Mihaescu La Romanite Dans Le Sud Est de L Europe 1993
Mihaescu La Romanite Dans Le Sud Est de L Europe 1993
Mihaescu La Romanite Dans Le Sud Est de L Europe 1993
ro
A la difference de 1a romanite occi-
dentale, qt. i a ubi d influ nces ger-
maniques tarabe , mai a mi eux re-
. i te, re tant plu homogene, la roma-
nite ori ntale a du affronterunepre ion
beaucoup plu forte, fai ant pla c des
coloni ations ma i es d'origine g rma-
nic;u , la\ e, magyare ou turque, 'tant
parti llement di loquee t ' mi cttec t
perdant son unite ini tialc. pr ce u
historique a u pour resultat la gen
des peuples et des langu mod rn
de celte partie de l'Europe t il repre-
ente une etape particuli ' r m nt im por-
tan t pour la recherche sci ntifiqu , un
compl xe riche n action t interactio
nom breu es , une entite p' ifique, sou-
vcnt difficile a pour ui re et a xplici-
te r, vu le rn anque d our es d'informa-
tion , mai d'aut ant plus attra tive et
nstru tiv .
ISDN 973-27-0342-3
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LA ROMANITE
DANS
LE SUD-EST DE L'EUROPE
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H. M IH Ă ESC U
LA ROMANITE
DANS
LE SUD-EST DE L'EUROPE
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Traduit du roumain par
Cirenşa Gr<'erseu
ISBN 97 3-27-03"12-3
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TABLE DES MATIERES
PREFACE 9
I. INTRODUCTIOX, §§ 1- H 13
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6
VI. L.\ LlT rEn \TURE D\'Z \ \'Tl~E. sounr:E nE CQ\'\".\ISS.\XCE DU 1..\TIN
\'ULG.\IRE . . • • . . . . . • • . . • • • • . • • • • • • • • • • • • 334
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7
§ 329 Les debuts de l'inf!uence latine sur les langucs slaves, 430; § 330
Historique de la recherche, 430; §§ 331-335 La methodologie de la re-
cherche, "'133; §§ 336-351 La tcrmir.ologie chretirnne, "'135; §§ 352-
361 La terminologie des croyances et coutumes populaires, 448; §§
362- 376 La terminologie de la culture materielle, 455; § 377 Termes
latins ou dalmates en serbocroate, 464; § § 378- 384 Generalites sur les
termcs d'origine latine des langues sla·1es meridionales, 465.
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PREFACE
les chapitres VII. Les elements latins des langues slaves meridionales et VIII.
Conclusions devaient parachever l'ounage.
Afin que celte remarquable entreprise commencie et mm/c si loin par
H. Jfihăescu ne soit pas perdue; afin qu'u11e sy11tlzese d'une telle i111f1orta11ce
par s.i 11ouvea11ti, son utiliti et ses dimmsio11s, fruit du labenr et de la pensie
de tant de longues a1111ies ne reste pas en fin de compte, bien quc si proche de
so11 p,!racltevement, 11n simple projct ci mettre en amvre on ne sait qzrnnd et oz't;
afin qn' au moi ns arrii 1ies a ce poi:nt-la les choses ne restent pas e11tiereme11t
au gri des circonsta11ces et du desN11, lfs aute11rs de celte Preface, G. Ivănesctt
(l'u11 de ses vieux amis) et Doru .Uihăescu ( son f ils) 011t assmne la tâche dif-
ficile de continuer et achever le travail. Ce pcndcmt que Doru Jf iluiescu a pris
la reki,1e en continuant le sous-chapitre sur le le xique d' origine latine hiriti par
la la11gue roumainc, ainsi qu'en dressa11t /'Index et la Bibliographie de ce livre,
G. Ivănescu a ecrit les sous-chapitres qui traz'.te11t des clbnents autochtones, vieux-
slavcs et d' m.itres origines du roumain, de mcme que le clwpitre portant sitr les
eliments latins des langucs slaves miridionalcs. La redaction du sous-chapitre
sur le lexique d' origine latine en. roumain et celle du chapitre portant sur les
elimmts /atins des langues slaves miridionales reposent sur le matiriel prepari
par l'auteur. D'autre part, G. IvJ11esrn di:sposait deja d'11ne co11tribution qu'il
avait icrite preccdemment sur les iliments /atins et roumains releves dans les
langues slaves miridio11ales, contribution qu'il a reprise ct enrichie grâce aux
matiriaux rcunis par II. Milti'iescu. En outre, s'it1rnt avere impossible de se-
parer lcs eliments lati11s des /clngues slaves mirid1:onales des eliments /atins
entres dans les langues slaves du nord, Mritieres elles aussi d' iliments latins
du S1td-Est europem, il a fallu tenir compte de ce genre d'empruuts, sans qu'on
ait eu a faire mention du phinomene dans le titre meme du cliapitre respectif;
celui-ci est, m effet, demeuri inchange, puisque la grande majoriti du matiriel
etudii SC rapporte a11x langues slavcs miridionales. Pricisons a ce propos que
dans ce cas-la, tout comme en gi1ieral du rcste, les mots des langues apparenties
avec celles directement concernies par cel ouvrage, 1110/s me11tiom1es pour rendre
plus i1itelligible la situation du Sua-Est e1tropcm dans un contexte plus vaste,
ne s'accompagne11t pas toujours d'explications sur leur ancienneti ou leur dis-
tribution dialectale.
Quant aux Conclusions d1t livre, mms avons estime que la meilleure solu-
tion itait de reproduire sous cc.: titre presque integralcment deux contributions
de H. Mihăescu sur la romanite sud-est europeenne, elabories a l'epoque ou
l'crnteur avait deja redige 1me partie du prisent om.•rage, alors que son materiei
etait ent1:eremmt reuni et quc sa vision d'e11scmble etait sansdoute cristallisee. Il
s'agit de ses Remarques sur la romanite du Sud-Est de l'Europe (14Zbornik it
cast Petrzt Skoku »,Zagreb, 1985, p. 325-330) et Romanitatea din Sud-Estul
Europei («Memoriile Secţiei de Ştiinţe Filologice, Literatură şi Arte », seria a
IV-a, t. VI, 7984, Bucureşti:, 7985, p. 725-729).
E n acltevant le travail de H. lvf ihăescu, notts avo ns tâchi de respecter
non seulement son plan general, mais aussi, dans la mesure du possible, ses
idies et conceptions, telles qu'ellcs se degagent du texte deja ridige par lui et
de la documentation reunie par ses soins pour l' ouvrage tout entier, ainsi que
de ses ctudes et articles pnblies auparavant. Le propos des signataires de ces
lignes fut d' affecter le moi ns possible l'unite de l' oztvrage; procider de la sorte
ne leur a pas sembli, d' ailleurs, difficile car ils partagent les theses de l' auteur
et considerent le plan dresse par lui comme parfaitement confu. Ce plan vise
la presentation suivant uii ordre cltronologique des faits, a commencer par les
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Preface 11
eliments ·latins de l' albanais, la langue dalmate et le dialecte istrien et jusqu' aux
eliments latins des langues slaves meridionales, en se rapportant sans cesse a
des aires plus vastes, pour abou(.ir a une meilleure integration deces eliments
dans le temps et dans l'espace. .
Vu l'intention de l'a11tc11r d'ejouter a cc lirre sept cartcs, 1lOUS a-uons
insire dans le volume les cartes que nous avons jugecs les plus aptes a micux
illustrer son con tenu. Trois des cartcs en question sont reproduites d' apres celles
deja pubZiees par H. 1-U ihăcscu, a sa·voir: les cartcs des provinces sud-est euro-
peennes aux 1er-111e sieclcs et aux IVe-Vl' siecles, publiees dans La langue
latine dans le Sud-Est de !'Europe ( p. 43 et 48) et celle du territofre de langue
latine du Sud-Est de l' Europe, parue dans l' ouvrage Limba latină în provinciile
dunărene ale Imperiului Roman (carte n° 3). Dans le cas de cettc derniere carte,
tious nous sommes permis d' a jouter une quatrieme ligne de de11wrcaf1"on mtre
les inscriptions latines et grecques (ligne qui rejlete la situation actuelle et qui
tient cornpte, comme de juste, de la preseance sur des amplcs espaccs de l'une ou
de l' autre des categories d' inscripho11s, sans s' arreter aux situat1'011s partfruheres
du genre des enclaves locales, comme, par exemple, lcs îlots latins de NI aced01"ne
et meme d'Achaie et d'Epire ou les îlots grecs de .iYfropolis ad lstrum, !Yf ar-
cianopolis oit des anciennes colonies grecques du nord du littoral occidrntal de
la Mer Noire (Odessos, Callatis, Tomis, etc., voir H. Nlihăescu, Lg. lat., p.
74-86, 147, 150, 151, 152, 153), ainsi que la frgne delimitant la romanite
occidentale de la romanite sud-est europeenne, telles qu' elles resultent des ouvrages
cites de H. Mihăescu, ainsi que du present ouvrage. Les quatre autres cartes ont
ete dressees par nos soins, en nous fondant sur les cartes et les sources d'injor-
mation mentionnees dans la liste finale.
Il est a supposer que l' auteur aurait aime a 'dedier son livre ( comme il
l' avait fait des deux versions consacrees a la langue latine) a la memoire de son
maître, le professeur Alexandru Philipp1"de de l'Um'i•ersite de I aşi (1859-1933 ).
Ce n'est qu'une supposition, mais de toute fa~on il nous est interdit de le faire
en son norn. Ce que nous pouvons jaire, cn re·uanche, c'est de considirer 11otre
contribution au present 'i.:olume comme un premier et modeste hommage au sou-
venir du, pere excellent, de l' ami d' exception, du distingue et injatigable erudit
qui fut le projesseur Haralambie li1 ihăescu.
fcvrier 1987 G. IVĂNESCU, DORU MIHĂESCU
*
Avant que le texte integral du present ouvrage soit envoyc sous presse,
le projesseur G. Ivănescu s'est etei"nt lui aussi {t Iaşi.
Le destin et les circonstances firent q11e Ies vies des dcux amis, a1l(icns
etudiants et cnsU1.te projesseurs a l' Universdc de I aşi, rcstent a jamais liees,
pendant les beaitx jours prosperes tout comme pendant les lzeurcs desolics, et
cela bicn qu'a un moment donnc, pour des raisons independantesde leur volante,
ils aient developpe leur actit•ite scient(fique da11s d' autres villes roumai"nes, en
tant que representants illustres de la prestigieuse ecole de linguistique do11t
la capitale moldave s' enorguiellissait a l' epoque.
Quelques mots encore pour remercier tous ceux qui par leur travail, leur
pensee ou leur parole ( et parfois de la f aţon la plus originale) nous ont appuye
et encourage au cours de ces annees, guere faciles, consacrees al' achei•ement
de cette entreprise.
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12 H. Mihăescu
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I. IXTRODUCTION
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il.4 H. Mihăescu
1 A l'exception de la zone mixtC' du ~ud de> l'Albanie et d'une airr. restreinte (un coin)
du sud-ouest <le la Yougosla·1ic, cette frontiere approximati·1e suit la frontiere ele Petar
Skok (voir ci-.dessous § 249).
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Introduction 15
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16 H. ~Iihăescu
Ies, qui se sont averees decisives pour la naissance des langues romanes. Mal-
heureusement, nous disposons de trop peu de sources tant ecrites que non
ecrites pour l'Europe du sud-est aux Vlle-xe siecles, ce qui explique ~es
difficultes que nous rencontrons dans l'etude de l'ethnogenese des Roumam_s
et des Albanais. C'est pourquoi une monographie d'ensemble sur la romam-
sation et la sun·i\·ance de la langue latine dans ces regions peut suppleer
la carence des sources historiqucs.
5. Tâchons maintenant d'esquisser brievement le processus de roma-
nisation a partir de la diffusion des inscriptions latines. La zone de cOte de
la Dalmatic comprise cntre Tcrgeste (Trieste) et la bouche du Drin a tou-
jours ete en relations etroites a\'ec l'ltalie. Les Alpes Dinariques la separaient
de la partie orientale de la Peninsule Balkanique, cependant que la )fer Adria-
tique la rapprochait du monde grec et de l'Europc centrale. La cOte dalmate
etait toumee \'ers !'Occident el ellc a appartenu pendant un certain temps
a l'Empire d'Occident. Sur Ies pres de 8000 inscriptions qui s'y trou\'ent,
plus de 7000 sont situecs sur la câte et dans Ies iles; le reste a ete decouwrt
dans J'interieur des terres ct sur une bande etroitc le long des montagnes,
mais pourtant non loin de la mer. Les localites a population romanisee de
la câte dalmate etaicnt proches Ies unes des autrcs, sur un territoire relati-
\'cmen t 1imite.
Les pro\'inn·s de :\oriquc C't de Pannonic s'etendaicnt au nord jmqu'au
Danube, tandis qu'au sud elles s'appuyaicnt sur Ies \'allfrs de la San· d de
la Uran', affluents <lu Danube. Les deux proYinccs etairnt comprises dans
le bassin du Danube et ctaicnt en liaison, d'unc part, a\"l'c l'ltalic et l'Europe
centrale, d'autrr part <l\'l'C le bassin du Bas-Danulie et l'Asic :\lincure. Sur
Ies 7200 inscriptions, prt'·s <le 3000 se trouwnt dans la partie sud ct le reste
dans la partie nord, la plupart sur la ri\'e droite du J)anubc. La rC:·partition
geographique des inscriptions est assl'Z homogenc, c'est-a-dirc qu'ellc ne
comportl' ni de ţ..rrandcs agglomerations, ni des \'idcs importants, a l't·xcep-
tion dl's zones pt~riphl'Ti<]lll'S. Les proYinccs de :\orique d de Pannoni•.' con-
\'tT;:•·aicnt n·rs le lbnube, tout ('11 st• trom·ant L'n liaison l'·troitc an·c !'Ita-
lic. Elks ctail'nt eloignecs du mond(· grec l't n'a\'aicnt pas acces a la mer.
Les loc;ilites qui ont line k plus d'inscriptions sL' trom·cnt le plus '."Ouwnt
sur le lhnulw: Aquiw11'.11 10-Buda), Carnutium (Pctroncll) et YinJobona
(\\"irn, a\·,·c \\'i('ncr \l'ustadt). Sur lt' territoire de l' ..\utrich(' on cloit mcn-
tionncr: Virunum (Zollfeld, dans Ic Steicrmark) ct )fatucaium (Trcihach,
au nord-est de Klagenfurt).
Les regions a inscriptions <lu bassin inferit·ur du Danubc compr(·naimt
un territoir~ d'em·iron 300 OOO km 2 , ayant pour axe central le grand fleu-
ve. La :\fes1c Superil'urt· colncidait a\·cc le bassin de la )for:l\"a, affluent du
pam~lw_: dk faisait la liaison cntre la )fer Egec ct la \'allec du Danube. Les
mscnpt1ons de L: :\f esic Supcricurc se repartissent de maniere egale du sud
au nord ct ont lcur centre de gra\'itation sur le Danube. La Mesie Infericure
etait compris~ entn· Ies monts Hacmus ct le Danube jusqu'au Pont Euxin;
elle const1tua1t unt' hande de tcrrain a l'agriculture florissante. Toutes Ies
riviercs de la Dacic C-taient des affluents directs ou indirccts du Danube.
Ainsi, Ies trois pro\'inces romaines de )fesie Superieurc, Mesic Inferieure et
Dacic s'appuyaient sur le Danube. Dans ces regions, le Danubc trtinTsait
un large tcrritoire de langue latine gui, au III" sieclc, s'etcndait de Scupi
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Introduction 17
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18 H. ~lihăescu
roumaine ct celui qui est a la base des langues romanes d'Occiclent il existe
un~ fente, une <li:;continuite nettc, explicable par le fait qu'il s'est infiltre
cntrc cux unc masse <.illoglosse. En echange, le latin des pro\·inces danubien-
nes ct sud-est curopcennes a maintenu le contact aYcc l'Empire byzantin,
qui a utilise le latin commc langue officicllc d'Etat jusqu'au debut du Vllc
sieck La population ronnnisee des regions du Bas-Danube a adopte un chris-
tianisme de forme latiw'. Pt non pas grecque; elle a ete en contact plus etroit
a\"ec l'administration L~:zantine et a employe des mots inconnus en Occi-
dent. Ainsi, co11;.:mtus dL·,·icnt en Occident « couvenl »; en Orient, en rou-
main w<.·i11t <1 mot, discussirm 1>, "n albanais kuvent, kuvr:nd, en neo-grec
zou~EV"t":l <1 conversation, parole, discours, langagc ». La languc roumaine,
qui s'est formee aux confins de l'empirc, a mieux conscITe la tc1minologie
militai re d'origine latine: *a11ta11ms > i11tîi «premier», ;:igilart· > 11egi1ra et
pen:igilare > priveghea <1 veiller, suITeiller », =aba > =a, pl. :ale « cuirasse ».
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Introduction 19
'Ş. A en juger par son etendue et son intensite de vie, il est permis d'af-
firmc"i que la romanite sud-est europeenne constituait, a cote de l'Italie, de
la Gaule ct de l'Espagne, l'un des quatre piliers principaux de la romanite.
C' est par son territoire que passaient Ies grandes routes reliant l' Italie et
l'Europe centrale a l' Asie Minet~re et a la 1\Ier Egee; puis, a un certain mo-
ment de l'histoire, le bassin du Bas-Danube est devenu le centre de gravita-
tion de la defense romaine. Cependant, construit par eiapes, au cours de
plusicurs siecles, !'edifice de cette romanite n'etait pas uniforme, mais com-
premiit au moins six zones differentes qui sont, dans l'ordre chronologique
de leur formation, Ies suivantes: 1. la zone des elements la tins de l'albanais
qui y· ont penetre petit a petit durnnt presque huit siecles, entre la conqnet~
de la :Macedoine et la venue des Slaves; 2. le latin de la cote ct de iles de l' A-
dria'.tique' qui est a la ba se de la langu e dalmate; 3. le latin de la peninsule
d' Istiie et de la Pannonie; 4. le latin de la Mesie et de la Dacie, qui est a
la base de la langue roumaine; 5. la zone d'inflnencc latine du grec byzantin,
ave.t ses echos dans le neo-grec; 6. Ies elements }atins des langues slaves me-
ridionales.
Le territoire actucl de l'Alb:.tnie est tombe sous la domination romaine
a la fin du JIP' sieclc av.n.e. La langue latine y a exerce son influcnce durant
presq~e mille ans, jusqu'au debut du VIII'" sieclc <le n.e. La l\Ier Adriatique
et l'aitere de communication bien connue nommec ·uia Egna!ia, qui reliait
l'Ifa.lie a Byzance et a l'Asie Mineure, ont favorise la circulation aussi bien
des. hommcs que des idees, non sans laisser des traces importantes dans la
lang:ue parlee par Ies ancetres des Albanais. La langue albanaise d'aujourd'hui
compte environ 600 mots d'origine latine, dans tous Ies domaines d'activite,
au point que l'albanais etait considere a un moment donne comme une lan-
gue. mixte, a moitie romane. Mais cette affirmation, par trop categorique, a
ete attenuee par la suite et finalement ecartee; aujourd'hui, I' origine inclo-
europeenne de l'albanais n'est plus contestee par personne. Il n'en reste pas
moiiis que l'influence du latin a ete de longue dun~e, stratifiec en couches
successives qui peuvent etre classees chronologiquement avec une certaine
approximation. Certains elements latins de l'albanais ont un caractere plus
archa1que qu'en toute autre langue romane, d'autres occupent une position
inte.rmediaire entre le dalmate et le roumain; certains d' en tre eux a ttesten t
des rapports avec !'Occident, alors que d'autres (85) ne se sont rnaintenus
que dans la langue albanaise. L'analyse des emprunts au latin montre que
l'influence de la culture romaine s'est exercce sous Ies formes Ies plus variees,
dans fous Ies dornaines du lexiquc, c'cst-a-dire: la naturc ct l'e1H"ironnement,
l'espace et le temps, la metallurgie, la flore d la faune, Ies parties du corps,
l'habitation, le chauffage et l'eclairage, Ies outils, l'agriculture, la peche. la
navigation, Ies poids et mesures, Ies recipicnts, le tissage, l'habillcment, la
chaussure, Ies objcts de parure, Ies armcs, Ies mcdicaments, l'organisation
sociale et politique, l'activite spirituelle, la religion et le calcndrier, rnfin
dans la sphere des substantifs abstraits, des adjectifs, des ,·erbes, des parti-
cules et des suffixes. En general, Ies emprunts c:u latin conserves dans la lan-
gue albanaise sont orientes vers !'Occident ct ne confirrnent pas l'hypothese
formulee autrefois selon laquelle Ies ancetres des Albanais auraicnt vecu a un
moment donne en une etroite symbiosc avec Ies ancetrcs des :Roumains.
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20 H. Mihăescu
10. La langue dalmate, qui a disparu a la fin du XIX" siecle, avait des
traits archaiques tout comme la langue sarde ou certains elements !atins de
l'albanais. Le caractere conservateur du dalmate s'explique en partie par
son isolement relatif, par ses rapports relativement faibles avec l'Italie et
l'interieur du continent. L' Adriatique etait dans l'antiquite et pendant le
haut moyen âge une mer presque ferrnee, donc a faible circulation; quant a
la circulation sur tern'. Ies grandes voies de circulation de l'ernpirc evi-
taient la Dalrnatie, pays montagneux et pauvre. La languc dalmate a laisse
de nornbreuses traces dans la toponymie et le lexique serbo-croatcs. Ces tra-
ces ont ete surtout etudiees par Ies specialistes croates et italien~. comme Pe-
tar Skok, Matteo Bartoli, Mirko Deanovic, Carlo Tagliavini, Zarko Mulja-
cic ct autres. La romani te dalmate a ete nommec u romani te maritime• et
celle du hassin du Bas-Danube « romanite continentale». Elles different beau-
coup l'une de l'autrc: en fait, le dalmate se rapproche du systeme des dia-
lcctes italiens, alors que le roumain reprcsente une entitc en soi.
Le latin a surn~cu dans quelques villages du sud-ouest de la peninsule
d'Istric, dans le dialecte istriote ou istro-roman, pres de la viile de Pola.
Ce dialecte ct le dalmate ont conserve certains caracteres archaiques com-
muns, mais l'istriotc a adopte aussi certaines innovations venues de l'ouest
par l'intcrmediaire des parlers du Frioul; il a eu par consequent des rapports
etroits avec Ies dialcctes italiens et fait partie de leur systeme. L'istriote re-
prescnte l'evolution directe de la languc latine parlec cn Istrie et possede
par ce fait une seric de traits specifiques; longtcmps menacc de disparition
cn raison de l'influencc rnassi\·c du dialecte venitien, ii s'cst maintcnu pour-
tant jusqu'a present dans une aire rcstreinte.
En SlO\·enic ct en Pannonic on a decouvert de nombrcux ,·estigcs ro-
mains et 7200 inscriptions latincs. Cest par la que passaient les grande~ voies
de communication de l'Empire romain rcliant l'Italic, l' Espagne et la
Gaule a l'Asic Mincure et a la Mer Egec. l 'n grand nombre de troupes ro-
maines tcnaient garnison le long du Moycn-Danube et Ies coionies romaines
de la region sont longtcmps demeurecs prospC:·res. Dans cettc aire puissam-
ment romanisfr îl s'cn est fallu de peu que naissc unc langue romane par-
ticuliere, a savoir le pannonien, si Ies conditions de vie creees par la migra-
tion des peupies ne l'avait empeche. Apres le depart des Homains a la fin
du IV" siecle, ccs regions furent occupees par Ies Huns, puis, pendant trois
si~cles, par Ies A.Yars ct Ies Slave~; ct pourtant, en 896, lors de la venuc des
Magyars, iI existait encore une population romane, ainsi que l'affirme le
specialiste hongrois ]. ~Ielich dans un ouvrage fonde sur l'etude des sources
historiques et de la toponymie 2.
11. Le latin qui fut a la base de la langue roumaine etait parle sur un
territoire aussi etendu que l'Italie, represente par Ies provinces romaines de
Dac ie et des dcux Mesies (Inferieure ct Superieurc). Cette a irc conserve de
nombreux vestig1's archeologiques romains et plus de 6000 inscriptions lati-
nes. La population de langue latine disposait a la fois de vallees fertiles pour
sa subsistance, mais aussi de montagnes et de fore~s ou elle pouvait s'abri-
tcr en cas de dangcr. San centre de defcnse etait sans aucun <loute Ies Car-
pates. Elle fut gravement eprouvee par Ies migrations des peuplcs du VII"
2
Ho11foglaldskori 1Uagyarors:dg (La Hongric au tcmps de la colonisation), lludapest.
1925.
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I ntrocluction 21
au IXe siecle, mais elle s'est maintenue a\·ec tenacite et n'a cesse de s'eten-
dre au-dela de son aire initiale: une partie s'est detachee d'elle et s'est de-
placee vers le sud, jusqu'aux Monts du Pindc, en Grece, donnant naissance
au dialecte aroumain ou macedo-rournain; une population rornanisee est
mentionnee par Ies sources byzantines de la fin du xe siecle entre Ies lacs
Prespa et Ohrid; une autre branche de la romanite du Bas-Danube a cons-
titue le point de depart du dialecte megleno-roumain, parle sur le cours infe-
rieur de la riviere Vardar, a la frontiere entre la Yougoslavie et la Grece;
enfin, plus tard, a une epoque indeterminee, une partie de la population rou-
maine a emigre vers l'ouest et s'est etablie dans la peninsule d'Istrie, au nord-
ouest de Rijeka (Fiume), ou elle a constitue le dialecte istro-roumain. Dans
l'ensemblc, la langue roumainc est plus conservatricc au sud, dans Ies dialec-
tes sud-danubiens, ct plus riche en innovations au nord, a rnesure que l'on
se deplace du sud au nord. Ces mouvernents continuels ct ce brassage des
peuples n'ont pas nui a l'unite de la langue roumainc, unite rernarquable,
unique dans le domaine des langucs romancs. L'un des meilleurs speci~listes
de la dialectologie roumaine, auteur d'un ample ouvrage de synthese sur !'ori-
gine des Roumains, soutient que Ies dialcctcs du roumain peuvent etre con-
sideres plutot comme des sous-dialectes que des dialectes proprement dits 3 •
Aujourd'hui, le roumain est parle en tant que languc maternclle par plus de
25 millions de personnes.
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Introduction 23
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II. LES ELEMENTS LATINS DE LA LANGUE ALBANAISE
Historique de la r<"l'herchC"
15. Depuis l'ounage cla~:;ique de Johann Georg von Hahn, qui re-
presente le premier cssai scientifique sur la languc albanaise 1 , les recherches
consacrees aux elemcnts latins de cette langue ont enregistre, plus d'un siecle
durant, d'insignes progres, sans aboutir encore, toutefois, a des conclusions
d'ensemblc definitives. :\vant rncme de s'mgager dans une minutieuse etude
comparatiH, le jeunc Hugo Schuchardt affirmait. cn 1868, que les ancetrcs
des Albanais avaimt du subir une influence latine prochc du latin qui se
trou\'e a !'origine de la langue roumaine 2 . Par h suite, cettc idee quc les
elements !atins de l'albanais Ctaicnt L;froikmcnt lies a CeUX du roumain al-
lait se genfraliscr sans difficultes, pcrsistant jusqu'a nos jours sous la plume
de maints sa\'ants remarquahles. Les etudes d'un Franz ~Iiklosich devaient
elargir encore plus nos connaissancc'S de l'influence latine sur l'albanais 3 •
On doit a Georg Zippel unc precieusc contribution quant aux commcnce-
ments de la romanisation cn .\lbanie 4 . Emuitc, Gustave )lcyer, partant
des riches documents qu'il avait reunis, put s'adonncr a un examen tres pous-
se du lcxique et de ·ia morphologie de cette languc 5 et publier de la sorte,
cn 1891, Ic premier dictionnairc etymologique de l'albanais 6 . La brhe syn-
these qu'il fit paraitre dans le Gnmdn.ss dcr roma11ischt"n Philologie exagere
ccpcndant de fa<:on evidente l'importancc de !'element latin, allant jusqu'a
considerer l'albanais comme unc languc mixte, <c cine halbromanischc ~Iisch
sprache 1> 7 , aussi, b deuxi<'>mc l"·dition de cct ounage, datee ele 1904-1906,
n'en faisait-clle plus etat. ~Iais la thl:.~l' du caractere indo-curopeen de l'al-
hanais allait prendrc' corps gracluellcmcnt pour finir par s'imposer tout a
fait a\'cc Ies rcchcrchcs de Holger Pcdcrscn, qui prouve qu'unc bonne partie
de cette prctcndue influencc latine est cn n~alite d'origine autochtone 8 • En
comptant an·c ks parallClismcs alhano-roumains ct en situant la question
dans k cadre plus vaste des langucs indo-europ~cnncs, notre erudit arri\'e
a la conclusion que le latin n'a modifie que dans une petite mesure le sys-
temc linguistiquc des ancetres des .-\lkmais. On y retrom·c scs traccs dans
1
J. G. ·1011 Hahn. Alha11iscl1c Studirn. 1-3. Jena, 185-t.
H. Sd1uchar<lt, Dcr l'okal1s11111s d1s 1'11/gcirla/1111s, Leipzig, t. 3, 1868, p. iG.
3
F. Miklosich. Dic romanise/un Elt111rnt,· im Alhawsischrn. \Yien, 1871 (DA\\", 20).
~ G. Zippel. Die rămischc Hrrrschaft iir lllyrirn l;is a11f A 11g11s/. Leipzig, 1877.
& G . .Meyer, Alba1usisrhc St11dicn, 1-5, \\"ien, 1883-1896 (SA\\", 104. 107, 125, 127.
13-t); Der la/1 i11ische Ei11f/11ss a11f die albanesischc Formrnlchre, dans },fiscclla11ea di filoll>giu
e linguisticu im memoria di .Y. Caix c di U. A. Cat•c/lo, Fircnze. 1886, p. 103 et sui·1.
6
c;. l\l(•yer, EtymoloRisclz.-s Wiir/1 ,-1,uch dtr albanesischm Sprachc. Strasbourg, 1891.
7
G. :!\leyer, Dic lalti11ischt11 Elcmcnle im Albancsischcn, dans Grm1driss. t. I. p. 805.
8
H. Pc·clersen, JJie al/;a11,-sischrn /.J.,,11/c, ZYS . .13 (1893). p ..535-551; Das alban-
sische Nrntnrnr, ZYS, 36 (1898), p. 277-.Hfl; Allwusisclrc Tex/, mii Glossar, Leipzig1895.
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Les elements !atins de la languc albanaise 25
le dornaine cie la forma tion des rnots et notarnment dans le vocabulaire, alors
qu'il n'a guerc affecte ni la rnorphologic, ni la syntaxe 9 .
16. Se fondant sur quclques parallelisrncs des lcxiques albanais, neo-
grec. serbo-croatc et rournain, Gustave Meyer (suivi par vVilhelrn Meyer-
Liibke) ne renon<;a pas a son idee relative a l'existence des traits convergents
du latin « balkanique » 10. Cctte soi-disant unite trouva un partisan cn Matteo
Bartoli, qui lui chercha des rarnifications jusqu'en Italie meridionale et en
Sardaigne 11 . Pousse peut-etre par l'illusion qu'un rapprochement geographi-
que pourrait sen-ir de preuve a unc etroite parente genetique, le savant
italien a souligne les archai:smes comrnuns, sans knir suffisamment compte
des differences qui seţ'.lrent le roumain du dalmate, ni des innovations qui
distinguent le roumain des dialectes i taliens du sud et de la langue sarde.
Cornme la these de l'unite balkanique exigeait unc rnotivation, l'hypothese
forcee est nee que Ies elements !atins du roumain et de l'albanais se seraient
developpes a partir d'un fonds ethnique et linguistique commun 12 . Cette
hypothese fut ralliee entre autres par Gustave \Veigand 13 , Ion Aurcliu (an-
drea u et Petar Skok 1<>.
9
H. Peclersen. KJB, 9, l (1905), p. 212: « Dl'r lateinische Einfluss auf <lie albane-
sische Flexion ist also Null. Dagegen ist <ll'r Einfluss auf rlic Wortbildung 11icht gering ~.
10 G. Meyer, Die lateinischen Elemente im Albanesiscl1rn ncubearbeitet von \V. Meyer-
Liibkc, dans Grnndriss, t. F, 1904- 1906, p. 1039: « Das lakinische Element im Albane-
sischen bilrlct mit rlem Rumanischen auf der eincn, dem ·1egliotischen und elen lateinischen
Elementen des Serbokroatischen und des Nl'ugricchischen auf der anderen Scite clas Os-
tromanische •.
11 M. Bartoli, D, passim.
1
~ Pekmczi, p. 34.
13
G. Weigand, BA. 3 ( 1927), p. 245.
14 Canctrca, p. 136.
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26 H. 1\lihăescu
trăge :11r alba11isclz111 Gra111mal1k. IF. ~6 ( 1916), 98- lfr4; 37 i 1917), 90- 122; 1'1tl~iirlatei
"ischcs i;11 A/1;:111ischt11, ZRPh 41 (1921-1'122). 22S-2.3.3; L"11tumc11.; Balka11olalt111ische
Studim, BA, 4 (1928), 195-217; HIEB. 2 (19.15-1936), ·H-82; Zu dt11 latrinisch.11 Ele-
mentrn dt's al/.;a111>clz111 ll"l·rlschat:u. ,. Glotta •, 35 (1936), 121-134.
19
::\I. \"asmer, St11dirn :11r 11lta11ui!ch<11 1Fc.rtfo1u/11111g, I. •Acta et rGmmentationes
Uni·1ersitatis Dorpatiemis. H. Humaniora ''. 1, 1 ( 1921), 1- 71.
20
Th. Capidan, Rapo1·t11rile alba110-H,11;1Îi;c, DR, 2 ( 1921- 1922), p. 444-554.
21
H. Darie, Alba110-r11111ii11ische Studiw, 1, Saraje·rn. 1919; Arhi·1, 1-i (1923-1926);
O u::ajam11im od11osi111a balkamkih <::ika, 1, llirskoro111a11ska jc::il511a gnipa, BC'ograd, E>37;
Lingvistil!ke sl11dje, Saraje·1u, 1954; Alba11iulr, Romanisclt 1111d R11111ii11isc/1, • Guuifojak
Saraje·10 •. 1 (1957), 1- 17.
2
2 C. Taglia·1ini, L'alba11<.'f di Dalma::ia. Co11trib11ti alia co1wfern:a dtl dialltto ghego
di Borgo Eriz::o presso Zara, Firenze, 1937.
23
E. i;ab~j. Studime 1Tctlz etimologjisi:· se gj11his shqij;c, «Buletin Tirana~. H (19C0)-
17 (1963), StFil, 1964-1966; Z111· Charaklfristik da laltiniulirn L.-Jmworter im All;aw·schrn,
RRL, 7 (1962), 161-199; StGj. 1-2; Alb Bcitr., 365-377.
2
• H. Haarmann, D, r lnt, inische Lc/111wortschatz i111 All'anischrn Buske \"erla·g.
Hamburg, 1972, 174 p. (Hamburger Philologische Studien, 19); ·rnir dernierement une autre
contribution importante' de meme auteuJl, dont. malheurc-u~ement, nous avons pris crJnnais-
sance apres la rcd<1ction cie ce chapitre: BalkaJ;/i11{:!1:istik, voi. 1: Ar((llli11guistik und Le-
xikostatislik des balka11/affi11isclzm H"or/sc/iat~(S (1 \iuingen, :r\arr, 1978, 315 p.).
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Les elements !atins de la langue albanaise 27
Chronologie et stratigraphie
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28 H. Mihăescu
nent a un stade plus ancien ou bien ils representent des emprunts du latin
litteraire, 11 s'ensuit qu'on y distingue deux etapes: a) }'etape illustree par
quelques exemples comme cicer: qiqer, aroumain ţeaţire; vicia: vigjez, ita-
lien veccia; b) l'etape a\'ec Ies exemples: crista > cresta: kreslzlt;, roumain
creastă; pisccm > pcsccm: peshll, roumain peşte; sig11um > seg11111n: shrnj,
roumain sonn; viridem > verdrni: i 1.•erdlte, roumain vrrde. Ajoutons que la
seconde categorie est plus riche en albanais que la prem1:rc. d'ou la conclu-
sion que la majeure partie des elements en question doi\'ent etre cntres dans
cette langue apres le II'" siecle de notre ere.
La \'oyelle u bref du latin s'est maintenue telle quelle cn albanais com-
me en roumain, c'est-a-dire qu'clle ne s'est pas transformce cn o commc dans
Ies langues de l'Occidcnt - nous a\"ons donc affairc a un trait consen·ateur
commun aux deux langucs. En rcvanche, la \·oyelle u per\ue comme longue
par Ies ancetres dC's Albanais ne dc\'ait a\"oir aucun poids dans le systeme
phonetiquc du latin qui SC trom·e a }a hasc de }a Janguc roumaine, qui ne
faisait guerc de distinction cntrc u bref et u long. Le caractere distinctif
de la quantite \"ocalique de\"ait persister de fa<;on sporadiquc cn latin jus-
qu 'au In·· sieclc; ii en resuite quc le u long rcflete en albanais par le y re-
presente un stadc plus ancicn, autrC'ment dit anterieur au III'' siecle. :\"ous
aurons donc: a) crucon > hyqc, factura > flyr?, scutum > shqyt, face a
h) u > u, comme en roumain: u'i. 111101/us > 1111q, wzchi; bucea> bi:kc;, buo1;
1
furca > j11rllt;, furci'i; putms >pus, pu.ţ. On pcut affirmer par consequcnt
que leu long rcflete cn tant quc 11 brd dans des mots tels: l?hrute (cor1111ta)
et kulwte (uwlla) est un phenomt'·ne de date plus recente.
21. Ll'S \"o~·clks longues ( ct o des elcments }atins de l'albanais
a\'aient la ten<lance <le se frrmcr ct de <le\'enir i l't, rcspecti\"cmcnt, e: a) bestia
> bisM, lcgcm > ligjc, cn roumain lcgt"; b) hora >hac, en roumain OLlră;
11odus > llt", l'n roumain nod; p!opus > p!cp, cn roumain plop. Cc change-
nwnt etait UU a la quantite \"OCa}ique UU latin C't, de CC foit, antericur au
II l'' sieclc, alors quc le latin qui se t roun· a la basc de la langue roum~ine
reprl'·sentc un stad<' plus a\"ancc.
Le mot latin ci11g11/,, « sangk » est entre dans la languc des ance-
trcs des Alhanais a unc epoquc plus anciemw, a\"CC un -11- non syncope (au-
jourd'hui qi11{!.l!t;), alors quc dans Ies bngues romanes s't>st implantee la
forme syncopec ci11g/a et cn roumain b. forme a metathese *cli11ga > clzi11gâ.
Plus frequcnte dans Ies elt·mcnts latins de l'albanais qu'en roumain,
la chutc de la \'O\'elle initiale a- scmlile a\·oir clle aussi un caractere archa'i-
que: abicg11i11s -·1,gp « l>ranchc ele sapin, melt'Ze 1>; accipz"ta > q1ft <c autour,
epen·icr 1>; altariunz, a/t,ll'e > Ita (roumain altar); amicus > mik; arena >
rerc (roumain arinii).
La diphtonguc au du latin aura pour pendant en albanais et, parfois
dans le dialecte macedo-roumain, Ies formes af, m:, cepcnclant quc le cl<cco-
roumain, plus e\·olue quc Ies dialectes rour.ia.ins sud-danubicns, garde tou-
jou~s la forme au (en dcux syllabes): causa > kajshii, foudmi > iavde, rou-
mam la11d1I.
A partir du l''r sieclc de notrc ere, le i consonantique latin sui\'i de la
''.oyelle a dc\'iendra graducllement une mi-occlusi\"e, notee dans Ies inscrip-
t1ons sous la forme di ou gi. En albu.nais, elle prend la forme gj, en roumain
j: eiwzart' .> agjiroj, ajuna; iudicare > gjilwj, judeca; iurare :>
gjcroj, jura.
En alhana1s donc ccs crnprunts sont ulterieurs au l''r siecle de notre ere.
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Les elemcnts latins de la langue albanaise 29
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30 H. Mihă~u
~e REW, 7542.
30
E. Cabl'j, H.HL, 7 ( 1962), p. 167.
31
Le mot credentia, atteste a partir du IX.e siecle, cumportc quantitc de parallelismes
en -rntia, comme: maerrntia • fâcherie, mecontentement o, mcrmtia ~merite~. oboedicntia
obsert•antia, ofjerentia, parentia, poe11ite11tia, praevidentia, recredentia, sufjercntia, etc.
Niermeyer, p. 280.
32
~iermeycr, p. 764: da11111s terras ·cultas ... ad diws paricttlos de boves, dans le
sud de la France, vers l'an 1072.
33
' ·cGL, 3, 394, 67 rachis: spinalis.
3
~ DELL, p. 728.
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Les elements !atins de la langue albanaise 31
lui et il a passe aussi chez Ies ancetres des Albanais (veshkem « je me fle-
tris I)), alors que le roumain veşted« fletri, fane» ne s'expliquerait que partant
d'un_ derive hypothetique *vescidus = viscid11s. Les termes tin~s des mots
}atins vetus et vderan11s s'appliquent dans Ies langues romanes actuelles a
la notion de« vieux, ancien », alors qu'en latin l'acception de « vieux» pour
vcteranus (vctranus) est apparuc sur le tard. En albanais c'est l'adjectif vc-
tus, veteris ( i vjder) qui s' est impose, cependant que la langue roumaine,
nee dans le terres frontaliercs de l'Empirc, a garde la forn1e decoulant de
·cetrili_zus (bătrîn « vieux »).
On constate pareillement le caractere archa1que de quelques autres
elements latins de l'albanais par rapport a la majorite des langues romanes.
Le latin capo, -onis a penetre en albanais (kapua <( ccq », determine: kapoi);
on le retrouve en !talie meridionale (kapzmc) comme en Sardaigne (kaboni
« coq i>), autrement dit dans des regions connues pour leur conservatisme,
mais aillcurs ce fut la variante geminec de du. te plus recente qui l'a emporte
(comme plus expressive): *cappo. Si l'albanais garde la forme neutre de ci-
cer · <( pois chiche» ( qiqcr) attestee depuis Plante, la plupart des Jangues ro-
manes. disposent de derives du masculin ciccrc (en dialecte aroumain ţcaţire).
Danii certains territoires relativement isoles, teJs l'Italie meridionale, la
Roumanie et l'Albanie, pour designer le <(faur», c'est le terme latin de coc-
torium qui s'est maintcnu (cuptor, kojtor). Cctte fidelite au terme latin des
regions caracterisees par un esprit conservai..eur s' explique egalement par
certains traits specifiques de la culturc materielle developpee la, alors que
dans'.d'autres zones de la Romania, ou d'autres formes culturelles se sont
epan<:>uics, Ies langues respectives ont retenu tel ou tel terme particulier
s'appliquant a la meme notion 35 . Le vieux terme de manubrium (( poignee,
ma:pcl;ie 1> atteste chez Flaute a survecu en albanais (meru, articule merun)
et d.~ns quelques dialectcs italiens, mais le latin vulgaire, ainsi que la plu-
part des langues romanes ont prefere le terme rustiquc de ma11ica (en rou-
main mînecă) 36 , qui a fini par s'imposer. Pour designer la (( vigne sauvage »,
et le ~ fruit de la vigne sauvage i>, le roumain (lâuruşcă), l'albanais (laruslz-
ke), Ies parlers d'ltalie centrale et de Sardaigne ont conserve la forme la-
brusca, alors que pour le reste de la Romania la forme originaire a ete lam-
bmsca, creation secondaire qui a fini par s'irnposer. II en fut de meme de
pepo1 :pepinis <( sorte de gros melon», conserYe en roumain (pepene) et al-
banais ( pjeper, pjepe11) face au toscan popone et au vieux franc;ais popon,
deriv~s· d'une forme latine plus recente (pepo, -om"s) 37 • Le mot testa a sur-
vecu. en albanais (teshC) avec sa signification antique et originaire d' <( enve-
loppe,: vetement, carapace», quant aux langues romanes, elles heriterent
toutes de son sens plus recent: <( crâne, tetei> 38 . L'adjectif vitricus a per-
siste· en sarde, en albanais (viterk, vitrek) et en roumain (v1:treg), rnais c'est
filiaster qui s'est impose en Occident 39 • En latin, la forme vomis <( soc de
charrue 1> etait anterieure a vomer, refaite sur Ies cas obliques, or c'est cette
forme anterieure qui fut adoptee par Ies ancetres des Albanais (guegue: umb,
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32 H. Mihăescu
uni), cependant que Ies langues romanes n'en gardent guere de traces, ayant
40
herite de la forme plus recente vomer •
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Les elements latins de la langue albanaise 33
13
E. <;a.bej. Alb. Beitr„ p. 369.
H !\I.L. Wagner, DES, l, p, 144: •L'esistenza delle forme con r nel centro dell
Isola attesta l'autenticiti~ delia forma•. La forme armessarius apparaît dans Ies textes tar-
difs: Le( Salica, 38, 2; Formulae Bituricenses, 15, p. 175, 17, annecs 764- 765.
•:; Deri·1c de assis (1 ais » - assul.1 ct astula (issu sans <loutc d'u11e prononciation
•assla, d'oi1 *astla, astula), DELL, p. 51.
u Al. Graur, « Romania t, 56, Paris, 1930, p. 105; P. Skok, Byz, 6 (1931), P· 373.
17 E. yabej. StFil, 19 ( 1965), 1, p. 37 pour le mot albanais «il subsiste pourtant
9
des difficultes d'ordre phonetique •; le mot roumain derive d'un b11ttizare atteste au Ill
si~cle dans l' llala et chez Cyprien, cf. ThLL, II, col. 1720, 39-.50.
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S4 H. MihAescu
48
P. Skok, Dubalus, dans lts langucs slaves, dans Festsc11rift ffh Max Vasmcr, Berlin,,.
1956, p. 510-512.
49
S. Puşcariu, DR. 1 ( 1920- 1921), p. 225.
"" E. <;auej, RRL, 7 (1962), p. 168; StFil, 18 (1961), n°. '4, p. 86-87, 110- lll.
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Les elcments !atins de la langue albanaise 35
81 Pellegrini, p. 61.
. 5!'E. <;a.bej, Alb. Beitr. p. 369.
53
Al. Gmur, BL, 4 ( 1936), p. 84-87 suppose pour la variante roumainc gutăie une
forme latine •cotanea ou *gutanea.
5·1 Pour cottidiare, cf. cottidie, CGL, 5, 186, 3 cottidianles: assidiiantes; cottizare, gr.
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36 H. Mihllescu
r.e E. <;abej, StFil, 18 (1964). 1, p. 96: • Emprnnt latin rcste inapcr~n j11~qu'a prlt-
sent: ou d'un •cuculbita pour c11cu1·bita ou d'un *k11rla provcnant de cucurbiia "·
67
Idem, •Buletin Tirana t 15 (1962), 2, p. 72: t Le rcflct direct du mot latin est
cependant detue>r, detuar, dctores represcntant un elargisscment cn -ifs comme dans kalores
„chevalier" face a kal1urr, chez Buzuku kal11or. La forme elargie est cmployee plutC.t en
fonction de substantif, la simple cn fonction d'adjcctif •.
68
Pellegrini, p. 54; constestc par E. \abcj, RRL, 7 (1962), p. 170.
69 E. <;abej, RRL, 7 (1962), p. 168.
eo Idem, StGj, 2, p. 378.
6 1 N. Jokl, AR. 24 (1940), p. 120-121.
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Les l:ll:mcnts latins ·de la languc albanaisc 37.
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38 .H.„Mihă.cscu: ·:.,, ., .; •
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Les elements de fa lilngne albanaise 39
lateinischen wiirde man * mif ('vgl. femi;'e: familia) ~ erwarten ~. Philippide, OR, 2, P· 687,
repouse l'idee de Pedersen et rlefend l'etymologic latine directe.
78 E. <;abej, StFil, 18 (1964), 3, p. 51: • Emprunt <lu bas-latin, comme le demontre
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mustum - musht «vin nouvcau, mout », r. must, it. mosto;
nodus - llt', 11eje <c nceud », r. 11od, it. nodo;
1w11_nus - nun <c parrain (au mariage religicux) •, r. nun, gr. vouvoi:;, it.
nonno, sic. mc.nnu;
*notare - natare - noto} (-{rea, -Uar) « nagcr •. a. dr., dr. rcg. nota, it.
11uotarc 80 ;
· nuntt·rus - 11um.7 r <1 nombrc », r. 1wmilr, it. 11m·cro, sardc numcru;
orbus - (1:, c) verb~; ii avcuglc 1>, r. orb, d. uarb, vuarb, it. orbo;
orplt,rnus- (i, e) c.•arpr <'orphclin», ar. oarjăn, it. orja1w;
p.1g.rnus ,pag.rnirt: - (i. c) pfg,;re «impur, souille » (le mainticn du
-g- inten-ocaliquc l'St la preuvc d'un cmprunt tardif). r. pîngăn: « souiller •;
en roum:i.in. il y a aussi le terme P•Jganus > păgi1r « paicn 1>, de meme que dans
Ies lans-ucs roma nes occidentalcs;
palati1111t - pNlas « palais, maison », a. dr. pâraţ, d. palata, gr. r.cx),cf.TL,
ser. pol,u~il 81 , i t. pa!a:::o;
p,1/umbus - pNlumT> <1 pigcon », r. porumb, it. palombo;
p:m!,·x, pa11ticis - pf,7 1z:l?s « tripcs, panse », r. pin.tccc, it. pancia;
parare - p?roj, mbrnj (-ta, -tur) « parcr, defcndre, protegcr, gardcrt,
a. dr. pcirt1, it. parare;
parms, parm!is - ph1:11t, prind <1 pere I) 8 :!, r. piirintc, it. parenti;
p~1sd1a - pashke <1 pâqucs •. r. pască, it. pcisqua;
pirssus - p11sh (I pa~. mc.;urc de longueur », r. pas, it. ;asso;
jiatirc - p?soj (-ova, -1(ar) « souffrir, supporter •. r. păţi, it. patire;
p:t;·o, pa·uonis - p.1.g1t1l <1 paon », r. piiu11, it. pavone;
pax, pacis - paq, paqt' « paix, tranquillite 11, r., it. pace; alb. pajtoj <'cal-
mer. apaiscr », post\·crbal dl' paq;
p,·ccalum-11u;kal <1pech611, r. păcat, it. pcccato;
pcdica - pmg/, pmg <' l'ntra\'l', abat». r. pi:tdică, it. dial. pedcga;
pmsarc - pmslzoj (-ova, -1iar), ~ pcnscr •. r. im1: pasă, it. mi pesa <1 cela
m'inquit·te, me chagrine, me pressl' •;
pmsum - Pt·shc <1 poids, chargl', fardcau ». r. păs, it. peso;
pcrg11la-pjer:;11ll « avancee, appcntis, balcon 1>, ar. pcrgură ngr. n-€pyou:A.o,
it. pergola;
*pâtia - pjc·sc'. « piecc, portion I), r. pîţă, <l. pr<~a. it. pe;:za;
pigritarc - p?rtoj (-6-ua, -1iar) <c hesitcr, tardcr, Ctrc paresscux », r.
prcgcta. it. pcritarsi;
„,
pila - pilc (I grand fCCÎpicnt p0llf l'huill' f. piuă = lat. pilula (< JnOU-
lin a foulon 1), d. payla, it. dial. pcla;
pi/lila - penele (I plUffiC >), dr_ pană, ar_, dr_ reg. peană, it. penna;
p1:scis - peshll <1 poisson 1>, r. peşte, d. pask, it. pesce, sardc pisllC;
placcre - petqe_i (-eva, -yer) «plairc •. r. plăcea, d. plakar, it. piacere;
plopus = populus - plep « peuplier 11, r. plop, it. pioppo 83 ;
plumbuni - plumb <1 plomb i>, r. plumb, it. piombo;
80
P. Skok, Zum JTulgărlatein, dans Miscellanea linguistica dedicata a Hugo Schu-
chardt (Gcue·.re, 1922), p. 130-- 131.
81
P. Skok, dans: Melangt·s lillg11istiqucs offerls a Albert Dauzat, Paris, 1951, p- 303-
304.
8
~ E. <;abej. LP, 8 (1960). p. 72-73.
83
CGL 3, 428, 67 poplvs; 538, 39 puplu; CTM, 145 plr4ppi; Roblfs, 412, en Calabre
(an 1124) ă.Y.p~ -:Wv otAourr<r>v, dans le. parler grec de Bova pluppo.
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Les elements !atins de la languc aJbauaise
pollicaris - pulqcr (fpoucc i>, ar. pălicar, pulicar, it. dial. polear;
ponium - pemiJ <1 fruit i>, r. poame = po1·~ia, it. pomo;
populus - popull <1 peuplc i>, r. popor, it. popolo;
porrum - porr • poireau », r. por, it. porro;
portri - porte<• portei>, r. poartii, d. puarta, it. porta;
pasare = pausare - pushoj (-ova, -.itar) <1 cesscr, se reposer i>, a. dr.
păsa <• habiter i>, it. posare ,:
*poste= post - posht (f apres », r. poi-, păi-, (\·oir dr. poimfr.ne, ar.
paimîne, păimine) <1 apres-demain i>, it. poi;
praebiter - prijt «prHre i>, r. preot, d. prat, pretro, i t. ·pre te;
praeda - pre <1 proie i>, r. pradii, it. preda;
primm•cra - prendvae, prc1nvere <1 printcmps i>, r. pri111ăvarâ, it. prima-
vera;
jmlla - pute <• poulc i>, r. pulâ i> pcnnis i>, d. puia « pcnnis », it. polla;
pulpa - pulpe <1 cuisse i>, r. pulpă, it. cat. pg. polpa;
pulvis, pulvcris - pluliur <1 }'Oussiere », r. pulbere, <l. pulber, pult:ro, it.
polvere;
*puppa - pupe <• toupct, touffe, houppe, huppe », ar. pupă <1 fillette »,
it. poppa;
putcus-pus <•puitsi>, r. puţ, d. puc, it. po:.::o;
quadragesima - kreshme (t careme l), r. păreshni, it. quarcsima;
quctus = quietus - (i, c) qetl (< cahrc, lent l), r. cct, fncct, frioul, cet;
radia, radius - rreze <1 rayon », r. ra:.;ii, d. re:.:, ruaz <1 eclair », it. raggio;
radicula - rr·ilkii <• radis », r. ridiche, it. radicclzt'o, frioul. radigle;
rnllu.s = rarus - (i, e) rallc <1 rCJrc, isolc » 84 , r. rar, it. raro, sarde raru;
ramus - rem, rremp, rremb <1 brc-mchc, rnrneau » 85 , r. ram, it. ramo;
rapere - rrjep (rropa, rrjepur) <c ecorcer », r. râpi, it. rapire; les formes
romancs vienncnt du Yulga irc rapire;
resina - rreslzine, rreshire <c rcsine i>, r. rclşină, it. dial. rcsina;
rimare - rremoj (-O'i}a, -1iar) « frndrc, sondcr, cxplorer i>, r. rîma, it.
dial. rumarc;
ripa - rripe <c rive », r. ripă, d. raipa, a. it. ripa;
rota - rroU <• roue i>, r. roată, it. ruota;
rubeus, rubea - rrojbc, rrolbe <•plante de coukur muge» (cartharnus
tinctorius), r. roib <« renard ou cheval rouge », it. robbia 66 ;
sabucus - shtok, shtog <c sureau i>, dr. soc, ;:ir. sug, it. dial. sau~o;
sagitta - shegjete, shif,jctC <1 flechc », sliajtoj <1 fru.ppcr d'une fleche i>, r.
săgeată, it. saetta, sarde saiita;
salfre - shellij (-va, -re) <1 saler, mettre du scl », mgl. ansdr, sarde
salire;
salix, salicis, *salicum - slzelg «saulei>, r. salcie, it. salcia;
sanarc - shcroj (-ova, -ilar) <1 soigncr, guerir ,>, ar. asfnedzu <1 je gueris i>,
it. sanare;
sanctus - (i, e) shent, shenjte, r. sînt, sîn, it. santo;
sanitas, sanitatis - shiJnr!et <1 sante », r. sănătate, d. santut, it. sanda:
sanitosus - (i, e) shcndoshe <c sain, bicn portant», r. srlnătos, it. dial.
sanetuse, sarde sanidozu;
84H. Pederscn, ZVS, 33 ( 1895), p. 539.
85Jokl, Untersuch., p. 18. ·
u E. c;abej, StGj, 2, p. 101; Alb. Beit1-.! p. 369-37.0; Pellegrini, p. '45.
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H .. Mihăescu
scabies, *scabia - zgjebe <1 gale,. rogne », r. zgaibă, it. scabbia, frioul.
zgabye;
scala - shkalle « echelle, marche d'escalier •, r. scară, it. scala;
scamnmn - shkamp, shkemb « siege, chaise, tronc», r. scamn, scaun,
it. scanno;
*scantiha, *scantelia, sci11tilla - shkend1je (I etincelle », r. scîntcic, fr.
etincelle;
*Sclavus, Slavus - sltqa «Slave•. r. şcht:au, it. schiavo, it. dial. skavu;
scutmn - s liq yt « bouel ier • . r. scut, fr. e cu;
serra - sharre « scie •. ar. şară, a. it. serra;
signmn - shenj, shenje « signe, signal•. r. sc.mn, it. segno, sarde sinnu;
simt'.larc-sMmbellej (-eva, -yer) «etre semblablc», r. semăna, fr.
semblcr;
socius - sholl (I associe avec, epoux 11, r. soţ «< epoux ». it. soccio, sarde
sottsu;
sorlms - shurbe o sorLc •. r. sorb, it. sorbo;
sors, sortis - short «sort•. r. soartâ, it. sortc;
spatha - shpate « epec •. r. spată, d. sputa, iL spada;
spissus - (i, c) shpcsh « epais •, shpt"sh <( frequemmcnt, souvcnt •, ar.
spes, it. spesso;
*stan;us - shtengu, « le borgnc •, (1:, c) şhtengt;r « borgne •, r. stîng « gau-
che I), a. it. mano stanca « main gauchc •;
*strambus = strabus - shtrhnp, shtrcmb, (i, c) shtrcmber <1 tordu, qui
n'cst pas droit o, r. strîmb, it. stramho;
stratum - slztrat « lit, couchc », r. str11t, a. it. sirato;
strictus, *stri11ctus - (1:, <') slitrmjti~ (( coukux, a\·are I), r. strîmt, a. it.
strimto, fr. etroit;
stringcri'. - shtrengoj (-6ira, -1l1!r) <1 scrrcr, ctreindrc », r. strîngc, d.
strengar, i t. stn:ngcrc;
stuppa - shtuppc <1etouppe11, ;·. stup.;, it. stoppa;
surdus - shurdli, (i, c) s/111rdli!.'r <1 sourd », r. surd, it. sordo;
taurus - tcr (I taurcau 1>, r. taur, it. toro;
*tcmpla = trmpora - tembl, tcmbCI <( tcmpc •. r. timplă, it. dial. teimpya;
ten.da - tende, tende <( toit de roscaux 11, r. tindă, it. tenda;
termen - qcrm "bord, margc, limite I), r. ţc'irm, it. dial. terme, cngad.
tierm;
testa - teshiJ « chosc, instrument, habit 1> 87 , r. ţeastă, fr. tete;
timar, -oris - tmcrr (I peur bleme, epouvante I), ar. tcmoare, it. ti:more;
torta, turta - torte (( objet rond 1>, r. turtă, d. torta, it. torta, fr. tourte;
totus, totum, tottus - dat «du tout, aucuncmcnt », r. tot, it. tutto;
trijofrum - terjoj, te1jop « trefle I), r. trifoi, it. trifoglio;
tristis, tristus - trishtoj (-ova, -uar) <( a ttrister o, r. trist, it. triste, tristo;
tufa - tufe « rameau touffu, feuillage », r. tufă, fr. tuffe;
tumba - tumbe « gerbe, tertre, amas de terre o, ar. tiimbă, it. tomba;
turbare - terboj (-ova. -uar) « troubler, mcttre en desordre 1>, r. turba
o ~tre pris de la rage 1>, esp. turbar;
*turbuJarc - turbulloj (-6va, -Uar) « troubler, agiter », r. tulbura, fr.
troiibler;
81
E. <;abej, RRL ( 1962), p. 197: o eine interessante Bedeutungsentwicklung t.
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Les clcments latins de la languc albanai~c
88 E. <;abej, StGj, 1, p. 341; C. Tagliavini, dans Milanges Mario Roques (Paris, 1952),
t. 3, p. 255-264; Pellegrini, p. 60-61.
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H. ~hă.esc;u
de l' Europe, ou elle laissa des traces en. roumain (curte), en grec byzantin
(xo up-r'l)c;), au Chypre et en Crete (xo up-roc). mais sans se generali ser en Albanie
(a. alb. kurt). Le nom latin debitor present cn albanais ( detuor, dct11ar) ne saurait
surprendre, compte tenu de sa large diffosion dans toutes Ies langues roinanes.
Les derives du terme ecclesiastique *filiamis « filleul », en albanais (jijan),
cn corse (jiya1w), dans le dialecte napolitai1i (fiha1w), en croate ( pilijan),
en slovene (pilun), cn roumain (dr.ffo, ar. 1iil'in scmblcnt avoir eu pourcentre
d'irradiation le diocesc d'Aquillec, reste pendant longtemps a l'obedience de
l'Empire byzantin, mais dans un territoire frontalier, a la confluence des cul-
tures byzantine et occidentale. Egalemrnt repandu a l'est comme a l'oucst,
bicn qu'ignore des textes, etait le verbe *inganuarc, conserve en albanais
(ngenjcj), en roumain (fogina) et dans lcs langues romanes occidcntales.
La forme pila, presente en albanais (pillc), dalmate (paila) et dans Ies lan-
gues romancs occidentalcs, a pour pcndant cn roumain le diminutif pilula >
> *pilla > piuc'i. Connue dans le Sud-E~t de l'Europe, cn Italic ct dans d'au-
tres n'.·gions de I'Empirc romain, b variante populairc plop pus (-= populus)
a survccu cn albanais (plop), en roumain (plop), dans la litterature byzantine
(it/,rJu7toc;) ct cn Italic meridionale. Le nom tenda a persiste cn albanais (tende,
tende), dans la litterature byzantinc (-r&v8x) ct dans lcs langues romancs
occidentaks cn tant quc terme militaire avcc le sens de «tente >t, alors qu'en
roumain le mot cst sorti <le la terminologic militairc pour se generaliser avec
le sens d'« cntrec, vestibule, piece d'acces dans Ies maisons paysannes ». De
memc quc dans le cas des langnes occidC'ntalcs, au terme albanais vcs «de-
faut physiquc 1>, derive clu n<1m latin 1.1ili11m. l<~ roumain oppose Ies termes
învăţ, i111•ăţ11 < *inviti,JY: « prl'n<lrc ccrlaincs hal>itudL·s. connaîtrc, apprcndrc ».
II apparait <lonc que sous maints r;~pporb, Ie lai.in qui se trouve a la basc de
la languc roumaine a suivi sa proprc voie.
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Les clements latins de la langue albanaise 45
90
Idem, StGj, 2, p. 349; Pellegrini, p. 68-69.
91 Idem, Alb. Beitr., p. 368-369.
92 Idem, RRL, 7 (1962), p. 173.
93 Idem, StGj, 2, p. 402.
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46 H. Mihăescu
ecclisia - kishe klishe • eglise », it. chiesa; l'albanais rec;ut le mot d'I-
talie mfridionalc 97 , alors que d'autres variantes occidentales derivent d' ec-
clesi";
ervilia - rrillc o petite lentille •. it. dial. arviya;
examen - sheml « essaim d'abeilles •. it. ~ciame;
*jabella - }jale (<parole, recit, discours t, it. javella;
fabrica - jarke <i atelier, forge o, ccit. jarga;
fabulare - }las « parler, <lire t, a. it. javolare, fr. Jabler;
jalco, Jalccmi:s - Jalkua, ~ faucon t, a. it. jalc01ie;
jallere - jejej. jejoj (-ova, - 14.ar) • manquer, crrcr, pechert, a. iL
jallere, a. fr. jai:Jiir;
*jallium - Jaj • erreur, peche •. a. it. jaglia, a. fr. jaille;
jatum - jat « sort, destin t, sarde jadu, esp. Jiado;
jides - je •foi, croyance, religion t, jejoj •fier, confier »; it.jede, Jidare;
*jilicaria - }ier, jjer o fougere o, esp. helguere;
foliata (arbor) - jojletc (nom de plante: Celtis australis) 98 it. jogliat1i„
fr. jem'/Ue;
juscina- juslmje, juzlmje • fourche, trident t, it. Jiocina;
gallus - gjcl • coq •, it. gallo:
gaudium - gaz • joie •. a. fr. joi, esp. go::o;
glis, gliris - lir • loir o, it. ghiro;
gramen - gram • herbc, gazon t, sardc ramcn, esp. pg. grama;
grcx, gregis - grigje • troupcau t, it. gregge;
hastile - shtije, shti=e o lance, bois de lance», it. astile;
hebdomas, hebdomada - javc « semaine », d. yedma, it. edima, engad.
emda;
1'lex, ilicis - dq, ilqe « yeuse, chenc vert t, sarde ilizi; mais pour le
reste des langues occident ales, le terme este originaire d' elcx, elicis: it. elce;
*indictare - dljtoj (- ova, - uar) • montrer, expliquer •• it. i'ndet-
tare;
indulgcre - ndljej, ndjcj (-va, - re) •pardonner, excusero, sarde
indullfri;
injernum - jerr • enfrr », it. injerno;
inimims - armik, amiik o ennemi &, it. nemico, sarde inimig1.1,;
insigm·a - shlnjl • enseigne t, it. insegna;
iunctura - gjymtyre •membre, articulation, lien», it. giuntura, fr,
jointure;
liber - .(i, e) lire <c libre », a. sarde livem, lierit • proprietaire libre »;
lima « lime » - liml « lime », it. lima;
lucerna - luqerrl + chandelier t, d. lukierna, it. lucerna;
lucius - mlysh « brochet » (sorte de poisson: Eso:x lucius) 99 , it. luccio;
lud ere - luaj (- ta, - tur) <c jouer &, a pg. loir • plaisanter, badiner t ;.
maledicere - mallkoj (- ova, - uar) « maudire &, it. maledire;
mane vigil - mnjill « eveille de bon matin »1oo, engad. manval';
n Idem, p. 67.
88 N. ]okl. BA, 4 (1928), p. 211.
81 E. <;abej, StFil, 18 ( 1964), 3, p. 39 et 52.
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Les elements latins de la langue albanaise 47
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4.8 H. Mihăescu
it. sanguisuga;
sarmentum - shcrmend « sarment de Yignc <lcsseche servant a a \tiser
le feu », it. sarmrnlo;
sculca - slzkulkc « garde, C'spion ,,, gr. crxc.::Ji.x.t7., it. dial. scoica;
*se1narc - shi11wj (-O'i..'a, -1tar) (< partager, scparer », it. scmiart";
*scritarc (cf. i11sertare) - sltartoj (-u;•,1, -1iar; <• inoculcr, plantC'r, ar-
roscr »109 , csp. mjertar, pg. c11xcrtar;
servfrc - shCrbcj (-eva, -ya) 1, sen·ir, tra\'ai1ler 1>, sMrbcse « sen•ice »,
sherbetor <c sC'n·iteur I), it. scn·iu;
situla, *sic/a - slrekc, slzcqc « scilk, Larattc, tinettc », it. seccltia;
saca - slwllc « cordc, câble, ceinturc », ~arde saga. a. fr. souc;
sofra, *soia - shollc «plante du pic<l, semelle », it. suola, sar<le soia;
solztm - sl:z:all (det. sholli) «sol», it. s11olo;
spartum - shparU (< cpart I), ('~p .. pg. t'sparto;
spatii/a - s!zpatullt~, shpatul/ <i ep8.ule, omoplate 1>, it. spala;
spcrarc - shpert:i (-c1:a, -ft1') « c~percr », it. sperare;
spina - slzpi11e «echine dorsale, dos, colonnc, vertebrale», it. sp,·na,~
spirilus - s!tpirt <c esprit, pouvoir, vie 1>, it. spiri'to;
sporta - sftjjorte «panier 1>, it. sporta;
squatus - shllatcrr « Engelfisch 1), it. (pcscc) squadro, sarde skuadrit;
sti·va - sti <1 rnanche de chamH' i), it. dial. estiva, sarde 1'stea110 ;
sz:mnws - sl111111e <c bcaucoup, tres 1>, it. sommo;
falca - talle <c Sorghum halcpcnse, torgnon de l'epi du mais, paille
de mai:s, Andropogon ischaemum », it. taglia;
tcgmnen, *tnnm - time11, timer «fii a noucr, jet ele trame», le sens
teclmique est propre a l'albanais, I' i un rdkt d'un pluriel singularise111 ,
it. dial. tfrm, ticmo, tem;
tcg11la - tjcgullt~ «tuile 1>, it. fcf!,ţ1,'1ia, ti'glia;
tcm/J/um - tcmpull «temple», it. tcmpio;
106
N. J okl. RIEB, 3 ( 1936} p. 56- 58.
100
E. <;abej. StGj, 2, p. 129-130.
110
N. Jokl, Untcrsuch„ p. 136.
m E. <;abej. StGj, 2, p. 163- 164, 181 ct 470.
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Les clements latins de la languc albanaisc 49
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50 H. Mihăescu
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Les etements }atins de la langue albanaise 51
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52 H. Mihăescu
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Les elemcnts latins de la' langue albanaisc 53
11 9 Apul. Met. 2, 7 ipsa (Fot1s).linea tunica mundule amicta ... rotabdt iti Girculun;.;
Hieron., Epist., 64, 11; Vitae patrum 7,;. l, 8, vestitum linea tunica perforata.
1 2° L'origine latine a He contesf~e par E. <;abej, StGj, 1, p. 349.
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H. Mihăescu
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Les elements !atins de la langue albanaise 55
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56 H. :Mihăcscu
3G. Pour cc qui est du quatriemc groupe de mots, entre tous le plus
intercssant, il convicnt d'en chcrchl'r ks caust'S dans la pcrsistance de l'Em-
pirc romain d'Orirnt ct dans la crt'-ation d'un enscmble gecgraphiqul' l't cul-
turel depassant la sphere des rapports albano-roumains. Par le truchunent
des armfrs d sous l'influl'ncc des mots grccs r.i.:;:fo~::; « frrmeturc, clCihire »
ct r.kts:w « ou\Tir i>, le mot latin cla11s1 ra c st t~cnm1 clisura, persistant u1
1
1
~ 5 E. (abcj conteste }'origine latine <.lu mot albanais dans LP, 8 (1960), P· 91-92.
1
~ 0 Ph. Meyer, Die Haupturkimden fitr die Gcschicirle dtr Athoskliisttr (Leipzig, 1894)~
P· 224, 13: iir.o (i;i./.crn; xou(31hl"t'CX~~. xvne sicclc; I. Kalitzournakis, Convwlirs - x6µ(3e:11To:; -
xou(3t11•::.:. u Ei:; µ11-fiµ7J11 I:r.. Acxµr.pou •, Athcnes, 1935, p. '470- '474.
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Lc-s clcments latins de la Janguc all>anaise 57
cet aspect, deYait s'ajoutcr par la suite le râle de 61.J.~l.l~ et du slave zbor
« a.ssC'mblee, conversat ion, parole». C)mme on le voit, l' c\·olution du sens
est loin de se trouver limitee aux sculcs rclations albano-roumaincs, s'etant
gen0ralisec dans la totali te de I' espace sud-est europeen127 •
Pour expliquer }'origine ele l'albanais koder « hauteur, colline » et du
· roumain codnt « fon~t. morccau, place publiquc », la plupart des cherchcurs
ont rccours a une forme latine rccon:;tituce *codmm = quadru.tn 1 ':!. 8 • La forme
codra <•place publique, region » est attcstec par un glossaire tardif1 29 • Le sens
des dcux mots (albanais et roumain) ne se recouvrc que p:nticllrment: l'al-
banais lwder signifiant « colline, altitude » et le roumain codru ayant cn plus
·Ies acceptions ele <c forc~t. morccau, place publiquc ». Le sens de <c fon~t » du
mot roumain a ete considere par Pctar Skok, comrnc un decalque linguis-
tiquc <l'apres le slave diJlu <c colline, fon~t »130 . Par aillcurs, Henrik Baric a
conteste !'origine latine du mot albanais131 • II existe par conscqucnt un
doutc au sujet de son origine ct l'on ne constate qu'un parallelisme seman-
tique partiel entrc l'albanais ct le roumain.
Cne chosc reste encorc douteusc, la deriYation ele l'albam1is jslzat «vil-
lage, region » ct du roumain sat « villagc » du latin Jossat11111, tant au point
de vuc de la forme quc sous !'aspect sem::mtique. En roumain, on s'atten-
drait normalcment a un hypothetiquc ~jusat. Le latin fossatum a gar<le jus-
que bicn tard cn plein moycn âge Ies scules acceptions sui\·antcs: « fosse,
canal, digue, rempart, carnp d'armee fortifie, armee, forterrsse cntouree
d'un rempart »132 . Les dcscendants romans de fossatum. en Occident ne connais-
serlt quc Ies sens de <c fosse, tranchec, rempar.t, armcc », de meme Ies emprunts
en grec byzantin et cn neogrec (qiocrm:h·ov, ({lOUO'O'OC"':"O'J, '{)'J'JO'OC70). Les
sources historiques et archeologiqucs montrent que le camp militaire romain
et byzantin etait dresse de reglc dans un cspace restreint. On n'a point de
preuve qu'il ait existe quclque part des fosses defrnsifs autour des villages
-0u que Ies camps aicnt renfcrme aussi entre lcurs fortifications unc popula-
tion civile133 • Eqrem <;abej conteste !'origine latine du terme albanais; quant
a celle du mot roumain, elle a ete plus d'une fois revoquec cn doute 134 • Pour-
tant. a partir du IIJ<' siecle et jusqu'a l'cpoquc des dcrnicres croisadcs, quan-
tite de fortifications, de fosses et de murailles de defcnse se sont conscrves,
leurs noms ayant persiste jusqu'a nos jours: c'etait la quc se rcfugiait en
cas de peril la population civile. 11 s'ensuit donc, du fait de la popularite ct
de la richesse des sens du mot jossatuni, qu'en albanais et en roumain, nous
n2 Niermeyer, p. '!49-450.
133 R. Grosse. Die romisch-byzantinischen 11Iarschlager vom 4. -10. ]ahrlmndert, BZ,
22 ( 191.1), p. 90-121 et Rămische ivlilitărgcschichte vot1 Gallienm bis zum Beginn der byzantini-
schen Tlicmenverfassung, Berlin, 1920.
. 131 V. Bogrea, DR, 1 ( 1920- 1921). p. 253-257 = fossatum; G. "'Wcigand, BA 3 ( 1927)
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58 H. Mihăescu
136
En faveur de !'origine latine la majorite des romanistes, !"ntrr autrt's P. Skok, ZRPh •
.50 (1920-1921), p. 2.'iJ-257 et A. Rosetti, DL, 10 (1942), p. 88-90.
1 38 Niermeyer, p. 967-968.
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Les elements latins de .la langue albanaise 59
ence de la culturc romaine sur les ancetrcs des Albanais. Ces elements sont
au nombre de 86:
accipitC1 - qijt (( epervier ou faucon, oiseau de proie », gr. 't'O"l(fl't'"fJc; 1 37 ;
en Occident acceptor; d(mc une forme archaique en albanais;
alterare, *antr.rare - nderroj (- 6va, -itar) « changer, modifier »;
amia - ame (det. amja, amcja) une espece de poisson de mer (Sciaena
umbra), mot passe aussi dans le parler serbocroa te de la câte adria tique (cf.
ser. cima (( poisson de mL'f qu'on prend a l'hamec;:on), a Ulcinj et aux Bouches
du Kotor138 ;
apparamoitu.m - parmende « araire, charrue »139 ;
attiacum + mcntum - avlemcnd «ustensile ou instrument en bois ser-
vant a tisser, tapis separant l'habitation de la cour »140 ; variantcs dialectales:
avlt!ment, avlinicnd, aviflment, avlimen, ,wliment;
b.i.ptisma, ~oc7tncrµoc - b:igem «huile, saintc onction » m; la position
de l'accent reflete une influence grecque;
bJlea, *bJla - b)/le «gros sc!"pcnt »;
bubulcus - b11j/l « agricultcur, paysan »;
caltha, calthum « fleur jaune » - (i, e) kalter «bleu azur»;
catta - gatif « heron, oiseau aquatique »; en Occident desccndants de
catirt s « chat »;
chersydrns {z~;icru~poc;) - kulsheder, kur;edre <~dragon, monstre, ser-
pent non venimeux »; en Italic meridionale des variantes correspondantes
issucs dircctement du grec ;142
Christi natale - Kershendelle «Noel»;
'coheres - (deri,·e) kujri « pâturage communal, pâtis, fon~t »143 ;
consolare - ng1tshllloj (-6va, -iiar) « consoler, reconforter »;
contran:um - kundruall, kundrejt «du câte contraire, vis-a-vis»;
contrastarius - lwnderslttar « adversaire, contradicteur, ennemi »;
conucla, colucula - konurkifz « bobine a coudre »144 ; en Occident, it.
conr.·cchia, fr. qucn.ouille;
cova (cf. cavus, *covus « creux ») - kove «broc en bois », kova e pusit
« le seau »;
cunctan: - lm11droj « parler »;
cpiscopus - pcshkep, upeshk, upeshkup, peshkop « eveque »;
evangdium, *rvangelum - imgjill « evangile », cf. it. vangcllo; une
difficulte se presente relativement a l'i du mot albanais face a l'e du latin 14 ă;
*exmulgia (postverbal d'exmulgere « traire jusqu'au bout, tarir ») -
zmo_ile « terrain inculte, jâchcre »; l'ouverture de l'u latin en o provient d'une
evolution interneUG;
187
CGL, 8, 107 accipiter noii acceptor; Pellegrini, p. 48-49.
138
E. <;abcj . .rl.lb. Beitr., p. 368-369; V. Vinja, SRAZ, 33-36 (1972-1973), p. 561:
4 L'airc du mot nous oriente v-ers l'albanais ct c'est la qu'il faut chercher le point d'irradiation t.
139
CIL, 2, 1567 apparamentum; cf. apparare • hcrrichten ~; pour le sens d'!i instrument,
orgar.c t, ''· organum en frioulan et en istriote; Pellegrini, p 43.
140 M. Lambcrtz, ZVS, 53 (1925), p. 304.
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60 H •. Mibăescu
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Les elements }atins de- la langue albano.ise 61
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62 H. Mihăcscu
39. Les ancetres des Albanais ont connu les rclations de production du
domaine de l'agriculture romaine et de sa tcchnique; la charruc et ses ele-
mrnts constitutifs portcnt en albanais des noms d'origine latine: appara-
mmtmn - parmmdi~ « araire, charrue •>, bubulcus - bujk « agriculteur, pay-
san '· * exmulgia - :mojfr «sol non laboure, jacherc i>, lit'bernalia - merraje
« pâturagC' d'hiver i>, hibcmum - verri, verri « pâturagc d'hiver i>, machina
- mokre <c moulin a bras, meulc », * nrniarium - mahajir « frichc, jacbere •,
* pasturaticum - pashtrak <c droit d'herbage ou de pâcage •. sarcinarius -
-shdkn11er, shdqt~ror <1 râtdicr auquel Ies bergers suspendent Ies instruments
Sl'!"Yant a la preparat ion de leurs produits lactes I>, stiva - shfi:;c « manche de
charrue 1), *terraticum - tralll (C brii, clime „,
tnjurcus - U~furk (I fourche a
trois dcnts •> *vcrtia - vace <c versoir de la charrue i>, t't'scere - ushqe_i « elever
ck:-; animaux •. vomis - wn, 11mb "charrue •·
La flore est, en bonnepartic, d'origincmeditcrraneenneou bien reflete Ies
realisations de l'horticulture l'll Italic: lapathum - lepjeU, !Cpjete «petite
oiscllc 1>, * medfrasfrr - mc~gashtlr <c saugc des preso, *11ovaster - noslitre
«plante, vegetal», olit.•aslt'r - 11/lashter ~c oli\·icr sauvage ll. *salviella - sher-
bdl « saugc •>, * trimmsana - thshane <1 avoine 11, *vistulum - veshtiell <c gui,
~lue •. La faune comptc dC'S elements qui SC rattachcnt pour beaucoup a la
mer ct aux rcgions humidcs: affip1·1cr - qijt (I oiscau de proie, epervier ou
faucon », bolea, *boia - bolte <c gros scrpent • catla - {!,alte « heron », chersy-
drns - lmlsheder <c dragon•. *gndla - kojrrile, kurrtU <1 grue ll, laxa ( mtis)
- lajslie <c crete de coq. huppe •. *musconea - muslikonje « moustiquc •,
Of/IS - 1t/, /zufe (C ChOUCttC I), 1!irgari1tS - VCrgar (C bOUC, etalon li.
Certains termes qui designent des aspects propres de la nature ou des
parties du corps humain suggercnt la presence d'un relief caracteristique:
lu.teum - lud <c bouc l), solat111m - sliulU « licu ensoleille o, terrae motus -
ti~rmet <c tremblemcnt de tcrre 11.
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Les ~Uments latins de la languc alt-anai~c '63
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64 H. Mihăescu
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Les elcments !atins de la langue all>anaise 65
regions situees sur la rive droite du Mati, a la partie du pays comprise dans
la province de Prevalitaine. Toutefois, ces toponymes ne manquent pas. non
plus dans le Sud; ils des'tendent jusqu'a Kurvelesh et Himare qui etaient
compris dans la zone d'influence de la culture nellenique. Les toponymes
la.tins sont principalement de~ noms de villages et ele pctites provinces, et
rar2ment des oronymes ou des hydronymes »161 .
161
Lafe, p 166-167
18
2 E. <;abej, LP, 8(1960), p. 76-77.
183
Pekmezi, p. 44.
1 4
G N. Jokl, ZONF, 10(1934). p. 190.
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66 H. l\lihăescu
plat, plah':-.u », * 1111:",?rz:<rm (cf. m'1ialis <c porc gras»)> malzajer « friche, jachere,
sol non culti\·c •1, '~ pisf,1rium> shta, slzta~; <c pilc, pilier 1>, * traiectarium>
tajtar <c entonnoir, cornet», ;:irgarius> ;,,•1..~rg,1r « belier ou bouc non châtre &;
-aster _liliasltr> _ljcsliter, (i, e) tlzjcstri3 <c fils ou fillc d'un autre lit "•
* mcdicastcr > 111.t.~gaslztfr <c sauge des pres 1>, * novaster > 11oshter <c plante,
y(·getalc 1>, olic.·as!t"r > ullas!tth « oli,·icr sam·age 1>;
-aticum: * pasturatirnm > /;aslztra!~ « droit d'herbagc ou de pâcagc »,
* tcrraticum > fri1tk < « clime, taxe pour un terrain cultiYC:· 1>;
-cllum, -dla, -dlus: castdlum> k1..~slztidl <c château 1>, * safridla> slzer-
bdl? CC Sauge 1), f,·rt"bdllfS > f1trjd!e (< inStfUJ11l'I1t a forer, drille I);
. ex-: * exdopjms> shqcp, sliqjcp <c boifrux », t'xcurtus> i slzkurtc « court t,
* cxmulgia> ::..;wJjfr « tcrrain inculte, jacherc 1>;
extra-: slz!Crgjysh <c <!ncetre », slztcrmbesc <c arriere petite-fille 1>, shti!mip
<c arrierc pctit-fils 1>, cf. cn roumain striibun, stră1lt"poatti, sti'ă11epot;
-ia> ia: 11rn111a > mania> m,~ri <c col ere 1>;
-icar<': 11za1ticarf > mhrgoj « se kYcr eh: honnc heurc 1>;
- înus, -i11il, i111tm: capiti11a> lwpti11i5 <c tete 1>, columba+ -i1rns> kullum-
bri (junc cspccc de prunicr », co11sobri11us > lms/zeri <c cousin 1>, hiberninum>
·uhr~ ~ pâturagc J'hinT », * moli111!m > mulii <c moulin I), * porrinum > purri
<c poireau 1>;
-fous, -ina: 11za11ct1111s (cf. 111'/ilCZ:s 1• infirme 1>) > i mi.:11gjfr 41 gauche •,
masticliinus (cf. mastic he <c mastic 1>) > 11lt~shtek 1c boulcau 1>, * retina (cf. rete
41 filet») > rrdc11 « courroic de sandale, lacct de soulicr 1>;
-ia: * maritatio> marfrsc « mariagc, noces 1>;
-mentum: appara111c11t11m > parmrnifr <c charrue 1>, aulat'um + -men-
tum> il<'lt~l/l(/!d (C UStcnsile QU instrument Cn boiS Sen·ant a tisser I), * gaztdi-
11tC/lfUln > giz::mrnt <c joic », sarmmt:1m > slrammd <c sarmcnt de Yigne deseche
Sf-'r\'ant a atti,;er le feu »;
-011t'a: * 11t11swnca > 11rnshlw11ji! <c moustiquc 1>;
per-: * 1'J1Tdolcrt' > phdellcj <c aYoir pitie », pervigilare > plrgjoj ~ ve1-
ller 1>;
-ula: gla11dula > gjc11der <c petit gland de chene 1>, spatula> shpatulle
<c epaule, omoplate 1), * vittula> ·uetull <c paupiere, sourcil 1>;
-ura: cl,zusura> Mslryre <c <lefile 1>,factura > jytyrc «face, aspect,foroe "·
iunctura > gjymtyrc <c membre, articulation, lien 1>, ligatura < likayre « lien t,
unctura > yndyre <c graisse ».
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Les elements latins de la langue albanaise 67
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68 H. )fihileo:cu
1 'r, p„Jyl.l' 2 ..\S; 2.11,11; 7,9,.3: Strab. 7,.126; 29,12-t:;; 45,:;0,7; E. Oberhi;mmer,
RE. 2 ( 18%1. 2 lll<•: H. Cc·ka, « Bull"tin Tirana"· 9 ( 1956), I, p. 108-112.
167
•.\. l'hilippson, HE, 4 (1901), 2221-2222.
168
E. Fluss, l~E. 2'" serie, 4 ( 19.\2). 2526-2529.
m Strah. -i.1, 18,5; F. )liltncr. RE, 19 ( 19.)7), 49."i.
1 7o E. Polaschck, RE, 20 11950), 1729-1732.
171
C. Pat~ch, Tlirakis.-lz,· Sp11r111 a11 der A.dria, ]Ll ..\J, 10 (1907), p. 169-174.
17
2 E. Tomaschek, Die altrn Thrakcr. Ei11e etl111ologische r:11terrnclw11{!, ""ien, 18)3-
1894; -G. G. )lateescu, I traci 11fl!c •Pigrnfi di Roma, ED, i (1923), p. 57-290; H. Krahe, Die
a/ten balka11illyriscl1cn gcr1r;rapl1isc'1111 Samrn, Heidelberg, 1925, p. \"II; T.T. Russu, «•.\nuaru]
Institutului de Studii Clasice» (Cluj). 4 (1944), p. 73-146 et SCIV, 13 (1962), p. 230.
173
Ptolem., Gcovaplzica, 3, 12. 20; J. G. ·rnn Hahn, Reise d11rc/1 dic G~l;iete des Drin
u11d Vardar, \\"ien, 1867, p. 14; cf. Praschnikcr-Schc,ber, p. 27-.10.
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Les elements latins de la lauguc albanaise 69
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70 H. Mihăesc:u
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Les elements latins de la langue albanaise 71
onn=e le nom de Ia d·eesse Diana, qui a survecu jusque dans l'albanais moderne,
dans l'appellatif zdnc «muse, fee» (cf. zf.nii, en roumain) 181 . Les inscriptions
latines comportetit egalement des noms grecs susceptibles de demontrer deux
choses: soit que Ies habitants de langue latine s'affublaient de noms grec·s,
soit 'que ceux de langue gtecque etaient bilingues. Les textcs epigraphiques
montrent toutefois, sans l'ombre d'un doute, que la langue latine avait la
preponderence, ·ce qui semble d'ailleurs naturel pour une localite si proche
d'Italie et un port aussi frequente, situes sur une gande artere de communica-
tion ·de l'Empire· rcimain. Une inscription publiee par C. Patsch parle d'une
me·re appelee Themis et de ses dcux filles, portant Ies noms de Lupa et de
Ursa 182 . Dans 'd'autres inscriptions figurent des noms mixtes greco-la tins:
Terentia Chrysopolis, Valerilis Crotus, Terentius Dionysius, Aelia Aerotis,
Memmius Eupotio, Cassia Eurudica, D. Granius Euschemus, Yalerius Euse-
bes,:'C. Vinicius Eutychus; ·Gra11ia Helpis, P. Clodius Hermadion, Cornelius
Castricius Lycario, D. Gtanius Olympus, Pomponia Nice, Sentia Procope,
Fulvia Stratonice, Aelia Sope, ·L. Caesius Stephanio, Novellia Trophime et
C. Iulius Trygestus. :(ertains nom·s grecs, vraisemblablement des noms d'escla-
ves, ne sont pas sliivis de noms latins: Arethusa, Chrysis, Hennes, Hermionc,
Nice, Nicippides, Nymphodotus. Le nom de Maria est semitique: il appar-
tenait sans douteă une femme professant la religion chretienne183 . Une autre
f emme de l' epoqu~ ·tardive portait le nom de la ville: Iulia Durachina 184 .
Cerfains hahitants etaient originaires d'autres cites: Novia Scodrina (de
Scodra) 185 , Ti. Claudius Epetinus (d'Epetium, localite a l'est de Salona, en
Dalmatie) 186 , Ca~sia Eurydica d'Alta Epyra (Acrocorinthc) 187 , Iulia Berytia
(de· Beryte, en Syrie). Le 30 aout 1941, on a decouvert sur le territoire de
cette ville le plus gtan~ .fresor d'objets precieux et de pieces de monnaies
romai11es d'Albanie: 14 kg d'or et d'argent et 3974 deniers et sesterces s'eche-
lonnant de l'an 65 .ă l'an 180 de notre ereie 8 . La ville appartenait a la tribu
Aeinilia 189 : elle possedait urie bibliotheque 19 0. un aqueduc, plusieurs temples
et un· amphitheâtre 191. . . .
blio (tlucae).
191
CIL, 3, 709 aquae ductum . .. Durachinis Jactum.
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72 H. Mihăescu
1
"~ Cicerou, J>/iilippiq11es, 11, 26.
193 Cf. \"eith, p. -42-H.
194 C. Patsch, Das Sandschali Bem/ in A,'baniL'll (Wien. 190-4). p. l.19-163; Praschniker-
SchoJ.er. p. 66-75; C. Praschniker, ]0..\1, 21-22 (1922-192-4), ll, p. UP-191; L. Rcy, Fori-
ilics d' ...Jpollo11ic, «Albania•. 1 (1925), p. 9-25, 2 (1927). p. 13-38, 3 (192S), p. 13-38, 4 (1932),
p. 7-27; 5 (19J5), p. 7-13 ct p. 51-56, 6(1939), p. 5-1-4; B. Pace, Gliscaviarclieologici di
Alh,rnia, H.AL, 6 (1951), p. 325-337; S. 1'.lami Apollo11ie, grande viile de l'Antiquiti, <•L'Alba-
nic );mnelle », 11 ( 195S). 6, p. 1--4; .\. Buda, Re:11/talet e ~crmimeve ne 11elo-opoli11 e Apollo-
nis~· ;iii 1•itri11 1956, «Buletin Tirana•. IJ ( 1959), 2, p. 212-245; V. D. Bla·1atski-S. lslami,
Gi:innimct ni! Apollo11i dlie Orik gjate vitit 1958, «Buletin Tirana•. l-4 (1960). I, p. n- 112;
H. Ceka et S. Anamali «Buletin Tirana• 15 ( 1961), l. p. 106- 107; V. D. Blantsky, Aus-
gra!,imgeu i11 Apollonia in Illyricn (1958), « Klio "· -40 (1962). p. 271-2\11.
195 CIL, 3,600; P.C. Sestieri, Il nome antico di /(/as, RAL, 6 ( 1951), p. -411- -4 JS.
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Les flements ]atins de la langue albanaise 73
1, p. 12 I.
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74 H. Mihăescu
nia m·lle ricerchc al'cheologiciic italiane, Roma, 1928; ll Cristialiesimo e l'organizzazione eccle-
siaslica a Butrinto, OCP, 2 ( 1936), p. 309-329; A. De Franciscis, Iscrizio11i di Butrinlo, o Rcn-
diconti dell'Accademia d'archeologia di Napoli•, 21 (1941), p. 11-20; B Pace, RAL, 6 (1951),
p. 3.10-332; Dh. Budina, c1Bulctin Tirana•, 13 (1959), 1, p. 246-256.
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Les elements latins de la langue albanaise 75
Plus loin, vers le sud, aux picds de la motagne de Korila, dans la Grece
actuelle, sur la cOte, peut-etre a l'embouchurc de Thyamis (Kalamas), se
trouvait la station dite Ad Dianam, ou l'on a trouve une statuc de la deesse
et une inscription votive posee par un certain Callistus, affranchi de l'cmpe-
reur, ·ct son epouse Claudia Primigenia 213 • De meme que dans d'autres tcxtes
similaires, ici on rcmarque le melange de noms grecs et latins, ce qui indique
le caractere mixte de la population et de sa culture.
5-1. Apres avoir passe en renH' Ies restes de la civilisation romaine au
sud de la via Egnatia, jusqu' au-dela de l'actucllc frontiere greco-albanaise,
nous rcviendrons a }'importante artere de communication qui mcnait a Con-
stantinoplc. AussitOt apres Dyrrachium (Durrcs), dans la modeste locali te
conternporaine d'Arapaj, on a rccueilli une inscription latine du lll' siecle 21 "'.
A Salrnanaj a subsiste unc borne milliaire du temps de l'empereur Diocletirn 215 •
Kavaja a line trois inscriptions latines et unc autrc en grcc 216 • Plus loin, en
remontant la riviere Genusus (Shkurnbi), a peu presa mi-chernin entre Scampa
(Elbasan) et la mer, dans la contree des Taulantes, se trouvait Clodiana
(Peqini), ou la mute d'Apollonie rejoignait celle de Dyrrachium. On ~- a
retrom·.e une inscription latine 217 • Fn peu plus al'oucst d'Elbasan, sur un
petit: :affluent du Shkumbi, la K::isha, unc inscription latine nous a consen-e
le ~9P1 de l'affranchi d'origine illyricnne. :M. Licinius Plator 218 • A Scarnpa
(Elbqsan) ct aux environs on a retroun~ plus de 20 inscriptions latines appar-
tenant: a diverses epoques. Sur l'une d'clles, une mere porte un nom illyrien
(Dona). tandis que la fille a un nom romain (Crescentina) 219 • L"ne inscription
des alentours de l'an 150 de natre ere mmtionnc un veteran rornain etabli
et decede dans cette localite 220 • Sur une autre pierrc figure un pere nornme
Successus, un fils appele Dionysius Et une fille du nom d'Autonoe 221 • Des
noros. grecs et la tins apparaîssent enscrnble egalement sur une inscription
du II''; siecle: Fregania, M. Flavius et Antenor 222 . Le noru de femme Plato
(soror) semble etre autochtone 223 . Parthinus est pareillernent un Illyrien
romanise 224 . Dans la locali te Ad Quintum (Shenjon), pres de Scarnpa (Elba-
san); deux inscriptions latines renfermcnt dts norns d'affranchis du ier sieclc
de natre ere: Lupus, C. Iulius Sakius et Satria Cupta 225 .
.. ~5. Au nord de la riviere Genusus (Shkumbi), sur la riviere Ar~eni
(Erzeni), qui se jette dans la mer Adriatique au-dessus de Dyrrachium (Dur-
res), ,une inscription latine provenant de la petite locali te de Pjeshkeza,
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'i6 H. Mihăescu
comporte le nom romain de Coelius 226 • Unc inscription latine de Tirana parle
d'une certainc Fuh·ia Stratonice; dans une autre, decom·ertc a Hershita,
pres de Tirana, une sceur s'appelle Rumnia et son frere Rumnius 227 . A Nder-
fandena, au sud de Lissus (Lesh), sur la ri,·c du l\fati et pres de son cmbou-
chure, on a trou\'e des fragments d'inscriptions et de sculptures romaincs 228 •
Au Yillage de Rrypc, situe dans la Yallee de la ri,·iere Mati, au sud du petit
cours d'eau B;:ilsh, une iu_scription latine des I\''"- VI'" siecles mentionne le
nom d'un fonctionnaire ( co•z,/rasaiptor) qui a construit une basilique sur Ies
ruines d'un temple an tiquc: s ( upcr) cd ( irnlam) liane basil(icam) j11ndm1it 229 .
Enfin, dans le nor<l de l' Al ban ie, sur le Drin superieur, unc troisieme
artere allait de l'Adriatique a Prizren, Pristina, ~is et jusqu'au Danube. A
l'cmbouchurc du Drillon (Drin), se trouYait Lissos (Lissus, Lezhe), colonie
grecque fondee nrs l'an 385 a\·ant notre ere ct capitale du roi illyricn Gen-
tius nrs l'an 169, puis englobee, apres l'an 118, dans la pro\'ince romaine
d'Illvrie 230 • Il v existait en 59 a\'ant notre ere un com·mtus civium Romano-
rnnz231. Dans une inscription du debut de notre ere, il est question d'un digni-
taire qui refait a ses frais la muraille de la cite 232 • line autre inscription line
lcs noms de L. Didius, Eros Didia, Arbuscula et Auca 233 : Eros est un nom
grec, Arbuscula un nom d'affranchi et Auca un nom celte ou illyricn, ou
peut-etre pris du latin n1lgaire. Sur un fragment epigraphique du commence-
mcnt du III'" siecle, on lit des acclamations cn l'honneur de dcux princes,
Septimc Sen~rc et Caracalla 234 • Apres la reforme de Diocletien, la "ille depen-
dit <le la Prae\·alitainc et ulterieurcment de l'Empire romain d'Orient, dans
Ies limites du theme hyzantin de I>yrrachium.
r'.G. Un peu plus haut de Lissus (Lesh, Alessio, Lezhe), sur la rive droite
de la ri\'iere Drin, sur le territoirc de la localite actuelle de Balldrcni, on a
decouvcrt unc brhc inscription latine 235 • Un pcu plus haut, a proximite
de la frontiere albano-yougosla\"c, sur la riw gauchc de la Buna (Bojana),
sont apparus des debris de colonncs romaincs 236 • A Shnanoj. s'est conservee
unc inscription fragmcntaire du debut du II<' siecle 23 i. A l'extremite meridio-
nale du lac appele par Ies Homains Palus Labeatis (aujourd'hui le lac de
Shkoder) se trou\"ait la ville de Scodra (Shkoder, Scutati), colonie romaine
et plus tard capitale de la pro\'ince de Prac\'alis, situee a la confluence des
ri,·ieres Barbana (Buna, Bojana) ct Clausala (Kiri) 238 .' Dans unc inscrip-
tion de l'an 194 on trou\"e mentionne l'empereur L. Septimius Severus Per-
tinax239. Un autrc fragment epigraphiquc de quatre lignes constitue un
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Les clcmcnts !atins ele la Janguc albanaisc 77
monument funeraire 240 . Sur unc aut re inscription funerairc apparaît le nom
Saturnaca Castresina'.! 41 et dans la derniere qui y a ete rccueillie on a affaire
a une dedicace funeraire de la part d'unc femme ~t son mari mort a l'âge de
40 ans 242 . Les quatrc inscriptions latines attcstcnt, avec d'autres restes arche-
ologiques, la penetration de l'influcnce romaine, qui s'installa sur un fonds
autochtonc plus ancien (monnaics autonomes entre 211 et 150 avant notre
ere, a caractercs grecs) et qui a eclipse ou evince presque completement le
pres tige de la cultu re grecque 243 . Au sud-est de Shkoder, dans la vallee du
petit cours d'eau appele Gjadri, a sa conflucnce avec la Voma, sur le terri-
toire du village de Vigu, se trotwent Ies ruines d'une forteresse antiquc, quc
le peuple appelle aujourd'hui Kalaja e Kastres, reflexe tres ancien du mot
romain castrmn, lequel a persiste aussi dans le grec byzantin, vestige attarde
mais probablement anterieur au regne de l'cmpereur Justinicn 244 . A Rrenci,
a 3 kibmetres a l'est de Shkoder, s'est conscrYee une inscription latine frag-
mentaire du debut du IIF siecle 245 . Sur la rive gauche du fleuve Drin, la ou
il rejoigne la Gomsiqja, a ete mis au jour un tombeau romain 246 . A Gajtani
on a des restes de poterie romaine 247 . A 12 kilometres au nord-est de Shko-
der, sur la rive gauche de la Clausale (Kiri), a Drivastum (Drishte), on a
trouve une inscription funeraire latine 248 . Au nord de Shkoder, sur la mute
vers Dodea (Podgorica, Titograd), dans la plaine qui borde le lac, dans le
village de Marshejn de la commune de Kopliku, des vestiges romains, des
objets de bronze et une inscription fragmentaire latine ont ete recoltes 249 .
Un peu plus au nord, peut-etre sur le territoire de l'actuelle localite de Helmi,
sur le territoire de la tribu Hotti, il y avait l'etablissement romain de Cinna,
dont se sont consen'es des vestiges importants, objets en bronze, tombes
romaines, statuettes, fibules et monnaies de l'epoque imperiale 250 . A Kusha,
pres de la frontiere albano-yougoslave, on a decom·ert des tombes et autres
vest iges romains2s1 .
57. A l'cst de Shkodcr, cn remontant le Drin, ncn loin de Dushmani,
au villagc actuel d'lballja, il y avait probablcmcnt l'etahlissement romain
d-'lmminacium, avec ses retranchements et scs fosses 252 . En ccntinuant de
remonter le Drin, dans la locali te de Kolesjan (arrondissement de Kukes),
a ete decom·erte une inscription comprenant le nom d'une famille indigene:
la mere s'appelait Aurelia Domitia, l'un des deux fils Aurelius Domitius
et l'autre Tata. Ce dernier nom etait autochtone et le nom cl'Aurclius montre
que la famille a vecu au ne siecle253.
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78 H. "!\li hăesrn
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Les elements latins de la langue albanaise 79
p. 151.
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80 H. Mihăescu
rer a cette theorie: « Es durfte daher geratcn scin, es ,·orlăufig bei cler G.
Meycrschen Aussicht bewenden zu lassen, wonach die Albanesen in der Tat
die Nachkomrnen cler alten Illyrier sind »267 . La these de leur caractere autoch-
tone est egalernent partagee par le saYant roumain o,·ide Dcnsusiam1:.: 68 •
Cest l'historien Constantin Jirccek qui allait elargir l'horizon de.s re-
chcrchcs pour s' etre a ttentinmcnt penche sur Ies sources antiques et medie-
Yales clu Sud-Est de !'Europe. 11 remarqua s_n dfet quc plus on rechercl1ait
Ies ..\lbanais a unc epoquc reculee du ~Ioycn-Age, plus on lcs Yoyait s'etendre
da,·antagc quc de nos jours n·rs le ~ord; leurprincipal siegc se trouYait dans
le quadrilaterc delimitc par Shkoder, Prizrcn, Ohrid ct \'alona, a,·ec des ra:ni-
fications poussant cncorc plus loin Yers le ~ord 269 . L'impression qui se degage
de ces rcchcrchcs, c'cst que l'cspacc occupe par Ies ancetres des Albanais
etait jadis plus YaSÎt.', mais s'est retreci petit ~petit par suite ele Ja forte con-
currcnce de !'element latin ct sla,·e. Se fondant sur des ;'rguments impres-
sionnistcs, l'historicn J. ?\larquart affirmait quc les ancetres des AIL:~nais
aYaicnt l~te refoulcs Yers l'Oucst <cin die wilclcn Randgebirge des \Yestc:1s 1>
par Ies Slaws, ;1 une epoquc rl'lati,·cmcnt reculce, c'cst-a-clire a la fin du
\'I'" sieclc:.! 70 . L'iJ~L' quc ks ancetrcs des Allxmais aYaient ,·ecu a un moment
donne cn Transyh-anic d furcnt rcfoulcs cnsuite ,·ers l'Occidcnt, jusgl!'a
la mer .-\driatique, sous la prcssion des Slan-s au YP' siecle, est den·loppee
?t forcc d'arguments non com·aincants neanmoins, qu'il allait abandorn:cr
plus tard. par Scxtil Pu~cariu 271 .
GO. Aux rcchcrches des archfologues, des historicns ct des linguistes
<ajouterl'nt aussi ccllcs cks l'tlmologucs. Les foits ont montre quc les realites
historiqm·s ont ete l,icn plus complexes qu'on ne l'aYait penst'· auparaYant
et qu'dks dc,·ail'nt ctrc aliorclees anc prudcnce. C. Patsch deja aYait knte
<lt' rnon t rcr quc h·s prernins immigrant s dans l 'act ud tcrri to irc albanais
ont ete Ies Tlm1ces, qui puussercnt jusqu'a l'Adriatique et qtw les Illyriens
sont n·mi:-; vnsuik com-r;-,nt ks tcrrcs deja occupeL'S par ks Thraccs 272 • Les
ethnologues F. :\"opcsa et E. Fischer concluaicnt que l'on aurait affaire en
realite ;\ lllW popnlation mixte ill~To-thracc (« illyrisch-thrakischc Mischbe-
y(ilkcnmg •>)~ 7 :i. Lt· linguiste Hrnrik Barir se prononc;:;iit de son câte dans
le mcnw scns l"J1 p;ulant d'un « illyrisicrtes (d. h. ilJ~Tisch uhcr-
schichtl't1·s) thrakisch•'S \"olk..::tllln •> 274 • Tcl etait le climat dans kquel cJe,·ait
gL'rmcr l't murir la tht·~·-· du linguiste bicn connu ~orbcrt Jokl. qui concluait
que lcs ancetrcs des Albanais aYaicnt egalenwnt Yecu en Dard;-,nie et qu'ils
parlaicnt un idiome mixte thraco-illyricn 275 • Contre cette these se pronon9a
alors Gustav \V eigand. qui cssaya de grouper ct de classcr systematiqm·m·'nt
l'enscmble des argumcnts a J'appui du point de Yue attribuant une origine
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Les elements Iatins de la Iangue albanaise 81
278 G. Weigand, Sind die Alba11Er die Naclzkommm dcr Illyrcr ader da Thraker?, BA,
3 (1927), p. 227-251.
277 St. Mladeno·1, Albanisch 1m1l Thrako-Illyrisc/i. Kritisc 11c Bemcrkw1gcn :a eimr
vermeintlichen Streitfragc, BA, i (1928), p. 180-197.
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82 H. Mihăescu
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Les elements !atins de la languc albanaise 83
des rapports avec Ies Slaves et elles den·lopperent dans leur sein un bilin-
guismc asscz repandu 281 . Petar Skok n'a pas analyse de plus pres Ies elements
la tins; de l'albanais, neanmoins il a soutenu qu'ils derivaient de la meme
source ·que ceux de la langue roumaine 282 • L'erudit romaniste de Zagreb a
evite toute precision quant a la derivation de l'albanais soit de l'illyrien soit
du thrace et il s'est contente de declarer que Ies Albanais etaient Ies descen-
dants des « Illyres ou des Thraces » et quc « leur siege primitif etait a cote
des ancetres des Roumains »283 •
. Le line d'A.1\1. Selisccv 284 a fourni a l'albanologuc Xorbert Jokl l'occa-
sion ·d e..:primer, dans un compte rendu, des idees nouvelles ct de modifier
quclque peu quelques-unes de ses opinions anterieures au sujet de la patrie
prirriiti~-e des Albanais. Cest ainsi qu'il a critique le point de ,-ue de Gustav
\Veig~rid, adopte par A.l\I. Selisce,·, cn montrant que Ies ancetrcs des Alba-
nais ·a,;aient eu des rapports linguistiques avec la population romane de la
câte dalmate, a laquelle ils avaient emprunte des mots comme kcmbone
\I cloche>), rnft (( pretre ». etc. Par ailleurs, une bonnc partie des elements
latins de l'albanais ont unc hautr anciennetc ct il existe aussi, a câtes de ces
derniers, des emprunts au grec ancien: Ies ancetres des Albanais sont, par
consequ.ent, venus de bonne heure en contact avcc la ci,•ilisation greco-ro-
maine.' La pcrsistance de certains noms de lieux antiques a phonetisme alba-
nais et leur adoption par Ies Slaves prouvent que Ies ancetres des Albanais
· occupa,ient ces territoires avant la venue des Slaves. Il resulte implicitement
des reinargues de Norbert Jokl que Ies ancetres des Albanias habitaient un
territoire plus vaste que celui qu'ils occupent a present, territoire qui
s'etetidait a l'est jusque d;;i.ns l'antique Dardanie, ou il touchait a la
periphefie de la vaste zone appartcnant aux ancetres des Roumains, et a
l'ouest:.:jusqu'a la mer Adriatique, ou ils etaient voisins de la population
rom~ne' de Dalmatie2s5.
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84 H. :.\!ihăescu
~ 87 I. Şiadhei. Albanais ct roumain commu11, RIEil, 3 (1938). p. 446-461 (Ic texte cite
se trmne a la page 460); Sur l'eltfmrnt latin de /'albanais dans: Mflangcs li11g11istiq11es publics
a J'occasion <lu \"lile Congres intcrnational des linguistcs a Oslo, 5-9 aout 1957, Ducarest,
1957, P· 63-69.
288
C. Taglia·1i ni, dans J' Enciclopedia Italiana, 2 ( 1929). p. 124; Le pariate albanesi di
tipo glrcgo 01·ientale ( Dardania e .Uaetdonia nord-occidc11tale), Homa, 1942.
288
C. Taglia·1ini, Gli elemrnti latini in albanesc. «Cultura Neolatina & l ( 1949). p. 90-93,
cf. p. 93: o Lo studio degli elementi latini dcll'albanese e di grande importanza non solo per
l'albanologo, ma anche per ii neolatinista u. On peut consulter aussi avec: profit son ctude: Coi;-
ributi allo studio delia stratificazione de/ lcssico alba11cse. I. Famiglia e parcntela, o Atti dcll'Is-
tituto Veneto &, 106 (1947-1948), P· 194-220.
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Les clcmcnts !atins de la langue albanaisc 85
Starke des lateinischen Einfluss auf <las Albanische setzen cine jahrhunder-
teiange Symbiosc zwischen C ralbanern und Romanen voraus »290 . Affirmer
que Ies ancetres des Albanais etaient uniqucment des pâtres et qu'ils n'habi-
taient pas en permanence Ies plaines c'est ccrtainement cxcessif.
65. Alexandre Rosetti a constate avcc raison que « l'influence du vieux
grec sur l'albanais et sur le roumain s'est cxercee d'une maniere differente
dans chacune de ces langues »291 , mais il a adhere a la these non convaincan te,
qui repose sur !'argument ex silentio que « l'absence de tcrmes du vieux fonds
dans la terminologie de la peche et de fo navigation semblc prouvcr qu'a cette
epoque ancienne Ies Albanais vivaient loin du littoral maritime »292 • L'auteur
a repoussc l'idee de la symbiose par suite du manque de preuvcs et a condu
quc «Ies tcrritoircs habites par Ies ancetres des Albanais ct par Ies ancetres
des Roumains se touchaient seulement a lcurs limitcs cxtremes »293 •
C' est dans un sens analogue que s' est prononce aussi Maximilian Lam-
bertz, un bon connaisscur de la litterature populai re albanaise: «Da die
ciJbanische Sprache Beziehii.ngen sowohl zum alten lllyrischen •vie zum alten
Thrakischen zeigt, lag die balkanische l'rheimat der Albaner wohl auf dem
Grenzgebict, vrn lllyrier und Thraker zusammcnstiesscn, d. h. im Gebiet der
alten Dardaner, auf dem Bodcn des heutigcn Nordalbanien, Montenegro,
Bosnien, Scrbicn »294 • 11 existe cffectivement des contrees elcvees et isolees
ou pouvait se maintenir et sun·ivre une languc tres ancicnne cntree tour a
tour en contact avec Ies Romains, Ies Slaves et Ies Turcs.
Anton lVIaycr a embrasse avec de pctites diff ercnces la these de Nor-
bert Jokl, que Ies ancetres des Albanais vi,·aient approximativement au
nord-est du lac d'Ohrid, jusque dans la vieille Dardanie. Au cours des temps
ils se sont deplaces davantage vers l'ouest, ou ils rccontierent une population
romane: celle ci s'est maintenue jusque tard au Moyen-Age, laissant en alba-
nais des noms de lieux qui n'ont pas le phonetisme albanais 295 .
\Vacla\v Cimochowski a critique la these de l'origine thrace de la langue
albanaise et propose pour point de depart la langue illyriennc. 11 a elargi la
patrie primitive des Albanais au-dela des frontieres actucllcs de l'Albanie,
dans la direction de la vicille ville de ~aissus (:\'i~)29 6 •
66. La these de la descendance de l'illvrien et du caractere autoch-
tonc a ete defendue de fa<;on consequentc et de" maniere convaincante, avec de
nom·caux arguments, par Eqrem <;abej. Selon ce savant Ies Albanais ont vecu
dans lcs regions qu'ils habitent aujourd'hui au moins depuis l'epoque antique.
11 apporte a l'appui de sa these quelques arguments personnels, que l'on
pourrait ranger en cinq categories: 1° l~n ccrtain nombre de toponymes an-
ciens - surtout des noms de montagnes, de cours d'eau et de quelques grandes
villes - marquent une evolution cn accord avec la phonetique <ilbanaise,
J7-53.
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86 H. 1\li hă eseu
D1·lrv, Sofi:-!, 1958, P· 105-113; Omagi1t lui ConstaJ1ti11 Daicoviâu, Bucarest, 1959, p. 177-
11:15; CL, 3 (1958). P· 89-107.
~uu G. Heichenkron, Das Ost roma11ischc, dans la collection i· olker 111;d K1cll1!rcn Sudost-
rnropas. lfoltm-/1islo1"isclk Bcit1·iigc, Mf111chen, 1959, P· 153- 172.
aoo Ibidem, P· 161.
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Les elemcnts ]atins de la languc albanaise 87
romanisch i1 cntendait unc entite linguistique d'ou aurrait rcsulte Ies lan-
>)
gucs dalmate et roumaine, ainsi qne Ies elements latins de l'albanais. En rea-
lit~. k dalmate se differencie considerablcment du roumain et se tourne
vers l'Occident, de meme que Ies Clements latins ele l'albanais.
301
V. Georgic·1, Bălgarska etimologija i onomastika, Sofia, 1960, p. 151 ct suiv.; Alba-
J1isch-Dakisch-1V!ysisch und Rumănisch, Lil, 2 (1960), p. 1-19; Trnkische und dakisclze Na111en-
.k1111de (A ufsticg 1rnd Niederf{a1!g der Rămischer W elt, Teii II: Prin ci pat, Iland 29.2), Ilcrlin-Ncw
York, 1983, p. 1195- 12 U.
302
Strab., 7,3, 10 (C 303) 7t<Xpa 'rW\J I'ETW'J, oµoy),w-:--:-ou TOÎ:; Op~~l\J tflvou:;; 7,3, 13
{C 304) oµ6y),w-:--rol 8'dcrLV ol Llcxxol -roÎ:; l'E7CH~.
303
E. <;abej, Zur Charakteristik cler lateinischen Lclmwortcr im Albanischcn, HRL, 7
{1962). p. 161-199.
304
E. <;abej. Betrachtungen uber die rumănisch-albanischeu S prachbczieh1111grn, RRL,
10 (1965), P· 101- 115.
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88 H. 1llih:1„scu
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Les clements !atins de la langue albanaise 89
71 Un indice precicux nous est encore offert par l'etude des rapports
linguistiques existant cntre Ies ancetres des Albanais et la population ro-
manisee de la Dalmatie antique et du littoral de l'Adriatique. Le dalmate
et;:;it parle sur une etroite langue de terre le long de la câte Adriatique ct dans
Ies îles: il a subsiste jusqu'a la fin du XIXe siecle, quand vivait encore le
dernier surYivant de cette populcition Tuone Udaina, de la bouche duquel
le linguiste i talien l\Ia ttco Bartoli a recueilli son ma teri el informa tif. On est
red2vable d'importantes contributions a l'etude de la langue dalmate, ti-
rees principalement du domaine de la toponymie, au romaniste yougoslave
bien connu Petar Skok. Les conclusions de cc savant demeurent convain-
ca:1tes, en ce sens que Ies Slaves sont descendus de bonne heure vers le ri-
vage de l'Adriatique et plus au sud meme de Raguse, des le debut du VII"
siede, isolant de la sorte la population romane de Dalmatie du reste de la
Peninsule balkanique. 11 existe toutefois des preuves que la population ro-
mane de la câte Adriatique a entretenu des rapports avec Ies ancetres des
Albanais qui vivaient dans son voisinage immediat. C'cst ainsi que Ies mots
chretiens bapti::are, crux et presbiter ont penetre cn albanais par le truche-
ment du dalmate (albanais pagewj, kryq et przjt), de meme le dalmate cam-
p11011c - alb. kifmbone « cloche ». Le toponyme Ragusc a pour correspondant
albanais la forme Ruslz. fondee sur Ies lois de la phonetiquc albanaisc;;06 .
72. Enfin, Ies indications Ies plus s{tres sont fournies par Ies Clements la tins
de l'albanais. L'historien Milan von Shufflay a exprime l'opinion que Ies
traces de l'influence latine en albanais suffiraient a attester un ancien ha-
bitat des Albanais sur Ies bords de l'Adriatique 30 ;. Ces elements ont garde
certains caracteres archa1ques qui peuvent remonter dans le temps jusqu'au
ne siecle avant notre ere. Ils ont fort peu de rcssemblances avcc le latin sur
lequel repose la langue roumaine et sont orientes vers !'Occident. Certains
termes du domaine de la flore et de la faune comme amvndala >mmdull «a-
mande », oleaster> voslzti:"r « Reinwcide », oleum> vaj (~1oj) «huile d'olive »,
oh~'a> ullî «olive>), olivaster> ullaslttrZ (( olivier sauvage », tructa> trofte
« tcrelle » manquent en roumain ct indiquent des rapports avec la mer 3'le-
diterranee. La terminologie ecclesi<J stique d' origine latine est egalement o-
rirt:tee autrement qu'en roumain: ecclisia> qislre <c eglisc >), en roumain ba-
siL:"cti> biserică, hcbdomas> javc <( semainc » en roumain septimana> săp
tăm'11ă, missa > meslzc <( messe », en roumain slujbâ, d'origine slave, mona-
chus > mung (murg) «moine», en roumain călugăr cl'origine byzantine, pa-
raJ:·sus> parri: <(paradis», en roumain rai d'origine slave, etc.
73. L'influencc slave s'est excrcee depuis plusieurs directions: du nord-
oue:.st, le long ele la Dalmat ie; du nord-est, par Ies nllees de la Basna, de la
Mora va et du Vardar; et du sud-est, de Macedoine. Les progres de la colo-
nisa tion slave se laissent SUÎ\Te partiellement grâce a la toponymie. On a
remarque que dans le nord-est de l'Albanie, et notamrnent dans la region
de la riviere Mati, les noms de lieux d'origine sla,·e manquaicnt presque
306 H. Gc:lzer, ZRPh, 37 (1913), p. 257-286; K. Treimer, ZH.Ph, 38 (19H), P· 403-
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90 H. Mihăescu
Conelusions
i'a. Pour d1;terminer ~rosso modo la patrie prin11t1ve des Albanciis on
disposc <lonc dl'S prl'U\"E'S sui\'antes. Le grec ancien a laisse des traccs uans
la langue parll'T par Ies ancetrcs des Allianais. (elles-ci ne sont pas tres nom-
brcuscs, du fait quc le grec ancien ne depassait pas au nord la limite linp1is-
tiquc act uclle C't qul' Ies fa iblcs colomes du li ttoral <le l' Adria tiquc n 'on t pu
exercer une influcnce profon<lc sur la population aborigene. La culture
romaine a joui d'un grand prestigc pf'ndant longtemp:o: elle s'est prope>gee
notamment a trawrs Ies vallcs du lJrinus (Drin), du Genusus (Shkumbi)
d ele l'Aoos (\"ojuszi). sa ns emlirasser le perimetre montagneux, ou Ies au-
tochtoncs resistercnt aussi bicn ;1 la romanisation qu'a la slavisation. Les
(·mprunts lat ins de la langue alhanai:<L' ont peu de ressemblances a\'ec Ies
elemcnts !atins du roumain et Ies ancetres des Albanais ont emprunte aussi
des elemcnts linguistiqtH'S a )a popu}ation romane de la câte dalmate. Jls
etaicnt par consequcnt voisins, au nord-est, de la population romane de la
\'allee du Danubc et de la Dacic; au sud, ils venaient en contact a\'ec Ies
Grccs; a l'ouest, ils a\'aicnt des rclations an·c Ies mers Ionienne et Adriatique
et avec la population romane du littoral; au nord, enfin, ils arrivaient jusque
aux· cîmes du mont Dunnitor. Cc \'aste espacc n'a jamais pu demeurer jm-
penetrablc aux civilisations et aux populations de l'cxterieur, mais il a in-
dubitablement abrite pcn<lant longtemps une majorite ethnique albanaise.
308
Th. Capidan, DR, 2 (1922), P· 4-H-554; St. :'.\lladeno·1, Bemerk1111gm ilbcr clic Alba-
11e1· mul das Alba11ischc in Sordmukedo11icn 1111d Altst'l"birn, DA 1 (1\125), P· 43-53; Prinos kăm
i:uluane na bălgarsko-albanskite t':ikovi olno.~rnija, clon:. <• Godi~nik na Sofijsl<ija l'niver~itet
Ist.-Fil. Fakultct », 23 (1927), p. 15-25; A.:!\I. Seli~i:e·1. op. cit., p. 141-330; ~. Jokl, Sud,
slavische JlTortslratigraphic u11d albanischc Lflm1l'orth1111<1't, dans Sbori;ik v lest na prof. L. Jllilttic,
Sofia, 1933, p. 118-120 et ~Slavia&, 13 (1933-193-t), p. 281-325 et 609.-6'45.
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III. LA LANGUE DALMATE
.A.11ert;u historique
75. Les Romains ont occupe en 229 aYant notre ere l'île d'Issa (Lissa)
et Ies possessions continentales de celle-ci; puis, en 218 a\'.n.e., ils ont acquis
l'île de Lessina (Hvar) et ont penetre dans la presqu'île d'Istrie, qu'ils ont
soumise en 177. l\Iais la conquete de la Dalmat ie n'a progresse que lentem<rnt,
a ca usc de 5011 relief accidente et de la resistance de la population locale:
ce n'est qu'en l'an 59 que l'Illyrie fut donn~e a Jules Cesar commc pro\'ince,
anc la Gaule. A partir de 42 elle apparaît sous le nom de Dalmatie, qu'elle
conserva jusqu'a la fin de la domination romainc. Dans l'etude du processus
de romanisation, il faut tenir compte des conditions gfographiques ct des
voies d'acces 'ers l'interieur. Plus de 95% des inscriptions latines se trouvent
a l'ouest des monts Dinariques, pres de la mer, sur la cote ou dans Ies îles;
a l'est des monts Dinariques Ies localites ayant line <les inscriptions latines
sont plus rares et le nombre de celles-ci est beaucoup plus reduit. Alors que
sur la câte et dans Ies îles il existait des colonies et des villes pour\'ues d'une
organisation romaine, le centre et l'est de la Dalmatie n'etaicnt pas encore
sous la domination romaine. La romanisation de la partie occidentale
represente une avance de pres de deux siecles sur la Dac ie, la clerniere en
date des provinccs romaines du Sud-Est de l'Europe.
Sous Diocletien (284-305), la partie sud de la province a ete detachee
de la Dalmatie et est entree dans la composition d'une nouvelle province
( Praevalita11a), englobee dans l'Illyricum oriental. En 379, cette partie
de la Dalmatie fut annexee par l'Empirc cl'Orient, tandis que le reste de la
pro,·ince re,·int a l'Empire d'Occiclent. La frontiere entrc Ies deux empires
allait du golfe de I\.otor (Cattaro) jusqu'a l'ouest ele Belgrade. De 489 a
535, la Dalmatie fut occupee par Ies Ostrogoths, en 585 elle fut envahie par
les Avars, enfin au debut du Vile siecle Ies Sla\'es s'v etablirent d~finiti
vement. La province est rcstee en rapports etroits a\·ec 1'!talie jusqu'au
de~ ut du Vile siecle; la derniere inscription latine de Salona (Salin) date
de 612. Les inscriptions latines de Dalmatic sont plus nombrcuscs que cclles
des pro,·inces de Pannonie Inferieure, l\lesie Superieure, Mesie Inferieurc et
Dacie reunics.
Pour mieux comprendre le passe il faut retenir Ies impress ions d'un
voyageur moderne le long de la cote dalmate, du nord au sud, dans une mer
ou il y a plus de trois cents îles moyennes, petites ou tres petites: «Le lit-
toral yougoslaYe est constitue en grande partie par une muraille rocheuse
qui s'etend de l'Italie a l'Albanie sur pres de 700 km ... Le sol, picrreux et
sterile, est dcsseche periodiquemcnt par un vent du nord, la bura. Un autre
Yt-nt oragcux ct chaud, nnant du l\iidi, y souffle aussi parfois; c'cst le si-
roko. Cette câte, d'unc curieusc âprete rocheusc, illuminec par un solcil e-
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92 H. Mihăescu
clatant et baignee par Ies flots bleus de l'Adriatique, a quelque chose de gran-
diose qui enchante le Yoyageur. .. Etonnament sinueuse, cette câte est creusee
d'innombrables fjords qui offrent des spectacles admirables. Les iles et Ies
ecueils qui parsemcnt la mer laissent entre eux des chenaux longs et etroits
que Ies bâtcaux empruntent et qui sont, aYec Ies fjords, un des attrciits Ies
plus decisifs du Yoyage »1 . La tempera ture moyenne annuelle est: sur la
cote dt' 13- 17°, dans l'interieur imrnediat S-10°(, sur la haute montagne
0°C. On a clonc en bas un climat mediterraneen, dans l'interieur immediat
un ciirnat continental et sur Ies hauts sommets un climat tres âpre qui ne
permct pas l'etablissement permanent de l'homme. "Cette constitution
physiquc contient cerite toute la dcstinec deces regions. Par elle s'expliquent
la paunde de leur râle historiguc et toutes Ies yj~ issitudes de leur exis-
tencc agitec. Les peuples meditcrranecns gui se sont successivement etablis
sur ces c6tes n'ont pu gue Ies effleurcr et, a\"ec guelquc force qu'ils aient
saisi le riYagc, ont ete impuissants a elcnr }a CÎ\"Î}Îsation jusgu'au SOmmet
de ces montagnes »:!.
1959, p. 255.
~ Henri Crons, La prot·i11cc ro111ai11r d<' Dalmatic, Paris, 1882, p. 28; Jo•1an C-.1ijic,
La Pl11111s11fr Balka11iq11c. Gi0grnpliic li11111ai11<. Paris, 1918, p. ":100: <•Les regions Ies ph:' cle-
nudccs snnt celles du littoral a<lriatiqne, de Fiume jusqn'aux Bouches de Cattaro. Elles
appartiennu1t, au point de vue de la coll'n·rture du sol, au type mediterraneen karstique D;
p. 76: <•Le littoral adriatique, de Triesk a Seu tari, est tourne ·1ers l'Enrope occidentale,
surtout ·1ers l'Italie... C'est une contree mediatrice entre le bl(Jc continental de la Pe -
ninsnle ct J'Italie 1>.
3 Thomas Arcidiaconns de Split, au cours du Xlllc siecle, chez Fr. Racki, J11c1m-
111cn/a Sla;;nnrm 111<Tidio11al ium, Zagreli, 1877, t. 7, p. 315.
4 Ed. Gy. ::\fora·1c~ik, 29, 53 (Budapest, 1949), cf. aussi 3, 143: aLrl. 70 d'lcx'. 7J•J
r.opCi'I 7·fi~ ~w'f,~ cxu7wv e% 7·r.~ 9ci;i.cxcrcr71~.
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La langue dalmate 93
(Ml jet); Curzola (Korcula), Lesina (Hvar) et Brattia (Brac), conquît la cote
jusqu'a l'embouchure du fleuve Narenta (Neretva) et <levint Republique
independante entre 1358-1526. Dans l'assemblee de sa capitale, Ies debats
se tenaient en une langue romane locale, mais ils etaient rediges en latin ou
en veniticn: Ies archives ragusaines conticnncnt de nombreux documents
qui peuvent servir a la reconstitution de la langue dalmate. Sur la cote, c'est
l'infh1.ence venitienne qui a predomine; mais a l'interieur, l'influence slave
a gagne progressivernent du terrain jusqu'a l'assimilation complete de l'an-
cien idiome; Ies Byzantins, les Hongrois, les Turcs et Ies Autrichiens ont
laisse trop peu de traces durables.
· Il faut noter que le substrat sur lequel s'est superpose la langue la-
tine et plus tard la langue dalmate n'etait pas homogene: au point de vue
de l'onomastique, il embrassait au moins trois aires distinctes, c'est-a-
dire une aire meridionale, une aire centrale ct une aire septentrionale ou li-
burnique. Cette situation correspondait en genercil a la division tripartite
de l'administration romaine 5 . Vue de l'ouest, la Dalmatie apparaissait com-
me un immense triangle situe entrc Scodra (Shkoder), Tarsatica (Trsat,
Rijeka) et Singidunum (Belgrade), avec trois rcgions distinctes: la câte et
Ies îlcs, unc bande de terrain jusqu'aux cîmes des monts Dinariques et l'in-
terieur jusqu'aux fleuves Save, Danube et :Morave. Sur la câte, Ies localites
et Ies îles Ies plus importantes selon la division romaine etaient Ies suivantes:
a) au sud, Lissus (Lesh, Lezhe, Alessio), Scodra (Shkodtr), Ulcinium (Ul-
cinj), Butua (Budva), Acruvium (Grbej, Kotor) et Risinium (Risan); b)
au centre, Salona (Salin), Aequum (ăitJuk), ~arnna (Vid), Epidaurum !Cav-
tat, ·Ragusa Vecchia) et Brattia (Brac); c) au nord, Jadcr (Zadar, Zara).
Apsorns (Losinj), Curicta (Krk, Veglia), Arba (Rab), Scnia (Senj) et Tar-
satic~ (Trsat, Rijeka).
77. L'ancien dalmate a ete parle dans Ies iles et sur la câte par une
population aujourd'hui eteinte, mais qui a laisse des traces dans la toponymie
locale et dans le lexique des langues serbocroate et albanaise. Cette langue
comprenait deux ou trois variantes dialectales, peu differentes l'une de l'au-
tre: l'une, parlee autour de la villc de Raguse (Dubrovnik), qui a dure jus-
qu'au xvre siecle, approximativement; une autre, parlee aux environs de
Zadar (Zara); et une troisieme plus au nord, dans la region de l'île ele Krk
(Veglia), ou elle s'est maintenue jusqu'a la fin du XIXe sieclc et a ete etu-
diee par Matteo G. Bartoli, dans un livre publie en 1906. On dispose clonc
a ce ·sujet d'informa tions rela tivement peu nombreuscs: Ies donnecs de la
toponymie, Ies emprunts ·dalmates en croate, Ies noms conserves par Ies
documents medievaux et Ies materiaux recueillis par l\I. Bartoli a Krk (Ve-
glia), de sorte que la connaissance du dalmate est restee incomplete et par-
historicke nauke •. Zagreb, 1 ( 1955), p. 125- 144; R. Katicic, Die illyrisclzcn Pcrso11emwmm
im ihren sudostlichen Verbreitungsgebiet, ZA, 12, 1 (1962), p. 95-121; Das clalmatisclze Ge-
biet, ZA, 12, 2 (1963), p. 255-292.
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94 H. Mihăescu
9
G. l\faver, Parole croate· di origint' italiana o dt1lmatirn. AR 6 ( 1922). p. 2-tl-253;
Pa1«•lt sabocroate o slovene di origine italiana (dalmatica), '' Sla·1i<.t •, 2 ( 192i), p. 32-iJ;
A. Col1,mbi, Elrn1enti t•eglioti mii 'iso/a di Chcrsn-Ossno, _.\R. 21 (1937), p. 243-267; G.
Soglian. ll dalmatiu1 a Cit•itt,11·ccchia di Lesina e s11lle isolc adiacrnti. Cm:trib1to agii studi
sulla diffusione ,. cn11scn•a:io11e dcll'antico idioma neolati110 e dci suoi relitti 11l'lla pariata
sl,11·a c-Jierna, Zara, 1937; ll. Ruscnkranz, Die Gliedcru11g des Dah;atischrn, ZHPh, 7 1, ( 1955),
P· 269-279: Zarko ~luljal:ic, Dalmatico, vene.:iano c slave„ da11s: Vene ia e ii LlVantc fino
al saolo XV, a cura di :\gustino Pertusi, « Atti de! I Ccnnegno intt-rnazionale di sturia
delia ci·1iha vcncziana promosso c organizzato dalia Fondazionc Giorgio Cini "• Ycnczia,
197.J., t. 2, p. 269-28 I.
7
C. Jirc~ek, Die Romanen.
6
Zarku Muljal:ic. Dalmatshi cfrmmti u mletalki pisalli111 dubroval!n'm dokmi1enti111a
li. st· Prilog rag11:<jskoj dijakronoj fv11ologiji i dai 111atsko-mletalkoj konvergenciji, dud Ju-
gu~lo·1enske Akademije Z11an0sti i l'mietnosti •>, Zagreb, 327 ( 1962), p. 237-280.
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La langne dalrnatt 95
Vocalisme
78. Les materiaux connus jusqu'en 1906 sont faciles a consulter grâce
a la monographie de Matteo Bartoli; Ies etudes et contributions ulterieurcs
figurent dans la bibliograph1e dressee par Zarko Mulacic 11 . Originaire de
l'Istrie alpine, Matteo Bartoli a fait ses etudes a Vienne, frequentant beal,1-
coup le professeur \V. Meyer-Liibkc, et, avec le concours de I' Academie autri-
chienne des sciences, il a effectue des enquetes minutieuses au courant des
annees J897, 1899 et J901, dans l'île de Krk (Veglia), ou il a rencontre le der-
nier dalmatophone Tuone Udai'.na, dit Burbur, decede le JO jum 1898. Ce
dernier, parfait connaisseur de s~ langue matemelle, a pu communiqucr de
ce fait un materie} relativement abondant et varie. Le dialecte vegliote repre-
sente la derniere phase du dalmate, c'est-a-dire le dernier maillon d'une chaîne
qui, a travers des attestations intermediaires disparatcs, remonte jusqu'au
latin parle sur la câte dalmate et dans Ies îles. Afin de suivre plus facilement
et avec une certaine dose de certitude l'evolution de la langue dalmate, il con-
vient de prendre pour point de depart sa phase ultime et de noter avant tout
9
Alwin Kuhn, Romanische Philologie. I. Tei]: Die roma11ischm Sprachrn, Bem, 1951,
P· 156.
10 Alberto Zamboni, Note linguistiche dalmatiche, o Socida Dalmata di storia patria.
Sezione veneta. Atti dclla tomata di studio nel cinqnante~imo anniverrnrio delia Fonda-
zione in Zara», Yenezia, 1976, p. 9-66.
11 .Zarko Muljacic, Bibliographie de linguistique romane. Domai11c dalmate ci istriate
ai•ec lcs 'zoncs limitrophes (1906-1966), RLiR, 33 (1969), p. lH-167, 356-391; -45 (1981),
p. 158-2H.
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96 H. l!tlihă.escu
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La Iangue dalmate 91
T>· 137-148. Dans une importante contribution ulterieure de Pavao Teka·1l:ic, Sul vocalismo
"1te-ilatino nelle coste orientale dell' Adriatica, « Bollettino dell' Atlante Linguistico Mediterraneo•,
13- 15 ( 1971- 1973), p. 57 -92 on peut lire les precisions sui nntcs: <«La di ttongazione dis-
cendente o spontanea e in stretto rapporto con l'accento cspirativo il quale allunga le vo-
cali in sillaba libera e accorcia quelle in sillaba chiusa ... ». «La dittongazione discendente
„attacca", in linea di principia, tutte le vocali accentate; percio i casi di dittongazione di
una o due vocali soltanto sono sempre sospetti di essere importati, non autoctoni & (p. 60.)
• Lo stato odierno delie nostre conoscenze non ci permette ancora una ricostruzionare com-
pleta degli idiomi romanzi lungo la nostra sponda dell' Adriatica, ne delia loro storia lin-
guistica• (p. 91-92).
14 P. Skok, Dolazak, p. 229; Slav i Rom., 1, p. 22, 21-25, 27 ct 260.
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98 H. Mihăescu
tence du phenomene, Ies arguments a silentio reposant sur une base fragile.
Si l'on tient compte en outre des constatations de la linguistique generale„
qui nous apprennent que Ies influences etrangeres portant sur le systeme pho-
netique d'une langue sont toujours faibles ou ne se manifestent qu'aprts une
existence intime et prolongee, l'on est en droit de revoquer en doute la
conclusion de l'auteur, selon laquelle la diphtongaison serait en dalmate l'effet
d'une influence tardive du x1xe siecle.
La fusion des voyelles o et u en o rapproche ce vocalisme du systeme
italien et l'oppose au vocalisme roumain: crncem - krauk - croce - cruce.
nucem - nauk - noce - nucă. En echange, la diphtongue au s'est rnaintenue
en dalmate, en frioulan et en roumain: aurum - yaur - aur - aur.
Les voyelles protoniques et surtout posttoniques ont ete syncopees.
y compris des cas ou elles se sont maintenues en rournain: dicerc - d(kro -
zice(re), pectinem - piakno - pieptene, basilica - basalka - biserică, sa-
11itatem - santut - sănătate.
La chute des voyelles finales atones est en general plus frequenk qu' en
roumain: lactem - luat - lapte (mais dico - daiko - =ic).
Avant de disparaître, la voyelle finale-ia palatalise Ies consonnes den-
tales ou velaires precedentes, comme en roumain: deiztes - diaizts - di11/i.
porci - puarts - porci, qua11ti - kwints - cîţi.
Les voyelles atoncs a et o restent intactes, tandis qu'en roumain elles
ont la tendance de se ferrner: efila - kaiita - ci11ă, cognatus - komnut -
cwmzat.
A la fin du XIX(' siecle, le vocalisme dalmate comptait cinq \·oyelles
(i, e, a, o, u): il s'accordait avec l'italien et le croate. En echange, le roumain
possede sept voyelles (i, c, a, o, ă, î, u).
Consonantisme
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La langtle dahriate 99
Morphologie
81. On ne dispose que de quelques debris pour reconstituer la declinai-
son dalmate. La forme kuomp a cote du pluriel kimp suggere l'opposition cam-
pus - campi, donc l'absence du pluriel en -s: cette suggestion paraît etre
confirmee par l'opposition puark-puarc = porcus- porci. La forme saitr-soror
a cote de seraur-sororem fait penser au parallelisme roumain soră-surori. La
forme dalmate prat repose sur praebyter (comme le r. preot, l'albanais prijt),
mais la variante pretro a eu comme point de depart praebyterum et Ies autres
cas obliques. 11 y a un parallelisme entre jom - homo, jomno - homines et
om - oameni du roumain. Les formes du genitif, Lunae, Martis, Jovis, Ve-
tteris ont ete conservees en dalmate et en roumain: loine-luni, mirte - marţi,
zue - joi, vindre - vineri. Parmi Ies formes synthetiques des adjectifs au
degre comparatif la seule a avoir survecu est maior - mauro (en italien mag-
giore < maiorem), cependant que le roumain ne connaît rien de semblable.
En dalmate, la formation du comparatif s'effectue avec ple, pe - plus (d'apres
te modele italien), en roumain avec mai - magis: ple grev - mai greu.
L'adjectif demonstratif comporte deux degres (iste, ille), comme en
italien et en roumain: kost iuk - questo gioco - acest joc, kosta skol - questa
scuola - această şcoală, kol muneal - quello monticello - acel muncel, kola
basalka - quella chiesa - acea biserică.
15 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 424-427. L'auteur voyait dans l'evolution ct> pt, ft
du dalmate, du roumain. (acto> opt) et de l'albanais (cytoniu> ftua, det. ftoni) une ten-
dance ou un courant (Stromung) determine par la langue grecque: « In der 'Wiedergabe vom
lat. ct. haben sich daher am Balkan verschiedene Stromungen des Neugriechischen bemerk-
bar gemacht •> (p. 427).
18 Roger L. Ha.dlich, The Phonological History of the Vegliote, Chapel Hill, The U-
niversity of North Carolina Press, 1965, p. 57-88.
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100 H. Mihăescu
17 Rohlfs, Gramm, I, §.336, p. 533; 2, §. iii, p. 164; Dante, Comm. fior, 6, 309.
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La langue dalmate 101
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1-02 H. :Mihăescu l
cadere (voir CGL, IV, 184, 24) - kadar - cadere - cădea,· cădere
habae ____, avar - avere - avea, avere
videre - vedar - vedere - vedea, vedere
*volere - blar - volere - vrea, vrere
bibcre - bar - bere, bea, bere
coquere - kullro - cuocere - coace(re)
crescere - kraskro - crescere - creşte (re)
'i.!eudere - '/.'tandro - venderc - vinde(re)
coperire - lwpcr - coprire - acopcri(re)
dormire - dor mer - dormire - dormi (re)
smtire - senter - sentire - simţi (re)
venire - vmer - venire - veni(re)
On rcmarque dans le paradigme du present l'infixe-ai-qui manque
en roumain: saltaio - salt, saltai - sal(1', saltaia - saltă. La troisieme per-
sonne de l'imparfait etait saltua - sălta, potua - putea, dekaia - zicea, dor-
mua - dormea.
Exceptee la forme isoleejoit <J11it (en roumainju), la langue dalm;:ite
n'a pas conserve le passe simple de l'indicatif. L'indicatif parfait compose
(lzabere +le participe) est normal en dalm;:ite, iblien et roumain: avaite
vedut - avele veduto - aţi văzut. Cette construction apparaît aussi en albanais.
bulgare ct neogrec (kam p,1, imam vidmo, E"J.W i'.oq.i,evo (l j'ai perdu »). En tenant
compte de cette situation, on ne peut etre d'accord avec P. Skok, qui conside-
rait la .Macedoine « als jenes Gebiet ... wo siCh die erste rumănisch-albanisch
slavische Symbiose gebildet hatte » 18 . En echange, la langue dalmate s'accorde
seulement avcc l'istriote ct le roumain pour utiliser avar < habere comme
verbe auxiliare des intransitifs: jai venoit - a zi vin.'ow - am venit.
Pour former le futur, la langue dalmate s'est servie du futur II latin
( ca11tavero ·_ kantura); et, pour former le conditionnel, elle a utilise le plus
que parfait latin ( cantaveram - kanturc), tandis que l'italien a adopte le
modele infinitif + habae et le roumain le modele infinitif + volere ou volere
+ infinitif. Voici quelques exemples de futur et de conditionnel ayec leurs
correspondants italiens et roumains: ka11d li vedara, in kola kal kredara -
quando li vedro, allora ci credero - cînd îi voi vedea, atunci voi crede; spiata
-un pank cite venara el tuota - aspetta un po' che vc:rra il babbo - aşteaptă un
pic că va veni tata; se _ial me portuose da bar, ju kantuore -se egli mi portasse
da berc, io canterei - dacă el mi-ar da de bâttt, aş cfota; se _fu vedar praima, ju
te dnre sul col - si avessi visto prima, ti avrei sculacciato - dacă aş Ji vâzut
înainte, ţi-aş Ji dat la wr.
Par comparaison avec la situation propre a la langue roumaine, la for-
mation du futur selon le modele volere + l'infinitif s'avere sporadique, pre-
caire et meme incertaine: ju ti bule ligur - io ti voglio legare (ou io ti leg/zero) -
eu te voi lega; krm blaite duorme kosti soldi? - quando volete darmi questi soldi
(ou mi darete)? - cînd -îmi veţi da aceşti bani?: ju blai bar desmun un pauk di
vw - voglio bere (ou bero) do mani un pa· di vino - voi bea mîine un pic de
vin.
3:i. Les fonnes du participe passe s'accordent d'habitude avec ]es for-
mes corrt'spondantes de l'italien et du roumain, mais elles sont en general plus
archaiques: avoit - avuto - avut. bevuto ou bait - bcvitto - băut ou beat,
18 P. Skok, ZRPh, .54 (1934), p. 181.
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La langue dalmate 103
bloit - voluto - vrut, krepuot (mais aussi krepuata < crepita) - crepato -
- crăpat, kitars - corso - curs, kuat - cotto - copt, dait ou dat - detto - zis,
}oit - sans correspondance italienne - fost « ete », juot - jatto - a. dr„ ar.
fapt, r. făcut, naskort - nato - născut, potaie - potuto - putut, prais - pre-
so - prins, piars - perso ou perduto - pierdut, sentait - scntito - simţit,
stras - stretto - strîns, vedoit - veduto - văzut, venait - venuto - venit.
A rctenir les formes isolecs des verbes en -ao: duome - r. dăm, stuonu -
r. stăm. Le present de blar « vouloir » s'accorde avec le roumain: buai -
voi, blai - vrei, blai - vrea, blaime - vrem, blaite - vreţi, blaia - vreau:
Le present du verbe « etre » correspond au subjonctif latin sim, sis, tandis que
l'italien et le roumain sont arrives a une situation en partie differente: sai-
sono - îs ou - s, saut - set" - eşti, sant - e-e ou este, saime - siamo- sîntcm,
saite - siete - sînteţi, sazmt - sona - sînt. Dans le domaine de la morphologie
du verbe, le dalmate possedc en general des traits conservatifs. Les fonnes du
passe simple et du plus-que-parfait s'accordent generalement avec les forrnes
correspondantes de l'it;ilien et du roumain: foit - ju - ju, joimo ou j11rimo-
jummo - jurăm, foit - jurono - Jură, Juas - jossimo - jusem, j11aste- foste -
juseţi. La forme dalmate foste et celle du participe passe )oit offrent des analo-
gies susceptiblrs de faire mieux comprendre et expliquer la naissance du
participe passe roumain fost (( ete >): am )ost (( j 'ai ete », ai )ost (( tu as ete ».
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104 H. l\Iihăescu
n1tller <1 noyer », sagmarium - samir. Le suffixe existe egalement da-ns Ies
langues albanaise, roumaine, bulgare, neogrecque et serbocroate 19 ;
-atus: Circinata - top. Krknata, jicatum - jikuat ou jiguot (1 foie •.
jro11diata - cr. jrondzata <1 peche au moyen d'un filet particulier »,}urcata -
cr. _trkata « sorte d'ustensile » 20 , acu.lata - ukljata (Dubrovnik), usata (Krk)
<1 espece de poisson », panata - cr. panăta ou panăda « soupe avec du pain •.
rosiata - rosnota « rugiada »;
-ellus: agnellus - a!!,nial <1 agneau », andlus - anial « anneau », campi-
tellum - top. Kantzjâl (Krk). canapcllus - kanapial <1 corde de chanvre •.
codellus - kodlal <1 rect », wltcllus - kortial <1 couteau », monticellus - top.
Mwz.Cal, pontcllus - top. P1mtiale, quadrelluni - kadmal « brique •;
-colzts: areola - arula «petite aire de battage », linteolum - lcnzul
« drap », manuciolus - manzula « bouquet, gerbe », modiolus - me:::ul <1 verre t
puteolus - top. Pizul;
-etum: bruscetwn - top. Bru8kit (Rab), ca1111ctum top. Kanajt, iuncetum
- top. Sumct (Dubrovnik), lauretum - top. Lo·vret (Split. l'an 1030), more-
tum - top. llfuraj (Krk). nucctum - noclzcdo (Kotor, l'an 1331) 21 ;
-orius: jrixoria - prsura, Jreclzsura (Dubro\"nik, l'an 1336) « une sorte
de gâteau », salitorium - sal'atur montec », versori11m - versaur « versoir •;
- 11-cws. -zttius: amaricztlius - markus « legcrement amer •. calamucea -
cr. kalamuca <1 roseau », platlmcws - cr. pladu6 « planche », salttcea > cr.
saloca 22 ;
-lfl/IS." iitg1tlU11t - zag/O (I COU )), spatftztla - spuala (I echine dorsale t, te-
gula - te/da «tuile». tragula - fraga/a (( reseau, filet I);
-ura: pessu1atura - pcslatofra <1 serrurc •. planura - planoira «plaine t.
88. En ce qui concerne l'ordrc des mots, le dcilmate est plus proche de
}·1talien que du roumain, comme on peut s'en rendre compte d'apres Ies deux
textes SUi\"ants, l'un en prose, l'autre en \"CrS populaires chantes a l'eglise:
El sin' aur Tzme A.delman _fero muart diksapto jailt, la nuat dal jultim
di kamevul: el ju balut fenta le dikionko jaure e dapu el ju zai ncl liat e pauki
minuat dapn la misa11uat el jcro muart.
<1 11 Signor Antonio Adelmann e morto 17 anni [fa], la notte dell'ultimo
[di] di carnevale: ballo fino le 11 ore e poi and6 a letto e pochi minuti dopo la
mczzanotte era morto ».
<1 Domnul Tune Adelman a murit [acum] şaptesprezece ani, în noaptea
ultimei zile de carna\"al: a jucat pînă la orele unsprezece, apoi s-a culcat şi
citeva minute după miezul nopţii era mort » (Bartoli, D 1, p. 7, § 8).
(I In kol muncal gara joina basalka/misa kopiarta e m1'.sa diskopiarta./
Ku jera drante? La niena de Di./De nakle noide la pregua Di./ Pazu de luk
zu fel' zantaiko./ - „Afa niena maia, ko vo foite caiko„ ?/ - „A, fel me,
ne du armo, ne vcll' ajo,/ joina raia rivision de voi ja fato/: kui kuini de judei
ke vi o praiso/ i ve menna da Roge Pilato,/ da Roge Pilato fenta le kilanne;/
18 P. Skok. ZRPh, 50 (1930), p. 484-485; 54 (1934), p. 183-191.
20 larko Mulja~ic, • Godifojak Sarajevo•. 4 ( 1936), p. 106.
zi P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 447-448.
zz Ibidem, p. 209.
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La langue dalmate
Le lexique
Les mots Ies plus usuels
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106 H. Mihăescu
OSSZtnt - VUaS «OS•, pecten - piakno (I peigne, crete t, petlis - pial (I peau t,
pilus - pail « cheveu, poil t, sanguis - suang « sang t, sudore - suddur «su-
eur •, uiigula - jongla « ongle •, vena - vaina « veine •, ventcr - viantro « ven.-
tre •. vox - b,md, vuas « voix •;
b) actions, mouvements, etats: abscondcre - askondro « cacher, dissimu-
ler •. arare - antr « labourer t, ardere - ardar « bniler », bibere - bar« boire t,
cacare - kakztor « chier •. cadere - kadar « tomber », cantare - ka11t1wr « chan-
ter •. ceiiare - kenztr « diner •. clamare - klamuar « appeler, inviter t, consuere
- kosir «coudre ». cooperire - koper « couvrir », coqucre - kukro - « cuire t,
credere - kredro <1 croire•. crepare - l?repur <1 crcver », currere - kuar «courir t,
dare - duor « donner, remettrc 1>, dolae - dolar « a\·oir mal, resscntir une
douleur •• dormire - dormer (I dormir », cxwtere - skutro (( tirer, oter, faire
sortir », facere - fztr « faire »„ frigere - fregur « r6tir, bniler », habere - avar
<i avoir •, implcrt - cmplar « emplir, remplir », lcvare - levur « lc\·cr • (en rou-
main lua « prendre, enlc\·er •). manducare - m,rncuor « manger », morire -
morer « mourir •, pacare - pakur « payer », pasare - pasl?ro <« paitre •. pcr-
derc - piarder « perdre •. placere - plakar « plairc », plangere - ptwigre «pleu-
r..;r •, prehendere - prmdar <c prcndre •, ridere - redra « rirc •. saltare - saltuar
« sauter », sentire - senter « s·~ntir », siccare - sc.~nor <1sechcr t, sonare - so-
mtor « sonner t, tace re - takur « tai re •, ta/iar,· - tal' uor « tailler •. tenere -
tmar « tenir •. tonare - tonur « tonner •. traherc - truar « tirer, traîner •. ven-
dt'rt' - vandro <1 vcndre •. venire - vener « venir », vestire - vester « vetir », vi-
derc - 1xdar <1 voir »;
c) adjectifs. pronoms, numeraux, adverbes, particules: ad - a « a•,
albus - in..ilb «blanc•, alter - j1tltro <1 autre •. bellus - bial <c beau•. bene -
bin (( hie1i •. cinque - cionco « cinq », crndus - I.roit« cru •. cum - ku1t « avec •.
det«'m - dik (l dix •. diratus - drat « droit •. dulcis - dolk « doux •, du-0 - doi
<c dcux », ego - .iu « je, moi•. Joras (joris) - .f nrt' u dehors », grossus - gros
((gros•. i"nteger - intrill <1 entier •. longus - luang, <( long •. magis - mui «par-
fois, aun momenttdonne •• maturus - matuor (!mur•. ma?'or - mauro (I grand.
meu:; - majo <« mon », miile - mel, mil <r millc », mortuus - muart <«mort•,
11011 - naun ou na <(non», nos - iwi « nous », noster - nuester <« notre t, no-
vmt - nn <( neuf ». novus - nn <« ncuf •. octo - guapto <(huit•. plmus - plain
<t pl~in », qualis - ll,1l <1 quel », quando - k.md <( quand », qua1itus - kont « com-
bien », quattuor - kuatro <( quatrc.· », qui (quem) - li <« qui », quod - ko <« que •,
sa11ct11s - swwt, sut <( saint •. se - se «se», septem - sapto <(sept», sex - si
<1 six », singulus - sanglo <(seul», s11s1mt - sois <c haut, cn haut », tres - tra
< trois », tuus - to « ton », ubi - jo <(ou>), wrns - join <(un », voster - vestro
1
<1 votre », veclus - vie/do <( vieux, ancicn ~. viginti - vene <( vingt », vivus -
vei <1 vivant »;
d) na ture. metaux, temps: annus - jan, jaln «an•. aqua - jakua «eau »,
ar:;mtwn - argant <( argent ~. aztrum - jaur <(or», celztnt - cil <( ciel », cam-
pusl- kuomp « champ >), jerrum - jiar <«fer•. focus - juk <( feu », folia -
fual' « feuilles », glacics - glas « glace », herba-jarba <( herbe », hora - jaura
(I heUfe », loC/tS - luk «lÎeU t, luna - loina (!lune I), 111,QYC - tnUr ((mer I), men-
SiS - mais <1 mois •>, mons, -tis - nmant «mont», nix, nivis - nai « neige •>,
nox, noctis - nuat <( nuit •. petra - pi·tra <i pierre •>, pulvis - pulvro « poussie-
re », putez.ts - puas « puits •. radius - ruaz « rayon •. ripa - raipa <« rive »,
sol - saul <( soleil •>, terra - tjara « terre •, unda - jonda <( onde », ventus -
viant {! vent I);
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La langue dalmate 107
homo~ jomiio « hornrne », iocus - fitk (( jeu », iugum - zauk (< joug », lacte -
luat <i lait », lana - U-w11a « laine », hg11um - lank <1 bois », mel - mil «miel»,
mensa - maisa «table», mors, -tis - muart «mort», nomcn - nmn « nom »
ov11m __:_ juv « reuf », pam·s - pun« pain ». piscis - pask « poisson », pons, -tis~
puant <c pont», porcus - puark «porc», pulex, -fris - pulko « puce », saccus -
ak « sac», sal - sual « sel », sitis - sait « soif ».
90. Au pole opposc, il y a Ies rares de!'cendants rornans, conserves uni-
quement en dalmate, ou egalement en quelques autres parlers isoles: ils sont
le resultat de certaines conditions typiques au littoral adriatique ou bien le
fait du hasard. Toutefois, ces terrnes peuvent definir dans une certaine mesure
la position de la langue dalmate au sein des autres langues rornanes et digncs,
a ce titre, d'etre pris en discussion:
ad accensum - cr. dokes « peche de nuit, avec une larnpe ou un autre
moyen d'illumination » (Dubrovnik) 23 ;
ad modo - famo <c encore » (en rournain: eccum modo - acmu, amu),
cf. modo - mut ~< maintenant »;
amaricutius - markus <c legerement amer », issu de amarus +-ic-+
+ -utius; l'infixe -ic- est entre dans la composition de quantite de verbes
conserves par le rournain ou d'autres langues romanes: albicare - it. albicare
« blanchir », amaricare - it. amaricare <1 rendre amer », caballicare - r. încă
leca, it. cavalcare « chevaucher », etc.;
aeramentea - cr. romijenca <c vase d'airain pour conserver l'eau » 24 cf.
pour la derivation bitumen - bitumentum <c asphalte, bitume », *j>Ulmen -
pulmentum «bouillie I), rustum - rusteum « murier >);
amorocus - morauk « amoureux », fem. morauka ou murauka;
brisata - cr. brsata « lie de vin, mucor vini», sens collectif, cf. alb.
berst 25 ;
·constratum - kostrat <c planches » (Bartoli, D, 2, p. 294);
corneolarius - korlir <c cornouiller »: lank de korlir <c bois de cornouillrr 1>,
en roumain lemn de corn;
expetrare - spetrar, spetrur «lever ou Oter des pierres 1>, en roumain
scoate pietre;
extemptare - stentur «travailler », it. stentare, engad. stenter « s'efforcer,
se donner de la peine 1>;
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t08 H. Mihăescu
Jragellum - jrazial, jre::ial <« fleau • consern~ aussi dans les parlers d'Ita-
lie septentrionale;
*hirundina - rondafaa « hirondelle •, en roumain rîttdmtea < *hirun-
dinella;
manuciolttm - man:uol, maw:ula «petit bouquet, gerbe t, r. mănunchi <
< manuculus, a. it. manoccl1io « bouquet, gerbe •;
passerinus - pasarain « oiseau, toute sortc d'oiseaux »;
sub umbrivam - sombreja <c ombrc », cf. a. it. ombria, frioul mnbrie;
*fragina - tragwt « espece de filet », traginale - dreknul « ficelle pour
pecher lcs polypes », cf. r. trăgăna < *traginare <c trainer, tirer en longueur •;
V11lca11us - cr. bulf,can « tapage, desordre •. cf. a. genois borcltan « en-
fer » 26 •
Dans la serie des mots enumeres ci-dcssus. on remarqucra la presence
des suffixcs -arius, -atus, -allum, -inus, -occus, -olu.s et -utius, ainsi que celle
du prefixe ex- et de quelques syntagmes composes avec ad ou avec sub. Nous
a\·ons affaire, par consequent, a des moyens et des procedcs gcneralement cm-
ployes, qui ont conduit cependant a des resultats locaux, relatifs limites,
rnais specifiques quand memc.
Ichtyologie
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La langue dalmate 109
(1954), p. 161.
30 M. Bartoli, D, 2, p. 170 et 287; M. Deano·1ic, ARID, 3 (1954), p. 160.
81 M. Bartoli, D, 2, p. 291; M. Deanovic, ARID, 3 (1954). p. 160.
3 Z M. Bartoli, D, 1, p. 210 et 297; P. Skok, Pom.i rib. term. p. 49; M. Deanovic,
ARID, 3 ( 1954). p. 165.
3 3 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 207.
34 M. Bartoli, D, 2, p. 293.
86 M. Bartoli, D, 2, p. 186 et 291; P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 524; M. Deanovi6,
ARID, 3 (1954), p. 159.
86 REW, 3623; M. Deanovic, ARID, 31 (1954), p. 158.
87 M. Deanovic, ARID 3 (1954), p. 158.
38 Ibidem.
39 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 206.
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1.10 Ji. Mihăescu
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La langue ~lma te 111
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112 H. l\lihăescu
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La langue dalmate 113'
8-o. 842
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114 H. Mihlescu
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La l;;i.ngue dalmate 115
Flore et faune
95. Les materiaux disponibles pour le moment ne permettent que la
restitution d'un inventaire incomplet, de beaucoup inferieur au repertoire
de la population romane de Dalmatie. Parmi Ies cereales, Ies plus frequentes
etaient le ble (grun < granum), l'orge (vuarz < hordeum) et le millet (mail
< milium). La nomenclature des plantrs commestibles de premiere impor-
tance se reduit a quelques noms: i'asperge ( spirac < asparagi)' la bcttc-
rave (cr. bitva < beta), la feve (jua < faba), l'oignon (kapula < cepulla),
le pois chiche (kakar < cicer), la laitue (cr. locika < lactuca) la lentille
(liant< lente), l'ortie (ortaika <ortica), l'haricot (jazuol < phaseolus),
la rave (ruapa, raipa < rapa) et la rue (cr. ruta <ruta). Les termes canna
« roseau » et morum «mures » n'ont persiste que dans fa toponymie (Kanajt
Muraj); iuncus « jonc » s'est conserve seulement en croate (zuk). Cicuta
« cigue » a survecu dans le derive cicutia > kikoza, alors qu'a la base de la
langue roumaine nous avons cucuta > cucută. Le vignoble ne manquait pas
(vinea > vegna, vaina) et la vigne (vitis > vaUa) etait sans doute cultivee;
l'une de ses especes s'appelait duracina > drukne. De meme qu'en !talie, en
Espagne ou en Gaule, le vin (vinum > ven) figurait sur la table des gens
pauvres aussi. Parmi Ies arbres (jirbul, sg. juarbul) il y avait des especes
mediterraneennes, qui ne croissent pas a l'interieur du continent: l'amandicr
( miditl < amygdalus), le fi'guier (faik <ficus) et l' olivier (ole a < oliva);
mais, dans unei aire plus vaste croissaient le buis (bos, bus < buxus), le
châtaignier (cr. kesten < castaneus), Ie cerisier (kris < ceraseus), le tser
(cr. cer < cerrus), le pommier (mail < melus), Ie noyer (nuk < nucus) et le
frene (guarn < ornus). Les plantes nobles ne faisaient point defaut non plus,
representees par le basilic (cr. bosilak < basilicum), la ginestre (ginastra,
ginistra < genistra) et le myrte (cr. mrca, mrta < myrta, murta). Pour
la nomenclature dans ce domaine, le dalmate etait plus proche de l'italien
que du roumain.
En ce qui concerne la basse-cour et Ies animaux domestiques, on peut
y relever entre autres l'oie (iauka < avica, *auca), le breuf (bu < bos, bo-
vis), le veau (buc < buculus, en roumain viţel < vitellus), le cheval ( kavul <
< caballus, r. cal, ::ilb. kal, it. cavallo), le chien (kuon < canis), la chevre
(kuobra <capra), la poule (galaina < gallina), Ie poulet (puol < pullus),
le porc (puark < porcus), l'agneau (sugol < sugalis), la vache (baka <
< vacca) et le belier (berbek < vervex, -cis). Si le terme designant le mou-
ton manque, nous avons en revanche celui de la laine (luona). Les noms de
certains parasites presentent des correspondances plus frequentes en Occi-
dent que dans la langue roumaine: la punaise (cinko < cimex, -ice), it. ci-
mice, r. cimce, cimcea), la chenille (cr. rlkula < erucula, ven. ruzola), Ie pou
( pedoklo < peduculus, it. pidocchio, r. păduche), la puce ( pulko < pulicem,
it. pulce, r. purice), la rique (drekno '< riânus,. fr. rouane) et la sangsue
·_ _. • 'I
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116 H. Mihăescu
96. Les elements Ies plus precieux pour le maintien de la ,·ic etaient
ccrtes l'eau (jakua) et le feu (fuk). Pour ce qui est de l'eau potable, clle
ctait tin~e du puits (puteus < pu6) ou de la fontaine (jontana, forme qui
n'a sur\'ecu que dans son deri\'e fontanclla > nom propre Fontagnalo). Le
nom de la citcrne etait connu aussi bicn a la population romane qu'aux Sla-
vcs de Dalmatic (gustema). Nourri de bois (la11k, pl. lane) ou charbon de
bois, le fru s'allumait a un autre feu, on l'empruntait chez le Yoisin, car l'alu-
mdte modeme n'etait pas cncorc im·cntcc. Cest cc qui explique le sens
d'<1 allumer» = «prendrc» du ronmain (aprindt' - apprclrendere) et du
dalmate (imprandro - imprchcndcre). Toute combustion engendrc la cen-
drc: cinisia - d. ka11a'isa, r. cmuşă. Le phonetisme roumain est issu de ci-
11is1·a a traYers une forme intcrmediaire supposee *cmişă, encadree par la
suite dans la categorie plus large ct plus courante des substantifs aYec suf-
fixe en -uşă: ii s'en suit donc qu'il n'est nul bcsoin de reconstituer un terme
du latin \'Ulgaire: *cinztsia. Le nom du (( copeau, eclat» (ascla) s'est conserve
en dalmate (jaslla), commc cn roumain (aşchie) ct dans d'autres langue·;
romanes. Pour la notion de «foycr 1>, le dalmate a herite du latin caminus >
kamen, kamwin, alors quc le roumain accorda sa preference a un terme
du substrat (vatră). Les tcrmes fondamentaux: ardere, frigere et coquere
ont sun·ecu en dalmate et en roumain (ardar - arde(re), fregur- frige (re),
/wkro - coace( re), a cettc diff erence pres quc Ies dcux prcmiers verbes ont
change de conjugaison. Au deriYe coquina, conscf\"e en dalmate et en ita-
lien (koca'foa - cucina <1 cuisine »} corrcspond en roumain bucătărie, derive
de bucate <1 plats, mets ».
Les cerealcs etaient moissonnecs (salur «faucher »} avec la faucille
(sekla < sicilis). Quant aux graines de ble (gnm) ou d'orge (vuarz), egre-
necs de leur ~pi'ca (( epi », ellcs etaient pilecs :m moyen du moulin a bras ou
d'un rouleau tire par un cheval ou un âne, outil plus evolue appele en latin
mac/tina et en dalmate mukna, d'oit le nom devait passer en albanais aussi
( moker, mokre). Le Ycrbe machinare « moudre » a survecu en roumain (mă
cina), en dalmate (maknur), ainsi qu'en italien (macinare), alors que plus
a l'ouest ce fut la forme molere (fr. moudrc, esp. moler, pg. moer) qui s'impo-
57 A. \'aillant, RES, 9 (1929), p. 270-271. Les documents ragusains des XVI8 -
XVIIIc si~cles attestent, a c6te de lăbut, lăbud e cygnc t le terme ktlf ou ktlp, provenant
de cygnus (avec la prononciation *cugnus): le groupe consonnantique gn serait devenu fn
ou pn, le n disparaissant avec le temps.
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La langue dalmate 117
sa. Toutes Ies langues romanes ont, en revanche, garde des traces du terme
jarina (d.faraina, r.făină r. dial.Jări11.ă). Elle servait a faire le pain (ancien
ragusain pen, vegliote pun) ou le tourtcau (turta). Du latin offella « morsure,
tranche », l'ancien dalmate herita de fycl, le neogrec de <peA.A.l, d'ou en rou-
main felie. Le vinaigre ( aka'U) et le miel ( mil) ne manquaient pas, ni la
circ (kaira) a multiples usages, dont celui de la fabrication des h1minai-
res.
En ce qui concerne Ies termes pour designer la vaissellc et Ies usten-
siles de cuisine, on constate la survivance de: cratella <c grillc » (cr. gradella) 58 ,
cremaster <c chaudiere » (d. cantastro, cr. komostre), f rixoria « poelc a frire •
(d. forsaura), cultelltts « couteau » (d. kortial, it. coltello) et armariimi «ar-
moire » ( armir). Originaire du latin dux, dttcis, le terme dauk avait proba-
blement le ~ens d'« auge servant d'abrcuvoir, caniveau pour l'ecoulement de
l'eau t>.
Le couple James « faim I) - sitis <c soif » persista en dalmate (fum, saU),
en roumain (foame, sete), de meme que dans d'autres langues romanes. En
roumain, une fusion a eu lieu entre James ct James, ce qui explique le phone-
tisme de foame, ainsi que le semantisme de foamete (( famine I). Les termes
manducare <c manger », prandere « dejeuner 1>, prandium « dejeuncr, repas »,
cenare « dîner »), et merenda (( gouter de l'apres-midi 1> etaient repandus dans
une airc plus vaste que celle dalmato-roumaine: mancur - mînca(re), pra11r
dar - prînzi(re), prin.ts - prînz, kemtr - cina, marfonda - merinde.
Pour Ies termes lavare et *experlavare, que le roumain a conserves (la,
spăla <c laver »), on ne retrouve pas des correspondants dalmates, par contre,
lixivia a laisse des traces cn croate (liksija,lusija), en roumain (leşie) et
en neo-grec (cX),Lcrl~ot). Quant a la notÎon de « puer, empester, sentir mau-
vais 1>, le dalmate a prefere foetere (fit<( il pue »),le roumain putescere, *putire
(puţi <c puer », pute <c il pue 1>, putoare <c puanteur, mauvaise odeur »).
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118 · ·, , H, Mih.ăescu
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La la.ngue dalmatt: 119
Le terme mansio «lieu d'abri pour la nuit sur une grande artere, halte, auber-
ge • a subi une degradation de sens non seulement en dalmate, mais en Ita-
iie et en Sardaigne egalement. Par contre, il a garde son sens reel de jadis
en Gaule (maison) et dans la Peninsule Iberique (esp. meson « auberge, hO-
tellcrie •). L'ancien dalmate connaît lcs variantes maszma et musuna; le
vegliote du XIXc siecle usait c~u mot musun ou mazon « bergerie •· Pour bâ-
tir une maison, on u tilisai t, la cognee (scor < securis), le bois (lan!?- < li-
gniun), la pierre (pitra) et le chaux (klak < calce, kalCaina < calcina). Son
echafaudage comportait la poutre (trua < trabe). Les poutres etaient fixees
ensemble au moyen des crochets d'assemblage (katafoa < catena). Conserve
en roumain (ungher« coin, angle »), le mot latin angularis a survecu en dal-
mate seulement dans le domaine de la toponymie (iii angularcm > N ang-
lor) 63, dans les documents vcgliotes des annees 1342 et 1518. Le terme de
palatiu:m a laisse des traccs dans le grec byzantin (mxA.cin), en albanai's ( pet-
las) et serbocroate (polaca). Dans l'île de Krk (Vegha) on usait surtout des
phonetismes palas et paluoz «grande maison, palais ». Le mobilier elemen-
taire comportait cn tout premier lieu la table (maisa < niensa), la chaise
(katraida < catliedra) et le lit (l' at < lcctus). De sedere, il y a en dalmate
seduor, en italien le derive sedia « siege, chaise ~. en roumain aşeza( re) <
< *assediare « poser, ranger ». 11 n'y a pas d'attestations pour scamnum > it.
scanno, r. scaun.
On se servait pour l'eclairage (lampare > lapuar <IÎlluminer •. lumi-
nare > luminur (( eclairer ») d~ la cierge (lucerna > lukierna, lueerna). la
lanterne (lantema > linterna), la veilleuse (candela > kandel), la torche
-OU le flambeau (taeda > teda, XlVe siecle) et la double torche ( dupla-
rium > duplir). Pour la notion d' eteindre, le dalmate et certains dialectes
itahens ont conserve une survivance d'*extutare, derive de tHeri « protcger,
„
defendre > stotuor.
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120 H. Mihăescu
99. Certains mots sont bien attcstes: jamna <anima« âme », miant <
< mente « raison 1>, sentcr < se11tire <c sentir 1> et vedar < videre « voir 1>. L'ad-
verbe i11amia11t «par creur 1> correspond au venitien inamente et est origi-
naire de celui-ci: en roumain, il y a l'exprcssion pe de rost <per de rostrum
<c par creur » ou l'expression aducere aminte < adducere ad mentem « souve-
nir ». De memc que le roumain teamă et l'italien tema, le dalmate taima « in-
quietude, peur 1> a pour point de depart le verbe timere ou encore une hypo-
thetique forme du latin vulgaire *tima. Pour la notion de «penser 1>, on
doit partir du latin pensare, qui a cu, initialement, le sens de <1peser1>, avec
ensuite le sens derive et figure de <c tenir en equilibre, estimer, juger, pen-
ser 1> ( pesuor). On ne dispose pas d 'a t testa tions pour intelligere > r. în ţel e-
ge (re), percipere > r. pricepe(re), iudicere > r. judeca(re) et 1·ntendere > fr.
entendre. Interessante s'avere l'histoire du mot vi"timn <1 vice 1>, qui, par le
truchement du derive viti"are, donna en dalmate 1·suar <c instruire 1>. L'evolu-
tion du sens a traverse Ies etapes <c instruire vicieusement » et, en fin de comp-
te, <c instruire normalement, enseigner ». Les composes *advift"are et *t"nvitiare
ont laissee des traces en italien ( avvezzare) et en roumain (învăţa( re)). Mais
le verbe tout simple vitiare devait survivre non seulement en dalmate (t"s11ar),
mais encore dans le vieux franc;:ais (pnticipe passe vitiatus > vo1:sie <c finaud,
ruse»), et en espagnol (vezar <c habituer 1>). De *fabellare se sont developpees
d. faulor « parler, raconter »,alb. /jale« mot, parole 1>, it. favellare, cependant
que le roumain use de nos jours d'un mot slave (vorbi). Des termes apparte-
nant au debut au langage militai re prirent avec le temps un autre sens aussi ~
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La langue dalmate 121
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122 H. Mihăescu
tieuse de Valentin Putanec, ont ete mis au jour et examines 140 toponymes.
et anthroponymes croates comportant !'element sut-, avec toutes ses varian-
tes au nombre de 24: sut-, sud-, suc-, soc-, suc-, suk-, citk-, cuk-, cite-, !ul-, sun-„
sum-, sat-, st-, st-, c-, S1t-, s-, s-, suto-, sto-, sta-, sta- et sv1"6-. Les variantes
principales sont sut-, sat-, st-, su.-, suto-, sto- et sta-; toutes Ies autres ne sont
que lcs variantes des premieres6-I. En voici quelques exemplcs avec Ies prin-
cipales variantes:
sitt-: sanc/us Ioamzes - Sutivan, Sanctus Cassianus - Sutkasan, Sanc-
tus Jlrlaximus - Sutmaksim, Sanc/us Petrus - Sutpetar, Sanctus Stephanus
- Sutsti"pan, Sancta Barbara - S11tvara;
sat-: sanctus Ioamzcs - Sati1.•a11ac, Sanctus Laurmhus - Satlurrce;
st-: sancta 11/ arin a - Stomari11a, sancta 1"\l art/za - Stomrata;
su-: scmclus Daniel - Sudancfa. sa11cl11s Pancratius - SHpokrac, Sanc-
tus Petrus - Supetar; ·
suto-: sancta 111 aria - S iii omora, Sancta Ire11a - S11tori11a;
sto-: sanct11s Elias - Stolfro, sancta Jf aria - Stomora;
sta-: sanctus Fdice - Sta/ilic, sa11cl11s Elias - StaHvo.
Les rnateriaux deja rasscml.lcs etant loin d'etre complets, l'auteur
insiste sur l'importance des cnquetes microtcponymiques sur le terrain, ne-
cessaires pour la rdcve d'autres toponymcs similaircs susr•·TJtibks d' ;q 1 or-
ter plus de lurniere encore a ce domaine de rccherches.
Elen1ents grecs
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La ·langtie' dalmate
.gen. nijmdela), l'asperge (asparagus.- spirach, cr. .sparog), ·le coing (mela
cotonea - Cf. mrkatunja) le cumin (cymim - cr. cemin, cimin) > le cypres
I
Vinja, Remarques sur quelques iltfments de l'ancien grec dans la nomenclature ichtyologique
.de l'Adriatique, ZA, 5 (1955), p. 118-126; L'iliment grec dans la phyto1iymie serbocroate
ae l'aire dalmate, <• Godi!lnjak Sarajevo•, 4/2 {1966), p. 93-102; Le grec et le dalmate, ZfBalk,
.5 {1967), P· 203-223; Le roman de Dalmatie, intermidiaire des iliments grecs dans l'icht;•nomi11
yougoslave, • Bullettino dell'Atlante Linguistico Mediterraneo •. 10- 12 ( 1968-1970), P· 77-84.
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H. Mihăescu
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La 1 angue dalmate 125
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H. Mihăe'!;CU
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La langue dalmate 127
80 Matteo Bartoli, L'Italia11ita def dalmatico, del sardo e del ladino, « Atti del IV Con·
gresso nazionale di stu<li romani», Roma, 1938, p. 291-304, cf. p. 301: «La Dalmazia pre-
veneta concorda, nella lingua e nelle arti figurative e nelle consumanze giuridiche, e in altre,
meglio con I'ltalia meridionale e centrale che con la settentrionale e la Rezia, e con qua-
lunque altra regione, compr<'q la Dacia•. p. 304: «La Dalmazia preveneta concorda molto
meglio con }'Italia centrale che con la Dacia •·
81 C. Merlo, Vegliollo e ladino, ~" Rendiconti dell'Istituto Lombardo di Scienze e
Lettere &, '43 (1910), p. 279.
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La langue dalmate 129
83 l\I. Bartoli, ZRPh, 32 (1908), p. 13. Pour la polernique avec Clemente Merlo voir
Ies rnntibutions suivantes: C. l\Ierlo, Dalmatico e lati110. A proposita di una pubblicazione
recente, «Ri-"ista di filologia e istruzione classica», 35 (1907), p. 472-484; Anrora del dal-
matico. Replica al prof. M. Bartoli, « Annali delle l'ni·1ersita Toscane», 30 (1910), p. 1-24;
Note sul posto che spetta al dialetto di Veglia nel sistema delie lingue romanzc. Riposta al
prof. M. G. Bartoli, <• L'Italia dialettale », 5 (1929), p. 285-291; M. G. Bartoli, Note dal-
matiche, ZRPh, 32 (1908), p. 1-16; Dalma::ia e Albania, RDiR, 2 (1910), p. 456-490; Le
parl:ite italiane della l'enezia Gi11lia e delta Dalma::ia. Lettera glotlologica di .'\[. G. Bartoli
a un collega transalpino, «La Geografia», 7 (1919-1920), p. 194-204; Ancora l'cglia cd aree
viei ne, AGllt, 20 ( 1926), p. 132- 139.
3
• \V. ·ron Wartburg, Die Ausgliederung der romanisclzen Sprachrii11111e, Bern, 1950,
p. 61 et carte 3.
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130 H. Mihăescu
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IV. LA LANGUE LATINE EN ISTRIE,
EN SLOVENIE ET EN PANNONIE
Aper«Jn historique
105. La colonie romaine cl'A.quilec fut fondec en l'an 181 av. n.e.
Ensuite, en 179 ce fut la conquete de la presqu'île d'Istrie, reconquise en
129 apres un soulevement populaire. Au debut, la romanisation se deve-
loppa lentement, ne faisant des progres sensible que dans Ies regions câtieres.
Du temps de Cesar, il y avait des colonies romaines a Tergeste (Trieste),
Parentium (Parenzo) et Pola 1 . La population autochtone parlait l'illyrien,
le celte, le "ieux istrien et le venete. Sous Auguste, la peninsule istriote a
ete annexee a l'Italie: elle formciit avec la region venete ce qu'on appelait
la X. Regio Augusta. Le trafic et Ies liens Ies plus rapides etaient ceux as-
sures par la voie maritime, avec point de depart Ancâne, Rimini, Ravenne
ou Aquilee. Ce ne fut qu'apres l'an 79 de n. e. qu'une artere nouvelle, la
via Flavia, relia Tergeste (Trieste) de Pola, cette-derniere localite sise dans
l'ang!e sud-ouest de la peninsule. On allait prolonger plus tard ladite artere
vers le sud-est, afin de faciliter Ies contacts avec la Dalmatic. Son apogee
fut touche, probablement, au VI" siecle, comme scmble l'indiquer la des-
cription enthousiaste du senateur Flavius ~fagnus Aurelis Cassiodorus (Var.
12, 22) de l'an 537. Auparavant, les Huns cnvahirent (m 452) la peninsule,
puis Ies Goths. A partir de 539 et jusqu'a l'arrivee des Francs en 787, celle-ci
devait graviter dans la sphere d'influence de Byzance. Un râle important
dans le processus de romanisation incomba a la colonie romaine d'Aquilee,
port maritime et relais d'une importante artere imperiale qui rattachait
l'Espagne et la Gaule a Constantinople ct a l'Asie Mineure. Ccrtains phe-
nomenes ou innovations linguistiques rayonnant d'Aquilee poussaient ,·ers
le nord jusqu'au Danube, a Castra Regina (Regcnsburg), Ba ta vis (Passau),
Vindobona (\lienne) et Carnuntum (Petronell). Au nord-ert, ils englobaient
Ies localites Emona (Ljubljana), Poetovio (Ptuj), Sa,·aria (Szombathely)
et Scarbantia (Sopron). Leurs echos au sud-est se faissaient entendre en
Dalmatie jusqu'a Scodra (Shkoder) et dans Ies environs de Singidunum
(Belgrade). L'evenement le plus important au VIIc sieclc fut, sans doute,
la colonisation slave. Depuis 787, Istrie devait se tourner petit a petit
vers l'Occident, tont d'abord dans le cadre de l'cmpire franc de Charlemagne,
puis dans l'ombre ou la directe protection de Yenise, qui marquera profon-
dement sa structure sociale et sa langue, notammcnt dans la periode du XV 0
au XVIIIe siecles. Entre Ies annees 1809-1918, l'Istrie a fait corps commun
avec l'Autriche, puis, de 1918 a 1945 avec l'Italie, depuis cctte dcrniere
da te, a vec la Y ougoslavie. Par consequen t, il fa u t s 'a ttendre a relever dans
1
J. Weiss, Histria, RE, 8 (1913), p. 2111-2116.
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132 H. Mibăescu
2 Antonio I·1e, Ca11ti fopolari i:tria11i. raccolti a Ro••iţ:no cd a1111otati, Torino, 1877;
Xm1dlinc p0polari rnvig11.si, r<1aoltc , d crnnofafc, \"ienna, 1877; Fiabc popolari rnvig11rsi, rac-
coltc ,-J a11110/alr, \"ienna, 1878; S<1ggi di clialctto 1o:•ig11csc, raccolti fd am1otati, TriC"~tt'", 1888;
I dia/citi ladi110-•·· 11rti drll'Jst1 ia, Stra!>shurg, 1900.
3 Petar Skok, Co11t1·ib11tio11 a l'c't11dc -de l'istriotc pn've11itirn, dans « Melanges Prokop
l\L Hasko'tcc•>, Brno, 1936, p. 310-315, d. p. 311: «Ce sont <lonc Ies noms de lieu ~1a·1es
qui prmnent perPmptoirement que le roman <lcs <leux themes byzantins <le la Do.lmatie
et de l'Istrie etait phonetiquement le memc <lans ses originPs 1>; Co11sideratio11s ginira!u siir
le plus 1111cit11 isl1u-10111a11, dans« Sache, Ort und "'ort Jakob Jud. zum sechzigsten Gelmrts-
tag 1> = «Romanica Herbetica 1>, 20 ( IY-43), p. '472--485. Conclusions: « L'istro-roman de
l'epoquc prefrioulane appartenait a la meme aire du latin oriental que l'ancien dalmate.
Les îles ele Cherso et <l'Ossero (Losinji constituaient J'intermediaire cntre Ic vegliote et l'is-
tro-roman ~.
' Deano-1ic, Avv„ p. 4: <• ••• pariata chc, appartenendo a un'area laterale ed essendo
percio arcaica, si distingue dalle altre pariate neolatine delie coste orientali delL\driatico o;
.AGIIt, 39 (1955), p. 188: « •.. in alcunc di queste voci traspaiano almeno le trace di una
lingua arcaica con una fisionomia ~ua propria e che non si puo far entrare nel siste:1~a di
alcun altro sistema •·
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 133
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132 H. Mihăescu
1
c
c
1
c
E
I
AGllt, 3Y ( lY.).)j, p. 11S1S: ~ ... 1n a1cune 01 queste voci ua»pd1a11u «u11c11u „, "a."" ,_„ ,..,„
lingua arcaica con una fisionomia ~ua propria e che non si puo far entrare nel siste:l~a di
alcun altro sistema ~-
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 133
Vocalisme
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134 H. Mihăescu
Consonantisme
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 135
7
Pavao Tekavcic U~ tentativo di classificazione struttuH.Zc di u1bi „frngolari" 11dl'
istroromanzo di Dignano, SRAZ, 21-22 (1966), p. 39.
8 Mirko Deanovic, Tracce dell'istrioto nell'antica toponomastica dell'Istria, dam(< YII
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H. Mihăcscu
Morphologie
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 137
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138 H. l\lihăescu
112. Pour cc qui est de leurs origine et fonction, Ies pronoms demonstra-
tif s a dcux dcgres sont identiques aux pronoms de l'italien et du roumain:
qHisto, -a, questo, -a, acest, această < cecum iste, -a
quisti, -e, questi, -e, aceşti, acestea < eccum 1:sti, -ae
quil, -a, quello, -a, ~tcel, -a <cecum ille, -a
quili, -e, quelli, -e, acei, acele < eccum illi, -ae
10 Deanovic, Avv„ p. 30-31; Tekav~ic, Vodn., p. 189-191.
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 139
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140 H. Mihăescu
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie
aussi des doublets analogiques innovateurs: dat - dago - dia - (să} dea
(deie) « qu'il donne »; dicat - deigo - dica - (să) zică « qu'il dise », *po-
teat - puoso - possa - (să) poată (*poaţă) « qu'il puisse »; veniat - vieno -
- ·uenga - (să) vie (vină). Du plus-que-parfait de l'indicatif fztisset est nee
en istrien la forme de l'imparfait du subjonctif fuoso et en roumain le parfait
de l'indicatif fuse« il fut »; de celle-ci s'est developpe le participe passe fost,
-ă, foş:i, foste, alors que l'istrien developpa les formes sta, stada, stadi, stadc,
d'apres le systeme italien stato, -a, -i, -e.
Le suffixe -utus a tenu un role important dans la genese du participe
passe en dalmate, istrien, italien et roumain: cognoscere - kumtsut - kunu-
sou - conosciuto - cunoscut; *potere - potait - pusioi'i - potuto - putut; te-
1tere - tenaU - tinou - tenuto - tinut; videre - vedait - vidoit - veduto -
văzut; volere - bloid - vusiou - ~oluto - vrut. En istrien, il a attire a soi
certaines formes qui en dalmate, italien et roumain sont restees fideles aux
formes latines: auditus - vuldoi1 - udito - auzit; senti tus - sentait - sin-
toi't - sentito - simţit. Mais dans d'autres cas, l'istrien a mieux garde ces
f ormes que le roumain: coopertus - kuvierto - coperto - acoperit; dictus -
deito - detto - zis. Bien conserve cn istrien, italien et roumain le gerondi1
latin: habendo - avendo - avînd; currendo - a kurando - correndo - curînd
« bientât, prochainement »; dormiendo - a durmcndo - dormcndo - dormind;
pote11do - a putiando - potendo - p11tînd. La particule a precedant le ge-
rondif istrien est probablemcnt le reflet de la forme latine de l'accusatif:
ad lzabendum, ad wrrendum, ad dormiendwn. etc. Les verbes impersonnels
pyow « il pleut » et lampizia « il eclaire » marchent de concert avcc l'italien
piove ct lampeggia, a la difference du roumain plouă et fulgeră.
Les seuls prefixes verbaux reellement vivants sont des-(dis) - et in-:
*desmontare > dezmuntd «demonter »; de spoliare > dasp!!id « depouiller »;
*dismixcitarc > dasmisid (< reveiller », *disvocitarc > dazbudti (< evacuer)); in-
tardigd « s'attarder », hn•idikd « vanger ».
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142 H. ~Iihăescu
die de *ma11itia; tanto < tantum - atît < ad ta11tum; u11kui < hodie - azi <
<hac die; uoni - ogni < omnis - fiecare <fiat +
qualis; 1:isfin - 'i.:iâno<
< vicinum - aproape. < ad prope. Les parallelismes entre l'istrien et le rou-
main sont peu nombreux: ben - bine < bene; dreinto - di11tru < de intro;
·ieri - ieri < heri; indrefo - ·illdii.răt < 1:n de retro; i11iiuri - nicăieri < nec
aliubi.
Les prepositions ad, mm, de, i11, per ont surYecu en istrirn, en italien
et en roumain, mais elles ont cree des composes differents: a turna« autour » -
în jur « autour » < in gyrum; da mie:.a - î11 mia« au milieu» < in mcdium;
de ra:au - în adevăr <( Yrairnent 1> < in ad de rermn; feinte in - pînă la « jus-
qu'a 1> < pat'lle ad iliac; parsiu - pereia <per eac /wc - dt" acaa < de ecce
illa <c c'est pourquoi 1>; a <ca•> - la< iliac ad; a rm:idast· - la re'i.'edcrc «au re\'oir •> •
.\ l'cxpression istrienne a fuga <c cn fuite, rapidement 1> correspondent en rou-
main în hgă, la fugă. On remarque un parallelisme istrioto-roumain dans
l'evolution de la pr~position latine per: a dormci per taa - a dormi pe pămînt
1• donnir sur terre •>; kami11d p11r la kal - a merge pc calea <c cheminer (marcher)
sur la Yoie i>. La prepo::ition sine a laisse des traccs en istrien ( si11a, siina),
mais en roumain on a fărLt (.foras) « sans 1>. Le syntagme latin de post (a. it.
dipoi, r. după) a donne en ancien \'enitien dcspuo, cn istrien despoi; donc,
cn Istric, il s'agit d'influence Yeniticnne.
II y a Jcs differences entre l'istrien et le roumain aussi dans le domaine
des conjonctions: da11k1i < du11c « donc 1> - dui < 1fr q11id; parki <per quiă
« pourquoi 1> - de cc < de quid; sagondo < scrnlldum <( d'apres, selon » -
după < dl· post; kl· IM < qitid q11oad «parce que •> - di:aarae < de lzor,i quid.
I rn. L'ordn· dl':; mots dans la phrase est similaire a celui <le l'italien.
mais diff(·rcnt de l'ordre <les mots en roumain, notamment quand il s'agit
J\·:·:primL·r h·s rapports cntre cc qui est defini et ce qui est inJefini, ainsi que
dans le cas de la sulistitution <l1· l'infinitif par le subjonctif. Pour saisir ces
diff c·rencv-;, la mcilleure mcthock est d'etudier comparatiH•ment un texte
quclconquc avcc ses Ynsions italil'nne et roumaine:
« Cn cierto omo l'o au dui fri. E al piun zm·cno de luri ghe <leito a so
pare: misser pare, dimc la parto ddla roba che menn. E de longo algo divi-
disto a luri la roba. E. daspoi no pochi di, douto ingruma el fejo piiln zuveno
Yia dal pais al ze a largo purasse, e la al vi,·e,·a da skandalus, e l'o consuma
la soa parto. E daspoi che al a\'iva magna douto, a zi Yignu una grand fam
in quil pais, e lu al'o skomezfL a patei. El al ze z1, e al so misso a sen·(·i un
siur de quil pais. E al l'o manda nel so villazo a paskula i porchi. E al bramava
a impini la soa pauza delle skuorze de legumi che magnaYo i porchi, e nin-
gun a no ghene divo. Ma turna a lu, algo deito: quanti famii incasa de me
parei zguazzo de pan, e mejo <;a cripo <le farn! I me le\'are e zare dame pare
e i ghe dire: misscr parc i je pccca inver del cil, e inver de vui. Za mei
i no son digno d' essi chiama Youstro f ejo; fim come uno dei vustri famii » 13 .
<c Un certo uomo an·va due figliuoli. E il piu giovane di loro a detto al
suo padre: padre, dammi la parte <lella roba chemi toca. E subito cgli a diviso
13 Deanovic, Avv„ p. 55.
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Les langue latine en Istrie, en Slo-renie et en Pannonie 143
a 1oro la roba. E dopo pochi giorni, tutto raccoglio il figlio piu giovane, e si
ne e andato via dal paese, assai lontano; e Ia egli viveva da scandaloso, ed
ha consummato la sua parte. E dopo aver mangiato tutto, evenuta una grande
carestia in quel paese, e lui ha cominciato a soffrire. Ed egli e andato e si e
messo a servire un signore di quel paese. E questo l'ha mandata nel suo villag-
gio ~ pascolare i porci. Ed egli bramava di empire la sua pancia delle ghiande
che mangiavano i porci; e nessuno glie ne <lava. Ma rientrato in se stesso,
egli ha detto: quanti mercenari in casa di mio padre hanno dcl pane in abbon-
danza ed io qui mi muoio di fame ! Mi alzero e andro da mio padre e gli di ro:
padre, ho peccato contro del cielo e contro di te. G1a non sono degno di
esser chiamato tuo figlio; trattami come uno de' tuoi mercenari».
«Un om oarecare avea doi fii. Cel mai tînăr dintre ei a zis tată.lui său:
tată, dă-mi partea de avere cc mi se cuvine. Şi repede acesta le-a împărţit
averea. După cîteva zile, fiul cel mai tînăr a strîns tot şi a plecat din ţară,
destul de departe; acolo trăia scandalos şi a consumat partea sa. După ce a
mîncat tot, a venit o foamete mare în ţara aceea, iar el a început a suferi.
Deci <:i mers şi s-a pus să slujească un domn din acea ţară, iar acesta l-a trimis
în satul său să pască porcii. Şi dorea să-şi umple pîntecele cu resturile de le-
gume pe care le mîncau porcii, dar nimeni nu i le da. Şi-a venit în fire şi a zis:
cîţi servitori din casa părintelui meu au prisos de pîine şi eu aici crăp de foame!
Mă voi scula şi voi merge la tatăl meu şi-i voi zice: tată, am păcătuit în faţa
ecrului şi în faţa ta; acum nu mai sînt demn să fiu chemat fiul tău; fă-mă ca
unul dintre servitorii tăi ».
Le lexique
Le lexique elementaire
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144 H. ::\Iihăescu
La flore et la faune
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 145
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146 H. )lihăescu
tes romans appartiennent a une autre aire linguistique, qui a Aadopte pour
forme de base le diminutif peciol11s. :Kous estimons donc que meme dans un
domaine si typiquement roman, l'istrien est plus proche de l'ita~ien litteraire,
des dialectes italiens parles dans le nord-est du pa\·s et du fnoulan que de
la langue roumaine, en depit du fait qu'une arter~ en bon etat ct tres f~e
quentee facilitait le::, communications entrc l'Itahe du nord-est et la Dacte,
a travers Ies vallees des flem·es Dran', Save et Danube.
Agriculture
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La langue latine en Istrie, en Slovcnie et en Pannonie 147
qu'il donnera des racines » < malleolus 23 pourrait se traduire en rournain par
butuc de vie, avec le rneme sens; pour martsdn ou marscin « serpette pour tail-
ler la vigne » < J.11 artianus 24 en roumain on dit cuţit (de tăiat via) « cou teau
(pour tailler la vigne) » < cotitus, derive de cos, coti·s <c queux », donc ~ outil
af~Ute el la queUX I); le terme de tnaSCCf (C Vigne mâle qui ne donne pas de
raisin » < masculus + -arius 25 n'a pas de correspondant roumain.
Economie domestique
121. Le prEmier role dans le cadre <le !'economie domestique est tV·volu
a la fernme, c'est elle qui confectionne, nettoie et lave Ies vetements; c'est
elle qui prepare et conserve Ies alirnents. Il y a des notions et des activites
generales, mais il y a aussi des besoins et des innovations locales, dus a des
circonstances ou des conditions specifiques. L'aiguille, les ciseaux (fuorfe:;e),
le fuseau (j01h) ou l'art de la couture (kou:;i) et du tissage sont generalement
pratiques. Le tem1e pour la notion de chemise ( kamciza) est lui aussi genera-
lement connu, rnais le terme latin de scortca a donne en istrien skusa ou skoi'tsa
<c ecorce », en rournain scoarţă « ccorce » ou encore <c cou\Te-lit, tapis ». En is-
trien, comrne cn general en Occident, on constate la diffusion plus large des
termes vestitus <c vetement » et vestire <« vetir ». Pour ce qui est du roumain,
vu la concurrence des deux termes vestire et inibracare, l'ancien roumain a
connu le verbe înveşti(re), rnais le roumain moderne a fini par opter pour îm-
brăca(re) « vetir », avec pour pendant le verbe dezbrăca( re) <c deshabiller,
devetir ». Le rournain a conserve les derives bracile > brăcire, *bracina > bră
cină et *bracinarium > brăcinar, mais l'istrien a re~u indirecternent le terme
de bracae, par le truchernent du venitien (brage) et c'est l'onomastique qui
cn g<Jrde Ies traces, par exemple le surnom de Brage-nigre 26 • Le terme latin
bur(r )icus avec le diminutif burriculus, de~ignant une sorte de manteau pay-
san local appele bur ( c) ico, etai t origina irc de Gaule ; il est enregistre plus
tard dans Ies sources ecrites, penetrant aus~i dans la litterature byzantine,
sans laisser pourtant de traces en roumain 27 • Pour la notion d'<c essuie-mains,
serviette », en istrien nous avons un terme (jasulito) derive, de meme que
l'italien fazzoletto, de faciale, alors que le roumain a fait deriver son terme
de extergere > şterge (re), a savoir ştergar. A cote de lavare <c la ver » - a. dr.,
dr. reg. la, ar. lau, lare, le latin se trouvant a la base du roumain a du aussi
comporter le compose *experlavare > spăla (re), terme inconnu en istrien.
Les termes lixivia <c lessive » et caldaria <c chaudiere » ont snrvecu c>n istrien
(lisi, kalder) et en roumain (leşie, căldare), mais des bases difffrentes se re-
trouvent pour Jes tennes de « cendre » et de <c four » en istrien ( sienara <
< cincre, juorn) et en roumain (cenuşă< cinisia, cuptor< coctorinm). On
peut affirmer la m~mc chose cn ce qui concerne buttis (istr. buto, r. bute) et
cuppa (istr. kupa, r. cupă), alors que *calicus, lapideum (vas) et missorimn
n'ont laisse des traccs qu'en istrien: *cahclus > kâligo <c clochctte », lupid,-:
<c une espece de recipient de pierrc », misur <c gamelle, tasse ».
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148 H. Mihăescu
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La langue latine en Istrie, en Slo·,d:nie et en Pannonie 149
Religion, calendl'ier
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150 H. Mihăescu
Elements germaniques
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 151
as Ibidem, p. 42.
33 Ibidem, p. 44-45.
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152 H. Mihăescu
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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 153
schen Rumă.nen und Rătoromanen, also wieder die Frage der Grenze der \\'est - und Ost-Roma-
nia. Das Verbindungsglied kann nur in Pannonien, also dem Pannono-Romanischen, gelegen
haben, das aber sicher, sofern es iiberhaupt Zeit hatte, sich zu der Vorstufe einer ostromanischen
Sprache zu entwickeln, schon bald im Slawentum und danach im Madjarentum aufgegangen
ist. Ob diese ostromanische Schicht in Pannouien iiberhaupt einmal zu fassen sein wird, ist
noch sehr die Frage ~.
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154 H. Mihăescu
Vers 580, Ies ancetres des Slovenes occuperent Ies environs des anciennes
villes episcopales de Celeia (Celje), Ernona (Ljubljana) et Virunum (Zollfeld):
entre 587-588, Ies eveques de Celeia et d'Ernona ,·ivaient en exil dans le
Frioul ou en !talie; en 579 on ne parlait plus de l'eveque de Virunum. Des
batailles ont ete linees en 593-594 entre Ies tribus gennaniques d'un câte
et Ies SlaYCs allies aux Avares d'un autre câte. Vers Ies annees 600, les Slaws
etaient en Istrie et dans le voisinage de Tergeste (Trieste), en 611 ils avaient
etabli le contact anc le pouvoir byzantin en Istrie. Les batailles entre tribus
gennaniqucs et slaves devaient se poursui\Te, rnais des Ies annees 623-626
la Slovenic etait devenue un pays slan· 38 . La situation n'etait guere rneilleure
cn territoire autrichien, a cause de la poussee croissante de l'elernent germa-
nique: l' onomastiquc, l' archeologie et l'histoire topographique re,·elcn t que,
sauf a de rarcs exceptions, l'on ne peut pas parler d'une veritable continuite
des etahlisscments rornains de l'occupation en Autriche 39 • En Slo,·enie, la
population romanisee s'est trouvee refoulee vers l'ouest ou bien elle est deve-
nue sporadiquc.
Le n0m donne ultericurement par Ies Slaves aux locutcurs de langue
romane est celui de Vlali, an·c un sens analogue a celui utilise par Ies tribus
gcrmaniqucs (IVallz) : il s'ensuit qu'un rornanophone autochtonc ou venu
de Dalmatic, d'ltalie, de Gaule au de Dacie etait pour Ies Slaves de Slovenie
un Vlair. C~· terme devait trouvcr sa justification a l'epoqec de la t;cnese des
langui:s romanes. donc approximati,·ement apres le \'II'' si~clc 40 . C'etait a
}'origine le nom d'unc tribu celte, qui est arri,·e cn slave a travers la filiere
gennanique ...\u premier siecle avant notrc <.·re, cn Gaulc vivaicnt deux tribus
dites Volcae: Volcat' Tectosagcs, au centre et dans l'est de la Gaule, et, plus
loin vers 1· est, egalement, f>pars au sein des popula tions gennaniques, jusqu 'aux
abords du plateau de Bohemc; l'autrc tribu ctait celle des Volcaf Arclomici,
qui vivaient <lans le ~fidi, au picd dt's Pyrenecs. Leur nom figure dans Ies
ceuvres de (eqr ct de Tite Liw, il est mentionne aussi par l'illustre geographe
grec St rabon 41 . \"raisemulahlc>m"nt, dans Ies langues celtiques le nomina tif
de cc nom etlmique de\';>.it etre Volco-(s); l'ancien allemand l'a adopte sous
la forme *w,1/:<a-, et on le rctronYc dans Ies Iangues gcrmaniques comme suit:
ancien haut alkmand wal/1, w.1foh, val (a)lzisc <1 roman, celte, etrang:-r »,
anglo-saxon wrn/11, wielisc (I celte, etr~ngcr >)" anglais mcdihal Walsh(~ etran-
gcr »; moycn haut allcmand TValclz, ll"i1l!1c « personne de lignee romane, ita-
licn ou frarn;ais », avcc l'adjectif walclzisc/1 ou wăllrisclz. Par consequent, Ies
Gcrmains entendaient par le mot *walxa - tout d'abord un Celte romanise
fixe a demeure dans leur pays, puis un Gaulois romanise en general et, enfin,
un romanophone de n'importe ou 4 :!. Grâce anx Germains, le mot passa tres
38
l\lilko Kos, K porolilr.111 Pa!'la Diako11a ,, Slovencih, <c Casopis za ZgodoYino i ::\'arodo-
pisje ~.
26 (1931), p. 202-216.
3 °
F. )[iltner, Zur Frage d,r J(o11ti1111ităt rămischcr Siedlimgrn in 01sterrtich. « l\Iiscella-
nea G. Galbiati ''· II (• Fontes Ambrosiani "· XXVI), :\lilano, 1951. p. 117-134.
40 :!\lilko Kos, Vlahi i v/ai;ka imena 111cd slovenei, « Glasnik Muzejskega Dru~tva za Slo-
F. l{luge, Etymalogisches lV orlerlnrch des deutschrn Sprache, neu bearbeitet ·ion F. Mitzka, 19.
Aufl., Berlin, 1959, pp. 857 ct 853; :\I. Gy6ni, Les Valachs des Annales de Kiev,• Etudes slaves
et roumaines », 2 (1949), p. 68-69.
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La langue latine en Istrie, en Slmrenie et en Pannonie 155
tât dans le slave commun, etant atteste dans le vieux-slave (vlah'lt..), le serbo-
croate (vloska, loska <(le pays des Vlahs »), le polonais (wloch « Italien *• wo-
loc lt <( Roumain »), l'ukrainien ( voloch), le russe ( voloch), le tcheque ( vlach),
le slovene( tah) « Italien » ) et le bulgare (vlah, vlahinja, vlahinka, vlasce).
Deux aires se laissent saisir dans le domainc slaYe: vla- au sud et vlo-, vol- au
nord et au nord-ouest. Elles sont le resultat de l'evolution phonetique interne
de~ langues slaves, alors que le slave commun ne disposait probablement que
d'une forme unique. Ce nom montre que Ies Slaves etaient entres partout en
contact avec Ies populations romanisees au moment ou, au VIF siecle, commen-
c;ait la differenciation dialect~le du slave commun. Du slave commun, le
mot passa en grec byzantin (~A.ocxo~). ou son sen' s'est retreci, pour ne s'appli-
quer plus qu'au <( Roumain, representant d'une population romanisee des
contrees danubiennes et du Pind ». Le phonetisme Vlaho du vieux-slave est
a la base de l'hongrois oldh « Roumain », alors quc le piuriei •:lasi du serbo-
croate allait donner en hongrois olâs: <( Italien ».
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156 H. Mihăescu
une langue romane a part etait justement en train de se former. :Mais l'etude
de la toponyrnie de cette region n'est pas facile, car elle suppose une tres bonne
formation de romaniste, germaniste et slavisant. Bien que Ies resultats ne
soient pas toujours absolument surs, le procede merite d'etre retenu.
L'un des traits essentiels permettant la delim1tation des langues roma-
nes orientales de celles occidentales est represente par la sonorisation des
consonnes sourdes intervocaliques latines. 11 s'agit d'une innovation eclose
en Occident, probablement en Gaule, d'ou elle a rayonne vers l'est, sans en-
glober toutefois l'Italie au grand complet, ni passer dans le Sud-Est de l'Eu-
rope. Par exempe: spatlza, d. sputa, alb. slzpate, r. spată face a engad. speda,
esp. pg. espada; frfrare, d. frekur, alb. jerko_j, r. freca(re) face a it. fregart, fr.
frayer, esp. pg. frtgar; ripa, d. ra'ipa, alb. Postripe <post ripam, r. rîpă face
a cngad. ri-.,•u, fr. ri;.,•c, esp., pg. riba; aurata, d. otirata, cr. o<.1rata, it. arata face
au cat. ai"tradLI, esp. dorada, pg. dolirada. Yenue selon toutes probab1lites de
Gaule, a travcrs l'ltalie du nord, l'innovation n'a pas depasse une ligne ima-
ginaire allant de Tarsatica (TrsZlt, pri.·s de Rijeka) nrs le nord par Emona
(Ljubljana) ct Virunum (Zollfcld) jusqu'a Lauriacum (Lorch) sur le Danube,
a l'cst <le Lcntia (Lmz). Cettc ligne su<l-nord est consideree comnw la limite
cntrc ]a romanite occidenta1e ct orientale. L'une des caracteristiques lmgms-
tiqncs vcm1cs <le l'oucst a cte la sonorisation des consonncs sourdcs inten·o-
caliqucs (ou precedfrs de ,·oyellcs ct sui,·ies de r oul) que rt\"t•1mt au:-:si la
toponvmfr: slo,·. l\.obarid (it. Caport'lto) < *caprit11111 (sur la ri,·iere Soca,
it. Isonzo, au nord-est <lTdinc) se trouvc a l'oucst el<' ccttc 1ignc, tandis que
slO\·. Ptu_j < l 1ot'/m•io est a l'est etc. La prO\·inct· de \"oricum (corresponclant
a pcu pres ~l l'actuel1e --\.utriclw) ctait situce pour la plupart a l'ouest ele la
l ignc el snhissait plus facilement Ies influcnccs venant d'ltalie ou de la Gaule,
ta nd1s gne la Pannonie aYait des relat ion p1us t:troites avec ]a D<dmatie et
la ~csie.
l'ne autrc innovation nee en Gaulc et diffusee dans la region alpine,
sans s'etre rl>pandu•_' plus loin Yer~ le sud et vers l'cst, rcsidc dans la transfor-
mation c, g +a><!, g: carmm, it. carro, r. car face a engad. k'ar, fr. char;
Cilftlf S, Ît. /.!,11110, alb. gat? face a LI1gad. [! a/, fr. c/Jat.
1
Le si1.n1c du pluricl dans le sud l'l dans l'cst est represcnte par -i, -e,
alors quc dans i'oucst c'est un -s final: it. duc, d. ct r. doi face a engad.
dus, a. fr. ddts, csp. dos, pg. do11s: it. et r. capre' face a cngad. ts\·vres, a. fr.
chie;.,•rcs, L'Sp. cabras. Le dalmate m;i.rcJ~c aYcc l'est: dokic - it. ducati -r.
ducaţi, k11i11c - it. quan!i - r. cîţi. Le -s. cn tant que signe du pluriel, pousse
au sud-est jusqu'a la ligne Spczia-Himini, VL'rs l'cst jusqu'a une ligne imagi-
nalfe qui Ya de Tricste vers le nord jusqu'au Danubc 46 .
L'Istrie tient aussi bien ele l'cst que de l'ouest, donc l'istrien serait un
parlcr de transition entre le frioulan et le dalmate, comme lcs exemples sui-
vants semblcnt le prouwr: Jlucl.z > *Mug/a > Jfztggia (a 3 km sud de Tn-
estc), avec sonorisation, alors que Petcna > Pican (gen. Picna) reflete t +
+ e en opposition par rapport au phonetisme ita1ien Pedena (la loccilite Pt'-
ean se situe dans la moitie est de la presqu'île, au nord de Labin, dans le
proche voisinage des villagcs istro-roumains d'lstrie); Capris > Kopa (au
sud de Trieste) et *Casicula > Krsikla (au centre de la presqu'île) avec c +
+ a non affectes par l'innovation originaire de Gaule.
46 \Y. ·;on \Vartburg, Die . .J.usgliederung de1' romanischen Sprachriimne, Bern, 1950,
61 et carte 3.
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V. DU LATIN AU ROUMAIN
Aperc;u historique
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158 H. Mihăescu
Troesmis (Igliţa). Aux IP et III 0 siecles, la langue ia tine s' est repandue dans
un Yaste territoire compris entre le Danube et le Hacmus (Stara Planina),
y compris la Dobroudja. Les inscriptions <latent de la periode 42-392 et
ensuite du regne de Justinien (527-565).
L'organisation administrative decrite ci-dessus a dure jusqu'a la fin
du Ille siecle. D'importants changements ont eu lieu sous Diocletien (284-
305): la provincc Dacia .\urcliana, creec en 271, a ete diYisee en Dacia Ri-
pensis (le long du Danube) ct Dacia :\Iediterranea; la region comprise entre le
Danubc ct le Pont-Euxin - a peu pres l'actuellc Dobroudja - a ete detachee
de b Mesic Infericure (appelee plus tard Mocsia Prima) ct a rec;u le nom de
Scythia Minor; puis, un peu aYant 386, la Dacia ~Iediterranaea a ete divisee
a son taur en Dacia ~Iediterranaea ou Interior et Dardani;:i. Sous Justinien
(527-565), Ies provinccs "'.'\facedonia Secunda, Dardania, Dacia l\Iediterra-
naea et Dacia Ripensis faisail'nt partie d'un archeveche ayant son siege dans
Ies cnYirons de Scupi (Skopje): le nom latin du premier arche\·equc - A.
Catcllianus - ct le fait qnc le decret de constitution de l'arche\'eche avait
ete redige en 535 cn btin protl\"cnt que b rnajorite de la popnbtion du diocese
parlait cctte languc. La plupart des rnilitaires s'etablissaient, nne fois liberes,
dans Ies proYinces ou ils aYa1cnt accompli !cur stage et y fondaient des familles
durablcs 1 . 11 est hors de doute qne Ies armc·es ont contribue ponr beaucoup
a la diffusion de la languc latine ct au processus de romanisation.
t:JI. La Dacic est r1.?stC·c sons l'occupation romaine de 106 a 271, c'cst-
a-dire 165 ans. Au debut, clle fut organisec en nnc scule pro\·ince; pui.s, Yers
118, ellc fut divisfr en Daci<1 Inferior et Dacia Superior; n·rs 124, enfio, elle
fut diYisec cn trois: Dacia Inferior. })acia Superior ct Dacia Porolissensis.
Dans l'cnsernblc, la prO\·incc imperiale de Dacic comprcnait la partie nord-est
du Banat, l'Oltenie et la Transyh-anie (sans k Mararnure~). ain~i qu'un.e par-
tie ele la Grande Yalachic; sa superficie etait d'em·iron 100 OOO kilometres
carres. Deux legions ont stationne en Dacic: la XIII Gemina a Apulum (Alba
Iulia) et la V Macedonica ~t Porolissurn (:'.\foigra<l). transferec a Trocsmis (Igli-
ţa) sous k regne de l\Iarc-Aurele, wrs 166-168. Outre Ies colons militaires,
de nombrcux ci,·ils, agricultcurs ou rnincur:,, sl' sont ctablis en Dacic 2 . Le
nornbrl' des inscriptions latines "':<' est important: deux sont encore attestees
au rye siccle. L'eyacuation des troupes rom;iines a eu lieu peu a peu et par
etapes; unc partie du pcrsonnel administratif fut cntraine par Ies legions,
mais cellcs-ci n'ont pas eu la possibilite, ni Ies moyens ele det<:>m1iner un exode
genfral de la population de langue latine. Cornrne compensation morale pour
b pertc de la Dacic, l'empereur Aurelien crea au sud du Danube la province
romaine Dacia Aureliana, formee de la rnoitie occidentale ele la :2-.Ic~ie Infe-
rieurc. la moitie orientale <le la Mesie Superieure et du coin nord-ouest de
la Thrace. Par la suite, la Dacie a connu le passage des Goth~ (271-375),
des Huns {375- 453), des Gepides (453-566), des Avarcs (566-799) et
des Sla\·cs. Sous Justinicn (527-565), l'Empirc romain d'Orient devait re-
prendre quelques tetes de pont sur la rive gauche dn Danubc.
Parlee dans Ies provinces Mesie. Superieurc, Mesie Inferieure et Dacic,
le latin qui se trouve a la base de la langue roumaine counait un territoire
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Du latin au roumain 159
d'environ 300 OOO kilometres carres. L'epine dorsale, tenant en meme temps
aussi le role d'un factcur de convergence, de ce Yaste espace etait le Danube.
Cette contree geographique a liYre de nombrrnx vestiges archeologiques
d'origine rcmaine, ainsi que plus de cinq mille inscriptions latines. Aux IVe-
ye sied(s, la population rcmanisee de cette partie du monde etait tournee
vers Constantinople, ou la langue latine deYait continuer d'etrc parlee jusqu'au
commencement du VIP siecle.
132. Les sources pour 1' etude du b tin parle en Dacie et en Mesie sont
representees par Ies inscriptions, Ies textes des ecriYains de ces regions, ainsi
que Ies itineraires, autrement dit la toponymic. II est generalement connu,
cependant, que ces sources ne comportcnt pas de phenomenes linguistiques
specifiques, refletant seulernent dans son ensemble le latin commun de l'Em-
pire romain a l'epoque concernee - ce qu'on appelle le latin vulgaire: par
consequent, ce dernier parler, dans la mesure ou il serait re~titue a partir de
la totalite des sources de l'Ernpire, pourrait sen·ir comme point de depart a
l'histoire de la langue roumainc. Aux JPr - IIF siecles, cctte latinite receYait
des impulsions et des innovations \"enues d'Occident; aux IVe - VIe siecles,
elle <~ regardait » vers Constantinople, la nouvelle capitale de l'Empire d'Ori-
ent; ;iux VIF-IXe siecles, a eu lieu la transition ,·ers la langue roumaine.
Quand certains specialistes parlent de la « naissance » de la langue roumaine,
en tâchant d'en fixer le temps et le moment, ils oublient qu'il s'agit en n~alite
d'un terme impropre, emprunte de la biologie. Tout aussi impropre s'avere
le terme de (I greffe >) (egalement redevable a la biologie), quand on affirme
que I' element ethnique romain a ete « greffe » sur le tronc autochtone thraco-
dace pour « donner naissance » au peuplc roumain. En realite, le langage est
une activite de l'intellect: la langue s'apprend, elle change graduellement d'une
genei:ation a l'autre en meme temps qu'elle se transmet a leurs descendants
respectifs. C' est pourquoi elle reYetirait plutot l'aspect d'un fleuve en mou-
Yement, sans aucune po~sibilite de fixer Ies limites exactes de son parcours
superieur, moyen et inferieur, autrement que de fac;:on tout-a-fait convention-
nelle. Sous le rapport theorique il n'y a pas mensonge, ni exageration que de
pretendre que le roumain actucl est le latin de Dacie et de :Jlesie, y compris
Ies moqifications subies au fil des siecles. Les cumuls quantitatifs determi-
nent a un moment donne le« saut » qualitatif, c'est-a-dire - dans natre cas -
le passage a un systemc linguistique different, a une langue nouvelle. Malheu-
reusement, Ies moyens et Ies sources d'informations en vue de preciser le
degre des cumuls quantitatifs sont beaucoup trop sporadiques, de sorte que
toute delimitation en ce sens demeure de facture subjective. Certains specialis-
tes ont ete d'avis que la langue roumaine «debuta» juste apres !'abandon
de la Dacie par Ies Romains, alors que d'autres ont avance le IVe, le ve ou
le VF siecle, cependant que quelques autres encore ont pense qu'il s'agirait
plutof des VIie, VIIie ou IXe siecles. Un critere approximatif, aucunement
imperatif, certes, serait l'amilogie avec I' Occident: Ies Serments de Strasbourg
prononces en 842 comportent, sous le rapport de lei qualite, une langue diffe-
rente du latin vulgaire. 11 s'en smt que Ies commencements du franc;:ais devraient
etre recherches a une certaine epoque anterieurc au IXe siecle. Si pour
des raisons didactiques il nous faut absolument operer :nrec des dates fixes
et des jalons, alors nous pourrions argumenter comme suit: «Ies lois » ou Ies
corres,p~mdances phonetiques propres a l'element latin et a l'element autoch-
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160 H. Mihăescu
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Du latin au roumain 161
Philippide concluait comme suit: o Consideres au point de vue des sons, Ies dialectes roumains
se re•relent a tel point similaires, avec de si minimes differences de l'un a l'autre, qu'on hesite
de leur donner le nom de dialectes et non, plutOt, celui de sous-dialectes ~ (OR, 2, p. 565).
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162 H. Mihăescu
Phonetique
134. Le latin de Dacie et de Mesie ci suivi, sous maints aspects, une evo-
lution analogue a celle du latin parle dans le reste de l'Empire: Ies voycllcs
1· ouvert et e ferme ont fusionne donnant le c ferme; la voyelle e ouvert s'cst
diphtonguee en je; I'u ouvert ne s'est pa~ transforme en o, comme en Occident.
rnais il s'est confondu avec l'z: ferme. Xotons a ce propos un commencement
d'individualisation et en meme temps de differenciation par rapport au reste
de l'Empire; toutefois, le meme phenomene a rn I icu egalement en I talie
meridionale. Plus tard, dans ccrtaines conditions specifiques, dans une posi-
tion soit forte, soit atone, on remarque une tendancc generale vers la fenne-
ture des voyelles, a savoir: e devient i, o devient u, alors que l'a se transfonne
en une voyelle plus fermec, actucllemcnt notee ă, voyelle mediane non arron-
die. Cette voyelle apparaît aujourd'hui dans tous lcs dialectes roumains, clle
s'est clonc imposec avant la differenciation de ces derniers. Par la suite. la
nouvclle voyelle ă, notamment sous l'influcnce des nasales, devait conduire
dans certains cas a un phoneme encorc plus ferme, note maintenant par d
ou î. Si, dans le cas de la voyelle ă nous avons affaire a une influence de sub-
strat. si dans le cas de la voyelle â(î) îl s'agit d'une influcnce ~lave ou bien
si Ies deux cas sont le fait d'une holution autonome, la chose est difficilc a
preciser. Pour ma part, j 'mclincrais a rallier le point de vue qui estime ciue
<1 Ies alternanccs vocaliques des langues balkaniqucs sont <lues a un chan-
gement parallele et independant, sous l'influcnce cl'un fort accent d'intensite »4 •
La tcndance inverse, vers I' otn-erture, aura facili te dans ccrtains cas.
specifiques l'apparition des diphtongues ţa, oa: ge11a - geană, pinna - peană
(di<il.), porta - poartă, noctem - noapte.
La voyclle i accentuee ou finale et inaccentuee, ainsi que j ( < i inac-
ccntue suivi d'une autre voyelle) ont donne lieu a quelques phenomenes par-
ticuliers, comrne suit: mouiller le I gui la precede, transformcr en afriquees.
Ies consonnes t, d ct en chuintante la sifflante s, phenomenes qu'on ne retrom·e
guere dans Ies langucs romancs de I' Occident. En voici quelques exemples:
licia - ar. l'iţă - dr. iţă, linum - ar. l'1'n - dr. 1·11, terra - *tierra - 8. dr.
ţeară - ţară, tib1' - ffr, Wia - ţîţă, decem - *dfrce - vr. dzăţi, dr. reg.
d::ăci - zece, dicere - ar. dzîţire, dzfţeare, dr. reg. d::îa(re) - :..frt!(rc), dies-
ar. d::uuă, a. dr. reg. d::uuă, dr. reg. dzîuă - ::1·, reshta - răşină, sibilare :-
şuicra(re).
Plus tard, Ies l<>bialcs p, b,f, v, m, suivies des memes voyellcs, devaicnt
aboutir aux sequences phonetiques fKi, bgi, flîi, mn,
destinees a demeurer
dialecfoles (connues surtout en ar. et dans le parlermoldave du dr.): alvina -
albină - albgină - algină, bene - *biene - bgene-bgine - gine, ficus - ar.
11,ic, fil·um - fir - "/iir, petra - *pietra - pieatră pliatra - lCatră, etc.
"La syncope des voyelles breves interconsonantiques est realisee pour
certains mots, ou le phenomene est ancien et repandu sur l'ensemble du ter-
ritoire de l'Empire: caldus, virdis, genuclttm, ungla, mais elle n'intervient pas
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Du latin au roumain 163
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164 H. Mihlescu
l'eYolution de c + e, i: cera - dr. ceară, ar. ţeară, it. cera, esp., pg. ara;
cingo - dr. îndng, ar. fingu, it. cingo. Plusieurs explications ont ete proposees.
pour cette disparite. Par exemple, Petar Skok pcnsait que le ts de l'arou-
main pour le cdu daco-roumain serait du a l'influence de la langue grecquc 7
- fait peu probable, car ts ne figure que sporadiquement dans le grec me-
dieval et moderne, presque toujours dans le cas des mots importes d'ailkur5.
Ovid Densusianu, pour sa part, etait d'avis que c etait anterieur a ts.
alors que son disciple, Tache Papahagi, compte tenu du degre plus archai:-
que de l'occitan (avec ts) par rapport au frarn;ais (an·c c) penchait plutOt
Yers l'avis contraire 8 . Les analogies avec !'Occident revelent une situation
complexe, exigeant de la prudence: neanmoins, le parallelisme d:-g-z pourrait
suggerer l'existencc d'un enchaînement parallele ts-c-s. Toutefois, Heinrich
LausbPrg optait cn faveur d<'s degres chronologiques suivants: k-c-i:-ts,
ce qui singnifierait que Ic ts de l'aroumain represente une apparition plus re-
cente 9 .
On remarquera unc similitude plus acc~see awc l'Occi<lent cht'z }..;-
couple dz-g: deorsum > deosum > iosu >dr. gios, jos (prononce zos); ancien
it. gioso, occit. Jos (prononce zos); baptidiare - ar. pâtcd:are, ancicn it. liat-
teggiare, occit. batejar; adiwzgere - ar. agiwtd:.t"re, dr. njungac, it. ll!;'.i!.iiln-
gerc, occit. ajonhcr.
Le couple qu - g11 a evolue vers c-g. mais aussi vers p - b, commc en
Sardaigne: quatuor - dr. patru, sarde battoro; ânquc - ar. {inţi, dr. cin.ci.
sarde kimbc; lingua - dr. limbâ, sarde limba. Cc phenomene s'est devdoppe
independemment dans chacune des deux langucs.
Dans Ies langues romanes, le groupe ct a e\·olue dans le sens xt apres.
des voyclles velaires et dans la direction yl apres des voyclles palatales, en-
suitc vers ft, pt, tt ou t, respectivement jt 10 • Pour Ic Sud-Est de l'Europe.
on rele,·e Ies traces de six etapes differentcs: a) kt: Ir a freto - ser. trakta
« Zugnetz >l dans le voisinage de Cavtat en Dalmatic 11 ; b) ft: coctorium -
- alb. koftor; c) pt: cactus - ar. coptu, dr. copt; /acte - ar., dr. laptr, ptctus
dr. piept, ar. k,ieptu; d) ht: flecta - ser. plahta; e) t: fructus - alb. fryt;
f) _jt: direct11s: alb. i drejte. Parcille variete suppose d'un cote un cspace assez
vaste, d'un autrecote, une e\·olution couvrant plusieurs siecles: elle est instruc-
tive au plus hau t degre quand il s'agit de saisir correctement ce phenomene
dan~ l'ensemble des langues romanes.
Les voyclles accentuees en position nasale sont devenues plus fennees,
alors quc Ies nasales-memes ont quelquefois disparu par la suite: (I > â~
f, o > 1.1,. e > i: cecum tantum - atît, lan a - lînă: montem - munte, 1.om-
prehendo - cuprind; bene - bine, plenus - plin. Un transfert de nasalite
d'un autre ordre a donne lieu au phenomene appele rhotacisme: *canutus -
cărunt, minutus - mărunt, renunculi - rărunchi. Ces deux phenomi-nes.
ainsi •:uc celui de la transformation r > 11 se sont manifestes seulement en
rouma m c-t ils sont particuliers a cette lanb'Ue: corona - c111111nă, f aritrn -
fănină făină, lubricare - lunecare.
lu Ibid., p. 50-51.
11 P. Skok, ZRPh, 5-4 ( 193-4), p. 427.
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Du latin au ronmain 165
Morphologie
Le nom
137. Les formes pronominales ont mieux subsiste quc Ies formes sub-
stantivales ou adjectivales. Les pronoms personnels du latin vu1gaire compor-
taient des degres differents de resistance, selon leur podtion <lan~ la phrase:
Ies formes accentuees se sont mieux conservees que 1cs forrnes atones. La
juste perccption de cc rapport des forccs rendra plus facile I' etude de la ge-
nese et de l'evolution de l'artide en rownain, issu <lu pronom demonstratif
ille.
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166 H. Mihăcscu
1:m. En position forte, le pronom dcmonstratif *illu, i:lla, ilh, iliac est
den·nu pronom pcrsonnel: el, ca, â, de; par contre cn position faible, il a
per<lu graducllement son râle de pronom, pour se rattacher de plus en plus
etroitenwnt au nom voisin d se transformcr de la sortc l'Il articlc defini:
*itlu dixit - dr. d _:ise mais ille homo - fr. l' homme, homo *z:/lu - dr. omul,
ar. omlu. En position forte, <le ccce *ill11, ecce-illa, ecce-i:tli, ccce-illae le roumain
a CTL'e son pronom dcmonstratif: dr. aed, acea, acei, aule; ar. aţel', aţea, aţei,
aţ ( c) ,,fr; aţ ( c) ali; cn revanchc, cc ml:me pronom demonstratif en position
faibk c·st de\'enu en roumain art iele proclitique; il est utilise devant Ies ad-
jectifs, les numeraux et Ies prcpositions: cc~·e *illu. bonus - cel bun <c le bon•.
ecce illi daem /romi nes - cei ,:cec oameni <1 Ies dix hommes ~; ecce illa de auro-
cea de „,.,.r «la don~c ». De *illu, illa, ilti, illae en position faiblc est ne l'article
pronominal:· *illu mcus - .1l meu; illa Ina - a ta; i:lli nostri - ai noştri;
i"llac <'ostrae - ale voastre. En position forte, on constate la survivance du
pronom *ipsn, ipsa, ips1:, ijJsae - dr. îns, însă, înşi, înse, ar. nîs, n.îsă, nîşi,
nîsc (a. dr. nus, nztsă, nuşi, nuse). En daco-roumain, vu sa situation precaire,
il a rcc;u le support de la preposition de le precedant: de *ipsu *illu - dînsul,
de ipsii illa - dînsa, de ipsi illi - dînş1:i, de ipsae illae - dînsele. Ce pronom
accusse l'idee d'identite et il a le sens de <1 lui-memc, le seul». Une autre mo-
<lalite de fournir un appui a ins, însă a etc offcrtc par sa fusion avcc Ies for-
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Du latin ·au roumain 167
mes du datif -mi, ţi, -şi, -ne, -vii., -şi: eu însumi, tu însuţi, el însuşi, 1loi înşine,
voi înşivă, ei înşişi. A un dcgrc plus cloigne que acel, acea, acei, acele figurent
Ies formes celălalt, cealaltă, câlalţi, celelalte issue de ecce *illu *illu altcr, etc.
L.c pronorn demonstratif *istu, i'sta, isti, ista,e n'a laisse que de faibks traces
d1alcctales: dr. reg. ăst, ăşti, işti, astă., aste, ar. aist(u), acstu, aişti, aeşti, ai-
stă ( aistî), aestă ( aestî); en revanche ecce *istu ccce ista, ecce isti, ccce istae
ont beneficie d'un sort rneilleur: dr. acest, această, aceşti, aceste, ar. aţestu,
afe~stă, aţeşti, aţeaste. Les pronoms latins hic et is n'ont pas survecu cn rou-
mam.
Les pronoms relatifs, intcrrogatifs et indefinis: qualis - care « quel,
qucllc », quem > *quene - cine « qui », qnid - cc « que, quoi », quantum -
cît « combicn », altcr, -a - alt, -ă <c autre », nenu:nem - ninie(ni) <c personne »,
totus - tot « tout », eccum-tanlits - ar. ah(t)întu, -ă, alz(t)înţî, alz(t)înte,
dr. atît, -ă, atîţi, atîte « tant »; cecum ta/cm - ar. ahtare, dr. atare, cittarl' <c tel,
pareil ». II y a aussi des composes avcc volet: oarecare, oricare, oarecine, ori-
cine « n'importe qui, chacun », oarae, 01ice « n'importe quoi », oarecînd, ori-
cînd « n'importe quand », oriunde <c n'impor1.e ou» et inversement: careva,
dnl'·va « quelqu'un », ceva « quelque chosc », cîndva <c unc fois », undeva <c qucl-
que part 1>; des composes avec velit: dr. vreun, ar. vînzu, vîrnii, mgl. vrin,
vrină <c quclqu'un(e) 1>; composcs avec fiat: fiecare, fiecine « chacun 1>, fiece
« chaque chose 1>, fiecum «de toutc maniere 1>; de~ composes avec nescit: 11c-
scit qualis - niswre, niscai« quclquc(s), certain(s), nescit quantum - ar. nis-
cîntu « peu, quclqne chosc 1>, Hfscit quid - dr. nişte <( peu, quelque chose ».
Le substantif latin mica <c mie, micttc 1> a survecu dans le pronom indefini
nimic, -ă (= ne mica) <c rien 1>; dans Ies substantifs nimic (pl. nimicuri) et
nimică <( chose de peu de valeur, bagatelle 1> et fort probablement dans l'ad-
jectif dr. mic, -ă, ar. nic, -ii(< petit. -e, ffiCnU, -CI).
Les pronorns.et Ies ad1ectifs pronominaux ont herite de ccrtains elements
des diverses formes d'ille: alter, -a - alt, -ă, dat. altui. altâ, dat. pl. altor <
< altrorum alorum; en arournain et en daco-rournain ancicn Ies pronoms
figurent sans articlc defini; neque unus, neque una> ar. niţe 1111, nife unii,
(niţi un, niţi ună) dr. nici un, nici o, avec l'article defini dr. 11ici unul, nici
una, totus, -a > tot, toată, dat. sg. totului, ar. totalui (dans des cxprcssions
isolees tclles: ar. di-cu-totalui, a. dr, dr. reg. cu totului tot (( entierement 1>),
dat. pl. ar.a tutulor, dr. tuturor (dr. reg. tutulor) < totormn illorum; u1ms, -a-
U1l, ună, pl. unii <( Ies uns 1>, unele <c Ies unes 1>, dat. pl. unor.
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168 H. Mihăcscu
Verbes
140. Ll' ~yste1m: des quatre conjugaisons Iatines a rcsiste tres bien,
a\'CC dl'S trasferts <l'unc conjugaison a l'autre, notamment dans le CaS des
II" ct III" conjugaisons: portare - purta(rc), v1:dcrc - vedea, vedere, vcndcre -
vi11Jt" (re), dormire - dormi (re). Les dcponcnts se sont encadres dans le
systl-mc dominant des le latin vulgaire, de mcme, Ies vcrbcs posse et velle:
potere - putea, putere, volerc - vrea, vrere. Les Yerbes inchoatifs ont perdu
kur ,·aleur specifiquc corn portant le sens de <1 commenccr a... »: frzfloresco -
ar. nflurcsm, <lr. hlfloresc. La terminaison d'originc grecquc cn -izare a ete
egalenwnt adoplee par certa ins verbcs en -arc: bapti:zo - ar. păted:::ie, dr.
bot<·:. mais aussi adlacto -ar. aliiptedzi"t, dr. alăptez; angusto-ar. angustedzu,
dr. illgustc:, etc. Les doublcts de typc dr. a11-d ou au::, ar. avdzu < audio, ar.
pot, dr. pot ou pociu <potco, dr. vin ou viii„ ar. vi9~'t < venio ten;ioignent de
la kndance persistante et progressivc ele renouvcllement et d'adaptation au
svstcme. Les formes dau., dai, stau, stai continuent lcs formes latines du
futur dabo, dabis, slabo, stabis: a partir d'elles on a rcconstituc Ies formes
hypolhctiqucs *dao, *dais, *stao, *stais du latin vulgaire.
Les formes a reduplication n'ont pas disparu cntierement: dedi, a. dr.
dedi11. dedu, ar. dedu, a. dr. dedei, mais, cn roumain moderne, plutât dădui.
Les parfaits forts ont diminue progressivemcnt en favcur des parfaits en
-ui: bib1:, ar. biuf, dr. băui; feci, a. dr„ ar. jeciu, dr. moderne făcui; vidi, ar
vidmi. dr. vămi.
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Du latin au rouma:?t1 · 169
Imparfait: ar. earam ou iream, ancien dr. era, dr. actuel eram; passe
indefini: ar. am jută, dr. am _fost; plus-que-parfait: ar aveam _Iută ou juseasim,
dr. fusesem; fu tur: ar: va s'1i.i~ ou va. s' eseu, _dr. voi ~i; co~ditionnel: present:
ar. si 1iearim, dr. aş Ji; cond1tionnel imparfa1t: ar. si jurim ou vrea earam ou
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170 H. Mihăcscu
encore si-aveamfută, dr. aş Ji fost; imperatif: ar. si liii, si.'Ji,iţ, dr. fii, fiţi;
participe passe: ar. f ută. dr. fost. -ă; gerondif: ar. ninda (lui) et f ttnda (lui),
dr. fiind.
- D~ beaucoup plus unitaire s'avere le paradigme du Yerbe ar. aveare,
dr. avea, avere < habere, a savoir: present: ar., dr. avem < habemus; impar-
fait: ar. a(v)cam, dr. aveam< habebamu,s; passe defini: ar. avum < habu,i-
mus. dr. avurăm; pass~ indefini: ar. avem avută, dr. am avut; plus-que-par-
fait: ar. avuscasim, dr. avusesem; futur: ar. va avem, dr. vom avea; condition-
nel prcscnt: ar. si-avearim, dr. am avea; conditionnel imparfait: ar. si-avu-
rim, dr. am ji avnt; imperatif: ar. si ai, s1: avcţ, dr. ai, aveţi; participe passe:
ar. avută, dr. avut, -ă; gerondif: ar. avînda(lui), dr. avînd.
Il y a plus de similitudes entre ks deux principaux dialectes dans le
cas du paradigme <lu verbe ar. ;.:reare, dr. vrea, vrere < volere, comme suit:
prescnt: ar. vo1: < volco, dr. vreau, voi; imparfait: ar. dr. vream< volebam;
passe lldini: ar., dr. vrui < voliti; plus-que-parfait: dr. vrusem < voluissem,
ar. az•cam vrută; fu tur: ar. i•a s'voi, dr. .voi vrea; conditionnel present: ar.
si vr1·,1rim, <lr. aş c.•rea; conditionncl imparfait: ar. s'vrurim, dr. aş fi vrut;
imperatif: ar. si vr<"i, sz: vrcf, dr. vrâ, vreţi; p::irticipc passe: ar. vrută, dr. vrut,
voit, -J; gcrondif: ar. <•rînda(lui), dr. vrîlid. Les formes de l'indicatif present
des \'erbes /rnbcrc ct vofere. ont ClC <Jffectfrs a Ul1 plus haut degre, par conse-
quent, lcur Yolumc cn est sorti amoindri lorsqu'elles detcnaient une position
faibk. 1nr rapport au \'crbc auxiliaire dr. arc« il a». mais a dat« il a donne »;
vreau. <•rei, vrea. vrem, vrcfi. vreau« je \'cux, tu Yeux, etc.» mais voi, vei, va,
vom, ;·:·ţi, vor+ dd « je <lornwr·:i, tu donneras ». etc.
Adn~rbes
14:!. Comptc tenu de km ro~·:. qui est c··lui d'cxprim .,. des rapports
aussi \'aries qm· complcxL'S du proccssus sans fin de l'acti\·i~ ~· humaine, Ies
adverb ·s simpk-s attin,nt dans l·;ur sphen' d'autrcs aclvcrbcs, puis des prc-
positio!h, des conjonctions, des subsl:mtifs, dl's adjcctifs ou des pronoms.
De kur union avcc ces formcs divcrse's, <l'autrcs moyens d'expression emer-
gent s:rns cessc, dotcs d'une plus gra1A 1' prccision et plus nuances aussi, dans
unc perpetuellc evolution historique. Vaiei un exemple concluant a cet egard:
le la tin t1!m, puis t~mc <turn+ ce, latin vulgaire ad tune, roumain atunci <
< ad+ turn +-cc+ -ce 14 . Cette creatiYite est illustrcc par le tableau suivant:
ab.ute - a. dr. ainte « avant »·
ad-casam - ar., dr. acasă <1 chcz soi, ~t la ma ison »·
<1 l-de-anfe - dr. fCg. adiizt,:, (< tout a l'hCUfC I) 0
a:t-dc-Z:pso - dr. ad ins, dans des cxpressions tcllcs: din ad ins, într-adins
«a desscin, expres J);
ad-de-quod - dr. adecâ, adică <1c'cst-a-dire1>;
ad-dc-vermn - a. dr. adevăr, « vraiment 1>, cf. ar. de-a-veru;
ad-foras - ar. afoarâ, dr. afară;
ad-hac( cc) - ar. aoa(ţe) «ici»;
ad-!teri - ar. aeri « hier »;
ad-indc-horas - dr. adineauri (< tout a l'heure, tantât & ;
ad-minutum - dr. amănunt, amărunt, cn rapport avec les prepositions
14 Plus de details dans mon Hude: Beitrăge zur Kenntnis der tum, tunc-Partikeln, BIFR
4 (1937), P· 1-51.
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Du latin au roumain 171
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172 H. l\lihlescu
Prepositions, eonjonctions
143. Cette tcndance de fusion avcc d'autrcs particulcs se manifeste
de fat;:on cncore plus accusee dans le domaine des prepositions et des con-
jonctions:
ad - dr., ar. ir. 11 « a •. ad-supra - dr. asupra « sur „;
contra - ar. cătră, dr. către «< vers „;
cum - ar., dr. cu «< avec •;
de - dr. de, ar. di:; de-in - ar., dr. dfrt «de, des, depuis t; de-inter- dr.
dintre <1 entre, d'cntre •; de-intro - ar. dintr', ditru, dr. dintru «de t; de-in-
super - dr. dinspre «du c:Ote de•; de-post - ar., dr. după « apres „; de-super
- dr. despre <1 de, sur, au sujet de•: de-suptus - dr. desupt « au-dessous
de•;
extra - ar. stră <1 au-dessus de •;
for as - ar., dr. fără « sans •;
iliac-ad - ar., dJ. la (I a, ChC'Z I);
1:n - dr. fo, ar. n; inde - dr. îndc « cntre •>: ci îndc ci« cux entre eux •;
i1v-supcr - dr. înspre <1 vers•;
inter - af., dr. ÎJ1.fre," infra - af. itfră, Jli/lfYă, tră (I d·•vant, pour, el,
dans•; intra - ar. tru, dr. î11tru ((dans, a, parmi, sur t;
lun.go -- dr. lingă. ar. nincă. ningă « pres de. aupres <l~, a cote de •;
paenc-ad - dr. pin.ă <1 jusque, jusqu'a cc CJUC' »;
per - dr. pe (a. <lr. pre), ar. pri: ((sur, a, dans•: per-extra - dr. peste
(a. dr. preste), ar. priste <' sur. en tre, au dela de •; per-gyrum - dr. reg. pre-
giur (litt. prejur) « autour de•; per-in - dr., ar. prin «par, parmi, dans•;
per-inter - dr. printre (< parmi, cntrc, a travers 1>; per-intro - ar. printru,
dr. pentru (I par, a travers, pour.; per-super - dr. peste, prestc ((sur, au-dela
de•; per supra - ar. prisupră « (par) dessus •>;
sub - ar. su, dr. su. sub « sous, au-dessous »; subtits - dr. subt « sous •;
super - dr. spre «vers, du cote de 11;
trans - mgl. tri, tră « pour 1>: tră tsi « pourquoi •·
Un nombre plus important de conjonctions sont nees dans la sphere
de la langue roumaine, mais quelques-uncs etaient dejaoperatives en latin
vulgaire:
aut ... aut - dr. au ... au «ou ... ou•;
de-hora - dr. doară, doar « rien que, sculement, apres tout, au fond•;
de-quid - dr.deci (I donc, par consequent.;
de-quod - dr. dacă « puisque, si, suppose que •;
de-sic - dr. deşi « quoique, bien que t;
de-volet-quid - dr. deoarece <1 parce que, vu que •;
ea-re - dr. iar «mais, tandis que, alors que •;
et - ar., a. dr. e ~ et t;
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Du latin au roumain 173
Derivation
141. Par la fusion avec Ies prepositions et Ies prefixcs ab, ad, con-, de,
dis-. ex, extra, in, per, prae, re-, sub et trans, Ies verbes acqueraient des valen-
ccs, des intensites, des degres qualitatifs ou des nuances nouveaux; îl s'en
-suit que la derivation eta1t un procede actif et efficace de l'enrichissement
et de la diversification de la langue. Ces prepositions exprirnaient a peu pres
les notions et Ies idees suivantes: ab « point de depart dans l'espace et dans le
temps »; ad «proximi te dans I' espace et d:ms le ternps »; con- ( com-) <r cou-
plage, concentration »; de <1 origine, cause, bond qualitatif »; dis- « separation,
,detachernent »; ex « sort ie, epuisernent »; extra « intensite, exces»; in <1 des
rapports dans l'espace ou dans le temps, position, mouvement, direction,
etendue »; per (< percement, perfectibili te ou retablissement I); prae - (<pre-
cedent»; re- <crepetition, reprise»; sub «subordination, concordance, suc-
<:cssion >); trans (< passage d'un endroit a l'autre, transformation li. Quelqucs-
·uns de ces derives etaient rares et isoles, rnais il y en avait d'autres (dans le
gcnrc du couple oppose dis - in) avec une sphere d'emploi presque illimitee.
Le rapport nurnerique chez les verbes conserves en roumain est le suivant
(les chiffres indiquent le nombrc total des elements latins ayant des corres-
pondants en rournain):
abbattere - abate (re), ablongare - alunga (re), abstergere - şterge (re)
abscondere - ascunde( re), *aziferire - ar. afirire = 4;
adducere - aduce (re), ad parare - apăra (re), adplicare - apleca (re),
.ad-trahere - atrage (re), etc. = 30;
colligere - culege (re), comprehendere - cuprinde (re), contremolare - cu-
tremura( re), contribulare - cutrciera(re), etc.= 12;
degelare - degera(re), depannare - depăna(re), deponere - depunere,
aeprchendere - deprinde (re), etc. = 28;
discaballicare - descăleca(re), discarricare - descărca(re), discludere -
deschide(re), dis/aciolare - desfăşura(re), etc.= 38;
excadere - scăde(re), exmulgere - smulge(re), *experlavare - spăla(re)
~xtorquere - stoarce (re), etc. = 41;
extracolare - strecura(re). extramutare - strămuta(re), extrapungere -
~trăpunge (re) - 3;
incaballicare - încăleca (re), incarricare - încărca (re), includere - tn-
chide (re), infrenare - înfrîna(re), etc. - 147;
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174 H. Mihăescu
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Du latin au roumain 175
Le lexique
Gl'neralites
146. Etudie par nous en bloc, comme un tout, par groupes de notions
et par spheres d'activites, le lexique d'origine latine des quatre dialectes
rournains offre l'image approximative de l'evolution socio-economique et
spirituell~ du peuple rournain. Tout aussi eloquent s'avere ce que chaque
dialecte a garde pour soi, de sorte qu'on ne le retrouve pas dans Ies autres.
En effet, îl s'agit dans cc cas-la des traits caracteristiques de la collectivite
sociale respective, traits dignes d'etre mis en lumiere. Par ailleurs, il convient
de ne jamais perdre de vue Ies rapports du lexique d'origine latine de la lan-
gue rournaine avec le lexique de la rneme origine conserve par l'albanais,
le dalmate, le grec et par Ies langues slaves rneridionales. Ces rapports
perrnettront l'evaluation des eventuels elements d'unite, de continuite ct de
convergence propres au Sud-Est de !'Europe. Les circonstances ont toujours
change : la situation des rer - rne siecles est toute autre que celle des
rve - VI 0 siecles ou des vne - IXe siecles. Dans la mesure ou le lexique
perrnettra de departager ou d'individualiser ces phases differentes d'evolution,
il pourra devenir une veritable source de la connaissance de l'evolution
historique dans son ensemble, par consequent charge d'une importance toute
particuliere. Et pour cette recherche du lexique, la methode interdisciplinaire
s'impose sans conteste.
Celle-ci depend entierement des moyens disponibles. Les textes rou-
mains du xvre siecle nous fournissent un asscz grand nombre de mots d'ori-
gine latine, tombes de nos jours en desuetude. Malgre leur nature limitee,
due a l'appartenance au domaine religieux, ces textes, traduits du slavon,
ainsi que ceux beaucoup plus varies comme provenance et contenu, du
siecle suivant, peuvent clonc contribuer a l'enrichissement sensible de la
connaissance portant sur !'element latin de la langue roumaine. Une question
a poser serait: comment se presenteraient Ies choses si nous disposions d'un
eventail varie de textes couvrant tous Ies domaines de l'activite humaine et
dates de plusieurs siecles auparavant? L'argument ex silentio apparaît clonc
entache de precarite et sans valeur probatoire. Toutefois, la prudence est
requise notamment quand il s'agit de restituer certaines etapes de la civili-
sation a partir des mots conserves par une langue donnee. Tout syllogisme
dans le genre de I' exemple suivant serait d'une faussete frappante: Ies Rou-
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Du latin au roumain 177
mains usent de mots d'origine latine pour nommer la poule (găină) et l'ceuf
(ou), alors qu'un mot d' origine slave designe le coq (cocoş), par consequent,
avant l'arrivee des Slaves, Ies ancetres des Rownains ne connurent pas l'e-
xistence du coq ( !) En revanche, la force probatoire des cas positifs presentes
par les mots qui ont traverse les siecles en persistant jusqu·a maintenant est
absolument indeniable. Par exemple, Ies Aroumains montagnards, s'adon-
nant surtout a l'elevage et au charroi, ont quand meme garde le terme latin
d' aratrum (ar. arat, aratru), cependant que Ies Roumains nord-danubiens,
dans leur majeure partie agriculteurs, l'ont abandonne avec le temps au
profit du mot d'origine Elave - plitg. La loi du synchronisme a opere avec
plus d'efficacite dans le regions ouvertes et d'acces plus facile, que dans Ies
contrees isolees, ou l'activite en question ne tenait pourtant qu'une place
sccondaire.
147. Associee par Ies Grecs antiques avec l'idee d' (( ordre » (xocrµoc;},
l'idee de « monde » (lume) s'est trouvee rattachee a celle de « lwniere » (lu-.
men). Par le mot lume, le peuple roumain entend l' ensemble des etres et des
choses de l'environnement, le soleil et Ies planetes, le ciel et la terre, l'enchaî-
nement des generations (passees et actuelles), la societe prise en bloc ou bien
seulement une partie de celle-ci, mais une partie homogene. La croyance
populaire joint au monde des humains le monde d'au-dela (lumea cealaltă).
On retrouve une association identique dans le cas du terme slave correspon-
dant : svetu, sans qu'il s'agisse de conditionnement reciproque, car chez la
population romanisee de Dacie et de Mesie la naissance de cette idee fut tres
tât declenchee, par le besion de trouver une notion concrete pour remplacer
le terme vague et abstrait de mundus. Simultanement a la genese de la notion
de (( monde l) et, par consequent, de specialisation du terme lumen, devait
eclore le derive * luminina pour exprimer l'idee de (( lumiere l) (lumină)'
auparavant restee decouverte. L'objet qui produisait la lumiere (la lampe,
la torche, l'etoile) portait le nom de luminare (pl. luminaria) >ar. lumi-
nare, dr. lumînare. Y ont persiste dans le champ semantique du terme <(lu-
miere »non seulement le verbe luminare> ar. lu:Ilinedzu, dr. lumina(re) et
l'adjectif luminosus > dr. luminos, ar. luninos, mais aussi des derives de
lux, lucis « lumiere »: *lucire> dr. luci(re), *extralucire> dr. străluci(re)
« briller, scintiller, etinceler, reluire », lucor, -orem> a. dr. lucoare (( lwniere ».
Pour l'explication des formes ar. scînteal' e, dr. scînteie « etincelh~ »,
nous supposons l'existence d'une forme latine *scanttlia resultant de scin-
tilla + excandescere <( s'allumer, devenir blanc»; toutefois, une pareille forme
n'explique pas la presence d'un i bref a la place d'un i long.
L'idee de « lumiere stable, serenite, beau-temps » exprimee par sereniis
et serenitas est reproduite en roumain par: ar. sirin, dr. senin (( serein » et
seninătate <( serenite ». Les formes ar. nsi1inare et dr. înseninare <( rassere-
nement, eclaircie » sont nees sur le terrain de la langue roumaine, sans qu'elles
supposent necessairement la presence d'un eventuel terme latin * inserenare.
De limpidus <( clair, limpide» ont resulte ar. limpide, dr. limpede. Les for-
mes limpidzîre, limpezire <( action de rendre limpide» et limpezime <( limpi-
dite, serenite » sont des derives. L'absence partielle de lumiere, causee par
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178 H. Mihăescu
les corps opaques, etait exprimee C'n latin par le terme umbra pour designer
le phenomene, ainsi que de ses derives: umbrare, adumbrare, umbrosus. Tous
ces mots devaient persister en roumain: dr. umbră, ar. aumbră, ar. attmbrare,
dr. adwmbri(re), ar. aumbros, dr. umbros. Le latin tcnebrae, avec le sens de
« manque de lumiere, tenebres, obscurite », par contre, n'a pas survecu en
roumain, qui a prefere la forme derivee tenebricus > ar. ntuneric, dr. întu-
neric. Pour ce qui est du verbe respectif, il est ne en latin: tenebricare ou intene-
bricare, d'ou est sorti l'ancien dr. întmzcrecare et l'ar. ntuniricare « s'obscurcir,
tomber ks premiers tenebres de la nuit ». On a suggere pour Ies variantes ar.
nuptare, ntu11icarc, dr. înnopta(re), întuneca(re) comme etyma Ies verbes
* innoct (ic) arc, * intonicare « tonncr » et i11tunicare « vetir d'une tunique »,
cepcndant, plus vraisemblable parait sa provenance par haplologie de intene-
bricare.
H.3. Le terme latin c,1d11111 « cid » correspond au grec oupocv6c; et
il est panrom;in. Sa prcscncc, dans le cadre de la langue roumaine est attestee
aussi biC'n dans le dr. cer, quc dans lcs dialcctes roumains du sud du Danube:
ar., mgl. ţer, ir. cer. 11 s'cst rC'trouve sur le terrain du daco-roumain, a la base de
<kux deri\'cs, l'usuel ceresc «celeste» ct l'archalque ceriuresc «du ciel, rela-
tif au cid, qui \"ÎC'Ilt du ciel, divin>) - le dernicr terme etant attcstc de fa<;on
sporadiquC' au xvne siecle.
Sol, salon s'cst maintenu en dr., ar. soare, mgl. soari, ir. sore <1 soleil »;
de meme, il a pu consti tuer le point de depart de deux derin:s hypotheti-
quC's: * solinus et * i11 solinarc, formes rcsti tuees afin d' expliquer l' origine
de ar. surin, mgl. s11ri11, sirin <1 liC'u (cndroit) cxpose au soleil >) et, respecti-
vcment, de ar. 11s11ri11arc « action d'exposer au soleil », nsurinat <1 ensoleille »,
nsurincd.:1( (nsurinare) <1 cnsolciller, exposcr au soleil ». Dans le dialecte
aroumain, 0n a egalcmcnt cnrC'gistrc - commc nom ou commc verbe - une
forme inkrmediaire: nsurin, presentant des sens idcntiques a ceux clC's for-
mcs susmcntionnecs.
Le mot luna <1 lune», proprcmt'nt diL «la Lumineuse », a pour point de
dt'·part cn btin la racinc * liic-/lUc - (< etrc lumincux, eclaircr >); c'est cncore
un mot panroman. On le rctrom·e C'n dr., ar. ct mgl. izmă, ir. !ură. Son derive
lzmatfrus a donnc cn dr., ar. lunatec, rcspectivement lunatic «somnambule,
toque ». LC'S textcs daco-roumains du xvne siecle comportent aussi des
derives sur le tcrrain du roumain, devenus de nos jours archalques: lunătăci
<1 etrc (devrnir) somnambule», luiziittlcie <1 somnambulismc, la maladie du
somn am bu 1e ».
Stc!l,1 « etoile » est lui aussi un terme panroman, qui a persiste en dr.
stea (stcauă), ar. steao, stcau.ă, mgl. steauă, ir.ste. Luc1fer <da planete de Venus,
l'etoile du m::ttin », qui est une forme substantivee de lucifer (= qiwcnp6poc;),
derive a son tour de lux, lucis « lumiere », s'est maintenu en dr. luceafăr et ar.
luţeaffr(e) avec le meme sens. Radia, forme feminine de radi1ts <1 baguette
pointue » (cf. gr. poc~8oc;; poc8oq.Lvl')c; <c baguette; jeune branche »), ensuite
« rayon lumineux », se retrouve en dr. rază (reg. radză) et en ar. aradză, alors
que Ies locuteurs des dialectes megleno-romain et istro-roumain utilisent,
dans la meme acception, Ies termes dzracă, respectivement zrăca, dont !'ori-
gine doit etre recherchee dans Ies ser. zrâk, bg. zrak (zraka) « rayon de soleil,
lumiere &15 • En revanche, le dialecte aroumain comporte aussi le synonyme
16 BER, I, p. 655; SER, III, p. 660-661.
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Du latin au roumain 179
11 PEW, 1127.
11 Mihăescu, Lg. lat., p. 26.
1e DDA, p. 133.
10 DA, I, 1, p. 369.
'o DELL, p. 11.
21 Pu~cariu, St. istr., III, p. 100.
2 2 DA, I, p. 367; DDA, p. 245; Capidan, Megl., III, p. 29.
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180 H. Mihăescu
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Du latin au roumain 181
Siccus se retrouve en dr., ar. sec, mgl. seac ayant garde le meme sens,
alors que siccitas est devenu en dr. secetă (( secheresse ». Siccare s'est conserve
sous Ies formes dr. seca, ar. sec « secher, se dessecber &. Cependant, le terme
pour l'idee de « faire secher &, a savoir: dr. usca, ar. usuc, mgl. usc, ir. uscd
pourrait representer une evolution du lat. exsuccare *obsiccare. +
Caecia « caligo oculorum (obscurcissement dc5 yeux) » ( <caecus « aveu-
gle •) est un element du latin vulgaire atteste par Ies gloses qui s'est conserve
en dr. sous la forme ceaţă, avec le sens Hchaique et regional de «maladie de
l'reil t, ainsi qu'avec le sens courant de « brouillard, brume ». Cette transition
de son sens etymologique a son sens actuel est facile a saisir, vu leur lien
evident. Comme synonyme de ceaţă, en usage surtout dans la moitie septen-
trionale de la Rournanie, notons le mot negură (<lat. * negitla <nebula),
qui sous la meme forme et avec la meme signification est egalement atteste
en aroumain. lnnegura du daco-roumain, ainsi que nigu.readzd de l'aroumain
«se couvrir de brouillard (de nuages) », tout comrne dr. neguros et ar. nigu-
ros « nebuleux, assombri » pourraient etre des derives internes de negură 30 ,
ou bien Ies descendants de quelques derives la tins, tels *negulare ( < nebulare),
respectivement *negulosus ( <nebulosus) 31 •
151. De nubilum « tcmps couvert » ( <nubes « nuages ») est ne dr. nor
(reg. et arch. nour, nuor, noar, noăr, nuăr, ctc.) 32 • ar. nor (avec Ies variantes
nuor, năor, năur )3 3 et le rngl. nor, tous avec le meme sens de« nuage ».
Nord (noura, noora, nuora, nuăra, etc.) du daco-roumain, nuoreadză de
l'aroum"in et năurează du megleno-roumain, gui signifient «se couvnr de
nauges », s'expliqueraient par le latin du meme sens nubilare. L'aroumain
niureadză presuppose, toutcfois, la presence d'un lat. *nibulare <nubilare 34 ,
quant au dr. înnora (înnoura) pourrait avoir cu pour point de depart le derive
innu bila re.
D'un latin *plavia ( <Pluvia « pluie », qui a rcmplace dans le latin vul-
gaire le terme imber)3 5 devait resulter en dr., ar. ploaie, mgl. ploaiă, ir. ploie
du memc sens. Ploventem « temps pluvieux » s'est maintenu en dr. reg. plointe.
Un derive latin *pluvina pourrait se trouver a la base du synonyme ar. pluină 36 •
De plovere ou, peut-etrc d'un *plovare, on a tire l'cxplication des dr.ploua
« il pleut » et ar. pluarc.,3 7 •
Grando, grandinem «grele» s'est maintcnu avec le sens du latin en dr.
grindină (desuet, reg. grindine, grindene) et en ar. grîndină (grăndine, grin-
dină).
Tonare « toner », mot panroman, tout comme pluvia (*plavia, *ploia),
qui devait conserver son sens cn dr. tuna, ar., mgl. tună, de meme que son
synonyme detonare) dr. detuna, ar. detună (detunare); de tonus « ton» sont
nes probablement l'ar. et l'a. dr. tun « tonnerre & ('-'U la rarete du mot l;:•tin,
1 s'agit plutât des postverbaux de tuna, tună 38 , formes quiont egalementdonne
ieu a des derives synonymes de tun (dr. tunet, mgl. tunit).
30 DA, II, 1, p. 723; VII, 1, p. 249; DDA, p. 889.
31 DDA, p. 889.
3 2 DLR, VII, 1, p. 482-484.
8 3 DDA, p. 915, 916.
H Ibidem, p. 900.
36 Mihăescu, Lg. lat., p. 9.
ae DDA, p. 1001.
37 CADE, p. 1413; DDA, p. 1001.
38
DDA, p. 1203; DLR, XI, 3, p. 709-710.
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182 H. Mibăescu
Du lat. fulgur, -crcm (au licu <le fulgurcm) « eclair, foudrc » est ne ie dr.
fulger avec le rneme sens, alars quc san synonyme araumain sfulgu a du avair
eu pour point de depart un lat. *fulgus 39 • Par ailleurs, le verbe sfulgurâ ~lan
cer des eclairs »de l'aroumain fait penser aulat.fulgurarc, avec larneme signi-
ficatian, alars que le dr. synanyrne s'est denlappe d'un lat. vulg. *f11lţ,crare
(=fulgurare). L'ar. connait aussi sfu/d:;iră, pour l'explication duquel on
a fait appcl a la forme Ia tine c.'\:fulgerare4°.
Gcltt •gel» est un mat panrornan (si l'an exccptc le partugais), gui se
retrouve en dr. ga et en ar. dzcr, gardant taujaurs son sens initi~1l. II ::;'agit
de meme de san campase verbal clcJ!,clarc e geler li, attcste dans Ies inscriptions41.
gui a danne en dr. dtgfra en ir. dcttră rt l'n ar. d::cad::.ir, sans changer de sens.
Glacia ( = gliicfrs) (C glace •> est a la l>asc <lu dr. gheaţă, ainsi qut• des
formes ar. gl' caţei ct ir. g/' ii{f; quant au mgl. gl' eţ, an a parle d'un et~·man
latin *glacium, taut cornme an l'avait fait precedemment paur l'ar. ;.!'du
- reconsidere par la suite d jug<'.· cammc provcnant du pl. gl'cfuri du :.om
singulier gl' caţă 42 . J)' i11J!./ ac ia re « glaccr, gckr •> l'St ne Ic dr. f 11glzcţa ct I' ar.
ngl'cfu, avcc la mcmc significatian. Uc disglac . .1ri" naus avans le <lr. ch~t:hcţa
et }'ar. di:gl'cţu.
Le panroman nix, 11frcm ~ neige » s'est maintcnu cammc regionalisme
en dr. nea (11eauc1), en usagP natamn11·nt dans Ies parlers du Banat d de
Crişana 43 • On le retrom·c aussi dans ks diakctcs ar„ mgl. 11cii11â et ir. ne. avec
le meme sens. Mais en daco-roumain, le mat a sul>i Ja cancurrcncc se,·ere
des synanymes slan:s: ::.âpadă d omât, Je premier spfrifique du par Ier de
Valachie, et dewnu aussi la forme litt(·r'1ire, le SC'cond, rcpandu surtaut en
MoJdavie. En re\'anchC', 11i11{!.c « neigcr 1> du lat. 11i11gi't, al.isl'nt dans Jes dial·'Ctes
sud-danubiens, est un mot usud du daro-rounl(jin.
l!'i2. Latus (adj.) > dr„ ar. lat (( Jargc •> ct le panraman largus>· dr.
larg, ar. largu,, rngl. larg <c Jarge ». I>e largfre, Ies dialectes roumains ant fait:
dr. lărgi, mgl. lărd::cs (explique aussi camme un derive de larg) et ar. lârd:_cscit
(lărd::irc) • elargir 1>44.
Augustus >dr. illţ;ust, ar. cmgustu « etroit, mince ». D'un *a11gustitia
est ne l'ar. anguslrafă (< etroitesse, dCfiJe, cmbarras I). D'autre part, cwgus-
ta1e s'cst maintenu en dr. îngusta et ar. angustedzu (a11g11stare) «(se) retrecir,
(se) resserrer ». A11g11lus> dr. unghi« angle, cain •>.
Le panrornan longus se retrouve dans Ies dialectes dr., mgl. et ir. saus
la forme lung, ainsi qu'cn ar. lungu « long •>. La forme aroumaine spirlu11.gu
<c allange » renvaie a un lat. expcrlo11gus, cependant que l'ar. pri.lungu, de
meme que son synanyme dr. prelung « aJlange, ohlong, longuement •> rap-
pellent le lat. perlo11gus.
39
DDA, p. 1079.
40 Ibidem.
41 Mihăescu, Lg. lat„ p. 278.
42
Capidan, Megl., III, p. 141; DDA, p. 591.
43
Puşcariu, LR, I, p. 215.
44
DA, II, 2, p. 102-103; Capidan, Megl., III, p. 166; DDA, p. 730.
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Du latin au roumain 183
Un autre panroman, curtus, s'est conserve en dr. scurt, ar. scurtu, formes
qm, a la difference des formes romanes occidentales (litteraires), doi vent
etre expliquees (comme en albanais, voir ci-dessus § 26) par un lat. excur-
tus. Du lat. excurtare sont nes: dr. scitrta, ar. scurtedzu ou şcurtedzu (scurtare,
şcurtare) « ecourter, raccourcir » (pour la variante avec ş- de l'aroumain, il
a ete question d'une influence du verbe albanais shkurtoj <c ecourter, raccourcir,
abreger »; voir aussi alb. (i, e) shk?trt <c court, bref », shkurt <c fevrier - ar.
scurtu cc court, bref », <c fevrier », şcurtu <c fevrier »'1s.
Aduncus (<itneits <c recourbe, crochu »), a travers un *adancus aura
conduit aux: dr., ar. adînc <c profond » et aduncare, par le truchement d'*adan-
care, a une forme de l'a. dr. adînca <c rendre plus profond, approfondir (de
nous jours: adînci) et a l'ar. adîncare « approfondissement ».
„
Le panroman fundus s'est conserve en dr. fund, ar. fundu, mgl. fund,
ir. fund <c fond, profondeur »; ad_fundare > *a/fundare > dr. afunda, ar. afun-
du (afundare) <c enfoncer, plonger »; un autre derive du terme, *confundare
pourrait representer le point de depart du <lr. cufunda <c plonger, (s')enfoncer ».
*Strinctus (= strictus) a pu evoluer jusqu'a donner Ies dr. strîmt et
ar. strimtu (C etroit, serre ». De meme, *strinctura (<strictura) a pu conduire
aux dr. reg. strîmtură et ar. strimtură <c detile, embarras ».
I naltu,s (il s'agit de la locution adverbiale in alto, in altum faisant fonc-
tion d'adjectif) >dr. înalt, ar. analt(u), mgl. (a)nalt <c haut, eleve». *fnal-
tiare >dr. înălţa, ar. analţu, mgl. nalţ <c (s)'elever, (se) lever, hausser ». D'un
*altiare derive d' altus, autrement dit de la forme heritee par Ies langues ro-
manes occidentales, a pu naître l'ar. alţu ( alţare), synonyme dans son accep-
tion fondamentale d' analţu.
Tendere> a. dr., dr. reg. tinde, ar. tindu (tindire), mgl. tind (tindiri)
« tcndre, s'etendre ».
l;J:J. Le panroman tempus (fr., prov., cat. temps, it., pg., tempo, csp.
tiempo, etc.) > dr. timp, mgl. timp (avcc, dahs certaines locutions, le sens
de (C l'annee prochaine »). Les quatre sc::iisons de l'annee etaicnt designees
dans le parler vulgaire par des substantifs de la premiere declinaison, derives
des formes du pluriel neutre: prim;;ivera, vera, autumna, hiberna; le premier
de ccs noms s'est conserve en dr. primăvară, ar., mgl. primăveară, ir. prima-
vera (voir aussi it., prov., cat., esp., pg. primavera, ainsi que le fr. (bot.) pri-
meverc); le suivant dcnit donner Ies dr. vară, ar., mgl. veară, ir. vera (it.
dial. i•cra, prov. ver, esp. dial. ver); le troisieme nom est a la base des noms
dr., ar., mgl. toamnă, ainsi que de l'ir tomna (fr. automne, it. autunno, v. pg.
atwio. csp. otcno, etc.); enfin, le dcrnier a donne en dr., ar. iarnă, en ir. iarna
(fr. hiver, it. invcrno, proY. ivern, csp. invicrno, pg. inverno, etc.).
Panromans sont aussi Ies noms du jour et de la nuit, avec leurs composes:
dies (it. di, prov. cat., esp., pg. dia, a. fr. di, etc.) - dr. zi, ar. d:::î, dzuuă (de-
suet, regionalisme en dr. aussi, de meme que Ies formes dzîuă, dziuă), mgl.
zuuă, ir. zi; nox, noctem (fr. nuit, it. notte, prov. nuech, cat. nit, esp. noche,
pg. noile, etc.) >dr., ar. noapte, mgl. noapti, ir. nopte. Media die 116 est devenu
en dr. miazăzi, ar. neadză-dzuită (tout comme Ies fr. midi, prov. miegdi, esp.
medio dia, pg. meio dia, etc.); media nocte a donne en dr. miazănoapte <c nord~
-OU, desuet et regionalisme, « minuit », ar. neadză-noapte (C minuit)) (fr. minuit,
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184 H. Mibăescu
prov. miâa nucch, it. mczzanoltc, esp. mcd1·a noe/ic, pg. mcia noite, etc.). Le
terme usuel du daco-roumain actud pour mi·nuit est miezul nopţii < lat.
medium noctis. Le derive verbal i111wctarc 47 se retrouve a la base du dr. în-
1wpta « faire nuit, passer la nuit ».
Mane (cf. l'a. fr. main, prov. ma, a. it. mant', frioul. man, etc.) - dr.
mîine (forme littfrairc originaire du parlcr valaquc; dans tous Ies autres et
meme dans ccrtaines zones de la Yalachic, la forme etymologique mîne est
encore usuellc), ar. mî11e, mgl. mo(i)ni, ir. mărt. Du lat. ad manc48 , a tran•rs
un ad,·crbe roumain *amine, est ne le dr. ami11a (ar. amitz) (I retardcr, ajouml'r ».
Post (> pos) +mane> dr. poimiini: (reg. p01:mfoc), ar. paiminc ( pă1.mine,
pîimî11c), mgl. puimo(1)11i (voir cngad. puschmaun, 1t. posdomam) « apres
demain ».
Le panroman hcri (fr. hfrr. it. frri:, prov. rr, cat. ahfr, csp. ayer, a. pg.
eire, etc.) >dr. frri, ar. frri, a(1)cri (cctt<.> d<.>rnierc forme expliquec par le
lat. ad+ lzcri· 49 ), mgl., ir. frri. Du lat. ii/a+ altera+ hai a pu naîtrc la
forme dr. alaltăfrn: et l'ar. aoaltari ( aoartan) (I annt-hier ».
;_\"o<:us. lui aussi un tt.:rme panroman (fr. Ht'u/, it. 111101.•o, prov. nuou,
cat. 11011, csp. 11Ut'VO, pg. 1101.'0, etc.), Se rctrouvc cgalcm<.>nt cn dr. 1lOU, ar.
11011, nău, mgl. 11011, ir. 11-0zc·, nou. Valus (<lat. vctulus) (fr. viâl, it. 1.'ecâ1io.
pro\·. viclh, cat. i•e/l, csp. <•iejo, pg. t•dhQ, etc.) >dr. -..•cehi, ar., rngl. vccl'u
f ancien, vieux ».
1~. J..f11ltus (cf. it. motto, a. fr. nwut, prov., cat. moli, <.>sp. muclzo, pg.
mu1"to) >dr. mult, ar. multu, mgl. mult, ir. munt (mu11d) « beaucoup, tres.
longkmps ~- D'un *putinnus ( < putus (jmsus) 4' petit gan;on »; pusinnus -
*putinnus cxpliquc, au moyen des parallelismes, Ies formes pisinnus-piti11111ts,
atkstees par ll's inscriptions 50 ) >dr. pufin, ar. puţfll (reg. dans le nord ct
l'oucst, ainsi qu'en dr.), mgl. puţpn. ir. puţin• (un) pcu 1>.
lnifger, -gra, -grum (de in + tag-, racine ancienne, presente dans cer-
taincs formcs subjonctives d conditionndl<.>s du verbe tangere « toucher » 51 >
>dr. întreg, ar. (î)ntreg, ir. ăntreg (cf. fr. entier; voir au~si a. csp. intrcgo,
it. di1il. 1"11treg(o); it. intero, csp. e11frrco, pg. i·111eiro, etc.).
Singulus >dr., ar., mgl., singur «scul, unique, sculemcnt >'> (cf. a. fr.
satzgle).
Plcnus (<pico, -ere « emplir »), adjcctif panroman (fr. plân, it. pimo,
pro\-. cat. ple, frioul. plen, esp. lleno, pg. clzcio, etc.) > dr. plin, ar. (m)plin,
mgl. am plin, ir. pl'ir; dcscrtus « abandonne »(part. de descro, -ui)-dr. deşert,
ar. dişcrtu, mgl. dişort, ir. deşprt «vide 1> (fr. desert. a. it. diserta, prov., cat.
desert, csp. desierto,' pg. deserto, etc.). De implere ( in + plcre) - a. dr., dr.
reg. împle(a), dr. umple( a), ar. umplu, mgl. ampl'u, de meme qu'cn fr., prov.
emplfr, prov. cat. umplir, it. cmpi(e)re, etc. Pour expliquer le u intervemt
dans Ies dialcctes roumains, on a evoque l'hypotbesc d'une forme latine *um-
plere 52 . Un autre derive roumain viendrait d'un *implenire - a. dr., dr. reg.
plini, dr. împlini« rcmplir, achever, accomplir » (a. fr., prov. pleni"er, it. dial.
47 Ibidem, p. 28.
48 Ibidem, p. 263.
49 DDA, p. 112.
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Du latin au roumain 185
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186 H. Mihăescu
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Du la,tin au roumain 187
nubiens, a savoir: ar., mgl. ţară. En daco-roumain, cc sens allait etre repris
par un autrc mot d'origine latine; cn dfet, le tcrmt' dr. pămînt descend du
lat. p,n•imentum « plancher, Estrich », .ilors quc ţară a fini par signifier «pays ».
Neanrnoins, on peut retrouver Ies traces de sa signification initiale dans le
<lr. ţâri11ii « tcrre emiettec, la terrc recom·rant une biere et remplissant la
tombe l) (cl;ms la locution fie-ţi ţârîua uşoarâ = sit tibi terra lev1~s), explique
soit par un derive latin *terri11a, soit commc un derive forme en roumain 6 7,
de rnemc que dans le dr. ţăran (< paysan », derive ronmain adopte egalement
par q1:1elques-unes dC'S langues slan·s VOl~ines 68 et dc\'C'l1ll a son tour le point
<le d•:.part de nombrcux derives. Quel fut le clcveloppement semantique de
pa< imo1t11m ct de terra en daco-roumain n'cst guere difficile a s;iisir, compte
1
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188 H. Mihăescu
71
DDA, p. 599; Ovid Dcnsusianu, Graiul di11 Tara Hafeg11/ui, Bucurt'ţti, 1915, p. 55;
Teofil Teaha, Lat. gru11ms Ît1 româ„ci şi fo limbile romama, CL, XXII, 1977, nr. 2, p. 235-238,
XXIII, 1978, nr. 1, p. 83-85.
72 REW, 1795.
73
DDA, p. 581.
7
' lb1dcm, p. 1138.
7
~ Capidan, Megl., Ill, p. 258.
76 RE\\', 6098; PEW, 1824; TDRG, p. 1688-1689; CADE, p. 1384; DER, p. b'i6;
SDE, p. 449.
77 Mihăcscu, Lj:. lat., p. 238, 276.
78 Ibidem, p. 213, 277.
19 lbidtm, p. 171.
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Du latin au roumain .189
80 Ibidem, p. 66.
81 DDA, p. 125, 126.
82
Ibidem, p. 425.
83 DA, I, 2, p. 1053.
84
Densusianu, ILR, p. 396, 190, 791; Rosetti. ILR, p. 129, .531, .592, .599, 758; Puşcariu,
LR, I, p. 210; Teofil Teaha, Lat. arena în română şi în celelalte limbi romanice, •Anuarul Insti-
„
tutului de Cercetări Etnologice şi Dialectologice Seria A, 2, Bucureşti, 1980, p. 163-181.
85 DDA, p. 199.
88 REW, 630.
87 Mihăescu, Lg. lat .. p. 26, 275.
88 Capidan, Megl„ III, p. 68.
89
DA, s.v.; DDA, s.v.; Capidan, Megl., III, p. 60; Puşcariu, St. i!tr„ 111, p. 10.5.
90 DLR, VI, s.v.
91 DDA, p. 770.
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190 H. l\li l:ăescu
bo, etc.) ont des descendants en dr. fier, ar. 1ier, mgl. ier, ir.jl' er, respectivement
en dr. plwnb, ar. plumbu ( pl'z.imbu,), plumbă ( pl'mnbă), dans ce dernier dia-
lecte seulement avcc le sens de date plus recente de «balie de fosil• 93 • En
albanais, nous avans constate l'existence d'une forme identique a celle du
roumain (cf. §. 26).
D'un latin *acrugina (cf. aerugo, -inem <c rouille de cuivrc, vert-de-gris •)
ont pu rcsulter ks dr. ruţ?.ină, ar. arud::.foă <c rouille •. cependant que l'it.
rugginc, idem, renvoie a aemginon. *Aerughia s'est trouvee a la base des
deri,·es acruginare «se rouiller • dont dcvaicnt deriver les dr. (arch., reg.)
rugina 11 .i et ar. and:hud:u « rouilku 95 •
Du lat. aeramen ( < aes, aeris <( cuivre, bronze •) ou plutât d'une vari-
ante vulgairc avcc assimilation, *aranien, sont nes Ies dr., ar, aramă « cuivre,
airain •.de meme que Ies it. Mm::, a. fr. arain, prav. aram, esp. arambre, alam-
bre, pg. arame, etc.
Le bt. pioila, diminutif tardif de pix, picis "poix », est dcvenu en dr.
părnră <1 pt?trole; mazout •. cn ar. pcrnră « Litumc •. de la meme fa'ron qu'ont
evoluc le~ it. pegola, abruzz. pc!mfr, engad. pievla, prav. pegola 96.
15H. Le panroman marc o mc-r • (d. mur, it. mare, fr. mer, prav., cat.,
esp., pg. mar, etc.) se retrom·c dans Ies dr. mare, ar. amare, mgl. ·mari, ir.
mârc, idem.
Pour expliyuer le dr. ftirm trive, rivage, bord•. on a evoque le mot lat.
tamm <1 borne• 97 , qui, ainsi quc nous l'avons deja constate precedemment
(§. 26). s'est conserve, awc des sens similaircs a ceux du dr. cn albanais,
qcrm. De ce memc mot latin ont evoluc Ies it. dial. terme, engad. tierm, pg.
tamo, etc.
Le panroman nnda (vegl. .fonda, it. onda, fr. onde, prav., esp., pg. onda,
etc.) se trouw a !'origine des dr., ar. undă <c onde, flot •. Le derive verbal un-
dare <1 roulcr dL·s vagues; bouillonner sous I 'act ion des flammes • devait consti-
tuer a son taur le point de depart de l'a. dr. unda • faire des vagucs, ondes i>,
atteste au XVIIe siecle chez Dosithee 08 et de l'ar. unded::u (undare) « onduler;
bouillir a gros bouillons » 99 .
Le lat. sp1tma « ecume » est dcvcnu en dr., ar., mgl. spumă, idem; spu-
mare <c ecumcr » >dr. spuma, ar. spumed:u, et in + spumare - dr. înspuma,
mgl. <pispum, idem 100 • Le panroman lacus <1 lac, etang » (vegl. lak, it. lago,
fr. lac (<i. fr. lai), prov. lac. cat. llac, esp. pg. lago, etc.) a donne en dr., ar.,
mgl. lac, ir. lâc ((lac, etang, marc; fossc t.
Flumcii, -inis <c courant, eau qui coule » ( <Jluo, -ere <c couler 11) s'est
conserve en it. fiume, a. fr., prav. flum; dans la langue roumainc, on le re-
trouve en ar. flumin, avec le sens metaphorique de <1 foulc, multitude *· mot,
egalemcnt cxplique par un lat. *jluminum (pl. /lumina (I flcuve, riviere»),
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Du latin au roumain 191
tinuitate în graiurile din Oltmia. •Arhivele Olteniei&, Seria Nouă, 2, 1983, p. 1.57.
107 'Mihăescu, Lg. lat., p. 284.
1oe DA, I, 2, s.v.; DDA, s.v.
100 Capidan, Megl„ III, p. 88.
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192 H. l\li hăescu
quc• et regional, de curs 110 . Cn autre synonyme, lui aussi devenu archaique
et regional, est le dr. cursoare. qui pourrait etre soit un derive interne, soit
un descendant du lat. curson:a. D'excu.rrere a pu resulter le dr. arch., reg.
seu.re « laisser couler *· qui aura evolue jusqu'a l'actuel scurge (( ecouler, egout-
ter •. d'apres le modele eztrt-curge; du lat. excursura > dr. srnrsttră c liquide
qui s'ecoulc. flaque d'eau. fange ». D'1:11currere est ne le dr. încure « faire courir
(un chev<ll); courir », et a la suite d'une evolution interne ou bien a partir
d'un lat. vulg. *i11wrrare scrait nee la forme mieux connue de nos jours, în.-
c1tr'1 m_ Ue perwrrere ou par une dl'.·ri\·ation interne resulta le mgl. pricur
« comnwncer a couler 1>. <l 'ou l 'ad j. prirnrat <1 qui a coule, qm a commence de
coukr » n~.
Du lat. pali11~t'Tt', ou par deriva tion en roumain, on a ;i houti au dr. prelinge,
a l'ar. pri/ingu (t SU inter I) ; S prili11dzirf « act ion de COUJcr, de glisser le long de ...
(en parl;:int d'un liqui<le) » atteste dans 1c dialecte aroumain a pu avoir comme
point dC' depart une forme composee a partir de perli11geu, a savoir ex-per-
li11gi:re n 3 .
Le lat. aggt•slus « action d'C'ntasser; amas de terre, <ligue »ou aggestum
„
« fortifJCation se rdroun· ;l !'origine du dr. agtst (I terre melangee de pierres
et de troncs d'arbres, charrice par l'eau dont elle entrave la marche; terras-
senwnt. grosse buche~ 114 • krme enrcgistre dans k parler moldave, en Buko-
vi1w et <lans le nord de la Transyh·anie, dont la variante agestru ci ete expliquee
par analogic avec nosl - 11ostm, jaf astă - fcuastrâ n 5 _
C'est prohablement du lat. cxvomere quc derive l'ar. a:;•om ( azvoamire,
a:v1111tt"LZrc)<1sourdre, sourcillcr·, 116 . IYun lat. *vob.n'toria ( < *volvitare) ou
*·uolzttori,1(<volutus) 117 ont :,u (·voluer Ies dr., ar. vîltoareuremous; gouffreri.
II est a presumer que d'un lat. *vivula ( < vivus) resulterait vioară du dr„ 118
mot attcste dans la litteraturc populaire par le syntagme apă vioară « eau
claire, cristalline, Jimpick 1> (cf. le dr. înviora « vivificr; (s')animer; (se) rani-
mcr • explique par un deri\·e vcrLal rest itue *iwvi·vulare et par le syntagme
a<q1ta vivo/,i de l'italien) 11!1_
l<'lore (sau\'age)
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Du latin. au roumain 193
Le mat latin planta, -ae « tige, rejeton detache des souche~ ou des troncs
afin d'etre replante », substantif post-verbal de planto, -are « enfoncer avec
le pied », legue a toutes Ies langues romanes occidentales (it. pianta, fr. plante,
prav., cat. planta, esp. llanta, pg. chanta, etc.), ne s'est point conserve en rou-
main ou le mat n'a ete releve qu'au commencement du XIXe siecle en tant que
neologisme latino-roman 120 • En revanche, plantare devait persister en dr.
arch. sous la faime plînta (actuel. împlînta) et en ar. plîntu « planter; enfon-
cer •> 121 .
Le leit. *virdis ( < viridis < vireo « etre vert (en parlant des plantes) »)
se retrouve dans le dr. verde, l'ar. vearde, le mgl. veardi, l'ir. verde; le terme
est egalement present dans les autres langues romanes (it. verde, fr., prav.,
cat. 'uert, esp., pg. verde), ainsi qu'en albanais (verdhii), ou, toutefois, comme
nou::. l'avons vu ( §. 26), il a fini par prendre le sens de« jaune; pâle ». A partir
d'un *virdire a pu evoluer le fr. verdir et de son derive *invirdire le dr. înverzi,
ainsi que Ies it. inverdire, esp., pg. enverdecer. L'antonyme de verde en daco-
roumain et aroumain est veşted, respectivement veaştid « fane, fletri », dont
nous înclinerions a voir le point de depart dans le lat. *viscidzts « poisseaux;
visqueux; gluant », plutât que dans un lat. *vescidus ( < vescus « maigre &) 122 •
Du mat latin de basse-epoque tufa, d'origine germ:mique, « aigrette ou
etendard » 123 , les dr. et ar. ont conserve tufă « buisson » (voir aus~i le derive
mgl. tufcă « bouquet de fleurs »); on retrouve egalement le mot dans les lan-
gues romanes occiden tales 124 , en albanais ( t1ife) et en neo-grec (·rnocptX).
Le panroman arbor (it. albore, fr., prav., cat. arbre, esp. drbol, pg.
arvore, etc.) est devenu en dr. arbore (arbor), ar. arbu,r ( arbure), mgl. arbur,
ir. har bur; le derive arboretum « verger » s' est conserve en ar. ar buret « bois de
chenes ».
Un autre panroman, lignum « bois •>, specialement « bois a bnîler » par
oppos1tion a materies « bois de construction » a donne les dr. lemn, ar. lemnu,
lemn, ir. liJmn(a) «bois; arbre; tronc» (cf. d. lauk, it. legno, a. fr. lein, prav.
lenh, cat. lleny, esp. Zena, pg. lenho, etc.).
160. Le derive latin radicina ( < radix), atteste dans quelques textes
de basse-epoque 125 , s'est conserve en dr. rădăcină et ar. (a) rădăţină, ainsi
qu'en Occident dans le fr. racine et le prav. razina; nous avans vu precedem-
ment que l'albana.is connaît la forme rrike de radix, radicis, ayant dane suivi
la meme voie que l'italien (radice) l'ancien franc;:ais (raiz) le catalan (rel)
I
1
I
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194 H. Mihăescn
est un terme panroman: dr. ram, it. ramo, a. fr. raime, prov., cat. ram, esp.
pg. ramo. Son piuriei ram1m: devait fournir le singulier ramură, atteste en
daco-roumain et en megleno-roumain, explique aussi par un lat. *rama ou
par le diminutif ramulus 126 • Le derive verbal *deramare devait donner le
dr. dărîma et l'ar. dărîm, dont l'eYolution semantique aboutira aux signifi-
cations generales de « ruiner; demolir, detruire ».
Du lat. folia (piuriei de folium, devenu un feminin singulier par l'assi-
milation du neutre, ainsi qu'en temoignent des sources de basse-epoque 127 )>
nous avons le dr. foaie, un presume ar. *foa:' e 128 et l'ir. fol' e (voir aussi Ies
it. foglia, fr. feuille, prov. fuelha, cat. fulla, esp. lroja, pg. follza, etc.). En daco-
roumain, de rneme qu'en franc;ais et en espagnol, le successeur de folia cu-
mule Ies deux sens du lat. folium, a savoir: celui de « feuille I) et « feuille de
papier », derive du premier. Du latin foUosus, ou par deriYation en rou-
main, a pu naître le dr. fofos « feuillu •.
Frondia ( < frons, frondis) <c feuillage • a persiste en dr. frun::â. ar.
frwi( d)::ă, mgl. frw1::ă, ir. frun::a, tout comme en italien (jro1t::a). ~fais en
daco-roumain, aroumain et megleno-roumain le mot a acquis, en plus de son
sens etymologique de « fC'uillC', femllage •, conserve par l'italien aussi, d'au-
tres significations, par exemple celle de t feuille (d'un livre) », connu dans Ies
trois dial<'ctes rournains susmentionnes et s'expliquant par l'influence du
v. sl. listt'"t ou du gr. 9ui.A.ov; ou encore le sens de «fond du creur, replis du
creur » de l'aroumain, sous I'influence grecque qm est evidente 129 . Dans le
cas de la signification anteriC'urC', il faut egalcment prendrc en consid·~ration
un eventuel parallelismc awc folia - foaie.
D'un compose *i11fro11desco, -ere ( < frondcsco «se couvrir de feuilles l))
ont pu naître Ies dr. infr1m::i, ar. 1~fn111d::ăsct1, mgl. mifnm::Qn· «se counir de
feuilles, reverdir 1>.
Le panroman f/os, -orcm, se rdrouve cn it. fiare, fr. flcur, pro,·., cat.
/lor, etc., en dr. floare, ~H. floar,;,, mgl. floari. Du wrbe inflorire, forme tardive
apparue dans le latin parlc du fait de l'utilisation toujours plus frequc-nte du
preverbe hi- 130 , provienncn t lf's dr. înflori: et ar. 1~(/ttrescu ( nflurire) ; dans
Ies langues romanes occidcntalcs, l'evolution du terme a pris pour point de
depart la forme simple f lorire ( < florere), attestee par Ies inscription s 131
(a. it. jlorire, fr. fleurir, prov., cat. florfr, esp. florecer, pg. florcscer.
161. Lat. mal-va > dr., ar., mgl. nalbă (it. dial. nalba, it. litt. mal·va.
fr. maU'l'e, prov., cat., esp., pg. malva, etc.). Un lat. *nig(e)llina ( < nigclla)>
> fr. nielle, a. prov. niela, cat. niella) a pu donner naissance aux dr. neghină,
mgl. migl'ină <c nielle ivraie ». Un rnot restitue *volvula ( < volvo; cf. rnlvu-
lus) 132 a conduit au dr. t•olbură <c liseron I); viola <c violette » > ar. y1·oară>
idem, cepcndant que le synonyme daco-rournain t•iorea est ne d'une forme
derivec du latin ou bien derivee sur le terrain du roumain. Le panrornan
1 9
2 DLR, IX, p. 25; Capidan, Megl., III, p. 245; PEW, 1428; REW, 7034; Graur.
Correcticms REW, p. 111.
127 Mihăescu, Lg. lat., p. 216.
1 2 8 DDA, p. 559.
1 a8 DA, II, 1, p. 181- 182; DDA, p. 564, 566, 567; Capidan, Megl„ III, p. 131;
Puşcariu, St. istr., III, p. 112.
no Mihăescu, Lg. lat„ p. 27.
111 Ibidem, p. 213.
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Du latin au .roumain 195
ruta « rue, sorte de plante amere »>dr. rută, idem (it. ruta, log. ruda, frioul.
rude, fr. rue, prov., cat., esp., a. pg. ritda, pg. arruda); en dr. le mot est
atieste premierement en 1648, dans le Nouveau Testament de Bălgrad (f.84v).
Le panroman plantago, -inem (<::planta« plante du pied », nom donne en
raison de la forme des feuilles de cette plante) 133 a conduit aux it. piantag-
gine, fr. plantain, prov. plantage, esp. llanten, pg. tanchagem, etc. et en rou-
main - dr. pătlagină. Quant au panroman !iedera (it. edera, a . fr. iere, prov.
elra, cat. eura, esp. hiedra, pg. Itera, etc), il est maintenu en dr. iederă, ar.,
mgl. iadiră. L'hellenisme cichoria (pl. de cichoreum (-ium) devenu sing.) >
di. cicoare, ar. ţicoară et, ainsi qu'il a ete deja note (voi § 32), alb. kore.
Lactuca (<lac, lactis), conserve en it. lattuga, fr. laitue, prov. lachuga, cat.
lletuga, esp. lechuga, se retrouve aussi en dr., cir., mgl. lăptucă, ir. la(p)tuk~.
Le singulier feminin fraga« fraise », originaire du pl. fraga, -orum, forme
exclusive d'utilisation du nom fragum, -i 134 , se retrouve a !'origine des dr.
fragă, ar. ( a)frangă, idem (en dr. reg. aussi « m1Îre »), mgl. (seulement comme
toponyme a Nînta) Fragă (voir aussi ven. fraga, engad. freia, gasc. arrage):
le nom de la plante, dr. frag, est un derive regressif du nom du fruit.
D' aureolus ( < aurum) on a abouti au dr. alior « epurge, Euphorbia »,
atteste par Ies textes folkloriques et ethnologiques dans differentes zones
appartenant a plusieurs parlers daco-roumains 135 ; la teinte jaune de cette
espece vegetale pourrait cxpliquer l'evolution semanhque du terme. Capri-
jolinm est devenu en dr. caprifoi ( căprijoi, ca prafoi, etc.), suivant une evo-
lution similaire a celle de l'italien (caprifoglio), du frarn;ais (chevrejeuille),
du proven~al ( cabrifuelh). Cucuta (= cicuta), variante attestee chez Plaute,
ainsi que par les inscriptions de Pompei 136 , a persiste en dr., ar. cucută «ci-
gue », en fr. merid. kukudo, etc. 137 ; le mot dev<Jit passer aussi en albanais
(kukute) et en serbocroate (kukuta). De mandragoras (< gr. µocv~pocy6pocc;)
.(qui a evolue en it. mandragola, fr. mandragore, prov., cat., esp., pg. mandra-
gora, etc.), il est possible qu'une dissimilation precoce ait conduit a une va-
riante *mandragona, -am a partir de laquelle seraient nees Ies formes dr. et
-ar. mătrăgună« mandragore» 138 • Le panroman viscum «gui, glu » (a. it. vesco,
prov. ves, cat. vesc, etc.) >dr. vîsc, ar. vîscu (vescu) «gui»; son derive de
basse-epoque viscosus « visqueux » >dr. vîscos idem (prov. vescos). Le pan-
·roman herba (d. jarba, it. erba, fr. herbe, prov., cat. erba, esp. hierba, pg. herva,
etc.) >dr., ar., mgl. iarbă, ir. iârbe (iârva) « herbe », quant au derive her-
bosus 139 (it. erboso, fr. herbeux, prov~, cat. erbos, esp. herboso, pg. hervoso) >
> dr. ierbos, ar. irbos, mgl. iărbos.
162. Le lat. spinus « epine noire, prunier sauvage » (it. spino, prov.
espin, esp. espino, pg. espinho) >dr. spin, ar. s"/(,in, mgl. spin, ir. spir(u)
(I epine; ronce >); spinosus (it. spinoso, fr. epineux, prov., cat. espinos, esp.
espinoso pg. espinhoso, etc.) >dr. spinos, ar. sl!,inos; (in) *spinare - ar.
s"/(,in, dr. înspina « (se) piquer avec une epine ». Selon toute probabilite du
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196 H. MihăesCtJ
derive latin marrucina <1 espece de paliure, .sorte de ronce & ont evolue "les
dr. mărăcine, ar. mărăţi11e « ronce &. Paliurns « paliure • > ar. păl'ur o paliure,
epine du Christ » (en daco-roumain, comme neologisme, păli'ur 140), qui a
donne naissance a son tour aux derives păl'uret, păl'uriit 141 . De lappa «bar-
dane, gratteron »,etc. et de son derive lappaceus « qui ressemble a la bardane •
sont nes Ies dr., ar lăpuş (derivation en roumain grâce au suffixe -uş), rngl.
lăpu{ş) « fleur de coucou, lampette, amourette des pres & et le dr. lapuc, lă
puc « bardane » 142 . D'un terme restitue *styphus et subissant l'influence de
tufa a pu resulter le dr. et ar. stuf, (< jonc a balai, roseau I) 143 . Labrztsca (I lam-
bruche, vigne sauvage • s'est conserve en it. dial. abrosco, log. agrustu, le de-
rive d. abastrain, en dr. lăttru.scă, idem 1°", ainsi qu'en alb. larushk, larushkl
(voir ci-dessus §. 26); dans d'autres langues romanes, le terme respectif a
pris pour point de depart la variante lambrusca (it. lambmsca, fr. lamb-ruclze,
cat. llambrusca, etc.) 145 • ]uniperus se retrouve aussi bien quant a la forme
qu'au point de ,·ue semantique en dr. jneapăn, ar. gi'unedpine, mgl. juneapin
(ce dernicr pcrsistant seulement sous la forme d'un toponyme a O~ini I 146 ,
cependant quc ks formes en usage dans Ies langues romanes ont evolue
a partir de la variante du lat. vulg. jeniperus (it. gi11cpro, fr. geni'evre (a. fr.
genoivrc), prov. gcnebre, cat. gi11ebre, esp. enebro, pg. ju{i)mbre( 147 • Laurns
- dr. laur « pomme epineusc » ( Datura stranzonium), plante rappclant d'une
certaine fa<;on le veritable lauricr, qui ne croit pas dans la zone concernee
(toutefois, on retrouve en dr. au~si son ancien sens du latin, mai~ introcluit
sur le tard, au commcncement de~ temps modemes) 148 , ar. lavm « espece de
laurier » 140 (voir aussi it. allorc, sarde laru, prov. laur, cat. /lor, pg. lrruro,
ainsi quc l'alb. Iar). De sabums est ne Ic dr. soc et l'ar. săuc (saugu, sîmbuc,
soc, sug) «sureau» (it. dial. saU.!!.O, a. fr. scu(r), proY. saiuk, cat. sam. pg.
sabugo ct cn alb. slitok, sliloţ;; 1'it. litt. sambuco derive de la variante latine
sambucus). Du latin *abc/lo11a ( = abdlana < Abella, ,·ille de Campanie,
au nord-est de Naples, renornmee pour ses cultures de noyers, egalement
attcste sous Ies variantes ave/la11a, avallatia, aballana, at•olla11a HO) devaient
SC former ks dr., ar. alunii, ir. a/urat noisette », de la meme fa<;on que, de
a<·dlana, ai.'Ollaua, les it. avdla11a, fr. merid. aula11a, cat. {a)-vella11a, esp.
avella11a, pg. ai·dă, etc. 151 • Par analogie a partir du nom de ce fruit est de-
rive le nom de l'arbuste: dr., ar. alun. Morus « murier » >dr. (arch., reg.)
mur, it. moro, idem. Le panroman mora (= morwn) «mure 1> >dr. mură,
ar. ( a)mură «mure de haie, mure sauvage & (en ar. aussi «framboise1>; en dr.
(arch, reg.) «mure I), mgl. ].Jura (cornrnc toponyme a Liurnniţa) (it. mora, 1og.
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Du latin au roumain 197
mu11i, engad. amura a. fr. moure, prov., cat., esp. mora, pg. (a)mora; le
nom de l'arbuste, dr. mur, plus prabablement derive regressif du nom du
fruit.
16.1. Fagus >dr., ar., mgl. fag (it. dial. favu, Javo, a. fr. jou, prav.
/au, a. esp. ho, esp. dial. fau, etc.); carpinus, element panraman > dr.
carpen, ar., mgl. carpin (it. carpino, carpine, fr. charme, prav. carpre, esp.,
pg. carpe); fraxinus, panroman lui aussi >dr. frasin, ar. fraps1'.n, mgl. frasin,
ir. frasir (it. frassino, fr. frene, cat. freix. esp. fresno, pg. freixo; dans le Sud-
Est de l'Eurape, l'alb. fraslzer, frashen). Le derive latin fraxi·netum 152 ou
bien un processus de derivation sur le terrain du roumain devait conduire
aux dr. frăsinet, ar. frăpsinet <1 bois de frenes, frenaie » (it. frassinetto, fr. fre-
naie, esp. fresnedo). Les choses se sont passees de la meme fac;on dans Ies
cas de jagetum 153 > dr. făget <1 bois de hetres, hetraie ». Un derive latin *ju-
gaster, -trum ( < jugum) 154 pourrait se trouver a }'origine des formes dr.
jugastru, ar. ghtgastm, mgl. jugastru, ( gugastru) « erable champetre >); }es
autrcs langues romanes semblent ne l'avoir pas conserve; l'evolution se-
mantique du tenne s'explique par l'usage de fabriquer les jougs de cette
sorte de bois. Le panroman 11lmus (it. olnio, fr. orme, prav. olme, cat. o(l)m,
esp., pg. olmo, etc.) se retrouve dans Ies dr. ulm, ar. ulmu, mgl. uolm; cer-
rus <1 cerre, sorte de chene »(ir, cerro) s'est conserve dans Ies Sud-Est de l'Eu-
rope non sculcment en dr. cer, idem, ar. ţer <1 chene », ir. ţer, mais aussi en alb.
qarr,quarr idem (v. §26) ,en bg. cer en ser. cer, et en slovene cer, idem; glans, glandis
<1 gland (du chenc) » (ace. glandem; voir auss1 le feminin atteste sous la forme
glando) 155 , qui devait evoluer en dr. ghindă, ar. mgl. gl'indă, ir. gl'inde (it.
ghianda, fr. gland, prov. glan, a. esp., pg. lande, etc.). Ayant passe du femi-
nin au masculin, tilia est devenu tilius. forme attestee chez Procope de Ce-
saree 156 ; Ies deux variantes ont des dcscendants dans Ies langues romanes:
tilia >a. fr. teille, prov. tellia; lilius >dr. tei, it. tiglio, a. fr. til, prov. telh,
cat. tell, etc. 157 • Masticlzinus «de !entisque » (<mastic (h)e < gr. µ.occr·d:;c'l
« gomme de lentisque »; cf. gr. µ.occrdxLvoc: « fait avec la gomme de lentisque 1>)
devait per~ister seulrment en dr. mesteacăn (măstacăn, mastacăn, etc.) et
en alb. meshteken, meshtekiir, avec le meme sens de <1 bou1eau 1> dans Ies deux
langues 158 ; ploppus ( < populus) <1 peuplier », forme vulgaire de basse-epo-
que 159 , devenue en dr., ar. plop, idem et, ainsi qu'il a ete deja constate prece-
demment en alb. plep, idem, vlors que dans Ies langues romanes occidentales
nous avons: it. p1:oppo, esp. chopo, cat. clop, pg. choupo, etc. A partir d'une
forme dcnvee restituee, *alninus ( < alnus), on est arrive probablement a
dr., ar. arin (anin) mgl. rin <1 aune »HO (dans d'autres langms romanes, ce
processus a pris pour point de depart la forme derivee alnus > fr. aune, a.
esp. alno, etc.). Plat anus ( < gr. n'-&.Tocvoc;) <1 pJatane 1> devait probable-
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198 H. Mihăescu
161. Une fois de plus nous avons affaire a une terminologie amsi riche
que vanec, dont les elements couvrent les sous-groupes suivant~: Insectes;
Rcpti/es, poissons; Oiscaux: Betes sau·uages.
Les panromans pcduc(u)lus ( < pedis) 162 et pulex, -ice (d. pedoklo,
it. pidocchio, fr. pou, prav. pe-:olh, cat. poll, esp. piojo, pg. piolho, etc.; it.
pnlce, fr. pnce, pro,·. piu::c, cat. pussa, esp., pg. pu,lga, etc.) se retrouvent
dans les dr. păduche, ar., mgl. piducl'u, ir. pedu.cl'1t, respectivement Ies dr.
purice, ar., mgl. puric, ir. purec; les derives peduculare 163 , pulicare >dr.
păduchea (C (s') epouiller I), ar. piducl' edzu ( piducl' eare) (I rendre OU etre pleiil
de \'ermine », dr. purica (( epucer I) et pedu.culoszts 164 > dr. păduchios, ar.,
mgl. p1:ducl'os « pouilleux »; lendine ( < lms, leiidis) (it. lendine, fr. dial.
lendma, cat. llemma, esp. liendre, pg. len.lea) >dr., ar., mgl. lindină, ir.
lindfre <1 lente». Du lat. carius «agent de la carie» (voir caries, caria «carie &) 165
161
PEW, 1250; DELR. 1313; DLR, VIII, 1, p. 46-47, 3, p. 772; DDA, P· 993; Ca-
pidan, ,'ifcgl., III, p. 225; DN, p. 834.
182 Mihăescu, Lg. lat., p. 176, 278.
163 Ibidem, p. 278.
lH Ibidem.
ies Ibidem, p. 66, 278.
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Du latin au rournain 199"
est derive le dr. car(iu) (i artison ».Le panroman musca (it., prov., cDt., esp.~
pg. mosca, fr. moitche) >dr., ar., mgl. muscă, ir. musca (musca). Du latin
vulgaire zinzalus, cincialis (> tzintzalario) 166 a pu denver le dr. ţînţar (a. it.
zanzala > zanzara, a. fr. cincelle, etc. sont des derives de la forme feminine,
plus ancienne de cette onomatopee). C'est egalement une variante vulgaire
labo, -onem ( = tabanus) 167 qui se rctrouve a l 'origine des dr., ar., mgl. tăim ( e)
et fr. tao-n, alors que Ies it. dial. tavanu, esp. tabano renvoient a la forme ta-
banus. Le panroman vespa (it. vespa, fr. guepe, prav., cat. vespa esp. a-vispa,
pg. bespa, etc.) a donne des descendants en roumain: dr. viespe, ar. yeaspe
mgl. yiaspi. Le panroman formfra (it. fonnica, fr. fourmi, prov., cat. for-
miga, esp. hormiga, pg.jormiga, etc.) > dr. furnică, furnigă, cir., mgl. furnigă,
furnică, ir. j(u)rniga; ses derivesforniicare (it. formicarc, fr. fourmiller (a. fr.
Jourmier),pg.formigar) >dr. furnica, ar. jnrnicet formicosus >dr. (rare)
Jurnicos (voir aussi esp. hormigoso). Une forme latine restituee *gr_vlliolus
(<gryllus <i gnllon »>it. grillo, prov. grilh, cat. grill, esp. grt"llo 168 ) pourrait se
trouver a}'origine du descendant synonyme roumain greier ( grior( e), grier, greir,
etc.) 169 . Ce fut egalcment depuis une forme restituee, *jlu(c)tulus qu'on
aborde l'explication du dr. flutur( e) « papillon, p;:iillette » (cf.flutura (( Yol-
tiger, flotter » < *jluctulare <fluctuare < fluctus) 170 • A noter la presence
en albanais de flutur aYcc le meme sens 171 .
165. Le i:;anroman vermis (it. ven11c, fr. 7.:er, prov., cat. ·vcrm, esp., pg.
verme, etc.) se retrouve dans tous Ies dialectes de la langue roumciine: dr.
vierme, ar. ·rerm, mgl. yiarmi, ir. gl'erm(i), gl'arme (l'ermu, i·ermu); son
double, vermen s'est trouve, entre autres, a la base du derive vermhzosus, a
partir duquel ont evolue Ies dr. viermănos, ar., mgl. yirminos <( vereux ». Ri-
mare (<rima) «sonder, cxplorer, fouiller », conserve dans l'it. dial. rzmzare,
prov. rimar, rumar, cat., esp. rimar et, comme nous l'avons deja vu (cf.§.26),
en albanais rremoj, a eu les descendants dr. rîma, ar. (a)rîm(are), râm(are),
mgl. rîm. rămari <( creuser, fouiller »; le nom rîmă <( ver de terrc » du daco-
roumain passe pour un post-verbal de rîma 172 . Lumbrirns <( ver intestinal>>-
(it. lombrico, a. fr. lonibri, prov. lcmbrfr, cat. llambric, pg. lombriga, etc.) >
dr. limbric, ar. lîmbric, limbric, idem. De serpis, -em ont evolue Ies dr. şarpe
(arch şearpe), ar. şarpe, şearpe, mgl. şarpi, ir. şarpe, şerp(u) « serpent ». Vi-
pera <4 vipere, serpent » (it. vipera, sarde pibera, prov., cat. vibra, esp., pg.
vibora, etc.) a donne en dr. viperă et en ar. *vipiră (voir n'l'i.pirrdzu (( rendre
ou devenir mechant comme une vipere») 173 ; en daco-roumain, le mot est
atteste dans Ies textes du XVIIe siecle 174 et il represente selon toute proba-
bilite un clement latin herite 175 . D'un lat. *brosca ont pu evoluer les dr., ar.
rngl. broască « grenouille » (en daco-roumain et arournain) et <( tortues » aussi
dans Ies trois dialecte8, mais en daco-roumain ~eulement dans le syntagme
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200 H. Mihăcscu
plexcs. on a argumente l'e\·olution conduisant aux dr. aripă, ar. aripă (avec
la ,·ariante areap1:tă, expliquec a son tour par une influence albanaise) 184 ,
mgl. (i)aripă « aile ~- Pi1ma « plume &, <1 ailc » (it. pemta, frioul. pene, fr.
pcnne, prov. pena, pg. pma, etc.) >dr. pa1tă (arch., reg. peană) (! plume,
aileron (de cert;:iins poissons), nageoires (rarement) •, ar. peană <1 aile, plu-
„,
me mg-I. peană « plume, aile » (a Oşini ou l'on ignore le mot (i)aripă), ir.
P~n~, per <c plumc 1> 185.
D'un lat. vulg. *cubium (<cubare; voir it. dial. kubi, kobi) 188 serait
derfre le dr. cuib, ar. cuib(u) (avec dans Ies deux dialectes le derive synonyme
176
REW, 1331: Mihăcscu, fofl. gr„ p. 59, 185.
17
DELL, p. 486.
;
1 ; 6 l\lihăescu, Lg. lat„ p. 174, 278.
179 REW, 6268.
160
l\lihăcscu, Lg. lat., p. 26.
161
REW, 310; DA, I, 1, p. 254-255.
162 DDA, p. 199.
163
DER, p. 37-38.
184 DDA, p. 195.
185
REW, 6514; DLR, VIII, 1, p. 52-55; Capidan, Megl., III, P· 218-219; Puşcariu,
.St. istr„ III, p. 126. ·
188 PEW, 432; DELR, p. 68; DA, I, 2, p. 958; SDE, p. 215; DDA, p. 397; Gapidao,
.\fegl., III, p. 84.
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Du latin au roumain 201
cuibar), mgl. eul' b, cuib, ir. col'ubu, cul'ibu, cujibu, cuib (bisyllabe) « nid J>; Ies.
formes ·al' du meglenoroumain et de l'istrorourn. in ont ete expliquees par la
meta.these d'un *cubl'u. Le panroman ovum (it. 1t01•u. sarde oit, fr. reuj,prov.'ltOU,
cat. ou,. esp. lzucvo, pg. ovo, etc.) se retrouve aY1·c la meme signification dans
tous Ies dialectes de la langue roumaine: dr., ~r. ou, mgl. uou, ir. ou, ov, uov
(cf. it. uovo) <c ouf ». De pullus «petit d'un animal; poulet », vraisemblable-
ment a travers une forme intermediaire du parler vulgaire *Pulleus 187 sont
sorties Ies formes dr. pu1:, idem, ar. pu(i)l'u, mgl. pul', ir. pul'u « oiseau,pou-
let ».De piulare ont evolue non seulement it. pigolare, fr. piauler, prov„ cat.,
esp. p~ular, etc., mais aussi ar. ~iur(are) <cpiauler(action de piauler) ». Gar-
rire «babiller, bavarder » (a une epoque relativement tardive, employe en
parlant d'animaux, du resi.e divers: chicn, grenouille, oiseaux) ies a persiste.
en ar. gărăscu, gărăcsw. <c gazouiller d'une maniere assourdissante » (cf. it.
garrire, esp. garrir, pg. garrir; dr. gîrîi, gîrăi, gărăi).
Aquila (it. aqmta, a. fr. at'lle, fr. ai1:.~le, prov. aigla, cat. aquila, tsp. dgui-,
la, pg. aguia, etc.) se retrcuve sous le rai;port de la forme, ainsi qu'au point
de vue s€mantique dans: dr. (rarement) aceră, aciră, ar. aţiră 189 ; toutefois,
l'absence d'une confirrnaticn a son sujet dans Ies textes anciens ou verita-
blement populaires laisse place aussi a la supposition qu'il pourrait s'agir
de la simple creation artificielle ·le quelque philologue latinisant du x1xe
siecle, doue d'un sens exceptionnel de la langue uo. Vultur ( < voltur) « vau-
tour » (a. fr. voutre, csp. budre, pg. abutre) >dr., ar. vultur, mgl. văltur, idem
(a. it. avvoltore, fr. vautour, prov„ cat. i·oltor derivent d'un lat. *vultore) 191 .
Le panroman corvus « corbeau » (it. corvo, a. fr., prov. corp, cat. corb, esp.
cuervo, pg. corvo, etc.)> dr. corb, ar. corbit, rngl. corb (corp, cuărb), ir. corb(it),
idem; un autre descendant de ce mot, deja releve precedemment (cf. §. 26)
est l'alb. korb, idem.
Cuc{ c)us (= cuculus « coucou ») (it. cucco, sarde kuk(k)u, frioul. kuk,
fr. coucou, prov. cogul, esp. cuquillo, pg. cuco, etc.) >dr., ar., mgl. cuc, idem;
le panroman merula (vegl. m1·arla, it. merla, merlo, frioul. mierli, fr. merle,
prov., cat. merla, esp. mierla, pg. melro, etc.) > dr. mierlă, ar., mgl. nerlă,
nărlă t merle »; graulus (= graculus) « geai, choucas » (it. dial. raulu, grola,
fr. grole et dial. graulo, cat. graula) >dr. graur « etourneau >)" galgulus (( lo-
riot)) (= *galbulus < galbus ~ vert pâle, jaune ») 192 >dr. reg. grangur, idem,
«merle » (cf. ar. gangur ~ vert fonce, vert-ncir; vert-jaune »). D'un latin vul-
gaire *perturnicula ne de Ia contamination perdix +
*coturnicula (< cotur-
nix = cocturnix) ont pu resulter Ies ar. pitrunfrl'e, pi'turnicl'e, dr. potîr-
tiiche « perdrix & ; du pluriel turdi (de tur dus « grive ») a ete refait le singulier
sturdz(u ) du daco-roumain (regionalisme, dans le nord-ouest de la Moldavie)
et de l'arournain, devenu sturz dans le rournain litteraire, mais tout en conser-
vant son sens; palumbus «pigeon » (it. palombo, prov. palomba, cat. paloma.
esp. palomo, pg. pombo) > dr. porumb, ar. părumbu, purumbu et en alba-
nais pellumb, ayant chaque fois garde son sens etymologique. D'un derive
187 PEW, 1395; DELR, 1454; DLR, VIII, 5, p. 1734-1737; DER, p. 675; SDE,
p. 341..
188 DELL, p. 267.
lB9 HEM, I, p. 144- 145; DA, I, 1, p. 19; DDA, p. 239.
190. PER, P· 4.
191
REW, 9466; PEW, 1923; DDA, p. 1281; Capidan, Megl., III, p. 322.
19 z DELL, p. 266.
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202 H. Mihăescu
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Du latin au roumain 203
avec it. codatremola, fr. dial. battequeue 203 ; colur.zbus, -a «pigeon » (it. colom:
bo, -a, fr. co/ombe, prov. colomba, etc.) a persiste aussi en dr. corombă, (s)co-
roambi, corumbă, coroabă, etc., ar. curttbiţu, ir. ccrumbfJ, alb. kullumbri (entre
en aroumain comme synonyme de curubiţu), lmllumri (voir ci-dessus §. 26);
le mot a eu une evolution semantique similaire dans tous Ies idiomes du
Sud-Est europeen, par suite de laquelle ct rn r<:dson d'une association
d'idees fondee sur la cculeur de l'oisrnu a abouti aussi au sens de
<prunelle (Prunus spinosa) » (comp. avec l'it. colombo « Iatroevibriza palma-
ta »); la meme associ<J tion semantique fondee sur la couleur explique aussi le
synonyme daco-roumain porttmbar (<porumb « pigeon ») 204 •
167. Un terme de l'importance de s1'l-va « foret », devenu en it. sefra,
a. fr. seuve, prov., cat., esp., pg. selva, idem, n'a pas cu pourtant de descen-
dants dans la langue roumaine, ni en general chez la romani te sud-est emo-
peenne, ou nous avons rrncontre cn n-Yanche ceux du terme lat. vulg. pa-
dufrm = paludem (dr., ar. pădure, mgl. Pădur(i), alb. pyll) ~ 05 • Par contre,
le derive salvatfrus (doublet tardif et vulgafre de s1'lvati'cus) « qui pousse, ou
qui vit dans Ies cois; sauvage »ms reapparaît aussi bien en it. salvatico, en-
gad. suli adi, frioul. salvadi, fr. rnuvagc, prov. sal·vatge, cat. smt1)atge, esp.
1
salvaje, pg. salvagcm, que dans la forme dr. et mgl. sălbatic, idem. Fera «bete
sauvage I) (it. fiera, prov. jera, pg. jera) s'est conserve egalement en dr. fiară,
idem; la panroman cauda, coda (vegl. kauda, it. coda, frioul. kode, fr. queue,
etc.) >dr., ar., mgl. coadă, ir. code « queue >); le panrornan cornu «come»·
(vegl. kuarno, it. corno, fr. cor, prov.~ cat. corn, esp. cuerno, pg. como, etc.) >
>dr., mgl., ir. corn, ar. cornu, idem; le derive cornutus «cornu» (vegl. kar-
noit, it. cornuto, sarde korrudu fr., cornu, prov. cat. cornut, esp., pg. cornudo
etc.) se retrouve de son cote dans les formcs dr. cornut ct ar. curnut, toute;
Ies deux ayant garde la meme signification originaire de l'etymon fatin, signi-
fication conservee, comme nous l'avons deja vu (§. 26), egalement par le
descendant albanais kerrute; en revanche, le dalmate (vegl.) karnoit a ete
releve avec le sens denve de «vipere cornue » (voir ci-dessus § 95).
Branca « patte » 20 7 (it. branca, fr. branche, prov., cat. branca, esp., a.
pg. branca, etc.) s'est conserve aussi en dr. (arch., reg.) brîncă, idem, qui
a pris aussi parfois le sens de «main » (sens mieux connu seulement par ses
derives, certaines locutions et idiotismes: a îmbrînci «bousculer »; pe (ou în)
brînci «a quatre pattes », a cădea în brînci « tomber sur Ies mains; tomber
de fatigue »; a munci pe brînci « travailler jusqu'a l'epuisement; travailler
d'arrache-pied ». Morsicare ( < morsum) « mordre » (it. morsicare, prov., cat.
mossegar, etc.) >dr. (pop., reg.) murseca, ar. *mursic (cf. mursicare), idem
Sorex, soricem « souris » (vegl. surko, it. sorcio, sarde s6rige, s6rig1t, esp. sorce
etc.) >dr. şoarec(e), şoaric(e), ar., mgl. şoaric, ir. şorece, idem (Ies forme~
des autres langues romanes renvoient a un hypothetique *soricius > frioul.
soris, fr. souris, prov. soritz). Ericius > dr. arici, ar. ariciu, mgl. (dans Ie
village de Huma) ar,t'ci, alb. iriq «herisson » (it. riccio, frioul. rits, prov. cat.
203
DELR, 150; DA, I, 2, p. 631-632; DDA, p. 374, 396, 425; Capidan," Megl., III, p.
V4; DER, p. 217; SDE, p. 189.
204 REW, 2066; PEW, 404; DELR, 398; DA, I, 2, p. 802; DDA, p. 402.
110° Voir ci-dessus, §. 32.
2011 DELL, p. 626; Mihăescu, Lg. lat., P· 174.
20 7 DELL, p. 75; Mihăescu, Lg. lat., p. 280.
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204 H. Mi hăescu
aritz, esp. erizo, pg. ouriyo). Le panroman lepus, -orem (vegl. lipro, it. lepra,
fr. lievre, prov. lebre, cat. llebre, esp. liebre, pg. tebre, etc.) > dr. iepure, iepur
(variante populaire, regionale), ar. l'epure, l'epur, l'epre, mgl. l'epuri, l'epur,
ir. l'epure, l'epur et aussi l'cilb. lepur « lievre 11; rodcre >dr. roade, ar. arod,
mgl. rod « ronger » (it. rodere a. fr. raure, prov. roire, ro::er, esp., pg. roer).
Vu!pis (ace. vulpem) > dr., ar. vulpe « renard • (it. 'i.'olpe, engad. v1wlp, prov.
1:olp). Le panroman lupus (it. lupo, fr. loup, prov. !op, cat. llop, esp., pg. lobo,
etc.) >dr., ar., mgl., ir. lup« loup„; de ululare (>*ur(u)lare) sont nes
Ies dr. urla, ar. ( a)urlu, mgl. urlu « hurler » (it. url,zrt', sarde omlare, urler,
frioul. urlii, fr. hurlcr); par <lerivation cn roumain ou bien d'un lat. *uJulator
on este arrive aux formt:s dr. urlător, ar. a urlător <• qui hurle » (it. u,rlatore,
fr. lz11r!t ur). Le panroman ursns (it. orso, engad. uors, frioul. urs, fr. ours, prov.
ors, cat. os, csp. oso, etc.) se retrouve cn dr. urs, ar. ursu, mgl. ir. urs; <1ours i>;
le feminin ursa (it. orsa, engad. uors.i, fr. oursc, prov. orsa, cat. ossa, esp.
os,i, pg. ursa) dev<iit donner naissance dans hi l.J.ngue roumainc aux formes:
ar., mgl. ursă« ourse •. mais dans Ies deux dialcctcs il y a encore un synonyme
de ce mot: 1trsoan'ă ursoan',:, cree par deiivation locale, de meme que 1trsoaie,
ursoaică du daco-roumain ou ursiţă de l'istro-roumain. Caprt'olus (<caper,
-pri) est devenu en dr., ar. căprior <1 chevrcuil 11 (it. capriolo, fr. chevreuil,
pro,·., cat. caoriol, etc.), cn passant aussi, comme nous l'avons vu aillcurs
( §. 26). m alLanais (kapruall, llaproll, idem). Bubalus > dr. bour« auroch »,
une cspL·ce ayant jadis vecu aussi dans Ies Carpates; I' espece a disparu de-
puis longtemps, mais le mot s'est illustre ct transmis a travers Ies âges en
rai~on de son utilisation a partir du XIV'' siccle d jusque VL·rs le milieu du
XIX'" pour decrire le blason de l<.1 ~foldavit?, qui comporte une tete de «bour t;
le mot a des descendants non sculemcnt cn albanais (bu.ill), mais egalement
en grec (~ou~ocAo~), gallois (bual), dans ll'S langues slavcs meridionales
(bg. bivol 20a, ser. bivol 209 , d 'ou il est rentre en roumain sous la forme bivol
„
avcc le ~ens de (I buffle :no); dans Ies langues romanes occidentales, se sont
transmi~es Ies variantes bubal!ts (moi ns frequcnte; voir csp. bUbalo) et b1t-
j.1lus (plus frequenh': it. buf11lo, fr. bufjlc, prov., cat. brufol, esp. pg.
bitjalo) 211 .
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Du latin au roumain 205
en effet, Ies prem1eres attestations du dr. corp ne remontent pas plus haut
que la fin du xvnie - le commencement du x1xe
~iede, ce qui a incite
certains specialistes a le considercr comme un neologisme latino-roman 212 •
Mais, la presence de corpu « corps » en aroumain, de corp, idem en megleno-
roumain et en daco-roumain regional, comme termes du parler populaire,
autrement dit fort probablement herites (ce qui jctte un jour nouveau aussi
sur !'origine, estimee obscure, de l'ar. corpu) 213 , ainsi que la prcdilcction,
connue et explicable, dans le contexte culturel du tcmps, de la langue des
sources datees des XVF -XVIIe !>iecles 214 pour Ies synonymes slaves plai-
dent en faveur de la these considerant le dr. corp comme un hcritage du
latin 215 . A l'heure actuelle, en daco-roumain, le mot corp est un terme litte-
raire, usuel, alor!> que son synonyme trup appartient au parler populaire.
Factura «aspect, visage, forme» (it., log. jattura, fr. faiture, prov. facltura,
pg. feitura) >dr., ar. făptură (< creature », alb. fyture, ftyre (cf. ci-dessus
§ 26) «face, aspect; forme 1>.
Le panroman ossum (d. vuas, it. osso, fr., prov., cat. os, csp. /meso,
pg. osso, etc) >dr., ar., mgl., ir. os (prononce 1ws) «os»; (le piuriei daco-
roumain et ciroumain prend le sens d'« os::.ements 1>; du lat. ossuosus (voir
aussi it. ossoso, prov. ossos, fr. osseux, esp. ososo) ou par derivation en rou-
main est ne le dr. osos « osseux ». Fractura (it. frattura, prov. jrachura, cat.
fretura) >dr. frîntură, ar. frîmtitră, mgl. frăntătură « cassure, brisure, rup-
ture» (au point de vuc phonetique, Ies formes roumaines ont ete expliquees
soit par fractura (qui a subi l'influence de frînt), soit par *jranctura (<fractura,
soit,enfin, comme des derivees de frînt, le participe passe de frtnge (ar. /ringu,
mgl. frQng) « casser, rompre » ( <frangere, idem; voir aussi it., sarde fran-
gere, fr. freindre, prov. franher, cat. franyer, esp. dial. francir, pg. franger).
Le pan roman medulla (it. midolla, midollo, fr. moelle (fr. dial. 1nztdelo). prov.
mezola, etc.)> dr. măduvă (măduă, mădultă, etc.), ar, măduy,ă, mgl. miduţ1.ă
« moelle »; d'un *medullarium ou medullaris proviennent dr. mădular « chaque
membre, partie ou organe d'un etre vivant 1>, ar. mădular «occiput; membre•
(ce dernier ~ens existe aussi en a. dr.). Le panroman vena (d. vaina, it ve-
na, frioul. vene, fr. veine, prov., cat., csp. vena, etc.} >dr. vînă, ar., mgl.
vină «veine, artere» (com.rne sens de base); venosus (voir it. venoso, fr. vei-
neu:c, prov., cat. venos, esp. venoso) >dr. vînos, ar. vinos « veineux; fort,
vigoureUX I). 11fUSCUlUS (<mus) (esp. mztslo, pg. bUCftO, log. mUSU) devait
evoluer de la m~me fac;on en dr. muşchi, ar. muşcl'u «musele; filet», mgl.
mu~chi «la chaire de la region lombaire 1>; musculosus «musele»> dr. (reg.)
muşchios (dans la langue litteraire, le neologisme latino-roman 1n!tsculos) I
ar. muşcl'os, idem; nous avons releve ailleurs (§. 26) les descendants alba-
nais de musculus: *mushk, mushkeri, mushkeni.
Le pan.roman sanguis, sanguem, (it. sangne, engad. saung, fr. sang, prov.
cat. sanc, esp. sangre, pg. sangue) >dr. sînge, ar. sîndze, mgl. SQn( d)zi, săn
zi ir. sănje, sănze « s;ing »; (in)sanguinare (it. sanguinare, log. insambenare,
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H. Mihăescu
206
frioul. (in)sangand, fr. saigner, prov. sangnar, esp. sangrar) >dr. (în)sîn-
gera, ar. sîndzinedzu, mgl. SQnzir, sănzir (voir mgl. sănzirare, sănzirat) <1 sai-
gner; ensanglanter »; sanguinosus (it. sangui1Wso, fr. saigneux, prov. sancnos.
cat. sangonos) > dr. singeros, ar. sîndzinos « sanglant ». Cruentus ( < cmor,
-oris) « sanglant » (it., esp., pg. cruento, engad. criaint) >dr. crunt <1 san-
glant, ensanglante », (arch., reg.) . .<' sa_n~u~naire; terribl.e, menai;an~ »; cr11cn-
tare >dr. (arch., reg.) crunta <1 foire 1a1llu du sang, fa1re une enta1lle »; *in-
crumtare (cf. i1:cruentat11s) > dr. încrunta <1 (arch., reg.) en~anglantcr; pren-
dre un air tcrrifiant, froncer Ies sourcils, s'assombrir » (la forme a prefixe
peut a\"oir ete creee sur le terrciin du roumain) 21 6.
Le panroman caro, carncm (d. kuarne, it. carne, log. karre, cr.gad.,
frioul. ~um, fr. clzair, pro\"., cat. cam, esp., pg. came) >dr. came, ar.
carne, car(r )ă, mgl. c,n11i, ir. câme « chair, viandc ~; camosus (it. camoso,
afr. clzar1lfus, prov., cat. camos, esp., pg. carnoso) >dr., ar., mgl. cămos
<1 charnu •). Le panroman pdhs, pellem (d. pirrl, it. pelle, engad. p,·/, frioul.
piei, fr. peau, prov. pcl, cat. pcll, esp. piel, pg. pde) >dr. piele, ar. kale,
mgl. ~ah <1peau1). Le panroman pilus (d. pai/, it. pdo, log., eng<'d. pilu„
pad, frioul. pc!, fr. pod, proY., cat. pc!, esp. pclo, pg. pelo) >dr. păr, ar.~
rngl., ir. per « poil, chc\·eu •>.
169. Le panroman caput (d. kup, it. capo, Jog. kabu, frioul. 7'aj, fr. chef.
prov., cat. cap, esp., pg. calo)> dr., n., mgl., cap, ir. căj>u <1 tete», «chef•
(atte~te en dr., ar., mgl. a\"cc d'autres sens derives) 217 ; le derive lat. vulg.
capitina <1 tete I) 218 >dr. ciipăţînă, ar. căpiţi11ă, căpăţînă <1 tete, crâne 1>, mgl.
căpă/Qttă <c bulbe d'oignon, tete d'ail » (sens atte~te aussi bien en daco-rou-
main qu'en aroumain) 219 ; le diminutif capitellum a evolue au point de vue
<le la fom1e et sous le rapport scmantique en donnant le dr. căpeţel <1 commen-
cemcnt; chapitcau (arch.); bout » (\"oir aussi l'it. capitcllo « Knopf, Knauf »„
prov. capdcl « Kopfchen; Scbnorkel • ( > fr. cade au <1 initic?le •>). prov .,
cat. capdel <1 maître l), etc.). Le panroman testa (d. tjasta, it., sarde, prov.,
aat., csp., pg. testa, a. fr. teste {> Ute), etc.) >dr. ţeastă <1 tete, crâne, cara-
pace >) (le ~econd sens dans le derive ţestos usuel dans le cas du mot compose
broască /cstoasă <1 tortue »). Le panroman jrons, -ontem (it. jrontc, engad.
jru11t, fr., prov., cat. front, esp. fre11te, pg. /rente) >dr. frunte, ar. frimte,
jru11te, fru11di, mgl. frunti, ir. frunte «front t. *Templa = tempora > dr. tîm-
plă, mgl. timbă <1 tempe • (it. dial. tempia, teimpya, fr. temp(l)e; voir aussi,
ci-dessus, §. 26, l'alb. temU, tembel « tempe ».
LaL \·ulg. ort"cla ( < aurimla) (d. orakla, it. orccclzi"o, frioul. orel'c, fr.
orci"lle, c::it. orella, esp. ort)a, pg. orellza, etc.) >dr. ureche (arch.: itreacl'e„
urecl'c), ar. ureacl'e, mgl. ureacl'ă, ir. urecl'e, urecl'e <1 oreille ». Le panrornan
nasus (d. nuos, it. naso, log. nazu, friou( nas, fr. nez, prov., cat. nas, esp.,
pg. naso) > dr., ar., mgl. nas <1 nez ». ir. nas « museau ». Le panroman nares
<1narines, nez», naris (gen. sing.) <1nez» (a. it. (a)nare, log. nare, prov. nar,
fr. dial. narre, 1tarro, etc.) > dr. nară, nare (reg.) « narine »; <1 nez » (arch.,
reg.); <1 muscau •> (reg.), ar. nare <1 nez » (usuel), <1 narine », mgl. nari <1 museau ».
21e REW. 2343; PEW, 418; DELR, 414-416; DA, I, 2, p. 932-933; II, 1, p. 608-
609; SDE, p. 509.
m REW, 1668; DA, I, 2, p. 88-95; DDA, p. 312-313; Capidan, Megl., III, p. 58;
Puşcariu St. fatr., III, p. 105.
21e Mihăescu, Lg. lat., p. 28, 280.
m DA, I, 2, P· 100; DDA, p. 338, 340; Capidan, Megl., III, p. 58.
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Du latin au roumain 207
Le panroman oculus (lat. vugl. oclu(s) 220 (d. vaklo, it. occhio, fr. oeil,
prov. i-eelh, cat. ull, esp. ojo, pg. olho, etc.) >dr. ochi, ar., ir. ocl'u, mgl. uocl'u
« reil »; *gennae = genae (le singulier est tres rare) <1 joues » 221 a donne dr.
gene (sing. geană) « (arch.) paupieres, cils », ar. dzeane ( dzeană), mgl. zea ne
(zeană)' ir. zane (( sourcils t (voir aussi le prov. gena, qui a garde toutefois le
sens du latin) 222 ; supercilium devait persister en it. sopracciglio et en fr. sour-
cil; le pluriel supercilia s'est conserve en pg. sobrancclha; d'autre part, super-
+
-cilia *genna ou *supercenna ( = *supergenna), conserve en esp. sobreano,
conduiront aux formes dr. sprînceană, sprinceană, ar. sprindzeană « sourcil »;
*subfronticclla ( < frons, -ntis ((front•) est a l'origine des formes dr. (arch.,
reg.) sufruncea 223 et ar. s(u.)jrînţeauă, s(u)jr-îmţeauă, sufrîndzeauă, sufrănd
zeană (la derniere variante par contamination avec dzeană ou avec sprin-
dzeand) 1lsourcil i> (par consequrnt, synonymes avec sprînceană, sprindzeană)2 24 •
Facia (<facies) 2 ~ 5 >dr., ar., mgl. faţă, ir. fâţa «face, visage » (it.
/aceia. engad. faca, frioul, fatse, fr. face, prov. fasa); precedemment (§. 26),
nous avons deja releve la presence de 1 albanais faq~ <1 face» <facies (voir it.
dial. facce, facci) 226 • Le panrornan bucea <1 bouche, joue» 227 (d. buka, it.
IJocca, sarde bukka,, buokd, fr. baiiche, prov., cat., esp., pg. boca) > dr. bucă
« joue; fe~se » (voir aussi Ies derives bucălat et bucos « joufflu i>, le dernier pou-
vant provenir du reste aussi d.irectement de buccosus,idern) 228 , <ir. bucă «bou-
.chee; joue; cuisse, fesse », mgl, bucă «bief, coursier du moulin » (le sens du
terme rngl. semble deriver de celui de <1 bouche », generalement conserve dans
es langues rornanes occidentales); d'un derive populaire buccata « morceau,
blouchee • 229 est nee la forme dr. et ar. bucată „morceau, bouchee" (voir aussi
it. boccaia, fr. bauchee, prov., cat., esp., pg. bocada) et d'un derive verbal
restitue *imbuccare « introduire dans la bouche i> >dr. îmbuca, ar. ( a)mbuc
cavaler, manger, engloutir ». Le panroman gula <1 partie de la bouche par la-
quelle on avale, gosier, cou et au~si, dans le langage populaire, bouche » 230
(d. ;;aula, it. gala, sarde gula, bula, frioul. gale, fr. gtteule, prov., cat., esp.,
pg. gala) >dr., ar., mgl. gură, ir. guriJ, gura «bouche, gueule » (le sens de
« bouche • du roumain n'apparaît encore que dans quelques d.icilectes fran-
·~ais et provew;aux; le mot est entre aussi en grec byzantin (roo)\oc), avec le
sens de « gorge, gosier t du dalmate, de l'italien, l'espagnol, etc. - 5ens, i1
.nous faut l'ajouter, qui a ete egalement releve sporadiquement dans quel-
·ques anciens textes daco-roumains; le neo-grec, de son câte, a conserve ce
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208 H. Mihăescu
root: you).L « gencive », you).Li1. « gorgee ») 231 ; rostru.m ( < rodo) « ce qui sert
a ronger; museau; bec J>, par la suite il a pris aussi le sens de « bouche; lan-
gage J) (esp. rostro, cat. rostre, rosto, pg. rosto) >dr. rost « bouche » (arch.,
reg.) (m.uel dans des expressions: a şti (a spune, a învăţa) pe de rost« savoir
(dire, apprendre) par creur, reproduire de memoire »); avec aussi le sens de
« parler, voix, langue, langage », ar. arostu, arostru, mgl. rost « bouche 1\ (en
aroumain et en megleno-roumain, le mot a pris aussi la signification de «angle
forme par Ies fils de la chaîne ct dans lequel on lance la navette », sen:. atteste
avec quelques autres er.core deri\·cs de celui originairc, en daco-roum3in ega-
lemcnt); lcs dcscrndants de rostmm dans Ies langucs romanes occidentales
ont pri:- b signif ication de «bec, gueule, face, visage »; dans k dialecte daco-
roumain rost « Louche 1> (resulte donc d'une evolution semantique originale
dans l'cnscmblc <le la langue roumaint') s'cst \'U fortemcnt concurrence par
son synonyme gură, qui a fini par le remplacer presque dans tous Ies cas.
Le panroman dms, -enfrm (d. dia11t(c), it., log. dente, fr., prov .. ccit.
dc11t, esp. dfrntc, pg. dc;ztc) >dr., ar. dinte, mgl. di"nti, ir. di11t(e) <( dmt ».
Le panroman gingiva (it. gi·ngii.•a, engad. gangiva, frioul, d::.ind:::.ie, fr. gmu:ve,
prov. go161·va, cat. grn(y)iva, csp. cnâa, pg. gengi·i·a) >dr. g1:ngie, ar. d~ind
z1·e, ir. zi11zire «genci,·c 1>. Jif,ai/la <(la mâchoire inferirnre J> (it. mascella. en-
g3d. masu/a, a. fr. 11111issele, pro,·. maisela, esp. mejilla, etc.) >dr. miisea,
măs(e)auă (reg.), ar., rngl. măseauă (măscam'i rcstitue d'apres la forme arii-
culee mifscaua) « molaire •> (l'evolution semantique intervenue en roumain
se retroun seulement dans le sud de la France, par exemple dans le dialecte
lyonais; l'italien, le sarde, l'ancien fran~ais, le proven~al ont garde le sens
latin du mot; en espagnol, en re\·anche, ce terme designe la « joue 1>).
Le panroman falx, falcem • faux; serpe t (it. /alee, log., engad. _/(tlkc,
jauls, frioul, fals, fr. faux, prov. faus, cat. fals, esp. hoz, pg. jouce) >dr.~
ar., rngl. falcă (forme rcstituee d'apres le pluriel) « mâchoire; joue & (evolution
semantique s'expliquant par une ressemblance de forme; nous l'avons con-
statce egalement en albanais (§. 32 ci-dessus) filqinje < *falcinea < falx,
jalcis).
Le panroman lingua (d. lauga, it. lingua, log., engad. limba, leungua,
frioul, lenge, fr. langue, prov. lmga, cat. llengua, esp. lengua, pg. lingoa) >
>dr., ar., mgl. limbă, ir. limb~ dangue t et t langue, langage t; d'un *lingu-
1dus, -a, -mn a du se developper le dr. limbut• grand parleur, bavard, loquace •
(cf. a. it. ling(u)uto, sic., calabr. lingutus, log. limbudu, a. prov. lingut, cat.
llengut). Palatum (contamine avec palatium) >dr. (arch.) păraţ « palais J>.
Le panroman barba (d. buarba, it., sarde barba, frioul., fr. barbe, prov.,
cat., csp., pg. barba) >dr. barbă, ir. Mrb~ t barbe, menton J> (le sens de« men-
ton l) deja atteste en latin se retrouve aussi en frioul., it. dial., sarde, fr. dial.,
esp., pg.), ar., mgl. barbă « barbe &. D'un piuriei *mustacia ( < *mustacium <
<gr. µucrrocx.Lov <µucrn:~ «rnoustache t) ont puse developper Ies dr. must( e)a-
ţă, ar., mgl. mustaţă, idem (cf. it. mostaccio, it. dial. mustazzo, mustazzu) 232 •
170. (H)umerus, >dr. umăr, ar. (a)1iUmir(e), umir, mgl. numi"r, .ir.
umer « epaule & (it. omero, sarde (dial.) ummaru, esp., pg. hombro): armus
2a1 REW, 3910; PEW, 745; DELR, 772; DA, II, 1, p. 326-329; DER, p. 385; S DE,
p. 93; DDA, p. 603-604; Capidan, Megl., III, p. 147; Puşcariu, St. istr., III, p. lH; Sopbo-
cles, I, p. 337.
23ll PEW, 1141; TDRG, P· 10?6; DELR, 1187; DLR, VI, p. 1032-1034; DER, p. 549
-5~0; SDE, p. 269; Mihăescu, Injl. gr., P· .55.
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Du latin au roumam 209
(<epaule » >dr. (arch., reg.) arm (< cuisse; bras; paleron »,ar. armu, (< cuisse;
paleron » (log. armu, it. dial. crmu, fr. ars); dans le~ deux dialectes roumains
qui l'ont garde, ce mot peut se rapporter soit a l'homme, soit a quelque ani-
mal, de preference domestique, ce qui s'accordera1t a la situation attestee
en latin et dans Ies idiomes romans occidentaux; originale, en roumain, s'avere
l'evolution semantique qui conduit depuis le sens d'« epaule I) a celui de «cuis-
se ». Le panroman spatha (tardif spata, spada) ( < gr. 0'7toc6"f)) connaîtra en
roumain une evolution semantique originale, sous l'influence du derive :spa~
tula, deja atteste chez Varron avec le sens d'« epaule (chez une bete)» - c'cst
avec ce sens-la que le mot a ete herite par Ies langues romanes occidentales
(it. spalla, engad. spedla, frioul, spadula, fr. epaule (a. fr. espalle, prov. es-
patla, cat. espatlla, esp. espalda, pg. espadoa); cela explique cornrnent spatlza
(spata), pl. spathae ( spatac) « cattoir, spatule; epee large et longue »Est devenu
en dr., spate(< dos, region dorsale», ar. spată(< epaule », mgl. spată (<dos (du che-
val) cuisse »,ir. spate<( epaule » (neanmcins, ainsi qu'on le verra ci-apres, la lan-
gue roumaine a beri te Ies autres sens aussi). Su bala (sub ala) « aiselle » > +
> dr. (arch.) suoară, ar., mgl. soară, idem (Ies dr. subsuoară et ar. sumsoară,
sunsoară, idem, sont nes du fait d'une nouvelle derivation, cette fois-ci realisee
sur le terrain du rournain, avec sub (<lat. subtus), respectivement de sum,
sun ( < su < lat. sub); mgl. suptăsoară, idem, ce dernier mot a ete explique
comme une cornrosition de subtus +
subala 233 • Le panrcrnan braclzium (d.
braz, bras, it. braccio, frioul., fr. bras, prov. bratz, cat. bras, esp. brazo, pg.
brafo) >dr., ar., rngl. braţ, ir. braţ« bras»; le derive brachiatum <c branchu » >
> ar. brăţat <c etendue des deux bras, brassee ». Le panroman cubitits (it. go-
mito, log. kuidu, fr. coude, prov. coide, cat. colde, esp. codo, pg. covado) >dr.,
ar. tot, ir. cuvatu, alb. kut « coude » (cf. ci-dessus §. 26). Le panroman manus
(d. mun, it. mano, log. manu, engad. maitn, frioul. man, fr. main, prov., cat.
ma, esp. mano, pg. mao) > dr. mînă, ar. mînă, mănă, rngl. mQnă, ir. măr
(art. măra) <c main ». Le panroman palma (it., sarde, cat., esp., pg. palma,
prov. palma (> fr. palme) >dr., ar., mgl. palmă, ir. palm~ <c paume ». Le
panroman pugnus (it. pugno (>log. pundzu), frioul. pu'ii,, fr. poing, prov.
ponh, cat. puny, esp. puno, pg. punho) >dr. pumn, ar. pulmu, mgl. pulm,
ir. pumăn « poign, poignee ». Le panrornan digitus (d. detco, frioul. det, it.
dito, log. didu, fr. doigt, prov. det, cat. d2"t, esp., pg. dedo) > dr. deget, ar.
dzeadzit, dzeadit, deazit, dezet, mgl. zeazit, Îr, lazet, zazet (C doigt »; pollicariS
c d'un ponce» (frioul. polear, engad. pUlger, a. fr. pochier, prov. polgar, esp.
pulgar, pg. pollegar>a.r. pulicar, pălicar, mgl. pulicar, alb. pulqer <c pouce »
(a. dr. policar «mesure d'environ trois centimetres » et dr. policar « pouce »
sont, selon toutes probabilites, des nfologismes). Le panroman ung(u)la
( < unguis) >dr. unghie (pop., reg. unghe), ar., ir, ungl'e, mgl. ungl'ii «on-
gle » (d. yongla, ir. unghia, ugna, leg. unga, frioul, ongle, engad. ung/a, fr. on-
gle, prov. ongla, cat. ungla, esp. una, pg. unha).
Peciolus (petiolus) <c pied; pedoncule, petiole » >dr. pici'or, ar. (ci)cior,
lCilor, rngl. pilor, ir. pilor(u) <c pied » (it. picciolo, a. fr. pefuel, prov. pesol,
esp. pezuelo, pez6n « petiole; pedoncule » ; le sens de <c pied » s' est conserve
28 8REW, 8346; DELL, p• · 19; Mibăescu, Lg. lat., p. 280; PEW, 1667; · DDA, p. 1101,.
1134, 1135.
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210 H. Mihăescu
uniciucment en roumain 234 (en meme temps, pes, pedis, consen·e en dalmate,
istricn et dans Ies langues romanes occidentales (voir plus haut § 93, 119) se
rctrouve en roumain a travers la forme derivee pedester, -tris > a. dr., dr.
(rare) pedestru «pedestre, a pied; fantassin; estropie, infirme, mendiant (ces „
acccptions en dr. reg: Oltenie, Banat, TransylYanie, Maramureş) (voir aussi
a. fr. peestre, fr. pietre). Le panroman coxa (d. kovsa, kopsa, it. coscia, sarde
k0fo, frioul, kuest', fr. wisse, prov. meisa, cat. mxa, pg. coxa) > dr., ar.
coapsă « cuisse „_ Le panroman ge1zu.c(u,)lum (= genicul1tm), diminutif de
genu (d. dmacle, it. ginocchio, frioul. d-:enoli, engad. znuol, fr. genou, prov.
genollz, cat. gmoll, a. csp. lzinojo, pg. geolho, _iocllzo) > dr. gcnachi (arch„
l"~g.), gL'/11t1llhi, af. d::lll/lrl 1f, mgl. ::1:1l1tcl'1t, Îf. Zt'Y1Ulcl U, ;eTitttcl'U (I genOU ));
1 1
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Du latin au roumai.n 21f
en revanche, it. tetta, log. titta, frioul. tete, engad. tctta, fr. tettc, prov., cat.,
esp., pg. teta descendent du lat. titta); il convient de mettre en rapport avec
gurgulio, -onis « gosier, oesophage » Ies dr. gurgui, ar gurgul'u « tetin », qui
a revetu aussi le sens de « cou, goulot de cruche » (voire aussi prov. gorgolh,
sarde (reg.) grugurgu « goulot ») 237 .
Dossum ( < dorsum) (forme tardive et pcpulaire d'un mot populaire) >
>dr. dos «dos; derriere; revers; verso» (d. duas, frioul. ducs, it. dosso, log.
dossit, fr., prov., cat. dos). Spinalis (<spina, conserve en d. spaina, alb.
shpine, it. spina, log. ispina, engad. spina, fr. epinc, prov., cat., esp. espina,
pg. espinha; devenu substantif, spinalis devait faire par la suite office de sy-
nonyme de spina) >dr. spinare, df. S7Ci11aYC (~ epine dorsale; echine; dOS I)
(voir aussi engad. spinel, idem) 238 . Catena« chaîne »(sens propre et figure) >cir.
cătină « colonne vertebrale» (d. "Kataina, it. catena, log. kadena, engad. K,ada-
ina, frioul. 7Cadena, fr. chaîne, prov., cat., esp. cadena, pg. cadeia, tous avec le
sens latin). Le p8nroman costa« cete; câte, flanc» (d. kuasta, it., log., engad.
costa, frioul, kueste, fr. Lote, prov., esp. cuesta, pg. costa >dr., ar., mgl. coastâ,
ir. costa, idem. Le panroman anima « âme » (d. jam11a, a. it. alma, arma, a.
frioul. amna, engad. arma, fr. âme (a. fr. arme), prav., cat. arma, esp., pg.
alma) >dr., ar. inimă « cc:eur; poitrine; estomac; ventre», (ci. dr., dr. reg.
tnimă, înemă) mgl. diămă « cc:eur » (seulement dans des idiotismes), ir. irimtJ.
« cc:eur » (rhotacisme rare en daco-roumain, atteste cependant <;a et la, par
exemple dans Ies parlers du Crişana, Maramureş, du Nord de la Transylvanie);
animosus « courageux, ardent» > dr., ar., i'tiimos (a. dr., dr. reg. înimos),
mgl. inămos, idem (le sens du lat. anima conserve en dalmate et dans Ies lan-
gues romanes occidentales, s'est modifie dane, de la meme fa<;on dans tous
Ies dialectes de la langue roumaine; a noter, par ailleurs, outre ce changement
d'ordre general, un autre, commun au daco-roumain et au aroumain, dont
temoigne la presence dans Ies dialectes respectifs egalement du sens « ventre,
estomac »; (voir aussi fr. coeur, gr. xcxp8tif « coeur », « orifice superieur de l'es-
tomac », d'ou « estomac », v. sl. srudice); quant aux descendants roumain!:>
du derive animosus, ils ont herite du sens latin).
Pulmo, -onem « poumon » >dr. plămîn (arch., reg.: plămînă, plămună,
plumîn( ă), plumună, etc.), ar. pulmună, pălmună, plămună, ir. plumărft,
idem (la metathese de l pourrait etre le fait d'un lat. vulg. *plumonem, d'unc
influence du n. gr. 7tAe:µ.6vt, idem (influence evidente dans le cas des formes
aroumaines plimun, ptimună, plimune) ou de quelques causes internes; !'ori-
gine latine de ce mot populaire, atteste tre!:. tot, avec un rhotacisme en istro-
roumain est suffisamment cfaire et el1e a et e argumentee a plu!:.ieurs reprises239;
quant a !'origine grecque 240 , elle n'est a envisager que dans le cas de certaines
formes aroumaines, telles plimun, plimună, pli'mune 241 ; a partir de pulmone
devciient se developper aus~i Ies formes it. polmone, log. prumone, engad.
pulmun, frioul. palmon, fr. poumon, prov. polmon, esp. pulmon, pg. pulmâo)
237
REW, 3922; DA, II, 1, p. 329-330; SDE, p. 93; DDA, p. 604. Le mot ne devait
pas rester etranger aux Megieno-Roumains non plus, dans le dialecte desquels sont attestes
Ies derives gurgul'aş, gurgirl'at « pierre arrondie; rond•> (Capidan, Megl., III, P· 147).
288
DELL, p. 642; Mihăescu, Lg. lat„ p. 237; DDA, p. 1098; REW, 81.51.
239
REW, 6833; TDRG, p. 1181; PEW, 1344; DDA, p. 1027; Mihăescu, lnfl. gr., P·
18; DER, p. 633; DLR, VIII, 3, P· 789; SDE, P· 319.
HO CADE, p. 9.50; DEX, p. 704.
Ul DDA, p. 998.
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212 H. Mihă.escu
Le panroman venter, -trem (d. viantro, it. ventre, log. bentre, engad. ven-
ter, frioul, vintri, fr., prov., cat. ventre, esp. vientre, pg. ventre) >dr. (arch.
reg.) vintre «ventre»; par derivation en roum.ain ou directement du latin
ventricellus est ne le dr. vintricel «petit e!>tomac &. Le panroman pantex, -icem
<i panse » (it. pancia, frioul. pantse, fr. pance, prov. pansa, cat„ panxa, e5p.
pan:a, pg. panfa) >dr. pîntece (pîntice, pîntic arch., etc.), ar. pîntic, pîntică
(formes refaite~ d'apre~ le pluriel pîntiţe) c Ycntre, pan:,e, estomcic, abdomen t
(par extension cn dr. (pop.) <c uter o); en mgl. note seulement dans Ies topo-
nymes: Pentiţi (Oşini); en daco-roumain, le mot, bien que generalement connu,
reste un regionalisme, etant usuel dan:, les parlers de la moitie septentrionale
du territoire, autrement dit dans les parlers de ~Ioldavie, de Maramureş et
dans une bonne partic (septentrionale) du tcrritoire couvert par le parlcr du
Crişana; par derivation interne ou a partir dn lat. vulg. panticosus s'explique
le dr. pîlllccos, ar. pî1itfros « pansu, an'c un gros ventre•; un synonyme de
pintccc et de vintre, dans Ies pcrler!> du Ban::it et de la partie meridionale du
Crişana du daco-roumain, ainsi que dans les dialectes aroumain, megleno-
roumain et i:tro-roumciin, e~t rC'prescnte par des formes developpees a partir
du Iat.follis, -cm« bourse de cuir &: dr., ar.foale, mgl. foali, ir.fale, terme qui
s'cst cons?n·~ neanmoin$ dans la langue roumaine avcc son sens primitif du
latin; enfin, dans les qu::itre dicilcctes roumains il y ~ cncore un autre synonyme
s'inscrivant dans cettc meme serie, qui pourrait s'etre devcloppe d'un lat.
*umbulicus ( = wnbilfrus < umbo), a savoir: dr., ar., mgl. buric, ir. buricu,
bun·iu, mais dans tous le: cas cc mot garde comme premiere signification celle
de <( nombril » de l'etymon latin ct qui !>'est egalement transmis aux langue!>
romanes occidentales (voir it. bellfro. engad. 1mglilt, prov. omhelic, cat. melic,
csp. ombligo, pg. umb1:go, etc.; a fr. lombril, n. fr. 1101nl.mJ, gasc. lumbril, cat.
llombrie.ol, <leveloppes de *mnbiliculus).
Fit-cit um ( < f iws <c f iguc •. sous l' influcnce du grec -~r.o:p auxcu"t"ov « foie
farci de figucs; figue om (d. f<:cuat, ven. figao, campid. figau, friouI,fiyat,
enga<l. fio; dans les autres langucs roman~·s, le developpement du mat a eu
pour point de depart ficatum, fecatum) >dr. ficat, ;:ir. kicat (atteste comme
reg. en dr. ::ius. i), ir. ficat, idem. D'une forme restituee *jele (<fel, fellis «bile,
fjc} ») a pu SC developpcr le dr. fiere!- et le~ ar. neare, mgl. 1iiari (1ieare,
liean:, 2rch. cn dr.), idem (terme panroman: it. f1'elc, log. Jele, engad. feil,
frioul.fcl, fr. fiel, prov., cat./d, esp. hid, pg.fcl). IHritee du latin (de splen,
-mem « ratl: » < gr.; voir aussi n::ip. splene, log. ispyme, a. fr. esplein,
etc.) et non d'originc grecquc moderne ( < cr~l.~n„, idem) 213 est, ~clon
toute probabilite, la forme splină d(:S dr., ar., mgl., de meme que l'ir. splir~
(de meme quc dans le cas precedent de pulmo, on y trouve la preuve dans Ies
cittestcitions precoces de cc mot, ainsi que et surtout dan~ Ies rhotacismes
r~leves dans l'istro-roumain ct en Transylvanie) 2.i.1 . M attia « intestins » >
>dr. 11uţ, ar. maţu, mg!. maţ, ir. ma!e (pl.), idem (\'oir aus:.i le nap. mattsl}
et le log. mattaJ. Ilia (< flancs, partics laterales du ventre l) >dr. (arch., reg.)
ifr, iu (dans le parler du Banat, refait sur le pluriel) «bas-ventre, aine; en-
traillc~ », ar. il'e « fbncs; hanches » (it. diCll. il'a, engad. il'a, a. fr. illes, prov„
ilha, ain~i quc l'alb. iljlJ, idem). Minutalia ( < minutus < minuo) « colifichets;
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Du latin au roumam 213
sorte de plat; entrailles I) 245 (it. mfrtutaglia «petites choses, objets sans im-
portance, bagatellc; plebe; fretin»; a. fr. menuaille <cpetites choses; fretin•)
> dr. măruntai:e « petites choses (arch.); entrailles; le ·ventre de fa femme
(arch); organes genitaux de l'homme (arch.) I), ar. minuţale « eclats de bois;
entrailles; menue monnaie I) - terme explique par un mot restitue *minie-
tialia; la conservation en roumain du sens primitif hitin est plus evidente dans
le cas de I' element originaire minutus «petit, menu I) (~ubstitut populaire de
parvus) > dr. mărunt, mănunt, (arch., pop). ar., mgl. miwut, idem (it. min1t-
to, log. minndu, frioul, niinut, fr. menu,, prov., cCJt. menut, esp. menudo, pg.
miudo).
Renes « reins » > dr. rînă (refait sur le pl. rînc) «Ies musrles de la re-
gion renale; lombes I) (reg.; pl.) « raie, câte partie du corps *; ar. nire « rein I)
(par l'intermediaire d'un hypothetique lat. *rine) (it. raie, engad. rain, fr.
rein, esp. rene); du diminutif rcniculus > dr. rinichi, ar. arnicl'u « rein I)
(campid. arrigu., gasc. arnelh) et du dim. rcnuncitlus > dr. rărunchi « rein I)
(arch., reg.); «ventre, entrailles » (arch., pop.). Le roumain utilise donc sur-
tout des derives avec des suffixes diminutifs (bien que le terme de base ne
fasse pas defaut ni sous le rapport de la forme, ni au point de vue de la signi-
fication). cependant que Ies langues romancs occidentales attestent une nette
domination du terme de base. Le panroman vessica (it. vescica (dial. ln:S1:ka,
IJesiga, bisiga, etc.). log. busika, frioul. vi:sie, fr. vessie, prov. vesiga, cat. vei-
xiga, esp. vejiga, pg. bexiga, ainsi que l'alb. f<>h1'ke, pshike, mesltike cf. ci-dessus
§. 26) >dr. băşică (reg. beşică), ar. bişică, mgl. bişQcă (bişică, a Huma)« ves-
sie, ampoule »; le derive verbal vessicare (voir ? . 1t. vescfrarc, frioul. visid,
esp. avejigar) > <lr. băşica, beşica, ar. biş(i)kedz'iJ, «(se) couvrir <l'ampoules ».
Le panroman (mot populaire) culus (d. col, it. culo, log. kulu, engad. l<iU,
frioul, kul, fr., prov., cat. wl, esp. culo, pg. cuo) >dr. (pop., vulg.), ar., mgl.,
ir. cur «eul» 246 • Pulla « poulette » ( < pullus «petit d'un animal») > dr.
'(pop., vulg.), ar. pulă (forme refaite sur le pl. pule) «pennis » (d. puia, idem,
it. pollo, esp. polla, pg. polha « poussin, poulette », fr. poule: cf. ci-dessus §. 26
l'alb. pule« poule »); mot avec une autre evolution semantique en rournain et
en dcilmate, ou il a perdu son sens primitif, herite par d'autres langues roma-
nes, ainsi que par l'alban<>is; parmi Ies langues romanes, le rhetoroman sem-
ble occuper une po~ition intermediaire a cet egard 247 . A partir d'un hypothe-
tique *putium (regressif de praeputiitm « prepuce I) 248 ) ou a travers des hypo-
thetique~. *putea, *put(u,)la ( < putus «petit gan;on, enfant ») 24 9 a pu !-'ex-
pliquer le synonyme dr. (pop.), ar., mgl. puţă, istr. puf~ 250 , utilise notamment
en se rapportant aux gan;onets et aux petits enfants cn general (en daco-rou-
mciin au moins le mot prend aus~i un caractere pejoratif avec le sens lat.
putus). Explique par un singulier reconstruit *noda (a I' origine le pi. de no-
dwn « artus, membrum ») 251 , le terme dr. (pop.) et ar. noadă designe ce
250 Capidan, Megl., III, p. 243; Puşcariu, St. istr., III, p. 129.
261 DELR, 1236.
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214 H. Mihăescu
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Du latin au roumain 215
.mori. fr. mourir, prov., cat., esp. nwrir, pg. 11wrrer); le panroman mortuus
{d. muarl, it. nwrto, log. mortu, engad. mort, frioul, muart, fr., prov., cat.
.mort, esp. muerto, pg. nwrto) >dr., mgl., ir. mort, ar. mortu« mort I); le pan-
roman mors, mortem (d. muart, it., log. morte, engad. nwrt, frioul. muart, fr.,
prov ., cat. mort, esp. muerte, pg. morte) > dr., ar., moarte, mgl. moarti, ir.
morte «mort I); morticina > dr. mortăciune (arch. morticină, mortăcină), ar.
mu1tuţi:nă, mgl. murtăţuni « charogne; bete morte» (cf. it. lana nwrticina,
.abruzz. kania murtacim;; cat. mortehi, esp. mortecino, pg. mortczinlzo, Ies tro1s
demiers evolues a pcirtir du mcisc. morticinus); d'un leit. vulg. *ammortire
( < *admortfre < ad+ mortuus) ont pu se developper Ies dr. amorţi, ar.
amurţăsm, mgl. q,nmurţQS « engourdir, emousser » (cf. it. ammortire, fr., prov.,
cat. amortir, esp., pg. amortecer, etc.). Repausare «se rcposcr; rnourir &>dr.
.răposa, mgl. ripusez « rnourir » (rare, surtout dam. le langage d'eglise; le ~en~
«se reposer » s'etait maintenu dans le daco-rournain ancien, cn aroumain et
en mcgleno-roumain, ainsi quc dans certaines langues romanes occidentales:
a. dr. răpăosa, ar. arăpas, aripas, arupas, ( a)răpăsed::u, etc. mgl. răpQs, it.
riposare, fr. reposer, prov. repausar) 2 Gt'. Le panroman pcrire (it. perire, engad.
perir, fr. perir, prov., cat. perir, esp„ pg. perecer) > dr. pieri, ar. 1'er, mgl.
per « perir, mourir. disparaîtrc »).
„
Occidere >dr. ucide « tuer (dans l'ancicn daco-roumain ou cornme reg.
dr. prend aussi le. sens de «se meurtrir; frapper; souiller, profaner », cf. le
mgl. uţid (( (je) frappe, (jc) blesse »), ar. uţid « tuer », ir. ucide «tuer; noyer »
{it. 1-tecidere, log. okkiere, bokkire) 261 • Reponere ( < ponere) « replacer; mettre
„
bas (Ies armes) > dr. (arch., reg.) răpune « mourir, tuer, se suicider, (se)
perdre, (se) detruire, vaincre, defaire » (cf. it. riporre, a. fr. repondre, prov.,
fr. dial. rebondre, esp. reponer, pg. repor); Ies langues romancs occidentales
ont conserve le sens latin ou bien elles ont suivi une evolution semantique
non significative, en etroitc rclation avec le-dit sens, cependant qu'en daco-
„
roumain a partir de « replacer, mettre bas allaient se developer graduelle-
ment Ies sens de « jeter bas - faire tomber - vaincre - tuer - mourir t.
Necare, enecare « tuer (surtout sans l'aide d'une arme), etouffer t, puis, en
„
lat. vulg~ «(se) noyer >dr. îneca (arch., reg. neca) « tucr, occirc, etrangler •
(arch., reg.); (((se) IlOyer I), af. nec (Jtecare) (( IlOyer I), mgl. 1teC (nicari) (( etran-
gler, tuer; noyer » (cf. it. annegare, frioul. (i)ned, fr. 1wyer, prov. negar, cat.,
esp., pg. anegar): ce n'est qu'en roumain et, pour etre precis, notons qu'il
s'agit des dialectes daco-roumain et megleno-roumain, que Ies deux sens se
.sont maintenus, c'est-a-dire le sens ancien, celui du latin cll.lssique, et le sens
recent (selon toutes probabilites) apparu dans le latin vulgaire et herite par
le roumain, ainsi que par Ies langues romanes occidentales 262 •
173. Le panroman homo (( homme, epoux I) (d. jom1w, it. U011W, log.
6mine, engad, um, trioul. em, fr. homme, prov., cat. ome, esp. liombre, pg. ho-
mem) >dr., ar., ir. om. mgl. uom, idem (le sens « epoux conserve en dr. „
z~ REW, 7218; Mihăescu, Lg. lat., p. 282; PEW, 1435; TDRG, p. 1298; DER, p.
<i88; SDE, p. 366; DLR, IX, p. 98-99; DDA, p. 189, 199, 216, etc.; Capidan, Megl., III, P·
246.
t 81 REW, 6030; CADE, p. 1365; Densusianu, ILR, p. 788; Rosetti. ILR, p. 598;
DEX, p. 991; DDA, p. 1250; Capidan, Megl., III, p. 321, Puşcariu, St. istr., III, p. 138.
m REW, 5869; Mihăescu, Lg. lat., p. 281; PEW, 836; DELR, 1212, 1213; TDRG, P·
805; DA, II, 1, p. 720-722; DER, p. 428; SDE, p. 508; Densusianu, ILR, p. 678; ODA.
p. 871; Capidan, Megl .• III, p. 205.
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216 H. Mihăescu
pop. et ~gl.; en. dr. aussi le sens de. <c,personne au service.~~ quelqu'un; rela-
tion sociale, am1, p<irent; personnahte en vue, personne d ehte, etc.»); lz1:111a-
nitas, -alem « hurnanite1> >ar. umi11itate, idem. Barbatus (<barba) <c barbu 1) et
plus tard, pendant la basse-epoque « homme; mari» >dr., ar., rngl. bârbat
« hornme; mari 1>, signification conservee seulement rn roumain, tandis que
Ies langues rornanes occidcnt2les ont consen·e le sens originaire (voir it. bar-
ba/o, a. fr. barbe, prov., cat. barbat, esp., pg. barbado). Le panroman muiier,
-crcm « epouse, femme it (plus frcquent a l epoquc ancienne que fcrm·na, en
revanchc, rare dans Ies inscriptions, sens prob~blemrnt pejoratif) 263 > dr.
(arch., pop., reg.; deprl:ciatif dans la langue li11{r;iirc) 11111icre, ar. m·11l'(arc,
mgl. mul' ari, ir. 11111l'~·~, idem (it. 111oglie (a. it. moglfrra), log. 1111tdzcre, cngad.
mul'cr, frioul. 11111_„,ir, a. fr. mo1'llier, prov. 1110/hcr, cat. mul/a, m6ller, esp. mu-
jer, pg. molhaJ. D'un restitue *fom·m1s ( < _(t-mi11a, par analogie ou par un
accord avec homo) ont pu resultcr Ies dr.fa111ăH (arch.),fc1111m (forrnr restituee
d'apres le pl. fammi) « eunuquc, chatre 1>, ar. feam1'n(ă), lzca111h1(if) « femi-
nin; de sexe feminin; femelk; fcmme » (dr. reg. famrnâ « femme sterile'" ar.
1cami11ă, hc~1111i11(i <famm, ft'am1·11, hcami'n), mgl. fca111i11, fiamin <1 de ~exc
feminin•·
Fetus ((petit d'un animal» d plus tard, cn bt. ,·ulg. <1 cnfant, garc;on » >
>dr. făt « gan;on, cnfant; fretus; petit d'un animcil », ar. fct «petit enfant,
garc;on, fils », ir. jet(u) •petit garc;on & (it. dial. fdu, fetacce « enfant 1>, log.
fedu « descendant, enfant & ; fr. dial. fcdo «petite fille », pg. fedelho <1 petit en-
fant »); d'un *fetioltts ( < fdus) ou par deri,·ation rn roumain (<le făt) rnnt
nes dr. feâor (reg. fidor). ar. fitior (c enfant, garc;on, fi]s, jeune homme »,
mgl. /1.for «bebe, garc;on •. ir. feNor, /efor • garc;on, fils »; le sens de <1 bebe 1> rn
a. dr. et rngl. repond a la qualite diminutive du terme restitue *feti'olus 204 . Fcta
• brebis » (dans la langue rustique) > dr. fată, ar., mgl. feată, ir. fete <c fille,
vierge 1> (le sens du latin rustique, employe par Ies bergers et Ies eleveurs de
betail, disparu de la langue rournaine et de ses dialectes, a ete toutefois encorc
releve dans le plan dialectal en pronn~al, rhetoroman, italien, sarde, fran-
~ais); fetare « faire des petits, pondre » > dr. fata, ar., mgl. Jet 41 mettre bas,
veler, faire des petits, pondre 1>, mais le mot a aussi le sens de « naître » (en
dr. arch., pop., ar., mgl) (it. dial.Jitari. pondre ».jetd.jdar 41 veler »,log.fedare,
friouJ. fedd « agneler •); ii s'en suit que l'evolution semantique des termes fcta,
jetare dans la langue roumaine comporte des elements originaux, qui temoi-
gnent du caractere rustique de la societe respective, une societe pour laquelle
l'elevage des moutons et du betail en general representait une activite fon-
damentale.
Le panroman tener, *tenerus « tendre, delicat, frele » (cf. teneri, -orum,
forme du piuriei attestee a l'epoque imperiale) > dr. tînăr (< jeune I), ar. iinir
• jeune; frais », mgl. tinir <c jeune », ir. tirer, tirţr, « jeune 1> (it. tenero, log. tennc-
ru, engad. tender, frioul. Unar, fr. tendre, prov. tenre, cat. tendre, esp. ticrno,
pg. terno); Ies langues romanes occidentales ont gnde comme significations
de base cellcs du ICJtin, sans etre pourtant tout a fait etrangeres (voir le fran-
214llEW, 3273; DELL, p. 231; Mihăescu, Lg. lat., p. 295; DA, II, 1, p. 74-75; PEW,
586, 593; DELR, 560, 561; TDRG, P· 611-614; Graur, Etimologii, p. 94; DER, p. 321, 323~
tout comme dans REW et Graur, Etimologii, plus probable la derivation en roumain de făt;
SDE. p. 455, 466; DDA, p. 547; Capidan, Megl„ ·III, p. 127-128; Puşcariu, St. istr., Ill, p.
111-112. .
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Du latin. au roumain 217
·<;ais, l'italien, l'espagnol) a cellesqu'on trouve en roumain, îl est vrai, par aille-
urs, que dans ce demier cas nous avons affaire a des expressions metaphori-
ques, figurecs). Invenis « jeune (homme) » (it. giovane, engad. guven, fr. jeune,
prov., cat. jovc, esp. joven, pg. jovem) >dr. (rare) june, giune (reg.),. gfore
(arch., reg.), idem, ar. gione (forme expliquee par un hypothetique intermedi-
aire lat. *jovenis), idem et aussi « preux, brave; gentil chevalier », mgl. juni
« jeune (rare); fort, puissant, gaillard, preux; marie, jeune marie », ir. jure
« jeune (homme) »; le mot est de beaucoup plus frequent, usuel, dans les dia-
lectes·sud-danubiens, notamment en aroumain et megleno-roumain; en daco-
roumain il s'est trouve remplace dans une large mesure par son synonyme
tînăr qui devait non seulement recevoir comme sens de base celui utilise uni-
quement a titre figure dans Ies langues romancs occidentales, mais s'imposer
aussi dans le dialecte en question, concurren<;ant le synonyme usuel dans Ies
autres dialectes roumains et en Occident. Vet(e)ranus «veteran»; mais aussi
« vieux >) >dr. bătrîn, ar. bitîrnu (rare), mgl. bitQrn, ir. betăr « vieux; vieil;
ancien » (it. dial. vetrano, a. it. dial. vedrano, vitranu, frioul. vedran). Veclus
(pop. pour vetulus « (un)vieux ») > dr. vechi, ar., mgl. vecl'u <c ancien, vieux „
(d. vieklo, it. vecchio, engad. vegl, frioul. vieli, fr. vicil, prov. vielh, cat. vell,
esp. viejo, pg. velho). Si bitîrnu est rare en aroumain, comme nous l'avons
precise ci-dessus, en rcvanche, frequent et element de base pour olusieurs
derives s'avere dans ce dialecte le mot auş1't <c vieux, vieil; vieillcird; a1eul » <
+
<lat. avus <c ci1eul, grand-pere » uşu (voir a. dr. auş <c vieux; vieillard,
grand-pere » et dr.: auşel ( auş +
el), le nom populai re de l 'oiseau Regulus
cristatus - sens figure) 2&5.
174. Le panroman sanus (it. sano, log. sanu, engad. sau11, frioul. san,
fr. sain, prov., cat. sa, esp. sano, pg. săo) >ar. sîn, ir. săr <c sain; bien portant»;
son derive sanitosus <c sain » > dr., ar., mgl. sănătos, idem (it. dial. sanetuse,
sarde dial. sanido.-:u, alb. (i, e) she;idoshe, idem) (il y a donc dans le dialecte
.aroumain les deux termes, en istro-roumain sculement le terme panroman et
en daco-roumain, megleno-roumain et albanais seulcment Ies descendants
de sa forme derivee); sanitas, -atcm > dr., ar. sănătate, mgl. sănătati « sante t
·(d. santut, it. sanita, log. sanidade, engad. sandet, fr. sante, prov. santat et
cilb. aussi shendct, idem); sanare ( < sanus) <c rcndre sain, guerir »>ar. (n)sî-
ned::u <c recouvrer la sante » (it„ log. sanare, engad. saner, frioul. sand, fr. sener,
pro\·., cat., csp. sanar, pg. sarar) (element panroman illustre en roumain
seulement dans le dialecte ?roumain). Vindicare <c liberer, delivrer » (sens pro-
pre et figure) >dr. vindeca, ar. vindic « guerir » (it. vendicare, fr. venger, prov.,
cat. venjar, esp. vengar, pg. vingar) (les langues romanes occidentales ont pris
pour point de depart le sens latin <c venger », sens qu'elles ont garde du reste;
l'aroumain connaît encore les deux termes: sanare (rare) et vindicare, alors
que le daco-roumain ci perdu le premier de ces deux termes, ayant conserve
seulem~nt son concurrent, ne d'une evolution semantique specifique).
Languor, languorem <c langueur, maladie» >dr. lîngoare (arch.), lin-
goare (pop.) <c fievre typho1de »,ar. lîngoare <c langueur, maladie, fiene chaude &,
mgl. lăngoari <c maladie». Par un *necea (febris) (<nex <c mort violente&)
<0n a avance une explication plausible pour le mot ar. neaţă « typhus, fievre
385 REW, 839; PEW, 173; DELR, 122; DDA. p. 242; DELROM, p. 8; DA, "I, 1, p.
369; TDRG, p. 128; DER, p. 49; SDE, p. 41.
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218 H. Mihăescu
typhoide », qui est le meme terme que le dr. tnia/ă (arch., reg.), idem. Languidus.
t languissant • >dr. linced, idem, • malade » (~rch.), ar. lîndzit, idem. laf arci-
dus <1 fane, fletri I) >dr. (reg., au nord du pays)·mîrced, idem, mais aussi •ma-
ladif, affaibli, ramolli • (it. marâdo • pourri •. esp. marchito • fane, fletri; mai-
gre, epuise », etc.). Le panroman tussi·s, -tm >dr., ar. tuse, mgl. tiisi • toux•
(it. tosse, campid. tussi, engad. tuoss, frioul. tos, fr. t011x, prov., cat., esp. tos,_
pg. tosse); le deri,·e Yerbal panroman tussire >dr. tuşi, ar. titşed:;u, tu.şcscu,
mgl. tUŞQS • tousser » (it. tossire, log. tuăire, engad. tussir, frioul. tosi, fr. tous-
ser, prov. tu.sir, cat. lossir, esp. toser, pg.tossir). Un deriYe reconstitue *guttu-
ralium ( < gutt11T « gosicr, gorge 1>) pourrait etre a !'origine des formes dr.
guturai, guturar (arch.). gutunar (reg.) « rhume de cerveau1> 266 . Vomtrf <• Yo-
mir & >dr. c.10,1me (arch., n.'·g.), ar., mgl. vom, idem 267 . Co11forire ( < forfrc <
<foria, -ae, «foire, diarrMi •/' 68 ><lr. (pop.) cufuri, ar. cufurescu, mgl. cujă
res, căfăres « foirer 1>; un restit ue *conforia > ar. wfoare « diarhee », synonyrne
du derive dr. (pop.) cuf11uală :: 6 '.1.
Frif!,ora, frigorut' « fihr<> 1> > <lr. (pop.) friguri (pl.). frigură (sing. res-
titue d'aprcs le pl.; reg.), mgl. frif!ur (pl. utilise cornme sing.), idem (cf. cam-
pid. frius) 270 : le panrornan ftbris, -em (it. ft'bbre, leg. frea « pcur 1>, en!-'ad.
feivra, frioul.fiac', fr.fih·re, pruv./rnrc, cat.febre, c:-;p. lrfrbre, pg. febre)>
> dr. fiOT t friSSOn I) (pop.); (( emotion, peur l) ( d •OU Î11fioTQ (< frernir, frisrnnt-r I);
ft1fiorător <r cffroyable, epounntabJe 1>; il se pourrait aussi qu'a I' origine de
fi"or se soit troun'-e une forme deriYee *fcbr1"oius), ar. lieavră « fie\Te 1>: jcbrfre
taVOir la fievre I) > af. "liz"1.•r(S(/(, id(ffi: par derivat ion ('Il roumain, OU a part ir
d'un hypothctiquc *febrosus (Yoir aussi it .f<'bbroso, sarde frebbosu, fr. jifrrmx,
pro\·., cat. fcbros, pg. _f,·broso sont nes Je dr. fioros « tcrrible, epOU\"antabJe I>
et l'ar. liivros: Ic dr. ft·brâ est un neologisme latino-roman. 1llucâ (pl.) c mor-
ve t >dr. muci, ar. m11ci, muţi, mgl. muţi (sing. dr., ar., mgl. - muc), idem
(it. 111occ1·0, log. mukku, engad. muol.=, prov. moc, fr. dial. nrn, cat. moc, esp.
moco, pg. 111011co): ;L part ir <le 11111Cos11s « rnon·eux »ou p.ir derivation en rou-
rnain, On a ahouti a )a forme dr., ar., mgl. III/ICOS, idem (cf. it. dial. m1tkkuso,
log. mukko::11): mucor, -orou « moisissure 1> >dr. reg. m11coare, idem, mais
signifiant aussi « mucosite; muqul'ux, morvcux i>, ar. nwcoare « mucosite ».
Hordi'ulus (hordeolum, hordio/11111) ( < hordcum) (< orgelet 1> >dr., ar.
urcior, ulcior (par dissimilation); cn ar. eg<ilcment arâor, idem (it.dial. ur::ol.
ordol, etr., mgad .(a)nmd::ol, a. fr. orj11d, pro\'. or::ol, cat. ursoi, csp. or::u-
clo, pg. tarol, etc.). Pdiţo, -illtlll (I eruption cutanee, dartre I)> dr. pecin-
gellt', ar. pifi11d=i11ă « dartre, herpes•> (d'haLitude, dans Ies autres languts ro-
manes l'e\·olution a commence a part ir de: 1·mpetigo, -imm: it. 1·mpetig1·11e -
m.iis di.ii. pitiggi11e, pitiyina, esp. empci11e. pg. impigen). Aranca «gale» >
> <lr. (pop.) rîie, ar. (a)rîne, rnne, mgl. rline, idem (it. rogna, log. nmdza.
engad. ruogna, pro\'. ro11/ra, cat. ronya, esp. rcna, pg. ro/ma, a partir d'un
lat. *aronea < aranea): d'ara11eos11s ou par derivation sont nes: dr. riios, ar.
ar{nos, mgl. ră1ios (( galeux 1>. Naevus « vcrrue 1> >dr. neg, idem (it. di<il. 11frgo,
268 PEW, 751; CADE, p. 566; DA, II, 1, p. 33i; DEX, p. 388; SDE, p. 93.
287
PEW, 1917; CADE, p. liiO; DER, p. 901; SDE, p. 77; DDA, p. 1277; Capidan.
Megl., III, p. 330.
288 Mihl!.escu, Lg. lat., p. 278.
219
DLR. I, 2, p. 953; P., p. 397; Capidan A!egl., III, p. 83-8i.
a?o Mihăescu, Lg. lat., p. 308; DA, II, 1, p. 175-176; Capidan, Megl., III, p. 103;
REW. 3515.
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Du latin au roumain 219
ueltţ). Pustula « bouton; bulle » >ar. puşcl'e «peste» et, peut-etre, d'un
*pu,st1tlella > dr. puşcheâ, «pustule, furoncle »; pztstulare « couvrir de pustules o
>ar. puşcl'edzit « donner ou avoir la peste» et pustulosus « pustuleux » >
> ar..puşcl'os «pestifere; mechant »: (mais dans ces cas, il se peut aussi qu'il
s'agisse de derives crees en aroumain). *Puronium (<pus, puris <1 pus») >
.>dr. puroi,_ (arch., reg. puron, punoi) ar. pronu, idem. Fort probablement
:e'est a partir d'un *scabia ( < scabies (( asperite, rugosite; gale, lepre, deman-
geaison ») qu'on a abouti a la forme dr., ar. zgaibă, sgaibă (( excoriation, egra-
tignure, rugosite » (it. scabbia, trioul. zgabyc, alb. zgjebc «gale, rogne ,>; (il
s'en suit que le roumain a herite d'un autre sens). *Furuncellus ( <furwzmlus
((petite pousse; furoncle », voir it. dial. frunkyu, log. furunkn, a. tr. fcroncle,
esp. dial.jloronco, pg . .f(o)rnnclw) >dr. pop.jurnicel,jurincel (reg.),juni(n)-
cel (arch.), etc. ar. frinţel, sfîrnuţel, sufrînţcl etc. (variantes <lues a une conta-
minat ion avec d'autres mots, par exemple Ies mots dr., ar. furnică, ar. sfrîn-
ţeauă, sufrînţeauă, etc.) « furoncle ». Sigillum « sceau l> (dim. de s1:gnum),
conscITe cn it. suggella, trioul. siel, tr. sceau, prov. sael, cat. segdl, pg. selo,
idem, se retrouve egalement en dr. (pop.), sugel, sugiu (restitue, dans ce der-
nier cas, d' apres le pl. de la premiere forme sugel, considere comme un dimi-
nu tif; formes qui s'expliqueraient par un phenomenc de contamination, soit
en lat. a vec sugillare, soit en dr. a vec suge « sucer l>) « panaris I).
Cyma « fruit, pousse; sommet, pic» (<::: gr. xuµ.-x, litterakment «ce qui
s'enfle l)) >dr. ciumă « enflure l> (voir aussi cimnă = tăciune de pe poru.mb
<1 verrue de mais »), <1 peste», ar. ciumă «bou ton, enflure; cîme, sommet:
flocon de laine », mgl. ciuniă «flacon de laine; peste l> (avec Ies derives ciumu-
ligă, ciămu(li)gă (( tumeur sur la tete») (alb. qime (( enflure, gangrene, ul-
cere l) - voir ci-dessus §. 26 ;) 'it. cima, log. kima, engad. cima, fr. cime, prov.,
cat., esp., pg. cima, avec l'un ou l'autre des sens du latin cima= cymaJ 271 •
Panuc(u)la (< panus <1 tumeur; abces l>) (it. dial. panoca, idem) >ar. pă
nucl'e «peste l)(cf. aussi Ies ngr. mx.'1ouxJ..-x, bg. panukla, idem)(il y a donc dans
le cas des deux synonymes mentionnes un lien entre le sens « enflure » et le
sens « peste ») 272 •
175. Le panroman orbus <1 prive de la lumiere, prive de ses yeux l> >
>dr. orb, ar. orbu, mgl. uorb, ir. orb, idem (d. vuarb, ir. orbo, engad. orv, tri-
oul. uarb, a. tr. orb, prov. orp, etc.); d'un *orbicare>dr. (arch., reg.) orbeca,
orbica «marcher comme un aveugle, aller a tâtons ». Le panroman surdus (it.
sord0, log. surdu, engad. suord., fr. sourd, prov. cat., sort., csp. so1'do, pg.
surdo) >dr., mgl., ir. surd, ar. surdu <1 sourde l>; * (ad) surdire > dr. (a)-
sur::i, ar. ( a)surdzăscu, mgl. f!-ltSUrdzgs « assourdir » (it. assordire, fr. assourdir).
Le panroman mutus (it. muto, log. mudu, a. fr. mu, cat. mut, esp., pg. mudo)>
>dr., ar., mgl., ir. mut <1 muet »; mutulits <1 muet l> > mgl. muntur « niais;
taciturne; morose » (it. mutolo); * (ad)mutire > dr. ( a)muţi, ar. ( a)mu-
ţăscu, mgl. f!-nmuf<JS « devenir muet; perdre la parole; se taire » (it. ammutire,
a. fr. (a)muir, prov. (a)mudir). *Excloppus, scloppus (cf. cloppus) >dr.
şchiop, ar. şcl'op, sl'op, mgl. şcl'op, ir. şl'op <1 boiteux » (d. sklop, a. tr., prov.
clop, alb. shqep, shqjep); *excloppare, *scloppare >dr. (reg., arch.) şcht:opa,
m REW, 2438; PEW, 380; DELR, 363; DA, I, 2, p. 503-505; DER, p. 200-
201; SDE, p. 493; DEX, p. 156; DDA, P· 449-450; Capidan, Megl., III, p. 101.
z72 REW, 6209; DELL, p. 480; PEW, 1254; DELR, 1320; DDA, p. 956; Capidan,
A„., p. 149.
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220 H. Mihliescu
1173
Mihliescu, Lg. lat., p. 278; PEW, 15-49- 1551, 1555; TDRG, p. 1382-1383; DLR.
iXI, 1, p. -45--47; SDE, p. -499; DDA p. 1100, 11'16.
:m REW, 375-4; PEW, 708; DA, II, 1, p. 251-252; DER. p. 360; DEX, P· 370; SDE,
P· 8-4.
275
REW, 2551; DELL, p. -402; Rosetti, ILR, P· 191; PEW, -499; TDRG, p. ~85;
DER, p. 306; SDE, p. 123; DDA, p. -473.
278 PEW, 1530; DER, p. 726; DEX, p. 828; SDE, p. 373; DDA, p. 10.52.
1177
REW, 3351, 3703, 617-4; DELR, 603; Rosetti, ILR, p. 191; SDE, p. -459; CapidaD,
Megl., III, P· 128; Puşcariu, St. istr., III, p. 112.
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Du latin au roumain 221
sorbire, engad. suerver, prov., cat. sorbir, esp. sorber, pg. sorver). Sugere «su-
cer & >dr. suge, ar., mgl. sug, ir. suze, idem (it. suggere, log. suere). Lingere
«lecher » > dr. linge, ar. ( a)lingu, mgl. ling, ir. linze, idem (it. dial. linciri„
log. lingere, frioul. lendzi). Le panroman sitis (d. sait, it. sete, log. sidis, engad.
sait, frioul. set, fr. soi/ (a. fr. soi), prov., cat. set, esp. scd, pg. sede) >dr.
sete (a. dr. seate, seati), ar. seate, mgl. seati, ir. s,te « soif ».
Le panroman cacare (d. kakuor, it. cacare, log. kagare, engad. lher, fr.
chier, prov., cat., esp., pg. cagar) > dr. (pop.) căca, ar., mgl. cac, ir. cacă
<c chier » 278 • Exprimere « herausdriicken » > dr. screme (par dissimilation ou
par contamination avec excrementum), ar. sprem (suprhnare, spream1't) « s'e-
preindre; faire des efforts pour l) (it. spremere, fr. eprei'11dre, prov., cat. espre-
mer, pg. espromr) 219 . Le panroman (vulg.) mcrda > ar. merdu «excrement>>-
(d. miarda, it., lug., cngad. merda, frioul. mierde, fr. merde, prov., cat. merda,
esp. mierda, pg. 111trda). Stercus « fumier, excrement» > a. dr. şterc « ordure,
paille, impurete » (it. stereo, esp. dial. istiercu, pg. esterco) 260 • Bissire (<vis-
sire) >dr. băşi, beşi, ar. besit, mgl. bes (bişQrt) « peter; vesser » (fr. 1•esser
(a. fr. vessir), prov. ·vissi; cf. it. 1.:escia, frioul. ves(e), fr. vesse, etc.; toutes Ies
formes en usage en Occident ont holueEs a partir de vissire); *bissina ( < *vis-
sina) >dr. (pop.) băşină, beşină, mgl. b1.ŞQnă « pet » (it. dial. Mss1:nu, prov.
vesina; cf. it. dial. vesinar, fr. vener (a. fr. vesner), prov. vezi'nar < *v1'ssi'nare) 281
*Pissiare >dr. (pop.) pişa, ar. bşu (lcişare), mg1. pi·ş (pişan'), ir. pi~a. pişa
« uriner » (it. pisciare, log. pisare, engad. piser, frioul. pisa, fr. pisser, prov.
p1·sar, cat. pixar) 282 • Le panroman (mat vulgaire) fut(u)ere « foutre, avoir
des relations sexuelles avec unc femme ,> > dr. (pop., vulg.) fute, ar., mgl.
fut, ir. fute, idem (it. fcttere, log. futtire, engad. fuoter, frioul. joti, fr. foutre,
prov., cat. fotre, esp. liodcr, pg. fodcr, part.aut avec le memc sens de base et
avec le meme statut) 283 •
177. Le panroman dormire (d. dormer, it., log. dormire, cngad. dormir,
frioul. durmi, tr., prav., cat., esp., pg. dormir) >dr. dormi (arch., reg. durmi),
ar. dormu. (durnire), mgl. dorm (durmiri),ir. durmi, dormi« dormiri>; addor-
mire >dr. adornl1: (arch., reg. adurmi), ar. adormu (adurnire) « (s')endormir l)
(a. it., it. dial. addormire, a. fr. adormir, prov., cat., esp., pg. adormir); dor-
mitare >dr. dormita (arch., reg. durmi(n)ta), mgl. durmi'!ez (> durmitizari =
= durmitari) « sommeiller ,> (a. it. dormentare, dormitare, a. fr. dormier).
*Attepire ( <*adtepire = ad+tepere «faire chaud (tiede) »; tepeo « s'abandon-
ner a la mollesse ,>) > dr. aţipi « assoupir ,> 284 • Le panroman somnus (d.
samno, 1t. so1mo, log. so1111u, cngad. son, frioul, sium, a. fr. somme, prov.
som, cat. son, esp. sutiio, pg. sona) >dr. somn, ar. somnu, mgl. son, ir.
278 REW, 1443; TDRG, p. 251; PEW, 247; DELR, 206; DER, p. 122; DDA, p. 302;.
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222 H. Mihăescu
somnu « sommeil ». V1:sum « reve » > dr. vis, ar. yis, mgl., ir. vis, idem (cam-
pid. bizu); visare« rever» - dr. visa, ar. (11)yised::u, mgl. visez (g,nvisizes),
ir. v1:sa, idem (log. bizare). Sufflare > dr. sufla, ar., mgl. suflu (suflare, w-
f lari) <( souffler; respirer» (dr. pop.); a partir d'un *resufflare devait naître
le <lr. răsufla« respircr; souffleu (pop.); *su_ffli!us >dr. suflet (reg. suflit),
ar., mgl. suflit « halcine; vie; homme, personne; âme, esprit » (fr. soufflet,
prav. soflet; pour sufflare >dr. sufla(re) voir aussi: it. so/fiare, engad. su-
fla, frioul. sofld, fr. soujfler, prav. soflar, esp. sollar). *Cascare ( < gr. :;:licrxc..>)
>dr. căsca, ar. casw, mgl. casc« bâiller »(log. kaskare, idem) 285 •
Assudarc ( < ad.rndarc) >dr. asuda, ar. asnd (asudare), mgl. (q,n)sztd,
(f}n)s11dari (( suer; transpirer »;le panraman sudor, -orem (( sueur » (d. sudaur,
it. sudorc, engad. siiur, fr. sucur, prav. suzor, cat. sulzor, esp. sudor, pg. suor)
> dr. sudoare, ar. ( a)sudoare, mgl. sudoari, idem 286 • *Scuppire > dr. scitipa
(reg. scuipi, schipi, stupi, stulli, etc.), ar. (a)skuk.iu, stiK-escu, mgl. scup <c cra-
cher 1> (it. dial. stupar, sliupi, a. fr., prav., cat. escopir, esp., pg. escupir) 287 •
*Bab,z >dr. bală (rarcmcnt), bale (pi. < sing. *ba), ar. bală, mgl. bal'ă <c bave »
(le sing. en dr., ar. et mgl. est rcstitue d'apres le pi. bale, respectinment bal'e,
releve dans Ies trais dialcctes, forrnes de Lcaucoup plus frequcment utilisees)
(it. bm:a, log. baa, frioul. bat.•e, a. fr. be·uc, prav., cat. bava, csp., pg. baba.) 288 •
Stemutarc (*stranutarc) >dr. strănuta, ar. (a)ştimuted;;u, sttimut, strănut
SfUrUted;;u (C Cternuer 0 (it. Sfamufare, it. dial. SfrallUfari, log. isturridarC, engad.
staniider, frioul. stamudd, stranudci, fr. etern11er, prav., cat., esp. estornudar).
Subgluttius, su.gglutius ( = siu.gnltus) > dr. sughiţ, ar. sugl'iţu <( hoquet », et
s1tbgl11ttiare (= singultare) >dr. sugh1:ţa, ar. sugl'i:ţu (sugl'iţare), mgl. sitg-
l'iţ (sngl'iţari) « avoir le hoquet • (it. dial. suggyuttsari, esp. sollozar, pg.
·solu far) 289 .
178. Le panroman stare (d. stu.r, it. stare, log. istare, engad, ster, frioul.
sta, a. fr., ester, prav., cat., esp., pg. estar) >dr. sta, ar. stau (stare), mgl.
stau, ir. stt1 <c rester; s'arreter; habiter»; adastare (ad+ astare<adstare<ad +
+ stare) (( anstehcn I) > dr. (arch., reg.) adăsta, ar. adastu (< attendre; etre
dans l'attcnte I) (a. it. adastare (< zogcrn »). Le panraman jacere (( etre gisant
(cnterre); etre etcndu; etrc abattu I) (oppose a stare) >dr. zăcea, ar. d::ace
(d::.ăţeare, d:aţirc), mgl. zac (zăţeari), ir. ztlce, zăle (( etre etendu (parparesse
ou par fatigue); garder le lit; etrc malade; gesiu (it. giaccrc, fr. gesir, prav.
jazer, cat. jaure, esp. jacer, pg. jazer). Le panroman sedere (it. sedere, log. set-
tsae, engad. (se)d::er, fr. seoir, prav. sezer, cat. seure, esp. pg. ser) >dr. şedea,
ar. şed, mgl. 8Qd, ir. §edea « s'asseoir, etre assis, sieger; rester, durer; habiter,
etc. I); *assediare (cf. assidere) >dr. aşeza« (s')asseoir; (se) mettre; se (de)po-
ser; (se) rangcr; (s')etablir, etc.», ar. aşed(::u) <c asseoir » (esp. asear, pg. ase-
285 REW, 1733; M.ihăescu, Infl. gr„ p. 52; PEW, 306; DELR, 282; DA, I, 2, p. 176-
-178; DER, p. 146; SDE, p. 226; DDA, p. 318; Capidan, Megl., III, p. 63.
286
Mihăescu, Lg. lat„ p. 278; REW, 3076 (asuda< lat. exsudare), 8427: PEW, 1672
(voir REW. 3076); DELR, 107; DA, I, 1, p. 334- 335; DER, p. 46; SDE, p. 38; DDA, p. 234,
1129; Capidan, Megl„ III, p. 279.
287 REW, 8014; PEW, 1566; CADE, p. 1126; DER, p. 741; DEX, p. 842; SDE, p. 385;
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Du latin au roumrun 223
iar). Collocare « poser, (de)poser; coucher; enterrer, etc.» > dr. culca, ar.
culcu, mgl. culc, ir. cuca « (se)coucher » (it. collocare, fr. coucher, prov., cat.
esp. colgar). C'est peut-etre a partir d'un .*excub(u)lare (cf. cubare « coucher »)
qu'ont du evoluer Ies formes dr. scula, ar., mgl. scol, ir. scula « (se) reveillcr,
(se) lever, etc.».
Le panroman cadere (d. kadar, it. cadere, frioul. kadcr, fr. cheoir, prov.
cazer, cat. cdurer, esp. caer, pg. cair) > dr. cădea, ar., mgl. cad, ir. cad~ <1 tom-
ber ».Lubricare ( < lubricusj « glisser » > dr. ( a)luneca (reg. ( a)lunica; arch.
reg. (a)lureca, (a)lurfra), ar. alunie (alunicare), mgl. lurec (luricari), idem
(a. fr. lovergier, fr. dial. lurzii). Le panroman ire (d. zer, it. ( g)ire, fr. (futur)
irai, cat. ire, prov., cat., esp., pg. ir) >a. dr. i (1'mu « nllons », voiu i <1 j'irai »,
i-voru (I ils iront »). ar. i (I va!», ir. ii (I aller >) (defectif. de meme que dans Ies
deux autres dialecte!' roumains et tout comme dans toutes Ies langues romanes.
occidentales) 29 0. Lat. vulg. mergere =mergi <1 se couler, se noyer » > dr.
merge, ar. nergu, mgl. merg, ir. m~re « aller, marcher» (a. it. mergere <1 abattre,
jeter a terre », engad. scl11nerscher « jeter dans un precipice, abattre des ar-
bres au sol» et alb. aussi mJrgoj. « cloigner, ecarter », mais toutes ces formcs
ont evolue a partir du lat., plus ancien, mergere <1 couler, noyer » (voir ci-des-
sus §. 26} :.: 91 . Le panroman vadere >dr. va (dans la locution populaire mai
va« il y a encore jusque la-bas; il se passera encore du tcmps jusqu'alors »),
vă, vaţi (vareţi) «marche! marchez!» (imperatif; arch., reg.), ar. ·vai « que
tu marches; marche! », mgl. vm· « marche! » (d. ·uis, it. vado, log. bae, badzi
(imperatif), frioul. voi, fr. vais, prov. vauc, cat. 7.!aig., esp., pg. vado). Le pan-
roman passus <1 pas» > dr., ar. pas, idem (it. passo, log. passu, engad., frioul.,
fr., prov., cat. pas, esp. paso, pg. passo et alb. aussi paslz); *passare (<pas-
sus) > dr. (arch., dg. - notamment a l'imperatif) pasă, păsănz, păsaţi <1 Ya,
allons, 811ez », dr. (pop.) pas(ă) de ... , pas(ă) să ... « essaie un peu de ... ;
va donc (faire) si tu peux ... »,pasă-mi-te (< c'cst que », ir. pasâ (seulement a
l'imperatif) «marcher, llller, partir, s'en aller » (it., log. passare, engad. passer,
frioul. passci, fr. passer, prov. passar, esp. pasar, pg. passar. Ambularc « llllcr,
marcher, deamtulcr » > dr. umbla (reg. îmbla; circh. blare, infinitif; blăni.
(blem), blămaţi(blemaţi), imperatif), ar. imnu(imnare), mgl. amnu ( amnari),
ir. (ă)mna, idem (it. ambiare, frioul. la, fr. aller, ambler, prov., cat., a. csp.
amblar, pg. ambrar) 292 • Perambulare (per+ ambulare) <1 (se) promener » >
>dr. plimba (reg. preumbla, pri·mbla), ar. pri(i)mnu (pri1"n111arc), rngl.
priamnu, idem. Ordinare « mcttre en ordre; ordonner » > rngl. urdin, idem,
dr. (arch., reg.) urdina, ar. urdi·n (urdi'nare) « courir de ci de la, aller sans ccsse
au meme endroit >) (dr.); (< circuler, s'enfiler, se succeder (chemin faisant) I
etre li bre ou accessible a la circula tion etc »; Ies forrnes presentees par Ies
I
autres langues romanes ont eu pour point de depart un terme restitue *ordi-
ni·are; le dialecte megleno-roumain est le seul a avoir conserve le sens latin,
quant aux daco-roumain et aroumain, ils temoignent de l'apparition ulte-
rieure des ciutres sens qui, dans ces deux dialectes, devaient evincer le premier.
280 REW, 4545; PEW, 772; DELR, 812; DA, II, 1, p. 464; [Densusianu, ILR, P· 797 ~
Rosetti, ILR, P· 568; DDA, p. 670; Puşcariu, St. istr., III, p. 313.
281 REW, 5525; Mihăescu, Lg. lat., p. 284; PEW, 1058; DELR, 1080; DER, p. 516;
SDE, p. 255; DDA, p. 924; Capidan, Megl., III, p. 188; Puşcariu, St. istr., III, p. 314.
m REW, 412; PEW, 1797; TDRG, p. 1676; CADE, p. 1370; DER, p. 872; SDE, p.
504; Rosetti, ILR, p. 156, 504, 506; ms. rom. 5484 BAR, 28v (Codicele TodOTescu, mis-
cellan~e religieuse du commencement du X\'IIe siecle); DDA, p. 677; Capidan, Megl., III, p.
12; Puşcariu, St. istr., III, p. 302.
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224·
Le panroman fugire (=/ugere) >dr. fugi, ar., mgl. fug, ir. Juli « fuir,
s'enfuir, courir »; « partir » (ce-demier sens en ar. et mgl.) (it. fuggire, log.
fuire, engad. fugir, frioul, fui, fr. fuir, prov., cat. fugir, esp. huir, pg. fugir);
fuga, -am «foite» - dr. ar., mgl. fugă, ir. fug~. idem, <« depart » (en ar.) (it.
fuga, log. jua, a. fr. fuie; sens plus ou moins prochcs au sens latin). *Allar-
garc ( < ad+ largare, verbe du langage des troupcs, atteste dans un texte du
yc siecle), derive de /argus et signifiant <« rompre Ies rangs au pas de course &
(car le mouvcment en question exigeait de la rapidite) > dr. alerga, ar. alag
( alagare), mgl. lag (lagari) « courir » (Ic sens de base) (it. dial. alargarse, log.
allargarcsc <« s'eloigner »); notons que le dialecte aroumciin comporte, civec le
meme sens de <« courir », egalement le terme adălag ( adălăgare) ( < ad +
+ *allargarc) forme nee d'une nouvelle composition, avec le meme pre-
verbe 293 . Trepidare ( < trepidus) « trepigner, s'agiter, trembler, se hâter,
courir » > dr. (pop.) trepăda «< courir, marcher sans cesse d'un endroit a l'au-
i.rc; s'agiter » (it. dial. trespiggiarc).
Le panroman i11trarc (it. mtrare, log. intrare, engad. intrer, frioul, intrd,
fr. mtrcr, prov., cat., csp., pg. cntrar) >dr. i1itra (pop. întra), ar. intru, (frt-
trare), mgl. eţntm ( Q.11trari) « entrer t. Le panroman exire ( it. usc irc, log. bes-
sire, frioul, i~i. a. fr. cissir, issir, prov. eisir, cat. eixfr, esp. exir) >dr. ieşi,
ar. (i)es(u), (i#re), mgl. ies (işQri), ir. ieşi«< sortirt.
Subirc ( < ire) « s'approcher de; venir sous; (plus tard:) monter t >
>dr. sui, mgl. mi <« monter • (a. esp. sobir, it. dial (contam. avec susum)
s11sir1:, su sire). Descen.dere > a. dr. de.ştinde, dcştinge « descendre » (it. scendere,
fr. descmdre, prov. deisender, a. cat. dexmdre, csp. pg. descender).
Lepanroman venire (d. vener, it. venire, log. bennere, engad. gnir, frioul. vini,
fr .. ~ pro\'. vcnir, cat. v1:ndre, csp. t•mir, pg. ·vir) >dr. veni, ar. yin (vinire,
yincare), mgl. v1:11, ir. veri «venirt. Le derive populaire appropiare (ad+
+ propio < propius, nom. de propior < propc) « rapprocher • >dr. apro-
pia, ar. aprolfo (aprolCeare), mgl. prolCizt (pmkiari) <«(se) rapprocheu (log.
approbiare, fr. aprocher, a. prov. apropchar, cat. apropar) 294 • Adiungere
~ joindre a I)> dr. a_iunge, ar. agiungu (agiund::ire, agiund::care), mgl. jung
(ittW:iri) (C arriver; (se) rejoindre; s'entendre (dr. afCh., reg.); deVCilÎf egal,
etc.» (it. aggiungere, log. ajungere, fr. adjoindre (a. fr. ajoindre), prov., a.
cat. ajonher; Ies sens du roumain se retrouvent en it. (a., dial.) et en fr. dial.).
Plicare <« plier » >dr. pleca, ar. ( a)plec, ( a)plicare, mgl. plec (plicari)
<« pcncher, incliner, se coucher (le soleil), (se) soumettre, etc.; partir » (it.
picgare, engad. player, frioul, pled, fr. plier, player, prov., cat. plegar, esp.
llcgar, pg. Chegar); l'evolution Semarttique de (C plier I) a (C partir >), atteste en
italicn aussi, a du avoir en lieu d'a bord dans le langage des militaires qui, au
moment de quitter un cantonnement devciient plier leurs tentes (cf. le fr.
« plier bagages ») ; ce terme se rnngerait donc sous le meme rubrique que celui
precite: alerga; par contre, en espagnol et en portugais, l'evolution seman-
tique n'a pasete determinee par unc connexion de ce genre, mais bien en fonc-
tion d'une autre, peut-etre plus familiere aux locuteurs respectifs, de sorte
-qu'elle allait conduire de « plier • a <«(se) rapprocher, arriver, venir •: appli-
293 REW, 342; Mihă.escu, Lg. lat., p. 25; TDRG, p. 47; PEW, 61; DELR, 952; Graur.
Etimologii, p. 54 (<lat. *allergare); SDE, p. 24; DD ..\., p. 129; Capidan, Ar., p. 353-35.of;
Idem, Megl., III, p. 164.
2" Mihăescu, Lg. lat., P· 65; DELL, p. 538-539; REW, 557; PEW, 102; DELR, 66;
DER, P· 31; SDE, P· 33; DDA, p. 178; Capidan, Mcgl., III, p. 235.
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Du latin au roumain 225
295 REW, 548, 6601; Mihăescu, Lg. lat., p. 25; HEM, I, P· 148; TDRG, p. 77, ll85-
118fi; PEW, 97, 1324; DELR, 1402, 1403; DA, I, l, P· 194; DER, p. 29, 636; SDE, p. 32,
317; DDA, p. 996-997; Capidan, Megl., III, p. 226.
m Capidan, Megl., III. P· 209; PEW, 1201; DELR. 1255; CADE, p. 1366.
297 TDRG, p. 1309; PEW, 1450; CADE, p. 1049-1050; DEX, p. 780; SDE, p. 368.
zge Mihăescu, Lg. tat., p. 28; REW, 4443; DDA, P· 166; PEW, 868; DELR, 1261, 1262;
TDRG, p. 824; Rosetti, ILR, P· 500; DER, p. 432; SDE. p. 510. .
299
Mihăescu, f-g. lat., P· 66, 301; REW, 776; PEW, 103; DA, I, l, p. 211-215; DEX,
P· 47; SDE, P· 33; DDA, p. 179.
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226 H. Mihăe5cU
>dr. atingt', idem (it. attingcre, idem). A partir d'un *accaptiare (ad+ cap-
tiare ( < captio =capia) ~ chasser ») on a explique le dr. acăţa, agăţa, ar.
acaţu, ( acăţare), mgl. caţ (căţari), ir. (a) caţd « saisir, (sJaccrochcr, (se) pendre,.
etc.» ~oo. *Tragere, trahere « traîncr, tirer » (pour ce qui est de *tragere cf. tra-
if.llm, tragufo) >dr. trage, ar., mgl. trag, ir. fraze, idem (d. truar, it. fr,irrt', log.
traac, frionl, trai, fr. trairc, pro\·. traire, cat. traure, esp. traer, pg. tra:er) ::~ 1 .
Le panroman po1W't' "poser, placcr » (it. pon·i·, iog. p6111w·t", fri01il.
pani, esp. p(l11er, pg. por; it. dial. p611der, frioul. pondi, fr. }!ondrc, pre,·. po11re,.
cat. -pondre) >dr. p1111t', ar., mgl. p1111, ir. p11rt', idem, « mcttre »; depontre
« c}(>poser, mettre a terrc » > ar., mgl. dipun « dCSCL'l1<lre; ak1iSSCT » (dr. ,fr-
p1111c <• conccYoir, portl"r dans ses flancs » - cn parlant d 'une bre bis ou d 'tme
,·ache); le tl'nnc figure J;ins <l'autrcs langucs romancs: it. deporrt', log . .le-
/1n1111ac', frioul, dai'Vlli, pro,·. 1frfo11rt", csp. depo11cr, pg. dt'fâr.
Le pan roman ft'll!'Yt" (d. tmar(e), it. lt'llt'l't", log. tcJ1111~'rt', engad. tg11c1ir,
frioul. tilii, fr., pro,· .. cat. tmir, esp. tmcr, pg. tir) >(Ir. (i11c(a) (reg. ţîne(,1)),
2r. fin ({î11eart"). mgl ('}li (!â11t"cm), ir. fire <• tl'nir i>; *attmac (= attinac
« <t'.·ten<}rl' jusqu'~1. tl'nir a, tonchcr, garder ») >dr. tlfi11c(a) «SC tcnir OU
(.trl' pret (a saisir ou ;l attrapl'r qqch. ou qqn.). guetter (qqn. au pas~age);
etrc aux ;:igucts (pour s'cmparl'r de ... , attrapcr ou capturer qqn.); attendre
an pa~~;:igl'; ten ir Ies clwmins: snivre de pres », mot qui dcj a du tcmps <lu b tin
t:t~ it l'ntn~ de plus en plus d;'ns la tcnninologie militaire, comme cn temoi-
gnent notamment ses scns en daco-roumain (\'oir par a illeurs aussi: it. attoit·rc,
;i. fr. a/mir, a. J1fO\". c1tma, cat. alenirse, esp. at/t'llcrst', pg. ala-se). Le <leriYe
frioul. vyodi, fr. <oir, proY. <!t".::er, cat. veure, csp., pg. ver) >dr. vedea (reg.
1
1)idv, ar., mgl. vd ('vidcart", <1ideari), ir. ved~ <• voir; chcrcher; examiner; ai-
300
PEW, 7; DELR. 6; DA, I, 1, P· 11-12; DEX, p. 17; SDE, p. 18; DDA, p. 101-102;
CapiJan, Mcgl., III, p. 65; Puşcariu. St. istr., III, P· 301.
Joi HE""· 88'11; PEW, 1752; TDRC, p. 1630-163'1; DLR, XI, 3, p. '156-472; DER,
P· 8.'\5; SDE, p. '131; DDA. p. 1189-1190; Capidan, J!egl., III, p. 297-298; Pu~cariu,
St. istr., lll, p. 137.
o;; l\1ihăescu, Lţ. lat„ p. 283; HEM, 2, p. '133; REW, 2908; DELL, p. 582; TDRG, p.
3
99-100; CADE. p. 85; DEX, p. 54; SDE, p. 36 (PEW, 132 et D ..\, I. 1, p. 278 <lat. avcrr11n-
co, -art• o cluigncr, ecarter •).
ao 3 HEW, 28.15; TDRG, p. 818; PE\\T, '12; DELR, 865; CADE, p. 659; DA, I, 1, p-
7G-77; li, 1, p. 70'1; DER, p. H, 431--132.
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Du latin au ronmain 227
<ler, etc. I). Le panroman audire (it. udfre, engad. udfr, a. fr. oir, prov. aiesir,
cat. ohir, oure, esp. oir, pg. ouvir) >dr. au,:i, ar. avdu ( avdzire), mgl. ud,
ir. arzi « oui:r, entendre, etc.». Le panroman ascultare (=auscultare) (it.
ascoltare, log. askultare, askustare, engad. ascoltcr, frioul. slwltâ, fr. ecouter
(a. fr. ascouter), prov. escoutar, cat. escoltar, esp. asmchar, esmchar, pg. escu-
tar) >dr. asculta, ar. aswltu (ascultare), mgl. scztlt, ir. (a)swta «ecouter;
obeir », etc. Gustus >dr. gust, ar. gustu, ir. gust, gust <i golit» (it.gusto, engad.
guost, frioul. gust, fr. gout, prov. gost, cat. gust, pg.gosto); gustare >dr. guşta,
cir. gustu (gustare), mgl. gust (gustari), ir. gusta. gusta «gofi.ter» (it. f_ttsla:-c,
engad. guster, frioul, gusta, fr, gouter, prov. gostar, cat. gustar, esp., pg gos-
tar). Le pan roman acrus, agrus ( = acer) (it. agro, log. a~ru fr. aigre, pro\·.,
cat. agre, esp., pg. agro) > dr„ ?r., mgl. acru « ciigre » 301 . Amarus <i amer »
(sens physique et moral) >dr., ar. amar, mgl. (<ţn)mm', idem (it. amaro,
engad. amer, frioul. mar, fr. amer, prov. amar); amaritia ( < amarus) >dr.
(reg.), ar. amăreaţă « amertume » (it., engad. amare:::a, prov. amarcsaJ. Le
panroman dulcis -em « doux » (sens physiquc et moral) (d. dolk, it. dolcc, log.
dulke, engad. duc, frioul. dolts, fr. doux, prov. dous, cat. dolr, esp. dulce (a.
esp. duz), pg. doce) >dr. dulce, Clf. dulţe, mgl. dutţ1·, ir. d11l'ce, idem; apartir
d'un *indulcire ( = frzdulcere) ou par derivation sur le terrain du roumain
sont n,ees Ies formes dr. îndulci, ar. ( a)ndulţescu ( (a)11dulţirc), mgl. nd11lţes
(ndulţiri) « adoucir » (it. 1·ndolcire, log. indulllirc, a. fr. endoucfr, cat. endolsir,
:a. esp. endulcir); dulcor, -orem ( < dulcis) > dr. (arch. reg.) dulcoare (( dou-
ceur » (fr. douceur, prov. dolsor, esp. dulzor). Du lat. vulg. putire (=putere)
·«puer» ont evolue Ies dr. (pop.) puţi(re), mgl. puţQS (putsQri), idem; de in-
putire ou par derivation en roumain > dr. împuţi·« pourrir, puer, empester ~.
ar. cunput « puer » (it. putfre, log. pudire, fr. pucr (a. fr. puir), prov., cat.,
a. esp. pudir); putor, -orem «puanteur» >dr. (pop.), ar. putoare, mgl. pu-
toari, idem (it. dial. pu(d)or, fr. pueur, prO\ ., C8t., a. esp. pudor); a partir
d'un *puteosus a du probablement se developper le dr. pucios « mauvaise
senteur » (arch.), « nauseabond » (pop.); c'est a part ir <lu premier sens que nous
venons de mentionner que s'est formee la locution dr. (arch.) piatră pucioasâ,
litteralemcnt (( picrre nauseabonde >) et le dr. (pop.) pucioasă, terme designant
le sulf - voir ci-dessus, §. 157 305.
130. Albus <(blanc (mat) » > dr., mgl. alb, ar. albu, ir. ab1t, idcin (d.
jualb, log. alvu, cngad. alj, pg. alv); dc-albus > dr. dalb «blanc» (cf. dealbare
> a. fr. daubcr (( blanchir a la chaux, chaulcr »; deaurare > it. dorare, fr.
dorcr, proL daurar, c2t., csp. dorar, pg. dourar); exalbidus ( < ex albesco <
< albus) <( blanchâtre » >dr. s( c)arbăd, 8r. Slrlbid, sarbid « pâle, bleme »;
+
*albaster ( < albus +-aster) « blanchâtre » >dr., ar. albastru «bleu» (2r.
nalbastru <(gris, poivrc et sel », ce mot du parler des habitants de Grarnuste
semble rappeler le sens initial du derive latin); ments «pur, sans rnelange » >
>dr. (arch., reg., notamment dans Ies parlcrs de Transylvanie) mieru (m11.e-
ru, 1leru) «bleu» (it. dial. mierţ, log. meru, a. fr. mier, cat. mer, csp. me-
ra). Galbinus ( < galbus) « vcrt pâle; jaune » > dr. galben (reg. galbin), ar.,
301 DELL, p. 6; Mi hă.eseu, Lg. lat., p. 228; REW, 92; PEW, 16; DELR, 13; DDA, p.
104; Capiclan, 11/egl., Ul, p. 7. ·
~ 05 Mihăescu, Lg. lat., p. 279; RE'W, 6876, 6883; PE\.Y, 1394, 1414, 1419; TDRG, p.
771, 1275, 1286-1287; CADE, p. 639, 1021, 1033; DA, II, 1, p. 535-536; DLR, VIII, 5,
p. 1721-1722, 1860; DER, p. 681: SDE, p. 343, DDA. p. 150; Capidan, Megl., III, P: 243.
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228 H. Mihăescu
mgl. galbin, ir. găbir « jaune » (fr., pro\'. jaunc (a. fr. jalnc); alb. aussi (i, e)
{!,jdber <c \'ert pâle », cf. ci-dessus § 26). Le panroman niger, -gra, -grum (iL
~iao, engad. 11air, frioul. 11eri, fr. noir, proY., ccit. 11t"gre, esp., pg. negro) >
> dr., ar., mgl., ir. negru • noir I); de 11igritia ( Yoir aussi a. it. negrc::a) ou
par derivation sur le terrain du roumain se sont deYeloppes Ies dr. negreaţii,
mgl. nigrcafă, idem, ct, a partir de la, cn mgl. « prundle - zone noire de l'reil »;
un proccssus analogue dc\"ait sans doute aboutir au terme dr., ar. et mgL
albeaţă (j blanchcur; taie de l'reil.,, ayant Ies memes sms (y compris celui rela-
tif a l'reil) dans lcs trois diakctes roumains; pour cc qui est du sccond terme,
dans le cas duquel la deri,·a t ion cn roumain est la premii·re a en\"isager, il a
pu aussi prcndrc comme point de depart un lat. *albitia (<a/bus). On n'a
rekve qu'cn roumain le mot mul'u, synonymc, des dr. 11t"grfrios et mgl. ni-
.::::ri(os ( < 11(.!:!_Y/l) Cc 110irâtrc; I10iraud li, denfoppe a partÎr du lat. mltllfUS (<de-
COllkllr rouge », conscr\'e au~si cn log. mud::.u. Rosc11s • coukur de la rose „
>dr. roş(u), ar. (a)ro~u. mgl. roş ir. roi§, roiz « rouge »; cn ar. le mot signifie
aussi «blond» (it. dial. rase • rougc I): russus « rougc ~> > dr. (arch., reg.)
ms, ar. (a)ms, mg-I. nts 41 rouge; rougeâtre •; cn ar. egalcment (<blond (rous-
<:.f1trc) I); a propos de cc clcmil'r sens, il com·ient d'cm·isager egalement une
influrnce slan' 3 os; robcus ( < rubms) (I. rougc • >dr. ro1·b, ar. aroibu • chc\"al
alczan * (~. it. robbio, log. ruyu, fr. rouf!e, pro,·. roi, cat. roig, csp. rubio;alb.
:rnssi rrojbe, rrolbc, cf. ci-ckssus §. 26); la consen·ation de cc terme' dans le
langagc stricteml'nt lie a l'ell'\"age rcpresente un trait particulier de la langue
roumaine. l'mdus 'bleu turquoise • (adjectif deri,·e du nom de la \"ille de
\' enisc) > dr. vînăf, ar. vinil, mgl. vină! • \"iolace i>. Le panroman vir ( i) dis
(it. verde, log. birde, engad. i.•erd, frioul., fr., pro\'., cat. "l'Crt, esp., pg. verde)>
> dr. verde, ar. i.•farde, mgl. veardi, ir. ''~rdc • vert o. Camttits ( < rnnus)
• chcnu • > dr. cărunt (reg. că111mt), idem, ar. că11ut «gris (en parlant des
chevcux) •. A partir de virgatus • \'erge • ou par deri\"ation en roumain sont
necs Ies forrnes dr. vărgat, mgl. virgat, idem (it. vergato, a fr. vergii, prov.
vergat).
181. Strambus ( = strabus) • Ies ycux de travcrs, louchc; pervers 11 >
> dr. strimb, ar. strîmbu • tordu: qui n'est pas droit 1> (antonyme de drept{u)
~ droit • ( < directus). mcntionne ci-dessus, (Ş. 170) comme l'oppose de (a)-
stîug(11) • gauche ») (it. strambo, frioul. stramb, pg. cstrambo et aussi cilb. slzt-
remp, shtrcmb, (i, e) slttrcmber, cf. ci-dcssus, §. 26) . •'\t!argo, -i·nem «bord.
margc • > dr. margine, ar. mard:inc (dr. margi11ă, ar. mard:ină sont des for-
mes au singulier rcstituecs d'apres le pluriel), mgl. mar:;ini, idem (d. mrgan,
it. margiue, a. log. margine). Cc fut probablement apartir du lat. mutulus utoute
especc de saillie de picrre ou de bois s'avan~ant au-dela de l'aligncment d'un
mur; mutule, corbeau »>dr. muchie (muche), ar. mucl'e, mgl. mucl'ă «are-
te; bord; sommct » (it. mucclzio, log. muyu, etc., changeant sans cesse de sens);
l'cvolution semantiquc de ce mot dans Ies langucs romanes qui l'ont conserve
aoe REW, 7379, 7-466; TDRG, p. 1339, 13"17 (dr. rus< sl. ru:;1i}; PEW, 1'475, HS7;
C..\DE, p. 1081-1088 (dr. rus< ·1sl. rusu); DLR, IX, p. 560-56-4, 6.30 (dr. rus< bg., ser.
rus); DER, p. 706 (dr. ro,rn, ar. aroş, mg!. roş, ir. roiş <lat. ntss11s ou <le lat. 'l'Oseus), p. 710·
(<lr. rns, ar. arns, mg!. rus< sl. rusu): DDA, p. 209, 217, lOH, 10-46 (artis<:;l.'l.t. n1ssus: :::iour
rus ~blond. roux~. cf. sl. nml, idem); Capidan, .\legi., III, p. 2.51, 25.1 (rus< bg. rus); Puş
cariu, St. islr., III, p. 131.
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Du latin au roumain 229"
laisse a supposer que le changement du sens initial a du avoir eu lieu tot 307 •
Ang(u}J.us « angle »>dr. unghi, idem (it. dial. aiio, fr., prav., cat. angle).
A partir d'un lat. *cavula ( < cavus « creux ») on a explique Ies formcs dr.
gaură; ar. gav1'ă (cette-derniere mise en relation egalement avec l'alb. ::gaver,
-ra <1 cavite »), mgl. gaură« trau » (it. dial. gavla « l'auget d'une raue de mou-
lin »)::os. Circus « cercle » > dr. cerc, mgl. ţerc, idem (it. cerea, log. kirku, esp.,
pg. ccrco) et, partant du diminutif synonyme circ(u)lus > ar. ţercl'u, idem
~it. cerchio, log. kilC.U., cngad. Cierliel, frioul. scrkli, fr., prav., cat. ecrele). Le
panraman signwn 11 signr; sigm1l )) (it. scgno, log. simiu, engad. sdi, prav.
senh, cat. senya, esp. Sltia, pg. scnha) > dr. semn, ar. snmm, mgl. scnw (a
Liumniţa siămn), ir. sămnu, en alb. aussi slicni, slicnjC), idem; siguare <(mar-
quer d'un signe» >dr. (arch,, rcg.) semna (sămna), ar. semnu, ir. sâmna,
idem; depuis le lat. ntlg. insignare « marquer l>, ou bien par derivation sur
le terrain du raumain, pravienncnt Ies dr. însemna, ar. 11simned::u, idem (quant
aux descendants respectifs des langucs ramanes occidentales, it. i11seg11are,
fr. oiseigner, prav. ensenlwr, cat. cnsenyar, esp. msdiar, lcur evolution Ies a
conduits vers Ies significations: <1 montrer, apprendre a, foire la le<;on aqqn. »).
Formosus (<forma) prapremcnt <( fait au moule », par la suite «Lien
fait, beau)) >dr. frunzos <1 beau)) (a. it. dial. (ven.) formoso, prav., cat. for-
mos, csp. hermoso, pg. formoso); de frumos, par derivation en roumain, ou
a pntir d'un derive verbcil rc!'"titue *informosiare a pu se developper le dr.
(arch. reg.) înfrumuşci (înfrumşa, înfrîmşa) <1 embellir, orner )), cepencbnt que
le p~rticipe *(in)formosiatus aura fourni l'explication des termes en usage
dans Ies dialectes raumains sud-danubiens, au lien du dr. frumos gui leur foit
defaut: ar. muşcat, mgl. (a Ţârnareca) muşat, ir. muşat (en dr., la forme muşat
«beau» - mot câlin adresse a un petit enfant - ne s'est conserve qu'a titre
regional, dans Ies parlers de l'oue. t de la Transylvanie, et dans l'onoma~ti
que) 309 • En tant qu'antonyme de frumos cn daco-roumain et en aroumain
s'avere d'usagc courant le mot urît (en ar. aussi aurît). representant en foit
le participe du verbe dr. urî, ar. (a)urăscu, (a)urîre <(halr, detester» (<lat.
vulg. *horrire = horrerc); il s'en suivrait donc que Ies formes dr., ar. urît
t laid » traduisent la forme verbale du latin horritus. Le panroman grassus
( < crassus, influence par grossus) >dr., ar., mgl. gras, ir. grâs «gras» (it.
grasso, log. rassu, engad., frioul., fr., prov., cat. gras, esp. graso, pg. graxo);
*ingrassiare > dr. îngrăşa, ar. ngraşu (ngrăşeare), mgl. <ţngraş ( <ţngrăşari)
« engraisser )) (voir aussi fr. engraisser, prov. cngraisar, cat. engreixar). A par-
tir d'un lat. *jragidus ( < fracidus, influence par fragilis) devait apparaître
le dr.fraged<( tendre, frelc )) (istr.fredo, ven.fredo, frioul. /raid) Afttcidus <1 moi-
si )) :'>dr. muced, idem (it. mucido, frioul, milzar). Viscosus ( < viscum, vis-
cus <( gm; glu ») « gluant, collant » >dr. văscos (arch.), vîscos, idem (prav.
vescos).
307 REW, 5797; DELI~. p. "127; ILR, II, p. 154; TDRG, p. 1016; PEW, 1114; DELR,
1159 (< lat. *mutila < mutilus); DLR, VI, p. 943-945 ( < lat. "'mutila = mutulus); Graur,
BL, V, p. 70; DDA, p. 826; Capidan, Megl., III, p. 196.
3 oe REW, 1795; TDRG, p. 166; PEW, 701; DELR, 720; DA, II, 1, p. 238; SDE, p.
84; DDA, p. 581; Capidan, Megl., III, p. 137.
3 oo REW, 3450; DELL, p. 247; PEW, 656; DELR, 655, 656; DDA, II, 1, p. 179, 671,
672; SDE, p. 462; Densusianu, ILR, p. 455, 797; Rosetti, ILR, p. 592; DLRV, p. 102, 126;
DELROl\I, p. 84, 150; DDA, p. 840; Capidan, ;uegl., III, p. 199; Puşcariu, St. ist1·., III, p. 123;
DLR, VI, p. 1042.
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230 H. ~lfihăcscu
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Du latin au roumain 233·
163. Le panroman smtire (d. senter, it. sentirc, log .. sentire, engad. sentir,
frioul, sinti, fr., prov., cat., esp., pg. sentir) >dr. simţi, ar. simtu, sintu (sim-
(îre), mgL s1:nt (sintsQri) « sentir ». Le panroman placere (d. plakar, it. pia-
ce're, log. piâgere, engad. plazair, trioul, pla:::;i, fr. plairc (a. fr. plaisir), prov.
pla::er, .cat. plaure, esp. placcr, pg. pra:::;er) > dr. plăcea, ar. piirc ( plăţcare)
«pia.irc>! (voir aussi l'alb. pelqcj, idem). De siderare> a. dr. (XVI'" siecle) de-
şidcra <(de~ irer, souhaiter viwment », alb. deshiroj <( desircr » (it. dcsidcrare,
fr. des/rer) 310 . Le panroman dolus (=dolar) « <louleur, desir nostalgiquc »
(a ttc~ te avec cc sens-la par Ies in~criptions mists au jour dans diverses pro-
vinces romaines) > dr. dor, ar. dor « desir, nostalgic, de~ir ardent, passion,
amour; ~mal, doulcur », mgl. dor <( douleur » (it. durdo, log. dolu, frioul. d11l,
fr. dcui'l (a. fr. duel), prov., cat. dol, csp. duela, pg. d6); le panrorn;in dolar,
-orl'm, <c-douleur » (it., log. dalare, cngad. d11l11r, fr. dculrnr, prav., cat ., csp.
dolar, pg. dâr) >dr. (arch., rcg.) duroare, alb. (arch.) dullp, idem; le panro-
man dolae (( eprounr de la douleur, avoir mal, souffrir (physiqucmcnt rt
mora~~ment) » (d. dol( ar), it., log. dolcrt', engad. dulafr, frioul. duli, a. fr.
doloir, prov. doler, cat. dolre, esp. doler, pg. doer) >dr. d-ztrea, ar. dor (dure are),
mgl. doari (durari), ir. ditr(l, idem (en ar., il prcnd aussi le sens de <( desirer,
a imer »); c'est probablemcnt partant d'un lat. *doliosus ( <dolium <cdouleur, cha-
grin ») que sont nees Ies formes dr. duios, ar. adil'os (( tcndre; doux; sensible;
melancolique (dr.); (ar.) rnisericordieux >) (it. doglioso) 311 .
Superare « surpasser, depasser, vaincre » >dr. supâra <((se) fâcher; de-
ranger; (s')irriter », ar. şupăr (şupărare) (( railler, se moquer » (a. it. soprare,
prov., cat., esp., pg. sobrar (la langue roumaine est celle qui s'est le plus ecar-
tee du sens latin, alors que Ies autres langues romanes qui utiliscnt ce mot
ont eYo)ue vers des sens derives plus prochcs; pourtant, la liaison semantique
ne saurait s' expliquer difficilement en rournain non plus). Lat. vulg. :i·11terri-
tare <( .c_xciter » >dr. întărîta(re) (arch. înterita, întărita) · <c exciter, irritcr,
mettr,e en colere » (it. dial. nt~rr~t(i)are, a. fr. enterier) Extempcrare <((se)
calmer, s'apaiser, (se) tempercr » > dr. (arch., pop.) stîmpăra, idem; il n'est
pas exclus que la variante actuellement en usage, astîmpăra, soit elle aussi
ancienrie et, tel etant le cas, qu'elle soit due a unc contamination avec attent-
perare · ( < adtemperare) . .1.vl ani a ( < gr. µoc'J Lot ((folie, derncncc », qui devait
influer sur la position de I' accent) <c furie, courroux, folie» > dr. 111înfr, alb.
meri, meni (( colere, fureur, haine» 312 . Orgia ( < gr. opy~ <( agitation interiem;e;
etat d'âme; re~sentiment, colere ») « orgics (rituel~ nocturncs ct secrets en
honneur de Bacchus) » >dr. urgie <( rnallwur, calamite; haine, fureur » (ar.
uryie <~ colere », terme qui temoignc de l'influcncC' grC'cque au point <le vue de
b. forine·et semantiquc) 313 . *Horrirc (= horrcrc; cf. lzorrescere) (C Nrc herisse;
frissonner; avoir horreur de i> > dr. urî, ar. (a)urăscu, ( a)urîre <( ha1r, tletcs-
ter » (voir aussi, ci-dessus, le dr. 1t1'it et l'ar. (a)11rit <( laid »).Lat. vulg. t11rbu-
larc ( < turba <( trouble, agitation, desordre ») <( 1roubler i> > dr. turbura, tttl-
3 10 RE,V, 2593; PE,V, 519; DELR, 490; TDRG, p. 530; SDE, p. 110; Densusianu,
ILR, p. 486; Rosetti, ILR, p. 592.
311 REW, 2721, 2724, 2727; DELL, p. 181, 182; :\lihrtcscu, Lg. lat., p. 307; PE"·· 542,
543, 553, 562; DELR, 525-528; DDA, P· 108, 498; Capiclan, ,1fegl., III, p. 114; Puşcariu,
St. istr., III, p. 309.
31 2 PEW, 1087; CADE, p. 787; DER, p. 526; DEX, p. 558; SDE, p. 271.
313 PE\V, 1831; CADE, p. 1386; DER, p. 877; DEX, p. 558; SDE, p. 449; DDA, P·
1243.
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232 H. Mihăescu
bura, ar. turbur, alb. t11rb11lloj, idem (fr. troubler, pro,·. treblar, esp. dial. trol-
lar) 314. Le derin~ synonyme, plus ancien et mieux connu, turbare « troubler;
mcttrc cn desordrc; agiter » (<turba) est deYenu en dr. turba, ar., turbn (tur-
bare) <1 deYenir enrage, furieux », mgl. Q.11turb ( rţnlurbari:) <1 surexciter », alb.
terboj <1 trouhler, mettrc en de~ordre » (pro,·., cat. torbar, esp. turbar, pg. tor-
·car; log. !nt<'1ll"c, fr. /rou;:cr (> it. lroî.'are), proY. trobar, trovar; esp; dial.
trm•ar) (l'alh<inais hcrite du sens latin ancicn, de m(·me que l'espagnol, le
catalan, le pronrn;al (torbar) et, jusqu'~t un certain point, le portugais).
*Expavoriarc, *t·xpavorerc ( < pavor « prur •) et meme expaverc (<pa-
vcre « aYoir pcur (de)•) >dr. speri·a (reg. spăria), ar. ( a)spar ( aspăreare),
rngl. spar ( spărtari) « (s')effrayer • 315 . On a cxplique, partant d'un hypotheti-
que *c:rpavimm ( < cxpcwcri.: (C ctre cffraye; craindrc fort quelque chose 11) le
dr. Sj>aimă, (j cffroi, <itcrrcur,11 epou\'ante t l't, a tra\'Crs Un deriYe verbal, lui
aussi rcstitue, *cxpll(vt)mentarc, Ic dr. (arch., rcg.) spămfota, spăiminta (pop.),
inspăi111înla <1 (s')dfrayer, (s')cpom·antcr • (sanie (dial.) spamiulâ) 318 • Le
panroman trcmu/arc • trcmbler • (it. /umolarc, log. !remulare, engad. trembler,
frioul. lrimuld, fr. lrembler, pro,·. trcmhld, c~.t. tremo/ar, esp. tronblar, tremolar,
pg. tremo/ar) >dr. tremura, ar. trcam(b)ur (trfrn(b)urare), mgl. tre.amur
(trimurari), ir. /rommi. idem; trmiulus « tremhle • >dr. /r,·mur, ar. tre.nn-
bur, fr,·mur • fremisscment, tremblcment • (lcs formes roumaines pourraiC'nt
representer aussi des derin'.·s regrcssifs). Timcrc <• craindre; a\'oir p~tir • >
>dr. teme, idem (it. tenrcrc, log. timire, frioul. temt:, pro,·. temcr, cat..fe,nibre,
csp., pg. /emcr); timor, -orcm (< limeo, -ere) <tc!'aintc, pcur11 >a. dr. (XVIL'
siede) /cmoarc, alL. /merr, idem (it., log. tim.ore, a. fr. tcmour, pro,·., cat., pg.
/onor) :i11.
Le panroman mirare(= mirari<mirus. -a, -11111) «·s'etonner; admircr »>
>·dr. mira, ar. 1iir (1ifrar1·), mgl. mir (mirare, 1iirari), alb. mbej (it., log.
mirart', engad. mircr, frioul. :mirc1, fr. mi"rer, pro,·., cat., esp., pg. mirar, partout
ayant garde le sens de ha se: « rcgarder ») (il s'('n suit quc le roumain et l'alba-
nais ont consl'r\"t' un autre sens quc celui des langues romanes occidentales;
Yoir ci-<ll'SSUS §. 32); fort probahlement CC fut a partir <lu deri\"e populairc
miri·,1. -onon ( < mims), attl'sh~ a\·cc Ies sens de q monstre; masquc; admira-
kur 1), qu'est ne le dr. minu11c ~ miracle; ffil'f\'cille •.
Le pan roman ~mure (it. .::emcrc, engad. gemer, frioul. d:cmi, fr. geindre
gem ir (a. fr. ~imdrc). pro,·., cat., L'Sp. :.:emir, pg. gcmer) >dr. gone, cir. dzem
(dzcamire, d:;i"meare), alb. gjhnoj <1gemir•; gemi"flts >dr. geamăt (gemăt,
gemet), ar. d:eamit • gemisseml·nt 1> (\·oir aussi it. gemito, pg. gonz'.do).
Le panroman plan{!.CTC (d. pl111tf!.Yc', it., log. pian;tcrc, cngad. plattn.qa,
frioul. pland:i, fr. plai11drc, pru\·. planha, cat. planycr, esp. plafJ.ir, (a. t:sp.
llailcr), a. pg. dial. cltanger) >dr. plill!?t', ar. plîngu (plind:;eari:, plîndziri:),
mgl. plQ11g ( p!Qn:;iri), ir. plinfr, plin:c· <1 plcurer »: un hypothetiqut: *cxpla11-
gcrc a etc evoque Cil tant qu'e\"L•ntud point de depart de l'ar. asplîngu (as-
:n.i l\lihăcscu, 1-g. lat., p. 66; RE\\", 8997; DELL, p. 707-708; TDRG, P· 1664; l'E\\",
1774; CADE, p. 1345; DEH., p. 867; DEX, p. 1000; SDE, P· 450; DDA, p. 1205.
air; TJJH.G, p. 1468; CADE, p. 1184; Graur, Etimologii, P· 1'10-141; DER, p. 781;
SDE, p. JIJJ; DEX, p. 881; DDA. p. 228, 1104; Capirla11, Megl., III, p. 270-271.
316 HE\\", 3035; TDRG, p. 1463; PEW, 1611, 1612; CADE, p. 663; JJER, p. 778; Graur,
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Du latin au roumain 233
plîndzire) <cetre accable par Ies pleurs». Le panroman lacrima (it. lacn:ma
(lagrima), log. lagrima, cngad. larma, frioul. lagr1·me, fr. larme (a. fr. lainne),
prov. lagrema, cat. llagrema, esp., pg. lagrima) >dr. lacrimă (pop., reg.:
lacremă, lacrămă, lacrîmă). ar. lacrămă, lacr1'mă, mgl. lacrimă «larme»; la-
criniare > dr. lăcrima (t'ă.crema, lăcrăma, lăcrîma), ar. lăcrămedzu (lăcră
mare), mgl. lăcr1·mez <c verser des larmes » (it. lacrimarc, (lagrimare), log.
lagrimare, engad. larmer, prov. lagremar, cat. llagremar, esp., pg. lagrimar);
de lacrimosus <darmoyant »,ou par derivation sur le terrain du roumain sont nes
en dr. lăcrimos (lăcremos, lăcrămos, etc.), ar. lăcrămos, mgl. lăcrimos, idem
(frioul. larmus, it. lagrinioso (lacrimoso, tout comme lacrima, du reste), a.
fr. larmos, prov. lagremos, cat. llagrimos, esp. lagrimoso (lacrimoso, de meme
que Jacrima). Tristis, lat. vulg. tristus >dr. trist <c triste» (it. tn:ste, tristo,
log. tristu, frioul. trist, prov. tritz, trist, cat. trist, esp., pg. triste; voir aussi alb.
trishtpj (C attrister I), synonyme 3VeC le dr. Înfrista (dr. arch., reg. egalement
trista) <:trist; cf. aussi le lat. vulg. tristare (= tristor) 318 •
Patio, -ire ( = patior) > dr. păţi, ar. pat, păţăscu ( păţîre), mgl. pat.
pafQS (paţQri) <cpâtir; souffrir, endurer» (it. (>log.) patire, a. esp. padir,
esp., pg. padecer; ainsi que l'alb. pesoj <csouffrir, supporter'i>). Le panroman
*sufjerire (= sufferre) >dr. suferi « soufrir » (it. sojfrire (>log. sujfrire),
engad. soffrir, fr. souffrir, prov. sofrir, sufrir, cat., esp. sufrir, pg. soffrer).
Indurare <c durcir; endurer, supportcr »>dr. îndura <c etre insensible, impitoya-
ble, s'endurcir » (e1rch.); <c avoir pitie; se laisser vaincre, ceder, consentir;
endurer » (it. indurare, fr. endurer, prov., cat., esp., pg. endurar); tout comme
Ies langues romanes occidentales, le roumain a herite des deux sens de ce derive
verbal d'epoque imperiale, aussi bien au sens initial, repondant a la signifi-
cation de base du terme durus, -a, -um, que de celui eclos plus tard dans le
lctin vulgaire; qui plus est, il a forge, a partir du premier sens, un autre qui
devait, par ailleurs, le remplacer definitivement 319 .
Felix, -iam « heureux » > dr. ferice « heurenx » (concurrence et remplace
pour une bonne part par le derive fericit <ferici <ferice)« bonheur » (arch.;
voir aussi le derive synonyme fericie (arch.), Ies deux etant remplaces du reste
par fericire, l'infinitif long du verbe ferici); on a releve egalement en dr.,
comme regionalisme, un adjectif ferişcat « chanceux, heureux », c'est-a-dire
le participe d'un verbe disparu ferişca < *fericica < *felicicare (=felicitare)
(s'il ne s'agissait plutot de quelque forme corrompue du dr. arch. ferica ( =
= ferici) <c estimer, rendre heureux », derive deferice ou evolue depuis un leit.
*felicare (comp. infelicare) ; notons, pour finir, que felix, -icem n'a ete herite
que par la langue roumaine, et Ia, de meme que d'autres elements apparte-
nant a ce meme domaine semantique, uniquement par le dialecte daco-rou-
main. Le panroman ridere (d. redro, it. ridere log. riere, cngad. arrir, frioul.
1idi,fr.,prov. rire, cat. riurer, esp. reir, pg. rir) >dr. rîde, ar. (a)rîd (arî-
deare, arîdire), mgl. rQd ( rQdiri), ir. ( ă )rde <c rire »; risus ( < rideo) « rire, ris »-
dr. rîs, ar. arîs, idem (cf. aussi le mgl. zărQs <csourire » (it. riso, log. rizu, fr.
cat. ris, esp., pg. riso).
318 REW, 8918; DELL, p. 703; Mihăescu, Lg. lat., p. 307; PEW, 1764; DA, li, 1, p.
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H. Mihăescu
18~. Lat. vulg. volcre (= velle) >dr. vrea (vroz), ar. voz'. (vreare) <i vou-
loir » (d. blairf, it. volcrc, campid. boltiri, engad. vulair, frioul. voli, fr. vouloir,
prov., cat. c.•olcr); dans les deux dialectes roumains ce \·erbe a fini par sen-ir
aussi d'auxiliaire pour le futur de l'indicatif ou le passe du conditionncl (cette
scconde possibilite est un trait particulier unique du daco-roum<Jin archaique
et regional) 3 :!0. Le panroman quaere.re (I chercher; demander I) (it. chicdere,
log. kcrrerc, fr. quirir (a. fr. qucrrc), pro,·. qucrrt', esp., pg. querer) >dr.
cerc <c chercher (a fain·) (arch.) »; « demander (re\·endiquer, demandcr en mci-
riagc; demandcr la pcrmission; demander l'aumonc, etc.», ar., mgl. ţcr (ţea
rirl·, {irearc) <c demandcr: mcndier » en mgl. aussi « chercher; vouloir »; sous
l'influcncc du radical cer- (fer-). ks formes avec un ş, nees en roumain
a part ir des formes du verbe quacrac qui comportent un s, sui vi de la voyelle
antericurc (\·oirlc parfa it de l'indicati(, le participe). se sont de\'Cloppccs au point
de con<luire ala n;iissance d'un autrc verbe: dr. cerşi <•demander (arch.); mendie[I),
~tr. Cir~csrn (cirşirl·) <• chercher assidument; fouiller »,ir. lcr.~i. ţcrşi <i chercher »:
I'on constate donc que la langue roumaine a herite <lL·s <lc·ux sens de base
du mot latin. tout en n'etant pas etrangere non µlus a celui de u vouloir »
„.
(voir le meglcno-roumciin) et <le la, a celui d'«aimer atteste en cspagnol ct por-
tugais; qui plus est, le roumain aura aussi de,·eloppe, dans le contexte sus-
mentionne, deux formcs ,·crbales.
Le panroman circar,„ (has latin; double de cfrcumco {cirmlo, -arc)
<• fairc le tour, encercler 11) (it. cercare, log. kirkare, cngad. cer.kcr, fr. chere/ier
(a. fr. ccrchicr), pro,· .. cat., esp., pg. cercar) > dr. pop. cerea <1 borncr (une
propricte), rechercher ou vl-rificr Ies liornes (arch.); (rc)chercher, examiner,
explorer; s'infornwr. demander; em·ahir, piller; poursui\Te (arch.); essayer,
eproUVl'r, tcntcr » (ies Sl'nS <c borncr » el (1 Cn\'ahir I) rcpresentent les heritages
des significations initiales du derin'.· ,·erLal latin de circus, significations qui
se retrom·ent encore plus nettes ('n espagnol ct portugais; quant au daco-
roumain, Ies sens Ies plus frequement utilises dcmeurent celui d <i essayer » et
celui de« (re)chcrcher », le second atteste aussi en alLanais (cf. kerkoj) italien,
sardc, rhetoroman, franc;ais, pro,·ern;:al ct catalan; la forme cerea est cntree
cn compctition dans le dialecte daco-roumain a\'ec încerca (forme litteraire)
qui s'cst substituc.'.·e a la premiere. L"n autre derin~ \'erLal avec le nom circus
commc point de depart etait circitare <c tourner autour, agiter, rodcr, crrer »,
qui ne s'est conserve qu'en dr. cerceta <c examincr, etudicr, enqueter, s'infor-
mcr; chercher; visitcr »: pn suite d'unc parente semantique ct de forme est
nee la forme cercăta, attestec dans le <laco-roumain du XVII" siecle. Au moyen
d'un hypothetique lat. pop. *cautarc ( < *cavitare < cavere <1 prendrc garde,
s'occuper de») on a cxplique Ies formes dr. căuta (pop. căia, reg. câpta) « cher-
cher; soigner; regarder; dcmander; etc.», ar. caftu (că/tare) <i chcrcher; de-
mandcr; soigner ». mgl. caft (că/tari) « chercher 11, ir. cavtd « chercher; soigner;
regarder » (d. cai(p)tarc <i regarder, cxaminer, observer », it. di<Jl. ~avitare
<~ garder, preserver », a. pg. cavidarsc «se garder; se proteger »); pour trouvcr
l'cxplication de la forme dr. căta, il a ete foit appel au lat. captare <1 chercher
a prendre >) (it. catfaYC (C obtenir; gagner li, it. dial. katd (I Chercher; troUVef I)
frioul. 1Cata <i trouver 11, esp. catar « essayer; examiner »; dial. <i chercher »; a
la difference de l'italien dialectal (calabrais et lombard), en roumciin Ies deux
320
REW, 9180; Mihăescu, Reconst., p. 571; TDRG, p. 1776-1779; PEW, 1920; CADE,
p. 1446- 1447; DER, P· 905, SDE, p. 79.
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Du latin au roumain 23!>
verbes en question ont fini par se confondre et s'unifier au point de vue se-
mantique .
. Committerc (refl.) << s'exposer, s'aventurer » >dr. cumcta (pop., reg.;
litt. încumeta, forme selon toute probabilite derivee sur le terrain du rou-
main, donc avec le prefixe f11-); pop. reg. aussi (în)cttmeţi « oser, s'enhardir,
se reposer (sur); se decider a» (comp. avec it. conmzettersi «se fier; s'exposcr »).
La forme populaire cottizare « oser » ( < gr. xo-:-·d~e:tv « jeter Ies des, oser »)
> dr. cute:::a, ar. czitedzu ( cutidzare), mgl. cute::, ir. cute:;â, istr. kuti::â, alb.
guxoj; idem (sic. kuttiatu <• Cffronte; sans vergogne ») 321 .
Le panroman facere (d. fur, it. fare, log. fâgae, engad. fer, frioul. fa,
fr., prov. faire, cat. jtr, esp. hacer, pg. fa zer) >dr. face, ar., mgl. fac (Jaţire;
en ar. egalement jăţeare), ir. jdţe (< faire »; le panroman factum (it. fatto, log.
fattu, engad. jet, frioul. jat, fr. fait, prov. fach, cat. jet, esp. lzeclto, pg. feito)
>dr. fapt « action de faire (arch.); action, acte, fait; creature, etre (arch.);
pointe (du jour), aube, tombee (de la nuit); charme, enchantemcnt, sorti-
lege (arch., reg.), etc.», ar. faptu « fait, accompli, ne; charme, sort, sortilege 1>
(avec le sens de « fait, action » voir en ar. faptă </acta (le pluriel de factum
transforme en singulier), usuel en daco-roumain aussi), mgl. fat « fait (dans
le sens de realise, accompli) ».
Le panroman populaire potere (=Posse) (d. potar(e), it. potere, log.
podere, engad. pudair, frioul. pode, fr. pom:oir (a. fr. pooir, pair), prov., cat.,
esp., pg. poder) >dr. putea, ar., mgl. pot (puteare, puteari), ir. put~ «pou-
voir »; a partir de potentia, ou plutât par derivation civec le suffixe -inţă est
ne le :dr. putinţă(< force I) (arch.); (< possibilite, capacite de faire ». Virtus, -utem
( < vir) « force; courage; vertu » > dr. (arch., reg.), ar. vîrtute « force, vi-
gueur, puissance », alb. virtyt, vertyt « vertu »(a. it. vertit, log. virtude, a. engad.
vertieu, fr. vertu,· prov. vertut, a. pg. vertude); virtuosus >dr. vîrtos «fort,
costaud, vigureux; dur (ant. de moli); tres (arch.) 1>, ar. vîrtos «fort, puis-
sant; tres; vigoureusement ».Opus (est) >dr. (arch., reg.) a fi op(u) « etre
utile, opportun », a fi (spre) op(u) (să ... ou a) « devoir (faire), etre neces-
saire (de) » ; cette sorte de locutions ont ete attestees dans des sources daco-
roumaines remontant au xvre siecle (ou l'on a releve aussi la forme opt)
et au xvne siecle; par la suite, le daco-roumain dcvait voir eclore la locu-
tion a avea op (( avoir besoin, manquer de ... », relevee aux xvnrc et xrxe
siecles (d' opus se sont developpees aussi Ies formcs i t. 1topo « besoin, neces-
site », log. obus, ci. fr. a ues, prov. a ops « selon le besoin 1>, cat. ops, a. esp.
huebos) 322 .
Allegere <c adjoindre par choix » > dr. alege, ar. aleg ( aleadzire), mgl.
leg (leaziri) « separer, iso Ier, part ager, distinguer, choisir, elire, prCf erer,
etc.» (a. it. aleggere). Abbatere ( < batterc = battuere) « abattre 1>, derive Yer-
bal populaire atteste au vre siecle > dr. abate (<<levier, (s')abattre », ar. abat
( abatire) « rabattre 1> (it. abbattere, engad. abater, fr. abattre, prov., cat. aba-
tre, esp. abatir, pg. abater). Abscondere <c (se) cacher » >dr. ascunde, ar. as-
cundu (ascundirc), mgl. scundu (scundiri), ir. (a)scunde «(se) cacher; dis-
simuler » (d. ascondro, it. ascondere, frioul. skuindi, a. fr., prav. escondre,
3 21 REW, 2287; Mihăescu, Lţ. lat., p. 66, 239; Idem, Infl. f.!1'., p. 54; PEW, 472; DELR,
"467; DER, p. 271; SDE, p. 220; DDA, p. 424; Capidan, 1\Ieţl., III, p. 91; Pu~cariu, St. istr„
III, p. 307.
322
REW, 6079; TDRG, p. 1089; PEW, 1221; DELR, 1282; Densusianu, JI_R, p.
799; DER, p. 582; SDE, p. 293.
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236 H. Mihăescu
cat., esp., pg. esconder). Le panroman taxare «< etendre, relâche1 • (it. las-
âare (a. it. dial. lassare), log. lassare, engad. lascher, frioul, lasd, fr. laisser,
prov. lai·sar, cat., dexar, esp. dejar (a. esp. lexar, pg. dcixar (a. pg. leixer) >
dr. lăsa (reg., dans le parler de Moldavie, tasa; la forme longue de l'infinitif
est ici lasare, de meme que dans l'a. it., l'it. dial. et le log.), ar. (a)las (a)lă
sarc), mgl. las (lăsa11), ir. lasâ « lciisser; rcnoncer • (en dr., le verbe prend
aussi Ies sens de (I lâchcr: SC rclâcher: ceder: ordonner, etablir; degager, pro-
du irc; baisser, diminucr; cxclure, etc.•). *Astectare (<*aspectare< adspec-
tare) >dr. aştepta, ar. aşteptu (aşteptare), mgl. ştet (ştitari), ir. (a)stept6,
( a)şteptâ « attendrc: s'attcndre a ... ; accueillir, rcce,·oir • (Ies deux derniers
sens uniquement cn ar.), etc. (it. dial. astittari, asft'ttare, a. it. stettare, log.
iscttarc (a. log. uscttare), frioul. sctâ «< regarder •).
lncipcre cc commenccr •>dr. încept~, ar. nţc/'. idem (sursilv. anieiver).
On a cxpliquc au moyen <l'un hypothetiquc *accasionare ( < *occasionare
< occasio, -011cm « causc, motif ») le dr. câ~1t1t:i « wnir (arrin·r) a l'imprm·iste
s'cn prcndrc a qqn.; accuser sans raison; insister; rcprocher; causcr (un mal-
heur, du dommage a qqn.); venir a l'esprit: etre obsede (it. ( ac)cagione „
<1 motif, pretexte, occasion •. log. akkayonare a. fr. ochaison, achoison, prov.
acai::6, pg. (a)cajăo • malhcur•: it. accagionare, log. akllayonare «< incrimi-
•r
ncr, accuser 123 • Le panroman invitare « inviter • (it. invitare, log. imbidare,
surs~·h-. anz•idd, <.l fr. envier, prov., cat., esp., pg. mvi:dar) >dr. (arch. reg.)
în"l'ita (< pousser a; provoquer, excitcr, forger: s'assemblcr, partir a l'attaque;
provoquer !'apetit• (da~s le dr. litteraire actud invita, sous l'influence la-
tino-romane modeme). A partir d'un *amminadart~ ( < minaciae « menaces »,
forme popul~irc qui supplanta Ic mot minae) est probablement ne le dr.
ameninţa « ordonncr; faire signc, mcntionner (arch.); menacer • (voir aussi
nap. (ammennaccare, sic. ammi11azzari, pro,·., cat. amenassar, esp. amena-
zar, pg. ameafar, idem).
185. Pour cc qui est du langagc, la notion fondamentale est designee
par le panroman lingua (( languc, langage •. terme etudie preccdemment dans
un chapitrc ou il avait sa place de par son sens initial et dominant (ci-d.essus
§. 169). Le panroman <'O.t, vocem (d. baud, istr. bus, it. voce (it. dial boce, .bous,
bozc, boxe, etc.), log. bage, engad. <'usclz, frioul. vas, fr. voix, prov. votz, cat.
vcu, csp., pg. vo.:) >dr. (tcg.) boacc (dr. litt. i'Oec, emprunt moderne latino-
roman du xrxc sicclc (comp. avec le lat. voccm ct l'it. voce). ar. boaţe (( voix I);
Ies langues romancs ont generalcmcnt herite des formes avec un v- ou avec
v- > b-, donc avec ou sans betacisme (phenomenc rele,·e tout d'abord au
II" sieclc, devenu frequent au Ilic siecle ct ayant laisse nombre de traces
dans Ies provinces romaines du Sud-Est de I' Europe); le roumain faisant
partie en l'occurrcncc d'un groupe englobant aussi le dalmate et l'istrien,
outre Ies dialectcs a. ven., a. lomb., log.
Le panroman diccre (d. decro, it. dire, engad. dir, frioul. di, fr., prov.
dirc, cat. dir, esp. decir, pg. dizer) >dr. zice (reg., dans le nord du pays,
dzice, dzîce), ar. dzîc (dzîfire, dzîţeare), mgl. zic, ir. zice, ziţe «<<lire; chanter,
„
jouer d'un instrument (Ies deux derniers sens cn dr. et ar.), etc. Exponere
<1 exposer 11 >dr. spune <1dire; declarer; exprimer par la chanson (chanter); ex-
poser, relater; consigncr; reveler; expliquer; nommer, sumommer, etc.•. ar.
323
REW, 6029; TDRG, p. 307; PEW, 311; DELR, 285 (<lat. *casionare < *ca-
sio, -ionem < casus); DA, I, 2, p. 187-188; DER, p. 147; SDE, p. 228.
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Dn latin au roumain 237
324 Mihăescu, Lg. lat., p. 217; PEW, 1656; CADE, P· 1216; DER, p. 800; SDE, p.
-402.
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238 H. Mihăescu
Iniurare ( < iniuria) <1 9ffenser, porter prejudices » >dr. in;ura (reg.
iîlgiitra). ar. a11giur ( angiurare). rngl. (pzjur ( (ţ11juraY1) « injuricr; insulten>-
(son evolution s'est effectuee sous l'ernprise de iurare, ernprise qui transpa-
raît aussi dans le dr. înjura, qui a ete releve egalernent awc le sens de « ju-
rer »). Le panroman iurarc ( < ius, iuris) ~ jurer, preter serment » > dr.
jura (reg. giura). ar. giur (giurare)' rngl. jur, ir. zurij, idem, (it. giurare,
log. yurare, cngad. giirer, frioul. d:;urâ, fr. jurer, pro\'., cat., esp., pg. ju-
rar) ;iurammtum ( < iurare) t scrment, jurement I) >dr. jurămî11t (reg.
giurămînt), mgl. _iurămi11t. jurimi11t, jurumint), idem (it. giuramento, log.
gurammtu, engad. guramaint, frioul. d::urament, fr. jurcmc11t, pro\'. _juramen>
cat. jurammt, esp., pg. juramazto); toutes Ies formes romanes de ce mot pas-
scnt pour saYantes, livrcsqucs; en daccrroumain, par contre. elles sont usuel-
les, dans Ies differcntes zones de son territoire ct avec les tout premiers tex-
tes rediges dans Cl' dialecte; notons aussÎ la presence de iztramentum en meg-
leno-rownain, Ic dialect" gui, avec l'arournain, foumit la prcuvc non scule-
ment de la persistancc de iitrare, mais encore de son derive periurarc « faire
~n faus sermcnt. Sl' parjurer ~ > ar. prigiur ( prigiurare). rngl. prijur «con-
1urcr &.
Le panroman la udare 11 louert dr. > lăuda. ar. alavdu ( alăvdare), idem
(it. lodare, cngad. lodcr, frioul. lauda, fr. loucr, prov. lau:;ar, cat. lloar, esp.
loar, pg. louvar); de laudatio, -onem « eloge li ou par derivation sur le ter-
rain du roumain sont nes Ies dr. (arch.) lăudăciunc, ar. alăvdăciime « louan-
ge &. Certare (i lutter, combattrc 11 >dr. certa «{se) quereller, gronder, châ-
tier (arch., pop.); s'instruirc (arch.) •. ar. nţertu (nţirtare), mgl. (q,n)ţert,
alb. fartoj, qertoj t reprimander, gronder • (a. it. certare, log. kertare). Le pan-
roman monstrarc. t montrer. designer. indiqucr • > dr. mustra <1etre dit
(reg., forme reflechie, impersonnelle); reprimander, gronder; profercr (arch.,
rare); insulter, injurier (arch.); hraver (arch.) o (it. mostrare, log. mustrare,
engad. mitsser, frioul. mostrei, a. fr. mostrer, pro,·., cat., csp., pg. mostrar);
a la difference du roumain (le dialecte dr.). Ies langues romanes occidentales
ont herite des sens du latin. Imputare o fairc grief, rendre qqn. responsable;
attribucr)) >dr. (arch., reg.) împuta • imputer, reprocher; se disputer »;
sous une influence moderne, latino-romane, le dr. litt. a adopte la forme im-
puta, qui tend se substitucr completernent a împuia meme dans Ies diYers
parlcrs roumains. Duplicare • doubler; player; courber & > dr. (arch., XVI" -
- xvn1e siecles) dupleca « faire pencher; decliner; s'ebranlcr; s'ecarter;
courbcr; plier; player» ( > dr. îndupleca (i convaincre, determiner; consen-
tir (a), ceden) (it. dop piare, cngad. dobler, fr. doubler, prov., cat., esp. doblar,
pg. dobrar); petit a petit, ce mat s'est ecarte en dr., tant au point de vue de
la forme, que sous le rapport semantique, de son etymon ainsi que des des-
ccndants de celui-ci dans les autres langucs rornanes 326 •
HlG. Agilis <c rapide» > dr. ager <c vif, alerte, sagace ». Par un restitue
*cascabundus ( < *cascare) a ete explique le dr. pop căscăund, căscăunt <c ni-
gaud, niais, benet », cependant que palpandus ou palpabundits ( < palpare)
ont ete rnentionnes - non sans reserves - cornme susceptibles de represen-
tcr un point de depart pour le dr. plăpînd « frele, debile». Lenus ( = lenis)
3
~5 REW. 2801; PE\V, 834; DELR, 523; DA, II. 1, p. 646-647; Densusianu, ll.R, p.
677, 796: Rn~etti. ILR, p. 592.
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Du latin au roumain 239
-<c doux » >dr. lin « doux, bienveillant, affa ble (arch.); tranquille, calme»
(prov. le, esp. leii): *allcnare (= anhelare) >dr. alina <c (se) calmer, (s')apai-
ser, (s')adoucir » (it., log. alenare, fr. haleiner, prov. alenar); *allei1(i)tare
( < lcnitare <c calmer, apaiser » < lenis) >dr. alinta « apaiser, (se) calmer,
(arch.) ; cnesscr; (se) dorloter; (se) mignarder; gâ ter » (i t., log. allentare, a. fr.
alrntcr, prov. a lent ar).
Blandus <1 flatteur, caressant » >dr. blînd <1 doux, benin, affable » (a. fr.
blant, prov. blan}; a partir de blanditia ( < blandus ou de blînd +
-eţe est ne
le dr. blîndeţe « douceur, bonte, benigni te»; blandulus ( < blandus) > ar.
.blîndur <1 son; melodie câline, cares'Sante » (acception metaphorique); blan-
dire <1 flatter, caresser » >dr. (arch.) blînzi (dr. îmblîn:::1) <1 radoucir; dompter ».
Le panroman bonus <1 bon» ·(d. 'bun, it. buono, log. bonu, engad. bun, frioul.
.buin, fr. bon, prov., cat. bo, esp. bueno, pg. bom) >dr., ar., mgl. bun; ir. bur,
idem; bonitas, -atem <1 bonte »J> dr., ar. bunătate, mgl. bunătati, idem. Rcus
<c le defendeur; l'accuse; le coupable »>dr. rău, ar. (a) râu, mgl. rQU, ir. rev, <anal,
mc.ilheur; beaucoup; mauvais, mechant, etc.» (istr. rvu, d. ri, it. rio,_ avec
des sens identiques ou proches de ceux du roumain). D'une hypothetique
*rosio, -onem ( < roscu.s) ont pu evoluer probablement Ies dr. ruşine, ar. ar-
(u)şine, aruşunc, mgl. ruşQni, ir. ruşire « honte; pudeur ».
Le panroman pensum « poids (de laine a filer distribuc aux servantes);
tâche a faire; obligation I) (it. peso, log. pe::tt, engad. pais, frioul. pas, fr. poids,
-prO\·., cat. pes, esp., pg. peso, toujours avec le sens de <c poids ») >dr. păs
<c poids (generalement une pierre) avec lequel on presse dans leurs recipients
respectifs le fromage, la choucroute » (reg.); <c douleur (spirituelle) difficile
a supporter; souffrance, torture; chagrin, peine ; souci; circonstance diffi-
cile »; il s'en suit que le daco-roumain a herite Ies dc-ux sens, ne conservant
pourtant que comme regionalisme celui usuel dans Ies langues romanes occi-
dentales, cependant que le sens figure connaît une diffusion generale; le
panroman pensare ( = pendere, qu'il a supplante a l'epoque imperiale) est
ne sous l'influence de pensum (it. pesare, log. pezare, engad. pser, fr. peser,
prov. pe::ar, cat., esp., pg. pcsar <c peser », mais aussi (( presser; etre lourd (fâ-
cheux); influencer; se repentir; regretter, etc.») >dr. păsa <c peser, peser
lourdement; peser de tout son poids, se faire prier, appuyer; <;a tombe mal
(pour qqn.); porter prejudice; supporter difficilement (arch., pop.); se sentir
anxieux, soucieux, contrarie; n'etre pas indifferent a; se soucier , en avoir
cure)); meme si la situation n'est pas absolument la meme que dans le cas
precedent, il nous faut noter une fois de plus la propcnsion du daco-rouma in
a perdre le sens propre du terme, de loin micux rcpresmte dans Ies autres
langues romanes.
mgl. yipt « cereales )>, ir. vipt <c le ble en general, nourriture I) (it. vitto ( > d.
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240 H. Mihăescu
188. Le panroman farina (d. faraina, it., log., cngad. farina, frioul.,
fr. farine, prov., cat. farina, esp. harina, pg. fari11ha) >dr. făină (reg., dans
fe nord et respectivement l'ouest du pays: fărină; fcfoină; fănină), ar., mgl.
lărină, ir. farirţ_ (( farine I); a partir de farinoszts • farineux J) ou bien par deri-
vat ion en roumain sont nes dr. făinos (jărinos, făninos), ar. fărinos, idem
(voir aussi it. farinoso, log. farinosu, fr. farineux, prov. farinous, cat. farinos,
esp. lzarinoso, pg.jarinlwso). Le panroman cernere (a. it. cernere, log. kerrere,
frioul. serni, a. fr. sadrt', pro\·. ccmcr, cat. cendre, esp. cerner, pg. ccrnir) >dr.
ccme, ar. (n)ţernu, nd::cnm (nd:..earnire, nd:imeare), mgl. ţern « tamiser, blu-
ter, cribler » (pour cc qui est de l'ar. (n)ţernu, ndzcrnu voir le derive latin
synonyme inccrncre). Allevatum ( < ad+ leva) (I levain » > dr., ar. aluat,
aloat, mgl. lQl, ir. aluat « pâte, levain, germent » (frioul alv6, it. dial. alvd,
leva(t), etc., prov. levat, cat. llevat) 328 • Fermentare ( < fermentum «ferment,
328 REW, 6004; DELL, p. 453; Mihăescu, Lg. lat., p. 30; PEW, 1210; DELR, 1261;
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Du latin au roumain 241
levain ») « lever (a propos des pâtes) » > dr. frămînta, ar. frimintu (frimin-
tare), mgl. frimint (frimintari) « boulanger, petrir, travailler (une pâte) »
(cornµ. campid. fromentu ( <fermentum), log. jermentard:tt <c levain ») 329 •
Le panroman coare(= coquere) (d. kukero, it. cuocere, log. k6gcrc, engad.
kou~er, friouJ. kuai, fr. wire, prov. co:;er, ccit. coure, csp. cocer, pg. cozer) >dr.
coace, ar., mgl. coc ( coaţire, coaţiri), ir. coce « cui re, murir »; coctnra « decoc-
tion » > dr. coptură « gâteau, pâtisscrie » (reg., dans le nord de la Moldavie
et de Transy!Yanie) (it. cottura, a. fr. cuiture, prov. co1'.tura, esp. r:oclzura)
(en dr., sous la forme regionale mptură, Ie mot revet aussi un deuxiemc sens,
a savoir celui de (<pus, abces», a partir de la signification derivee « s'emflam-
mer, murir » (cn parlant d'un abces) de coace; et c'est avec ce second sens
uniqucment qu'on a releve la forme ar. cuptură); *excocere ( =excoquere) >
dr. reg. (dans le parler moldave) scoace <c (se) chauffer par trop; se desse-
cher » (it. dial. scoce, a. fr. cscuit « tout a fait cuit », prov. escoire, esco::er'. csp.
escocer, a. pg. escozer). * (Ad)mixticare ( < misceo) > dr. amesteca (pop.,
reg. mesteca), ar. ( a)meastic, ( a)misticare, mgl. measti"c (misticari) « meler;
melanger » (d. meskuar, a. it. mesticare, misticare, it. dial. ammistţkd). Suba-
~ere (= subigere <sub+ agere) >dr. reg. (Moldavie ct Transylvanie) soage
(I pren,dre dans le petrin de la pâte et la mettre sur le tranchoir pour la petrir
en lui qonnant une forme circulaire » (esp. sobar, pg. sovar «petrir la pâte »).
Le panroman panis, -em (d. frun, it., log. pane, engad. paun, frioul. pan, fr.
pain, prov. pan, cat. pa, esp. pan, pg. pifa) >dr. pîine (reg., dans le nord
et dans l'ouest du pays, pîne), ar. pîne, mgl. PQini, ir. păre, păre <c pain ».
Placenta ( < gr. 7tAotxouc;;, oUVToc;;) «gâteau plat; galette » :>dr. plă
cintă, ar., mgl. plăţintă <c galette, feuilletage ». La forme populaire turta (= tor-
„
ta) tourte, tarte» > dr., ar., mgl. turtă, ir. turt~ <c tourteau » (d. turta, frioul.
torte, it.. torta, fr. tourte, prov. torta, esp., pg. torta, formes evoluees a partir
de turta ou de torta); ajricia <c sorte de gâteau »(derive atteste une seule fois) >
> ar. ajreaţă «galet te azyme cui te au four ou, ordinairement, dans Ies cen-
rlres chaudes »; lactaria « avec du lait » > ar. lăptară, lăptare <c galet te faite
avec du lait »; vir(i)diaria (pl. de vir(i)diarium) >dr. (pop., reg.) vărzare
(vărdzare dans le parler de la Moldavie du nord), ar. vărdzare, virdzare <c ga-
Lette avec des feuilles vertes, notamment avec du chou »; en dr. le mot a ete
considere comme un derive de varză « chou ».
Le panroman sal(e), -em >dr., ar. sare, mgl. sari, ir. sare <c sel » (it.,
log. sale, engad. sel, frioul. sal, fr. sel, prov., cat., esp., pg. sal); (in)salare
<c saler » >dr. săra, ar. ansar, mgl. ( (_}n)sar, idem (it. salare, fr. saler, esp.
salar); a partir de salatura (forme derivee du parler vulgaire, de meme que
insalar~) ou par derivation sur le terrain du roumain sont nees Ies formes dr.
sărătură, ar. (an )sărătură « salage; salure; salaison » (pour ce qui est de l'ar.
ansărătură, voir l'ar. an.sar ou un possible lat. vulg. *insalatura, cf. insalare);
*moria (= muria = muries «saumure »; cf. le compose populaire salemoria,
idem, mot qui a travers le ven. salamora, ngr. crot),rtµoopot, ser., bg. salamura,
se retrouve dans le dr. (arch.) et l'ar. salamură, sălămură, idem) >dr. (reg.,
dans la moitie septentrionale du pays) moare « eau de saumure dans laquellc
329 REW, 3254; TDRG, p. 6H; PEW, 641; DELR, 632; CADE, p. 509-510; DA,
II, 1, p. 164-165; DER, p. 340; DEX, p. 351; SDE, p. 463; DDA, p. 563; Capidan, Megl.,
III, p. 131 (l'etymon fermentare chez Tiktin, Puşcariu, Ciorănescu et dans SDE; pour le
reste, *fragmentare<fragmcntnr.); dernierement aussi *frementare < frementum (I. Fischer,
SCL, XXIX, 1978, p. 533).
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242 H. Mihăescu
-on a fait aigrir la choucroute »,ar. moare« chou aigri dans une eau de saumure »
(it. maia, camp. murga, log. murdza, fr. muire) 330 .
Carnaceus, camaceztm ( < caro, camis «de ,·iande ») > dr. pop. cîmaţ
(litt. cîmat, forme restituee d'apres le pl. cimi1ţi) « saucisse » (sic. kamaltszt,
esp. carna:i1, pg. cama:). Le panroman macer, -era, -cru.m « maigre » >dr.,
ar. macru, -ră « maigre, depoun-ue de graisse (apropos de la viande) » (commc
arch .. reg. - notammcnt en Transylvanie - aussi a propos de l'hommc, du
betail ou de certaines parties de leurs corps) (it. magro, engad. meger, fr. nzai-
gre, pro\· .. cat. ni:igre, esp., pg. nugro). Le panroman lardum ( = la;idum)
«lard» >dr. (reg., en Transylvanie et au Banat) lard, ir. lard, idem (it. lardo,
log. lardu. engad., frioul., fr. lard, pro\'. lar/, cat. lla.rt, esp., pg. lardo). Le
mot compose axungia (,.arian tes: abrn11gia. assungia, auxunga, exsungia)
<( graisse pour essicu: graissc de porc») >dr. osin:â, ar. usînd:ă « panne de
porc»> (it. sugna, log. asrnnd:a, cngad. so11ga, mais aussi l'alh. asl11mg. u.slzuj
(cf. ci-dcssus §. 26), gr. byz. 01;o::iyyL, n. gr. !; [yyL}. Le pan roman srbum
« suif, graissc • (it. sego, log. seu, cngad. saif, frioul. st'(, fr. sui( (a. fr. sfo,
s1f), pro\·., cat. sm. esp., pg. st'bo) >dr., ar.; mgl. seu, fr. St'W, St:V, idem (dr.
reg. său).
Fcn.Jlrc (=fi·n·erc) > dr.ficrbt', ar. licrbu (lit·arbire, liirbcare) (toutes
ccs formes de l'aroumain ont pu etrc rclc\·ecs aussi dans l'a. dr. ou dans le
dr. reg.), mgl. frrb (iarbiri) <1 bouillir; cuirc ~ (le dcnxiemc sens, secondairc,
de meme quc d'autres, figures, sculement cn dr. ct ar.) (it. (m~rid.) ffrve(re),
csp. lrcr·uir. pg. fen•cr). Zona ( < gr. ~€µ.~), hcllenismc attcste dans plusicurs
tcxtes de bassc-epoquc d'ltalie et des autres regions de l'Empirc romain > dr.
::t·anui (reg., dans Ic nord ct l'oucst du pays, ::amă; arch., rcg., dans le par-
ler de la ~[olda\'ie du nord, d:amă), ar. d:amă <1 jus; bouillon: soupc » (it.
dial. d::ema) 331 . Le panroman frigere (d. frcr,:ur, it. (n:ggcrt', log. friere, frioul.
fri:i, fr. frirt', pro\'. frir, fregir, cat. frcgir, esp. frcir, pg. frigir) >dr. frige,
ar., mgl. frig (frid:iri. frid:care: fri:iri). alh. ffrgn.f « rotir, grillcr, frire »; Ic
derive populaire de basse-epoque frfrlura « n'.·sultat de la cuisson '> > dr., ar.
fri:ptură «roti it (it. frittura, fr. friture, pro\·„ csp., pg. jritura) 332 • *Gratarimn
(com. l'it. dial. gratar~ « \'anerie, cla~·onnagc ») ou *gratalis (<*gratis=
„
= cratis) >dr. grătar (( grill: trcillis 333 . Pi(n)sarc <( piler >l >dr. pisa,
ar. ~ised:u (hsarc), idem (it. dial pisari, pisart', cngad. pi:cr, fr. dial. piser,
prov. pi::ar, csp., pg. pisar).
189. Li:- panroman aqua (it. acqua, log. a!Jba. cngad. ova, frioul. age,
fr. ca1t (a. fr. t'VC, cauc), pro\·. aiga, cat. ayg11a, csp. agua, pg. agca) >dr.,
ar. apă, mgl. apu, apâ, ir. ap~ « cau "'· riviere flcuvc '> (a\'cc quantite de sens
derives). Le panroman lacte (=lac) (d. luai, it., log. la/te, cngad. lat, trioul.,
330 RE\\·, 7251; DELL, p. 423; l\lihăescu, Lg. lat„ p. 291; Idem, Reconst., p. 570;
PEW, 110.1, 1524; TDR<~. p. 100 l, 1355, 1365, 1366; DELR. I 151; CADE, p. 10.3.5, 1103;
DER, p . .5.13, 722, 723: SDE, p. 262; 372: Puşcariu. LR; I. p . .3.>7, c. 32; DDA, p. 167, 819,
10.50, 1051-1052, 1055, l0.'i8; Capidan, Jlfegl., III, p. 257: Puşcariu, St. istr., III, p. 132,
324.
331 Mihăcscu, Infl. gr., p. 56; idem, Lg. lat., p. 291; CADE, p. 1459- 1460; DER, p.
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Du latin au roumam 2'13
fr. lait, proY. lach, cat. llet, csp. /eche, pg. leite)> dr., ar. lapte, mgl. lapti.
ir. lâpte « lait ». Le panroman vimtm (d. ven, it. vino, log. binu, engad., frioul.,
fr. vin, ·prov., cat. vi, esp. vino, pg. vinho) >dr. vin; ar. yiu, mgl. vin, ir.
vir «vin»; le panroman vinaceus ( < vinim1) (it. vhiaccia,log. binatta, sursilv.
vinaca, fr. vinasse, prov. vinasa, cat. vinassa, esp. vina:a, pg. vinlza~a. vin-
lzafo) >dr. (pop.) vinaţ «(variete de) vin» (sans aucune precision quant a
la qualite et le golit du produit, comme c'est le cas pour le terme fr., prov.,
cat., esp., pg.). Le panroman niustum (it. mosto, log. mustu, frioul. mos!, en-
gad. muost, fr. mout, prov. cat. most, esp., pg. mosto) >dr. must, ar. mustu,
mgl. most, alb. musht « moUt » (dr., ar., mgl., alb.), «Yin doux 1> (ar., alb.);
« jus 1> (dr., ar.); «seve» (dr.). Miilsa (aqm1) >dr. mulsă (malsă) (reg.), mur-
să (morsâ) « hydromcl; mo(H »; (arch.) « jus; se\·c » (it. dial. molsa, log.
mussa, fr. mousse, prov., cat. molsa, a. csp. molsa). P11sca (=pasca) <( breu-
vage compose d'un melange de vinaigre, eau et reufs 1> > ar., mgl. puscă
(( vinaigres 1> (it. pasca).
V asum > dr., ar., mgl. vas <(vase, recipient 1>; (ar., mgl.) <c cruche » (it.
vaso, frioul. vas, va::e, fr. dial. va, prov., cat. vas, esp .• pg. vaso). Le derive
caldaria <( chaudron » > dr., ar. căldare, mgl. căldari, idem (it. caldaia, engad.
"/Cudera, frioul. 7Caldfrre, fr. chaudiere, prov. caudera, cat. caldira, esp. caldera,
pg. caldeira). Le derive galleta <( seau » >dr., ar., mgl. găleată, idem (it. dial.
galett~. galeda, etc., engad. galaida, a. fr. jaloie) 334 • Buttis, -em <(petit vase»
(mot du latin de bassc.:.epoque) > dr., ar. bute, mgl. buti, alb. but, -i, gr. byz.
~ouTnc; (n. gr. ~ou•cr!. -ro) « barrique; tonneau 1> (it. bott.e, engad. buot,
a. fr. bo11t, proY. buto (a. prov. bot), cat., esp., pg. bote) 335 • Daga ( < gr. 8ox~
ou 8ox~) <( sortc de Yase: douvc 1> > dr., ar., mgl. doagă <( dom·c 1> (cn ar.
aussi (( grand couvre-lit en laine 1>) (it. doga, log. doa, cngad. dua, frioul. dove,
fr. douve, prov., cat. daga) 336 • Cippus <c potcau, borne 1> >dr., ar. cep, mgl.
CQmp, ir. ţcp <c bondon » (it. ceppo, engad. cep, frioul. tsep, fr. cep, sep, prov .•
cat. cep, csp., pg. cepo avec divers sens pahni lesquels se place aussi celui
que lui donne le ronmain; neanmoins, l'influencc semantique du bg. ou du
ser. cep reste possible et, sous le rapport phonetique dans le cas des formcs
ar. et mgl., ideniable). Uter, utrem <i outre (pour Ies liquidcs) 1> > CJL utre,
(utur) « outrc; bouc (outre remplie d'huile ou de Yin 1> (it. otre, campid. urdi,
engad. uder, prov. oirc, cat., esp., pg. odre). Le panroman cu,ppa (it. coppa,
campid. kuppa, engad. kopa, fr. coupe, prov., cat., esp., pg. copa) >dr.,
ar., mgl. cupă <( coupe (dr., ar.); vase de bois creux utilise pour la traite des
brebis; mesure de capacite ou de poids (dr. pop., reg.; mgl.)», alb. kupe,
bg., ser. kupa <( coupe 1>. Catinus, -'ltm <(petit plat 1> > a. dr. (XVIe siecle, mcn-
tionne une seule fois dans Pali"a d'Orăştie, Transylvanie, 1581-1582), ar.
căţîn(ă) <(plat, ecuelle », mgl. (seulement a Huma) căţQn <(bol de terre 1>, dr.
reg. căţînă (( petrin I) (dans le nord-ouest de la Transylvanie), căţin (Brăila)
(( petit etang gui se desseche pendant l' ete I)' căţîn (( bloc de pierre; pin ram-
pant des montagnes (nord-est de la Transylvanie, nord-ouest de la Molda-
m REW. 3656; DELL, p. 266; Mihăescu, Lg. lat., p. 291; PEW, 697; DELR, 715;
DER, P· 352; DDA, p. 584; Capidan, Megl., III, p. 135,
335 REW, 1427; DELL, p. 79; Mihăescu, Infl. g1·., p. 54; PEW 241; DELR, 202;
DA, I, 1, p. 7JO; DER, p. 118; SDE, p. 64; DDA, p. 299; Capidan, Megl., III, P· 51.
336 REW, 2714; DELL, p. 181; !\1ihăescu, Lg. lat., p. 288; PEW, 536; DELR, 501;
DER, p. 294; SDE, p. 117; DDA, p. 496.
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24.4 H. Mihăescu
vie), etc.• (it. dial. kadin, kain, log. kadinu, frioul. ~adin. pg. caditiho) 337 •
Le panroman olla forme populaire de aulla <1 pot, marmite» (it. dial. ola,
engad. ula, a. fr. ou.le, prov „ cat„ esp. olla, etc.) > dr., ar. oală, mgl. ttală,
ir. oltJ, idem; a travers un derive restitue ollicella, -am a ete explique le dr.
ulcea« petit pot, petite marmite•. qui devait sen;r de modele ou se retrouYe
a la base de plusieurs autres diminutifs tels ulâcă, ulceluşă, ulcel1tţă, etc.
Urceolu,s, 1trceolum ( < urceus <1 vase a anses, pot•) > dr. urcior, ulcior, ar.
ulcior « cruche t (it. orciolo, a. fr. orptel, prov. orsolJ. Testu. testwn, -i « cou-
vcrcle de pot en tcrre; pot en terre • >dr. (reg. du sud-ouest du pays) ţest
(ţăsl) « objct de tern· cuite ou de fonte de la forme d'unc cloche, utilise pour
recouvrir le pain, que l'on fait cuirc dans le four surchauffe ». mgl. ţgst « cou-
verclc; plateau en terrc cui te» (it. dial. tcslţ, tiesto, testu, cngad. fost. a. fr„
pro,·„ cat. test, esp. ticsio, pg. teslo an·c des sens di,·ers, mais tous se ratta-
chant a l'idce de recipient, pot; le plus proche du dr. reg. cn it. dial). Capis-
terium ( < gr. axctq>L'7":"~ptov) «instrument pour tricr Ies graines; auget »
>dr. (reg., au sud du pa~·s, {des Carpathes). căpi:stere (arch. căpestcr), ar.
căpisteare, mgl. căp1:s1e.1ri (cupistcarz) <c maie, huche a farine J) (it. dial. ca-
pisteo, ka p1:Atyere. kapestiere, ka pristcro «tamis, criblc pourles cereales ll}. Caucus
{<gr.z.ctU><l), x.otuxlov) « vase a boire, auget •>dr. (arch., reg. (dans l'ouest du pays)
cauc 6 vase de bois ou de metal avec une manche tel une grande cuiller, des-
tine a prendre et a boire de }'eau t (cat. CaU, <1ffiC'SUfC pour le \ int>, pg. dial.
coco <1 coupc, gobelet de fer-blanc•). Le diminutif lingula ( < hngzta} « cuil-
lcr I) (cf. lingula - li1igo) >dr., ar., mgl. frn~1tră, ir. hngur~. idem.
190. Le panroman lana (d. luona, it .. log. lana, engad. launa, frioul.
la11t', fr. laine, prov. lana, cat. llana, esp. !ana, p0 . lă) > dr., ar. lînă, mgl.
lQnâ. ir. lăr~ alaine •. Le panroman linmn (it. hno. log. linu. enga<l. l'in, frioul.,
fr .. pro\·. lin, cat. lli, esp. lino, pg. linho) >dr. in .. ar„ mgl., l'in, alb. li« lin».
Le panroman can11apis ( = cannabis), d'origine grecque ( < z.iXv•Jct~Lc;) - et en
grec surcment d'origine orientale - s'est conserve soit dircctcment, soit par
l'intcrmediaire de quclques formcs populaires restituees dans le genre de *ca-
nepis, -em, *canepa, -am, *canapa, -am (it. canapa, ven .. veron. kdnevo, cn-
gad. lianf, fr. chanvre, prov. canebe, carbe, lyon. senevo, esp. cdnamo, pg.
cânhamo), qui dans Ies Sud-Est de !'Europe ont donne: dr. cînepă (cinipă),
337 REW, 1769; DELL, p. 105; PEW, 318; DELR. 288; Densusianu, ILR, p. 725;
Palia de la Orăştie, edition publiee par Ies soins de Viorica Pamfil, Bucarcst, 1968, p. 2j9;
DA. I, 2, p. 198; DER, p. 149; SDE, p. 228; DDA, p. 357; Capidan, Ar, p. 148; Idem, Megl.,
III, p. 66.
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Du latin au roumain 245
.ar. cînipă, mgl. cQnipă, alb. kan(e)p, kerp, bg. konop, ser. k01toplja «chan-
vre • 33e.
*Excarminare ( < carminare) >dr. scărmăna, ar., mgl. scarmin- (scăr
mi1tare, scărminari) « carder » (esp. escarmenar; it. carminare, log. (k)arme-
nare, esp. carmenar, pg. carmear < carminare). Le panroman floccus (it. fioc-
co, Iog.fiokku, engad. frioul., fr., prov. cat.floc, esp.fl(u)eco, pg.froco) >dr.,
ar., mgl. floc, alb. flok <1 flacon de laine » (en dr. aussi <1 flocon de poils ou de
CheVCUX »); jloCCOSU,S >dr. floCOS, ar. flUCOS (<a longS poilS I) (it. fi0CC0S0, CSp.
jluecosoJ. *Folliolz~s ( <follis) >dr. fuior. ar., mgl. ful'or <1 tortis de filas-
se » (en dr. aussi <1 (filasse de) chanvre »); l'evolution semantique de ce mot
a ete expliquec par une association nee d'une certaine ressemblance entre
Ies formcs des objets respcctifs). Toujours a l'aide de certaincs fonnes popu-
laires restituees, dont il convicndrait de mcntionner *carium ( < caro, -ere
« carder ») ct surtout *caiulus ( < caia, -ac « bâton » - cf. Ies gasc. cay, esp.
cayado, pg. cajado), on a essaye d'expliquer lcs dr. caia, _ar., mgl. cair <1 que-
nouillees » 339 •
Le panroman *torquere ( = torquere) (it. torcere, log. torkere, frioul.
stuardzi, fr. tordrc, prov. t6rser cat., csp., pg. torcer) >dr. toarce, ar.
forcz.t, mgl. torc, ir. torce (I tordre, filer I) (cn dr. arch., reg. egalcment (C tOUr-
ner; (se) retourncr », sens preleves par le derive dr. întoarce). Le panroman
Jusns (d. fois, it. fuso, log. fum, engad. fiis, frioul., a. fr., prov., cat. fus, esp.
huso, pg. fuso) >dr., ar., mgl., ir. fus <1 fuscau ». Tortus « tordu, de tra-
vers • >dr. tort « tordu » (arch., rcg.); <c fil rctors (echeveau, toile) de chan-
vre ou de lin». ar. tortu, mgl. tort <c laine filee>>; en dr., memc s'il rcpresente
une forme archaique, le mot a pu etre releve aussi non encore transforme
en substantif, c'est-a-dire avec une valcur d'adjectif correspondant a sa
position en latin ct dans les autres langues romanes qui l'ont conserve (it.
torto, log. tortu, frioul. tuart, prov. tort, esp. tuerto, pg. torto); chez les Arou-
mains et Ies Megleno-Roumains, ou, du fait de leur environnement, l'elevage
est demeure l'activite essentiellc, le sens note du substantif respcctif se rap-
porte au dornaine du travail de la laine, alors que chez Ies Daco-Roumains,
chez lesquels l'agriculture a pu se developper en se divcrsifiant, le sens de
ce terme s'est elargi de fa<;on a englober aussi le travail de certaines fibres
textiles d'origine vegete1le, a savoir cclles produitcs par le lin et le chanvre.
Le panroman filum (it. filo, log. filn, engad., frioul., fr., prov., cat. fil, esp.
ltilo, pg. fio) >dr. ffr, ar. liir (forme avec la palatalisation de la labia-den-
tale initiale releVe egalcment dans le dr. reg.) (I fil », mgl. ir (C plusieUrS filS
tordus ensemble I), alb. Jill <1 fii 1>.
Depannarc <c dcvider 1>, forme Ycrbalc populaire relevee en Italic aux
ne - nre sieclcs, ayant persiste en dr. depăna, ar., mgl. deaphi (dipinare,
dipiiiari), idem (it. di panare, sardre demanare, a. fr. devende, prov., cat., esp.
devanar, pg. debar) 340 • A partir d'un hypothetiquc terme populai re *ras-
clare a du probablement evoluer le dr. răşchia « devidcr Ies fils sur un travouil
338 REW, 1599; DELL, p. 93; Mihăescu, Lg. lat., p. 34, 171, 276; REW, 368;
DELR, 346; DA, I, 2, p. 79; DELROM, P· 45; DER. p. 182; SDE, p. 221; DDA, p. 360;
Capidan, Megl., III, p. 76.
339 PEW, 251; Giuglea, Cuvinte, p. 226-227; DEX, p. 110; SDE, p. 163; DDA, p.
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2-i6 H. l\lihăescu
pour en faire des echevaux » (le dialecte aroumain ne comporte que le deri-
ve ( a)răşcl'itor, răşkitor <1 instrument servant a former Ies echevaux », cor-
respondant au rnot dr. rcişclzitor); des successeurs de la forme verbale res-
tituee, rnais avec d'autres sens, ont ete rcleve en it. raschiare, engad. rascler,
fr. râler, prov., ca t. rasei ar, csp. dial. rac/zar 341 . *I ncolicare ( < calus <c f il de
laine; quenouille avec sa quenouillee 1>) pourrait representer le point de de-
part du dr. încurca <c (s')ernmeler i> (au debut, il s'agissait uniquement du fil
file, des lices, du fii a coudre, ensuite le contenu sernantique du mot s'est
elargi) et *descolicarc > dr. descurca tl demeler I) (pour ce qui est de ce der-
nier cas, a la place d'un derive reconstruit du latin populaire, on serait plu-
t6t enclin de penser a un terme forme en roumain, par le remplacement du
prefixe în- avec le prefixe des- 342 •
Le panroman tl.rert' (it., log. tesscre, engad. tcsser, frioul. tiessi, fr. tis-
ser (a. fr. hstrc). prov. lt'iscr, cat. tcixir, esp. lejer, pg. tccer) >dr. ţese, ar. ţas
(ţasire, ţiis1·are), rngl. fes. ir. fese • tisser 11 (en ar. aussi <c ourdir »). Ordirc (=
=ordin) >dr. ur:.i, ar. urd:.iiscu (urd:.ire), ordu (ord:îre) (mgl. urd:.Qs)
'ourdir » (it., log. ordirc, cngad. 1trdir, frioul. urdi, fr. 01trdir, prov., cat. ordir,
csp .. pg. urdfr); le derive populaire orditura •le rernltat de l'ourdissage,
structure ~ >dr. ur:.iturii, ar. urd:îturâ, mgl. urd:.iitură, idem (it. orditura,
esp., pg. urdidura). Le panroman licium (it. hcc1~0. log. httos, frionJ. lits, fr.
lisse, prov. lisa, cat. llis, csp. li:.os, pg. hţos) >dr. iţ (pop., rare). usuel au
pl. iţt', d'ou est ne un autre sing. 1"ţă plus frequent que iţ, rnais moins que la
forme plurielle iţe), ar., mgl. /'iţă (I lisse 11. Ca111111la ( < camza) <c canne, jonc
mince, plus petit quc le roseau 1> > dr. canură • bourre de lainc 1>, ar. canură
•gros fil de lainc D. Du roumain, le mot devait passer par la suite cn neogrec
(Y.civour-o:) bulgare et serLocroate (ka11ura) 343 • Spatha ( < gr. critcX.6"), tar-
dif spata, spadtl 41 battoir, spatule I) >df., af., mgl. spată (I ros (du rneticr a
tisser) D (log. ispada, it. spado/a, esp. espadilla, pg. t"sj>adcla). (lu)sub(u)lum
( < s11bu!a) >dr., ar., mgl. sul <c cnsouple, ensoupleau » (en ar. et mgl. re-
leve seulcmcnt avcc cc sens cn rapport avcc le rnetier a tisser, alors qu'en
dr. le mot a rc,·etu aussi de sens derivC:·s qui l'ont rendu usuel) (dans d'au-
tn's langues romancs: it. subbio, campid. surbyos, log. 1·ssulos, fr. ensouple,
esp. mjullu), *Fusccll11s, '~fusticdlus, *fustc/lus, ( < fustis) <c petit fuseau » >
dr. fuscel, Juşt"el, fw_;td 11 reglet te, bras (de l'ourdissoir); traverse de la herse;
traverse de la ridelk; piquant; echelon; etc."; (en mgl. on a rdeve avcc le
sens qui nous importe ici le mot fuşt ( i) (pl.) (Ies formes du daco-rouma in
ont lcurs correspondants en it. fuscdlo, a. fr. fuissel, fr. dicil. fise); grâce a
une similitudc de forme a\'Cc divers autrcs objets, le sens du terme a pu s'e-
brgir 344 • Tmdfr(u)la (<tendo) (( perche a etcndre le linge I) >dr. pop.
tindeche (ti11deiclzc, tind cică, tmdeclze, tendâcă, etc.); mgl. tindecl' ă « verge
qui maintient tendtH' la toilc dons le metier a tisser)) (le dr. comporte ega-
lemcnt d'autres sens derives) (it. dial. tindee, frioul. tendele fr. dial. tediyo,
341 REW, 7072; PEW, H41; TDRG, p. 1301; CADE, p. 1049; DLR, IX, p. 159; SDE
p. 368; DDA, p. 190, 1040.
342 REW, 4360; Giuglea, Cuvinte, p. 28-29; DA, li, 1, p. 616-617; Rosetti, ILR,
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Du latin au roumam 247
.tedilo, prov. tendiyo). Spatium « espace libre, etendue, distance, intervalle ~>dr.
pop. spaţ, spas, ar. spaţ «espace entre l'ensoupleau et le ros» (a. it. spaz:o,
it. dial spats, spas, a. cat. cspau, avec des sens differents par rapport a celui
du roumain). Le panroman tela ( < texo) « toile, chaîne de la toile », (it„ log.
tela, engad. taila, frioul. tele, fr. toilc, prov„ c<Jt., esp. (> pg.) tela, pg. teia)
>dr. teară « chaîne de la toile » (reg., en l'ouest du pciys), <1 toile » (a. dr.)
.(dans le dialecte aroumain et en Oltenie on a releve la meme forme, c'est a
di re teară, rnais seulement civec des sens derivcs, figures: «creme du lait;
taie de l'oeil, c<Jtaracte »). Le panroman trama « chaîne, trame, tissu » (it„
log. trama, engad. troma, frioul. trame, a. fr. traime, prov„ cat„ esp., pg. tra-
:mci) >dr. (reg„ dans Ies parlers de Banat et Crişanci), ar„ mgl. tramă« tra-
me I) (dans le dialecte daco-roumain, on a releve come reg. quelques sens
derives: <• qucnouillc; eto:upe ». *Pedinus, -um ( < *pcdhrns, -a, -um) < pes,
pedis} >dr. (reg„ surtout au sud des Carpathes) piedin, picJcn, Redin, l~e
dei!, etc. <1 portion de l'ourdissages au bout de la toilk. que l'on ne tisse pas»,
ar. li ca.din, (li edin), m c;l. ,;, iadin <c la inc bicn f ilec » (sic·. pedinu, trioul. pinic) .
.Squama <• ecaille (sens proprc et figurc ») > dr„ ar. scamă <c charpie » (it.
squama, prov„ cat„ esp„ pg. cscama, CJVec le sens du latin, mais en italien,
par exemple, on rctrouve aussi celui du roumain). Le panroman stuppa ( < gr.
a„,uit(7t)"I)) <• etoup~ » (it. stoppa, log. istuppa, engad. stoppa, frioul. stope, fr.
itoupe, prov„ cat„ esp„ pg. cstopa) > dr„ ar. stupă, alb. shtuppe, gr. biz .
.o-To•Jit7tlX, ngr. o"rou7t(it)l „etoupc" 3 .i:>. ·
191. Aws <c aiguille » > dr„ ar., mgl. ac, ir. âc, d. juak, idem (it. ago,
1og. agit) ; acia <• aiguillec de fil; fil en aiguille » > dr., ar., mgl. aţă, ir. âţ~
(C fii)) (en af. (pl.) aUSSi (I fils d'un CCheveaU)); en mgl. SCUlement dii a COU-
·<lre ») (it. aceia, engad. aca (I echeveaU (de lainc; fil de COtOU, de Soie, CtC. »).
Le panroman coslre (= consulre) (d. koscr, it. cucire, log. kozire, engc>d.
ku:ir, frioul. ku.:i, fr. coltdre, prov. cozer, cat. cosir, esp„ pg. coser) >dr.
coase, ar., mgl. cos (coasi1'e, cuseare; coasiri, ir. cose «coudre ».Le panroman
digitale ( < digitus, -i) <• doigtier », (it. ditaie, frioul. dedal, log. didale fr. de
(a. fr. deel), prov. dedat, didal, cat. didal, esp„ pg. dedal) >dr. degetar (reg .
.degetare), ar. dzidzitar « de » ~ 46 • Forfex,-icem >dr. foarfece, foarfecă, foar-
Jică, etc„ ar. joaijică, mgl. foa1jiţ, foarficd <c ciseaux » (a. it. /orfice, it. dial.
forjeze, foarhcf}, log. Jo1jige, rngad. forsch, frioul. forjes, fr. forces, prov.
fo~/e); Ies formes ohtcnucs en roumain etant rcssentics comme pluriels, Ies
trois di~lectes connaissant ce mot ont procede a la restitution d'un singulicr
a part ir de ces pluriels; le derive verbal f orficare (log; forfi'gare) > dr. for-
je ca (( COUper (aVCC des CiseaUX); briser, broyer; mâcher >) et, ~li figure, (I Se-
~llOllCCr ».
Le p:mroman nodus (it. nodo, log. nodu, engad. nu,f, fr. noeud, prov.
no, cat. nus, esp. nudo, .pg. n6) > dr„ ar„ mgl. nod <c nreud »; nodare > dr.
(arch„ pop.) noda, ar. nod (nodare) « nouer » (a. engad. nujar, fr. nouer, prov.
no:ar, cat. nuar; quant au synonyme innodare >dr. înnoda, mgl. q,nod, idem
(prov. enozar, esp. anu.dar); les deux verbes susmcntionnes peuvent aussi
34 5 REW, 8332; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 33, 290; Idem, Infl. gr„ p. 49; PEW, 1662;
Hristea, Probleme, p. 44; DER, p. 281; DEX, p. 239 estiment plus appropriee la solution d'une
derivation sur le terrain du roumain depuis deget +-ar): DDA, p. 523.
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248 H. Mihăescu
m REW, 3801; PEW, 711; DELR, 734; DER, p. 360; SDE, p. 85; DDA, p. 591,
592; Capidan, Mcgl., III, p. Ml.
3 ' 8 REW, 6516, 65'48; PE\\', 1287; DELR, 1357, 1358; DLR, VIII, 1, p. 346; SDE.
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Du latin au roumain 249
< pallia < pallium « mcinteau; voile linnceul I), forme qui se retrouve aussi
dans quelques langues romanes occidentales: a. fr., prov.).
(In)vestire ( < vestis, -is) >dr. (arch, reg.) înve.şti, înveşte, ar. (în)-
vesm, nvescu, mgl. t]nves, nves, ir. anveşti « vetir 1> (d. vester, it. vestire, log.
bestire, frioul, visti, fr. vetir, prov., cat., esp., pg. vestir); le panroman vesti-
mentnm ( < vestis, -is) (it. vestimento, log. bestimenta, engad. vestimahtt, fr.
vet:me:1t, prov. 'iJestimeilt(a), cat., esp., pg. vestimenta)> dr. veşmînt, veşt
mint, v,;,stmînt, ar. veştimfritu, mgl. viş(t)mint, anveşmint, anveştimint, anviş
tămint « vetcment, habit „(en dr., la forme du pluricl s'applique aussi aux
(I vetements saccrdotaux »). Le panroman braca, pl. bracae (I braies, panta-
„
lon > dr. (reg. rare, dans le parler de la l\foldavie septentrionale) bracă
(le pluriel en est utilise plus frequemment : brace, braci) <1calec;ons I), alb.
breke, gr. byz. ~pcixot <1 braies, pantalon» (it. brache, log. ragas, cngad. bra-
y'as, fr. brai:e, prov„ cat„ esp„ pg. braga) *im.bracare ( < braca) >dr. îm-
brăca « (s'habiller, (se) vetir I) (it. imbracare, fr. em.brayer, prov. cmbragar);
a partir d'un *disbracare ou au moyen d'une substitution de prefixe en rou-
ma in est ne l'antonvme dr. desbrăca, dezbrăca; îmbrăca - dezbrăca et le de-
rive îmbrăcăminte ((- vetement I) sont des formes creees par derivation ·soit
dans le latin vulgaire, soit en roumain meme; ces formes ont concurrence
fortement, cn tranchant meme nettcment en leur faveur dans le dialecte daco-
roumain, ainsi que Ies sources des trois ou quatre dernicrs siecles le mon-
trent, la dispute avec Ies synonymes în.veşti (înveşte) - dezveşti (dezveştc),
veşmint, dont Ies formes correspondantes sont en re,·anche restees courantes
tant dans les dialcctcs roum<1ins sud-danubiens, que dans Ies langues roma-
nes occidentalcs, ou la competition proprement-dite a cet egard n'a pas eu
lieu: bracile ( < braca) <cceinture de moine ou de femme I) > dr. (pop:;. reg.
dans differentes zones du pays: sud-ouest, ouest, nord, etc.) brăcire, brăcile,
brăcele (utilise surtout au pl. brăciri; Ies formes du singulier etant ressc·nties
comme un piuriei, sont restituees ~ partir du pluricl Ies sing. brăciră, bră
ci11ă, brăcilă « ceinture 1> (a. log. braki'le). Le lat. vulg. *sarfra (cf. sericum, pl.
serica) > dr., ar. sarică, alb. sharke « manteau (d'hivcr) en lainc et a longs
poils » (porte par Ies bergers daco-roumains des zone montagneuses) (c;:ifa br:
sarga, fr. sarge, esp. sarga; en revanche fr. serge, prov., esp. jerga, pg, xerga
<lat. serica). Le panroman manica (< manus, -us), sing. rare, employe
surtout au pluriel manicae (it. manica, log. mâniga. engad. manga, frioul.
manye, fr. manche, prov., c;:it. manega, esp. pg. manga) >dr. mînecă, ar.
mînică, mgl. mQnică, ir. mărecă, alb. menge, gr. byz. [ţocvtxoc (ngr. µotvCzt)
<1 manche 1>.
SubrnWerc ( < mittcre) « mettre sous, c1woyer sous 1> > dr. swmete <i(sc)
retrousser Ies manchcs ou la jupe 1>; «(se) relcver » (it. srmmettere, prov. so-
metre, esp., pg. sometcr, avec le sens plus largc de « mettre sous 1> dane <1 sou-
mettre, assujcttir, subordonner 1>. *Sitffolicarc ( = sub+ follico) >dr. su-
fleca (reg. sufhca, sitfuleca, sujul(i)ca), synonyme de sumete, dont il surpasse
la diffusion ct la frequence 352 . (In)cingcre >dr. încinge (arch., reg. cinge;
forme qui se retrouve a la base du derive ângâtoare « ceinture 1>, usuel dans
352 REW, 8432; PEW, 1677; TDRG, p. 1526; CADE, p. 1228; DER, p. 807 (avcc des
rcsenes au sujet de cctte ctymologic, compte tenu de l'evolution du mot parallelcment a Îll-
juleca, înfulica < infollica.re et la mention de quelques autres solutiom1 proposees jusqu'a prc-
scnt a·1cc pour point commun l'idee de son origine latine; ccpcndant toutes ces solutions pre-
sentent chacunc des inconvenients encore plus grand.s); SDE, p. 411.
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250 H. Mihăescu
le dr. actuel aussi), ar. ţingu (ţind:ire, ţind.:care), mgl: (~)ntsing, ir. ănţin:::c
<c ceindre » (it. (i11)ci11gere, log. k1"11gerc, frioul. sm::.i", fL (en)ceindre), prov.
( cn)cenlzer, cat., c01yir, esp. c€1iir, pg. ci11gir); *chnga forme populaire, me-
tathese ·de ci11g(u)la ( < cingo, -m) >dr. chingă, mgl. cl'hzgii « sangle, cein-
ture »; alb. qi11gll, gr. byz.. ZL'(j'Î.a:, i<lcm < cing(u)la, de meme que Ies it.
cinghia, ·log. /â11ga, fr. sangfr, pro,·. cmglir, cat. siilgla, esp. cine/za, pg. ci/Iza„
cigna. Le pan roman corri!!.ia « lacet <le soulicr; courroic, laniere, fouet » (tosc.
corrcgia, log. /wrri,1, .frioul. kort'ye, fr. courrofr, prov. corcia, cn.t. corrcija,
esp. corrca, pg. corrcia) >dr. curt'cl, ar., mgl. cHrcauă (dans le nord, ar. .-u-
rao)" <ccourroic ».A part ir d'un hypothetique *11as!Hlus (cf. 11astula <c bouton »)
se sont probalilcmcnt de\'doppes Ies dr. 11ast11rt' (reg. 1111st11r). ar. 11t1siHr
~bonton». terme atteste par Ies sourccs daco-roumaincs des Ic XVI" ~iecle
(\·oir aussi l'it. dial. 111îslo/(.i)) 353 . *C/,111/ori:t ( <* claitlits =cla;:atus) >.dr.
(/tcotoart' ( (/zmtoarc. clziotoarl') cc !aed au mo~·en <luqud on serrc la clwmis~
au cou i> (dans le costume p:i.ysan); « li0utonnit•r1_·; jointurc: angle; articula-
t ion, etc.•> 35 -'. Fiita cc ruban ou lian<lclettc scrYant ~l maintenir la che\'clure ·~
>dr. pop. be>t-P (pl.) « ceinture (C-troitc et longue); ccrdon (de taille); bande, poig-
nl't ou col; lisierc ·(de drap de toilc), etc. •>. mgl. betâ < jarretiere 1> (it. ~·t"tta
(dial. i•itta), frioul. t't"fr, a. fr. ;.•etic, pro\'. 1.>c/11, cat., a. esp. h<'ia). Balteus
<• liandricr I) > dr. (n'.·g. dans ll' nord de la Transvlvanie et le nord-oucst de
la Molda\'ie) baiţ• lacet, lacs; \"Oile I), ar. bcilţu. (I sorte de fichu Liane dont se
coiffrnt ks vicillcs frmmcs & (it. bal:.o, frioul. bal::, pro\'. baus, cat. bals, ('SP-
bal::.o, pg. balso awc des sens clifferant du roumain).
192. (lu) calciart" > <lr. Îllcă/ţa' ar. (") ncalţu, Îlll:al/ u. ( (a) 1tcâl/1li'c' r
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Du latin au roumam 251
une moindre aire de diffusion, mais plus populaire et avec un champ seman--
tique ·plus limite, en raison du sens de « pieds nus » du terme apparente dis-
culcius (lui aussi berite ou peut-etre forge par une derivation · regressive en
roumain; dans ce dernier cas, de meme que dans Ies deux autres, la sollltion
.ayant conduit a la naissance des derives respectifs en roumain ne.·satirait
s'e.xclure, mais dans le contexte de leur attestcition en latin ce sera, cornme de
juste, une solution possible en second lien) 355 . Insolare ( < soia, pl. de so-
lum <• semdle »)>dr. (rcg., dans Ies parles de Transyh'anic) · i11s11r,1 <<• rcmon-
ter des 1.Jottes » (sa rele insolare, frioul. insuler).
Le panroman ancl!its ( < anus) (d. agnial, it. anello, cngad. ane, fr.
anncau, prov. anell, cat. aneJl, esp. am:Uo, pg. elo) >dr. inel (arch. reg. încl,îrel).
ar. nel, mgL nind, ir. aret <( anncau ». Brachiale: ( < brachimn) >dr. brăţară
<1 bracelet » (it. bracciale, a. fr. braciel, p:-ov. l:rasal, csp. bra:::al, pg. bra~al).
Circdlus ( < circus) <c cerceau »>dr. cercel, ar. ţirţel <1 bouclc cl'oreille »: (d.
kercdlu, abruzz. carcclle, esp . .:arcillo, idem; fr. cerceau.,· etc.). l'in·a « sorte
de bracdet d'homme » > ar. veare « bouclc d'orcillc » (.ven., lomb .. vera, a.
eng~d. vafra, a. fr. vcrge, prov. verga <1anncau»). 1Uargella «corail».. >dr.
·mărgea, (art. mărgeaua, d'ou le sing. reg. mă·rgcauă), ar., mgl. măr.dwauă
<1 rassade, perle » (en ar. et en mgl. le mot designe aussi la <•pupillc (de l'.ceil) •).
Le panroman !avare (voir it: lavare, engad. laver, frioul. lavâ, fr. lavcr,
prov., cat., csp., pg. !avar) se retrouve dans Ies a. dr. la, ar. lau <1 fa\·er.» (le
dr. actuel .conserve (pop„ r~g) seulement quelqucs formes isolecs de la para-
<ligme de ce verbe: iau; lai <1 je me lave, tu te la,·es », lâut <1 lave» (surtout cn
parlant des cheveux).; .lavatura <1 eau qui a servi a laver des aliments 04 _des
plaies » > dr., ar. lăt-ură (1.ţtilise surtout au pluriel, lâtnri), idem (iL lavatur.a,
fr. lavure, prov., esp., pg. lavadura). Le concurent synonyme qui <1; re~pla
~e presque tous Ies desccndants roumains de lavare est .spăla ( aspel e11. a,r.)
(<lat *cxperlavare > *expcllavare, forme composee de lavare c~nscr;vee
seulement .en roumain),; unc autre forme composee excaldare <1 baigp.qi»>
> dr. scălda, ar. ascaldu, idem, mais cette fois il s'agit d,'un mot qu'on-'pcut
retrouver aussi dans Ies. autrcs langues romanes (it. scaldare, engad .. .sl(,f),qer,
frioul sk'alda, fr. echaud:er, prov. escauder, cat., esp., pg. escaldar, surtout a.Yec
le Sens initial de latin (( feChauffer »); lixivia (I lcSSÎ\'C I) > df. leşie, idem (it.
lisciva, engad. a!Civa, frioul. lisia, fr. lessive, cat. llei:·âv~. esp~ leja). et ·dans
le Sud-Est de l'Europe, istr. lisi.. cr. liksija, lusîja, ngr. &1..Lcr(~cx. Lat. p~_cten,
-inem <1 peigne » :>dr. pieptene, ar., mgl. ~eaptine (lhapthie), idem (d.. pfa!?-
no, it. pethne, log. pittene, engad. peten, frioul. pietin, a,fr. pigne, fr. peigne,
pro,·. penche, ccit. pinta, · esp. peine, pg. pentan); pectinărc ( < pccten) > dr.
jie ptăna, ar. l..=eaptin, mgl. liia ptin <1 peigncr » (it. pettinare, log pettenarc,
engad. petner, trioul. petend~ fr. peigner, prov. penclzenar; cat. penti11ar, esp .
.Peinar, pg. pe11tear).
Habitat_ion ; chauîfage ; eclail'age
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2.'i2 H. ?.Iihăcscu
hachettc; tailler » (a. it„ log. dalare, frioul. doli, fr. dala, pro\'., esp. dol.~r) ;·
bien qu'ayant e\'olue vers le sens general de « construire. edifier » - c\'olution
normale compte tenu de l'importance csscntielle du bois pour la construc-
tion .dans l'espace geographiquc rcspectif - le daco-roumain devait cor.ser-
\'cr pendant tres longtemps aussi le sens limite de cc mot cn latin, garde en
revanchc comme signification de k1se par le megleno-roumain, de memc que
par ]es langucs roniancs occidentaks. Le pan roman casa ~ huttc; cabane (de
pâtrc), puis petite frrme: maison » (<l. kuosa, kesa, it. rnsa, cngad. l~c::.a, friouL
ka:=11, pro,· .. cat., esp., pg. c11sL1; fr. chaisc (j domainc »(a. fr. chiesc diw «mai-
son du Sl·ignt:ur ») >dr., ar., mgl. casă, ir. ah~« maison 1> 356 •
A part la tl'rminologil' des notions fondamentaks liecs a l'actiYitt'· de
construction (<lu tra\'ail, de la taille <lu bois) ct a l'icke de • maison 1), tntie-
n·mcnt heritcs du latin sunt c~gakment ks mots donnt'.·s aux materianx prin-
cipaux dl' la construction; ils <leri\'ent de /ig1111111, petra. /11tum - krnws pre-
srntes dans ks precc.'.·dants chapitrcs (cf. ]cs §§. 157, 159). Ll' panroman p,1-
/us (it. palo. log. palu, cnga<l. pd, frioul. pi.li, fr. picu, pau.r, pro\· .. cat. p,d,
1·sp. palo. pg. pao) > <lr., ar., mgl. par, ir. par «picu» Sumdula > dr., <!L
scindurâ, mgl. scQndmii • planc!w ~ (it. dial. skâudola, frioul. s1'a11dule. sarde·
1·sA~ândula, fr. ichandole). *.i...·tulus, -um = st_vlus ( < ~r. oTVAoc; • colonnc ») >dr.
(arch., reg.) st11r. bagudk <le glacc, de suie», ar. stur. pilier o, pilastre., alb.
sht_vlli • colonne, pilit·r ~ 357 .
Le panroman m11rns •mur~ (d'une \'Îll<'. par oposition ;\ paries ~mur
d'une maison o) >ar. mur •mur, murailles • (d. mor, it. muro, log. muru.
engad. mzir, frioul., fr .. pro\'., cat. mur, esp., pg. muro). Le panroman pa-
ries, -{i)ctem >dr. pert'lt' (reg. piirelt') •paroi, mur, murail1c » (it. parrte,
mgad. paraid, frioul. parl'I, fr. paroi, pro\'. parei, csp. paud, pg. parrdc);
murus s'est conserve donc dans le dialecte aroumain, alors que parie.'I s'est
maintrnu ('n daco-roumain, phcnomene du sans doute a leur sens en 1atin,
cn fonction ele la nature du mur, de sa strnch1rc, du materil'l utilise genera-
lf'ment - picrrc chez lcs Aroumains, hois chcz ks Daco-Roumains; c'est
C•' qui expliquc pourquoi 1c premier terme ne s'cst pas conscr\'c dans k clia-
kctc nord-danubien. ou sa place dcvait etrc prise plus tard par un clement
d'originc sla\'c zid, tout jouissant d'une rcnaissance ephemerc comme ter-
me livrcsque au XIX'" siecle. sous une influencc latino-romane; cn re\'anche.
le mot s'est maintenu dans le dialecte sud-danubirn, cn depit de toutc influ-
enc1· Nrangere; Ies formcs pardc, part'd, rclevccs cn istro-roumain s'cxplique-
r~iL1lt plut6t par une influence italicnnc que par un heritage du latin. Cclla-
rium ( < cella) • garde-mangcr, ccl1icr, office~ >dr. (pop., reg.) celar, idem
(a\'cc aussi le sens de ~ chamhrctte; ca\'c »). ar. /ilar « ccl1ier i>. Tenda ~ten
te 1> > dr. tindâ cc vestibule: corridor, galerie (arch.); tcrrasce m tcrre battue
chcz ]cs maisons paysannes, galerie cxtericure formant balcon, veranda t>.
alb. lt~n:lf, tende ~ toit de roscaux », gr. byz. ·d'ln, TE'18oc (ngr. -:E:vToc)
«tente» (it ., log., cngad., pro\· .. cat. tmda ~tente; ridcau », csp. ticnda, pg.
ft·nda (t tente; kiosque; echoppc 1>).
359
RE\\', 1728; DELL, p. 10.l; :'.\lihă.escu, Lg. lat., p. 285; PEW, 302; DELR. 279;
DEH. p. li6; SDE, p. 177; DDA, p. 318; Capidan, Meţ:l., 111, p. 63; Pn!;'carin, St. istr.,
IJI, p. 106, 306.
m PEW, 166'1; CADE, p. 1222; DER, p. 804; SDE, p. -405; Densusianu, ILR, p. 801~
Rosetti, ILR; p . .'i!J3; :'.\lihăescu, I11fl. gr., p. 61; DDA, p. 1127.
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Du latin au roumarn 2.5.J:
Le panroman porta, -am (it., log., engad. porta, frioul puarte, fr. porte,
prov., cat. porta, esp. puerta, pg. porta) > dr., ar. mgl. poartă «porte co-
chere », d. puarta, alb. porte «porte». Les formes populaires ustium, ustia
(= ostilt1n ostia)> dr. uşă (reg. ttşe), ar. uşe, mgl. uşă, ir. uşe «huis, por-
te 1> (it. uscio, frioul. 1ts, eng::id. us, fr. huis, prov. uis, a. esp. uw); ustiolum
( = ostiolum) > dr. uşor <c montant d('une porte 1>) (engad. u{;ăl, prov. uisol,
pg. ich6). Le derive populai re titina ( < litia) <c biberon 1> > dr. ţîţînă « gond,
bourbillon 1> 3'is. Le panroman fencstra, ._am (it. finestra, log. fronesta, engad.
fnestra, fr. fenetrc, :r-:-ov. fenestra, cat. finestra, a. esp. hiniestrn, pg. frcsta)
> dr. jereastrâ (jerestă), ar. fireastrâ (jireastă), alb. Jenjeslzter, Jeneshter
~c fenetre » (les formes revetues par ce mot en roumain suggercnt la presence
d'un hypothetique *ferestra, ne par l'assimilation du n, ce qui ne saurait
toutefois s'appliquer aux formes albanaises qui s'accordent avec celles rele-
vees. dans les langues romanes occidentales). Le panroman clavis, -eni (it.
chiave, log. gae, engad. klef, frioul. klaf, fr. clef, prov., cat. cla11, csp. llave,
pg. clrnve) >dr. cheie (a. dr. cl'aic), ar. cl'eai(e), mgl. cl'eili (pl.), d. kluf
«def». (In)cludere « (en)fermer; (en)dorc 1> >dr. închide, ar. (î)ncl'id,
cl'id ((î)ncli'deare, (î)clidiri), mgl. (tţn)cl'id, ir. (ă)ncl'ide, idem (it. (in)-
chiudere, a. log. klaudcr, fr. (en)clore, prov. (en)claure, cat. (en)cloitre, a. pg.
CheztVif) ," de discludere (I fermer Separement; Separer I), OU de Închide par Uil
changement de prefixe) devaient se developper: dr. deschide (reg., dans le
parler de Valachie: dăscliide, deşchide, dăşclz1:de), ar. dişcl'id (dişcl'idearc,
dişcl'idire), mgl. dişcl'id (dăşcl'id, dişl'id), en ir. avec un changement de
prefixe: rescl'ide (reşcl'ide, rascl'ide, raşel' ide) « (s')ouvrir » (it. disclziudere,
a. fr. desclore, prov. desclaure, cat. descloure). Le panroman cuneus, -um
~ coin:» (a. it. cogno, sic. kuliu, log. kondzu, engad. ku011, fr. co-in, prov. conh,
cat. ·c:ztny, esp. cuiio, pg. conho) >dr. cui (reg., dans le parler du Banat:
Cit1iti), af., ir. Czt1ilt, alb. kunj, kuj (I COin a fendre le boiS I) (dr. reg., dans le par}er
de Maramureş, et en alb.); « dou; cheville 1>; *incuneare (in + c1meare <c fen-
dre ou serrer avec un coin ») >dr. încuia • fermer a def»; cette evolution
semantique est explicable compte tenu de ce qu'on utilisait primitiwment
un « cuneus », introduit dans un anneau pour ct.ssurer la fermeture d'une
porte; aussi une telle evolution a df1 se produire deja dans le latin vulgaire;
a partir de *discuneare ou de încuia (par un changement de prefixe) est nee
la forme dr. descuia« ouvrir (avec une def) 1> (cf. Ies sarde diskundzare, frioul.
deskonar, a. fr. descoignier) .
"'Traiecta, -am ( < traicere (I jeter au-dela; faire traverser 1>) > dr. treap-
tă <1 marche, echelon 1> 359 • Scala <1 echelle; marche d'escalier » > dr., ar„ mgl.
scară « escalier; echelle », alb. shkalle « echelle; marche d'escalier » (it. scala,
log. iskala, engad. schala, frioul. sciale, fr. echelle, prov., cat„ esp. ( > pg.)
escala). Stratuni (I literie; couche » > dr. strat (arch., reg.), ar. strat, alb. sh-
trat « lit., couche 1> (a. it. strato, idem; prov. estral, esp., pg. estrado) Capita-
neum ( < caput, -itis) > dr. câpătîi (arch., reg. căpătîlii) <c chevet; traver-
sin; oreiller » (le mot a conserve egalcment son sens initial: <c tete, sommet,
comrnencement », m::iis aussi celui de: <c extremite, bont, fin», auxquels s'ajou-
tent encorc d'autrcs sens derives), ar căpitiMu (dans le nord), căpitîMu, că
pituni.u (dans le sud) <c chevct: oreiller; coussin », mgl. căpitan ( căpitQ11, cu-
3 58
.:Mihriescu, Reco11st„ p. 570; Idem, Lg. lat„ p. 29; DEX, p. 989.
aboPEW, 1756; TDRG, p. 16"10; CADE, p. 1326-1327; DER, p. 857; DEX, p. 9i0;
SDE, p. '438.
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254 H. Mihăcscu
piton) <i orcillcr i> (ii. wpitagna « margc; lisierc; bordure d'un champ_•. log.
kabz"dale « orciller •> J.
*Astruicar<' ( = astrucrc) >dr. astruca (( (se) couvrir (d'une couver-
turc) •> (arch., reg. <lu Banat et d'Oltenie; a part ir de la se sont developpes
Ies sens derin~s: « Sl' ml'ttrc au lit; se coucher; couvrir (avcc de la terre afin
de· cacher), cachcr; cntcrrcr, inhumer » - ce dernicr sens mieux <;:pnserve
pas ks parler du nord ct de l'ouest du pays) 360 • (Ad)sterncre >dr. aşterne,
ar. aştemu ( aşframir.', aştimeart'), mgl. şlem (ştearnfri), ir. ( a)şterne. « eten-
drc, etaler par terrc; foire le lit I) (d. stcm11ti, it. dia.I. sfrrni, stemer, Iog. ister-
rac, sursih·. slianrfr, frioul. styer11i, a. fr. csfrmir, a. pg. cstrcr, avcc des sens
differmts); k particip.· sulistantin~ <le cc wrbe, c'est-:i-dirc cn dr. aştem11t,
ar. a.~timul, mgl. ,-;/z"mut est devenu le terme usuci pour designer la diteric •>.
Par consequent, (ad)~/,·mert' s'est impuse cntrant cn competition avec ~'as
truicarc. competition qui a <lu se manifcster jadis dans Ies dialectes rou,nains
su<l-danuhicns aussi; <k meme, (ad )sfrmu/11111 dc\·ait concurrencer le mot
stra/11111. Le panroman 11101sa «table• (d. maisa, luc., log, mc:a, cngad. ma1:sa,
fr. 1llf)is1', cat., csp., pg. lllt'sa) >dr. masâ, ar., mgl., measă, idem. Scamnum
<i escabeau, marchepieJ, taliourd, banc• >dr. scau1t (reg„ au Banat scamn),
ar. sca1111111, mgl. sca11d, ir. sc<i11d(u), alb. shllamp, sltkcmb, gr. byz. ~ciµvov
(ngr. crzixµvl) • escahl'au; chaise; puis tronc• (en <lr„ ar., alb., gr. hyz.) o sie-
gl' •1 (en dr., alb., gr. byz.) (it. scannu, log. iska1111u, a. fr. esclzame, pro\·.
escan, esp. csca'l1o, pg. cs(,111/zo, pg. dial., dans le nord, cscano).
19'.. Lat. \'ulg. dcspium· <1 fcndrc •1 >dr. ch~spica, idem ct des(s)ecare
ou dissffarc cc couper 11 >ar. disic ( disicarc) « fcndre t 361 • Ase/a = ( astula)
<i cop1·au I)> <lr. aşchie, ar. aşd'c, mgl. iaşcl'ă Ci eclat (de Lois), copcau I),
alL. ashkl, aslzqc o ais, cojeau, rognure I), d.jaskt', idem (it. dial. (merid.) asc(l)a,
log. a8a, lyon. aklya, pro\'., cat. ase/a, pg. ac/za) 3 o:i. Appreltendere (a.d+pre-
/101dcr1·) <1 s;iisir (par l'esprit), compren<lre, apprendre; s'allumer1> (ce der-
nier sens est atteste par des textes <le base-epoque) >dr. aprinde, ar. a:Prin-
du ( 1.1pri11dcarc, apri11dirc), mgl. pri11d ( pri11diri), ir. ( a)pr1:nde <1_.(i()allu-
mer, prrndrc feu, mettre le fru a, mettre l'n feu, etc. (it. dial. (sept.i .apren-„
da, idem; pour le reste seukment a\'cc ks sens abstraits anterieurs du la-
tin: it. apprmdcre, fr. apprazdrc, pro\'. aprmdcr, cat. apendrcr, esp., pg_. apre11-
dcr); notons donc que le roumain cn general, ele memc quc l'italien dialec-
tal ont hl'·ritl> du sens tardif, concret, du terme. Es.ca ( < edo) <1 nouui~ure;
appât, csclll' •> > dr., ar. mgl. iască, ir. iasca « amadou (Fomcs ig1iari11s „
ou Fomes .fomcntarius), alb. cslzld <c amorcc, appât, csche » (it„ log. ('scp,, fr.
csche, pro,·., cat„ esp., pg. csca a\'ec ks clcux ou bicn a\'ec un seul.des sens
du latin). C'est prohableml?nt de (ad) ma11(u)arimn que sont nees Ies for-
mcs dr. am11ar (rcg. amănar, amînar), ar. amnare, amncar, mc'inarc, mînar,
mgl. mâ11ar <i Lriquet 11 (il est possible qu'en cours d'e,·olution ce term.e ait
aussi subi unc contamination avec ig11ari11s ( < ignis) (( briquct •>, attcste
360
HE\\", 748; PEW, 1.53; DELH., 106; D ..\, I, 1, p. 332; DEl{, p. 46; ~µE, p.
38; Teofil Tcaha. O nouă nuirt11ri~ de continuitate 111 graiurifr româneşti actuale: 1·erb11l astru •. a,
«Studii de <lialectologic t, Timişoara, 1984, p. 325-336. · · ·
3 1
" J{EW, 2600; 2688; .Mihăescu, Lg. lat „ p. 66, 186; PEW, 52i, 535; DELR, 500;
CADE, p. -,105; DIH, p. -,182-483; DEH., p. 287; SDE, p. 107.
3 2
" RE\\", 736; Mihăc:scu, Lg. lat., p. 65, 197, 240-241; PEW, 136; DELR, 94; D ..\,
I, I, p. 289-290; DER, p. i2; SDE. p. 42; DD ..\, p. 235; Capidan; l\lcgl., III, p. 153'.
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Du latin au roumam 255
par le_s.· sources dt> basse-epoque) 363 • Le panroman foms (d. fuk, it. fuoco, log.
{ogu, eng.ad. făg, frioul. fug, fr. jeu, prov. fuec, cat. joc, esp. fuego, pg. Jogo)
>dr., a_r., mgl. ir. foc <( feu ». Le panroman fum11s (it. fu.ma, log. fumu, en-
gad.,.fiim, frioul., fr., prov., cat. fum, esp. humo, pg.fumo) >dr., ar., mgl.,
.fmn <du:rnee »; le panroman fumare > dr. fuma, mgl. fmn (fuma ri) <c fu mer,
degager de la fumee » (en dr. aussi (( incendier »; arch. avec Ies dcux sens),
««fmner .du tabac» (sens moderne, d'apres le franc;ais en dr. et d'apres le dr.
en mgl.) (it., log. fumare, engad. fiimcr, frioul. Jumâ, fr. f111ncr, prov., cat.,
esp., pg. fumar); fmnigare >dr. fumega « fumcr, degagcr de la fumee »,
(esp. hmnear, pg. fumear) (par consequent, un verbe synonyme de fuma dans
l'acccption etymologique de celui-ci; la competition entre Ies dcux synony-
mes s'est achcvee cn fawur de fumega, avantage par la noun'llc acception
acquisc pcir fuma de plus cn plus frequemmcnt utiliset', ce gui dcvait finir
par conferer a cc tem1e son sens special); *affwmare (ad+ fumare) > dr.
ajumarnr. afum (afumare) (( fumer; exposcr a l'action de la fumec >) (it., log.
a/fumare, prov., cat. -afwmar, esp. alrnmar, pg. afumar). Ardere (=ardere)
> dr. -arde, ar. ardu ( ardi:are, ardire), mgl. ard ( ardiri), ir. arde <c bnller;
incendi:er 1>; arsura, -am ( < arwm) > dr. arsură <c bn1lure; chaleur acca-
blantc; vent brulant; feu, incendie, etc. 1> (it., log. arsura, engad. arsiira, a. fr.
arsure„ a. prov., cat. arsura/ .Incendere ( ,< -cando) >dr, încinge (arch. î11cinde,
modifie sous l'influence de încinge <( ceindre » < incingerc, idem) <( (s');illu-
mer, (s')enflammer; bruler, rcndre incandescent; s'echauffer, etc. 1> (it. in-
cendere, prov. cncmdre, cat., esp., pg. encender). Le panroman titio, -onem
(it. tizzone, log. tittone, a. engad. tizzun, frioul. stits6n, fr. tison, prov., cat.
tiz6, esp. tiz6n, pg. tiţcio) >dr., ar. tăciune, mgl. tăeuni, ir. taeurn (et par
metathese, eaturu) (( cherbouille; nielle du ble ou du mais)); *attitiare (ad+
titio) > dr. aţîţa (( attiser, raviver (le feu), (s')allumer (le feu) 1>, d'ou aussi
un sensfigure <( inciter, instiguer; exciter, susciter, etc. 1> (it. attizzare, fr. at-
tiser, prov. atizar, cat. atiar, esp. atizar, pg. atisar). *Scantilia, *cxcantilia,
scantâia ( = scintilla) > dr. scînteie, ar. scînteal' e, alb. shkendje (( etincelle »
(nap. sentell~. fr. etincelle, cat., esp. centella, etc., tout partant de scintilla) 364 •
*Ci1H~sia ( <'ci11zts, cineris, variante vulgaire de cinis, cineris) >dr. cenuşă
( cenuşt~)' ar. cinuşe, mgl. cănuşâ ( Cinuşă)' ir. ceruse, ţeruse (( cendre », (d.
kanaisa, it. cinigia, .frioul. sinize, fr. dial. (est) smis, prov. senizo, esp. ceniza,
pg. cinza,tous partant de *cinisia<cinis) 365 • *Spudia, ( = spodium) >dr., ar.,
mgl. spuză (en mgl. il y a aussi la forme spruză), alb. shpuze <c cendre chaude
(melan~ee a des tisons) » 366 . Pruna <( charbon brulant, tison » >ar. sprwză,
le s- s'expliquant par l'influcnce de *spudia - spuză (a. ven. prona, ccit.
puma <c"etincelle »). Fuligo, -inem <c suie» >dr. funingine (furin{!.ină, (11lin-
gine, etc.), ar. Jurid::.ină (fulid:.ine), idem (it. filiggine, engad. fulin). Facula
(( flambeau >) > dr. (arch., reg., dans le nord du pays) fachie (/achiu) (( torche,
~ 63 REW, .5332; DELL, p. 307-308; l\Iihi'tescu, Lg. lat„ p. 288, HEl\I, 1, p. 75.5-
-756; T.I>Ry, p. 62; PEW, 82; DELR. 1123; DA, I, 1, p. 150-151;_ DER, p. 24; SDE, p.
27; DD.,\, p .. 149, 778, 812; Capi<lan, ,\Jeg!„ Ill, p. 181.
m_ REW, 7720; PEW, 1551; CADE, p. 1117; DER, p. 734; SDE, p. 386.
365
REW, 1930; l\lihăescu, Lg. lat., p. 226; PEW, 332; DELR, 302; DEH, p. 159;
SDE, p. 484; DDA, p. 438-439; Capiclan, Ml'gl„ III, p. 94: Puşrarin, St. istr„ lll, p. 106.
auo RE\\', 8166; TDHG, p, 1479; CADE, p. 1192; DEX, p. 886; SDE, p. 396; DDA,
P· 1111; Capidan, ,lfrg/., III, p. 273.
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256 H. Mihăescu
A!Jriculture, elevage
rn;;. Le panroman gr"""m « grain, graine • (d. grim. it. gra1to, log. ranu.
cngad. gr1rn11, frioul. gran, fr. grai11. pro,· .. cat. grei, esp. grano, pg. grăo, idem;
en d., it., le mot a aussi le sens de • hle •) >dr. griu« ble • (pl. grî1te, griie,
griuri (grî11r1•) (arch.) ocerfalcs it}, ar. gri11 (lblc. (pi. grîne, grînuri ocereales •).
mgl. grQll • hle •. grău o l>lc 11 (pour ce memc sens cf. aussi l'alb. grnrc, gm-
11i); pour la forme du dr. ct ar. grine, cf. Ic lat. vulg. pl.granac (attcste au
gen. gra11amm), nec a la suite du transfert de cc nom du genre neutre au
fr;minin, transfert determine par la confusion cntre la terminaison en -a du
nominatif pluricl au neutre awc la memc terminaison du nominatif singu-
licr au feminin; *gran1ffct1m >dr. t::ră11nf1• (grăl(.nţ, grăunţă; la premiere
l't la troisiemC' formcs sont des restitutions d'apres Ies pluriels grăunţi, rcs-
pectin·mcnt grăunţe), ar. ~rînllfu ( gră11uţ11, giml'.ţu, gămuţu), mgl. gărm1ţ,
găm11ţ « grain, gr::iinc • d'ou cgalemcnt le sens deri,·e en ar. de <c houton,
abces. tumeur i>); ii s'en suit que le sens de gra1111111, conserve par toutes Ies
autrcs langucs romanes. a persiste en roumain grâcc a un mot restitue comme
<leri,·e an'c un suffixl' <liminutif, *gramtccm; Ies formes rclevees en ar. ct
mgl. perml'ttent de saisir l'evolution parcouruc depuis l'hypothetique forme
latine jusqu'a celles que l'on rctrom·e cn dr.; depuis granarium ( < granunz)
« grenic>r »ou par derivation en roumain, sont necs Ies formcs dr. grînar, idem,
ar. grî1t11Y (I ble, cerea Ies I) (\'Oir aussi Ies: it. ~ranaio, engad., frioul. grauer,
fr. grcnicr, prov. granfrr, cal. gra11a, csp. granero); a\·ec le meme sens ou
avec des sens apparentes, le deri\'L' latin s'est trouve attcste aux XV" - XVIe
siecles egalcmcnt dans lrs parlers serbocroates de la câte d::ilmatc. re\;etant
Ies formes: !!,raniir, gra11ar, gronar, etc. - ce sont des formes dont l'existencc
dans rdte zone memc ne saurait ne pas etre mise cn relation avcc la iangue
307
RE\Y, 3137; Mih[\escu, Lg. lat., p. 288; PEW, 567, 620; DELR, 539; DA, II,
l, P· }3-24, 133; DER, p. 315, 332-333; SDE, p. 451, -458.
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Du 1:.tin au r:;umain 257
dalmate, encore parlee a l'epoque, la-bas 368 . Secdle, lat. vulg. secdla >dr.
secară, ar., mgl. sicară, ir. secăre « seigle » (ven., segala, frioul. siale; d'a,utre
part a. it. segola, sic. sigra, lomb. segra, engad. scjel, fr. seigle, pro\'. seguel,
cat. segle <lat. vulg. secala) 369 • Hordeum >dr. orz (arch., reg. ord::), ar.
ordzu., mgl. y,arz, ir. or: « orgc » (d. vuar:, it. or::o, log. ord:::u, a. cngad. uerdi,
frioul. itardi, fr. orge (>a. pg. orjo, orge), pro\·„ cat. ordi). Le panroman
milium (it. miglio, log. mizu, engad. niel', frioul. mei, a. fr. mil, pro\·. melh,
cat. mill, esp. mijo, pg. milho) >dr. mâ, ar. mel'u, mgl., ir. md', d. mail,
alb. mel «mii, millet ». Panicum ( < panus) «panic, sorte de millct » >dr.
păring, părî11c, părinc, păring, paninc, parinc, etc„ idem (it. panico, a. frioul.
pani, fr. panic, lomb. panif;a, \'en. panitso, frioul. panis, prov. panii: ( > fr.
pam:s), cat. panis, esp. panizo, pg. pain~o - ces mots--la ont tous ~t leur o~i
gine le lat. panîcimn ( < panus), idem). Spicum > dr„ mgl. spic, ar. skic
(( epi)) (frioul. spi, fr. epi, prov. espic); spica> ar. sl.:ică (( epi I) (d. spaika, it.
spiga, log. ispiga, engad. spia, pro\'„ cat., esp„ pg.espiga); spicula ( < spica)
(<petit epi »>ar. shrnră (( epi »; (in)spicare ( < spica) >dr. fospica (arch„
reg. s pica) (( pousser des epis I) (dans le dialecte mgl. on ne rele\'(' que le par-
ticipe adjectinl eţnspicat, quant aux autres langucs romanes, ellcs compor-
tent Ies formes: it. spigarc, (a. it. spicarc), fr. epicr, pro\'„ cat„ esp., pg. l'S-
pigar.
Le panroman fenum (d. fin„ log. fmn, cngad. fain, frioul. fcn, fr. fain,
prov. cat. fe, esp. heno, pg. jeno (a. pg. fcio) >dr. fin, ir. fir « foin »; *ft-
nacium, -a, -um >dr. jînaţ (<pre, prairic, coteau (a foin) » (cat. fenâs, fr.
dicil. fenasse). Le panroman palea (it. paglia, log. padza. engad. pal' a, frioul.
paye, fr. pame. prov. pal/za, cat. palla, esp. paja, pg. palha) >dr. paie (pi.
a partir duqucl a ete forme le singulier pai, et de la un autrc pluriel paiuri
(reg.). etc.), ar.pal'it, mgl. pal'« paille ». Tnfolium <(trefle» > dr„ ir. mfoi, ar.
trijol'u, alb. te~foje, tl!rfoj, idem (it. trijoglio, log. trovod:u, cngad. tr4ol, a.fr. tre-
fem·z. prov. trcjucllz, fr. trefle, cat., esp. trebol, pg. trevo-toutcs ces formes se sont
developpees a partir du latin triphyllon d'origine grccquc). D'autres termes
de ce domaine se retrouvent au chapitre sur la Flore (voir par exemple hcrba,
§ 161) ou encore au chapitre reservea la :Yourrit11re (voir nutricium, § 187).
366
REW, 3839, 3846; DELL, p. 281; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 216; PEW, 730, 737,
740; DELR, 764-766; DER. p. 377, 380; SDE, p. 92; DDA, p. 587, 589, 594, 598; Capidan,
Megl„ III, P· 145-146; Puşcariu, St. istr„ III, p. 114; SER. I, p. 607.
369
REW, 7763; -Mihăescu, Lg. lat„ p. 170; PEW, 1493; TDRG, p. 1404; CADE, p.
1131; DER, p. 745; SDE, p. 374; DDA, p. 1081-1082; Capidan, Megl„ III, p. 264; Puşca
riu, St. istr „ IIl, p. 133.
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:?.58 H. ~lihăescu
esp. bcr::a, pg. vcrfa, <.'ersa; nap., virdzţ, etc.); de meme que dans d'autres
cas (comme on peut Ic constater dans ce paragraphe meme, celui de grammi,
pl. gra11a > fem. sing. grana) le nEutre pluriel est dc\'enu, a causc de la ter-
m inaison identiquc, un feminin singulier; le sens nou\'eau de la forme nee
de la sorte s'est d'abord manifeste, sans doutc, toujours dans le latin \'ulgaire,
d ·ou il s' est transmis en memc tcmps que l'ancienne forme du neutre piu-
riei et le sens de celle-ci dans Ies langues roumaine et italienne a;o. *Coliculus
(= cauliwlus < t'lllflis, -is, pcndant b bassc-epoque: ca11lus, colus, coles)
<<tige des plante.; 1> d par Ia suitl' <<la plan1 e elle-meme ». C't tout particulie-
remcnt «le chou ') > dr. (reg„ dans la moitie nord du pays) curechi « chou
(notamment prepan\ ccnsen-t'.-. choucroute; (arch.) ,·erdures » - \'oir a ce
prnpos Ic sub initial du mot latin ct surtout cdui de l'a. dr. t'c(a)rd(::;je)
lit. colcccliio) 371 . Ct-p,1 «oignon» >dr. cc,rpci,ar., mgl. ţeapă, alb. cjt"ftc~, idem
(frioul. s1·;x, a. fr. ci<'C << oignon :>, pro\'., cat. Ct'ba); de ccparius ( < cepa) ou
par deri,·ation cn roumain est ne Ic dr. (reg.) apar « marchand d'oignon;
i.ourte aux oi;-!'nOI~s 1>. Le panroman alli11111 (it. aţlio, log. tr:11, engad . •1gl,
frioul. ai, fr. m1. a. pro\'. 1dh. cat. all, esp. ajo. pg. al/10) >dr. (reg., dans 12. moi-
tic nord du pa~·s) ai, ar. al'u, mgl. al'. ir. lî/'(u). idem: dans la moitie meri-
dionak du krritoire daco-roumain h, mot urnl'l actucllcmcnt d usud aussi par
ll' passe cn dr. dcpuis ks XVI'" - XVII'" est l<' s~·110n~·me 11st11roi. explique
commc pron·nant de ust11ra "cuirc, piquer •> (<lat. (ustiUare +oi). un de-
ri\'c connu a l't'.·poqUl' ~·galemrnt dans le nord du pa~·s; ce ne fut que plus
tard ct sous la prL·ssion Jc plus en plus accusl-e de certaines nom1cs litterai-
rcs d'origine meridionale dans leur majcure partie, que cc synonyme a fini
par s'impo..;er pour unc Lemne part dans Ies parlers septentrionaux aussi,
ecartant petit a petit }'element panroman 3i2.
Le panroman ;wp11s <- na\'L't •> (it. 11apa, a fr. nap, pro\'., cat. nap, esp.,
pg. nabo) > dr. uap. ir. 11dp, idem. Lms, /mtcm <1 lcntille » > dr., ar. linte,
mgl. linti. idem (it., log. lente. frioul. lini). Le pJnroman faba, -am (d. fua,
it. fava. log. fac, rnga<l . .fLTll, frioul. fi?i.'C, fr. Ft•c, prov., cat. fam, esp. ha.ba,
pg. fava) > ar. flllui « kntille; few; harricot •>. Cicer. -t'l'(nt « pois chiche t
>ar. fcaţire, idem (sic. fiCiru, nap. cdat', Campid. C1.ziri, C'Sp., pg. c/zicftaro).
Pepo, *-i11t·m ( <Pepo, -011em < gr.) «melon, pasteque »>dr. pepene (pepi11e,
P<'Pm. pepi11. peapin. C'tc.). ar. pt'api11e, alb. pppcn, pjeper, idem (en ar. et
cn alb. h· mot a uniquement le sens de ((melon•>; la. de meme que dans le
parler molda\·e du dialecte daco-roumain, il s'est impose a\'CC le sens de
« pastequ•· » un s~·nonymc d'originc orientale, le turc karpu::. introduit par
le commerce ct adopte par diverses langues: dr. reg. lzarbu:, ar. carpu:. alb.
lwrpu: et aussi; gr. x~pito::J~~. bg. karpu::. ser. karpu::( a). pol. harbuz, ukr.
garbuz. russc arbu:, etc.); quant aux autrcs descendents romans du mot
latin, \'oir tosc. poponc, a. fr. popon, popi11, formes provenant du c1assique
370
REW, 9367; DELL, p. 739; PEW, 1863; TDRG, p. 1717; CADE, p. 1-404; DER,
P· 886; SDE, p. 70; Psaltirea Scheia11ă, ecl. I. .A. Candrea, ·roi. II, Bucarest, 1916, p. 66; Co-
resi, Psaltirra slavo-ro111â11ă (1577) ...• ed. Stela Toma, Bucarest, 1976, p. 161; Palia de la
01·ăştic (1581-1582), ed. cit., pp. 13, 34; ms. roum. 3456 BAR. f. 276V; DDA, p. 1260,
1261; Capidan, J!egl., III, p. 324; Puşcariu, St. istr., III, p. 140.
371
REW, 1777; DELL, p. 107; Mihăescu, Lg. lat., p. 276; PEW, 460; DELR. 456;
D ..\, I, 2, p. 1021; Puşcariu, LR, I, p. 338 (c. 33); DER, p. 267; SDE, p. 218.
372
REW, 366; PEW, 47; DELR, 25; DA, I. 1, p. 78; SDE, p. 21; Puşcariu, LR,
I, P· 332 (c. 27); DDA, p. 140; Capidan, 1Wegl., III, p. 9; Puşcariu, St. str., III, p. 100; TDRG,
P· 1703; CADE, p. 1392; DER, p. 879-880; SDE, p. 450.
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Du latin au roumain 25;}
pepo, -onem an. Cucurbita « courge, gourde » > dr. cucurbe( a)tă, cucu,rbătă,
curcube( a)tă, curcubătă, etc., ar. curcubetâ, idem (avec des sens apparentes,
figures, par exemple « crâne, caboche » en ar.) (prav. cogorda, fr. gourde, esp.
dial. kogorda); en dr. Ies formes sans metathese sont plus rares, archai-
ques; en general dans ce dialecte le terme est populai re, regional.
197. Le panroman ponz11s (I arbrc a fruits >) > dr., ar., mgl. pom, idem
(it. pomo >log. pumu, a. fr., prav. pom, cat. pom, csp., pg. pomo, idc-m et
(ou) « fruit »); ponia (pl. de pomum <1 fruit », pris pour un feminin singulier)
> dr. poamă, idem (dans le parler de Moldavie poame (pl.) <1 fruits », poamă
(sing.) « raisin »); pommn>ar. pom, alb. pcme <1 fruit » (it. pomo <1 fruit », sic.,
calabr. pumu, engad. pom <1 pommc », frioul. pome <1 fruit », fr. pomnze, prav.
pom, cat. pama (avcc le meme sens qu'en franc;ais), a. esp. pama « fruit », pg.
pomo «pomme »); pomctum ( < po11111s) >dr. pomet, pomât, ar. punzd, mgl.
pomet, pumet <1 vcrger » (it. pomdu) 374 . 11f clus, mclum, variantes lat. ntlg. de
malus <1 pommier », malum <1 pomme », ont conduit l n rotimain a dr. măr (pl.
mcn~. respectivem:.>nt mere), ar. mer (pl. meri, meare), mgl. mer (pl. meri,
me"ire; a partir de cctte seconde forme, un fcm. sing. a ete rcs1ituc par la
suite: meară <1 pomme »),ir. mer (pl. mer, mere), idem. (it. mdo <1 pommier »,
mefo «pomme » (commc en mgl.), log. niela, ei1gacl„ mail «pomme; pornmier ») 375 .
Pfrus <1 poirier »>dr. păr, ar., mgl. per, ir. păr, idem (it. pero, log. piru);
piruni, pira (pl. pris pour un fem. sing.) <1 poirc » > dr. pară, ar. peară,
per, mgl. peară, d. paira, idem (it. pcra, log. pira, cngad. pair, frioul per, fr.
pofrt, prav„ cat., csp„ pg. pcra). Pnmus <1 prunier » > dr„ ar„ mgl. prun,
idem (esp. pruno, calabr. bm1111); pmna (pl. de prunztm (<prune» transf arme
en f~m. sing.) > dr„ ar., mgl. pr1111â <1 prunc» (it„ log. pruna, engad. pr.a11a,
fr. pvu1ic', prov„ cat., a. esp. pruna). Pcrsicus <1 pecher » >dr. piersic (arch.,
reg. piersec, piarsec, etc.), ar. l~,·,nsic, mgl. liiarsic, idem (it. persico, pcsco,
log. pessige, campid pressyu, esp. pcjigo): pcrsica (pessica) <1 pechL· »>dr.
piersică (arch„ reg. piersecâ, piarsecă, etc.), ar. K,earsfrâ, mgl. kiarsfrii (it.
pesca, log. pissige, fr. peche, proY. perscga, prcscga, cat. hrcssec, csp. prisco, 1
pg. po:cego). Cercsea, ccresia, cerasca ( < *ccresus, ccrasus) >dr. cirea.~â (reg.
cereaşâ, ciraşă, ceraşâ, etc.), ar. cireaşe, mgl. cireaşă <1 cerise» (d. kris, it. cihe-
g1:a, campid, ccrc-:1:a, engad. circsclw, fr. ccrisi:, prov. ccrici.::a, csp. ccrc.:a, pg.
cereja); *ceresi1ts (<*cere sus = ccrasus) >dr. cireş, ar. cireşu, mgl. (iycş <1 cc-
n:s1:,•r » (cf. it. ecrasa < cerăsus) 376 . *Goto11e11s, *gotancus (= (malu111) coto-
newn < gr. µ~),0'1 Kuâw,no'1 <1 pomme de Kydon-Crete) >dr. gutui (reg„
dans le nord du pays, gutăi, gutii, alors que le parler du Banat connaît la
forme gittîf&u), ar. gutunu, mgl. găduli « cognassier » (it. cotogno, log. k1"dondza,
campid. tidonga); *gotonea, *gotanca ( = (mala) cotonca, pl. neutre pris pour
fem. sing.) >dr. gutuie (reg„ dans le nord du pays gutăic. gutiic et au Banat
gutUie), ar. gutune, mgl. gutună, alb. ftua, ftoj «coing » (it. cotogna, prav. co-
373
RE\V, 6395; DELL, P· 497; PEW, 1298; DELR. 1366; SDE, p. 309; DDA, p. 966;
le mgl. pipori. rappelle nettement le ngr. mm6vL (Capiclan, l\Iegl„ III, P· 222).
374
REW, 6642, 6645; DELL, p. 520; Mihăesc11, Lg. lat„ p. 239; PEW, 1345, 1349,
1350; DELR. 1419, 1420; SDE, p. 320, 324; DDA, p. 1004, 1028; Capidan, Megl„ III, p. 228.
375
REW, 5272; DELL, p. 381; Mihăescu, Lg. lat„ p. 171; PEW. 1023; DELR, 1045;
DER, P: 502; SDE, p. 272; DD:\, p. 794; Capidan, Megl„ III, p. 187-188; Puscariu, St.
istr „ III, p. 121. .
376
REW, 1823, 1824; DELL, p. 114; Mihăescu, Lg. lat„ p. 171; PEW, 338; DELR,
358; DER, P· 193; SDE, p. 488; DDA, p. 442; Capidan, Megl„ I II, p. 98.
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260 H. l\lihăescu
do1ih, cat. codonv; dans ce cas, de meme que Iorsqu'il s'agit du nom donne
aux arbres, Ies formes propres a d'autres langues romanes se sont developpees
a partir de la variante latine awc un c initial); Ies formes relevees en megle-
noroumain accusent l'influence du bulgare (reg.) du11jia, idem, qui, a travers
le v. sl. *kild1111ja (*gdmzja), rc·nvoie au lat. cydo11ea(mala) et, par cette fi-
liere, au meme etymon grec; a part ir du vicux slave, cc mot d'origine grec-
que, rnais emprunte par Ies Slaves par 1e truchement du latin sud-est euro-
pecn, a irradie dans ks differcntes langues slaws (\·oir, a part le bulg2.re, le
serbocroate, le tcheque, le polonais, l'ukrainien, le russt\ etc.) 377 . A partir
du norn du fruit, par dCrivation rcgres:-:in>, ou d'un latin *mtcus (=1wx 'no-
yer ») pro,·i1'nncnt dr.. ar„ mgl., ir. n11c. d. n.111k <• noylT •> (cn mgl. le mot de-
signe aussi le fruit, <1 noix 1>); i/llX, 11/ICdll, l'f meme, pcut-etre *nuca« noix » >
>dr., ar. n11câ, ir. n11k~. i<lcm (il y a cu d'abord une forme unique *nuce,
voir le piuriei (n~g.) mtu, gen., dat. 1111cii (arch. 111tct"i), dcvenuc, par analogie,
1111că) (it. 11ot(, log. 1111g<', cngacl. 1111!. fr. 11oix, fr. dial. (dans le sud) nuga,
prov. 110/:, cat. 110ba, csp. 11ut":;, pg. 110:); 111t(t'f1tm ( < 1111.r, 1111cis) « lieu plante
de no)·crs •>>dr. Jl/l(Cf, idl'm, ;.!L hyz. :'Jw·ro:-:'J (toponynw) (it. nocdc) 378 •
Camus « cornouilkr •> > l!r., mgl. com. ar. corn11, ir. com(u), idem. (cat.
com); cnma (pi. de com11111 "cornouille •> clc\·L·m1 sing. fl~m.) > dr., ar., mgl.
coarnă, idem (p;:i,r analogic de forme, cn dr. ct ar. « sorte de raisin •>). Ficus
« figuicr; figuc •> >ar. lile, mgl. ic« figuin •>. :ilb. fik <• figuier, figue •> (it. fico,
log. figu, a. fr. fi, csp. hi;:o. pg. figo); *fica (pl. de *jicum dewnu sing. f(m.)
>ar. Jiică, mgl. frti, d. failM, istr. jci/!,11, idem (n:?n. figa, abruzz., nap., fika,
pro\'. figa > fr. jigut); ii n'c:-:t pas exclus qul' ccttc fois-ci le nom du fruit
ait deriYe dl' celui de l'arl1rc, a l'instar <lcs c;:i,s ou ii cxistait deja comme n·:u-
trc et cnsuite commc fc'·minin t'n latin.
Le panroman 1.•i11c11 ( < 'i.!i11u111) (<l. c.•cna, it. ,,.,·g11a, log. billd;;a, cngad.
<·(~11a, frioul. vini', fr. ;·i.r,11c, pro,·. ·vi111ia, cat. ;:i11ya, esp. 'i.'ina, pg. vi11lza) >
>dr. i•i1', ar. (a}j-ilii', mgl. ;:i1lti <• plantation de ,·igne; ,·ignc 1>; <'illt"111ius
( < vi11ea) > dr. via <• ,·iticultcur •> (pro,·. ;.•i11icr). l'va « raisin •> > dr. ,mă,
idem (arch., X Vl"-XVII" siecles) <•,·ariete de raisin •> (rl-g. <lu sud-ouest du
pays), ar. a111ii'f <• raisin •>, mgl. wiâ, ll'i.'1i, idem (d. joiva, it. lf'iHl, log. ua, cr.gad.
iiya. frioul. m 1·, csp., pg. 11va). l'itca (fcm. de ;:itcus ( < 'i.!ilis) «de \'ignc 1>) >
1
> dr., mgl. 'i.'i(t'i, ar. ( a)yită (forgee ;:ifin d'e\'itcr la confusion, a part ir de
* (a)yiţâ (sing., pl.), fornw dont l'cxistl'nCl' s'appuie sur le gr. byz. et ngr.
~(Tcroc <• (cep de) vignc 1> (it .dial. <'i.tlse); en ar. (dans le nord du territoire)
on a egalcmcnt relc\'e I~ forme yitc. qui rcpr6sente probablement soit un plu-
ricl, soit un singulicr rcstitue d'apres le pluriel 379 •
19H. Le panroman campus, -11111 <c plaine, tcrrain plat; champ 1> (d. kuomp,
it. campa, log. lrnmp11, engad., frioul. 1.=amp, fr. clzamp, pro,·„ cat. camp, esp.,
pg. campa) >dr. cîmp, ar. cfmpu, mgl. n;m1p <c champ; pays plat, plaine ».
Ager, agrum <• champ •> > dr. (arch., reg., XVl"-XVII(' sieclcs, dans la moi-
377 RE\\', 2436; :'.\lihăPscu, lirfl. gr., p. 54-55, 64, 185; TDRG, p. 711; CADE, p.
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Du latin au roumain 261
380
REW, 276; PEW, 38; DELR, 22; HEM, 1, 382-383; TDRG, p. 33; CADE, p. 2"1.;
DA, I, 2, P· 73; DER, p. 13; SDE, p. 18; Densusianu, ILR, p. 79"1.; Rosetti, ILR, p. 592;
DDA, p. 116- 117; Capidan, Megl„ III, p. 9.
aei DELL, p. 594; Mihăescu, Reconst., p. 570; PEW, 1511, 1512; TDRG, p. 1362:
CADE, p. 1101; DER, p .. 721; SDE, P· 371, 415; DDA; p. 1051; Capidan, Afegl., III, P· 256-2571
Puşcariu, St. istr., III, p. 131.
3 8!2 REW, 209; DELL, p. 748; Mihăescu, Lg. lat., p. 296; PEW, 31; DA, I, 1, p.
50-51; DER, p. 9; SDE, p. 20; DDA, P· 109-110; Capidan, Mcgl., III, p. 120-121;
Puşc<\riu, St. istr., III, p. 100.
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262 H. Mihăescu
rn9. A.11im11lia ( < anima (C etrc ,-j·:anl_; ;mimal •) >dr. (reg., notam-
mcnt dans le pcirler du Banat) 1tânuit', ar. 1tămal'u, 1uimal'n, mgl. nămal'
«menu beta ii' betes a laine (bre bis, chenc) I); les formes de l'ar. et du mgl.
pourraient representer des singulicrs restitues d'apres le pluriel, mais elles
pourraient aussi avoir a !'origine (lout comme on l'a suppose dans le cas de la
premiere forme) un lat. hypoth•?tiquc *a11imalium (dans les autres langues
romancs on retrom·e - avcc des st"ns diffcrenb de ccux propres au roumciin
- des formcs cvoluecs depuis le pl. lat.: sursylv. liman:, engad. atmeri, a.
fr. ,wmd, esp. alimaiia, pg. ali1;z~1;zlta ou encorc, e,·oluees depuis le sing.:
pann. nimal, frioul. nemal, a. fr. aumal). Domestfrus ( < domus) <1 <lomestique;
familier; pri,·e; national 1> >dr. (reg.) dumestic, dumestcc, dnrnes(t)nic, (arch.)
dumJtcas(t)nfr, lit. domestic (dumc(a)s(t)nic accuse l'influence des formes
vieux-sl<wes domaSini, domastini « domesticus 1>, ccpendant que domestic, pour
laqucllc lcs temoignages ne remontent pas plus haut que le XIX" siecle, a
ete interpretee tout naturellement comme le resultat d'une influence latino-
383
REW, 5306; DELL, p. 384, 386; Mihiescu, Lg. lat., p. 176, 303; PEW, 1021; DELR,
1125; DER, p. 502; SDE, p. 272; DD.\, p. 779, 815.
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Du latin au roumain 263
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264 H. Mihăescu
sait dans la zone danubienne le latin vulgaire, passait (en raison de son.as-
pect pretant largement a pareille confusion) pour un dirninutif de vita «< vie»,
de\·ait tenir un role dans l evolution sernantique de son faux terme de base,
dont l'heritier cn dr. et rngl., vită (utilise surtout au piuriei) - a la differencc
de ce qui denit se passcr dans Ies autrcs langues romanes, fideles au sens 1<1tin
initi<11 (Yoir Ies fom1es: it. 1.1ida, log. vida, fr. vif, prov., cat., esp., pg. vida) -
est devenu lenomgeneriqucdugros betaildomcstique (vaches, breufs), cest-a-
dirc qu'il a pris I' accept ion de la forme faussement interpretee; notons, pour
re\"Cnir a •:itdlus, qu'il a persiste aussi cn it. vitcllo. engad. vde, trioul. v1:diel,
fr. •:cau, pro,·. vede/, c2t. vcdcll, idem; notons aussi qu'un *vitulcus ( <vitulus)
scmhlc etn:, selon toutes probabilitcs, le point de depart des dr. (reg., dans
l'oucst <le pays) i•1it11i, ar., mgl. vitul'u( >ar. vitul'can1celui qui fait pc:iître Ies
<'iful'i») « chc\Teau d'un an» (en dr. rcg. aussi « agneau <l'un an 1>, <1 lcvraut »,
„
etc.) 3811 • lm·mrns, -um <1 bouvillon >dr. junc, ar. giungu, rngl., ir. .fu.ne,
idem (it. gioc.Y11co. fr. dial. yumk); im•rnca, -am <1 genisse • >dr. juncă. idem
(it. [!.io'i-'<'llcu). luni.\·, -icon <1 genissc" > dr. junincă (a vcc la prop<1gation de
la n<is<1lite). a. dr. jzmicc, dr. rt'·g. ju11ică (le sing. cn -e est de nature etymolo-
giquc, cdui en -ă est rcstitue), ar. jzmică, idem (fr. dial. jun.ego, cat. dial. j6-
11t'k,jo11eg,1); endr.,ou Ies dcux ternws sont attcstes, il y a des differcnccs regio-
n2ks quant a leur utilisation: pour le parler de Moldavic, par excmpk, seul
le premier prescntc un caractere usuel. Ubcr, -acm <1mammclle, scin, pis 1> >
>dr. uger, ar. ud::.îrc, ir. u=:m <1 pis •(a. it. uvcro, it. dial. 1iva, engad.1"iver),
frioul. lm.:ri', fr. dial. ii·ac, u(g)ro, (l)ivr. 1\fugirc <1 mugir • >dr. mu.gi, ar.
mu:;, mud:..t'scu (mud:irc). idl'm (it. mughir~'. log. mufre, moyirc, a. fr. mu.irc).
Ragae « rugir 1> (atteste par unc glose) >Jr. rage, idem (fr. raire, rcer) 387 •
Le panroman rumigarc « ruminer » (a. it. dial. rumicarc, \'en. rumegar, log.
rumigare, frioul. rumiti, a. fr. rz111gicr, prov. romiar, c;:it., csp., rum1:ar, pg.
romiar) > dr. rume~a (arch., reg. ( a)rumăga, rcg. rn~uma, forme nee de la
1rn'.·tath(·sc J'unc \·niantc latinv, de memc quc l'it. rugumarc), ar. aroamig
(am111ig<1rc), mgl. ntmig, idem 388 • Stab(u)lum <1 cndroit ou l'on s'arrete;
etape, halte; ClUlJcrgc I) el par b SUÎt':, dJ.n:' Je )angagc rustiqUC, (I etablc I)
(pour toute cspece de betcs) >dr. staul (s/aur) <1 N~·bk; hergcrie 1> (it. stab-
hio, cngad. stevd, frioul. slabii, pro\·. cstah!,„ a. pg. cslabro) 389 • Le L!erive popu-
laire 'L''1CC1ll"lâll (I Ctab}c a \'<JChl'S I) > dr. Văcăreaţu, ar. Văcărcaţă, Vifcăreadză
<1 cndroit ou reposent pendant l'ct~ les vachcs ct les boeufs '> (<1bruzz. vakka-
rcUţ, « pâturagc, hcrbagc des \·aches „) 300 • ,
Le panroman porcus (it. parco, log. porlm, eng;:id. piierlc, fr., prov., cat.
porc, csp. puerco, pg. parco) > dr., mgl., ir. porc, ar. porcu, d. pnark «porc».
Porc,1 « truic 1> >dr. (pop.), c:ir., mgl. poarcă, ir. PQrca, idem (it., prov., cat.
parca, csp. /merca, pg. parca). Sero.fa « truie » >dr. scroafă, idem (it. sero/a,
386
REW, 9JR5, 9406; DELL, p. 742, 74J; PEV.', 1910, 191J; TDRG, p. 1759, 1760;
CADE, p. 1429, 1430; DER. p. 899, 900; DEX, p. 1022; SDE, p. 77; ILR, li, p. 149; TDRG,
p. 195; DDA, p. 635; Capidan, .Megl., III, p. 328, 329.
m REW, 7007; Mihăescu, Lg. lat„ p. 278; PEW, 1427; DLR, IX, p. 18-19; SDE,
p. '.'49. .
388
REW, 74-40; .Mihăcscu, Lg. lat„ p. 278; PEW, 1483; DLR, IX, p. 613; SDE;
P· 362-363; DDA, p. 207-208, 1043; Capidan, Megl„ III, p. 252,
380
RE\\", 8209; DELL, p. 652; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 286; PE\'\', 1640; TDRG, p.
1487; CADE, p. 1198; DER, p. 789; SDE, p. 398.
390
Mihăescu, Lg. lat., p. 30; CADE, p. 1396; DDA, p. 1255.
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Du latin au roumain 265
engad. scrua, frioul. skrove); c'est le terme usuel en dr. - par consequent,
le terme s'est impose au depcns de son synonymc, demeure usuel seulemcnt
dans .les dialectes sud-danubirns. Le panroman niasculus (<mas) (it. mas-
chio1 log. masu«. belier », engad. mase/zel, frioul. maskli, fr. mâle, proY. masele
et egalement « vcrrat », cat. masele, esp. maslo, pg. maclzo) >dr. (arch„
reg.) .mascur <c porc châtre », ar. mascur « mâle », rngl. mascur <c mâlc, fort»,
alb. mashkull ~ mâle »; dans le dialecte daco-roumain, le rnot a pris donc un
sens nouYeau, particulier, de meme que dans le dialecte logudoricn ct en pro-
vern;al (qui n'a pas perdu, toutefois, ni son sens initizil, generlll), alors que l'ar.
et le mgl., ciinsi que l'alb„ ont gar<le le sens general du terme, tout comrnc la
majeure partie des autres langues rom~mes. Le p<inroman i•crrcs, -cm <c \·err2t »
(it. veno, log. berre, a. eng2d. 'l'O', zi. fr. va, pro\ „ ezit. Vl'l'l'L', etc.) >dr. 'uicr,
idem; non re leve au sud du Danubc, en fl.'\'anclw plus frcqucnt cn dr. quc
son synonyme mascur, atteste au XVII" siecle dans des sourccs presquc
exclusivement de 1folda\'ie. Porccllus ( = porculus)<cpourceau » > dr. purcel,
ar. purţcl, mgl. pur{Ql, idem (it. porcello, log. porkc<J.(f.11, engad. purschC,
frioul. purtsiel, fr. pourccau, pro\· „ ca t. porscl) ; por cella ( = por cula) > dr.
purcea, ar., mgl. purţcauă <c jcune (petite) truie 1> (it. porcella, rngad. pursclzel-
la, ·pro\'. porecla). Porcarius ~ porcher I) >dr. porcar (arch„ reg. purcar),
ar„ mgl. purcar, idem (it. pcrcaio log. porkard;.u, engad. por/Cer, frioul. j>orki,!r,
fr. porcha, prov. porquicr, cat. porqua, esp. porquero, pg. porqueiro); 1'-Jorcaricia
(forme du neutre pluriel deVCnUe fem. SÎng.) (( elable a porCS I) > dr. (pop.)
porcăreaţă, purcăreaţă, ar. purcăreaţă, purcăread::ă, idem (it. porcareccia, a. fr.
porclzerece, csp. porqueriza); porci11a (caro) > dr. (arch„ reg„ pcir endroits
dans le parler de Moldavie) porcină, ar. purţină, « viande de porc 1) (it. porcina,
friouL purtsine) 3!n. Rimare <cfendre; fouiller1> >dr. rîma <ccreuser, gratter,
fouiller la terre avec le groin (apropos des porcs) 1>, ar. arîm (arîm,rre) <c creu-
ser, fouiller », mgl. rQm(rămari)« fouiller la terre <1vec le groin, ronger, gratter »,
alb. rrihnoj <c fendre, sonder, cxplorer 1> (tosc. rumarc, prov. rimar, rmnar,
cat., esp. rcmar); sous le rapport St'mantique, c'est le verbe albanais qui se
rapproche le plus de l'etyrnon latin. Gr111111i;'c « grogner 1> > ar. grunedzu,
gurnedw, gurnescu (gimlire) (rngl. gurlcz), idem (rn cir. il y a aussi 1a forme
gruneare, expliquee par un *grunniarc = grumzfrc) (a. it. grugnarc, cngad.
gruoner, frioul. rund, fr. grogner).
· Gallina <c poule, geline 1> ( < gall11s <c coq 1>) > dr. găină, ar„ rngl. găl'ină,
ir. gal' ir~, d. galaina, idem (it. gallina, engad. gili;za, frioul. galine, a. fr. gelinc,
prov. galina, cat., esp. gallina, pg. galinha); gallinaceum (stercus) «ficnte d'oi-
seaU>>'>dr. găinaţ, alb. gelase, idem (fr. dial. (merid.) galinaso, cat. gallinasa, esp.
gallinaza, pg. galinhm;:a); a partir de la forme roumaine, consideree comme un
pl., en dr. reg. on a restitue un sing. găin-a-t, unique variante rdevee en ar.
Le panroman crista <c crete (des g<1llinaces 1>) (it. cresta, log. krista, engacl.
krasta, frioul. krestc, fr. crete, prav„ cat„ esp. cresta, pg. crista) > dr„ ar.,
mgl. creastă, alb. kreshte, idem. Le panroman pava, -onem, (it. pavane, log.
paone; ·engad. pavun, frioul. pavon, fr. paon, prov. pa6, cat. pag6, csp. pav6n,
pg. pavao) > dr., ar„ mgl. păun, alb. pagua <' paon 1>.
'
391
REW, 6658, 6659, 6663; Mihăescu, Lg. lat„ p. 30; PEW, 1354 1355· DELR
1428.-1430; DLR, VIII, 4, P· 1058, 1059; SDE, P· 326; DLR\', P· 142; DELROM, 'p. 189-·
-190; DDA, P· 1031, 1033; Capidan, Megl„ III, p. 229.
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266 H. !llihăescu ·
DELR, 1119; DER, P· 524; SDE, P· 270; DDA, p. 146, 798; Puşcariu, St. istr., III, p. 120,
315. .
3
~• PEW, 1526; DDA, p. 1060; Capidan, Megl., III, p. 257; Rosetti, ILR, p. 399.
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Dn latin au roumain 267
main on releve le dr. (arch.) 01:a·riu (>dr. oier), ar. uiar « berger; proprietaire
de moutons » 3!l 5 • 1Vlatrix, -icon ( < mater) » fcmelle pleine ou qui nourrit;
matrice» > dr. (arch., reg.) mătrice, ar. mătrică « brebis laitiere » (a titre de
simple regionalisme du Banat, en dr.; en ar. aussi « (femme) nourrice »; en
a. dr. «matrice 1>, cn dr. (pop.) (( coliqucs 1>, etc.), cilb. mctrik <c colique de 1e-
tail » (it. matrice, log. madrigc, a. fr. niarri::, prov. mairit:::, csp., pg. madri::.);
la sphere semantique de cc terme s'cst retrecie graduellcmrnt jusqu'a ne cou-
'Tir que le domaine qui nous occupc ici, pour cc qui est des dr., ar. et alb.
Pecuina, -am ( < jJCcuinus, -a, -um <(de bctail » < pccu) > dr. (reg.,
dans Ies parlers de Transyh"anie, du Banat, du Maramureş ct du nord-ouest
de la Moldavie) păcuină« brcbis; brrbis laitiere ». Quant a la forme populaire
avec betacisme berbex, -eccm (= -.·oTex), clic allait devmir le point de depart
du dr:. berbece (berbec, sing. restitue d'apres le pl.), ar. birbcaţc (bh bec), mgl.
birbeaţi (birbec), ir. bcrbde «belier» (voir aussi en a. d. bcrlxc(os), log. (b)<tr-
vcge, fr. brebis). Arics, -eifm <c belier •> >dr. (reg., isole dans la moitie ouest
et nord du pays) areie (arch. areale), ar. arcate, mgl. (a)reati, ir. ar~te (( belier;
etalon I) (d. reti, it. dial. arâ, fr. dial. aroi, prov. dial. are) 3 rn. Coccinus, -a,
-U1n ( < coccus < gr.) (C ecarlate l) > dr. (reg., dans Ic parler du Banat) coa-
cin <( (brebis) au museau jaune ou rougeâtre », ar. coaţfrz <c (mouton) qui a des
tâches rougeâtres sur la tete», mgl. coaţină <c rousse (a propos du mouton) •>
(engad. !?6cen <c rouge »). Agncllus ( < agmts) « agnrnu » > dr. miel, ar., mgl.
1tel, ir. ml'el, idem (it. agnello, cngad. agne, frioul. aiie, fr. agneau, prov. anhel,
cat. anyell); *agnclliolus ( < agncll1!s) >dr. (reg.) mior (arch. mieor, mcor)
<i agneau âge de un a trois ans; chevreau (d'un an)•>, ar. ml'or (mil'or, 1iil'or)
<c petit agneau; chevreau 1>, mgl. ml' ior ( mil' or) « abneau de un a deux ans »;
grâce a une nouvelle derivation, toujours avec un suffixe dim., la forme fem.
mioară du dr. est devenue mioriţă, art. mioriţa, mot devenu celebre grâce a
la chanson epique folklorique dont il constituc le titre: c'est la plus belle, la
plus largernmt diffusee et la plus significative des b:.illades roumainr:s, dont
Ies racincs dans le domaine qui fait l'objct des presentes ligncs ne sont guerc
fortuites; pour revenir au domaine strictcment lingui~tique, notons encore
le fait que ce terme devait p;:isser de l'ar. en alb. (m116r, mil6re) et en ngr.
(µT)ALopL, µT)AL6poc) et du dr. rn hongrois (mi6ra) 397 . Annotinus ( < annus)
<c de l'annee precedente 1> > dr. noaten (noatin, arch., reg. noatină, etc.), ar.,
mgl. noatin « agneau d'un cin 1> (en dr. aussi « poulain ») (nap. annutelţ, log.
annodi11u « veau d"un an»). Tcrtia111ts ( < tertius) >dr. (reg.) terţfn (terţin,
terSÎ1t) « agneaU (veau) de Uil a trois anS I); plUS frequentc s'est revelee fa forme
terţiu (terţîu, tărţiu, tărţîu, etc.), rni~e en relation avec tcrtius. Le panrornan
capra (it. capra, log. kraba, cngacl. K,cvra, frioul. "/(,avra, fr. clzevre, prov., cat ..
esp., pg. cabra) > dr., ar., mgl. capră, ir. capre, d. kuobra, « chevre 1>; capn·na
<c de chene 1> > dr. (reg.) căprinâ 1> mouton a<longs poils non-ondules, rude
n REW, 6126, 6127; DELL, p. 471-472; :'.\lihăe~cu, Lg. lat., p. 28; PEW, 1211;
3 5
DELR, 1265, 1266; Densusianu, 11.R, p. 402, 461; DDA, p. 929; 1231, 1266; Capidan, Afegl.,
III, p. 311; Puşcariu, St. istr., III, p. 12.'i, 318.
396
RE\\', 645; HE:M, 2, p. '.\01-303; PEW, 11.'i; DELR, 81; DA, I, 1, p. 238-239;
Puşcariu LR, I, p. 364; DER, p. 75; SDE, p. 34; DDA. p. 19.'i; Capidan, Mcgl., III, p. 27,
249; Puşcariu, St. istr., III, p. 102; Teofil Teaha., Elemente de continuitate în graiurile Jl 11
Oltenia, •Arhivele Olteniei o, ~erie Nouă, 2, 1983. p. 157- 158.
397
REW, 284; DELL, p. 15; PEW, 1070, 1093; DELR, 1100, 1101; SDE; p. 253, 260;,
DDA, p. 798, 818, 923-921; Capida.n, Megl., III, p. 189-190, 193, 210; Puşca.riu, St. istr.
III, p. 123; l\fornu, Rmnănischc Lclmworter, p. 41-42, 82-83.
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268 H. Mihăescu
et reche (analogue aux poils de la chevre) •. ar., mgl. căprinii. (I poil de chevre •
(cf. it. ca.pri110. a. fr. che1iri11. prov. cabri < caprinus). Ha:edus » chevreau » >
>dr., ar., mgl., ir. ied, idem (log. cdu). ·
Le panroman mulgere (=mulgere) <1 traire • (it. m1ingere, log. murgere,
engad. mwzgcr, frioul. m6l::i, a. fr. moudrc, proL mol::er, cat. m1myir, esp.
dial. astur .. nrnliir. arag. muncir. pg. m1uzgir) >dr. ·mnlgc, CIT. mulgu !(mul-
d::irc. nwld::eart'), mgl. mulg (nrnl::iri). idem398 . Vasarc <1 verser •> >dr. vărsa,
ar. versu ('i.•irsarc). alb. vhshoj, idem. cn alb. aussi <crenvcrs·er l)(it. versa re, engad.,
fr. 1_•erscr, prov. vcrsur. cat. 1_•essar <1vcrscr11; csp. <'asar <1degringoler, rouler
(tourner) 1>, pg. <'essar <1 labourer profondement, cultiv.cr la· tcrre 11); en rou-
m::i.in, en albanais et dans les langucs romancs occidentales c'est le sens de
<1 verscr 1> qui domine, atteste deja dans le latin vulgaire de basse-epoque (IVe
siecle). oii ii s'cst <lewloppe partant <lu sens cl;:issique <1 tourner •> 399 . *Ex/raco-
lare (extra+ colare ( <colum) <1 filtrer • >dr. strcmra, ar. strfror (strfrurare)
(< p;:isser; filtrer; s'ecoulcr a tran·rs t. Extorquerc (t"X + torqucre (< toumer,
tordre •>) > dr. stoarce, ar. aslorm ( asloar(irc) <1 tordre, presser •> (it. storccre,
log. islrokilr. a. fr. cslordre. prov .. cat. cstorccr, esp. cslorcer). *Colastra(= co-
lostra <1 premier lait •>) >dr. caras/ii (cclastrii. corast(r)ă, curast(r)ă), ar
cu lastră ( mras/r,i). mgl. rn/,1slră (gui astră). <1 premier lait apres fa deliHcince •>
(it. colostro. log. kolostru. frioul. lwyostrc, esp. calos/ro, pg. cos/ro, tous develop-
pes a part ir de la forme co/ost rum. tout commo dans le c<1s - pour ce qui
est du Sud-Est europern - de l'alb. kullosh/,~r. lmlloshtrl, idem; voir ci-dessus
§. 26). A partir d'un lat. \·ulg. *clagum < *caglum (= coag(u)lum) sont nes
lcs dr. cheag. ar. cl',·ag. mgl. cl'ag « coagulum. presure, c<1illot, caillette •>(it.
ca{!.lio. log. kad::.11. cngad. qu1·f!.l, frioul. lwli, ci. fr. caii. prov. calh. cat. coall,
l'Sp. majo. pg. coallzo, tous developpes a partir de coagulum). Casms <1 fro-
mage»>dr. caş, ar. caşu. mgl. caş. ir ct'i§, idem («fromage a la pie. fromageon»
(d. kt:s, it. cacio, log. ki1::u. fr. dial. J.:as. esp. qucso. pg. queijo); cascaria <1 fro-
magcric 1> > ar. câşa re, idl"rn; <1 parc a lircbis • (it. cacio1·a. a. fr. clicsitre, fr.
ckil. (merid.) lw::.icro, esp. qztcsi'ra, pg. q11<·1jt"ira). Follina (adj.; fem. de
fol!i1ms < follis <1 d'outre, dl· soufflet I)) > ar. ful' inii «sac foit de peau de
mouton. tondue ct rctournee, qui sert a la consef\"ation du fromage •>. Semm
<• petit-lait 1> > ar. şar <1 especl' de petit-lait: fromagt• pro\'mant des monts •>
(it. sicro, frioul. sir, a. csp. sfrro). Le panroman imgerc (= 1t1tguere) (it., log.
1111gtrc, engad. uo11dscl1cr, frioul. 011.dzi. f r. oindrc. pro'. onhcr, esp., cat., pg.
ungir) >dr. unge. ar. (a)1111gu (a1111d-:ire, aund::care), mgl. ung, d. jongar,
alL. 11gj y<j <1 oind re 1>; zmctum <( onguent •> > dr., mgl., ir. 1111!, ar. untu <1beurrc1>
(it. unio « g:-aisse, saindoux; onguent •>. d1ga<l. fit, frioul. ont <1 beurre frit •>,
fr. oing, prov. onch, cat. u.nt, esp., pg. unio).
Tondere (= tondere) >dr. tunde, ar. !!Indu (/undire, tzmdeare). mgl.
trmd (tzmdfri) <1 tondre •>(a. it. tondcre, log. t1fodere, engad. tuonder, fr .. prov ..
cat. tandre, esp. twtdir) 400 . On a e:~plique par un hypothetique derive verbal
*subiharc (sub +ilia, pl.) l'ar. suil'ed::;u (sui/'c~rc) <1 toridre-les moutons sous
398 REW, 5729; Mihăescu, Lg. lat .. p. 232; PE\\', 1122; DELH, 1164; SDE, p.268;
DER, P· 866; SDE, p. 439; DLR, XI, 3, p. 712- 713; DDA, p. 1203; Capidan, Megl., III,
P· 303.
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Du latin au roun-ain 26~
lt; ventre ct sous la queue » 401 . *Ingannare (cf. ingannatura) >dr. îngîna
« murinurer, balbutier; imiter, contrefaire, singcr », ar., mgl. angan ( a11ga-
1tarc", anganari) <1 appeler (Ies chiem, Ies moutons, Ies chevaux » (en .ar.),
« appelcr, appâter (unc bete); trompcr » (cn mgl.) (it. ingamzarc, cngad. inga"-
ner, a. fr. enjaner, pro\·. enganar, cat. e1zga11yar, csp. cnganar, pg. enganarJ;
impliquant l'idee d'<1 imiter »,a partir de laquelle sont nes tous Ies autres sens,
ce mot a fini pcir se rattacher, dans le cas dr Lir. et du mgl., a la terminologie
des bergers -!O:!.
201. * Venare ( = venari) <1 chasser » > dr. vîna, ar. a vin ( avi-
nare) <1 chasscr » (frioul. vinar, fr. vmer, prov., ezit. vmar); vcnatns, -us ( < ve-
nor) «chasse; gibier » > dr. vi nat, idem (cat. vcnatus <1 une especc de chamois»,
esp. ve11ado <1 gros gibier », pg. veado. idem, <1 gibier noir; cerf »); le sens gene-
ral du mot s'est donc conserve seulcmcnt cn dr.; Ies modifications de sens
rele,·ecs autorisent l'idee de quelque derivations indepcndantcs dans Ies dif-
ferentes langues romanes; venaticns <1 de chasse » > ar. avi11alic <1 gihier. chas-
se» (une solution originale pour la memc qucstion); dr. v-înător, ar. avinator
<1 ch:isseur » representcnt des derivations sur le terrain du roumain 4 0 3 _ Le
panroman laqucus «lac, Jacet, nreud coulant » et a partir de ce sens <1 piege,
trappe » (p<ir l'intermediaire d'une variante lat. vulg. *laceus) > dr. laţ, ar.
(a)laţn, mgl. laţ, idem (en ar. prend egalement le sens de« filet, rets; maille »,
ce dernier sens se retrouve aussi en mgl.) (it. laccio, log. lattu, engad. latsc'1,
frioul. lats, fr. lacs, prov. lat:, cat. llas, esp. la:o, pg. laţo). *Retella ( < rctis,
-em <1 rets ») > dr. reţea <1 filet (de chCJsse ou de peclw) » 401 . Pedica ( <Pes,
pedis) « piege (lacets), entraves, fcrs attaches au pied » > dr. piedică, ar.
J.:eadică, mgl. peadică <1 entrave, abot; obstacle, croc en jambe» (en dr. aussi
<1 sabot d'une roue (de ch;niot) », alb. penge, p,11g <1 entrave, sabot» (a. it.
piedica, log. peiga, fr. piege, esp. dial. (scilm., astur.) pielga, pg. pega); impe-
dicare (in + pedica) - dr. împiedica (reg. înkedica), ar. nlt:eadic (1z"l..:idicare),
mgl. <pnpeadic (q,mp1.dicari) <1 entra\·cr; empecher » (a. it. impedicarc, a. it.
dial. (nap.) prdicarl').
Alvina ( < aZ.uc11s) <1 ruche d'abcilles » > dr. albină, ci.r. algină, mgl.
albină, ir. albir~ <1 abeillc ». Le panroman mel, *meletn (it. miele, log. mele,
engad. meil, fricul. mil, fr. miel, prov., cat. mel, esp. miel, pg. mel) >dr.
miere, ar.1'icare (nere, dans le nord), mgl. nari, ir. ml'are, d. mit <1 miel». *Fa-
vulus (<favus) > dr.faf!.ur (fagure) <1 rayon de miel» (a. it.fi·avo, a. pg.favoo),
rare, arch. en dr. aussi fag, idem, provenant de favus, de meme que l'it. /avo,
a. esp. havo, pg.favo, ou bien ce mot dr. representerait un sing. restitue d'apres
le pl. faguri de fagur( e) 405 . Le pan roman cer a (it. ecra, log. kcra, engad. caira,
frioul, sere, fr. cire, prov„ cat., esp., pg. cera) >dr. ceară, ar. ţeară, d. l{aira
<1 cire ». Probablcrnent quc el' un mot du lat. danubicn *stupus ( < gr. crTuTioc;
101 RE"·· 8362a; PE\\', 1686, DDA, p. 1132; Rosetti, ILR, p. 399.
402 REW, 4416; Mihăescu, Lg. lat„ p. 27; PEW, 8.54; DELR, 861; DA, II, 1, p. 682-
683; SDE, p . .507; DDA, P· 161; Capidan, Mer)„ III, P· 18.
403 REW, 9186, 9189; PEW, 1889, 189.5; TDRG, p. 1742-1743, 1744; CADE, p. 1433;
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270 H. Mihăcscu
«tronc, buche 1>) tire son ongmc le terme dr. et ar. stup « ruche; essaim & ;
pour le moment, il s'agit la seulemcnt d'une hypothese, puisque la forme latine
presumec n'cst pas cncort> attestec 406 .
lletiers
406
REW, 8334; CADE, p. 1222; Mihăescu, I11fl. gr., p. 61, 65; DEX, p. 902; SDE, p.
403; DDA, p. 1127.
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Du latin au roumain 271
est devcnu un regionalisme 407 . Follis, -em « soufflet de forge » > dr. foale
{considere comme un pluriel, il a cngcndre la restitution d'un sing. fo1·, avec
le pl.foi), mgl.foali, ir.fote, idem (log.foijij,e, frioul.fol(e), a. engad.fol, esp.
fucllc, pg. folle). Scoria « scorie » ( < gr. crx.wploc} > dr. (reg., notamment en
Transylvanie) scoare « dechet du fer Lattu (scoric) » (it. scoria, frioul. skurye,
fr. scorie, esp., pg. escoria - ccpendant, tous ccs termes sont des emprunts
livresques).
Subula <1 alene» >dr., ar., mgl. sulă, ir. sule, idem (it. dial. (merid.)
sul'.~, log. sula, engad. sfrula, frioul. sublc). Cos, cotwi <1 pierrc a aiguiser, queux »
>dr. rnte. idem (engad. uil, fr. qucux, prov., cat. cot); *excotirc >dr. as-
cuţi « aiguiser » (cn mgl. sc1tfQti'i part. fem. < *scut, *swţiri); colitus (<*co-
tire< cos, cotis) >dr. wţit, ar. rnţnt (căţut, cîţut), mgl. rn/gt (cuţăt), ir.
culit <1 couteau ».
'. Ollarius ( < olla) « potier » >dr. olar, ar., mgl. ular, idem (prav. olier,
cat. oia, esp. ollero, pg. oleiro). Coctorimn ( < coquo) <1 four » >dr., ar. cup-
tor, alb. koftor « four, fournaise » (it. dial. kottora, kuttora, kutture). Le panra-
man furnus >ar. fumu, idem (it. fomo, log. furru, engad. fuom, frioul. forn,
ir. four, prav., cat. forn, esp. homo, pg. fonzo1: le mot se rctrauve avec le
meme sens en alb. f11rre ct en gr. byz., ngr. r.poupvoi; « boulangerie »; furnarius.
( <fumus) >ar. fumar, gr. byz. r.poupvocpLo~ (> ngr. cpoup'10Cp"l)t;) <1 boulan-
ger » (it. fonzaio, a. fr. fournier, prav. fornier, cat. forner, csp. lzornero, pg.
Jorneira).
-453, 455; DLRV, 99; DELROM, p. 77, Noul Testament, Bălgrad = Alba Iulia, 1648, f. 286v;
Apostol, Bucureşti, 1683, f. 107V; Biblia, Bucureşti, 1688, f. 4•: Dosoftei, Parimii, Iaşi, 1683,
f. 17v, etc.; DDA, p. 541-542, 544; Capidan. Megl„ III, p. 125-126.
408
REW, 3180; DELL, p. 215; PEW, 595; DELR, 575; DA, II, 1, p. 95-96; TDRG,
p. 616; DER, p. 324; SDE, p.454; Densusiar.u, ILR,p. 746; Rosetti, ILR, p. 598; DDA, p. 543,
571; Capidan, Megl„ III, p. 125.
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2i2 H. ~li hăescu
Tata <c papa» (mot rnfantin) > dr., ar., mgl. tată «pere ; papa» (d.
1.uota, it. <lial. (merid.) tata, tatei, tei, csp. tata, tailil, pg. tatâ, taita, idem);
en <lr. il \'a aussi la forme (pop., reg.) tătînc (tătîm), utilisee seulement aYec
un adjectif posscssif (tiitî11c-111c11, tâlî11i-sii11, etc. <( mon pere, son pere»): en
ar., 1c pluricl de tatâ est tâti11i; ces deux aspects tcmoignent d'un point de
depart rcprcscnte par la formr populaire tar.z, -a11is (donc: tatam - late! et
tatamm - tâtî11c), den-loppec cn latin par analogic aYcc Ies noms masculins
ou feminins tcrminl'·s l'n -o, -<Jllis ·10!1. Jlamma <( nourricc, maman; mamclle i> >
>dr., :ir., mgl. mamă <(mere. maman »; dr. (pop., rcg.) 11111mâ (a,·ec le pl.
(arch.) 11111111î1if. plus tard, 11Wll/(,rcfait sur le singulier), ar. mumâ (pl. mum[n'),
mgl. 111111mi (pl. 1111tt11Qll m11111i) (rcfait sur le sing. commc cn dr.); tous c~s
1
,
mots ont a l'ori~inc la forme populairc lllclllla, -a11is, crefr Cll parallele a\"eC
tata, -a11is; l'l1 dr., dans Ic cas ou lcs fornws 111a111â, 11111mâ sont sui,·ies d'un
adj. poss<·ssif, on rcl(·n' aussi la prescncc de la fomw abreYiee mă-ta (r_Jop.,
reg.), îmâ-la (arch.), 111î11c-ta (111î11i-ta), etc. (Yoir aussi comme heriticrs ele la
forme latin\' ma111111a: it. 11u111111za, lomb. 11111md, mumii, 1111ima, fr. mcmz,i;i
(> csp. 11z.1111(i), esp. mami1, pg. mamă(i), etc.) 410 . Le panroman pitrcizs,
-01!m1 c• pt'·rc 1> ou " m<'>re 1> (pl. parmtcs « parcnts 1>) > dr. 1'1âri111t' <(pere 1> (pl.
p1irin(i « parents 1>); <l<' la aussi « Dieu; prL'tre: moinl' 1>, ar. pârinlt' <( pc·re,
papa, pretn· » (pl. părinţi « parents 1>), alb. plri11!, pri11d ((pere 1> (it. parmtc
(( parcnt d1· qqn.; parmts 1> (arch.), log. par01fr, frioul. pari11t « parent de qqn ~.
sursih·. parmt « p(·rc 1>, parmt ,, ,, mere 1>, fr. pa rc11t, pare11ts, proY., ca t. par.::;i,
csp. p<1rimlc, pg. parmlc « parl'nl de qqn: plus ou moins proche 1>).
Ll· panroman filius <( fils 1> >dr. Jiu (rt'g. Jiiu), ar. Jiil'11, m~l. il' (liit'â.
Târnarcc:i.). ir. fii', <l. /d', idem (it. figlio, log. fid:u, enga<l. fii', frioul. fi, fr.
fi1s, Jim, pro\·. fil/1, cat. Jill, esp. lzijo, pg. fillio); filiolus ( <filius) >ar.
}i,i/'or fils en bas {1ge; fils chfri 1> (it. figliuolo, campid. fil'oru « enfant qu'il
(<
faut hâptiser 1>, fr. fii/eul, pro\'. Jilliol, csp. l11j11do); le panroman fi/ia > dr.
ffr (rcg. lii<) (arch., auqud s'rst substituc le deriYc (iioi ;1 l'origine <luqacl
on lt• r\'\rm1\·1·; conscn·c, rn'•anmoins (pop., reg.) qu~ind il est sui,·i par un adj.
poss.: ffr-:c1, ffr-sa, etc.), ar. liil'c, mgl. il'ă (nil'â, :1 Târnzireca), ir. fil'a, ickm
(it. figlic!, log. fid:a, enga<l. fil'a, frioul. fiyc, fr. filfr, pro\·. filha, cat. filla,
esp. !11jc1, pg. fi/ha). 1.e panroman fraia, -/rem<( frere 1> >dr., ar. frate, mgl.
frc1t i, ir. /râle, idem (d. frutro, it. f ra (a. it. frate <( moi1w, f n'-re 1>), cngad. frer,
frioul. frctri, fr. frerc, pro\·. fr,1irt', idem): dr. (pop., reg.) frâfîne, pl. frâţ[ni
est un mot ne de ]'analogic aYec lcllîne, tătîni. Soror, -oris (pl. sorores) « sreur ~ >
>dr. soră (arch. sor; pl. surori), ar. sor, soră (pl. surări), mgl. sorâ, sor (a\·ec
un adj. poss.). ir. sora (dans le sud: sor), d. saur, idem (a. it. sltoro, suora,
piem. sare, calabr. sora, log. sorrc, cngad. sour, frioul. sur, fr. saur, prav.
sorre, idem; it. suora, cat., a. esp., a. pg. sora is nonnc i> (sens restreint comme
dans le cas des a. it. frate, cat. fraire, etc.) 411.
400 HEW, 8596; DELL, p. 677; Mihăescu, LI(. lat., p. 9, 225, 293; PEW, 1718; TDRG,
p. 1566-1567; CADE, p. 1279; DEH, p. 827; SDE, p. 120; DLR, XI, 2, p. 67-69; DDA,
p. 1167; Capidan, .~fegl., III, p. 292.
410 HEW, 5277; DELL, p. 381; l\lihă.cscu, Lg. lat., p. 225, 292; PEW, 1019; DELR,
1011; Densusianu, ILR, p. "191. 502; Rosetti, ILR, p. 539; DER, p. 199; SDE, p. 217; DDA,
p. 766, 832; Capidan, Megl„ III. p. 180, 198.
411 REW, 8102; PEW, 1608; TDRG, p. 1459; CADE, p. 1176-1177; DER, p. 776;
SDE, p. 392; DDA, p. 1103; Capidan, Jfegl., III, p. 270; Puşcariu, St. istr., III, p. 197; Ko-
val:ec, Deset'. istr. aci„ p. 198.
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Du latin au rouma.in 273
Avus « grand-perc »>dr. (arch., rare), ar. auş ( < *att uş) « v1eux, +
vieillard, a1eul » (it. dial. aj, aa.f, ao). Pappus ( < pappa; cf. gr. rroc7ti!oc;)
« vicillard, grand-pere » > ar. pap, idem (cf. fr. papa, it. dial. popa - tous
developpes a part ir de pa ppa) En dr., Ies termes pour grand-pere. grand-niere
sont: bunic, bunică (<bun, bună, idem, arch., pop.) <bonus «bon», deve-
loppes apartir de tată bun, maniă bună(< bon pere, bonne merei> (bun (bună)s'est
aussi conserve dans le compose străbun (străbună) « arriere grc:ind-perc ou
gran<l'merc (c:irch.); a1cul; ancetre, ancestral») 412 . X epos, -otcm « petit-fils;
nevcu » >dr. nepot, ar., mgl. 11ipot, idem (it. 11ipote, log. 11cbodc, frioul. ne-
·uot, (m.) fr. nevm (a. fr. nies); prav. (nc)bot « neveu ~>); la forme feminine
(dr. nepoatâ, ar., mgl. nipoatâ) ;:i. etc forgee en raumain ou bien cmpruntee
du btin populairc 11ipota, que l'on trouvc attcstee dans une inscription de
Dalmatic ·113 .
Avwzculus « onclc (frerc de la mere) 11 >dr. 1111clzi <( oncle (frere ou cou-
sin de la mere ou du pere; mari de la tante) 1>, alb. zmq, ung_j <( onclc », (campid.
kzmk-u, sursylv. auk, fr., prav. oncle, cat. blonko). Partant du lat. amita <( sreur
du pere, tante paternellc » est ncc en tcrrain raumain par l'adjonction du suf-
fixe -uşă la forme du dr. mătuşă <( tante 11 (voir aussi l'alb. cmte <( tante, soeur
du pere.». <Jinsi quc Ies gen., ven. cimea, dmi:a ( > frioul. a1ie), engad. amda,
a. fr. ante; dans tous ces cas c'est la forme simple qui s'cst conscrvee contrai-
rement a ce qui s'est passe en raumain). Consobrinus, (con+ sobrinus <
< soror) <( cousin 11 >ar. cusurin, d. kosobrain, alb. kuslzeri, idem (it. dial.
kuss1,prinu, kundzubrim;. konsubri, etc., engad. kuzdrin, frioul. konsovrin,
fr. cousin, esp. sobrino, pg. sobrinllo <( neveu ») 414 ; ( consobrinus) verus > dr.
văr, ar:., mgl. ver « cousin » (on a releve en ar. et mgl. egalcment fa forme non
abrevi~e cusurin ver <( cousin germain (veritable) » 415 •
Cognatus <( parent de par le sang; beau-frere (sens acquis a partir de la
basse-epoque et atteste par Ies inscriptions) > dr., ar., mgl. cumnat, d. kom-
nut, alb. konat <( beau-frere » (it. cognata, log. konnadu, engad. qm'n6, frioul.
kunat, prav. cunhat, cat. cunyat, esp. cunado, pg. cunhado, idem); le sens de
<( neve\i 11, pris par la forme ir. cumnat - relevee, du reste, seulement chez
Ies locuteurs âges - tient une position isolee dans ce dialecte et partanf sus-
ceptible d'etre due a quelque confusion ou malentendu 41 6. Le panroman
socer, socrus (forme du parler populaire attestee par Ies inscriptions de plu-
sieurs provinces imperiales du Sud-Est eurapeen), sacra <(beau-pere, belle-
mere » > dr., ar., mgl. socru, soacră (en ar. on releve aussi Ies variantes socur,
socără), ir. socr(:, socr~. idem (calabr. sokru ( < socer), it. sztocero ( < socer),
log. sogru, rngad. sor, a. fr. suevre, prav., cat. sogre, esp. suegro, pg. sogro);
412 RE\\', 1206, TDRG, p. 241; PEW, 237; DELR, 195; DA, I, I, p. 691-692; DER,
p. 115 (bun ~ grand-pere t < lat. *av11nus); SDE, p. 63.
413 REW, 5890; Mihăescu, Lg. lat., p. 217, 293; PEW, 1171; DELR, 1225; DER,
P· 562; SDE, p. 278; DLRV, P· 128-129; DELROM, p. 155; DDA, p. 896; Capidan, Megl.,
III, p. 206.
414
REW, 2165; DELL. p. 637; Mihăescu, Lg. lat., p. 242, 292; PEW, 466; DELR, 465;
DDA, p. 423.
m REW, 9262; PEW, 1856; TDRG, p. 1713-1714; CADE, p. 1402; DER, p. 884-
885; SDE, p. 81; DDA, p. 1261; Capidan, Megl., III, p. 325.
416 RE\V, 2029; DELL, p. 430; Mihăescu, Lg. lat., p. 292; PEW, 442; DELR, 438;
DA, I, 2, p. 978; Graur, Etimologii, p. 81-82; SDE, P· 216; DLRV, p. 93; DELROM, p. 61;
DDA, p. 405; Capidan, Megl., III, p. 108; Puşcariu, St. istr., III, p. 108; Kovacec, Descr. istr.
act., p. 198.
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274 H. i\lihăescu
consoccr. co11socrus ( < socer, socrns) « mots designant Ies beaux-parcnts (des
epoux) par rapport Ies uns aux autrcs » >dr., ar., mgl. mscnt, idem, ir. cu.seri
(pl.; rclevc seulemcnt a Jeiăni), id~m (d. couscgro, it. consuocero, engad. kon-
sor, esp. consuegro, pg. consegro) 41 •. Le panroman gma, -aum « gcndre • >
> dr. ginae, ar. d~i11/r,', mgl. ;;iniri, idem (it. gmcro, log. be1ma11, engad.
goidcr, frioul. d::.i11.1r, fr., pro,·., cat. gwdu, esp. _'\'t'n/O, pg. genroJ. Norus
(variante populaire <ll' 111tr1ts attcstee par Ies inscriptions) « bru » >dr. (arch.)
nor (forme consen«?e jusqu'a maintenant quand cllc est sui,·ic d'un adj.
poss. sing.: ;zon1-111,·1.1, 1:oru-ta, noru-sa «(ma, ta, sa) bru 1>), non'l (nuroră,
arch., reg.), sing. restitu:· J'apres le pl. !l1trori, forge suivant le modele offert
par soră, suron), ar. nor', noru, noră, mgl. noră, nor, idem (dans d'autres
langues romancs, le mot s'cst conserve a partir <le son double p-::ipulaire nura
( < 111trus) (log. 11ura) ct surtout <lu douhlL· 11ora de la variante 1111ra (it. nuora,
a. fr. 1111erc, prov., cat. nora, csp. twera, pg. nora) 418 .
Xo<•crca « belle-merc, marâtre • > ar. 11(11),·arcâ, alh. njcrl~?. idem;
ar. nerm «beau-pere• est un terme qui a du se dc\'eloppcr soit d'un lat.
*11o;:ercus, soit plus probablenL·nt comme unc forme analogue au fem. n.earcii,
de memc qul' l'alb. 11/?rk. idem, <l'apre.; le fem. njerkt-419 . Vitriws « beau-pere•
>dr. iiitreg, alb. vzNrk, idem; dans les deux langues, des formes analogues
sont nees pour le feminin a\'cc le sens normal de « belle-mere •: dr. vitregă,
.-ilb. viterkcshi:; il s'cnsuit donc que l'alb„ ayant consen·0 Ies deux tern1t.'S
}atins, fait sous ce rapport le m~mc parcours que le dr. d'un cote et l'ar. de
l'autrc. Le dr. 'i•itrcg devait pr\?ndre aussi des sens deri\'cs: «hostile, adverse 1>.
Ce mot s'est consen•e dans d'autres langues romancs, conforme au lat. dont
il tire ses origines, tant au point de \'Uc de la forme, quc sous le rapport se-
mantique: (calabr. 1.1itrica, log. bidrigu, campid. birdiu). F?°/iaster ( <jr:lius)
(( beau-fils > dr. (arch„ reg.) fiastru (reg. liiastru)' ar. 1W'eastru, alb. thjt's-
I)
ter, idem (it. figliastro, log. j1:d:astr:.t, frioul. fiyastri, fr. fillâtrc, pro,·. filhastre,
csp. l11jastro, pg. fi/hastro); a partir du fem. lat. filiastra ou par un proccssus
d'analogie sont nes Ies dr. fiastră (niastră), ar. liileastră, alb. thiestre « belle
fillc t> (it. figliaslr11, log. fid:;astra, etc). Le maintien de l'acccption du mot
latin peut etrc signale <lans le cas d'un synonym~ de fiastru, le dr. reg. (nord-
cst de la Transylvanie, nord-ouest limitrophc de la Molda,·ie (Bucovinc) et
le Maramureş) sp11r (şpur) « bcau-fils •<lat. spurius, -a, -um, idem (\'oir
dans Ies autres langues romanes: it. spurio, it. dial. (calabr) spuriu, sarde dial.
(campid.) spurra); l'anciennete et la popularitc du terme daco-roumain sont
prouvees par les nombrcusc-s formes <lerivecs: spurean( că), şpurean (că),
spu.roaică, spureaucă, etc.
Filianus ( < filius) > dr. fin (arch. fiin), ar. liilin, alb. fijan <1 filleul „
(sen. figliano, corse fi_vano: voir ci-dessus § 26}; pour le Sud-Est europeen,
d. aussi le cr. (onomast.) Fijan 42°.
417 RE\\', 2166, 8054; DELL, p. 630-6Jl; l\lihăescu, Lg. lat., p. 174, 221, 242,
293; PEW, '464, 1606; TDRG, p. '4'49, H53; CADE, p. 1168, 1171; DER, p. 269, 272; SDE,
P· 219, 389- 390; DDA, p. 121, 1100, 1102; Capidan, J\fegl„ III, p. 90, 269; Puşcariu, St. istr.,
III, p. 108, 133, 325.
ue REW, 6000; DELL, p. 452; Mih11.escu, Lg. lat., p. 217; 293; PEW. 12H; DLR, VII,
1, p. 181--485; DER, p. 566; SDE, p. 280; DDA, p. 905; Capidan, Megl„ III, p. 208.
419 RE\\', 5970; DELL, p. H7; Mihăescu, Lg. lat„ p. 61, 293; PEW, 1199; DELR, 1254;
DDA, p. 870, 872, 915.
420
REW, 3296; DELL, p. 23'4; Mihăescu, Lg. lat„ p. 292; PEW, 611; DELR, 601;
DER, p. 329; SDE, p. 457; DDA, p. 656; SER, II, p. 658.
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Du latilil au rmm:ain 275
SDE, p. 510; DDA, P· 907; Capidan, .Mcgl„ III, p. 20; Puşcariu, St. ist1·., III, p. 117, 303,
317; Ko-rnCt:c, Dcscr. istr. act., p. 198.
424 REW, 5361, .5363; DELL, p. 387; Mihiicocn, Lg. lat„ p. 294; PEW, 1032; DELR,
1050, 1051; Densusianu, I LR, p. 789, 798; Rosetti, I LR, p. 593; DLR, \'I, p. 279; Coresi,
Psaltirea slavo-română ( 1577), ect. cit„ p. 747; Palia de la Orăştie ( 1581- 1582), ed cit„ p. 213,
284, 296; Codicele 'Voroneţean (ed. M. Costinescu, Bucarcst, 1981), p. 197, 471; Manuscrisul
de la Irnd (l:d. M. Teodorescu et. I. Gheţie, Bucarest, 1977), p. 135, 202; Învăţcituri preste toate
zilele ... , Cîmpulung (Ţara Românească.). 1642, f. 45'; Varlaam, Carte românească de învătă-
tură .. . , Iaşi, 1643, p. 215, 374 (ed. J. Byck, Bucarest, 1966); Noul Testament, Bălgrad (Aiba
Iulia). 1648, f. 155v; DER, p. 505, 777; SDE, p. 272, 392; DDA, p. 782; Capidan, Megl., III,
p. 183; Puşcariu, St. istr„ III, p. 121.
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276 H. Mihăescu
Les dr. cre~tc. ar. crescu, mgI. eres (<lat. crescere « pousser. croitre »)
ont conser\'e le sens initial latin (cf. ci-dcssus, §. 172), tout en eJargissan.t. leur
sms pour y englober aussi celui d'<i el<.·\'er des enfants 1>, de sorte que Ies dr.
creştne, ar. creaştire, mgI. creaştiri ont fini par prendre aussi le sens d'« edllca-·
tion»; dr. binccrcswt <1bien elevei>. Deprc(lz)rndat' (<Prc(lz)c11derc) <csur-
prendre; decounir (par ]a pcnsee), observer, rcmarquer 1> >dr. deprinde
~ accoutumer, habituer » (~sp. dial. dt'pmdre <i apprcndrL' 1>). A tra,·crs un
terme rcstitue ''dismcrdart' ( < merda) a\·ec le sens initial probablc de <c ebre-
ner (un enfant au rnaillot) », de ]a « cajoler (l'enfant) pour le faire taire.pcn-
dant qu'on l'ebrene », on a explique Ies formcs dr. de::nzicrda., ar. diznerdu
« cajoler, dorlotcr, caresscr 1>. *Ailmarc (= *ad/marc < ,,J +!mare= icni-
re) >dr. ali;za « calmc-r, apaiser, adoucir » (it. alienare); *alloz(i)tarc (=*ad-
lmitarc < ad+ Imitare) >dr. alinta <c caresser, rnignoter, cajoler, dorloter,
gâter (un enfant) » (it., loi;. allmtart' <' affaiblir, attcnucr, calmer, adoucir 1>,
a. fr. alcnta, prO\. almtar <• rakntir ») 4 :i5 _ *Liginarc ( < ligarc.'} >dr. legăna,
ar., mgl. leagăn (ligănart', li!!,âllart) « Lercer 4 :rn. „
\rie soeiale ; culture ; loisiI·s
:!05. Le panroman i•iâ1111s ( < vicus) <c voisin » > dr. c.•cci11, ar. viţiu,
d. viCain, alb. fqin}, idem (it. c.1ici110, log. biginu, frioul. <:i::i11, fr. voisin, prov.
„
·vc::in, cat. vclzi, csp. t•ecino, pg. c.•i::inlto); 1.'ici11itas, -alem <c voisinagc >dr.
vcciucitafr. ar. viţinătate, idem (it. viciniiti, pro''. vezinctat, esp. vcândad). *Ex-
tra( n) inus ( < cxtraneus) >dr. străin (arch. strâ11, stri(i)n, strciru, strii(n)-
m) « etranger » (tosc. stra1·110, calabr. stra1:nu <c sans maitre (maison) 1>; cf. sic.
iri strainiu <c partir de son pays 11; cat. cstran_v, csp. cxtrano, pg. estran/10,
dircctement dewloppces d'cxtrancus) 427 . Le panroman hospcs, -itcm (it. os-
p1:tc, fr. hote (a. fr. osie), prov., c;:it. osie, csp. lmcspcd, pg. lzospedc) >dr.
ou~-pc, oaspete (sing. n stituc d'apres le pl., tout comme le dr. (arch., reg.)
oaspe!, ar. oaspe, mgl. uaspiţ (un pl. de,·enu :-ing.) <c hote, com·ive, invite 1>
(en ar. cgalcment (I ami 1>); hospitium (( hospitalit(·; logcmcnt reserve a un
hote» >dr. ospăţ (arch., reg. u.spăţ), ar. 11spcţu, mgl. u.spcţ « repas, festin,
banquct, dincr », alb. shtcpi « maison, habitation, dornicile, fami11<' 1>; hos-
p1:tarc (= lzospitari « rc-cevoir l'hospitalite »>) >dr. ospăta, ar. uspiiedzu <(of-
frir l'hospitalite, donner a manger » (reg., cn dr., le mot signifie aussi «man-
ger 1>) (esp., pg. hospcdar). Le panroman salutare <c saluer » >dr. săr?,tta, idem
(arch.) <( baiser (la rnain droite) 1> - ce deuxieme sens est ne Je la coutumc tra-
ditionnelle des gcns de se saluer de cctte maniere (coutume conscrvee par en-
droits de nos jours cncorc); cc m0mc sens figure aussi en mgl.: sărut (sărutari),
tout comme il figurait en a. esp., dans le cas de la forme salztdar, signifiant
a prescnt <c saluc-r i>, de meme que l'it. salutare, log. sal11darc, <'ngad. salii-
dcr, frioul. saludâ, prov., cat. saludar, pg-. saudar et, naturcllemcnt, le fr. sa-
lucr; pour forrnuler ce dernier sens, le dr. actucl se sert de I' element latino-
m REW, 357; DELL, p. 351; Mihăescu, Lg. lat., p. 307; PEW, 62, 64; DELR. 989,
990; DER. p. 20; SDE, p. 24.
426 PEvY, 957; DELR, 973 (<lat. *leviginare < levis + aginare); TIJRG, p. 899-900;
DA, II, 2, p. 137-138; Rosetti, ILR, p. 192; DEX, p. 493; SDE, P· 232; DDA, p. 733; Capi-
dan, Alegi„ III, p. 168.
m PEW, 1651; Densusianu, ILR, p. 468-469, 476; Rosetti, ILR, p. 187; DER, p.
797; SDE, p. 404.
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Du latin au roumain 277
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278 H. Mihăescu
> dr. petrece (reg. pitrcu), ar. pitrcc ( pitrt"affre, f>itriftart) « cm·oyer, accom-
pagncr, etc.;>, m;;is aus!'i <· yj,·;·._-, menlr :~on r~j::ilnce 1> ct de la« se di~trai
re, se delectl'r, foire la nocc •> -' 33 • Cither,i ( = 1ithar<1 < gr.) « cithare 1> > dr.
(reg., dans Ies parlers de Transyh·anie; aux XYI'' (t XYII" siecles, on rcleve
le tt>rmc ef!<1lemcnt dans Ies sourccs litteraires du nord de la Moldavie et mem~
en Valachic) cdcrii (I instrument a cordes; guitare; harpe (arch.). (( violon I)
(it. ataa, a. cngacl. tscliaidra, pro\·., a. esp. cedra) 434 . Le panroman clwrda
( < gr. xo~)0J (d. lwm·d, it .. log., engad. corda, frionl. k11c1rde. fr. ,·arde, proY.,
cat. corda, esp. rnada, pg. corâ,1) >dr., ar. ,oardă (( corde •> (cl'instrument de
musique, mais ayant aus~i des sens clerives) 435 . Buci11a, b11ci1111m <, trompettc 1>
>dr. (arch .. reg.) buci11ci, b11â11 (fornws courantcs dans le dr. des xvi~ d
XYII" sieclcs, den·nucs plus tard bucium probabkmrnt sous l'influcncc ele
bucium (( h1khc •>. mot egalenwnt rl'k\"e ('Jl ar.) (it. b1ici11c" (<filet dC' peche))'
cngad. biiza1. sursih-. bizd « conduit d'eau en bois 1>, a. fr. buisi11c, t'sp. boci11a
cc trompette, clairon •. pg. bu:.io « partie composante de la trompette 1>); en
dr. le sens de ce mot est de (j chalumeC'u, trompe des hergers 1>, « trompette I)
(arch). Le panroman sonare« sonner, chantcr »>dr. swia, ar. as1111 ( asu11arc),
mg!. su11 (su11ari) • sonncr I) (el. s°'111ar, it .. log. so1iar1, cngad. swzcr, frioul.
sonâ, fr. so1111a, prov., cat., esp. so11ar, pg. so,ir); le panroman so11us « son I)>
>dr. (arch., XVI'' siecle) Silii, idem (it. SUOlto, log. SOII/(, cngad. 51111, frioul.,
fr. soit, proY „ cat. sâ, a. esp. sumo, pg. som); so11it11s « son; bruit 1> > dr.
swzd (Ison; hruit; chahut (arch.) 1> 438 • Sibilari", *subilar<" « siffler 1> > dr. şu
frra, ar., mgl. (a Tărnareca) ş11ir (şuirt1rc, şuirari). idem (d. sub/ar, ven. suby-
ar, frioul. si<.•1'/d, prO\· .. cat. siular, esp. silbar, pg. sih:ar).
Le panroman ioms <1 jl'u, plaisantcrie ~ (it. g,iuoco, log. gogu, engad. go,
frioul. d:.ug, fr. jcu, proY. _ioc, cat. joch, esp. jitc~o. pg. jogo) >dr. joc (reg.
g~x. zoc), ar. (a)gioc, mgl. joc, ir. zor ccjcu, dansc »,alb. gjoge (I fee, fee dan-
sante»; le panroman iocarc (= iocor) (it. giocarc, log. i}Jgare, engad. guc:rr,
frioul. d:uyti, fr. joucr, proY., cat. }ogar, csp. fug(?r, pg. jogar) >dr. juca
(giuca, zuca). ar. (a)gioc ((a)giucarc), mgl. joc tjucari), ir. zuca ((jouer,
danser » (en ir. aussi le sens de « joucr d'un instrumrnt 1>).
433 Mih:'ie~cu, Lg. lat., p. 284; TDRG. p. 11.51-1152; CADE, p. 929; DER, p. 618;
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Du latin au roumain 279
206. Callis, -em «piste des troupcaux, ~.cnticr trace par 1es animaux;
Yoic » > clr., ar. cale, mgl. cali, ir. cale, d. cale <1 chemin, voie, route » (avec
des sens derives, comme celui de « distance » (dr.), « fois • (dr. reg„ ar., d.),
<1 fa<;on, moyen, procede» (dr.), etc.) (it. calle «voie, route, sentier »; calla
« barrage, ecluse; passage; route », cat. call « Bergpfad », esp. calle) 437 • Car-
ra1·ia ( < carrus) « route pour Ies chariots » >dr., ar. ciirare « sentier » (en
dr. egalement <( route, marche, cours, voie; raie ») (it. carraia, a. fr. chariere,
prov. carreira, cat„ esp. carrera, pg. carreira) 438 • Ruga <1 ride(s); pli(s) » >
>ar. ( a)rugă « endroit par ou on fait entrer Ies bre bis dans l'enclos; l'entree
dans un parc a moutons » (a.it., luc., calabr. ruga, campid. arritga, fr. rue);
Ies sens herites par Ies langues et dialectes romans suggcreraient la presence deja
dans le latin vulgaire d'un sens dans le genre de <( ruclle, passage; passage
etroit par lequC'l l'on fait passer Ies brcbis unc a unc pour Ies traire ». Le pan-
roman pons, po1ttem <(pont» >dr. pu11te, ar. punte, mgl. punti, d. puant,
idem (it„ log. ponte, cngad. punt, frioul. puiJtt, fr„ pro,·„ cat. pont, esp. puentc,
ns. ponte).
Le pan roman carrum ( carrus) <1 chariot a quatre roues » > dr„ ar.,
mgl. car, alb. qcrre, idem (en mgl. aussi <1 hroudte ») (it. carro, log. karru, en-
gad„ frioul. l~ar, fr. char, pro,·„ cat. car, csp„ pg. carro); le derive populaire
carrare ( < carrum, rnot populaire lui aussi a I' origine) <1 charrier & > dr. căra
-<( charrier », plus tard <1 transporter » et, prenan t un sens figure dans le langage
<:ourant peu chatie a se căra <1 s'en aller » (log. karrah', <( transporter »); (in)-
carricare <1 charger » >dr. încărca (avec une forme abreviee en usage dans la
poesie populaire cărca), ar. (i11)carm (ncărcare), mgl. rţncarc (q,ncărcari),
ir. ănc(ă)rca, alb. 11garkoj, idem (it. carfrare, engad. K.arger, frioul. lCariâ, fr.
cliarger, prov. cargar, cat. carregar, esp. cargar, pg. carregar); le panroman
discarricare > dr. descărca, ar. discarctt ( di'scărcarc), mgl. discarc ( discăr
cari) <1 (se) decharger » (it. scaricare, log. izgarrigarc, engad. sleargcr, frioul.
diskariyd, fr. decharger, prov. descargar, cat. descarregar, csp. descargar, pg.
des"/{arregar) 439 . Le panroman rota <1 roue » > dr„ rngl. i'oată, ar. ( a)roată,
alb. rroti!, idem (it. ruota, log. roda, engad. rouda, frioul. arucdc, fr. roite, pro\.,
cat. roda, esp. rueda, pg. roda). ]ugum >dr. jug, ar. giug, mgl., ir. jug<( joug '>
(d. :auk, it. giogo, log. yuu, cngad. guf, frioul. yof, fr. joug, prov. jo, cat. jeit);
jt:bulare (I lien» > dr. reg. (signaie dans le nord et l'ouest de l'Oltenic, Banat
et le sud-ouest de la Transylvanie) fi"ulare <(traverse qui relie la partie supe-
ricnrc a la partie inferieure du joug » (voir aussi it. fibbia, it. dial. fobia, fubia,
pc ba, ~ormes qui descendent de fibula; il paraît qu'un tel descendant serait
aussi l'a. dr. lziulă, hiolă (= fiulă,Jiolă) qu'on rC'trouve utilise dans l'expres-
sion a lua în hi11la calultti, ayant le ~cns figure <1 railler, rnC-priscr »).
437 RE\\', 1520, DELL, p. 87; l\Iihăescu, Lg. lat„ p. 297; PEW, 262; DELR, 234;
TDRG, p. 263-265; Rosetti, ILR, p. 197; DELROM, p. 31; DER. p. 129;, SDE, p. 170;
DDA, p. 307-308; Capidan, Megl„ III, p. 56; Puşcariu, St. istr„ III, p. 105.
438 REW, 1718; DELL, p. 102; Mihăescu, Lg. lat„ p. 297; PEW, 287; DELR, 254;
Rosetti, ILR, p. 197; DLR\", p. 83-84; DELROM, p . .15; DEH, p. 142; SDE, p. 226; DD,\,
p. 342.
430
RE\\', 1719, 1721, 2652; DELL, p. 102; Mihăescu, Lg. lat., p. 66, 285; PEW, 284,
285, 507, 810; DELR, 253, 255-258; SDE, p. 106, 174, 226, 510; DDA, p. 314, 316, 178,
857 -858; Capidan, M cgl„ III, p. 15, 19, 111; Puş.:ari u, St. istr„ III, p. 116.
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280 H. Mi hăC'~cu
Sarcina ( < sarcio) « paquet, bagage 1> >dr. sarâ11ă, ar. sarfină, ir. dîr-
cina, sareira, sdreira (( poids, fardt:au. charge, bagage I) (d'ou. en dr. et ar.
« tâche, mission 1>, etc.) (a. it. sarcina, nap. sddţnf} « botte de bois sec, brin-
dille de bois mort 1>.
( I11)caballfrare << monter a chc\·al '' (deri\'e de caballus pendant la basse-
epoque) >dr. î11călcca, ar. 11calic, mgl. <ţlicalic, idem (d'ou (( che\'aucher »,
fig.) (it. ca1.•alcare, fr. cl1c;.•auclzcr, pro\'., cat. caval§;ar, esp. ,·abalgar, pg. caval-
gar; a part ir d'un hypothetiquc *discaballicarc ou bicn dl' Îllcâltca (par une
substitution dc prefixe) est ne le dr. descăleca. de merne quc Ies ar., mgl. dis-
ca/ic « cksccndrc· dv che\";~l » (\'oir •.n c~p. Jcsu1!1c1!(1l:·, idem); t:;ms Ic dr. des
XVII'' et XYill'' siecks le \'crbc prcnait aussi le sens <le "se iixer dans un
pays, coloniscr, fonder un pays, une pro\·incc •> - sens attcste par Ies chro-
niqucs moldan's et \'alaques; il s'cxpliquc du foit que Ies <• fondateurs » (Ies
prcmil'rs princcs de ccs pays roumains et leurs compagnons) aYaient pris
picd la, l'l1 <lescmdant <lC' kurs montures, qu'ils cheYauchaicnt dC'puis le
:'.\faramuns d la Trans\'h-anic au xn··· siL·clc; cabal/.iris. -ml(< a chc\'al I) (at-
teste dans' Ies inscriptions) > dr„ ar. cii/,zrc idem: c11ba/lari11s, -a, -um > dr.
(arch„ n;g.) călari11 « caYalicr 1> (concurrcnc<; et rt·mplacc cn fin de compte
par uilârt"f - \·oir ci-apn:·s - qui de\·;l.it (>carter aussi le s~·non~·me călcira'.5.
un <leri\·e sur le krrain du roumain qui s'ctait imposc, cn re\'anche, a\'CC le
sens de« soldat ck· ca\'alerie •>),ar. uilar « ft chl'Yal I), mgl. cd/ar« celui qui con-
<luit des chl·\·aux 1>, alb. l•aluar « caYalicr », gr. byz. Koc~oci.i.ocpLo.:; (nom pro-
prc) (it. cavallaro, ca·l'allaio); caba/laritius ( < caballarims > gr. hyz. xoc~oc),
),ocpLx6c;). a\'ec le fem. caballaricia, rdeYe dans un document de l'an 812, ce
terme l'St <le\'cnu en dr. ciiliir,·ţ <ca che\'al (adj, arch.); ca\'alier 1>, ar. călăreţii
« ca\'alicr » (esp. caballcri::.o, pg. cavalarico « paldrcnier, \'alet d'ecurie 1>) 440 •
Le panroman sella ( < scdco) e< siege, chaisc, sellc, etc. 1> >dr. şa (reg. •
dans le centre du tcrritoire couwrt par k· parler \'alaque şea); art. şaua (reg-
ştima), ar. şcauii, şa11t1, şao, mgl. şauă, .~,w « sdlc •> (it. sdla, log. seijiJa, engad-
sclla, frioul. sidt, fr. sdlc, pro\"., cat. sdla, c~p. si/l,1, pg. sdl,!). Frrnmn << mors
frein I) >dr. fYÎlt (a. <lr. frÎl!â, Sing. restitUC a partir du pl_ fYÎllC), dr. pop.
frîucţ (/rî11 + cţ). ar. frî11, mgl. fr'!n, alb. frt «bride, frl'in 1> (en alb. aussi
« mors •>) (it. frmo, cnga<l. f ra1·11. fr. f râ11. pro\'., cat. f re, esp. /rozo, pg. freio);
1·11/rrnar<· « brider ll > dr. infri11a « mettrl' le frein, brider 1>, d'ou (fig.) « maî-
triser, temperer » (it. infrt'llarc, a. fr. o~frc11a, pro\'., cat., esp. e11frenar, pg.
c1~frmar); de înfrîna, par substitution de prefixe ou de disfrcnare provient
le dr. desfrî11a « cnlcwr Ies mors d'un chc\'al; perdre. jeter Ies guides 1>; fig.
« perdre tout frein, toute mesurc, mener une \'ie de debauche » (it. disfre-
11are, a. fr. dcsfrmer, pro\'., cat., esp. de~frmar) 441 • Le panroman capistru.m
« harnais de tete, museliere, licou, lien, courroie 1> > dr. căpăstru (arch.
căpestru), ar.. mgl. căpestru « licou 1> (cn ar. aussi « harnais de tete pour
Ies che\'aux ou autres betcs destinfrs a bri<ler et conduire 1>), alb. kepresh,
kepreslze, gr. byz. xoc7tlcr•pL0•1, ngr. :.<.:ud11-:pL <•bride 1> (it. capestro, log.
krabistu. a. engad. liavaistre, frioul. /(avestri, fr. chevetrc (a. fr. clze1;oistre), prav „
cat. cabestrc, esp. cabestro, pg. cabresto). *Stimularia ( < stimulus « aiguil-
440
RE\\", 1439; DELL, p. 80; ~Iihăescu, Lg. lat„ p. 29, .102; PE\\', 253, 805; DELH,
210-214; DA, I, 2, p. 32-.13, .H, II, I, p 560-561; SDE, p. 106, 223, 224, 509; DDA,
p. 327. 328, 478, 857; Capidan, .\legi., III, p. 14, 15, 111.
rn HE\\', Ji96, ii 11: DELL, p. 2.53; ~lihaescu, Lg. hi., p. 26; PE\V, 655, 843; DELR,
652, 65i; DA. II, I, p. 172, 668-669; DER, p. 3i3; SDE, :). !08. 163, 513.
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Du latin au roumain 281
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282 H. Mihăescu
nes Ic Confesscur rn 810-814; cf. ci-apres, §Ş. 320-328. Dans le dialecte daco-
roumain, le mot s'ecartera peu a peu de son sens initial, cedant le pas deYant
Ia significcition de « fairl' couler, Yerser » (aussi, afin d'eYitcr l'homonymie.
a turna pris dans le premier sens allait se substituer le deriYc î11lurna); il
s'ensuit quc Ie dr. dcYait parcourir dans rnn cas unc eYolution ~ernantique :ma-
logue a cclie SUÎYil' par k latin 'i.'<"YS<lh" (cf. ci-Jl'SSUS, §. 200) ~.u.
207. Le panroman ;,•mdcrc wendrc 1> >dr. 1.•i11de, ar. vi11d1t (;:i1Llirc',
viudcrt'), mgl. vind (vindiri, 1:i11deari), ir. i•i11dc, idem (d. 1.•m;dro, it. vcndae.
log. bendac, cngad. i•mda, frioul. ;·mdi, fr., proY., cat. rmdre, esp., pg. ;·en-
dcr). Le panroman comfararc (<paro)<( achctlf »>dr. rnmpâra, ar. (a)ucm-
pcir (acl!mb1ir, acumpru) (ac11mpârar1'), mgl. rnmpfir (rnmpi!rari), ir. cum-
parii (it. co111p(c)r1Jrc, log. kompor11u, cnga<l. comprcr, frioul. komjmi, a. fr.
compcrcr, pro,·., cat., t'Sp., pg. comprar) . .Ycgoti11m <1 affaire »>dr. 11cgoţ
'( commercl'; (arch. aff aire; marchandi:-e) 1>, proY. llt"ot:; '~11cgoh11rc ( = ll(;;o-
tiari) > rlr. (~1rch., pop.) 1icţ;11(11 negocicr, faire du comrnerce ,,; le deriYe
(<
444 RE\\', 8794; DELL, p. 69.'i-696; ~Iihăesrn, Lg. lat., p. 284; PEW. 1784, TDRG.
p. 1666-1667; CADE, p. 1347-1.'48; DER, p. S68; SDE, p, 440, 512; DLR, XI, 3. p. 738-
740; DDA, p. 1188; Capidan, J'\ftgl., III, p. 296; Pu~cariu, St. istr., III, p. 137; Sophocles.
p. 1086; Maur, p. 108.
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Du latin au roumain 283
etc.» 445 • Pemli1tnt (I petite part du troupeau laisse en propre a l'esclave qui
le gardait >) >dr. reg. picui, păcUi (I petite île, CÎffie l), af. picUl'U (I argent Serre,
ffiiS en reserVe l) (pg. dial. pegulho (I recompense GU berger »).
Le lat. *punga (cf. le lat. med. punga (I la bourse de la selle »), cmprunt
fait du haut allemand ou peut-etr~ meme une forme creec en latin a partir
de pungere « fourrer, mettrc dans 1>, devait passer en gr. byz. ot\ l'on releve,
en fait, sa plus ancienne attestation, a travcrs le derive r.ouyy(ov <1 bourse 1>,
figurant chcz Mauricius (donc des les deux-trois premieres decennies du VIF
siecle); puis, en neo-grec (a travers le memc derive avec le suffixe hypocoris-
tique ou bien trl quel - cf. Ies ngr. dial. r.c,uyy"-, 1oOU'(XC1., idem); le mot dcvait
pci.sser aussi E-11 vieux sl2 ve ( P<igva <1 corym be 1>). On le ret rcuve cn dr. sous la
forme pungă « bourse 1> (par ;:malogie, <1 orgu.ncs du corps humain, des betes
OU de VegetaUX, dont la forme rappelle UnC bOUfSe )), (I bOUfSOUflUfe de la peau
sous la paupiere inferieure, etc. 1>), cn ar. jntngâ <1 bour~e 1> (par analogie aussi :
<1 puche; testiculcs (pl.) 1>, de memc qu'en it. dial. (H.icti) ponga « cnflure 1>,
ven. poilga <1 poche (des oiscaux) », log. punga <1 amukttc ». Qu'il s'agisse d'un
emprunt du haut allemand ou d'un terme forge sur le tcrrain du latin, îl est
hors du doute que ce fut grâce a cette dcrniere langnc qu'il s'est generalise;
le foit qu'] est cntre tant cn grec byzantin, que dans k vieux slave represente
une preuve de -;a prcsmcc dans le latin danubien, ce qui autorise l'hypothese
suivant laquelle r. pungă est herite du latin; par la mite, le mot roumain a
pu. comme de juste, subir l'influcncc, pour ce qui est de son evolution seman-
tiquc, des termes respectifs <lu grec byzantin ou <lu nfo-grec, tirant leur ori-
gir:e de la meir..c source. S'il est \Tai qu'on le trouve atteste en dr. a unc epo-
quc tardive (sculement vers le milieu de xvne siecle), le contexte ne suggere
guere qu'il s'agirait d'un neologisme, le faisant apparaître comme un mot
pcpulaire, ancien, usuel 44 G.
Dare <1 donner 1> > dr. da, ar. dau (dare, dădcore), mgl. datt ( dan),
ir. da. idem (d. duor, it., log. dare, engad. dar, frioul. da, pro\·., cat., esp., pg.
dai'). Impro11111tare ( < in + promutuor <muto) « empruntcr » >dr. împru-
tnuta, ar. niprumut (mpmmutare), idem (it. impro11tare, fr. emprunter, prov.
cmprumtar) 447 . Levarc <1 lcver, prendre »>dr. lua, ar. l'eau (loare), mgl.
lcau (tari), ir. la, d. ler11r <1 prendre 1> (it. le1.•are, log. lcarc, engad. alver, frioul.
lcre, fr. levcr, prov. levar, cat. llevar <1 (se) kvcr 1>, esp. llcvar, pg. levar «porter,
prendre 1>) ; le sens « prendrc », herite cn roumain, dalmate, cspagnol et porlu-
gci. îs, figure a ussi dans Ies dialcctes de l'. ltal!e meridionale 418 • J.1! accllarius
m REW. 2949; l\lihăescu, Lg. lat., p. 298; PE\\", 1543; TDH.G, p. l38l;CADE, p.1115;
DER, p. 734; SDE, p. 382; Capidan, llfegl„ III, p. 260.
rn REW, 6849; :Mihăescu, Lg. lat„ p. 32, 305; Maill', p. 50; TDRG, p. 1280 (comp.
gr. J,yz. 7touyy"I), lat. med. punga, ven. ponga, vs!. ppgva); CADE, p. 1025- 1026 (idem);
DER, p. 677 (ii. partir du gr. byz. 7touyy·lj); DEX. p. 762 (etymologie inconnue); SDE; p. 311
( prc.bable1r.ent un emprunt du gr. i>yz. 7touyy"I) • bourse 11 on du ngr. 7touyy~ « bourse »); DLR,
YIIJ. 5, p. 1775- 1778 (gr. byz. rco•)yy~. lat. med. p1!11ga, vs!. pţigva); Rosetti, ILR, p. 316,
321 (a partir du vs!. pogva); DDA, p. 1029 (cf. gr. rco•Jyyt « bourse 11 et vs!. p~gva « corymbe»);
DELROM, p. 196.
m RE\\", 4319; DELL, p. 426; Mihăescn, Lg. lat., p. 27; PEV\·, 794; DELR, 827;
SDE, p. 505; DDA, p. 824.
448
REW, .5000; Mihăescu, Lg. lat., p. 288 (pour le sens « prendre »); PEW, 760; DELR.
1007; SDE, p. 240; DDA, p. 758- 759; Capidan, Z\1egl., III, p. 168; Puşcarin, St. istr., III,
p. 119.
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284 H. Mi hă eseu ·
::!OlJ. Fossatum ( < fodio, foderc, fodi, foss1w1 « fouir, fouilicr, creuser
pcrcer 1>) <( fossc 1> (dans le bngagc des arpenkurs ct des militaires, comme .-.·al-
la/11111), par la suite, le latin populaire lui a confere aussi le sens de « camp.
fortification 1> >dr. sat (arch. /sat, au XVI" siecle, dans Ies sourccs manuscri-
tcs de la moitie nord du pays: Psaltirea Sclzfia11â (cn\"iron trente attestations),
Codicclt' 1"oro1tt"(t't111 (unc seule attl'station), alb. fsliat <( Yillage 1>, gr. byz.
r.porrnii7o'J, 9o•Jr;r;i7ov « camp fortific, corps cxpcditionnairc, armfr 1> (attcste
a partir du \"I'' siecll'), 11.~r. 9c.ur;i70 (( armee I) (sursyh·. fusau (( :MistgruLe »,
fr. josst;, pro\". fosa/, a. l'Sp. fo11sacfo, a. pg. fossado \( fortification annee 1>);
du grec t i re aussi son origine l' ar. fu s,1{( (pl.), f sat <( fosse, t ranchec, rem part »,
expliqu& aussi par l'it. fo.~sa!o ~ fosse ». Terme rcntre dans le domainc civil
des langu1·s roumairn· d albanaisc, avcc un sens hcaucoup plus important
quc celui qu'il cll·tenait a\"ant d'etrc adopte par la terminologic militair1:.',
fossatum rcpr(·scnte un temoignagc precicux sur la naturc ele la colonisation
romai1w d sur son en1lution 44 !1.
Ci<·itas, -talon ( < (1't 1is -is) "cite, viile 1> >dr. ct'fatc «place-forte, cite
(arch.), fortercssc 1>, ar. fif,1/t' ((cite. fortl'rcssc •>. mgl. ţitalc (nom de localite
a Huma). ir. ,~ctlt!t' ((cite, fortlTl'SSl' •),alb. qytct, d. f.i!uut <ccite, \"ill(' » (it. citta,
engad. Cift'd, fr. cit/, pro\'„ cat. â1tfal, csp. 1 iudad, pg. cidade); par suite de
conjoncturcs difft~rcntes au point dl' n1c geographiquc, aussi bien que mus
Ic rapport historiquc, m roumain dl'\'ait s'imposer ct se maintenir jusqu'a
nas jours le stns cit- (I forteressc I), alors qu'en a!Lanais et l'll dalmate, de meme
quc dans Ies langucs romanes occidcntaks, s'cst imposc Ic sens <( \'ille 1>. En
cff et, quand un proccssus olijcct if commcnc;a de re\·italisation de la \'ie ur-
baine de cd k socicte isoll-l· du mondc roman, on a du emprunter ct s'appro-
pricr au fur d a mesure Ies tcmws t raduisant cc proccssus; ces cmprunts se
sont faits au grt'.· dl' diff<'.·rmtcs influences noun·llcs, \'oirc ineditrs. C'est cette
sorte d'influences qui cxpliquent p~r c•xcmpk des mots commc Ies cir. tîrg
(( l'cndroit ou (periodiqucmcnt sinon chaquc jour meme) s'effcctucnt des echan-
gcs commerciaux (hetail, grains, hois, produits agricoles ou de !'industrie
domestique et artisanale, etc.); petite \'Îllc 1> < \'. sl. triigzi «place publique,
marche, foire 1>; ortlş «\'ilic 1> ( < hongr. vtiros (arch. vtiras) « \'ille; forte-
n·sst\ citadclle •> < ·v,îr « fortcrcsse, citaddle 1>); ce sont des tennes qui ayant
COl1Cl11Tt•nce le dr. ct'lalr: (( \'ilic 1>, Însuffisamment etaye par des facteurs inter-
nL"S et depour\·u de l'appui de la moindre influence <lu dehors, allaient f inir
par le rcmplaccr 450 •
m HE\\·, 3461; DELL, p. 243; :'llihăl'scu, Lg. lat., p. 304-30.'i; CADE, p. 1105; Den-
snsiann, ILR, p. 407; -483; Rosetti, ILR, p._196, 537; Puşcariu, LR, I, p. 356; DEX, p. 827;
SDE, p. 372: DD.-\, p . .'i67; 577; T. Bnjan, 111 legătură c11 sfera srnrn11tică a vuhiului românesc
fsnt, CL, XI\", 1969, n° I, p~. 63- 75.
150
· HEW, 195\.1; DELL, p. 124; l\lihăl"scu, Lg. lat., p. 300; PE\\', 349; DELR, 322; DA,
I. 2, P· 310; D1·11susianu, ll.R, p. 856-8.57; TDHG, p. 330; DER, p. 163; SDE, p. 485; DLRV,
P· 85; DELl{OM, p. J9; DD:\, p. 1224; Capidan, l\J.gl., III, p. 309; Puşcariu, St. istr., III,
p· 106.
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Du latin' :au· roumain 285
Terra « pays » >dr. ţară, idem; nous avons deja note ailleurs (cf. §.
156) que Ie sens principal de « terre » appartenant au terme latin terra s'est
consenre dans Ies langues rornanes occidentales ct dans Ies dialectes roumains
sud-danubiens; en daco-roumain, on ne le releve plus que dans quelques
derives, tels ţărină « terre pulverisec; terre remplissant Ies tombes ~ et ţă
ran ~ paysan 1>; cepcndant, l'acception de « pays » que lui donne le daco-rou-
main ct qu'on releve aussi dans le meglenc-roumain, se retrom·c en occident
egalement: fr. terre, esp. tierra, pg. terra, etc.; par consequent, dans le dialecte
megleno-rournain se sont conserves Ies deux sens, tont cornme dans la plu-
'part des langues rornancs occidentales, alors qu'en aroumain et en daco-rou-
mairi (dans son c<Js, si l'on ne compte pas avec Ies derives) ne devait se main-
tenit que l'un ou l'autre de ces deux sens.
Le panroman ge11s, ge11tcm (<geno) «clan, famille, desccndance, race,
nation, 'peuple » > dr. (arch.) gint (cette forme gint ct non pas ginte pourrait
etre le resultat d'un changemcnt de declinaison en latin, ou representer un
sing. restitue en roumain d'apres le pl.; le mot est atteste dans quatre manu-
scrits .du XVI" sieclc originaires de la moitie nord du territoire daco-rou-
mafo, avcc Ies sens de: « peuple, population, foule » dans: Codicele Vorone-
ţean, Psaltirea Scheia11ă, Psaltirea Himnuzaki et Codex Sturdzanus (clonc,
dans .tous Ies quatre) et avcc le sens de « parente, lignee, famille, generation »
dans, fsaltirea Scheia11ă ct dans Codex Sturdzanus), alb. gjindc « farnille,
race, peuple » (it., log. genic, cngad. gcnt, frioul. zint, fr. gent, prov. goz, cat.
gc11t, a. csp. yc11te, pg. gente) 451 . Le panroman populus « peuple, ensemble des
citcyens » > dr. popor «la tot<Jlite des fideles d un culte unique d'un pays,
d'une region, d'une paroisse (par rapport a leur clerge); paroissien l) (avec cc
deq1ier. sens - de nos jours arch. - le rnot a ete rclcve jusqu'a present aux
abords de l'an 1525, voir DELROM, p. 189) et « peuple », sens avec lequel
il figure dans un Psauticr irnprime a Bălgrad-Alba Iulia et remontant a l'an
1651; si cctte signification du tcrmeest devenue actucllement usueJle, cou-
rante, c'est sans doute en raison du developpement considerablc de la portee
de ce. concept par la suite, processus ayant pris source justement dans la
zone et pendant la periode d'cxpansion de l'influence latino-romane; p<'r
ailkurs, cette influence devait contribucr aussi a la naissancc de quclqucs
v<Jriatj,tes particulieres dans le geme de: popul (lat.), popol (it.), attestees
durant Ies decennies du milieu du XIX" siecle; toutefois, ces v<Jriantes ne
se s<;>~.t pas generalisecs, cc qui fit qu'elles sont tombecs en desuetude, ce-
pendant que la forme popor a persiste; alb. popull « peuple » (it. papalo, engad.
păvel;'fr. peuple, prav., cat. poble, esp. pueblo, pg. pava).
*Falcaria «la familie des ouvriers gui fabriqucnt (portent) des faux,
des faucilles » (comp. falcarius « porteur (fabricant) de faux, de faucillcs ») >
> ar. Jălcare, <1 Ies familles se trouvant sous la dependance d'un proprietaire
de troupeaux (appele celnic); l' ensernble d'une familie unie par le lien de pa-
rente; la toison toute entiere d'un mouton » (comp. fr. faucher, a. it. falcare
< *falcare); de l'aroumain, le mat passa en neogrec (9oc:A.x.&p) 452 .
4
5t REW, 3735; DELL, p. 271; PEW, 722; DELR, 747; DA, II, 1, p. 268; Densusianu,
ILR, p. 512, 700, 797, 857; Rosetti, ILR, p. 592; Codicele Vol'0111frn11, ed. 1\1. Costinescu, Bu-
caresţ, ·1981, p. 177.
· b 2 DELR, 547; DDA, p. 542; M~1rnu, Rumiinische Lehnwiirter, p. 94; RE\Y, 3153; DELL,
4
p. 2H.
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286 H. Mihăescu
~:; 3 RE\\', 2733, 2741; DELL, p. 183; Mihăescu, Lg. lat„ p. 296; PE\V, 537; 541;
DELH. 505; DLR\', p. 96; DELROl\I, p. 69; DD.\, p. 497-498; Capidan, Megl., III, p. 115;
Puşcariu, St. istr„ III, p. 110.
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Du latin au roumain 287
carte, a. log. korle, engad. kuort, fr. court, prov., cat. cort, esp. pg. carte); la
diversification semantique relevee en dr. par rapport a l'ar. est le reflet d'une
autre structure sociale, plus complexe ct, naturellement, d'une organisation
etatique comportant ses propres elements; a rctenir, par ailleurs, que quelques-
unes deces realites (« palais; tribunal») scnt communes au dr. et au ngr. 454 •
1\t/iser, -a, -um « malheureux, miserable » >dr. (arch.) me( a)scr (( pau-
vre, miserable » (a. it. dial. (lomu.) mescr, a. fr. m.ezrc); inusite de nos jours,
le mot est pourtant atteste dans Ies sources des XVIe - XIX" siecles; au
XVII" siecle, par exemple, on le rcleve dans Ies textes imprimes ou manu-
scrits d'un \'aste espace, en differents parlers; misi.:rcrc <( plaindre, s'apitoyer
sur, prendre en pitie » >dr. (arch.) meserc(a)re <( pitie, misericordc » (note
avec ce sens-la aux XVF - X Vile siecks). alb. mi;slziroj <( avoir pitie » (l'al-
banais a conserve le verbe en tant que tel, ccpcndant que le dr. a substantive
l'infinitif); miscllus ( < miser) >dr. mişel <( paune, miserable, malheureux;
malade (arch., reg.). leprcux (arch.); lâchc, vil» (a. it. miscllo <( rnala<le; le-
prcux >), a. fr., a prov. mcscl <( leprcux l), cat. mesell « malade », a. esp. nusicl-
lo, a. pg. mcsello); notons que Ies sens de (( malade, lcprcux l) attestes dans
l'a. dr. et dans le dr. reg. se retrouvent dans Ies langues romanes occident<1-
les, ou il representent egalL nwnt plut6t des archa1smes ; le mot a poursuivi
en roumain une evolution semantique originale, pour finir par garder ks
acceptions d'origine plus recente. lliiser ct ses derives, herites ou developpes
sur le terrain du roumain (voir Ies dr. arch. mescri « devcnir pau\Te », mese-
rătate (( paunctc ») s'oppc~aient a lwbcre > dr. avea (( avoir (etre riche) »,
dont le participe avut est devenu le synonyme de <( riche; fortune l> 455 •
:: Servus, serva<( csclave » > dr. şerb, şcarbă (( esclav, serf, serviteur (arch.);
paysan feodal, lie a la tcrre d'un grand proprietaire foncier, et qui dependait
avec sa pcrsonne et ses biens de celui-ci» (it. sen:o, -a, engad. serv( a); frioul.
sierj(a), fr. serf, serve, prov. scr(ve), esp. siervo, -a, pg. servo, -a); servire
« ette esclave » > dr. şerbi <( sen·ir de serf, etre asservi a qqn; se clcvouer, se
consacter (arch.) » (it., log. servire, engad. sc1"vir, frioul. se1vi, fr., prov., cat.,
esp„ pg. servir). Calator ( < calo) « messager, hcraut; esclave » > ar. cără
tor <l trieur de nuit ». Sclavtts (=Slavus) >dr. (arch.) şclzeau ((Slave (notam-
ment·Bulgare) »,ar. şcl'eau <( domestique »,alb. shqa, gr. byz. ~xJ,iX~o~ (atteste
des le Vie siecle) <(Slave» (it. sclziavo (> d. skluav, fr. esclave, prov., cat.
escla'lt, esp. esclavo, pg. escravo), it. dial. (calabr.) schiau <( esclave »); comme
d'habitude dans des circonstances simil2ires, la forme revetue par ce mat en
aromnain est celle d'une phase plus cincienne du dr.; son sens est le meme
qu' en italien 456 •
Romanus « Romain »>dr. rumân (arch., reg.), român « RoumCJin;
pays~ :(pop.); homme, epoux (reg., en Valachie ct dans le sud de la :Molda-
tr.4 REW, 2032; DELL. p. 131; Mihăescu, Lg. lat„ p. 286; PEW, 462; DELR, 464;
DA, I, 2, p. 1034-1035; SDE, p. 219; DDA, p. 420.
m REW, 5607, 5608a; DELL, p. 407; PEV,', 1055, 1097; DELR, 1076, 1078; DLR, VI,
p. 337; 423, 424, 631-632; TDRG, p. 969-970; DER, p. 517; SDE, p. 255; Densusianu,
ILR, p. 428, 429; Rosetti, ILR, p. 593; Mihail Moxa, Cronograful, Monastere de Bistriţa (Olte-
nie), 1620_. p. 382, ed. B. P. Hasdeu, Cuvinte din bătrî11i I, Bucarest, 1878; Evanghelie învăţă
toare · .. , Go·rnra, 1642, p. 130, 233; Dosoftei, Psaltirea de-nţăfrs ... , Iaşi, 1680, f. M8'; idem,
Parimiile preste a 11 •• „ Iaşi, 1683, 5"; Biblia, adecă Dumnezeiasca scriptură ... , Bucarest,
1688 ,' p. 385, 592, etc.
ou REW, 8003a; Mihacscu, Lg. Lat„ p. 197; PEW, 1547; CADE, p. 1246; DER, p.
733; DLR, XI, I, P· 44; SDE, p. 497; DLRV, p. 162; DELROM, p. 229.
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288 H. Mihăescu
:!09. Le pan roman lt'x. /cgem « loi, croyance » > dr. lege, idem, ar. lead-
:;c (;'1 Ohrid) <1loi 1>, alb. ligj, ligje<1 loi, rcligion 1> (it. tegge, engad. alaig <c mariage •.
fr. !oi, aussi rr:ligion 1>, prov. Ici, cat. llcy, esp. it'y aussi <c religion, croyan-
(I
n 7
RE\\', 7371; :\lihăescu, Lg. lat., p ..101; PE\\", 1474; TDRG, p. 13.15-1.136; CADE,
p. 1078-1079; DER. p. 705; SDE, p. 351; Palia de la Oră~tie, C:·d. citl-e, p. I, 10, 11; P., p.
205, 1039; \". Aninte, Româ11, româ11esc, România (Studiu filologic), llucnre~ti. 1983, p.
3.5-96. .
158
· Sophocles, p. 11.51, TDHG, p. 648 (<lat. meci. Fra11c11s); CADE. p. 511 (< ·1sl.
fi<..i~11J: D ..\, ll, I, p. 166 (idem); DL}{\', p. 101-102; DELROM, p. 84; DEH, p. 34i (< it.
fra11r11, gr. hyz. <;>;iii.yxo~); DEX. p ..1.53 (<lat. franrns); SDE, p. "162 (gr. byz. cpp:iyxoc; ou lat.
fra11cus); ODA, p. 564 (<te. j ryn/I} ; mg!. frmc «• Frani;ais; Occidental » - mot qui a cte expli-
que a son taur par le te. frenk (Capidan, Megl., III, p. 129).
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Du latin au roumain 289
„
ce pg. lei). Liganientum (<ligo) «lien, bande de pansement » >dr. legă
mînt «lien; pacte, engagement, obligation », ar. ligămintu « pacte, obliga-
„
tion (it. ligamento «lien; groupe »,a. pg. liamento).
Le panroman iudex, -frem ( <: ius, 1:uris) « juge »>dr. jztdec(e), jude.
idem (arch.); «maire, membre du conseil municipal (arch.); paysan affranchi
(arch., en Valachie) » (it. giudice, log. yuige, engad. giidisclz, frioul. d:::ndis, fr.
juge, prov., cat. jntge, esp. jue:::, pg. juiz); le panroman iudicart· « juger > „
dr. judeca, idem (de la aussi « reflechir; estimer; decider (arch.), etc.•>), ar.
giudfr ( giudicare) « juger; administrer la justice; reflechir; scrmonner •>),
mgl. judec (judicari), alb. gjykoj « juger •> (it. gindicare (>log. d.:11digare),
a. engad. giidger, fr. jnger, prov., cat. jutjar, csp. jw:gar, pg. julgar); iudicium
(( juge:nent, tribunal I)> dr. jztdCf, idem (arch„ reg. (le premier SCI1S), dans
le p8r!er de Moldavie septentrionale) ; (C juge (arch., reg. dans le nord dn pays);
chef, gouverneur, prince, seigneur (arch.); maire (arch.; voir aussi jude, ju-
dec (sing. restitue d'apres le pl. judeci, judece); district, departcment (dans
l'a:1cienne organisation administrative de la Yalachie (alors qu'en Moldavie
on se servait du mot ţinut < ţine <lat. tmere) et dans la Roumanie actuel-
le) •>,ar. giu.deţi't, mgl. judeţ <c jugement, tribunal•>, alb. gjyk <c justicc, proces,
tribunal, juge •>; dans Ies langues romanes occidentales, le terme est livres-
que; iudicata (pl. de 1:udicatmn substantin~ et pris pour un fem. sing.) >dr.
judecată (~ jugement, proces; reflexion, raison •>, ar. giudicată, mgl. judicată
« jugement, proces; tribunal•>; c'est un synonyme de judeţ de beaucoup
mieux conserve si l'on pense au dr. et cela probablement du fait que
dans cette langue judeţ s'est speci?lise de plus en plus comme nom attribue
a des unites administrativcs-territoriales.
Les variantes popula ires martor, -o rem, martur, -urem ( = martyr < gr.
µocpTu~,-upo:;), <c temoin, martyr •> se sont conserYees en dr. marLuY (arch.,
reg.), martor, idem (le deuxieme sens, archa1que, atteste aux XVI" - XVIIIe
siecles), ar. martur « temoin »; en italien, catalan et sarde logoudoricn, ou
il persiste encore, le terme est considere linesque, de meme quc le dr. martir
( < fr. martyrJ 459 .
Le panroman damnwn <c dommage, perte, depense •> (it. danno, log.
da1'm1t, engad. dan, frioul. dan, a. fr. clamme, prov. dan, cat. dany, esp. dano,
pg. dano) s'est conserve dans le Sud-Est de }'Europe dans Ies langucs d.
damno, alb. dem et probablement dans le dr. daună (sing. rcstitue d'apres
le pl. daune d'un a. dr. *daunft), idem; l'evolution de la forme et du sens ne
pose guere de problemes et le contexte plus vaste de la romanite sud-est euro-
peenne est favorable a cctte hypothese; l'uniquc objection pour le moment
a cette hypothese est l'absence des temoignages dans Ies dialectes roumains
sud-danubiens et surtout le caractere tardif de ceux releves en dr. (XIXe
siecle); a mentionner aussi le fait que le dr. connaît aussi le derive verbal
dăuna <c prejudicier; nuire •>, herite du lat. damnare ( < damnum) (voir aussi
it. dannare; le mot est livresque en fr., prov., cat., esp., pg.) 46°.
459
REW, 5385; DELL, p. 388; Mihăescu, Lg. lat„ p. 181, 183, 311; Idem, lnfl. gr.,
p. 47 -'48; PEW, 1036; DELR. 1057; TDRG, p. 956; DLR. VI, p. 148-149; DER, p.506-
-507; SDE, p. 250; DLRV, p. 119; DELROM, p. 134; DDA, p. 771.
460
REW, 2467, 2468; DELL, p. 163; PEW, 488, 489 (herites du latin daimă tout com-
me dă1111a); TDRG, p. 509 (neologisme a partir du latin damnum, suivant le modele de scaun
scamnum): CADE, p. 384 (idem); DER, p. 278 (doutes quant a son caractere de neolo-
gisme forge artificiellement d'apres un modele); DEX, p. 229 (a partir du lat. damnum); SDE,
p. 98 (herite du lat. damna, pi. de damnum, considere comme un sing. fem.).
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290 H. Mihăescu
(it. pace, log. pagt', cngad. pcs, fr. p.1ix, prav. pat::., cat. pau, csp., pg. p,1;);
(im)p11c1m· (< pi1x, f'c1cis) <c pacifier » > dr. împăca (arch., rare păca, atteste
unc fois au comnwnccnwnt du X\·n·· sieclc) «(s')apaiser, (se) reconcilicr, rac-
corder, calmer, contcntcr » (<l. p,1kur, it. />,lf.!.ar<·, engad. pay,·r, frioul. payâ.
fr. paycr, pro,·., cat., esp., pg. p,1gar); au point de n1e scmantiquc, le rou-
main est <ll'mf'ure plus prachc du terme <ll' IK1sc ct du derive verbal dulci-
tin; quant aux languL·s rumancs occidL·ntales, ellcs ont evolue d1_·puis <c apai-
ser, rcconcilicr, satisfairL' » jusqu'a <c paycr •> 4 63 •
Parare «(se) preparcr, se pracurcr » > dr. (arch.) pâra <<se defen<lre »
(it. parllrt', a. fr. para, pro,·. par,1r, csp., pg. p,mll'; le sens le -plus frequent est
celui <le (l(se) parer •>); appararc ( < parart) cc (se) preparcr » >dr. ap(fra. ar.
apăr (apâr,m'), ir. ,1pa1a «(se) <lefcn<lrc, proteger, gardcr »(it. ap,pararr:, a. fr.
aparcr, prov., csp. aparar, pg., apparar awc le sens que lui donnait lL· latin).
Le panrnman lueta ( < luctor) > dr. lnptă, ar. ( a)lmntă, luptă, alb.
luft? (>ar. l'iuftă) « lutte, combat•> (it. lotta, cngad. luata, fr. lutte (a. fr.
foite), prav. loc/ia, cat. llttyta, esp. luclia, pg. Iuta); le panroman luctare ( =
= !rtctari) >dr. ll!pta, ar. (a)l1tmf1t, (a)lupt1t almntarc: aluptar<') <c lutter.
461 DELL, p. 732; l\lihăescu. Lg. lat., p. 309; PE\\", 1865; Graur, Corrections REW,
P· 116; DER. p. 887; DEX, p. 1010; SDE, p. 82; DDA, p. 1254-1255 (>lat. *mtimare =
= victimal'c + vatcs}: Capidan, Me,::l., III, p. 324; Dcnsusianu, ILR, p. 790.
m HE,Y, 5014; DELL, p. 355; )lihăescu, Lg. lat., p. 297; PEW, 769; DELR. 811;
DA, II, 1, p. 455-456; DER, p. 415; SDE, p. 135; DDA, p. 759-760; Capidan, JUegl., III, p.
176.
m RE,V, 6132, 6317; DELL, p. 472; :Mihăescu, Reconst., p. 569; PEW, 782, 1235;
DELR, 1297, 1298; DA, II, 1, p. 489-490; DLR, YIII, 1, p. 216; DER. p. 419, 590; SDE.
p J07, 505.
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Du latin au roumain 291
combattre & (it. lottare, engad. luter, fr. ltttter, prov. luchar, cat. llu,_vtar, esp.
luchar, pg. luitar). Hostis, -em, « etranger, hote; (ensuite, pendant la periode
imperiale) ennemi; (et, plus tard, dans le latin vulgaire) aimee » >dr., ar.
oaste, mgl. uasti, ir. (seulement a ]eiăni) aste « armee » (cf. alb. 1tshtri, dr.
oştire, idem) (a. it. aste, engad. oast, a. fr., pro,·., cat. ost, csp. l11testc, pg.
hoste, idem); en ir. et cn dr. arch., le mot prcncl aussi le si:·ns de « guerrc » 464 •
Le panroman arma, -am (au licu de arma, armorztm, durant la basse-
epoque) « orme » > dr., ar. armii, alb. arme:, idem (en ar„ le mot revet aussi
le sens de « parure; ornement ») (it., log., engad. arma, frioul., fr. arme, prov.,
cat., esp., pg. anna); armare >dr. (arch., pop.) arma «(s')zmncr » (remplace
par le compose înarma, idem) (it. armr!rc, log. armare, engad. armcr~ frioul.
armei, fr. armer, prov., cat., esp., pg. armar). Le panroman f11stis, -cm «bâ-
ton I) >dr. (arch., reg.) f11şit!, idem (arch.) (< jan.'lot, lance (arch.); ba1onnette
(arch., reg.); tige d'oignon >) (arch., reg.)' ar. fuşft! (pl.) dans le syr:tagme bă
taie C!t fnşte (< bastonnade, correction a coups de bâton », mgl. f11şt (pl.) (<ba-
guettes des lisses, baguettes de la chaîne d'un metier a tisser >) (cn dr. fl{şccl
- voir ci-dessus § 190}; dans des autrcs langues romancs Ies correspondants
de /uşte sont: it. fusto« tronc, tige »;log. Juste, sursyh·. fist, fr.fzît, pro\·., cat.
just, pg. fuste); dans l'ancienne terminologic militairc daco-roumaine .fuşte
avec le sens de « javclot, lance» etait usucl et generalement utilisc; a partir
du nom de cette arme a\·ait ete forme un <leri,·e pour designer le soldat ainsi
equipe: fuştaş (justaş) (< lancier », solcbt qni fai~ait aussi partie de la garcle
des princes de Molda vie et de Valachi1' 465 . *Jf attcuca (cf. *mattia « sorte ele
javelot », atteste seulement par le compose mattiobarbulus ct le deriYe mat-
(t) i:.1rius) >dr., ar., mgl. măducâ <1 massue » (fr. massw; avec un aut re
st:ffixe: ven. matsoka, engad. matsiik, csp. ma:::.oclzo) 466 . Le panroman ar-
cus «arc» >dr. arc, ar. arcu, alb. lzark <1 arc», mgl. arc <1 le bois de. l'in-
strr:.ment avec lequel on tisse le coton » (it. arco, log. arlw, cr.gad. mL, frioul.,
fr„ prov., cat. arc, csp .. pg. arco). Le pJ.nroman sagilta <1flech~1> > dr. sâ-
geată, ar. săd-:cată, alb. shegjete, shigjeti.:, idem (it. saeth!, log. saz'tta, cngad.
sekta « eclair », a. fr. saete, prov. sacta, cat. sageta, esp. sada, pg. sdla); sagit-
tare >dr. săgeta, ar. sădzitedzzt (sădzitare) « tirer, frapper d'unc fleche •> (cf.
alb. shajtoj, idem) (it. saettare, sursilv. siici). Le panroman spatlza(tardif spata,
spada) (< gr. crTioc8·1J) «epee » (pour d'autres sens, voir ci-dcssus §§. 170,
190) >dr. (arch.), ar., mgl. spatii, d. sputa, alb. s!tpat::, idem (it. spada, log.
ispada, cngzid. speda, frioul. spade, fr. ej>L~e. prav. cspa:a, cat. cspasa, csp.,
pg. cspada) 467 . Theea <1 e.tui, gaine, boîtc » ( < gr. 8~z.1J) >dr., ar., mgl. teacă
(I etui, foUffCaU, gaine >) (abruzz. feke, it. fega, log. ff(r)ga (!teacă, COSSe,
gousse », engad. taya, fr. taie (a. fr. tcie/ prav. feea, <c fourreau, gziine, cosse »)468 .
40 REW, 4201; DELL, p. 301; l\Iihăescu, Lg. lat., p. 301; PEW, 1216; DELR, 1278;
DLR, VII, 2, p. 16-17; Rosetti, ILR, p. 598; DER, p. 572; SDE, p. 285; DDA, p. 932; Ca-
pidan, Megl., III, p. 311; Puşcariu, St. istr., III, p. 125.
465
RE"·· 3618; PEW, 690; DELR, 704; TDRG, p. 657-658; DA, II, 1, p. 202; Den-
sus i.anu, ILR, p. 797; Rosetti, ILR, p. 592; DER, p. 349; SDE, p. 465; DDA, p. 577; Ca-
pidan, Mcgl .. III, p. 133.
466 RE'W, 5126; DELL, p. 390; PEW, 1011; TDRG, p. 937; DELR, 1036; DLR,VI,
p. 211; DEX, P· 529; SDE, P· 273; DDA, p. 774; Capidan, Megl., III, p. 186 .
•
46
; RE\\", 8128; DELL, p. 638; Mihăescu, LR. lat., p. 305; Idem, Injl. gr., p. 46;
PE\\, 1616; TDRG, P· 1466-1467; CADE, p. 1182; DE}{, p. 779-780; SDE, p. 393; DDA,
p. 1104; Capidan, Afegl., III, p. 271.
· as REV;, 8699; DELL, p. 690; l\lihăescu, fofl. g;·., p. 46; PE\'\", 1722, TDRG, p. 1570;
4
CADE, p. 1282; DER, p. 829; SDE, P· 444; DDA, p. 1174; Capi~an, Megl., III, p. 292.
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292 H. 1\lihăescu
Scutum <1 grand bouclier oblong» (different du clipcus) > dr. scut, alb. shqyt.
ngr. crxou·d « bouclier » (log. iskudu, engad. shit, frioul. skut, fr. ecu, prov.
eseul(> it. scztdo), cat. tscut, esp., pg. cswdo) 469 .
Zava ( = lorica) « maille » (atteste dans Ies gloses et par la suite, au
debut du VII" siecle, deja frequent chez Mauricius) >dr. :::a (art. z.ma).
idem, gr. byz. ~i~oc « cuirasse, cotte de mailles », ngr. ~oc~oc « cuirasse ,>(>alb.
:::ave « bouclc. agrafe», ar. ::;,ruă (< agrafe faite d'un fil de fer») 4;o. A partir
de coft'a (I coiffe I) (atteste dans Ic latin de hasse-epoquc) est probablement ne
le dr. coif, idem (it. (s)u~fjia, fr. coifjc (a. fr. t'sco1jt"). pro,·. coifa, esp. (cs)-
cofia, pg. co1j.1) ; cn dr., le mot est attcsh;, depuis l'an 1643 sous la forme
coiuj; 011 k troun' eg;ikmcnt dans d'autrcs sources ulterieures du xvne
siecle, mais sous la forme coif; l'etymologie suggeree suppose un change-
mcnt de gcnrc par k transfcrt du mot latin cn roumain 4 ; 1 .
*Ad.!cpositum (ad+ dt'jiositum < dcpo110: utilise dans une expression
possible du gL"IlfL' duco ad dt·positum « jc porte quelquc chosc dans un endroit
slÎr ,> (dans Ic langagc dl's militaircs « jc deposc une part de Ia solde 1>) > dr.
.idei post « ahri »; consL·n·C:- Sl ulcment dans Ic dialecte daco-roumain, cc mot
aurait ete forgc et vt'.·hicule par Ies militairL'S de mcme quc *.?llargari: (.1d +
largare < /argus) > dr. ,daga « courir 1> (mais cc-dcrnicr terme atteste et
conserve L'Il roumain, cn italicn dialectal ct dans Ic Jialectelogoudurien - cf.
ci-dl'S~US, § 178) 4 ; 2 • •
(t;u HE\\", 77."i9; DELL, p. 607; ~lih;"1csc11, Lg. lat., p. 32; PE\\', 1568; TDRG, p.
1398; CADE, p. 1128; DER, p. 742; SDE. p. 385.
470 HE\\", 9.'i84; ~1:ihăescu, Lg. lat., p. 32, 305; Idem, Infl. gr., p. 115-116; TDRG,
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Du latin au roumain 293
fixer l) >dr. înfige, (arch., dans la poesie populaire, fige. reg. înfinge), ar,
( n) hig, (n) hid:.eare), idem (it. ( in)jiggcre). ( lm)pwrgcrc <i piquefl) > dr.
împunge (et rarement: pu11ge), mgl. pung (ţund2fri), idEm (it., log.pu11gcre
frioul. spândzi, a. fr. poindrc, prov. ponher, cat. punyir); *extrapungere (=
= transpimgerc) >dr. străpunge, ar. striipungu (străp1111d:.ire) <i percer.
transpercer » 4 i6. Impingere <i pousser » >dr. împinge, idem (pop. egalement
pinge, du fait d'un processus d'apheres, de meme que dans le cas de l'ar.
pingu (pindzire, pindzeare), idem (it. impingcrc, a. fr. cmpeindrt:, prov.
empenher, cat. i:nipcnyer). Pertundere ( <tundere) <i percer > dr. pătrunde,
ar. pitrundu (pitrwzd(e)are, pitrundirt:) <ipercer, penetrcr» (log. pertwz-
gere « transperccr, trouer, perforcr »).
Cruentarc <i ensanglanter » ( <crntntus (i rnnglant »> dr. cr1111t (i sang-
lant (arch), cruel », engad. kriaint) >dr. (arch.) crunta, idem, devenu (par
d'adjonction du prefixe în-) încrunta, idem (arch.), rnais aussi <i prrndre un
air terrifiant, froncer Ies sourcils, s'assombrir ». Les formes rcstituees *dis-
vacuare, *devacuare (<dis-, de- +
vamare <ivider, evacuer, desemplir)» ont
ete utilisee pour cssayer d'expliquer ks formes du dr. (reg., dans le parler
de la Moldavie du nord) dilzoca, dchoca, devoca, de:.i•oca «cauper, mettre en
pieces; rosser qqn.; <;1-neantir; (s')echinen. ar. di::.voc (di:.vucare) <i dechirer »
(comp. avec cat. divacare (i vider, desemplir, verser ») 477 . *Complire (= ccm-
plere) > dr. (arch.: atteste aux XVF-XVIF siecles) wmpli « achever, de-
truire, exterminer; disparaître, finir » (it. compierc, log. lâmpere « ankommen »,
fr. accomplir (a. fr. complir), prov., cat. complir, pg. wmprir); wmpht «dur,
cruel, atroce», le participe de ce verbe devenu adjectif, est demeure usuel
en dr. 478
*Impressoriare (cf. pressori11m <1 presse, pressoir ») > dr. împr,'sura
(i peser sur, presser (arch.); mvahir, assieger (arch.); entourer, cnvironner;
opprimer (arch.) »479 . Infrangcrc ( <frangere « briser, abattre ») > dr. în-
fringe <i briser, cauper, abattre, extirper; flechir, convaincre; vaincre » (le
dernier deces sens et le plus connu, usuel) (it. infrangere, fr. cnjrcindre (a.
fr. e1~fraindre), prov. cnfranher). * ( In) vin cerc (i vaincre » (pan roman sous la
forme vincere) >dr. în:uhige (arch. vence, vincc, vingc au XVF siecle, în1.:inci,
învînci au XVIF siecle), ar. învingu (învind:ire, învind:;care), mg!. CJ.ll'i:ing
(nving, ving) <i vaincre » (it. vincere, log. binkere, engad. vaindsclzer, fr.
vaincre, prov. venser, cat., esp., pg. 7)mcer); *exvincere> ar. asvi11gu (a:::-
vingu, dans le nord) <i (lutter pour) vaincre »; Ies formes dotees du prefixe
în- seraient plutât derivees sur le terrain du roumain que devcloppees a par-
tir de que1que derive latin hypothetique, avec le prefixe in-; au cours du xvie
siecle, elles altcmaicnt cncore en dr. avec cclles toutcs simples, qu'elles ne
devaient ecartcr, a ce qu'il paraît, qu'au siecle suivant; dans un petit dia-
lecte .isole, de caractere conservateur, comrne le dialecte megleno-roumain,
476
RE\\', 6850; DELL, p. 5"15-5"16; 1\Ehăescn, Lg. lat., p. 27; PEW, 795; [DELR,
H69, H70, 1473; DDA, p. 1120; Capidan, 1vlegl., III, p. 241.
471 CADE, p. 413; SDE, p. 117; DDA, p. 494.
m REW, 2101; PEW, 445; DELR, 445; TDRG, p. 457; DA, I, 2, p. S:S"i-985; Den-
susianu, ILR, p. 795; Rosetti, ILR, p. 592; DER, p. 263; SDE, p. 216.
4 9
; PEW, 792; TDRG, p. 768 et DA, I, 2, P· 984-985 (<lat. *press11rnre < ţres
sura); DELR, 825; Densusianu, ILR, p. 7"19; DER, P· 420-421 (<lat. pnsrns); DE:X, p.
-451; SDE, p. 505.
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294 H. l\lihă.escu
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Du latin au roumain 295
484
REW, 6462; Mihăescu, lnfl. gr., p. 51; PEW, 583, 584; DELR, 551, 552; DA, II,
1, p. 64- 65, 104- 105; SDE, p. 453, 455; Graur, Etimologii, p. 93; DDA, p. 540, 544. 672 .
485
. REW, 8107; PEW, 1603; TDRG, p. 1450; DER, p. 771; SDE. p. 389; DDA, p.
1101; Capidan, Mcgl„ III, p. 389; Giu~lea, Cuvinte, p. 37.
486
REW, 2624; DELL, p. 171-172; Mihăescu, Lg. lat., p. 309; PEW, 1942; TDRG;
P· 1792, 1822; CADE, p. 1456, 1465; DER, p. 915-916; SDE, p. 153, 154; DDA, p. 525;
Capidari, Megl„ III, P· 340.
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296 H. Mihăescu
Ier», mgl. pâ11gă11cs <i Yioler le jeunc cn mangeant gras & ont ete conside
rees comme deriYees intcrnes, bien qu'il ne soit pas exclu que paganire, con-
sen-e dans le cas de l'albanais, ait dcmeure aussi dans l'aire de la langue rou-
maine; paganitas -taton « paiennete • > dr. păgî11ătate <i paganisme (arch.);
peche, faute grave, infamie, ignominie, turpitude (arch.); foule de paiens •.
ar. pî11~î11âtalc· «excrement» (a. fr. paimcti); l'hypothese de la derivation
en roumain reste elle aussi ,·alable -1. 97
„
:213. Le panroman credcre «croire (terme religieux a l'origine, mais
utilise le plus sou,·cnt dans l'acception profane deja dans le latin ancien
ct cncorc plus frcqucmment au fur ct a mesure de la preseance de plus en
piu:- marqu(·e de la culture materidle mediterraneennc et <le la disparition
des dernieres traccs de l'ancicnne culture indo-curopeennc: mais ce tern1e
de,·ait retrouwr sa signification premiere grâce au christianisme, ctant co-
opt~ par la terminologie latine fondamentale pour traduirc le gr. mcr-r~uw)
>dr. crccfr, ar. cred (crt'ildirt", cridcart'), ir. credt', idem (sens profane et re-
ligicux) (<l. crt'dro, istr. cridi, it. cr,·dac, log. krc/rt', cngad. kraier, frioul. krodi,
fr. L 1'01.l't", prO\. crcfrt', CYt':;t'Y, C::Jt. Crt'ltrt', L"Sp. O'tt'r, pg. CYCCr) ," cYt'dCJttia (1 Cro-
yanCC •• (deriYe populairc, attcste seulement au IX'' siecle, mais qui a du
Sall:- dCJUk CXÎStef deja aupafa\·ant) > dr. (/'t'di11ţă (I crorarcc, foi, rcligiOil,
etc." (dans san acceptian rdigieuse attcste dans quclqucs-uns des plus \·ieux
kxll's du XVI'' siecle) (it. crt'drn::a, fr. crca11a, crnya11cc, esp. crecncia, pg.
CY<'ll\'1); en <lr., k mat se retroU\·L· a la basc des deriYes \"erbaux credinţa
(arch .. rc·g.) « confirmcr; con fier; crediter; christianiser » ct i11cr,·din(a «(se)
canfi1·r; assur('r, Cl'ftificr »488 .
LL· panroman l"/'/IX, cruam « croix •>dr. cruce, ar. cruţe, mgl. cruţi,
alb. l.:ryq, kryq<', <l. lm11d:, idem (it. croCl', log. mgc, engad. km§, friaul. kros,
fr. aoix, pro,·. croi:, cat. crm: comme terme li\Tcsque: esp., pg. cr1t:). Al-
taril'lll (rcstitu(· d'apn~·s le pi. 11/tariu, -ibus), a/t,m· (sing. rare ct tardif) «au-
td »>dr. altar, ar. altar, allill'<' (formcs inusit!'.·es aujaurd'hui), mgl. altar
« autel », alb. Ita « autd sur kqud an brulait Ies affrandes •> (it. altare, engad.
11lt'r, fr . .iutd (a. fr. a11tcr), pro,·. a11tar, cat ., L'sp., pg. alt111); le mat se re-
troun· aussi cn \". sl. o/littlri, <l'ou ks lig. o/ten, russc oltari, mais aussi le dr.
(arch., pop.) olt111', susceptible d'etre appcl~ un <(terme d'epaque » (XVIe-
XYII'' ...,i&cles, anc quclquC's sun·i,·anccs tardi\'es), du natammcnt a l'in-
flucncL' des textes sla,·ons avant St'!Ti <le Lao.;e a certaincs \'Crsians roumaines
des lin-cs cultucls, a la differmct· du mat altar, usuel, avcc unc cantinuite
d'existance dcpuis le latin jusqu'au roumain actud 489 .
Domi11t· cfrus ( <Domi11us deus <i Dicu (natre Seigneur) » > dr. Dum-
ne::t11, D11m11c:.i11, Dumni:ău, Dumm~d::iiu, D111n11ă:ă11, etc„ ar. Dumnidză(tt)
(I DiL·U l) (it. Domi11r:ddio, a. fr. Dam1tcdm, Dam!,·dieu); dans le dialecte me-
1
' ' HEW, 6 HI: DELL, p. 475: Mih'tescu. Lf!. lat., p. 312; PEW, 124-4, 1245; DELR,
130S. 1309; DLR, \'III, I, p. 235-236, 237, \'III, 2, p. 707; SDE, p. 345; DDA, p. 990;
Capidan ..1fr:?,/., III. p. 214.
N REW, 2107; DELL, p. 148: l\lihăescu. Lf!. lat., p. 238, 311; PEW, 411, 412; DELR,
404, 405; D.\, I. 2, p. 886-889, 891-89.1, II, I, p. 604-605; SDE, p. 209, 210; Densu-
sianu, ILR, p. 426, 442, 502; Rosetti, ILR, p. 506-507; Codicele Voroneţean, (Cd. cit.),
p. 418, etc.
m REW, 381; DELL, p. 24: Mihăescu, Lg. lat., p. 34; PEW, 68; DELR. 49; DA,
1, 1, p. 124, \'II, 2, p. 193-194; DER, p. 21; SDE, p. 25; DDA, p. 138; Capidan, Megl,.
III, p. 11. .
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Du· latin au roumain 297
00 REW, 2610, 2734; Mihăesrn, Lţt. lat., p. 310; I'EW, 558, 1920; TDRG, p. 586-
587, 1798, 1811; C.\DE, p. 442-443, 1459, 1461; DER, p. 306, 912: SDE, p. 123, 151,
155; Densusianu, ILR, p. 856; DDA, p. 507-508.
491
RE\\", 999; DELL, p. 66; l\iihăescu, Lr:;. lat., P· J 10; Idem. Infl. gr., p. 56;
PEW, 212; DELR, 168; DA, I, 1, p. 629-630; DER, p. 100; SDE, p. 57; DDA, p. 964;
Capidan, Megl., III. p. 36.
492 REW, 188„; DELL, p. 118; 1\lihi:icscu, Lg. lat., p. 311; Idem, Infl. gr., p . .57;
PEW, 415; DELR, 409; DA, I, 2, p. 902-903; DER, p. 251; SDE, p. 210; DDA, p. 388;
Capidan, Megl., III, p. 81.
403 REW, 458a; DELL, p. 32; Mihăcscu, Lg. lat., p. 310; Idem, lnfl. gr., p. 56;
PEW, 851; DELR, 859; DA, 11, 1, p. 685; DER, p. 431; SDE, p. 508.
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298 H. Mihăescu
494 REW, 972; ~:lihăescu, I-~· lat., p. 172, 310, 311: Idem, fofl. gr., p. 56-57; PEW,
204; DELR. 161; DA, I, 1, p. 568-569; DER, p. 85; SDE, p. 52; DDA, p. 265; Capidan,
Mcgl., Ill, p. 35; Puşcariu, St. istr., III, p. 104; J\:ovacec, Descr. istr. act., p. 201.
m REW, 6323; l\lihă.escu, Lg. lat., p . .112; PEW, 1234; DELR, 1296; DLR, VIII, 1,
p. 216-219; DER. p. 590; SDE, p. 845; DDA, p. 971; Capidan, .'11cgl., III, p. 220; Puşca
riu, St. isll'„ III. p. 126.
496 REW, i581; TDRG, p. 35 (<lat. jcj1111a1·e); PEW, 49 (<lat. (j)ejmiare); DELR,
31 ( < lat. *ajuaare = ejunart• + jaju11ar1) ; DA, I, I, p. 80; CADE, p. 27 ( < lat. *ajimare
< *ejunare); DER, p. 15; SDE, p. 20; DDA, p. 123.
497 REW, 6740; DELL, P· 534; Mihă.cscu, Lg. lat .. p. 312; Idem, Infl. gr., p. 58;
PE\V, 137.i; DELR. 1'141: DLR, \'III, 4, p. 1320; DER. p. 662; SDE, p. 331; DELROl\l,
p. 193; DDA, p. 1009; Puşcariu, St. istr., III, p. 322.
498 REW, 2090; DELL. p. 421-422; PEW, i41; DELR, i35; DER, p. 262; SDE,
p. 216.
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Du latin au roumain 299
m REW, 7872; DELL, p. 619-620; PEW, l.~22; TDRG, I" 1365; CADE, p. 1102-
-1103, 1138, DER, p. 749; SDE, p . .3'76; DDA, p. 1058; Capidan, llicgl„ III, p. 2.57.
5 oo REW, 6911; DELL, p. 533-534; l\lihăescu, Lg. lat„ p. 53. 312; I'EW, 1267; DELR,
1333; TDRG, p. 1123; DER, p. 603; DLR, \'III, 1, p. 297; DDA, p. 959.
501 REW, 7569; Mihăescu, lnjl. gr„ p. 58, 65; FE\V, 1598; TDRG, p. 1432; CADE,
p. 1158-1159; DER, p. 761; DDA, p. 1094, 1095, 1117-1118, 1133, 1134; Capidan, Megl„
III, p. 270.
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300 H. l\lihăescu
ronner, pro\·., cat. esp. corollar, pg. coroar) .•Vonnns «moine» (lat. ecclesi-
astiqae); « nourricier 1> (mot enfantin dans Ies inscriptions de basse~epoque)
>dr., ar., mgl.. alb. nw1, ngr. ·1ov(v)6~ "parrain (dans le maria.ge reli-
„
gieux de confession orientale) (it. nonno <c grand-pere», it. dial. (apui.) mm-
nn, a. sarde 110111111 « parrain •) •.
LL· panroman pascha (pl. pasc!ult") ( < gr. IHcrzx) « Pâques » >dr., ar.
paşti, paşte, mgl. paşt ( paştn) ir. păsti, alb. paslikl.:, idem (en dr. il y a
aussi la forme pa seci (( grande brioche au fromage (ou a la creme) preparee
pour les Pâques; pain beni distribue aux fidelcs a Pâques; pain azyme I) (it.
pasq11a. log. ftLiskLl, cngad. pasqua, frioul.pc1sk,·, fr. pâq11e, pro\·. pasca, cat.,
esp. pasq11a. pg. pascoaJ 50 :!.
Crt'alio, -011c111 < naissance, procreation ~>dr. Crâciwt <c Noel», ar. Cră
1
li1111 (CiJ<'!i1111) «.\oei; Luchc (de ~ocl) », mgl. Crâh'1m (Ci!rCi1111) <c Noel»;
du latin halkaniquc, ce terme passa aussi ('11 \·. sl., persistant en hg. (reg.)
/{rLlc1111 «fete pa~·sannc lors du solstice d'hiwr ou d'de », en ser. (mais seu-
lement comm~· anthroponyme ou toponymc). en sloYaque krahm, ukrciinien
lnac1111, kcrd1111, krd1m <c "N'oel 1>, russe lwrohm <c k solstice d'hiYer: le 12
J)t'.·ceml1rc (sdon le calendrier julien) 11, etc. 503
Rosa/ia ( < ros a) " la fek des rost·s. ct'.·r(·monic annuclle au cours de
laquclk on couronnait de roses Ies tomlws 11 > <lr.R:1s,1lii(pl.; reg. Rusale), ar.
Arusalt' ( I<usalt, pl.) « Prntec6te 11; le mot passa du btin balkanique
cn grec liyzantin (po•Jcrocl.LCJ. <c Feti: de la Trinite ») d L'n \·ieux slave (v. sl.,
bg. msalija <c Pentccote 11) d de J;t cn roumain ct dans d'autres langues
(cf. a. ser., a. russc l'ltSLllija (d'ou rusallM), idem, etc.) 504 •
Comm,1111/arc (= commmdarc) « recommander (qqn.), confier, en-
terrer 11 >dr. (arch., rt'.·g., p<1r cndroits dans le parkr de ::\IoldaYic) comînda
(arch. m111i111fo), ar. cu111i11d11 (rn111î11darc) <· donner un rcpas en honneur
d'un mort: soignn un mort; n·ndre k:; lkrnit"rs ckYoirs 11; u1 dr. (arch. -
- XY1·· sicclc) aussi <c s;•crificr 1> (a. campid. cu111i11diarc <• chargcr, dele-
gucr ll, a. l'Sp., pg. (01/lt'lldcff (I porter (mener) a tra\'l'l"S, passer; rCCOffimander,
promcttre 11); <tUX X\'I" - X\'11'' sieclcs, le mot t'.·tait connu aussi dans le
parln Yalaquc, cqwndant. hs temoignagcs des sourccs daco-roumaincs de
la rnoit ie nord du p<1ys sont plus nombrcux; an·c le sens initial cn latin de
<• n·commander 1>, dans son acccption religit'use scukmcnt cn roumain, il
refletc une rt'.·minisct'nct· Lk l'antiquL· culte palL·n sdon lcquel Ies defunts
se· dc\·aient d'etrc « recomrnandes » aux cliYinit&s au movcn des s<•crificcs
cffcctucs a lcur intcntion 50 ". -
Le lat. mon11mrnt11m ( = scp11!a111n) ou 1;1011i111enl11111 (forme attcstec par
Ies inscriptions) s'est maintcnu t·n dr. mormin! (arch. m11rmîn!, mărmînt),
ar. 11ntrmi11t11 (11!i1rmi11!11, m11rmi11d(11), mîrmi11du, 11111r111inte - sing. res-
502
RE\\', 6264; DELL. p. 486; J\lihă.escu, Infl. f!.r .. p. 58; PE\\', 1283; DELR. 1352;
TDRG, p. 1131; Rosetti, JLU, p. 139; DER, p. 607; DDA, p. 950; Capidan, Megl., III,
P· 217; l'uşcariu. St. ist1· .. III, p. 127.
5
oa Densusianu, ILR, p. 2.'il-252; PE\\', 407; DA, I, 2, p. 866-867; Rosetti, ILR,
p. 618-624; Graur, Etimo/,,~1/, p. 78-80; DLRV, p. 91; DELROM, p. 57; DER, p. 246;
SDE, p 2 H; DDA, p. 363, J84; Capidan, Mcgl., III, p. 80.
504 HE\\', 7376; DELL, p. 577; Mihftescu, Lg. lat.„p. 35, 237, 309; Yasmer., III,
p. 520; Rosetti, JLR, p. 622; DER, p. 710; SDE, p. ,163; DDA, p. 217.
505
HE\\', 2087, DELL, p. 382; Mihăescu, Lg. lat., p. 313; TDRG, p. 395; PEW, 440;
DELR, 286; DA, I, 2, p. 674-675; DER, p. 224; SDE, p. 195; DDA, p. 405.
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Du latin au roumain 301
titue d'apres le pl.), mgl. m1mnint « tombc, tombeau » (a. it. dial. (gen.)
muni·mcnto, prov. morimen) 506 . Le panroman tumba= -ruµ~o~ « tombe » >
> ar., mgl. tumbă, cilb. tumbe<( tertre, amas de terre » (en ar. le mot prend
aussi le sens de « tombc, tombeau », cependant qu'en alb. celui de « gerbe »)
(it. tonzba, log. tumba, engad. tomba, trioul. tumbe, tr. tombe, prov., cat.
tomba, esp., pg. twnba) 507 .
Draco, drams ( < gr. 8pcX.:v..wv) <(dragon, serpcnt; etenclard; diable •> >
> dr., ar., mgl. drac, ir. drac, alb. dreq <( diable » (tr. dial. (merid.) drac,
idem; pour ce qui est des premiers sens du mot, voir it. dragonc, tr. dragon,
prov. drago, cat. trago, esp. dragon, pg. dragao) 508 .
21G. Le panroman amzits <( annec » > dr., ar., mgl. an, ir. an, el. Jan,
idem (it. anno, log. amin, rngad., frioul., fr., prov. an, cat. any, esp. ana, pg.
ann.o). Le panroman mcnsis, -em <( mois » > ar„ mgl. mes, d. mtiis, idem (it.
mese, log. mezc, engad. mais, trioul. mes, tr. mois, prov., cat., esp. mes, pg.
mes). En rev2nche, izma'<( mois •> se rctrouve seulement en dr. ct ar. lunâ,
idem; dans ce dernier dialecte, le seul usant des deux termes cn qucstion
comme synonymes (l'aroumain foit de nouveau prcuve d'un point de conver-
gence entre !'Occident qui connaît des formes derivees de mensis et le daco-
roumain qui a garde la forme luna (voir ci-dessus le cas de tumba et monu-
mentwn (monimcnlum), le mot lunâ est rare et concurrence pcir mes; par ail-
leurs, nous avons deja constate (ci-dessus, §. 148) que luna <(lune•>, mot
dans cette acception panraman, s'est maintenu dans Ies quatre dialectes
de la langue roumaine 509 •
Scptimana ( = liebdomas) (en bas-latin) >dr. săptâmînă (pcp., reg. stii-
mînă, stîmînă), ar. siptămînă (slămînâ, stîmînă), mgl. săptâmQnă (~ăptămână,
s( ă)mQIZă) <( semaine » (it. settimana, trioul. sctcnzane, fr. semaine, prav.,
cat. sctmana, esp., pg. semana) 510 . (Dies)dominica <(le jour de Dieu, diman-
che »>dr. duminică, ar. duminicâ (duminică, dans le nord), mgl. duminică
( dumănică, a Ţărnareca)' ir. dumirekfJ, istr. dumenega (( dimanche •> (it.
dome1zica, log. dominiga, engad. dumenga, trioul. domenie; fr. dimanche (a.
fr. dienianclze), prov. dimengue, cat. diumenge, esp., pg. domingo; Ies formes
romanes occidcntales supposent parfois aussi la presence du nom dies, mas-
culin ou feminin, en fonction duquel l'adjectif prendra, comme de juste,
soit la forme domenicus, soit la forme domenica. Lunis ( dies) ( < lunae dies
d'apres illunis ou d'apres martis dies) >dr., ar., mgl. luni, ir. lur « lundi »
(istr. loundi, it. lunedi, log. lunis, engad. liindczdi, trioul. lunis, fr. lundi (a.
fr. lwzsdi), prav. (di)luns, cat. dilluns, esp. lunes). l\1artis (dies) >dr.
marţi, ar. marţ( ă), marţî, rngl. marţ, d. mirte, alb. e marte <(mardi» (it. mar-
506 REW, 5672; Mihăescu, Lg. lat., p. 182, 215, 313, 314; PEW, 1109; DELR, 1153;
0LR, VI, p. 874-875; DER, p. 538; SDE, p. 265; DDA, p. 783, 816, 836; Capidan, Megl.,
III, p. 199.
507 REW, 8977; Mihăescu, Lg. lat„ p. 315; PEW, 1770; DDA, p. 1202; Capidan, Megl.,
III, p. 303.
sos REW, 2759; DELL, p. 184; Mihăescu, Lg. lat., p. 309, 311; Idem, Infl. gr,., P·
57; PE\\', 547; DELR, 511; SDE, p. 120; DDA, p. 499-500; Capidan, Mcgl., III, p. 116;
Puşcariu, St. istr., III, p. 110.
509
REW, 5163; DELL, p. 373; Mihăescu, Lg. lat., p. 282; PEW, 995; DELR, 1018;
DER, p. 489; SDE, p. 241; DLRV, p. 117; DELROM, p. 128.
510 REW, 7834; DELL, p. 615; Mihăescu, Lg. lat„ p. 282; PEW, 1513; TDRG, p. 1363;
CADE, p. 1101; DER, p. 721; SDE, p. 415; DDA, p. 1090, 1113, 1118; Capidan, Megl .•
III, p. 257.
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302 H. Mihăescu
tedi, log. martis, engad. mard'i, frioul. nzarlts, mâters, fr. mardi, proY. di martz
cat. di mars, esp. martcs). Jlacuri(i) (pop. macuris) (dics) >dr. m-;'cr-
curi (reg., 1micrcun', 1iarnri etc.), ar. 1/crwri, mgl. 1icrc11r, ir. micrknre, alb.
e mirkzm; « mercre<li » (it. macoltdi ( > cngad. makuldi), log. m/rk11ris, frioul.
mierlws, fr. mcrcredi, proY. dimacres, cat. dimecrcs, esp. 1111'/r(oles). Jovis
(dies) > dr. joi (reg. gioi), ar. gioi, rngl. joi, el. d:;ue « jeudi » (it. gio<:cdi, fr.
jmdi, proY. (di) jo:1s, cat. d1jo11s, csp. j11ct.·cs). Vmt'ris (dfrs) >dr. 1. int"ri, 1
ar. c. i1iiri, rngl. 1.·i11iri, ir. c.•irtr (~culemcnt a Jeiăni), d. 'i~i11dre, istr. c.·cnare
1
(< ,·endrc<li » (it. c.·madt., rngad. ;_·mdcrdi, frioul. c.·i11as, fr. 1..'L'J1.ircdi, proY .,
cat. dic_'t 11rt's, (·:op. 'i.'?°r1'1tt's). Lat. YUl/,;. sa111bat11 « samcdi » (attcste ciu IP~
sieclc) ( < gr. crci.~~7.'7'J'1) > <lr„ ar. sî111bâtâ, ir. stimbat~ « samcdi » (cf. d. s1iba-
ta, istr. sab6, cngad. samda, fr. s11111t'di; it. sab,1to, log. sap.1d11, pro,·„ cat.
dissaptc, csp„ pg. s1ibado, il s'agit de formcs deYC'loppees de sabb<lf1tm ou de
sambatum) 511 .
Ca/01darius. -.r, -11111 «tenu aux calcndcs 1> > dr. (circh., pop.) cări11d,1r,
vlh. k,1!h11.1r, ki?!lnur « janYi•.'r •> (<'.·,·olution ~l'rnantique dm· ,·raiscmblahl-:'-
nwnt au fait de la confusion c·ntre la frte palL·mw clcs call'ndes et Ies fetes
dl.' ~oei, cdcbrecs au moi" de j~m·icr) (engad. skalillldra «le debut du prin-
ternps », f r. di~l. (ml-rid.) t"ctl01dit~ « bl1chc de ~oe)», prm·. t"alt11dar < le
dc:rnicr rnois de l'anni·c I), c11lmdor <c ~oei I)). Le panroman fcbr(u)nrius
(moisis) « rnois de purifications 1> (dl'rnin mois de l'ancicnne annee romvincl >
> <lr. (pop.) fâ11r11r (la forme, dlc aussi populairc, fa11r est n&C' de la co:i1-
fusion a\"t'C f11i11' IC forgcron 1) (\·oir CÎ-dC'S<:US §. 202), CC' <)Ui ::l COnduit a l'idt'D-
tification de « feYricr 1> anc fâ11rar <c forgcron 1>, ;1lb. (mar. (ror '< feYricr »
(it. fcbbr11in, log. frcard:11, t·1igad. fa·cri·r, frioul. fn•rar: fr. fh·i·frr, pro\". fcu-
ria, cat. f<'bra, t'~'P· fd1rcro, pg. fn.•crciro). Le panroman 11icirfii1s (mmsis)
« mois de \!ars 1> >dr. (arch., pop). mart, ar. mar/11, alb. m~irs "mars 11 (it.
111ar::o. log. mc!rf11. cngad., frioul„ marts, fr. mars, pro,·. mart:;. cc<. mars, csp.
111.n~n. p~. lllill'f(l). L· p.rnroman a/m'lis 1. axril »>dr. (arch„ pop.) pria,
ar. (a)f'rir, alb. prill (mgl. prii'), ickm (it. ciprilc-, log. ai;·.:h, rngad. m:ril,
fri0111., fr. ,1;:ril, pro,· .. cal., 1<:p., pg. abril). Le p;mroman 1111ius «mai1> >
>dr. mai, ar. maili, ir. mai. idem (it. m.1f!E:,io, carnpid. may11, cngad. mcg,
frioul. mai, fr., pro,·. mai, cat. mai.:;. csp. mayo, pg. m11iu): toutefois, il
n 'c<:t pas cxclu 'lu';\ l'ori~irn· du mot roumain se soit trouYe le , .. sl. nia_i. Le
panrOin;:'cll a (11)ţ;11Sf!IS « aolÎ.t I) > dr. (pop.) agusf (arch. ago:,f, reg. gztsi),
alb. guslzt, idl'm (it. agosto, log. aust11, rngad. 1n•1wst, frioul. c1~·ost, fr. arnî!,
pro,·., cat. agost, esp., pg. agosto).
De *manitia (cf. lat. dt mailc «des le matin ») > <lr. di111'11caţă (arch.
donînt'aţâ, dmii(11)1't'ilfli, ar. di111(i)11eaţă, mgl. di"tnineatsa (dimi11easta), ir.
damarcte « matin », mais il est tout aussi possibh, qne Ic rnot romnain ait eu
pour po1nt de depart le lat. dt' mane, aYec unc deriYation ulterirnre sur le
tt'n~in du roum:::.in a\"ec ll' suffixc -cafă; ma11icarc (<man~) (latin d'Eglisc)
(c se lever ou partir de bonne heure 1> > dr. (arch., pop.) mîncca (en mgl. ci
ete attcstfr uniqucmcnt la forme mă11ic,1t, utili::ec cornmc un adYerbe an·c
le Sl'l1S de «de bonne hcure 1>), alb. 111ingoj, idem 51 i. Serei (< tardif; tard(iYe-
511 RE\Y, 7479; DELL, p . .'i85; ~fihăescu, Lg. lat„ p. 66; TDRG, p. 142.'i- H26; DER,
p. 757; SDE, p. 414; DDA, p. 104; Puşcariu, St. istT., III, p. 131.
612 REW, 2548, 5301; DELL. p. 38J; Mihăescu, Lg. lat., p. 26.'i; PE\\", 1083; DELR,
1116- 1118; DLR, VI, p. 686-6.S7; SDE, p. 270; Densusianu, I LR, p. 443, 473; DDA,
p. 470, 471; Capidan, .Megl., III, p. 109, 181; Puşcariu, St. istr., III, p. 110.
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Du latin au ruumain 303
mrnt) 1> > dr. s.:ară (reg., dans Ici moitie septentrioncilc et d~ms l'oucst du
pay::, sarâ), ar., mgl. scară, ir. s~ra (sâra) \( soir » (d. saira, it. sera, engad.
saira, frioul. sere, proY. dial. (dans l'est) sera; autrcs langues romancs par-
tent de sero « tard 1>: log. sero, fr. soir, prov. ser). Le panroman hora « heure,
division du jour » >dr. oară (arch., pop.) « fois 1>, ar. oară « heure, montre;
temps, instant; duree; fois, etc. 1>, mgl. 1uară « fois », alb. here « heure, saison,
epoque » (d. jaura, it., log. ora, engad. ura, frioul. ore, fr. lzeure, prov., cat.
ora, esp., pg. hora). Le panroman *tardivus ( < tardus) > dr. tîrzi"u, ar. tîr-
dzîu (( tard » (it. tardivo, log. tardiu, esp., pg. tardio). *Temporivits ( < tempus,
-oris) (<a temps >) >dr., ar., mgl. timpim:tt (<premature>) (gen. tempuivu,
lomb. temporij, ven. temporivo, engad., tempriv, frioul. temprij) 513 •
Remarques
613
REW, 8632; DELL, p. 682; PEW, 1732; TDRG, p. 1592; CADE, p. 1298; Gra-
ur, Corrections REW, p. 115 (derive en rournain de timp); DER, p. 839, SDE, p. 425; DLR,
XI, 2, p. 265-266; DDA, p. 1180; Capidan, 1Uegl., III, p. 294.
614
Romulus Todoran, Elementul latin în lexicul dialectelor româneşti, dans le volume
Conttibuţii de dialectologie română, Bucarest, 1984, p. 137.
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304 H. !'llihăescn
qui concerne lcs rnurccs (cn cffet, c'est a ccttc periode que remontentpour
autant quc nous le sachions, les textcs ro.umains - dcco-roumains - les
plus ancims connus jusqu'a present). De CL' point de \'Ue-la, Ies xvne
et XVIII'" siL·cles sont de heaucoup plus riches; ils comptent quantite de
sourccs (nombre d'actcs et doruments, din:-rs manuscrits de caracteri:.· reli-
gicux, historiquc, encyclopC:dique, etc„ Yoire quelques te~:tcs imprimes)
inutilist'·cs pourtant par la bihliographie des diwrs dictionnaircs (TDRG,
D ..\, DLR, etc.) ou par ll's ounagcs et ks etudes sur l'histoire de la lant,'11e
roumaine rediges jusqu'a present. II s'agit donc d'un \'aste materiei lingui!"tique
non encorl' dc·pouille, alors que la connaissance des parlers roumains aYance
et ne cesscra <l'a\'anccr au fur et a mcsurL' de la rcdaction des atlas linguistiques
Tdlcs etant ks choses, nous a\'ons mis a profit, en fonction des exi-
genccs de notrc etudc et afin de completer k fonds lexical qui rcpresenh· l'he-
ritage latin, difffrents autrcs dictionnaires de la languc roumainc, dont nous
citcrons ici quelques-uns. Pour le dialecte daco-roumain, tout d'abord 1.: DA
et le DLR ensuite Ies: HE~I. TDRG, CADE. DEX. DER, SDE (ccs deux-
dernicrs OU\Tagcs mcntionnlnt cgakment des forn1L'S proprcs aux dialectes
roumains sud-danubicns, le premier des trois dialectes, le second de l'arou-
main), DELH.V, DELRO~L Pour Ic dialecte aroumain, mcntionnons le mo-
numental dictionnaire de Tache Papahagi, celui <le Th. Capidan pour ce qui
est du megleno-roumain d, t·n cc qui concerne le dialecte istro-roumain,
Ies donnees fournies par Sl'xt îl Puşcariu dans Studii istroromâne, ainsi que
par la monographie, d'une date de Leaucoup plus recente, d'August Ko\'aeec.
Nous avans utilise aussi quelques editions moderncs des Yieux textes roumains
et mcme quelqucs-uns de ces tcxtes directemcnt, ainsi que diYers autres
OU\'fagcs, monographics Oll etudes reJati\'CS a J'histoirc de la }angue
roum;1 i ne, Yni r(' ;\ la languc roumainL' act ul'lle, etc. Ccpcndan t, afin d" ne
point chargL·r par trop Ies nott's du prt'·scnt om-ragL'. nous a\·ons rcnonc~ de
rl'nvoyn ;\ <'l'S sourct·s charun dl's mots considc-r(·.,.,, jngcant opportun d·' ne
k fain· '!li'' dans ks ras 01'.1 kl ou tt-1 mot prt'·sl'nt;iit cl<'s prohll·nws particuliers
(t>t>·rnnn latin n·stitu\· ou ifkntifi0 clernicrenwnt. t'·tymologit· contrO\·eF~·e,
\·,·nlnt ion Sl~mant iqut· originak dans la langue roum;i. inc ou dan-; scs dif LrPnts
diakcks, cararti'·rc archalqul' ou populai rect ainsi dt· suitr·).
~11m·ent. Ies form•·s roumai1ws susmcntionnl'.Ts sont suivics de kurs
corrc."'pondants cks idirnm s snd-1·,;t 1·tiropc'.·L·ns discutes aux chapitrcs prece-
<lcnts, c\·st-~t-din· de kurs corrcspondants allianais. dalmatl' ct istrit:-n, par-
fois aussi, dans quclques rares cas, <le lcurs corrL·spondants en g-rec b>·za.r.tin.
neo-gr1_·c, lmlgarc et serbocroatl', qui feront l'objet des chapitres sui\'ants.
Ccttc succession dl'S formes citc'.·es cxigcait, d'autrc part, la mention de celles
qui sont propres a ccrtains dialectcs italiens, a l'italien iitterairc ct au dialecte
frioulan. Comptc tenu de cela ct dans le desir de fournir toujours une i~age
complete, une vuc d'enscmble utile ct eloquentc cn mi avant tout, nous
avans adopte l'idec de mentionncr C:·galcmcnt Ies formes correspondantes des
autres langues ct dialcctes romans (et, lorsqu'il s'agit <le termes panromans,
de la totalite des langues romanes, le plus souwnt). Quan<l l'evolution se-
mantique d\m terme le justifiait, nous avans mentionne Ies diverses accep-
tions des formes respectiws; formes et acceptions tirees presque chaquc fois
du dictionnaire de 'vV. ~Ieyer-Liibke.
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Du latin au roumain 305
Classe par nous dans 21 champs semantiques 515 , que nous avons trai-
tes dans un nombre egal de sous-chapitres distincts, le vocabulaire herite
du latin par la langue roumaine s'est avere d'une grande richesse et tres
varie, en counant les domaines principaux de la vie et des activites humai-
nes: univers, espacc, trmps, quantite, qualite, terre, eau, flore, faune, parties
du corps humain, vie, fonctions vitales, sens, sensc:itions, sentiments, intel-
lect, nourriture, vetement, chaussures, parures, hygiene, logis, agriculture,
elevage, activite pastorale, metiers, transports, echanges commerciaux, fa-
mille, vie sociale, administration publiquc, droit, armee, magie, religion, ca-
lendrier. Bon nombre des notions essenticlles de ces domaines, dans des pro-
portions souvcnt frappantes, sont designees, ainsi que nous l'avons constate
dans Ies pagcs precedentcs, par des mots herites du latin. Les calculs ont
montre qu'environ 827 termes de cette categorie, soit plus de 36,3% sur le
total· evalue ci-dessus, font partie du \'OCabulaire fondamental de la languc
roumaine litteraire, estime a un montant qui varie de 964 a 1419 mots 516 .
En realite, une bonne partie de ccs termes se sont conserves dans tou-
tes Ies langues romanes. On a calcule que le fond lexical panroman se chiffre
a presque 500 mots. En voici Uilt' seric d'exemples: aer, ager, albus, altare.
angelus, anima, allnus, aqua, arbor, arcus, arma, audire, ausrnltare, barba,
bene, bibtrc:, bonus, bos, caballus, cado, caelum, camisia, cainpus, capra,
caput, casa. cena, cognoscae. comparare, com praelwzdere. crede re, crescere,
dicere, dies, digitus, dolere, domnus, dormire, dulcis, ducere, facere, falx, fames,
farina, fenestra, fen1t1n, fihus, focus, fontana, frater, frigere, frons, fructus,
fugire, fumus, gemere, genucul111n, gingiva, granum, grossus, gustus, habere,
herba, heri, homo, lzospes, 1:nteger, iocare, iocus, ingmn, iitvenis, lacrima, lacus,
lana, largus, laudare, lavare, laxare, lev,?re, lex, ligare, lignum, lingua, locus, lon-
gus, litmen, mane, manus, mare, masculus, masticare, mens, mensa, mensura, mons,
morire, mutare, mutus, nares, nascere, nasus, nigcr, nix, nomen, novits, nox,
oculus, orare, ovum, palma, palus, pan1·s, parens, parere, parfrs, pars, passer,
passus, pax, peccatum, pectus, pellis, pctra, pilus, piscis, placere, plangere,
plenus, pomus, panere, pons, populus, porcus, portare, praehendere, pretfrtm,
primus, pugnus, pulpa, putcus, quacrere, radere, ramus, recens, respondere,
ridere, rivus, radere, rota, rotunius, rumperc, salutare, sanctus, sanguis, scri-
bere, sedere, sentire, signum, sitis, somnus, soror, sors, spargere, stella, stare,
sudor, sufflare, sum, surdus, talis, tempus, tendere, tcner, tenere, terra, texere,
tonare, tremulare, vena, 1,1cndere, venire, ventus, vestimcntum, vetulus, vicimts,
videre, vindicarc, vinum, viri'dis, v1:ta, vivus, etc.
515
Cette operation n'a ete abordee qu'aprcs l'examen des classifications semantiques
precedentes, dans le genre de celles faites par \.\"alter Domaschke, Der lateinisclun W orts-
cliatz des Runiănischm, dans 'WJb, XXI-XXV, 1919, p. 65-173 (etudc reposant sur le fonds
lexical englobe dans le dictionnaire etymologique de Sextil Puşcariu) et par I. Fischer, Cla-
sificarea sema1itică a lexicului latinei dunărrne, dans ILR, II, p. 129- 173, ou, ainsi que le titre
respectif le montre, sont mentionnees d'habitude seulemcnt Ies formcs latines (suivies tou-
tefois dans chaque cas de sigles indiquant Ies langues romanes qui en ont herite); nous avons
examine egalement des schcmas du vocabulaire d'uue langue <lonnee ou du vocabulaire gene-
al. par exemple, les schemas realises par Franz Dornseiff, Dcr deutsche Wortschatz nach Sach-
gruppen (5eect.. Berlin, 1959) ou par Rudolf Hallig-Walter ·ion Wartburg, Begriffsystcm als
Grundlage fur die Lr:r:icographie. Vcrsucl1 eincs Ordnitngsschemas. 2„ neu bearbeitete und er-
weiterte Auflage, Berlin, 1963.
516
AI. Graur. Î11cercare asupra fondului principal lexical al limbii române, Bucarest,
1954, pp. 55, 59.
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306 H. Mihăescu
D'autrc part, le Yocabulaire herite du latin par toutes Ies autres lan-
gue~ romanes a l'cxnption du roumain ne compren<l que 214 mots, tcls:
aet11s, i1marc, amplus, ancora, arca, argilla, ars, a·varus, ba/lama, ballarc, color,
crnst:i, dcbere, crrarc, fallae, fi11dcre, fons, gaudium, gra11dis, lwnos, ltort11s,
1"11fans, infcrn11m, laborarc, lanCfa, lectus, lmtus, httera, mata, n1t·111brum, me-
morare, 11zo;wclz11s, 1110-..·at', 11a1111s, 11t1tis, nidus, obsc11r11s, opera, ornare, para-
bola, pater, pauper, pa:,n11a, pcs, planta, «plante», planta «plante du pied »,
pla1111s, plorare, port11s, fn.1t"starc, purgare, ra11a, regula, rmws, restis, n:gore,
rostl, saliva, sapac, sequor, so/ere, tabula, textum, timar, turris, vafrrc. 1.•mws,
1·ia, -..·illtl, etc., tandis que J'heritage du roumain a lui scul depassc a peinc,
C('nt mots. En Yoici quelques exemples: *addcpositum, adi11tori111n, adsternere,
ajrfria, agilis, Ctll·cia, cillllicum, circitare, crcatio, des/Jicarc, dissecarc, fclix,
horr'.·sc,'l'c, hospiti:um, 1·mpcrator, i11dici1111t, l„rnguidus, languor, li(11)g1!la, ma-
11ictirt', marcidus, margdla, noi·aca, ordinare, o·vis, pali11rus, jJerninir, peram-
bulare,pharmamm, placc11ta, procdac, putridus, schema, scoria, trepidare, victi-
mar,„ •:ornat", etc. 51 '.
Il com·ient de noter, dane, que de par leur nomLrc, autant d surtout
quc de par limportance des concepts qu'ils <lesigncnt, Ies mots de cct heri-
tage latin off rcnt la prcu\·c tout a fait claire quc dans ce <lomaine aussi Ies
elemcnts d'unite dans le plan roman sont ncttcmcnt dominant par rapport
aux elemcnts divers 51 8 .
La disparition ou l'eYolution semantique, dans un contexte historico-
g-eographique donne, de Ccrtains tcnncs classiqucs Qtti SC rapportaicnt a
la Yic citadine ( cfritas, forum, 11101111mentmn, plate a, strat a, 1trbs), ont fait
naîtrc l'idee <le '' ruralisation » de la langul' latine <lu Sud-Est curopeen 519 ,
phenomcnc gui, compk tenu <lcs donnecs prescntecs par l'alhanais
et le dalmate, a affecte notamment le latin se trouvant a la hase du roumain.
A n·marquer, dans le memc ordrc d'idees, d'unc part la richcsse de la termi-
nol0giC' roumainc d'orig;ne latine dans le domainc de l'eleYage du betail,
terminologie heritfr tdll' qucllc du btin n1lg;iirc ou bicn mtreedans cc do-
maine a la suite d'mw evolntion semantiquc originale ('11 roumciin 520 (voir:
*faicaria, fibularc, 1111trici11m, ruga, etc.); d'autrc part, la relatiYe pauvrcte
de la terminologie cultnrclle, dont Ies elemcnts fondarncntaux restent charta
et scribcrt' (le premier, comme nons l'aYons deja vu, emprunte au grec par
le latin du Sud-Est dC' l'Europc).
Ce sont rncorc Ies fackurs historiqucs ct geographiques qui cxpliqucnt
pourquoi le roumain n'a pas heritc de tennes !atins relatifs a la navigation
maritime ou aux poissons \'Î\'ant dans la mer (situation qui, comme de juste,
est radicalcmcnt autre qu'en dalmate). Ce sont ces factcurs qui expliquent
egalcmcnt le fait quc des termes tcls co11ventus ou fossatum ont parcouru
une evolution semantique originale en alLanais ct en roumain; que Ies deux
langucs cn question ont herite du mot imperator. Ce sont toujours cux qui
cxpliquent le fait qu'entrc touks Ies langucs romancs, le roumain scul a
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Du latin au roumai.n 307
herite de Romanus en tant que nom ethnique. Et nous n'aYons pas epuise
ainsi la liste des remarques a faire en ce sens.
Par ailleurs, Ies memes circonstances historiques et geographiques parti-
culieres sont a l'origine des differences relevees dans le cadre du roumain
pour ce qui est du lexique herite de la langue latine par le dialecte daco-rou-
main d'un cote et par Ies dialectes sud-danubiens d'un autre cote. Il y a
donc, comme nous l'aYons deja Yu, du re!'tc, des elemcnts latins (leur nom-
bre total est d'enYiron 80) dont les desccndants roumains ont ete attestes
seulement au sud du Danube. Yoir, par exemple, a ce propos: a.fricia > ar.
afre aţă; allcctus > ar. alcpt 1t; a peri re> ar. a pir (a pirire), mgl. a pir ( piriri);
arborehtm > <Jr. arburd; augmc11tare > ar. ami11tu ( amintare); aura >
>ar. lF.nă, mgl. aură; barbutus, -a >ar. bărbută, basiart >ar. baştt (băşcart');
blandulus > ar. blî11dur; calor, -orcm > ar. ciiloare ( căroare), mgl.
căloari; castanws, castane a > ar. căstînu, căstî1le, mgl. câsfQ1l11, câstQită;
ci cer, -crem > ar. ţeaţirc; circztlus > ar. ţercl' u; consobri11 us > ar. cusuri11;
demandare > ar. dimî11dn ( dimîndarc); displicare > ar. displec ( displc-
care); dissecare > ar. dis ic ( disicare); fabricare > mgl. f arfr; ficus >ar.
liic, mgl. ic; florus >ar. flor; *flmninu11i (sing. restitui d'apres pl. flumina
de flumm, -inis) >ar. flumin; follina >ar. fd'ină; *fulg1ts (= fulgur) >
>ar. sfulgu; furnus > ar. fzmzu; galbus >ir. gdbu; lzibernivum >ar. ar-
nilt; lactaria >ar. lăptară, lăptare; mensis >ar., mgl. mes; micula> mgl.
1lirnrâ; murus > <ir. mur; novcrca >ar. 1z1tcarcă, Hearcâ; nutricare >ar.
11tric (ntrfrare); orphan1ts >ar. oarfăn; paliurus >ar. păl' ur; pruna spo-+
dium > ar. sprună; pupus, pupa> ar. pup, p1tpă; pu sca ( = posca) >ar., mgl.
puscă; rnga>ar. ( a)rugă; rumhtare >ar. arumin ( aruminare); *salinea >ar.
sărifie; sanare > ar. sînedw, nsîncdzu ( sînare, nsinare); smz us > ar. sîn,
ir. săr; sarwlare ><Jr. sârcl'ed::u (sărcl'eare); serra >ar. şară; scrum>
>ar. şar; *solinus >ar., mgl. sz.m:n; spissits >ar. spes; string(it)la>
>ar. stringl'e; stroppns >ar. strop; *sub1:tiare >ar. suil'ed::n (suil'earc);
tumba >ar. tumbă; uter, -trem >ar. utre; vanitas, -atem >ar. vînătate
(dans la focntion în vînătate « en V<Jin »); vomer, -erem > ar. vomeră, vomiră,
etc. s21
Il convient de noter que parmi les elements }atins que le daco-roumain
actuel ignore (ou qui, tout au plus, n'y sont attestes que comme regionalis-
mes), il y a des mots qui ont une large diffusion. Cependant, ces elements
sont attestes ou ils ont eu une plus large diffusion dans le daco-roumain des
xv1e - xvne siecles. C'est par exemple le cas des termes: a{!,er, agrum >a.
dr., ar., mgl., agru; animalia>a. dr., dr. reg. nămaie, ar. nămal'e, mgl. nămal';
aratrum >a. dr., dr. reg. arat, ar. aratru, mgl. arat; arena >a. dr., dr.
reg., ar. arină; aries, -etem >a. dr., dr. reg. arcte, ar. arete, mgl. reati, ir.
artJ~e; armus >dr. reg. arm, <Jr. armu; asinus >a. dr. asin, ir. dsir; avus >
>a. dr. auş, ar. auşu; *capisteria (= cap1:stcrt'lmi) >dr. reg. căpistere, ar.
căpisteare, mgl. căpisteari; *casatorius > a. dr. câsătorin, ar. căsător;
catinum >a. dr., dr. reg. ccfffn(ă), ar. căţîn, mgl. căfQn; catta + ttşă >ci.
dr., dr. reg. cătuşă, ar. cătnşc «chat»; cellariztm > a. dr., dr. reg. celar, ar.
/ilar; cocci11us, -a, -um >a. dr., dr. reg. coacin(ă), ar. coaţin(ă), mgl. coa-
521
Pour un complement d'information voir ci-dessus §. 146 et suiv., ainsi que Ies listes
chez Capidan, Ar., p. 145-153, Rosetti, ILR, p. 397-399, N. Saramandu et P. Atanasov,
Tratat de dialectologie românească, Craio·ra, 1984, p. 466-467, 546.
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308 H. ::\lihăescu
ti11â; constarc >a. dr., dr. reg. wsta, ar. rnstă(custare); cucurbita >dr.
~eg., ar. curcubctă; curare> a. dr., dr. reg. cura, ar. rnr(curare); disvcstire>
>a. dr. de;veşte, ar. diz'i.1escu (dizviaştire, di::-uiştcare); fur> a. dr.fur, ar.
(a)jur, rngl. fur; f11stis, -em >a. dr., ar. fuştf, rngl. fuşt; judicium >a.
dr. judeţ (giudeţ), ar. giudcţu «jugernent1>; marit11s >a. dr., dr. reg., ar.
mărit ; misccre > a. dr. mcşlt:, ar. mesw ( meaştire, mişte arc) ; navis, -em >
> a. dr., dr. reg., ar. 1zafr, etc. (pour d'autres exemples, , .. ci-dessus § 146
et suiv.). Telles etant les choses, il est a presumer que d'autres elements
!atins herites par Ies dialcctcs roumains sud-danubiens ont pu survivre un
certain tcmps cn d;:ico-roumain, sans qu'on ;:iit pu Ies attestcr du fait de la
penurie des sources ecritl's en ce dialecte aYant le XYie siecle. Cettc remar-
<]UL' rcste egalcment ,·alabk pour ce qui scrait de la situation inYcrse, c'est-
a-<lirc celle <les knnes latins <lu daco-roumain non attcstes au sud du
Danube.
Si l'on considere a la lumiere <le ses donnees essentiellcs le Yocabulaire
latin hfrite par la languc roumaine, on constatera qu'il offrc l'image d'un
rapprochcment etonnant cntre Ies diwrs dialectes de ccttc langue, malgre
Ies <listances qui Ies sepan:nt.. Le fait dcYient plus frappant encore lorsqu'on
place la composante rournainc dans le contexte de la romanite sud-est euro-
pecnnc cn general et qu'on prcn<l l'n consideration aussi ks rcnseigncmcnts
fournis par l'histoire du dialcctL' daco-roumain au cours des quatre-cinq dcr-
niers sicclcs.
~18. Panni Ies influences qui se sont cxcrcecs sur le latin vulgJire,
dont Ies di,·erses modifications ont donnc naissance a la languc roumaine,
la plus importante l'TI raison du nomhrl' important d'elt'.·menb lexicaux four-
nis restc cell<· <le la population thraco-<lacc, c'est-a-dirc <le la population
de substrat. :'\lais. i<lentifo·r l'n roumain Ies elemcnts <l'origine thraco-
<lacc suppose I~ connaiss~nce prealaLle, du moi ns dans une certa ine me-
surc, de la langue thraco-dacc. Or, comme on le sait, Ies rcnscigncmcnts
a cc su jet. <lont nous <lisposons grâce aux ecri\·ains et aux documcnts epi-
graphiques de l'Antiquite, documents li\Tes par le territoire thraco-dace,
sont insuffisants. Tclks etant ks chOSL'S, Ies l'Ssais d'cxplication ety-
mologique <les mots rournains d'originc thraco-dacc offrcnt un carac-
tere incertain ct som·ent ils aboutisscnt a des interpretations tout-a-fait
<lifferentes. Ces diffL·rcnces <l'interpret ation etymologique ont memc con-
duit a des thfories tres di\"(?rSCS quant aux particu}arites phonetiques de
la }angue thraco-dzicc el a SCS SOUs-diYisions tl'rritoria}es 522 •
522 Des points de •rue a cet egar<l ont ete a·1ances entrc autres par: ,,._ Tomaschek, Die
altm Thraker, I, 11/ l-2, S.\ W, 128, !JO, 1J I, 1893- 189-l; D. Dcce·1, Charakteristik dcr
trakischc11 Spraclu, Sofia. 1952 (reedition <lans Li11g11istiq11e balka11iq11e, II, Sofia, 1960); \"1.
Gcorgie·1, Trakijskijat e::ik, Sofia, 1957, Introdu::ione alia studio delie lingue iudoeuropee, Homa,
1966, Trahite i tel111ijat ezik, Sofia, 1977; I. I. Russu, Limba traco-dacilor, Bucarest, 1959
(cdition re·rut" corrigec ct completec, Bucarest, 1967, ·1ersion allemande, Die Sprache der Thra-
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rnmanică), Buc., 1981, p. 37 - 70; I. Duridanov', Ezikăt na trahite, Sofia, 1967, etc.
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Du latin au roumam 309
523
These formulee dans scs dcux ou·Frages consacres a la langue des Thraces, mention-
nes dans la note precedente; pour les details en ce qui concerne notre propre point de vue,
voir nos contributions: Teoria lui Vladimir Georgiev despre limba traco-dacă, AUT, II, 1964,
P· 255-258, Traca şi daco-mezica, dans le volume Antichitatea şi moştenirea ei spirituală (Actele
Sesiunii de Comunicări ale Societăţii de studii clasice din R.S.R„ 30 mai - 1 iunie 1980).
Bucureşti, p. 1- 15.
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310 H. :!\fihăescu
52 ' Des aperi; ns conccrnant Ies rechei;chC's realisees jusqu 'a present chez: A. Yraciu.
Limba daco-geţilor, Ti111i~oara, 1980, p. i'i-.'1.~; I. I. Russu, Et11nge11,:a românilor ... ; G. lv:'.-
nescu, Lucrdri lingvistice rcccnt•· "' pr:1·irc la origi11rn rnmâ11ilor şi a /1111bii române,• Academia
Republicii Socialiste Romfmia, Memoriile Secţiei de Ştiint<' filologic<', literatură ~i artă o, n·e
serie, t. \', 1983- 1984, p. 149- 170.
52 & Dic sfovischm Elcmmtt: 1111 Ruma11ischrn, • Denkschriftc.-n uer Akademie \\'ien, phi
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Du latin au roumam 311
A. Rosetti 533 , I.I. Russu 534 , Y. Gcorgiev 535 , G. Reichcnkron 5 ~ 6 , Eqrem <;a-
lJcj 537 , J.-G. Hubschmid 538 , G. lvănescu 539 , Grigore Brâncuş 540 , A. Vra-
. 541 , 11,1
c1u A
n . rL Ga b"ins k""542
IJ , l\·,-'l. l\i
~· . R~d ·, .1""l. • .J:l"
a u l eseu 54·3,.. '-Iza ă.J.4 , et c.
Ci-apres, nous donnons la liste des mots roum::iins d'origine - ccrtaine
ou probable - dace, classes suivant lenr presence en albanais ou dans d'au-
trts langues indo-europeennes, a part l'albanais. Pour des raisons eviclentes,
nous ne pourrons pas donner chaque fois le nom de celui qui a mis cn lumiere
Ies analogics d'un certain terme avec d'antrcs langues indo-europeennes, ni
meme le nom de ccux ayant identific un terme avec celui en usage dans une
ou plusieurs langues indo-curopeennes.
222. 11 y a d'abord la categorie des mots roumains d'origine daco-me-
sienne qui co1ncidcnt avec des noms daco-mesiens ou thraces communiques
par les ecrivains antiqucs. 11 s'agit d'cnviron 7 ou 8 noms, a savoir: argea <
<a. mac. ocpy:::/,"f...IX, cimm. iX.pyLAJ.IX; brusfztYC < ribor.ista, nom de plante donne
par Dioscoride; carimb(ă) «tige de botte » (cf. la glose cl'Hesychius. x.ocpoq.1.~&.i;
p&~aov 7tOL[.LZVLx. -~v) 545 ; rîmf; glose: po[.Lcpdoc; scradâ < crx.&.paLtx, nom de
plante fourni par le meme Dioscoride; z1:mbru < ~6[.L~poi;,. glose de Photius;
zîmă « tue-chien (Solanmn nigrum) » (cf. (7tpo)S(opv"', nom de plante enre-
gistrc par Dioscoride et tirant son origine du nom dace *d::ărnă ou *d::orna
« noir », dont le roumain en a herite : oaie :.ii mă «bre bis noire »; de la derive
a.ussi le verbe zărni <1 noi re ir »).
223. Mots roumains qui se retrom·cnt cn illyrien et en albanais et qm
sont d'origin~ certaine ou fort probable claco-mesienne:
abzti'(e) ( < *âbztlus, alb. a-c llll) <• vapi:ur »; argt·a ( < ~'argella, alb. gue-
1
61-66.
5 19
: C 11vi11te ro111â1uşti de origiue traco-dacă, AUT II, 1964, p. 258-264; voir aussi les ti-
tres prccites notes 523, 524.
5 4 o Elemente autulmtone în limba română, Bucarest, 1983.
541
Voir l'ml'lrage precitc note 524, ainsi qc1e Mysli o polozenii getodakijskogo jazyka v
krzrgrt indoevropeijskich jazykov (Opyt sinteza) et O trako-dakijskich elementach rumynskogo
jazyka (ce dernicr ounage cn collaboration a·1ec Y. Rimsza), les cleux ayant paru dans ACIT
III, pp. 155-160, 161-191.
M 2 Plusicurs articles, dont nous mentionnerons: Etimologii - 83, <•Limba şi literatura
moldovenească», XXVII, Chişinău. 1984, 2, p. 64-69.
54
~ Rom'lnian substratum words, llucarest, 1976; Three substratum clrnients, RESEE XIV,
1976, 1, p. 135-141; Contrib11tions to tize Study of the Roman ian Substratuni, ACIT III, p. 95-
-98.
544
Concordances lexicales entre eliments roumains anciens et elt!mcnts des aircs iranienne
€t caucasienne, SAO, VIII, 1976, p. 29-45.
646 Cf. Th. Capi<lan, LL II, 1943, p. 226.
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312 H. Mihăescu
ler » (<tlb. &11111fm/it « il lornw ''I: l,r.rf "t:ros n·ntrc l<lcs frmmes cnceint·:s) 1>
d son deriYe hn;·ţns (' \"Cntru, p:m~u I) (*barts- an·c le Yocz.lisrne o a la p1ace
d'un a: alb. 111b,1rs.', barsi'); br,1d « sapin •> ( < br,1d:, alb. brfdh, art. brdhi);
brî11că <• lnflurc cin cou •> ( < *hr11i/(t1, alb. brmg/); bri11:.â « from;:ige •> (alb.
r1'1uh's); brî11 << c1·inturc •> ( < *lirt1111 alh. brt":, fJrmţ ct obrmj, brcs, ;:irt. brc-
::.i < *bren:-); brustur,· « hard:in·· » (alh. br11slit11/I, -11); t11a et abua « dodo 1>-
(Jlh. b11j); lmc (n'·g.) c· l'D un clin d'oeil, du coup •> (alb. byk); bucşi (( t::i-.;sET,
hourrcr •> (alh. b11slz, mbush); b11o~ra •(se) rC-jouir •> (*lmkur «beau» >an-
throp. B11rn r; d. aussi b1101 rii· 1• ioic •>: alh. buk11 ro ( 11 )j, i, c l;uk11r) ; bui::. <·. mott(»
j,ouk, lioulcttC' •> (alb. b11/,':.', /111/l:): fm11gct (derin?) <• taillis, fourre, Yieille
foret, hois tOUffll I) ( <*b1tll_!:.!. (< ChCDC I ) + -t'f; Jlh. b/11/.~, art. bltll_[!,lf," a l'origine-
dC c1's deu\'. termcs Sl' tmun· l'i.l'.c. *bl11tg6s « hetre, chene 1>): bură« bruine 1>-
(alh. bort~); b11rd11f « outre •> (alb. burdhc); butuc « agncau d'un an (?) 11 (alb.
b11tuk « helier d'un an 11); bu::.ii ,, leYre » (alh. bu::.l);
uiciulti « honnet dl· fourrurc •>(alb. kt;suln; călbca::â, gtilb(e)a:â « claYe-
lec; hepatiqtH.' dl's fontaines, m;:irchantie (.llarclrn11tia polimorpha) •> (alb.
kNbazt;, gi'lba::.c); câpuşă "tique (Rici1rns (011wrn11is); bourgeron de YÎgne >>-
(alh. kt;pushc;}; (ăputâ « empl'igne •> (alb. kt'put?); cătun « h2meau •> (alb. ka-
tu11d); ccafâ « nuque » (alb. qc~fc'), cca ni «dos, cou » (alh. slza/C); cioară <(cor-
11l'Îlle 1> ( < *fiorr11 < i.c.c. */,:onra; Jlb. sorrc' < *ţf6rrt'); cioc <(bec» falb.
rol~). ciocan ~ martcau 1> est un cll·riY<.'.· de (ioc; *u'oc- dans le nom roumain
ele l'aloucttc ciodrlfr = cioc+ -idei _c_ -fr (donc -ir/ic) (le suffixc -îrlă figure
egalcment dans codirlâ (C hayon, fourragere I) ct dans şopîrlă ((lezard•>): l iucc'i
dJns l'idiot1snw ,, fi <i11ca băt1iilor <c sen-ir de tete de Turc ll (alb. ţuke, p~fkc,
xhufl1c); ciump «bont, chicot, moignon 1> (alb. tlzump); ciung <· manchot >>
(alb. cwzg); ciup <c bec•>, ciupi <( pincer » (~lb. ţ-upit, ~upis, qt'p, sqfp); ciut,
şut «ecorn<.'.· 1> (;:ilb. slllft, shutc'); coacă:ă « groseille » (alb. lwke::i); cobli:::an,
lobfr:.an (pej.) « pillard, costau<l, flandrin •> ( < *copie:.-, *coblc::- +-an); copac
<c arbre » (alb. Impar); copil ct copil <c cnfant, rejeton, rcpousse 1> (alb. kopil);
Cl'Cţ (c CfepU, frise I) (alb. f.'rcc); O'Uţel (C t·pargner, TI1Cnager)) (alb. kUYSt!j, ku,r,·(j);
mlbcc <c escargot •> (alb. ketlzmill, k?rmill, katshmill); curm <c attache », curmei
cc bout de cordc; attache 1> (*curme::.- <le cunnc::.iş « obliqucmcnt, de (en) tra-
,·ers ») (alb. k1mn; d. aussi ~r. Y.'J?fL~~), curma <c coupcr, (se) fendre » (alb.
kurmoj); rnrpân « sarment •> (alb. lmrpcn et ses Y<iri<mtes); cursâ <c trappe 1>
(alb. kurtlz(c));
daltă « ciseau » (alb. dalie); daş cc 2gneau d'un an» (alb. dash); dârîma
<c clemolir » (;:ilb. dc~mw(11).i); dâr~ti11ă, dirştină <c chemisc de toile grossiere
portl·c cn !-:igne de dcnil ou d'cxpiation » (alb. drashte); dîrstă <c foulon 1> (alb.
d,~;·stilc, tri7 stilC); droaf,· ,, foulc, bande 1> (alb. dro_jc); drui, dructe <( morccau.
de hois court ct gros» (alb. dm. drutn;
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Du latin au roumain 313
motshe, moshl) ; <c bourgeon 1> (alb. mugull) ; mură <c estomac des rumi-
nHtf!JtrC
mmts et des oiscaux » (alb. mulle ,, estomac 1>); nmrg <1 crepuscule; bai (eh.:-
,, al) 1> (alb. murg); murză <'intestin gros 1> (2lb. nwlle::., -a <1 dernierc cavite
de l'estomac des ruminants: estomac de l'agneau utilisc pour foire cailler le
lait; suc ou baignc la mura 1>); muşc, mî.~c <1 mulct 1> (se rctrotn-e aussi dans Ies
mots muşcai, mîşco1:, idem) (alb. niuslzk);
11a « tiens; voila; prend »(alb. na) (cn retrouvc ce terme dans ccrtaincs
lan.;ucs sla\·es, cn allemand, en franc;:ais et en neogrec); nan <c parrain », nană
<1 marraine » (alb. et ser. nana <1 mere 1>, ngr. vocvw1. <c tante 1>); năpîrcă <1 orvet,
lezarc1> (alb. ncperlle, nepcrtk,~) ; *11oi- dans noian «grande quantite, immcnsite,
multitudc » (alb. ujanc};
oacăr <1 tachete de noir autour des yeux et du muscau (en pC1rlant de
moutons) » (alb. vaker);
pat <1 lit » (<ilb. pat, pate); păstaie <1 cosse, gousse 1> (alb. pislztaje); păstra
<1 conscrver, soigner, garder (en bon etat) 1> (alb. pastroj); păstttră <1 serviettc
pour cnvclopper les aliments 1>, ar. plăstură <1 le ventre avec tont ce qui s'y
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314 H. l\lihăescu
trouve 1> (alb. bushture); petfră ii piece, chiffon, haillon, loque 1> (alb. pâke);
pielm (( farine de ble OU d'autres cerea}es; pâte (de farinc), JeYain)) (alb. P_ia/m);
pîrîu, pîriiu, părâu « ruisseau » (alb. pcrrua, art. perroi); pupâ::.ii (I huppe
(oiseau) I) (alb. pupc:t~, pup(s); purnmi (( toujours, etcrnellernent, a tout ja-
rnais » (alb. perlzerc);
raţei<' cane, canard J> (alb. ros,T rimf (voir ci-dcssus, Ş. 220) (;ilb. rn(fl);
1'În::ă <' gesier, panse 1> (alb. rmcit;s);
scâpiira (( battre le briquet, foire jaillir des ctincclles, Iuire I) (alb.
shkrep); scrum <' cendrc (fine)» (alb. shkrumb, shkmmp, sltkr11m); sf111bure
<' noyau, p.'.·pin » (alb. tl11tmb11/l(c)); spî11:: <' clkborc 1> (alb. shpmdl.'r); stt-rp
«sterile 1> (alb. shtcrp?); strafr « ,·etcrnrnt. costume 1> (alb. straid); str(ptde
((mite du frornzige, CÎfOn I) (alh. SlitYt'P); SfY1t11f;ii ii parc a brcbis I) (zilb. shtrz111ge);
susai <' l~iteron •> (alb. susa/C);
şalt· <' lornbes » (alh. slM!? « cuisse »); *şap-, *şop- dans şopîrlâ <'lezard•
(alb. s!tap); ştiră <' sterill' •> (alb. i slitir,;, awc scs variantcs);
t1„?i.\fâ <' hesacc 1> (:ilh. trajsf,;); ţap <' bouc 1> (;ilb. c!lp, L:jap, sqap); ţarc
<' cnclos •> (alb. !har!.·); ft'dftci, «pal, broche, aiguillon, frhardc •>, Î11ţr:p « je
piquc)) (al li. tlit'p, tfz,;pi~); */idâ de {ichiu (I crek d'unc montagne, pi(' aiguillc))
(alb. < !1>N<;); ţipâ « pcau fine, memLrane •> (alb. cip,"); firă <' logne •>, o ţiră
«un peu, un brin » (alli. t"Crrr, -ja);
mJâ <' sortc de fromagc » (alb. 11dlz6s); ( lz)ută, ( '1)11!/tr,· <' hiboux •> (alb.
lzutc) ;
;•,1trc1 « atn', foyer •>. <'<ilrai <' atti:-:soir. tisonnier •> (deri,·e dacr ou roumain)
(alh. rutr?, t.•o/rt;-}; t•1iilt1 «se lanll·nter ~ (alb. c'11jtoj); <•âpaic « flambee, feu,
chaleur, ardem· I) (deri\'e dace ou roumain de *vapă; cf. alb. vap?); 1:ic":ure
<' blaircau 1> (alh. <'Jt·dl111ll (t")); t.•îrî « fourrcr, intro<luire » (alb. ·u,;rt; <' trou l>};
::cic,1ş <' rancunier •> (a1b. xlzakas); :arii « hahcurre » (alb. dlwlU); ::,biera
(dans la rcgion des ~Ionts Apuseni bicrtl) (( cricr, \'Ociferer 1) (alb. ,.,;-rr.1s);
:.par dă « collier (de chicn). laisse •> (;1 lb. slzkard M) ; :gă 11 « bas-\'cntre (<les ani-
maux), matrice, uterus » (alb. ::.gjuj?, :.;:juja1).
M 7 Cf. G. I·1ănescu, Le role des ]apMtitcs dans la formatio11 des ţrnplcs ci des cullures
antiques, SAO, I, 1957, p. -15.
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Du latin au· roumain 315
ar. addr « faire » a cornparer avec gr. 8poccu « (je) fais » 548 ; arţar« plane,
faux sycomore, faux platane, erable I) < thraco-dace *arţar (cf. allem. A (l)-
ltorn) 549 ;
ar. bal'u « rnouchcte 1> (cf. gr. cpoc'AL6c; ct ~ct'AL6c;, ce-dernier d'origine
thraco-dace); beregată <( larynx, gosier, gorgc 1> < *bereg- (racine que l'on re-
trouve en a. gr. cpoc;ny~)+-ată (suffixe vraiscmblablcment thraco-dace); hoarc
<( brise, souffle, ;:ir6me » (cf. gr. ~o::>fo.:c;, v. sl. burja, voire le latin aura, l'tt
correspcndant ~u b de boart·); b:trd11f (thraco-dace *burd-, derive de .*blzcro
« (jl') porte 1> + -111z); biirlă <( n·ntre » ( < i.c.c. *blirta <( fardc8u 1>, part. passe
pa:::-if <( portee 1> ele * blw o) ;
cioactl <1 chassoir (cf. a. ind. (:akha <( branche »); cimpoi <(cornemuse»
( < thraco-c.lace *ţiumpo11io11; cf. gr. cruµi:pw.1[~ et surtout a. ath. ~uµcpovtct);
curm (vb.), czmni:i, *rnrmc:;- (exige pci.r l'existcnce du mot curmeziş) ( <i.e.c.
*kpn-, cf. gr. xop11-6::; <( l'action de coupcr 11, derive de la racine ( s)!?er'- « cou-
per 1> (v. ci-dessus, §. 223);
di, interjection pour inciter Ies chevaux ( < *id/zi <( va»; cf. gr. . Hh);
dimb <( colline, talus» ( < i.e.c. *dh·T["bos, cf. a. gr. Toccpoc; et TU!J.~o::;); doină,
d1!in.ă « compl8intc populaire » 550 ( < i.e.c. *dliaina; cf. lit. dain,/, fJVcc le
meme sens que Ies forme:; roumaines dt!ini, doini <1 chanter (jouer de la fh'.l.te)
des compla intcs papub ires ») ;
gaucă, gheucă, găucă « trou dans la terre ou orifice d'une pierrc meuliere 1>;
găoace« coquille, coque » ( < *g~iu- +-ace); găoa:::ă <1 trou » ( < *ga11- +
-ează);
ghiară <1griffe; scrrL"s» (< i.c.c. *gradla; cl.aussi l'alkm. I\.rallc); gît,<1cou,
gorge » (cf. lat. guttur, v. sl. gli1tft);
ismă <1 menthe » ( < thraco-dace *eusma < *euso « (jc) brule »; Yoir le
latin ura; cf. le dace note par Dioscoride 8Lfoz11-x < dif.:s 11suma) ;
mîn-::arc (mîn:;ară) et mirzare (mir:::arâ) <1 brebis de 2 ou 3 ans ayant
mis baset donnant du lait » (adj. fem. de la racinc i.e.c. *nielg- « traire.1> +
+-ar-) 551;
snimră, :meură <( framboise »; smîntînă <(creme 1> (cf. tcheque smetana,
pol. smietana) 552 ; siînâ <1 bergerie » (cf. ~. ind. stl1a11a; l'alb. st an est un em-
prunt du bulgare ou du :'icrbe intcffenu probablement apres l'an 1000; .quant
au "· sl. sfani"t, il n'entrc que sccondairement dans la serie comparatiye, s'in-
tegrant dans la declinaison en -11; stîncă ct slei<( rocher 1> (cf. "· sl. stlna <cmur,
paroi 1>); strop <( goutte >), eYcntucllcment aussi sfrojJi <1 asperger, arroser, ccla-
bousser » (cf. l'allem. Tropfc11, tropfcln); strugure <1 raisin » (cf. gep. strn~eiio,
m. h. allem. Trubcl) ; :•
ţarcă<• pie » ( < i.e.c. *k6rka; cf. aussi v. sl. s1.•raka); ţîmburuş ·<,petite
protuberance circulaire d'un objet » ( < *ţîmb- (cf. gr. x6µ~o:;) + -untŞ);
ndmă et uimă <( adenopathie 1> (d. gr. oi'.8µ:t, derive de la rcicine. i.e.c.
*o:·d-<1 (s')rnflf'r »); ....
vai intcrj. <(malhenr; helas, oh1>, dememe que: au, văleu, aul eu avecleineme
sens (cf. goth.· u;ai, etc.); vipie <( chaleur, ardem· du fcu ou du soleil » (cf: lith.
de l'oul11sfoe palatale *IE dans le thraco-dace, dans (< Thraco-Dacica. Recueil d'etud(:S a l'occasion
du ne Congres International de Thracologie I) (Bucarest, 4-10 Septembre 1976), P· 327,--328.
050 Notons qu'il s'agit d'un genre litteraire (lyrique) et non pas musical.
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316 H. llihăescu
kvepia; d'autre part. le lithuanicn connait aussi le mot kvapas "'Yaprnr J>r
comparable au lat. vapor et au roum. *vapă de văpaie);
zâr <c petit-lait » (cf. sl. :.dm}j <c Yert » <*:A-< i.e.c. *gl1clo- 55 3 ; cL
aussi lat. serum); :.gripţor (( oiseau geant fabuleux, a deux tetes I) et ::gripţu
roaică (fem.) <c sorciere, megere, harpie» (cf. gr. yp•j~); ::g11d11i <c sccouer, ebran-
lcr I) (cf. :l. SaX. skuddztlll (( tremb}er, ebranler I), <J. h. allcm. Skllffrn (< ~eCOUer,
agiter battre des ~iles •>); :.imbru cc aurochs (Bos 11rus) (cf. , .. sl. :.Qbni, ainsi
quc 1e germanique wisambris, idem).
226. ~Iots figurant dans mw, deux, Yoire trois langues slaYes, mais gui
sont d'origine roumaine: brî11d11şâ <c safran •> (ser. bra11du!;a, bg. brmduska);
brei • chou du chien, foirolle (Jfrrcurialis pam11is) •> (cf. bg. brt'i); bruş
~ motte de terre, sarolle, boule de poknta » (cf. ser. bru!;); cocâ j( petit enfant »
(ser. koka <• jeune ;inima}•>); gorun( •rom-re•> (bg., ser. ~onm); stai ~ chardon,
hard;mc •> (ser. {kt?/j); sli)ar (l>g. sit'Za); stropşi <c rudoycr •> (pol. slrops::yc);
ŞfÎ1tbfi°, 4C TUCbl', tronc d'arhrl' eYidc I) ( < *Şfi1tb-, cf. }'ukr. Slz.tb}.
Sous cctte menw rubrique pourraient SC ranger egalement quelgues
mots d' origine roumainl', rch·,·cs en neogrec et en hongrois: berbînf â ( bâr-
binf ti) • haratte; tineth' •> (hang. bo·bmCt'); coconar «pin doux, pignon » (ngr.
:%.'J'J xr,uvocpL).
(• hossr D ct l'ar. rnml'11 « huppe; somnwt » ( < *kuk-+ -11M) (le mot turc
lwka avcc ce mt~ml' sens est prohablemcnt emprunte du roumain) 55 ·1 ; ide
(plurale ta11lum) "dfes •> ( < thraco-dacc *dlc ou *dlai, d'origine preindo-
-l'uropC-ennc; cf. Ies danois ellenkonge «roi des clfcs •> > allm. Elfmkii11ig,
sl. 11ila, te. yd « n·nt •>): /,·spt'dt" « dalk •> ( <ml;dit. *lespede, *laspedc; cf. lat.
/,1pis, -iths ct a. gr. /..z:-roc~. -ci~'l~); :i111hru et :umlmt « unc espece de pin
( l'imts cambra)» ( < m<'.·<lit. *.!:.imru ou *gimru) 555.
227. Parmi Ies mots sans et~·mologie precisee, il yen a assuremrnt guel-
ques-uns d'originc thraco-dac1·: bâf "bi'1ton, baguctte •>; berc ((a la queue tres
courte; anourc •>; bit1! ct bot1!1i <c gour<lin, triquc •>; bîtcâ <(petit pic montagneu
isole I); bordt'i <• huttc, cabane•>; !riţ<( houll'tk, pelote I); bulgăr« motte, boule,
11loc »; bui «cuisse, quarticr (<le Yiandc), gigot •>; butaş « marco1.te, uou:ure »;
liutuc « lnkhc, souchc, cep de \"Îf.!JW »; lmturti << trorn;on: tronc d'arbre crcux »;
buturugii <c souchc, chicot •>; cart1bâ « f1{1te primitiYc; fhîte principale pour accor-
der Ies notes de l<i cornemuse •>; chiti <( reflechir, mediter, projeter, combiner,
plier, parer, viser »; cinfr:â « pinson frmelle »; fofr:a:ă « hattant d'une porte;
aÎ}e du mou}in a \"t'Ilt; chn·illcttc du de\·idoir 1) ( < *jojă-)," ju/g (C flacon, cJu-
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Du latin au roumain 317
vet »; găteje « brindille, broutille, rnmille »; gorgoa;:;ă <c menus fruits vanes »;
(h)oarii CI volailles »; lujer <c tige, rejeton, rejet»; mişca <c (se) mouvoir », avec
la variante vîşca (en usage dans la zone septentrionale du territoire daco-rou-
m'1in) (notons qu'en i. e.c., dans certains cas, ':''!." est devenu m, afors qu'en
daco-mesien il est devenu v); negară et nagară <c ivraie »; piti <c cacher, dissi-
muler »; presurii <c bruant femelle »; răbda (( endurer, su bir»; scruntar <c terrain
sablonneux, pierreux »; smirdar <crose des montagnes »; ştează « auge pour le
foulage des tissus de laine l); ştiulete (( epi de mais I); ţigai (( de premier choix
(en p.irlant de la faine)»; ţugui <c cîme, sommet, pic, faîte, pointe »; zourda
<c gambader, folâtrer ».
On pourrait egalement admett.re une origine thraco-dace pour Ies mots
suivants consideres en tant que tels par I. I. Russu et pour lesquels Ies expli-
cations anterieures ne sont pas entierement satisfaisantes, bien que ses pro-
pres explications s'averent pour !'instant insuffisantes ou meme erronees 556 :
adia <c souffler legerement (le vent); flotter dans l'air (un parfum) »; andrea,
avec sa variante undrea, <c aiguille a tricoter; carrelct »; anina <c accrocher »;
baieră « cordonnet, ganse »; băiat <c gan;on »; buiestru « amble »; burlan <c tuyau,
conduit » ( < *burl-); caţă « long bâton des bergers se terminant par un cro-
chet; chipie, pimbeche i); cîrlan « agneau, che\'fC:aU sevre, poulain » ( < *cîrl-);
deretica (< ranger, nettoyer, faire le menage »; de;:;băra <c (se) debarrasser, (se)
defaire 1>; genune <c abîme » (<*gen-); îngur::i <c froncer; ratatincr; racornir »
( < *gurd- ou *gur:::-); întîmpla <c arriver, sun-enir, se produire »; întrema <1 se
remettre, se retablir, guerir »;lepăda« lâcher, jder, âter, avorter, se defaire »;
leşi11a (< s'evanouir, se trouver mal, defaillir »; mistreţ « sanglier »; mişca <1 bou-
ger, remucr, se mouvoir »; modru (mase.) <1 mode, sorte, genre »; nionnan
<1 monceau, tas, amas » ( < *morm-); munună « couronnc d'epousee; point;
pic»; păstra« soigner. garder, conserver »;prunc« nourrisson, bebe, marmot »;
ra::;cm <• appui », răzinia <1 (s')appuyer, s'<iccouder, soutenir »; răbda « souffrir 1>;
străgheaţă <1 lait coagule »; şoric ou şoriciu « couennc »; ţarină « champ laboure;
gueret »; ţăruş <1 piquet, pieu »; zburda « gambader, folâtrer » ( < *burd-).
D'hypothetique origine 1 thraco-dace seraient aussi Ies mots suivants
consideres comme tels par Reichenkron 557 , bien quc Ies etymologies proposees
par lui soit insatisfaisantes (nous enregistrons dans cette meme liste aussi des
mots auxquels d'autres chercheurs ont attribue une origine thraco-dacc:):
cioi <c plat, terrinC', bol, jatte, gamelle »; ciondăni<c (se) disputer, (se) chamail-
ler »; ciuf(i huppe, chat-huant »;ciul <c avec depetites oreilles »; ciup <c huppc »;
cocîrlă <i hois recourbe, ~rbre tordu i>; doică (daică) <c nourricc »; dupac <c coup »;
feri <c proteger; presen·er, eviter '>; ferie <c seau »; găsi <c trouver »; habă « veil-
lee »; hălpi <c verser i>; hău <c abîrne '>; he aţă <c verge '>; hercte <c autour; faucon »;
lzinag (i espece de roncc »; hîlbe (plurale tantum) <1 l.ivures, r~tatouille, lavasse »;
hîrglzfe CI mot avec un sens vague de quelque chose de mal, de mauvais, utili se
aussi commc un terme pejoratif '>; lzîrşie « peau de mouton i>; hîţă <1 troupeau;
petit traineau »; hîţîna <c balancer, osciller )>; horcâi, hîrcîi <c râkr, ronfler )>;
lzoroi (ornith.) «<c pici>; horţi <c deplacer qqch. sans en changer la position '>;
horţiş (ide travers )>; hot <1 trompe en ecorce de saulei>; hoţ <c voleur )>; hudă
(< trou: maison '>; lehamite (< degout; ennui '>; lehăi <c jacasser, jabouter '>; lihni
(< affamer 1>; mînji <c salir 1>; mînziili <c salir »; naiba (fem.) <c diable )) ; om1"dă
ti 66 Op. cit.
667 op. cit.
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318 H. Mihăescu
qu:._•n t a des outils d'un usagc courant, elementaire, qu'on rctrom·..: .. de nos
jours rncore dans la maison de n'importe quel paysan roumain). En rev.anche,
quclques tcrn1es eYcquant des etres mythiques ou fantastiqms se sont con-
sen-t·s (bală ((monstre immonde 1>, balaur <t dragon», iele <1 elfrs 1>), de meme
quc le nom donne a une cornplainte populcire typiquement rownaine·: doină.
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Du latin au rournain 319
558
Cf. G. Caragiani, Studii asupra românilor din Peninsula balcanică, Bucarest, 1929,
p. 20-:--26 ..
9
'" Cf. DDA, p. 1022, ou le rnot figure toutefois sans aucune etyrnologie.
680Malgre la rarete de ces textes, ce sont eux qtJi fournirent la plupart des environ 130
hellenisrnes enregistres par Ies sources ecrites des provinces danubiennes de l'Ernpire romain;
cela autorise la supposition que ces <i hellenisrnes etaient plus nombreux et refletaient une situ-
ation analogue a celle de l'Occident de l'Europe » (cf. Mihăescu, Infl. gr., p. 40).
~u Ibidem, p 46-65.
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320 H. Mihăescu
Ces termes lui sont parwnus par Yoie detournee a travers le latin vulgaire
parle en !talie, en :Macedoine, en Grece et en AsieMineure. C'est, par exemple,
la cas du mot purpură « pourpre » ( < gr. 1.op<pupcc). Peut-etre aussi est-ce
encore le cas de p11ti"nâ <1 baril, tinette; baignoire I) ( < gr. 1.uTLv"lj). mais on
lui a egalement attriLue une origine thraco-dace; du thraco-dacc il serait
entre en grec ancien, ainsi qu'en gcrmanique. Present dans toutes Ies langues
romancs, lc roumain stupii« etoupc, bourre » ( < gr. cr•ur.lj. idem) est sans doute
lui aussi un emprunt par le truchemcnt du latin vulgairc (de stupa on a pense
faire deriYcr le latin *stop(j>)arc, qui se retroun~ a la base des tcrmes roum.
astupa <1 bouchcr, fermcr, Larrer, obstruer », it. stoppare, fr. itouper, etc.;
ccs mots-la prescnknt un 11 pour le gr. (;inc.) u. c'est-a-dire une prononciation
proprc aux Grccs (doril'IbJ d"Italic rneridiona!e). Toujours par l'intcrmediaire
du latin vulgairc s'est impuse lL· terme pâri11gă « pcrche, gaule » (<lat. Yulg.
pal,111ca <1 pnchc. l•arn·. barr._·au » < gr. 9oci.:zy;.-ocyy0~ « tigc, arbre, pcrche,
harrc », introduit l·n latin par la terminologie des matclots, qui s'en servaient
pour designer le k\·ier an·c kqud ils soulc\·aicnt kurs bâtcaux). ne meme,
c'cst par l'intermediaire du latin YulgairL' que le roumain a dfrcloppe Ies ter-
111L's sui\·ants: măcina« mou<lrc 11, coardâ « cordc, sarnwnt », j1tr avec ses com-
pos<·s iii jur d i111pr«j11r "autour. aux ahords 1; ( < gr. yu20~. lat. vulg. 15ynrs,
pa gyrum); notons qul' le latin guL· l'on trouvc a la base du roumain emprunta
k: ~rec ·r)-;,r,~ awc la pronunciation tu. qui ctait cl'lle <lu grec ionien et athe-
1111'11.
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Du latin au rournain 321
main cfroare <1 chicoree » (<lat. cichoria, pl. de cichorium < gr. :x.Lx.oprnv)
est sans doute entre dans la langue comme nom de la denree alimentaire bien
COnriUe. Quant a l'adj. proaspăt (I fraÎS, de fraîche date>) ( < gr. 7tp0ulţl'l..'t"O~) il
est entre en rournain probablerncnt grâce au cornrnerce des fruits ct denrees
meridionales.
Les transports tcrrestres et rn:iritimcs sont peut-etrc ccux qui ont in-
troduit le rnot bute « tonneau », qui cn roumain ne s'est pas developpe directe-
rnent a partir du grec ~OUHL~, rnais a travers une forme latine intcrmediaire
buttis, que d'autres langucs romanes ont egalcment consen-ec; le mot s'est
conserve aussi en gr. byz., ngr. ct vlb. (cf. ci-dessus, §. 189); commc la Grece
antique ignorait Ies fUts et barils en bois, J. Hubschmid pense quc le terme
grec, ainsi que le mot latin tirent lcur origine de quelqucs contrc'e alpine, se
rattachant au domainc linguistiquc gallo-illyrien 562 . Le charroi sur ks anci-
ennes voies romaines sillonnant la Peninsule balkanique devait legucr au
rournain le verbe rinclze::a « hennir » ( < gr. poyx. (~(!) « ronfler »), cepcndant
que Ies auberges grecques des relais fournissaient aux voyageurs affames
la <1 soupe », d'ou le roum. :;camă ( < gr. ~E(..l.cx.).
Les contacts de la population de langue latine des abords du Danube
avcc les Grecs ont sans doute contribue aussi a enrichir ses connaissanccs
rnedicales, ce qui aura valu au rournain des terrnes comme: căsca « bailler »
(<lat. vulg. *chascare (cascare) < gr. x.cicrx(!)); ciumă« bouton, abces; peste»
( < gr. :X.U(..l.OC (1 enflure; vaguc, pointe », a partir duquel se sont egalement deve-
loppees Ies formcs alb. qime, qiime); farmec <1 charme; sortilege » ( < qicip(..l.'.Xx.ov
« remede, medicament, poison »; Ies inscriptions grecques antiques usent aussi
de ce mot dans le sens d' <1 incantation, sortilege », par consequent, le mot pou-
va it appartenir aussi a la terminologic des pra tiques magiqucs). La penetra-
tion des pratiques rnagiques du monde grec dans le tcrritoire btin arrose
par le Danube explique aussi le verbe roumain amăgi <1 tromper, dupcr, leur-
rer, abuser, seduire, embobiner l) (les formes lat. *admagire, *admagarc, *ad-
magiarc temoignent de ce que le latin qui se trouve a la base du roumain a
emprunte ce rnot directcrncnt du grec). C'cst au langage magiquc que remonte
aussi !'origine du verbe roum2in mîngîia « caresser; rcconforter )) (<lat.
vulg. *mangancarc < gr. (..l.Glyycx.vzu(!) « jcter des sorts, faire des sortilcges »).
Le terme roumain pour salamandre, sălămîndră (au Banat et dans le depar-
tement de Mehedinţi) ou sălămîzdră (dans le reste du pays) ,·icnt du grec
croc),oc[.Lci'18poc, avec le 8 grec prononce soit comme un d, soit comrne un d:: et
il nous faut admettre aussi que le l intef\'ocalique s'est transforme en r, puis,
a la suite d'un processus de dissimila tion, il est rede,·enu un l, donc, cc terme
est entre dans le latin danubien toujours en suiYant lei voie des pratiques,
magiques. Ce fut aussi le cas de mătrăg1111â «mandragore» (gr. µocv8pcx.y6pocd,
qui sen-ait sans doute a la preparation de certaines substances censees avoir
des effets magiqucs. 11 se peut, enfin, que le terme rournain sterp <1 sterile»,
au cas ou il serait d'origine grecque {cr·n:pLqio~), ait penetre dans la langue
grâce a la terminologie medicale; neanmoins, il se peut tout aussi bien qu'il
s'agisse d'un mot thraco-dcice propre au langage des bergers et eleveurs.
Le jcu des des est a !'origine du verbe rournain cuteza rnser » ( <xon(~cu).
11 sernble que lcs Grecs accord;:iicnt une certainc importance aux soins de leur
vis2.ge, enrichissant de quelqucs mots liees a de tels soins le latin danubicn,
582
Schl ăuclie 1111d F ăsser, H. ort 11nd sachgcschichtliche U11ters11chi111gcn • •• , Berne, 1955,
p. 38-60.
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322 H. l\lihăescu
d'ou ils sont passes en roumain: m11si(e)a{ă «moustachel) (< gr. µucr-rcbcLov
«petite moustache »); peut-etre aussi le mot roumain spin ~glabre, imberbei>
( < gr. cr7toc'16~). Pa rrni Ies marchandiscs grecques, Ies objets de paru re avaient
leur phice: r. mărgea(uă) <(perle I) ( < gr. µcipy:x:pov, µocpyocpt-r"t);. dont est
derive, a l'aidc du suffixe-cl/a, le lat. ,·ulg. margdla). Le roum. şteam,'ită •vi-
sage, figure, monstre, fantome 1> semble etre Yenu avcc le latin vulgciire d'Oc-
cidcnt (voir le lat. sclzemata <gr. crx~wx-r:x:, pl. de rrxljµoc). Quant au mot stup
(( ruche 1>, il est probable que son origine ne soit pas le gr. <fiu1rn; «tronc d'cir-
brc 1>, mais plut6t un rnot thraco-dacc.
II y a cL· for1C'" prol>;',bilites ciuc le latin danuliien ait (ldopte a partir
du III'' si·~clc de n .L·. k tl'rmc g; cc ~ci~z <(cot 1l' <le maillc; cuirasse 1> ( < p>?rs.
ţ}<"bc); ii s'agis~;:i.it <l\1111..· inno,·ation wnuc d'Oricnt et dcstinee a proteger
le corps du guerricr r··ndant le corn Lat. Le r. murl11r (( temoin I) ( < gr. µcipTU~,
-'JprJ~) faiqit d'~b01d partic de la 11..-rminologie juridique, puis le christi~.nisme
a contrilmt'· a sa gC·ner;:ilis~tion. Comme ks cdifices grecs a colonnes etaient
familiers ~1 la population d;:inuliienne de langue latine, notamment grâce
aux temples l'l k.siliqucs, II n 'y a ricn de singulier dans I' cm prun t el 'un
mot commc le 1at. st11lus ( < gr. a-:-ij),o~ <( colonne »), de,·enu cn roumain stur
(( glac;-on, chanc.Hlc <le glace •>. En re,·anche, il e~t difficile cl'expliquer par
quelle voie sont llllrcs en roumain quelqucs mots d"originc grecqlll.: exprimant
des t.'·bts d f1mc: .fricci (( cPinh' •> ( < gr. ):lpLoi) et tm(1i anc son derive tru-
fi<· <1 arrogance, superbe, pre-"'omption •> ( < gr. -:p'J?~) en latin vulgaire englo-
bcc dans la premiere <ll'.dinaison (c:n -a).
Le christianisme d1Yait a son tour introJuire en roum2in quelques
termcs typiques <l'originc grecquc: !11drt"a \( Andre 1>, illga <( ange •>, boteza
(\ bapiiscr I), b/SC/'ltci (( eg)iSl' >l, UlcSfOlld \( mau<lirc, jetCf l'anathCffi(' I), pască
<( azymc », l'tl~li « Pf1qm·s 1>, si111bâtci <( samcdi •>. Bien qu'ayant d'abord appar-
tcnu a la Iangue cl'c·glis(', clonc a la languc culti\'ee, ces mots sont entres dans
le hingage <lu pcuplc, cc qui Ies rattachcnt a la liste des mots enregistres ci-
dcssus 563 •
232. Les clements ,.il·ux germaniques <lu roum::iin tircnt leur ongme
<lu gothiquc ct du gepi<liquc. Vu Ies di\·1 rgenccs cl'opinions a cc sujet, il est
difficilc de Ies idcntifier. Voici quclqu,'s mots el origine ccrtaine ou fort pro-
bablc gC"nnanique: bule(! (( cruchc: •> (cf. ;i. angl., a. h. allem. bolla «vase, tas-
S1..' ». Ic suffixc -câ reste s~ns modificat ion): filmtl (~u Banat) <1 ffr •> ( < *filma,
a tkste au d::i tif en gothiqm· :fi/mir) :fară (dans le departcmcnt de Haţeg et chez
ks Aroumains <le Frasheri en Albanie) (( lignee 1> (cf. lomb. f.1ra): targâ <1 pie-
ces de bois bonlant un lit; litiere•> (cf. a. h. allem. Zarga « cnclos I)); turr:a(t)că
<( tige de l;:- botti- •> (cf. <'. h. ~llem. t11cohproclz, diolzprnoch <1 pantalons I)). Ev.:-n-
tuellement aussi rapăn <( crasse •>, (reg.) rapi11, rapură, etc. ( < goth„ gep.
*rappo11s: cf. ?ussi m.h. allem. rapfe < g~le •>). Comme on peut le constater,
1
ces quelques elements vicux gerrn;iniques refletcnt le contact entre Ies auto-
chtones et Ies popuh1 tions germaniques allogenes entrees en Dacie apres
que Ies Romains aient cede cette province aux Goths. Les termes respectifs
&ea Cf. pour des precisions concernant les hellenisrnes du latin danubien, d'autres mots
grecs anciens du roumain, ainsi que pour des details supplernentaires au sujet des mots etudies
ici ou dans les chapitres precedents consacres au vocabulaire latin beri te par la langue roumaine,
Mihă.escu, lnfl. gr., p. 34-65.
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Du latin au roumain 323
evoquent soit des ustensiles de menage, des pieces vestimentciires ou des mo-
yens de transport, soit l'organisation sociale ou des etres mythiques.
233. Les Huns et Ies Avars, qui dominerent en Dacie a partir de
l'an 376 et respectivemcnt 555, devaicnt legncr cux aussi ciux autochtones
quelques mots. Cest le c~s des mots commc anm~g (dr. reg. Banat) «etalon»
(cf. le tchagateen ar aniaq, idem); jupîn « maître, messire, patron, chef~ (le
V. sl. zupan vien t de la meme popula tion turque d origine a va re). Ainsi qu'il
fallait s'v attendre, ce sont des termes lies a l'elevage des chevaux (la bete
par exceilence de la steppe) et a l'organisation sociale.
234. l-ne fois differenciee du latin, la langue roumaine a subi comme pre-
miere influence de grande portee celle de la bngue des tribus slaves, a utre-
ment dit du vieux slC1ve. En quittant lcur terrc d'origine, situee au nord des
Carpates, entre Ies bassins de la Vistula, de l'Oder et du Dniepr superieur,
Ies tribus slaves se sont deplacees vers les tcrres qui constitu2ient le berceau
du peuple roumain et Ies contrees voisines. Quelques-unes de ces tribus se
sont fixecs a jC1rnais, cepcndant que d'autres rameaux sla,·es, apres un se-
jour tcmporaire au nord du Danube, <levaient traverser le fletffe et prendre
pied dans la Peninsule balkmique. Celles dont Ies p2rlers etaient de type bul-
gare ont emigre vers le milieu du YF siecle, cn suivant Ies cours du Siret et
du Prut pour aboutir rn V~lachie. Les sourccs byzantines du tcrnps Ies men-
tionnent la, avec leurs chefs respcctifs, Arddgastos (' Apaocyct.u-ro:;) ct Pird-
gastos (Ile:tpocy:rn-ro:;), norns que le vieux slave de type bulgare, le scrbccroate
et merne le slavon oriental pronorn;aicnt Radogosti et Pirogosti. Les fouilles
archfologiques des dernieres dizaines d'annees pratiquees cn Ronmanit attes-
tent la presence des tribus slaves rnt. YraiscrnblablE:mcnt, cl.'autres tribus
slaves sont entrees cn Transyh-anie au courant du siecle sui·•ant. Toujours
cornme Ies fouilles archeologiques en ternoigncnt, Ies Slaves habitant a 1 epo-
quc le tenitoire rcumain ccrnmencerent kurs incursions dans l<' Peninsule
ba}kaniquc vers }a fin du VJe siecle, sans arriYcr nfanmoins a ~C fixer dans
l'Ernpirc avant l'an 602. On ne :aurait pretendre qu'C"bsolument toutes Ies
tribus ~laves abandonnerent a cette epoque le territoire roumain, mais celles
su A·,rant 1948, les archeologues roumains ont concentre leur attention notamment aux
civilisations prehistoriques et d'epoque romaine, jusqu'au !Ye ou Yle siecles de n.e., en laissant
presque entierement de c6te celles de l'epoque medievale. Le chercheur de Cluj, Kurt Horedt
{Ceramica slavă din Transilvania, SCIV II, 1952, 2, p. 189-232) devait attribuer pendant
plusieurs annees aux Slaves une culture materielle attestee dans l'intervalle des Ylle - xne
siecles en bon nombre d'entroits du territoire de la Transyl'fanie et qui rcvelait des analogies
avec d'autres cultures contemporaines de l'espace compris entre la Baltique et l'Egee. Mais
apres plusieurs annees de recherches archeologiques pratiquees dans divers points de la Roumanie.
une autre culture materielle a ete mise au jour a Sărata Monteoru, appartenant a une populaticr.
f,u vne siecle; partant de ses trai ts caracteristiques, cette cultu re a ete attribuee aux Slave&,
avec la precision qu'elle s'etait de·1eloppee avant leur melange avec les autochtones. Le merite
de cette decouverte archeologiquc ct de son interpretation historique revient au savant archeo-
logue roumain I. !\estor (cf. SCIV IV, 1954, p. 83-86). Quant a la culture materielle attribuee
par K. Horedt aux Slaves, il s'est avere qu'ainsi que l'avaient consideree auparavant les arche-
ologues, elle etait bien une culture materielle roumaine, slavo-rournaine pour ce qui est de ses
phases ulterieures.
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321 H. :\Iihăescu
gui y resterent devaient finir par perdre leur propre langue avec le temps,
assimilees dans la masse roumaine. Comme la toponymie roumaine d'origine
slave le montrc, ces tribus ont du s'infiltrer aussi dans Ies regions montagneu-
ses (cf. Bistriţa, Slănic. Girda, etc.). Les elements vieux slcives du roumain
(il s'agit du dialecte daco-roumain) sont un heritagc de ccs tribus, re<;u par
des co~tacts directs, d2ns le domaine economigue et politigue, mais aussi
un rcsult<it du processus <l'assimilation gui <en est sui\·i.
Pour {migrcr au sud du D;mube, Ies Slavcs traverserent le fleuve dans
plusicurs points. Les Byzantins Ies appcbicnt LXAOC~"lj'IOL (Sclavini), alors
gu'cux-m<'.'mc·s <app<:>laient S!od11: on Slad11c; guant aux tribus habitant
le tlfritoirc roum;1 in, J..s sourccs li~·zantincs Ies ont cnregistrees sous le nom
"A,rrz:; (A11hs). Dans l'inkrvallc de guclgues dizaines <l'annees, Ies Slaves
se sont cmpares <le la Bulgaric <ictuelk s'install~nt dans la vallee de 12 ::\Iorava
d cn ::\facL·<loinc. Anparav2nt, un aut re lot de trilms sla\"Cs, differentes de
cdks gui anicnt tran·rse Ies prcmiercs Ies Carpatcs scptentrionales, et avec
un parkr de typl' SlTbocroak <lcv~icnt se fixcr, .-ipres 602, dans 1"2ctuelle
Yongoslavil·. Enfin, guelqtH'S groupcs au parlcr de type bulgare 2boutirent
rn Hongric, apres avoir trawrsc a kur tour Ies Carpatcs septcntriomtles: la
languc slovenl' <'st sans <loutc l'heritier(' <le leur parlcr. Pour cc gui est des
1rilius qni donnL·n·nt naissancc a la langul' m2ceclonicnnl', on ne peut pas
preciscr si pour parn·nir dans Cl' clcrnicr pays dlcs ont tra\·erse lei ::\Ioldavie
d la Yalachie ou liil·n b Hongrie.
2:1:;. Dt~Ft d::ms l(·1ir pa~·s d'origine ccs trilms sla\·es parlaient des dialec-
ks <liffl·rl'nts. II est t:l'.·nL·raknwnt admis quc, memc a cctte cpogue revolue,
lcttr distrilmtion dialectale ctait Cl'lll' <]U'on lcur connaÎt dcpuis le debut de
h·ur ere historique l't qui est rcstec la ml:·mc jusqu'a nas jours. II est egalement
admis que chaqUL' langul' sla,·c tirc son origine d'un di<ilecte commun.
C'est dans cl'tk pa tril· primitiw qu'adu a\·oir cu lîcu 12 separationd'ungrou-
pe <le <liakcks occiclcntaux (ll' tcht·quc, k s]o,·aquc, le sorabc, le pobbe.
le polonais, Ic kachuhv) <lu grou1w diakctal oriental (Ic russe). gui cnglobait
aussi l'ukrainicn l't k liielorussl', ain:-;i quc du groupc meridional (aYec },.:' slo-
ve1w, k Sl'rbocroatl', le mad<lonil·n. le Lulgare).
Pourtant. toutl' Ul1l' sCril· <le faits s'oppOSL'nt a ccttl' tht·sc. Par CXl.:'!llple:
le serbocroak offrl' dl's pheno111L·1ws cnmmuns a\"cc le tchequc, le slovaque
d k soral>L· (tel Q > 11); le polonais s'ecartc du typc occidental pour se rap-
prochcr du sloYenc d du mac6donien ou Q > n, om; le russe '>e rcipproche du
snbocroak, <lu tcht·que, du sloYaque, du sorabe (Q > 11). Comme de juste,
ii faut adnwt1rc gue la <lenasalisation ck la vo~·ellc Q a du avoir eu lien sur
le tard, apres la colonisation slan· de la Peninsule balkanîgue. Or, cette cate-
goric <le faits conduisl'Ilt a la conclusion quc la distribution dialectale du slave
commun, <lans sa phasc initialc, dcnit etrc autre guc celle presumee 565 :
Ies dialectcs sla' cs primitifs gui sont a la base du serbocroate, du tchegue,
du slo\'aque, du sorabc ct du russc (y compris l'ukrainien et le bielorusse)
dcvaicnt se situcr dans Ies regions occidentale, septentrionale et orientale
du territoire slave, a}ors gue les dialcctes a part ir desguc]s SC sont developpes
le slovene. le polonais, le macedonicn occupaient Ic centre et le sud de ce meme
t crritoirc.
585 Cf. G. Ivănescu, Diferenţierea dialectală a slavei primitive, ALIL, XXIX, Iaşi, 1983-
- 1984, pl 115- 137.
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Du latin au roumain 325
236. D' apres certains specialistes, l' influence du vicux slave mr la langue
roumaine se serait manifcstee des Ies premiers contacts entre Ies H.oumains (ou
leurs ancetres) et Ies Slaves, par consequent des le VJC ou Vlle siecle, pcut-
etre meme des le ve sieclc. Unc autre opinion fait debuter Ies premiercs in-
fluences slC'vcs sur le roumain aux IXe et xe siecles. La premiere these a ete
soutenue par: Fr. Miklosich 566 , O. Densusianu 567 , A. Rosetti 568 et l'auteur
de ces pages 569 , ccpendant que la sccondc a ete illustree par Ilie Bărbulescu 570
et, dernierement, p<1r I. Pătruţ 571 . Celui-ci prend appui sur unc theorie de
V. Georgiev, qui s'inspirc, de son .câte, de quelqucs rcmarqucs faites par :M.
Vasmer. Sclon cctte thesc l' a bref du slave commun ne scrait dcvenu o qu'aux
VIIF - IXe siecles 5 i 2 . A l'appui de sa theorie, V. Georgicv evoquc le fait
que Ies noms slaves des sources byzantincs, de memc que Ies mots grecs em-
pruntes du slave (Ies toponymes y compris), offrcnt un a bref, donc unc voy-
elle qui n'etait pas (encore) devcnuc le o que l'on retrouvc dans Ies langucs
slaves .actuelles, ainsi que dans Ies elements vieux slaves du roumain et <lu
hongrois (parmi ces noms figurent aussi: Scla1m10i, Ardagastos, Pfragastos).
Mais commc les elemcnts vieux slaves du roumain presentent le a court du
slave commun comme un o (r. osie « essieu » < , .. sl. osi, ct non pas *asi,
etc.), il s'en suivrait, d'apres Georgie,·, que ccs elemcnts vicux slan·s ont ete
empruntes par le roumain apres le moment ou la-ditc voyclle s'etait transfor-
mee en o, ce gui nous conduit au VIIJC ct meme au IXe siecle.
Pour notrc part, il nous scmble que cette these ne s'accordc pas a la
realite. En effct, ainsi que nous l'avons deja demontre dans l'article precite 513 ,
· il est dif.ficilc de pcnser qu'absolument tous Ies dialcctes slaves clcs VIIIe
et IX" sieclcs - depuis b Baltique jusqu'cn l\facedo~ne ct Tlmicc, dcpuis
le cours de l'Elbe, la Boheme et l'Adriatique jusqu'a la Volga ct a la ::\'Ier
;foire, auraicnt change cn memc temps, c'cst-a-dire dans 1 inten allc d'en-
vircn deux siecles, leur a bref en o. 11 nous semble plus plausible de penscr
qu'un ou plusieurs des anciens dialectes slan.·s communs n'anient pas encorc
procede a une telle transformation, alors que d'autres dialectes l'avaient deja
effectuec dans la patrie primitive des Slaves. Nous venons de voir ci-dcssus
que Ies noms des chefs slaves de Valachie, de rneme que certains mots ct noms
slaves de la langue grecque, gardent un a bref intact. Du fait que Ies lar.gues
serbocroate, macedonicnne et bulgare presentent un o a la pbce ele l'ancien
a bref il s'en suit que la conservation de cct a brcf tel quel etait un trait par-
ticulicr aux Slaves de Valachie, qui ont emigre au Vlle siecle dans la Penin-
sule balkaniquc. Cc rnnt lrs Sfoves qui allaient se fixer en Grece, en legant
3UX Grecs quelqucs mots et qudqufs tcfrnyrncs. Ce ~cnt ces mcn;cs Slaves
see Die slavischrn Elimrnlc im Ru11iii.nischrn, DAW, XII, "Wien, lf62, p. 237-257.
S67 Densusianu, ILR, p. 233-234.
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326 H. Mihăescu
qui, entres plus tard en contact a\·ec Ies Byzantins, re~urent un a bref a la
place du o bref ulterieur dans l'ortographe de leurs noms: :Exii.~~'1)'Jo!. (Scla-
'iJini); transmis aux Italiens, ils en firent: Schiavi, Schiavoni, ciao (ce demier
mat italien d'origine venitienne equivalait la formule de politesse (( votre ser-
viteur »). Compte tenu de ce que la Romagne est demeuree, comme on le
sait, sous domination byzantine, la transmission du nom donne par Ies By-
zantins am: Slaves s'explique dans le cas des Italiens de Romagne, d'ou
ce nom s'cst generalise en Italie. Du rcste, n'oublions pas que l'Italie meridio-
nale elle aussi est rcstee longtemps sous la domination byzantine (jusqu'a
la fondation de l'Etat normand de Sicile et d'Italie du sud).
Il r5sulte de ce que nous vcnons d'exposer quc le slave commun (proto-
slan) dc,·ait presenter un nombre plus grand de differcnciations dialectales
que celui cnvisage par Ies recherchl'S jusqu'a present.
:237. La languc roumaine l~tait parlee a\·ec toutes ses form"s regionales,
si l'on exc<:>pte, pcut-etre, les parlers morlacs qui SC trom·ent a la base de l'is-
tro-roumain, dans l'espacc territorial occupe par Ies tribus slaves aux parlers
de typc bulgare. Seuls Ies ancetres des Istro-roumains ont habite un territoire
ou devaient s'implanter par la suite des tribus sla\·es avec des parlers de type
serliocroate. Toutefois, pour ma p:1rt, je pense que la vallee de la ~forava a
pu etre colonisee au debut par les Sl;l\·es parlant un idiome de type bulgarc 574 ,
car ks clements slaves les plus ancicns de l'istro-roumain - dialecte qui a
du etre parle pour commencer justemcnt dans la vallce de la Morava- s'ave-
rent ele type bulgC1rc. Sclon ccrtains specialistes, la frontiere occidentale du
territoire de formation du p\?uplc roumain colnciderait avec l'actuelle ligne
de demarcat ion entrc le serbocroate et le bulgare; par consequent, ils ont iden-
tifi·: le vieux slave qui a influe sur le roum;:iin comme etant de type bulgare,
sud-danubien. Mais, en realitl:, l'espace de formation du p~uple roumain de-
passait vers l'ouest cette soi-disante frontiere, s'etendant jusque vers le bas-
sin de la Drina. 11 semLlerait dane que le vi~ux slave qni a influence le rou-
main n'etait pas de type bulgare uniquement, mais aussi de type serbocroate.
Cest l'\"Îdent qu~ l•:s elem"nts sla\'CS dn r'1U'l1,in s'cxpliqu~nt tout aussi bien
par le vicux slave de Dacic, que par celui de Bulgarie et du territoire serbo-
croatc (ou plutât du territoire serb,:), que l'influence des Slaves de Bulgarie
s'etait excrcee sur les Roumains du royaume bulgare medieval apres le xa
sieclc C't qtE' J'influencc du serbocroJte s'etait exercee toujours ~pres le xe
si(de sur Ies Morlacs.
233. Le lcxique vieux slan· de la langue roumaine a une double origine
1) sa majeure partie provicnt des parlers populaircs et elle est entree dans
Ies parkrs p::>pulaires roum:iins; 2) unc tres mince couche des elements slaves
releves dans Ies pJ.rlers popubires roumains provient du vicux-slave litte-
raire. c~r il est probablc que Ies voh·odats slaves fondes en territoire daco-rou-
main (au Bamt et en Transykanie) aux x:e ct Xle siecles aient adopte le
Yicux slave comme langue de culte et de chancellerie, î de meme d'ailleurs
que Ies voh·odats roumains de l'epoque. Apres le Xle siecle, la langue rou-
074
Ivănescu, ILR, p. 274.-275, 355- 357.
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Du latin au rournain 327
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328 H. ~lihăescu
Les parties dn corps animal et lmmain. Circă« epaule, dos•. cosiţă« natte,
tresse », costeliv « efflanque, etique, decharne •. crac «jambe de pantalon,
<lent d'une fourche », gîrb (< bosse, gibbosite », gîrbot• (I voute, courbe, casse ••
glc:11ă <( che,·ille », obra:: <( joue, Yisage, face», stfrv <! charogne, cadavre»,
stomac „ estomac », trup « corps ».
Logis, me11agc, co11structio11. Bdâttg (( anneau de metal, anel », blană
(( planchc », boltă « Youte », colibă <( chaumiere, hutte, cabane•. coş «chemi-
nee, tuyau de cheminee », coteţ (< poulailler, niche (a chien), soue (etable a
porcs) ». ţriidi11ă (( jardin », grajd <• (·curic, etablc », greblă (I râteciu I), gn:ndă
<( poutrc, :-;olin•, madricr », frsl<· « creche, mangcoirc », jar « braise, brasier »,
fras1i « chyon, claie», ogr1ldii « cour, enclos, basse-cour, verger », p1:v11iţă
<( can· », pod « grenier, cambie, g~letas 1>, poliţâ « tablette suspcndue, rayon,
Ctagerl' I), j>r11g (( SCUi} I), prispă « tcrr~SSl' l'l1 terre battue des maisOnS pay-
Sal1!1('S 1>, sticlă (( Yerre 1>, stîlj> « pilil'r, poteau. pilastre, colonne », temei <1 fon-
dation, base. fondcment », fcat•1i « tnbL-, tm·au. conduit •. zăbrea <1 barreau
d'um· grille 1>, :::ă'l·nr <( ,·crro{i, targl'ttc 1>, ::itl «mur 1>, dddr 'J ma<;on ».
T~a,mcnts. Ccrgi"i « com·erture, housse. bâche •. cojoc « touloupe i>. copCti
<1 agrafr, boucle, fcrmoir ». cn~m.i <1 bonnl't d"' fourrure •. 1:::m::ină (surtout
i:111c·11c-. plurale tantum) <( c;-ih-<;on 1>. nâdrti::,i <1 pantalon, chausse I), poal/t
« pa:1, basquc », pestelcii <1 tablier•. rufă <1 linge*· sum:in <1 bure, sarreau 1>,
ş11b,i (( pelissc fourrce 1>.
Objcts d'usll!;•-' co1trt111I. Blid « krrinc, assicttc •. âocan « martcau 1>,
cf,·>t: « tenaille ». cosor "serpc 1>, coşciug « cercucil, Lierc •. co~11iţă <1 corbillon,
cabas 1>, lan( "ch~·inc ». lopatii « pelle 1>, 11ic()j:11lă « enclumc •. perie (( brosse 1>,
P<·n:1i " or('ilkr, coussin 1>, pilc'i « lime I), plutei <1 radcau; liegc „,
ră::boi (de (ernt)
« mL·tier a tisscr 1>, rognjinc'i « paillasson, natte de roscau •. sl!1tic « train<>au »,
sfo,1ră « ficcllc, carde 1>, silii «sas, tamis I), stidâ <( bouteillc i>, strună « corde
d'tm instrument, cordc d'un arc, gourmcttc I), tocilă (l pierre a aiguiser I),
tni,ig <1 bâton, Yergc, bourdon », topor « hache I), < 0 adră « mcsure de capacite;
scau 1>, 'l't'ri~1i (( anncau, maillon, virole•>.
S!ntdurc sociafr el (,1milia/,·. B,dii'i <• ,·ic·ille kmme 1>, heicnic <1 exode devant
l'l'nncmi •>.boier<( boiard. ». circadti «troupe;iu de gros betaih·. coţcar (sens initial:
«flamlJL'ur; charlatan •>)«filau, escroc 1>. iscâli <( signer 1>,jupîn (pcut-etrc s'agit-
il d'un mot cmprnnte directcment a l'a,·arc) <• maître, messire, scigneur, patron,
chef 1>, m.1icâ ((mere, p2tite-mere, nonnc •. m:istcltă <• marâtre •. maşteră, idem,
lltll'i/1' (< YiC .'; Comportemcnt 1), ll(i.';1Sftl (( epOUSC I), llOl'Od (l peuple, popu};:>tion I),
ou~t(i}t' « collcctiYite 1>, obict'i <1 habitude, us. coutume », oân.ă « hoarie (terre
heriti~c ». pricim « ami ». rudii 11 p:i.rent », tâlnic1d <1 interprete, traducteur,
commcnta teur •>. ucenic « apprcnti », voievod <1 prince regnant; commandant
en chd •>. ::lăt:1r 1< orpailleur, bohemien nomade executant des ounagcs d'or-
fe,Tcric 1>.
Etats d' âme . q1talites m9r,1les. Blajin <• bfoin, affable, doux I),· âudă
<1 d~pit, cnvic, rage», destoinic « capable, adroit ». dîrz <1 temeraire, impe-
tueux, alticr •>. drag <1 aime, cher 1>, gîng~zv <1 begue •>. hî.tru «jovial, plaisant,
fu te 1>, :;rz}ă <1 souci 1>, groa::ă « terreur •>, gro::av « terrible; remarquablement •,
jalt- <• desolation 1>, lacom « gourmand I), lene « paresse ». milă <1 pitie, charite »,
milostiv « pitoyable, charitable •>, mîndru «fier, altier, beau, magnifique I),
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Du latin au roumain 329
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H. l\lihăescu
330
drc )), trăi: (<vine I>, treabă (< afairc, tra\"ail I>, /rea:: (( e\"eille )), trudi (( peiner,
torturer, trimcr », veste « nou\"elle 11, ::ăbavă « retard 11, ::ăbovi (< s'attarder 1>,
::ări <( apercevoir 1>, ::drobi <c briser, fracasser, broyer li, ::gîrci « (se) crisper,
lesiner 11.
Realites m:itc5rielfrs. Dungă « raic, pli t, griimadă <( amas, rnultitude,
grande quantitc li, sprijin «a ide, soutien •. stavilă <( obstacle, traverse, bar-
rcige &, vraf «tas, monceau, pilc•.
Mesures du temps et des quantites. Ceas <• heure, montre t, răstimp « in-
tcrvcille de temps, repit •. sfert <( quart •. sută «cent t, veac « siecle &, vreme
(< temps 1>.
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Du latin au roumain 331
AYant le xn·,. sieclc, ils avaient fondc dans ces contrees des unites politi-
qucs supericures a celles des Daco-roumains <le la 1!1ei:ne epo9~e, qui ne ccn~p
taicnt <Jlors quc de petits voi\"odats, a\·cc un terntoire limite. Les Roumams
des Balkans ont pris part a la creation de l'Empire roumano-bulgarc. Ceux
de la region <lu Pindc ct de Thessalie, territoirL'S qui au XIV'' siecle portaient
cncorc le nom de l\le:y(il-"I). B:Aocx_b:, d'Etoile ou d'Akarnanie ou se trom·ait
la ~hzpcX; B:Aocz~x. ancetres indiscutaLles des Aroumains actuels, sont par-
wnus a s'assurer une place a part au sein de l'Empirc byzantin. Enfin, dans
l'cspacc croate, lcs Morlacs ( < Mocupl,~i.~zoL) knaient ele \·astes terri-
toires (cf. celui <lenome Roma11(fr), sans qu'ils aicnt fonde pour autant une
organisa tion politiquc indi,·idudlc .
.:\ part ir <lu XIP sieclc, le pcupk roumain et sa langue connaitront
au nord du Danu Le un dl'.·\·cloppeml'nt supericur.
:242. Les cherchcurs specialises dans I' etudL· du roumain ont delimite
plusicurs phascs de denloppL·ment de ccttc languc, a sa\·oir. 1) une phasc au
cours de laquelle, les clialcctcs daco-roumain, aroumain, rnegkno-roumain
d istro-roumain beneficiant d 'unc cont iguite territoriale ct d'un contact
direct entre cux, la lang-ue prescntait unc grande unite: c'est la phase
du roumai11 co1111111111 011 pri111it1f (des origi111·s au x·· si(·cle); 2) unc phase pen-
dant laqul'lk se sont dC'ssint's ks traits caracteristiques clu dialecte daco-
roumain, qui <le son cote offrait um· granck unite linguistique, tout en se
distinguant nl'itemcnt des cliall'cks su<l-danuliicns; c'cst la phase du daco-
rr111111,1i11 ro1111111111 011 j>ri111it1f (X''-X\''' siccks): 3) la phasc de la differen-
ciation dialectale ( = territoriale) du daco-roumain (a part ir du XV" sieclc).
Bim qu'aucun des spfrialistes qui s'e11 sont occupes 11c l'affirrne de fa<;on
l'Xplicill'. il l'st e\·idl'nt qul' pour eux lcs phzises n·spl'cti\"cs de la langue rou-
maine comportl'11t d(' ndtes diffl·rcnccs d'ordrl' structural.
Pour ma part, j'ai ahouti ;L la co11clusion qul· b clifferL·nciation dialec-
tale du l"OUl11ai11 l"l'l11011tl' ;L :'011 epC>t}UC' tk fornntion 111eilll', c'cst-a-clire qu'on
pourrait la sit11L·r aux VIIl"-lX" ::-it·clcs, epoque ou cdte differcnciation
L··tait dl' lwaucoup plus ma11ikstl' qu'on le p·,·nsc gC·nl-ralemcnt 575 • Jc cro1s
donc c1ue la langue roumai111..· a\·ait subi, notamml'nt a\·ant le X" siecle, de
110•11lll"l'Uscs cliffen:11ci;1tions diall'ctales ct qu1' certains sous-dialcctcs daco-
rommins prl'.·sl'ntairnt <lC·ja ;L la <litc l'.·poqul' bon nomhrc de faits communs
a,·,_·c Ies <lialccks sud-<lanubiL·ns. J'ajoutcrais aussi que la separation cntre
le:-; Daco-roumains l't Ies Roumains su<l-<lanubiens, qui cut lieu par la
sla,·isation <le ccs-<l:rniers ou p~Lr un changL·m_·nt J.'habitat (un mouvement-
m•.'.-tanastasiqu_·), ph·~·nomenl' se situ:rnt \"ers la fin du moyen-âgc et Ies de-
buts des tcmps m')d•511L's, ne rcp:·esl'nte que l'une clL·s causes de la <liffercn-
cizition territoriale du roumain, um· des cau:;L·s <le la differenciation intcr-
nnuc ;t l 'epoquc moderne. Or. la perio<le <ll· la grande di\'ision linguistique
cntrc les Roumains nord- et ks Roumains sud-danubiens coincide en fait
a\'cc celle Je la fondation <lcs Etab roumains de Valachie et de Molda\'ie,
e\'enement capital pour le <lenloppL'ment ultericur du peuple roumain et
m Ibidem, p. 285-329.
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Du latin au rc,umain 333
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VI. LA LITTERATURE B YZANTINE, SO URCE
DE CO:\INAISSANCE DU LATLV VULGAIRE
Histm·ic1ue de la 1·eehel'(•be
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La litterature byzantine, sonrce de connaissance du latin vnlgaire 335
244. Les premieres recherches sur Ies elements latins du grec sont dues
aux lexicographes. Des 1601, Nicolaus Rigault enregistrait dans son Diction-
naire de terminologie militaire byzantine un certain nombre de termes de pro-
venance latine ou barbare, inconnus jusqu'alors en Occident 2 • Un progres
decisif fut realise ensuite par le celebre lexicographe franc;:ais Du Cange, dans
son Glossarimn ad scriptores mediae et injimae graecitatis (Lyon, 1688). Par la
suite, E. A. Sophocles a considerablement amplifie la base etablie par Du
Cange, surtout en ce qui concerne la litterature anterieure au Xle siecle (Bos-
ton, 1870). D'autre part, la publication methodique des inscriptions grec-
ques, qui comprenaient de nombreux elements latins - analyses par l'epi-
graphiste W. Dittenberger en 1872 3 - ouvrait des perspectives nouvelles.
Vingt ans plus tard, un auteur du nom de Microyannis (probablement un
pseudonyme de Jean Psichari) faisait dans la revue athenienne 'Ecr-doc. 4 une
timide tentative d'information, plutât dans des buts de vulgarisation. Dans
le volume de Jean Psichari publie a Paris en 1892 5 on a inelu l'etude de L.
Lafoscade intitulee lnjluence du latin sur le grec, qm comprend Ies chapitres
suivants: contacts militaires, contacts officiels, la contagion du latin de Cons-
tantin a Justinien et causes de la resistance du grec; mais cette etude repre-
·sentait plutot un historique des rapports latino-grecs qu'une analysc de mate-
riaux concrets 6 • Dans ce meme volume de Jean Psichari a paru egalement
une contribution de C. C. Triandaphylidis, Le lexique des mots latins dans
Tlteophile et les Novelles de ]ustinien; etant juriste, et non linguiste, l'au-
teur s'occupait specialement du contenu juridique des empnmts 7 .
Des precisions d'ordre linguistique ont ete fournies par Ies inscriptions,
ainsi que le montre l'ouvrage de Th. Eckinger 8 , et par Ies traces laissees dans
le neo-grec, phenomene etudie par Gustav Meyer 9 • Notons encore une ten-
tative peu reussie, faite en 1896 par Gustav Korting 10 , d'esquisser lcs rap-
ports entre le neo-grec et Ies langues romanes; mais il etait difficile a cette
etape des recherches d'avoir une vision juste a ce sujet. Des decouvertes et
des materiaux nouveaux dans le domaine des elements latins de la littera-
ture byzantine ont ete fournis surtout par Paul Kretschmer 11 et par Karl
Dieterich 12 . Une liste importante des mots latins rencontres dans Ies manu-
2
Nicolai Rigaltii Glossarium Tixx·nxov µ~~o~&.p~ixpov. De verborum significatione, quae
ad novellas imperatorum qui in Orientc post I ustinianum rcgnavcrimt de re militari constitutiones
pertinent, Paris, 1601. ·
3 Romisclze Namen in gricclzischen Inschriften, « Hermes», 6, 1972, p. 129 - 155,
281-313.
4 Tome 2, 1891, p. 49-52, 65-68.
5 Etudes de philologie nio-grccque. Recherclzes wr le diveloppement historique du grec,
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336 H. :'llihăescu
scrits grecs sur papyrus d'Egypte,Tutile aussi par ses_ indic~ti?ns_ d:ordre chr~
n?logique' _a. ete ofţerte par ,c. "· e~sely 1_3 . L~ terrnmolo~IC )Und1que et :eh-
g1eusc d'ongme latme dans 1 admm1strahon d Et~t d~pu!~ 1 epoq_u: cl~ss1q~e
jusqu'a Justinicn, puisec da~s Ies textes ,et Ies m~cnI?hons, a ete _presentee
methodiquement p~r I?· }lag1~ d~ns ~on etud,e 14 s~ utile cn _ce qm concerne
l'ancienncte et l'h1sto1re des mst1tut1ons de 1 Empire byzantm. Les ounages
de M. A. Triandaphylidis 15 et de St. \'. Psaltis 16 , quoique incomplets, sont
bien faits et indispcnsables.
:M<l. l-n progres Yi:;ibk a ete realise apres la Premiere Guerre mondiale
par ]a participation d'une seric d'erudits de Ya}eur dans des domaines \"aries
de la recherche: c·pigraphie, papyrologic, philologie classique et byzantine,
linguistique romant' t't slaw, histoire dl'S institutions et de la culture. Par
l'ounagc de Ch. Dottling li, la papyrologie a fourni des precisions au sujet
de la morphologic du latin. Le lcxique des manuscrits sur papyrus a commence
a etre enrcgistrc methodiquement dans le dictionnaire de Friedrich Preisig-
kc ct Emil E.icssling, instrument de traYail indispensablc pour l'etude des
elements latins du grec ancien ct mCdihal. Des complements utiles a cet
ounagc ont ete apportc's par B. l\Ieincrsmann 18 , Ad. \Yilhclm 19 , A. Came-
ron 2o et R Cawnaille 21 . Cc dernier fait une obscrYation tres juste: « Bien
loin de Yoir dans Ies cmprunts ]atins une sorte de deshellenisation du grec
d'Egyptc, il faut considercr quc, grâcc aux empmnts ]atins, le grec est reste
unc langue de communication Yraiment unin·rscllc, mieux adaptee encore
a sa fonction de langue administrative de l'Empirc d'Oricnt I) 22 .
)ks resultats rcmarquables ont ete obtenus par l'application de la
methodc interdisciplinaire, faisant appel aux connaissances de philologie
byzantine, de linguistique romane et sla\'c, d'albanologie, de toponymie, de
geographic linguistique et d'histoire de la culturc. Petar Skok (1881-1956)
a analysc un grand nombrc de faits et a ou\'ert des perspectiYes nouvelles 23 •
Gerhard Rohlfs a etudic cn dctail Ies îlots linguistiques grecs de l'ltalie me-
13 ])i,· Talci11ifrh<11 E/111;111f,· in 1.'1r Gră:ităl dcr ăr:yfti~<hrn l1afy111s11rk1mdrn, \VSt
Basci, 1920.
n Die lateinischc11 li' urltr 1md J\'amcn in drn grieclrisclrm Papyri, Leipzig, 1927.
19 Latci11isclre H'orta 1n fi:rirclrischm lnscliriftrn, \\.St, 46, 1928, p. 227-232.
20
Lulin Words i11 tlre Grak l11scriptions of Asia .Ui11or, •American Journal of Philology •.
52, 1931, p. 232-262.
21
lnflurnce luti11e Sllr fr vocabulaire gra d'Egypte, oChronique d'Egypte &, 36, 1951, n° 52.
p. 391 - 404; QuclqHcs aspec/s de l'appo1l li11gllistique du grec ou latin d'Egypte, • Aegyptus •.
32, 19.'il, p. 192-203.
2 2 <• Aegyptus •, 32, 1952, p. 203.
23
Ortrna mrnst udicn .::11 De admlnlslrando Im perlo des Kaisers Constantin Porphyrogcnnetos,
•Zei tschrift ftir Ortsnarnenfor~clrnng », "1, 1928, p. 203-2 H; By::ance comme cc11lre d'irradiation
pour les mots latins des lang11cs balkaniqucs, Byz., 6, 1931, p. 371-378; De l'importance des
lis.tes .topo11y11~iq11es de Procope po11r la co1111aissa11ce de la latinite balkanique. Remarq11es prili-
nimaircs, RIE13, 3, 1936, p. 47-511.
https://biblioteca-digitala.ro / https://www.acadsudest.ro
La litterature byzantine. source de co!rnaissancc du latin ·rnlgaire 337
246. Pour mieux faire comprendre Ies choses, nous exposerons succin-
ctement Ies rapports exterieurs entre Ies deux grandcs langues de culture:
le grec et le latin. Pendant plus de sept siecles de coexistence dans l'Empire
romain, Ies deux grandes langues de culture de l'Antiquite ont exerce une
influence reciproque et ont contribue a la creation de la terminologie scien-
tifique, litteraire et artistique. Par l'intermediaire de l'administration ro-
maine, Ies productions spirituelles des Grecs ont acquis une nouvelle valence
et se sont etendues sur une aire imrnense, en constituant ainsi Ies fonde-
rnents de la culture moderne. A son tour, le grec a emprunte environ trois
mille mots d'origine latine dont la grande majorite a survecu dans la littera-
ture byzantine, tandis que plus de deux cents continuent de vivre en neo-
grec. La categorie la plus nombrcuse est constituee par la terminologie mi-
24
G7iechcn und Romanen in Unteritalien, Gcn1be, 1924; Scavi linguistici nella ."\lagna
Graecia, Halle- Roma, 1933; Neue Bcitrăge zur Kenntnis dcr unteritalicnischcn G7iizitiit, (l\liin-
chcn, 1962.
25
Zum Kampj der Weltsprachen im Ostrămischen Rcich, Helsinki, 1935 (reimprime: Am-
sterdam, 1965); Das lateinische Lehnwort in dcr gricchisrlun Hagiographie. Ein Bcitrag zur Ge-
schichte dcr klassizistisclzrn Bestnlungrnim X. jahrhundcrt, EZ, 37, 1937, p. 302-344.
26
La lingua latina nell'antico Egitto, dans le volume Egillo modtrno c antico, l\lilano,
1941, p. 303-329.
27
Il lessico latino nel greco d' Egitto, Barcelona, 1971 (Papyrologia Castroctaviana. Studi
et textus, 3).
28
Contribuţii la studiul latinei orientale. Asupra elementului latin în ncogreacă, SCL, 12
1961, p. 495-513.
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338 H. :Mihărscu
29 Fr. Kaufmann, A11s der Sc/1ul6 des W11lfila: Auxeolll Dorostorensls Eplstula de flde,
,·Ita et obllu \Vullllae im Zusammenhang mit der Dlssertatlo Maxlmlol ron tra Ambroslum,
Stra.ssburg, 1899, p. 74: Graecam et latinam ct goticam linguam sine i11termissiv11e in una et sola
ecclesia Christi pracdicavit.
ao Vicenti Lerinensis Commonitorimn, c. 11; Socrates II, 29; Sozomenos IV, 6, 7 et 16;
O. Bardenhewer, Geschichte der altchristlichm Liteiatur, Freiburg, 1912, vol. III, p. 123; J. Zeil-
ler, Les origines chretiennes dans les provinces danubiennes de l' Empire romain, Paris, 1918, p.
293.
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La litterature byzantine, source de connaissancc du latin ·rnlgaue 339
31 Cod. Just. VII, -45, 12: Judices tam Latina quam Graeca lingtta scntentias proferrc pos-
sunt.
32
Cod. Just. V, 28, 8: Tutores etiam Graecis vcrbis licet in testamentis relinquere; VI, 23,
21: lllttd etiam hi1ic lfgi perspeximus inserend11m, ut ctiam Graece onmibm liceal teslari; VII, 2,
H: Directas libertates Graecis verbis liceat in testamc11tis rclinquere ...
33
Ioannis Lydi, De magistratibus, II, 2; III, "12.
34
Constantini Porphyrogeniti De cerimoniis I, 9"1: xcd txpix~ov, o µb 8·[.µoc; 'EH"l)vtcr-
·d„. o[ cr•pix-;twTIXt 'PcuµafoTL
30 Novella VII, 1.
30
loannis Lydi, De magistratibm III, 68, p. 159 (Wuensch): Tei. .fi~ 7te:pl -r~v EupW7t1JV
7tpixn6µe:vix 7tiiv-;cc ·~v iipxcct6,·r,•cc 8te:~u/.ix1;e:v E:1; chiiyx"l)c;, 8tcY. To -;o•:..:; ccu•"ijc; otx ~wpixc;,
xixl7te:p "E:>.J.71vixc; h -;o1 7ti.dovo:; 0'J'7!X~, -;·~ -rwv 'I7ct:Awv cpGtyys:crDctt qicuv'ij, xixl µiii.~o--rix
-rouc; 87]µocm;uovTixc;.
37
Gregarii I Papae, Registrum Epistolarum, edd. P. Ewald et L.M. Hartmann, Berlin,
1891-1893, VII, 27, p. 474: hodie in Constantinopolitana civitate, qui de latino in graeco dictata
bene transferant n~ sunt; VIII, 29, p. 476: quamvis graecae li11g11ae nescius; XI, 55, p. 330 nam
nos nec graecae novinms . ..
38
W. Schubert, Justinian und Theodora, Miinchen, 1943, p. 2H.
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340 H. :.\Iihf,escu
"
9
Eu~c·l1ii, l"ita Co11s/c111ti11i, l\", 13 ct 35.
10
· Thl'mist. Or,1/. IX. 126 b; Liban. Epist. ti65 et 1106; Urni. I, 156 .
.u .-\mmian. l\larcdl. X\", 13, l: Jac1111di scn11,111is 11t1·i14sqm cf,irus, 1111de s11blimi11s quam
sf'aabatur du xii.
~~ Sozum. IX, 1, 5.
43 Diu Cassius 3S, 13: 7~ fociq:t;..ci %c.i.i.·i;ytci btzw;:.i<.d:; %'.XÎ.c.•)µe:n; 49, 36: i:; 7tcivvo•J~
imz<..,;,[w:; :.:wc; %et-:-ci-:-i(J.llV1-:-e::;; luliani i111p. M1sopog1111 ed. F. Hartlein, Leipzig 1875, I, 476,
21: 11u•1 µup(c.·J~, 0-,:; imz<:,;:~011 io-:-t i.c.t7:"C.11 (,11oµii.~e:t11 1..1.c.Blo•J:;; loann. Lyd., .Mag. I, 7: -:-011
at 9;;611011 cr6i,to11 bnzw;:[«,:; ~,11lµa~e:11 &.11-:-i 7c.'j crEi.i.~011.
H Thcophyl. Sim. I, I, 3: 70U7011 rntzwpL<.:1 'l'w1..1.etfot yw11·r. &.7:0%ClÎ.oucrt XUClLcrTopet;
II, li, 4: ~et~c.•Ji.<'11-:e: 8~ %et11cii.to11 ... e:mxwp(<.:1 7t;:.'1cr"fjyc.p(q. -:-t11l; li, 4, 1: -:-·~11 &.itocrxe:u·~11
ize:t;:.<.:icr:x-:-o, ·(;, a•'.i11r,8e:~ 'l'wµo:(ot; -:-·fi ir.tzwpl<.:1 <pw11·(. -:-c.'ji.8011 q;fle:yyo1..1.e:11c.~; Theophan. p. 258,
16: -:r;'J ~e:crrtr~:--~'-'· .. -;:~uO"ywve:l --:0v q:i0~-:0'J. civc..~ DW'7:xl -:·(, :--=:c:~W~ ~w'r{, --:l~vl:J., -:-lpvo:, q:>~&:-;pe:;
C"nst. Porphyr. lJc thcm., 1, 24-25 (l'crtusi): 1.iai.u:i-:-et zi.i:r,•1[~r,•1-:-e::;, %eti -:-·~11 mi-:-pto11 %eti
pw1..1.:x·tx7)·1 yi.w-:--:-r:t.•1 D.;ro ~eti.l11-:e::;.
~ 5 L. Hahn, Z11111 Sfrachrnkampf im romischc11 Rcich bis a11f dic Zeii ]11stinia11us, « PJ.u-
lologus •>, Snpplementband 10, 1907, p. 675- 798; H. Zilliacus, Zum }{ampf dcr Weltspracheu
i111 ostromisrht11 Rciclr Hdsinki, 1935.
48
G. Dagron. Aux origines de la civilisatio11 by::a11tine: la11g11e de cu/ture el la11gue d'itat,
<• H.c·111e histnriquc •>, 91, t. 241 ( 1969), p. 24: « La mutation linguistique prcnd plus de deux sie-
cles. Partir de !'idee d'une ri·1a1ite entre le latin ct le grec c'est partir d'un mau·1ais pas. Le grec
ue l'emporte pas sur le latin, il 5(' su!.:stitue a lui,._
47
Procop., Hist. arc. 20, 17.
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La litlcrature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 341
ainsi que dans Ies provinces danubiennes, la langue latine devait se mam-
tenir bien mieux.
248. Priscus Panites, l'ambassadeur byzantin ă, la cour d' Attila en
Pannonie, allait constater en l'an 448 qu'on y parlait trois langues: le hu-
nique, le gothique et «la langue des Aussones », c'est-a-dire le latin, cepen-
<lant que le grec n'etait compris que par les prisonniers de guerre originaires
<le Thrace et de l'Illyrie 48 . L'ambassadeur avait pu s'cntretenir en latin
avec l'un des hâtes de la cour 49 • Se produisant devant lcs convivcs, l'ac-
teur Zerkon, originaire de Mauritanie, parlait un melange de hunique, go-
thique et latin, afin d'obtenir des effets comiques 50 • Un des secretaires d' At-
tila, Rusticius, venait de Mesie Superieure ct un autre de ses secretaires,
Constance, faisait partie des Romains d'Occi<lcnt et avait ete cede au roi
par le general Aetius. Fort probablement, ces secretaires redigeaient Ies do-
cuments de chancellerie en latin, car (c'est Priscus qui le dit) « il n'est guere
facile pour quelqu'un de parlcr le grec » 51 . Selon Procope de Cesaree, un
prisonnier originaire du territoire de la Roumanie actuelle, connaissait en
545 la langue latine 52 . Le fait que Ies nom·cllcs lois ( 11ovcllac) promulguees
sous le regne de Justinien (527-565) etaicnt redigecs cn latin pour Ies pro-
vinces danubicnnes ct l' Afrique du ~ord, rnais cn grec pour le reste de
l'Empire atteste la preponderancc de cette derniere languc 53 .
On constate aussi un changement graduel quant a la maniere dont
sont designees les deux langues. Avant la di,·ision de l'Empire le grec etait
appele « la langue hellene ou hellenique » (" El.i.·IJ'' ţ;(•)V -~. 'Ei.i.-IJ'' [i; i>c.u'r~,
'E/,).·IJvLx.~ "'(1.waact., 'Ei,/,-~'J(o)'J cpwv·fi); « parler le grec» s'exprimait par
'El.l.·IJ'!L~w,, 'E/,i.'IJ''Lx.w; ou 'E/.i;IJ·ncr•t 5 ~. A cette epoque, le latin etait
<1 la langue des Romains » (' Pwwdw ţic.u'r~ ou yi.0rncrct.) et <1 parler le latin»
1'
48
Excerpta dr !rgatio11ilms, ed. C. de Door, Derlin, 1903, p. 135: ~-~/.o':icrt'1 ·i) '~v Ouvvwv
Yi ··tiv ro,f}(oJIJ1i z:d -;·r,v AucrQVWV .••
49
Op. cit „ p. 145: l 7'X?ctzc.c&·IJµe:vo::; ~ii?~cx;io:; cru'1Ld:; -;·?,::; A •JGOVtC.JV c;iwv·r,::; ...
50
Op. cit„ p. 145: •·ii yap A•)croviwv -:-·iJv -:-& 11 O•:lv·1wv xo:t -;·fiv 1'6·d>wv 7tixpo:µLyu::;
y/...w7-;w1.
Op. cit„ p. 135: ou po:~'ltw::; -:-L::; E:H"t)'J[~e:\ -;fi ?Wv·fi.
51
52
Procop., Bell. 7, 14, 36: ,-r,v -;e: „'\.1X-:-tvov cicpLElj71X 9wv·(,v.
5
:1 L. \\"agner, Dic Quetlen des i·omischrn Rechts, \\"ien, 1953, p. 660: I< Wenn so cler Latein-
gebrauch bei No·1ellen einer l\fofr1ierung bcdi.irftig scheint, zeigt schon diese Tatsache, class
die alte ri.imische Staatssprachc clic .Ausnahme im byzantinischen Reiche trotz aller Romantik
Justinians geworden ist».
01
· Xcn„ Cyr. 2, 3; A11ab. 7, 3, 25; 7, 6, 8; Thuc. 2,68; Acta Apos/. 21, 37.
55
FI. Joseph„ Bell. lud. 2, 20, 3 (562); App. Ha1111. 41; Cels. Orig. I, 1573 Migne; P!ut.
-Crass. 27.
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342 H. l\liMescu
v),wcrua:) <1 langue des La tins» (AC1.·dvwv c;:.w·1+,), « langue des Italiques t
('1:-a:i.c7l·/ rriw•rfi) 56 , ou « langue des Aussones & (A ·:Jcro·1 iw·1 9cuv -~, _.\ ·:Ju0vLc;
8Loci,s:x.:-oc;) s;_ Cette derniere expression est attestee pour la premiere
fois avec ce sens-la au ye siecle. C'est de cette fa<;on que le temps aidant de-
vait naître l'opposition 'Pwµ.7.~0~ (avec l'acception de « citoyens de l'Em-
pire byzantin 1>) - '1:-::i.i.r,!. ou A::J~l·1~r,L (avec_ l'ac~:ption,, d~ <1 _habitants de
l'Italie ou locuteurs de langue latme 1>) ••.\u Xlle s1ecle, I ecnvam Anne Com-
nene entendait par ~c..);..i.::r.·~~sw la langue officielk de l'Empire byzantin de
son epoque, c\·~t-a-dire la ]angne grecque 5 ~.
68 Lit.. 01. 1, 256; 2. H; 49, 29; Ep. 2.38, 2; 363, 1; 951, 1; Sozom„ 1, 9, 2
(o[ lTci).~XL 'Pwµ'Xfot); 2, 3, 6 (r,[ i:·1 T:-cti.h 'Pwµctfot); 7, 9, 3 (o[ r.~e:cr~1j7e;;:ot 'PwµIXioL);
Procop„ Brll. 6, 3, 11; 7,14., .36; An. 6, 1.'i; De atd. 4, 1. 19; 4, 5, 11; 4,6.16;Ioann. Lyd.
De mag. 3, 68. p. 159, .'\; 3, 73, p. 166, 5; Theophyl. Simoc. Hist. 1, 5; Nicephori Opuse.
hist„ ed. C. De Boor. Leipzig, 1880, p. 49.
57 Priscus, p. 135 et H5 (De Boor); Ignatii Diaconi l"ita Siaphori ed. C. De Boor, Leip-
zig, 18SO, p. 144. 9; Const. Porphyr. De cerim. II, 18, p. 606, 12; Ioannis Tzetzae Historiac, rec.
P. Leone, Napoli, 1968, 1, 727; 3, 105; 5, 566.
58 Ann. Comn„ 7, 8, 3, p. 111, 19 Leib: ol SE: i:•170:; To:jpxot fle::mxµe:voL TO ye:yovo:; xlXl
i:yvwxc'.i-:-c~, C:,c; cX'l\/7tlcr':'IX70l 71XL~ C.pµ1Xî:; ol • PwµIXLoL dcrtv, d:; ti.e:o'I -;f,\I 'rW\I al'!'cI'l'TWV-
El't'e:z.cti.ou\l':'O z.•j;:tov pwµctt~0v-:e:~.
59
C. Jirecck, <• Archi·1 fiir !'la·1isrhc Philologie •. 15, 1893, p. 98; Die Romanen in dtn
Stădtrn Dalmaliens wăhl't11d des l1litttlaltos, \\'icn, 1901, ·rnl. I, p. 13; Gcschichtc der Scrbrn,
Wien. 1911, ·101. 1, p. 38.
eo OR, t. 1, p. 70- 72.
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La littfaature byzantine, ~ource de connals~ance du latin vulgaire 343
septentrionale de l' Al ban ie actuellc devait rentrer dans la sphere d' influence
du latin 61 .
Puis, avec le temps, on s'est rendu compte que la question de cettc
frontiere linguistiquc s'averait plus complexe que prevu, car on a constate
la presence de plusieurs îlots de langue latine, de Philippi jusqu'a Patras et
Corinth, des zones mixtes a l'est de Scupi, entre Mihailovgrad (l'ancien Mon-
tana ou 1\Iunicipium Montancnsium), Pleven et Teteven, entre Nicopolis
ad Istrum et Marcianopolis, etc.; d'autre part, les inscriptions grecques com-
portaient un grand nombre de noms romains, cependant que parfois aussi
les toponymes de la region comprise dans la sphere d'influence grecque
etaient d'originc latine. Enfin le rapport entre le deux langues n'est pas reste
le meme a chaque epoque 62 . Afin de micux souligner la limite entre les in-
scriptions grecques et cdles latines, l't~minent savant autrichien Carl Patsch
suggera en 1932 de dresser le repertoirc complet des localitcs ayant livre des
inscriptions latines et des inscriptions grecques comportant des noms latins,
dans le but de saisir plus facilement la diffusion de la langue latine a l'aide
des cartes 63 . Nous avons tâche de repondre a cet appel, au moyen des artic-
les que nous avons publies dans Ies numeros de la « H.evue des etudes sud-
est curopeennes » des annees 1971-1973, ainsi que par notre livre intitule
La langue latine dans le Sud-Est de i' Europe ( 1978). La limite entre les deux
domaines d'inscriptions ne saurait d'aillcurs etre consideree comme une fron-
tiere linguistique ou ethnique, mais comme une ligne ideale de separation de
deux cultures (la grecque et la romaine), montrant jusqu'ou arrivaient leurs
influences respectives; entre les deux langues îl existait une bande de ter-
rain ou l'on parlait l'illyrien et le thrace, de sorte que le grec ct le latin ne
.se trouvaient pas en contact direct. C'est sans doute ce qui expliqt.e le nom-
bre reduit d'emprunts faits au grec par le latin danubien, qui est a la base
du roumain.
250. Afin de ''aloriser avec succes Ies textes bvzantins, il est neces-
saire d'etablir une serie de criteres et de normes, car· partout l'on se heurte
a des difficultes de nature formelle tels l'orthographe et l'accent des mots
d'origine latine: ni les manuscrits, ni les editions plus anciennes ou meme
moderncs n'offrent aucune uniformi te dans ce domaine; c'est pourquoi il
com·icnt de chercher d'autres points d'appl1i pour arriver a plus de certi-
tude et pour proceder dans un esprit de suite plus marque.
Les elements empruntes au latin se sont integres au systeme de la lan-
gue grecque et ont suivi ses voies de developpemen.t. Jusqu'au 1ve siecle a
61
P. Skok, Byz., 6, 1931, p. 371; ZRPh, 54, 1934, p. 179.
62
B. Gero·r, La romanisation entre le Dan11be et les Balkans, « Annuaire de l'l.;niversite
<ie Sofia o, 48, 1951-1952, p. 326-331; n. Rubin, Das Zeitaltcr justi11ia11s, Berlin, 1960, t.
1, p. 83; Die lateinisch - griechische S prnchgrrnze a11f de1' Balkanhalbinsel, B J, Band 40, 1980,
P· 147-165; Mihăescu, Infl gr., p. 31; V. Beiievliev Unterrnchungen iiber den Personennamen
.bei den Thraken, Amsterdam, 1970, p. 92-124.
63
C. Patsch, Die Verbreit11ng des Riimer-imd Romanentunrs in l>Iazedonien SA V.'
214, 19?~· p. 160: « Es bedarf einer besonderen, eindringenderen Behandlung mit kart~graphi~
-scher F1z1erung der Fundorte lateinischer Inschriften und der griechischen mit lateinischen Na-
men •·
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314 H. )li hăescu
64
M.G. Bartoli, Roman iac 'Pc..i;.i.:zvi:x, rlans So·il(i varii di crudi::ionc c di criCica in onort
di Rodolfo Rcnie1·, Torino, 1912, p. 981-999.
6
~ H. Mihăescu, Les cl1'm~11cs !atins des „ Tactica-Strategica" de llfauria-Urbicius el /eur
ceho rn iiiv-g1.c, dans RESEE, 6, 1961'>. p. -483--498; 7, 1969, p. 155-166, 267-280.
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La litteraturc byzantine, source de connaissancc du latm 'lulgaire 345
251. Il existe pourtant des cas ou Ies copistes des manuscrits font preuve
d'inconsequence. Prenons par exemple le mot &afo-:-p'.Y.":O'J (pl. «~fo-rp0'.70'.),
terme militaire que Ies soldats pronorn;aient tres probablement &a:::1J7p&.-:-o''
(&a:::cr-:-p&.,oc). fOmme en latin. Ce terme apparaît dans le Strategfron de Mauri-
cius, dans le Chronfron Paschalc (rediges l'un et l'autre vers 630) et dans Ies
ouvrages de strategie de l'empereur Leon YI le Philosophe (ecrits au debut
du xc siecle), mais il n'existe pas en neo-grec. Les dictionnaires de Du Cange
et de E.A. Sophocles expliquent l'etymon du mot par l'expression latine ad
dextram. Le verbe addextrare, absent dans Ies sources antiques est atteste
tardivement, apres l'an 1000, avec le sens de « conduire a pied un cavalier
par la bride, tenir la bride d'un cavalier en marchant a sa droite » 66 • Le parti-
cipe dextratits ne se rencontre que rarement et est parfois confondu avec des-
tratus (de desternere). Les derives de dextcr etaient en general peu nombreux
et plus sporadiques encore etaient Ies formes du parfait ( destravi) et du par-
ticipe ~destratits) du verbe destemcre. Ce fait impose une analyse plus detaillee
des rares attestations dont on dispose, afin d'obtenir un point de depart pour
la comprehension du terme technique de la litterature byzantine.
Dexter avait les sens suivants: 1. « droit » (oppose a sinister) 2. « qui
vient du câte, droit, fa,·orablc, de bon augure »; 3. «celui qui sait se servir
de sa main droite, ha bile, capable ». Ses derives etaient: dcxtella, dexteritas,
dextralis (semris), dextrale, dextraliolwn, dextrorsmn, dextratus, dextrator et
dextratio. Pour le premier sens, dexter se trouvait en concurrence avcc directns
(cf. r. drept, it. diretto, fr. droit) et a ete supplante par celui-ci dans la langue
parlee, tout en se maintenant par-ci par-la, avec certaines significations, dans
les langues romanes. Dare dextram ou dextras signifiait « donner la main, con-
clure un accord, un contrat »: le mot roumain zestre « dot » est facile a expli-
quer par le pluriel dextrae. Le verbe roumain a înzestra « doter » pourrait nous
inciter a reconstituer un hypothetique verbe latin iudextrare, mais pas neces-
sairement, car a înzestra a tres bien pu se former dans le cadre de la langue
roumaine, a partir du substantif zestre. Chez le poete Claudien (24, 7; 25, 128),
on lit les vers: dextram complexa viri dextramqite pitellae tradit et. . . sancit
conubia. Le pluriel dextrae avait aussi le sens de « auxilia, copiae »:acâpe de-
1.10tas extema in proelia dextras (Lucain 3, 311), ·i:idet pugnaeque avidas accedere
dcxtras (Silius, 12, 351), proque omnibus armis dextrisque recentibus (Silius
16, 18). Le participe passe dextratns se rencontre dans Ies ecrits d'arpentage:
ager dextratm (274, 4), pars dextrata (291, 7), in dextrato agro (290, 18) 67 • Le
derive dextrator (< qui rebrousse le chemin ou s'enfuit a droite, habile)) apparaît
une seule fois, en tant que terme militaire, dans le discours tenu par l' empereur
Hadrien devant les troupes de Carnbaesis (Afrique): Difficile est cohortales
eqttites etiam per se placere, dtfficilius post alarem exercitationem non displicere:
alia spatia cam pi, alius iacitlantium numerus, freqitens dextra tor, C antabricus
densus, equormn forma, annormn cult11s, pro stipend1·0 modo 68 . Le participe
66 Xiermeyer, p. 17.
67
Gramatici 1:ctens, ed. C. Lachn;ann, Berlin, 1848, t. 1, p. 27'1, 290, 291.
68
Oratio H[1driani ad exercitum, CIL, \"III, 18042, fragment l, 6-7.
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346 H. l\lihăescu
dextrat1ts dans le sens de <c droit, habile » est atteste dans une imprecation
magique ecrite en grec a l'intention d'un cavalier et de son cheval nomme
Aureus:
.
'O!.u•.c:~r,•1 [x·fi1V .
A •):i~o·1
[ -r -
• .J ] "J . ~ '
--„i'J'""l''J
'"'..;.;. - · J
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»,-r,--,..-rJ'J
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G''··
•
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La. li tterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 347
(r. apăra, it. apparare), adp10piare (r. apropia, fr. approcher), *adripare (calabr.
arripare, fr. arriver), *attitiare (r. aţîţa, it. attizzare), etc. Conune nous l'avons
dejamentionne, Ies formes de participe empruntees tardivement ont conserve
leur accent: armatus - ci .)!LOC"t"o.;, jossatuni - r.;:iocruoc-;-ov, zavatus - ~oc~oc"t"o.;. Cette
circonstance nous fait supposer que le terme enregistre par Ies manuscrits
du xe siecle et par Ies auteurs modernes avec l'accent sur l'antepenultieme
(&.1sa"rpx-roc) etait en fait prononce par Ies militaires avec !'accent sur la pe-
.'
nu lt ieme ( ocoo:cr:-pocn:
," ' ).
70 bis
W. l\leyer-Lubke, REW, n° 549.
71
G. R·Jhlfs, LGII, p. 44.
72
Fragment argim de l'Edit de Afaximum, BCH, 77, 1953, p. 647-659.
73
L'edition de Max Wellmann, B~rlin, 1906-1913.
74
C. Sal'lioni, Postillc italiane e latine al vocabolario roma11:0, « Revue de dialectologie
romane•, 5, 1913, p. 183.
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348 H. Mihăescu
\iocalisme
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La litterature byzantine, source de conna.issance du latin vulgaire 349
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350 H. Mihăescu
8
~ Const. l'orph., Df urim. 1 app., p. 474: d: -:;, xz;;z~-:-r,•1 Â:x11::oc·1e:•. 9::t-:i,(.x; Incert
~uctoris b~:zantini sac:culi X l~ber pe re milftat'i ed.R. Vari, Leipzig, 1901, p. 10, 9: n:e:?L "?UAocxwv
r,:-o~ Y.e;:zt'!"wv; p. 10, 20 •::t xe:pxt:-:x yt·1w·1•oct.
, .
83
Arme Comuene, Alex. i, 8, i: -:c-;:i t; '.c\;iF-civ~' ~.:.;i.c..,1i.i·JC,i XO(J."ljO"l~/,;:;-:·r, ••• 8\::typciµµ::t•ct
u;:o~e:µe:vo;.
st Leontios )lac:hairas, Chroniquc de Chypre, ed. E. l\Iiller-C. Sathas, Paris, 1882, t.
1, p. 68: X!Xl Eo--:ocff1Jv d; -:~v xr,•jp'"fl" -:-·~; • Pwwr,~ EIL7t,:ocrf>e:v -:o'j n:il;r:x.
05
<I>. Ko·,xr,ui.i, Il-J~xv-:tvwv f3lo; X!Xl 7to).\-:~cr:i.l~ (Vie et civilisation byzantine), Athenes,
1952, t. 5, p. 522.
86
Digenis Akrites, ed. E. Trapp, Wien, 1971, Z 1171 et E 1212.
~ 7 Maur., 314, 22; 316, 12; 326, 5; 3H, 5; 348, 12; Leon, Tact. ed. Vâri, 6, 26.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 351
ConsonantÎ!-illW
. :!<l7. Les L·mpnmts latins du grec moycn l't moderne montrent que des
d1wrgenccs scmblablcs ont existe dans le consonantisme egalement. Ainsi,
l'occlusin· c sui\"ie des Yoydles palatall's c d i s'cst consL·n-ee dans la plu-
part des ras, notamment dans Ies emprunts d'origine savante, par exc:mple:
cella, - zf..i.i.:>: (~limim~tif z:::i.i.[rJ'I, r.. chilie), c!·11g11la - x.[·,--rl.7., etc.
11 existe neanmoms des except1ons, que 1 on rcleve chcz ccrtaincs cou-
ches sociaks a unc epoque relati\'Cmcnt tardi\·e; on \" voit l'occlusive latine
c transformee cn affriquee (notec par 7~ ou -:cr). Dans le De tltcmatibus (XI
7,' 9) .<le ~'cmpcr.eur Constantin Porphyrogenetc, datant du X'' siecle, on lit
I exphcat1on sun·ante: 7·~·1 ~E. iivoc7oµ·Îj·1 7~iilj'7.L zxi..-i::ir;L'J r,~ 'Pwµ:>:'foL
"O 1.l'~'J
c. Z'.>'.t' 'f"' -
-,:1.v;:;.:;:. . 0
' n. 1) oLOC
Z7:W'J'<.LC1.0'1.T "' ' '"'l'J
' ' '
r:cn-:r,!.L"lj'J (i L('S Rhomecs appelent'
I. Şia<lbci, Sur la sy11cope de la i·,1yelfr pc1wltii:mc atone dans frs langues l'Omancs
100
~(J.Z?\<Je•1 -:·~v mSi.~·1 (YII" siecle); P. Skok, As!Ph, 37, 1918, 83-92.
100
N. Andriotis, Le xikon, p. 266, no 2633.
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La litterature byzantine, source ele connaissance du latin vulgaire 353
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354 H. Mihăescu
259. La syncope d·· la voyelle 11 dans des mots tels capitulum - *ca-
pitlmn ct -.·ctulus - *•:t'llus a cu pour consequcncc la formation du groupe
consonantique tl. Crlui-ci etait insolite m latin L't tendit, a partir du ne sie-
clc, a SC transformer ('Il d: *caftit/um > capiclum (it. capeccJiio « etoupe t),
*vctlus > ·vcclus (r. 1.'('(/;i, it. 1_iccc/iio), de. Les groupes tl, el ont longttmps
coexiste ct ils ont laissc des traces dans Ies litteratures byzantine ct neo-
grecque, par exemple: ]a YariantC' r;[7/,:1.. (sitla- situla« seău ») apparaît aux
VI", vnc et xe siecles 119 , ccpcndant que la \"ariante O'LXJ.7. est attestee au Vl 8
siecle ct cn nfo-grec. d'ou cl1e est passec dans la langue turque 120 • Un fait
intercssant est qu'en grec cxistait aussi le phenomenc contraire, c'est-a-dire
la transformation de el en tl: bztccula - bucda « mentonniere de casque et
tout objet cn forme <le jouc » - ~'J'J7Î.x, ~'J'J7i,C.:J'Jw 121 ; specula "canal cou-
m :'.\faur., 314, 22; .118, 4; 226, .'i; 332, 4; .HO, 25; 344, 4; Leon., Tact„ 1, 3, p. 138.
n 5 Cnmt. Porph., De a„im., 1 app., p. 463, 2, 17.
na C<onst. Porph., De cr„im., 2, 87, p. 175, i et 7; Le 1·0111,w de Callimaq11e el de Chry-
sorrhot', ed. 1\1. Pichard, Paris 1956, ·1crs 11S69, 1870, 1881, 1896, 1947, 2350, 2204. Le roman a
ete ecrit entre IJ 10 et 1340.
117
Const. Porph., De coim., 1 app., p. 47i, 3; Dt adm. imp., 956 (7tE"r~Lf.1.Ell'Ta); Nicephori
Praccepta 1111lita1·ia, cd. ]. l\:ulaku·1skij, « )[emoires de ]'Academie des Scienc<:s de St. PHers-
bourg », YIII, 1908, p. 5, 26 (Xe siccle).
118 Niccphoris Prncccpta militaria, p. 1, 23.
119
Alexander Trallianus, ed. Th. Puschmann, 'Yien 1879, p. 7i; Sergia Constantinopo-
litana, Olympiadis translatio, 1, dans: « Analecta Bollandiana t, 16, 1897, p. 47, 21 cr[-:i.~'J '?)
e::i:L;,:u-:"l)v (YIIe siecle); fjlo; 0e:o8wpo·J, 42, dans: 1\l•rr,µe:h :iywi.oyLxoc •1uv r.;:w-:-o'J h8L8oµevoc
ur.o ie:po8LIXX6vou 0e:ocpli.o•J 'Iwci.•1vo•J, Yenise, 1884, P· 400: cbto cr(-:-).oc:; -:Lv6c; (Vlle siecle);
Const. Porph. De cerim. 1 app., p. 468, 4: crL-:i.oib~ocvcr. cipyupi (Xe siecle).
120
Theod. Lect., PG 86, col. 221 A; Ch. Symeonidis, Der Vokalisnms der griechischen
Ielmwortcr im Tiirkischen, Thessaloniki, 1976, p. 37: ngr. cr(x).oc, te. sikle, sigle, siyle, sile.
21
1 E. Kriaras, Ae:;Lxo, t. 4, p. 179.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 355
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356 H. :!\li hăescu
120
Nov. Tt'st., Plzilipp. 4, 15; A.thrn. 7, 44 et 294.
13
° Const. Porph., De cerim. 1, 10, p. 66, 11; 1, 26, p. 92, 12; Scholia in Homeri
lliadem, ed. I. Bekkcr, Berlin, 1825, p. 23, 856.
131
Kyrillos de Skytopolis (ed. Ed. Schwartz), p. 187, 7 et 10.
13 2 :.\laur., 30, 10; 58, 4, 5; 72, 15; 88, 27; 180, 17.
133 Leon., Tact., 20, 71.
134
V. Văă.nănen, Introduction au latin vulgaire, 2c ed. Paris, 1967, p. 68.
135
Const. Porph., De cerim., 2, p. 589, 6; De adm. imp. 6, 8.
138
Const. Porph., De cerim., 2, p. 85, 1; 1 app., p. 500, 18.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 357
Mm·phologie
137
Preisigke-l{iessling, Lexikon, t. 4, Suppl„ p. 251.
138 lbid., p. 253.
1 39 Epiphan., 2, PG 91, 757.
140 1\1alal., 186, 24.
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358 H. Mihăescu
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La litterature byzantine, so11rce de connaissancc du latin ·rnlgaire 359
entre elles. Dans quelle mesurc ces emprunts ont eu des rapports avec l'aire
de la latinite qui est a la base de la langue roumaine, nous tâcherons de le
montrer dans la suite de cet expose, apres une analyse detaillee du lexique.
De toute fa<;on, ils sont d'une grande utilite pour une connaissance plus ap-
profondie de la latinite sud-est europeenne et meritcnt donc toute l'atten-
tion des romanistes.
Le Jexique : 9cneralites
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360 H. l\lihăescu
qu'ils faisaient partie de la langue usuelle. Pour des raisons de style, cer-
tains ecrivains cultives Ies evitaient, en Ies remplac;:ant par des termes propres
a l'ancienne litterature grecque. C'est de cette fac;:on que Ies elements la-
tins constituent un excellent moyen d'etude en ce qui concerne les ressour-
ces stylistiques et Ies courants d'opinion chez Ies ecrivains byzantins.
Aussi, s'an~:re-t-il indispensable de connaitre a fond Ies situations de
fait afin de se rendre compte de combien de temps et dans quelles spheres
d'acti,·ite humaine Ies elements !atins ont persiste dans la litterature byzan-
tine, ce qui permcttra de comprendre pourquoi seulement certains d'entre
eux ont stir\·ecu en grec moderne.
Les sources byzantines ne laissent planer aucunc ombre de doute au
sujet de la vitalite et de l'opportunite des emprunts d'origine latine . .:'\falheu-
reusemcnt nous disposons de bien peu d'instruments lexicographiques pour
e\·alucr le \"eritable etat des choscs et rctracer l'histoirc de chaque terme en
particulicr. N"ous avons en rc,·anchc certaines indications de na ture formelle
qui nous aident a determiner plus e xactement Ies critercs a meme de nous
pl'rmcttre de reconnaître l'epoque de lrur penetration en grec. Ce faisant,
nous obtenons d'autres points d'appui cn vue d'une ebauche de stratigra-
phic en cc qui Ies concerne. 11 est tres important de fixcr la chronologie des
elements la tins pour la critiquc d cs tcxks ct pour l'etablissement des edi-
tions sa,·antcs. Cela permet de suine l'epoque jusqu'a laquelle se sont pro-
longes ccs echos de la culturc classiquc de l'Antiquite, ainsi que le niveau de
I' enseignement. C' est aussi une tâche indispcnsaLle pour Ies historiens de la
lan,;_'Ul' grccque de l'cpoquc byzantine.
:!6:>. La continuite ininterrompue de la culture romainc dans le monde
bynntin ressort le plus clairement du lexique d'origine latine. La terminolo-
gie ct l'art d'exposition de la theologie chretienne ont eu pour base la plulo-
sophie et la litterature hellenes, alors que la technique militaire, l'adminis-
tration de l' Etat et la pratique juridiquc ont adopte et developpe Ies acquisi-
tions faites dans le cadre de l' Empire romain; une honnc part ie de cet he-
ritage a cte transmise a\·ec le temps aux pL'uplcs voisins de l'Empire byzan-
tin ou a smTecu dans la culturc grl'cqul· moderne. L'etude du lexique nous
p1'rnwt (le suivre Ies phases de dewloppement <le la terminologie militaire,
administratiw et juridique, ainsi que la fac;:on dont C'lle s'C'st adaptee aux
circonstanccs historiques, s'est renouvelec ou a disparu petit a petit, rempla-
ct:e par une terminologie nouvelk. On rclen· dans la litterature byzantine,
d'une part, le maintien de la tradition du classicisml' antique et de ses mode-
les et, d'autre part, la naissance <les formes et ideals nouveaux, notamment
dans la litteraturc populaire. Les tcndances classiques etaient defendues par
une Clite cultivee ct fidele, mais pl'u nombreuse, tandis que l'administration
publique, l'armee et la justice, qui venaient en contact avcc Ies masses popu-
laires, etaient influencees par celles-ci. C'est pourquoi la terminologie mili-
tairc ct juridiquc, qui etait en grande mcsure d'origine latine, est dcvenue
populaire ct a laisse des traces en neo-grec. En revanche, la tradition clas-
sique dans la litterature a sounnt entrave la penetration des elements popu-
laires et empeche l'enregistrement fidele des progres linguistiques. La dua-
lite tradition classique - developpement spontane a ete l'un des facteurs
qui ont faYorise la diglossie, car Ies traditionalistes imitaient exagerement
Ies classiques et choisissaient leurs expressions avec severite, cependant que
la langue du p~uple se developpait en liberte, assimilant aisement Ies ele-
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La litterature byzantine, rnurce de connaisrnnce du latin vulgaire 361
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362 H. ::\lihăescu
tere servant au transport des troupes (µ~l.L•ocpL7. oa6c;) USbls. Exercitus signi-
fiait soit « cxercice », soit <( armee d'infanterie &, par opposition a equitatus
«cavalerie & et a classis « flotte &. Dans le sens d'« armee d'infanterie », le
terme s;E:pxs-:-oc; apparait en ~rec a partir du vc ~iede, dans de~ ecr~ts hagio-
uraphiques, des textes de 101s et chez le chromqueur Georg10s hedrenos;
~ependant le terme ne s'est pas generalise et n'a pas survecu en neo-grec 149 •
Le mot paganus signifiait initialement <( habitant a'un pagus », autre-
ment dit « villageois, paysan •. a la difference d' urbanus 150 . Aux premiers
siecles de notre ere on remarque toutefois l'opposition paganus « habitant de
la campagne et en general ci,·il • - mifrs « soldat » 151 . En tant qu'habitant
de l'unite administrative ditc pagus, un paganus differait fondamentalement
du soldat faisant partic de l'armee, <lu fonctionnaire d'Etat, ainsi que de
l'adepte de la religion chreticnne, ce-dernicr appartenant a la militia Christi;
sous cc rapport, le militant chretien s'opposait au villageois ( paganus) qui
n'cmbrassait pas la nouvelle foi 152 . Par ailleurs, lcs representants de l'an-
tique religion romaine s'organisaient cn colleges distincts, appeles collegia
paganorum, pour entretcnir le culte <les Lares et <les empereurs. Ces pagani
entrerent cn conflit a\·cc les chretiens et donnerent ainsi pretexte a l'appa-
rition d'une opposition net te cntn: Ies termcs P1zga111ts et christianus 153 •
Le \·ocable paganus au sens de <i ci,·il, non-militaire ·» a persiste dans la le-
gislation imperiale pendant longtemps apres a\·oir pris l'acception religieu-
se de « paien » ct elle est pasL·e ensuite dans la litterature byzantine. C'est
ainsi que, cn grec, 1.rJ._yct.'11.Jc; a acquis a\·ec le temps deux sens: 1. «civil,
en opposition avec militai re•; 2. « paien, en opposition avec chretien ».Dans
le sens de « paien •. 7'XY'.l."6c; avait pour concurents "Ei.A°1)'1, rpoc·txoc; et ~3-vL:v.lc;;
en revanche, le meme mot dans le sl'ns de <( ci\·il, nonmilitaire s'est „
developpe librement et est arrive a une grande extension. Avec son sens ini-
tial de <(unite administrative•. itcXY'JC: est atteste frequemment dans Ies papyri
grecs du llI 0 au Vl 0 siecle, avec ses composes -:i:U.·rx?X.'Jc;, ;rocyocpz[oc, mxyocpzw,
mxycX.p:z:IJc; et 7:7."f:X.Pf.Lx.6c; lM. Cl' sens <lcvait perdre sans cesse du terrain, au
fur ct a mesure que l'administratJon civile Sl' militarisait au COUfS du VIie
siecle , car apres la fondation des themes byzantins la fonction de pagarque
s'cst fondue dans celle de commandant rnilitaire d'un m:l.yoc; 155 • 11 est interes-
sant de remarquer que le copiste du manuscrit A du Strategicon de Mauricius,
au Xl 0 siecle, ne saisissait plus assez correctement le sens de ce terme et
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 363
qu'il s'est cru oblige d'y ajouter une glose maladroite: we, 1.ocyocv6e, ~ToL
cr-:poc7LW:-"I); J..Vi·oe, ;rocpoc8o3 ·~cre:-rocL « ii sera livre comme ;cocyocv6; ou simple
soldat».
Par contre, le sens de <(civil», ne au ne siecle, s'est developpe libre-
ment, acquerant aussi Ies sens de <( homme du commun » (en opposition avec
« noble »), ou de <( personne prin~e » (en opposition avec <( fonctionnaire d'E-
tat »). Les vetements portes dans le prive par le fonctionnaire d'Etat ou le
pretre, ,·etements designes sous le nom de ;:'Y.'(':J..'JJ.., devaient etre enleves lors-
que la personne respective exen;ait sa fonction en tant que tel. Aussi l'acte
de devetir quelqu'un de son costume officiel en le fon;ant a reprendre ses
habits civils a pris le nom de 1.c;:yoc'J(.,0'J, terme qm se tra<luit en langage mo-
derne par <( destituer » 156 • On appelait egalemrnt -::'Y.yxv·)~ le dignitaire sans
fonction ou bien le fonctionnaire sans titre 157 • Cet aspect des realites montre
le caractere avant tout militariste de l'Etat byzantin. L'adjectif T.':1..(0C'nxoe,
s'opposait a Y..OCG't'p·~GLOC, ( casir€1lsis) et }'adverbe ;rocyoc'JL>~c':'>e, etait employe
en opposition avec G7pocnw7LY.0)e,. Pour fairc une distinction entre le sens
de <( civil, non noble et prive » pris par -:-:.ocy".'J6e, et le sens de <c pa!en » corres-
pondant au latin paganus, Anne Comnene utilisait ce terme en changeant
son accent: 1rr:1..ycboe, 158 . Nous ne saurions <lire dans quelle mesure il s'agit d'une
realite contemporaine, d'une influence docte ou d'un itali~nisme.
i& 5 Leon, Tact., ed. Vari, p. 7~0. 2-4; Ioann. Skylitz. continuai.us, ed. E. Th. Tsolakis,
Thessalonique, 1968, p. 17: 7tOÂi.ol..::; y ...:p cxe:i:'>lo::; r.a:~·a:\·c:.icra: ci86~oup l~ iv86~ov xcd ii-Tlµo1)::;
e~ iv·dµwv cl7tE~EL~e:v.
1 '- 7 R. Guilland, RcclnHhes rnr l1s 11Js/ituticns ly:antines, Berlin, 1967, t. 1 p. 155.
158 Anne Comnene, Alex. 12, 1, 2: U, 12, 2.
H9 Dionis Chryrnstomi Oţua, eci. ,\. Rei~ke, Leipzig, 1898, fig. 57, 71.
160 Pg 32, 70.5 B.
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364 H. )lihăescu
183 Theophan. Cont. p. 377, 11; 691, 1.3; 757, 13; Theud. Balsam. PG 138 col. 1040 D:
cr::t1<0uhov '..: -;-cr.-:.:n:xpx.~x. ;, crxx:fJ-),ij, 2c moi tie du xne siccle; J. Darrouzes, Recherches SllY les
ltiq>lx:~::r; de l'Eglise by:antine, Paris, 1970, p. 62.
lGi loannis Tzetzae Historiae cd. l'. A. 1\:1. Leune, Napoli, 1968, livre XIII, 425: TO
crxx:•).[cr;x~ T~ cr.'°•'t"O x::xt E:x.zxfl-ii?::tt oIJrw.
185 IG, XIV, 2325, 2327, 2328, 2334, etc.
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La litterature byzantine, sourcc de con•aissance du latin vulgaire 365
D' argentum « argent, argenterie, objet d'argent » :sont nes Ies 'derives
argentare, argentosits et argentarius (< relatif a l'argent ou banquier, frappeur
d'argent ». Argentaria ( &p(s'JTocp [oc) signifiait « coffret pour y conserver l'ar-
gent • ou «mine d'argent ».
Le fonctionnaire civil ou militaire charge de conserver des docu-
ments (acta), de faire des comptes et de proceder a des paicments s'appe-
lait actuarius ou actarius (&x.,&2rnc;)_. terme attcste sans interruption jus-
qu'a la chute de l'Empire byzantin. A l'occasion d'evenements importants,
Ies soldats recevaient des gratifications en numeraire dites donativa_ (oovoc-
,(~oc), a l'oppose de congiaria « dons faits a des personnes civiles ». A toute
personne engagee dans l'armee on faisait une matricule (matrfrula, matrix)
ou figuraient Ies coordonnees respectives (noms des parents, date et lieu de
naissance, langue maternelle etc.). Les termes designant ce livret ont sur-
vecu dans l'Empire byzantin: µ.OC-rpd;, [J.!:.<"rp b<.Lov et µ~crp (xouA.oc. Le fonc-
tionnaire qui dressait ou conservait ces documents s'appelait µix-:ptxou),ocptoc;.
Avec le temps, le procede se generalisa, passant dans l'administration civile
et ecclesiastique 170.
2ri9. Le substantif roga « distribution d'argent, solde militaire », fre-
quemment atteste dans Ies sources occidentales depuis le Vle siecle, s'est
forme a partir du verbe rogare, exactement comme pugna a partir de pugnare
ou comme, en roumain, rugă« priere »a partir du verbe ruga« prier». Le com-
pose erogare signif iai.t « demander ou solliciter au peuple des moyens financi-
ers pour Ies depenses publiques, payer, depenser, distribuer de l'argent »,
ayant pour parallele le substantif crogatio « depense publique, dishibution
de vivres faite au depens du tresor d' Etat ». Entre de bonne heure dans la
langue grecque, le mot p6yrx a eu un destin exceptionnel dans la litterature
byzantine, ou on le retrouve dans toutes sortes de sources, y compris Ies
sources ecclesiastiques. On entendait par la «la paye en numeraire des trou-
pes, recompense, liberalite, remuneration pour une prestation de travail,
salaire ». Les expressions p6yrxv oto6·Jcx.t « recompenser » et p6yoc'' A.ocµ~ocvzt'J
« etre recompense» circulaient couramment dans l'Empire byzantin. Tout
fonctionnaire d'Etat recevait un salaire (p6yoc) ou plusieurs salaires, car il
a.vait le droit de cumuler Ies titres 171 . Le verbe poysust'J, frequemment at-
teste aussi, signifiait « payer, recompenser, distribuer de l'argent, faire l'au-
mone ». Le salaire etait appele b poysu6µ;;'Joc; ou b poysµevoc; 172 . Le terme a
survecu en neo-gec: poy(occrµx « paiement, solde, salaire », poytoc~w et pouyt-
oc~ouµ~ « je paye » (Chypre et Crete), poytocaµ!X « paiement du travail
preste par le berger » (Epire) et rogeggo-poysuw (dans le district de Bova, en
!talie meridionale) 173 . 'Pwycl.:rwp etait celui qui reclamait une solde, ou bien
le militaire paye (6 poyoc7wp a-;pocTLW1'"1)c;) 174 . Cette vitalite implique un elar-
170
No·r. 13, 5, µoc·q:irx&pwL; Photius, PG, 10 I, col. 528 A µnpLxouMpLo::; = xnocA6yov
<put.oc;; Theod. Balsam. PG, 138, eol. 400 D: µoc-:p [xLoc -~youv chcoypoccpocl -r&v 8w;ipe:p6v-rwv
-rocî::; hi,"IJO"LocL::;.
171 Paul Lemerle, « Roga » et rente d'Etat aux xe - XJe sieclcs, « Revue des etudes byzan·
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366 H. :\lihaescu
:!iO. Quand un ci,·i] cntrc dans l'annec, il faut tout d'abord l'habiller
et l'~quiper. Le costumt' ci\'il d le costume militaire etaient sujets aux fluc-
tuahons: cn passant facilemcnt d'un peuple a l'autre. Pour desirrner les diffe-
rentcs ~1eces du c?stume, I:s Romains usaient de termes d'ori~ine celtique,
germamque ou. onentale. :'.\ombrc de ces vocables allaient etre empruntes
~ar les Byzant.1,ns, pour p~sser ensuite dans certains idiomes du Sud-Est de
1 Europe. La p1ece la plus importante de l'habillemc ~ ilitaire etait la cami-
17
~ Chro11. Pasclr., p. 706, 10.
176
Lenna.rt Rrden, r;as L,turn.dcs lrcilr°f:,rn N,a„na t•r.1, Leontios t•on .\"capolis, Stockholm,
1963, .P· H.6. 9; T,p..,:t7o 7tlXVTIX Fore:•Je:Lv ":'Oti; ixvDpw1t0t;; p. 146, li: 7oîi; crwetoe:Arpo~ xcxl -:-oîi;
T
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La litteraturc byzantine, source de connaissancc du latin vulgaire 367
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368 H. :'.\lihăcscu
tien (lile siecle) 200, r.;:1..c':J. r..r:1..1.1.tov dans H istoria Lausiaca de Palladius (de-
but du yc siecle 201. Ei{ revanche, yo~·rn, atteste tres frequemment dans
les papyri, Ies inscriptions et Ies documents tout au Iong de l'histoire byzan-
tine, a survecu jusque dans le neo-grec. De sagum ou sagus <( sayon, manteau
de soldat », sont nes Ies derin?s sagarius, sagatus, sagulum, sagularis et sa-
aularius. En grec, on rencontre crocyv1 au lile siecle 2" 2 , crocyo; au ve siecie 203
~t voc·rto'1 presque sans interruption, autant chez Ies militaires que chez Ies
ci,·ils 204. Le terme a SUffeCU cn neo-grec: G':J.."{L'J (Chios), v':J..ytoc (Chypre) et
voc·;v..µz dans le dialecte tsakonien 20 ".
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La litterature byzantine, source de connaissance dn latin ·1ulgaire 369
poµcX.vLxc~ (xdp +
manica). Certains d'entre eux etaient empruntes aux
populations occidentales et quclques autres sont venus d'Orient, mais y
ont ete vehicules auparavant par la langue latine qui a constitue un facteur
essentiel d'unification dans Ies limites de l'Empire romain au cours des six
premiers sieclcs de notre ere.
272. Un mot qui a fait une brillante carriere est cappa « chape, cou-
verture, couvrrcle, manteau l), atteste apres le vie siecle avec ses derives
cappella et cappcllus, mais qui a du exister bien auparavant dans une vaste
aire, a en juger par le compose *excapparc « s'echapper de sous couvercle,
s'enfuir, se sam·er », qui a laisse des desccndants dans toutes Ies langues ro-
manes: r. scăpa, it. scappare, fr. echapper, prov., cat., esp., pg. cscapar.
Employe surtout dans Ies cercles militaires et ecclesiastiques, le terme x.&rrr:!X
« manteau a capuchon » est devenu populaire en grec byzantin et a survecu
en neo-grec, d' ou il est passe en albanais ( ka pc), dans le dialecte aroumain
(capa) et en turc ( kepe, kebc). En revanche, x.rx:-:o o~•.o•J « capuchon », men-
tionne vers 1380, est un emprunt d' origine italienne ( cappuccio) 212 .
De quelque part au sud-est de l'Empire, peut-etre des regions habitees
par Ies Illyriens, s'est repandu le terme cucullus <c capuchon », avec ses de-
rives cucullio «petit capuchon », cuculliunculus, cucullatits et *cuculliata
« alouette huppee », qui s'est conserve dans ccrtains descendants romans.
A en juger par deux variantes cucullatus et *cuculliata (cf. cucullio, cucitlliun-
culus) on peut supposer que, a câte de cucullus, il y avait aussi dans la lan-
gue parlee la variante *cucullius ou *cucullium, a partir de laquelle s'est de-
veloppe le mot roumain citcui <c bosse ». A ces formes doubles du latin, corres-
pondaient en grec les formes x.ouxou'AA.ov et xouxou'AA.Lov, la premiere attestee
dans un texte hagiographique de l'an 494 (ospµoxouxou/,A.ov) 213 , dans le
poeme populaire Poulologos datant du debut du XIVe siecle 214 et en neo-
grec, la seconde, courante dans Ies sources medievales pour designer le ca-
puchon monacal, « bonnet noir qui couvrait toute la tete et descendait par
derriere, jusqu'au milieu du dos; il etait retenu par devant au moyen de
deux bandes etroitcs que l'on nouait sous le menton, de fac;on a laisser pendre
leurs extremites sur la poitrine » 21s.
273. La chaussure la plus repandue dans l'armee etait la caliga, avec
ses derives caligula, caligarius « cordonnier » et caligatus. Dans Ies sources
byzantines on retrouve xoc'Alyoc, xoc'ALyoc"t'oc;, xoc'AlyLov (Ies plus frequemment),
xoc'ALyouv, xoc'A~ywµ~ncx et xocA.~yw'JWJ « ferrer un cheval » 216 : ces exemples
sont une preuve de continuite dans le domaine de l'art militaire. L'une des
portes de Constantinople se nommait Koc'ALyocpLoc (aujourd'hui Egrikap1),
d'apres une manufacture de chaussures militaires situee dans les alentours 217 •
En latin, les termes Ies plus populaires pour la notion de chaussure
etaient calceus et calceamentum. A partir d'un hypothetique latin vulgaire
*calcea se sont developpes Ies descendants romans: it. calza, a. fr. chausse,
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370 H. ~Iih:icscu
esp. calza pg. cal~·a « chaussette ». La forme latine vulgaire *calcea avait pour
correspondant en grec byzantin zcf..i."r~J.. (pl XOCÎ:,~xL), forme attestee a partir
du xne siecle 218, sans qu'on puisse preciser s'il s'agit d'un heritage du latin
ou d'un emprunt plus recent de l'italien.
Le mot campag11s <1 sortc de chaussure ou brodequin militaire • s'est
specialise aYCc le temp:; ct est arrive a designer uniqucment la chaussure en
pourpre des cmpereu~-s ~1yz~ntins (x,y.-;:~"'(~_Ct.). 9D:i « jusgu'a la fin de l'eml?i~e
reste un des signcs d1stmct1fs de la d1gmte imperiale, meme e11 dehors des cere-
monies • 219 •
27-'.. L'equipcmcnt <lu militairc comprenait necessaircment, awc diffe-
rcnts emplois, la courroic ou la lanierc de cuir connue cn latin sous le nom
de lornm, ayant l(s sens sccon<laircs de « rencs laissc, fouet,ccinturc I). Le
terme apparaît sous la forme du masculin foms au ier siecle chez Petrone
(57, 8) et au ne sieclc dans le roman d'Apulee {3, 14). Lorarius etait le fa-
bricant dL: fora, ou bien l'csclave charge d'infliger le châtiment du fouct.
L'adjcctif lor,1tus « lic par des courroies » suppose l'cxistence prealablc d'un
verbe *forare, non attcste. Le:-; clerives larea <(de courroie », *foramen et lora-
mc11tum <1 lien de courroies » etaicnt populaircs et ont survecu dans certaines
langues romancs. Par Ies milit~-.ires, le mot a penetre de bonne heure en grec,
ou l'on releve la forme neutre (/.c71p0•1) :!:!O autant que la forme masculine
(i.c7'?'-'~) 221 . Cctte dcrniere etait plus repandue et indique la tendance du
neutre a disparaitre de la langue latine de basse epoque. Cependant, on ren-
contre bien plus frequemment lcs variantes i.w?[0•1 et ),'JupLO'J, a partir de
celle-ci s'est forme le verbe i,01;pL~<:Lv (• fouctter e, atteste au Vl siecle 222. 0
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·rulgaire 371
le latin loricatus 229 • 'EmAOU?LXO'J etait un vetement que l'on portait par-des-
sus Ia cotte de mailles 230 ; par z;t•)Aou?tzot on designait en general Ies sol-
dats revetus de cottes de mailles 231 •
~ 29 Leon, Tact. 15, 9 (PG 107, col. 888 D): /.cupLx1houc;; xcd xc.:-:-ixcpprixrou:;.
230 Leon, Tact.6,i;Dig.Akr.,G.1066,E 1162,Z 117l;Ps.Kodin, 159, l; 160,5; 161, 26.
2 3 1 Dig. Akr., E 1212.
232 Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 213; t. 4 suppl., p. 389.
233
Syll. Tact. 39, 1; 'Ei.):IJ'ILXO'I 7tOL1Jµct m:?L ·6j~ µ&:z"IJ~ •i;:; B&:?""IJ:;, ed. Gy. 1'10-
ravcsik, Budapest, 1935, K 177; C 184 (l'an 1456).
234 Dig. Akr„ Z 3175.
235 Nov„ 85, 4 (l'an 539).
236 }.falal., 332, 19 (l'an 570).
237 Maur., 50, 19; 52, 2 et 26; 54, 11; Leon, Tact. 6, 2 et 3.
950-951.
z4o Ioann. Tzetzae, Hist. IV, 477, ed. Leone.
241 Maur., 314, 16: Xp7Jm8(cuv 7J oxpt8lcuv.
24 2 Const. Porph., De cerim. 2, 52-53.
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372 H. ::\fi hăcscu
Le latin cassis, -idis « casque de metal• est a la base des formes grec-
ques z:i:crn[:;, -(8oc; ct z::i:crdo~o·1: la premiere se rencontre a partir du vre
siecle 244 et a survecu dans le dialecte neo-grec du Pont ( Y.OCG"O" (h) 245 ; la se-
conde apparaît au Yllc ~iede chez Mauricius 246 , puis dans differents trai-
tes de strategie, dans la Chronique de Moree 247 et dans d'autres sources.
L'equipement militaire comprenait obligatoirement un petit vase a
boire, une ecuelle nommce z::i:µE:i.i.:i: ou cpi.ocr;z:i:. Le premier terme, atteste en
latin sous la forme came/la, de proYenance inconnue, a surYecu en espagnol
(gamella), d'ou il est passe dans le frarn;ais (gamclle) et dans l'italien (ga-
mella). En grec, il est enregistre par le dictionnaire de Pollux du IF siecle 248
et par l'historien Georgios Kedrl'nos, au XF siecle 249 • Le second terme etait
d'origine germanique C't a\'ait ete ,·eh icule par le latin; il a survecu dans Ies
langues romanes (it . .fiesca, a. fr. jlasche) ct a passe dans la litteraturc byzan-
tine sous la forme o),a:crxlo•1 C't dans les sources occidentales du vnc siecle
sous la forme jlasca :!so. Les glossairc-s latins ont enregistre aussi la \'ariante
pilasca 251 , qui est a la base du grec moderne 7:Mr;z:i:, comme du bulgare et
du serbocroate ploska. Au Xlle siecle, Ioannes Tzetzes appelait quelqu'un,
par derision, ?l.occrxrJri.:i:, c'est-a-dire «petit tonneau t 252 ; a cette forme, cor-
respond dans Ies sources latines jlasco, -onis 253 , parallelisme et point de de-
part de la forme grecque. Le terme ?ih;zoc a survecu en neo-grec (q>Aoccrx:i:,
<Phcrxt). La terminologie militaire latine, conservee par la litterature byzan-
tine de ce genre, est devenue indispensable.
277. Pour la notion de « tente t, Ies sources byzantines nous offrent
cinq termes d'origine latine. La grande tente, nommee Xu\17(J1J~E:p'HOV (con-
tubemium = con+ taberna « habitation en planches ») pouvait abritcr une
equipe de dix soldats; le terme est atteste par Ies papyri grecs, de meme que
son derive Y.u'J7(;1J~E:O'lci.i.~u:; ou xov-:ougs::.wiovJ:' a part ir du IP siecle 254;
usuci dans Ies trait~s de strategie, il n'~ si'.irY~CU pourtant ni en neo-grec,
ni dans Ies langues romanes. En revanche, -rE:v•oc ou ,E:•18oc (en Occident,
tenta ou tenda, de tendere « etendre o) etait frequent dans Ies textes populai-
res :! 55 , avec des deri\ es comme Te:v•wve:L'I « restcr sous la tente» et E:x-r<::'rr-
wve:w « sortir de la tente» 258 , et il s'est maintenu en neo-grec. Le daco-rou-
main tinda <c wstibule » derive du latin tenda, tandis que l'aroumain tendă
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La litterature byzantine, source de connaissancc du latin 'lulgaire 373
est un emprunt grec de -.bw., -.f:voct.. Le mot latin d'origine celtique attegia
(i hutte, cabane en terre », a persiste sous la forme tegia et a,·ec le meme sens,
dans certains parlers romans. On le rencontre une seule fois dans Ies sources
byzantines, au xe siecle, avec Ies variantes ci:reywx 257 et ci;-;-eysLov 258 . C'est
toujours de Gaule que provenait le mot papilio, -onis « papillon », qui a l'e-
poque imperiale signifiait aussi « tente, pavillon » (a cause de la ressemblance
des rideaux dont elle etait fermee avec Ies ailes d'un papillon) 259 . Dans Ies
sources byzantines, le terme est atteste sous Ies formes populaires ;rtX;ru/..Ewv,
7tll.T.1J),swvoc;, avec le sens de (<tente, pavillon I) a partir du 111° siecle,
dans Ies papyri d'Egypte 260 , chez Procope de Cesaree et Malalas
a.u vie siecle 261 , dans Chronicon Pasc/zale au Vile siecle 262 , chez
Theophanes le Confesseur au IXe siecle 263 , chez Constantin Porphyrogenete
dans le sens de «tente imperiale» 264 , chez Kekaumenos au XII 0 siecle 265 ,
etc. Gustav Meyer etablissait une liaison entre le latin papilionem et le ngr.
7tspr.Epouvct., sans insister sur Ies difficultes d' ordre phonetique de cette de-
rivation 266 • Nicolas Andriotis, dans son dictionnaire etymologique 267 , con-
siderait le mot grec comme d' origine aroumaine, tandis que Tache Papa-
hagi estimait que c'etait le terme aroumain pirpirunâ qui derivait du grec
1.spn-spou·m 268 . Toutefois, compte tenu de la diffusion et de la popularite
du mot latin dans le Sud-Est de l'Europe, il nous semble plus probable que
l'aroumain pirpirună representc un pluricl singularise derive d'un hypo-
thetique latin *papilones.
Le terme xtXµocpov.. «tente», enregistre seulement par Ies strategistes
Mauricius et Leon le Sage 269 , etait probablement un emprunt du latin ca-
merata ou *camarata « toiture voUtee », participe passe du verbe camerare
ou *camarare « construire en voute » 270 • Le mot persiste aujourd'hui encore
dans Ies parlers grecs du sud de l' !talie 211.
Moyens de transport
~ 57 Leon, Tact. 5, 9.
258 Const. Porph., De cerim. 671, 17.
259
Ernout-Meillet, p. 480; Y. Martin, « Archi·r fiir Papyrus-Forschung » 9, 1928, p.
218-221.
260
R. Cnenaillc, « Chronique d'Egypte », 26, 1951, n° 52, p. 399.
261
Procop., Bell. II, 21, 3; 1\lalal,. 101, 21; 114, 2; 160, 2; 307, 20; 332, 20; 333, 2.
26 2 Chron. Pasch., 551, 5 et 17.
26 3 Theophan., 220, 24; 322, 9.
264
Const. Porph., De cerim. 413, 1 et 4- 7.
265 Cecaum. Strat., p. 23, 1.
266
Dans Neugr. St. II, SA\\', t. 132, 1894, p. 278.
267 N. Andriotis, Ae:C:tx6, p. 278.
268 DDA, p. 979.
269
Maur., 154, 3: ·dv8av ~-:-ot xixµcip8ixv ~x.e:tv; Leon, Tact. 19, 12.
27
° Cf. camera non camara, dans l' Appendix Probi du Ille siecle, GL, ed. H. Keil, Leip-
zig, 1858, t. 2, p. 58, 23.
211 G. Rohlfs, LGII, p. 203.
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374 H. :'.\[ih;iescu
travail, cheval hongre I) s'est rapiclement generalise au clepens d' equus; mais
le feminin caballa n'a pu supplanter entierement t"qua, qui a sun·ecu dans
certains langues ou parlers romans. Caballus et ses derives caballaris. cabal-
lariits, caballio et caballfrare ont laisse des descendants dans les langues ro-
manes et ont penetre de bonne heure dans la litterature byzantine, ou ils
ont donne naissance a d'autres derives d'une grande vitalite. Ainsi, xz~:x.:A
i,if?Lo::; et x:t.~:zi.i.:i?·'i::; se retrouwnt sans interruption du n·e au X.Ve siecle
('t poursuivent leur existence en neo-grec 2i 2 • A caballfrarc correspondait
xz~:t.i.i.~z:·):~·, an'c scs dfri,·e:' z7_~,:r.i.i.'.z:•;;.L·: < course de cheval » et
1
.„,.,r:i,.,,·
,_.„_j.J·..r. -, , .„.,.,;-·;,~
~ .~,-.- ,~ •• . . . que Je.;; compose"
<c cl1cvalicr »~;;i , "·1in.;;i ~
.;-, .,.,o„,·
.J r.„,.„.,.u'
.;.rJ""•• '•
"'·'• J~ • __ .,.,.,
-„ 27 -1 ou
EY.Z'l.~oci,i.•.z:•)::::L'J \( descendre de che\·al I) zis. De meme, un terme tres repandu
etait l'adjectif zzi)et.Î.Î.7.pLr.o::; (C gui appartient a un cavalier l), Au xe siecle,
l'influence latine persistait encore dans r.:x.?:t.i.i.~n <c stercus equinum » 276 •
Dans la litteraturc populaire du xve sieclc. le terme x7.~x/.i.:z etait cou-
rant zi 7 •
Encorc plus abondantc etait la terminologic concernant la sclle, au-
tant en latin (sdla) qu'en grl'c (di.i.7.). Le chc,·al sdle se nommait r;:/,i.:ipLo'
ou r;c:i.i.7.?Lw-:-·'i::; 278 • Le deri,·e r;:i.i.[,,.,, qui correspon<l au grec ancien ~9l;-::-:Lo'1,
se rencontrc souvent dans ks traites de strategie et etait sans doute
populaire. Le verbe r;:i.i.w·,:L'J signifiait <c mettrc cn scllc, seller » 279 , tandis
que µ:-:-\f.cr:/.i.l~:L'' voulait <lire « mettre la selle sur un autre cheval, chan-
ger de cheval t 280 • Dans la litterature populai re ont circule egalement, jouis-
sant d'une large diffusiOn, lcS C0Illp0SfS l'jzÎ,Î.07':0'J'('([r,•J (C bOUfSe attachee a
la. Selle 1), r;z_j,/,01._.!r..),wr,•1 (I frcin, ffiOrS, lien I), Z7':LG€Î.Î.~O'I (C COUVerture pOUr
recom-rir la selle I), cr\)'Jr;:i./.r,-:, « avec selle, selle I) 281 et i;:i.i.(·.ixrd,wcuµevoc;
<c pourvu d'une selle et d'une bride &
282 . Au lieu de E::-:~cre:Ai.~z. le manuscrit
P de l'ouvrage de Mauricius presente la Yariante z:-:Lczi.l.loLrt..
L'adjectif curvus, -a, -11m <c courbe » designait d'abord en latin la cour-
bure de la selle (curva se/lat'), ensuite le terme est passe dans le grec (xou2~oc.
-:-'lj:; aLl,/,:x.:; ou :.w;p~hv -:-'lj:; d/,i,:x.~) 283 au yc siecle ct a donne naissance aux
composes E:µ;:pf,a~hxr,•'.i;;~7. ou zµ:-:p0r,&0x.r,up~L0v <c partie courbe anterieure &284
et o-;rtcr&:n~oup~oc ou b:-:~tr&or.01'.i;;~w1 ~ partie courbe posterieure &285 . On trouve
comme explicat ion dans Ies glossaires: ·d ~'JAL'JOC Tljc; cr€ ?.i.occ; xouc ~Loc.
I O
Ae:yov-:-e:c; 288.
La courroie qui liait la selle ou le bât a l'encolure du cheval, afin que
la charge ne glisse pas en arriere, s'appelait a11tclla ou antelana • avant-selle.
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La litt·.'.:raturc byzanti11c, :-uurce de connaissance du latin ·.rulgaire 375
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3i6 H. :'.\lihiie~cn
Du grec uocyµo:. ~bât, harnais de bete de somme » ont pris naissance et cir-
cule durant Ies premiers siecles de notre ere Ies derives uocy1„d.-:~c..·1 «petit bât»,
mxywx::-[~s~-1 et Go:.yµo:.-:0'.j•1 « charger 1>. Passe dans le_ latin, ce terme a donne
Ies derives sagmarc, sagmatus et sagmari11s <( somnuer 1> ou sagmariurn ((char-
ges mises sur le bât 1>. Ce dernicr terme a penetre ensuite en grec; il est de-
venu populaire dans le cadre de l'Empire romain et a survecu dans la cul-
ture byzantine et neo-grecque, d' ou il pas sa dans le dialecte aroumain (să
mar), en albanais (samar) et en turc (samar). L' existence dans Ies sources
byzantincs du deri\·e -;rrµ:z-:i?~r,:; (se. ~:-::-:0:;) « cheval de bât » 302 , implique
un derin; latin prealablc, *scu.:11rnf'1riw:, non attc:-;te jm:qu'a present en Oc-
cident. Le terme -;o:.yµr,Gzi.i.~r,·1 :Jo 3 scmblc a\·oir ete fort proche au point d~
vue de son sens de G:z-;'µip~',''·
2UO. La continuite massiYe ct inintcrrompue entre Ies cultures romaine
et byzantinc apparaît on ne peut plus clairl'mcnt dans l'art militaire, ou le
cheval jouait alors un role primordial. Pour la notion de (( renes », le latin
a fourni au grec byzantin trois tcrmes: !1t1ba11at' <lerin~ du Ycrbe lzabcrc « avoir.
maîtriser, conduire », ('n grec i~~~n~. attcstt'.· a part ir du \"I'" siecle 304 ; sali-
<'ariwn. de sa/il.•a <1sa)i\"C, ban•», l'n grec r;oci.~~X?WJ, attcste a partir du ve
siecle 305 ; enfin, rt'li11a, forme jusqn' a cc jour inconnue dans Ies sources oc-
cident ales. Pour expliqucr Ies descendants romans, comme l'it. red1"11e, le
fr. 1·e11c, l'esp. rimd,i, Ic pg. l't'dt''7, \\'". ~Icyer-Liibkc reconstituait un hypothe-
tiqul" *retina, considere comme un post-wrbal, a part ir de rt'l1„zac (( retenir.
dompter, maîtriser », ou comme une forn1ation regrcssin· a partir de reti-
nawlum <1 ce qui sert a rctenir, renes » 308 . Cettc fonne a asterisque est con-
firrnee par Ies sources byzantines, ou l'on rctroU\·e au xe
siecle (•0t) p&-:Lvoc
ou ph::.·1oc 307 . Elle apparaît de nounau vers 1435, chez Leontios de Chyp-
re 308 , puis en 1456 dans le poeme sur la bataille de \'arna 309 .
Le mot capistrum « harnais de tete, muscliere, licol 1>, conserve dans
touks Ies langucs romant's, a sur\"l~cu aussi cn grec, ou il apparaît sous Ies
formes xocmr;-:o,,,, chez Theodore de Svkeon a la fin du VI" siecle 310 , xocdcr-
-rpLc..'' 311 et X:>:~Lu-:pocz.LC..'1 312 . La forme ·1a plus repandue etait Y.7.7'Lcr-:pLC..V, gui
a passe en grec moderne (xz:-:[r;-:pL).
281. L'une des pieces Ies plus necessaires du harnais etait la bride, ou
plutOt la partie de la bride faite de courroîes passees par-dessus la tete et le
museau du cheval et a la partie inferieure de laquelle s'attache le mors. La
forme roumaine căpeţea est nee du feminin latin capitella par un processus
302
l\taur., 316. 23; Leon, Tact. 6, 2S.
303
lJe i·ditatio11r bdlica .\.iceplwri A.11g11sti, ed. C.D.Hasc, Donn, 1828, p. 226, 16 (dans
k menw volume quc l'ceune de Leo Diaconus Calocnsis).
30
~ Leont. ~cap., ed. Ry<lcn, p. 151, 7; Theophan., 367, 20.
305
AJ('xander Salaminus, PG, 88, col. 4064 B; Homanus Melodes, ed. Grosdidier de
Matons, 39, 22 (\"le sieclc).
306 RE\\",n°7261.
307
Const. Porph., De cerim. 46, 3; Dig. Akr., E 74, 954, 1007: -:-:l pc-;e:vor. yupl~oucrtv.
308
Ed. :'.\liller-Sathas, Index: pc-;tvov, &.;:;c-:-tvov.
300
Ed. Gy. Mora·1csik, C 300, h'. 303; -;ci: {.c-;e:vx -;ou mcbe~.
310
H. Zilliacus, DZ, 37, 1937, p. 336.
311
Const. Porph., De cerim. 1 app., 480, 2; Etym. Magn., 139, 34; 798, 31; Suid s.v.;
Chro11. 11lor., 3351 (·1crs J'an 1335).
312
Const. Porph., De cerim. 2, 79; 1'43, 15.
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La. litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 377
313
lbid„ 1 app„ 4.63, 6: xocm-;~tik;: cmH CtTtO -:wv ~u.~crx:;ilwv.
314
l\laur., 52, 17; Leon, Tact. 5, 3; 6, 10; 11, 45; 18, 54.
315
Maur., 270, 11; 360, 29; Leon, Tact. 11, 45.
31 6 Clzron. },for., 5076 P.
317 Maial., 395, 17; Hesychios, s.v.
318
Notn. Test„ l\lathieu 27, 26; Marc 15, 15 9pxyz),),o\j'J; Jean 2, 15 cppocyt),),rnv; Prei-
sigke-Kiessling, t. IV, Suppl., 285 cppcxyi:AJ.oc (le' siecle); Chron. Pasch„ 713, 1 cp),cxytn~ov;
Ioann. Mosch = PG 87, col. 2904 C ippixy<:AALTl)c;; Georg. Kedren„ t. I, p. 481, 3 '?).otyl)AAWl>îjvix~;
Basilica 60, 51, 10 cp),(;(y<:Hl~<:w.
319
Maur„ 260, 2; C. Wessely, WSt, 24, 1902, p. 142; Du Cange s.·1.
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378 H. Mi hf1cscu
Am1es
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 379
taire » 334. Le participe futur armaturus apparaît en grec sous la forme &pµoc-
Tolîpo:;, avec le sens general de armator=o1./...ta-r~:; 335 • Le substantif armato-
rium, absent dans les sources occidentales, est reflete dans la litterature by-
zantine par les variantes &pµoc,ou;nov 336 ou &pµoc,wpwv = armamentum 337 •
Da11s Ies traites de strategie, pour la notion de « militaire en armes » on re-
trouve souYent le terme &?µ&-:-o:; 338 . Les verbes &pµ'.X-:-wve:w <carmer » 339 et
&p[Ut.TW'Jscr·lht « reprendre les armes » 340 sont frequents dans la litterature
populaire, notamment sous la forme du participe passe &pµoc,wµe'10:; 341 • Le
substantif abstrait &pµil.-:wcra exprimait l'action de s'armer, alors que &pµa-
-:-cud("/. signifiait <c l'er.semble des armes »342 • Le militaire charge de la surveil-
lance des armes s'appelait armicustos = o;ri.o<;?o),r1.~. terme rendu en grec a
partir du rre siecle par ci..pµ j:X,QUJ"7CUp 343 • Le substantif armistati'o manque dans
le Tlzesaurus li11guae Latinae, mais il figure dans Ies traites byzantins de stra-
tegie sous Ies formes ci..pµt:;-'17.'~(:)v, 'l.pµtcr-:-a-:twvo:; <c passage en revue », cons-
pectus armorum 344 • La ferme d'accusatif a-:-oc-:-twvo:=stationem apparaît dans
un papyrus du IF siecle 345 • On peut conclure de tous ces faits que l'etude
de l'heritage byzantin s'impose avec evidence lorsqu'il s'agit d'approfondir
la connaissance de la culture occidentale.
28'1. Des echanges actifs ont eu lieu entre !'Occident et l'Orient dans
le domaine de l'art militaire. Le mot d'origine grecque spatlza <c battoire, spa-
tule, epee large et longue » a laisse des descendants dans toutes Ies langues
romancs. Absrnts des sources occident ales anterieurcs au VIII" siecle, Ies
derives spatharius <c celui qui porte l'epee » et spathatus <carme d'une epee ~
sont attestes dans l'Empire d'Orient a partir du IIF sieclc 346 , L'un des corps
de garde du palais imperial etait forme de cr;:a.IM.ptot et leur chef portait le
titre de ;:p(J)-;0cr1:oc3-ocpto:;. A l'occasion des cerernonies. ils portaient sur l'e-
paule une sorte de hallebarde enrichie de pierreries, appelee cr7ra.3-o~ocx/...toc
(spatha+ bacula <c bâton, canne ») 347 • Par la suite, le titre et devenu courant
dans l'Empire byzantin, etant egalement adopte par bon nombre des peu-
ples du Sud-Est de l'Europe.
Pour la notion de «baudrier, bande de cuir portee en echarpe pour
soutenir .l'epee ou un sabre », il y avait en latin le terme balteus ou balteum,
que toutes Ies langues romanes ont herite; il apparaît en grec a partir du
nr~ siecle, sous Ies formes ~&A:n'' 348 ou ~a/,-;Lato'1 34 s. Le mot latin pugillmn
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380 H. Mih:'.iescu
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La litterature byzantinC', source de connaissancc du latin vulgaire 381
c'est-a-aire d'une lance d'un certain type &, oit-:Lµ.iX:roc:; «soldat d'elite 1>, crxou-
-:choc;. soldat pesamment arme d'un bouclier I) <pOL~s:pchoc; « soldat allie ». Se-
lon Constantin Porphyrogenete l' &.pµ.oc-:oc; etait un soldat etranger engage
dans l'armee byzantine 363 • Du temps 3e Leon le Sage (886-912), le terme
~'l)no-:ocToc; semble vieillir: on le remplac;ait par crx.pt~cxv ou crxpt~wv 364 • Kov-
't'OCToc; (derive de x.0'1T6c:;)etait concurrence par xov-;ccp&:rnc; (derive de xov-.ocpLov)
et crxouToc·roc:; ayant asa base le mot crx.ouTov, rarement atteste chez Mauricius,
qui, en revanche, faisait un frequent usage du derive crxouTocpLov. Par conse-
quent, pour bien comprendre l'evolution de l'art militaire, il est necessaire
d'examiner attentivement l'histoire de chaque vocable.
287. La terminologie des armes de jet est bien representee dans la litte-
rature byzantine et s'est enrichie d'influences occidentales jusque tard, en
plein moyen âge. Le mat lancea <c lance», d'origine probablement celtique, a
donne naissance en latin aux derives lanceare <c lancer », lancearius ou lanci-
arius « lancier » et lanceola <c petite lance», en grec A.ocyx.b: 375 , A.ocyxLocpoc; 376,
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382 H. 1\lihăescu
),17.yzo:uw' 377 et ),17.yx[oto'' «petite lance• 378 • Le latin lzasta «lance, pique t
avec hastatus <( muni d'une lance» et lzastile « bois d'une lance» ont donne en
grec ocr;-:17. 379, &r;-;r/.-;oc; 39 0 et occr-:[/,to''• a partir du ne siecle381 • Le nom du ja-
velot lourd d'origine celtique gaesmn est atteste en grec (yoc7.r.oc;) des le
ne siecle av.n.e. 382 : Ies mercenaires gaulois armes du gaesm11 s'appelaient gaesati.
Dans la litterature byzantine, y:x'.r;c.~ n'apparait que dans Ies ounages lexi-
cographiques et il n'etait, probablement, pas populaire 383 . En revanche, le
rnot 1:erutum <1 petit javelot » a laisse des traces dans Ies traites de strategie
(~"t)pu-;-;r1.) 384 , a\·ant de subir la concurrence de mathobarbu./nm ou martzo-
barbulmn <( sorte de <lard plombe a son extremite ». Ce terme aurait eu a sa
basc un hypothetiquc *mattea «massuc, massed'armes »du latin vulgaire,qui,
s'il manque dans Ies source:; antiques, s'est consen•e neanmoins dans certains
parlcrs romans 385 . Ses derives 111attearills ou mattiarius <1 soldat muni de cette
arme» et matteola <1 bâton, manchc de la houe » confirmcnt l'existcnce du terme
latin primitif. En grec, on rencontre Ies formes µ.:x-;-;tci?toc; 386 et W·t?•t·J~cl.p
~wi.r,•1387. Le terme 111art1"obarb11llls <(petit <lard plombe a la pointe » (on releve
dans .certains manuscrits Ies formcs mattiol;,_rbulllm et matl1iobarb11lum) ap-
parait d'abord chez \'egese durant la premiere moitie du ye siecle 388 • En grec, il
prend aussi Ies formes !.LX?•?:-,~~ci?~~·,•Ji.''"" 1.t:xp-:-?:r,11.:X1.tr:.1JÎ.'•'' ct fL'l.?T~·-,!i.&)0u),ov 389 •
On appelait cn latin 111art1"obarb11l11s le militaire charge de lanccrl'arme di te mar-
tio!J,1rb11l11s, dont on ignore l'originc. De la meme famillc egalcment est *matte-
11ea, avcc des dcscendants dans ks langucs romancs (r. m:iciucă, fr. massue) 390
et des attestations dans lrs sources byzantincs: µ.:x•?:-i>x:x <( sorte de massue • 391 ,
(.L'l.7~Wzoc-:-r,c; (( rnilitaire arme d'une massue » 392 et (.L'.Y.7~•JUKLr,'1 «petite mas-
sue » 393. Ce tem1c, <l'originr inconnuc, a ete \'ehicule par Ies militaircs, a
tra,·ers le latin, dans une tres vaste airc.
De trahere-tractus (I trainrr ,·iolemment >) est ne le verbe ":'?CLX't'EVWJ
(I tirer a l'arc, jeter la lance •. Le latin venabulum (I epicu de chasse$ apparaît
en grec au I\'" siecle (r~-~'1:X'JÎ.'J'1) 39", ou au Y1c· siecle 305 , puis au cours des
377
Maur., SS, 16.
c,;, )faur„ .116. 13; )laia!., p. 458, 2; Thcophan .. p. 24i, 3 I.
3 9
' Theophan., p. 366, li; 560, H; Const. P.irph„ D, c,ri111. 1, 92.
3
Ro Polyh„ 6, 21. 7; 6, 23, 1; Ioann. Lyd . .llag., 15S, 8.
351
:\laur., 338, 19; Lt'.·on, Tact., H, 79.
382
Sept11agi11ta, Jos., 8, IS; lud„ 9, 7; Polyb„ 6, 39, 3; 18, 1, 4.
383
Suid. s.·1.; Etym. Jlag11„ 223, 26; Lcxiques grccs i11idits publics par Emm. Miller,
~ Ammairc <le L\ssociation pour l'encouragemcnt des ctudl:s grecqucs en France•, t. 8, 1874,
p. 25~. le •1ers 121.
"" 1\lanr„ 3li, 22 ct 26; 316, 12; 326, 5; 332, 1; 340, 25; 314, 1; Leon, Tact„ 7, J.
385
\\". Meycr-Li.ibke, RE\\', 5426.
386
1\lalat., p. 330, 4; Const. Porphyr„ De ce1·im„ 1, 91.
:;c;; 1\laur., 314, 22; 316, i et 20; 326, 5; 332, 4; 340, 25; 344, 4; Leon, Tnct., 1, 3.
388
\"eget., Jfil., 1, 17: pl11111batar11111 quoque tXffcitatio, quvs 111arlit'f1arlmlos vocant; 3, 14:
qui al,1aitcs vcnl/is ci martiobar/.mlis, quas pl11m/Jatis no111i11c111/, dimin111t.
3 9
~ Du Cange, p. XS I.
390
\\". Meyer-Li.ibke, RE\\", 5126.
391
Theophan. Contin., ed. I. Bekker, p. 393, 13, x_e sicclc; Theod. Prodr., VI, 227 =
= Legrand, Bibi. Gr. Vulg., t. 1, p. 38-124, Xlle siecle; Ps. Kodin, 163, 33.
392
Actes de Lavra, cd. G. Rouillard-P. Collomp, t. 1, n°• 41,51; 44, 29; 48,40'(l'annee
1082).
393
Leon, Tact., 6,27; 7,67.
~9 ~ Lampe, p. 296.
~~ 5 :Maial., p. 163.
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La li terature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 383
siecles suivants, sous Ies formes µifvorn:Aov, µe:votuALO'J 396 et µsvotu:A&:roc; 397 •
Le terme cuspis, -idis « pointe de lance» et ses derives cuspidare « aiguiser »
et mspidatint (<de forme pointue I) ont laisse des traces au siecle (Y.oucr;dov xe
(( lance aiguisee I)) 398 ct dans certains parlers neo-grecs de Chypre ( xr1Ul'J''i! lv
<(pal»), de l'île de Karpathos (xouG1d~e:Lv <( empaler ») et de Thrace (xoucrTiocv
« irriter, torturer») 399 . Cn terme tardif, probablement d'origine germanique:
xou~tov (piuriei zou~toc <( fusees incendiaires ») est atteste uniquement chez
Mauricius et Leon le Sage 4oo.
Comme on le voit, certains noms d'armes ont penetre a une epoque
tardive en latin et en grec, apres avoir ete empruntes des peuplades migra-
toires; c'est le cas de µ'.Xp7~')~cf.p~o·J),r,'J (<petit <lard plombe a la pointe » et
:x_ou~toc • fusees incendiaires ». Comme ces noms ne figurent pas dans d'au-
tres textec:;, il est a supposer que Ies annes respectiYes n'ont pas ete freque-
mment utilisees et que leur diffusion n'a pas du couvrir de trop vastes terri-
toires.
283. Atteste deja chez Flaute, le terme ballista, emprunt technique a
un derive de ~ocA.1.t~sL'J (cf. ~rl..1\1,sL'J «lancer »), est devenu par la suite popu-
laire sous la forme ballistra (cf. it. balestra). d'ou est ne le derive ballistrarius
«celui qui lance», reintroduit en grec par la plume de Mauricius sous la forme
~otALcrTpocpLoc; 401 .
te mat xon6c; (( perche, bâton, bois de lance, javelot, epieu l) a ete em-
prunte du latin (contus) ou il est atteste du temps de Varro; la langue espag-
nole (cuento <( poutre de soutenement ») en a herite. Le deriYe contaritts ((porte-
lance » apparaît dans Ies inscriptions latines a câte de co11tat1ts, avec la meme
signification a partir du IF siecle 402 . Ce dernier terme se retrouve egalement
chcz Mauricius et c'est du latin contarius que s'est forme xov-rcf.pLov «lance 1>,
atteste chez le meme ecrivain; de la s' est developpe par la suite le derive
xov-rocp1ho:; « soldat arme d'un xo'J-:-&pLo'J » 403 . Ces exemples montrent que
l'interpenetration des deux grandes langucs de la civifoation antique allait
si loiri qu'il est parfois impossible de distinguer sur lequel des deux terrains
en question ont eu lieu Ies transformations enregistrees. L'alene pouvait scrYir
tout a la fois d'instrument de travail et d'arme; le tire-point ou le poinc;on:
le latin subula, conserve dans le roumain sulă, est atteste en grec a partir du
IVe sieclc (Gou~Aet., Go·;~/,[o'J, crou~At~sL·J) et a survecu en neo-grec (crou~i,oc,
crouyArJ.., Gouy/,~, OGU"(Alcf.) 4o4.
31111
Theophan., p. 221, 3; Const. Porph., De adnz. imp, 26,33.
397
• Syll. Tact. 47, 15 et 23.
Nicephori Praecepta militaria, ed. J. Kulakovskij, (< Memoires de I' Academie des Sci-
388
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384 H. n1ihăescu
Organisation de l'armee
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·rulgaire 385
1tp<7>Toi:; Tou crTlx_ou ~yon 1-ou op8(vou TWV &xLwv ~yo1J'J TWV „. opo(vwv, "Q:;
&:xloci:;, ~yoU'I •oui:; ăpo(voi:;; dze: oe ăp8lvoui:; TO 'rct:yµoc 8e:xiX.e:~ 408 • Les
expressions XClT'op8LVOV'° 9 (( a tour de role» et EV op8(vcp 4 lO «Cn ordret,
frequentes elles aussi, se sont integrees le temps aidant dans le systeme de la
langue grecque et sont devenues des adjectifs ou des adverbes: xocTop8(voi:; 411
€.vopawoi:; 412 et €.vop8 Lvwi:; 413 • Le langage juridique employait I' adverbe
€.!;Tpocop~Hvwi:; « exceptionnellement t 414 • Le mot ăp8L'1oi:; (diminutif ăp8lvLov)
a survecu dans certains parlers neo...grecs de Crete et d'Italie meridionale 415 •
Le verbe ordinare « mettre en ordre, etablir » a penetre dans la langue
grecque des le Ile siecle, avec le sens de « disposer, ordonner » (opoLve: ue:w) 416 •
Dans Ies traites de strategie militaire, il revetait le sens concret de« organiser,
mettre en ordre une unite militaire »417 , avec le compose d'ailleurs unique
7tpoopoLve:ue:Lv (( disposer prealablement, preorganiser I) 418 • Le substantif opoL-
W/.'t"L<JllJ (ordinatio = 1ci!;Li:; «mise en ordre, etablissement t) s'associait gene-
ralement aux verbes 7toLe:~v « faire » et ylve:a3':u « devenir », pour donner
naissance aux expressions opoLvot't'LO\lot itOLe:~v et opOLVCULCa>\I y(ve:cr&ct.L 419 •
Le titre ordinarius (opoLviipLOi:;) etait porte par le centurion de la premiere
cohorte de chaque legion, etant atteste dans Ies papyri grecs d'Egypte du
IV0 au VII 0 siecle, ainsi que dans d'autres sources 420 • 11 etait synonyme, sem-
ble-t-il, d' ordinatus centurio, qui se reflete dans Ies inscriptions grecques sous
Ies formcs opOL\IOC't'Oi:; XE:\l't'OUpLCa>\I ou EXCl't'O\l't'IXpX,oi:; opOL\IOC't'Oi:; 421 •
Certains derives romans d'Occident, comme le sarde ordindzare « exe-
cuter », l'esp. ordefiar et le pg. ordenhar, supposent l'existence en latin, a
câte d' ordinare, de la forme *ordiniare. La presence de cette forme dans le
latin vulgaire est confirmee par Ies sources byzantines, notamment par la
litterature populaire (op8LvLci~e:w) 422 , ainsi que par certaines survivances
dans Ies parlers neo-grecs ( cX:vopo Lvtor.crToi:;, Crete; apo L\ILOCO''t'O<'.;, N axos;
&:oup8[v!or.cr·rni:;, Macedoine) 423 • Le substantif ăpoLvdoc signifiait « rangement, or-
dre • et s'associait d'habitude avec le verbe 7toLe:fo3'xL dans l'expression
ăpowe:Locv 7toLe:fo&ixL 424 • Celle-ci apparaît dans la litterature populaire et dans
les chroniques mineures, le plus souvent dans la variante op8LvLci; elle a connu
une large diffusion 425 : dans tous ces cas, leur point de depart etait l'arinee
bviantine.
291. Tout jeune soldat (tira) etait astreint a. une periode prealable
d'instruction (tirocinium). Le terme -dpwv ou -;·~pov present dans Ies sources.
grecqucs du ne au xe siecle, cornme en ternoignent lcs papyri, les ecrits hagio-
graphiques et Ies ouvrages historiques 426 , exigeait une explication du diction-
naire, ce qui prouve son rnanque de popularite 427 • Le substantif tironaius
« apprentissage, corps de recrues • devait penetrer dans la langue gr('cque
des le ne siecle, etant atteste dans Ies ecrits hagiographiques {-:-~pwvi-:-o.;)
jm:qu'au vnc siecle 428 • La taxe de paiement ou de rachat d'une recrue, norn-
mec tironicitm, est connue au IVe siecle par la correspondance de Syncsios
sous la fonne ·n~w11Lz.6v 429 .
A la jeunc recrue qui personnifiait le debut de la carriere militairc fai..,.
sait pendant, a la fin de celle-ci, le veteran: les variantes latines 1.Jclcranus
et vetranus se retrouvent en grec sous Ies formes oue:-rFo:v6c; 430 , ~e:Te:~iivoc; 431
et ~e:":'pCivoc; 432 . La position de !'accent etait en general conservec ce qui
montrc qu'il s'agit d'ernprunts faits par voie orale. Un terme bien att.este
dans Ies sources byzantines est le rnot xiµit(,c; (campus), pour lequel le dic-
tionnaire de Sophocles offre dcux sens: tt champ t = 7'E~Lov et « camp & =
== G'7CC.:"rl7'e:~(,'). Cc vocablc apparaît dans Ies papyri a partir du II" ~iede;
chcz Mauricius, ~a signification est de Khamp ouvcrt ct plat». Le rnot pro-
longc !"on existcncc jusqu'rn neo-grec, ou il apparait au!'si bien dans le nord,
qu'cn Italic meridionale.
L'instruction avait Iicu sur le camp (campus, xci.µ.;:1;~) et l'instructcur
etait appcle campi ductor (xixµ;:LOOUX":'wp). En grec, on retrouve egalt:ment
la forme zix11.moc..ux-rwpL0'1 «le drapeau de l'instructcur » 433 , qui n'a pas de
correspondant <lans les sourccs occidcntaks. Le mot xciµTioc; est attestl- de
maniere ininterrompue dans toutes sortcs de sources byzantines jusqu'en
neo-grec; il etait souvent utilise aussi dans la toponymic.
Les recrues etaient distribuees par groupes, gcneralement d'une dizaine
d'hommes, qui se partagcaient la meme tente. Entrc l'organisation milita-
ire grecquc a l'epoquc classique et l'organisation romainc il y avait une
affinitc, voir une continuitc, car les termcs acies ou acia « ligne de bataillc ».
co11tube111ium et dccurt·a correspondaient par leur sens aux mots Mzoc, c-r\;~r,c;
et ik:v.O'.pJ'..LO'.. Le derive contubernalis «camarade de tente» existe daps Ies.
rnurces grccques avec Ies variantes xc.\ITou~e:pv!l)„Loc; ou xc.nou~Epv&Fv.c;
des le II(' siecle 434 • Les traites de strategie des VIIe-xc siecles cmployaient
425 'O Ilou).o1.6yoc;, vers 11° 518 (vers 1300); Emm. Gcorgillas, 'la-:o;:t%·~ t~·ijyT)atc·rrcpt
Be:hcrcx~lou, , dans Ca„m .. Gr. m<d. aet•., p. 322-3"17, vers n° 6~; Chrcm. Mi11., t. I, n° 68,22.
P· 52"1: hcxµe: r:oD.E:c; op8L\l(e:c; xcxi -:ci~o:tc; (!'an 157"1).
~2 8 Preisigke-Kicssling, t. 3, p. 223-22"1; t. i suppl., p. 391; Theophan.·, 297, 15 i :H. Dcla-
haye, Les Ugendes grccqucs des sai11ts militaircs, Paris, 1909, p. 12î, 8. . .
42 7 Suid. s.v.; loann. Zonar„ Le xi coti, p. 1727: -:~FW\I o
vfoc; a·tpt-rtt~)-:r,~ ·r, vclAcx-:oi;
cr-:cai:-:6c:.
· 42 e Act. sanct., t. 6, p. iOi; ]. Hardouin, Acta co11ciliorum, Paris, 1714, t. 1, p. 90.
4 20 Syncsii Epistulac, 79 = PG, 66, col. Hi5A.
4Jo Preisigke-Kicssling, t. 3, p. 216, ne - IVc siecles.
4 31 Athanasii .Alexandrini Ser1110 maior de fide, 1 = PG, 26, col. 1265 A, n·e sit:Lle.
4 :1~ Ioann. Zonar., Lexicon, p. 383.
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La litterature byza.ntine, source de connaissance dn latin vnlgalre 887"
u.; Maur., 192, 9-10; Leon, Tact„ 4,2; Pracc. mil., 1,2; 12,13; 18,25; 20,17.
436
R. Grosse, Romische Militărgeschichte von Gallienus bis zum Beginn der byzantini-
.shen Thnnmverfassung, Berlin, 1920, p. 310.
07
V. Be§e·11iev, Spătgriec!Jische und spătlateinische Inschriften aus Bulgarien, Berlin.
196-t, li<) 89,3.
. ns Procop„ Bell„ 4,2,1; l\falal„ 461,11; 464,3; 468, 21; Teophyl. Sim., Hist.', 3,4;41
3,6;t; 7,3,3; Ioann. Zonar„ l.rxicon, p. 375 ·
m Maur., 56,24; 60,21; Leon, Tact„ 4, 7 et 16.
Ho Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 212; Act. Apost. Apocr, t. 1, p. 112,5 116,5; Ioann. Zonar„
Lexiom. p. 1183: xe:vTouplwv 1j":OL n:y1.Lx-rci,:ix·1J:; zX'.XTOVTciSo:;.
111
Leon, Tact., 16,4.
41
~ ] . Viteau, Passions des saints Ecaterine et Pierre d' Alexandrie, Barbara et Anysia,
Paris, l->97, p. 99 (llle siecle); Theophan„ 287, 7; Leon, Tact„ 4,13; xE:v-:ixpxo:; SE: ecrT~'J o
EV.C(":O'I 1.v8pC:lv ă.nwv i)-:oL E:xo:-rov-:cipx7J:;; Acta Miklosich-Miiller, t. 6, p. 21 (l'an 1073):
u 3 Plut., Rom., 8,7.
. . . ~u Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 214 (IVe siecle); Act. conc. oecum., ed. Ed. Schwartz,
t. .Z, !l· 133, 30 xri;miA.Lvo::; (l'an 457); Theod .. llalsam., Pg 88, col. 11936: ex yE:vciu:; v.opTix),[vw•1
(l'au 11')0). ·
u 5 Theophan„ 462., 12; 468,7; Leon, Tact., ll,20: e:t:; -rl]v x6p-:-7Jv Tou a-rpixTLyov; Theo-'
phan. Contin. 236,2: ,-~:; "o ~xaLAE:w:; o:•JAC(b:; ·~-roL x6r,r•7J:;. · · ·
· · , u~ <P. Ko·;~out.i::, op. cit„ t. 5, p. 323.
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388 H. Mihăescu
m Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 214.
•4& PG, 87, col. 3664 B.
m Miracu/a S. Georgii ed. I. B. Althauser, p. 131, 9.
450
Maur„ 304, 16: m:1:wv xc..uvlci.
•
01
Zilliacus. p. 144: 1 Dem cuneus entsprach ungefăhr die keilfi:irmigc Anfallsformation
fPOu).xov ... Auch dieses Wort diirfte lateinischer Herkunft sein: furca kommt jedoch in der
romischen Militărtcrminologie nicht vor•.
•
02
Maial„ 431, 12: t<pou).xLl;;e:v ciu•6\I; Theophan., 283,3: o[ 8e Mo Em:crci\I ix •t"~c;
<poupxci~; Theophan. Contin., 303, 17: <po•'.ipxcic; crTij\lciL 7tpocrho:t;e: ... cive:crxoA67tLO"e:v: Ps. Kodin.,
o
8.'i, 2: âve:axoA67tLO"e:v txa:foe: ciuTouc; fiyouv EfPOUAxL<JEV ~" xo:l T67toc; tx>.~STI ~ou>.x6A7j<JToc;.
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La littfaature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 389
294. Les noms portcs par certaines unites romaincs de l'epoquc clas-
sique se sont maintenus dans la nomenclature militaire byzantine - par
exemple: acies (&xloc), cuneus (x..ou'llLo'll), legio (t..e:ye:w'll, A.qLwv), numerus
('llouµe:p::ic;, 'llOU[J.e:pov) et vexillatio (~d;e:AAIX't'LW'll). D'autres termcs du meme
genre devaient penetrer sur le tard dans la terminologie dC' l'armee byzantine
comme emprunts faits des divers peuples avec lesquels Ies Romains entre-
rent en contact, pour etre ensuite transmis a la civilisation byzantine: ban-
dum (~cb~~v) d'origine germanique et drungus (8p:.uyyoc;) d'origine celtique
ou germamque.
Jusqu'au nre siecle, !'unite de cavalerie la plus importante, compor-
tant environ 500 ( quingenaria) ou 1000 (milliaria) hommes, commandee
par un praejectus, etait I' ala (oct..oc): en grec, ce terme figure surtout dans Ies
inscriptions et Ies papyri d'Egypte. Par la suite, en raison des changements
qui eurent lieu et surtout du role de plus en plus important assigne a la cava-
lerie, d'autres termes se sont imposes, le mot ala tombant en desuetude et
disparaissant des sources byzantines.
Par turma, au IVc siecle l'on entendait une unite de cavaliers d'environ
350 a 500 hommes. En grec, le terme (-roupµ.oc, -roupµl)) figure dans Ies papyri
du rer au Vle siecles, sans interruption 455. Le traite de strategie de l'empereur
Leon le Sage (886-912) l'explique par ~pouyyoc; ou µ~poc;, c'est-a-dire une
grande unite de cavalerie, ayant son propre drapeau 456 . Le commandant d'une
't'OUp(J.OC etait DOmme 't'OUp[J.ocpJ.l)s 457 , SOil epouse s'appe}ait -roupµocp;(LO'O'IX 458 ,
453
P. Colii net, Sur l'expression ot iv -:-oi:'i; -rou:A8oti; • ceux qui portcnt dans lcs bagages t
(Ecloga, cliap. XVIII), dans Mt!Zrmgcs Charles Deihl, I: Histoire, Paris, 1930, p. i9-5i; A.
Dain, • Touldos • et •Touldon » dans les traites militaires, dans: Ilcxy>'apm:tcx Mt!langcs Remi
Grt!goire, II, • Annuaire de !'Institut de philologie ct d'histoirc oricn1alcs ct slaves ~. 10, 1950,
p. 161-169.
4 M Tres frequent chez Jvlauricius et Theophanes; Leon, Tact„ i,30; Praec. mil„ 10.9;
13,11; 14,23; 17,18; De velitatione bellica, ed. C.B.Hase, p. 182,8; 205,13; 226,6 ct 10; Nicepho-
ri Bryenni, Opera, ed. A. Meineke, Bonn, 1836, p. 139, 11; Cecaumeni Strntegicon, ed. B. Vassi-
lievsky - V. Jernstatlt, p. 22,12.
ns Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 22i; t. '4 suppl„ p. 391.
4 se Leon, Tact„ -4,11; 6,18-19; 12,7.
467
Const. Porph., De adm. imp„ i5,81; i6,78; Leon, Tact. -4,10.
468
Theod. Stud„ Epist„ 2, 1-45 = PG 99, col. H53 C (vers l'an 80"l).
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3!10 I-L" Mi hă.>·-'>c11
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La li tteraturc byza.ntine, s.c:iur:cţ, ,d.t;. co~naissa.nce du latin vulgaire 391
471 Const. Porph., Df' ceum., l, 1;··1·,27; Symeonis l\Iagistri Am:alt5, C-cl. !mm. Br:kker,
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392 H. Mihăcscu
Gardes et sur\'eillance
u~ Apophtcgmala Patrum = PG, 75, col. 88A; Dorothcus Abhas, Doctrinae diversae =
= PG, 88, col. 1745 A; Anastasins Sinaita = PG, 89, col. 57 A.
483
Paladii Hist. I.aus. = PG, 31, col. 1051 D.
48
' Maur.. 68 ,23: f:lotJXe:AAttpLXcl f:liiv8tt.
na De thcm., 6,6.
480
Amm. Marcell., 17, 8, 2: bucclatum, "' vulgo appellant.
487
Cod. Thcod., 7, 4, 6 (l'an 360); Cod. lust., 12, 37, l.
488 Paulin. Nol., Epist. 7, J, p. 45,2: de buccellalo Christia11ae expeditionis.
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La. littera.ture by2&D:ti.D.,.. a>un.ti tle-·001Jnaissancc du latin vulgaire 393
raît surtout dans Ies textes populaires et s'est conserve jusqu' a cc jour dans
l'île de Karpathos 491.
De ~Ly:A(~e:Lv sont nes, sur le terrain de la langue grecquc, les substantifs
~f.y:Aurn;, cbro~(y:ALO"Lt; « veillc, surveillance & 492 ; ~Lj'ALO"T-ljt; «celui qui veil-
le » 493 et ~Ly:Acx.TLx6v « impot pour l'activite de veille ou de suncillance » 494 •
La forme la plus repandue etait sans doute ~(y:Acx. = XCX.TCX.O'X07t~ « garde,
surveillance I), derivee d'un hypothetique latin vigla, un post-verbal ne de
viglare, tout comme pugna de pug.iare. Attestee sans interruption, la forme
~ly:Acx. a survecu dans le neo-grec, d'ou elle est passee en turc 496 • La popularite
du mot ~f.y:Acx et de ses derives est incontestable: ~Ly:A(~w implique une forme
correspondante latine *viglizo, d'ou s'est developpee la forme roumaine veghez
« je veille ». 11 y avait des gardes interieures (fow~Ly:Acx.} et exterieures
(E~6~Ly:Acx.) 496 , des gardes de jour (~µe:po~(y:A1XL) 497 et de nuit (vuxTe:pLvcxl.l~(y:AcxL} 498 ,
la surveillance contre le feu (~(y:Acx •.• ~ 8Lci Tou nupot; cpu:Axcx~) 499 , Ies gardes
des foyers (xotµLvo~f.y:Acx., xotµLvo~(y:ALcx.} 600 et Ies gardes imperiales (~otO"LALxotl.
~f.y:AotL) 501 . Le commandant d'une garde importante s'appelait 8pouyyocpLot; T~t;
~(y:Acxt; ou ~f.y:A"lt; 502 . Du latin viglator, non atteste en Occident, est ne le
terme ~Ly:AocTwp, quc l'on retrouve frequemment dans Ies traites de strategie
du xe siecle 503 .
Le terme x.ouO"Tw8f.oc (custodia) « garde, prison &, figurant en grec tout
d'abord dans le Nouveau Testament 604 , est toujours usuel au rvc siecle, au
ye siecle 505 et meme au xe siecle 606 . Le fait qu'il figure encore dans l'reuvre
de Theadaros Prodromos 507 , vers l'an 1166, confirme la popularite de ce mat,
employe sans interruption jusqu'a ce jour. Son derive xoUO"Tcu8LocpLot; ( cus-
todiarius) <c gardien de prison » est cite par l'empereur Constantin Porphyro-
genete au xc siecle 5os.
297. Le terme e:~n:AopocTcup (explorator) est accole par Mauricius au mot
xocTocO"xoTCot;, qui sert aussi a l'explication du mot plus recent O"xou:AxocTcup 509 •
Le fait que deux termes distincts, empruntes au latin, soient traduits par un
seul mat grec est la preuve d'un manque de ressources et montre que la ter-
minologie grecque de l'epaque classique ne repondait pas en entier aux besoins
de la basse-epaque. Les exploratores et sculcatores ou exculcatores etaient
491 N. Andriotis, Lexikon, p. 248, no 2395.
492 Acta Miklosich-Miiller, t. 5, p. 83.
49 3 Emm. Kriaras, Ae:!;Lx6, t. 1, p. 116.
494
Acta Miklosich-Miiller, t. 5, p. 166, no 4 (l'an 1317).
405 Ch. Symeonidis, op. cit., pp. 36 et 41.
496
Const. Porph„ De cerem., 1, p. 490, 4; De re mii., 11,17; 12, 2-4; Vel bell., 202,41
225, 10; 226,6.
m Ps. Kodin., 249, 13-15.
oe Maur., 356,18; Leon, Tact., 11, 2e.
49 9 Etym. Magn., 801, 27 (Xe siecle).
500 Vel. beli., 188, 5,9; 194, 20.
601 Theopha.n., 491,1.2
502
Theopha.n., 466,5; Const. Porph„ De adm. imp., 51,29; Ioann. Scylitz„ 3,4; 112, 16.
603
Leon, Tact., 14,16; De re mil., 41,21; Vel. bell., 186, 17; 187,2; 222,1, 225, 13; 236,6.
604 Nouv. Test„ Mth„ 27, 6.5-66; 28,11.
606
Ioann. Cbrysost. Hom. 89,l = PG, 7, col. 832 B; Pa.lla.d. Hist. Laus. 38 = PG, 34,
col. 1193 A.
608
Alexandri Sala.mini De inventione crncis = PG, 87, col. 4036 C.
5o 7 Hist. Gedichte, ed. W. Horă.ndner, 17, 9.
r.oe Const. Porph., De cerem., 2, 78.
r.oe Maur„ 33, 13; 222,8; 240,17; 246,8.
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394 H. Mihăescu
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L:i litteraturc byzantinc snurcc <le conn;i.issancc tlu latin 1ul~airc 395
d ii;xou~L•o~ 5 ~ 0 •
Le terme Ei;xou~LTapLo~ = E:!;xr,u~l·rcup, cite dans le cadre
des dcbats du Concile recumeniquc de Nicec (789), rnpposc l'c:xistrncc pre-
alablc du latin exwbitari'.us, ab::;.cnt des rnuccs occi<lcntaks. La <lignit~ de
ă.p"J.W'J, z;ixpz.ot; ou XO(J.7)~ ŢW'J iţxou~L'r(J)'J (I chef des gardrs imperialcs)) a
ete detenue pcndant un certain tcmps par uri Vlaqu·c de Thcs~alic 521 .
Le terme de protector, utilise a !'origine dans l'annec, dcvait s'etendre
par la mite a la vie civile a causc de la militari.sation de l'appareil cl'Etat:
il est atteste de fa<;on qunsi-inintcnom1me dans ks sourccs grccques dcpuis
le IYl' imqu'au XII" sieclc, awc ks grapbics: npr.-rix-rCtlp, T:poT~X7(t}p ou
npo-rl.x:r(t}p 522 . Pcndant Ies carnpagnes, le sccre1airc protfgeait lcs comman-
dants ou l\n-:.pcreur, d'oi1, probablement, Ic sens de <« gardc du corps acquis „
par ax.pl~wv=oopucp6p:i~ a part ir du VI<' sieclc. Comidcrc d'originc latine par
Theophylacte Simccatta, le mot crxpl~wv supposc une forme pn'.·alable
scrilo, -onis, non attcstee dans les rnurccs occidentak:s 523 .
On retrcUVl' dans ccrtains textcs des ixc - xnc
sieclcs, notamment
dans des tcxtes de caractere hagiogr~phiquc, le termt' x.u.mx.ÂocpLo«; = OZGµo-
CflUAIXi; <« gardirn de prison »524 .11 y avait aussi le titre ou la dignitc ccclesiastique
de xo:mx/,ocpLcc:; (( gardien des clds l) 5 ~ 5 . Le mot drvait etrc, a ce qu'il
semblc, le prcduit d'unc contarninaifrn rnire cla'iimla (avcc ~es doublets
vulgaires cabfrola, cabicla) <«petite def, Joquet 1> et caput <«tete>>, qui a donne
naissance a un hypothetiqut:: *cap1·da, consnvC:· dai~s le sarde lwbiya <c clou,
!'OC » 5~6.
Promotion, grades
52
° Const. Porph„ De ct11m·., 1,1; Theu:pl~an. Cent., H2, î.1; 383,3; .?t.9,4; Annc Ccn~n.,
Alex., 4,4,3.
s2 1 Cccaum. Strnt., p. 96.
522
Pallad. Hist. Lai!s. = PG, 34, col. 1171 D; V. Brse·:li<v. n° 224,12; Agr.1h. Hist.
3, 14,5: d.; ... C"or:··cy6;:wv, li.; c-Tj cxp([:Ct,,vc:c G\t(.-i:~(.,l.CL"J Thupl.<.n., 1E4, 20; Zon<:.r., Hist.,
13,6,1.
523
Thcophyl. Sim„ Hi st., 1, 4, 7; 7, 3, 8; 8, 5, JO; ct\C"Fe< -;{;;v cro:µcnoq:iuMx"'" -reu
~ixcn).tfo~<; ... Cv crxp l[3wvC< „ . xc:-;c,vr,!J.â~o,~crl".
524
PG, 100, col. 1161 A; O. Gcbhardt, Acta tr.art}n1m scltcta, Leipzig, IS02, p. 173,
24; Michael .G!yc. Ann, cd. I. Bckker, Bor.n, 11:136, p. 249.
6 2 s ]. Darrouzcs, op. cit., p. 548.
626
W. Meyer-LiilJkc, RE\\/, 11° 1979.
527
Maur„ 304, 19; 322,4; 332,8; Leon, Tult„ 4;17 et 19; 7,70.
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396 H. Mihăescu
siecle, puis, 1usqu'a bien plus tard, comme titre dans l'administration civile 528 •
La promotion d'un grade a l'autre se faisait en passant d'une place en arriere
a celle de devant et celui qui accomplissait ce mouvement ( promotio, 7tpoµw-
·dov) s'appelait promotus (7tp:iµwToc;). Quand un militaire avans;ait de quel-
ques rangs, il devenait prior (7tplwp) par rapport a celui qu'il avait laisse en
arriere; quand il arrivait au premier rang, il obtenait le grade le plus eleve,
celui de proxim1ts (7tp6!;tµ.oc;). Ce titre existait encore au
530
xe
siecle 529 • Les
soldats retrogrades devenaient ultimi (ouATL!J.OL) • Chez Mauricius, Ies ter-
mes anciens, d'origine grecque se marient aux termes nouveaux empruntes
au latin. Dans l'usage quotidien, Ies vocables modernes, avec un sens techni-
que precis, etaient pris davantage en consideration, comme la preface de l'au-
teur nous en avertit. Les ecrivains byzantins ont du reste soin d'expliqucr un
terme par un autre: A.ox.a:ywv ~Tot 7tplµwv (Maur. 314, 19); A.ox.cxyo~ Mye:TcxL •••
xcx l. ot 7tp'i:µot i!;epcrTocT7)c; (Leon, Tact. 4, 17); ot cre:xouv8ot foTcxvTocL xoct ot
7tp'i:µot i!;epx.ovTcxL (Maur. 332, 28); ouA.Tlµouc; ye:vea3'cxt ~youv {mox.s:tplouc;
(Maur. 66, 16).
300. Le militaire qui rccevait double solde s'appelait duplicarius (8ou-
7tAL>tciptoc;), titre qui n'est plus atteste apres le Vl 0 siecle. Celui honore d'une
distinction portait un orncment de la forme d'une come ( corniculum) sur le
casqur c:t s'appelait cornicularius (xopvtx.ouA.cl.ptoc;), mot atteste jusqu'au
VI" siecle. Au xc siecle, l'ornement nomme xopvlxALOV faisait partie, a cote
du blason, de l'apanage de l'cmpereur 531 •
Le terme cantator signifiait a la fois (I chanteur, recitateur, enchanteur,
magicien ct orateur &. Cette dernien~ acccption a p~netre cgalement dans Ies
rangs de l'armee romaine, d'ou elle est passec cnsuite dans la litterature
byzantine. Chez Mauricius xa.vToc•wp s'appelait le militairc qui haranguait
Ies troupes avant d'en venir aux mains et qui les exhortait au combat (58,5).
A la diffcrence de cc terme, le mot latin centuria fut traduit cn grec: son corres-
pondant grec, E:xcxTov-:cipx.7)~. est cn fait un calque d'apres le latin centuria.
Le latin comes « compagnon, camarade de combat est atteste dans Ies papyri „
grecs a partir du IVe siecle; le terme dcvirnt ensuite de plus en plus frequent
dans la litterature byzantinc, pour entrer dans Ies langues slaves et en rou-
main et persistcr jusqu'au debut du XIXc siecle. Le mot x6µ11c; est utilise
chez Mauricius pour designer le chef d'une unite militaire d'environ 300 hom-
mes, appclee Tocyµa. ou ~civ8ov (56, 13-14): il correspond au latin tribunus.
Le latin dux, ducis a connu une fortu ne particulierement heureuse:
sous la forme grecque 8ou!;, 8oux6c; il avait au Vl 0 siecle le sens de <• dirigeant
de l'unite militaire dite µo'i:pa. I'), dont l'effectif s'elevait a un millicr d'hom-
mes. Mauricius emploie ordinaircment le mot ancien µ0Lpcipx.11c;. mais il donne
a entendre que de son tcmps le terme moderne 8ou!; etait en reali te le voca-
ble usite chez Ies militaires: cette supposition est confirmee par le fait que
c'est le seul qui se soit impose a la culture byzantine. Dans l'administration
iZe Anal. Boll., 14, 1895, 375-395 (111 8 siecle); Maur., 322, 4-8; 332, 20 et 27; Leon,
Tact., 4,20; 7, 69; Darrouzes, p. 611.
ue Stephanus Diaconus = PG, 100, col. 1169 C (l'an 808); Const. Porph., De cerem.,
394; 599,11; De re mil. 5, 26.
• 0 Maur., 66, 16: ouATlµou~ ylve:cr.&a:t.
3
Al Const. Porph., De cerem., l, l: Tii xo?vlxAtcx, &7te:p Tii ~ixcr(Ae:tot lv8o&e:v 7tE:iHtpepwaL
O"TtµµotTIX.
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La litt~rature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 397
militaire, apres l'institution des themes, le terme 800~ designait le chef d'une
ville ou d'une region (o 8ou~ Ne:ix7t6A.e:wc;, o 8ou~ Be:ve:·dixc;).
Les militaires preposes aux bagages (t'ouA.8oc; ou O'IX"(fl.cXpLix), ainsi que
leurs chevaux portaient l'epithete de ot O'IX"(fl.IXTocprnL. Le suffixe-ocpLo~.
d'origine latine, apparaît aussi dans le cas d'un autre terme herite des Ro-
mains: 0'7tix&&.pLoc; « porte-glaive » (Maur. 68, 24). Ce dernier mot garde aussi
son sens etymologique original: il s'appliquait d'abord a une modeste cate-
gorie de militaires. On p~ut <lire la meme chose de O'Tp1hwp « ecuyer >) (Maur.
B24, 18). L'ceuvre de Mauricius constitue une source de premiere main pour
l'etude de l'histoire de ces termes, qui devaient connaître ensuite un briliant
destin dans l'administration byzantine. TpL~ouvoc; (tribunus) est egalement
un grade militaire, plutât modeste pour commencer, designant le commandant
d'une unite militaire (~&.v8ov, Tocyµ.ix) qui comptait environ 300 hommes.
Chez Mauricius, il porte aussi le nom de x6µ. ~c; ( comes).
'Le titre optio (o7tTlwv) «adjutant choisi par le centurion», qui revient
sporadiquement apres le vie siecle, etait probablement une simple reminis-
cence 532 • En revanche, le nom du commandant d'une unite de cent hommes
( centurio, xe:vTouplwv) apparaissait plus souvent, jusqu'au xe siecle, surtout
dans la litterature hagiographique 533 • Les titres de comes (x6µ'Y)c;), tribunus
(-rpL~ouvoc;) et de dux (800~). attribues aux commandants des grandes unites
et en usage aussi dans l'administration civile, jouissaient d'une large diffusion.
Au xe siecle, le commandant d'une armee etait nomme, egalement fl.IXO'Tpoµ.(A.'Yjc;
( magister militum) 534.
Les troupes d'elite singulares (GLyyouA.&.pLoL) ne sont plus attestees
apres le vre siecle. En revanche, Ies optimates (o7tTLfl.cXTOL) 535 , Ies spatharii
(cr:c1X3'ctr.iLoL) et Ies joederati (q>oL8e:p:hoL) apparaissent frequemment dans
Ies sources. Au xe siecle, Ies spathaires, protecteurs de l'empereur, portaient
une sorte de bâtons ou de cannes distinctifs, nommes crm;c&o~fxf.~cx: (du lat.
bacu.la) 536 •
Drapeaux et enseignes
301. Vegece nous apprend qu'il y avait dans l'armee romaine trois
sortes de drapeaux importants: l' aquila (dont le porteur s'appelait aquilijer),
Ies im:igines «Ies images de l'empereur » (leurs porteurs etaient nommes
imaginarii) et Ies signa ou dracones (dont les porteurs repondaient aux appel-
lations de signijeri ou de draconarii) 537 • Le drapeau dit draco apparaît au
Il 0 siecle: il devait connaître une grande expansion aux IVe et ye siecles;
le terme de draconarius est atteste souvent dans Ies textes et Ies inscriptions
et il a survecu dans la litterature byzantine 538 • Ce terme avait remplace au
V0 siecle celui plus ancien de signijier comme l'affirme categoriquement
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398 H. Mibăescu
Vegece (2, Î): sigmjeri qui signa portant, qi!os mm< dracona~ios voca.nt. Mau-
ricius, qui cite le vieux mot ~cxvooc:p6poc; {318, 3), sent le besom de Im accoler
sur le charnp le terme nouveau opcxxovciptoc;.
Aux drapeaux et enseignes l'on peut ajouter aussi: vexillunt « etendard »,
Jlammula « banniere », tufa « aigrette » et phma « plumeau ». Apres le IV(' sie-
cle, l'aigle et le dragon ont ete PfU a peu remplaces par l'insigne chretien de
Constantin le Grand, le labarum, et par le bandw1t, nom d'origine germanique.
Le mot pinna n'a pas sun·ecu dans Ies sources byzantincs. Les termcs s(r;,num
<crlyvov} et vexi·llmn (~~~Li,l.ov} ne se sont maintenus que jusqu'au debut du
vne siecle 539 . Le derive ?.'exmati"o (~lJ~L),),o:·rlw·1) (< corps de vexillaires)) ap-
paraît encore sporadiqmmrnt dans Ies traitcs de strategie ulterieurs, mais
commc unt' simple reminiscrnce. En revanche. le nom opcxxoviXptoc; «porte-
drapeau » etait encore usuel au xe sieclc 540. Le terme nouveau de labarum
(M.~ixp~v}, lance sur l'initiatiYc de Constantin le Grand, ne s'est pas ger.fra-
lise et n'est pas dcvenu populaire, car îl s'cst ~pecialise avec le tcmps, pour
designer seulcrnent le drapcau de l'Empereur ct de rn suite 541 . Ceux qui por-
taicnt le labarum s'appclairnt /,ix~ixpfi(TLOL 542 ou Âcx~c-,up~oLoL 543 , formcs pro-
wnant du latin vulgairc ( labarcscs = Labarrnses, lalmrcses = laburrnscs;.
Le terme d'origine germanique ~&.voc.v (bandunz) est reste usuel pcn-
dant longtemps dans l'Empirc byzantin pour designer un drapcau militaire
ou une unite ayant son drapcau. Le dfploiemcnt ou la consecration de celui-ci
constituait un evencrncnt de grande importancc 54·1 : Ies porte-drapeau (~ixv
Oo<:p6poL) etaicnt dcfendus soigncuscmcnt cn cas de peril et mcntionnes en
tcrrnes Clogicux. Vehicule par le latin, Ir rnot etait parfois masculin (~ci·100c;}.
probablcment deja dans k latin vulgairc (ba11dus) f:.1 5 • II a subi constammcnt
'a concurrence du terme c:pi..ciµou/,ov, qui a firii par le supplantcr. Celui-ci a\'ait
a la basc le latin jlamnzula «petite flarnrne ou bannierc de couleur janne »
rt etait largcmrnt r{pandu aprcs le vie siccle, avec Ies derives c:p/.1Xµ0u:Atov.
(f>b:µr,u/Jcrx.Lov ~petite banniere », c:p/.1>:µ1;u/.ocpLoc; d c:p/...ixµou/,l~&Lv « tcnir le
drapcau eleve» 546 • Dans les tcxtcs populaires on r~trouYe gcneralrmcnt les
Yariantcs cpi..ocµc-,upfj'J, cpi..ixµc.upL(J'1, c:pi.o:µoupLifpLoc; ct cp/.ixµ~upLocp'I); 547 , parti-
culicrcrncnt conscrvecs rn neo-grec (c:pi.ixµoupt) ct albanais (jlamur)' alors
qu'cn roumain )lamură derive dircctcmrnt du latin.
Attcstec en latin chcz Vegec<> (3, 5) ct dans la litterature byzantin<' a
partir du VI(' sieck, un drapcau d'une c~pece a part, fait de plurnes etanalo-
guc a la 1"11ba (< aigrcttc, panachc J), portait le nom de tufa {'rouc:pix}; il s'agis5~ait
d'unf' ~crte de parnrc des rnldats Lt de kurs montures lors Cies combats. ou
s:rn Macario~. PG, .34, col. CCO D et 724 D (!'an .390); Gclasios, PG, 85, col. 1205 B (l'an
475); Maial., 126,5; 14.'.\, 12; 316, 12; 330,5 (!'an 560); Ioann. Mosch., PG, 87, col. 2925 C (!'an
610).
640
Ioan. Mosch., PG, 87, col. 2868 A; Maur., 318,4; Const. Porph., De cerem, 1,1; Leon,
Taci., 113,.3; 159,4; 173,14; 181,29; 191,5; 209,2.
641
Sc,zomcni Damaskenos, PG, 94, col. 1359 A; Germanos de Constantinople, PG, 97,
col. 149 A; Const. Porph. De urrn1. 1,1; 2,49.
54
~ Cc,w.t. Porph., Dl' ctrcm., 1,89.
3
M Leon, Tact .. 159,15; 173, 29.
r.1 Maur., 34,21: O:yui~ELv -ra ~riv8a:: 96, 28 ~riv8a:: civop.Souv.
4
640 Theophyl. Sim., 3,4,4; 7,3,3; Praec. mil., 14,33: &xa::cnoc; ~iXv8oc;.
646 Gcorg. Cedr., 1, p. 772,23: id <p).o:µou/,[ou; L6on, Tact., 5,4; Syll. Tact., 20,3;.39,l:
<p).1Y.µou).(aY.LO'.; Mich. Glyc., A nr.al, p. 351 (l'an 11.50).
, m Chron. Mor., 125 et 923: ~Î.O'(JOUptrip"ljc;: 1175: «pAO'µoupt'*pLot; Chron. Toce., 772:
cp).r.qmoupov: 2534: cp/,ciµoupct.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 399
<les exercices 54&.·Le mot a ete probablement emprunte des Germains et trans-
mis par le latin aux langues romanes et par le grec byzantin au grec modeme.
Chez Mauricius, il prend un sens technique: 't"oucpEov « plumet », « Helmbiis-
chel t. Dans les ouvrages de strategie anterieurs au Xle siecle, le terme appa•
raît d'habitude sous la forme 't'oucpEov 549 ; la forme tufa ('"t"oucpix} a survecu
en neo-grec ('t"oucpix), albanais (tufe) et en roumain (tufă).
Strategie
302. Une fois recrutee, equipee et instruite, l'armee etait mise en etat
de combattre et d'entreprendre une expedition ( exp~ditio) contre l'ennemi.
Les troupcs rnises sur pied pour une intervention ( cupiae ex_peditae) etaient
rassemblees dans un camp (ev 't'o'Li; xoccr'"t"poL<;) ou au licu du depart {Ev '"t"ci>
i;m:8L't'<j>) 55o, c'est-a-dire qu'elles etaient rnises ou tenues en etat d'alarme
{ in expedito positae' in expedito habitae) ; a l' expression latine in expedito
.correspondait en grec, avec le meme sens, ev e~7te:oE't'cp 551 . Mais en grec il y a
aussi le substantif e1;7teoL•ov (ou peut-etre e~7te:OL't'ov, car la position de !'ac-
.cent n'est pas sure), avec le sens de <( lieu pour une expedition, camp, armee.
expedition >) 552 . Ce terme s'opposait a cr&8e:'"C'OV (( lieu de cantonnement pou,r
se refaire », alors que e;7teoLTov designait l'endroit ou une troupe s'assemblait
pour partir au combat 553 •
11 y a donc dans quelques textes byzantins rediges durant la periode des
Vf 0-Xe siecles le terme crtOE:'t'OV (pl. creoe:Tix) avec le sens de « camp perma-
nent, lieu ou l'on demeure ». C'est ainsi que dans le Codex ]ustiniani 1, 4, 18
unc ordonnance de l'empereur Anastase JCr (481-518) parle des ot ucpe:crTw•e:i;
xocl TTI 7tocpixcpuA.ocx7i 7tpocrxixpTe:pouv't'e:<; cr•p1X't'LW1"1XL ev •o'L<; cre:ohoL<; « soldats
..qui attendent et veillent dans des stations ». On peut lire dans Ies glos-
saires, de meme que dans le lexique Suidas l'explication SUÎVJ.ntc: d0s't'OV
-.o cpocrcrchov 554 . Les lois militaires du Vllle siecle (Rufus) comportent les
mots: u't'plX't'LW't'"IJ<; EV 7t1Xpocxe:Lµ.oco(cp ~ xixt mxpooov ~ e:l<; 1"cX crtOE:'t'IX •. Theophile
(De testamento militari, 2, 11, 3) se rend bien compte qu'il s'agit d'un mot
rare, car il eprouve le besoin de l'expliquer: ev o!<; xp6voL<; ev e•tpoL<; oLixTpE~ouO'L
"t'07toL<; ~ ev 't'o'L<; A.e:yoµ.&voL<; ocu•o'L<; cre:o&ToL<;, 't"ouTeO'•Lv €v3'ix oLocye:Lv ixu•ouc;
.&.vocyx"I) •wv cr't'poc•Lwnxwv ev 't"cj} oLoc't"(3'~0'3'ocL 7tpovoµ.Ewv oux &:7toAoc ucroucrL
<< durant ces periodes ils pourront passer leur temps en d'autres endroits ou
dans ce qu'ils appellent stations, c'est-a-dire qu'il est necessaire qu'ils restent
la-bas.ou ils ne pourront pas jouir des privileges militaires ».Le vocable crsoe:-
548 Cosm Indicopl., PG, 88, col. 444 A; Leo Gra.mm., 227,3; Const. Porph., De,cere~.l
.t,46.
:>-1. 9
Syll. Tact., 38,5; 39,l; Leon, Tact., 6,2.
s50 Theop. Anteccss., 2,261; 2,316 (l'an 537).
551 Leon, Tact., 7,8; 11,6; Ducas, p. 75,10.
552 Malal., 309, 6: x.e:!-;;u::ro:::; Tljl l:ţrtdHTc:>; 336, 8: 8t:xcrw:;:u •.. Toc l:!;Tt"e:8[To::· 478 1·
&:ve:~wpljcrct\I ŢQ: &:µqi6Te:po:: l:ţrte8LTO::; Leon, Tact.' 4, 1: ~V Ţ,ii> l:ţ7te:8~c:> ~y.ouv ev .Ţii crwo:~wy1j 'ŢQci
4J>Ocra.-.ou; Theod. Bilsam., PG, 88, col. 1101 A: o::[ TWll e:x."A'l):nw~ Y.T'l)O"E:L<; urt6x.e:LvTcH 8ouvo::L
<kyy:xp(o::<; x:xt ocµc:t;o:::; e'J TO::Î<; [3xcrLALX:XÎ<; l:rtt TcX e!;Tt"e8LTO:: rt:xp68ot:; (l'an 1190).
3
65 Ecloga privata aucta, dans: Ius Graeco-Romanum, 4,20: e:fre: l:v l:ţ7te:8lTOL<; il ev
<re:8E't°OL<; iSVTe::; (OL O"TpctnwŢe::;), !Xe siecle.
64
5 F. Dolger, Zur Ableitung des byzantinische Verwaltungstcrminus -3-eµoc, dans: Fest-
schrift W. Ensslin =«Historiat, 4, 1955, p. 193, n. 7, reproduit dans: Paraspora, Ettal, 1961,
p. 193, n. 7. · · ·
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400 H. Mihăescu
-rov a ete mis en rapport avec sedere et sedes. Precisons toutefois qu'e? lati!l
une forme sedctum n'est pas attestee, mais !'origine latine du mot est mdub1-
table. Nous pensons pouvoir expliquer comme suit le terme ~ec. 11 fa~t
supposer qu'a cote de sedeo, sedere, sedi, sessum en latin vulga1re se sera1t
forme un schema sur le modele de moneo, monere, monui, monitum; placeo,
placere, plawi, placitum; taceo, tacere, tacui, tacitum. Consequemment, la
forme classique scssum, qui etait isolee, aurait ete remplacee par la forme ana-
logique *seditum (prononcee sedetum) qui se trouve a la basc du terme by-
I
zantin a&oe:Tov. Le mot apparait aussi chez Mauricius (64, 13), au debut du
vnc siecle: E\I 7tClf'OCJ:.e:Lµ.cxol~) ~ de; '" O'tOETCl (j dans le camp d'hiver o:u dans
<les stations ». Par consequent, Ies sources grecques confirment l'ex1stence
des termes latins expcditum (de expedirc) et scdetum (de sedcre), absents des
sources occidC'ntales.
303. Les soldats qui couraient en tete de l'armee, en eclaireurs des lieux
et des routes, etablissaient le premier contact avec l'ennemi et assuraient la
protection de la colonne principale; ils s'appelaient antccessores, antecursores
ou praewrsores; par la suite, ils allaient porter aussi Ies noms de exculcatores
et proculcatores. Le premier de ces termes est frequent dans la litteraturc by-
zantine jusqu'au xcsiecle, sous deux variantes: civTLxfoaope:c; et civ-rLxE:v-
aope:c; 555. Ceux charges de l'espionnage et de la recolte d'informations s'appc-
laient spcculatores (a7te:xouf..ciTope:c;), mentionnes tout particulierement par
ks ecrits hagiographiques en tant qu'enqueteurs contre Ies chretiens 5M.
Ceux qui cherchaicnt des informations ou Ies cspions (xcxTciaxo7toL) etaient
connus sous le nom de €~7ti.opci-:-ope:c; 557 • L'expression praeparator viae ou
c:iarum apparait des le Ilic siecle chez Ies ecrivains chretiens, tels Tertullien
et Augustin; sous leurs plumes elles semblent etre d'originc militaire 558 •
Chez Mauricius (90, 8), une seule fois Ies manuscrits presentent une glose inte-
ressan t e.. (l\17LXEO'O'Opcxc;
' f ol f > I
''iTOL 7tpC1L7tOCTopocc; .•. -rouc; o<pe:L/\OVTOCc; f'\ (.I.
7tp0/\Cll.l-t"'Cl\IELV '\ f
XOCL T!ic; ooouc; itPCJYLVWO'XEL\I XOCL E7tL Tcl ~7tA"IJXTIX OOl)ye:'i:v TO\I O'TpOCTOV
«Ies precurseurs ou preparateurs ... qui ont le devoir de passer devant, d'ex-
plorer Ies routes et de conduire l'armee au camp 1>. Nous sommes en droit de
proposer une conjecture et d'introduire dans le texte de Mauricius la forme
7tpOCL7tOCpclTOpOCc; a }a place des VarÎantes 7tpOCL7tclTOpocc; OU 7tpE7tclTOpocc; offerteS
par Ies manuscrits. Les eclaireurs nommes civnxfoaope:c; ou 7tpocmcxpoc"t'ope:c;
avans;aient en memc temps que Ies arpenteurs (µ."1jva6pe:c;) et recherchaient
le meilleur endroit pour faire camper l'armee. Les tcrmes mensores, mensura-
tores et metatores chez Vegece (2, 7) sont attestes aussi par Ies papyri grecs
chez Ies Byzantins sous Ies variantes µ.-fivaope:c;, µ.lvaope:c;, µ.Lvaop&.Tope:c; et
7tpoµ.&TpcxL 559 • C'est encore la litterature byzantine qui nous permet de tirer
la conclusion que le mot deputare « envoyer en mission, deleguer 1>, y compris
ses derives deputatio et deputatus, etaient repandus durant la basse-epoque,
bien que Ies sources latines Ies enregistrent rarement ou meme Ies ignorent.
Chez Mauricius, le terme O"lj1t0-:-ciToc; « ambulancier • est frequent, alors que
666:Maur., 30,11; 58,11;'68,15; 72,16; 90,5; 192,20; 234,13; Leon, Tact., 4,25; 9,8.
666Athanasii Apologia contra Arianos, 8 = PG, 25, col. 261 D (IVe siecle); MapTupiov
BlxTwpoc; xcd Btxe:vT(ou„ dans Mvl)µe:îa, p. 308; Theodoros, PG, 120, col. 172 B (l'an 1005).
667 :Maur., 38,13; 156,10; 168,13; 222,8; 240,17; 244,1; 246,8; 358,15· L~on Tact. 17 97.
6b8 . ~ J ' J
Nouv. Test. Marc„ 4,32: praeparatOY viarum; Aug, Bapt, 5, 10, 12: praeparat01' viae;
Aug., Scrm., 531,2: praecursor et praeparator viae.
668 C. Wessely, WSt, 24, 1902, p. 138.
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La littfaature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 401
81ptoTcxTEUELV (232, 21 et 26} et 87)7tOTtn(<i>'ll (232, 18) sont illustres par trois
exemples.
Certains cavaliers avaient pour mission de se deplacer aux alentours
( circare-xLpXEUEt'll} 560 , de proceder ades recherches ( circitare-xtpxtTEUEt'11) 581
ou de faire des rondes (7tot&'i:'ll xtpxe-rcx) 662 ; on Ies appelait circitores
(xLpx(-ropec; ou xepxf.-ropec;}. Le terme xepxe-rov « recherche, ronde» avait
a la basc la forme latine cfrcuitus (prononce kirketus en latin vulgaire) 583 •
304. Le pillage fortuit, individuel ou collectif, etait exprime en gene-
ral par le terme expilare (€ţ7t"l)AEU&t'11), avec le derive expilator (eţ7t7)Achop),
encore en usage au xc siecle 584 • Le pillage organise est tres frequemment
mentionne: Ies termes praeda et praedare ont survecu dans toutes Ies langues
romanes; 7tpcx'i:8cx et 7tpcxt8eu&t'll apparaissent sans interruption jusque dans
le neo-grec 566 •
Les incursions, soit dans des buts tactiques, soit en vue du pillage
(cursus, cursura, cursare, cursarius, cursator, cursor) ont tenu un role de pre-
mier plan et donne lieu a de nombreux emprunts: xoupcrop, 7tpcu-roxoupcr<Up 566 ,
xoupcr&U&tv, XCX't'CXXOUpcr&UEL\I et OC7tOXOUpcr&UEL'\I 567 , xoupcroc; ou xoupO'O\I,
7tp6xoupcro'll 668 , xoupcrchcup, 7tpoxoupcroc-r<Up 669 et, a partir du xc siecle et sur-
tout dans la litterature populaire, xoupO'&.ptoc;, xoupcrocpDc; et xoupO'cxptx6c; 670 •
Ces derniers termes representent eux aussi une continuite directe et ne sont
pas d'emprunts de l'italien. Dans l'ensemble, cette continuite persiste en
neo-grec (xoupO'EUEt'll, xoupO'o<;, xoupO'ocpoc;, xoupcrcxptxoc;).
Le terme ~(.l.7t&-roc; ( impetus) « attaque » est atteste une seule fois 571 .
En revanche, pour les notions de <c defense, defenseur » ( dejendere, defensio,
defensor) Ies textes de strategie ou consacres a la theorie du droit comportent
I
56
5
Maial., 312,22: /.ix~ov•e:~ TtoAl.·~v rrpixi:8av; Maur., 38, 11: 7tpat8e:ue:Lv; Const. Porph.,
De adm. imp., 29,35: eupov rrpixi:8ixv; Ducas, 117,13: 7tpai:8ixv 7tOLE:Î'tlXL (l'an 1462).
586 Maial., 352,3: rrpw-roxoupcrwp; Maur., 1 H,2: µ€poc; xoupcr6pwv.
567
Maial., 189, 13: xoupcre:ucriiµe:vo~ 't"1]V t8lixv xwµ7JV; Theophan. Contin .• 821, 12:
·xa:T' OA(ywc; xoupae:Uov't'e:<;; Const. Porph., De adm. imp., 1,27: xoupcre:Ue:tv xccl A1)L~e:cr-3-o:L.
568
Maur., 152,11: ev µ€v 't"OÎ:~ xoupcrOL~ fi <JXOUAXIXL~: Leon, Tact., 10,8: EV µ€v 't"OLc;
XOUpcrOLc; i') 't"IXÎ~ ilC/.AaLc; tcpo80L~.
669
Leon, Tact., 12,27: xoupcrii-.ope:~; P.raec. mil., 6,7; 7,1; 12,30; 13,5; 16,1: 7tpoxoupcr~
't"Ope:~.
Ph. Meyer, Die Haupturkunde 1aa,. die Geschiclite der Athoskloster, Leipzig, 1894, p.
570
· 181,11: cX.rro8exov't"aL 't"OU~ xoupmipou~ (XI siecle); Actes de Lavra, 62, 15: 8Lii 't"O\I cp6pov 't"WV
cX.&ewv xouocriipwv (l'an 1153); Acta Miklosich-Miiller, t. 3, n° 10, p. 48: xii..e:riyci xoupcrapLxii
(l'an 1201).
671 Leon, Probl .• 11,26: !µrre:-.oL µe:„· l:.J.arr(a~.
571
Maur., 96,17: 87Jcpe:v8[wv; 74,31: 87Jcpe:v8e:ue:Lv; 30,2: 87Jcpevrrwp; Actes de Kutlumus,
~d. P. Lemerle, Paris, 1946, n° 65, 12: 8e:cpev8e:urrL~ (l'an 1623).
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40:::? H. Mihăescu·
premieres prieres et le sermor.), qui ensuite s' est etendue a 1' office tout entier.
Chez Mauricius, toutefois, on retrouve le sens original laique, atteste dans
la legislation romaine. De cette forme ou du participe passe missus sont nes
en grec Ies derives µLacrs:us:Lv <c rcnvoyer, laisser libre • et µiacre:µ'X « renvoi •
attestes jusqu'au xve siecle 573.
Recompenses el châtiments
30G. L'mL~ d·.?s recomp:ns,.?.> d~.:::"2rnccs aux militaires lors de leur libe-
ration s'appelait adorea (ciow?h); celui qui cn beneficiait portait le titre de
ciowp<ho?= ocit6µixxoc; 578 ; la tem:~ qu'il reccvait en usufruit ( CX.o&pa:Loc} <leve-
~• 3 Ma.nr., 192, 8: :.L~-:-i ,;, i1::~.-:-·1r,y /.~L -:-i; µ.:nz;; 3.56, 16 1.u:-:-i ·d; b-;i-;:?LYci; µlaaa.i;;
Chroii. P.iscli., 624,2 ~Jw/.:1 .. . µhn;; Tl1cophan, 237, 20 ;i-,):;, -:-u) µL:r:reucrxL; Const. Porph.,
De cerem., 1, 21 "(L"J'lv:-u iLl1crx\; 1, 30 8l8;iv-;xL µ.L1crxL; C!iro;i. Mor., 1.530 ~µlcraeljixv 't'ct
cpp:xyxL/.;i 'fl'.l'J::r;.i;x; le ·1crs 8607: -:-) µ[JJ;:;.u; C!iron. To:c„ 1.51 ~µlacreljix·1 (l'an 1425).
574 ~\faur., .5-1,3 :(.)Y'.lJ,.L~wY; 1'5~.5 HnJj.LLX~5:n; Prcisigke-Kiessling, t. i, p. 46 ci8vouµ.eue:tY;
Leon., T.ict., 6,15: -;;·1 ;~>/..t~.):j) -:-~; :-,;; ~orx; :1.:xl •'.l·j cBvou,.i.lo·J; Di re mil. 9,9:,Q: ljµe:p~ata.
&..~you,.LLx; Georg. C·..!Jrcn., t. 2, p. 62..5,13: ~p'i<ci:r:n yl.) -~ ..Len, c.l.)10·'.iµrnv rrl.-xu6µi::vo;; Dig.
Akr., G 19: :BnJ;.t~i:-x; .. . poy;;·hz;; Acta :\liklosich-Miiller, t. 1, n° 77, p. 177: ~7txpxo:; 't'WV
µ.eyciAwY i310<JiJ.LX<Jt'WI (l'an 1333).
575 D.iniel Stylit..:s, Anna.I. B1ll., 32, 1913, p. 191: &.7!lHi:LAXL µxv3cin:, l'an 494; Nov.,
4, 1-2: ~YP"IJ•~·1 -~ µ.xdci:l,n, l'an .53.5; Ma.la.I., 178,4; 474,12; 47.5, 14; Maur., 28,11: µxv81h·a.
~M6nt; 245, 29: a:;ui:n:,:1.:x [.L:.('13ci;x; 246,27: µ:x·181hx <p•JAcirrc:t·1; Theophan., 243,.5; 249,26:
eJte:µ~i;; µxY3&. :-x; Leon., Tact., 4, 18: (.LXY8ci•o?c:i;; Theophan. Contin„ 166,2: 7tpw·c-oµxv8iiTw? ;
Chron. ;'1,for., 300: 1nv8x•o:;>6;>0;; Chroa. Toce., 704: µxv8:.n-oqio,nu;av; Leont. Mach., 93:
µxYa:no<p':l? lx.
67 u Preisigkc-Kiessling, t. 3, p. 133; Rohlfs, Lexicon, p. 314: mandatari o ambasciatore
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La litterature byzantinc sonrce de connaissancc du latin vulgaire 403
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404 H. Mihăescu
de reparatio pris dans ce contexte par le mot &:7t6A.ucnc;, mais Mauricius retient
l'expression latine telle quelle, et dit: E'L ·ne; A.:xµ.~&.vov pe:7to:po:Tf.ovo:, TWV E:ctuToiJ
o7t"Awv ite:ptcppov~c;e:L •••. crwcppovt~fo&wcro:v. <1 Si quelqu'un, prenant du repos
pour recuperer, neglige ses armes ... qu'il soit châtie • (64, 7-8). C'est l'uni-
que attestation de ce genre dans la litterature byzantine. Le manuscrit A
ajoute une glose (prno:pocnwvo: ~Tot cptAoTtµ.f.o:v), d'ou il ressort que le copiste
du Xlc siecle, ne comprenant plus le vrai sens du mot pe:7to:po:"t'Lc..>v, le traduit
approximativement par« amour des hommes, ambition •.
307. Vadrouiller, sans billet de permission (vagari, ~:xye:ue:tv) c'etait
interdit ct severement puni. Le latin vagari « errer, aller a l'aventure • appa-
raît chez Mauricius sous la forme ~o:ye:ue:Lv dans I' exemple suivant: d Ttc;
":"OA(..lo ~cre:L ~ocye:ucro:L u7t&p "t'OV J:pOV ov "t'OU xoµµ.;:cl.Tou, x:xl. "t' ~c; O'Tpo:nf.o:c;
hrj/,l)S-îj x:xl. wc; 7tOC"(OCVOt; "rO~c; itOAL'.-LXo~c; ocpxoucrL itOCpoc8o&d7J (I Si quelqu'un
osait vagaLonder en-dehors des limites du temps accorde par la permission,
il scrait chasse de l'armec ct livre comme non-militairc cntre Ies mains des
dirigeants des cites I) (62, 12-13). Le verbe ~o:ye:ue:Lv SC retrouve egalement
chez Constantin Porphyrogenete (Adm. 51, 61), Leon (Tact. 8, 82), dans
le lexiquc dit de Souidas (qui l'explique par 7tA7JTe:u:::tv) et dans certaines
chroniques byzantincs 584 ; il a survecu isolement dans Ies îles de Melos et de
Naxos, jusqu'a notre epoque 5s5.
Le terme dcsertor {o7Jcr&p•oop) n'apparaît plus apres le VI" siecle. De
rejugium u refuge, asile •. devaient se formcr pendant la basse-cpoque rejuga
<c fugitif, deserteur • et l'adjectif rejugus; ce demier avait dans la terminologie
militairc le sens de /1 celui qui se retire, qui s'cnfuit •, par opposition a instans
«celui qui insiste, qui rcsiste • (Tacite, A.im. 12, 40). Le point de depart du
devcloppcment du sms a partir de la notion de «celui qui s'enfuit devant
l'ennemi» jusqu'a celle de <de•erkur, refugie politique» se trouve dans le
domaine de l'activite militaire. Le term·~ de rcjugus est passe aussi dans la
languc grecque, ou on le rencontre une s~ule fois, chcz Mauricius: Touc; 8E:
/\e:yoµ.e:'Jouc; p:::cpouyo•;; l)TOL 7tpo!lcp•;yo•J; ... cr•p1nocc; oe:txvu:::w <1 ceux qu on
'\ I t I ~ I f ~ I I
appdle Ies refugies ot1 ~uyards ... montrent Ies chemins & (284, 17). Le
fait que l'auteur utilise l'explication « ceux qu'on appelle • et ajoute la
glose (I fuyards I) ffiOntre quc le terffi~ p&cpouyot; Ctait p~U COnnU OU memC
ignore par le grec du temp.~. Le vocablc 7tp6crcp•Jyoc; (ace. pl. 7tpocrcpuyau;) est
lui-meme un calque du latin projugus <1 fugit.if &, puisque en grec n'existe que
la forme 7t?6crcpu~ (ace. pl. 7tp-lcrip·Jy.x.c;). Dans D~ a.lministrando imperio de
Constantin Porphyrogenete Ies deux formes apparaissent: 7tp6crcpuye:c; (31,9)
et 7tp6crq>'Jyoc; (50, 138). Le mot peipouyoc; est toutefois reste entierement isole
et n'a pas survecu en neo-grec.
En revanche, tumultzts «revolte t a laisse des traces jusqu'au xe
siecle:
lLOUATo; <1 revolte t, (..lo'lUATe:U<:LV <1 se revolter &, (J.OUATLC&>'J <1 J'action de se
revolter I) 588 .
La flagellation a coups de verges constitua pendant longtemps un pro-
cede courant. Le manuel de Mauricius recommande que durant la periode
d'initiation au maniement des armes, Ies recrues se servent pour leurs exer-
cices d'un bâton de bois appele ~zpyf.ov a .Ia place du sabre. Ce mot derive
684 Triandaphyllidis, p. 123.
685 Andriotis, Lexicon, p. 170, no 140 l.
86
" Theophan„ 474, 16: µouATwv x:xt cn1hewv qipovwrdi:;; Theophan. Contin., 479, 14:
µoiJJ.-rov µeJ.nijacn; Leo Gramm„ 340,9: µouJ.nua2v-re:;; Genesios, p. 25,8: µouJ.-rtwv.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 405
Instruments de signalisation
308. Les principaux instruments de signalisation utilises par l'armee
romaine etaient Ies bucina, cornu et tuba. Le premier et le deuxieme, d'origine
pastorale, etaient faits d'une come, le troisieme etait en metal 591 • Les instru-
ments de signalisation, d'appel a l'ordre et d'encouragement au combat e-
taient donc: la trompette droite (tuba), destinee aux militaires individuels,
la come (cornu) employee pour diriger Ies mouvements des troupes et Ies
manoeuvres et le buccin ou la trompette courbe (bucina), mise ala disposition
du commandant en chef pour donner le signal du commencement du combat.
Parmi Ies noms de ces instruments, cornu n'a pas laisse de traces dans Ies
sources byzantines, et le terme "t'ou~oc avec son derive "t'ou~&:rcup n'apparaît
687
Stephanus Diaconus, PG , 100, col. 1137 D: ţ3E:pyorn; ·rou-rov e-ruit-rov (l'an 808);
Georg. Cedren., t. 1, p. 693, 1: ţ3epylcp orii a1hou y6vo:-ro: itEpLxo:pil.!;o:cro:v.
688 Andriotis, Lexikon, p. 175, no 1456.
689 Du Cange, p. 205.
690
Asterios d'Amassia, PG, 40, col. 449: 1i.ixyx),:xţ3lnic; (l'an 430) Const. Porph., De cerem.,
l,l: µo:yxMţ3Lv; Theophan. Contin., 174, 23: ihucp&TJ µo:yxA&.ţ3Lo:; Ps. Kodin., 181,31: A.wpoL,
oflc; xo:l..oucrLv µo:yx.Mţ3Lo: (l'an 1380); Andriotis, Lexikon, p. 362, no 3850.
591
Hieron. In Os., 5,8: bucina pastoralis est et cornu recurvo efficitur; Veget., 3,5: tuba
quae directa est appellatur, bucinaquae in semet aereo circulo flectitur; Quint. lnst. or. l, 18, 14:
quid autem aliud in nostris legionibus cornua ac tubae faciunt quorum concentus quanto est vehe-
rnentior, tantum Romana in bellis gloria ceteris praestati' ·
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-406 H. Mihăcscu
que dans Ies traites de strategic antericurs au xc siecle 592 • Le son du cor s'2.fpc-
lait bucinum, vocable conserve en roumain (bucium); en grec le mot ~ouxL%'1 n'a
jarnais cesse d'etre usuel et a survecu en neo-grec an~c Ies derives ~ouxcvi?:EL'>
et ~oux(wrµoc 593 • Celui qui jouait de cet instrument ou qui le portait s'arpe-
lait ordinairemcnt ~OUXLVcXTWp, ~OUXLVciT'Yjc; ou parfois ~C.IJXL'ILT'Yjc; 594 • 11ans
l'epopee D(t?,mis Akritcs figure la variante ~ouxcivocc; 595 •
Le militairc charge d'incitcr Ies soldats au combat s'appelait canf, for 7
Campem~nt et fortifications
309. Lorsque l'armec etait Cil marc he' quelqucs hommC'S prenaicnt
le devant, afin de choisir l'cndroit apprcprie pour y instaJkr k camp: ils
s'appdaicnt metatores (µ'YjToc-ropEc;), a la tlifferrnce des mensorcs (µ"f)vclpEc;}
ou mmsuratores (µl)vcroupocTopEc;). charges ele mesurer lts distanets a l'inte-
rieur du camp, de montrer ou devaicnt etre drcssfrs Ies trntes, de jalc_.nner
Ies routes et chcmins d'acces et de fixcr sur Ies lieux tous lEs dltails de l'ii;stal-
lation. Dcpuis le moment ou l'crnplacemcnt avait He choisi par Ies metdores
(µ"1jToc-ropEc;) et jusqu'a celui du depart de !'unite militairc, le tnrain ltait
considere comme requisitionne cn favcur de l'Etat ct ne pouvait scf\"ir a
d'autrcs buts: c'est pourquoi metaiunz (i borne, delimite » e~t arrive avu le
6D~ Maur., 106,9; 180,21; 348,8: q>W'J~ -:-T,.; 70\,~o:c;; 356,23: -rouf,1:hwp; Leon, Tact .•
V,26.
593 Andriotis, Le xi con, p. 182, n° 1555.
694 Maur., 100,5: f3ouxwli-rl)t;; 318,4; 352,11; 356,12 f3ouxtvci-:-wp; Leon, Tact„ 4,7.
695 Dig. Akr. E 1024.
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La litterature byzantine source de connaissance du latin vulgaire 407
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.tos H. Mi hăescu
800
Maur„ HO.li; 186,10; 190,17; Mala!„ 304,2; 316,8; Thcophan., 337,8; 395,20; Stc-
phanus Diaconus, PG, 100, col. 1125 B: t<pouache:ucrev •ii s'est mis cn marche avec l'armec,
ii a fait une cxpl:dition »(!'an 808); Const. Porph., De adm. imp. 30,45; De re mii. 19,11: Tc:U;
<pO<JOIX't'Ll<cl<; t<p68ouc;.
81 ° F. Dolgcr, Dcr Titel des sog Suidaslexikon, t Sitzungsberichte des Bayerischen Aka-
demie des \Vissenschaftcn. Phil.-Hist. Abt. t, 1936, Heft 6, p. 1-37; H. Gregoire, compte-
rendu de l'etudc de Dolger, t Byzantion •. 11, 1936, p. 774- 783; 12, 1937, p. 295-300; A. Dain,
:Eoullix dans Ies traites militaires • Annuaire de l'Institut de philologie et d'histoire orientales et
slaves » 5, 1937, p. 233-241; F. Dolger, Zur :Eou8ix -Frage, BZ, 38, 1938, p. 36-57.
811 Chron. Pasch., 725,2: aou8ixv ... rno(7Jae:v; Theophan., 491, 27; Const. Porph„ De
adm. imp„ 42,80 et 83; Praec. mil„ 19,25; Ekt/1esis chronica, ed. Sp. Lambros, London, 1902,
p. 17,10; Ioann. Kanan., p. 461,17; 462, 2 et 15; 470,14 (l'an 1422).
612
Maur., 370,25: <pooaciTwv ~ aou8ciTwv tpyixalixc;; Chron. Pasch„ 725,4: l!xixuaev 't'~
oou8chov IXU't'Ou.
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La li ttera.ture byzantine, source de connaissance rlu latin vulgaire 409
_
613
Euagrius, Tlu ecclesiastical History, ed. J. Bidez-L. Parmcnticr, London, 1958, p.
17J, 1 et 22; 176,2.
GH Jo.laur,. 250,31: 8Lopuyljv -fi ci.yicrTa.v y(vi;;cr~L.
615
Preisigke-Kiessling, t. 4 suppl., 389; Daniel Stylites, 32, Annal. Boll., 32, 1913, 151:
ra>.&:crLoc; o )(!XO"Tp Î)O"LO~ TOuJ3ocmAewc; (l'an 494); Bloc; 8eo8wpou, 93 =MV7jµsîa:, 446: l<GtO"TpLOLo<;
Tou ii-.ytwTci't"Ou na:TpLcipxou (Vlle siecle), Const. Porph„ De cert1m., 1,41.
818 Maial., 430 ,5.
17
8 Nic. Chon. Hist., ed. I. Bekker, Bonn 1835, p. 340, 25, ms. D.
818
Epiphanios, Adv. haereses, PG, 92, col. 37 C (l'an 403).
619
Maur., 352, 15: ><IXaTeAAwaaL; 298, 16: Tt"Aw'ta: xa:aTsJ..>.wµeva.
82
° Constantini Pogonati Epistula sacra, 1, PL, 87, col. 1154 B.
• 21 Basil ic., 57.
62 2 Const. Porph., De cerem., 672,5.
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H. Mihăescu
p. 482, 8; 2,78. .
627 Const. Porph., De adnr. imp., 50, 144 et lti3.
826 '1L f,y71atc; €~ctipe't'oc; BeA~~v8Fou -:-ou 'P(Uµct!CJu chez L<·grand, Bibi. Gr. Vulg., !. I,
le vers 220.
• 2 9 Theophan., 535, 10.
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La littcrature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 411
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412 H. Mihăescu
e3 • J. Andre Les noms du chn11i11 el d1· la ruc, • Revm· des Ctucles latines t, 28, 19.'.10, p.
104- 134.
m Act. Xirop., n°8 5,22; 23,1.'i"I (l'an 1036).
888
Actes de Zographo11 publies par VI'. Re'gcl, E. Knrtz ct D. J{orablcv, Saint-Petersliourg
1907, no 35, p. 8.'.I, 67.
831
Mala.I., 322, 10; Chrcm. Pasch., .'.130,5; Const. Porph., De cerem., 1,9 et 10.
138
Maur., 254,8; Lfon, Tact., 15,48.
838
Const. Porph., De 11dm. imp., 9,-'6; De cerm1., 1 app., p. 474,3; Pracc. tnil., :'i,26:
cpuM~tv TcX n: 11:>,oya X!l:L TcX nc'ri;tµC\lra auTw\I.
No K. Cichorius, Die Relfrfs des Trajansâule, Berlin, 1896, pi. 120 A.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 413
Ies construire portait le nom de 7tou/.-m-rouv et l'autre etait appelee ye:cpupouv 641 •
Il n'est pas sans interet de constater que la terminologie du pont etait en
bonne partie d'origine latine: ceci montre que la technique constructive etait
elle aussi le fruit de l'experience seculaire de l'armee romaine. Les petites
embarcations qui soutenaient Ies ponts s'appelaient vo:ux/.-cu (naviculae),
vcxuxtAL<X (navicellae), ~pxA.o:t (arculae) ou ocpxA.(o: 642 . Les principaux rnanu-
scrits de l'ouvrage de Mauricius renferment Ies termes vo:ux/.-o:t et vo:uxtA.to:,
mais le manuscrit A du xe siecle comporte la glose ocpxA.(o:: VO:\JXtALO: ...
7tAOÎ:<X ~ 't'tX 7to:p' ~µî:v ocpxA.(o: Ae:y6µe:v<X (352, 4). Cette glose 11 ontre quc le
mot ocpx/.-(ov etait alors plus connu que vcxuxtAtov. De meme VCXUXAO: par
rapport a ocpxA.lov (muni d'un asterisque chez G. Rohlfs) qui ont laisse des
traces dans certains parlers grecs, tandis que vcxuxeA.tov n'a pas survecu 643 •
Une autre prcuve de la caducite du vocable vcxuxeA.tcx est aussi le fait que
Leon le Sage, au xe siecle, le remplace par µov6~uA.o:. Pour exprimcr l'idee
de« faire un pont», il y a rncore, chez Mauricius, (254, 18) le verbe 7tov-rtcxwcro:t
et pour celle de« materiaux servant a la construction d'un pont» Ies substan-
tifs 7tov-rtA.o: et 7tov-r(A.to: 644 • Ces deux vocables avaient pour point de depart
le latin pons, -tis, dont s'est forme l'adjectif pontilis, -c, cf. Ioann. Lyd„ De
mensibus 3, 21: r.6vniv yiip ot 'Pcuµcxî:ot -r~v yeq)\)pxv xcx/.-oucrt, xcxl 7tov-r(A.to:
-roc ye:cpupto: !;uA.ot. Le verbe 7tou/.-m-rouv repasc sur le latin pulpitare «plan-
cheier » derive de pulpitum « treteau, estrade»; il n'cst pas atteste ailleurs
que chez Mauricius (282, 1).
316. Un aut re terme rare atteste chez Mauricius est 7tA.cu-rcx t: ye:cpupw-
' I ~ , L
(..l.O:'t'<UV XCX't'CXO'XE\Jcxc;, e:~ ouVcx-;ov, 't'txi; /\Eyoµi:;vcxi; 1t/\WTO:i;, <UO''t'&: O:O'X07t<Ui;
j_ "I "I I "
-rcxi;
' I '
pour le mot 7tA.cu-r ~ une etymologie slave a savoir Ic terme *plutu « radeau $
du slave commun (cf. en rournain plută) 2 restitue d'apres le letton pluts, le
vieux-tcheque plet', le slovaque plt', le polonais plet (gen. plta) 645 • L'origine
slave du terme 7tA.cu-rcx(, atteste avec cette signification des la premiere
moitie du vc siecle 646 , est invraisemblable au point de vue chronologique,
puisque Ies rapports des Byzantins avec Ies Slaves ne se sont guere deve-
loppes avant le Vie siecle. Donc, pour expliquer I' origine de ce vocable il faut
s'adresser tout d'abord a la langue grecque elle-meme. Le verbe 7tACUTEUO!J.O:t
avait egalement le sens de 7tA.ot~oµo:t (Polybe l6, 29, 11) et signifiait
« flotter sur l'eau ». Les îles ~-rpocp&8e:i; s'appelaient aussi 11/.-cu-ro:(, c'est-a-dire
« les Îles Flottantes •. Par consequent, les 7tA<UTO:L (se. vlje:i;) etaient precise-
ment Ies bateaux « flottants »sur lesquels on batissait les ponts.
841
Maur., 282, 1; 35-4,8; Fr. Lammert, Pons, RE, 21, 1952, 2-437-2-452.
142
Maur„ 22-4,17; 33-4,9; vo:uxl.c:u; 352,4: vo:uxil.Let; Leon.Tact., 5,8: vo:uxcho: ~youv7t'Âo'Lcx
µLxp&..
843
Roblfs, Lexicon, p. 56; Andriotis, Lexikon, p. 389, n° -418-4.
844
Maur., 254,9; 35-4, 11: r.6vTLl-cx; 352,5: 'lt'OVTll.to:; Leon, Tact., 15,-48: 7r6v<ti.o: tjToL
~UACX XpEµ6.µEvcx.
eu J. Kulakovskij, Slavjanskoe slovo „plot" v zapisi Vizantijcev, VV, 7, 1900, p. 107-
112, cf. Vasmer, t. 2, p. 37-4.
148
Socratis, Hist. cccles. 7,37 = PG, 67, col. 828: vcxuc; &:x,f>ocp6poc; .„ 7L"A<i>'t'lJV o:0•1Jv
~voµ&.!';ouaL (l'an -439).
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H. Mihăcscu
:117. Ix trai te ele stra~ egic de Mauricius, date du debut du \rilc siccle,
rcconunandait aux officiL"rs <l'appn:ndre le latin; cd ou\Tagc a conserve
plus de quarantc krnws de commandcment cn latin. Ils rcpresentent unc
sourc·,· importante pour la connai,;sancc du latin parle au cours de la basse-
epoquc. On constate grâcc ~l 1.'UX combien puissante etait cncore a l'cpoque la
traclition militaire romainc dans l' Empirc byzantin. C'est aussi tm tcmoignage
du fait que dans la mosaique <ll's langucs parlecs par Ies soldats rccrutes chez
Ies pcuplcs les plus diwrs, la languc latine representait cncorc un factcur <l't?rli-
tc ct dl'. rapprochcmcnt. L.:s tcrmcs en qucstion avaicnt ete empruntes par
lcs Byzantins au latin parlc d non pas au latin classique; on les utilisait par-
tout i travcrs l' Empire Lyzantin. Cc sont Ies manuscrits des et XIe xe
siecles qui nous ks ont transmis; cn crs tcmps-la lcs copistc:s nc connaissaient plus
le latin ct ils Ies transcrivaicnt automatiqucment, aussi des errcurs ou des
omissions se sont-cllcs faufil~cs dans la transmission de ccs fonnules. Pour
facilitcr le contrâle de ccs tenucs de commandcment, il est tout aussi utile
de rccourir aux !'trategistes grccs antericurs a .Mauricius (surtout Asclepio-
dotc du Jcr siecle av.n.e. et Arril·n du 11° sieclc de n.e.), ainsi qu'au traite de
strategic de l'cmpcrcur Leon Ic Sage, notamment, redigc au X 0 siecle et qui
traduit cn grec Ies tcrm·~S de commandcment en question &1 9 •
Par tcrmes de corrimandement militaires le strategiste Asclepiodote
entendait «Ies mots utiliscs par lcs commandants afin de synchroniE=er les
mouvcmcnts des troupes • (10,1). Un ordre comportait generalcmcnt deux
part ies: l'une destince a attircr l'attention des soldats pour les preparcr a
l'cxecution de cc qu'on leur commandait, l'autre marquant le mome:nt-me-
mc de l'execution ele l'ordrc re~u. La premiere pouvait etrc ph1:s lon-
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La litterature byzantinc, sourcc de connaissance du latin vuigaire 415
318. Nous allons discutcr ci-apres Ies ordres cn languc latine de l'ou-
vrage de Mauricius en mcntionnant Ies le~ons de tous Ies manuscrits et en
mettant plus specialement en lumi ere Ies particularites du latin vulgaire:
acia in acia, acia acia «file dans file» (336, 1). A cct ordre, l'unite mili-
taire dite acfrs ou acia (rn grec ancicn lvwµoTloc), formee d'cnviron scize
soldats cn file indienne devait se rapprocher d'une autre unite du meme genre
et fusionner avec elle. La forme classiquc acies a survecu en ancien espagnol
et en ancien portugais ( az) avec le sens de« unite militaire, ligne de combat »;
la variante acia est passee en grec byzantin (ocxloc) d a ete heritee par le
rouinain {aţă « fil »), par le dialecte napolitain (acea) et par certains dialec-
tes sardcs (alta, aUa) avec le sens de «pointr, tranchant, precipice ».Les
exemples fournis par Mauricius nous autorisent a supprimer l'asterisque de-
vant la forme *acia du dictionnaire etymologique de \V. Meyer-Uibke. La
forme acia, imposee s·ur le modele des substantifs de la premiere declinaison,
ne doit pas s'interpreter toujours comme une forme plus « recente »: acies
d acia etaient des formes paralleles, mais appartenant a des styles distincts,
dansJe cadre. de la meme epoque ou de la meme classe sociale.
ad ambas partes largia «au large vers Ies 'liles » (334, 17; 366,14). Le
manuscrit A traduit cet ordie en grec: de; TOC ouo µE:p"I) 7tAocTuvsw « elargir
Ies rangs· vers Ies deux flancs ». En latin classique l'on d'it dit: ad utramque
partem .Zargfre. Les variantes ·populaires ambi, ambae ont survecu dans Ies
langu_es romanes, alors qu'uterque n'a laisse de trace nulle part. L'adjectif
largus a forme en latin Ies derives largire, largiare et largare, tout comme en
roumain lărgi« elargir »est derive de larg« large » et cn italien largire « donner i>
et largare « elargir » viennent de largo « large ». Largare « elargir » n'est pas
atteste avant le vc siecle. Largi"are s'est forme de largu,s ou a partir du com-
paratif largiifs, sur. le modele de largare. Il n'existait pas de· difffa-ence de
sens essentielle entre largare et largiare. Comme tout mouvement s'execu-
tait au pas de course, largare ou largiare signifiait dans la bouche des soldats
« elargir Ies _rangs en courant », autrement dit « courir ». A l'epoque tardive,
·ies coirtposes a l'aide du preverbf' ad- prirent une grande extension et c'est de
la sorte · qu'est nee la forme *allargare, heritee par Ies langues romanes. Le
sens de <1 courir », conserve en roumain (alerga) a pris naissance probablement
dans le moride des camps. · ·
( . ,ad cânto clina (<a lâ larice, oblique », c'est-a-dirc (<a droitc)) (334, 3).
Atteste drpuis Varron, contus (du grec xovT6c;) « perche, gaffe » se <listfogu'ait
de lancea «lance», mais etait un terme populaire: l'espagnol en a herite (cu-
. ento «pont d'appui »): ce verbe clinare a·passe dans Ies lang11es romanes, mais
. I" n'est pas atteste par Ies texte·s a l'etat simple pour ains~ <lire; il est d~Ti~~·
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416 H. Mihăcscu
sr.o A. Graur, Les noms lati1u eii -u11. -0rls, • Revue de philologie •. 11, 19J7, p. 265-279.
ur.i F. Kluge, Etymologisches W orterbuch der deutscllen Sprac/18, 19. Aufl. bea.rbeitot von
W. Mitzka, Berilu, 196J, p. 825.
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La li ttera.turc byzantinc, sourcc de connaissance du latin ·rulgaire 417
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La litternture byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 419
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H. Mihăescu
flit. zicr!. Le premier procede etait inconnu au latin classique: c'est a piene
s'il est atteste au commencement du\ re siecle 655 • Son maintien en roumain
plaide toutefois pour une apparition plus ancienne.
Pour exprimer l'imperatif present pluriel il y a des formes doubles, c'est-
a-dire des formes classiques d'irnperatif et des formes d'indicatif present a
Yaleur imperative: captate, exites, parti"tis, scrvate, servates, states. Ces doublets.
etaient reels et ne constituaient pas de simples grapbies, comme il ressort
des langucs romanes: Ies formes d'imperatif pluriel en italien reposcnt sur
des formes corrc-pondantes en latin, tandis que Ies formes d'irnperatif plurieI
du frarn;ais et du roumain deriwnt des formes de l'indicatif present (it. me-
1wtc, fr. menez, dr. minaţi).
L'imperatif pluriel de negat ion non vos turbatis a survecu en roumain:
mt vâ tulburaţi. Ce procede etait inusite en latin classique, mais il apparaît
dam certains textes a partir du Vllle siecle de notre ere 656 • Son maintien
rn roumain denote que c'etait la un procede populaire plus ancien et repandu.
656
Leena Lofstcdt, Les expressions du commcndemmt et de la difc11se en latin d leur
survie dans Ies langues romanes, Helsinki, 1966, p. 64-65.
11:>& llidcn1, p. 183-185.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 421
322. Consideres comrne un tout, Ies textcs que nous venons de citer
ont donne lieu a une longue controverse scientifique, parfois melee de scnti-
ments etrangers a l'esprit de la veritable recherche, ou l'on pcut deceler au
moi ns trois tendances ou· courants d'opinion. Les historiens ct philologues
d'autrefois ont cru que ces textes attestent la romanisation de la Thrace,
la prescnce de la population romanisee locale dans l'armec et Ies debuts <le
la langue roumaine. Ainsi, l'historien Johannes Thunmann affirmait en 1774:
<( Gegen das Ende des sechsten Jahrhunderts sprach man schon in Thracien
walachisch » 669 • Quelques annees plus tard, en 1781, Franz Joseph Sulzer,
adoptant cette idee, parlait <le soldats roumains (walachischen Solda ten),
qui se comprenaient entre eux en langue roumaine et non pas en latin vui-
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--
4 ')'l H. Mil1f1escu
:t!:J. Le premier qui Sl' ~oit ecarte de la COllC<'ption plus ou moins admise
jt?:-qu'alors fut Con ..;tantin .Jirec:>;ek, un bon connaisseur du Sud-Est europeen.
En I S76, ii a\·ait affirmt', a l'instar de Sl'S predC:-ccsscurs, quc Ies cclebres
paroll':'; rcpresi'ntcnt « die cr~.tc Spur <les H.umănischen I), mais par la suite il
de\·ait l"ll1UIICLT a Cdll' opiniun: ('11 1893, il soutcnait quc /orna, lama, jratre
n'ctaient que ck· simpks ilrmes de comman<lc cmpruntes a la languc latine
par k~ Byzantins ct q1:'ils n~ sauraient, par consequent, attcster la romani-
sat ion LlL' la Thracc, ni la presencc d'unC' populat ion locale romanisee, ni Ies
comn111Kcmcnts de la langue roumaine 1167 • En dfrt, le traite de strategie de
Mauriciu~. dat!'.· <lu debut du vue sieclc, rccommandait que ks officiers sacbcnt
le latin ou k grec l't h·s cumm.anJcs soicnt lancces cn latin, ce qui montre
comLiLll puissantl' etait l'lll'Ufe a Cl'l te epoquc la tradition militai re romaine
dans l'Empirc byzantin.
"·" F. J. S11Jz„r, G,·<,·h:'cht.' rler lra11salpi11isch<11 1Ja..-i<11s, das ist dcr H'alacl1cy, ]'lfvldau
wrâ JJ, s.«1111vi111s, \\ rL·11, 17iil, t. 2, p. 22.
CGI <;. ~incai, ll1011i.-,1 r„11;1Î;1il1Jr ,q· u 111<1i 11111/i„r 1:rn11111ri ÎliCÎI au J.1st ialc a,<a de a111eslt:-
cat, «U ; ·111;,i1;ii. <Îl lrrcrl!ri/,, i1:ti .• 1J lările şi faptele rwor.:i fără de ale alioru 1:11 se pr>t scrie pc în-
ţ.11 s, la~i. IM.'\,t. 1,p ..H5.
or~ \\". TomasL hl'k. C 1„ r !Jr11malia 1111d Rosa/;,, 11cbst llcmal11111gc11 ii/Jcr dic Bt"ssisclren
1'oli:ss:.i111111c, S ..\\\', 60, 11\69. p. -100; o Zcitschrift fiir osterrcichischcn Gynmasicn e 28, 1877,
r· H-:" --151; Z:tr K1111.lr d. 1· H.1,.11;1s Hallii;sd, SA\\·, 7 J, 11\82, p. i7.S-498; Dic altm Thrnl:cr,
S,\ W, 12/S, IS9.3, I). 7h--; J.
uo:i ll. H(lc~ler, R11111J11i;,/;, St11di1n. l"ntcl's11ch1111ge11 ;11r ălltri11 Gtsclrichte Romănic11s,
Leipzig, l.'\71, p. 106-107; !Jana u11d Rumii11rn, Sitzung~L., \\'ien, 86, 1886, p. 55-56.
''"
1
J.L.Pic, C"b,„ dic .-ll>sl11111111111:g d1r R11mă11m, Leipzig 1880, p. 5i; J. Jung, Die
ro111a111scli<n La11ds„lwft111 d,·s l'01111schcn H.-iclr, s, Innsbruck, 1881, p. 377- 378 et '180; A. Budin-
szky, JJi,· . .J.11sbrcit ung dcr latcinisch<'n Sţrachc abcr ltal1n1 imd dic Provinzcn des Homisclren
lfr1,-ht5, Berlin, 181-il, p. 223; V. Onciul, Teoria lui Rocslcr, a Convorbiri literare• (Ilucarest)
19, 1SS5, p. -132-iJJ.
,,.;> ..\. D. Xenupol, t'11c h:'gme historiq1:,„ Les Roumaius au 11foye11 Âge, Paris, 1885,
p. 40; lh~·:n:ri- d1·s H011111ai11s, Paris, 1896, t. 1, p. 2i2.
""'' Il.P. Ha~deu, Strat ;si rnbstrat. Ge11calogia /'opoarclor balcanice, « •.\nnalcs de I' Acade-
mie. :\kmoin:s de la Section Litteraire », li, 1892, p. 230.
Gu 7 C. Jirc~ek, Gcschic/i/,· d, r BulgarPn, Prag, 1876, p. 112; Die Hcc1·strasse von Belgrad
11ach /(,.msta11tinopcl, l'rag, IS77, p. 67; Ober die Vlaclien von Moglcna, AsJPh 15, 1893, p. 98-
9\1; Di,· R.m1anm i11 d,·n Stc'i.llm Dalmatie11s wii.hrend des Ahttelalters, \\'icn, 1901, t. 1, p. 18.
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·•ulgaire 423
688
0·<. Densusianu, HLR, t. 1, p. 390; N. Iorga, Gcsclzichlc drs ru111ii11ischm Vulk,s im
Rahmen seiner Staatsbildungoi, Gotha, 1905, t. 1, p. 106; ~ Bulletin 1le !'Institut pour l'etude de
l'Europe sud-orientale•>, 2, 1915, p. 116-117; D. Russo, Elrni;·1n11l În Româ11ia, Bncarest,
1912, p. 20, n. 1.
669
A. Philippide, OR, t. 1, p. 507-508; Ştiri despre lin;ba n1111â,;iască pîw:. în orcolul
al XIV-lea, etnde inedite publiee a·1ec notes par D. Găzdaru, BIFR, 2, 1935, p. 5- 7.
870
N. Iorga, Histoire des Romnains et de la romaniti orirntale, Ducarest, 1937. t. 2, p.
305; G. Popa-Lisseanu, Linzba 1·omâ11ă în izvoarele istorice medievale, « Academie R•~11n~<1 ine.
Memoires de la Section Litteraire I), t. 9, 1938, p. 262-305; R. Vulpl·, Histoirt' ancio;nr de la
Dobroudja, Bucarest, 1938, p. 378; G. I. Brătianu, Une enigme et un miraclt' h;'storique: le peuple
romnain, Bucarest, 1942, p. 91-92; Al. Rosetti, Despre torna. toma, fratre, dans: Omagiu lui
Constanti11 Daicoviciu, Bucarest, 1960, p. 467 - 468; G. Ştefan - I. Barnea, dans Istoria
României, t. 1, Bucarest, 1960, p. 605.
871 Zilliacus, p. 130.
p. 150; F. Lot, La langue de commandement dar.s les armt!es romaincs ct le cri de gucrrc f raw;ais
au }1loycn Âge, dans: Memoires didiis a la memoire de Felix Grat, Paris, 1946, t. 1, p. 203-209.
674 G. Ifo!ias, T6pvcx, lmx6ipLoc; yJ.waoa EEB:E, 14, 1938, p. 294-299.
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424
C'cst sculcmcnt apres la colonisation des Slaves qu'une rnpture s'est produite
entre Byzance ct la population romanisec du Bas-Danubc et de l'Europe occi-
dmtalc. Durant toute cette periode, ct memc longtemps apres, le latin etait
considere comme «la langue du pays, la langue du licu 11 (bnx_wptoc; y'Awnoc)
ou «la languc ancestrale» (mx:rptoc; q>wvlj). Et G. Kolias de conclure: torna
etait un terme de commande cntre dans la languc grecque (tel, cn roumain,
mar.~= fr. marc/te ou stop == angl. stop); jratre (ou jrater) a ete insere par
Ies copistcs ulteric:urs; quant aux expressions Em;:wpLoc; ·(Aw,,oc «la langue
du pays »ou 1.ii:-pLoc; i:pwv·~ «la languc ancestrale 1>, ks deux chroniques byzan-
ti1ws ne faisairnt qu'indiqurr par la la provcnance latine <le toma, toma. fra-
tr1', ricn de plus. D'ou il rt'-sultc que Ies passagcs rcspectifs de Theophylacte
Simocatta l"l de Tlwophanes ne <;ont pa~ une prl'uvc de la prcscnce d'une popu-
lat ion romanisee m Thracc ou dans l'armec byzantine, ni lrs premieres mani-
frs1 at ions de la langur roumainc. A cet te conclu~ion ont souscrit aYec de
legerL'S modification;-; Ies historicns M. Gy6ni (Bu<laprst) et V. BdeYliev
(Sofia). L•' prl'micr a ajoutc quc lrs le<;ons retorn.a (pour tom a) ct jratre (pour
}rllf,-,.) sont proLablement des fornws altert'·es d <lonc non authentiques,
qu'il com·icndrait d'ecartl'r 11i 5 ; l<' sPconcl a adepte !'argument du premier,
opinant quc }rata Ctait present dans le grec byzantin, cn tant qu'emprunt
du latin an·c le sens de «camarade, compagnon <l'armcs » et quc par conse-
qtll·nt !C's mots tom,,, torna, jratrc etaicnt courammcnt cmployes Pn grec dans
to11t l'Empirc byzantin, ne prou\'ant ni la romanisation de la Thracc, ni la
pn"s1·nn· cl'unc populat ion romanisee dam l'arml-e byzantine, ni le<; commen-
Cl'l11L'nts <le la languc roumainc 076 . Ainsi, apres presquc deux siecles de
contron·rs('s, on a\'ait abouti a unc conclusion opposec a la premierr, con-
cl11sion deniant aux mots toma, lorna,jratrc toutc signification historiquc.
Les cxemplcs cites par G. Kolias ne \'ont quc jusqu'au Vie sicclc, mais
il l·st facile <le Ies completcr par lh·s 1.emoignagc·s ultericurs, gui persistent
j11squ'aux xc sieclc:
.
I) Ion cass1us
. 38 , 13 : ":'Gt\ e:-r:xtpDCX
• \ xoD,·ri-r~'.1..
, . '
Ei'C"L)'..WpLW'.; , .1.. (< 1es
W'.1..AOU(..l.ZV'
a:c.sociations nommees dans la languc du pays colleg1·a »: 49 ,36: -roui; "J.L7w•1xc;
\ ~ ' ',.. • I - • I ' I \ I
''J'Jc; )'..ZL~Low-:ovc; e:; L(..l.'Y..TL(o)V 7LVC.l'J e:i; 7tOCVVO'J'.; E7tLX,WpLwi; 7twc; XOCL XOC,OC7e;µ-
WJ'J7Z:'.; x:zt irpOITOC"'(OpEUOV7E'.; auppr:bt-roUut <1 a
part ir de Ccrtain~ VCtcmcnts,
ii:-: coupcnt ct ajustcnt Ies manteaux a manclws quc, dans la langue du pays, ils
nommcnt pan ni» (entrc 220 ct 230);
luliani l\ILcrOî.W'(W'I, ed. Fr. Hcrtlein, Leipzig, lins. t. I, p. 276,21 (369
] ) ) ,
J . r
o!\'.'' OCWl..AW":"O
C:.J'.;
' I-.
X:7.L '70U70, 7tpO't"e:pov (..1.$'1 )'.t/\tOuc;, Eît't"Gtxtc; X.t .toU'.; o~' U0'7e:pov,
\ - I \ "), I rl ' I ) I
I~ ~I
EL":"~. ·w·1 µupLou'.;, O'J'.; 1 e:1nxwpt'J'J e:u":t /\Ot7tO'J ovoµix-,e:Lv
I I I '
T - I(\ " j,
µooLoui;, ocvct' ).Lcrxov
\ ' '
a[:-rJu, 7tocnoc~ oi'.xo&zv exwv « apres avoir reuni cela aussi, ils ont fait main
basse d'abord sur mille, puis sur sept millc et finalement sur dix mille
boisscaux de ble, nommes dans la langue du pays modii, et ils ont tout em-
portc chcz cux » (vers 362);
Hieronymi Epist., p. 107 externis vitiis sermo patriu..s (mhpLoi; <pcuv~)
sor.lidatur (\'crs 400);
6 5
' M. Gy6ni, A: dllitolagos lcgrigibb roman nyelvemleh, ~ Egyctcmcs Philologiai Ki:iz-
IOny •, 66, 1942, p. 1-11.
G V. Bc~e·tlie·r, tJbcr m::mche iiltere
67
Theoricn von dcr Romanisicrung dcr Tlffakcr,
~ Etudes Balkaniques •. l, 1964, p. 147- 158; Untersuclnmgen uber dic Pcrsonemiamen bei den
Thr"hmr, .\mstenfam, 1970, p. 100- 103.
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La litternture byzantine, rnurce ele connais~ancc <lu latin vulgairc 425
677 T.mu, for:1..i, f.',1!rc. O pr.1'J!emi de i;t-Jn"c şi J; Lnguistică, 11 StuJii şi cercetări de isto-
rie medie •. 7, D5.:i, :1. 17 J- 183: Q ,_·/r,~s r1111 >de: p!a; '' fJro/n; d ~ o Ionu, tonu t de Thlophylacte
rt de o t:im.1, t.1r•11, fr.-,.!r~ t rle Thhplunc, ~ Byz:i.ntinobalg.:i.rica t, 2, 1966, p. 217-222.
678 G. Reichenkron, BZ, 54, 1961, p. 18-27.
878
IGBulg, t. 1 ct 3, Sofia, 1961-1973.
HO Synopsi s B:isi!icorum A 68,3 = lits graccorom.1.num, t. 5, P· 113; ol yp:xµµ:x't"LXOl a~
xetl ol p ~-ro?et; ibtut;ixi; JTX~8deti;, 't"OU't"ta't"L 't"'ijt; n: ti,) 71vLx'iji; xxl pwµ:xcx·~i; .••
6'n Chro:i. P.1sch., 62.6, 7-8: A•J(OJO"t".:: 'Io·nn1n:x~t. "t"o:j (3[yl(xi; (vers 630); Theophan.
249, 28: 'A.1xo--:xcr[x A:'.iyohu, t"o·)p\xx; ('l"i!rs 812.); Con~t. Porpa. D~ cerem. 2,85 't"ouµ(3Lxet«;.
882 Theophan. Contin., 308, 13-14: 'Pwµai:x'ij O"t"OA'ij l(etl y)..waan xpwµevov.
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La litteraturc byzantinc, sourcc de connais~a11cc <lu latin ·111lţ::airc 427
leva, eparche projector. loc (1 leve le rideau, heurcux cparquc' et prcnds place »689 •
Remarquons encore que ce genre de commandes ou <le \'ceux comprcnncnt
des elements de la langue latine parlee, tels: jratre pour jrater, vicas pour
vincas, jatzi'a pour jaciat, gait:::as pour gaudeas, dit pour dicz'.te, prandile (cf.
dr. prînziţi) pour prandete. Le Ycrbe captare, avcc le sens <le (( faire attcntion,
prendre garde », a sunrecu dans toutes Ies bn~u<:>s romanes, sauf le fr;i_rn;ais.
327. Pour mieux comprendre le sens de tonza, lama, fralre, c'r~;t tont
particulierement la signification du mot jrater ql·i doit etrc prfrisee. Ce tc1me
aYait en premier lieu le sens fondamental et concret de <( frerc de sang 1>, puis
un sens derive, metaphorique ou affectif, de: « etre cher, ami, confrere d'ac-
tivite, compatriote, collegue d'association (laîque ou religicusc) ». Dam ~on
sens initial, le mot jrater n'a jamais pu cntrcr dans la langue grccquc, ou le
mot &~e:J...cp6c; dominait absolument. En revanche, dans le sens affcct if du
terme, surtout au vocatif ou dans des formulrs de politc~sc toutcs faitcs,
trater a pu se glisser facilement dans le langage de tous Ies jours ou dans le
style epistolaire pour marquer une nuance d'cxpression, an"c unc Yaleur
stylistique. Ainsi, au 1ve ou V 0 siecle, le poete Palladas SC moquait dans ces
Jermes de la versatili te des personnes peu reconnaissantcs: ~" o cp (/...oe; -n A.&.~ 71
(( 36µ.L'VE: cppci-re:p >) e:u&uc; ~ypoc ~zv, ~') o rp (A.oe; ~·J ~· oc\5 µ ~ 7L /,cX.~·ri, TO (( ? Foc-:e:p I)
d?te: µ6vov <( Si cet ami avait quoi te prendre, il t'ecrirait amsitât t'appelant
domine jrater (honore frere); mais s'il n'avait pas quoi prcndre, il sc contcn-
terait de jrater (frere ») 611 0.
el gardtfe d'etre l'Empire ron1ain, ~ Bullctin de l'A~sociation Guillam11c Dude•>, 1969, p. JOl-313.
6Do Antlwl. Palat. 10,441; F. Dolgcr, Dic „Familii" da Konigf im lliittclaltO', ~Histori
sches ]ahrbuch », 1940, p. 397-420 = Dyzanz 1md dic: t'7rropăisclze Staal<~:wclt. Au.<r,cwăhlte
Vortriige 1111d Aufsătze, EtaJI, 1953, p. 34- 69.
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428 H. Mihăescu
328. II est bien connu que l'Empire byzantin s'est toujours considere -
ct etait de fait - le continuateur de l'Empire romain et de sa cullure. Comme
nous l'avons deja dit (voir ci-dcssus § 246) la litterature byzantine comporte
plus de trois milles mots d'origine latine, dont plus de deux cents ont survecu
en grec modeme. Ces demiers revetcnt unc importance majeure, car ils nous
aident a connaître Ies aspects de la culture romaine qui ont penetre en pro-
fondcur, sont dcvenus populaires et se sont maintenus jusqu'a notre epoque.
Par la suite, ccrtains d'entre eux se sont transmis a d'autres peuples du Sud-
Est de !'Europe ct se sont diffuses sur unc aire tres etcndue. Plus de la moitie
des elemmts latins conserves cn neo-grec sont des termes militaires, un quart
appartiennrnt a la vie commerciale ct un quart cornprend des termes de flore,
de faune, ainsi qu'appartcnant aux domaines du hâtiment ct de l'administra-
tion. Nulle part, apres Theophancs, c'est-a-dirc depuis 815 jusqu'au grec
modeme, n'apparaisscnt plus Ies mots toma, toma, jratrc, circonstance qui
renforcc leur individualitc ct nous incite a Ies considerer comme originaux,
comme une formule a ia portee des gcns parlant le latin, ct non pas comme des
emprunts du latin entres dans la langue grecquc. D'ailleurs, ce serait enfoncer
des portes ouvertcs que d'affirmer qu'au vie siecle le latin etait la langue offi-
cielle de l'armee byzantine, ou il y avait des soldats parlant cette langue. Ces
mots, cn revanche, ne prouvcnt en rien la romanisation de la Thracc, car l'ar-
mcc ctait sans ccssc cn mouvement.
Les motc; torna, torna, jratre sont-ils le plus ancien document de langue
roumaine? Voir dans deux ou trois mots latins un commencernent de langue
romane serait assurement temeraire. Le fait serait, en premier lieu, a deplorer,
puisque dans Ies plus de 20 OOO inscriptions latines du Sud-Est de !'Europe
allant jusqu'au vre siecle on trouve de nombreux autres exemples de latin
vulgaire, qui constituent un prelude beaucoup plus juste du roumain. Et
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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 429
puis, l'on sait que, des le ure siecle avant natre ere, il s'est produit dans la
langue latine des changements de structure qui se sont accentues peu a peu
et, au bout d'un millenaire, c'est-a-dire probablement au vure et au rx•
siecles de natre ere, ont abouti a un bond qualitatif, en donnant naissance
.aux langues romanes. Dans cet ocean de changements ininterrompus, les
mots toriia, torna, jratre ne represente~t qu'un simple accident: ils sont toute-
fois significatifs et p~uvent acquerir une valeur symbolique, dans le sens d'une
mise en garde pour Ies cherchcurs, d'un appel a la prudence.
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VII. LES ELEMENTS LATINS DES LA..~GUES SIAVES
MERIDIONALES
329. Lorsque Ies Slans qui parlaicnt des dialcctes du typc bulgari:- ou
macedonien se sont installes au VI° siedc cn l\loldavie. en VaJachie et en
Pannonie, ils entrercnt, au courant d<' ce meme sieclc. en contact avec la po-
pulat ion romanisec de Dacic et de Pannonic, de memc qu'anc Ies popu-
lations panonnienne, dace et illyrienne non romanisecs. Bien que Ies Slaves
aicnt fait de nombreuses incursions dans l'Empire, la colonisation slaw de
la Peninsule balkanique ne devait debutrr qu'rn l'an 602, pour s'achever
vers le milieu du vnc siecle. C'est pour quoi ii convient d'ecarter l'h~·po
these d'une influence directe du latin sur Ies SlaHs a l\~poque imperiale avant
le Vie sieclc. A,·ant ce moment, l'influcnce <lu latin des classes instrnites ou
du latin parle par le peuple sur Ies populations slaws etait certainement nulle
ou tres faible 1 . Apres le Vie siecle, cet te influcnce s' est exercee sur Ies dialec-
tes slaves des tribus fi.xees dans la Peninsule Lalkaniquc ou, en general, dans
le Sud-Est de !'Europe ct, par lcur entrcmisc, dans le reste de l'espacc ~lave.
Donc, tout cc quc l'on pcut admettre a cct egard est une influence latino-
romanc, a partir du VI° sieclc, c'est-a-dire apres la prise de contact des Sla-
ves avec la population romane du Danube moycn et infericur, des Carpates
et des Alpcs orientaJes, de la Peninsule halkanique aussi, et surtout apres
l'etahlissement des Sla\'CS dans ces rcgions. La population de languc latine
qui vivait dans ccs territoires ne s'etait pas encorc differenciee nettement
sous le rapport linguistiquc, ausJJ ne saurait-on pas parlcr pour cette epoquc de
Rhetoromans, de Dalmates et de Roumains: au sud du Danube, cette popu-
lation se composait non sculemcnt d'agriculteurs ct de pasteurs, mais aussi
de citadins et elle a exerce une forte int1uence sur Ies Slaves, influence mani-
fcstee aussi dans le domainc de la langue. 11 est certain quc tout le territoire
mentionne a connu ce phenomene.
Histori<1ne de la recherche
330. Les elcmcnts d'origine latine des langues slavcs meridionales ont
ete etudies par bon nombre de chercheurs. Cornme quelques-uns de ces Cle-
ments se retrouvent dans Ies langues slaves du nord, leur etude ne pourrait
etre faitc qu'rn prenant cn consideraticn Ies elements latins de l'ensemble du
1 Au rnjet du terrr.e ~1a·1e Tiojanil, d'origine latir:e, considere par L. Nietlerle comme em-
prunte au ne sil:cle par Ies Slaves aux Romains, voir ci-apres, §. 359.
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Les elements latins de9 langues slaves meridionalcs 431
territoire slave. Le premier a s' etre occupe du reperage des elements d' ori-
gine latine ou romane (dalmate et roumaine) dans les langues serbocroatc
et bulgare a ete l'historien tcheque C. Jirecek, auteur de plusieurs etudes
celebres rclatives a l'histoirc des Bulgares et des Serbocroatcs 2 • Ce n'est
pas toujours facile de distinguer ce que les langues slaves meridionales ont
directement re9u du latin ou des phases anciennes du roumain ct du dalmate,
de ce qu'elles doivent sous ce rapport aux langues grecque et albanaise
(il s'agit, en l'occurrence, des elements latins re<;us par le canal du grec an-
cien ou byzantin et de l'albanais); ou encore des elements empruntes pen-
dant le Moyen-Âge aux langues fran9aise, italienne, catalane et frioulane.
On relcve chez les chercheurs des premiers temps cette sorte de confusions, par
exemple dans le cas de St. Romanski 3 , qui s'est borne a l'etude des elements
latins et roumains du bulgare.
Apres la premiere guerre mondiale, la recherch(' des elements emprun-
tes par Ies langues slaves meridionales au latin balkanique et au roumain
a ete reprise par Giorge Pascu, professeur a l'Universite de Jassy 4 , ainsi
quc par Theodor Capidan, d'abord professeur a l'Universite de Cluj, puis a
celle de Bucarest 5 , qui ont consacre, par ailleurs, d'autres ouvrages fort com-
]Jetents a l'etude des relations linguistiques entre les langues balkaniques ct
Ies dialectes roumains. Ils ont rcleve dans leurs etudes un grand nombre
d'elements lexicaux des langues slaves meridionales, tirant leur origine soit
du latin vulgaire balkanique, soit du roumain, mais sans distinguer entre
Ies diverses periodes de ces emprunts.
D. Scheludko 6 s'est occupe de corriger Ies erreurs de tous ces ouvra-
ges. Mais il se refuse d'cxpliquer par le latin balkanique et le roumain toute
une serie d'elements latins du bulgare provenant de ces deux langues; dans
,certains cas, il explique des faits de langue roumaine uniquement par le la-
tin balkanique 7 • Scheludko essaie d' expliquer parfois certains termes slavcs
empruntes au latin balkanique ou au roumain par une influence italienne
qui se scrait excrcee depuis le vie siecle dans le territoirc bulgatc cu C..:ans les
territoires tcheque et polonais. Meme G. Weigand, le directeur de la revue
ou Schcludko publiait ses articles, deniait l'originc roumaine a certains ter-
mes qu'il considerait comme provenir du latin balkanique. Qui plus est, îl
accoutumait d'expliquer comme des emprunts au bulgare toute une serie
d' elements d' origine latine communs aux deux langues en question, bien que
leur explication par le roumain reponde vraiment a la realite 8 . Quant a St.
~ Nous ne citerons ici quc les ounages suivants: Gcschichtc der Serbcn, Gotha, 1911;
Geschiclite der Bulg.i.ren, Praguc. 1976; et Die Romanen in den Stadten Dalmatiens, wăhrend des
Mittelalters, I-III, Wien, 1901-1904 (DAW, 48-49).
3 Lehnworter lateinischcn Urspnmgs im Bu!garischen, "\VJb, XV, Leipzig, 1909, p. 89-
-134.
~ 11 s'agit de son ou'rrage Rumănische Elemente in dcn Balkansprachen, Geneve, 1924,
qui traite de fait aussi de l'influence du roumain sur les langues grecque, albanaise et turque.
5 Raporturile lingvistice slavo-române, I. Influenţa română asupra limbii bulgare. DR, III,
1923, p. 129-238.
6 Lateinische und rumănische Elemente im Bulgarischen, BA, III, 1927, p. 252-289.
7 Voir ci-apres, note 26.
8 L'auteur a rallie la position injuste de Weigand envers les membres de l'ecole linguisti-
.que de Iaşi, fondee par A. Philippide. (Celui-ci avait fait paraître une critique severe de l'activite
<le Weigand dans le domaine de la linguistique roumaine). Scheludko ecrit (p. 275) apropos de
l'ouvrage precite de Pascu: $ Die Arbeit von Pascu enthălt so viele Fehler, daD sie dadurch un-
·brauchbar wird i>. Or, c'est le contraire qui est vrai: l'ouvrage respectif est fort utile tant par
la richesse du materiel, que par les etymologies nouvelles qu'il propose.
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432 H. Mihăescu
11 Voir J'edition en quatre volumes, Zagreb, 1971-1974, redigee par Mirko Deano·ii6
et Ljudevit J onke, avec la collaboration de Valentin Putanec.
1 2 In D ,2, passim et l'artiLle Riflcssi slavi di vocali roma11e e romanze, grcche e germanic/ie,
o Zl 1 rrik u ~!avu \'atro~lava Jagifa •, Berlin, 1908, p. 30-60.
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Les clements latius des langues slaves meridionales 433
tions la. D'autres chercheurs bulgares des jeunes generations l'ont su ivi dans
cette voie 14 •
11 ne s'agit guere dans le present chapitre de notre ouvragc de donner
l'expose exhaustif et minutieux des faits, ce qui exigerait un espace de beau-
coup plus important que celui dont nous disposons, mais de montrer lcs d~
maines d'existcnce dont relevent les emprunts, en n'entrant dans le deta1l
que dans la mesure ou la solution des problemes respectifs l'exige.
Methodologie de la 1·echerC'be
nischen Sprachcn, dans Das ostlichc Mittelrnropa in Gesc/1ichte imd Gegenwart, «Acta Congressus
Historiae Slavicae Salisburgensis, in rnemoriarn SS. Cyrilli et Methodii anno 1963 celebrati &,
Wiesbaden, 1966, p. 118-122.
16
Op. cit., p. 118-119. De Vincenz releve dans sa note 1 que listili.lite represente un cal-
que linguistique absolu: la racine verbale listi- + le suffixe du participe -l- + le suffixe nominal
-iste, alors que l'ancien tcheque listec et le croate olistnik forges plus tard proccdent a une îmi·
tation plus relâchee de leur modele latin.
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434 H. !Iii h.'iescu
originaire du lat. vulg. piculum, a pris par la suite aussi le sens d'(I enfer »
est cxplique par de Vinccnz comme partant de l'exemplc (« Vorbild ») offert
par le latin balkaniquc; car l'ancicn roumain comportait le mat păcură ( < lat.
picula) avec les deux sens, a savoir: « poix » et « enfer • 17 •
333. Le meme chercheur montrc ensuite que la structure du champ
semantique peut varier d'une langue a l'autre. Par exemple, si dans Ies lan-
gucs slan.'s nous avans un meme nom pour designer «le fruit» et « l'arbre »,
dans lr;s langucs romancs le nom de l'arbrc derive du nom donne au fruit.
l\Iais, a l'intericur de ce meme champ semantique, on distingue dans lcs lan-
gues scrbocroate, bulgare, roumaine, albanaise et grecque deux notions: celle
de <1 cerise aigrc, griotte >1, r. vişină (cf. bg. vifma) et celle de <1 cerise douce •,
r. cireaşă (cf. bg. ccre8a). Cette particularite des langucs balkaniques (en rea-
li te, sud-est europeennes) separe ccs langucs ncttement des langues romanes
occidcntaks, cn fait aussi des langucs gcrmaniques, chez lcsquelles la griotte
ou cerise aigre ne representc qu'une variete de la cerise clouce (allem. Sauer-
kirschl~ ~t Szi(Jkirsche). Selon notre autcur, l'un des noms balkaniqucs tire
son origine du mat lat. vulg. ct a.r. fere8a, conserve tel qucl par le bul-
gart.· et rcmplace dans lcs autrcs langues slaves par son derive cerdmja. La
forme a\'Cc suffixe s'applique, toujours suivant l'auteur, en raison de l'in-
flucnce du mat v1:foa, vifoja qui serait l'."galemrnt d'origine roumaine, repre-
sentant en roumain un heritagc soit du latin balkanique, soit du grec (=neo-
grec), ~ucraL ·10. Cette ori3ine rouma inc du mat est suggerec par le fait que s
sui\·i de i devient cn roumain un 8, phenomenc qui ne se produit pas dans Ies
langucs slaves 18 • Ccpcndant, unc fois cntre dans les langues slaves, le mat
*visi11a cntre en collision (homonymic insupportable) avcc le mat viHna, de-
ri\·c de <:i~ « jonc, Sumpfgra~. Schilf • a l'aide du suffixe -in, -ina; c'est du
bcsoin d'nn~ diff t'.·rcnciation phonctiquc entre ces deux rnots que devait re-
sultcr la transfo1mation de la finale -na Ol' vi§ina en -nja; ct, d'apres le mo-
dele fourni par visinja, si intimcment lie dans la pens~e des hommes au mat
dcsignant Ia cerise, le t·~rme ccrc!;(l allait ~cvcnir ccrcfoa, ccrcfmja. Le pheno-
menc a cu lien dans Ies langncs slavcs ele la Peninsule balkaniquc, alors que
ses resultats ont etc, par la suite, adoptes par Ies autres langucs slavcs ega-
lcmmt. Cc n'est qu'cn Bulgarie que se sont conservces les ancicnnes formes
cerc8a et vifoa. Toutefois, dans la region <le Tarnovo, la collision entre le
mot vifoa dcsignant le fruit ct le mot vi{ma derive de vis s'est averee si per-
cutante, qu'elle entraîna la complete disparition de vi{; « Schilf & et l'adop-
tion d'un -ui.~ avec le sens de <1 cerise aigre » et <1 cerisicr & 19 •
On ponrrait concevoir aussi un autre enchaînement des faits que celui
envisage par de Vincenz, a savoir qu'en Bulgarie centrale le substantif visu
17 Ibidem, note 3, ou l'auteur rele·re le fait que l'a.h. allem. pi.h possede lui aussi les deux
sens.
18 Se fondant sur le fait que dans aucun mot d'origine grecque des langues slaves le s
ne dc·.rient pas -~. Vasme1·, I, p. 208, conteste I' origine grecque <iu mot respectif, en admettant son
origine slave. Mais compte tenu de ce que s est dcvenu ~ en roumain quand un i lui faisait suite,
de Vincenz refute (op. cit., p. 120) l'origine slave du mot proposee par Vasmer, admettant a
juste titre son origine grecque par la filiere roumaine, donc, en derniere instance, une origine
roumaine. Le mot roumain represente un heritage du latin vulgaire qui l'avait emprunte
au grec, selon notre a·ris, au cours des premiers siecles de notre ere. On le pronon~it en lat.
vulg. lcresia ( < lat. ceresea, un derive de *ceresus t cerisier •; en latin classique, cerasus < gr.
>ti:p;cro~).
1
' Vl. Georgic·r, B:i!g.irsk.:z etimologij a i onomastika, p. 12.
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Les elemcnts latins des langues slavcs mcridionalcs 435
La tel'minologie cm·etiennc
clzriticnnc m slave: l'tfglise, lcs pretres c! lcs fidi!lcs, RES, YII, 1927, fasc. 3-4, p. 177- 198, etc.
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436 H. Mihăescu
24
Voir Gcschicl1tc dcr serb(lkro:ilisclicn Sprachc, Wiesbaden, 1960, p. 587.
25
a
Tout comme en Italie de nord, est de·rcnu o dans ce mot-la, mais se trou·rant place
dans une sylla.b'.! ou·rerte, c'est un o long (de meme que dans l'ensemble du territoire frani;:ais
et franco-pro1cn<;l.l). !>his, puisque le phenomene de transformation dans Ies syllabes ouvertes
des voyelles bn!·rcs cn voy.::lles longues se retrouve en rlalmate aussi, ii se peut que le terme en
question represente un cmprunt des S1:1:res a la population dalmate.
26 En discutant Ies mots slans k'llei, p:ipe:., et kry:, Mikkola aboutit de son câte â. l'idee
qu'ils doi"ICnt tirer !cur origine de quelque rlialectc du nord-ouest de l'Italie (cf. • Memoires de
la Societc N~ophilologique de Helsinki•. 1924, p. 277). L'idee a ete contestee par D. Scheludko
(art. cit., p. 273); ii range ces mots dans le lexiquc religieux d'origine latine des langues slaves,
qu'il considere emprunte a l'epuque des traductions religieuses du grec et du latin (son argumen-
tation repose sur Ic fait que Ies Fcuilles de Kiev et Ies Feuilles de Prague sont des traductions
directes du latin). S::heludko poursuit: ~ Die Wi:irter wurden aus der lat. mittelalterlichen Sprache
entnommen, in dcr die lat. ce-, ci- als tse-, tsi- gesprochen werden. Ihren Ursprung in irgend-
welcher romanischen Volkssprache zu suchcn ist ilberfliiOig, weil die Trăgerin der christlichen
Kultur und d~s Kultus, nicht die Volksmasse, sondern die Korporation der Geistlichen war,
die sich offiziell der lateinischen Sprache bediente t. Nous ne sommes pas d'accord avec l'au-
teur. Les pretres et autres dignitaires ecclesiastiques d'Europe occidentale ne prononyaient pas
le latin de la meme fai;:on, mais bien chacun a sa. maniere, de sorte que la prononciation variait
d'un peuple a l'autre et, au sein d'un seul et meme peuple, suivant le dialecte ou groupe dialectal
respectif. C'est ce qu'advient encore de nos jours aux langues litteraires des pays europeens:
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Les ele1nents latins des langues slaves mcridionales 437
337. Selon Petar Skok 27 , Ies Germains (Goths, etc.) ne pouvaient avoir
rei;u de ceux qui Ies avaient christianises le terme dont se servait le latin
vulgaire pour designer le bâtiment de l'eglise, a savoir: basilica, puisque le
terme grec ~OCCrLALX.-lj qui se trouve a sa base designait le palais du basilee;
de meme, ils ne pouvaient utiliser non plus le terme latin ecclesia, provenant
du grec ex.x:Al)cr(oc,, car celui-ci s'appliquait a la communaute chretienne. 11
leur fallait donc recourir a un autre terme, qui ne pouvait etre que le grec
x.LpL(oc) x."fi « maison du Seigneur », mot ne risquant guere s'interpreter com-
me designant «la maison de l'empereur », ni «la communaute chretienne t.
Cest aiP.si que serait ne le gothique *kirko, allem. Kirclze, ang. cliurch, etc.
D'apres Skok, ce meme processus s'est produit egalement au IX0 siecle, quand
Ies Grecs christianiserent Ies Slaves: une fois de plus, le terme approprie
pour designer l'edifice de l'eglise proviendra de xLpL(oc)x."fi. De Ia, la conclu-
sion que le V. sl. cruky,-ttve (< eglise)) n'est pas un emprunt fait par Ies Slaves
aux Germains et que la premiere influence qui s'est exercee !=Ur Ies dialectes
slaves a ete l'iP.fluence latine. Ses considerations, particulierement interes-
santes, semblent se justifier, en depit de ce que le v .sl. cruky, -uve, indique-
rait plutât comme etymon le gothique *kirko (car seul un o pouvait devenir
en slave un y, passant par la forme intermediaire *u) 28 • A l'appui de ce point
de vue on pourrait alleguer le fait que le premier terme dont le latin vulgaire
et Ies langues romanes a leur debut ont dispose pour designer l'eglise etait
basilica, mot cree par Ies populations de langue latine qui vivaient dans Ies
provinces orientales de l'Empire romain et concurrence en Occident par le
mot ecclesia, ecclisia; ce premier terme aurait penetre dans la langue des
Slaves du Sud apres le V0 siecle, mais il s'etait trouve ecarte aux IX0 - xe
siecles par celui introduit par Cyrille et Methode.
338. Le meme phenomene s'est produit, suivant Skok 29 , avec Ies mots
designant le pretre dans Ies langues slaves: pqpg. et P<lP'!!; il ne s' agit pas d'un
emprunt a l'allemand (allem. comm. P<!!PQ), mais d'une ressemblancc due
au fait que Ies apâtres des Germains et ceux des Slaves, se sont in!=pires pour
le nom donne au pretre partant du v. gr. 7tcimtocc; « pretre mineur », mot qui
est une variante du v. gr. mX.7t7toc; « ancetre » (terme qui, suivant Skok. se
trouve aussi a la base de l'aroumain papi"t). Probablement qu'une fois de plus
Ies Slaves etablis dans la Peninsule balkanique avaient d'abord emprunte
un terme courant, *pre(s)bitu, qu'ils ont abandonne aux IXc et X 0 siecles.
D'apres Meillet et Bartoli, le derive tcheque P<!!Pfl..Z provient du lat. vulg.
*papice, qui revetait dans le dialecte venete la forme papege ou papeze et
elles varient leur prononciation d'une rcgion a l'autre, par l'emprunt de certains faits phoneti-
ques aux parlers vulgaires; or, le meme processus a dli se developper s1Îrement aussi dans le
cas de la langue latine en tant qne langue d'eglise, de chancellerie, de la science et de la philo-
sophie.
27 La terminologie chretienne en slave: l'eglise, les pretres et les fideles, p. 180.
28 On ne devrait pas exclure l'hypothese que Ies Slaves aient rec;:u ce terme des Goths,
sur la frontiere nord de la Moldavie, vers le milieu du IVe siecle, le siecle de la christianisation
des Goths. Le terme respectif pou·rait donc avoir ete emprunte sans quc pour autant Ies Slaves
se soient convertis au christianisme a l'epoque concernee. C'est un terme presentant une variabili te
phonetique d'adaptation toute particuliere d'une langue slave a une autre, et meme d'un lot
de dialectes appartenant a la meme langue a un autre (voir ses formes chez A. l\foillet, Le slav~
commun, seconde edition, Paris, 1934, p. 78-79).
20 Voir art. cit„ p. 184-188.
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438 H. Mihiiescu
c'est a juste titre que Skok a adopte cc point de vuc 30 • Mais du fait q1;e le
lat. -icc prend en slave la forme -d, lesdits tennes pourraient proveni:- du
frioulan, comme le pensait I. Popovic.
Quelques autres termes latins ont etc cmpruntes par Ies Slaves du Sud
a la langue latine en usage dans le diocese d'Aquilec, a savoir: prvad <lat.
vulg. *prebitu et archipn•ad <lat. n1lg. *archiprfb1:tu (tous Ies deux attcstes
par Ies textcs glagolitiqucs) 31 , awc la sonorisation du t intervocaliquc en
-d-, de rneme quc dans Ies dialcctes du nord de l' !talie; podreka (lat. < pa-
triarcha), atteste par un document d'Istrie date de 1275; dum (Ragus•:) et
dwi (Cattaro) • religieux 1t <lat. do1111•us; duvna ou d111m1a (Raguse, Stagno„
Cattaro) (i religieuse » < lat. do11111a (Ies c.ieux mots ont su bi la transformation
dalmate du Q cn 11. ce qui tcmoigne de leur filiere dalmate; ailleur!'. ils
ont etc remplac<'.·s par des tcrrncs d'originc grccque). Dans le lot de mots-
serbocroatcs pronnant des regions voisincs, Skok introduit aussi Ies ter-
rnes: zakă11, zaka11 (<le ckrc cn general. <lat. diaconus, lat. vulg. *gakam:( s)„
âak, kajkavicn {ak < *di,1rns. lat. vulg. *gaku(s) (cf. egalcrnent tch. zak„
d'ou pol. !d). Cl'pcndant, ii n'cxplique pas t·e mot par l'influcnce de la
patriarchic d'Aq1;ilfr, mais par celle des Eglises de Sim1ium, Salona et Doclee„
car le mot ne prescnte pas la transforrnation du c intcn-ocalique en g, comme
cn Italic du ;\ord. A sa place, dans le tcrritoirc cakaYien s'installe le mot
djal~. impose par Ies apâtrcs des Slans (ct Ies choses se sont passees de ml''me
avcc lehongr. dcâk;cf. ci-dcssus l'cxplication donnc'-c au v. sl. popi1,popa).
Le mot dak, zak tt'.·moigne de la transforrnation du lat. djti - en (J. phenomene
qui se rctrom•c dans cC"rtains 1oponymcs serbocroatcs d'origine antique„
ainsi quc dans quelqucs mots sc·rbocroates d'originc latine 32 •
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Les elements latins des langues s1a·rcs meridionales 439
342. Skok admettait que le latin balkanique avait cree Ies formes
*c6mpetru, *c6mpetra, *c6mnietru, *c6mmetra 39 , mais qu'en fin de compte
seulcment quelques-unes de ces formes allaient etre selectionnees. Les langues
slaves meridionales, a l'exception de quelques parlers slovenes, presentent Ies
formcs: 1. kumu, kuma, provenant de commater, reconstitue d'apres c6mpa-
ter. Ces formes se retrouvent aussi chez Ies Slaves de Pannonie (cf. hong.
(kereszt)koma), Ies Polonais, Ies Ukrainiens, ainsi quc chez le~ Russes (Skok
admct qu'en ukrainien et en russe kum, kuma sont d'origine slave meridio-
nale; il sous-entend probablemcnt qu'ils se seraient transmis par l'interme-
diaire de la langue d'Eglise); en polonais et en russe, elles sont entrees en
competition avec ki1motru, kumotra, alors qu'elles n'apparaissent pas en tche-
que et en sorabe. 2. Kumotru, l~umotra, dont Ies descendants sont attestes
en tcheque, sorabe, polonais, slovaque, ukrainien et russe (tch. km6tr, km6tra;
slovaque km6tor (seulernent la forme masculine), pol. km6tr, km6tra; haut
sorabe km6tr, km6tra; a. russe km6tru). Le vieux slave se caracterise par
kumotra, alors que ces formes n'apparaissent pas en serbocroate, ni en bul-
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440 H. Mihăescu
gare. Les Slaves ont cree les formes hypocoristiques kmntt, kuma, par l'abre-
viation de *câmpater et câmmater (tout comme dans le cas de M i:le, a partir de
JJilos, Milan, etc.). Les langucs slaves du :Nord qui, comme nouS-
l'avons deja vu, possedent des forn1cs nees de kumotrii, kumotra, se sont, elles
aussi, forgees des formes hypocoristiques: tch. kmoch, kmocha, kmoska: pol.
kmos, kmoclza, kmochna, kmosia, knwszka; bas-sorabc kmots, kmot8a (I fie-
vre ~- Unc fonne kupctra «cognata; belle-sceur » apparait dans la Vie de Saint
Afithodc, I 1. D'autres formes hypocoristiqucs furcnt crees par les langues
slaves meridionales a partir des hypocoristiques kumit et kuma, a l'aide des.
suffixcs diminutifs: slav., ser., tchakavien, bg. kumica; le bulgare dispose
aussi <le la forme kuma8i11, deri\·ec au rnoyen du suffixe -as(+ -inu, -a), que
l'on rctrouvc en roumain aussi: t1ă11aş « parrain » (a part ir duquel s'est forme
naş, idem). Yoici la conclusion de Skok a ce su jet 40 : <c Nous avans entre kmn(c
et ki/motri'J, la mcmc scparation qu'cntre S<jbOia et sobota 41 , la premiere forme
remontant au latin balkanique: Mmbata - câmpater, la secondc au latin de
l'Eglise d'Aquillee: sabatta - commciter ... Or, c'cst justcment l'accent latin
de com111ătcr qui tranchc Ia qucstion. La Rornania occidentale ne connaît
pas cct accent. II cxpliquc ccpendant parfaitement le couple slave kn.motrn.
knmotra. Le o latin inaccentue passc a n.: Bo11on.ia > Br..dini.., Corinium„
> *K n.rin > h.arin; le ă passe a o: cana ba > konoba, camara > komora
Cattamm > Kotor, etc. J>.
343. 11 a ete demontre dcpuis longtemps deja (par exemple, par
\V. l\kycr-Liibkc) 4 :: quc Ies formcs roumains cmnătru et cumătrâ ne saurait'nt
s'expliquer par les formcs lat. c6mmater et commcitcr, car c6mmater aurait du
donner en roumain nimătru ct commdter - cumdtru. :!'\-Ieycr-Liibke saYait
(sans doutc, d'apres Cihac ct Tiktin) quc l'ancicn roumain comportait aussi
des formes avcc )'accent tombant sur rn-. 11 admcttait que cc fut a partir de
cumălm qu'cst nfr la forme cumătră (qui rcmplac;a la forme *cmndtrâ). de
memc qu'etait ne Cil albanais le feminin kumptra partant de kwnpter. Le
savant allemand se rendait bicn compte de la complexite du probleme, car
il sa,·ait quc le vieux slave possedait unc forme kupetra, au sujet de laquclle
il acccptait, a juste raison, l'idee (probablement d'apres Bcrneker, bien qt:' ;1
ne Ic mentionne pas) d'unc forme *k1-4pctru prealable ct que lesdites formes
prcsentaient un e impossiblc a expliquer par Ies rnoyens slaves. Tiktin, dans
son Vokalismus dt's Rumănisclzcn 43 , pcnsait que Ies mots cztmătru, cihnâtră·
sont, tout comme wtâ, des emprunts slaves (cntendons, le slave primitif),
d'une epoque ou la voyelle u, notee en slave 'h, n'avait pas encore disparu
et avait conserve la valeur d'un u (u, bref) non acccntuc (cf. sl. kumotn~) ,.
alors que u (bref) tonique s'etait transforme en o.
On trouve chez Skok une explication des fonnes rournaines cumâlru,
cumătră. Tout comme Meyer-Liibke, Skok savait que l'ancien roumain pos-
sedait Ies forrnes c1imetru, cumetră, ainsi que les formes citmătm, cumătră,
que le latin expliquait dircctement. II pensait, toutefois, que Ies forrnes rou-
40 !bidon, p. 194.
41 V. §. 348, ci-apres.
42 !tfitteilungen des runiiinischcn Institiits an der Universităt Wicn, I, Heidelberg, 1914,
p. 4.
4 3 ZRPh, XII, 1889, p. 230 et suiv. et Rmniinisches Elcmcntarbuch, Heidelberg, 1905.
p. 44; voir aussi TDRG, p. 454-455.
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Les d~mcnts !atins des langucs sla·1es mcridionalcs 441
H DR, III, 1922-1923, 1924, pp. 395, 822; DA, I, 2, p. 975-976; ALR, I, 547; II, 192.
45 Vasmer, I, p. 578.
' 8 Ku- de kupotru, *kitpdni s'cxplique probaulement par le serbe: ~ > u.
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442 H. Mihăcscu
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Les elcmcn ts la tins des langncs sla•1es mcridionalcs 443
*cu,mâtru par Ies formcs actuclles, C'/.t.matru - cumatră, est <lifficiie a expli-
quer. ~ous venons de voir que Skok semblc pcncher vers l'idce que dans
Ies formrs rnmătru-wmătră il s'agirait de la transfonnation du e precede
de labialcs en ă. Mais Ies fonnes avcc e, qui en n~alite sont des formcs du plu-
riel, pcuvcnt elles aussi s'cxpliquer par lcur tenninaison au pluriel, en -i,
-e. C\,st par analogic avcc fcit, pl. _feţi' « fils, gar~on, gars » ( < jetus), jată,
pl. fete dille »,}aţă, pl. jcţe dace, \ isagc » ( < jacia < jacies), spată, pl. spete
(C ros du metier a tÎSSef; OffiOplatC, epaulc; reg. dOSSiCr I), spaft: ancien piuriel
( < spatlra), etc. que wmâtrn-cumâtrâ ont fait leur pluricl avcc -me- (cf. aussi
măr (( pommier », pl. meri)
51 Ibidem, p. 481-482.
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444 H. Mihăescn
53
La frrminologic chreticn11e Cil slnve: le parrain, la 111arrnine ct lt' filleul, pp. 190, 197;
SEH, II, p. 6.58.
M Le veniticn presente la forme fiolo11, expliqufr par Skok (RES, X, 1930, p. 19.5)
par Jiliolll + -one.
a~ La scmaine slau, p. 19-20.
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Les elements !atins des langues slaves mfridionales 445
56
(sabide), rhetoroman tyrol. (dolomitique - saboda) et engad. (samda) •
Miklosich considere le mot roumain comme un emprunt du slave, mais Skok
a demontre qu'il s'agit en fait d'un heritage du latin au meme titre que Ies
autres noms des jours de la semaine donnes en roumain. Tout comme dans
le cas des autres formes romanes feminines, ce mot represente la forme carac-
teristique du latin vulgaire en usage dans le Sud-Est de l'Europe et dans le
territoire rhetique. Les Slaves possedent aussi la forme lat. vulg. sambata.
Pour Petar Skok, Ies formes feminines du latin vulgaire (en -a) n:presentent
le pluricl de sabbatum. 11 nous semble plus vraiscmblable de Ies expliquer par
l'influence de *di« jour », au feminin en latin balkanique (cf. aussi le dalmate
dai et le roumain zi, egalcment des feminins). En Occidrnt, lrs noms des
jours de la semaine sont au masculin: it. di, g2·orno, fr. jo11r, esp. dia. Skok
estimait possible une «hesitation slave» ayant condu.it a la creation du sub-
stantif feminin; mais il faut exclure cctte possibilite. Quant a la forme avec
-m-, il s'agissait, selon lui, d'un phenomene idrntique a l'apparition <le m
dans le lat. sambucus, devenu ensuite dans le latin sud-danubien sabtcus
(cf. roum. soc «sureau») (un m apparaît dcvant. b aussi dans strabus, devenu
en lat. vulg. *strambus qui est a la base dur. strîmb «deforme, courbe»). Skok
refute la these de Meyer-Liibke qui pretend que Ies for,.nes comportant le -m-
seraient d'origine orientale, car il considere fOUr sa part que le mot en question
faisait partie de la terminologie chreticnne balkanique, d'originc byzantine.
Selon Skok, et a juste raiscn, la forme sabbata, qui SC retrouvc a la base
des termes rhetoromans et a la base des langues slovene, tchequc sora be et J
polonaise, s' explique par le latin ecclesiastique d' Aquilee (forme sans -m-).
Comme nous l'avons vu ci-dcssus (cf. §. 342), Skok est d'avis que l'airc des
noms du sixieme jour de la semaine, samedi, dans Ies langues slaves se div ise
en deux autres qui coi:ncident avcc les deux aires de ki1motrit: l'aire slovene/
et slave septentrionale, influencee par la terminologie d' Aquilee, et l' aire
balkanique, influrncee par la terminologie balkanique et plus particuJierc-
ment par la terminologie de Byzance. En realite, pourtant, la co1ncidencc <le
ces deux aires n'est que partielle, ainsi qu'en temoigne le roumain qui se rat-
tache, potu ce qui est du second mot, a l'aire slovene et slave septentrionale,
alors que pour ce qui est du mot qui nous importe ici el appartient a l'aire
balkanique (autrement dit, du serbocroate et du bulgare).
La forme sabbata est attestee en latin des le regne d' Auguste (Horace
et Trogue-Pompee rn usaient) 57 , mais sculcment au singulier feminin. Et
l'on peut admettre qu'a sa base se trouve l'aramecn sabbata (cf. le syriaque
orien1 al 8abta; le syriaque occidental possedait la forme sabto 58 ; le heb. §ab-
bath ctait <lu genre masculin et raremcnt du feminin). Quant a la forme avec
un m, elle pourrait etre d'origine orirntale (cf. ethicp. sanbat, neo-pers. 8an-
bad) 59 • La distance separant ces langues de la romanite sud-est europeenne
ne representait guerc une difficult e, puisque le territoire de l'Empire romain
couvert par la langue grecque s'etendait jusqu'aux frontieres du Royaume
perse. Par contre, la difficulte residait dans le fait quc le grec, bicn quc par-
be REW, 74.79.
s7 Ed. Schwyzer, KZ, 62, 1934., Altes und Neurs zu (hcbr.-) gricchische aci~~et.Tcx, (griech.-)
lat. sabbata u.s.w., p. 2 (l'article complet p. 1-16).
ee Voir Schwyzer, p. 8.
f>ll Ibidem, p. 9.
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4-i6 H. :\li hăcscu
le dans l'cspacc qui a\"ait appartcnu auparavant a l'aramecn, ne prit pas pour
point de depart la forme aramecnnc ou hebrai:que sans tii, en creant ce mot.
En cffot, apart ir de la forme aramecnnc, le grec aurait du forgi.:r un *Gci~S-q ou
*crcir.-r-q, voire *croc'?e"l•iO. C'est p~ur cette raison que Schwyzer considere l'in-
troduction du m commc un phenomenc grec, d'autant plus que le grec tarentin
connaissait la fonnc samba ( < *crcffL~et•) l't le grec micrasiatiquc la forme sam-
bas 61 . Sui,·ant Schwyzer 6 ~, ll' grec crci~~na:, attcste memc dans la Bible, ne
tirc pas son origine du plurid crci~~:x.-ov, mais il rcprcscntc une forme nee du
besoin de donnt"f unc krminaison grLcque au mot hebrai:quc {;abbat/t.
:J:JO. Toutc urn~ seril' d1· termcs chrcti(·ns, dont quclques-uns de tres
grande import ancc, ont <.'.·te empruntes par Ies langucs slavcs a la terminologie
latine de l'Eglise J'Aquilfr dt·s Vie - IX'-' sieclcs, utilisec dans Ies regions
Veni tÎC'l111l' ct frioulanc. ~ OllS a \·ons <lej a l'Brcgist re CCS termes (cf. CÎ-dCSSUS
§..136). Vaiei maintcnant un aut re lot de termcs cntres dans Ies langucs slavcs,
soit par le latin d' Aquilee, soit par l'intcrmediairc de Byzancc; cc sont des
tcrmes qui se rctrounnt aussi dans Ic vicux slave de Cyrillc ct Methode:
oltari « autd » (<lat. altare, altariu.m); lwmullati « comrnunicr • (<lat.
communico, -arc); poganii, <1 pai:en » ( < lat. paga1rns); rnsaUa (Ic slave eccle-
siastiquc posse<lait aussi la forme msalzj"a « Pcntecote » (cf. bg. rusalja, pl.
rnsali <• groupe de jcunes gens qui depuis Noel jusqu'aux prcmicrs jours de
janvicr vont de maison Pn maison pour chantcr des cantiqucs » et ser. rusalje,
pl. rusalji) (<lat. Rosatia) 63 •
351. Bon nombrc de chcrcheurs n'ont jamais doute que le terme daco-
roumain Crâciw1, ar. Cîrci1m, Crîciwz, mgl. Cărci1m <c Noel & est d'origine
latine. Plusieurs ctymologics latincs ont ete proposecs pour ce mot: calatio I
-onis, Creatio, -onis ct meme Clzristi jejunium, mais la seule acceptable, parce
que sans pos•:r des problemes d'ordrc phonetiquc ou semantique, est Crcatio.
60 Jbid,·n1.
61 Ibidem, p. 11.
0
~ Ibidem, p. 10- 11.
oa Voir han Popo·1ic, op. cit, p. 591; Th. Capidan, DR, III, pp. 141- 142, 184- 185;
Petar Skok, Zum BalkanlatLÎll, ZH.Ph, XLVIII, 1928, p. 398-413; L. Niedcdc, .Manuel de
l'anliq11itcf sl.1ve, II, Paris, 1926, pp. 55, 132, 166.
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Les l:lements ]atins des langucs slavcs mcridionales 447
Nous avons deja developpe ailleurs l'hypothese 64 selon laquclle Crcatio .fut
choisi comme nom de la fete du 25 Decembre partant de l'idec quc la creation
du mondc s'est effectuec justement a cette date; par consequent ,le sens initial
du mot Hait lie a l'idee de (( creation du monde I) ct non a celle de (C naissance
du Christ 1>. Un argument a l'appui me semblait le fait que, deja dans l' Anti-
quite, l'on faisait debuter l'annee le tl'r Janvier, c'est-a-dire a une date tres
rapprochee du 25 Decembre, tres rapproche de son câte de la date du solstice
d'hivcr. Toutdois, il est pcu vraisemblable quc la fete de Ia naissance du Christ
porte un norn rattache a la creation du rnondc plutât qn'a cctte naissance
memc. Aussi, le choix d'un tel norn pour cd te fete a-t-il eu lieu, peut-etrc, sous
l'irnpacte de l'arianisrnc 65 , qui pretend que le Christ n'cst pas ne cn tant
que Dicu, mais qu'il a ete cree (<c fait 1>) cn tant quc tel (cf. avcc le passage
<lu Credo de Nicec: <c vrai Dicu de \Tai Dieu, cngrndre ct non fait 1>, adopte
par l'Eglise officiclle). Nous avons cn slovaque Kracwi <c Noel», en bulgare
KraC.un <c jour a la veille de Noel et le 8 Juin _», cn russe l\.orocwi <c jour non
cncore precise du rnois de Novcmbre ou de Deccmbrc (pcut-etre Ie 12 Decem-
bre), mais pas la fete dr Noel». La qucstion ~.c pasc de savoir sile rnot slave
reprcscntc un ernprunt au rournain et s'il faut cherclwr une etyrnologie a ce
root slave? Ou bicn le rournain est-îl un ernprunt au slave ct, si td etait le
cas, ks etymologies latines susmentionnees scraient-dks fausses? Pour un
certain nombre de linguistes, le mot slave est un rmpnmt au roumain ,alors
qu'une autre categorie de cherchrnrs considerent Ic mot rournain comme em-
prunte au slave, ou îl represcnterait un heritage du slave comrnun. Suivant
quelques linguistcs ce rnot rournain ne saurait etre separe des termes slovaque
et bulgare, alors que le mat russe scrait un mat a part. Ce-dernier represrnte-
rait un heritage du slave primitif, ou îl aurait ete cree soit par derivation a
partir de *kort1~ku <c court 1>, krasti, krastQ <c ecourter, abregcr, racourcir » (îl
s'agit du jour Ie plus court de l'annee) 66 , soit de *koracati, *lwraceti «marcher,
rntrer ,depasser » (sous-entendant le jour qui nous fait depasser le solsticc) 67 •
De toute evidence, ces etymologies, notamrnent Ia derniere, manquent de
credibili te; aussi, en fin de compte, a-t-on propose une nouvclle etymologie,
tant pour le mat roumain que potu le mot s]ave: l'alb. guegue kerei7, -uni
<c buche, souche 1> 63 . On retronve la rnot en serbocroate kracun « barre de
bois pour fermer la porte (de l'etab!e) 1>. Cette buche serait en rapport avec la
tadition de la <c buche de Noel>>; mais cettc etymologie ne saurait convcnir
elle non plus.
Cl8 Al. Rosetti, Etudes linguistiques, Dncarcst-La H<!.ye, 1973, p. 204-206, et notarnment
p. 145.
67
Vasrner, p. 633; de son cote, Wcigand (BA, III, Leipzig, 1927, p. 98- 11-4), pretend
en se fondant sur le sens du mot russe, que le terme ne saurait s'expliquer par le roumain, con-
testant de la sorte l'etymologie roumaine du mot slave.
.
88
Voir Eq:er.n <;abej,_ ~CL, xp.
1961, ~-. ~13-317. L'icler a He acceptce par Joseph
Schutz, Der R~m~nismus Craciun „W_eilmaclzten im Slavischrns, cc Beitrăge zur Sud-Ost-Europa
Forschung anla~hch des I. In~crn.at1_oi:ialen Ba!~ank?ngresses i~ Sofia», Mi.inchen, 1966, p.
35-10. Selon lui, le mot roumarn d ongrne albana1se s est transmis par la suite aux langues sla-
ves. Etil fournit des argumcnts a l'appui de l'iclee que Ies termes slavcs sont d'origine roumaine.
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443 H. l\Iihăescu
On pl'Ut admettrc, a\·cc Rosetti 69 , quc le terme slave tirc so11 ongme
du latin balkanique ct quc Ies Roumains l'emprunterent a leur tour, ainsi
que colindă « cantiquc de Noel»; mais encore plus vraisemblable s'avere
l'hypothese ~:e !'origine latine du terme roumain, a jamais conserve rar cette
langue. La perte de l'-e dans le cas du terme roumain n'empeche d'imaginer
quc Ies H.oumains n'avaicnt pas oublie l'ancien *Creciunc. *Crăciune, car le
latin crcatiunc pom·ait fort bii.'11 dev.:.·nir Crâciwi dans le cadre du roumain:
*Crăcinnc, considc·rl'· commc un vocatif, devait mcncr par analogie a un nomi-
natif Crâciw1.
:J:i2. Dans prcsquc tontl's les langues slavcs on rctrouve le mot luna,
a\'L'C dinTSL'S Variantes d'unc }angue a l'autrc rappelant le frrme latin /1t11a,
tant par l'ickntite ou la ressemblancc phonetiquc, quc par le sens qu'on lui
dOnt1l', puisquc Ccrtainl'S de CL'S lan_;-Uf'S lui attribucnt l'Xactement la meme
signification qu\:n latin. Ainsi: \'.sl. luna (C lune», russe luna (dial. (C eclair
non sui,·i de la foudrc ou du tonnc>rre; lucur faible dans le ciel »). ukr. lu.na« re-
flct luminl'UX; ceho l), Lg. /111111 (<lune; grain de beau te», ser. lttna (C lune»,
tch. l111ta <•rayon; rcflct cit- la lumiere», autrefois aussi <lunci>, pol. lu11a
(t flamrnc, bra:~icr, eclat du lf'll, lumiere du fru; rouge ardent I), jadis egalcment
<•lune 1>, polabe lrl.11a <•lune i> 70 . Et lL·s langues slan·s comportcnt aussi dP.-.
dfri,·es de cc mot.
3:-„1. Deja Miklosich 71
faisait deriwr le mot slave de la racine litk-
<c Iuire, brillcr 1> ct le considerait, donc, comme appartcnant au vieux fonds
indo-curopeen, c'est-a-<lirc comme un heritage de l'indo-europeen commun.
Mais le grand sla,·isant s'averc plus circonspcct cn ecrivant dans son «Diction-
nairc etyrnologiquc i>: «Man pflegt luna auf lukna zuriickgehcn 1> 72 • On re-
trouvc le point de vuc de I\Iiklosich, etaye au moyen de matcriaux compara-
tifs plus riches ct a\·cc la restitution plus exacte de !'aspect phonetique et
morphologique initial du mot chcz Ies indo-europeisants 73 qui s'en sont occu-
pes (ils restituaient une fom1e *loulmza, ou apparaît aussi le suffixe -s). Cela
re\'Îent a <lire qu'il faut considerer le sens de <c lune» comme appartenant au
slave primitif.
Qudqucs slavisants sont neanmoins d'un autre avis. Cet avis semble
avoir ete formule pour la premiere fois par Bemeker 74 • Tout comme ses de-
69 Arnpr.1 rnm. Cnfrirm, 1lans Ic •rnlumc În amintirea lui Coiista11tin Giurescu, Ducarest,
19-H, p. 435-HO (·;oir la. ·1crsion fra.nr;:aisc <la.ns BL, XI, 1943, p. 56-61, reimprime dans Me-
lang,·s d,· li11;;~1istiq11e ct d, plrilolugic, Copcnhague-llucarest, 1947, p. 324- JJJ); Roum. Crăciun,
• Romanosla.1ica. •, 1 V, 1960, p. 65- 70.
1o Voir Bt:rncker, SEW, I, p. 745.
71 L,·xit<•n. palaeosloue11ico-graeco-lati11um, Vicnne, 1862-1865, p. 344.
7
~ Etymologischcs lV orterbuch der slaviscl1cn Sprachrn, Vicnnc, 1886, p. 176.
<a P. Kretschmcr. Ei11leit1111g iii dic Gescliichte da gricchischrn Sprache, Gottingen, 1896,
p. 151; K. Brugrna.nn, Gr1111driD dcr vcrglcichendcn Grarmnatik dcr indogerma11iscl1en Sprachen,
I, Stra.sslmrg, 1886, p. J-i5; A. l\billct, Etudes sur l'etymologie et le vocabulaire du viciu slave,
Paris, 1902, 1905, pp. 130, Hi; A. Walde- J. Pokorny, Vergleichendes W orterbucli der indoger-
manischen S prachen, II, Leipzig, 1927, p. 408-409 et J. Pokorny, Iudogermanisches etymolo-
gischcs W iirtcrbuch, I, Bern-Miinchcn, 1959, p. 688, etc.
H SEW, loc. cit.
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Les elcments !atins des langues slaves meridionales 4t9
354. La these d'une influence latine litteraire devait faire fortune surtout
quand il s'agissait du rnot russe, car dans cette langue le rnot respectif a
toujours signifie et signifie aussi «lune•, l'influence latine vulgaire ou romane
populaire paraissait donc impossible. Uăakov 76 admet !'origine latine litte-
raire du mot russe. Autrement dit, il nous faudrait admettre que l'influence
latine s'etait exercee dans le cas du russe non a travers la Peninsule balkanique
par la filiere populaire, par consequent entre Ies Vl 8 et IX8 siecles, mais plus
tard et par la voie litteraire avec l'intermediaire du latin medieval ou par celui
de la Renaissance et des xvne - XVIll 8 siecles. Comme Usăkov ne s'occupe
que du mot russe, nous ne saurons affirmer si ce qu'il en dit s'applique, selon
lui, egalement aux correspondants de ce mot des autres langues slaves. Toute-
fois, sa thesc ne pourrait s'etendre qu'au polonais et au theheque anciens,
ainsi qu'au polabe ct non aux autres langues slaves, par exemple a cclles des
7
" Slownik etymologiczny j~zyka polsl1iego, 2e edition Warszawa, 1974, p. 314.
7
i Tolkovy;" russkii slovar', II, Moskva, 1935, p. 95.
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450 H. Mibăescu
Slaves meridionaux qui n'ont pas vecu dans la sphere d'influence de la ·civili-
sation latine ou catholique. La presence du mot luna «<lune» dans Ies langues
slaves meridionales, et justcment dans Ies parlers populaires (le mot se trou-
vait deja dans le vicux-slavc liturgique) montre que l'influence latine, si
influence il y a eu, s'est dewloppee a une epoque anterieure a celle dik du
bulgare ancien et qu'elle s'est cxerce sur la langue du peuple. Tcl etant le cas,
pourquoi ne pas adrnettrc quc dans Ies langues slaves septentrionales egalement
(celles de l'ouest et celles de !'est) et a une epoque tout aussi ancienne,
ce mot ait pu representer egalement un mot populairc? D'ailleurs, a l'cncon-
tre des allegations d'U~akov, le mot est populaire en russe et, certainernent,
aussi en polonais. Serait-il, clonc, encore necessaire d'rnvisagcr une )nfluence
du latin litterairc sur le polonais, le tcheque et le russe au Moyen-Age, ou a
quelque epoque plus recente, jusqu'au XVIIIe siecle? La reponse evidente a
une telle qucstion est non.
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Les 6lements latins des la.ngues slaves meridionales 451
-et par Bri.ickner, et non de celle proposee par Usakov. De toute evidence, si
l'on admet l'emprunt latin, la grande diffusion de ce mot (on le retrouve sur
tout le tenitoire slave) et son caractere populaire nous empechent de le con-
-siderer comme recent.
L'influencc du latin vulgaire doit etrc admise meme au cas ou elle ne
scrait fondee que sur la seule consideration de l'evolution du sens « lumiere,
rl"flet • jusqu'a celui de «lune I) du terme indo-europeen commun qu'on rc-
trouvc dans tant de langues indo-europeennes: une pareille evolution ne pou-
vait se produire qnc difficilemcnt de fa9on independante cn latin, celtique
et sla\·e. L'apparition de ce sens cn latin et en celtique peut s'cxpliquer par
ce qu'on a appcle le stade ou la languc italo-celtique. Mais, comme d'autres
langues indo-enropecnnes (germanique commun, vcnete, illyrien) s'inter-
posent cntrc l'italo-celtiquc et le slave commnn, celui-ci n'a pu subir l'in-
fluence du premier, pas plus qu'il n'a pn suivre une evolution semantique com-
JilUile avec l'italo-ccltique. Une influence latine s'excr9ant au debut du 1\foyen-
Age devrait etre d'autant plus admise que certaines langucs slaves (le russe
et le serbocroatc) possedent egalement le mot lundtik «lunatique, somnam-
bule)>, qui tirc de fa9on certaine son origine du lat. lunaticits, utilise dans le
memc sens 80 • Le fait que cc mot se rctrouve cn russe aussi ne saurait etre
fortuit. Nous sommes cn presence des clcrniers vestigcs d'unc ai re plus vaste,
·qui englobait jadis egalcment Ies territoires slaves intcrmediaircs: tcheque,
slcvaque, polonais ct ukrainim. En tout cas, la presence du lunatill dans Ies
parlcrs russes, ou clle ne saurait s'expliquer par l'italien, nous incite a croire
quc l'cxplication donnee au mot russe sera tout aussi valable pour le mot
serbocroate.
L'influencc latine sur Ies langues slaves en ce qui concerne Ies termes
-qui font l'objct de notre discussion est fort probablc. 11 nous restc a nous de-
mandcr si une tellc influcnce a-t-elle jone directement ou bien a travers lcs
1angues romanes; dans le cas ou cctte influence etait de source litteraire, s'est-
elle exercec par l'intcrmediaire du latin medieval ou par celui des langucs
littfraircs romanes; s'il s'agissait, par ailleurs, d'une influcncc de caractere
populaire, d'ou tirait-elle son origine: de la latinite ou de la romanite balka-
niqui.:'? Jusqu'a ce jour, la rccherche n'est pas encorc arrivee a donner des
reponscs convenables a ces questions. Nous venons de voir ci-dcssus qu'il
.convient d'ecarter l'eventualite d'une influcnce latine medievale. Pour Ies
memes raisons, il nous faut ecarter aussi l'hypothese d'une influence directe
du latin a l'epoque du Bas-Empire, avant le VF siecle de notre ere, influence
qui se serait exercee sur le slave commun.
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<452 H. Mibăescn
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Les elements ]atins des iangoes slaves meridionales· 453
Le nouveau sens, celui d'origine latine, devait prendrc une si grande place
dans la conscience des locuteurs de certaines langues slaves qu'il en a efface
l'ancien, alors que dans le cas d'autres langues slaves cc nouveau sens n'est
jamais arrive a remplacer le premier, etant tout au plus relegue au second
rang et destine a disparaître avec le temps. En revanche, le mot luncitik est
d'origine exclusivement latine: il n'existait pas auparavant dans Ies langues
slaves.
35U. Toujours dans le domaine de la terminologie des croyances popu-
laires, une autre influence exercec par la population romane de la Peninsule
balkanique sur la population slave est mise en evi<lence par le terme slave
Rusalii (pl.). C' est le nom donne a une fete dediee aux morts et qui se trouve
deja mcntionnee dans la Chronique de Kiev (1068) (<lat. rosalia; cf. aussi
v. sl. rusalija, bg. rusalja, ser. rnsalje, rus. rusalja nedelja) 86 • Cette fete por-
tait aussi le nom de radunica ( < gr. po~cuvl(X), atteste dans la quatrieme Chro-
nique de Novgorod ( 1372) 87 , ce qui prouve qu'elle etait originaire de la region
orientale de la Peninsule balkanique, region dominee par lcs Grccs. Bien que
Ies Slaves aient du certaim'ment avoir eux aussi une fete semblablc, l'influence
greco-romaine dans son cas est, ainsi que le remarquc Niederle 88 , incontes-
table. Mais Ies Slaves donnerent au mot rusalja un autre sens aussi, celui de
e< fee», sens adopte egalcment par Ies Roumains au moment ou il emprnn-
terent cette fete aux Slaves 89 . Le point de depart d'unc telle evolution seman-
tique reside, comme A.N. Veselovskij l'a demontre 00 , dans le fait que la
celebration de cette fete s'accompagnait de danses rituclles, probablement de
tradition bacchique, executees par des personnages feminins qui re<;urent
le nom de rusalky; a partir de la, la sphere de signification du mot s'est elar-
gie jusqu'a comprendre Ies fecs, ainsi que Ies âmes des enfants et jeunes fem-
mes decedes.
359. Un autre temoignagc de l'influcnce exercec par le monde romain
paien sur Ies Sla-ves est represente, ainsi qu'on l'a, du reste, souvcnt reconnu,
par la presence des termes slaves koleda, koleda, koljada, continuateurs du
nom de la principale fete hivernale des Romains, Ies Calcndac, ct Trojanu,
devenu le nom d'une divinite qui apparaît chez Ies Russes au XIIe siecle,
dans le Slovo o polku lgoreve; ce dernier mot penetra chez Ies Slaves des la
conquete de la Dacie par Trajan 91 , la renommee du vainqueur ayant par-
venu jusque dans leur patrie primitive. Les Slaves ont donc deifie l'empereur;
on sait, du reste, que Ies Romains avaient couturne de deifier leurs empereurs.
Mais, certains faits nous font pcnser a un emprunt de date tardive .Tont d'abord,
on ne saurait separer cc mot du terme roumain troian « vallum, fosse avec
repli de terrain », d'ou troian de zăpadă 02 <( amas de neige, congere », qui est
86
Cf. Th. Capida.n, DR, III, pp. Hl- H2, 184-185.
87
Cf. L. Niederle, Manuel de l'a11tiqi1ite slave, II, p. 55.
8 8 Op. cit., II, p. 166-167.
89
Cf. Lazăr Şăincanu, Studii folclorice, Bucarest, 1896, p. 139, qni pense que cette fete
existait deja chez les Roumains avant l'arrivee-des Slaves, qui n'ont pas eu donc a l'y intn,duire.
90
Razyskanija, XIV, p. 270-280, ~ Sbornik otdelenija russkogo jazyka i slovernosti •,
1890; chez Niederle, op. cit„ II, p. 132-133.
91 Ibidem, II, p. H6.
1> Dans certaines regions., cga.lement ~ chemin, ruc » (d. Philippide, OR, t. 1, p. 725-
2
- 726 ct V. Bogrea, DR, III, p. -421-422), d'oil il pourrait meme avoir tirc le S('ns de t fosse
avec vallum •.
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454
d'origine slaYe. Or, ce dernier sens n'a pu etrc connu par Ies Slaves qu'au
moment de leur arrivcc a proximite des frontieres de l'Empire, donc au Vl 8
siede. L'origine de cctte cvolution semantique doit sans doutc resider dans
!'idee quc le Yallum romain etait l'reunc de Trajan, celui qui a\·ait conquis
la Dacic ct augucl on attribuait d'aillcurs a l'epoguc toutes Ies constructions
d'unc ccrtainc importance de la Peninsule balkaniquc !l:i. En deuxieme lieu,
scul un personnage romain deja pare d'attrilmts divins par la population
romanisel' de la Peninsule balkanique pom·ait fairc figurc de dieu chez Ies
Slaws, et c'ctait justement le cas dl~ Trajan. 11 sC'mblc difficile d'imagnier
awc L. ~icderlc guc Trajan a\"ait pris des dimcnsions mythigues au-dela
des frontiercs dL· I' Empire romain, panni ks pcupks de son Yoisinage imme-
diat, Dan·s liurcs et Slaws. En Cl' gui concerne ces derni~rs, ils n'ont pu ap-
pren<lrc son cxistt·ncr· gu'unc fois nouc~·s d'etroitcs rclaticms avec la popu-
lat ion romaniste <lH ~Toycn ct du Bas-Danube, par con<:equcnt au vie siecle.
C'l'st \'Crs cette memc C-por1uc l}lll' furent attribues a Trajan Ies vallums ro-
rnains ele Cl'S n'.·gicn;;. Au fil dL·s âg.·s, le nom de l'empcrcur ne devait plus
dt'.·~i;::-nC'r la pnsoirnl' qui a\"ait ordonnt'.· l'amenagl'mcnt des vallums, mais
Ic~·· \'allums-m&mcs. Quant a l'a<:pcct phonctiquc du mot dans le cadre de
cf'ft h~·pothe:-c, il ne posl' gHl.·rc c!C' prohlenws, car il pcut n'etre pas un em-
1•
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Les elements la.tins des langues slaves mericlionales 455
ancienne, notamment dans Ies domaines des croyances populaires, des fetes
et des pratiques de magic. Ces exemples ·de transmission de certains faits
ethnographiques et linguistiques greco-romains jusque dans Ies territoires de
languc russe intcrvenue aprcs l'etablissement des Slaves dans la Peninsule
balkanique viennent a l'appui de la these de la diffusion du mot l·untilik parmi
Ies Slaves orientaux, tout en rendant plausible aus!'i l'idee que le mot slave
lunâ a gagne un sens nouvcau sous l'influence du monde roman. Ce qui parais-
sait impossible ou ne pouva-it passcr que pour influencc litteraire tardive
quand on considerait le fait isolemcnt, apparaît comme tres naturel si l'on
envisage l'ensemble du proccssns de l'influence greco-romane sur Ies langues
slaves, juste apres le contact cies Slavcs a\·ec cc mondc meridional.
96
W. Meyer-Liibke, p. 505 n'.enregistre pas la forme *palatmn, qni ~e trouve a la base
des formes slaves meridionales a·1cc t, du raguzain palata, du log. f•alatu et cln cat. palau. Le
latin vulgaire considerai t Ies classiques palu.ti1m et pa lut iuw comrne des ·1ariantes phonetiques
d'un seul et meme mot.
97
Vasmer, II, p. 391, supposc a tort unc origine uyzantine <lu nH.t (mx:l.~nov). ll a pro-
bablement pense devoir l'admettre compte tenu du fait que le mot ne comporte pas un ţ( =
= ts), mais unt. Toutefois, le latin vulgaire usait aussi de la forme avee t.
98 Voir Romanski, op. cit., p. 92-93 et I. Popovic, op. cit., p. 589.
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(56 H. Mihăc!'cu
Ies chftteaux n'ont subsistc quc dans la zone dalmate. C'cst pourquoi, le lat.
castcllu.m ne s' c~t conserve qu' en serbocroate ( llasfcl) ct albanais ( kashtell).
Le lat. cisterna « citernc; resenroir d'cau des -villcs ct cites •. perdu pour le
rnumain cn raison des devastations susmentionnees, de\· ait laisser des traces
dans Ies langues slavcs meridionales; on le retrouvc dans le vieux-slave:
gistailia, ainsi que dans le ser. gustijema, b1:st1jcrna, provcnant du dalmate
ancien gusterna 99 • Les formes serbocroatcs sont a la basc du mot bulgare
sten1a « citcrnc • ct des formcs slo\.enes st(}ma, sl(}rnja « Zichhnmnen, Schopf-
brunncn •. dont le {;- pourrait trouver une cxplication dans le fait que le
point de depart des termes rcspectifs comportait une affriquec initiale: *cis-
ten1c1.
Le lat. p!alt'a (egalemcnt pcrdu en roumain) «place d'une villc • se
rctrom·c dans le ser. ploea « dalle de pierrc; Plattc; platcau •.
:JG:J. Cnc autre scrie de tcrmcs latins s'appliquaicnt a des realites com-
mu1ws dl' la villc et du villagc (la cncore quclqucs-uns se sont perdus en rou-
main1: lat. cocton·um > hg. Implor, lwptor, alb. lwftor, r. wptoriu (et cup-
tior; 100 , <l'une part, le lat. jumu.s (I four, llackufkn • > bg. juma, vurna,
lmm,1,jurnja,jămja, conserve aussi cn ar.junm, gr. q>oupvoi;, alb. jun (mase.),
jurr,·; (fem.), d'autre part. Lat. ca11u:nus >ser. lwmin « Hcrd, Kiichc, Rauch-
fang 11, slavon kumi11i, l.:umrnf <1 âtrc, Hcrd 11, bg. lromi11, tch. k6min, kamna
<i po~le 11, pol. komin « Rauchfang 1>, russc komh1; Ies bg. /;;amin, russe kamin,
k.m1i11a, alb. /;;amine (( poelc. vicnncnt du neo-grec XCX.(J.LVO~. :X.Cl(J.LVCl. Le pho-
neti;-;nw du mot albanais lmmi11e s'cxpliquc par la forme serLocroate avec
UII u.
Le latin hortus s' L'st conscn'c cn scrbocroatc: vN. L:- ser. skudla provient
<lu latin scandttla, gardant la ml-mc signification; l'allemand a cmprunte
lui aussi ce mot (cf. Sch1~ndd). L<' latin canaba (ca1maba, canapa) «tente, ba-
raque; caLarct • a donne Ic scrbocroatc lwnoba (les mots ser. llosao (gen.
ko.rn fo) <1 ma ison dcrnolic • 101 , alb. kasollc, /;;1~ solie. (I chaumierc • provicnnen t
du lrnlgarc ou du neo-grec et la prcsencc du s prouvc quc Ic terme est nouveau,
d'une date posterieurc au X 0 sicclc).
:JG'.. Il convi<'nt de notcr aussi Ies noms d'origine latine donnes a des
objc·ts d'utilite courante dans le mcnagc: bg. mesdl, mjasdl, misâl « piece de
toi!., <lestinee â couvrir la pâtc dont on faisait le pain; piecc de toile de gran-
de~ 1limcnsions pour rccouvrir des objets; nappe, Tischtuch <lat. me- „
die\·al ma11salc, mensalis, Iat. vulg. *1ne,sdle, cntrc cn grec aussi: µ.s:crocA.L, µ.::crocA.Lo''
« nappe; Tuch zum Zudecken des Brotcgcs •. [.L:xvcrocALov, µ.r.vcrcl.A.Lov, ainsi
qu't·n alb. mesa/le <c langcs; napperon; schmallC's Tischtuch, Tisch Gastmahl •.
Le slave ecclesiastique slwmimi, bg. sk6men « chaisc • < lat. scamnum, idem
(cf. ar. scanmu, gr. byz. crxiiµ.vov, crx.ocµ.v[ov, ngr. crxiiµ.voi;, crx.zµ.v[i;). Le lat.
camp,ma <1 balance romainc, peson; cloche » > sl. eccl. kQpona, kQponu, bg.
kăp6ni (plurale tantum); Ies formcs bulgares kăpăiii, kăpani, lwpani viennent
probablcmcnt du ngr. x.cx.µ.r.ocvoi; (I balance •.
9
Des a.ttesta.tions en serbo::roa.te che7. C. J irc~k. D ie Romanm, I, p. 90.
~
100
Voir I. Pctka.nov, Origine, signification el diffusion du mot koptor {kofttJT) dans le$
lu11g11,s ballwniques, « Izvestija lnstituta.. za bălga.rski c7.ilc •, III, 1954, p. 296-303.
101
Yoir P. Skok, ZH.Ph, L, 1930, p. 448.
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Les elCrnents Jati11s. des Jangnes- sla·;-es- meridionales 457
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458 H. MiMescu
ar., mgl., căciulă, căciuă « bonnet de fourrure »;alb. kacul (et le fem. kacule);
ngr. xoc-rcrouÂ.oc « Miitze, Haube, Kapuze; capuchon •. Suivant certains cher-
cheurs, le mot viendrait du latin, mais olus probablement il s'agit d'un mot
d'origine thraco-dace; cn albanais, le mot n'est pas originaire, car au debut
il remplissait une fonction metaphorique.
Le bg. kapa « bonnet », ser. kii,pa figure aussi dans d'autres langues sla-
vcs; on le retrouve cn alb. kape « mantcau, cape •. ngr. xoc7t7toc, idem, ar. capă
<t mantcau en poil de chevrc • 10 6 ; ce mot n'cxiste plus en daco-roumain.
Les bg. guna « fourrure •. gunja <! manteau en poil de chevre t, ser.
gunj « sortc de survetcment •. slov. gunj, gw~ia « couverture, robe (en laine)
grossiere ». tch. hcnmt, pol. gunja, ukr. lmnja, russe guna, gunja «robe usagee;
haillons "; alb. gune « cape en peaux de chevre », ~un « vetement qui descend
aux genoux»; gr. byz., ngr. youvoc, youwoc (cf.aussi hong. gunya «Biindel;
robL' l) et lith. gunc « mauvaisc houssc de- chcval »). cependant que le mot est
disparu du daco-roumain; notons la difficultc <l'expliquer la variante avec
-ja remplac;:ant l'-a.
Le bg. Ja.fo «bande de cu ir, courroie en cu irc»; r. faşă <c bandage, bande,
langcs»; alb. jasltqe <cbandage, langcs», Jizshke «Wickelband; lange»; ngr,
qioccrxLoc, idem; ks tennes roum. et alb. (jashkc) continuent le lat. fascia.
quant a l'alb. JashC, de mcm" quc Ic bg. jafa Cf' sont des emprunts au roumain.
cepL'ndant qu~ le tennn neo-grec acte cmpruntc soit au latin, soit a l'albanais,
U \'. Sl. kaliga lO? (( Semnlle t < lat. Caliga (C Ch<lUSSUre a lacetS; SOrte
de brodequin porte surtout par Ies simplcs soldats; sc-melle 1>.
Le bg. ld1t:!Ytl (< cch~VC!:lll P'">Ur l'ourdissagc des tapis. 108 ; ser. kditura
(I echcv. ·au de coton • lO!l; ll,ST. XOC'J'J1llp:X 1 -:o G'7'1)fL:,'JL TWV &.q>IXG"fLOCTWV l) < dr.
<
caiiură, ar. cm1tră, ciinoară « ICtm:nh1.'.,:"C'; abats de' Iai ne cardee; blousse »;
le mot ronmain SC'rait d'apre:; C•'rtains chc-rc~1curs 1111 derive du lat. caro <1 Kam-
peln •> cr~c avec I,.. suffixe -ul.1: ;;,.clrul:! ct, par di.~similation, *canura no,
mais p:)ur notr•: p:ut, nrms l'stimons qu'il s'agit plntt.>t d'un terme d'origine
thracr>-dacc·: *c,mn1tla, *cannolu.
:JG7. Les Slavcs ;n '·ridionaux ont con nu k savon et la lcssivc a l'epo-
que de leurs premi'.TS contacts avcc la !ang:.1c latine du Sud-Est de l'Europe:
lat. sapo, -oni-; > bg., ser., d. saprm, ngr. cr:x;:o{rn « savon •: selon Scheludko 111 ,
a la basc des tl'nill'S relevcs dans lcs lan~ues slaves meridionales doit se trou-
ver la forme italienne sapone, a part ir dr: laqucllc vicnnent aussi le terme grec
ct le roumain s.ipnn. Il arg-nmente sa thesc comme suit: <c Das Wort verbrei-
tete sich mit die Sache, und dass cs nicht die Rum:mcn warcn, dic im Mittelal-
tcr die Balkanhalbinscl mit Seife versahi~n. dafi.ir sind keine Kommentare
notig ». Mais le probleme n'est pas de savoir si le savon s'etait generalise
dans la Peninsule halkanique au Moyen-Âgc grâce aux Roumains. Le fait
est que cc produit etait deja connu par Ia population de langue latine de tout
l'Empire (il s'agit d'unc invcntion des Celtes ou des Germains), introduit dans
108
D'aprc:; G. Meyer, Etymologischcs Wărterbzcch dcr albrmesischen Sprache, s.v„ le mot
albanais vient de l'italien.
107 Voir Scheludko, op, cit., p. 274.
108 IlER, II, p. 210.
109 SER, II, p. 36.
110 TDRG, p. 277.
m Op. cit„ p, 231.
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Les l>lcmcnts latins des Iangnes slaves meridinn;tles 459
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460 H. Mihăcscu
:no. Les Slaves ont l:mpruntc au latin une partie ele lcur terminologie
ichtyologiquc:
V. sl. *jt;.g1tla, *}t;_gulja, *jQgula, *cg1i!a <1 anguille », bg. egula, rnaced.
angitl.i, dg11lja, jQgula, jagula, je11gdja, ser. jcgdja, slov. Jcgiilja <lat. an-
guill..i; v. sl. nzilriJna <1 barbeau, Cyprinus barbus », hg. mr{nd, mrenka, ser.
mrena, slo\'. mrcna, tchequc mfcnka, pol. mrzana. brzaita < lat. murena <
< gr. ancicn [.Lupcu•1oc; le roumain mrcimă est un cmprunt au vicux slave 118 •
371. Le latin devait fournir aux Slaves un~ partie de leur terminologie
s'appliquant a la faune et a la flore typiquc du Sud-Est de !'Europe, comme
suit:
Lat. pava, -onis> bg. pau11, pav1'tn, fcm. pa1mica « paon t, ser. paun
(cf. aussi l~s formcs dr., ar., rngl. piiun).
Lat. vulg. *buvalztsou bFijalzts<lat. bubalus <1buffle l)>bg. bivol, fem. bivo-
lica 11 bufflc 1>, bivol, bivola <1 (bot.) Datura stramonium », ser. bivo, gen. bivola,
slov. bivol, a. russe byvol, russe, ukr., a. pol. bujol. Cc mot, d'origine grecque
(~ou~ocAo<;} s'appliquait auclebut a la gazellc d'Afrique, mais, a partir du Vl 8
siecle, quand le buffle apparaît en Europe, on lui donnera ce rneme norn;
aussi, le latin occidental a-t-il toujours designe le buffle par le rnot bubalus.
On ne saurait preciser quant au roumain, qui a herite de bubalus dans le sens
d't aurochs », s'il a donne a cette bete son nom en partant de l'idee de <c buffle»
114 Co:nm'.! l'ont soutenu Uhlenbeck, ASIPh, XV, p. 432 et Hirt, P.B. Deitrăge, XXIII,
p. 338; cf. goth. Wein, 1:1in (·mir a.ussi o Vierteljahrsschrift f. Soz. und Wirtschafts Geselschafts •,
III, p. 278.
116 C. Jire~ek, Die Romanen, I, p. 36.
118 Voir Uhlenbeck, art. cit., p. 489 et Hirt, art. cit., p. 338 et 341; cf. aussi M. Bartoli.
Zbornik u slavu Vatroslava ]agi~a. p. 37.
117 Op. cit., I, p. 36.
ne DLR, VI, p. 931.
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Les 616ments latiru; des langues slaves meridionales
ou bicn si des le debut le terme designa l'aurochs. Pour ce qui est des lan-
gucs slaves, les formes ou le u est remplace par y et pari sont originaires du
latin parle dans la region du patriarchat d' Aquilee, alors que celles en u
viennent de la Peninsule balkanique.
Lat. turma « attroupement » > bg. turma, ser. turma, slov., pol., ukr.
turma (cf. aussi dr., ar., ir. turmă« troupeau » 119 , alb. turme« multitude, attrou-
pemcnt, troupeau )), gr. byz. Toupµ.oc «grande unite militaire »); pour ce qui
est de l' ukr. et du pol., le mot respectif peut provenir du roumain.
Lat. maturus «mlir; adulte» > bg. mcitor et Ies derives mdtoren, ma-
torist « vieux, âge »; mtitor est aussi le nom donne au « bouc de plus de 3 ans »
et a la plante T hymus serpylum; cf. aussi (o), (za) matorejam 11 vieillir, pren-
dre de l'âge », :::cr. mator; Ies autres langues slaves connaissent egalement ce
mot 120 , auquel il convient d'ajouter encore Ies formes du v.sl. matoru,
zamatoreti 121 •
Lat. mulus >ser. mul (slov. mula) bg. mule i! mulet •, haut sorabe
mul, pol. mul, ukr., russe mul; cf. aussi alb. myll, gr. µ.oul..oc;, µ.oul..oc. Ce mot
a du exister aussi en roumain; dans cette demiere langue son phonetisme de-
vai t etrc *mur, *mură, ce qui conduisait a une homophonie avec mur, mură
« murier, mure» (<lat. morus, momm) 122 et avec le mot d'origine thraco-
dace mură « caillette; Labmagen » 123 (cf. alb. multe <' estomac, caillette »).
Dans Ies langues slaves du nord, le terme s'est propage a travers le germani-
que, de l'avis des specialistes, mais il n'est pas impossible qu'il se soit repandu
aussi par l'intcrmediaire du roumain. Pour ce qui est des territoires balkani-
que et roumain, il devait finir par ceder la place au terme d'origine grecque
yoµ.&.pL (r. măgar, alb. magar, bg. magare, etc.).
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462 H. Mibăescu
Lat. castammi "">- sl. cccl. kastanu, kostani"t, bg. k6stcn, kdstm, kestcn„
kiosten, kostan, ser. kostanj, sloY. Mstanj; gr. xcicrTcx'1ov (cf. ar. căstînu « châ-
taignier J>, câstîne, găstă9le « châtaigne », mgl. căstQnu, căstpnă, alb. kestcnje,._
geshtenje <lat. castaneus, -a). • • • . . _ . T
Lat. Yg. c(e)resia > "· sl. cersa, cersinJa « censc; Sullkirsche, \ogel-
kirsche », bg. bc§a, leresa, cercsna, ecrefoja, a. ser. crc{;illja aujourd'hui eres-·
nja, tresnja (le ragusain krijefo, kriesva, atteste des le xvre
siecle, est d'origine
dalmate), slav. ere{;nja, tch. tfef;e, tfe§ne, pol. tr:e811ja (cf. aussi l'allemand
Kirsche); le phonetisme des variantes slaves avec ir-, kr- est lui aussi d'origine
dalmate (kn·s « cerisil-r»).
Quelqucs plantcs typiqucs des regions mcditerraneennes, commesti--
blcs ou non, commencent a etre connues par Ies Slaves, qui Ies nomment
d'apres Ieurs noms latins: lat. cmmapis « chanvre » >ser. kanap (cf. r. cîne-
pă, alb. kanip, kamp, kfrp); lat. ccpdla « oignon »>ser. lwp1i.la (r. ceapă);
lat. lactuca <( laitue »'ser. lostika, lo<Hka (r. Uptucă); lat. cztcuia « cigue » >
> ser. kukuta (cf. alb. kukute, r. cucută).
~otons aussi le bg. tufa «petite bot te d'oignon » < r. tujă « buisson;
Strauch; Gtbiisch »; (cf. aussi alb. tujJ (C touffu; belaubte Zwcig; bouquet;
berccau de feuillagc; amas; Menge, Haufe »; ngr. -rou9oc «petit bouquet;
dichtes Bundbrrass; Hochmut ») 126 •
126 Voir ci-dessus, §. 159; pour Ies formes roumaines et romanes evoluees a partir du lat.
castamus, -11, ccrcsia, cannapis, lactuca, cuc11ta, voir §§. 163, 197, 190, 161, 159.
127 ZRPh, LI, 1931, p. 468.
128 Ibidem.
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Les elements latins des Iangues slave& m6ridionales .463
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-464 H. Mihăc!'cu
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Les elemenh latins des Jangues slaves mcridionales 465
378. Comme on peut le constater, bon nombre des tennes latins rele-
ves cn slovene, serbocroate et bulgare (voire dans Ies autres langues slaves
aussi) se rattachent a la vie citadine, aux edifices imposants, a l'exercice
specialise du culte, a la vie quotidiennc du menage (certains ustensiles, par
exemple), etc., qui, du fait qu'au sud du Danube la vie citadine s'est poursuivie
tant bien que mal, Ies termes respectifs s'y sont conserves jusqu· a l'epoque
moderne. Ainsi, Ies Serbocroates et Ies Bulgares ont-ils conserve un certain
nombre de termes perdus pour Ies Dacoroumains. Il s'ensuit que Ies mots
latins des langues slaves meridionales, de meme que Ies mots latins du grec,
fournissent un complement a l'image du latin parlc par la population du
Sud-Est europeen.
La vie citadine devait se maintenir surtout en Dalmatie, ce qui expli-
que comment Ies Croates ont pu conserver un nombre plus important de
termes citadins (dans le genre de ploca). Les Serbocroates ont garde aussi
la terminologie de la peche du latin vulgaire, qu'ils avaient empruntee a
la popu1ation romanisee de Da1matie, fait susceptible d'etre utilise pour la
restitution de ce parler latin vulgaire. Habitant loin de la mer, cette termi-
nologie specialisee s'est perdue chez Ies Roumains, les Serbes et Ies Bulgares.
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466 H. Mihliescu
:JBO. Les <lonnes foJ1·.1ic.; p tr lcs languc; slavcs mSridionales sur Ies
phonetismes du latin \'Ulgairc d·~ la P~ninsule balkaniquc re.rnltent de
l\·xam_n des top:)llymes halkaniques anciens, conscrves par les Slovenes,
ks Scrbocroates et ks Bulgar,·s, ainsi que de l'etudc des mots d'origine
lat inc des languf's rcspxtiv~s. En g ~neral, les changem?nts imposes
par les bngues sla\'CS a l'epoquc aux top'.Jnymcs et aUX diff er•~nts mots etran-
gcrs d'cmprunt sont connus. Aussi, en ccartant ces chang~m~nts, arrivc-t-on
a restituer Ic phon~tism? qui dcvait ctrc celui du latin balkanique, ou du
dalmate et du roumain des pr,'mif'rs temps (c'cst-3.-dire de l'epoquc de leur
formation ct notammcnt des debuts d? cettc epoqu·?). Toutcfois, ce procede
ne mene pas a des resultats absolumcnt surs: souvent les faits se contredisent
ou cncorc l'inccrtitude se glissc dans l'interpretation meme des changements
phonetiqucs intervcnus au niveau des top'.Jnymes ct des mots usuels. Dans
cc dernicr cas surtout il faut rep)ndre a h <1ucstion: sont-ils vraimcnt des
elements du latin balkanique ou bien ils s'expliquent par l'adaptation des
toponymes et autres mots !atins au system'.:! phonetiquc slave?
331. Le vocalisme pose lui aussi des problemes difficiles a resoudre.
Nous avons vu P. Skok (§ 343) avancer l'hypothese de la transformation de
1' a non accentue en e dans le cas des mots compater, commater, tout comme
dans le roumain cînepă < can.1pis. Le bg. kăponi «balance » offre le chan-
gcment d + n +
voyelle >o; il n'est pas exclu que ce changement soit du
136
Communication au xue Congres Intcrnational de Linguistique et Philologie Romanes.
Bucarcst, 1968: Intorno ad alwni elcmenti lessicali del latino balcanico ignoti al {daco)romeno
(voir ci-dcssus, la note 14).
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Les clements !atins des langues slaves meridionales 467
137
Cf. par exemple, Yondrak, Vergleichcnde Grammatik der slavischen Sprachcn, I, 1908,
p. 110.
138
Crcatione pour Natale (Christi) ne pcut aYoir ete forge cn Dalmatie, car Ies Goths
n'y ont ete les maîtres que tres brievemcnt (ic terme roumain est d'origine ariennc).
130
Petar Skok, Zitr Chronologie der Palatalisierung von c, g, qu, gu, vor e, i, y, i im Bal-
kanlatein, ZRPh, XLVI, 1926, p. 398. &
HO Ibidem, p. 387-399.
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468 H. 1\-lihăescu
pas en latin vulgaire, mais dans Ies langues slaves, conformement aux lois
des deux palatalisations des velaires dans le slave commun. L'hypothese ne
semble pas plausible, bien que dans Ies elements latins du serbocroate et du
bulgare, comme on l'a deja vu, on constate l'assibilation des c et g + e,
i et j en c et z, rneme dans Ies cas ou le roumain et le dalmate presentent la
velaire suivie d'un i +
d, a l'interieur du mot, ou la velaire suivie
de i + d, o, 1t en position inaccentuee, a la fin du mot, c'est-a-dire
dans Ies cas ou le latin danubien n'm:ait pas de c et g, mais de ţ, rj,. En
dalmate, Ies tf: et cj du latin sont devenus ţ( = ts), 4( = dz), reduits ePsuite
a s, z: d. rasaun <lat. ratioiiem, stasa1tn <lat. stationem, platsa <lat.
platea, glas < lat. glade < glacies, bras <lat. bracchiuni, sudza (nom d'un
poisson) < sugia 141 . 11 y a, neanmoins, une exception: d. pus < lat. puteu,s;
le phCnomene est difficile a expliquer (en l'occurrence, le roumain realisa
le traitement ţ: puţ) Comme ccs assibilations avaient eu lieu en latin
vulgaire longtemps auparavant, Ies Slaves ont du emprunter des termes
la tins comportant deja Ies affriquces ţ( = ts) et rj,( = dz). Et, commc da[IS
le latin ,·ulgaire des regions concernees Ies assibilations susmentionnees
n'ont pas produit Ies sons c, g (sauf pour le roumain ou ţ ct rJ, j 6 11 + + +
sont devenus c, respectivem~nt g), Ies langues slaves remplacerent dans beau-
coup de cas le ţ par c et le iJ par g. Toutefois, pour !'instant nous ne pouvons
pas e\."J>liquer le phenomene 142 • D~ja Philippide 143 avait compris que Ies
assibilations respective~ se sont produites en latin vulgaire, avant l'arri-
vec des Slavcs dans la zone danubienne et quc ces d!.!rniers avaient re<;:u la
toponymie et les mots usucls du latin cornportant les sons ţ et ~l. Nons venons
de voir dans le cadre d·~ ce m~me paragraphe que le dalmate, de meme que
le roumain, presente aussi Lien l'assibilation de t et d f, que celle de c +
et ;; + f. Par consequcnt. ks faits U·? C•'s deux langucs ne sauraient servir
a preciser si Ies deux serics d'assibilations, celle des d::ntalcs et celle des
velaircs, eurent li eu ~-n m}mc temps ou a des periodes diff erentc". Mais la
chosc J.evicnt possiLI~ grâce aux faits presentes par l'albanais, qui a trans-
forme t +
i en ts, <levcnu s apres le X" siecle, et g i en z, dz; ccpmdant c +
et g + i se transfonnent en /~. q( = k') et gj ( = g'): mars « (mois de) rnars I) <
<lat. J.\fartius (nwisis); P~las <lat. palatiitm; pjese <lat. l*Pettia, pi's <
<lat. putens 1.u; guxoj< lat. cotidiare; zane, zere< lat. Diana; mcrzoj <lat.
meridiare; rreze <lat. radia (cf. d. rez, ruaz); kuq « roux I) <lat. coceus;
shoq, sholl <lat. socius; jaqe <lat. facies: gjyk <lat. judiâmn; ashung,
1ishuj <lat. axzmgia (cf. r. osînză). 11 y a, toutefois, une exception: gelase<
< *getatse <lat. gallinaceus (cf. r. găinaţ). De toute evidcnce, Ies ancetres
des Albanais ont subi l'influcnce du latin avant que le latin vulgaire ait connu
l'assibilation de c et g +
i: c'est a peine que des rnots tcls gallinaceus
avaicnt eu la possibilite a cette epoque d'entrer dans la langue des Illyriens
qui SC trouve a la basc de l'albanais.
m Voir Bartoli, D, 2, p. 366-379.
142
L'id:!e de P.!tar SkJ;.: que 1~5 Sl ir~; 'J:lt .!uic-m'!.n!.'> r.!J.li~·S l'a.ssibilation en question
a etc comb:ittue a jn>te titre p:i.r Giovanni M:i:rer, L'1- pran1in:ia delta ci hlin'1- nei riflessi slavi
meridioiiali, AG!It, s~zione neolatina, XXIV, 1939, p. 2-18.
143
OR, I, p. 453-455, passim.
144
En alb. kejshoj < captiare, le ţ du latin vulgaire est devenu saune periode anterieure
au ţ des autres mots mentionnes ici (c'est-â-dire avant le X 8 siecle), car autremcnt le s ne serait
pas devenu un ~ ( = sh).
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Les elemcnts latins des langues slaves meridionalcs 469
383. Selon Petar Skok: 1. au moment ou Ies Slaves ont pris pied dans
la Peninsule balkanique, la population romanisee de l'endroit n'avait pas
encore subi Ies phenomenes de palatalisation et d'assibilation des sons c
et z (qui provenaient tant des c et g latins, que des qu (= ktt) et g?ţ latins)
-+- e, i, i; 2. Ies villes de la cote dalmate ont maintenu le caractere velaire
des sons c et g suivis de e, i, j; 3. Ies Slaves, se conformant aux anciennes lois
<l'assibilation de leur propre langue, devaient realiser dans la zone rustique
l'assibilation en ~. c(= ts), respectivement en g, f/,(= dz); 4. la population
agricole et pastorale romanisee, qui vivait dans le nord de la Peninsule balka-
nique, la ou Ies villes (depuis Celeia et Poetovio jusqu'aux bouches du Danube)
avaient ete detruites, devait subir le meme phenomene plus tard et indepen-
damment de la population romane de l'Occident 145.
Or, a notre avis, il faut d'abord separer l'affricatisation de c et g e, i +
de celle dec et g +
j. Leur separation est necessaire, parce qu'il s'agit de
phenomenes phonetiques distincts, dates de periodes differentes et nes de
causes diff erentes.
115 Zur Chr"nrilogie der P.Jia.talisiernng .. . , p. 385-410 (cf. surtout Ies pages 408-410).
148 Bartoli, D, 2, col. 389-390.
u 7 Ibidem, col. 378.
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470 H. Mihăcscu
148 lhido11.
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VIII. CONCLUSIONS
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472 H. ::\Iihil.cscu
romainc cn !'an 146 av. n.e. et la colonisation massivc des Slavcs au VIIc siecle
de n.e. La toute premiere couchc linguistique se composc de certains elements
latins de la langue albanaise, susceptibles d'etre dates du Jer siecle av.n.e.,
Ies commencements du dalmate remontent au Jer siecle de n.e., le latin
qui se trouve a la basc du roumain rend compte de son degre de developpe-
ment aux IP _ Ilic siecles, Ies elemcnts !atins du grec y ont penetre surtout
dans l'intcrvalle des nre - VI" sieclcs et ceux des langues slaves meridionaks
durant ks \'II" - VIIF siecks. Par consequent, a part Ies differenciat ions
territoriaks, n<:'>cs dans des circonstances et des conditions specifiquesde l'exis-
tence de chaque region geographique, s'est developpee aussi une stratificat ion
progrcssin, avec Ies differences mentionnees gui dc,·aient freiner !'unite et
l'homogeneite impliquees par le connpt de "latin halkanique ou orient al».
En fait, nos conccpts sont detcrmines par Ies sources utilisees a un certain
moment: Ies tcxtes, Ies inscriptions et Ies itinfraircs locaux ont fourni aux
chercheurs <les faits de langue releve<; egakment dans d'autres provinces de
l'Ernpire romain, c"cst pourquoi ils ont pu parlcr a un mommt donne d'une
unite rdatin~ aussi bicn dans I' Europe du Sud-Est quc partout ailleurs dans
l'Ernpirl'. Celte unite linguistique relative, autument dit le soi-disant latin
commun, populaire ou vulgaire, correspondait a !'unite economique, politigue,
administrative et culturclle de l'Ernpire, rcprcsentant son instrnment le plus
cfficacc d'approche et d'entente. ~ous savons que la majorite des inscriptions
sont des ne_ Ilic siecles, donc de I' etape de maximum d'expansion de l'Em-
pire et la languc dont cllcs se scrn·nt rcfletc Ies kndances convcrgent<'s de
cetk t:'.·tapc. ~Iais si nous pl'nsons aux difficultes de communication, a la pre-
seance prise par l'agriculture et a J'immcnsite de l'Empire, il dcvicnt evidL'nt
que Jc proCCSSUS de di\·ersification SC trouvait dans SOll clement et quc rien
ne pouvait l'arretcr. Pctar Skok distingue dans le Sud-Est de l'Europe une
romanite maritime, celle de languc dalmate, d une romanite continentale,
celle de languc roumaine, mais unc tclle imagc s'averc partielle et incomplete,
car la reali te est bien plus riche C't plus complexe. Quclqul's rcmarques, d<·.c:<-
gees surtout des etudes de toponymil' ont donne lieu a l'hypothese qu'en Pan-
nonic commeP<;ait a s'ebauchcr une romanite locale avec des traits particu-
lius, aYant rin'ils ne rnicnt effaccs par la colonisation slave d'abord, hongruise
cnsuitc: cc commcncemcnt de romani te rcprescniait l'un des chaînons liant
la romani te occidentale a la romani te orientale 1 •
:J87. II convimt par ailleurs de compter aussi avec ks facteurs immobi-
litc et mounment, notions opposecs qui, dam Ies circonstances specifiques
a l'agriculture de l'etape initiale de la feodalite, sont dcvcnues complementaires
ct ont forme une unite dialcctiquc. Pour des raisons justifiees par le besoin
de se proteger et de survivre, l'hommc de l'epoque nourrissait le sentiment
profond quc la terre sur laquellc il marchait et qu'il travaillait lui appartcnait
depuis toujours et a jamais. Mais Ies memcs raisons imperieuses brisaicnt a
chaque generation cet immobilisme, car l'agriculture extensive offrait trop
peu tout en reclamant une ctendue de plus en plus large, la croissance demo-
graphique imposant elle aussi de fac;:on pressante le mouvement. Les Grecs
et Ies Dalmates preferaient la mer avec scs richesses piscicoles et Ies echanges
1 E. l\:ranzmayer, al't. cit.; G. Reichenkron, Das Ostromanischc, dans VOlker und Kullii-
rrn Sit.dostcuropas. J(u/turhistorische Beitl'ăge, Munchen, 1959, p. 170: « Das Yerbindungsglied
kann nur in Pannonien, also dcm Pannono-Romanischen, gelegen haben, das aber sicher, so-
fern es iiberhaupt Zeit hatte, sich zu der Vorstufe einer ostromanischen Sprache zu entwickeln,
schon bald im Slawentum und danach im Madjarentum augegangen ist t.
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Conclusions 473
marchands, ne se risquant quc rarcment vers l'interieur des terre~, Ies Alba-
nais, en revanche, ne cessaient de penduler entre la montagne et la plaine,
dans Ies limites d'un amphitheâtre geant ouvert du cote de la mer, ce qui cx-
pliquc en partie la structure de la languc albanaise, avec un dialecte dans le
sud du pays ct un autre dans le nord et avec leurs massifs debordements au-
dcla des frontieres actuelles. Les Croates et Ies Serbes, pour leur part, se sont
tournes d'abord vers l'Adriatique, pour essaimer ensuitc petit a petit vers l'est,
par vagues successivcs, que le savant yougoslave Jovan Cvijic appelle des
« mouvements metanastiqucs » 2 ; ce n'cst que sur le tard qu'ils ont rejoint
Ies Bulgares, ayant assimile auparavant une population romane intermcdiaire.
Organises dans un Etat dynamique, Ies Bulgares se sont tournes tout d'abord
vers Constantinople, mais ils se sont heurtes a un systeme de defense reposant
sur des murailles a toutc epreuve, ce qui Ies fit <levier leur marche vers l'ouest,
jusqu'a l'Adriatique, commc en temoigne la toponymie slave du sud de l'Alba-
nie. Quant a la population romanisee du Bas-Danube ct de Dacic, clle devait
sui\Tc dans ses mouvements deux dircctions: l'une al ant vers le sud ou le
sud-ouest, l'autre vers le nord ct le nord-est. En suivant la premiere direction,
elle s'avera, pendant un certain temps, dotee d'un dynamisme qui lui fit tenir
un role politique dans le second Royaume bulgare, ainsi que dans l'Empire
byzantin, en Thessalie, pour se nplier ensuite de plus en plus vers Ies monta-
gnes. tout cn survivant jusqu'a nos jours sous la forme d'enclaves, parfois consi-
<lerables, en Grece, Yougoslavie et Albanie. Le mouvement cn direction nord et
nord-est, debuta juste apres la conquete romaine de la Dacie, pour se poursui-
vre dans des circonstances particulierement difficiles. C'est ce mouvcment, et
non d'autres causes, qui explique de la fat;:on la plus plausible !'unite de la
langue roumaine, la plus importante du Sud-Est de !'Europe. Arrivcs en Pan-
nonie sur la fin du IXe siecle, lcs Hongrois se sont d'abord diriges vers l'ouest,
entreprenant des razzias spectaculaircs en Autriche, en Allemagne, en France
d en !talie; leurs ambitions de ce cOte-Ia unc fois freinees, ils se sont tournes
vers l'est, ou ils trouverent la population roumaine. Si l'on corupte avec l'ex-
perience historique de !'Europe a cette epoque et avec le fait que la Pannonie
avait ete profondement romanisee, puis partiellement slavisec, il semble au-
jourd'hui presque miraculeux que les Hongrois aient survecu, sans se dis-
soudre dans la masse allogene et alloglosse, comme ce fUt le cas des Huns, des
Ava.res, des Petchenegues et des Cumans.
mjendula: a11g111'/la, 11gjalc, el. angi'o/a; 111aclzi11a, 111oke11, d. m1tk11a) et unc autre
con1inmtale (*aiu11art', agproj, aj1111a; ax11-11gia. 1tslmj, osînză, u~ov"{YL; bii-
balus, !mail, buăr > bour, ~ou~ixi..oc;; convcntmn, k11.ve11d, cuvi11t, rou()tv~oc;
jossatum, jshat, sat, q;ouaocTo, <;cr. posat 4 ; imperator, mbret (mais d. impera!Ji'i,r
< hn peratorem) ; 111a11ia. 111ir1". mînt"e, :.1,CT.vioc; 11omms -..... *mtm11ts, alb., r.
mm, vouvoc;; *qnodrum, koder, codm; sessus, slzcslz, srs). L'albanais a mieux
conscn·<'.· qnc le roumain la terminologie rcclesiastiquc de bassc-epoque:
bmedicere, bekoj; C Jm'sfi11atale, Ki!rs/ze11ddlC; ep1·scopus, u.peslzk; evangeliimi.
wzg_iill: missa, meshe; mo11achns, murg; obiala, blate; paradisus, parriz; Sanc-
tam Tri111"tatcm, S!te11dcrtat. En roumain. la meme terminolo~ie est d'origine
uyzantine, cntree par la filiere slave, ou meme <l'origine slave.
Au point de vue chronologique, Ies cU:-ments la tins de l'albanais peuwnt
etre classes en trois straks successives: 1. Jer siecle av.n.e. - Jer siecle de
notrc ere, avec des reflets e1onnants de cc qu'on appelle a present le btin
classiqm·; 2. IP - JIP siecles, avcc des similitudes ou des identites par rap-
port au latin qui se trouvc a la base du roumain; 3. lP- \'I" siecles, de nctte
orientation occidental<:>. Je pense ne point trop simplifier Ies choses en disant
que, durant la premiere phase, Ies contacts ont eu lieu avec l'Italie meridio-
nale le long des arteres via Appi·a et 'i.'ia Egnal?'.a; qu'au cours de la deuxieme
3 P. Skok, ZRPh, 54, 1934, p. 432.
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Conclusions 475
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H. Mihăescu
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Conclusions 477
12 A. Philippide, OR, II, p. 382: ~ En l'occurrence, la question n'est plus [de savoir]
si les dialectes roumains sont des dialectes, et non, par hasard, des langues differentes, mais
s'ils sont Ivraiment} des dialectes, et non, par hasard, des sous-dialectes ».
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4711 H. !\lihăescu
du verbe (jac, }«ci, j,ice, jaccm, .faceţi, jac, au subjonctif: facă, a l'impe-
ratif: fă, faceţi, au participe passe: fapt= jactus), etc.
11 ne faudrait pas surestimer l'importance du substrat autochtone:
presentc en roumain, bulgare et albanais, la postposition de l'article est le
resultat du developpcmcnt interne propre a chacune de ces langues. Les for-
mcs pronominales miuc, Iinc, sine, cine, avec des correspondances en dalmate
et cn italien, ne sont pas <lues a l'influcnce du substrat. Quant aux numeraux
formes avcc spre <c vers» (w1spre::.cce, doispre::;ae, etc.), ils presentcnt des ana-
logies avec l'albanais ct Ies langues slaves, analogics qui peuvent egalement
etrc faites a\'CC le grec byzantin, anterieur a la colonisation slave. Cela Sllp-
pose, par consequent. l'cxistence <l'un procede popu1aire analytique assez
fn:qurnt ct non pas <l'un phenomehe de monogenese. 11 convient d'ajouter
au:;si que le roumain, l'albanais et le grec byzantin comportent tout un lot
de frrm<'s specifiques, gui font defaut au dalmate et a l'italien, en suggerant
mw certaine communaute economiquc, politiquc et culturelle.
:192. Les prcsquc trois mille elemcnts latins consern~s par la litterature
byzantinc ne sont ni homogencs, ni contemporains, appartenant a des cou-
rant~ dl' civilisation dinrs ou a des conjonctures historiques differrntes: Ies
uns virnncnt <les milicux instruits, alors que d'autrcs elements ont ete intro-
duits par la voie orale et ils rcpresentent une sourcc importante pour l'etude
du latin vulgaire. L'evolution df' la voyelle bre\c i a parcouru deux pha.ses:
l'm11: plus ancienne, ou i href du latin a pour correspon<lant grec uni ( crista -
xpÎ.r;-;:1., maxilla _ µ~!;î.i.l.z), l'autre plus recente ou i brcf se reflete comme
e (circus - x&px.o:;. t•irgo - ~&pycr.). A unc phasc plus anciennc 1'l bre{ est
rcslc H, de memc qu'en roumain, mais dans unc phase ulterieure ii est devenu
o. commc cn Occident (b1trricl111s - ~6p;:o:;. puici - r.6T~oL). On constate
donc quc Ies el<.'-ments latins de la littcrature byzantine attestent des liens
awc_· !'Occident d'une plus grand1_• <luree quc ceux dl' la languc roumaine. Plus
constTYatcurs, cf's-demil'rs n'ont pas connu ccrtains phcnomenes qui curent
licu en Occident aprcs le Ilic siecle. Des divcrgcnces semblablcs ont existe
dans le consonantisme, par exemple: cella - xe)./,x, cing11la - xlyyA.oc. mais
il y a aussi: *albiei/la - ~LwÎ.ÂÂ~. Caesar_ T~xfoxp. cibarla - TO"L~ocpoc.
Quand ks mots cmpruntcs \'Îenncnt des milieux instrnits, la consonnc t +
-;- 1'. i + voyclle rcstc intacte, alors que dans l<' cas des mots du parlcr popu-
lain· il arrive parfois qu'dl,, (·volue commc m roumain: *ca pitea/ia - xoc-
r.L-:-~ocALoc _ căpeţeală; 1:itca - ~[,~ry:-v1:ţă. Cn phenomene parallele s'avere la
transformat ion de d + t', i + ,·oycllc, attcstec dans Ies variantes byzantines
cppL'J-:-~ocTov, <ppe:v"t"~i-;ov, <ppouvT~hov « frondaison, bouqueteau »; cette trans-
forrnation supposc la presence en latin d'un derive de jrond1:a « feuille » -
*jroizdiatum, inconnu dans Ies sourccs occidcntalcs.
Le latin qui SC trouvc a la basc du roumain n'a dispose quc de la plus
pditc ct la plus breve ouwrturc du cote de !'Occident, ccpendant que le
grec devait beneficier de la plus large et la plus longuc, puisqu'il est rcste
en contact etroit avec lC' latin durant presqu'un millenaire et qu'il a re9u
sans CC:sse des mots, des formes, des suffixes, voire des sons latins, dont bon
nombrc etaient d'origine populairc; leur survivance dans la litterature byzan-
tine a Cte a tclle point, que celle-ci est devenue unc source principale d'etude
du latin vulgaire. Ces elements etaient prcsents partout, dans la terminologie
administrative, dans celle de l'armee, de la technique agricole, dans des domai-
nes comme celui de la confection vestimentaire et de la mode, de !'art culinaire
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Conclusions 479
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480 H. Mihăescu
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A B REVIATIONS
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BIBLIOGRAPHIE
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484 H. Mihăescu
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Bi bliographie 485
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486 H. Mihăescu
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Bibliographie 487
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488 H. Mihăcscu
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Bibliographie 489
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INDEX
(Les chiffres renvoient aux paragraphes)
a) AUTEURS MODERNES
Adam, J. i8 Buda, A. 50
Adler, A. 275 Budina, Dh. 49, 53
Aebischer, P. 3i, 9i Budinszky, A. 322
Alessio, G. 3i Burg, J. B. 309
Altaner, B. 266 Bi.irchner, L. 5i
Althauser, J. B. 270, Byck, ] . 204
273, 292
Anamali, S. i9, 50, Carnaj, M. 22
52, 57 Cameron, A. 245
Andre, ]. 31'i Candrea, I. A. 16, 61, 3H
Andriotis, N. 2i5, 256, 257, 260, 269, 270, Capidan, Th. 18, 73, 157, 158, 160, 162, 191,
27i, 285, 287' 307, 308 196, 217, 221, 223, 225, 330, 350
Arvinte, V. 208 Caragaţă, G. 226
Audollent, A. 251 Caragiani, G. 229
Aussaresses, F. 317 Cavenaille, R. 245, 262, 277
Ceka, H. 41, 46, i9, 50, 57
Baldinger, K. 91 Chygnet, L. 282
Balzani, lJ. 3i Cichorius, K. 315
Bardenhewer, O. 2i7 Cihac, A. de 3i3, 3i4
Baric, H. 18, 36, 60, 63 Cimochowski, \\'. 65
Bartoli, M. 10, 16, 71, 77, 78, 91, 9i, 97, Collinet, P. 293
101, 102, 103, lOi, 106, 128, 250, 330, Collomp, P. 287
338, 369, 382, 38i, 389 Colombis, A. 77, 389
Battisti, C. 26, 106, 107 Cons, H. 75
Bauer, W. 2i5. Costinescu, M. 204
Bărbulescu, I. 236 Coşbuc, G. 356
Bec, P. 78, 389 Coteanu, I. 162, 169
Beckh, H. 260 Creţu, Gr. 210
Bekker, I. 261, 278, 28i, 29i Cvijic, ] . 75, 387
Berneker, E. 3i3, 352, 353, 355, 357, 376 <;:abej, E. 18, 23, 24, 26, 28, 32, 35, 36, 38,
Be!ievlie·1, V. 2i9, 291, 298, 324 41, 43, 66, 69, 70, 72, 221, 351
Bethe, E. 276
. Bickel, E. 266 Dagron, G. 247
Bidez, ]. 311 Dain, A. 267, 271, 293, 310
Bingen, ]. 252 Daris, S. 245
Blavatski, V. D. .~O. 52 Darrouzes, ]. 267, 270, 298, 299
Bogrea, Y. 36, 359 Deano·1ic, ~1. 10, S'O, 91, 97, 101, 104, 106,
Bojan, T. 208 108, 111, 113, 116, 117, 118, 120, 121, 123,
Boissonade, J. F. 270, 297 124, 125, 390
Bompaire, J. 290 Decev, D. 218
Bonga, E. A. 313 Delahaye, H. 291
Bonnet, M. 290 Densuşia11u, K 356
Boor, Carolus de 247, 2i8 Densusianu, O. 59, 135, 156, 157, 172, 178,
Bowetsch, N. 290 189' 193, 198, 200, 203, 204, 205, 208, 209,
Brătianu, G. I. 323 210, 211, 213, 215, 221, 236, 244, 260,
Brehier, L. 273 323, 340
Brâncuş, G. 221 Desrosiers, L. 75
Brugmann, K. 353 Diaconescu, T. 351
Bri.ickner, A. 353, 355, 360 Diete rich K. 244, 264
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492 H. Mihăescu
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Index 493
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494 H. Mihăescn
b) FORMES ET MOTS
ALllANAIS
adheroj, a<lhuroj 28 ashperim 43 belb 26
afte 28, 30 ashung 26, 27, 188, 382 belbe 26
agjeroj 26, 27, 214, 388 a·1Jemend 38, 40, H belber 26
agjiroj 21 a·1ull 223 berbcreshe 43
ajir 26 berr 223
ajer 26. 27 bac 223 bersi, bersi 28, 90
ame (amja, ameja} 38 ba~ 223 binjar 28
ar 26, 157 badj 223 Bisak(u) 43, 66
arber 46 bagele 223 bishe 21, 28
Arberi 46 bagem 38, 70 hishteze 223
argjen<I, ergjent 26, 157 bajge 223 Blakaj (guegue) 43
ark 26 ballader 28 blate 103, 388
arke 28, 30 halte 223 blegatoreshe -13
arme 210 bal(I)shem, bellshen, bal~cm biete 70
armik, annik 28, 30 28, 31 bolle 38, 39, 223
arnoj 25 bardhe 223 bore 223
arsye 28, 30 barse 223 bosil6k 372
ashke 26, 191, 259 bashke 223 bredh 223
ashqe 26, 194 bashkim 43 breke 26, 191
ashper 26 bekoj 28, 388 brenge 223
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Index 495.
bres 223 dullje (a. alb.) 26, 183 ftoj 27, 197
bret(e)k 165 duq 28, 30 ftua 26, 197
brez 223 duroj 26 ftyre 20, 104, 168
brenda, brenda mbrend~ 38, dhalle 223 fund 26
44 • dheroj, dhuroj 28, 29 furke 20, 26, 198
brirne 26 furr 363
bryme 26, 388 furre 26, 104, 202
e 26
brushtull 223 furreqi (a. alb.) 38, 40
egjer 70
buall 26, 27, 167, 388 fushnje, fuzhnje 28, 31
emte 26, 20~
bugaje 43 fytyre 26, 44, 168
engjell 22, 26, 2 H
buj 223
ere 26, 27, 28
bujk 38, 39
eshke 26, 194 gacli 223
buke 20, 32, 34, 103
gardh 223
bukur 223
gardhe 223
bukuri 223 faj 28 gardhen 223
bukuro(n)j 223 famull 38
gargull 32, 33
bule 26 faqe 23, 169, 382
gate 38, 39, 128
bulCz 223 farke 28
bullar 223 gat(i) 223
fasule 372 gaver 156
Bunjaj (guegue) 43 fashe 366
burdhe 223 gaz 28, 30, 388
fashke 22, 26, 191, 366
bush 28, 31, 223 gaz(e)moj (a. alb.) 38
fat 28, 29
but 26, 189 gazmend 38, 44
fe 23, 28, 103
buze 223 gege 223
fejoj 28
byk 223 gelase 26, 44, 199, 382
femer, femen 26
gelbaze 223
ferr 28
gerrese 323
cap 223 fojej. fejoj 28, 30
geshtenje 26, 163, 372
cike!e 223 felqinje 32, 37, 169
glemp, gljimp 223
cipe 223 femije 26, 203, 388
goge 223
cjap 223 fe~':;'· fener (guegue) 38, 40, gram 28, 29
cucute 161 grate 26
cung 223 fen(j)eshter 26, 193 grep 223
'Yartoj 26, 185 fergoj 26, 188 grigje 28
'Yimke 26, 103 ferkoj 26, 103, 104, 128 Gropaj (guegue) 43
'YIDOj 26 ferrime 223 grope 223
fiok 223 fertere, feltere, fultere 38 •40 grunde 223
'Yuke 223 44 •
grure 195
'Yupit (iyupis) 223 gudulis 223
fijan (guegue) 26, 27, 20l,
347 gune 26, 31, 366
dalte 223 gurmaz 223
dash 223 fier, fjer 28, 70 gushe 223
daullar 43 fik 26, 197, 388 gusht 26, 216
Dednikoj (guegue) 43 fiii 26, 190 Gushti 42
derrar 43 fjalC 28, Jo, 99 gute 26
detores 26, 207 fjer 44 guxoj 26, 184, 382
detuor, detuar 26, 27, 207 fjeshter, thjestre 44 gjaketuar 43
deftoj 28 flamur 301 gjel 28, 30
•dellej 26 flas 28, 30
gjelber 26, 180
dem 26, 209 flojere 223 gjender(e) 26, 44
dermoj 26, 223 flok 26, 190
gjemb, gjemp 223
derstite 223 flutur 164, 223
gjemoj 22, 26, 183
deshiroj 26, 183 fluturoj 223 gjykoj 21
deshmoj 38, 40 fojlete 28
gjinde 26, 208
djal 28, 388 fqinj 26, 205 gjinkalle 28
dose 26 fqolle 26, 191 gjoge 26, 205
<lot 26, 44 Frakull 41 Gjon 41
dragua 28, 30 frasher, frashen 22, 26, 163 gjuvenge 26
drapem 70 fre 26, 206 gjiume 223
drejt 22, 388 fruar, fror 26, 216 gjyk 26, 209, 382
drejte 26 fryt 22, 26, 135, 214, 388
gjykoj 26, 209
dreq 32, 34, 215 fshat 32, 36, 208, 310 388
droje 223 f~hike, psihke, meshik~ 26 gjymtyre 28, 44
dru 223 171 • gjysh 223
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496 H. l'l'1ihăescu
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Index
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408 H. Mihăescu
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h1dex
llULGARE
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500 H. Mihăescu
CATALAN
abatre 18i ahir 153 amblar 178
abril 216 ajonher (a. cat.) 178 amcnassar 18i
adormir 177 ajudar 205 amortir 172
adur 206 alba 148 anegar 172
afumar 19i altar 213 anell 192
agost 216 all 196 angle 181
agre 179 amagar212 any 216
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Index 501
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502 H. Mihăescu
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Index 503
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504 H. Mihăescu
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Index 505
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506 H. Mihăescu
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Index 507
ESPAGNOL
abatir 184 adieso (a. esp.) 155 agosto 216
abril 216 adormir 177 agro 179
abrir 148 aducir 206 agua 189
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508 H. l\lihăescu
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Index 509
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510 H. llihăescu
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index 511
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512 H. Mihl.escu
FRA~c;.us
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Index 513
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514 H. Mihăescu
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111.dcx 51.S
lurzi6 (fr. dial.) 178 moult (a. fr.) 154 oule (a.fr.) 189
lutte 210 moure (a. fr.) 162 ourdir 190
lutter 210 mourir 172 ourli 167
mousse 189 onrse 167
mâcher 176 mo1it 189 ouvrir 148
mai 216 mu (fr. m6rid.) 174
maigre 188 mu (a. fr.) 175
mudelo (fr. merid.) 168 paien 212
mail 202 paienete 2 12
rnain 170 muer (a. fr.) 206
muid 28 paille 195
rnain (a. fr.) 153 pa.în 188
muire 188
maiselier (a. fr.) 207 paire 28
rnaisoR 97 muire (a. fr.) 199
mule 28, 199 paisson 200
maissele (a.fr.) 169 paître 200
mâle 199 mur 193
paix 210
ma.man 203 palme 170
mane (a. fr.) 175 naître 172
nap (a. fr.) 196 panis 195
mancelle 271 paon 199
manche 191 narre (fr. dial.) 169
narro (fr. merid.) 169 papa 203
rnanger 121, 176 Pâques 215
neuf 153
ma.noii (a. fr.) 198 par 318
rnarbre 157 neveu 20J
nez 169 parcelle 154
marche 324 parent 203
nielle 161
mardi 216 parents (pi.) 203
marende (a. fr.) 187 nies (a. fr.) 203
noces 122, 204 parer 210
mari 204 paroi 193
marier 26, 204 noer (a. fr.) 178
noeud 191 paroir (a.fr.) 182
marriz (a. fr.) 200 part 154
mars 216 noir 180
noix 197 pas 17&
rnartyr 209 passe 166
rnasse 28 nom 185
nombril 171 passcr 178
mass11e 210, 287 pâtre 200
mauve 161 nommer 185
nouer 191 payer 210
mener 200 peau 168
mentir 182 noyer 172
nuere (a. fr.) 203 peche 197
menu 15i, 171 peche 214
menuai lle (a. fr.) 171 nuga (fr. dial.) 197
nuit 153 peiyuel (a.fr.) 170
mer 1.58 peestre (a.fr.) 170
mercredi 216 peigne 192
rnerde 176 ochaison (a. fr.) 184 penne 166
mede 166 ceil 169 per (a.fr.) 28
mesei (a. fr.) 208 ceuf 166 percevoir 182
meule 198 oindre 200 perdrc 207
mezre (a. fr.) 208 ointure (a. fr.) 26 perir 172
midi 153 oir (a. fr.) 179 peschier (a.fr.) 165
mie 154 oncle 203
peser 186
miel 201 onde 158
pcuple 208
mier (a. fr.) 180 ongle 170 piauler 166
milieu 156 or 157 piege 201
minuit 153 orage 149 pierre 157
mirer 32, 183 orb (a. fr.) 175 pietre 170
moelle 168 ori;:uel (a.fr.) 189 pieu 193
moeurs 205 oreille 169 pigne (a.fr.) 192
moillier (a. fr.) 173 orge 135, 195 pin 163
mois 216 orjuel (a.fr.) 174 pinoie (a.fr.) 163
moise 193 orme 163 pisser 176
monceau 156 os 168 piz (a.fr.) 171
monde 148 osseux 168
plaindre 183
mont 156 ost (a.fr.) 210 plaire 183
mort 172 oste (a.fr.) 205 plaisir (a.fr.) 183
mostrer (a. fr.) 185 pl.antain 161
mouche 164 oublee (a.fr.) 28
plante 159
moudre 96 oubli 28 plein 1.54
moudre (a. fr.) 200 oublier 182 plenier (a.fr.) 154
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616 H. Mihlescu
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Index 517
GREC
ciţ37jvcn 280 &.vop8tv1.cta-roc; 290 cipxcr:p(o:; 268
ciyix.&6c; 250 civvwva. 269 cipxihoc; 285
Ciyyd.oc; 214 ă:vvwve:Ue:a&ttL 269 cXpXÂIX 253, 255, 268
ciyfo-;a. 250, 311 civvwvtctx6c; 269 ClOXAIXL 315
.iyLoc; 215 clV\IWVLxoc; 269 cipxAixptix 268
ciy;mcXpL 286 civ-re:x -fivcrop 260 &:.px/,[ix 315
CiypLIX 70 civ1"e:A(l.)Lva. 250, 278 &:pxA.[o'J 268, 315
"Ayoucr-roc; 252 "Ane:c; 234 apxJ.(-c-~IX 268
~e:/,cp6c; 327 clV1"txivcrope:c; 303 &pµa. 283
ci8e:µit'tEUELV 262 clV1"LXEcraope:c; 303 apµctµiV1"0V 250, 283
ci8fo-;poc-ra 251, 252', 282 cl\ITL7t1Xp1X't0Uptt 306 apµcXpLOV 283
ci8e:cr-rpcXTOC 251, 252, 282 civ-n.crctyL 't'tcXTWP 286 &:pµixp l-nic; 283
ci8fo-rpcx-roc; 282 Ciocr-roc; 252 ci.pµixcr-rixnwve:c; 256
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518 H. Mi hăcsru
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Index 519
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520 H. Mihăescu
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Index 5::!1
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523
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orro:~ciptoi; 300 -r~cpf3ouJ..ix 258 q:iJ..o:µou).(~e:tv 301
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a:-t:x&o(3rb:i,Lcx 28·1, 300 T~txouptov 284 <pAaµouAov 301
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a•tpt<poi; 2:11 Tou/.8ov 251, 293 <pAaoxoµcx 276
aTtpvix :n2 TO~J..80:; 251, 293, 300 cpot8epchot 300
a•lxo:; 290, 2g1 TO'Jpµr.< 200, 294, 371 <pot8e:pchoi; 285
GTOU7t7tCX 190 "TO~pµ!XpXăTOV 294 cp6po:; 262
GTOU7t'( 190, 282 -roupµUf:-XlJi; 294 cpoomx 310
a;oumvo.; 282 •o~pµcipxtocrix 262, 294 9ocrcro:TE:ue:tv :Ho
O"TOU7t(~e:LV 282 Toupµ7j 294 <pocrcrr.<n:.<6:; 310
OTOU7t7tcx 282 TOUŢ-0[ 159, 301 q:ocrcrr.<nxwi; 31 O
O"TOU7t7t[o•1 2 71, 28 2 TOV t;l'X 254, 301, 37 2 irocrcrciTov 32, 250, 252, 253,
GTOU7t7t(t:e:w 282 -roucp(ov 271, 301 309, 310
G>OU7t7tC:lVELV 282 Tpctyo:; 9 1, 101 <pocroc.hov 208
O">paT!X 314 •pa8t•e:u:tv 262 <pocrcre: Ue:t V 31 0
aTpcxn:(cz 266 TpC.OtTe:ue:tv 287 <pocrq>6poi; 14 8
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aTpa:Th~cx 314 Tptţ3ouv(crcrr.< 262 <poupx~~<:tv, 9ouJ..xl~e:t\I 293
GTpcxT6rte:8tov 291 Tpt~ouvoc; 300 <poupva:pto:; 202
7pp-fi 231 q:ioupva:pti; 202
GTpot-r6n-e:8ov 30Q
Tcrlf3expa: 257, 392
<poupvoc;; 20, 202, 363
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,524 H. Mihăescu
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388 cppouv-r~ci-rov 258, 392. XLl..l11pxo; 294
cpoucrcra:rov 36 cpux'l)c; 101 XPL<JTL1%VO<; 340
cpo•;crcrii't'Ov 208 cpuAJ..ov 160. xop8lj 205
cppcr;ye:).J..[~e:LV 281 xou-r~l11 287
cppcr;yt AALOV 281 X~LOV 101 xou~(ov 287
cpp11ye:Al..l'1Jc; 281 xcip-r1J 231 )(pLCJ"t'T.1%V~ 340
cppli-ţe:i..J..ov 281 xcip-r1Jc; 205 Xptcr-r6c; 214
cpp~Al..wve:Lv 281 )(ll:p't"OUAcipLoc; 205
)(cXO"X&LV 231 xuJ..oc; 32
cpptiyxoc; 208
cppe:vT~crrov 258, 392 )(ELpOµh:vLX!X 271 wxtµov 70
cpp(X'I) 231 xe:Lpoife:J..kt 211 6>-ro; 38
HONGROIS
berbence 226 kereszt (korna) 342 tolvajsâg 209
cser 372 mi6ra 200 văr 208
deAk 338 olih 127 viras (a. hongr.) 208
glinya 366 olisz 127 văros 208
ISTRO-ROMAN
(istriote, istrien)
a 115 farnâ 108, l lJ entranto 111
ajo 11.'I Clea (a. istr.) 108
al 112 colare 125 fa 117
albl l lS cridi 213 fa~(i)er 118
aligramento 115 faigi 109
alteisimo 109 faigo 109
alura 115 di 113, 117
dago I H fasulito 121
anama 109 fato 113
aname 109 dasmisiâ 114
daspuii 1 li fedc 123
anka 125 feiga 197
arcumuie 117, 125 da.zbudi 114
dei 117 feigo 118
ardento 113 fcja 109
ârsena 118, 125 deigo 107, 114
<leito 107, 1 H fcjo 109
avanti 115 fico 109
avendo 114 <lento 109, 119
deskaregi 123 fiero 107
averzi 125 figlio 109
avl 107, 113, 117 deskolze 97
despoi 115 fil(i)eti, fulcti 118, 125
dezirno 110 fiuol 122
ba!~i 117, 125 fiur 109
baza 107 dczlombi 123
dezmentegi 125 foiba 125
Bazeilika 117, 123, 214 fondzo 117, 125
dezmuntâ 114
bel 109 forfe 109
di 119, 123
beu 115 fous 121
biato 125 diziduoto 110
dizinuove 110 fra 122
bi~ri 109 frasino, fraseno,
bivi 107, 113 donka 115
dreinto 115 fra.ăeno 118
blank 124 freizi 121
braso 119 dudaze 110
dui, du 110 friedo 181
bruza 121 frisk(o) 124
buka 107, 117, 119 duman 115
buligâ 121 durnenega 123, 216 frouto 107
bulpe 109 dumo 120 fuleti 125
bulpo 109, 118 dunasa 109
duona 109 fuorfeze 121
bureifo 121, 125 fuorn 121
buriro 125 duorrni 113, 117
bus 185 duzento 110 fuoso 114
busko 124 dzanivero 117, 118 furka 109
buto 121 dzisiete 110 furmeiga 108, 109
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. Index 5'.15.
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625 H. )fibăescu
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Index 527
ITALIEN
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S28 H. Mihăescu
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Index 529
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530 H. Mihăescu
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ln<lex 631
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532 H. ]ili.hlescu
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IndelC 533
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534 H. Mihăescu
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Index 535
LANGUES GERMANIQUES
akeit = akit (goth.) 369 Kirsche (aliem.) 372 Tag (allem.) 349
A(l)horo (a.llem.) 225 Kralle (aliem.) 225 theohproch (a.h. allem.) 232
tropfeln (allem.) 225
bolla (a. angl.) 232 *lukina (francique) 377 Tropfen (allem.) 225
bolla (a.h. aliem.) 232 trubel (m.h. aliem.) 225
bruts (goth.) 124 Nachtigall (aliem.) 166
tuld (a. allem.) 293
C(h)rist (a.h. allem.) 340 Pala.st (allem.) 362
church (angl.) 337 peh (a.h. allem.) 332 Volk (aliem.) 293, 318
'"daga (goth.) 349 rapfc (m.h. allem.) 232 wăi (goth.) 225
diohpruoch (a.h. allem.) 232 *rappons (goth., gep.) 232 walah (a.h. allem.) 127
Dult {allem. dial.) 293 Ruma (a.h. allem.) 375 wal(a)hisc (a.h. allem.) 127
Ruma (goth.) 375 walch (m.h. allem.) 127
Elfenkonig (allem.) 226 walchisch (m.b.allem.) 127
ellenkonge (danois) 226 sabbato daga (goth.) 349 wălchisch (m.h. allem.) 127
felt (angl.) 282 sambatz (a.h. allem.) 348 walh (a.h. allem.) 127
filmir (goth.) 232 sambatz:tag (a.h. allem.) 349 walhe (m.h. aliem.) 127
Fil.z (allem.) 282 Saturday (angl.) 38 walsh (angl. med.) 127
folk (a. angl.) 293, 318 Scheibe (allem.) 124 •walxa (a. allem.) 127
folc (a.h. allem.) 293, 318 Schindel (allem.) 363 wardon (germ.) 124
frisk (francique) 124 scîbe (m.h. allem.) 124 wein, uin (goth.) 369
*fulka (a. allem.) 293 skolke (a.h. allem.) 297 •werra (francique) 124
skuddian (a. sax.) 225 wisambris (germ.) 225
Gruft (allem.) 41 skulken (angl. med.) 297
Kirche (aliem.) 337 skutten (a.h. allem.) 225 zarga (a.h. aliem.) 232
*kiriko (goth.) 337 stop (angl.) 324 Zaterdag (holl.) 38
LATIN
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536 H. Mihăescu
absconsus 140 adponere 144 albus 78, 89, 93, 102, 108,"
absinthium 101 ad post 115, 142 124, 180, 217, 389, 390
abstergere 144 adprchcndere 144 alg-0r 149
absungia 26 ad prope 115, 142 alia-mente 142
•accaptiare 178 adpropiare 251 alienare 178
acceptor 38 "adripare 251 *alipa ( = alapa) 166
accipiter 21, 38, 39 adruncare 178 alipes 166
acerna, acernia 91 (ad)sternere 193, 217, 251 aliubi-re 142
acetum 88, 369, 384, 393 ad-similis 155 "allargare 178, 210, 318
acia 191, 250, 291, 318 ad-supra 143 allcctus 217
•aciale 344, 368, 393 ad tantum 115 allegere 184
acies 291, 294, 318 adtunc 142 "alienare 186, 204
acor 149 "adtunccc 115 "allen(i)tare 186, 204
acqua 18j;l adumbrare 147 • allcrgare l 7S
acror 149 adunare 198 al1C'·1atum 188
acrus, agrus (= acer) 179 aduncare 152 alninus 125, 163
acta 268 aduncus 152 alnus 163
act(u)arius 268 •ad·1itiare 99 "alsina 118
acus 89, 191 ad-·1ix 142 "alsinus 125
ad 89, 115, 142, 143, 141, 318 acbolarc 166 alt~!e ~~ 2~. 99, 213, 217,
ad-accensum 90 ae,::r<.r 149 .>JO, -"9, .>93
•adancarc 152 • a<·qualiarc 318 altaria (pi.) 213
•adancus 152 acqualis 318 altari11m 21,26,213,350
adaquare 200, 251 acqualiter 318 alter 89, 138
adastarc 178 aer 26, 27, 149, 217 altera-mente 86, 142
•adcaptiare 26 acra 26,27,28 alterare, •antcrare 38, 40
ad-de-ante 142 acramcn 157 "altiarc 135, H8, 152
ad-dc-ipso 142. acramentca 90 altior 136
•ad-depositum 210, 217 acrarium 267 altissimus 136
ad-de-quod 142 •aerugina 157 altus 152
ad-de-vcrum 23, 142, 182 ac rugi nare 157 al·1cus 158, 201
•addcxtrata 251 aerugo 157 alvi11a 95, 134, 201
adduccre 144, 206 aC'~ 157, 266 amare 217
addormire 117 acstimare 26 amaricarc 90
ademptus 262 aetas 217 amaricutius 87, 90
ad-foras 142 afflare 103 amari tia 179
•adfrontarc 211, 251 • affrontare 2 11 amaror 149
ad-hac(ce) 142 •affumare 194 amarus 90, 179
ad-beri 142, 153 •affundare 152 ambire 262
adimcre 262 africia 145, 188, 217 ambitare 250
ad-in<le-horas 142 agC'r 198, 217 ambitus 262
aditus 262 agere 188 amb(u)lare 318
adiudicare 262 aggcr 311 amicus 21, 28, 30, 89
adiungere 135, 178, 318 aggercre 311 amita 26, 203
adiutare 117, 318 aggestum 158, 311 •amminaciare 184
adiutorium 145, 205, 217 aggestus 158, 250, 311 •ammortire 172
adiuvare 318 agilis 186, 217 amplus 217
adlactare 251 aginare 204 ampulla 98
adlacto HO '"agnelliolus ( < agnellus) 200 amyndala 28, 31, 72, 101, 103,
ad 0 latora 115, 318 agncllus 87, 145, 200 388
ad latus 115, 318 agnus 200 ancora 217
•admagare 231 '"ajunare ( = ejunare + jajuna- anellus 87, 89, 192
•admagiare 23 l re) 26, 214, 388 angelus 22, 26, 99, 214, 211
•admagire 212, 231 ala 166, 170 angiportus 313
ad mane 153 alapa 166 anguilla 28, 31, 91, 103, 370,
admissarius 27 '"albaster 145, 180, 217 388
ad modo 86, 90 albatus 148 angularis 97
•(ad)mutire 175
albesco 180 ang(u)lus 152, 181
adnominare 250, 262
adorare 28 albicare 33, 90 angustare 152
adorea 306 •albicellus 257 •angustitia 152
adparare 144, 251 •albicilla 257, 392 angustus 26, '42, 152
adplicare 144 albor 148, 149 anima 89, 99, 171, 199, 211
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Index 537
animalia 199, 217 argilla 217 aurum 26, 79, 89, 157, 161
•animalium 199 aria ( = arca) 198 auscultare 217
animosus 145, 171 aridus 93 aut 143
annona 269 aries 200, 217 antumna 153
anno-tertio 142 arma, -am ( = anna, -orum) auxungia, aussungia 26, 27
annotinus 200 210, 217, 283, 285 ava.rus 217
annus 89, 200, 216, 217, 269 armamentum 250, 283 avellana. 162
*antaneus 7, 139, 145, 318 armamentarium 283 averrunco 178
antarius 139 armare 210 avis 93
ante 139 armarium 96, 393 a·1ollana 162
ante~essor 260 armata 28 avunculus 20, 26, 203
antecursor 297 armator 283 *a•1unus 203
antenna 377 armatorium 283 a·rns 173, 203, 217
anteparare 306 armaturus 283 axnngia 26, 27, 188, l82, 388
anteparatura 306 arn1atus 250, 251, 285
antiquus 93 armilaus(i)a 271 *baba 177
Antonius 41 armissarius ( = admissarius) liacula 284, 300
anus 192 26, 27, 199 baculum 255, 262
anxia 93 armistatio 283 *baktizare = baptizare 27
aperire 125, 148, 217 armistationes (pl.) 250, 256 balaena 217
apis 95 armus 170, 217 balbus 26
apparamentum 38, 39, 44, 388 *aronea ( = ara.nea) 174 balia.re 217
apparare 26, 38, 210, 318 ars 217 ballista 288
appellare 93 arsura 194 ballistra 288
applicare (= adplicare) 178, ascalonea 145 ballistrarius 288
252, 309 ascia 284 balneum 260, 362
ascla (= astula) 26, 96, 194, balsamum 28, 31
applictum 252, 309
259 balteum 284
apponere 117, 148
balteus 191, 284
apprehendere 96, 194 ascultare ( = auscultare) 179
a.sinus 199, 217 bandum 291, 294, 301, 318
appropria.re 178
•bannea 362
Aprilis 26, 216 asparagus 10 l
*banneum 260, 362
aptus 28, 30 aspcr 26, 155
aqua 89, 150, 189, 217 baptisma 38
*assediare 97, 178
Aquaeductu 256 assidere 178 baptizare 26, 71, 99, 101, 214
barathrum 28
aqualis 150 assiduantes 26
*aquatosus 150 barba 78, 89, 101, 169, 173,
(as)similare 155
217
aquila. 166, 301 assimilis 155
aquilifer 30 l assis 26 Barbaria 87
*assla 26, 259 barbatus 122, 173, 217
aquosu:s 150
*aramen 157 barca 98, 101, 316
assula, astula 26, 259
aranea 174, 379 assungia 26 basiare 107, 135, 205, 217
arancosus 174 astacus 91, 101 basilica 72, 79, 94, 99, 101,
aratrum 146, 198, 217 *astla, astula 26 117, 123, 214, 337, 389, 390
aratura 145, 198 basilicum 95, 372
astruicare ( = astruere) 193
arbor 159, 217, 377 attegia 277 basium 205
arboretum 145, 159, 217 battere ( = battuere) 184
attemperare ( = adtemperare)
arca 28, 30, 217 183 battizare 26, 27
arcari us 268 battualia 145
*attenere (= attinere) 178 battula 166
arcatus 285 attingere 178
arcuatus 285 bellum 102, 124
*attitiare 194, 251 bellus 89
arc(u\la 253, 155, 268 auctor 261
arcus 26, 117, 210, 217, 285 bene 86, 89, 115, 134, 135,
aucupare ( = ca.pere) 178 142, 217
arde!]S 113 audire 179, 217
ardere 89, 96 benedicere 28, 388
auditus 114 beneficiarii (pl.) 295
ardere ( = ardere) 194 *auferire (= auferre) 144, 211
arena 21, 26, 157, 217, 389 berbex (= vervex) 200
augmentare 207, 217 bestia 21, 28
arenaceus 125 Augustus 26, 250 beta 95
areoia87 aulaeum + -mentum 38, 40, 44 bibere 84, 89, 107, 113, 176,
argentare 268 aura 149, 217, 225
argentaria 268 217
aurata 104, 128
argentarius 268 aureolus 118, 161 *bibiticius 176
argentosus 268 auricula 89 *biliiti'.rus 176
argentum 22, 26, 89, 157, 268 aurora H8 bibitor 176
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538 H. Mihăescn
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Indei:: 539
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coma 32, 33, 69, 199 coopertorium 26, 97, 377 •cuculbita 26
comes 300 coquere 84, 89, 96 cucullatus 272
commandare ( = commendare) coquina 96 "cnculliata 272
215 coma ( = cornum) 197 cucullio 272
commater 341, 342, 343, 3H, corneolari us 90 cuculliunculus 272
381 cornicularius 300 •cucullius ( = cncullus) -
*c6mmatra, commitra 344, corniculum 300 166, 272
346 cornu 107, 167, 308 cucullus 272, 393
cornus 197 cucurbita 26, 196, 217
*c6mm atru, commitru 344
cornuta 20, 95 cucuta ( = cicuta) 20, 26, 95.
commeare 306 cornutus 26, 145, 167 161, 372, 393
commeatus 250, 306
corona 26, 42, 135, 215, 376 culcita 28, 97
*c6mmeter - •comml:ter 344,
coronare 215 culmen 26, 156
•commetra 342
corpus 108, 168 cultellus 87, 93, 96
•commetru 342
corrigia 191, 307 culus 89, 104, 119, 171, 384
•comminicare ( = communi-
•cortecia 28 cun1 86, 89, 115, 143
care) 26, 2H
cortex 28 cumulus 41
committere 184 cortina 253 cunctari 38, 40
communicare 26, 350 cortis = curtis 26, 27, 254 cuneus 26, 193, 293, 29-1
comparare 98, 207, 217 corvus 26, 95, 166 cuntis ( = cunctis) 260
compater 40, 341, 342, 3-1.3, cos 120, 202 cuntra = contra 318
3H, 381 costa 89, 171 cupa 365
•c6mpatru, compitru 3H, 346 •cotanea, •gutanea 26 *cuplca clupea 28, '31,
•competra 342, 345 cotidiare 382 91
•competru 342, 345 •cotire 202 cuppa 26, 107, 121, 189.
•complire ( = complere) 211 coti tus 93, 120, 202 365
compre(he)ndere 144, 178, 217 cotonea 393 curare 26. 120, 217
computus 2X, 346 cotoneum 26 curator 262
concha 28, 31 cottidiare 22, 26 curcuma 281
condimentum 260 cottidie 26 currcndo 114, 142
confirmare 262 cottizare 26, 184 currcrc 89
confirmatus 262 •coturnicula 166 curro 158
•conforia 174 coturnix = (cncturnix) 166 cursare 304
confurire 174 coxa 22, 26, Ml, 170, 254, cu~arius 304
conger 91 261 cursator 304
connoscC'Te ( = rognosrne) 182 cras~us 155 cursor 304
•conquaerire ( = cnnquirere) cratella 96 cur~oria 158
211 cratis 26 cursura 158, 304
consilium 28, .30 creare 28, 29 CUrSU6 158, 304
consobrinns 26, ·H, 89, IJ5, creatio 215, 217, 351 curtis 26, 120, 125, 208, 2-'4,
203,217 credentia 23, 123, 213 292
crcdere 89, 123, 213, 217 curtus 26, 93, 152
consocer 32, 37, 69, 34.3
crcn1aster 96, 377 cur·1us 278
consocrus (= consocer) 203
crcparc 89, 117 cuspidare 287
consolare 38, 40
crcpita 85 cuspis 287
constare 172,217
crescere 84, 89, 113, 117, li2, custodia 296
consternare 2.'i 1
204, 217 cutremulus 156
constratum 90
crib~llum 125 cygnus 95
consuere 80, 89, 97
crinis 93 cyma 26, 174, 374, 377
contatus 285, 288
crispa 28 cyminum 101
contra 26, 44, 143
crista 20, 26, 156, 199, 25.3, l)'pressus 101
contrarium 38, 40
388, 392 cyprum 28
contrastarius 38
contremulare 156 crucem 20, 78, 79, 103, 107,
contribulare 144, 178 213, 388 daeda ( = taeda) 163
contubernalis 291 crudus 78, 79, 89, 107 damnum 26, 209
contubernium 277, 291 crucntare 168, 211 •dao (=do) HO
contus 285, .288, 318 cruentus 168, 211 dare 29, 89, 113, 117,-207
conucla, colucula 38, 40 crusta 217 de 115, 143, 144
convenientia 205 crux 26, 71, 89, 99, 213, 393 dealbare 180
convenire 205 crypta, crupta 41, 66 de-albus 180
conventus 7, 32, 36, 185, 217, cubare 103, 178, 379 deaurare 180
346 cubitus, cubitum 26, 170 debcre 217
co(o)perire 84, 89 *cubium 93, 103, 166 debitor 26, 27
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·Index 541
•debiforius (= debîtor) 2{)7 'de-super 143 *disfaciare 191
decedare 318 de~suptus 143 disfrepare 206
decern 78, 89, 108, 134, 139 detonare 151 *dismixcitare 111
dei::uria ·291 de-una-die 142 dispartire 1.54
de-de-inde l42 de-una-hora 142 displicare 217
de-ecce-illa 115 deus 136, 213 disponere 318
de-ecce-inde l42 *devacuare 211 *disrenare 123
defendMe 304 de-volet-quid 143 dissecare 194, 217
defensio 304 dextella 251 *disvacuare 211
defensor 304 dexter 251, 284, 318 *disvocitare 114
defensuri defensori 318 dexteritas 251 diurnum 123
degetare l44, 151 dextra 318 dives 93, 102
de-hora l42, l43 dextralis 284 dixit 261
de-in 143 dextrae (pl.) 251 doa ( = dua) 139
de-în-ante 142 dexhale 251 <loga 189, 202
de-inde-retro 142 dextraliolum 251 dogarius 202
de-in-illa-hora 142 dextralis (securis) 251 dalare 193
de-in-super 143 dextratio 251 dolere 26, 89, 183, 217
de-inter 86, 143 dex1rator 251 dolor 26, 183
de-intro 115, 143 dextratus 251 dolus ( = dolor) 183
de-ipsa-illa 138 dextrorsum 251 domare 120
de-ipso-mane 86 diabolus 28, 388 domesticus 199, 262
de-*ipsu-*illu 138 diaconus 101, 388, 393 domina 136
de *latora 318 *diacus 338 domine deus 136
demandarc 185, 217 Diana 22, 26, 212, 356, 382, dominica 99, 145, 216
demandatio 185 388 dom(i)nus 136, 208, 213, 217,
de mane 86, 115, 216 255, 338
de *manitia 216 dianaticus 212, 356 domitum: (terrenum) 120
*demicaie 176 diarium 269
domna ( = domina) 78, 208,
dens 89, 169 dicere 79, 117, 134, 185, 217, 255, 388
densar.e 155 384 domus 97, 199
densus 154, 155 dico 78, 79, 107, 258 donare 28, 29
deorsum 135, 142 dictare 262 donativa 268
depannare 144, 190 dictatus 262 dorrriiendo 114
deponere 144, 178, 318 dictum 107 dormire 84, 89, 113, 117, 140,
deportare 262 dictus 114 177, 217
deportatus 262 dies 123, 134, 153, 216, 217, dormitare 145, 177
depositum 210, 269 258 dos ( = duos) 139
de post 86, 115, 143 *diffamia 205 dossum (= dorsum) 78, 79,
deprehendere 144, 204 *diffamiare ( = diffamare) 205 171
deputare 262, 303 digitale 145, 191 draco 28, 32, 34, 215
deputatio 303 digitus 89, 119, 170, 191, draconari us 30 1
deputatus 250, 262, .285, 303 217 dracus 32, 215
de-quantum 142 *drepanella 166
de-quid 115, 143 *dimidietate ( = medietate) 88 drepanis 166
de-quod 143 dimissoria 306 drungaratus 294
*deramare 26, 103, 160 directandus 139 drungus 254, 294
descendere 178 directe 139 ducere 206, 217
*descolicare 190 *directiare 379 dulcis 89, 179, 217
desertare 154 directus 22, 26, 78, 89, 135, dulcor 149, 179
desertor 307 170, 251, 318, 388 dune 115
desertus 154 dirigere 208, 314, 318 duplarium 87, 97
des(s)ecare 194 dis- 144 duplicare 185
de-sic 143 *disbracare 191 duplicarius 300
desiderare 26, 183 discaballicare 144, 206 duracina 95
designare 262 discalceare 192 durare 26
designatus 262 discalceus 97 durus 183·
*desmontare 114 *discantare 212 dux 28, 96, 300
despectus 377 discarricare 144, 206
despicare 194, 217
despoliare 114, 211 discludere 144, 193 ebrius 93
disculciare 192 eccam 142
desternere 25 1 disculcius 97, 192 ecce-illa, ecce illae 138
destrare 251 *discuneare 193 ecce - *illu, ecce elli 138
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542 H. Mihăescu
ecce - hic 142 '"cxcocere ( = excoquere) 188 •e.xtracolue 25, 144, 200
eccc i!'ta, ccc-e i!ltae 138 cxcotere ( = excutere) 198 •extralucire 147
ecc-c *istu, ccce isti 138 *excotire 202
•extramuta.ce ( = transmutare)
e(c)desia 28, 9-4, 108, 117, excrcmenturu 176
123, 337. 390 exc 11 barc 2 98 lH, 206
e(c)disia 28, 72, 99, 214, 253, excnhiae 298 *extra(n)iuus ( < extraneu!!)
337, 390 excubitarius 298 205
eccu111 hic 86 excubitor 298 •extrapungere ( = transpun-
eccum hoc 142 excubitus 298 gcre) 144, 211, 318
eccum hoc illoc 142 *excub(u)lare 178 •cxtravaricare 120
eccum illa, cecum illae 112 cxculca. 297 extricare 25
cecum illi 112 cxculca.rc 297 •extutare 97
eccum illoc 88, 115 exculcator 261, 297 •cxventare 149, 198
cecum ista, cecum istac 112 cxculca torcs (pi.) 2 97, 303 •cxvcntulare 149, 198
cecum istc, cecum isti 112 cxcurrarc, cxcursura 158 *cxvinccre 211
cecum modo 86, 90, 107, 142 cxcurtarc 152 •cx·1olare 125, 166
eccum sic 86, 115, 142 •cxcurtus 26, -tl, 44, 93, 152,
eccum talem 138 261
faba 95, 196
cecum tautum 135 cxcusarc, cxcusatus 262
fabclla 28, 30
edus ( = hacdus) 200 excutere 89
'"fabcllarc 30, 99
cffunderc 178 •cxcutulare ( = excutere) 198
fabcr 202
ego 82, 89, 137 t-xercitns 266
fabrica 28
eiectarc 178 eXcredi tare, cxcredi tatus 262
fabricare 202, 217
ei unare 2 I cxirc 178
fabulare 28
enecare 172 cXitcs = exitis 318 fa.cerc 29, 89, 117, 140, 184,
eo (=ego) 137 e:i.:itus 140
episcopus 38, 40, 99, 10 I,
217
•cxmicularc 154
facia 23, 26, 169, 344
103, 339, 388, 393 exmulgcrc 38, 144
faciale 121, 382
equa 199, 278 •cxmulgia 38, 39, H facies 23, 26, 169, 344, 382
eques .?.66 •cxpartirc 154
factum 184
equi tatus 266 cxpa·1crc 183 factura 20, 26, H, 104, 168
equus 278 •cxpa·1imen 183
factus 113
eradicare 178 •expa(·1i)mentare 183 facula 194, 255, 259
•crgatula t •argatula) 101 •cxpa·1orerc 183
faecula 255
ericius 26, 167 •cxpa·10riare 183
faex 255
erogare 269 cxpedirc 302 fagctum 163
erogatio 269 cxpcditio 302 fagus 163
errare 217 •expendiolarc 103 •falcare 208
•erraticire ( = •crraticare) 178 •expcrlavare 96, 121, lH, •fatcaria 208, 217
erraticus 178 192 falcarius 208,
erucula 95 cxpilarc, expilator 304 •fatcinea 32, 37, 169
eruncarc 178 falco 28, 30
esca 26, 194, 253 •explangcre 183
fallcre 28, 30, 217
esponsa 261 exploratores (pi.) 297 *fallium 28
et 26, 143 cxponere lH, 185, 261 falsus 98
evangclium, •e·1angclum 28, falx .32, 37, 169, 217, 284
exprimerc 176
40, 388 fames 96, 176, 217 •
evertere 178 expul·1erare 157
familia 26, 203, 250, 388
ex 144 •expurgiarc 120, 125 famula 203
exalbidus 180 cxsuccare 150
examen 28, 30 famulus 38, 203
exauctorare 261 exsuctus 41, 66, 93 farina 89, 96, 135, 188, 217
excaldare 192, 261 exsudare 177 farinosus 188
excambiare 26, 207 fascia 22, 26, 366
exsungia 26
excantarc 212 fasciola 26, 191
•extaliare 198 fatum 28, 29
excapi tare 148
•excappare 25, 178, 272 cxtumperare 183 *favulus 201
excarminare 190, 261 extemptare 90, 93 favus 201
fax 255
exccptor 261 extergere 121, 2 61
•febriolus 17-t
•exclopp(ic)are 175 extingucre 194 febrire 174
*excloppitare 175 exto rquere 144, 200 fel>ris 174
•excloppus 26, H, 175 extra 143. 144 •febrosus lH
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Index 543
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544 H. l\lihăescu
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Index 545
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546 H. Mih;).cscu
*le·1iginare 204 *luminina 147 margella 32, 33, 192, 217, 231
le·1is 26, 155, 204 luminosus 147 margo 26, 181
lex 26, 209, 2H, 217, 306 luna 78, 89, 107, H8, 216, maritare 26, 117, 122, 204
liber (adj.) 23, 28, 30, 309, 353, 355, 356 *maritatio 38, 40, H
3H lunae dies 136, 216 maritus 204, 217
libertare. 23, 29, 209 lunaticus 145, 148, 355, 356 marmor 26, 157
libertus 29, 209 lunis(die~) 216 marrucina 162
licium 190 lunter 26. 98, 206 martiobarbulus 287
ligamcn tum 209 lupus 167 martis (dies) 26, 216
ligarc 198, 2 li lusio 313 martius (mensis) 26, 216, 382
ligatura 26, 44, H5, 198 lutcum .38, 39 martor, martur ( = martyr) 209
•liginarc 204 lutum 3S, 157, 193, 202 mas 15"1
lignarius· 202 lux 147, 148 masculus 26, 108, 120, 131,
lignum 89, 97, 159, 193, 202, macellarius 207 199, 217
217 ' macellum 207 massa 28
lima 28, 31 maccr 188 •masrntum 36
limosus 158 machina 38, 39, 96, 103, 198, masticare 26, 176, 217
limpi<lqs . H7 388 mastice, mastiche 35, ·H 163
limus 158 machinare 93, 96, 198 mastichinus 32, 35, 44, i63
linaceus 125 maerentia 23 mater 200, 217, 341
li nea (I unica) 32, 33, 191 magia 212 matcries 159
lingere 176 ma.~is 81, 86, 89, J09, 115, 136, matricaria 87
lin,::ua 89, 135, 169, 185, 142 matricula 38, 40, 268
217 magistcr 26 matrix 26, 200, 268
mattca 258, 287
lingula 134. 189, 217, 255 magnus 9~. 212
maialis, 38, H mattearius 287
*linguutus 169
•maiarium 38, 39, H matteola 287
linteolum 87, 377
maior 81, 89, 109 •mattcuca 2 JO, 287
linum 26, 134, 190, 191
maius 216 mattia (pl.) 136, 171
littera 217
male 115 •mattia 210, 258
lixin 12 1
lixi·Jia 96, 192, 389 maledicere 28, 29 mat(t)iarius 210, 258, 287
locus 78, 89, 156, 217 ma litia 32 mattiobarbulns 210, 258, 287
mallcolus 120 maturus 89, 371
longus 89, l.'i2, 217
mallC'us 26, 202 maxilla 169, 253, 392
lorame11\11111 274
111alum 2J I mc 82, 137, 3/ol9
•Jorare 27"1
malus 26 lll(·clia di(' 15J
l11rarius 274
mal·1a 125, 161, 390 media hebduma 99
lor;1 rns 2 7"1
mamma 122, 203 media noctc 153
lnrea 274
•mancinus 38, 44 meditare 28, 30
lorica 274
mancus 26, H, 175 *nJC(licastcr 38, 39, H
loricare 27"1
111andator J05 medicus 28
lrorilarius 2'.'4
mandatum 250, 305 meditari 38. 40
loricatio 274
ma11draguras 161 mcdius 93, 318
loricatus 274
loricu'la 274 manducarc 89, 96, 103, 121 mcdius locus 156
176 • medulla 168
lorum 254, 271, 2H
mane 115, 153, 216, 217 medullaris 168
lubricare 135, 178
mancre 26 •mcdullarium 168
lucerna 28, 31, 97, J03
•ma11ganeare 231 mel 89, 201
lucifer H8
mania 32, 35, H, 183, 388 mela cotonea 101, 379
*lucire 147
lucius 28, 31, 91 ma11ica 24, 26, 191, 250, 271 melior 136
lucor H7, H9 manicare 32, 33, 44, 216, 217 melum ( = malum) 197
•manicella 271 melus ( = malus) 95, 197
lucrare 93, 102
manipularii (pi.) 292 membrum 217
lucrun1 29, 32, 34
manipulus 292 memorare 2 17
lueta ·22, 26, 210, 388
mansio 97 mens 26, 182, 217
luctarc ( = luctari) 2 JO
manualia 38 mensa 89, 93, 97, 121, 193.
ludere 28, 29
manuata 145 217, 260
lumbricus 165
lumbus 123 manubrium 24, 38, 40 mensalis 364
lumen J09, 147, 148, 217 manuciolum 90 mensis 80, 89, 108, 216, 217
manuculus 90, 198, 292 mensor 309
luminare 97, 147
manus /ol9, 119, 170, 191, 211 mensores (pl.) 303, 309
luminare (verbe) 147 marcidus 174, 217 mensura 217
luminaria (pl.) 147 mare 89, 158, 217 mensurare 98
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Index 547
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H. Mihăescu
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lridex 54~
pavimentum 29, 120, 125, H5, per - quomodo 143 platanus, *platinus 163
156 persica (= pcrsicum) 197, 393 platea 92, 98, 217, 313, 362
pavo 26, 199, 371 persicus 197 382
pax 26, 2 10, 217 persona 217 plcnus 80, 89, 108, 154, 217
peccaturn 26, 214, 217 per - super 143 plicare 178, 252
peciolus, petiolus 93, 119, H.5, pertraicere 205 plop(p)us ( = populus) 21, 26,
170 pertundere 144, 211 27, 16.I
*perturnicula 166 plorare 125, 217
pecora (pi.) 200 pervigilarc 7, 32, 33, H, 99, "'plovare 151
pecorarius 145, 200 144, 166 *plavia 151
pecten 89, 192 *pervigilatoria 166 plnmbum 26, 157
pectinarc 192 pcs 93, 119, 170, 201, 217 plnmmarins 262
pectinem 79, 192 pessica 28, 31 plus 81, 109
pectus78, 135, 171,217 pessulatura 87 pluvia 151, 389
pecu 200 pessulum, *pesslum, pesclum *phnina 151
pecuina 200, 217 259 poena 377
peculi um 207 petirc ( = petere) 204, 262 pocnitentia 2.1
pedatura .112 petitum 262 poenitere 32, 33
pedester 170 petra 78, 89, 93, 131, 157,193, pollicaris 26, 170
pedica 26, 20 1, 281 217 poma (= pomum) 26, 197
pedicarc 281 *pettia 26, 3?7, 382 pometum 145, 197
*pedicula 281 *pharmacare 212 pomum 26, 69, 197
pediculare 250 pharmacum 212, 217 pomus 69, 197, 217
*pedinus 190 phaseolus 95 punere lH, 172, 178, 211,
pedis 164, 201 *picculum 9.1 217
pednculare 164 picuia 157, 332 pons 89, 92, 206, 217, 315
peduc(u)losus 108, 161 pignus 28 pontellus 87, 92
peclnc(u)lus 95, 16'1 pigritare ( = pigritari) 26, 145 pontilis 315
pelliccus 145 pila 26, 27, 393 populus, poplns, puplu, pluppi
pellis 89, 107, 168, 202, 217 *pilar 393 26, 217
pendere 103 *pilla 27 porca 199
*pendiolus 103 pilula 26, 27 porcaricia 199
pensare 26, 98, 99, 186 pilum 299 porcarius 199
pensum 26, 186 pilus 89, 93, 168, 217 porcella ( = porcu la) 199
pepo, -onis, pepo, -inis 2-4, 32, pinetum 145, 163 porcellus 145, 199
37, 196, pin na 26, 134, 166, 301 porcina 145, 199
per H, 88, 115, 143, Hi pinnnla 191 porcus 81, 89, 95 199, 217
perambulare lH, 178, 217 pin sare 188, 295 *porrinum 38, 4.4
perca 91 pinns 163 porrum 26, 38
percipere 99, 182 *pipa 28 porta 26, 134, 193, 362
percurrere 158 pira ( = pi rum) 197 portare HO, 2 17
percute 318, 319 pirus 197 portari us 3 12
percuterc 318 piscarius 165 portus 217
perdere 89, 207 piscem 20 pasare = pausare 26
perclix 166 piscis 26, 89, 165, 217, 388 post 115, 142
*perdolcre 44 piscosns 165 *poste = post 26
per ecce hoc 115 pisi nnus 154 postea 4.4
perexsanctus 80 *pissiare 176 postclana 278
per - extra 14.) pistare 38 postella 278
pergula 26 *pistarium 38, 40, H posterior 318
per - gyrum 143 pistillnm 38 post - mane 153
per - in 143 pinlarc 166 postremus 318
per inter .18, 143 pix 157 post ripam 4. 1
per inter q nid 86 placcEta 188, 217 potentia 184
per - intro 143 placere 26, 89, 108, 183, 217, potNc29, 108, 113, 117, MO,
per intus 38, H 302 184
perirc 172 plaga 28 potestas 28
periurart• 185 prae 144
plangere 80, 89, 125, 183, 217
perling(u)ere lH, 158 planta 159; 161, 217, 388 praebiter, praebytcr, prebyter
26, 81, 99, 101, 103, 109,
perlongus 152 plantago 161 214
per quid 86, 115 plantare 159 praeco 308
per quod 86 planus '11, 217 praecognoscere 144
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550 H. Mibăescu
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Index 551.
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55'2. H. Mihăescu
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Index 553
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H. Mihăescu
554
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Index· 555
PORTUGAIS
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556 lL Mihăesru
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Index 557
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558 H.· l\:lihăescu
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Index 559
PROVEN<;AL
abatre 184 beure 176 ciutat 208
abril 216 bevedor 176 clamar 185
acaiz6 184 blan 186 clau 193
ades 155 bo 186 clop 175
adormit" 177 boca 169 codonh 197
afumar 194 bocada 169 cogorda 196
agost 216 bot (a. prov.) 189 cogul 166
agre 179 braga 191 coide 170
aiga 189 branca 167 coifa 210
aigla 166 brasai 192 coitura 188
aigos 150 bratz 170 colgar 178
ajonher 135, 178 brufol 167 colh(a) 171
ajudar 205 buou 199 colhir 198
alenar 186 coma 199
alentar 186, 204 comenegar 214
alh (a. prov.) 196 ca 199 compendre 178
amar 179 cabestre 206 complir 211
amaresa 179 cabra 200 comprar 207
amblar 178 cabri 200 conh 193
amella 28 cabrifuelh 161 con oi ser, coneiser 182
amenassar 184 cabriol 167 conquerre 211
amortir 172 cadel 199 copa 189
(a)mudir 175 cadena 171 corda 205
an 216 cagar 176 coreia 191
anell 192 calcar 178 corn, cornut 167
angel 214 calendar 216 corona, coronar 215
angle 181 calor 149 corp 166
anhel 200 camisa 191 corre 158
apara.r 210 camp 198 cors 168
aprender 194 canebe 190 cort 208
apropchar (a. pro-,,.) 178 cantar 205 cos 158
araire 198 cap 169 costar 172
aram 157 capdel 169 cot 202
arbre 159 car 206 covenir 205
arc 210 carbe 190 cozer 188, 191
are (prov. dial.) 200 carbo 157 creire 213
arena 157 cargar 206 creiser 172
argen 157 caresma 215 cresta 156, 199
aritz 167 cam 168 crestiâ 214
arma 171.' 210 carnas 168 crezer 213
armar 210 carpre 163 crotz 213
arnelh (gasc.) 171 carreira 206 cuesta 171
arrage (gasc.) 161 carta 205 eul 171
arsura (a. pro•r.) 194 casa 193 cunhat 203
ascla 194 castanha 163
ase 199 caudera 189
aspre 155 causa.r 192 dan 209
atener (a. prov.) 178 caYalgar 206 dar 207
atizar 194 cavall 199 daurar 180
auba 1-48 cay (gasc.) 190 dedal, didal 191
aur (a. prov.) 157 cazer 178 deisender 178
autar 213 ceba 196 demandar 185
auzir 179 cedra 205 tlcnt 169
azaigar 200 cena 187 deponre 178
azunar 198 cenar 187 derzer 208
cep 189 dcscargar 206
cera 201 descaussar 192
baizar 205 cercar 184 desert 154
barba 169 cercle 181 desfrenar 206
batejar 135, 214 cerieiza 197 deslegar 198
baus 191 cerner 188 despartir 154
hava 177 cima 174 despolhar 211
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H. Mihăcscu
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Indei:: 661
RHETO-ROMAN
abater (engad.) 184 age (frioul.) 189 aAiider (engad.) 205
ab. (engad.) 191 agl (engad.) 196 ai (frioul.) 196
aduzi (frioul.) 206 agne (engad.) 200 alaiA (engad.) 209
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Index 663
fum, fuma (frioul.) 194 Ifarger ( engad.) 206 larma, larmer, larmus ( engad.)
fiim, fiimer (engad.) 194 Y.ariâ ( frioul.) 206 183
fuorn (engad.) 202 Y.arn ( engad„ frioul.) 168 1asâ ( frioul.) 184
fus (frioul.) 190 Y.arta (engad.) 205 lascher ( engad.) 184
fiis (engad.) 190 lfarte (frioul.) 205 lat ( engad.) 189
fusau (sursylv.) 208 lCata (frioul.) 184 lats ( frioul.) 201
fuster (engad.) 176 )faun ( engad.) 199 latsch ( engad.) 201
Jfavaj§tre (engad.) 206 laudâ (frioul.) 185
Y.aval (frioul.) 199 launa ( engad.) 190
galaida (engad.) 189
~ani' (engad.) 199 Java ( frioul.) 192
gali ne ( frioul.) 199
Jia·1estri ( frioul.) 206 leâ (frioul.) 198
gangiva (engad.) 169
lia·,,.ra ( frioul.) 200 lendzi (frioul.) 176
gat (engad.) 128
!faza (trioul.) 193 Jenge ( frioul.) 169
ge (engad.) 205 KC'Ha ( engad.) 200 leungua ( engad.) 169
gemer (engad.) 183
~eza (engad.) 193 leva ( frioul.) 207
{:(ender (engad.) 203
Jiier (engad.) 176 Jier (engad.) 198
gent (engad.) 208
klaf ( frioul.) 193 li mari (sursyJ•1.) 199
gilina (engad.) 199
klamâ (trioul.) 185 lin (frioul.) 190
gnir (cngad.) 178
klcf ( engad.) 193 l'in (engad.) 190
gole (trioul.) 169
){Ji r (a. engwl.) 198 lint ( frioul.) 196
gran (frioul.) 195
k6fcn ( engad.) 200 li ts ( frioul.) 190
grancr (engad„ frioul.) 195
gras (engad., frioul.) 181 kode ( frioul.) 167 liums (frioul.) 196
komprâ (trioul.) 207 loder (engad.) 185
graU11 (engad.) 195
konsor(engad.) 203 liindefdf (engad.) 216
gruoi\er (cngad.) 199
gudger (a. engad.) 209 konsoYrin (frioul.) 203 lunis (frioul.) 216
glidisch (engad.) 209 kon-1ifl.i (f rioul.) 205 luata (engad.) 210
guost (engad.) 179 kopa ( cnga<l.) 189 luter ( engad.) 210
gU.rer, gliramaint (engad.) 185 korcye ( frioul.) 191 luvri ( frioul.) 199
gust, gustă (frioul.) 179 koruna (engad.) 215
guster (engad.) 179 kostâr ( frionl.) 172
koufer ( engad.) 188 mai (trioul.) 202, 216
guven (engad.) 173 mail (engad.) 197
koyostre (trioul.) 200
koverdor ( frioul.) 26 mais (engad.) 216
icfna (a. cngad.) 199 kraier (engad.) 213 maisa (engad.) 193
il'a (cngad.) 171 krdcr (engad.) 172 mal' (engad.) 202
(i)neâ (frioul.) 172 krcste (friouJ.) 199 man (frioul.) 153, 170
ingancr lengad.) 200 kriaint (engad.) 211 manga (engad.) 191
ingunul'ier (engad.) 170 krodi (frioul.) 213 manf:cr (engad.) 176
(in)sanganâ (frioul.) 168 kros (trioul.) 213 man•1al' ( engad.) 28
intra (frioul.) 178 ieru§ (engad.) 213 mar ( frioul.) 179
intrer (engad.) 178 kuarp (frioul.) 168 mard'i (engad.) 216
inzenoglâ (frioul.) 170 liiidera ( engad.) 189 marid (engad., frioul.) 204
i~i (frioul.) 178 kuei (frioul.) 198 maridâ (frioul.) 204
kuese (frioul.) 170 marider (engad.) 204
kueste (trioul.) 171 martes (frioul.) 216
kăbri (frioul.) 28 marts (engad., frioul.) 216
kuk ( frioul.) 166
lfadaina ( engad.) 171 masfer (engad.) 176
kul (trioul.) 171
k'.adena (frioul.) 171 JHU (engad.) 171 maschel ( engad.) 199
Y.ader (frioul.) 178 kunat ( frioul.) 203 ma§ela (engad.) 169
1'.adin (frioul.) 189 kuoft ( engad.) 193 maslfa ( frioul.) 176
Y.af ( frioul.) 169 kuort ( engad.) 208 maskli (frioul.) 199
lia.ldiere (f rioul.) 189 ku~ter (engad.) 172 matsiik (engad.) 210
li.alY.a (frioul.) 178 kuzdrin (engad.) 203 maun (engad.) 170
1'.allfafl. ( engad.) 170 kuzi ( frioul.) 191 meg ( engad.) 216
li.altsa. (frioul.) 192 kuzir (engad.) 191 meger (engad.) 188
Y.ameze (frioul.) 191, 270 mei (frioul.) 195
k'.amischa ( engad.) 191 meil (engad.) 20 1
Jfamp ( engad., frioul.) 198 la ( frioul.) 178 mel' (engad.) 195
)fan (frioul.) 199 Jadrâ ( sursyl·1.) 199 menă (frioul.) 120, 200
li.anf (engad.) 190 Jăgrime (frioul.) 183 mentir (engad.) 182
)fantă (frioul.) 205 merda ( engad.) 176
Y.antar ( engad.) 205 lait (frioul.) 189
merkuld.1 (engad.) 2 lb
Y.anuos (engad.) 28 lane ( frioul.) 190 mes (frioul.) 216
)far (engad.) lard (engad., frioul.) 188 mierde (frioul.) 176
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Indes 585
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tudex 567
vigna (engad.) 197 visia (frioul.) l'il vuo~p ( engad.) 167
vin (engad., frioul.) 189 visie (frioul.) 171 vusch (engad.) 185
vina~ (sursylv.) 189 visti (frioul.) 191 vyodi (frioul.) 179
vinar (frioul.) 201 viver (engad.) 172
viiie ( frioul.) 197 vizin (frioul.) 205 zgabye (frioul.) 26, 174
viners {frioul.) 216 voli (frioul.) 184 inuol' (engad.) 170
vi fii {frioul.) 178 vos (frioul.) 185 zvintulâ {frioul.) 198
vintri {frioul.) 171 vulair (engad.) 184 zvolâ (frioul.) 166
ROUMAIN
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Index 569
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570 H •. Mihăescu
bască 223 bine 86, 115, 135, 142 brazdă 125, 2-10
baserica (ir.) 214 bir beaţi ( mgl.) 200 brăcilă, brăcile (dr. reg.) 191
bas~1 2'10 birbeaţe (ar.) 200 brăcină, brăcinar 121
baş (mgl.) 205 birbec (ar., mgl.) 200 brăciră, brăcire (dr. reg.) 121.
başu (ar.) 205, 217 bisearică (ar., mgl., a. dr.) 214 191
bată (dr.) 191 biserică. 72, 79, 81, 99, 231, brăţară 192
batiz (mgl.) 214 389 brăţat (ar.) 145, 170
bau 223 hi şi că (ar., mgl. J 171 brei 225
"bauă 223 biş(i)keclzu (ar) 171 hrincă (a. dr., dr. reg.) 167,
băga 223 bisocă(mgl.) 171 223
băiat 227, 260 hi~;mă (mi::I.) 176 brinduşă 225, 226
Ml (bal, b,·J) 239 bi tÎrnu (ar.) 17 3 hrinză 223
bălega 223 bitorn (mg!.) 173 hriu 223
bărbat 122, 173 hit~şă 223 broască 165
bărbătame (ar.) H5 bi'tol 167, 239 broatec 165
hărhinţă 226 hica 223 hroatic (ar., mgl., dr. reg.) 165
harbută (ar.) H5, 217 hilbiit 26 brod 2-10
băscarciL (ar.) 2M bile 223 brotac (dr.) 165
bf1scarecă (a. dr.) 214 bir 223 brumă 26, 150
liăsearică (ar., mg!., a. dr.) liirfl 223 brusture 222, 223
214 hînlan 239 bruş 226
băş(c)arc (ar.) lOi, 135 liirnă 30 bua 223
bflŞi 176 birsă 223 bubă 239
liăsica 171 bită. 227 huf1r (a. dr.) 388
hfl~ică 26, 171 l>itcă 227 buc 223
bă~i nii 176 lilaji 11 239 bucată 32, 169
Mtaie 1-15 blană 239 bucate (pi.) 32, 34, 96
Mtrin 24, 93, 125, 1'15, 173 blarc (a. dr.) 178 hncft 20, 32, 89, 103, 107, 117.
bătrînă 79 blf1m ( hlcm) (a. cir.) 178 169
băţ 227 l>lr1111aţi (blemaţi) (a. dr.) 178 bucălat (dr.) 169
băut 85, 88 l·Iestl'ma 29, SO, 117, 125, 231, huci!. tărie 96
băutor 176 389 buche 2-10
băutnr;\ 176 hlid 239 bucin, bucină (a. dr., dr. reg.)
b~ (ir.) 176 blin<I, hlimleţe 186 205
bea R-1. 107, 113, 176 lilin<lur (ar.) 186, 217 bucium 205, 308
beat X.'i, 93, 125, 176 blinzi (a. cir.) 186 buclă, burliţă (ar.) 365
beau (ar., mg!.) 176 lmacc (dr. rl'.·g.) 185 bucos 169
becisnic 239 boală 2.'\9 bucsi 223
bejenii· 239
belci11!-! 239
boare 225 b11c~1ra 223
hoată 227 bucurie 30, 223
beli 2-10 hoaţe (ar.) 185 buil'stru 227
berbec(e) 200, 367 boli 239
berbinţ:L 226
buin (ar.) H5
bogat 93, 102 bulbuc 26
berc 227 ho(g)daproste 2-10 hukă 232
bernc·1eci 270 boier 239 lmlgăr 227
lws (mg!.) 176 holi 239 bulz 223
bcseareC:i, hesearică (a. dr.) 2 H l>ulna·1 239, 345
hun 136, 186, 203
bes~rcca, hl's~rica (ir.) 214 bolo·1an 239 bunătate (dr., ar.) H5, 186
liesu (ar.) 176 boltă 239 bunătati (mgl., dr. reg.) 186
beşi 176 bombă(n)i 223 bunget 223
beşica (dr. reg.) 171 hordei 227
beşică (dr. reg.) 171
bunic, bunică 203
borţ, borţos 223 bur (ir.) 186
beşi nă 176
bosiioc (dr. reg.) 372 bura 239
b~t (ir.) 176 bot 119 bură 239
b~tă (mg!.) 191 boteza 26, 99, 214, 231
betăr (ir.) 173
burduf 223, 225
hoţ 227 burete 117, 125
beţit (a. dr., dr. reg.) 176 bou 199
beţiv- 176
buric 171
bour 26, 27, 167, 388 buricu, burigu (ir.) 171
beţîu (dr. reg.) 176 bracă (dr. reg.) 26, 191
beutură (dr. reg.) 176
burlan 227
brad 223 burtă 225
beznft 239 braţ 119, 135, 1 70 buştean 30
bgine (dr. reg.) 13'1 lm\ţ (ir.) 170 but 227
biiătură, biiutură (mgl.) 176 braţu (ar.) 135 butaş 227
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Index 571
bute 26, 121, 189, 231 caznă 240 că.prină (ar., mgl., dr. i:eg.) 200
buti (mgl., dr. reg.) 189 că 32 căprior 26, 145, 167
butuc 223, 227 căca 176 că(p)ta (dr. reg.) 184
butură 227 căciuă (ar., mgl.) 366 căpun (dr. reg.) 26
buturugă 227 căciulă 223, 366 căpuşă 223
buză 223 cădea 84, 117, 178 căpută 223
căfăres ( mgl.) 174 căra, cărare 206
căi 240 cărător (ar.) 208
ca 143 călar (ar., mgl.) 206 cărbune 157, 367
el (ir.) 199 călare 145 cărbuni ( mgl„ dr. reg.) 157
cac (ar., mgl.) 176 călariu (a. dr., dr. reg.) 206 cărbure (ir.) 157
cad\ (ir.) 176 călăras 206 Căr~iun (mgl.) 215, 35(
cad (ar., mgl.) 178 călăret 145, 206 căre (ir.) 199
căd (ir.) 149 ..:ălăreţu (ar.) H5, 206 cărindar (a. dr„ dr. reg.) 32,
cadţ (ir.) 178 călbează 223 37, 216
caft (mgl.) 184 călca 178 căroare (ar.) 149, 217
caftu (ar.) 184 călcâi (dr. rcg.) 170 cărtular (a. dr.) 205
caier 190 călcătură 312 cărturar 205
cair (ar., mgl.) 190 călciun(e) (ar.) 366 cărunt 135, 145, 180
cal 26, 95, 199 călcîi (dr.) 145, 170 căsar, căsaş, căsatnic (a. dr.)
calc (mgl.) 178 călcî11(u) (a. dr., dr.reg.) 204
calcu (ar.) 178 145, 170 dtsător (ar.) 204, 217
cald 149
călcînu (ar.) 145, 170 căsători 204
caldu (ar.) 149
călcQil ( mgl.) 170 dsătoriu (a. cir.) 204, 217
cale 92, 93, 103, 206
căldare 29, 121, 145, 189, 202 căsca 177, 231
căle (ir.) 206
căldari (mgl„ dr. reg.) 189 căscăun(d) (dr. reg.) 145, 186
caii (mgl.) 206
căldărar 202 căstîne (ar.) 26, 163, 217, 372
canură 190, 366
căldură 149 căstî1iu (ar.) 163, 217, 372
cap lOS, 136, 169, 258
căloare (ar.) 217 căstonă (mgl.) 163, 217, 372
capră. 200
d'tloari (mgl.) 217 căst9n(u) (mgl.) 163, 217, 372
clprţ' (ir.) 200
călugiir 72 căşare (ar.) 200
capre 104, 128
cămaşă 26, 97, 108, 191, 270 căşuna 184
ca pri foi 161
cămeaşă (ar., mgl., dr. reg.) căta (dr. reg.) 125, 318
căpu (ir.) 169
26, 97, 170 ciitină (ar.) 171
car 26, 128, 206
căme(a)şe (dr. reg.) 191 cătră (ar., dr. reg.) 14j
carabă 227
cămeşă (cir. reg.) 26, 97, 191, către 26, 143
c(a)rbur(i) (ir.) 157
270 cătun 223, 228
care 112, 138
cămţşţ (ir.) 191 cătuşă (a. clr., dr. reg.) 217
careva 138
cănoară (ar.) 366 ciituşc (ar.) 217
carie 23, 26
cănunt (dr. reg.) 180 căţa, căţaua (<Ir. reg.) 199
car(iu) 164
cănt (mg!.) 205 căţao (ar.) 199
carîmb(ă) 222
din tă (ir.) 205 căţari (mg!.) 178
carne. 121, 168
cănuşă (mg!.) 194 crtţauă (ar „ mg!.) 199
cârne (ir.) 168
cănut (ar.) 1'15, 180 căţăl (ar., dr. reg.) 199
carni (mg!., dr. reg.) 168
căpăstru 26, 206, 389 dtţel, căţea, căţeaua 199
carpen H5, 163
căpăta 205 căŢill (dr. reg.) 189
car pin (ar., mgl.) 145, 163
căpătîi H5, 193 căţîn(ă) (ar., a. dr .• dr. reg.)
carpuz (ar.) 196
car(r)ă (ar.) 168 căpătînu (a. dr„ dr. reg.) 193 189, 217
carte 26, 205, 231 căpăţînri 32, 33, 169 căţ9l (mg!.) 199
carti (mgl„ dr. reg.) 205 căpăţc,mă (mgl.) 169 căţ~m (mg!.) 189, 217
casă 109, 136, 193 căpcstru 206 căţut (ar.) 202
casc ( mgl.) 177 căpeţea 281 căuta 184
cascu (ar. ) 177 căpeţeală 258, 392 căzni 240
căsţ (ir.) 193 căpeţel 169, 258, 291 ce 80, 82, 112, 138
case 109, 136 căpistearc (ar.) 189, 217 ceafă 223
castan 163 căpistcari (mgl.) 189, 217 ceapă 22, 23, 26, IOJ, 104,
castru (ar.) 26 căpester (a. dr.) 189 108, 117, 196, 372, 388
caş 200 căpistere (dr. reg.) 189, 217 ceară 80, 104, 135, 201, 223
c㧠(ir.) 200 ceas 240
căpitinu, căpitîl'm, căpitunu
caşu (ar.) 200 ceaslov 240
caţă 227
(ar.) 193
ceată 240
cauc (a. dr., dr. reg.) 189 căpitan (mgl.) 193 ceaţă 150
cazanie 240 căpiţină (ar.) 169 ielar (a. dr„ dr. reg.) 193, 217
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572 H. Mihăcscu
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·Index· 573
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Index 575
drojdie 240 dzînă (a. dr.. dr. reg.. ar.) fărinos (ar .• dr. reg.) 188
druete 223 212 fărîma, fărîmă 223
drui 223 dzîţire, dzîţeare (ar.) 134 fărmăca, fărmeca (a. dr., dr.
drum §li dzîuă (a. dr„ dr. reg.) 134 reg.) 212
duc (ar., mgl.) 206 dzracă· (mgl.) 148 făşa (dr. reg.) 191
ducaţi 10'1, 128 dzuuă (ar., a. dr.) 134, 153 fâşioară 26, 191
duce 20,6 făt 173, 344
dugar (ar.) 202 H'tta 173
e (a. dr., ar.) 26, 143
duhovnic 240 făurar 26, 216
ea 107, 138 feamin (ar., mgl.) 26, 173
duios 183
el, ei 111, 138 feată (ar„ mgl.) 173
dulce 179
episcop 103, 345 febră 174
dulcoare (a. dr., dr. reg.) 179
era (a. dr.) 141 fecior (dr„ ir.) 173
dulţe (ar. ) 179
eseu (ar.) 141 feciu (a. dr„ ar.) 140
dulţi ( i:ngl.) 179
eşti 85. 141
dumăriică (mgl.) 216 felie 96
eu 82, 111, 137
dume(a)s(t)nic, dumestec (dr. femeie 26, 203, 388
reg.) 199 fereastră 26, 193
dumica 76 fac (ar., mgl.) 184 fereca 202
duminică 1'15, 216 face 29, 117, 184 feri 211, 227
dumire)iţ (ir.) 216 fachie, fachiu (a. dr., dr. reg. ferice (=ferici) (a. dr.) 183
duminică (ar.) 145, 216 19'4 ferice (dr.) 183
Dumnăză.u, Dumnezău, Dum- fag (dr., ar., mgl.) 163 ferici 183
nizău (dr. reg.) 213 fag (a. dr„ dr. reg.) 201 *fericica (a. fir.) 183
Dumnezeu 213 fagur(e) 201 fericie (a. dr.) 183
Dumnitlzău (ar., dr. reg.) 213 falcă 32, 37, 169, 284 fericire, fericit 183
Dumnizo, dumnizes (n1gl.) 213 famăn (a. dr.) 173 ferie 227
dungă 2'10 famen 26, 173 ferigă 125
dupac 227 fapt (a. (dr„ ar.) 85, 113 ferişca, ferişcat (dr. reg.) 183
după (fir., ar.) 86, 115, 1'13 fapt, faptri (dr., ar.) 184 fermeca 212
dupleca (a. dr.) 185 faptu (ar.) 18'4 fet (ar „ mgl.) 17 3
dura 193 fară (dr. reg„ ar.) 232 fet(u), f~t9 (ir.) 173
durari ( m gl.) 183 farfurie 125 feţor (ir.) 173
'durţ (ir.) 183 faric (mgl.) 202, 217 fi (dr„ ir.) 172
durea 26, 183 · farirţ (ir.) 188 fiamin (mgl.) 173
dureare (ar.) 183 farmac, fărmac (ar.) 212 fiară 167
durmi (a: dr., dr. reg., ir.) 177 farmăc, farmăce, fiastră (a. dr., dr. reg.) 203
durmi(n)ta (a. dr., dr. reg.) 177 farmăci (a. dr.) 212 fiastru (a dr„ dr. reg.) 26,
durmitez (mgl.) 177 farmec, f.armece 212, 231 145, 203
duroare (a. dr., dr. reg.) 26, fasolă 372 ficat 171
183 faşă 22, 26, 191, 366 ficât (ir.) 171
duşman 30, 345 faşe (dr. reg., ar.) 191 ficior (ar., dr. reg.) 173
dzace (ar., a. dr., dr. reg.) 178 făşe (ir.) 191 fiecare 112, 115, 138
dzadă (ar .• dr. reg.) 163 fot (rngl.) 184 fiece, fitcir.e, fitn m 138
dzamli (ar .• dr. reg.)' 188 fată 173, 3H
fier 78, 107, 157
dzaţe {D:r.) 139 faţă 23, 26, 169, 3H
fierbe 121, 188
dzăci ,dr. reg.) 134, 139 fană (ar.) 196
fiere 171
dzăţi (ar.) 134 faur (dr. reg.) 202, 216 fige (a. dL) 211
dzeace (a. dr.) 139 favru, favur (ar.) 202 fii că 203
dzeadzir (ar.) 151 făcut 85, 113
fiin (a. dr.) 203
dzead(z)i t (ar.) 170 făget 163
fii', fil'a (ir.) 203
dzeamit (ar.) 183 făină 96, 135, 188
filmă (dr. reg.) 232
dzeanc (ar.) 169 făinos 188
fimeie (dr ri-g.) 203
dzem (ar.) 183 fălcare (ar.) 208
fin 26, 27, 203, 347
flzer (ar.) 151 fămeaie (a. dr.) 26
fior, fioros 17'4
(d)zeu, (d)zău (a. dr.) 213 fămeal'ă (mgl.) 203
fir 26, 134, ISO
fămeal'e (ar.) 26, 203
dzidzitar (ar.) 191 firest(r)ă (ar.) 193
fămeie (dr. reg.) 203
dzindzie (ar.) 169 fănină, fănină (dr. reg.) 188 fires (mgl.) 211
dzinire (ar.) 203 făptură 26, 104, 168 fiţor (mgl.) 173
dzinucl'u (ar.) 170 fără 86, 115, 143 fiu (subst.) 203
făreca (a. <lr.) 202 fiulare (dr. reg.) 206
dzî (ar.) 153 fin 195
făricare (ar.) 202
dzîc (ar .• dr. reg.) 185 fărină (ar., mgl„ dr. reg.) fînaţ 125, 145, 195
dzîce (di. reg.) 134 96, 135, 188 fîntînă 132, 145
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576 H. Mihăescu
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Index 577
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578 H. Mihăescu
Jiic (ar.) 26, 134, 197, 217 iele 226 îmbrăcăntiilte 191
liicat (ar., dr. reg.) 171 iepure 26, 167 îmbrinci '167
liică (ar.) 26, 197 ier ( mgl.) 157 îmbuca 32, 169
liie (dr. reg.) 203 ierb (mg!.) 188 îmi 137
liil'e (ar.) 203 ieri 115, 112, 153 împăca 69, 98, 125, 210
liil'eastră (ar.) 203 iernatec. iernatic 115, 212 împăra (a. dr„ dr. reg.) 211
liil'eastru (ar.) 145, 200 ierta 23, 29, 209 împărat 32, 37, 136, 208,
l:iil'in (ar.) 26, 27, 230 ies (mg!.) 178 262
llil"or (ar.) 203 iesle 239 împărăteasă 43, 262
liil'u (ar.) 203 (i)es(u) (ar.) 178 împărţi 154, 318
liim, nit (ar.) 141 ieşi, ieşit 110, 178 împerechea 125
hinag 227 ieşi, ieşiţi 318, 319 împiedica 201
liir (ar .. dr. reg.) 134, 190 iezt·r 239 împinge 211
liiull, li iolă ( = Ciulă, fiolă) ii (ir.) 178 împle(a) (dr. reg.) 154
(a. dr.) 206 iie (a. <lr .. dr. reg.) 171 împlini 154
liiu (ar.) 111, 172 I(i)sus HO împlînta 159
l:ii-Trescu, liivros (ar.) 174 ii', il'ă (mg!.) 203 (î).mpra(l (ar.) 211
hilb:! 227 il'e (ar.) 171 împrejur 112, 230
hirciog 30 im. ima, imală, imare, imă împresura 211
bircii 227 ciun0, imător, imos (dr. reg.) împreună 142
hir.ghil' 227 158 împrumuta 207
hirşie 227 imnu, imnarc (ar.) 178 împunge 211
hitru 239 imputa 185 imputa (a. dr„ dr. reg.) 185
hiţă 227 in (dr.) 26. 13-1, 190 împuţi 179
hiţina 227 inaţ (dr. reg.) 125 in 86
(h)oară 227 ilir1mă, i11ămos (mg!.) 171 înainte 86, 115, 112
hohoti 210 inel 192 înalt 26, 136, 152
horă 240 inimă 82, 89, 109, 171 înapoi 142
horcăi 227 inime (a. dr., dr., reg„ ar.) înarma· 210
horoi 227 109 înălţa 148, 1.52
horţi, horţiş 227 inimos (dr„ ar.) 115, 171 înăuntru 88, 142
hoţ 227 intra 178 încalţu (ar.) 192
hrană (dr„ ar.) 132, 240 intru, intrare (ar.) 178 încă 86, 125, 143
hrăni 30. 240 invita 181 îndi.leca: 26, 90, lH, 206
hrean 239 io 137 încălţa 192
Hristos 240 ir (mg!.) 190 încălţăminte (<le.) 192
hudă 227 iri (mg!.) 172 (in)căJţămint (a. dr.) 192
(h)ut[L 223 irimf (ir.) 171 înd1lzi 119
(h)utură 223 i~căli 239 încă.păta (a. dr.) 205
hututui 223 ismă 225 încărca 26, 111, 206
ispăşi 210 începe 184
ispită 210 încerca 181
i (ar„ a. dr.) 178 încet 22, 25, 26, 155
ispră·1i 210
-i (art.) 112, 111 înceta 155
işire (ar.) 178
iacă 112 închide 111, 193
iş9ri (mg!.) 178
iad 240 închina "i 13, 318
işti (dr. reg.) 138
ia.liră (ar., mg!.) 161 închinăciune 145, 213
iţ (dr. rcg.) 190
iapă 199 încindc (a. dr.) 194
iţă, iţe 131, 190
iăp!! (ir.) 199 încinge" 191, 194
iu (ar„ dr. reg.) 86, 112, 171
iar 113 incit 113 ·
iubi 210
iarb1 29, 161 (î)ncl'id (ar.) 193
iuo (a. dr.) 112
iărbţ (ir.) 161 încoa(ce) 142
iute 210
(i)aripă (mgl.) 166 încolo 142
izb;l:Ji 240
iărna. (ir.) 153 încotro 142
izbi 240
iarnă 26, 153, 212 încredinţa 213
izbîndi 240
iască 26, 194 încrunta 168, 211
izgoni 240
iaste (a. dr.) 111
izmană 239 încuia 193
iaşcl'ă (mgl.) 191
ÎZ"ICJr 239
iaz 239 încumătri, (în)cumctri
ic, ică (mgl.) 197, 217 îmă-ta (a.dr.) 203 (dr. reg.) 343, 344
icre 240 îmbă (a. dr.) 139 încumeta 184
ie 26, 32, 33, 191 îmbia (dr. reg.) 178
ied 200 îmblinzi 186 (în)cumeţi (dr. reg.) 184
iederă. 161 îmbrăca 26, 121 încununa 215
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Index 579
în cura, incu re (a. dr.' dr. reg.) întra (a. dr„ dr. reg.) 178 jumătate 88, 223
158 întrare, intrari, întrarem, în- junc 199
încurca· 190 traret (a. dr.) HO juncă 26, 199
îndărăt 115, 142 între H3 june toi, 136, 173
înde i43 întreba 185 juneapin (mgl.) 162
îndelete 223 întreg 154 jung (mg!.) 178
îndesa 154, 155 (i)ntreg (ar.) 154 junică (ar„ dr. reg.) 199
îndrăzni 240 întrema 227 junice (a. dr.) 199
îndulci 179 întrista 183 junincă 199
îndupleca 185 întru 1"13 jupin 233, 239
îndura 26, 183 întuneca, întuneric 117 jur 115, 230
îneca 172 intunerecare (a. dr.) 147 jur (mgl.) 185
inel (a. dr.) 192 înturna (dr. reg.) 206 jura 21, 26, 185
inemă, înemos (a. dr.) 171 înţelege 99, 182 jurămint (mgl„ dr. reg.) 185
înfăşa, irifăşura 191 inţelepciune H5, 182 jurămînt 145, 185
înfige 211 înţelept (subst.; a. dr.) 182 juri mint (mgl.) 185
întinge (dr. reg.) 211 înţelept (adj.) 182 jutor (mgl.) 205
înfiora, înfiorător 174 înţep 223
înflori 160 îw1ăţa 26, 27, 99 lfali ( mgl.) 168
infrîmşa (a. dr.) 181 îw1eli 240 Keadică (ar.) 201
infrina lH, 206 înverzi · 159. Ke(a)din (ar.) 1510
înfrînge 211 (în)vescu (ar.) 191 Keale (ar.) 168
înfrum(u)şa (a. dr., dr. reg.) în·1cşte (a. dr„ dr. reg.) 191 lieaptene (ar.) 192
181 Îll"leŞti (a. dr„ dr. reg.) 121, Iicaptin (ar.) 192
înfrunta. 211 191 Iiearsic, Kearsică (ar.) 19"1
înfrunzi 160 îir1ia 172 Keatră (ar.) 157
înfuleca (înfulica) 191 învie (a. dr„ dr. reg.) 172 Kept(u) (ar.) 135, 171
îngenu<;l'\ea (a. dr .• dr. reg.). iminei, iminei (a. dr.) 211 Kept (mgl.) 171
îngenunchea 170 învinge 211 1'er (ar.) 172
înger 22, 26, 99, 21-i, 231 în•1ingu (ar.) 211 Kerdu (ar.) 207
îngheţa 151 înviora 158 l~iadin (mgl.) 190
îngîna 26, 27, 103, 200 învita (a. dr„ dr. reg.) 26, Kiarsic, kiarsică (mgl.) 197
îngrăşa 181 184 Kiatră (ar., dr. reg.) 13-1, 157
îngrozi 2-10 în·1irti 2i0 .i{i<'!ior (arc„ dr. reg.) 145,
îngurzi 227 (în)zadar 2-10 170
îngust 26', · 152 înzestra 251 liiliţu (ar.) 145
îngusta 152 irel (a. dr„ dr. reg.) 192 liin (ar.) 163
îniepta (a. dr., dr. reg.) 178 is 85, 114, 141 Kinet (ar.) 145, 163
înjura 185 lŞl 137 Kisedzu (ar.) 188
iţi 137
înlăuntru 1"12 KiŞ°u (ar.) 176
îmuia l}§ Kiur, Kiurare (ar.) 166
înnegura 150
înnoda 191 jale 239
înnopta H7, 153 jar 239 -1 (art.) 112
jertfă 240 la (prep.) 86, 115
innoura (dr. reg.), înnora l.~l
înota 178 jir 239 la (a. dr., dr. reg.) 96, 121,
ji·1ină 239 192
ins, însă inşi înse 138
jneapăn 117, 162 IA (ir.) 207
însă (conj.) 113
joacă 26 Jac 109, 158
însănătoşi 25
însemna 181 joc (dr„ mgl„ ir.) 26, 81, lâc (ir.) 158
{în)sîngera 168 205 lacom 239
înspăimînta 183
joi RI, 123, L'l6, 216 lacrămă (ar„ dr. reg.) 183
înspica 195 jos 135, 142 lacrimă (dr„ ar„ mgl.) 183
înspuma 158 juca 29, 108, 205 Jag (mg!.) 178
însura 122, 204 jude (a. dr.) 136, 209 lai (dr. reg.) 192
însura (rlr. reg.) 192 judec (mgl.) 209 lanţ 239
întărita .183
judeca 21, 26, 99, 209 lapmi ţă 239
jude:cată 145, 209 lapte 79, 135, 189
în teri ta, întărita (a. dr.) 183 judcct1 tor 145 lăpte (ir.) 189
întîi 7, 110, 139, 1"15, 318 judec(c) (a. dr.) 209 lapti (mgl., dr. rcg.) 189
intîmpla -:l.27 judeţ (dr„ mgl.) 26, 209
judeţ (a. dr.) 217 la( p) tuke (ir.) 161
intîn(u) (dr. reg.) 1"15 jug 104, 107, 135, 206 lapuc, lăpuc (dr. reg.) 162
întoarce 14-1, 190 jugastru 145, 163 lard (dr. reg.) 188
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580 H. Mihăescu
lărd (ir.) 188 l'epur(e) (ar„ ir.) 167 lun~tic -.{ar., dr. reg.) 145,
larg 26, 318 l'epur(i) (mgl.) 167 148
las (mgl.) 184 l'crt (mgl.), l'ertu (ar.) 209 lună.tăci, lunătăcie (a. dr.)
lasă (ir.) 184 lespede 226 148
lătra (ir.) 199 leşie 96, 121, 192, 367, 389 lună (dr., ar., mg!.) 148, 216
latru (ar„ mgl.) 199 leşina 227 luncă 239
laţ 201 leurdă 223 lung 152
lau (dr. reg„ ar.) 192 licşor (mg!.). li(c)şor
(ar.) 155 lungu (ar.) 152
laudă 21, 26 ligătură (ar„ mgl.)145, 198 luni 81, 123, 136, 216
laur 26, 162 lighioană 292 lmi.inedzu, luninare, lui1inos
la·1ru (ar.) 162 lihni 227 (ar.) 117
lăcrămedzu (ar.) 183 limbă 135, 169 luntre 26, 206
lacrămos (dr„ ar.) 183 liml.ie (ir.) 169 lup 167
lăcrima 183 limbric (dr„ ar.) 165 lupta 21P
lăcrimez ( mgl.) 183 limbut 169 luptă 22, 26, 210, 388
lăcrimos (dr„ mgl.) 183 limnar (ar„ mgl.) 202 lur (ir.) 216
lăngoari (mgl.) 17-4 limpede, limpezi(re) 117 !ură (ir.) 148
lăptară (ar.) 188, 217 limpide (ar.) 147 !uree (mg\.) 178
lăptucă 161, 372 limpidzirc (ar.) 147 lut 157
lăpuş (dr. reg„ ar.), lăpu(s) lin 186 luţeafir(e) (ar.) 148
(mg!.) 162 l'in (ar„ mg!.) 26, 131, 190
lăre (ir. l 190 li ndi nă 164
lărgi 311) lindire (ir.) 161 ma (ar.) 142
lăsa 22, 26, 117, 184 ling (mgl.) 176 mA.CirA (ir.) 198
lăsat(ă) 108, 113 linge 176 macru {dr„ ar.) 188
lăstun 239 lingoare (dr., ar.) 174 mai „maillct" 26, 202
lătra 199 lingură 134, 189 mai „mai" 216
lătură (dr„ ar.) 192 lingure (ir.) 189 măi (ir.) 216
lăuda 26, 185 linti (mgl„ <lr. reg.) 196 mai (ad·.1.) 81, 86, 109, 136,
lăudăciunc: (a. dr.) 185 lipi 210 142
lăuruscă, lăuruşcă (dr. reg.) lişor (ar.) 26 maică 239
24, 162 !'iţă (ar„ mg!.) 134, 190 maiu (ar.) 216
lăut (dr. pop .• reg.) 192 limbric (ar.) 165 mal 223· ·
-le (art. mase. sing.) 112 lină (dr„ ar.) 190 mal' (mgl.) 202
-Ic (art. fem. pi.) 112 liuced 32, 174 mal'u {ar.) 202
le (pron.) 111 !îndură (ar.) 125 mamă 82, 122, 136, 203,
leac 239 lindzit (ar.) 17-4 341
leadze (ar.) 209, 214 lingă HJ r.~ar (ar.) 26
leagăn (ar„ mgl.) 201 lingoare (a. dr.) 32, 171 mardziriă, mardzine (ar.)
kage (a. dr.) 136 lobodă. 239 181
!Pasa 239 luc 78, 156 marc (subst.) 107, 158
leau (mg!.) 207 logodi, logodnă 240 mâre (ir.) 158
l'eau (ar.) 207 19nf1 (mg!.) 190 mare (adj.) 93, 154
leg ( mgl.) 184 lopată 239 măre (ir.) 154
leg (ar„ mg!.) 198 lor 111 margine 26, 181
lega 198 Ii.it (mg!.) 188 mariţirc (ar.) 32
lc:gă (ir.) 198 lotru 377 marmore: (ar.) 157
lcgămintu (ar.) 209 10·1i 240 marmură, marmoră 26, 157
lcgămîn t 209 lua 89, 207 marmure (ar„ a. dr„ dr. reg.)
legăna 204 luceafăr 148 157
legătură 26, 145, 198 luci (dr.) 147
marş 32-4
lege 21, 22, 26, 136 209, 214 lucoare (a. dr.) 147, 149 martor 209
legumă 196 lucra 93, 102
martur (a. dr„ dr. reg., ar.)
lehamite 227 lucru 29, 32, 34
209, 231
lehăi 223, 227' l'uftă (ar.) 210
lui 111 marţ (ar„ mg!.. dr. reg.) 216
lemn 159
lujer 227 marţă (ar.) 216
l~mn(a) (ir.) 159 marţ(i) (a. dr.) 26, 216
lume 147
lemnar 202 luminare (ar.) 147 marţi 26, 81, 123, 136, 216
lemnu (ar.) 159 lumină, lumina(re) 147 marţu (ar.) 26, 216
marzini (mgl.) 181
lene 239 luminos 147
masă 93, 121, 193, 260
lepăda 227 luminare 103, 147 mascur (ar„ mgl., a. dr., dr.
l'epre (ar.) 167 lunatec 148 reg.) 26, 108, 134, 199
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Index 581
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H. Mihăescu
582
mumm (ar.: pi.) 203 nare (ar., dr. reg.) 169
moare (llr. reg., ar.) 188 nari (mg!.) 169
moarte 26, 79, 107, 172 mumini (a. dr.: pi.) 203
mun~Qti (mg!.; pi.) 203 nas 169
moarti (mg!., dr. reg.) 172 nâs (ir.) 169
muncă 2'10
mna.~ă 223, 228 nasc (mg!.) 172
modru 227 muncel 81, 156, 389
munci 93, 2'10 nascu (ar.) 172
mo(i)ni (mg!.) 153 nastur (ar., <lr. reg.) 191
molid 223 munci (ir.) 15'1
mnn<lă (ar.) l'IS nasture 191
moliP 30, 239 naş 3'12
moliftă 2i0
munt (ir.) L'i4
munte (dr., ar., ir.) 1.56 naşte 172
molotrn 239 11âşte (ir.) 172
mol'u (ar.) 155 munti (mg!.. dr. reg.) 1.56
muntos !'1.5 nat (ar., dr. reg.) 172
mr,rnă (mg!.) 170
muntur (mg!.) 175 nă (ar.) 137
m?nic[L (mg!.) 191 nădejdP 239
mor (verbe; ar., mg!.) 172 mnnună 227
mur (ar.) 92, 193, 217 nădragi 239
mor (subst.; ar.) 205
mur 162 11r1<luh 239
mc•rCO"I 239
mur (a. dr„ dr. rcg.) 162 nămaie (a. dr„ dr. reg.) 199,
mor~ (ir.) 198
mură 162, 199, 223, 371 217
mornian 227 n:.rnal' (mg!.) 199, 217
morniint 21.5 murg 223
muri 113, 172 nămal'e (ar.) 217
mor(oi) 2i0 nf1mal'u (ar.) 199
mort (rlr .. ar., mg!.) 172 murmindu, murmintu
(ar.) 21.5 nămdi (ril.) 239
mort?°Lciune (dr.) 172 nănaş 3-42
mnrtăcină, morticină (a. dr.) murmint (mg!.) 215
murmint (a. dr.) 21.5 năpastă 2'10
172 n;ipircă 223
mursă, morsă, mulsă, mol să
morte (ir.) 172 năpoi (ar.) 142
mortu (ar.) 172 (dr. reg.) IX9
murseca (dr. rt-g.) 12.'i, H.5, 11ăra·1 239
most (mg!.) 189 născut 8.5, 384
mostru (ar.) 26 167
• mursic, mursicare (ar.) H.5, nătini;: 239
moş 22."\, 228
167 nău (ar.) 1.53
mpartu (;1r.) 154
murtăţuni (mg!.) 172 năuc 239
(m)pli11 (ar.) l.'H năundru (ar.) 1'12
mprcu11;\ (ar.) 142 murtnţină (ar.) 172
murză 223 năor, năur, nuor (ar.) 151
mreajă 2:40
muscă 16'1 năun·ază (mg!.) 1.51
mreană .'\70
must 26, 1S9, 369 nă·nili 2'10
lllllC 26, 17i
must(e)ală 169. 2] I 11ă·1od 2-fO
mm·Pll li.i, ISl
mustra 12.5, 185 11ăzdră·1.•11 2.'W
much(i)l' (dr.) llH 11calic (ar.) 206
JllllCi (pi.) 174
mustu (ar.) 189, 369
muşat (mgl., rlr. reg.) 181 11câl<lz[1sc11 (ar.) 149
mucl'ă (mgl.) 181
mu!;'ăt (ir.) ISI nd'in (ar.) 213
mucl'1· (ar.) 181 ncl'inăciune (ar.) 1'15, 2-JJ
muc„arl' (ar., dr. reg.) 17-f muşchi (ctr., mg!.) 26, 168
muşchi„~ (dr. rcg.) 168 ncurun (ar.) 215
lll 'll"O' J7 'f
muşd'os (ar.) 168 ndăturedzu (ar.) 207
mudzescn (ar ) 199 ndes (ar.) 1.5'1, 155
mug (ar.) 199 muşcl'u (ar.) 168
muşcat (ar.) 181 ndreg (ar.) 208
mugi 199 ndulţes (mg!.) 179
mugure 223 mut 17.5
mut (ar„ mg!.) 206 ndzernu (ar.) 188
muia 155, 389 ndzinucl'edzu (ar.) 170
muiare (a. dr„ d. reg.) 203 muta (dr.) 206 ne (pron.; rlr., ar.) 82, 111, 137
muiere 82, 122, 173, 203
n~ (ir.) 1.51
mul (ar., dr. reg.) 31, 371
11 (ar.) 143 nea 78, 107, 151
mul'ari (mg!.) 173 neadză-dzuuă (ar.) 153
na 223
mul'~re (ar.) 173
nagară 227 Jieadză-noapte (ar.) 153
mul'er~ (ir.) 173
naiba 227 Jicare, Jiere (ar.) 20 l
mulg (mg!.) 200 naie (a. dr., dr. reg., ar.) 217 neaţă (ar.) 174
mulge 200 nalbastru (ar.) 180 neauă. (ar.) mg!.) 151
mulgu (ar.) 200
nalbă 125, 161, 390 nec (ar., mgl.) 172
mult 15'1 nalţ ( mgl.) 152 neca (a. dr„ dr. reg.) 172
multu (ar.) 154 nan 223, 228 necaz 239
mul'u (ar.) 180 nană 223, 228 neg 174
mulzare (dr. reg.) 120, 125 nap 196 negară 227
mumă (ar„ mg!„ a. dr., dr. nâp (ir.) 196 neghină 161
reg.) 203 nară 169 negoţ 207
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Index 583
negreaţă 180
negru 180 noa;. noăr, noara (a. dr., dr. :mmi (subst.; dr. reg„ mgl.)
reg.) 151 185
negură, neguros 150
negustor 207 noatin (ar .. mg!., a. dr., dr. numir (mg!.) 170
reg.) 200 numtă (ar .. dr. reg.) 204
neguţa (a. dr .• dr. reg.) 207
neguţător, neguţitor (a. dr., noatină (a. dr., dr. reg.) 200 nun 26, 21.î, 388
noauă (ar., a. dr.) 139 nuntă 122, 125, 1J6, 204
dr. reg.) 145, 207
nod (subst.) 21, 26, 191 nunţi (pi.) 122. 125, 136
nel (ar.) 192
nod (verbe; ar.) 191 nunţ(i) (pi.; ir., dr. reg.) 204
nel (ar., mg!.. dr. reg.) 145, nuoreadză (ar.) 151
200 noda (a. dr., dr. reg.) 191
noi 82, 111, 137 nuptare (ar.) 147
nepot, nepoată 108, 203 noian 223 nuroră (a. dr .. dr. reg.) 203
nercu (ar.) 203 nolguc (ar.) 156 11us. nusă, nuşi, nuse (a. dr.)
i1ercur (mgl.) 216 nopte (ir.) 153 138
tiercuri (ar .. dr. reg.) 216 nor 151 nutreţ 187
li ergu (ar.) 178 n·1escu (ar.) 191
nor (a. dr., ar., mg!.) 203
nerlă, nărlă (ar., mgl.) 166 noră 203 nvi pi redzu (ar.) 165
nerod 239 norod 239
neru (a. dr., dr. reg.) 180 noru (ar.) 203
nevastă 239 oacăr 223
nostru, noastrit, noştri, noas- oaie 200
nevăstuică 239
tre 111
nc"roie 210 oală 189
(n)farmăc (ar.) 212 not (ar.) 217 oameni (pi.) 112, 136
nfaşu (ar.) 191- nota, nuta (a. dr., dr. reg.) 26, oară (a. dr„ dr. reg„ ar.) 2 I,
nflurescu (ar.) 140, 160 178, 217 26, 78, 107, 216
nfrundzăscu (ar.) 160 nou 25, 153 oare 143
ngl'eţu (ar.) 151 nouă 83, 110, 111, 137, 139 oarecare, oarece 138
ngraşu (ar.) 181 nouăsprezece 83, 110 oarecine, oricine 138
(n)hig- (ar.) 211 nouăzeci 110 oarecînd, oricînd 138
li.ic (ar .. dr. reg.) 138, 154 nour, noura (dr. reg.) 151 oarlă11 (ar.) 26, 217
nicari (mgl.) 172 nprumut (ar.) 207 oaspe 136, 205
nicăieri 115, 142 nsimncdzu (ar.) 181 oaspet (dr. reg.) 205
ni.:ăiuri (a. dr., dr. re15.) 142 nsirinare (ar.) 147 oaspete 205
nici 143 (n)sînedzu (ar.) 174, 217 oaste 26, 210
niciodată 115 nsor (ar.) 204 obicei 239
nici un 112, 138 nsurinedzu, nsurin, obidă 210
nici una 138 nsurinare, nsurinat (ar.) 148 obloji 239
nicovală 239 ntînu, ntîne (ar.) 139 obosi 210
i1icşuredzu (ar.) 154 ntră (ar.) 113 obraz 239
nicură (mgl.) 154, 217 ntreb (ar.) 185 obşt(i)e 239
li.icuredzu (ar.) 154 ntric (ar.) 217 ochi 169
nigureadză (ar.) 150 ntuneric (ar.) 147 ocină. 239
niguros (ar.) 150 ntunicare, ntuniricare (ar.) 147 ocl'u (ar., ir.) 169
nigreaţă (mgl.) 180 nţep (ar.) 184 odăjdii 240
nil'or (ar.) 200 (n)ţernu (ar.) 188 odihni 240
nime(ni) 138 nţertu (ar.) 185 ogar 239
nimeri 240 nţileg (ar.) 182 oglindi 240
nimic(a) 86, 112, 138 nu 107 ogor 240
ninel (mgl.) 192 nuăr, nuor, nuăra ogradă 239
ningă, ningă, nincă (ar.) H3 nuora (a. dr., d;. reg.) 151 oiariu (a. dr.) 200
ninge 151 nuc 197 oib (dr. reg.) 178
nintră (ar.) 143 nucă 79, 107, 197 oie (ir.) 200
ni pot, ni poată (ar., mgl.) 203 nucet 197 oier 200
niscai, niscare 138 n(u)carcă (ar) 32, 37, 203, 217 oină (a. dr., dr. reg.) 200
niscîntu (ar.) 138 nuib (mgl.) 178 olar 202
nisip 239 numai 142 olţ (ir) 189
nişte 86, 138 numal'u (ar.) 199 c,Itar (a. dr.) 213
niţi un(ă), niţe un(ă) (ar.) 138 număr 26, 185 om 81, 107, 112, 122, 136
niureadză (ar.) 151 nume 136, 185 omăt 151, 239
nînte (ar.) 142 numer (ar.) 185 omeag 239
nîs, nîsă, nîşi, nîse (ar.) 138 numere (pi.; a. dr., dr. reg.) omidă 227
nli.cadic (ar.) 20 l 136, 185 omorî 240
noapte 78, 107, 134, 153, 212 opri 240
numere (pi.: dr.) 185 opt 83, 110, 139
noapti (mgl., dr. reg.) 153 numi (verbe) 185 optsprezece 83, 110
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H. MihăC'!'CU
584
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Index 585
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586 H. l\Iihăescu
precum 143 prindzăsrn (ar.) 187 puscă (ar., mgl.) 18!;1, 217
precupeţ 2-10 prîndzu (ar.) 187 puşche (dr. reg.), puşchea (dr.)
preftu (ar.) 214 prinz, prinzi 96, 187 17-4
pregăti JO prinziţi 326 puşcl'e, puşcl'edzu,
i:regeta 26, H5 proaspăt 231 puşcl'os (ar.) 17-4
pregiur (c.lr. reg.) proKu, prolfari (mgl.) 178 put~ (ir.) 18-4
prejur HJ pronu (ar.) H5, 17'1 putea 8-1, 113, HO, 184
prelinge lH, 158 propti 240 putere 29, 108, 110
prelung 152 pru:;t 239 putină 230
preot 26, 81, 99, 109, 136, prun, prună 197 putoare 9fi, 179
2H, 262 J•runc 227 putoari (mgl., dr reg.) 179
prn11<l 239 putred H5
preotea.~ă 43. 262
pucios, pucioasă 157, 179 putrid (ar., mgl.) H5
prepeliţă 239
pui 166 puţ 12, 20, 12, 26, 382
prep11ne (a. dr., dr. rcg.) H-1,
pu(i)l'u (ar.) 166 puţă 171
Jk2
puimo(i)ni(mgl.) 153 puţi 96, 179
prescură 3 79 pul' (mg).) 166 puţin 29, 115, 15-4
preste (a. <lr.) H3 pulă 26, I 71 puţin (ar.. dr. reg.) 15-4
presur[1 227 pulbere 26, 103, l 07, 157 puţi,in (mgl.) 151
pretuti n<leni H2 pulhirl· (ar.) 157 puţ9s (mgl.) 179
prl't 207 pulie ar (mg).) 170 pu·rni 239
preumbla (<Ir. reg.) 178 puim (mg).) 170
preut (a. dr., dr. reg.) 2 H pulmu (ar.) 170
pn.··1t (ir.) 2 H pulmună (ar.) 17 l rac 239
pri (ar.) IJ7, H3 pulpă, pulpos 170 n\ce (ir.) H9
priamnu (mgl.) 178 pul'u (ir.) 166 radză (dr. reg.) 118
pribeag 239 pnl·li re (ar.) 157 rage 199
priLepe 99, 182 pumăn (ir.) 170 rai 72, 2-10
priciuă 30 pumet (ar., mg).) H5, 197 ram 26, 160
pri-cunoaştirc (ar.) 114 pumn 119, 170 ramurl'I. ramuri 160
pricur, pricurat (mgl.) 158 pun (ar., mgl.) 178 ran[1 132, 239
pridăciunc (ar.) 211 pune 141, 178 rane (mgl.) 171
prier (a. <lr., <lr. pop.) 26, 216 pung (mgl.) 21 l rapă (mg!.) 156
prieten 30, 239 pungă 92, 207, 278 rapăn 232
prigiur (ar.) 1X5 punoi (dr. reg.) 17-4 rapiţă 239
pri(i)mnu (ar.) 178 punte 206 rapnră (dr. reg.) 2J2
prijur (mgl.) 185 punti (mgl., dr. reg.) 206 rar 26, 155
prii' (mg!.) 216 pup (ar.) 217 rAriţă 2-10
prilingu (ar.) 158 pupa 20.'i raţă 223
pri lungu (ar.) 152 pupă (ar.) 26, 217 rAţ<' (ir.) H9
prima·1era (ir.) 153 pupăză 223 raţi (mgl.) li9
primă·1ară 26, 153 pup\! (ir.) 170 rază 26, 118
prim[l"leară (ar., mgl.) 153 purcar (a. dr .. dr. reg .. ar., razem 227
primbla lH, 178 mg!.) 199 răbda 227
primejdie 2-10 răchită 239
purcăreadză (ar.) 199
primeni 2-10 răcoare H9
purcăreaţă (ar .• dr. rcg.) 199
primi 2-10 rădăcină 117, 125, 160
prin H3 purcea 199
rămine H1
purcede (dr. pop.) 206
prind (mg!.) 19'1 răilos (mgl.) 17-4
prinde lH, 17X purcel H5, 199
r(ă)pa (ir.) 156
pure (ir.) 178
prindu (ar.) 178 răpăosa (a. dr.) 172
prinos 103 purec (ir.) 16-4
răpes ( mgl.) 2 l l
printre 38, H.> puric (ar., mgl.) 16-4
răpi 26, 211
printru (ar.) H.> purice 95, 16-4
ra pQS (mg).) 172
priot, priut (dr. rcg.) 21'1 puroi H5, 171
răposa 172
pripun (ar.) 182 puroÎl (c.lr. rcg.) 17-4
răpune 11-4, 172
purpură 230
prisacă HO rarunchi (pi.; a. dr., dr. rcg.)
prispă 239
purta HO
135, 171
purţeauă (ar., mgl.) 199
priste (ar.) lfl răsări MS
purţel (ar.) 1-15, 199
prisupră (ar.) 1'13
răspunde 185
priveghea 7, 32, 33, 99, 166 purţină (ar.) H5, 199
purţQl ( mgl.) 199 răstimp 240
privi 2-10
privideare (ar.) Hi purumbu (ar.) 166 răsufla 144, 177
privighetoare 166 pururea 223 răsuna lH
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Index 587
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588 H. Mihăescu
scindură 193, 389 semn 20, 26, lSl Sintoader (dr. reg.) 215
scînteal'e (ar.) 147, 194 semna (a dr„ dr. reg.) 181 sin(tu), simtu (ar.) 215
scînteie 26, ii7, 19-i semnu (ar.) 181 Sinziene (dr. reg.) lJu, 2 15
sciruă 239 senin, seninătate 117 sl~ic, sKică, sKicură (ar.) 195
scoace (dr. reg.) 188 s~ra (ir.) 216 sliin, sliinos (ar., dr. reg.) 162
scoare (dr. reg.) 202, 3tiS serba 215 sliinare (ar„ dr. reg., 171
scoarţă 22, 32, 37, 121, 12.'i, sete 96 107, 176 slobod 30, 240
160, 258 sete (ir.) 176 slovă 240
scoate 198 S~\l 188 slujbă 72, 103
scofeli 227 sraJă 210 smead 239
scol (ar., mgl.) 178 ~fat 30, 210 smicura (dr. reg.) 154
SCQndură (mgl.) 193 sft·dă 239 sminti 240
scorbură 13i sfl'rt 2-iO smirdar 227
(s)coroambă (dr. reg.) 166 sfetnic 2-iO smirnă 240
scot (ar„ mgl.) 198 sfint 100, 240 smin tină 22 5
scotoci 227 sfirnuţel (ar.) 171 smoală 239
scradă 220, 22.2. sfoară 239 smulge lH
screme 176 ~fredel 30 smu(n)ci 240
scrie 113, 117. 205 sfuldzir:'L 151 snop 240
scriir (ar.) 205 sfulgu (ar.) 151, 217 soacră 203
scris 107 sfulgură (ar.) 151 soagc (dr. rcg.) 188
scriu (ar.) 205 si (ar.) 137, H3 soară (ar„ mgl.) 170
scroafă 199 siămn ( mgl.) 181 soare 107, 112, 118
scrum 223 sicară (ar„ mgl.) 195 soari (mgl., dr. reg.) 118
scruntar 227 sicriu 30 soartă 26, 29, 212
scuipa 177 sicuri ( mgl.) 202 soarte (a. dr„ dr. pop„ ar„
scuipi, schipi (dr. rcg.) 177 simini'itură (ar„ rngl.) 198 mgl.) 212
scula 178 siminţă (ar., mgl.) 198 soaţă (a. dr„ dr. reg„ ar.) 204
sculă (ir.) 178 simţi 84, 107, HD sobol 239
scult (mgl.) 179 simţit 85, 1 li soc 26, 117, 125, 162, 348
scump 93 sin (ar„ mgl.) 171 socără (ar.) 203
scundu (mgl.) 18'1 sine 137 socoteală 30
scup (mg!.) 177 singur 93, 154 socr~ (ir.) 203
scure (a. dr„ dr. reg.) 158 sint ( mgl.) 183 socru 136, 203
scurge, scursură 158 sintu, simtu (ar.) 183, 215 socur (ar.) 203
scurt 26, 12, 93, 152, 261 siptămină (ar.) 2 16 soi 227
scurta 152 sir (ir.) 171 somn 177
scurtu, scurte<lzu (ar.) 152 sirin (ar„ mgl.) HS somnu (ar„ ir.) 177
scut 26, 104, 210 sită 239 s9mt (mgl.) 215
scutura 198 simbătă 99, 123, 216, 231, s9n(<l)zi, SQnzir (mgl.) 168
scuţ9tă (mgl.) 202 348 sor (a. dr„ ar„ mgl., ir.) 203
SC 137 simbuc (ar.) 162 soră 81, 109, 122, 136, 203
seac (mg!.) 150 simbure 223 sorbi 176
sea111in (ar„ mgl.) 198 Sîmlietru, Sumlfotru (ar„ dr. sorbu (ar.) 176
seară 78, 79, 107, 216 reg.)215 sorc (ir.) 148
s(e)arl>ăd 180 Simpetru (a. dr„ dr. pop.) 100, soroc 240
seate (ar„ a. dr.) 176 215 soţ 26, 122, 204
seati (mgl„ a. dr. reg.) 176 sin-, sîm-, su(m)- 100, 170, soţie 204
seaţări, seaţiri ( mgl.) 198 171, 174, 215, 217 soţu (ar.) 204
seaţere, seaţiră (ar.) 198 sîndze, sindzinedzu, sovîrf 239
sec 150 sîndzinos (ar.) 168 spaimă 183
sec (ar.; verbe ) 150 sînge 80, 168 spar ( mgl.) 183
seca 117, 150 Sîn-Gior(d)z, Sîm-Gior(d)z (dr. spas 190
secară 195 reg.) 215 spată 26, 78, 92, 97, 103, 104,
sccâr~ (ir.) 195 Sinmedru, Samedru (ar.) 215 128, 170, 190, 210, 344
secere, seceră (dr.) 198 Sărnetru (a. dr.) 215
secetă 150
spate (pl.) 92, 119, 170, 34.4
Sîmedru, Sumedru (ar„ dr. spăte (ir.) 170
secure !Oi, 202, 258 rcg.) 215 spaţ (dr „ ar.) 190
secur\) (ir.) 202
Sin(n)icoară, Sim(n)icoară (dr. spă(i)mînta (a. dr„ dr. reg.)
sem, seţi (a. dr.) Hl
reg.) 100, 215 183
semăna 26, 155, 198
sîn(t), sîm(t) (dr. reg.) 26, 215 spăla 96, 121, lH, 192
semănătură 198
Sîntă Mărie (dr. reg.) 215 spăreari (mgl.) 183
semirâ (ir.) 198 sînt, sintem, siuteţi 85, 111 spă.ria (dr. reg.) 183 .
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Index 589
spărţi (a. dr.) 154 stîmp5.1a (a. dr., dr. reg.) 183 stur (ar., a. dr., dr. reg.) 32.,
speria 183 ~tînă 225 35, 193, 231
spes (ar.) 26, 155, 217 stîndt 225, 239 sturdz(u) (dr. reg., ar.) 166
spic 195 stîng 26, 170, 318 sturrutedzu (ar.) 177
spica (a. dr., dr. reg.) 195 stîn 239 sturz 166
spin, spinos 162 stoarce 144, 200 su (dr., ar.) 143
spinare 24, 102, 145, 171 stog 240 sub 143, 170
spirlungu (ar.) 152 stomac 239 subsuoară 170
spir(u) (ir.) 162 s~9ng (mgl.) 170 subt 86, 143
spin 231 stop 324 subţia, subţire (dr.) 155
spînz 223 st rac hi nft 125 subţîre, supţîre (ar., dr. reg.)
spînzura 103 straie 223 155
splină 38, 171 strajă 240 subţori, subţQri (mgl.) 155
splirţ '(ir.) 171 strană 240 sudoare 107, 177
spoi 240 strat 26, 193 sudoari (mgl., dr. reg.) 177
spor 240 stră (ar.) 143 suferi 183
spre 14·3 străbun 44, 203 sufla 144, 177
sprem (ar.) 176 strădui 240 sufleca 191
sprijin 240 străgheaţ[t 225 suflet 177
sprinceană, sprînceană (dr.) 169 străin 205 sufuleca, suful(i)ca (dr. reg.)
s pri ndzeană (ar.) 169 străluci 147 191
sprună (ar.) 194, 217 strămulari (mgl.) 206
suflit (ar., mgl., dr. reg.) 177
spruză (mgl.) 194 strămurarc (dr. pop.) 206
suflu (ar., mgl.) 177
spulbda 157 std'tmut (ar.) 206
sufrăndzeană, sufrîndzeauă,
spulbir (ar.) 157 strămuta 144, 206
s(u)frînţeauă, s(u)frîmţeauă
spumă, spuma 158 strănepot 44
(ar.) 169
spumedzu (ar.) 158 strănuta 107, 177
străpunge 144, 211 sufrînţel (ar.) 174
spun (mgl.) 185
străpungu (ar.) 211 .sufruncea (a. dr., dr. reg.) 169
spune lH, 185, 261
streche l45 sug (ar., mgl.) 26, 176
spur (dr. reg.) 203
strecura 25, 144, 200 suge 174, 176
spurc (ir.) 185
strein ,stri(i)n (a. dr .• dr. reg.) suge! 174
spurean(că), spureaucă (dr. sughiţ 117, 177
205
reg.) 203 sughiţa 125, 177
streiru, strii(n)ru (a. dr.) 205
spuză 32, 35, 194, 368 sugl'iţ (mgl.) ,sugl'iţu (ar.) 177
strepede 223
sta 84, 117, 140, 178 sugl'iţu (ar.; verbe) 177
strica 25
stil (ir.) 178 imi 144, 178
stricor (ar.) 200
star('t 240 suil'edzu (ar.) 200, 217
strig (ar.) 166, 185
stat J2, 37 sul 26, 104, 190
striga 166, 185
stau (ar., mgl.) 178 sulă 202, 255, 288
strigă 125, 166
staul 199 sulţ (ir.) 202
strigoi 166
stavilă 240 sulf 379
strim(b)urare, strimburare (ar.
Stă.-1\lărie (mgl., dr. reg.) 215 206 sulfină 32, 379
Stă-l\lăria ar., dr. reg.) 215 strimtu, strimtură (ar.) 152 suliţă 30, 2-40
stămînă (ar., dr. pop. reg.) 216 string (mg!.) 198 sum, sun (ar.; prep.) 170
stărnut, strănut (ar.) 177 stringl'e (ar.) 217 suman 239
stţ (ir.') H8 · stringu (ar.) 198 sumete 191
stea 1'18. 281 strîmb 26, 181 sumsoară, sunsoară (ar.) 170
steag 240 strîmbu (ar.) 181, 206 sun (a. dr.) 205
steao (ar.) 148 strîmt 26, 107, 152 sun (ar.; verbe) 141
steauă (dr., ar., mgl.) l48 strîmtură (dr. reg.) 152 sun (mgl.) 205
stei 225 strînge 26, 198 suna, sunet 205
stejar 226 strop (ar.) 217 su oară (a. dr.) 170
stelniţă 239 strop, stropi 225 supăra 183
sterp 223 stropşi 226 supt 41, 93
sticlă 239 strugure 225 suptăsoară (mgl.) 170
stikescu (ar.) 177 supţir(e) (ir.) 155
strună 239
supune 144, 211
sting (mgl.) 194 stnmgft 223 sur bi (ir.) 176
stinge 194 stuf 162 surd 26, 175
stinte (ir.) 194 surdu (ar.) 175
stîlp 239 stup 201, 231
surin (ar., mgl.) 38, 148, 217
stîmînă (ar., dr. pop., re~.) stupă 26, 190, 230 surori (pl.) 109, 122, 136, 203
216 stupi (dr. reg.) 177 surpa 156
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H. Mihăcscu
surpu (ar.) 156 sterc 176 terţin, terţiu 1dr. reg.) 200
surupa (a. dr.) 156 Şterge 121, Hi, 261 ti (ar.) 137
surupari (mgl.) 156 ştern (mgl.) 193 tihnă 239
sus 86, IOi, li2 ştet (mr::I.) 18i timbă (mgl.) 169
susai 223 5ti 12.5, 182 timp 136, 153, 216
suspina Iii ;tiob 227 timpuriu li.5, 216
sută 30, 83, 110, 139, 2i0, ~tioi 227 tină 239
3i3 ~tiolbic 227 tind (mgl.) 152
suie (ir.) 176 ştir 239 tindă 26, 193, 277
~tiră 22.1 tinde (a. dr., dr. reg.) 152
şa 206 ştir1• 2.19 ti:1deică. tin<le(i)che,
şale 223 ~tirnnt 1111gl.) 1~3 tendeche (dr. reg.) 190
şao (ar., mgl.) 206 ~tin (ar., mgl.) 182 tindecJ'[1 (mgl.) 190
şapte 83, 110, 139 ştiutei 226 ti ndu (ar. ) 152
şapkka (al) 110 ~iucă 2i0 tine 111, 137
faptesp~l·zece 83, 110 ştiulete 227 tinir (ar., mgl.) 173
şaptezeci 83, 110 şubă 239 tipic 2-10
şar (ar.) 200, 217 şuiera 93, 13i, 205 tircr. tirfr (ir.) 173
şară (ar.) 26, 202. 217 şuir (ar., mgl.) 205 tilc 240
şarpe (dr., ar.) 107, 165 ş11p[1r (ar.) 183 timp 239
şArpe (ir.) 165 timplă 26, 169
şarpi (mgl., <lr. rcg.) 165 ta 82, ~8. 111 tînăr 173
şase 83, 110, 139 tal'nni (ir.) 19i tirclzin (ar.) 145, 216
şaselea (al) 110 tain 2-10 tirg 208, 2'10
şasesprczece 83, 110 taini'1 2i0 t iri 2'10
şasezeci 110 tal' (n11~1.) 198 tirziu 93, H5, 216
şaua (dr. art., ar.) 206 tal'A (ir.) 198 toamnă 153
şauă ( mgl.) 206 tal'u (ar.) 198 toarce Iii, 190
şchian, şchcau (a. dr.) 26, 73, tare 155 tocilă 239
208, 259 tArr (ir.) 155 tocmi 240
şchiop 26, 175 targă 232 toiag 239
şchiopa (a. dr., dr. reg.) 175 tatani (ar.; pi.) 203 tomna (ir.) 153
!;'chiopăta 175 tată 82, 93, 103, 122, 136, topi 240
şcl'eau (ar.) 208 203, 3i 1 topor 239
şclifnr (ar.) 379 taur 26, 199 torc (mgl.) 190
şcl'oapic (ar.) 175 ta·1ru (ar.) 199 tor cc (ir.) 190
şcl'op (ar„ mgl.) 175 ttln·a 107 torrn (ar.) 190
şcoală 81 ti'u"inne 135, 19i, 367 torn (mgl.) 206
şcurtu, şcurtedzu (ar.) 1.52 t~11'uni (mt::I.) 19i tomu (ar.) 206
şea (dr. reg.) 206 tăia 8i, 198 tort 190
şearpe (ar., a. dr.) 16.5 tălmaci 239 tr,rtu (ar.) 190
şeauă (ar.) 206 tămiie 2i0 tot, toată 26, 138
şed (ar.) 178 tăminji 227 trag (ar., mgl.) 178
şedea 178 tărăgăna 206 trage 178, 206
şerb 208, 258 Urt ură ( mgl.) 166 traistă 223
şerbi 208 tă.tine, tătîni (<lr. reg.) 136, 203 traic (ir.) 178
şerp(u) (ir.) 165 ti'1u,tăi,tale 111 tramă iar., mgl„ dr. reg.) 190
şes 32, 37, 1.56, 388 tăujer 227 tră (ar., mgl.) 143
şi (dr., ar.; conj.) li3 tăun(e) 16i trăgăna (dr. reg.) 90, 206, 389
şi-, -şi, -şi- (pron.) 82, 137 tă"tăli 227, 240 trăi 2"10
şic 82 tă·1ăsi 227 trăiera, triera, triira (dr. rtg.)
şipot 239 te 1\2, 88, 111, 137 19S
şl'op (ar., ir.) 175 teacă 210 trămite (a. <lr.) 206
şoarece 93, 167 tearfă 227 trăsar (ar.) 17S
Şoaric (ar.. mgl.. dr. reg.) 167 teamă 93, 99 trăsări (a. dr.. <lr. reg.) 178
rnd (mgl.) 178 teară 190 trăsni 239
şoim 30 tearfă 227 treabă 240
şopîrlă 223 teasc 125 tream(b)ur (ar.) 183
Şoric(iu) 227 tt?i 125, 163 treamur (mgl.) 183
şo·1ăi 272 teme 183 treaptă 193
şpur (<Ir. reg.) 203 temei 239 treaz 239, 240
şpurean(că) (dr. reg.) 203 tcmoare (a. dr.) 26, 183 tn·c (ar., rngl.) 17S
şteamătă 231 terpd 227 trece 103, 178
ştează 227 ter~in (dr. reg.) 200 trei 83, 107, 110, 139
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Index 59t
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592 H. Mihăcscu
\tom (mgl.) 173 vali (mg!., dr. reg.) 156 ve·1cri ţă 239
vorb (mg!.) 1Î5 var 30, 239 via (verbe; a. dr.) 172
vos (mg!., ir.) 168 vară 26, 153, 212 viaţă 172
uov (mg!.) 166 varză 188, 196 vidră 239
(u)o·r (ir.) 106 ·1as 189 vie (verbe; a. dr.) 171
ura 32, 33 vatăm (ar., mg!.) 209 vier (dr. reg.) 197, 199
urca 156 vatră 96, 223 ·Jierme, ·1iermănos 165
urcior 17-4, 189 ·1ă 82, 88, 111, 137 ·1iespe 16-4
urdă 223 ·1ă (dr.; ·rerbe) 178 ·.riezure 223
urdin (ar., mg!.) 178 ·1ăcărcadză (ar.) 199 vifor 239
urdina (a. dr., dr. reg.) 178 ·1;,l,-n,·aţ;I (dr., ar.) 199 ·:imtu (ar.) H9
urdzăscu, urdzitură (ar.) 190 ·1ăita 223 ·.rin (·1erbe; mg!.) 178
urdz9s urdzătură (mgl.) 190 ·d1ltur (mg!.) 166 ·Jin (suust.; dr„ mgl.) 189,
ureacl'ă ( mgJ.) 169 văpaie 223, 225 369
un:acl'e (a. dr., ar.) 169 văr 203 vinaţ 189
ureche 169 văratec 212 vină (ar., mg!.) 168
urecl'e, ur(cl'c (a. dr., ir.) 169 vărdzarc (dr. reg., ar.) 188 ·rină (mg!.) 197
mgie 183 ·d1rsa 2ti, 200 ·/j 11[1 239. 2-40
uryie (ar.) 183 ·1ărzarc 188 ·rj 11[1 t (III gl. ) 180
uri 32, 37, 181, 183 ·1i1ti1111a 209 ·1ince, ·1('11ce, vinge (a. dr.)
urit (dr., ar.) 181, 183 ·.ri1trai 223 211
urla 26, 167 ·.rătui (dr. reg.) 199 ·rinei (mgl.) 207
urlu (mg!.) 167 ·d1zut 85, I H ·findc Si, 117, 110, 207
urnă (ar.) 12 veac 2'10 ·1indeca Iii
urs 167 vear:I. (ar., mg!.) 153 ·1indic (ar.) 17-4
ursă (ar., mg!.) 167 ·1eanle (ar., a. dr.) 159, 180 ·Jindu (ar.) 207
ursiţă (ir.) 167 veardi (mgl., a. dr. reg.) 159, vineri S I, 123, 136, 216
ur~oaică, ursoaie 167 ISO viniri (ar.) 216
ursoallă (mg!.) 167 veardză (mg!., a. dr„ dr. reg.) viniri (mgl.) 216
ursoane (ar.) 16 7 196 vino·.rat 239, 2'10
ursu (ar.) 167 veardza (ar.; pi.) 196 ·fint (rngl., ir.) 1-49
urzi, urzitură 190 ·1e(a)rdze (a. dr.; pi.) 196 ·Jintre (a. dr., dr. reg.) 171
urzică 117, 125 veare (ar.) 192 ·.rintu (ar.) 1-49
usc (mg!., dr. reg.) 150 ve(a)rze (a. dr.: pi.) 196 vioară (dr.; adj.) 158
usca 150 vea.spă. ·1easpe (dr. reg.) 164 •liorea 161
USl·â (ir.) 150 ·1eaştid (ar.) 159 viperă 165
11si11dză (ar.) 26, 18S vecernie 2i0 ·ripie 22.5
uspăţ (a. dr„ dr. rl:g.) 205 vechi H.5, 15>, 173, 259 vipt (a. dr., ir.) 187
uspet (mg!.) 205 Vt·cin 26, 205, 208 vir (ir.) 189
uspctu, uspitcdzu (ar.) 205 ·1ecl'u (ar„ mgl.) 115, 153, 173 ·Jirdzare (ar.) 188
ustura 121, 196 vcd (ar„ mg!.) 179 virer (ir.) 216
usturoi 196 vedt (ir.) lî9 ·rirgat (mgl.) 180
usuc (ar.) 150 vedea 29, ·s-4, 117, HO, lî9 vis, visa 177
uşă (dr., mg!.) 193 veghe 296 viscol 227
ll~e (ar., ir., dr. reg.) 193 vq;hea 7, 296 vis(t)mint (mg!.) 191
u~or 26, 155, Hl3 veni 26, 8-4, 117, 178 vişină 333
utre (ar.) 189, 217 vrnin 26 vită 199
utrenie 2'10 ver (ar., mgl.) 203 vitreg 2-4, 26, 203
utur (ar.) 189 vera (ir.) 153 vitul'u (ar., mg!.),
uţid (ar., mg!.) 172 verde 20, 26, 107, 159, 180 vitul'ear (ar.) 199
u1,.1ă, u·1ă (mg!.) 197 Vfrde (ir., dr. reg.) 150 viţă 120, 197, 258, 307, 392
uferu (ir.) 199 venim (ar.) 196 ·.riţel 95, 199
vergură (a. dr., dr. reg.) 26, vi ţin, ·1iţinătate (ar.) 205
145 ·riu (dr.; adj.) 172
va 178 verigă 239 viu (dr.; verbe) 1-40
·iacă 199 versu (ar.) 200 vilcea 156
·rad 158 v~rze, v~rz~ (ir.) 196 viitoare 158
vadră 239 'leSCU (ar.) 161 vibă 2-40
·1ai (ar., mg!.) 178 ·ieste 2-40 vina 201
vâkf (ir.) 199 ves( t)mint 191 vină 168
·1ale 156 veşted 2-4, 28, 1-45, 159 vinăt 180
·1âle (ir.) 156 ve!Ştimintu (ar.) 1-45, 191 vînătate (ar.) 217
·.raleu 225 veş(t)mînt 1-45, 191 vinător, vinătoare (dr.) 145
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Index 593
SARDE
abh1 (log.) 189 aradu, aradura, arare (log.) 198 bazare (log.) 205
abbare (log.) 2GO arku (log.) 210 bendere (log.) 207
abrile (log.) 216 arma, armare (log.) 210 bennere (log.) 178
acea 318 armissariu (sarde dial.) 26, 27 benneru (log.) 203
adzudare (log.) 205 armu (log. ) 170 bentre (log.) 171
aera (log.) 26, 27, 28 arrigu (campid.) 171 benuju (log.) 170
aJfumare (log.) 194 arruga ( campid.) 206 berre (log.) 199
agru (log.) 179 asa (log.) 26, 194 bessire (log.) 178
agrustu (log.) 26, 162 askultare (log.) 179 bestire, bestimenta (log.) 191
agu (log.) 191 assundza (log.) 26, 188 bidere (log.) 179
ai nu (log.) 199 atta 318 bidore (log.) 176
ajungere (log.) 178 austu (log.) 216 bidrigu (log.) 26, 203
akkayonare (log.) 184 azu (log.) 196 biere (log.) 172
alenare (log.) 186 biere (log.) 176
allargarese (log.) 178 baa (log.) 177 biginu (log.) 205
allentare (log.) 186, 204 bae, badzi (imp.; log.) 178 binatta (log.) 189
al·Tu (log.) 180 bakka (log.) 199 bi ndza (log.) 197
amma.jare (k,g. i 212 barba (log.) lb9 bi nkere (log.) 211
arnnu„o:ardzu (log.) 199 (b)arvege (log. 1 200 binu (log.) 189
anr.6dinu (log.) 200 battiai (campid.) 21'1 birde (log.) 180
annu (log., 216 Mttoro (log.) 135 birdiu ( campid.) 203
approbiare (log.) 178 batture (log.) 206 biu (log.) 172
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594 H. Mihăcscu
bizare (log.) 177 forfige, forfigare (log.) 191 kabidalc (log.) 193
bizu (campid.) 177 forricare (a. log.) 38 kabidare (lng.) 205
boe (log.) 199 fraigare (log.) 202 kabiyu 298
boge (log.) 185 frangere 168 kaboni (campid.) 24, 26
b61Jiri ( campid.) 184 frau (log.) 202 kabu (log.) 169
bonu (log.) 186 frea (Jug.) 17-4 ka«;ii;lu (log.) 199
brakile (a. log.) 191 frl'ardrn (log. l 216 karlcna (log.) 171
bukka (log.) 169 friere (log.) 18S ka<iinu (J<.g.) 11\9
bula 169 fri us (cam pi el.) 17-4 kaclzu (log.) 200
uusika (log.) 26, 171 fromentu (campid.) 188 kagarc (lng.) 176
fronesta (log.) 193 kalamu (l<,g.) 26
ferezia ( campicl.) 197 fruttu (log.) 2H kalige (log.) 28
ciziri (campid.) 196 iua, fuire (log.) 178 kampu (log.) 198
fumu, fumare (log.) 194 kane (log.) 199
<lare (log.) 207 furare (log.) 209 kantare (lr •.g.) 205
dan11u (lot:.) 209 furka ( log„ ra1i;pid.) 198 kantaru 21S
demanarc 190 furru (Jng.) 10-4, 202 karkandzu (log.) 170
dente (log.) 169 funmku llog.) 174 (k)armcnare (log.) 190
deponnere (log-.) 17 8 fuste ( H~-) 210 karrare (log.) 206
derettu (log.) l'O futtire (log.) 176 karrc (log.) 168
<!idale (lng.) 191 furn (log.) 190 karrn (log.) 26, 206
diJu (log.) 170 karta (log.) 20.'i
doa (log.) 1S9 ~ae (log.) 19.> ka.~kare (log.) 177
dnlare ( lo.r.:. ) 19 .> gen te (log.) 208 kastiai ( campid.) 207
clolu, clolorl', dolere (log.) 1S3 gogu, gogare (log.) 205 ka.zi «;ii;Iu ( campid.) 28
<lomestia (a. sanie) 199 grastu (campi<I.) 26 kazu (log. ) 200
<lominiga (log.) 216 grugurgu 17 1 kelu (log.) 80, l<H
domnu, domna (a. log.) 208 ;'.!uf (t'n;.:acl.) 206 kena (log.) SO, 187
dormire (log.) 177 guramc·ntu (lng.) 1S5 kenare (log.) 187
dossu (log.) 171 ken tu (log.) 28, /iO
dugerc (a. log. l 206 ilifi (campid.) 2S kl'ra (log.) 10-1, 201
dnlke (log.) 179 imbenuyar'c~ (log.) 170 kl'rrl're (log.) I S4
duos (lug.) 104 i lll bi <l<>re (log. ) 184 kerrl're (log.) 188
dzudigarc (log.) 209 indulliri (campid.) 28 kertare 26, 18.'i
ingittsai (campicl.) 178 ki huc;lc;la (log.) 104
inimigu (log.) 28 kiclondza (log.) 197
ehba (log.) 199 i nsam henare (log.) 168 kill'.:u (log.) llH
t·du (log.) 200 i n~olare 192 kima (log.) 17-4
eska (log.) 19-4 intrare (log.) 178 kimbc 135
i settare (log.) l:Ovi kimige (log.) 26, 10-4
iskala (log.) 19.> kin~a (log.) 26, 191
fac]u (log.) 2S iskan<l11la ( su.rde .Jial.) 193 kingcre (log.) 191
fae (log.) 196 iskannu (log.) 193 kirkare (log.) 18-4
fâgere (kg.) 184 iskire (Jr,g.) IS2 kirku (log.) 181
falke (log.) 169 iskriere (log.) 20.'i klauder (a. log.) 193
famine (log.) 176 iski1dcre (log.) 19S kodza (log.) 171
farina, farinosu (log.) 188 isknclu (log.) 10-1, 210 k6gere (log.) 188
faska, faskare (log.) 191 i!>kultu (log.) 192 kolostru (log.) 200
fattu (log.) 184 ispada (log.) 190, 210 komin<liare (a. campid) 2 J."j
fattura (log.) 10-4, 168 i ~piga (log.) 195 komporare (log.) 207
fedu, feclare (log.) 17 3 ispina (log.) 171 kondzu (log.) 193
fele (log.) 171 konnadu (log.) 26, 203
fenu (log.) 195 ispodzare (log.) 211
konnoskcrl' (log.) 182
formentardzu (log.) 188 i spyenc (log.) 171 kor<la (log.) 205
ficlzu, fidza, fidzastru, issulos (log.) 10-4, 190 korona (log.) 21.'i
fi<lzastra (log.) 203 istare (log.) 178 korria (log.) 191
figau (campicl.) 171 korrudu (log.) 26, 167
figu (log.) 197 isterrere (log.) 193
korte (a. log.) 208
filn (log.) 190 istringere (log.) 198 kortige 28
fiokku (log.) 190 i stroki re (log.) 200 kosa 170
fire (a. log.) 172
istuppa (log.) 190 kosta (log.) 171
flamma (log.) 19-4
foi;l<Je (log.) 202 istm-ridare (log.) 177 kozire (log.) 191
fogu (log.) 194 izgarrigare (log.) 206 kraba (10g.) 200
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Index 595
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596 H. Mihăescu
sero (log.) 216 tardiu (log.) 216 trunku (log.) 28, 160
serra (log.) 202 tazare (log.) 198 truvare (log.) 183
senare (log.) 215 tela (log.) 190 tumba (leg.) 215
sen'ire (log.) 208 tenda (log.) 193 tundere (log.) 200
seu (log.) 188 tennere (log.) 178 tusire (log.) 174
sidis (log.) 176 tenneru (log.) 17.3 tussi (ean1pid.) 174
sinnu (log.) 26, 181 te(r)ga (log.) 210
sinu (log.) 171 tessere (log.) 190 ua \log.) 197
soga. (log.) 28 tidonga ( campid.) 197 ummaru (sarcle dial.) 170
sogru (log.) 203 timorc (log.) 183 unga (log.) 170
soia (log.) 28 tina (log.) 28 ungere (log.) SO, 200
sonare (log.) 205 titta (log.) 171 untura \log.) 26
sonnu (log.) 177 tittone (log.) 19-f uors ( engad.) 167
sonu {log.) 205 torkcre (log.) 190 urdi ( campid.) 189
s6rige (log.) 167 torrare (log.) 206 ursu (log.) 167
sorre (log.) 203 tortu (log.) 190 usettare (a. ]c,g.) 184
sortc (log.) 212 triere (log.) 178
suttsu (campid.) 2fi trama (log.) 190 vethiliga (a. log.) 214
spaminta (sarde dial.) 183 tremulare (log.) 18.3 ·1ida (log.) 199
spurra ( campid.) 203 tristu (log.) 183 ·1irtude (log.) 184
stiere (lug-.) 176 tri ulare (log.) 198
suffrire (log.) 183 yana (log.) 2 12
trota (log.) 28
sula \log.) 202 ytiige (log.) 209
suruyos (campiJ.) 190 tro·1odzu (1<„g.) 195 yurare (log.) 185
surJu (log.) 17 5 truma (log.) 200 yuu (log.) 206
SERBOCRO..\TE
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·· Index 597
SLOVENE
VIEl"X SLAVE
arbuz (rus.) 196 harbuz (pol.) 196 Korofon (rus.) 215-, 335, 351
houne (tcheq.) 366 Krafon (~lonque) 215, 334,
brzana (pol.) 370 hunja (ukr.) 366 351
bpolu, bi·10iu, byboiI (a. rus.) Kraeun, Kerecun,Krec:lun(ukr.
371 kamin (rus.) 363 dial.) 215
kamna ( tcheq.) 363 ki"if ( tcheq.) 336
car (ukr.) 257
cari {rus.) 257 kmoch, kmocha (tcheq.) 342 kryz (rus.) 336
km6tor ( slovaque) 342 krzyz (pol.) 336
cjat, cjata, cjatka (ukr.) 373
kmotr, kmotra, kmocha, kupa (tcheq.) 365
ceta, cdka (tcheq.) 373
km6s, kmoszka (pol.) 342 kurastra ( ukr. dial.) 369
c-:tka (a. pol.) 373
kmotr, kmotra, kmoch,
~stcc (a. tcheq.) 332
cuma (rus.) 37-4 kmoska (tcheq.) 342.
luna (pol.) 352, 353
foma, dfoma (ukr.) 374 kmotr, kmotra ( haut-sorabe) luna (rus. dial.) 352, 353
342 luna ( tcheq.) 352
d!uma (pol.) 374 kmotru (a. rus.) 342 luna (ukr.) 352
kmotS, kmot5a (bas-sorabe)
lunatik (rus.) 355
garbuz ( ukr.) 196 342
grek (pol., rus„ ukr.) 375 komin (pol.) 363
gun( 11 \a (rus.) 366 komin (rus.) 363 mest (rus.) 369
gnnja (rus.) 366 komin (tcheq.) 363 mfenka (tchl:q.) 370.
gu nia (pol.) 366 korastva (slo·rnque) 369 nu-zanka, brzan(k)a (pol.) 370
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·IndelL ,''
599
mul (rus.) 371 rad unica (a. rus.) 358 ttesne ( tcheq.) 3 72
mul (haut-sorabe) 371 rusalka (rus.} 215 tr;ze5nja (pol.) 372
mul (ukr.) 371 rusalija (a. rus.) 215 turma (pol„ ukr.} 371
mul (pol.) 371
Rym (ukr.) 375
vlach (tcheq.) 127
o ltari (rus.) 213 voloch (rus„ ukr.) 127
smetana ( tcbeq.) 225
sobota (pol„ tcheq., slovaque, wloch, woloch (pol.) 127
palac (pol. ) 362
haut-sorabe) 348, 349
palâc ( tcbeq.) 362 zak (pol„ tcbeq.) 338
strzyga, strzygori ( pol„ slo-
papez (tcheq.) 338 zid (rus„ slovaque, ukr„ haut-
vaque) 360
plet (por) 316 sorabe) 375
subbota (rus.). subota (a. rus.) zidin, Udo-.rin (a. rus.) 375
plet' (a: · tcbeq.) 316 349 iyd (pol.) 375
polata (fVS·) 362 ~mietana (pol.) 225 zyd (bas-sorabe) 375
AUTRES LANGVES
.
bhn g6s (i.e.c.) 223
'
*gradlă (i.e.c.) 225
gune (Iith.) 366
*milus (thr. iii.) 223
µ6~ouA~ (thrace) 60.
.
*bhrta (i.e.c.) 225
binair ( i~l.) 28 *idhi ( i.e.c.) 225
pane·.rrek, benevrek (turc) 270
bual (gallois )26 pluts ( letton) 316
*burd- ( thraco-dace) 225
kalaind ( irl.) 34
karpuz (turc.) 196 raoksna (avestique) 353
dai na (I\th.) 225
kebe, kepe (turc) 272 ri borasta ( thraco-dace) 222
dava (thraco-dace) 68
*dhaina ( i.e.c.) 225 *korkă (i.e.c.) 225
*dhmbos (,i.e.c„) 225 *kărna (i.e.c.) 223 samar (turc) 279
*krm (i.e.c.) 225 skârdia (dace) 220, 222
*dză;na.,· *dzornă (dace) 222
kuka (turc) 226 sthană (a. ind.) 225
*elle, *e:Ua.i (thraco-dace) 226 *kuka (thraco-dace} 226 struwilo (gep.) 225
*eusma <:. "'euso (thraco-dace} k.rapas (lith.) 225
225 ' kvi;pia (Iiih.) 225 yel (turc) 22b
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LISTE D~ CARTES
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L'intention de l'auteur ~tait de pour-
suivre dans cet ouvrage le panorama
du latin epanoui dans le Sud-Est de
l'Europe, en passan t des donnees fo:unies
par Ies sources antiques(in"icription :, tex-
tes litteraires, <citineraria antiqua >) deja
1
LEI 1000
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