2 Ecoul Atmosph EEG
2 Ecoul Atmosph EEG
2 Ecoul Atmosph EEG
♣ Le profil de vitesse dans une couche limite atmosphérique est proche du schéma
général décrit dans FEMM (§ 5.1.5. et 5.3.5.1). Celle-ci comporte donc une sous-couche
visqueuse, au voisinage immédiat du sol, dont l’épaisseur va de quelques millimètres à 30 ou
40 cm. Cette couche est souvent perturbée par des structures aérodynamiques tourbillonnaires
de sillages qui ne doivent pas être confondues avec des structures turbulentes.
Au-dessus, on rencontre une zone de transition, une zone logarithmique, puis une
couche externe, dans laquelle la loi de vitesse est généralement présentée sous forme
déficitaire (FEMM, § 5.1.5.4).
FIG. 2.2 – Influence d’un changement de rugosité ( l01 ⇒ l02 ) sur la couche limite
atmosphérique (d’après Davenport)
♥ En ce qui concerne la turbulence atmosphérique, sa nature est la même que dans tout
écoulement turbulent, et ce qui a été dit dans le chapitre 3 de FEMM s’applique ici. Toutefois,
en l’absence de confinement, les échelles des tourbillons sont très larges et vont du millimètre
à plusieurs dizaines de mètres.
Notons que dans le langage courant, ce que nous appelons une rafale de vent n’est rien
d’autre que le passage d’un tourbillon d’air, dont nous percevons facilement les effets
cinétiques (§ 2.7.1♥).
Quant à l’intensité de turbulence I, (définie dans FEMM 3.82d), elle est souvent de
quelques pour cent, mais peut atteindre 30% dans des vents de tempêtes.
‹ Attention : dans certaines publications, le vent moyen (synonyme de vitesse
moyenne, cf. § ♣ ci-dessus) est appelé « intensité du vent ». Cette terminologie incorrecte et
injustifiée peut être une source de confusion.
∂U ∂U 1 ∂p ∂ 2U
U +W =− +ν (2.5a)
∂x ∂z ρ ∂x ∂z 2
1 ∂p
0=−g− (2.5b)
ρ ∂z
∂T ∂T ∂ 2T
U +W =a (2.5c)
∂x ∂z ∂z 2
♥ Certes, la couche limite atmosphérique est rarement laminaire, mais elle peut s’en
rapprocher lorsque l’écoulement est très lent. Cependant, même dans ce cas, on peut observer
une « turbulence atmosphérique thermique », répondant à l’analyse faite aux § 1.6 et 1.8, et
qui n’est pas exactement réductible à la turbulence dynamique, dont la structure est plus
nettement tourbillonnaire. A l’origine de cette turbulence thermique (gênante pour les
astronomes et pour les aéronefs légers), on peut trouver par exemple des fluctuations de
concentration en vapeur d’eau. Celles-ci vont entraîner des variations dans les échanges de
chaleur par rayonnement (l’émissivité de la vapeur d’eau étant très supérieure à celle de l’air),
et donc des fluctuations locales de température. Ceci explique en particulier que la turbulence
thermique soit généralement plus faible dans les climats secs.
Dans le cas turbulent, il faut revenir aux bases des diverses relations de bilans pour
approcher la question de la stabilité. Le bilan qui nous servira de support sera celui d’énergie
cinétique turbulente (FEMM. 3.50). Cependant, étant ici en convection mixte, il nous faut
remonter un peu en arrière pour traiter correctement le terme de flottabilité.
Partons de l’équation de bilan pour les corrélations (FEMM , 3.46) :
− div c v j v
' fluctuation de la source locale de C.
avec : p’ fluctuation de pression ; q Ic
En toute rigueur, il serait plus habile d’écrire le terme de source interne : v j q' j Ic
(avec sommation sur l’indice j). En convection forcée, q' Ic = − ∂p' / ∂x j (FEMM, Annexe
3.A.4.1 ♥). Mais en convection mixte, on doit y ajouter le terme de pesanteur, du à la
fluctuation ρ' de la masse volumique, d’où en coordonnées ( x , z ) :
∂p'
− ∂x
q j Ic =
,
(2.11)
− ∂p' − g ρ'
∂z
Dans (2.10), il faut donc remplacer v j q' Ic par :
∂p' ∂p'
v j q' j Ic = − u −w − g w ρ' (2.12)
∂x ∂z
où u et w sont les fluctuations de vitesse selon les directions x et z.
Dans cette équation (2.14), nous nous intéresserons seulement aux deux premiers
termes du membre de droite. En coordonnées cartésiennes, avec V j = U , v j = u et
v = {u , w} nous aurons :
∂k ∂k ∂U ∂U g
U +W = − u2 − uw − w ρ ' + autres termes (2.15a)
∂x ∂z ∂x ∂z ρ
Si l’on admet que la turbulence est homogène (FEMM 3.4.5), u 2 et u w sont du
même ordre de grandeur. Comme les hypothèses de la couche limite impliquent que
∂U / ∂x << ∂U / ∂z , il reste :
∂k ∂k ∂U g
U +W = − uw − w ρ ' + autres termes (2.15b)
∂x ∂z ∂z ρ
D’après la définition (FEMM 2.15a) de la dilatabilité β (rappelée plus haut dans la
formule A 1.2), en linéarisant au voisinage d’une température T0 (donc en admettant β = cte
dans ce voisinage), on a en régime stationnaire:
ρ − ρ 0 = − ρ 0 β ( T − T0 ) (2.16a)
♫♪ Dans cette opération, la température de référence T0 est soit la température mesurée à
z0 = 10 m , comme pour la vitesse (voir § 2.2.2 ♣), soit la température adiabatique
correspondant à une pression p0 = 10 5 Pa (§ 1.1.3).
Il est alors possible de caractériser le degré d’instabilité par le rapport de ces deux
grandeurs ; c’est un nombre sans dimension, défini localement au point [x , z ] , que nous
appellerons « nombre de Richardson atmosphérique Ri a » :
at g ∂T / ∂z
Ria = (2.20)
ν t T0 (∂U / ∂z )2
On reconnaît ici la présence du nombre de Prandtl turbulent Prt = ν t / at (FEMM,
3.45), qui est sensiblement constant dans un certain nombre de cas classiques. Ainsi, dans une
couche limite atmosphérique, les diffusivités turbulentes de quantité de mouvement et de
chaleur sont très voisines, ce qui conduit à admettre :
νt
= Prt ≅ 1 (2.21)
at
de sorte que le nombre de Richardson atmosphérique se réduit à :
g ∂T / ∂z
Ria = (2.22)
T0 (∂U / ∂z )2
Une nuance supplémentaire sera apportée à cette analyse en considérant dans (2.19) la
somme des deux termes sources prédominants, sous la forme :
2 2
∂U ∂T ∂U
(1 − Ria )
g
νt − at =νt (2.23)
∂z T0 ∂z ∂z
Il apparaît alors que cette production d’énergie mécanique est nulle lorsque Ri a = 1 ,
ce qui incite à introduire une distinction dans la stabilité, à savoir :
Ria > 1 : atmosphère très stable
0 ≤ Ria ≤ 1 : atmosphère stable (2.24)
Ria < 0 : atmosphère instable
‹ Admettons que cette égalité soit satisfaite dans la zone logarithmique de la couche
limite. Alors, le profil de vitesse s’écrit selon (FEMM, 5.26) :
U 1
= Ln ξ + 5 (2.26)
Uτ K
Rappelons que :
• K est la constante de Karman (généralement prise égale à 0,4)
• U τ = τ p / ρ est la vitesse de frottement
• ξ = z U τ / ν est l’ordonnée adimensionnée (se prononce « ksi »)
On peut donc exprimer le gradient vertical de vitesse :
∂U dU dξ U τ 1 U τ
= =
∂z dξ dz K ξ ν
soit :
∂U U τ 1
= (2.27)
∂z K z
Malgré tout, admettons un instant que les fluctuations turbulentes d’un gaz parfait
obéissent à cette hypothèse, pour en évaluer l’impact sur la stabilité. Alors, la combinaison de
la loi des gaz parfaits et de la loi de transformation isentropique conduit à la relation (1.6), qui
s’écrit encore :
1
γ −1
ρ T
= (2.33)
ρ0 1
γ −1
T 0
Une fluctuation ρ' de la masse volumique est associée à une fluctuation θ de la
température, d’où :
1
1 1
γ −1
ρ + ρ' ( T + θ ) 1 γ −1 θ γ −1
= = T 1+
ρ0 1 1
T
T 0γ −1 γ −1
T0
Linéarisons cette expression au moyen d’un développement limité au premier ordre ;
on obtient en développant:
T γ /( γ − 1 ) 1 θ 1 θ
ρ + ρ' = ρ 0 γ /( γ − 1 ) 1 + = ρ 0 + ρ 0
T0 γ −1 T γ −1 T
d’où l’on tire :
1 θ
ρ' = ρ 0 (2.34a)
γ −1 T
Cette relation se substituerait à (2.16c), et on voit qu’elle conduirait à remplacer la
dilatabilité β = 1 / T par une « dilatabililé adiabatique » β ad :
1 1 1
β ad = = 2 ,5 (2.34b)
γ −1 T T
donc à remplacer le nombre de Richardson atmosphérique (2.22) par :
g ∂T / ∂z
Riad = (2.34c)
( γ − 1 ) T0 (∂U / ∂z )2
Pour une même valeur de ce paramètre, ceci conduirait à une diminution de ∂T / ∂z
d’un facteur γ − 1 = 0 , 4 , mais sans modifier le seuil d’instabilité, qui reste ∂T / ∂z = 0 .
Physiquement, cette hypothèse se justifie par le fait que l’atmosphère libre (§2.1.2♣)
joue un rôle d’entraînement tout un imposant (au moins sur une certaine distance) une
épaisseur constante à la couche limite atmosphérique.
Une conséquence immédiate, déduite de l’équation de continuité, est que dans ce type
d’écoulement on a :
W =0 (2.36)
Le système précédent se réduit alors à :
∂ ∂U
0= (ν + ν t )
∂z ∂z
∂p
0 = − g ρ [T ( z )] − (2.37)
∂z
∂ ∂T
0= ( a + at )
∂z ∂z
Mais ici, ces équations ne s’appliquent pas seulement à la couche interne ; elles sont
valides dans la totalité de la couche limite. De plus, il n’y a pas de paroi en z ∞ , donc pas de
loi de paroi. Il en résulte que dans la couche externe, où ν t = at = cte , les profils des
grandeurs moyennes U et T sont linéaires jusqu’en z ∞ .
♪♫ Cependant, dans un tel modèle, bien que la composante verticale de la vitesse soit
nulle ( W = 0 ), la fluctuation verticale de vitesse n’est pas nulle : w ≠ 0 . Les relations (2.18)
sont donc conservées, tandis que (2.19) se réduit à :
2
∂k ∂U g ∂T
U =νt − at + autres termes (2.38)
∂x ∂z T0 ∂z
Ceci ne modifie pas les deux premiers termes du membre de droite. Le nombre de
Richardson Ria (2.22) ainsi que les conditions de stabilité sont donc inchangés. Il en est de
même pour la longueur de Monin-Obukhov (2.31).
2.4. – Stabilité de l’atmosphère et dispersion des effluents
La figure 2.3 illustre le cas où l’atmosphère est instable. Les fluctuations sont
amplifiées, et le panache s’étale verticalement de façon irrégulière. Il peut être rabattu
jusqu’au sol si la hauteur de la cheminée est insuffisante, entraînant des nuisances pour les
habitants et l’environnement. Cette situation, qui se produit par exemple par ciel clair en
présence d’un rayonnement solaire important, est évidemment défavorable.
Dans le cas d’une atmosphère neutre (fig. 2.4), les fluctuations ne sont ni amplifiées ni
amorties, et on observe un évasement régulier du panache. Celui-ci peut éventuellement
atteindre le sol si la hauteur de la cheminée est insuffisante.
2.4.3. – STABILITÉ
Avec une atmosphère stable (fig. 2.5), les fluctuations verticales sont amorties, et le
panache est très peu évasé. Cela peut se produire en particulier la nuit ou au lever du soleil. La
situation est alors très favorable.
Une « inversion » se produit quand une couche d’air instable surmonte une couche
stable (ou vice-versa).
♣ Inversion favorable
Un exemple du premier cas est schématisé sur la figure 2.6., dans lequel la hauteur
d’inversion (représentée par des tirets) se situe en dessous de l’orifice de la cheminée.
L’atmosphère est instable ou neutre au-dessus, et stable près du sol.
Alors, le panache se développe verticalement dans la partie supérieure. Mais toute
masse de gaz qui pénètre dans la zone stable est renvoyée dans la zone instable. Il n’y a donc
pas de diffusion vers le sol.
Bien entendu, cette situation est favorable.
FIG. 2.6 – Stabilité sous l’orifice de la cheminée ; instabilité au-dessus.
Les tirets indiquent la hauteur d’inversion.
Dans cette situation, il n’y a pas de dispersion au-dessus de la ligne d’inversion. Toute
la diffusion se fait vers le sol. Cette condition extrêmement défavorable, appelée
« fumigation », peut être à l’origine de pollutions graves. De par leur relief, certains sites sont
particulièrement propices à la fumigation (vallée de la Meuse en Belgique, villes de Mexico,
de Los Angeles,…). Elle se produit aussi au-dessus d’un plan d’eau en automne ou en hiver
(l’eau étant plus chaude que le sol environnant), ou au-dessus d’une source étendue de
chaleur, comme une grande agglomération.
En l’absence de vent, ou par vent très faible, on peut observer dans la basse
atmosphère des cellules thermoconvectives, provoquées par exemple par des alternances de
« points chauds » et de « points froids » au sol. Un mouvement ascendant se produit au-dessus
d’un point chaud, tandis qu’un mouvement descendant a lieu à la verticale d’un point froid
(fig. 2.8). Par exemple, les lacs et les étangs constituent des points froids au printemps ou en
été (ils se réchauffent lentement), et des points chauds en automne ou en hiver (ils se
refroidissent lentement).
Les courants ascendants sont particulièrement appréciés des aéronefs sans moteur et de
certains oiseaux. A leur sommet, si les conditions d’humidité et de température sont
convenables, un nuage de type cumulus peut se former (§ 1.7).
D’autres causes sont aussi à l’origine de courants verticaux, par exemple le
franchissement d’un obstacle par le vent.
Les cellules thermoconvectives de l’atmosphère sont de même nature que les cellules
de Bénard, dans la convection dite « de Bénard – Rayleigh » : celle-ci se produit lorsqu’une
couche fluide horizontale, initialement immobile, est progressivement chauffée par le bas. Il
s’agit d’un autre aspect de la stabilité, qui va maintenant être brièvement analysé.
On notera en premier lieu que le système (2.39) possède une solution purement
diffusive (caractérisée par l’indice d), sans mouvement du fluide, telle que :
U d = Wd = 0
p d = cte − ρ d g z (2.40)
(Th − T0 ) z ∆T
Td = T0 + = T0 − z
h h
♪♫ On admettra également ici que le gradient fluctuant de pression est très petit
devant le gradient stationnaire (hypothèse justifiée a posteriori par l’expérience), soit :
∂p' ∂p
<< d (2.42b)
∂z ∂z
et il reste :
∂W 1 ∂p d ∂ 2W ∂ 2W
=−g− +ν 2 +
∂t ρ d + ρ' ∂z ∂x ∂z 2
∂p d
ou encore, avec (2.40), en remplaçant = − ρd g :
∂z
∂W ρ d + ρ' − ρ d ∂ 2W ∂ 2W
=−g +ν 2 +
∂t ρ d + ρ' ∂x ∂z 2
et en négligeant ρ' au dénominateur :
∂W ρ' ∂ 2W ∂ 2W
=−g +ν + (2.42c)
∂t ρd ∂x 2 ∂z 2
h2 h2 h
L’écart de température critique ∆Tc qui marque la limite entre l’état diffusif
(amortissement, σ < 0 ) et l’état convectif (amplification, σ > 0 ) correspond à σ = 0 , soit
en isolant le coefficient numérique :
g β ∆Tc h 3
= 4π 4 (2.49)
νa
On appelle « nombre de Rayleigh », et on note Ra le groupement sans dimension :
g β ∆T h 3
= Ra (2.50)
νa
Le seuil de déclenchement de l’instabilité thermoconvective est donc caractérisé par
une valeur critique Ra c de ce nombre de Rayleigh :
Ra c = 4 π 4 ≅ 390 (2.51)
2.5.3. – COMMENTAIRES
Signalons que dans le cas particulier de deux parois rigides, les résultats d’expériences
réalisées avec des liquides donnent pour le nombre de Rayleigh critique la valeur :
Ra c = 1708 (2.52)
♫♪ Quoi qu’il en soit, l’essentiel n’est pas ici la valeur précise du nombre de
Rayleigh critique, mais bien plutôt son existence en tant que critère de stabilité.
♦ Le nombre de Rayleigh a déjà été introduit dans un autre cadre (FEMM, § 2.5.3.3),
celui de la similitude, en notant que :
Ra = Gr Pr (2.53)
♫♪ Nous avions alors insisté sur le fait que Ra n’est pas un critère de similitude. Il est
pourtant souvent utilisé pour caractériser la transition laminaire-turbulent, alors que ce rôle
devrait être réservé à Gr (PTC, § 5.4.2.3), ou éventuellement au nombre de Boussinesq (Kays
et Crawford, 1993, p.408).
La véritable nature du nombre de Rayleigh se révèle donc dans l’analyse précédente,
comme critère de stabilité thermoconvective. Son caractère adimensionnel n’en fait pas pour
autant un critère de similitude.
♦ Pour l’air, la dilatabilité est déduite de la loi des gaz parfaits : β = 1 / T (Annexe 1.2).
Voyons à partir de quel écart ∆Tc un mouvement de convection naturelle peut
survenir dans une couche de 100 m au-dessus du sol, à la température ambiante. On a donc :
h = 100 m ; T = 290 K ; β = 1 / T = 3, 45.10 − 3 K −1
ν = 1,57.10 − 5 m 2 / s ; a = 2 , 22.10 − 5 m 2 / s
En se basant sur la valeur critique (2.54) du nombre de Rayleigh, on trouve une valeur
de ∆Tc extrêmement faible (de l’ordre de 10 − 11 K ). Autrement dit, des structures
thermoconvectives peuvent se former dès que le gradient de température dT / dz devient
négatif (sol plus chaud que l’air). Ceci provient de l’échelle de longueur h considérée (qui
intervient avec l’exposant 3 dans Ra). On obtiendrait un seuil très différent avec une couche
d’air de quelques centimètres seulement.
♥ L’hypothèse isentropique (§ 1.1) n’est pas compatible avec le mécanisme qui donne
naissance aux cellules de Bénard-Rayleigh. Elle suppose en effet une évolution suffisamment
rapide pour être adiabatique, c’est-à-dire sans échange de chaleur. Dans la théorie précédente,
au contraire, les évolutions sont lentes et la diffusion thermique joue pleinement son rôle
dans l’équation d’énergie, ce qui explique la présence de la diffusivité a dans le nombre de
Rayleigh.
Plusieurs critères de stabilité ont été présentés dans les paragraphes précédents. Il peut
être utile de les récapituler et de les comparer.
♣ Un premier critère peut être qualifié de « critère de stabilité archimédien ». Il est basé
sur le comportement d’une particule fluide en équilibre avec son environnement, qui se trouve
déplacée accidentellement : selon l’évolution de son poids apparent, elle revient (stabilité) ou
elle ne revient pas (instabilité) à sa position initiale. Dans un liquide, le seuil de stabilité
associé au critère archimédien est : ∂T / ∂z = 0 (§ 1.8). Dans l’atmosphère, le seuil de
stabilité est : ( ∂T / ∂z ) = ( ∂T / ∂z )ad (§ 1.4 et 1.8).
Ce critère représente une propriété locale.
♣ Traînée
La traînée d’un obstacle a été définie dans FEMM (§ 7.1.1). C’est la force totale
exercée sur l’obstacle suivant la direction de l’écoulement. Elle est la résultante des forces de
pression et des forces de frottement.
♦ Forces de pression
La répartition des forces de pression présente souvent un intérêt particulier,
spécialement dans le domaine de la construction. Plus précisément, le paramètre important est
la « pression effective ∆ p », différence entre la pression statique moyenne p et la pression
atmosphérique p a :
∆ p = p − pa (2.55a)
La surface de l’obstacle est localement en surpression avec ∆ p > 0 , et en dépression
avec ∆ p < 0 .
Le critère de similitude relatif aux forces de pression est le « coefficient de
pression C p » (ou nombre d’Euler, FEMM 2.20a) : C p / 2 = p 0 / ρ ( V 0 )2 . Dans le cas
présent, la pression de référence p 0 est la pression effective en un point donné de la surface
de l’obstacle, la vitesse de référence V 0 étant le vent moyen. On a donc :
1 ∆p
Cp = (2.55b)
2 ρU 2
On retiendra de ces deux figures un élément essentiel : c’est que la plus grande partie
de la surface d’un bâtiment se trouve en dépression. Même la face au vent d’une toiture est
dans cette situation tant que sa pente est inférieure à 30° environ. En particulier, une toiture
terrasse est toujours en dépression.
¤ Une conséquence est que, lorsque les tuiles d’un toit s’envolent sous l’effet
d’un vent violent, dans la majorité des cas, ce sont les tuiles du côté sous le vent qui sont
aspirées par la dépression (Annexe 2.1) (une interprétation hâtive serait d’attribuer le
phénomène à l’air qui s’infiltrerait sous les tuiles du côté au vent pour les soulever, mais il
n’en est rien).
D’ailleurs, dans certaines régions du monde, lorsque survient un cyclone tropical, les
habitants maintiennent une porte ou une fenêtre ouverte du côté sous le vent. La dépression
s’applique alors à l’intérieur du bâtiment, ce qui diminue d’autant la dépression exercée sur le
toit. Par exemple, avec les données de la figure 2.10, le coefficient de pression maximal
appliqué à la pente sous le vent passe de − 0 , 43 à {− 0 ,43 − ( − 0 ,34 )} = − 0 ,09 . Cependant,
l’effort exercé sur la façade au vent est amplifié, puisque la force due à la surpression
extérieure va alors s’ajouter à la force due à la dépression intérieure.
♥ Rafales de vent
Les désordres provoqués par le vent sur les constructions sont plus souvent dus aux
effets de la turbulence qu’à ceux de la vitesse moyenne, et en particulier aux effets des grosses
structures turbulentes atmosphériques, communément appelées « rafales de vent ».
Il est utile de revenir sur la notion d’intensité globale de turbulence (FEMM, § 3.4.5 ),
définie par :
u 2 + v 2 + w2
I = (2.56a)
V
Avec des vents moyens, la turbulence est relativement homogène, de sorte que :
u 2 ≅ v 2 ≅ w2 (2.56b)
Par contre, les rafales de vent sont plus directionnelles (même si elles s’accompagnent
d’un moment cinétique important), et on admettra qu’elles s’appliquent essentiellement dans
la direction x du vent. C’est donc plutôt le « taux de turbulence » dans la direction x (FEMM,
3.82c) qui devra être pris en compte, soit ici :
u2
Ix = (2.57)
U
Partant de (2.55d), si l’on admet que C p est constant, la pression instantanée ∆p( t )
due à une rafale sera donc reliée à la vitesse instantanée U ( t ) par :
∆ p( t ) = C p ρ [U ( t )]2
1
(2.58)
2
Les obstacles naturels ou artificiels au vent sont d’une grande diversité, et ils font
l’objet d’ouvrages spécialisés. Nous en signalons seulement quelques-uns à titre d’exemples.
♣ Elévation de terrain
Le vent qui rencontre une élévation de terrain est soumis à une forme particulière
d’effet venturi (FEMM, § 7.3.1.6). Tout se passe comme si la section de passage offerte à
l’écoulement de l’air était rétrécie, d’où une augmentation de vitesse au sommet,
accompagnée d’une baisse de pression (fig. 2.12). La partie haute du relief est donc en
dépression. Cette propriété a parfois été utilisée, dans des pays très chauds, pour la ventilation
naturelle d’édifices ou de maisons, en plaçant un orifice au point haut de la construction.
♦ Brise-vent artificiels
Pour protéger du vent une zone de dimensions limitées, on pense parfois qu’un mur ou
une paroi rigide est une solution efficace. En réalité, un écran plein ne constitue pas un bon
brise-vent. Certes, il entraîne un ralentissement de la vitesse derrière l’écran, sur une distance
de 2 à 3 fois sa hauteur ; mais en contrepartie, il provoque une importante survitesse à sa
partie supérieure, et surtout il génère du côté sous le vent une zone tourbillonnaire, avec en
particulier un rouleau d’axe horizontal, qui atténue l’effet de protection.
Les écrans ajourés, présentant des vides régulièrement répartis, ont une efficacité très
supérieure. La zone tourbillonnaire est destructurée par l’air qui traverse l’écran, dont la
vitesse est sensiblement diminuée (fig. 2.14). En outre, la distance protégée est supérieure (5 à
6 fois la hauteur de l’écran). Un pourcentage de vides de 20% à 25% semble l’optimum.
‹ Cependant, il faut prendre garde au fait que l’effort aérodynamique sur un écran
ajouré est presque le même que sur un écran plein (les ouvertures se comportent comme des
pertes de charge singulières, cf. FEMM § 6.7.1, 6.7.3 et 7.3.1.7). Les supports, les ancrages et
l’écran doivent donc présenter la même résistance mécanique, faute de quoi on les retrouve
pliés, cassés ou déchirés au premier gros coup de vent. Les toiles ajourées qui protégent
beaucoup d’échafaudages sont soumises aux mêmes règles, et elles sont souvent détériorées
assez rapidement.
♥ Brise-vent végétaux
Une bande boisée assez perméable, et large, constitue le brise-vent le plus efficace.
Elle combine les effets de l’élévation de terrain et de l’écran ajouré (fig. 2.15).
Une partie de l’air traverse la bande boisée, et elle se trouve ralentie à l’arrière, sans
donner naissance à une zone tourbillonnaire. D’autre part, la dépression au sommet des arbres
produit un écoulement ascendant qui diminue progressivement le débit traversant. La zone
protégée peut atteindre 30 fois la hauteur de l’écran.
Les haies naturelles et les brise-vent plantés cherchent à approcher l’efficacité des
bandes boisées (fig. 2.16). Une combinaison de feuillus et de cyprès, ou de roseaux, reste
efficace sur l’ensemble de l’année.
Un toit à deux pentes, couvert de tuiles mécaniques, est soumis à un vent moyen U
d’incidence normale.
Les pentes sont de 20° ; le coefficient de pression maximal du côté sous le vent est :
C p = − 0 , 42 . Les tuiles mécaniques normalisées ont une masse M = 4 kg , et une surface
S = 0 ,105 m 2 . Le taux de turbulence dans la direction du vent est I x = 22 % , et le facteur de
pointe n = 2 , 5 . On prendra comme masse volumique de l’air ρ = 1, 25 kg / m 3 .
Question :
A partir de quel vent moyen les tuiles risquent-elles de commencer à s’envoler ?
Quelle est la vitesse de pointe correspondante ?
Solution :
u2
On donne : I x = = 0 , 22 , d’où avec n = 2 , 5 :
U
Û = U + 2 , 5 × 0 , 22 U
Û = 1, 55 U
2) La force normale F exercée sur une tuile par une rafale est donnée par (2.60) :
1
F = ∆p̂ S = C p S ρ Û 2
2
1
F = × 0 , 42 × 0 ,105 × 1, 25 × ( 1, 55 U ) 2
2
F = 0 ,066 U 2
U > 25 , 3 m / s ≅ 91 km / h