3 Licence Géologie Appliquée (Ressources Minérales Et Énergétiques - S6)

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3 Licence géologie appliquée (Ressources minérales et énergétiques– S6)

INTRODUCTION

Les roches qui présentent un intérêt économique, d’ailleurs relatif dans le temps. Font partie
des minerais et des substances utiles.

Les substances utiles sont des roches ou des minéraux utilisés en fonction de leurs
propriétés physiques ou thermiques : couleur, transparence, dureté, ténacité, fusibilité, perte
d’eau de cristallisation, polymorphisme. Elles sont utilisées directement ou après séparation
basée sur les propriétés géométriques (amiante), mécaniques ou physiques. Le produit final
est un composé.

Les minerais sont des roches ou des minéraux recherchés pour un ou plusieurs
éléments chimiques contenus. Leur valorisation comprend généralement au moins une
opération chimique (dont souvent une opération d’oxydo-réduction) permettant l’extraction
du ou des éléments, le produit final est cet élément. C’est pourquoi le concept de minerai est
plus fonction du contexte scientifique ou économique que celui de substance utile. Un granite
pourrait peut- être devenir un minerai d’aluminium ou de potassium, comme la bauxite ou la
potasse, alors que le corindon ou le mica en tant que substances utiles devront toujours être
du corindon ou du mica.

CLASSIFICATION GENETIQUE DES GISEMENTS

I. Gisements en liaison directe avec un magma


1) Gîtes disséminés. –Les minéraux utiles sont dispersés dans une roche éruptive, le
plus souvent basique, au même titre que les autres constituants.
Ex. : Gîtes de platine de l’Oural ; le platine est associé au péridot d’une dunite. Gîtes de
diamant dans les kimberlites de l’Afrique du sud.

2) Gîtes de ségrégation. – Les minéraux utiles sont concentrés dans la roche ; la suite
d’une différenciation survenue en cours de cristallisation. Ils se présentent en général sous la
forme d’amas. Parmi les autres minéraux les plus fréquemment sujets à des concentrations
de ce type, citons la chromite, la magnétite, l’ilménite.

3) Gîtes pegmatitiques. – Formées en fin de cristallisation du magma les pegmatites


ont une composition voisine de celle des roches plutoniques (granites, diorites, syénites.),
auxquelles elles se rattachent. Elles s’en distinguent :

- Par un développement plus large des cristaux qui peuvent atteindre de très grandes
dimensions (cristaux de microcline atteignant plusieurs mètres ; cristaux de spodumène de
plus de 15 Cm) ;

- Par la forme de leur gisement : filons puissants mais souvent irréguliers, lentilles ou
amas, généralement localisés a proximité d’un massif éruptif.

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Parmi les minéraux les plus souvent rencontrés dans les pegmatites citons : le quartz,
les feldspaths, la biotite, la muscovite, le béryl, la niobo-tantalite, le spodumène, la
tourmaline, des phosphates de Li, Fe, Mn.

4) Gîtes pneumatolytique. On appelle « pneumatolytes » des constituants volatils tels


que la vapeur d’eau, le fluor, le bore, le phosphore, le chlore, etc. …, qui jouent un rôle
particulièrement important dans les phases finales ou posthumes de la cristallisation des
magmas granitiques.

Les pneumatolytes peuvent agir directement sur le granite qu’ils transforment en


« greisen », en détruisant les feldspaths et en les remplaçants par divers minéraux: quartz,
micas blancs souvent lithinifères et fluorés (lépidolite, zinnwaldite), tourmaline, topaze,
apatite …. Il peut y avoir également formation de greisen aux dépens des roches encaissantes
qui se chargent alors de micas et de quartz. Parmi les autres minéraux les plus souvent
rencontrés dans les gisements de ce type, citons : cassitérite, béryl, fluorine, columbite…

5) Gîte de contact ou pyrométasomatiques. - Les gites de ce type se développent près


de massifs éruptifs au sein de certains types de roches Encaissantes, on les appelle
pyrométasomatiques (pyro=chaud, métasomatose=remplacement avec apport). En général,
ils se rencontrent dans des dolomies et calcaires qui sont particulièrement sensibles à la
double action de la chaleur et des éléments volatils issus de la roche éruptive. La forme de ces
gisements est irrégulière, en amas ou concentrations lenticulaires.

On appelle skarns des roches carbonatées généralement bien cristallisées, riches en


silico-aluminates ferrifères (pyroxènes, épidote, grenats). Elles contiennent souvent des
minerais métalliques (scheelite, magnétite, pyrrhotite, blende, molybdénite…)

6) Dépôts de fumerolles et gites exhalatifs.- les gaz et des vapeurs émis lors de
l’activité volcanique peuvent déposer des minéraux tels que le soufre, certains borates, la
magnétite ou l’hématite.

Par ailleurs, l’activité volcanique et fumerollienne ancienne (au Dévonien supérieur


par exemple) s’exerçant dans des bassins marins peu ouverts ou dans les bassins
continentaux, a pu conduire à la formation de gites stratiformes, Citons en Allemagne, les
dépôts d’hématite de la Lahn, les dépôts de pyrite et barytine de Meggen, et en France les
dépôts de rhodocrosite des Pyrénées. Le métamorphisme s’exerçant ultérieurement sur ces
dépôts, peut d’ailleurs en avoir modifié la compostions minéralogique.

II. Gisements hydrothermaux.

Ils résultent de la précipitation de substances chimiques à partir d’eaux thermales


circulant dans les fractures, les failles, les fentes et les microfissures des roches. Cette
précipitation est conditionnée par la saturation des solutions et ainsi par la température et la
pression.

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Les filons sont les formes les plus classiques de dépôt hydrothermal. Un filon
hydrothermal se présente en général comme le remplissage d’une fente ou fissure. Il est
généralement assez développé en longueur (plusieurs centaines de mètres à plusieurs
kilomètres) et en profondeur (quelques centaines de mètres) tandis que sa troisième
dimension (épaisseur ou « puissance ») peut être réduite à quelques mètres ou quelques
décimètres.

Le remplissage de la « caisse filonienne » a parfois une texture rubanée ou


concrétionnée. Dans les filons rubanés les minéraux ou associations de minéraux sont
disposés en bandes parallèles aux parois ou « épontes » du filon plus ou moins
symétriquement par rapport à celles-ci.

Dans les filons hydrothermaux, il n’est pas rare de rencontrer des vides (« géodes » ou
« druses ») dont sont souvent tapissées de beaux cristaux.

Les gisements hydrothermaux ont été classés par W. Lindgren de la façon suivante :

1) Filons hydrothermaux ou de haute température (température de formation : 300°


à 500°). – Ils sont généralement proches de massifs granitiques et fréquemment en liaison
avec les gites pneumatolytique. Leur texture est souvent assez grossière.

Parmi les minéraux rencontrés dans les filons de ce type citons : le quartz, la
tourmaline, l’apatite, la biotite, l’orthose, la magnétite, la pyrrhotite, le mispickel avec ou sans
or, le wolframite, la molybdénite…

Ex : Gisement d’or et arsenic de salsigne (Aude). Dans un filon quartzeux de plusieurs


mètres de puissance, la minéralisation consiste essentiellement en mispickel aurifère, pyrite,
chalcopyrite, pyrrhotite, un peu de wolframite et de bismuth.

2) Filon mésothermaux ou de moyenne température (150) 300°). Ils présentent une


assez grande régularité et une texture massive, bréchifrome, rubanée ou zonée. Parmi les
minéraux rencontrés dans les filons de ce type, citons : le quartz, la sidérite, des sulfates
(barytine, célestine …), des sulfures, des arséniures, des sulfosels, l’or, etc.

3) Filons épithermaux ou de basse température (50 à 150°). Ils sont de formation plus
superficielle et leurs dépôts rappellent ceux des sources thermales actuelles ; dans certains
cas ils paraissent avec les zones d’activité volcanique et avec certains dépôts de type
exhalatif.

Généralement courts, discontinus et lenticulaires, les filons épithermaux ont souvent


un remplissage bréchique. Leur texture et leur paragénèse sont caractérise par une plus
grande variabilité d’un point à l’autre du même filon ; rubanement et géodes sont fréquents
et les minéraux peuvent y présenter de celle structures concrétionnées.

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Parmi les minéraux rencontrés dans les filons de ce type citons : le quartz améthyste,
la calcédoine, l’opale, l’hématite, la calcite, la rhodocrosite, la fluorine, l’anhydrite, le kaolin,
des sulfosels d’argent, des tellurures d’or et d’argent, la stibine, le réalgar, le cinabre,
l’orpiment, l’or, la mascarite …

Il faut remarquer que, très fréquemment, dans un même filon, se succèdent ou


alternent plusieurs phases hydrothermales de type différent ; par exemple un épisode de
caractère mésothermal sera suivi d’un autre à caractère épithermal.

4) les dépôts des sources thermales. - Ceux-ci sont constitués essentiellement de silice
et de carbonate de calcium avec parfois du soufre, des sulfures d’arsenic ou de mercure.

III. Gisement de substitution et d’imprégnation diffuse

Sous le terme de gîte de substitution on désigne des gisements métasomatiques,


parfois stratiformes, localisés dans des niveaux sédimentaires (calcaires, dolomies, schistes
gréseux…) ou volcano-sédimentaires (tufs remaniés) et dont les paragénèses sont voisines de
celles des gisements hydrothermaux ou même pneumatolytiques. L’origine des éléments
apportés n’est pas toujours claire. Parmi les minéraux rencontrés dans ce type de gisement
citons : la calcite, la dolomite, l’ankérite, la magnésite, la sidérite, la barytine, la fluorine, la
silice sous forme de jaspe, l’hématite, la pyrite, la blende, la galène, la chalcopyrite…

Les gites d’imprégnation diffuse se présentent en masses ou amas sans continuité. Ils
sont représentés essentiellement par des gisements de pyrite ou pyrrhotite, accompagnés ou
non de chalcopyrite, blende, or, galène…les hypothèses génétiques émises à propos de ce
type de gite sont très variées et discutées ; ils sont souvent classés avec les gites
hydrothermaux.

Gisements sédimentaires

Ils se forment au cours du dépôt des sédiments et par les mêmes processus qu’eux
dans les mers, les lacs et les lits des cours d’eau.

1) gîtes sédimentaires détritiques. ils sont formés par accumulation de minéraux


provenant du démantèlement des roches par l’érosion et transportés par les eaux ou les
courants. Certains minéraux, parmi les plus stables, les moins fragiles et les plus denses, sont
susceptibles d’un classement et d’une concentration dans les alluvions. Ils forment ainsi des
gîtes alluvionnaires.

Les minéraux rencontrés dans ce type de gisement sont les suivant : or, platine,
cassitérite, rutile, columbo-tantalite, ilménite, magnétite, scheelite, monazite, zircon,
corindon (saphir, rubis), béryl, topaze, diamant…

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2) Gîtes sédimentaires chimiques. Les substances chimiques en solution dans les eaux
marines ou lacustres peuvent se concentrer soit par évaporation. Soit par précipitation à la
suite d’une réaction chimique.

a) Gîtes d’évaporation. il s’agit essentiellement des couches de sel gemme, gypse,


anhydrite, sels potassiques et magnésiens (sylvinite, carnallite…), borates…intercalées dans
les terrains sédimentaires. Elles trouvent leur origine principalement dans l’évaporation des
eaux lagunaires.

b) Gîtes de précipitation chimique. ils proviennent de la précipitation par réaction


chimique avec ou sans l’intervention d’une activité organique de substances en solution dans
les eaux marines ou lacustres. Ces dépôts peuvent subir, immédiatement après leur mise en
place une évolution diagénétique (avec formation de nouveaux minéraux, recristallisation,
développement de concrétions, etc.). Peuvent être classés dans ce type les nodules de
manganèse des fonds océaniques.

Les grands gisements de minerais de fer oolithiques appartiennent à un type mixte, à


la fois détritique et chimique. En effet, les oolithes, petits corps ovoïdes formés par le dépôt
chimique de fines couches concentriques successives (hématite, limonite, sidérite ou
chlorites) autour d’un fragment de quartz détritique, ont été ensuite transportés et
resédimentés comme un minerai détritique.

3) gîtes sédimentaires biochimiques. – l’accumulation d’organismes morts dans les


bassins sédimentaires marins, lacustre, est à la base de la formation des gisements de
charbon. Les gisements de diatomite, constitués de diatomées (algues unicellulaires à
carapace siliceuse), ont une origine analogue.

IV. Gisements résiduels

Ces gisements résultent de l’altération superficielle des roches sous l’action des eaux
météoriques et des agents climatiques. On peut distinguer :

1) Les gîtes résiduels proprement dits, parmi lesquels figurent essentiellement les
gîtes latériques sous certaines conditions climatiques (climat tropical) des processus
chimiques peuvent concentrer certains éléments en une couche superficielle atteignant
plusieurs dizaines de mètres ; les latérites sont constituées d’hydroxydes de fer ou
d’aluminium. Eventuellement enrichis en d’autres éléments dispersés dans la roche – mère
(Mn, Ni…).

2) Les gîtes éluvionnaires. Ils proviennent de la destruction et du lessivage partiel des


roches avec enrichissement sur place de certains de leurs minéraux constitutifs parmi les plus
résistants ou les plus denses, tels que le quartz, la cassitérite, le rutile, le béryl, le platine…

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IV. « chapeaux de fer », zones d’oxydation et de cémentation

Un certain nombre de minéraux constituant les minerais (sulfures, arséniures,


carbonates…) sont facilement altérables en minéraux dits « secondaires » très importants
pour le minéralogiste puisqu’ils représentent sensiblement la moitié des espèces minérales
connues, qu’ils sont souvent bien cristallisés et qu’ils nous sont les plus facilement accessibles
puisque généralement près de la surface.

Les minéraux sulfurés offrent de bons exemples de cette altération. Ils s’oxydent
rapidement en sulfates, souvent solubles dans l’eau ; c’est pourquoi certains filons ne
montrent aux affleurements que les minéraux résistants de leur gangue (quartz, barytine…)
avec des cavités conservant la forme de minéraux sulfurés primaires préexistants (box-works).

L’oxydation des sulfures a lieu entre la surface du sol et le niveau hydrostatique. Cette
zone où circulent l’eau et l’oxygène est appelée « zone d’oxydation ». Il s’y forme des
solutions riches en sulfates qui peuvent migrer et reprécipiter plus ou moins loin ; par
exemple le sulfate de fer formé est instable et donnera rapidement des hydroxydes de fer
(limonites) qui, lorsqu’ils se trouvent en grande quantité, constituent les « chapeaux de fer ».
En présence de CO2 ou de carbonates, les eaux chargées de sulfates de cuivre donneront de la
malachite ou de l’azurite, celles chargées de sulfates de zinc donneront de la smithsonite.
Cette zone d’oxydation peut contenir de nombreux autres minéraux, en particulier des
métaux natifs (cuivre, argent, or…), des oxydes et hydroxydes, des carbonates, la plupart des
sulfates, des phosphates, des arséniates et des vanadates, certains silicates, des chlorures et
oxychlorures…Il peut ainsi se former des enrichissements très importants dans cette zone ;
nous rappellerons par exemple les « Bonanza » argentifères d’Amérique latine qui ont fait la
fortune de l’Espagne au XVIIe siècle.

Au-dessous du niveau hydrostatique, l’oxygène manque, on passe de la zone


d’oxydation à une zone où règnent des conditions de réduction, c’est la « zone de
cémentation ». Il peut s’y produire des enrichissements secondaires d’un autre type
spécialement dans les gisements de cuivre ou d’argent. Les solutions riches en cuivre ou
argent attaquent les sulfures préexistants et les remplacent par des sulfures secondaires plus
riches en cuivre (covelline et chalcocite) ou en argent (argentite). Plus en profondeur, la zone
de cémentation passe progressivement à la zone de minerai primaire non altéré ou
transformé.

REFERENCES/ Ce cours a été tiré d’un livre intitulé‘’ éléments de gitologie’’

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