MR 1596

16 17
 Lucas Cranach dit l’Ancien peintre flamand Juste de Gand et à Cranach son peintre de cour à partir
Kronach, 1472 – Weimar, l’Espagnol Pedro Berruguete, de dé- de 1505. Lorsque Cranach est anobli en
1553
Vénus debout dans un paysage corer son studiolo. Cette petite pièce 1509, le prince-électeur lui donne pour
1529 était le cabinet particulier du seigneur. armoiries un dragon ailé qui tient en sa
Bois (hêtre)
Dans leur partie inférieure, les murs gueule une bague au chaton de rubis.
H. 38 ; l. 25 cm
Département des Peintures, sont recouverts de marqueteries de Ce sera dorénavant le monogramme
musée Napoléon, 1806. bois dont les thèmes sont des sym- de l’artiste. Sur la Vénus debout dans un
INV 1180
boles des arts ou des vertus. La partie paysage (1529), le dragon est dissimulé
supérieure était ornée d’une série de dans les rochers à droite, près du voile
28 portraits datant de 1476 et attri- de la déesse. Ce type de nu idéalisé ain-
bués à Juste de Gand et à Pedro Ber- si que le thème mythologique - Vénus -
ruguete. Les personnages représentés sont courants dans l’Italie de la Renais-
sont des penseurs, des philosophes, des sance et ils parviennent en Allemagne
Pères de l’Église mais aussi des théolo- en même temps que l’humanisme. Le nu
giens médiévaux et des contemporains féminin devient alors un thème de pré-
de Frédéric tels Vittorino da Feltre dilection de la Renaissance allemande.
qui avait été son précepteur. Tous ont Par la suite, toute représentation d’une
un livre en main. Le choix des person- femme nue, tant qu’il s’agit de Vénus, est
nages est révélateur des intérêts et de parfaitement acceptée même si, comme
la personnalité du duc qui se crée ain- celle-ci, elle est d’un érotisme à peine
si une sorte de filiation intellectuelle voilé. Les dieux antiques se sont trans-
avec des penseurs qu’il admire et qui formés, depuis le Moyen Âge, en allégo-
l’ont marqué. Juste de Gand découvrira ries compatibles avec le christianisme.
en Italie l’art de donner de la profon- Vénus devient tout à la fois la mère de
deur à l’espace pictural. Ses confrères l’amour terrestre et de l’amour spiri-
artistes feront eux aussi leur miel des tuel. Cranach est célèbre dans toute
sources artistiques italiennes. L’électeur l’Europe. Il est à la tête d’un important
de Saxe, Frédéric le Sage, fait de Lucas atelier.

18 19
 Des commanditaires aux goûts européens

Des banquiers et des marchands

collectionneurs

Les Italiens, que leurs affaires a été fait d’après nature en prévision
amènent à s’établir en Bruges, dé- d’un autre tableau. Giacomo di Giovan-
couvrent la finesse et le réalisme des ni d’Antonio Loiani appartenait à une
portraits réalisés par les maîtres fla- riche famille bolonaise. Il a séjourné à
mands. Ils en sont fascinés. Ils en passent Bruges vers 1485-1486. Il a épousé une
commande.Van Eyck va ainsi être amené, Flamande. Il a vécu ensuite à Anvers. Les
en 1434, à peindre Les époux Arnolfini se- achats italiens en Flandres ne sont donc
lon le vœu du marchand lucquois qui est pas, comme on le voit, des cas isolés.
représenté sur le tableau et qui habitait
Le marchand d’art et orfèvre alle-
alors à Bruges. Angelo Tani, dépouillé
mand, Hans Jakob König, fait plusieurs
de son Memling par les corsaires de la
séjours à Venise. Il collectionne les por-
Hanse, était le banquier responsable de
traits et les autoportraits d’artistes et
la banque des Médicis dans cette ville.
Pierantonio Bandini Baroncelli lui suc- demande à Tintoret de peindre son
cède au même poste. Il se fait faire son autoportrait (vers 1585). Le peintre
portrait par un Flamand dont l’identi- vénitien choisit de se représenter dans
té est restée obscure. La manière de une stricte frontalité. Il regarde le spec-
peindre de ce Flamand, appelé Maître tateur droit dans les yeux. Il est alors
des Portraits Baroncelli, est proche âgé de près de soixante-dix ans. Il ne
de celle de son contemporain, Hans nous épargne rien des effets de l’âge, ni
Memling. Le style du Portrait d’homme : les rides, ni les paupières tombantes. Le Jacopo Robusti, dit Tintoret
fond et les vêtements sombres mettent Venise, 1519 – Venise, 1594
Giacomo di Giovanni d’Antonio Loiani (vers Autoportrait
1489-1499) a permis de reconnaître en valeur le visage et le regard qui af- Venise, vers 1585
firme la présence de l’artiste, comme si Toile
son auteur comme étant le Maître des H. 63 ; l. 52 cm
Portraits Baroncelli. Le visage est beau- Tintoret avait voulu, par delà le temps, Département des Peintures,
entré en 1785 dans les collections
coup plus soigné que le reste du corps, entrer en contact direct avec tous ceux royales.
ce qui semble indiquer que ce dessin qui allaient le regarder, au fond des yeux. INV 572

21
Des influences qui s’entrecroisent

Le triomphe à l’antique d’un empereur

germanique

Maximilien Ier de Habsbourg (1486- Mantegna. Le nu masculin est mis en va-

1519), règne sur l’Autriche, les Pays-Bas leur par un fond de hachures parallèles.
bourguignons et la Franche Comté. Il Ceci et la présence de la lettre E pour-
est roi des Romains, titre que lui donne rait suggérer que cette Académie est
l’héritage du Saint Empire romain ger- un dessin préparatoire à une gravure* ;
manique. Il s’oppose aux ambitions à moins qu’il ne s’agisse d’un simple
françaises en Italie mais il ne parvient exercice d’atelier tout comme l’Aca-
pas à empêcher l’entrée de Louis XII démie d’homme debout, les bras tombant
à Milan. L’intérêt de Maximilien pour la le long du corps. Dans cette dernière, le
culture italienne a été avivé par son ma- corps est décomposé en éléments géo-
riage avec BIanca Marie Sforza, nièce de métriques selon la méthode que Dürer
Ludovic le More, le duc de Milan chassé avait appliquée dans les proportions
par les troupes de Louis XII. du corps humain, précédemment cité.
À l’image de bien des souverains Les statues de bronze du tombeau de
de son temps, Maximilien Ier est un Maximilien ont été fondues par Vischer
mécène averti. Cependant, plus que d’après des dessins de Dürer.
d’autres, il est désireux de laisser sa
Maximilien, en visite à Nuremberg
Albrecht Dürer trace dans la mémoire. C’est pourquoi
en 1512, engage le graveur et peintre
(Nuremberg, 1471 – il se préoccupe de son vivant de la
Nuremberg, 1528) à son service. Dürer se dédie pendant
construction de son tombeau. Il fait ap-
Hans Springinklee trois ans au considérable travail qu’est
(Nuremberg ? vers 1490- pel à un grand nombre d’artistes pour
L’Arc de triomphe de Maximilien (pre-
1495 – Nuremberg après réaliser les statues d’ancêtres destinées
1525) mière édition : 1517-1518). Ce gigan-
à l’orner. Les Vischer - des fondeurs et
Wolf Traut tesque ouvrage est composé de 192
(Nuremberg, vers 1480 – des sculpteurs allemands établis à Nu-
remberg - en produisent deux. Leurs bois imprimés sur 36 feuilles. Il peut
Nuremberg, 1520)
Albrecht Altdorfer œuvres incarnent l’esprit de la Re- être consulté sous forme de livre mais
(Ratisbonne, vers 1480 – toutes les planches, affichées ensemble,
Ratisbonne, 1538) naissance italienne au Nord des Alpes.
Sur un projet de Peter Vischer le jeune, fils de Peter constituent un monumental arc de
Jörg Kölderer l’Ancien, est manifestement informé triomphe à l’antique de 3, 41 m de haut
(actif en 1497 – sur 2,92 m de large. La généalogie, réelle
Innsbruck, 1540) des techniques de représentation de la
Arc de triomphe de Maximilien perspective mises au point par les Ita- et imaginée de l’empereur – puisqu’elle
(détail) liens comme le prouve Vue perspective de remonte à la guerre de Troie – y est
Première édition, reproduite. Les hauts-faits de la vie de
Nuremberg, 1517-1518 l’Intérieur d’une église. Le même Vischer
Gravure sur bois réalise des dessins d’après Mantegna Maximilien sont représentés comme
H : 3,41 ; l. 2,92 m dont les grandes gravures* mytholo- des bas reliefs. Si Dürer a dessiné les
Département des Arts
graphiques, giques étaient bien connues au-delà des principaux éléments décoratifs de cet
collection Edmond de Alpes. L’Académie d’homme debout, main Arc de triomphe avec l’aide de son ate-
Rothschild, droite au-dessus de la tête de Vischer est lier, d’autres graveurs et peintres dont
donation d’Edmond de
Rothschild, 1935. clairement inspirée du personnage de Hans Burgkmair l’Ancien et Albrecht
L 36 LR Bacchus dans la Bacchanale à la cuve de Altdorfer ont été associés à ce projet.
22 23
Des influences qui s’entrecroisent

Des œuvres d’après gravure*

Tout comme Dürer, Hans Burgk- en provenance de l’Espagne musulmane

mair s’est rendu par deux fois en Italie. via l’île de Majorque. Les premiers ate-
(ci-contre) Certains détails des Amants surpris par liers italiens ouvrent à Faenza - d’où le
Hans Burgkmair dit l’Ancien la mort (1510) le révèlent. Par exemple, mot faïence - dans la seconde moitié du
Augsbourg, 1473 –
Augsbourg, 1531 à l’arrière-plan, une gondole flotte sur xve siècle. La majolique est faite d’ar-
Les Amants surpris par la Mort un canal. Les immeubles et le portique gile puis elle est recouverte d’un émail
1510 renaissance pourraient être ceux d’une à base d’étain qui lui donne sa couleur
Gravure, épreuve de premier état,
camaïeu ville italienne. Plus que la perspective, blanche. L’étain, importé, était coûteux.
Dimensions à la feuille : ce sont les éléments du décor et les La majolique était bien plus chère que
h. 21,5 ; l. 15 cm tons chauds que Burgkmair a décou- la poterie ordinaire. Les céramistes ita-
Dimensions au trait carré :
h. 21,5 ; l. 15 cm vert dans la péninsule. La scène est liens peignent sur le fond blanc de vé-
Département des Arts dramatique. Une jeune fille terrorisée ritables tableaux. Nicola da Urbino a
graphiques, tente d’échapper à la mort qui s’est choisi pour son plat des teintes bleues
collection Edmond de
Rothschild, déjà emparée de son amant, un jeune et vertes pour les éléments architectu-
donation d’Edmond de soldat. Les deux amoureux sont ha- raux. Les personnages sont peints en
Rothschild, 1935. billés à la romaine. Le tirage de cette grisaille. Les couleurs sont obtenues à
739 LR
xylographie* est fait selon un procédé partir d’oxydes métalliques, de cobalt
de gravure* en clair-obscur, c’est à dire pour le bleu et de cuivre pour le vert.
(ci-dessous) en plusieurs tons dont Burgkmair au- Nicola da Urbino, est appelé de la sorte
Attribué à Nicola di Gabriele
Sbraga, dit Nicola da Urbino rait été l’un des inventeurs avec Lucas car il est originaire de la ville d’Urbi-
Les Amants surpris par la Mort, Cranach. Trois planches sont succes- no qui devient à son époque l’un des
d’après une gravure de Hans sivement utilisées. Le fond, de teinte centres italiens les plus réputés pour
Burgkmair l’Ancien
Urbino, vers 1525 orangée, est imprimé par la première la majolique à istoriato, c’est à dire illus-
Plat, faïence planche, la seconde ajoute les ombres trée de scènes figurées.
H. 3,5 ; diam. 28 cm en gris clair et la dernière les lignes les
Département des Objets d’art, L’émail comme la majolique sont
legs de la baronne plus sombres. Des estampes* telles que des produits de luxe destinés à une
Salomon de Rothschild, 1922. les Amants surpris par la mort étaient fa- clientèle fortunée qui est, au xvie siècle,
OA 7577 ciles à transporter et circulaient dans séduite par des sujets humanistes. Sur
toute l’Europe. une couche blanche, l’émailleur pose
Les gravures mais aussi les des- des émaux opaques colorés et des
sins, les médailles et les tapisseries émaux translucides sur des paillons
servaient de modèles pour d’argent, c’est à dire des petites feuilles
d’autres œuvres. Ainsi, en métalliques soudées sous l’émail pour
1525, Nicola da Urbino lui donner des reflets chatoyants. Le
reproduit sur un plat en Maître de l’Énéide, dont on ignore
majolique les Amants l’identité, puise son inspiration dans la
surpris par la mort de littérature antique. Il copie en émail une
Burgkmair. On appelle suite d’illustrations du texte de Virgile
majolique la faïence ita- publié par l’humaniste Sébastien Brandt
lienne de la Renaissance. à Strasbourg en 1502. Le nom qui a
Elle est ainsi dénommée été donné à cet émailleur vient de ces
parce que sa production scènes de l’Énéide. Éole déchaîne les
en Italie aurait été stimulée vents sur les Troyens à la prière de Ju-
par l’importation de céramiques non (vers 1530) fait partie d’une série
24 25
 (page de droite) de 11 plaques conservées au Louvre. de la gravure dont elle s’inspire bien
Maître de l’Énéide
Actif à limoges vers 1530
82 plaques de cet ensemble ont été souvent. Pour La Toilette de Psyché et Le
Éole déchaîne les vents sur les répertoriées à ce jour. Une série d’une Père de Psyché consulte l’oracle d’Apollon
Troyens à la prière de Junon telle ampleur est certainement due à la (1543), Limosin tire son inspiration de
Limoges, vers 1530 commande d’un humaniste. Ces émaux L’Âne d’or d’Apulée dans l’édition d’An-
émail peint sur cuivre, or
H. 22,2 ; l. 20,1 cm avaient peut-être été conçus afin d’être tonio Salamanca. L’émailleur limou-
Département des Objets d’art, insérés dans les boiseries d’un cabinet. geaud a été introduit à la cour de Fran-
legs de la baronne Salomon çois Ier par Jean de Langeac, évêque de
de Rothschild, 1922. Le Maître de l’Énéide et Léonard
OA 7550 Limosin ont plusieurs points com- Limoges et ambassadeur du roi. Henri II
muns. Tous deux sont émailleurs, ils (1547-1559), successeur de François
ont vécu à Limoges - comme l’indique Ier, nomme officiellement Limosin « es-
le nom du second - à la même époque mailleur pour le roi ». À la cour de Fon-
et leurs modèles se réfèrent à l’Anti- tainebleau, l’émailleur travaille d’après
quité. Limosin, dont la carrière est un des dessins du Primatice et de Rosso
peu postérieure à celle du Maître de Fiorentino. Il adopte leurs formes élé-
l’Énéide, fait usage d’un nouveau pro- gantes et les silhouettes amincies des
cédé : celui de la grisaille. Dans cette figures féminines. L’influence étrangère
technique, l’émail du fond, sombre, est est donc précisément discernable chez
recouvert d’une couche d’émail blanc. Limosin, ce qui n’est pas toujours le cas
L’émailleur gratte le blanc opaque à pour d’autres artistes.
l’aide d’aiguilles et de spatules et il ob-
tient une vaste palette de gris, laquelle
se prête à de subtils effets de modelé.
L’image créée est visuellement proche

(ci-contre)
Léonard Limosin
Limoges, vers 1505 –
Paris, vers 1576-1577
La Toilette de Psyché
Limoges, 1543
émail peint sur cuivre, or,
bois doré
H. 31,5 et 31 ; l. 37 ; pr. 3 cm
(dimensions avec cadre)
Département des Objets d’art,
ancienne collection Pierre Révoil,
acquise en 1828.
MRR 280

26
Des influences qui s’entrecroisent

Des motifs et des techniques qui voyagent

Le Saint Jérôme pénitent (1506) de Collins d’après un livre d’heures de la

Lorenzo Lotto trahit l’influence de la collection Collins du musée de Philadel-
peinture germanique. Il est rare dans la phie. Chaque année, la confrérie du Puy
peinture italienne d’alors qu’une telle Notre Dame d’Amiens commandait un
importance soit donnée au paysage. Le tableau en l’honneur de la Vierge pour
saint est seul, assis sur un rocher. Il tient la cathédrale de la ville. Le Sacerdoce de
la croix d’une main, dans l’autre main la Vierge ou Digne vesture au prestre sou-
une pierre avec laquelle il se frappe la verain est le plus ancien de ces « Puys
poitrine. D’âpres rochers le dominent. d’Amiens ». Amiens appartint au duché
Le feuillage des arbres masque en partie de Bourgogne entre 1435 et 1471, tout
le ciel. L’atmosphère est presque plom- comme la Flandre. Certains détails de
bée si ce n’est la lumière qui éclaire le cette peinture tels que les costumes et
saint, petite figure isolée dans ce pay- le brocart de l’ange traduisent une in-
sage sauvage. Lorenzo Lotto a emprun- fluence flamande. Le lieu où est élabo-
té son goût du détail et la représenta- rée une nouvelle technique est parfois
tion réaliste de la nature aux Allemands bien plus lointain.
qui étaient assez nombreux à l’époque La faïence recouverte d’une gla-
(ci-dessous) à Venise. Le second voyage de Dürer çure à base d’étain, à la manière de la
Masséot Abaquesne en Italie est contemporain de la réali-
Actif à Rouen de 1524 à 1557 majolique italienne, est d’origine isla-
Albarello : portrait d’homme de sation du Saint Jérôme pénitent puisqu’il mique. La technique, issue du pourtour
profil s’est déroulé entre 1505 et 1507 et on méditerranéen, se diffuse lentement en
Rouen, vers 1545 sait que le graveur allemand est passé
Faïence France à partir du xiiie siècle. Les objets
H. 25 ; diam. 11,5 cm en Vénétie. Les deux artistes partagent en faïence sont des produits luxueux
Département des Objets d’art, la même vénération pour Bellini dont réservés aux demeures princières au
don de Raymond Koechlin, 1904. on voit l’influence dans cette peinture
OA 5961 xvie siècle, avant d’être d’un usage com-
tant par le choix du thème que par la mun au siècle suivant. Masséot Aba-
manière dont le saint est représenté : quesne est le premier faïencier fran-
chauve et barbu. çais clairement identifié. Il est actif à
Les recherches menées presque Rouen entre 1524 et 1557. Il produisait
un siècle plus tôt par Ambrogio Lo- essentiellement des pots à pharmacie et
renzetti, l’auteur des fresques sur les des carreaux de pavement. Ces dallages
Effets du bon et du mauvais gouvernement constituaient de véritables « tapis de
(1338) à Sienne, se sont propagées bien faïences » multicolores. Certains d’entre
au-delà des Alpes. À Paris, le Maître de eux ont totalement disparu. Celui du
Boucicaut construit l’espace à la ma- château d’Écouen (1542) a heureuse-
nière de Lorenzetti. Vers 1420, des en- ment survécu. Il porte les emblèmes
lumineurs fuient Paris, tombé aux mains du commanditaire, le connétable Anne
des Anglais pendant la guerre de Cent de Montmorency. Ces motifs, très fran-
Ans. Certains se rendent à Amiens. Le çais, sont entourés de lignes blanches et
Sacerdoce de la Vierge ou Digne vesture bleues, elles mêmes séparées de bandes
au prestre souverain (1438) a une com- de fleurs et de fruits où se décèle l’in-
Lorenzo Lotto, Venise, vers 1480 – Lorette (Marches, Italie), 1556
position héritée de celle mise au point fluence de Girolamo Della Robbia. L’Ita- Saint Jérôme pénitent
par le Maître de Boucicaut. Son auteur lie manifeste encore sa présence dans Bois, H. 48 ; l. 40 cm Daté « 150[?] »
a été appelé le Maître des Heures le visage stylisé qui orne un des albarelli Département des Peintures, acquis en 1857. MI 164

28 29
 (vers 1545) de Masséot Abaquesne. Le Les monnaies, les statues, l’archi-
mot qui désigne cette poterie est italien tecture antique ainsi que les textes de
et serait tiré du latin albaris qui signi- Virgile et d’Apulée ou la mythologie
fie blanchâtre. Un albarello est un pot à servent dorénavant de sources d’ins-
pharmacie de forme cylindrique voué à piration aux Allemands Cranach et
contenir des onguents ou des plantes Vischer le jeune, à l’Italien Da Muzza-
médicinales. La forme particulière de ce no ou au Français Limosin. Regarder
pot est d’origine moyen-orientale. La les dessins, les peintures et les gravures
barrière entre l’Occident et l’Orient, de leurs contemporains insuffle aussi
des idées nouvelles aux artistes. Sola-
que l’on aurait pu imaginer hermétique
rio se souvient de La Joconde pour le
après la fin des croisades, s’est avérée
portrait de Charles d’Amboise ; Lot-
en réalité, bien plus poreuse.
to a emprunté à Dürer ses paysages
rocheux. La circulation des motifs et
En conclusion : vers de nouveaux horizons des idées nourrit le travail des artistes
toujours soucieux d’approfondir leurs
Ni le latin, ni les textes antiques recherches. Les voyages de grandes
n’avaient été oubliés au Moyen Âge découvertes repoussent considérable-
mais peu nombreux étaient les érudits ment les limites du monde connu et
qui se délectaient de la littérature et offrent de nouveaux territoires et su-
des langues antiques. La nouveauté à la jets d’inspiration aux créateurs et c’est
Renaissance réside principalement dans ainsi que Raphaël dessine Hanno, l’élé-
l’élargissement de la communauté intel- phant albinos en provenance d’Inde of-
lectuelle capable d’apprécier l’héritage fert par le roi du Portugal, Manuel Ier, au
classique. Non seulement les écrivains pape Léon X.
en font partie mais les artistes aussi. Godeleine VANHERSEL

Glossaire
Contrapposto : Le contrapposto ou han- Gisant : Sculpture funéraire qui montre un
chement désigne dans la sculpture ou la personnage couché et endormi.
peinture une attitude où le poids du corps Maître des Heures Collins,
repose sur une jambe, l’autre étant légère- Gravure : Le mot désigne à la fois une ainsi nommé d’après un livre
ment fléchie. technique d’impression et l’image produite d’heures qu’il a enluminé,
provenant de la collection
grâce à elle. La technique consiste dans Collins du Museum of Art de
Estampe : Image imprimée, généralement
sur papier, par un procédé de gravure. le fait d’inciser un matériau dur (bois et Philadelphie.
cuivre) qui est ensuite encré. L’image obte- Actif à Amiens dans le deu-
Fresque  : Technique de peinture murale xième quart du xve siècle
nue par impression est une estampe, aussi Le Sacerdoce de la Vierge ou
ainsi appelée car il faut peindre « a fres-
appelée gravure par abus de langage. Digne vesture au prestre sou-
co », c’est à dire sur un enduit frais et un verain
peu humide qui a été posé sur le mur. Les Transi : Sculpture funéraire qui représente 1438
pigments pénètrent la couche superficielle. Bois (chêne)
un cadavre en état de putréfaction. H. 99 ; l. 57 cm
Une réaction chimique se produit et abou-
Département des Peintures,
tit à la formation d’une surface colorée Xylographie  : Procédé de gravure sur acquis en 1938.
dure. bois. RF 1938-63

30 31
 PISTES PÉDAGOGIQUES B : Représenter la vie pour comprendre la définie comme une Vanité revisitée et actuelle. La
mort. production symbolisera la mort et rappellera la fra-
EN ARTS VISUELS Planches de vie. La représentation de la mort va gilité de la vie.
de pair avec celle des différents âges de l’existence.
En effet, pour sculpter le corps transi ou la mort re- RÉFÉRENCES EN ARTS VISUELS :
présentée sans artifice, il faut comprendre les effets - Chef reliquaire :Vierge martyre, vers 1275-1300 ou
I. Le corps dans tous ses états du temps sur l’individu. Les artistes de la Renaissance Hans Memling, le reliquaire de sainte Ursule, Bruges.
se sont particulièrement attachés à montrer l’être - Goya, Le Temps ou Les Vieilles, vers 1808-1812,
A : Les mesures du corps : calculs savants basés sur une règle logique et adaptée humain à divers moments de sa vie ou dans différents musée des beaux-arts de Lille.
à chaque corps. Puis entreprendre de réaliser avec états. Sa conception est évoquée dans L’Annonciation - Daniel Hopper,  La mort et le démon menaçant
Faire œuvre pour un corps unique. Chaque corps de Van der Weyden et il naît dans la Vénus de Bot-
ces nouvelles normes des constructions de toutes la femme mondaine qui se regarde dans un miroir, eau
est unique. Il a un poids, une taille, une morphologie, ticelli. Le corps est montré à l’âge adulte victorieux
sortes. forte, Musée du Dessin et de l’Estampe Originale de
et il est souvent défini par ses couleurs, ses formes, à l’antique avec Scipion l’africain puis il est gravé vieil- Gravelines.
ses attitudes et ses mesures. À la Renaissance, l’ar- Faire œuvre pour un corps imparfait. Les artistes lissant par Dürer. La mort est évoquée lorsque notre
ont découvert des lois de construction de la repré- - On Kawara, 8 DEC 1994 et 9 DEC 1994, œuvre
tiste voit le corps comme un « canon arithmétique ». enveloppe charnelle est percée dans le Saint Sébas-
sentation qui ont souvent fait subir au corps des dé- réalisée en région Nord-Pas de Calais, FRAC Nord
Avec L’Homme de Vitruve1 le corps est pensé comme tien du Pérugin et plus encore, après notre décès,
formations parfois des distorsions pour les besoins Pas De Calais. Présente dans l’exposition « Le Temps
une mesure idéale dans un carré et un cercle. Il est quand notre peau est mise en scène dans l’Écorché
de la perspective. à l’œuvre », musée du Louvre-Lens.
calculé, comparé, devient proportions et statistiques. de Valverde. - Hans Peter Feldman, Feldman Verlags Shop,
Situations d’apprentissage : Situations d’apprentissage : 1975/1998, FRAC Nord Pas De Calais. L’œuvre pré-
Suggérer des points de vue photographiques qui Situations d’apprentissage :
Construire pour un individu une sculpture per- sente des objets personnels photographiés et conte-
mettront en évidence des déformations du corps ou Mettre en évidence l’histoire d’un corps. Faire
sonnelle, un dispositif que l’on peut porter, une pro- nus dans des boîtes.
des changements de proportions. Définir différents des recherches sur les périodes passées de la vie.
duction sur mesure. Il s’agit de redéfinir les limites - Deleware, skull (crâne), 2002. Photo d’écran
cadrages et obliger le corps tout entier à figurer dans Que reste-t-il ? Des photos, des vêtements, des bi-
et mesures de chaque individu et faire de ces pro- pour l’exposition « I love to meet you ».
le champ. En contre-plongée les jambes s’allongeront, joux… Et le corps, qu’a-t-il retenu de ce passage ?
ductions des modèles inimitables. On peut imaginer - Camille Henrot, Dying living woman, travail sur
en plongée la tête grossira et les pieds seront mi- Des marques, des chutes, des rides. À l’aide de ces
que la production porte l’empreinte, le moulage ou apparition et disparition.
nuscules. Un cadrage serré obligera l’élève à prendre recherches représenter des instants, des traces, des
la trace de son alter ego comme pour suggérer la - Damian Hirst, For The Love Of God,2007.
des postures compliquées, par exemple une main au morceaux de vie à la façon de planches qui consti-
présence de celui -ci.
premier plan paraîtra démesurée. tueront l’encyclopédie d’une vie. Arrêter les effets et
Proposer de construire pour l’imperfection de les dégradations du temps sur les objets qui appar- 2. Combiner le fragile et la grandeur
Faire œuvre pour un corps idéal. Le corps devient tiennent à notre histoire. Concevoir ces productions
ces corps déformés. Remédier au corps trop maigre
ou redevient idéal à la manière des antiques à la en construisant pour lui un vêtement qui le grossit, comme des reliquaires : des objets sacrés, des objets antique pour perpétuer la mémoire
période renaissante. De Vinci en établit les propor- étendre des bras trop courts. Pour un corps dont les de mémoire personnelle, précieux et de formes in- Les artistes copient et prennent pour modèle à
tions : « Quatre doigts font une paume, et quatre gestes sont limités, prévoir des dispositifs qui amé- solites. Rome les plus beaux vestiges antiques : le Colisée, le
paumes font un pied, six paumes font un coude : liorent ou qui annulent le manque. Panthéon et l’Arc de triomphe de Constantin. Puis les
quatre coudes font la hauteur d’un homme. Et quatre Montrer l’indescriptible. À la renaissance les ar- artistes s’approprient ces découvertes pour en faire
coudes font un double pas, et vingt-quatre paumes RÉFÉRENCES EN ARTS VISUELS : tistes offrent un nouveau regard sur l’homme. De des nouveaux codes de représentation, aidés par des
font un homme2 ». Ainsi, les artistes détaillent les nombreux traités d’anatomie sont écrits, ils montrent
- The Giant of Cerne Abbas, Dorset, Angleterre, fi- techniques nouvelles. L’Arc de triomphe de Maximilien,
mesures du corps selon des formules arithmétiques comme « des beautés intérieures3 » un corps écor-
gure gravée dans la craie sur la colline Ie ou IIe siècle œuvre monumentale commandée par Maximilien de
pour simplifier le travail du peintre, de l’architecte ou ché, découpé et viscéral. Ces études aident un grand
ap. J.-C. Habsbourg est un excellent support ou point de dé-
pour comprendre le monde qui les entoure. nombre d’artistes dans leur quête de la perfection de
- Manzoni, Socle magique, 1961. L’artiste se pose part pour un travail autour de la mémoire collective
Situations d’apprentissage : la représentation du corps. Le corps est ouvert pour ou individuelle. En effet, l’empereur germanique af-
sur un socle où figurent ses empreintes.
Comparer le corps aux objets ou espaces qui être étudié et mis à nu par Vésale enfin représenté firma que « celui qui ne se soucie pas de perpétuer
- Rebecca Horn, Finger gloves, 1972, prothèse des
font son quotidien. Inventer des unités de mesure mort, transi par Della Robia. sa mémoire de son vivant ne laissera aucun souvenir
mains qui étend les possibilités du corps.
improbables ou des instruments d’évaluation inso- - Ron Mueck , Giant Boy, 1999. Situations d’apprentissage : après sa mort et sera oublié sitôt le glas sonné4 ».
lites. On peut aussi définir le corps par comparaison - Anthony Gormley, Trajectory Field I, 2002. Proposer d’étudier les différentes parties du Cette œuvre imposante est faite d’un matériau bien
avec l’espace dans lequel il vit. Penser ces expériences - Erwin Wurm, The artist who swallowed the world corps et son anatomie. Puis soumettre à des change- fragile, le papier. 700 exemplaires sont imprimés pour
comme des études que l’on note qu’on fait évoluer when it was a disk, 2006. ments de matières certains éléments choisis comme la première édition. On trouve sur le socle de L’Arc
dans un carnet de recherches avec statistiques et des - George Maciunas, Flux Smile Machine, 1971. le crâne ou un os. La réponse proposée pourra être les blasons des trois artistes principaux, dont Dürer,
32 1. Léonard de Vinci, Étude des proportions du corps humain d’après 3. Christophe Degueurce et Hélène Delalex, Beautés intérieurs. 33
Vitruve. 4. Hélène Grollemund, catalogue de l’exposition, p. 244.
2. Ibid. 5. Ibid.
qui travaillèrent à sa réalisation. L’Arc est composé hommes marquants de notre époque, choisis pour lisation d’un carnet de voyage imaginaire et aboutir à pour le corps afin que l’homme voit ce qui peut être
« de personnages, d’emblèmes, de commentaires qui leurs apports culturels : hommes politiques, hommes une œuvre « road-movie ». Une œuvre qui possède vu.
devaient pouvoir se lire et s’observer les uns après de lettres, hommes de science, musiciens, explora- une existence, qui se construit, qui se développe, qui RÉFÉRENCES EN ARTS VISUELS :
les autres5 » on trouve aussi des éléments d’archi- teurs… Autant d’individus qui illustrent une culture garde la trace des rencontres et qui ne se termine
tecture antique et des créatures imaginaires. Cette commune. Leurs effigies ainsi que des objets leurs peut-être pas. - Philippe Ramette, Point de vue, installation, 1989
œuvre se combine du fait des plusieurs pièces qui la ayant appartenus et faussement récoltés lors d’une et Exploration rationnelle des fonds sous-marins, Corse,
RÉFÉRENCES D’ARTS VISUELS: 2006.
composent de façon logique. rencontre imaginaire ou un voyage peuvent y être
exposés. Faire se rencontrer dans ces lieux l’ancien - Maria et Ulay Abramovic, The Great Wall Walk, - Mathias Poisson, Promenades Floues, 2009.
Situations d’apprentissage : 1988.
Un immense décor mural illustré d’histoires in- et le moderne comme pour une autre renaissance. - Lygia Clark, Oculos (lunettes), 1968 : devenir le
- Hamish Fulton, 7 One Day Walks, Yakushima , Ja- sujet de sa propre existence.
dividuelles ou de souvenirs collectifs proposerait pan 2006.
différents modes de lecture et de représentation. - Andy Goldsworthy, Allongé jusqu’à ce qu’il pleuve
RÉFÉRENCES EN ARTS VISUELS :
Mettre en place des démarches pédagogiques basées ou neige, attendu que le sol soit mouillé ou couvert de peggy garbe
sur l’utilisation de différentes matières et leurs inci- - Guillaume Bijl, Le Cabinet de Claude Gouffrier, châ-
neige pour me lever, 1988.
dences sur l’ensemble de la production. À noter que teau d’Oiron, reconstitution d’un cabinet de curiosités.
l’ensemble des gravures peut ensuite être conser- - Daniel Spoerri, La Pharmacie bretonne, 1977,
vées dans un album. château d’Oiron. C : Des inventions pour simplifier et parfaire
- Andy Warhol, Mao, 1973.The Art Institute, Chicago. L’invention des caractères mobiles d’imprimerie
RÉFÉRENCES EN ARTS VISUELS : - Yan Pei-Ming, Obama, 2008. favorise la diffusion des savoirs. Les artistes n’ont de
- Boltanski, Monuments et Vitrines de référence. - Philippe Mayaux, Camelot, 2000-2001. cesse d’imaginer des outils pratiques pour parfaire
- Annette Messager, Les restes II. leurs travaux. La xylographie permet de créer des
- Claude Closky, AA, AB, 1993. B  : Le voyage  : déplacement qui forme multiples, l’horlogerie permet de mesurer le temps,
l’œuvre d’art. la peinture à l’huile autorise des effets de lumière
3. Pour favoriser la circulation des ou de transparence ou encore la retouche d’un tra-
Les artistes de l’époque renaissante voyagent. Pour- vail en cour d’exécution. Dürer inventa un « pers-
échanges artistiques dans le temps quoi l’artiste se déplace-t-il ? Ils se déplacent pour ré- pectographe », instrument composé d’un quadrillage
pondre à une commande. Les plus riches complètent
et l’espace leurs projets et recherches personnelles. Financés par
permettant aux peintres de reproduire une perspec-
tive relativement juste. Les « codex », des carnets
A : Collection et espace pour trésor des mécènes, ils partent en pèlerinage, voyage d’étude de croquis comme ceux que rédige Léonard de Vin-
(re)naissant. ou mission diplomatique. Les artistes voyagent et amé- ci, perdurent. Ces répertoires de dessins sont utili-
liorent leurs connaissances des arts, des œuvres, de la sables dans des contextes variés par d’autres artistes,
Prince, aristocrates et riches marchands de-
littérature et des techniques. D’autres, comme Vasa- sculpteurs, architectes... Ainsi, dans ces recueils on
viennent des collectionneurs avertis et ils possèdent
ri, s’intéressent à la vie des artistes. Le voyage est un retrouve les inventions, dessins ou motifs provenant
dans leurs demeures un studiolo pour y travailler
déplacement dans l’espace et le temps. Il prend des de différents répertoires.
entouré des figures de grands penseurs. D’autres ac-
formes variées dans l’histoire des arts. Il se représente
cumulent dans leurs châteaux œuvres et objets anti-
ou se présente. On trouve des voyages dont la repré- Situations d’apprentissage :
quisants. François 1er , illustre mécène collectionneur
sentation narrative est idéalisée. Par exemple, dans Le Dans un premier temps, demander aux élèves
se réserva au Louvre, alors demeure royale, un « ca-
Cortège des rois (1459-1461), Benozzo Gozzoli fait ap- d’expliquer leur relation au monde ou à l’espace
binet où il semble bien qu’il accumulât des tableaux
paraître Laurent de Médicis sous les traits du roi mage qui les entourent par des exercices méthodiques
nordique 6 ».
Gaspard. C’est une scène impossible. Lorsque l’artiste de représentation en perspective : le « modus op-
Situations d’apprentissage : entreprend un voyage, il commence peut-être un nou- timum » c’est-à-dire le point de fuite ou par la mé-
La collection est un thème apprécié de l’histoire veau projet artistique. Il peut mettre en œuvre ce pro- thode «  Cinq fois plus bleu cinq fois plus loin » de
des arts et de nombreuses situations d’enseigne- jet avant, pendant ou après ce déplacement. De Vinci dans sa perspective atmosphérique. Puis
ment montrent de curieuses collections exposées proposer d’imaginer des dispositifs pour simplifier
dans des lieux privilégiés. Proposer un lieu petit ou Situations d’apprentissage :
le travail de l’artiste ou des inventions pour penser
grand, vitrine ou pièce étroite où seront accumu- Des situations pluridisciplinaires peuvent ame-
sa relation au monde différemment. Des machines
lés des objets témoins, des objets d’histoires tels ner l’élève à conceptualiser « une œuvre-voyage »7.
pour le corps, des appareils qui invitent à voir autre-
ceux d’un cabinet de curiosités. Former une « Ga- L’objet d’étude n’est pas le périple lui-même mais
ment ou à appréhender directement l’espace voisin.
lerie des illustres »: un espace qui présenterait les l’œuvre qui se forme progressivement pendant et au- Explorer de nouveaux territoires. Des constructions
tour de ce déplacement. Elle peut débuter par la réa-
34 6. Philippe Malgouyres, Catalogue de l’exposition, p. 336. 35
7. Benoit Pype, Mémoire «Voyage et déplacement, ENSAD, 2010.
 les échanges artistiques dans • Thème 1 « Les bouleversements culturels et in- • Histoire domaines de la culture, arts et savoirs, revendiquant
l’europe de la renaissance tellectuels (xv e – xviie siècle) » L’un des thèmes du programme de première des héritages de l’Antiquité » et elle donne notam-
s’intitule « Vers un espace culturel européen : Re- ment plusieurs exemples de grandes figures telles
Les connaissances à apporter doivent montrer
naissance et humanisme » et précise : que l’artiste et l’humaniste.
dans les programmes scolaires qu’ « Entre le xv e et le xviie siècle, l’Europe connaît
des bouleversements culturels, religieux et scienti- « L’objectif est d’élargir le champ des références
fiques qui donnent une nouvelle vision du monde et culturelles des élèves et de leur faire découvrir, à les échanges artistiques dans
de l’homme » et que, dans ce cadre, la « Renaissance partir de textes littéraires de divers genres, un mou-
l’europe de la renaissance
vement culturel et artistique d’ampleur européenne.
Premier degré renouvelle les formes de l’expression artistique ». 
On s’attache à leur donner une vue d’ensemble des
• Histoire des Arts Dans les démarches artistiques, il est conseillé grands traits de l’humanisme renaissant, de son his- Œuvres en écho
d’étudier : toire, des valeurs qu’il promeut et des mutations
Le programme suggère l’étude de multiples religieuses, éthiques, scientifiques et esthétiques
• « la vie et l’œuvre, d’un artiste ou d’un mécène
exemples d’œuvres pour les Temps modernes : qui en accompagnent le développement. On amène
de la Renaissance, ou un lieu et ses œuvres d’art » ARTS DU VISUEL :
- Une architecture royale (château de la Loire), les élèves à réfléchir sur les sources antiques de la
• « une carte des foyers et de la diffusion de la
une place urbaine. culture européenne et à découvrir les racines com- - Antonio di Puccio da Cereto, dit Pisanello, Vit-
Renaissance »
- Des poésies de la Renaissance. munes des représentations et des valeurs qui trans- torino da Feltre, avec au revers, Un pélican sur son nid,
Bulletin officiel spécial n° 6 du 28 août 2008
cendent la diversité des langues et des États. On les après 1446. Cette médaille est à mettre en regard
- Une pièce de mobilier et de costume ; un moyen
conduit ainsi à prendre conscience du fait que, par avec le portrait du même Vittorino da Feltre par
de transport ; une tapisserie. • Classe de cinquième (Français)
le biais des échanges et de la circulation des idées et Juste de Gand. (Exposition Renaissance)
- Des peintures et sculptures de la Renaissance En lecture, plus précisément en littérature du des formes, la littérature, les arts et la culture consti-
(Italie, Flandres, France). - Marcantonio Raimondi, Les Grimpeurs, 1510.
Moyen Âge et de la Renaissance, le programme invite tuent un des domaines premiers où s’élabore une Cette gravure est inspirée à la fois de Michel Ange
Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008 à faire lire Charles d’Orléans (père de Louis XII) et conscience européenne et où se fonde la possibilité et de Lucas de Leyde. Elle a servi de modèle à une
Clément Marot. même d’une communauté. » assiette de faïence, Les Grimpeurs, 1531, réalisée à
Bulletin officiel spécial n°9 du 30 septembre 2010
Bulletin officiel spécial n° 6 du 28 août 2008 Urbino et attribuée au Peintre du bassin d’Apollon.
Second degré (Exposition Renaissance)

• Collège (Histoire des Arts) Lycée général Lycée professionnel

La thématique « Arts, espace, temps » permet ARTS DU LANGAGE :
• Histoire des Arts
• Histoire des Arts - Érasme publie L’éloge de la folie en 1511. Le titre
d’aborder les œuvres d’art à partir des relations En classe de seconde, le programme est focali-
qu’elles établissent, implicitement ou explicitement, Dans le champ anthropologique, la thématique « original, Encomium Moriae, est un jeu de mots sur
sé sur le xvie siècle. Deux thématiques sont mises
avec les notions de temps et d’espace. Arts, sociétés, cultures » propose de s’intéresser à Morus, nom latin de Thomas More et Morias qui veut
en avant : « Arts, sociétés, cultures », « Arts, goûts,
« L’art et les autres », et plus spécialement aux re- dire « folie » en grec.
Le thème des « Échanges artistiques dans l’Eu- esthétiques ».
gards croisés, aux échanges (dialogues, mixité, croise- - Érasme, Adages, 1508. C’est une collection de
rope de la Renaissance » se prête particulièrement • Histoire
ments) et aux métissages. citations empruntées à tous les auteurs païens de
à l’étude des liens entre l’œuvre d’art et la place du l’Antiquité grecque et latine qui se suivent selon les
En classe de seconde, les élèves sont amenés
corps et de l’homme dans le monde et la nature à Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008
associations d’idées de l’auteur.
à étudier « Les Européens et le monde (xvie-xviiie
travers l’exemple des déplacements dans le temps • Histoire siècle). « Le programme insiste sur un certain nombre - Thomas More, Utopie, 1516. Le roman est inspi-
et l’espace (voyages, découvertes, expéditions, migra- de grands changements culturels, économiques, po-
La quatrième partie du programme de seconde ré, entre autres sources, du Nouveau Monde d’Ameri-
tions) et celui d’œuvres représentatives de l’imagi- litiques à l’époque moderne et leurs effets sur les
porte sur les « nouveaux horizons géographiques et go Vespucci et de La République de Platon.
naire de cette époque (rêves, fictions, utopies). sociétés en Europe et dans le monde ». Parmi les
culturels des Européens à l’époque moderne ». L’une - Ronsard, Les Amours de Cassandre, 1552. Ces
Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008 sujets d’étude figure  « Humanisme et Renaissance ».
des deux questions au choix traite des hommes de la poèmes sont influencés par Pétrarque.
Sur les trois situations que suggère le programme of-
• Classe de cinquième (Histoire) Renaissance et il est suggéré d’étudier un éditeur et ficiel, deux d’entre elles peuvent être traitées à l’aide
son rôle dans la diffusion de l’Humanisme ou un ar- de ce dossier. Il s’agit d’« Érasme et l’Europe » et
Le thème de ce dossier pédagogique prend place ARTS DU SON :
tiste de la Renaissance dans la société de son temps. à un moindre degré de « Vinci et la représentation
dans la quatrième partie : - Josquin des Prés fut au service des papes puis
Bulletin officiel n° 4 du 29 avril 2010 du corps ». L’exposition « présente la Renaissance
• Vers la modernité, fin xv e – xviie siècle comme un mouvement d’innovations dans tous les à celui de Louis XII avant d’être engagé à la cour

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de Ferrare. En 1502, il publie son premier livre de - Albarello à décor de pampres bicolore, milieu du Renaissance. Révolutions dans les arts en Europe 1400-1530
messes. La Missa Hercules Dux Ferrariae, éditée en xv siècle, faïence lustrée. Ce pot à pharmacie était
e

1505, est dédiée à Hercule Ier d’Este, duc de Ferrare. fait grâce à une technique d’origine musulmane. (Ex- 12 décembre 2012 – 11 mars 2013
- Clément Janequin, des chansons telles que Chan- position Renaissance)
tons, sonnons trompette pour fêter le retour de captivité
des enfants du roi après la paix de Cambrai, (1530) ou SITOGRAPHIE :
La Guerre ou La Bataille de Marignan (1528), qui a
- Site du CNDP Autour de l’exposition « Renaissance. Révolutions dans les arts en Europe 1400-1530 », le musée du
été reprise sur la bande originale du film Last Days
Louvre-Lens propose des activités pour les publics scolaires : visites accompagnées, visites-ateliers et ate-
de Gus Van Sant. - Site du Musée national de la Renaissance, châ- liers.
- Publication à Rome du premier livre de madri- teau d’Écouen
Des visites d’initiation sont également organisées dans le cadre des stages d’initiation pour permettre
gaux en 1530. Le madrigal est une pièce polypho- - Site officiel des châteaux de la Loire aux enseignants de concevoir un projet pédagogique ou de préparer une visite en autonomie.
nique, union entre l’écriture savante des franco-fla-
- Site du château du Clos-Lucé Toutes ces informations sont accessibles sur le site www.louvrelens.fr ainsi que la programmation de
mands et l’harmonie de l’art italien.
- Site des chemins du patrimoine en Finistère, la Scène en lien avec l’exposition.
voir les pages consacrées au château de Kerjean, en
ARTS DU SPECTACLE : particulier le document intitulé « Fêtes et réjouis-
- Monteverdi est considéré comme l’inventeur de sances à la Renaissance ».
l’opéra. Le premier de ses opéras, L’Orfeo, 1607, est
»» COORDONNÉES
inspiré d’un thème mythologique.
Musée du Louvre-Lens
- Le Ballet comique de la reine, de Balthazar de
Rue Paul Bert
Beaujoyeulx, d’inspiration mythologique, fut donné en
1581, au Louvre pour le mariage du duc de Joyeuse.
- L’Orchésographie de Thoinot Arbeau, édité en Réservations : 0321 186 321
1588, est un recueil des danses pratiquées au xvie
siècle.
Renseignements : education@louvrelens.fr

ARTS DE L’ESPACE :
Contact pour les projets pédagogiques :
- Brunelleschi, dôme de la cathédrale de Florence
vers 1432-1436. Brunelleschi s’inspire de la coupole Evelyne Reboul, chargée des actions éducatives : evelyne.reboul@louvrelens.fr
du panthéon à Rome.
- Bramante, le tempietto de l’église San Pietro in Administration
Montorio, érigé à l’endroit exact du martyr de saint 6, rue Charles Lecoq
Pierre, est un hommage aux monuments antiques. BP 11
- Le camp du Drap d’Or, Guînes. Le lieu où se 62301 Lens cedex
rencontrèrent François Ier et Henri VIII, roi d’Angle-
terre, a été surnommé le « Bivouac de luxe ». Il y
»» HORAIRES D’OUVERTURE
eut beaucoup de représentations, des banquets en
musique et des bals. Le musée est ouvert tous les jours de10h à 18h (accueil des groupes dès 9h)
Nocturnes jusque 22h le premier vendredi de septembre à juin
ARTS DU QUOTIDIEN : Fermeture hebdomadaire le mardi
- Tapisseries de L’Histoire du Portugal et de l’Inde, Fermeture le 1er mai (Fête du travail)
Tournai, 1510-1520, avec la représentation d’ani-
maux exotiques mieux connus grâce aux voyages de
grandes découvertes. (Exposition Renaissance)
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