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THESE
et
Jury :
Rapporteurs : C. Reynaud Ingénieur de recherche CEA Saclay, Gif-sur-Yvette
Les travaux de recherche qui font l’objet de ce mémoire ont été réalisés au laboratoire de
Sciences des Procédés Céramiques et de Traitements de Surface (SPCTS - UMR CNRS
6638) à Limoges. Je remercie Monsieur Jean-François Baumard, Directeurs du SPCTS,
de m’avoir accueilli au sein de son laboratoire.
Que Monsieur David Smith, Professeur de l’Université de Limoges, du Groupe d’Études
des Matériaux Hétérogènes (GEMH), trouve ici l’expression de ma profonde reconnais-
sance pour avoir accepté de présider le jury de thèse.
Je tiens également à exprimer mes profonds remerciements à Madame Cécile Reynaud,
Ingénieur de Recherche et Directrice du Service « Photons, Atomes et Molécules » au
CEA de Saclay, et Monsieur Guillaume Bernard-Granger, Ingénieur de Recherche au
CREE de Saint-Gobain à Cavaillon, de m’avoir fait l’honneur de juger ces travaux en
qualité de rapporteur.
Je tiens à exprimer mes très sincères remerciements à Monsieur Thierry Chartier, Di-
recteur de Recherche CNRS, de m’avoir accueilli au sein de son équipe de recherche,
de l’encadrement et du soutien qu’il m’a témoignés durant ces années de thèse.
J’adresse mes chaleureux et vifs remerciements à Monsieur Fabrice Rossignol, Chargé
de Recherche CNRS, pour la qualité de son encadrement, sa grande disponibilité et
son soutien. Je lui suis profondément reconnaissant de m’avoir fait bénéficier de son
expérience et de ses compétences tout au long de ces travaux.
Cette thèse s’inscrivant dans le cadre d’une collaboration entre différents laboratoires, je
tiens à remercier en premier lieu le Laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques
et Énergétiques (LCMIE) du Centre Interuniversitaire de Recherche et d’Ingénierie des
Matériaux (CIRMAT) et Monsieur Abel Rousset, directeur du centre, de m’avoir si bien
accueilli. Mes remerciements s’adressent également à l’équipe de Nanocomposites et
Nanotubes de Carbone (NNC) du CIRIMAT et tout particulièrement à Mademoiselle
Anne Cordier, Docteur de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Monsieur Emmanuel
Flahaut, Chargé de Recherche CNRS, Messieurs Alain Peigney et Christophe Laurent,
Professeurs de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, qui m’ont fait profiter de leur
expérience et leurs compétences dans la synthèse des nanotubes de carbone et des
nanocomposites qui leurs sont associés. Je leurs suis très reconnaissant des précieux
conseils qu’ils m’ont prodigués durant notre étroite collaboration.
Je souhaite remercier Monsieur Jean-Marc Heintz, Professeur de l’Université de Bor-
deaux, et Monsieur Jean-François Silvain, Directeur de Recherche CNRS, de l’Institut
de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB) ainsi que Monsieur Joël
Douin, Chargé de Recherche CNRS, du Centre d’Élaboration de Matériaux et d’Études
Structurales (CEMES) à Toulouse, pour leurs actions et leurs nombreux conseils qu’ils
m’ont apportés dans le cadre de cette collaboration.
Je tiens à témoigner ma profonde gratitude et mes sincères remerciements à l’ensemble
des personnes qui ont contribué directement à l’accomplissement de ces travaux. Je
remercie à cet effet, Mesdemoiselles Céline Poulier et Aurélie Michot, doctorantes au
GEMH, pour les mesures de conductivité thermique par la méthode dite « Flash La-
ser », et Monsieur Mathieu Gendre, Doctorant au SPCTS, pour sa contribution, réalisée
dans le cadre d’un stage de Master Recherche.
J’adresse également tous mes remerciements à Messieurs Pierre Carles, Ingénieur
d’Études à l’Université de Limoges, Alain Peigney et Fabrice Rossignol pour les ob-
servations microscopiques opérées au MEBFEG. Je remercie Monsieur Daniel Tétard,
Ingénieur de Recherche au SPCTS, et Monsieur Claude Estournes, Chargé de Recherche
CNRS au CIRIMAT qui ont effectué des frittages sous charge spécifiques.
J’adresse un grand Merci à l’ensemble des corps administratifs et techniques de l’École
Nationale Supérieure de Céramique Industrielle, du SPCTS, du CIRIMAT, et de la
Faculté des Sciences de Limoges pour l’aide qu’ils m’ont souvent apporté dans mes
diverses démarches.
Enfin, j’aurais une pensée toute particulière pour ma famille et mes amis, qui m’ont
témoigné un soutien indéfectible dans l’accomplissement de ma thèse. Qu’ils en soient
ici très chaleureusement remerciés.
Table des matières
1.1 La structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Electrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.2 Thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3 Mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
9
1.5 Propriétés des composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.1.2 Elaboration d’une poudre composite par formation in-situ des NTC 28
3 Composites NTC/alumine 39
3.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
5 Conclusion 137
Avant-Propos
1
En fédérant les compétences complémentaires du SPCTS (Science des Procédés Céra-
miques et de Traitements de Surface, UMR CNRS 6638), du CIRIMAT (Centre Interuni-
versitaire de Recherche et d’Ingénierie des Matériaux de Toulouse, UMR CNRS 5085),
de l’ICMCB (Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux, UPR CNRS 9048)
et du CEMES (Centre d’Elaboration de Matériaux et d’Etudes Structurales de Toulouse,
UPR CNRS 8011), nous nous proposons d’exploiter les propriétés spécifiques des NTC
afin de réaliser des composites NTC/alumine, pour application comme drains ther-
miques. En conjuguant en effet, l’importante conductivité thermique longitudinale des
NTC et leur très grand facteur de forme, ces composites devraient posséder une grande
conductivité thermique pour une faible fraction volumique de NTC, sans pour autant
modifier de manière drastique, le coefficient de dilatation thermique, par rapport à la
matrice seule.
Notre étude présentera globalement deux phases :
– La première phase consistera à définir les relations entre procédés d’élaboration,
microstructures et propriétés. Nous tenterons notamment de mettre en évidence
l’influence de l’orientation des NTC sur la conductivité thermique des composites.
– La deuxième phase proposera une modélisation du comportement thermique des
composites NTC/alumine afin de mieux identifier les éventuels obstacles au transfert
de chaleur dans ces composites.
C
1
Les nanotubes de carbone et leurs composites à ma-
trice céramique
Composites Al3 O3 /NTCs
1.1 La structure
En 1985, les travaux d’Harold Kroto, Richard Smaley et Robert Curl (Prix Nobel de
Chimie en 1996) aboutissent à la découverte d’une nouvelle forme allotropique du
carbone, les fullérènes. L’étude de ces nouvelles structures formées de 60 atomes de
carbone arrangés en sphères va très vite susciter un vif intérêt dans le milieu des
matériaux nanostructurés.
F. 1.1. Différentes structures des nanotubes identifiées par les indices de Hamada [2, 3]
C’est en étudiant ces nouvelles structures, synthétisées alors par arc électrique, qu’en
1991 Sumio Iijima [4], spécialiste en microscopie chez NEC, observe pour la première
fois les nanotubes de carbone (NTC) multi-parois. En 1993, il découvre également des
nanotubes mono-parois [5]. Noté SWNT (Single Walled NanoTube), le NTC mono-
parois se présente sous la forme d’un plan de graphène, enroulé sur lui même, décrivant
une géométrie tubulaire. Si le NTC n’a pas subi de détérioration, une demi-sphère de
fullérène forme généralement l’une de ses deux extrémités, tandis que la seconde
peut être occupée par une nanoparticule métallique utilisée comme catalyseur pour la
synthèse des NTC. Suivant l’orientation des motifs hexagonaux de carbone par rapport
5
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
à l’axe du tube, il est possible de différencier les divers types de SWNT (Fig- 1.1).
Sur un feuillet de graphène déroulé (Fig- 1.2), l’hélicité des SWNT est caractérisée
→
par les indices de Hamada [2, 3] (m, n) du vecteur (Cn ), de norme égale à la circonfé-
→ →
rence du NTC, dans la base vectorielle (a1 , a2 ). Du degré d’hélicité dépendent notam-
ment les propriétés électroniques du nanotube. Tous les NTC possédant une struc-
ture de type « Armchair » d’indices (m, m) (Fig 1.1a), sont conducteurs électriques
(« nanotubes métalliques ») [6]. Les NTC de configuration « Zigzag » et d’indices
m
(m, 0)(Fig 1.1b) ne sont métalliques que si le rapport 3
est un entier [6]. Dans le cas
contraire, ces nanotubes sont semi-conducteurs. Enfin, la troisième famille de NTC
identifiée par des indices de Hamada quelconques (m, n), est appelée NTC de type
« Chiral » (Fig 1.1c). Ces nanotubes sont majoritairement semi-conducteurs. Ils ne sont
(2m+n)
métalliques que si le rapport 3
est un entier [6]. Les nanotubes bi-parois (DWNT :
Double Walled NanoTube) ou multi-parois (MWNT : Multi-Walled NanoTube), ob-
servés pour la première fois par Sumio Iijima en 1991, sont constitués de deux ou
plusieurs SWNT concentriques. La distance inter-parois des DWNT et MWNT a été
estimée entre 0,34 et 0,40 nm [4]. Le diamètre des NTC dépend de l’hélicité et du
nombre de parois. Typiquement, le diamètre d’un SWNT est généralement inférieur
à 2 nm et celui d’un DWNT est compris entre 2 et 3 nm. La longueur des NTC est
quant à elle très variable suivant leur mode de synthèse. Elle est généralement com-
prise entre 10 et plusieurs centaines de micromètres. Le facteur de forme des NTC
6
Composites Al3 O3 /NTCs
est donc exceptionnellement grand (de 1000 à 50000). Les nanotubes, qu’ils soient
mono, bi ou multi-parois, se présentent rarement sous forme isolée les uns des autres.
Lors de leur synthèse, ils se regroupent souvent en fais-
ceaux (Fig - 1.3) puis éventuellement en torons, sous l’ac-
tion des forces de Van der Waals. Cet agencement de NTC
peut alors se résumer à un réseau élémentaire triangulaire
dont le paramètre de maille est la distance entre les axes
des tubes. L’espacement entre les parois externes des tubes
voisins est constant et voisin de 0,31 nm.
F. 1.3. Faisceaux de NTC
Depuis leur découverte, les nanotubes ont révélé d’extraordinaires propriétés phy-
siques qui ont motivé de très nombreuses études scientifiques. Un grand nombre d’ap-
plications ont d’ors et déjà été envisagées.
1.2.1 Electrique
7
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
1.2.2 Thermique
8
Composites Al3 O3 /NTCs
1.2.3 Mécanique
En 1995, Iijima et al. [17] ont observé au MET (Microscope Electronique à Transmission)
haute résolution que les NTC possèdent une grande flexibilité, réversible jusqu’à un
angle de 110°.
A la fin des années 90, Jian Ping Lu [18], puis Hernández et al. [19] ont calculé des
modules d’Young théoriques proches de 1TPa pour des SWNT et MWNT. Ces calculs
sont en accord avec les valeurs expérimentales (1,25 TPa pour des SWNT) obtenues par
Krishnan et al. [20].
Enfin, les modules d’Young de faisceaux de SWNT et MWNT mesurés [21, 22] sont
généralement très inférieurs (76 GPa [22]) aux valeurs théoriques (environ 1 TPa).
D’après les travaux de Yu et al. [21], les contraintes à la rupture des faisceaux de SWNT
sont voisines de 30 GPa.
Trois procédés ont principalement été développés pour la synthèse des NTC :
– L’arc électrique
– L’ablation laser
– La CVD ou CCVD (« Catalytic » Chemical Vapor Deposition)
Cette méthode a été initialement développée pour la synthèse de fullérènes, puis utili-
sée par Sumio Iijima [4] lui-même. Elle consiste à établir un arc électrique entre deux
électrodes en graphite placées dans une atmosphère neutre d’argon ou d’hélium. Le
carbone est alors vaporisé au niveau du pied d’arc. Il se condens e ensuite sur les parties
froides pour former des NTC dont la structure mono ou multi-parois dépend en grande
9
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
Le principe de la CVD ou CCVD est connu depuis longtemps. Il était déjà utilisé pour
la fabrication de filaments de carbone [33] dont certains, de part leur dimension na-
nométrique et l’arrangement particulier de leurs parois de graphène, s’apparentent
étroitement à des nanotubes. Cependant, ce n’est que depuis 1993, que CVD et CCVD
sont « reconnues » comme méthodes de synthèse de NTC à part entière.
La CCVD est basée sur la décomposition thermique d’un gaz carboné à la surface
d’une particule métallique catalytique. La nature de l’atmosphère peut être soit un
10
Composites Al3 O3 /NTCs
11
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
lorsqu’elles croissent, donnent naissance à des nanotubes multi-parois (ici il s’agit d’un
bi-parois (Fig - 1.4.e)). Enfin, si la calotte croît jusqu’à recouvrir entièrement la surface
de la particule métallique (Fig - 1.4.f), cette dernière ne pourra plus dissocier les molé-
cules de gaz carboné physisorbées. La nanocapsule ainsi formée désactive totalement
la particule catalytique. Des calculs d’énergie de surface ont montré qu’il existe un
diamètre critique (3 nm) de particule au-dessus duquel la formation de la nanocapsule
est favorisée aux dépens de celle du nanotube.
De nombreux travaux ont contribué à améliorer la sélectivité des nanotubes mono et
bi-parois [35–61]. Il a été notamment remarqué que l’association du molybdène avec le
fer ou le cobalt permettait d’améliorer la qualité et la quantité de nanotubes synthétisés.
La quantité de tubes produits a également été améliorée, suite aux travaux de l’équipe
de Richard Smalley qui a apporté quelques modifications à la méthode de synthèse [62].
La réaction catalytique mise en oeuvre dans ce nouveau procédé, se produit entre une
particule de pentacarbonyle de fer et le monoxyde de carbone sous haute pression
(10-100 atm), à une température comprise entre 800 et 1200°C. Cette méthode appelée
HiPCO, pour « High Pressure CO », permet de produire des nanotubes de faible
12
Composites Al3 O3 /NTCs
Dans le domaine des composites céramiques renforcés en NTC, les matrices les plus
utilisées sont en alumine. Il existe principalement trois grandes voies de préparation
de ces composites :
13
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
L’architecture recherchée in fine (NTC orientés ou non) conditionne très souvent le choix
du procédé.
La préparation de composites par le mélange de suspensions de NTC et d’alumine
a fait l’objet de nombreuses études. Certaines équipes de recherche [69, 70] ont opté
pour un mélange en milieu organique (alcool), qui présente l’avantage d’accélérer le
séchage de la poudre composite. Cha et al. [71] ont quant à eux ajouté et mélangé un
nitrate d’aluminium ((AlNO3 )3 .9H2 O) à une suspension aqueuse de NTC fonctionna-
lisés, qui est par la suite évaporée. La calcination et le frittage de la poudre composite
permet d’obtenir un composite NTC/alumine-α. Enfin, Fan et al. et Lu et al. ont proposé
respectivement d’enrober les nanotubes de petites particules d’alumine soit par un
procédé d’hétérocoagulation [72], soit par la décomposition d’un nitrate d’aluminium
à la surface des NTC [73]. Pour obtenir cette décomposition, une suspension de NTC
et de nitrate d’aluminium monohydraté dans l’éthanol, préalablement homogénéisée
à 35 °C, est placée dans une enceinte sous atmosphère de dioxyde de carbone, chauffée
à 80°C sous haute pression (9 MPa). Quelle que soit la méthode employée, Fan et al.
et Lu et al. obtiennent finalement des composites présentant de bons contacts entre les
renforts et la matrice. D’autres auteurs [70] ont proposé un mélange par voie Sol-Gel,
des NTC dans un « sol » d’alumine. Après séchage, calcination et frittage SPS (Spark
Plasma Sintering) de la poudre, ils ont finalement obtenu des composites NTC/Alumine
corindon présentant également des contacts de bonne qualité entre les NTC et la ma-
trice.
Dans l’optique d’obtenir des architectures composites avec des orientations très pro-
noncées de NTC, des travaux ont été menés sur la croissance par CVD de NTC dans les
pores tubulaires de préformes d’alumine anodique [74–78]. Ces préformes présentent
des diamètres de canaux compris généralement entre 50 et 500 nm. Ces matériaux
contenant ponctuellement des îlots métalliques (Nickel, Fer...) localisés au fond des
canaux, servent de « guides » aux NTC, ou faisceaux de NTC, lors de leur croissance.
Notons par ailleurs, que l’élaboration des préformes fait toujours l’objet d’un grand
14
Composites Al3 O3 /NTCs
L’élaboration d’un composite NTC/Al2 O3 par croissance in-situ des nanotubes, est
un procédé développé par l’équipe Nanocomposites et Nanotubes de Carbone du
CIRIMAT (Toulouse) [35, 85], notamment durant les thèses d’Emmanuel Flahaut et
d’Anne Cordier [88–90]. Il comprend la préparation d’une solution solide Al2−2x Fe2x O3
qui après avoir subi une réduction sélective à l’aide d’un mélange gazeux H2 -CH4 ,
aboutit à une poudre nanocomposite NTC-Fe-αAl2 O3 .
Une solution solide Al2−2 Fe2 O3 (avec = 0,05 ou 0,1) est dans un premier temps
élaborée. L’utilisation de cette solution solide spécifique s’explique par le choix d’éla-
borer un composite Nanotubes/Alumine. De plus, les travaux du CIRIMAT [91] ont
montré que les solutions solides à base d’alumine se révélaient être de très bons sub-
strats actifs pour la synthèse de nanotubes de carbone. Des observations au microscope
électronique en transmission à haute résolution ont permis d’estimer qu’il y avait ma-
joritairement des mono et des bi-parois ; les DWNT représentant à eux seuls 50% des
nanotubes observés. Pour des teneurs comprises entre 5 et 10%at. de fer en solution
solide, des comparaisons [85] ont montré que de plus grandes quantités de nanotubes
sont obtenues pour une teneur de 10%at. de fer, mais ces NTC sont de moins bonne
qualité. Pour des quantités inférieures à 10%at. de fer en solution solide, l’augmenta-
tion de la température de réduction permet d’augmenter les quantités synthétisées de
nanotubes [92]. Cependant, si à 1070°C la quantité de NTC est maximale, la qualité de
ces nanotubes est nettement altérée. Au-delà de 10%at. de fer, la réduction de la phase
Al2−2 Fe2 O3 conduit à l’apparition de grosses particules métalliques qui sont inaptes
à la nucléation de nanotubes. La formation de nanofibres de carbone, de nanocapsules
ou de carbure de fer est alors favorisée.
La solution solide portée à une température supérieure à 800°C et dans une atmopshère
15
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
réductrice (Fig - 1.5.a) provoque une réduction de la solution solide Al2−2 Fe2 O3 . Les
ions Fe3+ diffusent jusqu’à la surface ou aux joints de grains de l’alumine corindon. Ces
cations métalliques en s’agrégeant forment très vite des nanoparticules métalliques de
fer (Fig - 1.5.b) qui au contact du méthane le dissocie ; la croissance des nanotubes est
alors amorcée (Fig - 1.5.c).
Alain Peigney et al. [35] ont montré qu’après réduction, les poudres nanocomposites
sont effectivement constituées de grains Métal-Oxyde recouverts d’un réseau très dense
de nanotubes souvent assemblés en faisceaux d’une centaine de micromètres de long.
16
Composites Al3 O3 /NTCs
Parallèlement aux travaux menés sur la croissance des nanotubes in-situ à une matrice
d’alumine (Par 1.4.2), l’équipe Nanocomposites et Nanotubes de Carbone du CIRIMAT
a également synthétisé des poudres nanocomposites NTC-Métal-MgO [38, 45]. L’avan-
tage de ce type de poudre réside dans la possibilité de dissoudre par une attaque
chimique à l’acide chlorhydrique concentré, la matrice MgO et une partie des parti-
cules catalytiques, afin de ne conserver que les nanotubes. Ces nanotubes extraits sont
filtrés, rincés et stockés durablement dans l’eau déionisée. Les seules impuretées ré-
siduelles sont généralement des nanocapsules (catalyseur entouré d’une ou plusieurs
coques de graphite). Le produit de l’extraction possède une pureté en NTC comprise
entre 80 et 90% en masse. Il est constitué très majoritairement de bi-parois, complétés
de mono et triple-parois, comme peuvent en attester les études d’Emmanuel Flahaut et
al. [45].
17
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
18
Composites Al3 O3 /NTCs
La poudre composite obtenue après séchage de la suspension est frittée sous charge.
Malgré cette très importante étape d’homogénéisation des suspensions, les composites
NTC/alumine (à 12%vol de MWNT) obtenus par Fan et al., ne présentent pas in fine un
très bon état de dispersion des NTC.
Enfin, les ultra-sons peuvent également être utilisés dans le cadre d’une dispersion par
fonctionnalisation de nanotubes ou de l’utilisation d’un dispersant organique spéci-
fique aux NTC [97, 98].
Il se présente sous la forme d’une grande chaîne carbonée hydrophobe avec une ter-
minaison sulfate hydrophile (Fig - 1.6a). Gao et al. [99] on montré qu’indépendamment
du pH, la surface des nanotubes dans l’eau est chargée négativement. Des forces de
répulsion électrostatique existent alors entre les nanotubes et la terminaison sulfate du
SDS. Le SDS s’adsorbe donc à la surface des nanotubes par le biais de sa chaîne car-
bonée hydrophobe qui s’enroule probablement en partie autour du nanotube. Quant
au groupe sulfate du SDS, repoussé par la surface du nanotube, son comportement
hydrophile augmente la mobilité du nanotube en suspension tout en augmentant la
répulsion entre les tubes. L’action du SDS se traduit donc par une dispersion de nature
électrostatique garantie par son groupement sulfate, mais aussi et dans une moindre
mesure, par une répulsion stérique du fait de sa chaîne carbonée, de longueur cepen-
dant modeste.
Les travaux de Poulin et al. [100] et de Gao et al. [99, 101] montrent, dans le cas de
suspensions aqueuses, qu’il existe un domaine optimum de dispersion (Fig - 1.7). Les
19
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
diagrammes Fig - 1.7a et Fig - 1.7b, ont été tracés suite à des observations au microscope
optique de gouttes de suspension. D’après ces deux études, une bonne dispersion des
NTC dans l’eau est obtenue pour des suspensions peu concentrées (environ 0,3% en
masse de nanotubes) et une quantité de SDS voisine de 1% en masse par rapport à la
fraction massique de NTC.
D’autres travaux ont porté sur l’influence du SDS sur la stabilité des suspensions de
nanotubes. Assael et al. [102] ont ainsi comparé l’impact du SDS et des ultra-sons sur
la dispersion des nanotubes dans l’eau. Alors que l’application d’un traitement de
plusieurs heures aux ultra-sons détériore très nettement les nanotubes, l’utilisation du
SDS permet de disperser les NTC tout en préservant leur intégrité. Par ailleurs, Fan et
(a) Diagramme proposé par Poulin et al. [100] (b) Diagramme proposé par Gao et al. [99]
al. [97] ont constaté que l’utilisation du SDS, en complément d’une dispersion de type
mécanique (ultra-sons + mélangeur à boulet) permet d’améliorer très nettement la dis-
persion des NTC dans un composite à matrice d’alumine.
Si le SDS s’impose comme le dispersant idéal des nanotubes de carbone en milieu
aqueux, d’autres surfactants organiques ont été testés, notamment dans des solvants or-
ganiques [98,103–105]. J. Ning et al. [103] proposent ainsi des mécanismes de dispersion
similaires à ceux du SDS avec le CTAB (CetylTrimethyl Ammonium Bromide, catio-
nique) (Fig - 1.6b), le PAA (PolyAcrylic Acid, anionique), et le C16 EO (CH3 (CH2 )14 CH2
(OC2 H5 )10 OH, non-ionique). Bien que ces trois surfactants s’adsorbent parfaitement à
la surface des nanotubes, une dispersion complète et homogène des nanotubes semble
20
Composites Al3 O3 /NTCs
difficile à atteindre. L’étude a néanmoins montré qu’une légère amélioration des pro-
priétés mécaniques de composites NTC/SiO2 était obtenue avec l’utilisation du CTAB
(sans ajout de SDS).
Barratza et al. [106] utilisent la combinaison du SDS et du CTAB pour la dispersion
des nanotubes dans de l’eau déionisée. Un tel « système binaire » en milieu aqueux
composé de deux surfactants, l’un anionique (SDS) l’autre cationique (CTAB), a éga-
lement été étudié par Li et al [107]. L’association de ces deux agents organiques est
appelée ASTP (Aqueous Surfactant Two-Phase). Elle est utilisée pour la séparation de
biomatériaux [108] dans l’eau avec l’un des deux en excès (ASTP-Anionique ou ASTP-
Cationique).
Jason H. Rouse [98] a réalisé des suspensions stables de nanotubes mono-paroi synthé-
tisés par le procédé HiPCO, en utilisant comme agent de dispersion le P4VP Poly(4-
VinylPyridine). Ces travaux ont montré que l’utilisation du P4VP dans l’éthanol est
efficace pour une dispersion des nanotubes stable dans le temps, tout en limitant la
quantité de dispersant introduit. Pour la préparation de composites nanotubes/silice
par voie sol-gel, cette étude a également révélé que le P4VP n’avait pas seulement
assuré une dispersion homogène des nanotubes dans la matrice de silice, mais qu’il
était également susceptible d’améliorer l’adhésion entre les nanotubes et la matrice.
Enfin, Sun et al. [109] ont utilisé un surfactant organique (le polyéthylène-amine) après
avoir traité chimiquement la surface des nanotubes. Ce traitement, appelé également
fonctionnalisation, greffe à la surface des nanotubes des groupements fonctionnels qui
peuvent améliorer l’adsorption de molécules (ici le dispersant), l’adhésion des nano-
tubes à la matrice dans un composite, et la dispersion des nanotubes en suspension. La
fonctionnalisation est donc un troisième procédé de dispersion envisageable pour les
nanotubes.
21
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
22
Composites Al3 O3 /NTCs
En 2000, Flahaut et al. [86] ont mis en évidence que les composites NTC/céramique
et notamment NTC/Fe-Al2 O3 possédaient une conductivité électrique (σ) non nulle,
comprise entre 0,2 et 4 S.cm−1 . Cette conductivité électrique n’étant pas due à la présence
des inclusions métalliques (fer, cobalt, etc.) dans la matrice (σmatrice < 10−9 S.cm−1 ), elle est
alors attribuée à la présence des NTC. De plus, la conductivité électrique des composites
est d’autant plus élevée que la fraction volumique en NTC est importante.
La mesure de conductivité électrique des composites permet de déterminer le seuil de
percolation des NTC au sein du composite [123].
Liu et al. [124] ont montré qu’en améliorant l’état de dispersion des NTC et l’interface
NTC/matrice, il est possible d’élever la conductivité électrique de 9,1 à 82,2 S.cm−1 , d’un
23
Les nanotubes de carbone et leurs composites à matrice céramique
L’utilisation des NTC comme renfort pour améliorer les propriétés mécaniques de
résistance à la rupture et de résistance à la fissuration a été envisagée par de nombreuses
équipes de recherche. Si l’effet positif de l’ajout de NTC a été clairement établi pour les
matrices polymères [126–131], les résultats obtenus sur les matrices céramiques prêtent
beaucoup plus à controverse. Ainsi, les travaux réalisés par Alain Peigney et al. [132] ont
montré que les composites NTC-Fe-Alumine (avec une croissance in situ des NTC par
Catalytic Chemical Vapor Deposition, en utilisant le fer comme catalyseur) possèdent
une résistance à la rupture légèrement inférieure à celle de la matrice Fe-Alumine seule.
D’autre part, d’après une étude de Jinwei Ning et al. [96] de l’Institut de Céramique de
Shanghai, une amélioration (65%) de la résistance à la rupture de composites MWNT-
SiO2 est enregistrée pour une teneur en NTC de 5% en volume. Toutefois, au-delà de
ce taux, la résistance à la rupture des composites est très nettement détériorée. Enfin,
les travaux récents de Jim Sun et al. [133] et de Jing Wang et al. [134], également de
l’Institut de Céramique de Shangai, ont montré une amélioration de seulement 10%
de la contrainte à la rupture, pour les composites MWNT-Alumine et MWNT-Mullite
chargés à 5% en masse de nanotubes ; correspondant respectivement à des fractions
volumiques voisines de 10,5% et 7,5%.
24
C
La préparation des nanotubes extraits utilisés dans cette étude a été effectuée au sein de
l’Equipe de Nanocomposites et Nanotubes de Carbone du CIRIMAT et s’est déroulée
en plusieurs étapes qui sont :
En respectant les protocoles expérimentaux de Tang et al. [135] et Flahaut et al. [45,88], les
nitrates de magnésium (Mg(NO3 )2 , 6H2 O), de cobalt (Co(NO3 )2 , 6H2 O) et l’ammonium
de molybdène ((NH4 )6Mo7 O24 , 4H2 O) sont dissous dans l’eau déionisée. Les quanti-
tés de chaque constituant sont calculées en fonction des ratios molaires nécessaires
à l’obtention d’une solution solide Mg0,99 (Co3/4 Mo1/4 )0,01 0. Les travaux d’Emmanuel
Flahaut [88] ont montré que la quantité d’eau introduite n’a aucune influence sur la
composition de la solution solide obtenue. Ce volume d’eau intervient seulement sur
le temps de combustion de la solution solide.
L’acide citrique (C6 H8 O7 ), qui joue le rôle du combustible dans la réaction de combus-
tion, est ensuite ajouté au mélange pour y être dissous à son tour. La solution alors
homogène est introduite dans un cristallisoir avant d’être placée dans un four préala-
blement chauffé à 550°C : température à laquelle la réaction de combustion se produit
durant une quinzaine de minutes. Un post-traitement thermique de calcination à 550°C
sous air durant 2h est nécessaire afin de brûler le carbone issu de la décomposition de
l’acide citrique et présent dans le produit de combustion.
La solution solide Mg0,99 (Co3/4 Mo1/4 )0,01 0 est finalement obtenue. Elle se présente sous
la forme d’une poudre de faible granulométrie et de texture « spongieuse » avec une
surface spécifique voisine de 20 m2 g−1 [45].
La réduction par CCVD de la solution solide Mg0,99 (Co3/4 Mo1/4 )0,01 0 est réalisée dans
un réacteur en verre de silice placé dans un four tubulaire. L’atmosphère du four est
27
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
Durant une dizaine d’heures, l’attaque chimique à l’acide chlorhydrique (HCl 37%vol)
permet de dissoudre la matrice de MgO et une grande partie des particules métalliques
(les particules non protégées notamment par des nanocapsules de carbone). Afin de
stopper l’attaque chimique, plusieurs cycles de rinçage à l’eau déionisée sont néces-
saires, à l’aide d’un banc de filtration. Dès que le pH de l’eau de rinçage est compris
entre 5 et 7, les nanotubes sont stockés dans l’eau déionisée où ils peuvent être conservés
durablement.
des NTC
28
Composites Al3 O3 /NTCs
Suite aux travaux de thèse d’Anne Cordier [89], nous avons choisi une combustion uti-
lisant le mélange de deux combustibles : l’urée (CO(NH2 )2 ) et l’acide citrique (C6 H8 O7 ).
Quant aux nitrates métalliques, nous avons utilisé naturellement les nitrates d’alumi-
nium (Al(NO3 )3 , 9H2 O) et de fer (Fe(NO3 )3 , 9H2 O). La réaction générale de combustion
peut s’écrire :
Les paramètres de la combustion identifiés dans les travaux de thèse d’Anne Cordier,
sont la température de réaction, les valeurs de n1 et n2 dans l’équation 2.1, et le rapport
Φe , où :
Vr
Φe = (2.2)
Vo
29
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
Al(NO3 )3 ,9H2 O 15
Fe(NO3 )3 ,9H2 O 15
CO(NH2 )2 6
C6 H8 O7 18
T. 2.1. Valeurs absolues des valences oxydantes et réductrices des différents réactifs pour la synthèse
des précurseurs de α-Al2−2 Fe2 O3 [89]
de deux combustibles (acide citrique et urée) permet d’obtenir des poudres possédant
une grande surface spécifique. Il est important de signaler que plus cette surface est
grande, plus la réactivité de la poudre lors de la réduction de la solution solide est
importante. De plus, les grains de ces poudres sont moins denses, et donc plus faciles à
broyer, que les grains issus des combustions n’employant qu’un seul combustible (urée
ou acide citrique). Enfin, la composition qui présente le meilleur rendement de produc-
tion (perte de poudre limitée lors de la combustion) est celle qui contient un excédent
d’urée dans le mélange des combustibles. Les paramètres de combustion retenus pour
notre étude sont donc :
– Φe = 2
– n1 = 0,83 et n2 = 7,5, soit environ 25% en masse d’acide citrique et 75% en masse
d’urée.
Le produit de combustion est calciné sous air à 550°C afin d’éliminer les résidus car-
bonés. Puis un second traitement thermique à 1100°C est appliqué pour stabiliser la
phase corindon de la solution solide α-Al2−2 Fe2 03 tout en évitant une démixion.
Enfin, une étape de broyage par attrition durant 4h à 2000 tr.mn−1 est effectuée pour
augmenter la surface spécifique de la poudre (Sinitiale ≈2,4 m2 .g−1 ) et ainsi accroître sa
réactivité. La surface spécifique de la poudre après broyage est alors comprise entre 4,2
et 6,3 m2 .g−1 .
30
Composites Al3 O3 /NTCs
La croissance des nanotubes a été réalisée par CCVD (Par - 1.4.2) dans un réacteur en
verre de silice et sous une atmosphère de di-hydrogène et de méthane. Notons que le
mélange gazeux est injecté dans le réacteur avec un débit de 15 L.h−1 .
Le frittage SPS (Spark Plasma Sintering) est un frittage sous charge uni-axial. Contraire-
ment aux autres types de frittage sous charge, la montée en température est assurée par
des pulses de courant de très forte intensité (typiquement 3000 A pour nos matériaux)
qui traversent l’échantillon et la matrice de frittage qui le contient. L’appareillage uti-
lisé (SPS-Syntex, Sumitumo) pour le frittage SPS est présenté figure 2.1. Cette méthode
permet d’élever la température avec un minimum d’inertie calorifique et densifier une
poudre métallique ou céramique en quelque minutes seulement (de 15 à 30 mn en
moyenne).
Comme pour l’ensemble des procédés de frittage sous charge, le frittage SPS ne permet
de densifier que des échantillons de petite taille et de forme simple.
31
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
MEBFEG
Les mesures d’expansion thermique sont effectuées à l’aide d’un dilatomètre horizontal
Adamel Lhomargy de série DI24. Dans ce dispositif, les mesures de la dilatation ou
du retrait de l’éprouvette s’effectue par l’intermédiaire d’un capteur de déplacement
inductif LVDT (Linear Variable Differential Transformer). Le dilatomètre est équipé
d’un four sous argon pouvant atteindre la température maximale de 1500°C.
32
Composites Al3 O3 /NTCs
3Pr S
σr = (2.3)
2BW 2
σr
r = (2.4)
E
33
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
2.2.2.2.3 Ténacité
Les mesures de ténacité sont effectuées par la méthode de l’entaille droite appelée
également SENB (Single Edge Notched Beam). Une éprouvette, polie miroir avec des
chanfreins usinés sur la face sollicitée en tension, est posée sur un banc de flexion trois
points. Cet échantillon a été préalablement entaillé au centre de la face soumise en
tension lors de l’essai de flexion. L’entaille droite, de profondeur a, est réalisée à l’aide
d’une scie diamantée de faible épaisseur (≈ 0, 1 − 0, 2 mm). C’est à partir de cette entaille
que s’amorce la rupture de l’éprouvette. Il est alors possible d’estimer la ténacité du
matériau en appliquant la relation suivante [137] :
avec α = a
W
, où W est la hauteur de l’éprouvette.
Notons que normalement, l’essai est valable si la distance entre appuis S est égale à
quatre fois la hauteur de l’échantillon W.
34
Composites Al3 O3 /NTCs
2.2.2.4.1 Appareillage
Le montage est composé de :
– Un laser
Un laser de type YAG dopé au néodyme de marque Quantel émet un pulse énergé-
tique à une longueur d’onde de 1,054 µm, avec une durée d’impulsion de 450 µs. Le
faisceau de laser qui arrive sur la face avant de l’échantillon présente un diamètre de
16 mm et une énergie comprise entre 28 et 128 J.
– Une cellule de mesure
L’élévation de température sur la face opposée à l’impact du laser, est mesurée par un
détecteur photoconducteur infrarouge HgCdTe de marque Optilas. Afin d’améliorer
le rapport signal/bruit, la cellule du détecteur est refroidie à l’azote liquide. La bande
spectrale dans laquelle la cellule est sensible est comprise entre 6 et 13 µm, avec un
maximum de détection situé à 11 µm.
– Un porte-échantillon
L’échantillon est maintenu entre une série de rondelles percées en leur centre. Les
rondelles sont en PVC, un matériau de très faible conductivité thermique ( 0,05
W.m−1 .K−1 ), afin de minimiser les pertes thermiques. Des rondelles de cuivres (opaque
au faisceau laser) percées en leur centre, mais de diamètre interne légèrement plus
faible que celui des rondelles en PVC (isolant thermique), sont placées du côté du
laser et du détecteur IR. Le choix du cuivre s’explique par le fait qu’il possède à la fois
de faibles coefficients d’absorption et d’émission qui ne parasitent pas les mesures.
– Un logiciel d’acquisition
Les thermogrammes sont visualisés sur un oscilloscope avant d’être transmis à un
ordinateur pour y être traités par un logiciel, qui permet de calculer les diffusivités
thermiques des échantillons en appliquant des modèles prédéfinis.
35
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
•Méthode de Parker
L’énergie thermique du pulse laser est considérée comme instantanée et uniformément
répartie sur la face avant de l’échantillon. L’impact du flash étant de très courte durée,
il est possible dès lors de l’assimiler à un pic de Dirac. Le matériau étudié est sup-
posé homogène, isotrope, et de caractéristiques thermophysiques invariantes avec la
température dans les conditions de l’expérience. Il est également supposé qu’il n’y a
aucune perte de chaleur sur les différentes faces de l’échantillon. Dans ces conditions,
l’équation de diffusion de la chaleur s’écrit :
∂2 T 1 ∂T
= (2.6)
∂z2 α ∂t
•Méthode de Degiovanni
Les pertes thermiques par les différentes faces de l’échantillon entraînent une chute
progressive de la température de la face arrière (celle qu’enregistre le détecteur). La
température maximale alors atteinte est plus faible que celle qui aurait été calculée à
partir d’un système sans perte thermique. La diffusivité du matériau sera donc sur-
36
Composites Al3 O3 /NTCs
estimée si les pertes n’ont pas été prises en considération. Degiovanni a proposé une
approche permettant de remédier à ce problème.
F. 2.3. Représentation du flux de chaleur incident sur la face avant de l’échantillon en tenant compte
des pertes thermiques dues au rayonnement de l’échantillon (flux h1 , h2 et h3 )
Un échantillon cylindrique reçoit une distribution d’énergie sous forme d’un pic de
Dirac répartie de manière uniforme sur la face avant (Fig - 2.3). A cause des pertes,
il n’est plus possible de considérer le transfert de chaleur comme unidimensionnel. Il
s’écrit alors en coordonnées cylindriques de la façon suivante :
∂2 T 1 ∂T ∂2 T 1 ∂T
+ + 2 = (2.8)
∂z2 r ∂r ∂r α ∂t
37
Méthodes d’élaboration et de caractérisation
∞ X
X ∞
θ (1, r , t ) =
∗ ∗ ∗
fnp (H1 , H2 , H3 , r∗ , R∗ )exp(−νnp t∗ ) (2.9)
n=1 p=1
e2 ∗
α= t (2.10)
t5/6 5/6
Le paramètre t∗5/6 peut s’exprimer à partir des paramètres de temps t1/3 , t1/2 et t2/3 (temps
correspondant respectivement au tiers, à la moitié et aux deux tiers du maximum du
thermogramme). La diffusivité en ces points est donc :
!2
e2 t1/3 t1/3
α1/3 = + 1, 0315
0, 8498 − 1, 8451
(2.11)
t5/6 t5/6 t5/6
!2
e2 t1/2 t1/2
α1/2 = + 0, 6148
0, 968 − 1, 6382
(2.12)
t5/6 t5/6 t5/6
!2
e2 t2/3 t2/3
α1/3 = + 1, 0315
5, 1365 − 11, 9554
(2.13)
t5/6 t5/6 t5/6
λ = αρCp (2.14)
Cette relation est en fait l’équation générale de la chaleur qui s’applique dans le cas des
milieux considérés homogènes.
38
C
Composites NTC/alumine
Composites Al3 O3 /NTCs
Les composites « Mélange » sont préparés à partir de NTC extraits et d’une poudre
d’alumine mis en suspension.
Les NTC ont été extraits suivant le protocole expérimental présenté dans le para-
graphe 2.1.1 et conservés dans l’eau déionisée. Cette première suspension possède une
fraction massique initiale de 1,3% de nanotubes.
41
Composites NTC/alumine
(a) NTC individuels en suspension (b) Pelotes pontées par des NTC
(c) Pelote de NTC type (d) Pelote composée de NTC fortement enche-
vêtrés
F. 3.1. Images cryo-MEBFEG de NTC extraits en suspension dans l’eau déionisée
sibles sur les clichés de cryo-MEBFEG, sont des résidus de glace non sublimés, ou
dus à des phénomènes de recondensation dans la chambre du microscope. Ces petits
cristaux permettent de localiser plus facilement les NTC, observés généralement sous
une tension d’accélération de 3 kV.
L’alumine utilisée dans cette étude est une alumine-α provenant de la société japonaise
Sumitomo Chemical Co. qui la commercialise sous la référence AKP30.
Les principales caractéristiques de cette poudre fournies par le fabricant, et dont cer-
taines d’entre-elles ont été vérifiées en laboratoire, sont réunies dans le tableau 3.1.
L’AKP30 est une alumine d’une très grande pureté (supérieure à 99,99%) qui possède
une surface spécifique de 7,2 m2 g−1 et une taille moyenne de grains de l’ordre de 300 nm.
42
Composites Al3 O3 /NTCs
Phase cristallographique α
∼ 0,3 ∼
Taille moyenne des particules (µm)
(d50 =0,32)
5-10
BET Surface Area (m2 g−1 )
(7,2)
Si (ppm) < 40
Na (ppm) < 10
Impuretés Fe (ppm) < 20
Mg (ppm) < 10
Cu (ppm) < 10
T. 3.1. Fiche technique de l’AKP30 (entre parenthèses les mesures effectuées au laboratoire)
43
Composites NTC/alumine
F. 3.2. Images cryo-MEBFEG d’une suspension NTC/alumine traitée aux ultra-sons
1,8 g.cm−3 (son calcul est rapporté en annexe A). L’homogénéisation du mélange des
deux suspensions se fait sous agitation magnétique. L’usage des ultra-sons, qui avait
été initialement retenu pour homogénéiser la suspension d’alumine et de NTC, a été
très rapidement abandonné. Comme il est possible de le constater sur la figure Fig - 3.2,
après un traitement aux ultrasons (500 Watts) de 20 secondes seulement, l’intégrité des
nanotubes a nettement été détériorée. La fréquence des chocs entre les grains d’alumine
et les nanotubes, et l’intensité de ces chocs sont très certainement à l’origine de cette
détérioration.
Le mélange sous agitation magnétique a donc été privilégié. La faible concentration en
masse de la suspension d’alumine permet d’introduire sans difficulté la suspension de
nanotubes chargée seulement à 1,3% en masse. La suspension NTC/alumine résultante
s’en trouve alors diluée, rendant son homogénéisation plus facile.
44
Composites Al3 O3 /NTCs
En observant les domaines clairs (riches en NTC), il apparaît que les NTC ne s’orga-
nisent pas en un réseau homogène dans toute la matière, comme il aurait été souhaité.
Des observations à plus fort grossissement (Fig - 3.3c) des zônes riches en nanotubes,
font en fait apparaître des faisceaux ou torons de NTC, de 50 à 300 nm de diamètre, qui
percolent.
Malheureusement, les pelotes de nanotubes observées à l’issue de l’extraction (Fig -
3.1c) sont encore présentes dans la suspension finale de NTC/alumine (Fig - 3.3). Elles
représentent un défaut difficile voire impossible à éliminer, qui dégradera certainement
la densité et les propriétés des composites frittés.
45
Composites NTC/alumine
• Plan d’expériences
Dans le cadre du plan d’expériences de type Greco-Latin visant à obtenir la meilleure
dispersion de nanotubes dans l’eau, quatre facteurs, susceptibles d’influencer l’action
du SDS sur la dispersion des NTC, sont pris en compte (Tableau 3.2). La concentration
de SDS par rapport à la quantité de nanotubes introduite, est fixée à 1% en masse de
NTC. Cette valeur a été choisie en accord avec les travaux de Poulin et al. (Fig - 1.7a) :
elle correspond en effet au plus grand domaine de stabilité des nanotubes dans l’eau.
Enfin, pour chaque facteur trois valeurs on été testées.
Rappelons que durant le plan d’expériences, la poudre d’alumine n’est jamais intro-
46
Composites Al3 O3 /NTCs
0,33
Quantité de NTC 0,67 % Volumique
0,90
Concentration de 0
CTAB/Masse de SDS 5 % Massique
introduite 20
40
Chargement en poudre
47,5 % Volumique
d’alumine envisagé
50
47
Composites NTC/alumine
ment été abandonnée car elle conduisait à l’apparition d’une « mousse » à la surface
de la suspension.
48
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 3.5. Micrographies binarisées de deux suspensions présentant des états de dispersions différentes
a été évaluée en utilisant une méthode dite de « box-counting »(annexe C). Ainsi, le
plan d’expériences a permis de cibler la combinaison optimale des différents facteurs
ayant une action plus ou moins marquée sur l’état de dispersion des nanotubes dans
l’eau en vue de réaliser par la suite une suspension aqueuse NTC/Alumine.
Le meilleur état de dispersion est obtenu pour un chargement en alumine équivalent à
47,5 %vol, et pour une fraction massique en NTC de 0,67%mass (Fig - 3.6a). La présence
du CTAB améliore très nettement l’état de dispersion des NTC, et le PBTCA semble être
le dispersant propre à l’alumine, qui déstabilise le moins la suspension de nanotubes.
(a) Etat de dispersion des NTC en fonction des (b) Influence des différents facteurs sur la dis-
différents facteurs persion des NTC
49
Composites NTC/alumine
50
Composites Al3 O3 /NTCs
• Désaération de la suspension
Une fois la suspension aqueuse de NTC/alumine homogénéisée, elle est finalement
placée dans une cloche sous vide primaire, pour y être désaérée. Lors du dégazage, la
formation d’une mousse est observée. Ce phénomène est très certainement lié à la pré-
sence d’agents organiques tels que le SDS ou le CTAB (cet effet moussant n’ayant jamais
été observé pour des suspensions d’alumine stabilisées avec le PBTCA). Pour réduire
cet effet moussant, un agent anti-moussant est alors introduit : le BYK035, commercia-
lisé par BYK-Chemie. Cet anti-moussant est un mélange de composants hydrophobes
dans une huile minérale paraffinique, contenant un polysiloxane. Différentes fractions
massiques, comprises entre 0,1% et 0,8%, de BYK035 ont été testées. Le bullage est com-
plètement éliminé pour une fraction massique de 0,8%. Néanmoins, une démixion des
nanotubes dans la suspension composite, est observée. L’agent anti-moussant semble
neutraliser l’action du SDS et du CTAB sur la dispersion des nanotubes. Un compromis
a donc été nécessaire, afin de réduire l’effet moussant du SDS et du CTAB tout en limi-
tant la déstabilisation de la dispersion des nanotubes. La fraction massique de BYK035
a finalement été fixée à 0,2%. L’effet moussant n’ayant pas été complétement éliminé à
cette concentration de BYK035, le dégazage de la suspension a été effectué par cycles
51
Composites NTC/alumine
52
Composites Al3 O3 /NTCs
53
Composites NTC/alumine
• Conclusion
La méthode de dispersion des NTC dans une suspension d’alumine qui a finalement été
retenue à la suite de cette étude, est le mélange mécanique d’une suspension diluée. Elle
ne détériore pas de manière significative la structure des nanotubes, et n’introduit aucun
agent organique, excepté le dispersant spécifique à l’alumine (PBTCA). La formulation
finale et le mode opératoire qui ont été choisis, sont donnés figure 3.8.
La mise en forme choisie est un simple coulage dans un moule cylindrique en graphite
préalablement recouvert de nitrure de bore. Une fois séché à l’étuve, le cylindre de com-
posite obtenu est fritté sous charge directement dans le moule graphite qui le contient.
Ce procédé permet d’obtenir des pastilles de diamètres compris entre 8 et 30 mm, et
d’épaisseur voisine de 5 mm. Cette géométrie simple facilite la découpe d’échantillons
permettant de déterminer les conductivités thermique et électrique, le coefficient d’ex-
pansion thermique, ainsi que certaines propriétés mécaniques (contrainte à la rupture,
module d’Young et ténacité).
54
Composites Al3 O3 /NTCs
Le frittage sous charge uni-axiale est effectué sous une atmosphère inerte d’argon, afin
de ne pas altérer la structure des NTC qui s’oxydent à partir de 370°C sous air [143–145].
• Densité apparente
La densité apparente de chaque échantillon fritté est mesurée par la méthode de la
poussée d’Archimède. La densification des composites diminue quand la teneur en
carbone augmente (Fig - 3.10). Cette chute prévisible de la densité des composites en
fonction de la quantité de carbone altèrera très certainement la conductivité thermique
55
Composites NTC/alumine
F. 3.10. Evolution de la densification des composites NTC/Alumine en fonction de la fraction volumique
de NTC (frittage à 1500°C - 5 mn - 45 MPa). Les barres d’erreurs, de petites dimensions, sont confondues
avec les points expérimentaux.
• Microstructure
Les observations au MEBFEG (Fig - 3.11) de surface de fracture de composites frittés,
mettent en évidence une microstructure hétérogène constituée de porosités, de pelotes,
de faisceaux de nanotubes et de grains d’alumine de taille variable. Les pelotes (Fig -
3.11a) de nanotubes semblent à première vue bien dispersées dans la matrice céramique.
D’un diamètre voisin de dix micromètres, ces pelotes possèdent vraisemblablement,
aux vues des clichés (Fig - 3.11b), une densité très faible. La masse volumique des pelotes
ne peut pas être correctement estimée, mais elle est très certainement inférieure à celle
du graphique. Il est intéressant de noter également la grande densité de nanotubes
observée au voisinage des pelotes qui bloque la croissance des grains d’alumine (Fig
- 3.11c) lors du frittage. Enfin, la structure des nanotubes assemblés généralement
en faisceaux, ne semble ne pas avoir été trop endommagée par le frittage sous charge
56
Composites Al3 O3 /NTCs
(Fig - 3.11c). Ces observations montrent, dans tous les cas, que les nanotubes de carbone
perturbent de manière significative le frittage de l’alumine. En effet, la taille des grains
n’est pas homogène et la densité des composites par rapport à l’alumine pure est
nettement dégradée.
F. 3.11. Microstructure des composites frittés (3,8 %vol de NTC) (surfaces de fracture, MEBFEG Jeol
6700F)
Les composites « in situ » ont été préparés à partir d’une poudre composite obte-
nue après la synthèse in situ des NTC. Le protocole expérimental est rappelé dans le
paragraphe 2.1.2.
Dans l’objectif d’élaborer des composites présentant des fractions volumiques en NTC
différentes, nous avons effectué deux études pour deux teneurs en fer () distinctes :
57
Composites NTC/alumine
T. 3.4. Paramètres de réduction des composites élaborés par croissance in-situ de NTC et fractions
volumiques de NTC correspondantes estimées (annexe B)
– Dans la première, nous avons fait varier la fraction molaire de CH4 présent dans le
réacteur de CCVD,
– Dans la seconde, nous avons étudié l’influence de la température de réduction.
58
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 3.12. Poudre composite NTC-Fe-Al2 O3 (In-situ (7)) obtenue après réduction de la solution solide
et croissance des NTC (MEBFEG Jeol 6700F)
Les échantillons in-situ (1-4) ont été densifiés par frittage sous charge 1D classique, sous
vide. Les cycles en température et pression appliqués (Fig - 3.9a) sont identiques à ceux
utilisés pour les composites élaborés par mélange (paragraphe 3.1.1). Les échantillons
T. 3.5. Paramètres de frittage des composites élaborés par croissance in-situ des NTC
in-situ (5-8) ont été densifiés par frittage SPS (Spark Plasma Sintering), sous vide. La
rampe de montée en température (Fig - 3.13) est de 50 °C.mn−1 , la pression maximale
appliquée est de 150 MPa et le retrait enregistré, dans le sens d’application de la
pression, en fin de frittage est d’environ 15%. De 570 à 1000 °C, un retrait linéaire
est enregistré en réponse du réarrangement granulaire (grains d’alumine et NTC) du
matériau. Le frittage est amorcé à 1000 °C sous une pression d’environ 77 MPa.
59
Composites NTC/alumine
• Densification
La mesure de densité apparente a été effectuée suivant la méthode de la poussée
d’Archimède. La densité théorique de chaque échantillon a été calculée en fonction de la
fraction volumique de nanotubes, en prenant en compte la masse volumique théorique
d’un NTC (annexe A). A l’instar des composites élaborés à partir de nanotubes extraits,
le densité chute avec la fraction volumique de NTC. Pour des fractions volumiques de
NTC équivalentes, la densité des échantillons In-situ (1-4), qui ont été frittés par frittage
sous charge classique, est supérieure (>99%) à celle enregistrée pour les composites
élaborés par mélange (comprise entre 96 et 99% : Fig - 3.10). Cette amélioration de
densité entre ces deux familles de composites est due à l’absence de pelote, dans les
composites élaborés par croissance in-situ des NTC.
Pour des échantillons présentant des teneurs en NTC plus importantes, le frittage SPS
(échantillons In-situ (5-8) (Fig - 3.14) a permit de conserver une densité semblable à
celle obtenu par frittage sous charge 1D classique. Il est intéressant de signaler que
Peigney et al. [122] ont constaté qu’en frittage sous charge classique, la densification de
60
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 3.14. Densification des composites NTC-Fe-alumine après le frittage sous charge et frittage SPS
composites fortement chargés en NTC (15%vol) n’est voisine que de 77%. L’importante
pression de frittage SPS (150 MPa), trois fois plus élevée que celle appliquée en frittage
sous charge classique, est certainement à l’origine de la bonne densification de nos
composites.
• Microstructures
Les observations MEBFEG ont révélé une microstructure hétérogène comparable à celle
des composites élaborés à partir de NTC extraits. La croissance des grains d’alumine
durant le frittage et la densification du composite est limitée par la présence des fais-
ceaux de NTC (Fig - 3.15a et 3.15d). Ces faisceaux de NTC sont localisés le plus souvent
aux joints de grains (Fig - 3.15b). Il est possible cependant qu’un grain d’alumine, lors de
sa croissance, englobe un ou plusieurs faisceaux de NTC. Le cliché Fig - 3.15c témoigne
des empreintes laissées par des faisceaux de NTC dans un grain d’alumine. Malgré
l’importante pression de mise en forme exercée durant le frittage SPS, les nanotubes ne
semblent pas avoir été détériorés (Fig - 3.15d).
61
Composites NTC/alumine
(a) Vue générale de la microstructure (In-situ (5)) (b) Faisceaux de NTC aux joints de grains
(In-situ (5))
(c) Empreintes de faisceaux de NTC (In-situ (7)) (d) NTC non-endommagés (In-situ (8))
F. 3.15. Microstructures des composites frittés, élaborés par croissance in-situ, observées sur des faciès
de rupture (MEBFEG Jeol 6700F)
– Les couches d’alumine sont coulées en bande et pré-frittées afin de leur conférer une
cohésion suffisante en vue de leur manipulation
– Les couches de composite sont obtenues par coulage en bande de solution solide
Al1,9 Fe0,1 03 , puis réduction.
62
Composites Al3 O3 /NTCs
La mise en forme des couches d’alumine ou de solution solide par coulage en bande
d’une suspension adaptée permet l’élaboration de « feuillets » céramiques d’épaisseurs
contrôlées comprises typiquement entre 50µm et 500µm en cru. Ce procédé, mis au
point dans les années 50, est couramment utilisé dans le domaine de l’électronique
pour la fabrication de substrats, transducteurs et condensateurs multicouches.
63
Composites NTC/alumine
durant sa thèse [147]. Ce protocole est identique pour le coulage des bandes d’alumine
(AKP30 : Tab - 3.1) et de solution solide Al1,9 Fe0,1 03 , dont le mode de préparation est
rapporté au paragraphe 2.1.2.1.
64
Composites Al3 O3 /NTCs
Fraction
Type Constituants Références Caractéristiques
volumique
ρ=1,04 g.cm−3
Plastifiant Dibutylphthalate 9,3%
Tf=-35 °C
65
Composites NTC/alumine
retrait constaté lors du séchage (environ 65% dans notre étude), la hauteur du couteau
est réglée à 800 µm. La vitesse du sabot est ensuite ajustée afin de soumettre la suspen-
sion à un gradient de cisaillement correspondant à une viscosité de 1 Pa.s. Pour une
suspension d’alumine, le gradient de cisaillement qui a été pris en compte est donc de
16,5 s−1 (Fig - 3.18). Lors du coulage en bande, le cisaillement est continu et la vitesse
du sabot est alors égale à (hypothèse d’un gradient linéaire) :
V = γ.h (3.1)
3.1.3.1.2 Déliantage
Suivant la nature des couches, deux cycles thermiques ont été retenus (Fig - 3.19), com-
prenant chacun un cycle de déliantage. Contrairement aux couches de solution solide,
66
Composites Al3 O3 /NTCs
(a) Couches d’alumine (déliantage et pré-frittage) (b) Couches de solution solide (déliantage)
(a) Poudre d’alumine pré-frittée (b) Arrangement homogène (vue sur la tranche)
F. 3.20. Microstructure des pastilles d’alumine déliantées et pré-frittées (MEBFEG Jeol 6700F)
Les couches de solution solide ne sont pas pré-frittées pour ne pas réduire la réactivité
de la poudre durant la CCVD. Ces pastilles déliantées sont alors conservées sur leur
support céramique (Al2 O3 ), et introduite directement dans le four de réduction.
67
Composites NTC/alumine
% mol CH4 Debit des gaz (L.h−1 ) Tréduction (°C) % vol NTC estimé
En sortie de four, les pastilles présentent une texture noire et une tenue mécanique
suffisante à leur manipulation. Le réseau de nanotubes formé au sein de la pastille
contribue à cette tenue mécanique.
F. 3.21. Microstructure des pastilles composites NTC-Fe-alumine (MEBFEG Jeol 6700F)
Sur les clichés de microscopie MEBFEG (Fig - 3.21), la morphologie des grains de
Fe-alumine paraît très irrégulière et anguleuse. La dispersion granulométrique est
plus large que celle des pastilles d’alumine, altérant l’arrangement des grains dans la
pastille. La taille des grains est généralement inférieure à 3 µm. La bonne dispersion
des nanotubes dans le plan de la pastille, crée un réseau percolant de NTC individuels
ou plus généralement assemblés en faisceaux (Fig - 3.21b).
Les pastilles d’alumine et de composite sont successivement déposées une à une dans
la matrice en graphite utilisé pour le frittage SPS. Une quinzaine de pastilles au total
sont ainsi empilées. La grande fragilité des pastilles rend cette opération d’assemblage
extrêmement délicate.
68
Composites Al3 O3 /NTCs
Le frittage et la densification des multicouches sont réalisés à 1376°C avec une rampe de
montée en température de 50°C.mn−1 , sous une pression de 127 MPa. D’après la courbe
de retrait de l’échantillon (Fig - 3.22), nous pouvons noter que le frittage commence à
1000°C sous une pression d’environ 77 MPa. Ce frittage est donc similaire au frittage
SPS des composites élaborés par croissance in-situ des NTC (Fig - 3.13).
69
Composites NTC/alumine
(a) Interface couches Al2 O3 /composite (MEB) (b) Couche composite (MEBFEG Jeol 6700F)
Enfin, une bonne adhésion des couches composites et des couches d’alumine, sans
délamination, semble avoir été atteinte après le frittage SPS (Fig 3.24a).
70
Composites Al3 O3 /NTCs
Afin de juger de la possible utilisation des composites NTC/alumine en tant que drains
thermiques, ces matériaux doivent répondre à deux exigences principales du cahier
des charges initial. Premièrement, ils doivent présenter un coefficient de dilatation
thermique proche de celui de l’alumine, afin que leur adhésion au substrat d’alumine
ne soit pas altérée avec la température. Deuxièmement, la conductivité thermique des
composites doit être si possible égale ou supérieure à celle des drains en cuivre actuel-
lement utilisés en électronique (400 W.m−1 .K−1 ). Les principales caractérisations phy-
siques qui vont être présentées dans ce paragraphe, sont donc la mesure du coefficient
d’expansion thermique et la conductivité thermique. Des mesures de conductivité élec-
trique sont également rapportées. Cette conductivité traduisant la connectivité entre
les NTC et faisceaux de NTC, permet d’apprécier la dispersion des NTC au sein de la
matrice d’alumine. Enfin, à titre indicatif seulement, nous avancerons quelques valeurs
de contraintes à la rupture, de module d’Young et de ténacité. Nous tenterons enfin
de dégager l’influence de la fraction volumique de NTC sur ces différentes propriétés
physiques.
Les mesures dilatométriques réalisées sous une atmosphère neutre d’argon, ne montrent
pas de différence notable entre les composites NTC/alumine et l’alumine pure.
71
Composites NTC/alumine
(a) Composites élaborés par mélange (b) Composites élaborés par croissance in-situ
72
Composites Al3 O3 /NTCs
Nous avons procédé à deux mesures distinctes de conductivité par échantillon, qui sont
appelées conductivité « Axiale » et conductivité « Radiale ». La conductivité radiale
F. 3.26. Signification des conductivités électrique (σ) ou thermique (λ) axiales et radiales
73
Composites NTC/alumine
conductivité électrique des composites augmente (Tab - 3.9 et Fig - 3.27a) avec la concen-
tration en nanotubes. Cette augmentation s’explique en admettant que la conductivité
électrique traduit la connectivité des nanotubes entre eux ; plus la fraction volumique
des nanotubes dans les composites est élevée, plus la connectivité est importante.
Les valeurs des conductivités électriques des composites élaborés par mélange sont du
même ordre de grandeur que celles des matériaux préparés par croissance in-situ (Tab -
3.9). Si nous comparons nos résultats expérimentaux, à ceux obtenus par Peigney et
al. [86], nous constatons qu’ils sont également du même ordre de grandeur, que les com-
posites NTC-Fe-Alumine « non-attrités ». Toutefois, les composites NTC-Fe-Alumine
« attrités », obtenus dans le cadre des travaux de recherche de Peigney et al., possèdent
une conductivité bien supérieure à celles enregistrées sur nos composites. Cette dif-
férence peut s’expliquer par une meilleure dispersion des NTC dans les composites
NTC-Fe-Alumine « attrités », élaborés à partir d’une solution solide possédant une
surface spécifique d’environ 15 m2 .g−1 ; surface spécifique plus importante que celle
mesurée pour la solution solide initiale de nos composites dits « In-situ » (environ
6 m2 .g−1 ). En conclusion, le seuil de percolation est bien atteint pour chacun de nos
composites, sans pour autant que la dispersion des NTC dans la matrice d’alumine
soit optimale. La croissance in-situ des nanotubes dans la matrice céramique permet
74
Composites Al3 O3 /NTCs
d’atteindre une meilleure dispersion des NTC dans le composite, quand la solution
solide initiale présente une surface spécifique importante.
(a) Conductivité électrique anisotrope (b) Orientation des NTC lors du frittage sous
charge
F. 3.27. Anisotropie de conductivité électrique des composites élaborés par mélange due à une orienta-
tion des NTC dans le plan radial des échantillons durant le frittage sous charge
Les mesures des conductivités électriques ont également permis de mettre en évidence
une anisotropie des composites ; la conductivité électrique radiale étant plus impor-
tance que la conductivité axiale (fig - 3.27). Cette anisotropie est très certainement une
conséquence directe du frittage sous charge qui oriente les particules à grand facteur de
forme (Fig - 3.27b), tels que les nanotubes, dans le plan perpendiculaire à la direction
de pressage. La connectivité des NTC est alors plus importante dans le plan radial des
pastilles que dans le plan axial. La conductivité électrique traduisant la connectivité des
nanotubes dans la matrice d’alumine, les composites présentent donc une conductivité
radiale plus élevée que la conductivité axiale.
Les composites qui présentent l’orientation la plus marquée des nanotubes dans le
plan radial, sont les multicouches. Cette orientation des NTC a été souhaitée. Elle a
permis d’obtenir des matériaux présentant une conductivité électrique très fortement
anisotrope, puisque la conductivité axiale est nulle dans ce cas.
75
Composites NTC/alumine
Les conductivités thermiques ont été déterminées par la méthode dite de « flash-
laser » (paragraphe - 2.2.2.4) sur des échantillons parallélépipédiques, polis miroir,
de dimensions (4x4x2) mm. Les valeurs rapportées en annexe D et reportées sur les
graphiques 3.28a et 3.28b, sont les moyennes de cinq mesures. Les masses volumiques
(ρ) et les chaleurs spécifiques (Cp) utilisées pour calculer la conductivité thermique ont
été les suivantes :
Notons que la chaleur spécifique des NTC admise est égale à celle du graphite [151,152].
La porosité constatée sur les composites NTC/alumine (Fig - 3.10 et 3.14) dégrade la
conductivité thermique des échantillons. Afin de s’affranchir de l’effet de la porosité
sur la mesure de la diffusivité et révéler ainsi la contribution réelle des nanotubes sur la
propagation de la chaleur dans la matrice d’alumine, le modèle de Landauer [153, 154]
a été appliqué (équation (3.2)).
76
Composites Al3 O3 /NTCs
nanotubes sur cette conductivité, auraient été surestimées (la fraction volumique de fer
peut être déduite du calcul de la masse volumique de la matrice alumine-fer présenté
en annexe B.2).
(a) Conductivité des composites ’Mélange’ (b) Conductivité des composites ’In-Situ’
77
Composites NTC/alumine
de conductivité. Elle n’est pas connue, mais elle est certainement voisine de celle du
graphite (≤ 5 W.m−1 .K−1 ), comme semble l’indiquer par ailleurs la modélisation (para-
graphe 4.3.2.2). Il est également intéressant de remarquer que la chute de conductivité
thermique est linéaire pour de faibles fractions volumiques de NTC. Cette décroissance
s’infléchit pour finalement se stabiliser aux fractions volumiques de NTC élevées (Fig -
3.28b).
Quelle que soit la fraction volumique de nanotubes, il apparaît clairement qu’à l’instar
de la conductivité électrique, la conductivité thermique des composites NTC/alumine
est anisotrope (λradiale > λaxiale ). L’orientation des nanotubes lors du frittage et la
conductivité anisotrope propre aux NTC et faisceaux de NTC, peuvent expliquer en
partie cette différence entre conductivité radiale et axiale.
• Composites multicouches
Enfin, les multicouches dont nous souhaitions une anisotropie des propriétés ther-
miques, possèdent effectivement une conductivité fortement anisotrope (λradiale ≈ 1,5λaxiale ,
tableau 3.11). La conductivité radiale (≈ 36,6 W.m−1 .K−1 ) semble supérieure à la conduc-
tivité de l’alumine (≈ 34 W.m−1 .K−1 ). Toutefois, l’incertitude sur la mesure (≈ 3,6 W.m−1 .K−1 )
ne permet pas de conclure formellement à une amélioration de la conductivité. Cette
conductivité est certes la plus élevée que nous ayons enregistrée sur les composites
NTC/alumine, mais la configuration des couches d’alumine et de composite, parallèles
78
Composites Al3 O3 /NTCs
Famille de composites % Vol. de carbone λradiale (W.m−1 .K−1 ) λaxiale (W.m−1 .K−1 )
Si nous estimons la conductivité thermique d’une alumine frittée par SPS à 35 W.m−1 .K−1
(conductivité thermique d’un échantillon témoin en alumine corindon pure fritté au
SPS), et que nous admettons respectivement des conductivités axiale et radiale des
composites NTC/alumine élaborés par croissance in-situ des nanotubes (avec %vol
NTC ≈ 5,6%) voisines respectivement de 31 et 33 W.m−1 .K−1 , alors nous obtenons après
application des moyennes arithmétique et harmonique pondérée :
79
Composites NTC/alumine
1
Familles de composites % vol. de carbone σr (MPa) E (GPa) K1c (MPa.m 2 )
Multicouches
1,87 518 143 -
(Al2 O3 / NTC/Fe-Al2 O3 )
T. 3.12. Tableau récapitulatif des valeurs de contraintes à la rupture (σr ), modules d’Young (E), et
ténacité (K1c ) des composites NTC/alumine
80
Composites Al3 O3 /NTCs
81
Composites NTC/alumine
F. 3.30. Évolution relative du module d’Young (E0% vol NTC = 197 GPa) des composites de type
« Mélange »
introduit est contenu dans les pelotes). A de telles fractions volumiques, l’évolution du
module d’Yound peut encore suivre une loi linéaire. Il nous est donc difficile dans
ce cas, de conclure formellement sur l’impact des pelotes sur le module d’Young des
composites.
Finalement, les mesures effectuées sur les composites appelés « in-situ » indiquent
une chute du module d’Young qui est moins marquée que celle enregistrée pour les
composites élaborés par mélange, en raison de l’absence de porosité et/ou de pelote
dans ce cas précis.
• Contrainte à la rupture
A l’instar du module d’Young, la contrainte à la rupture chute avec la fraction volu-
mique de NTC, quelle que soit la méthode de préparation des composites. La ruine
des éprouvettes intervenant dans le domaine élastique, les composites conservent le
caractère fragile de l’alumine. Les mécanismes de transfert de charges et/ou de dis-
sipation d’énergie qui se produisent généralement lors d’essais mécaniques sur des
composites à fibres longues, n’ont pas été observés. Pour les composites élaborés par
mélange, l’état de surface et la porosité des échantillons sont des éléments de réponse
qui peuvent expliquer la chute de la résistance à rupture. En effet, bien que polies
miroir, les éprouvettes possèdent des défauts de surface. De part l’arrachement lors du
82
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 3.31. Evolution relative de la contrainte à la rupture (σr | 0% vol NTC = 298 MPa) des composites de
type « Mélange »
polissage des pelotes de nanotubes non cohésives, ceci laisse place à des pores plus
gros que ceux initialement présents dans le matériau. Ces « pores » deviennent alors
de nouveaux défauts critiques. Plus la concentration en NTC est élevée, plus les pelotes
sont nombreuses et plus la probabilité d’avoir de tels défauts est grande. Enfin, il a été
constaté que la porosité augmente avec la concentration de NTC. Cette augmentation
de la porosité intrinsèque contribue logiquement à la chute des propriétés mécaniques
des composites (Fig - 3.31).
Pour les composites élaborés par croissance in-situ, les résultats obtenus (Tab - 3.12)
montrent également une très nette détérioration de la résistance à la rupture de l’alu-
mine. En l’absence de porosité et de pelotes de NTC, la dégradation de ce comportement
mécanique est directement imputable à la présence des nanotubes.
Quant aux composites multicouches, ils semblent posséder une résistance à la rupture
supérieure à celle de l’alumine (Tab - 3.12). Les faciès de rupture font apparaître des
« marches d’escalier » qui traduisent des déviations de fissures lors de la ruine du
composite. Ce phénomène de déviation est couramment observé dans les composites
lamellaires.
• Faciès de rupture
L’observation des faciès de rupture fournit des éléments de réponse supplémentaires
pour expliquer le comportement mécanique des composites NTC/alumine. Les pelotes
83
Composites NTC/alumine
F. 3.32. Faciès de rupture de composites de type « Mélange » (MEBFEG Jeol 6700F)
de nanotubes présentes dans les échantillons préparés par mélange, sont visibles sur
les faciès de rupture. Leur nombre dépend bien sûr de la fraction volumique de NTC
introduite. Les NTC isolés sont localisés au voisinage des pelotes, et leur concentration
limite la croissance des grains d’alumine durant l’étape de frittage. Aux vues des clichés
de MEBFEG (Fig - 3.32), les pelotes de NTC ne semblent pas être solidement ancrées
à la matrice d’alumine, ce qui limite le transfert de charge. Les faciès de rupture du
composite révèlent en effet, des pelotes de NTC « déchirées ». Elles ne constituent donc
pas un renfort mécanique pour l’alumine. Elles seraient au contraire, susceptibles de la
fragiliser en termes de rigidité et de résistance à la rupture.
Enfin, malgré une microstructure fine et des NTC apparemment en bon état et solidaires
de la matrice (Fig - 3.33), les propriétés mécaniques des composites dits « in situ » se
dégradent également quand la fraction volumique de NTC augmente. La présence
des NTC aux joints de grains (Fig - 3.15b) constitue sans aucun doute un facteur de
fragilisation de l’interface grain/grain.
• Ténacité
Les mesures de ténacité ont été réalisées par la méthode SENB (Single Edge Notched
Beam) en flexion 3 points avec un entrefer de 13mm (paragraphe 2.2.2.2.3). Les sections
des éprouvettes sont identiques à celles des barreaux utilisés pour les essais de flexion
trois points classiques. Les essais de ténacité permettent de s’affranchir des éventuels
84
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 3.33. Faciès de rupture de composites de type « In-situ » (MEBFEG Jeol 6700F)
85
Composites NTC/alumine
– Dans le cas de composites de type « mélange », les pelotes sont en partie responsables
de la chute de ténacité
– Dans le cas de composites de type « in-situ », la non-détérioration apparente de la
ténacité est peut-être due à la présence de fer métallique (dans notre cas 5,8%Vol)
qui d’après des travaux sur les cermets alumine-fer [168,169], améliorerait la ténacité
de la matrice Al2 O3 -Fe. De plus, la concentration en NTC ne semble ni détériorer, ni
améliorer la ténacité de ces composites.
3.3 Conclusion
Nous avons étudié trois familles de composites NTC/alumine dans l’optique de fabri-
quer une nouvelle génération de drains thermiques pour l’électronique de puissance :
Dans cette partie de notre projet, nos travaux se sont articulés autour de deux axes
principaux :
– La dispersion homogène de NTC extraits dans une matrice céramique, tout en pré-
servant la structure des nanotubes, a été étudié suivant trois méthodes de disper-
sions. La solution la mieux adaptée semble être l’utilisation de suspensions diluées.
Néanmoins, les pelotes de NTC fortement enchevêtrés, résultant de l’extraction,
constituent un défaut qui ne permet pas d’atteindre de densification des composites
élevée.
86
Composites Al3 O3 /NTCs
– La synthèse in-situ des NTC est la méthode de préparation qui permet d’obtenir le
meilleur état de dispersion des nanotubes dans la matrice d’alumine. Néanmoins, la
synthèse doit être parfaitement contrôlée et le fer indispensable à la CCVD ne peut
pas être éliminé.
– la mise en forme de multicouches alumine/composite par coulage en bande permet
d’obtenir des matériaux fortement anisotropes, en dépit des difficultés liées à la
manipulation des différentes couches lors de l’assemblage.
Enfin, à titre indicatif, nous avons également mesuré la contrainte à la rupture, la téna-
cité et le module d’Young de nos composites. Nous avons constaté que ces propriétés,
à l’instar de la conductivité thermique, sont dégradées globalement quand la fraction
volumique de NTC augmente, notamment pour les composites élaborés par mélange.
La chute de ces propriétés mécaniques est très certainement liée à une interface de
faible cohésion entre le renfort et la matrice, et certainement aussi à la faible tenue
mécanique des pelotes qui constituent des défauts critiques. Néanmoins, les propriétés
87
Composites NTC/alumine
mécaniques des composites NTC/alumine sont tout à fait acceptables pour l’application
envisagée (drains thermiques).
88
C
4
Modélisation de la conductivité thermique des com-
posites NTC/Al2O3
Composites Al3 O3 /NTCs
La propagation de la chaleur à l’intérieur d’un corps solide par conduction pure, est as-
surée par deux mécanismes : une transmission par vibration atomique ou moléculaire,
et une transmission par électrons libres. La prépondérance de l’une ou l’autre de ces
transmissions dépend de la nature du matériau. Dans les céramiques, la transmission
par vibration de réseaux cristallins est prépondérante. Le quantum de vibration dans
91
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
un solide cristallin est appelé phonon. Suivant le contexte, le phonon peut être associé
soit à une onde, soit à une quasi-particule.
S’il est associé à une onde, les vibrations du réseau, considérées élastiques, possèdent
une fréquence d’onde (ω) et sont décrites par le vecteur d’onde (~k). Si par ailleurs, nous
considérons un réseau cristallin formé par une rangée d’atomes, la maille élémentaire
se résume à un atome (ou ion) possédant deux voisins. Chaque atome (ou ion) oscille
autour de sa position d’équilibre (s). Une nouvelle coordonnée « dynamique » us est
alors nécessaire pour décrire la position de l’atome autour de sa position d’équilibre :
us ∝ e−iωt (4.1)
Si, à l’instar d’un oscillateur harmonique, la force appliquée sur l’atome en position (s)
par le déplacement de l’atome en position (s + p) (où p est un entier relatif) est propor-
tionnelle à la distance (us+p − us ), la force résultante appliquée sur l’atome positionné
en (s) est :
X
Fs = Cp (us+p − us ) (4.2)
p
Où Cp est la constante de rappel entre les atomes en position (s) et (s + p). Dans l’ex-
pression 4.2, les constantes de rappel des atomes éloignés de la position (s) sont géné-
ralement considérées négligeables car elles sont écrantées par les plus proches voisins
de l’atome (s). L’étude peut alors être restreinte à la première zone de Brillouin (aux
voisins les plus proches de l’atome en position (s)). L’équation (4.2) devient alors :
d2 us
Fs = m 2 (4.4)
dt
92
Composites Al3 O3 /NTCs
h i
− mω2 e−iωt = C1 ei(−ka−ωt) + ei(ka−ωt) − 2e−iωt (4.5)
Où a est la distance entre les positions à l’équilibre des atomes. Il est alors possible
d’exprimer ω en fonction de la norme (k) du vecteur d’onde (~k) :
!
C1 h i 2C1 4C1 2 ka
ω (k) =
2
2 − e−ika + eika = [1 − cos(ka)] = sin (4.6)
m m m 2
Soit finalement :
r
C1 ka
ω(k) = 2 sin (4.7)
m 2
La relation (4.7) est appelée relation de dispersion. La courbe de dispersion (Fig - 4.1a)
qui en découle montre la variation de (ω) en fonction de (k). La pente de cette courbe est
toujours nulle à la limite de la zone Brillouin (k = ± πa ). Elle est exprimée par le gradient
( dω
dk
) qui définit la vitesse du groupe d’ondes. Cette vitesse traduit, plus concrètement,
la vitesse de transmission de l’énergie dans le cristal. A la limite de la zone de Brillouin,
la vitesse du groupe d’ondes est nulle.
F. 4.1. Courbes de dispersion des phonons : domaine limité à la première zone de Brillouin
Que le cristal possède un ou plusieurs atomes par maille élémentaire, il existe des
ondes dites à la fois longitudinales (dans la direction de propagation) et transverses.
Néanmoins, dans les cristaux ayant plus d’un atome par maille élémentaire, le spectre
de vibration présente de nouvelles caractéristiques. En effet, cette nouvelle dispersion
93
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
phononique fait apparaître après calcul (similaire à celui du réseau cristallin monoato-
mique) deux branches, nommées branches acoustique et optique. Elles doivent leur
nom à leur domaine spectral d’existence ; acoustique qualifiant les basses fréquences
(comparable à celles du son) et optique se rapportant à des fréquences proches du
domaine infrarouge. La courbe de dispersion résultante d’un système polyatomique
(Fig - 4.1b) fait apparaître une bande interdite de fréquences.
Enfin, les phonons sont excités thermiquement et appartiennent à des modes de vi-
brations dans lesquels chaque phonon possède la même pulsation (ω). L’énergie d’un
mode élastique () est alors :
1
= n + ~ω (4.8)
2
Les vibrations de réseau qui se propagent dans un cristal réel, sont susceptibles d’in-
teragir soit avec d’autres phonons, soit avec des défauts (impuretés, lacunes etc.), soit
avec des interfaces (parois du cristal, joints de grains). Ces zones d’interactions sont
donc le siège de processus de diffusion de phonons. La distance moyenne que parcours
un phonon entre deux collisions est appelée libre parcours moyen (noté l̃ ). Si un paquet
de (n) phonons, transportant chacun une énergie (), se propage suivant la direction
x, il est possible d’estimer le flux d’énergie thermique entre deux collisions par cette
équation bilan :
1 1
q = n(x − l̃x )vx − n(x + l̃x )vx (4.9)
2 2
∂ ∂ ∂T
q = −vx l̃x n = −vx l̃x n (4.10)
∂x ∂T ∂x
94
Composites Al3 O3 /NTCs
Où ( ∂n
∂T
) est la définition d’une capacité calorifique à volume constant (Cv ). De plus,
si nous considérons un élément de volume aux propriétés physiques isotropes : v2 =
v2x + v2y + v2z = 3v2x . Finalement, après identification de la relation de Fourrier (q = λ ∂T
∂x
, où
λ est la conductivité thermique), il est possible d’exprimer la conductivité thermique
en fonction du libre parcours moyen :
1
λ = Cv l̃v (4.11)
3
Il apparaît dans l’équation (4.11) que la conductivité thermique est alors dépendante
du libre parcours moyen. Ce dernier est déterminé par deux phénomènes, la diffusion
géométrique et l’interaction avec d’autres phonons.
X X
~ω(k)nk = ~ω(k)n0k (4.12)
nk~k = n0k~k + G
~
X X
(4.13)
~ est un vecteur du réseau réciproque. Ce vecteur peut être nul. Dans ce cas, le
Où G
processus de diffusion sera dit « Normal » (ou processus N). Dans le cas contraire
~ , ~0), le processus est appelé « Umklapp » (ou processus U).
(G
95
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
1
nk = ~ω (4.14)
k
exp kB T
−1
!
1 1
lim (nk ) = lim ≈ (4.15)
T→+∞ X→0 exp(X) − 1 (1 + X) − 1
96
Composites Al3 O3 /NTCs
Soit :
1
lim (nk ) ≈ ∝T (4.16)
T→+∞ X
Où X = ~ωk
kB T
.
Si nous admettons que la fréquence de collisions avec un phonon donné est propor-
tionnelle au nombre total de phonons excités (nk ), cette fréquence de collision est alors
proportionnelle à la température (équation 4.16). Dès lors, le libre parcours moyen (dis-
tance moyenne entre deux collisions) est inversement proportionnel à la température
(l̃ ∝ T1 ). D’après l’équation 4.11, nous avons finalement aux hautes températures :
1
λ∝ (4.17)
T
Dans les matériaux polycristallins, les interfaces entre grains vont également agir
comme des centres de diffusion de phonons. A basse température, le phénomène est
accentué du fait de la désadaptation élastique de ces joints de grains. Les premiers
travaux mettant en évidence une résistance thermique d’interface ont été menés par
Pyotr Leonidovich Kapitza dans les années 40, sur un système hélium liquide/métal.
Cette résistance de contact appelée dès lors résistance Kapitza, a été étendue par la
suite aux systèmes solide/solide et est exprimée par la relation :
∆T
Rk = S (4.18)
Φ
97
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
des flux de chaleur élevés, dépendent alors d’un grand nombre de paramètres : la
nature du fluide intersticiel et la géométrie l’interstice (surface, nombre de zones de
contacts, épaisseur etc.).
La conductance varie beaucoup suivant la géométrie du contact. Typiquement pour un
contact entre deux grains d’alumine présentant une interface d’environ 10 nm d’épais-
seur, la valeur de la résistance de contact est voisine de 10−8 Wm−2 K−1 . Cette valeur
de résistance atteint à environ 10−4 Wm−2 K−1 pour une interface présentant deux plans
distants de 1 µm.
Notre étude est basée sur la formulation de composites chargés en NTC qui, de part
leur facteur de forme élevé, percolent pour de faibles fractions volumiques. Etant donné
l’importante conductivité thermique intrinsèque aux NTC, nous supposions qu’un ré-
seau de NTC était susceptible d’assurer le transfert de chaleur, et ainsi d’accroître la
conductivité thermique de la matrice (alumine). D’après les mesures de conductivités
électriques (Fig - 3.27), nous avons remarqué que la conductivité électrique radiale était
plus élevée que la conductivité axiale. L’hypothèse qui a été avancée pour expliquer
cette différence est que la connectivité entre les NTC est plus importante dans le plan
radial des échantillons que dans le plan axial (conséquence du frittage sous charge).
Les phonons qui se propagent dans le réseau de NTC alignés dans le plan radial, ren-
contrent un plus grand nombre d’interfaces NTC/NTC. A chaque interface, une très
grande partie des phonons se propageant dans les NTC diffusent. En effet, certaines
études [16, 172, 173] tendent à montrer que les phonons se propagent majoritairement
le long des parois externes des nanotubes. La connectivité du réseau croissant avec la
fraction volumique de NTC, il en résulte donc que le libre parcours moyen des phonons
(limité par la distance moyenne entre deux contacts successifs), lui diminue. Cette chute
du libre parcours moyen entraîne alors une détérioration de la conductivité thermique
du réseau de NTC (équation 4.11).
Si, par ailleurs, la distance moyenne entre deux contacts successifs est inférieure à envi-
98
Composites Al3 O3 /NTCs
ron 500 nm (libre parcours moyen estimé des phonons correspondant à la conductivité
longitudinale maximale des NTC [9,15,16]), alors la conductivité thermique intrinsèque
des NTC au sein du réseau, peut aussi être gravement altérée.
Si à l’instar de la conductivité électrique, le transfert de chaleur est assuré par le ré-
seau de NTC, la conductivité thermique radiale devrait être inférieure à la conductivité
axiale. En effet, le nombre d’interactions phonon/interface limitant la conductivité ther-
mique, doit être moins élevé dans les couches radiales des composites que dans les
couches axiales. Toutefois, nous observons au contraire une conductivité thermique
radiale des composites supérieure à leur conductivité axiale. Nous supposons donc
qu’a priori, le transfert de chaleur au sein de nos composites ne semblent pas être assuré
par le réseau de NTC. En effet, des résistances thermiques de contact trop élevées aux
interfaces NTC/NTC interdisent peut-être tout transfert de chaleur. Les nanotubes de
carbone pourraient être alors supposés isolés thermiquement les uns des autres.
En rêgle générale, pour étudier les transferts thermiques par conduction, il est né-
cessaire d’identifier le régime dans lequel l’étude doit être faite. Deux régimes sont
différenciés : le régime transitoire et le régime stationnaire. Dans la suite de l’étude,
nous nous intéresserons seulement au régime stationnaire, qui présente l’avantage de
simplifier l’étude théorique de la conductivité thermique d’un matériau, traversé dans
le temps par un flux de chaleur constant.
Afin de rappeler l’expression générale de l’équation de la chaleur, considérons un corps
solide homogène et isotrope possédant deux plans infiniment voisins, notés P et P’. En
régime stationnaire, la loi de Fourrier permet de déterminer la distribution des tempé-
ratures et le flux de chaleur traversant le matériau.
La méthodologie employée pour résoudre le problème suit quatre étapes :
99
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
q et de la température T.
Aux vues de la figure (Fig - 4.3), si le gradient de température est selon la direction y,
le bilan d’énergie thermique conduit à :
où :
∂q
− .dydxdz + q̇.dxdydz = 0 (4.20)
∂y
∂(λ y ∂T
∂y
)
+ q̇ = 0 (4.21)
∂y
100
Composites Al3 O3 /NTCs
∂(λ ∂T ) ∂(λ ∂T
∂y
) ∂(λ ∂T )
∂x ∂z
+ + + q̇ = 0 (4.22)
∂x ∂y ∂z
λ.∇2 T + q̇ = 0 (4.23)
dT Φx
qx = −λx ⇐⇒ dT = − dx (4.24)
dx λx S
T2 x2
Φx λx S
Z Z
dT = − dx ⇒ Φ = (T1 − T2 ) (4.25)
T1 x1 λx S e
(T1 − T2 ) e
R= = (4.26)
Φ λx S
Dans ce paragraphe, nous souhaitons porter un jugement plus critique sur les résultats
bibliographiques concernant la conductivité thermique des NTC et des composites.
Nous présenterons également les modèles analytiques ou numériques, les plus utilisés
pour prédire la conductivité thermique des composites chargés en NTC. De ce tra-
101
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
vail de réflexion préliminaire, il sera possible d’estimer avec pertinence la valeur des
paramètres influant sur la conductivité de nos composites.
102
Composites Al3 O3 /NTCs
d’étudier les diffusions de phonons aux terminaisons de chaque nanotube (Fig - 4.5).
En faisant le bilan des quantités de mouvement (vibrations des réseaux) engendrées
(a) Premier mécanisme de diffusion : terminai- (b) Second mécanisme de diffusion : terminai-
son localisée au centre du faisceau. L’onde ve- son localisée en périphérie du faisceau. L’onde
nant du NTC 0- est en partie réfléchie à la venant du NTC 0- est diffusée par la termi-
terminaison du tube, et transmise au NTC 0+ naison du NTC 2 ; une partie de cette onde
avec simultanément une excitation (transmis- est réfléchie dans le NTC 0-, transmise dans le
sion) aux 6 NTC voisins NTC 0+ et engendre des ondes dans le NTC 2
F. 4.5. Mécanismes de diffusion aux terminaisons des nanotubes, dans le faisceau [177]
par ces interactions phonons/terminaisons, il trouve d’une part que le libre parcours
moyen des phonons est environ égal au septième de la longueur des NTC, à savoir
environ 140 nm. Cette estimation du libre parcours moyen d’un phonon au sein d’un
faisceau est à rapprocher à celle (100 nm) de Hone et al. [178], pour des SWNT assem-
blés en faisceau au sein de tapis enchevêtrés. D’autre part, la dispersion des phonons
aux terminaisons des nanotubes, semblerait limiter la conductivité thermique de tels
faisceaux à seulement 300 Wm−1 K−1 .
La conductivité thermique de « massifs » (terme employé dans la littérature pour
qualifier des matériaux constitués à 100% de NTC) de nanotubes a également fait l’ob-
jet de nombreuses études. Les résultats de ces études convergent tous vers la même
conclusion. La conductivité thermique de ces matériaux est fortement dégradée par
rapport à celle estimée pour des nanotubes isolés. En 1999, les premières études de
103
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
Hone et al. [178] portant sur les massifs de NTC ont montré que la conductivité d’un
massif de SWNT désordonnés n’était voisine que de 0,7 Wm−1 K−1 . Du fait de la faible
densité de leur matériau, Hone et al. ont estimé à l’époque que la conductivité ther-
mique d’un échantillon dense de NTC devrait être d’environ 36 Wm−1 K−1 . Par la suite
de meilleurs résultats de conductivité ont été enregistrés par Hone et al. [12, 151] sans
pour autant observer des conductivités proches de celles des NTC élémentaires. Ils ont
toutefois montré qu’une fine couche de SWNT alignés sous un puissant champ magné-
tique, possédait une conductivité thermique anisotrope. Dans le sens des nanotubes,
cette conductivité avoisinait 200 Wm−1 K−1 , tandis qu’elle n’etait que de seulement
40 Wm−1 K−1 dans le sens transverse. Gonner et al. [179] ont procédé également à des
mesures de conductivité thermique sur des massifs présentant un fort alignement des
nanotubes. Ces matériaux obtenus suite à la filtration de NTC (buckypaper) possède-
raient aussi de très modestes conductivités thermiques : environ 10 Wm−1 K−1 dans le
sens transverse et 40 Wm−1 K−1 dans le sens d’alignement des NTC. En accord avec ces
résultats, Xu et al. [180] et Yi et al. [14] n’ont estimé respectivement qu’à 40 et 25 Wm−1 K−1
la conductivité thermique d’un tapis de MWNT de 100 et 30 nm de diamètre, et espacés
les uns des autres d’environ 100 nm.
Il est intéressant de signaler que certains travaux ont sérieusement remis en cause l’idée
que la faible densité des massifs de NTC puisse être à l’origine des faibles valeurs de
conductivité enregistrées. Néanmoins, des mesures de conductivités thermiques de
massifs denses ont prouvé le contraire. Hone et al. [15] ont en effet observé une chute de
la conductivité des tapis de NTC de 35 et 2,3 Wm−1 K−1 pour des taux de densification
respectifs de 2 et 70%. De même, Zhang et al. [181] n’ont obtenu qu’une conductivité
de 4,2 Wm−1 K−1 pour des massifs de NTC frittés à 2000°C au SPS (densification après
frittage avoisinant 81%).
En conclusion, nous admettrons que, sous l’action des forces Van Der Waals, les NTC
s’assemblent en faisceaux qui présentent vraisemblablement une conductivité ther-
mique inférieure à 1000 Wm−1 K−1 .
104
Composites Al3 O3 /NTCs
105
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
106
Composites Al3 O3 /NTCs
(a) Modèle des couches en série (b) Modèle des couches en parallèle
e e1 e2 e3
Rth = R1 + R2 + R3 ⇐⇒ = + + (4.27)
Sλe Sλ1 Sλ2 Sλ3
1
λe = X (4.29)
φi
!
i
λi
107
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
1 1 1 1 Sλe S1 λ1 S2 λ2 S3 λ3
= + + ⇐⇒ = + + (4.30)
Rth R1 R2 R3 e e e e
X
λe = φi λi (4.32)
i
Les bornes supérieure et inférieure de Wiener sont quelques fois utilisées pour établir
le domaine d’existence de la conductivité thermique d’un composite fibreux. Dans ce
cas, l’orientation globale des fibres dans une matrice, est assimilée à un composite à
structure lamellaire (Fig 4.6). Les bornes de Wiener exprimeraient alors la conductivité
minimale et maximale que le composite serait susceptible de présenter. Toutefois, ces
bornes ne peuvent être utilisées que pour des matériaux où il est possible de négliger
les résistances thermiques de contact aux interfaces.
108
Composites Al3 O3 /NTCs
dispersion des secondes phases, est estimée suffisante à l’application de cette approxi-
mation. Une fois cette approche du milieu homogène équivalent validée, des lois de
mélanges s’appliquent. Ces lois, supposant des contacts parfaits entre les phases, per-
mettent alors de prédire la propriété effective du milieu. L’une des plus utilisée est
certainement le modèle du milieu effectif de Maxwell-Garnett [190]. Établi en 1904, il
s’appliquait initialement au calcul de la permittivité effective d’un matériau biphasé.
La formule générale de Maxwell-Garnett s’écrit :
e − m p − m
=φ (4.33)
e + 2m p + 2m
λe − λm λp − λm λe 3φ(α − 1)
=φ ⇐⇒ =1+ (4.34)
λe + 2λm λp + 2λm λm (α + 2) − φ(α − 1)
λp
Avec α = λm
λe α + (n − 1) − (n − 1)(1 − α)φ
= (4.35)
λm α + (n − 1) + (1 − α)φ
109
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
milton et Crosser, ont été proposés. Choi et al. [193] ont recensé un certain nombre de
ces modèles et ont également montré qu’aucun d’entre-eux ne permettait d’expliquer
l’évolution anormale de la conductivité thermique de leurs suspensions de NTC dans
l’huile. Les modèles ne prenant en compte l’état de dispersion, l’orientation et la mor-
phologie du renfort ne peuvent pas expliquer totalement l’évolution de la conductivité
thermique des composites en fonction de la fraction volumique de ce renfort.
La grande majorité de ces modèles surestime en fait la conductivité thermique, car ils
ne prennent pas en compte les résistances de contact entre les renforts et la matrice.
110
Composites Al3 O3 /NTCs
la loi suivante :
λe [α(1 + 2ξ) + 2] + 2φ [α(1 − ξ) − 1]
= (4.36)
λm [α(1 + 2ξ) + 2] − φ [α(1 − ξ) − 1]
Avec
Rk λm
ξ= (4.37)
a
111
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
h i
λe 3 + φ 2β x (1 − L z ) + β y (1 − L z )
= (4.38)
λm 3 − φ 2βx Lx + βz Lz
Avec
λxp − λm λzp − λm
βx = et βz = (4.39)
λm + Lx (λxp − λm ) λm + Lz (λzp − λm )
p2 p
Lx = 2
− 2 3/2
cosh−1 (p) et Lz = 1 − 2Lx (4.40)
2(p − 1) 2(p − 1)
y
Où p est le rapport entre le grand et le petit axe de la particule ellipsoïdale, et λxp (= λp ) et
λzp sont respectivement les conductivités thermiques « globales » (conductivité prenant
en compte la résistivité de l’interface particule/matrice) transverse et longitudinale des
particules.
Si nous considérons un facteur de forme p supérieur à 100 (fibres longues, NTC, etc.),
nous obtenons les simplifications suivantes :
λp
Lx = 0, 5 ; Lz = 0 ; λxp = λ
et λzp = λp (4.41)
1+ ξ λmp
Où ξ est défini par l’équation (4.37) pour a = ax (avec ax : petit axe des particules
ellipsoïdales) et λp est la conductivité thermique des particules.
Selon le modèle de Ce-Wen Nan, la conductivité thermique effective d’un composite
constitué de NTC dispersés aléatoirement et sans orientation préférentielle dans la
matrice est :
λxp λp λp λp
x x z
3 + 1 + φ 2 λm − 1 + λm + 1 λm − 1
λe λm
= (4.42)
λm λ λ
x x
3 λmp + 1 − 2φ λmp − 1
112
Composites Al3 O3 /NTCs
λ
λe 3 + φ λmp
= (4.43)
λm 3 − 2φ
Rk →0
Où (ξ −→ 0) implique :
λe λp
=1+φ (4.45)
λm 3λm
F. 4.7. Illustration schématique proposée par Ce-Wen Nan, d’un élément composite formé d’un nano-
tube enrobé d’une couche de barrière thermique interfaciale très fine [155]
1 2Rk 1 1 2Rk 1
x = + et z = + (4.46)
λp d λp λp L λp
113
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
λp
λe p
λm
= 1 + φ (4.47)
λm 3 p + λp 2Rk
d
L’expression (4.47) démontre que la résistance thermique de contact (Rk ) dégrade l’ac-
croissement de la conductivité thermique des composites.
De nombreux travaux récents [156, 158, 159, 185, 189] sur les composites renforcés par
des NTC, ont adopté le modèle de Ce-Wen Nan, le considérant comme étant l’un des
modèles les plus robustes.
L’application des modèles analytiques prédisant la conductivité thermique en tenant
compte de la résistance thermique de contact exige de connaître au moins l’ordre de
grandeur de cette résistance.
Polymère 1,52.10−4
Wu et al. [206]
Polymère/aluminium 8,3.10−5
Polymère 2.10−7
Shenogin et al. [157]
Liquide 3,3.10−8
Polymère 2,6.10−8
Bryning et al. [156]
2,4.10−9
T. 4.1. Résistances thermiques de contact NTC/matrice estimées (généralement sur la base du modèle
de Ce-Wen Nan [155]) ou mesurées ( * )
114
Composites Al3 O3 /NTCs
est très délicat, voire impossible, de fournir une valeur exacte de cette résistance. Néan-
moins, quelques équipes de recherche ont tenté de les estimer dans le cadre d’études
portant sur des composites chargés en NTC. Les valeurs des résistances thermiques
de contact dans des composites denses, sont généralement comprises entre 1.10−9 et
1.10−4 Km2 W−1 (Tab - 4.1).
Dans le cadre de notre étude, il est difficile d’estimer la résistance thermique de contact,
en ne considérant comme seul critère que la nature des deux phases constituant le com-
posite. Nous supposons que cette résistance thermique de contact est comprise dans
un large domaine de valeurs, vraisemblablement supérieure à 1.10−9 Km2 W−1 .
– Il ne considère qu’une seule géométrie commune à toutes les particules : hors certains
de nos composites présentent deux géométries très différentes (pelotes et NTC),
– Quand il prend en compte les résistances thermiques de contact, l’expression du
taux d’accroissement de la conductivité thermique effective (4.47) ne prévoit aucune
détérioration de la conductivité effective elle-même, en fonction du pourcentage
volumique de NTC. Pourtant, nous avons constaté expérimentalement une chute
significative de cette conductivité.
Le choix de notre étude s’est porté sur une modélisation de type numérique. Cette
modélisation comprend la création par le calcul d’une microstructure représentative
de la microstructure réelle. Cette microstructure est discrétisée en domaines élémen-
taires. Dans chaque domaine, un calcul de la conductivité thermique locale est effectué.
Finalement, une conductivité thermique globale des composites est estimée à partir des
115
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
– Les NTC sont assemblés en faisceaux formés de 7 NTC (Fig - 4.4). En effet, il est assez
rare d’observer des NTC isolés, car ils se regroupent généralement en faisceaux sous
l’action des forces de Van der Walls.
– Les faisceaux de NTC sont considérés isolés thermiquement les uns des autres.
– Les résistances thermiques de contact carbone/matrice sont supposées de type Ka-
pitza.
– Les perturbations locales du champs de température dues à la proximité des parti-
cules les unes des autres sont négligées : approximation acceptable pour des compo-
sites considérés comme dilués (fractions volumiques de carbone < 10 %).
F. 4.8. Constantes et variables prises en compte dans le modèle (NTC orientés dans le plan radial)
116
Composites Al3 O3 /NTCs
Les méthodes de préparation des échantillons laissent supposer que nos composites
sont axisymétriques. Nous proposons alors de limiter notre modélisation à une étude
2D. Le domaine d’étude choisi est le plan de coupe (X,Y) (Fig - 4.9) passant par l’axe
de symétrie de l’échantillon composite. Ce plan, dans lequel chaque élément peut être
localisé grâce au repère cartésien (X,Y), est celui qui révèle l’orientation des particules
(pelotes et NTC) dans la matrice.
Le modèle devra être capable de calculer les conductivités axiale et radiale des échan-
tillons. En accord avec la présentation du domaine d’investigation (Fig 4.9), ces conduc-
tivités seront notées par la suite λx (composante de la conductivité suivant l’axe X :
conductivité radiale) et λ y (composante de la conductivité suivant l’axe Y : conducti-
vité axiale). Parallèlement, nous simulons par le biais d’un programme informatique
la microstructure d’un composite. Le programme que nous avons développé, permet
de fixer la taille du domaine, la fraction volumique en carbone, le facteur de forme
et la concentration des pelotes, les dimensions des faisceaux de NTC et la possibilité
d’avoir ou non une orientation préférentielle des objets (pelotes et faisceaux de NTC).
117
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
• La taille du domaine
La dimension du domaine doit être représentative du composite. La taille des plus gros
objets étant comprise généralement entre 10 et 20 µm, nous avons choisi de construire
un domaine de longueur (notée Lx ) et largeur (notée L y ) respectivement égales à 100 µm.
Une telle dimension de domaine est en effet représentative de la microstructure (Fig -
F. 4.10. Cliché de MEB (90 x 100) µm, représentatif de la microstructure d’un composite élaboré par
mélange, contenant 7,7%vol de carbone. Cette échantillon a été recuit à 1400°C sous air afin de révéler
sa microstructure. Les NTC et les pelotes ont donc été décomposés. La porosité résultante nous renseigne
alors essentiellement sur la taille et la morphologie des pelotes.
• Construction de la microstructure
En deux dimensions, les faisceaux de NTC sont représentés par des rectangles dont
il est nécessaire de renseigner la longueur et la largeur (équivalent au diamètre des
faisceaux). Les pelotes sont quant à elles, associées à des ellipses afin de prendre en
compte le degré de déformation qu’elles subissent lors du frittage sous charge. Ces
ellipses sont en partie caractérisées par un rayon dit « équivalent » et un facteur
de forme (noté p) qui est égal au rapport entre le grand et le petit axe de l’ellipse. Le
rayon équivalent correspond au rayon d’une pelote sphérique, qui posséderait le même
118
Composites Al3 O3 /NTCs
(a) Distribution angulaire des objets orientés (b) Exemple de faisceaux de NTC orientés
volume que celui d’une pelote de forme ellipsoïdale et de plan équatorial circulaire (soit
a = c > b, où a et b sont respectivement le grand et le petit axe des ellipses construites
par le programme, et c le troisième demi-axe de l’ellipsoïde).
Enfin, un angle d’inclinaison (θ) est attribué à chaque objet. Pour modéliser l’orientation
des objets dans le plan axial des composites (orientation par rapport à l’axe X, Fig -
4.10), il est possible de demander au programme de procéder à un tirage aléatoire de
ces angles, suivant une loi normale centrée en 0 (Fig - 4.11a). Le programme est donc
capable de reconstituer artificiellement une microctructure de composite 4.11d, où il
est possible de régler la morphologie des nanotubes (Fig - 4.11b) et des pelotes (Fig -
4.11c), l’orientation de l’ensemble des renforts, la fraction volumique de carbone et la
119
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
proportion de pelotes.
en compte les faisceaux de NTC, dont le diamètre est de l’ordre du nanomètre. Les
sections efficaces offertes par la seconde phase (NTC et pelotes) comprises dans ces
domaines élémentaires sont considérées constantes sur toute la largeur du domaine i
(Fig 4.12). Les épaisseurs de ces sections (notées δ) sont fonctions de la position, de la
géométrie et de l’inclinaison des objets (Fig - 4.13).
F. 4.13. Orientation des objets par rapport au flux de chaleur q y incident, suivant Y
A chaque itération, le programme identifie les objets qui interceptent le domaine élé-
120
Composites Al3 O3 /NTCs
Où L est la taille du domaine qui peut être égale à Lx ou L y (cf. par 4.2.2.1.1) et ni est le
nombre d’objets dans le domaine i.
Désormais, chaque objet j appartenant au domaine i est défini géométriquement par la
quantité δ ji . Nous attribuerons également à cet objet une conductivité thermique que
nous noterons λc ji . Si l’objet est un faisceau de NTC, sa conductivité sera fonction de
son angle d’inclinaison. En effet, nous supposons que la conductivité thermique d’un
faisceau de NTC est anisotrope. Elle est maximale dans le sens longitudinale du faisceau
(950 Wm−1 K−1 [9]) et minimale dans le sens transverse (5,6 Wm−1 K−1 [9]) (Fig - 4.14).
Suivant l’orientation du faisceau sous le flux de chaleur q, nous calculons sa conductivité
(a) Orientation du faisceau de NTC sous le flux (b) Variation de la conductivité thermique en
de chaleur q fonction de l’orientation du faisceau de NTC
thermique qui sera alors comprise entre la conductivité longitudinale et transverse. Les
121
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
1
λpi j = 2Rk
(4.49)
1
λci j
+ δi j
ni ni
δij
!
L X 1 X 1
= L − δij + λi =
⇐⇒ (4.50)
λi λm λpi j ni
δi j
X !
j=0 j=1
1 − φi λ1m +L
1
+ 2Rk
j=1
λci j
uy uy uy
λx L y X λix e y
! !
1 X 1 1 X
= ⇐⇒ = ⇐⇒ λx = λi (4.51)
Rx i=1
Ri y Lx i=1
Lx u y i=1 x
ux
λ y Lx X ux
λ i y ex ux
! !
1 X 1 1 X
= ⇐⇒ = ⇐⇒ λy = λi (4.52)
Ry i=1
Rix Ly i=1
Ly ux i=1 y
122
Composites Al3 O3 /NTCs
u
1 X 1
λ=
(4.53)
u i=1
X δi j
i !
2n
(1 − φ ) 1 + 1 i
+
i λm Rk
L
λci j L
j=1
!
ni
u
1X 1 Xu X
δ j
φ= φi φ=
soit (4.54)
u u i=1 j=1 L
i=1
Puisque les résistances de contact ne peuvent pas être négligées dans des composites à
matrice céramique, le modèle prévoit donc une altération de la conductivité thermique
effective des matériaux quand la fraction volumique de particules augmente. Cette
altération pourrait se traduire éventuellement par une chute globale de la conductivité
thermique des composites, si la conductivité thermique du renfort ne permet pas de
compenser les pertes de conductivité liées à la multiplicité des résistances de contact.
123
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
L’ensemble des constantes et variables prises en compte par le modèle a été recensé
précédemment (Fig - 4.8). Le tableau 4.2 récapitule leurs valeurs (constantes) ou leurs
plages de valeurs (variables) considérées pour simuler le comportement thermique de
nos composites, et notamment ceux élaborés par « mélange ».
Afin de dégager l’influence respective des variables sur la conductivité thermique,
nous avons choisi de tester quatre valeurs différentes pour chacune d’entre-elles, dans
le cadre d’un plan d’expériences de type gréco-latin.
Constantes
Variables
Les données présentées dans le tableau 4.2 ont été choisies pour les raisons suivantes :
124
Composites Al3 O3 /NTCs
des faisceaux pourrait être bien inférieure à 950 Wm−1 K−1 . La valeur choisie est donc
à la fois optimale et réaliste.
– Le rayon équivalent des pelotes de NTC a été estimé suite aux observations MEBFEG
des suspensions de NTC et des composites denses.
– Puisque notre modèle néglige les perturbations du champ de température (dues à
l’interaction inter-particules), il est nécessaire que la concentration des renforts reste
suffisamment faible (dans notre étude φ < 8%vol). De plus, afin de pouvoir comparer
les valeurs calculées par le modèle et celles obtenues expérimentalement, il etait
indispensable de conserver la même gamme de fractions volumiques de carbone.
– La fraction volumique des pelotes par rapport à la quantité totale de carbone, a été
prise entre 80 et 95%, aux vues des observations MEBFEG.
– Les facteurs de forme des pelotes (rapport entre le grand axe et le petit axe de l’ellipse
équivalente), notés p, ont été choisis très différents les uns des autres afin de dégager
par la suite, l’impact de la morphologie des pelotes sur l’anisotropie de la conductivité
thermique.
– La conductivité des pelotes est une grande inconnue. Nous avons supposé qu’elle
pouvait soit être très basse (très faible densité), soit équivalente à des conductivités
de tapis ou de massifs de NTC [14, 178–180].
– Les résistances thermiques de contact pelote/alumine et NTC/alumine sont également
inconnues. D’après la littérature (Tab - 4.1), nous pensons qu’elles sont comprises
entre 10−9 et 10−5 Km2 W−1 . Puisque l’interface pelote/alumine est certainement moins
régulière que l’interface NTC/alumine, nous admettons également que la résistance
thermique de contact pelote/matrice peut être supérieure à la résistance de contact
NTC/matrice.
A partir des constantes et des variables définies précédemment, nous avons établi un
plan d’expériences comprenant cinq facteurs (Rkpelote/alumine , RkNTC/alumine , facteur de forme des
pelotes, λpelote et la concentration en pelotes) pouvant prendre quatre valeurs différentes.
En seize simulations (Tab - 4.3), il est possible d’apprécier l’influence de chaque facteur
sur la conductivité thermique de nos composites élaborés par la voie mélange. Chaque
calcul est réalisé pour une fraction volumique de carbone arbitraire, fixée à 4%.
125
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
n° RkNTC/alumine Km2 W −1 RkNTC/alumine Km2 W −1 Facteur p* λpelote Wm−1 K−1 %vol de pelotes
1 ! ! ! ! !
2 ! ! ! ! !
3 ! ! ! ! !
4 ! ! ! ! !
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6 ! ! ! ! !
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11 ! ! ! ! !
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14 ! ! ! ! !
15 ! ! ! ! !
16 ! ! ! ! !
T. 4.3. Série de calculs de l’étude paramétrique (plan d’expériences)
Suite à cette série de calculs, l’impact de chaque variable sur la conductivité thermique
des composites a été estimé en prenant en compte deux points pour l’analyse :
– Les écarts absolus entre conductivités calculée et mesurée pour une orientation don-
née (Fig - 4.16a),
– Et l’anisotropie de conductivité calculée (λradiale − λaxiale )(Fig - 4.16b).
D’après le graphique 4.16a, nous remarquons que l’impact des variables sur les conduc-
tivités thermiques radiale et axiale calculées, est presque toujours identique.
Dans un premier temps, en analysant conjointement les résultats présentés dans les
graphiques 4.16a et 4.16b, nous pouvons conclure d’après le modèle que :
126
Composites Al3 O3 /NTCs
– Plus la forme elliptique des pelotes est prononcée, plus l’anisotropie de conductivité
des composites est importante
– La résistance thermique de contact de l’interface pelote/alumine doit être comprise
entre 10−6 et 10−7 Km2 W−1
– La résistance thermique de contact des interfaces NTC/alumine est certainement
voisine de 10−8 Km2 W−1
Les valeurs que nous donnons ci-dessus pour chaque variable, sont le fruit d’un com-
promis qu’il a fallu faire entre un bon accord des valeurs calculées et expérimentales et
le respect du comportement anisotrope de la conductivité.
Dans un second temps, nous avons enrichi notre plan d’expériences de nouvelles si-
mulations pour affiner les valeurs optimales (Tab - 4.4).
Constantes
Variables
Chaque valeur de conductivité simulée à partir des paramètres optimaux (Tab - 4.4), a
été reportée sur le graphique 4.15. Chacune de ces valeurs est la moyenne d’une série de
10 calculs correspondant à dix tirages aléatoires différents de la microstructure. Nous
avons représenté en pointillés les courbes moyennes des conductivités simulées, pour
mieux apprécier l’accord entre les valeurs théoriques et expérimentales. Les valeurs
estimées de résistances de contacts, et de concentration, de conductivité thermique et de
127
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
F. 4.15. Simulation de la conductivité thermique radiale et axiale des composites préparés par mélange
facteur de forme des pelotes peuvent être erronées. D’une part, les approximations et les
hypothèses prises en compte dans le modèle sont une source d’erreur pour l’estimation
de ces valeurs. Néanmoins, nous ne pensons pas que cette source soit prépondérante.
La source d’erreur la plus importante est probablement liée à la mesure elle-même,
réalisée par la méthode Flash-Laser. Elle comprend :
L’ensemble de ces erreurs ne permettent donc pas d’estimer précisément les différents
paramètres pris en compte dans le modèle, mais plus d’en donner un ordre de grandeur
qui doit être cohérent avec les résultats avancés dans littérature.
128
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 4.16. Impact des variables sur la conductivité thermique et l’anisotropie (φcarbone = 4%vol)
129
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
F. 4.17. Variation des conductivités thermiques axiale et radiale en fonction des résistances thermiques
de contact (φcarbone = 4%vol)
130
Composites Al3 O3 /NTCs
131
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
132
Composites Al3 O3 /NTCs
et 40 Wm−1 K−1 (Fig - 4.16a et 4.16b). Ce résultat est en accord avec les conductivi-
tés thermiques de massifs ou de tapis de NTC publiées qui sont comprises entre 0,7
et 40 Wm−1 K−1 [12, 14, 151, 178–180]. Si la simulation ne nous permet pas de nous
prononcer sur une valeur précise de la conductivité thermique des pelotes, elle nous
permet néanmoins d’affirmer que cette conductivité n’est très certainement pas voisine
de 0,05 Wm−1 K−1 (limite basse du domaine considéré dans le plan d’expérience). En
d’autres termes, la conduction thermique de ces pelotes ne peut pas être assimilée à
celle d’une porosité.
modèle tend à prouver que l’écrasement des pelotes lors du frittage sous charge, accen-
tue l’anisotropie de conductivité des composites (Fig - 4.19). Pour un facteur de forme
√
inférieur à 100, l’augmentation de l’anisotropie semble être proportionnelle à p. Au-
delà de 100, l’écrasement de la pelote de rayon équivalent égal à 5 µm, s’apparente
à un disque plat de 50 µm de diamètre et 500 nm d’épaisseur. Dès lors, l’anisotropie
133
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
4.4 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié un certain nombre de paramètres influant sur la
conductivité thermique axiale et radiale des échantillons composites. Pour ces échan-
tillons spécifiques, les résistances thermiques de contact sont en grande partie respon-
sables de la chute de conductivité thermique. Dans l’absolu, notre modèle prévoit un
gain ou une perte de conductivité en fonction de la conductivité thermique propre à la
matrice (Fig - 4.20). Le calcul a été mené suivant les conditions optimales de simulation
(Tab - 4.4). Ce calcul montre qu’un gain de la conductivité thermique axiale et radiale
n’est enregistré que si la conductivité de la matrice est respectivement inférieure à 9,5 et
28 Wm−1 K−1 . Dans le cas de matrices possédant des conductivités thermiques voisines
de 0,5 Wm−1 K−1 (polymères), notre modèle prédit des gains de conductivité compris
entre 50 et 130%. Ces résultats sont très proches des 65 et 125% d’amélioration enregis-
trée par certaines équipes de recherche [156, 183, 184]. Bien sûr, il nous est difficile de
comparer quantitativement nos résultats avec ceux avancés dans la littérature. En effet,
dans le cadre des travaux menés sur les composites NTC/polymère, la concentration
et la morphologie des pelotes de NTC ainsi que les résistances thermiques de contact
sont assez mal connues. Néanmoins, qualitativement, notre modéle rend compte des
grandes tendances observées expérimentalement sur les différents types de matrices, à
la baisses ou à la hausses.
134
Composites Al3 O3 /NTCs
F. 4.20. Variation simulée de la conductivité thermique des composites chargés en NTC et pelotes, en
fonction de la conductivité thermique de la matrice (φcarbone = 4%vol)
parois externes des NTC et la matrice. Des études théoriques ayant mis en évidence
que la propagation des phonons dans les nanotubes est majoriairement assurée par
les couches externes des NTC, altérer la structure de ces couches détériorerait alors la
conductivité.
D’autre part, nous avons souligné précédemment (Par - 4.1.5) que le nombre de contacts
entre NTC tend à réduire le libre parcours moyen des phonons dans les NTC et par
conséquent leur conductivité thermique. L’élaboration de structures composées d’un
réseau de NTC débouchant de part et d’autre du composite (tapis de NTC inclus dans
une matrice d’alumine), assurerait un minimum de contacts entre les NTC, tout en
exploitant au mieux leur conductivité thermique longitudinale. De tels composites ont
déjà été élaborés avec des matrices polymères [182]. Le tapis de NTC synthétisé par
Yi et al. [14] est formé de nanotubes multi-parois de 30 nm de diamètre et espacés les
uns des autres d’une distance moyenne de 100 nm. La section apparente de carbone
(perpendiculaire à l’alignement des NTC) d’un tel tapis représente environ 4% de la
section totale de l’échantillon. En négligeant les résistances thermiques de contact, la
conductivité thermique d’un tel tapis dans le sens d’alignement des NTC, calculée à
partir de l’expression de la borne supérieure de Wiener (équation 4.32), est dans le
meilleur des cas de 115 Wm−1 K−1 et 44,6 Wm−1 K−1 pour des conductivités respectives
135
Modélisation de la conductivité thermique des composites NTC/Al2 O3
de NTC de 2069 Wm−1 K−1 (MWNT [11]) et 300 Wm−1 K−1 (faisceau de NTC [177]). Ces
valeurs de conductivités sont les valeurs maximales que nous pouvons espérer obtenir
sans qu’aucune interaction entre les NTC et la matrice n’implique une diffusion de
phonons [185].
Nous pouvons affirmer à présent qu’il sera difficile, voire impossible, de réaliser des
composites NTC/alumine, présentant des conductivités thermiques voisines de celle
du cuivre (400 Wm−1 K−1 ), dans le but de fabriquer des drains thermiques pour l’élec-
tronique. Les limitations liées à la physique régissant le transfert de la chaleur dans un
milieu hétérogène sont à l’origine de cette impossibilité.
136
C
Conclusion
Composites Al3 O3 /NTCs
Trois familles de composites NTC/alumine ont été préparées suivant trois méthodes
différentes : la voie des mélanges, la synthèse in-situ des NTC et l’élaboration de mul-
ticouches par coulage en bande. Chacun de ces matériaux présente une microstructure
spécifique. Ces différents composites possèdent néanmoins des propriétés physiques
proches. Bien que la fraction volumique des NTC dans ces matériaux soit suffisante à
la percolation des nanotubes, aucun de ces composites n’a une conductivité thermique
supérieure à celle de l’alumine. Nous avons remarqué que cette conductivité thermique
chute quand la fraction volumique de NTC augmente. Ce comportement a également
été observé par les équipes de Mukherjee et al. [170, 171] (matrice d’Al2 O3 ) et Huang et
al. [189] (matrice de BaTiO3 ). Cette détérioration est très certainement due à la pré-
sence de résistances thermiques de contact localisées aux interfaces renfort/renfort et
renfort/matrice céramique.
La dernière partie de notre travail a eu pour objet de comprendre le rôle des renforts et
des résistances thermiques de contact associées, sur la dégradation de la conductivité
thermique des composites, en fonction de la fraction volumique des NTC. Une modéli-
sation de type numérique a donc été proposée. Les principaux résultats de cette étude
théorique sont :
139
Conclusion
140
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149
A
Les travaux de Flahaut et al. [45] ont également montré que les diamètres des parois
internes et externes des NTC sont majoritairement comprises entre 0,5 et 2,5 nm.
Pour simplifier les calculs de la masse volumique théorique, les nanotubes sont suppo-
sés de structure « armchair » (n,n). Nous considérons alors trois familles de NTC qui
répondent assez bien aux observations de Flahaut et al. :
(5,5) 0,678 nm
(10,10) 1,356 nm
(15,15) 2,034 nm
T. A.1. Rayons théoriques de NTC mono-parois, si la distance inter-atomique (dc−c ) est de 0,142 nm
Le calcul des rayons théoriques des SWNT (Tab - A.1) et le nombre d’atomes contenu
dans une maille élémentaire (plus petite tranche de NTC périodique suivant l’axe du
tube : Fig - A.1a) peuvent facilement être calculés à partir des indices (m,n), dans un
plan de graphène (paroi déployée de nanotube : Fig - A.2). Notons que pour les NTC
de type « armchair », la hauteur de la maille élémentaire, notée h, est :
√
3
h= dc−c (A.1)
2
153
Calcul théorique de la masse volumique des NTC
Sur un plan de graphène (Fig - A.2), à partir des indices(m,n) et des vecteurs unitaires
a~1 et a~2 il est possible de tracer le vecteur C~n (m a~1 + n a~2 ) dont la norme est en fait la
circonférence des NTC. De plus, il nous est facile de compter manuellement ou par le
calcul, le nombre d’atomes par maille élémentaire (Fig - A.1a) :
Un atome de carbone est localisé à chaque noeud, mais seulement 50% de son « vo-
154
Composites Al3 O3 /NTCs
lume » (modèle des sphères dures) est contenu dans la maille élémentaire : le reste
du volume appartenant à la maille élémentaire adjacente. Ainsi, le nombre effectif
d’atomes de carbone contenu dans une maille élémentaire d’un SWNT (10,10) est de
20 atomes.
– Par le calcul : la maille élémentaire peut être divisée en un nombre entier de structures
périodiques identiques (Fig - A.1b) composées chacune de deux atomes effectifs. La
longueur de cette structure est égale à trois fois la distance interatomique dc−c , à savoir
0,426 nm (pour dc−c = 0, 142 nm). Le calcul permettant de trouver le nombre effectif
d’atomes contenus dans une maille élémentaire, est alors :
C~n
Nc = 2
(A.2)
3 dc−c
Dans le cas bien précis des NTC de type « armchair » d’indice (n,n), la norme du
vecteur C~n est égale à :
C~n
= 3 n dc−c (A.3)
En fonction des trois structures élémentaires de NTC ((5,5), (10,10) et (15,15)) retenues
pour le calcul théorique de la masse volumique, nous supposons que les nanotubes
mono, bi et triple-parois sont susceptibles de présenter alors les structures suivantes
(Fig - A.3) :
Notons par ailleurs, que d’après les diamètres calculés de chaque NTC (Tab - A.1) la
distance inter-parois dans les double et triple-parois est estimé à 0,34 nm. Cette dis-
tance est bien conforme aux observations jusqu’à présent rapportées dans la littérature,
155
Calcul théorique de la masse volumique des NTC
notamment par Sumio Iijima [4] (distance comprise entre 0,34 et 0,40 nm).
Enfin, pour chaque groupe de NTC (mono, bi et triple-parois), nous avons calculé le
nombre effectif d’atomes contenu par maille :
(5,5) 10
(10,10) 20
(15,15) 30
(5,5)@(10,10) 30
(10,10)@(15,15) 50
(5,5)@(10,10)@(15,15) 60
T. A.2. Nombre effectif d’atomes compris dans la maille élémentaire de chaque famille de NTC
156
Composites Al3 O3 /NTCs
Nous admettons que chaque famille de NTC (mono, bi et triple-parois) est assemblée
en faisceaux constitués de sept nanotubes, au minimum (Fig - A.4).
Nous définissons alors un volume élémentaire périodique. Ce volume est défini par la
surface (a x b : Fig - A.4) contenue dans la section du faisceau, et la hauteur h, avec :
2 Nc mc
ρ(mono, bi ou triple−parois) = √ 2 (A.7)
3 h DeNTC + δNTC
157
Calcul théorique de la masse volumique des NTC
4 Nc mc
ρ(mono, bi ou triple−parois) = 2 (A.8)
3 dc−c DeNTC + δNTC
Avec mc = 1, 99431.10−23 g, dc−c = 0, 142 nm et δNTC = 0, 315 nm, nous obtenons finale-
ment après les applications numériques :
(5,5) 10 0,678
Mono-parois (10,10) 20 1,356 1,42
(15,15) 30 2,03
(5,5)@(10,10) 30 1,356
Bi-parois 1,85
(10,10)@(15,15) 50 2,034
Dans le calcul des masses volumiques moyennes rapportées dans le tableau A.3, nous
avons supposé que l’existence de chaque structure au sein d’une même famille de NTC
(mono et bi-parois uniquement) était équiprobable.
Finalement, en connaissant les masses volumiques moyennes de chaque famille de
NTC, ainsi que leur population, nous sommes en mesure d’exprimer la masse volu-
mique globale des NTC extraits (masse volumique utilisée également par la suite pour
les NTC synthétisés par croissance in-situ dans la matrice d’alumine corindon) :
Soit :
ρ(NTC) ≈ 1, 8 g.cm−3 (A.10)
158
A
B
Estimation de la fraction volumique de NTC à partir
de la fraction massique
Composites Al3 O3 /NTCs
Si nous posons :
– φm
p : fraction massique de la seconde phase
φm
p mp V T ρp Vp Vm + Vp ρp φm
p
= = mp = Vm + V p (B.1)
φpv
mT V p Vp mp
φm
p
m
Puisque Vm = mρmm et que Vp = ρpp l’égalité (B.1) devient :
φm ρp φm ρp m mm ρ p m mT − mp
! !
p p mm mp
= + = φm + φp p +
= φm φ (B.2)
φvp mp ρ m ρp p
ρm mp ρm p mp
Soit finalement :
φm
p ρp
= φm
p + 1 − φm (B.3)
φvp ρm p
La relation (B.3), nous permet donc de calculer la fraction volumique de NTC (seconde
phase) à partir de la fraction massique de nanotubes présente dans le composites φmp ,
ainsi que des masses volumiques de la matrice ρm et des NTC ρp . La fraction mas-
sique des nanotubes est connue par les analyses de CHN (Carbon Hydrogen Nitrogen)
et la masse volumique des NTC est estimée à 1,8 g.cm−3 (annexe A). La masse volu-
161
Estimation de la fraction volumique de NTC à partir de la fraction massique
mique de la matrice est égale à 3,98 g.cm−3 lorsqu’il s’agit de l’alumine (composites
élaborés par mélange). Dans le cas des composites synthétisés par croissance in-situ, la
matrice est un cermet alumine-fer dont la fraction volumique du fer métallique dépend
du taux de substitution des atomes d’aluminium par les atomes de fer dans la solution
solide initiale Al2−2 Fe2 O3 .
fer
nAl2 O3 MAl2 O3
VAl2 O3 ρAl2 O3 ρFe nAl2 O3 MAl2 O3
φvAl2 O3 = = = (B.5)
VFe + VAl2 O3 nAl2 O3 MAl2 O3 nFe MFe ρFe nAl2 O3 MAl2 O3 + ρAl2 O3 nFe MFe
+
ρAl2 O3 ρFe
162
Composites Al3 O3 /NTCs
Si :
– ρFe = 7, 86 g.cm−3
– ρAl2 O3 = 3, 98 g.cm−3
– MFe = 55, 85 g.Mol−1
– MAl2 O3 = 101, 96 g.Mol−1
Nous obtenons dans les conditions stoechiométriques (B.4) :
T. B.1. Masses volumiques de la matrice alumine-fer obtenues après réduction des solutions solides
Al2−2 Fe2 O3
163
A
C
Comment quantifier l’état de dispersion des sus-
C.1 Le Box-counting
Le box-counting est une méthode qui nous permet de quantifier l’état de dispersion
d’objets, ici en suspension aqueuse. Son principe repose sur l’étude de la dispersion
des centres de masse (des objets) calculés par analyse d’images.
(a) Cliché d’une suspension aqueuse de NTC (b) Image obtenue après seuillage du cliché
(c) Localisation des centres de masse des objets (d) Comptage du nombre de centres de masse par
(interstices entre les amas de NTC) et partage de « boîte »
l’image en 15 « boîtes »
L’écart-type (noté σ) du nuage de points obtenus sur le graphique C.1c après comptage,
caractérise en-fait l’état de dispersion des centres de masse. Plus cet écart type est faible,
plus la dispersion des centres de masse est homogène.
167
Comment quantifier l’état de dispersion des suspensions aqueuses de NTC ?
Le logiciel de traitement d’image ImageJ permet de mesurer le périmètre total (P) des
objets ainsi que leur diamètre équivalent moyen (D).
Un bon état de dispersion des amas de NTC est caractérisé par un grand périmètre total,
un petit diamètre moyen et un écart-type σ (dispersion des centres de masse) faible.
Avec ces trois grandeurs issus du traitement d’image d’un cliché de suspension, il nous
est possible de construire un nombre sans dimension (ξ) qui permet de « quantifier » un
état de dispersion global des NTC :
P
ξ = (C.1)
Dσ
D’après l’expression (C.1), nous remarquons que plus le nombre ξ est grand meilleur
est l’état de dispersion des amas de NTC.
168
A
0 34,02 ± 1,39 -
1,89 32,46 ± 0,49 29,49 ± 0,95
Mélange 3,80 31,52 ± 1,87 26,66 ± 0,82
5,74 31,61 ± 1,03 22,25 ± 0,67
7,70 30,45 ± 1,42 19,96 ± 0,91
0 35,08 ± 1,47 -
1,69 - 34,07 ± 1,81
2,42 - 33,53 ± 1,34
In-situ 2,91 - 32,92 ± 0,93
3,89 - 31,79 ± 1,56
14,26 18,46 ± 0,18 17,50 ± 0,14
18,15 17,78 ± 0,24 15,82 ± 0,19
19,40 17,31 ± 0,16 16,03 ± 0,37
19,90 17,49 ± 0,17 16,44 ± 0,30
171
A
E
Calcul de la conductivité thermique des faisceaux
de NTC
Composites Al3 O3 /NTCs
Nous admettons d’une part que les NTC sont regroupés en faisceaux de rayon R et de
longueur L et peuvent être schématisés par un rectangle. D’autre part, la conductivité
thermique du faisceau est fonction de son orientation (angle α) par rapport au flux de
chaleur. Tout au long de cette annexe, nous étudierons le cas particulier où le flux de
chaleur est colinéaire à l’axe y du repère (x,y) dans lequel le composite (et localement
chaque faisceau de NTC) est défini. Bien sûr, le raisonnement permettant d’exprimer la
conductivité propre des faisceaux est strictement identique lorsque le flux de chaleur
traverse le composite suivant l’axe x.
Nous avons différencié quatre situations différentes d’orientation des faisceaux (Fig -
E.1), par rapport au flux de chaleur qui se propage suivant l’axe y (dans notre exemple) :
π
(c) π − β < α < β : λNTC = λaxiale (d) α = 2 : λNTC = λaxiale
F. E.1. Orientations possibles (α ∈ [0; π]) des faisceaux de NTC par rapport à l’axe y suivant lequel
se propage le flux de chaleur
175
Calcul de la conductivité thermique des faisceaux de NTC
L
β = arctan (E.1)
2R
F. E.2. Hypothèse initiale : la conductivité thermique des faisceaux croît linéairement avec la distance
parcourue par le flux de chaleur
(λaxiale − λradiale )
∆ = 2R
− 2R (E.2)
cos(β)
176
Composites Al3 O3 /NTCs
De plus, la distance parcourue par le faisceau pour tout angle α est égale :
2R
δ= (E.3)
cos (α)
D’après le graphique E.2, et les équations (E.2) et (E.3), la conductivité thermique des
faisceaux en fonction de l’angle α (α ∈ [0; π]) s’écrit :
λradiale + ∆ (δ − 2R) si α ∈ 0; β ∪ π − β; π
λNTC =
λaxiale si α ∈ β; π − β
Soit finalement :
(λaxiale − λradiale )
!
1
λradiale + si α ∈ 0; β ∪ π − β; π
−1
cos (α)
1
− 1
cos(β)
λNTC =
λaxiale si α ∈ β; π − β
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