RP 51115 FR
RP 51115 FR
RP 51115 FR
janvier 2002
BRGMIRP-51115-FR
Régionalisation d'un modèle de ruissellement en zone agricole
Dubreuil N., King C., Lecomte V., Souchère V., Le Bissonnais Y. - Régionalisation
d'un modèle de ruissellement en zone agricole (STREAM). BRGM/RP-51115-FR,
150 p., 27 fig., 11 tabl., 2 ann.
0 BRGM, 2002, ce document ne peul être reproduit en t0ta.W ou en partie sans l'autorisation expresse du BRGM.
2 BRGM/RP-51115-FR
Rdgionalisation d‘un modèle de ruissellemeni en zone agricole
Synthèse
L‘étude ne pouvant être menée sur les 567 bassins versants de Haute-Normandie pour
des contraintes évidentes de temps, 40 bassins versants ont été sélectionnés en
concertation avec la DISE en s’appuyant sur les acquis déjà obtenus lors d’études
précédentes (Floodgen, Aléa érosion Haute-Normandie),
La première phase de l’étude permet de comparer les 40 bassins versants selon les
volumes susceptibles d’être ruisselés lors de cinq événements pluvieux types. Le rôle
prépondérant de la proportion de prairies au sein du bassin versant et de leur situation
par rapport aux zones d’accumulation du ruissellement a pu être démontré.
Dans une seconde phase, l’étude porte sur les effets probables de différents scénarios
d’évolution du paysage. En effet, depuis une vingtaine d’années on assiste à une
profonde mutation des paysages (disparition des prairies et des haies, augmentation de
la taille des parcelles cultivées). À ce constat s’ajoute une probable diminution de 20 %
de la STH due à la crise de la filière bovine. On simule les conséquences sur le
ruissellement que de telles modifications de l’occupation du sol pourraient avoir. Ainsi,
sur un bassin versant choisi en concertation avec la DISE, plusieurs scénarios
d’évolution de l’occupation du sol et de mises en place d’aménagements de lutte contre
le ruissellement ont été envisagés.
li apparaît que la destruction des prairies encore en place aurait des conséquences
catastrophiques, et qu’une généralisation de pratiques agricoles améliorantes associées à
la mise en herbe des zones de concentration du ruissellement permettrait de réduire
considérablement les volumes ruisselés lors d’événements hivernaux. Par contre, un
risque incompressible subsiste en cas d’événement catastrophique de type Villers-
Ecalles.
BRGM/RP-51115-FR 3
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Les résultats confortent la DISE sur les grandes lignes de la politique qu’elle souhaite
favoriser et apportent un support convaincant pour étayer les choix à faire à l’échelle
des syndicats de bassins versants.
L‘outil développé permet de reproduire les simulations sur tous les bassins versants de
Haute-Normandie.
Ce rapport reprend les résultats des trois phases du projet, Régionalisalion d’un modèle
de ruissellement en zone agricole, des rapports intermédiaires ont déjà été remis à la fin
de chaque phase de l’étude. On retrouve ici les informations et les figures principales
contenues dans ces rapports.
4
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Sommaire
.
1 Introduction............................................................................................................. 11
.
2 Choix des bassins versants sur lesquels va porter l’élude ................................... 13
.
3 Application du modèle STREAM sur un jeu de 40 bassins versants .................. 25
BRGM/RP-51115-FR 5
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en mne agricole
.
4 Simulations d’aménagements sur le bassin versant de Blacqueville .................. 47
4.6. Perspectives pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs ............................. 62
.
5 Conclusion ............................................................................................................... 63
. .
Bibliographie ............................................................................................................... 65
6
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
7
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
8
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
9
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
1. Introduction
ette étude est menée suite à une demande de la DJREN de Haute-Normandie qui
C souhaite disposer, à court terme et sur les territoires de la Seine-Maritime et du
Nord de l’Eure, d’un diagnostic sur :
- le potentiel ruisselant du territoire découpé en bassins versants de petite taille
(échelle de l’aménageur de l’ordre du millier d’hectares), pour des événements
pluvieux de fréquence d’ordre décennale ;
- l’optimisation de la localisation des aménagements à réaliser sur les bassins versants
les plus sensibles ;
- l’influence probable d’une diminution de la STH provoquée par la crise de la filière
bovine.
Dans une seconde phase, l’outil STREAM doit permettre de tester des scénarios
d’évolution de l’occupation du sol et d’aménagement des bassins versants. Ces tests
prospectifs sont m i s en œuvre sur un seul bassin versant de façon à envisager un plus
grand nombre de scénarios. La méthodologie doit pouvoir être reproduite par la suite.
BRGM/RP-51115-FR 11
RBgionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
L‘ensemble de la région avait été découpé en 567 bassins versants élémentaires pour
réaliser l’Atlas régional de l’aléa érosion, conduit en 2000 par le BRGM et l’INRA.
Donc les données de base existent sur les deux départements d’étude, le modèle
STREAM ne peut être appliqué sur l’ensemble de ces bassins pour des contraintes
évidentes de temps. Nous avons donc sélectionné d’une part un jeu de 25 bassins très
sensibles aux phénomènes de ruissellement (objectif opérationnel DISE). D’autre part
un jeu de 15 bassins représentatifs de la diversité régionale en terme de sensibilité au
ruissellement (objectif scientifique).
Pour réaliser cette sélection nous nous sommes appuyés sur les résultats du modèle Aléa
érosion Haute-Normandie établi par l’INRA qui permet d’analyser cette sensibilité.
La sélection des bassins versants sur lesquels va porter l’étude va se faire en plusieurs
phases, d‘abord un calcul de la sensibilité pixellaire, puis la détermination de règles
d’intégration par bassin versant, enfin on éliminera les bassins bénéficiant d’aménagement
de lutte c o n k le ruissellement.
Déjà rassemblées pour la réalisation de l’Atlas régional aléa érosion, les données
d’entrée sont homogènes sur l’ensemble de la région : il s’agit de l’occupation du sol
télédétectée, du MNT de I’IGN au pas de 50 m, et d’une synthèse des formations
superficielles faite à partir des 32 cartes géologiques couvrant la région. Leur réalisation
et leur nomenclature sont rappelés brièvement ici.
À partir de la base de données Conne Land Cover. l’occupation du sol est exprimée en
8 classes sur l’ensemble de la région :
BRGWRP-51115-FR 13
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Ces données Corine Land Cover ont été élaborées à partir d’images de la période 1985 à
1992. Or la région, sous la pression de la PAC, s’est modifiée. Une mise à jour est
nécessaire.
Deux classifications bi-date d’images SPOT et Landsat ont été réalisées lors d’une
étude précédente pour couvrir l’ensemble de la région :
- mosaïque d’images SPOT du 12 mars et des 17 et 26 septembre 1997 couvrant le
nord de la Haute-Normandie ;
- deux scènes Landsat Th4 du 22 janvier 1998 et du 22 novembre 1998 couvrant le sud
de la Haute-Normandie.
Les types d’occupation du sol sont regoupés en 5 classes principales suffisantes pour
notre thème d’étude du ruissellement :
Les classifications ont été utilisées pour faire une mise à jour de Corine Land Cover en
particulier sur la composante prairie, qui est un élément important dans les mécanismes
de ruissellement.
14
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
1. O . 1 %
2. 1 2 %
3. 2 5 %
4. 5 . 10 %
5. 10 - 15 %
6. 15 - 30 %
7. 30 - 75 %
8. > 15 %
O 1 ha
1 5,25 ha
> 5,25 ha
BRGM/RPdll15-FR 15
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agrkole
1. Très faible
2. Faible
3. Moyenne
4. Forte
5. Très forte
Le modèle Aléa érosion que l’on utilise comprend à la fois un calcul pixellaire de la
sensibilité et des règles d’intégration par bassin versant. La sélection se décompose en
deux étapes :
16
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en wne agricole
rGz=iqF1 1- 1-
l i
-0
-0
BRGM/RP-51115-FR 17
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en w n e agricole
2.2.1. Sélection des bassins versants à fort taux de pixels sensibles à très
sensibles à l’érosion
On entend par tamponnés, des bassins versants qui ont beaucoup de surface qui
normalement n’émettent pas de ruissellement et de plus pourraient absorber du
ruissellement amont.
Sur l’ensemble de la région, 140 bassins versants apparaissent, d’après ces critères, très
sensibles au ruissellement et à l’érosion.
18
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Par ailleurs, nous avons éliminé les bassins versants sur lesquels des aménagements de
lutte contre le ruissellement pouvaient avoir eu lieu et dont nous ne poumons pas
simuler le fonctionnement faute d’informations précises sur leur position et leurs
caractéristiques hydrauliques. Pour ce faire, nous avons utilisé l’inventaire réalisé par
I’ARHEN en 1998 (ARHEN,1998). Comme cet inventaire positionne l’aménagement
sur le centroïde de la commune et non à l’endroit précis où se trouve l’aménagement,
nous avons calculé un indice d’aménagement des bassins versants de la façon suivante :
Par exemple, l’indice d’aménagement d’un bassin versant est égal à 100 si une
commune avec 1 aménagement se trouve entièrement sur son temtoire ou si deux
communes avec 1 aménagement se trouvent pour moitié sur son temtoire. Nous avons
exclu les bassins versants dont l’indice d’aménagement excédait 50.
La DISE a choisi que l’étude soit effectuée sur les 24 bassins situés en Seine-Maritime
(no 33, 48, 89, 108, 122, 125, 128, 130, 146, 148, 152, 154, 155, 156, 175, 176, 203,
215,228, 241,249,264,288,321) et sur le bassin versant no 404 situé dans l’Eure. Les
numéros de bassins versan& sont les mêmes que ceux de l’atlas aléa érosion (fig. 3).
BRGM/RP-51115-FR 19
Régionalisation d'un modèle de ruissellement en zone agricole
Ainsi, la suite du travail pourra être menée à partir d'un lot de bassins versants rendant
compte de la diversité des comportements au sein de la région Haute-Normandie.
1
, BV peu ou pas aménagée
(73)
I I
20
Régionalisation d‘un modèle de ruissellemenf en zone agricole
Les bassins versants sélectionnés ont été redélimités pour STREAM de façon qu’ils
n’aient qu’un seul exutoire. Les 25 bassins versants choisis par la DISE ont une surface
moyenne de 1 694 ha avec un écart type de 737 ha. Le plus grand des bassins est le 156
avec 3 862 ha et le plus petit le 155 avec 807 ha. L‘ajout des 15 bassins versants
complémentaires ne modifie quasiment pas la taille moyenne des bassins versants
(1 682 ha).
Le taux de chaque classe d’occupation du sol est représenté sur la Figure 4 pour tous les
bassins versants.
Le taux moyen de terres arables est de 71 % (écart type de 9 %) sur le premier jeu de
25 bassins versants et de 65 % (écart type de 15 %) sur l’ensemble des 40 bassins. Il
varie de 88 % pour le bassin 176 à 27 % pour le bassin 277. La somme des surfaces en
prairies et en bois (zones de réinfiltration potentielle) représente en.moyenne 25 % des
bassins du premier jeu et 32 % de la totalité des bassins. Les bassins 48 et 148 sont les
moins tamponnés avec respectivement 10 et 11 % de bois et prairies. Le bassin 277 est
le plus protégé avec 73 % de bois et prairies.
22 BRGWRP-51115-FR
Régionalisation d'un modèle de ruissellement en zone agricole
1 .Terres arables .Villes E l Zones agricoles hétérogènes O Prairies et paturages Bois e l forêts O Zones Humides1
BRGM/RP-51115-FR 23
Régionalisafion d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Les taux de limons des plateaux et de colluvions couvrant chaque bassin versant sont
indiqués sur la figure 5 .
Les limons des plateaux couvrent en moyenne 74 % du premier jeu de bassins versants
et 60 % de l’ensemble des 40 bassins versanfi étudiés. Le bassin avec le plus fort taux
de recouvrement par les limons est le 148 avec 98 % de limons. Les bassins versants
277 et 190 sont les moins couverts par les limons, avec seulement 7 9%. Les bassins 135
et 136, situés dans le Pays de Bray, sont très largement couverts de sols développés sur
la craie. Les bassins 539 et 553, situés dans le sud de l’Eure, sont couverts à plus de
60 % par des coiiuvions. Les bassins versants cauchois, lorsqu’ils sont situés en rebord
de plateau, peuvent présenter une certaine diversité pédologique, tel que le bassin 125
avec 12 % de colluvions et 24 9% de d’argiie à silex ou de craies.
24
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Après un exposé sur le principe de ce modèle, nous présentons comment il a été adapté
pour être alimenté par des données régionales, issues de télédétection ou du MNT IGN.
Ensuite la validité de ce modèle est testée dans un cas réel d’événement catastrophique
dimensionné indépendamment : la tempête de Villers-Ecalles de juin 1997.
Enfin le modèle est appliqué sur les 40 bassins et les résultats en sont présentés.
STREAM est un modèle spatialisé de type système expert fonctionnant aux échelles du
bassin versant et de l’événement pluvieux. Ses principales caractéristiques sont la prise
en compte des états de surface de chaque parcelle et notamment du faciès dans les
processus d’infillration /ruissellement et la prise en compte des motifs agraires dans
les processus de circulation de l’eau de ruissellement. Ainsi, en ne considérant que les
facteurs et les processus dominants, STREAM est un modèle simple ne nécessitant que
peu de paramètres d’entrée. Ii utilise le Système d’information Géographique Arc/Info
et fonctionne en mode raster. Ce modèle a été établi par l’INRA au cours des six
dernières années.
BRGM/RP-51115-FR 25
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
une classification en quatre classes identiques à celle utilisée dans la première partie
dont la description est reprise dans le tableau 1.
-
Tabl. 1 Descripiion du faciès en quaire classes.
26
Régionalisationd‘un modele de ruissellement en zone agricole
Pour chaque pixel du bassin modélisé, on détermine une pluie d’imbibition (Pi en mm)
et une capacité d’infiltration (inf en mm/h) stationnaire sur toute la durée de
l’événement. Ces deux valeurs sont issues d’un tableau de correspondance avec les
paramètres faciès, rugosité et pourcentage de couvert végétal définis pour chaque
parcelle culturale (tabl. 3). Pour la détermination de Pi nous faisons également intervenir
le précédent hydrique (pluie des 48 h précédant l’événement) qui est un indice de l’état
hydrique. Les tableaux 1 et 2 donnent les correspondances établies, dans le contexte
cauchois, à partir des synthèses des expérimentations conduites in sifu par l’INRA
depuis 15 ans.
31-60 20
10 5 2
qn I in
50 mmni 20 15 12 8
20 mmni 15 12 8 5
10 mmni 12 8 5 2
5 mmh 8 5 2 1
2 mm/h 5 2 1 O
BRGIWRP-~III~-FR 27
~ ~ _ _ -. -
Ensuite, pour une pluie simulée donnée, sur chaque pixel, on calcule un bilan
Ruissellement / infiltration élémentaire (RI, en mm) en fonction de la hauteur (P) de
cette pluie et de sa durée (d) (Cerdan, 1997) :
RI, =P-P,-(Infxd)
précédant l'événement
i-
Pluie d'imbibiüo
Hauteur d'eau .-
Hauteur de. potentiellement
luie (mm)
Bilan
28 BRGM/RP-51115-FFI
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Les processus sont intégrés à l’échelle du bassin versant lors du calcul de R,:
ruissellement cumulé (mm) ou de V, : volume cumulé (1) entrant dans un pixel, ceci,
par itérations successives depuis l’amont du bassin versant jusqu’à l’exutoire.
R, = C R , et V, = s a x C R ,
amml <LBmO”t
Le résultat de la simulation de ruissellement peut être donné sous la forme d’une carte
indiquant l’accumulation du ruissellement en tout point du bassin versant.
BRGM/RP-51115-FR 29
O€
l
3
1
8
Z O
I I I
I
0 0 0 0 0 0
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
À partir du modèle validé à l’échelle du petit bassin versant agricole, nous allons
élaborer de nouvelles versions du modèle permettant une utilisation sur de plus grands
bassins versants. Ensuite le modèle modifié sera confronté à des estimations faites lors
d’un épisode catastrophique, ceci nous permettra de justifier une utilisation régionale du
modèle STREAM modifié.
Dans l’objectif d’appliquer le modèle sur un grand jeu de bassins versants pour estimer
leur potentiel ruisselant pour des événements types (orge de printemps, longue pluie
hivernale, événement catastrophique de type Villers-Ecalles du 16 juin 1997), nous
avons choisi d’alimenter le modèle avec les données d’occupation du sol les plus
récentes dont nous disposions : Conne Land Cover mise à jour par des images Spot et
iandsat de 1997 et 1998. Cette grille d’occupation de sol a été décrite dans le rapport
précédent (rapport intermédiaire 1 : sélection des bassins versants élémentaires sur
lesquels conduire l’étude). Cinq classes principales d’occupation du sol sont
distinguées : (1) terres arables, (2) zones agricoles hétérogènes, (3) prairies, (4)bois et
(5) villes (Carte 1). Lors de la classification des images, les cultures d’hiver et de
printemps ont été distinguées, mais, pour s’affranchir de l’effet assolement de l’année,
toutes les parcelles cultivées seront considérées comme nues et lisses. La sensibilité des
bassins versants est ainsi maximisée, les parcelles étant normalement protégées par le
couvert végétal de la culture en place plus ou moins développé selon le type de culture
et l’époque de l’année.
Capacité d’infiltration
Occupation du sol
(mm/h)
I Terres arables I 5 I
1 Zones aericoles hétéroeènes 1 10 I
I Prairies et bois I 50 I
I Villes I 2 I
Tabl. 5 - Capacité d’inJiUralion (mmni) en fonction de l’occupation du sol.
BRGM/RPdll15-FR 31
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
II Occupation du sol
Terres arables l
?et2
10
I
I
indice de battance
4
5
I
l
5
2 I
Zones agricoles hétérogènes 1 20 10 5
Prairies et bois 50
Villes 2
32
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
ensuite été faites avec le parti pris de maximiser les risques de ruissellement, car on ne
pourra pas toujours disposer de données saisonnières à jour de l’occupation du sol. On
obtiendra donc des valeurs de ruissellement très supérieures à des cas réels. L‘important
sera de pouvoir comparer les bassins entre eux.
Terres arables 8 5 52
Pour les 5 événements pluvieux simulés, les lames d’eau atteignant l’exutoire des
bassins versants sont représentées sur la figure 11 en fonction du taux de terres arables.
36
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
40 % de prairies et de bois, car ceux-ci sont mal positionnés par rapport au chemin du
ruissellement. D’autres bassins, tels le 33 et le 108, présentent un ruissellement
important en regard de leur taux de terres arables du fait de la présence de villes
ruisselantes dans le modèle. Le bassin versant 148 est le plus ruisselant de tous du fait
de la présence de ville et de la localisation excentrée des bois et des prairies par rapport
à l’axe drainant.
L‘effet tampon des zones de réinfiltration sur le chemin de ruissellement est amoindri
quand l’intensité de l’événement pluvieux se rapproche de la capacité d’infiltration des
prairies et des bois. C’est pourquoi les nuages de points sont moins dispersés quand
l’intensité de la pluie simulée augmente. Par exemple, les bassins versants 553 et
128 étaient dans un ordre inverse quant à, d’une part, leur taux de terres arables et,
d’autre part, leur faculté à ruisseler pour la longue pluie et même pour l’orage. Mais ils
se retrouvent classés dans le même ordre vis-à-vis des terres arables et de la production
de ruissellement pour l’événement catastrophique de 35 mm/h (70 mm en 2 h). O n
touche ici à la limite d’efficacité des prairies à réinfiltrer un ruissellement amont
lors d’événements d’intensités exceptionnelles.
Le bilan ruissellement / infiltration pour une pluie donnée est modulé pour les terres
arables et les zones agricoles hétérogènes selon la classe de sensibilité à la battance
(tabl. 6). Un exemple est fourni pour l’événement de 70 mm en 2 h (tabl. 8).
Très forte 5 2 61
Forte 8 5 52
Moyenne ou
12 10 38
faible
Tabl. 8 - Calcul du bilan ruissellement / injïuration sur les terres arables pour la
pluie de 70 mm en 2 heures sans pluie antécédente, avec la version 6 de
STREAM.
Les cartes résultats indiquant le volume ruisselé cumulé sont données pour la version 6
de STREAM sur les 25 bassins versants sélectionnés par la DIREN (cf:ann. 2).
40 BRGM/RP-51115-FR
Régionalisafion d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Les ruissellements simulés sont globalement plus importants avec la version 6 qu’avec
la version 5 à cause du fort taux de sol très sensible à la battance du lot de bassins
versants étudié.Le nuage de point est aussi plus dispersé du fait de la variabilité induite
par la prise en compte du type de sol. L’ordre des bassins versants classé selon leur
faculté à ruisseler est légèrement modifié entre les deux versions (tabl. 9). En
particulier, les bassins versants 404, 176. 539, 155, 553,432, 152 et 405 sont déclassés
de plus de 2 classes du fait de leurs faibles taux de limons des plateaux.
On peut noter que la prise en compte de la localisation spatiale des parcelles avec un
modèle d’écoulement, nous permet de discriminer des bassins versants auparavant
regroupés dans une même classe.
44
Régionalisafiond'un modèle de ruissellement en zone agricole
BRGM/RP-51115-FR 45
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
a) Champs du possible
Par exemple, les aménagements portant sur les terres agricoles (implantation de prairies,
mise en place de pratiques agricoles limitant le ruissellement), ne peuvent pas porter sur
les zones agricoles proches des routes.
De même la réduction des prairies au profit de terres arables ne peut probablement être
imposée dans des zones d’urbain diffus où les prairies sont associées aux habitations, ni
dans des zones où la pente est trop importante puisqu’il faut que les nouvelles parcelles
soient cultivables.
La réflexion à mener est la même pour la mise en place de prairies de réinfiltration, elle
n’est possible que dans les zones de faibles pentes, situées sur la trajectoire du réseau
d’écoulement déduit du MNT.
Plusieurs séries d’aménagements ont été réalisées, pour tester différentes configurations
spatiales (fig. 20). Les scénarios 1 , 2 et 3 par exemple correspondent à la conversion de
1 % des terres agricoles en prairies mais pour des zones à convertir situées à des
endroits différents du bassin.
De même en ce qui concerne la modification des pratiques culturales sur 10 % des terres
cultivées, plusieurs options géographiques sont possibles.
48
Régionalisation d‘un modele de ruissellemen?en zone agricole
Ainsi, on simule une faible modification des pratiques comme par exemple une absence
de roulage au moment des semis de certaines cultures ; des semis plus motteux, un
passage moins rapide de la herse rotative. Les capacités d’infiltration initiale
correspondent à des sols nus, compte tenu des hypothèses des simulations.
Ensuite il faut calculer les bilans ruissellement / infiltration pour chaque type de
parcelles et chaque type de pluie puis recaiculer la grille d’accumulation du
ruissellement pour chaque événement pluvieux selon la même méthodologie développée
dans le chapitre précédent.
Les résultats des simulations sont de deux ordres : quantitatifs (volume ruisselés en tout
point du bassin versant pour un événement donné) et qualitatifs (localisation des zones
d’accumulation du ruissellement). Les modifications de l’occupation du sol n’entraînent
pas de modification du réseau d’écoulement mais elles impliquent une variation des
volumes ruisselés en tout point.
On peut les représenter de façon cartographique, on peut aussi les représenter de façon
graphique. En premier lieu, on présentera le volume ruisselé à l’exutoire pour chaque
type de pluie et pour chaque simulation d’aménagement, puis on étudiera l’efficacité
relative de chaque type d’aménagement pour une pluie donnée.
Le modèle nous permet de connaître le volume ruisselé en tout point lors d’un
événement pluvieux. Ainsi on construit une série de courbes représentant le volume
ruisselé simulé à l’exutoire en fonction du type de pluie pour chacune des couvertures
d’aménagement.
BRGM/RP-51115-FR 51
Régionalisation d‘un modble de ruissellement en zone agricole
ruissellement estimés ici sont des volumes majorés, en effet on a délibérément fait le
choix de considérer toutes les terres arables comme nues. Dans la réalité, cette
configuration est très improbable, ici l’objectif est de majorer l’aléa.
La série des figures 21 à 26 va nous permettre d’associer visuellement les parcelles sur
lesquelles des modifications sont imposées et les volumes ruisselés associés pour
chacun des cinq événements pluvieux.
Scénarios 1-2-3
Scénarios 4-5
Scénario 6
La réduction du ruissellement par des pratiques culturales est imposée sur toutes les
terres arables : dans ce cas les volumes ruisselés sont considérablement réduits (fig. 23).
Le ruissellement est pratiquement éliminé pour les événements hivernaux et il est réduit
de moitié pour les orages de 25 mm en 1 h.
Scénario 7
On simule une diminution totale des praines (fig. 24). les volumes ruisselés augmentent
considérablement même pour les événements de faible intensité. En simulant cette
disparition on se rapproche de la situation actuelle de certains autres bassins, comme on l’a
vu dans l’étude comparée des différents bassins au chapitre 2 et cela nous montre bien
pourquoi ces dernières années on a vu augmenter ce type de catastrophes naturelles.
52
Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
L‘étude des différents aménagements pour une pluie donnée permet de comparer
directement l’incidence d’une modification de l’occupation du sol sur le ruissellement.
Nous proposons de comparer ici l’efficacité relative des aménagements pour deux
événements pluvieux : pour une pluie hivernale sur sol humide (40 mm en 6 h avec 20
de pluie antécédente) et pour un événement de type catastrophique (70 mm en 2 h sans
pluie antécédente).
Les figures 27A et 27B montrent l’effet de chaque modification de l’occupation du sol :
le volume ruisselé de référence (100 %) étant le volume produit dans la situation
actuelle, sont affichés en bleu le volume résiduel après modification du bassin, en vert le
gain ou la réduction effective obtenue et en rouge l’accroissement par rapport au
volume ruisselé initial.
L’importance de la localisation des prairies apparaît nettement (@. fig. 27A) : avec 1 %
de prairies placées de façon optimale sur les drains (1) le volume à l’exutoire est réduit
de moitié, tandis que pour le même pourcentage de prairies hors des drains (3) il n’est
réduit que de 15 %.
Le choix de la localisation des parcelles pour la modification des pratiques culturales est
lui aussi primordial. Une réflexion approfondie concernant la position des parcelles
permet de réduire de 10 % le ruissellement pour un événement hivernal.
Si on convertit 3 % des terres arables en prairies (ce qui équivaut à mettre en prairies ou
en bois la quasi totalité du réseau de drain) on élimine le ruissellement lors
d’événements de type hivernal et on maintient donc en l’état et sans remplissage boueux
les équipements prévus (retenues, petits barrages).
Le rapprochement des figures 27A et 27B permet de montrer que l’utilité d’un
aménagement dépend du type de pluie : pour un événement catastrophique du type de
Villers-Ecalles, il est difficile de proposer une méthode de limitation du ruissellement.
ii faut quand même noter qu’une réduction de 20 % du volume ruisselé (6) correspond à
une réduction en volume de 180 O00 m3pour un événement catastrophique.
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Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
Pour bien appréhender les résultats présentés, il ne faut pas perdre de vue que notre travail
est une simulation basée sur une série d‘hypothèses. Ces hypothèses ne s’appliquent que
dans des limites bien précises qui donnent l’intervalle de validité de nos simulations.
Aux limites liées aux hypothèses il faut ajouter des limites liées à la précision des
données et au réalisme des aménagements modélisés.
L‘objectif étant ici de maximiser l’aléa et non de quantifier les volumes ruisselés
possibles pour une situation réelle donnée, les volumes sont surestimés. En effet, on a
considéré toutes les terres agricoles comme des surfaces nues.
Le modèle travaille avec une pluie homogène sur l’ensemble du bassin versant. Cette
approximation est vraie sur des bassins de faible extension (grande échelle) mais induit
une erreur sur de vastes bassins versants. L‘hétérogénéité de la pluie est très importante
lors d’événements orageux, mais les mesures de Météo France ne nous permettent pas
actuellement de connaître avec précision la répartition spatiale des pluies.
Le seul Modèle Numérique de Terrain disponible étant celui de I’IGN (au pas de 50 m),
toutes les modélisations ont été menées à des échelles compatibles avec cette donnée de
base. Ceci rend la simulation de petits réservoirs ou de mares techniquement difficile.
Mais il n’existe pas de données plus précises à l’échelle de la région actuellement.
L’amélioration des pratiques culturales est une mesure difficile à mettre en place
concrètement et difficile à contrôler, elle demande un suivi et un conseil important
auprès des exploitants agricoles.
60
Régionalisation d‘un modhle de ruissellement en zone agricole
Les différentes mesures proposées ont une efficacité vanable, l’introduction de prairies
sur les zones de concentration du ruissellement est une mesure pérenne, par contre la
modification des pratiques agricoles verra son action limitée dans le temps (l’effet d’un
binage par exemple, diminuera avec la dégradation de l’état de surface au cours de la
saison).
L‘analyse des résultats des simulations fait apparaître les déterminants principaux du
fonctionnement du bassin, et permet de proposer une stratégie de lutte contre le
ruissellement.
La gestion du bassin versant doit donc être le fruit d’une réflexion concertée entre les
différents acteurs du bassin versant.
Des pratiques agricoles modifiées associées à des prairies inondables sur les axes
d’écoulement ou à de petits bassins aux points stratégiques de concentration du
ruissellement permettent d’éliminer le ruissellement pour les événements hivernaux.
Ces mesures associées à de grands équipements aval permettront de maîtriser de façon
significative les volumes en cas d’événements exceptionnels sans éliminer
complètement tout ruissellement. En effet, la limitation du ruissellement (et donc
l’érosion diffuse associée) lors des événements hivernaux permet de préserver les
bassins d’un remplissage de boues. Ils resteront disponibles et efficaces lors des orages
d’été et en cas d’événements catastrophiques.
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Régionalisation d‘un mobèle de ruissellement en zone agricole
Ainsi, les petits aménagements permehont de minimiser les effets cumulatifs de l’hiver
sur les grands équipements aval qui n’lont pas été dimensionnés ici.
L‘analyse menée sur ce bassin est tramsposable à tous les bassins qui ont été traités lors
de la phase 1 voire applicable à tms les bassins de HNO si une localisation des
aménagements existants est fourni&. Des collections de scénarios peuvent être
consmites sur le modèle de ce qui a été réalisé ici en fonctionnant en centre de
ressources pour produire des SCénari06. Bien sûr cela n’est possible que dans la mesure
où l’occupation du sol actuelle perme1 encore des modifications. En effet, il ne faut pas
oublier que parmi les 40 bassins trait& au moins 15 d’entre eux ont déjà plus de 70 %
de leur surface en terres arables ce qui laisse peu d’espaces à modifier.
Les résultats peuvent être importés dans le SIG Géoconcept par l’intermédiaire des
fichiers d’échange de Mapinfo. La possibilité d’intégrer des formats raster dans
Géoconcept reste encore à vérifier. Mais ce ne sera qu’un transfert de cartes figées
superposables à d’autres sources d’infbrmation, il n’est pas envisageable techniquement
de transférer le modèle lui-même dans Géoconcept.
Une réflexion sur la possibilité du transfert du modèle STREAM vers ArcGIS est
actuellement en cours à l’INRA. Ceci dépasse la réflexion de cette seule étude.
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Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
5. Conclusion
La prise en compte de ces déterminants dans le modèle STREAM a été possible à une
échelle régionale. Elle a permis de hiérarchiser la sensibilité de 40 bassins versants au
ruissellement. Cependant, le classement des bassins varie selon les types d’événement
en fonction de la sensibilité des déterminants à l’intensité de la pluie.
Le rôle des zones de réinfiltration est, en effet, variable selon l’intensité de la pluie et les
bois et prairies voient leur effet tampon s’amoindnr quand l’intensité de la pluie
augmente. Leur effet est en revanche très net sur les événements de type hivernaux.
Les quantifications, faites sur des scénarios volontairement pessimistes, donnent une
première base objective pour aider au dimensionnement des aménagements visant soit à
favoriser la réinfiltration soit à retenir une partie des volumes avant les zones sensibles.
Après les simulations menées sur le bassin versant de Blacqueville, il apparaît que la
destruction des prairies encore en place aurait des conséquences catastrophiques, et
qu’une généralisation de pratiques agricoles améliorantes associées à la mise en herbe
des zones de concentration du ruissellement permettrait de réduire considérablement les
volumes ruisselés lors d’événements hivernaux. Par contre un risque incompressible
subsiste en cas d’événement catastrophique de type Villers-Ecalles.
Ces résultats apportent à la DISE des arguments SUT les grandes lignes de la politique
qu’elle souhaite favoriser et se présentent sous un support convaincant pour argumenter
les choix à faire à l’échelle des syndicats de bassin versant.
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Régionalisation d‘un modèle de ruissellement en zone agricole
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Régionalisation d'un modèle de ruissellement en zone agricole
ANNEXES
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ANNEXE 1
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ANNEXE 2
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