Thesefinale
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THESE
par
PHILIPPIDES Nicolas
né le 26/03/1991 à STRASBOURG
Merci pour la qualité de l’enseignement que vous m’avez prodigué tout au long de
ma formation théorique et pratique. Votre implication et votre pédagogie m’ont
permis d’acquérir de précieuses connaissances au cours de mon cursus.
Votre expertise dans les examens radiologiques m’a été d’une aide précieuse tout au
long de mes études.
Assistant Hospitalo-Universitaire
Unité Fonctionnelle D’Orthopédie Dento-Faciale ; UFR d’Odontologie de Strasbourg
Merci pour vos conseils, votre disponibilité et votre implication qui ont su développer
ma pratique clinique.
Merci pour votre aide précieuse et votre accompagnement tout au long de ce projet.
Merci également pour le savoir et les techniques que vous m’avez transmis avec
toujours énormément d’enthousiasme.
À mes frères, avec qui j’ai partagé mon enfance. Je suis fier des parcours que vous
avez accomplis, et vous souhaite le meilleur à venir.
À mes meilleurs amis, Alex, Julia, Louis, Pauline, Vincent, avec qui j’ai partagé
tant de moments inoubliables ! Merci de ce que vous m’avez toujours apporté. Vous
avez fait de moi celui que je suis aujourd’hui.
À mes amis et confrères, David, Laura, Léo, Max, avec qui j’ai passé la majorité de
mon cursus. Ces années ont été inoubliables tant à la fac que dans tous nos à-côtés.
Je suis si heureux de partager cette profession avec vous. À Alex, dont la surprise
qu’elle nous prépare me remplit de joie.
À mes co-internes, avec qui je partage mon quotidien. Merci de le rendre toujours
aussi agréable et rempli de bonne humeur. À Gauthier, Maïlys et Valérie, qui m’ont
tant apporté en dehors de mon cadre professionnel.
UNIVERSITE DE STRASBOURG
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
Année 2018 N°22
THESE
par
PHILIPPIDES Nicolas
né le 26/03/1991 à STRASBOURG
1
Sommaire
I. INTRODUCTION 7
A. Historique 28
1. L’analyse en réseau de De Coster 28
2. Le Mesh de Coenraad F.A. Moorrees 30
3. La version simplifiée du Mesh de Moorrees : le Mesh normalisé 34
4. Extrapolation à différentes populations 35
5. Le Mesh de face 37
C. Inconvénients 40
2
1. Sélection de la population de référence 40
2. Dépendance de la position de la tête 40
3. Reproductibilité inter et intra-individuelle 42
A. L’analyse de Ferrario 43
B. L’analyse de Terajima 45
C. Avantages 48
D. Inconvénients 49
A. Choix du logiciel 50
B. Construction du script 51
a. Insertion de l’image 51
b. Placement des points remarquables 51
c. Simplification de la représentation du patient 54
d. Construction de la grille individuelle du patient 56
e. Déformation de la grille 59
f. Customisation 63
C. Utilisation 63
VI. CONCLUSION 65
3
Table des figures et tableaux
[24]
FIGURE 1 : SYSTEME POUR UNE TELERADIOGRAPHIE DE PROFIL, D'APRES W. PROFFIT . ................................. 9
FIGURE 2 : ANALYSE DE STEINER ......................................................................................................................... 14
[12]
FIGURE 3 : CHARTE CEPHALOMETRIQUE DE STEINER, D'APRES CECIL C. STEINER . ........................................ 15
FIGURE 4 : ANALYSE DE WITS .............................................................................................................................. 16
FIGURE 5 : RELATIONS ENTRE LES ARCADES DENTAIRES DIFFERENTES, MALGRE DES ANB SIMILAIRES, D'APRES
[33]
A. JACOBSON ........................................................................................................................................... 17
FIGURE 6 : ANALYSE DE RICKETTS DE PROFIL ...................................................................................................... 18
FIGURE 7 : ANALYSE CEPHALOMETRIQUE DE FACE DE RICKETTS........................................................................ 20
[46]
FIGURE 8 : ORIENTATION SPATIALE DU MASSIF DENTO-FACIALE, D'APRES J. ACKERMAN ............................ 22
[54]
FIGURE 9 : ANALYSE OSSEUSE EN TROIS DIMENSIONS, D'APRES J. TREIL ....................................................... 23
FIGURE 10 : RESEAUX DE REFERENCE, D'APRES L. DE COSTER .............................................................................. 29
FIGURE 11 : DESSIN D'UNE TELERADIOGRAPHIE DE PROFIL D'UN GARÇON DE 9 ANS, D'APRES L. DE COSTER ... 30
[72]
FIGURE 12 : DIAGRAMME DU MESH, D'APRES C.F.A. MOORREES .................................................................... 32
FIGURE 13 : DEPLACEMENT DES POINTS REMARQUABLES POUR LE MESH DE C.F.A. MOORREES, D'APRES J.
[75]
GHAFARI .................................................................................................................................................. 33
FIGURE 14 : DIAGRAMME DE MESH D'UN INDIVIDU DE CLASSE III, D'APRES C.F.A. MOORREES ......................... 34
[75]
FIGURE 15 : DIAGRAMME DU MESH NORMAL A GAUCHE ET MODIFIE A DROITE, D'APRES J. GHAFARI ......... 35
[75]
FIGURE 16 : ANALYSE EN RESEAU DE FACE DE KAPLINS, D'APRES GHAFARI .................................................... 37
[75]
FIGURE 17 : MESH DE FACE D’UN GARÇON DE 10 ANS, D'APRES GHAFARI ...................................................... 38
FIGURE 18 : FILLE DE 10 ANS, EN POSITION NATURELLE DE LA TETE (A), AVEC LA TETE INCLINEE LEGEREMENT
[64]
VERS LE BAS (B), INCLINEE LEGEREMENT VERS LE HAUT (C), D'APRES MOORREES ................................ 41
FIGURE 19 : MESH DE REFERENCE POUR LES FEMMES A DROITE ET LES HOMMES A GAUCHE, EN VUE
[89]
FRONTALE, D'APRES FERRARIO ............................................................................................................... 44
FIGURE 20 : ANALYSE DE FERRARIO DE FACE (A), DE PROFIL (B), DE HAUT (C), LES TRAITS CORRESPONDENT AU
[89]
MESH DU PATIENT, LES POINTS ISOLES CORRESPONDENT A LA NORME, D'APRES FERRARIO ............... 44
FIGURE 21 : SURFACE DE REFERENCE POUR LES HOMMES (A) ET POUR LES FEMMES (B), D'APRES TERAJIMA .. 46
FIGURE 22 : SUPERPOSITION D'UN CBCT D'UNE PATIENTE JAPONAISE AVEC LA NORME POUR LES FEMMES,
D'APRES TERAJIMA ...................................................................................................................................... 46
FIGURE 23 : RESEAUX DE REFERENCE POUR LES HOMMES (A) ET LES FEMMES (B), D'APRES TERAJIMA ............ 47
FIGURE 24 : SUPERPOSITION DU RESEAU DE REFERENCE SUR LE CRANE D'UNE FEMME DE 18 ANS, D'APRES
TERAJIMA ..................................................................................................................................................... 47
FIGURE 25 : SUPERPOSITION DU RESEAU DE REFERENCE AU NIVEAU DE LA MANDIBULE, D'APRES TERAJIMA .. 48
FIGURE 26 : SUPERPOSITION DU RESEAU DE REFERENCE SUR LA SURFACE CUTANEE, D'APRES TERAJIMA ........ 48
FIGURE 27 : POSITIONNEMENT DES POINTS ......................................................................................................... 54
FIGURE 28 : REPRESENTATION MINIMALISTE DU PATIENT ................................................................................... 56
4
FIGURE 29 : CONSTRUCTION DE LA GRILLE INDIVIDUELLE .................................................................................... 58
FIGURE 30 : DEFORMATION DU RESEAU ............................................................................................................... 63
[40]
TABLEAU 1 : CHARTE CEPHALOMETRIQUE DE RICKETTS, D'APRES M. DUMITRACHE ...................................... 19
TABLEAU 2 : CHARTE POUR L'ANALYSE DE RICKETTS DE FACE ............................................................................. 21
TABLEAU 3 : POSITION DES POINTS DE L'ECHELLE ................................................................................................ 51
TABLEAU 4 : POSITION DES POINTS SQUELETTIQUES ........................................................................................... 52
TABLEAU 5 : POSITION DES POINTS DENTAIRES ................................................................................................... 53
TABLEAU 6 : POSITION DES POINTS DU PROFIL CUTANE ...................................................................................... 54
TABLEAU 7 : LISTE DES COEFFICIENTS A APPLIQUER AU VECTEUR DE TRANSLATION POUR LES DEFORMATIONS
DES LIGNES VERTICALES .............................................................................................................................. 60
TABLEAU 8 : LISTE DES COEFFICIENTS A APPLIQUER AU VECTEUR DE TRANSLATION POUR LES DEFORMATIONS
DES LIGNES HORIZONTALES ......................................................................................................................... 62
5
Liste des abréviations
6
I. Introduction
A partir des années 1920, le diagnostic en orthopédie dento-faciale s’est vu enrichi par
l’émergence des téléradiographies de profil et de face, grâce aux avancées de
l’imagerie médicale. La téléradiographie du crâne a été introduite, de façon
concomitante, aux Etats-Unis par Broadbent[1] et en Europe par Hofrath[2] en 1931.
a
HAS : Haute Autorité de Santé.
b
AAO : American Association of Orthodontists
7
Cependant, aucun consensus n’existe quant à la primauté d’une analyse
céphalométrique par rapport aux autres. Un exemple marquant est l’absence de
contrainte dans le choix de l’analyse céphalométrique pour les praticiens désirant se
soumettre à l’examen du Board européen, certificat d’excellence de la pratique de
l’orthodontie. Le candidat se doit uniquement de correctement référencer les valeurs
choisies[21].
Les deuxième et troisième parties porteront sur les analyses en réseau en deux puis
trois dimensions.
Enfin, une ouverture sera faite dans la quatrième partie pour poser les bases d’une
informatisation d’une analyse céphalométrique en réseau. En effet, ce type d’analyse
semble actuellement absent des logiciels de gestion de cabinet d’orthodontie en
France.
8
II. Les analyses céphalométriques conventionnelles
[24]
Figure 1 : Système pour une téléradiographie de profil, d'après W. Proffit .
9
Les mesures servent à quantifier de façon objective les relations existantes entre les
bases osseuses, les dents et les tissus mous de la face. Ces mesures, linéaires ou
angulaires, sont réalisées par rapport à un plan ou une ligne de référence. On parlera
d’analyse céphalométrique conventionnelle.
De 1930 à 1950, seuls les instituts de recherche et les universités avaient accès aux
équipements pour réaliser des études céphalométriques, mais lorsque Margolis a
introduit son porte-tête en 1950[26], la céphalométrie devint un réel outil de travail pour
les cliniciens.
Lucien de Coster fut le premier (1939) à publier une analyse basée sur des relations
proportionnelles du visage conformes aux principes de l'Antiquité.
a
OIM : Occlusion d’Intercuspidie Maximale
b
ORC : Occlusion en Relation Centrée
10
Herbert I. Margolis (1900-1984), Ukrainien de naissance, fut le premier à relier l'axe
de l’incisive mandibulaire au rebord inférieur du corps mandibulaire (plan
mandibulaire) (1943), un des constituants du Triangle de Tweed.
Son double objectif était d'évaluer le schéma du squelette facial, sans tenir compte
des dents, et d’évaluer la relation entre les dents et les processus alvéolaires en tenant
compte du squelette facial du patient. C'était la première analyse céphalométrique
cliniquement applicable[27–29] et elle marquait la fin de l'ère du diagnostic uniquement
basé sur des modèles en plâtre[30]. Les normes développées pour l'analyse de Downs
sont toujours utiles mais ont été largement remplacées par de nouvelles normes[24].
11
Bien que les bases de la céphalométrie aient été posées, de nombreux auteurs ont
proposé leurs modifications, pour corriger, compléter ou faciliter l’utilisation de la
céphalométrie.
Nous pouvons notamment citer les analyses de Arne Björk[6], Cecil C. Steiner[10–12],
Charles H. Tweed[8,9], Viken Sassouni[7], Robert Murray Ricketts[13–16], Alexander
Jacobson[33], Jean Delaire[17], Reed A. Holdaway[34], James A. McNamara[35], Joseph
R. Jarabak[36].
Aux Etats-Unis, l’usage de ces analyses a été régulièrement évalué par les enquêtes
nationales du Journal of Clinical Orthodontics (JCOa), en 1986, 1996, 2008 et 2014.
L’analyse de Steiner[10–12]
a
JCO : Journal of Clinical Orthodontics
12
La partie descriptive se décompose en 3 dimensions : l’analyse squelettique, l’analyse
dentaire et l’analyse des tissus mous.
Steiner fut à l’origine des analyses modernes. Il a notamment proposé d’utiliser la ligne
S-Na (ligne reliant les points « selle turcique » et « nasion ») comme ligne de référence,
plus reproductible que le plan de Francfort - le point porion n’étant pas toujours
identifiable sur une téléradiographie de profil[39].
Enfin, l’analyse des tissus mous est basée sur le tracé d’une ligne esthétique qui rejoint
le pogonion cutané à la moitié de l’aile du nez, permettant d’analyser la position des
lèvres dans le profil. La norme veut que cette ligne affleure les lèvres supérieures et
inférieures.
13
Figure 2 : Analyse de Steiner
14
[12]
Figure 3 : Charte céphalométrique de Steiner, d'après Cecil C. Steiner .
15
L’analyse de Wits[33]
Son originalité est de quantifier le décalage sagittal des bases osseuses maxillaire et
mandibulaire non pas grâce à l’angle ANB, comme précédemment citée, mais en se
basant sur la distance séparant la projection orthogonale des points A et B sur le plan
d’occlusion[33] (Figure 4).
A partir d’un échantillon adulte composé d’hommes (21) et de femmes (25) ayant une
occlusion jugée comme excellente par l’auteur, A. Jacobson a indiqué que le point Bo
se situait en moyenne 1,17mm [-2mm ; 4mm] en avant du point Ao dans l’échantillon
masculin et que le point Ao était -0,10mm [-4,5mm ; 1,5mm] en arrière du point Bo chez
les femmes.
16
Alexander Jacobson a proposé cette méthodologie car il indique que l’angle ANB
présente des défauts, notamment à cause de l’orientation de la base du crâne et des
arcades dentaires[33]. Comme illustré par la Figure 5, malgré des angles ANB très
similaires (-1° fig. 5A et -1,5° fig. 5B), les relations entre le maxillaire et la mandibule
peuvent grandement varier. L’analyse de Wits offre une meilleure estimation du
décalage sagittal maxillo-mandibulaire (-1,5mm fig. 5A contre -12mm fig. 5B).
[33]
Figure 5 : Relations entre les arcades dentaires différentes, malgré des ANB similaires, d'après A. Jacobson
L’analyse de Ricketts[13–16]
Comme ses prédécesseurs, Robert M. Ricketts reprend des valeurs utilisées par
d’autres auteurs, en y ajoutant de nouvelles, citons de façon non exhaustive Xi, le
17
centre géométrique du ramus mandibulaire ; l’axe facial, l’axe général de croissance
de la face ; le plan facial, la limite antérieure de la face ; la ligne esthétique E de
Ricketts.
L’échantillon initial pour établir les normes était un échantillon de 2000 cas traités
orthodontiquement avec succès selon la technique bioprogressive. L’informatisation
de cette analyse céphalométrique (Rocky Mountain® Orthodontics, Denver Colorado,
USA), a permis d’atteindre les 60 000 cas témoins en 1977[13].
18
[40]
Tableau 1 : Charte céphalométrique de Ricketts, d'après M. Dumitrache
Par la suite, l’analyse a aussi intégré un volet prédictif de la croissance et des effets
thérapeutiques, par la construction du VTOa, permettant une prévisualisation des
objectifs de traitement individualisés.
Les analyses de face, effectuées sur des téléradiographies de face, sont pratiquées
de façon beaucoup moins routinière. En 2014, seulement 5% des orthodontistes aux
Etats-Unis réalisent un cliché radiographique de face de façon systématique, avant le
début d’un traitement[37]. Ce nombre est évalué à 14% en France[41].
a
VTO : Visual Treatment Objective
19
au niveau des bases osseuses) et l’endoalvéolie (déficit transversal localisé au niveau
de procès alvéolaires). Il permet également une quantification de l’asymétrie faciale.
20
Moyenne ±
Modification selon l’âge
N° Variable écart-type en
en mm/an
mm à 8 ans
Largeur nasale :
1 24,5 ± 2 + 0,5
NC-CN
Relation maxillo-mandibulaire transversale à gauche :
2 10 ± 1 Ne change pas
Distance JL / ZL-GA
Relation maxillo-mandibulaire transversale à droite :
3 10 ± 1 Ne change pas
Distance JR / ZT-AG
Largeur mandibulaire :
4 75 ± 3 + 1,25
AG-GA
Symétrie faciale : Soit l’asymétrie persiste, soit
5 0±2
Distance ENA et Me / plan sagittal médian elle s’aggrave
Largeur de l’arcade au niveau des surfaces vestibulaires Peut diminuer en raison de la
6 des premières molaires permanentes mandibulaires : 56 ± 2 dérive mésiale, sans quoi
B6-6B demeure inchangée
Les couronnes convergent
Largeur intercanine mandibulaire :
7 22,5 ± 2 puis divergent lors de
B3-3B
l’éruption des canines
Harmonie de la largeur d’arcade / mâchoires à gauche :
8 6±2 + 0,8
Distance 6B / JL-GA
Harmonie de la largeur d’arcade / mâchoires à droite :
9 6±2 + 0,8
Distance B6 / JR-AG
Pas de modification en cas
10 Décalage de la médiane incisive mandibulaire 0±1 de symétrie. Augmente en
cas d’asymétrie
Rapports molaires transversaux gauches :
11 1±1 Ne change pas
Distance 6A-6B
Rapports molaires transversaux droits :
12 1±1 Ne change pas
Distance A6-B6
Tableau 2 : Charte pour l'analyse de Ricketts de face
Pour Ricketts, cette analyse de face ouvre également la porte sur les décisions
thérapeutiques avec notamment la quantité d’expansion maxillaire réalisable.
21
[46]
Figure 8 : Orientation spatiale du massif dento-faciale, d'après J. Ackerman
Parmi les analyses tridimensionnelles les plus répandues, nous pouvons citer les
analyses de G. Farronato[48], J. Treil[49–55], R. Olszewski[56], J. Gateno[57], et M. G.
Hans[58].
L’analyse osseuse se fait par le placement de huit repères anatomiques : les foramens
supraorbitaires, les foramens infraorbitaires, les foramens mentonniers et la tête des
marteaux (Figure 9).
22
[54]
Figure 9 : Analyse osseuse en trois dimensions, d'après J. Treil
L’analyse alvéolo-dentaire se fait par l’analyse des axes de chacune des dents et par
groupes de dents. Une dent unitaire, une hémi-arcade, une arcade ou les deux
pourront ainsi être comparées au complexe maxillo-facial dans les trois sens de
l’espace.
Pittayapat[59] a voulu réaliser en 2014 une revue systématique de la littérature sur les
analyses céphalométriques en trois dimensions pour évaluer leur supériorité. Sur les
35 articles retenus, la méta-analyse n’a pas pu être réalisée à cause de l’hétérogénéité
des protocoles mis en place. Cependant, la quasi-totalité des études tendent à indiquer
que le placement des points et les mesures sont plus précis sur les analyses en trois
dimensions que sur celles en deux dimensions, notamment par une meilleure visibilité
des points de référence.
Le cliché en trois dimensions engendre cependant une exposition plus importante que
les clichés classiques. C’est pourquoi ces analyses ne font pas encore consensus
dans le monde médical. Le concept de radioprotection a notamment conduit la HASa
à formuler ses recommandations pour l’analyse céphalométrique en orthopédie dento-
faciale[60] :
- Le CBCTb ne saurait se substituer pour l’instant à la téléradiographie
conventionnelle, car « les mesures céphalométriques obtenues avec le CBCT
sont comparables à celles obtenues avec la céphalométrie conventionnelle ».
- Cependant, lorsque l’examen clinique initial révèle la présence d’une ou
plusieurs dents incluses, d’une asymétrie faciale importante ou d’une
a
HAS : Haute Autorité de Santé
b
CBCT : Cone Beam Computed Tomography
23
malformation dentaire ou squelettique, un CBCT pourra remplacer la prise du
cliché panoramique et la téléradiographie de profil. L’analyse céphalométrique
pourra alors être effectuée sur celui-ci.
Dans sa revue de littérature publiée en 2011[61], Rossini indiquait par ailleurs que
comme pour les analyses en deux dimensions, aucune analyse en trois dimensions
ne fait référence. En effet, sur les 27 articles retenus, aucun n’identifiait les mêmes
points céphalométriques ni relevait les mêmes mesures.
Les rayons X incidents ne sont pas parfaitement parallèles entre eux lorsqu’ils
traversent l’objet à étudier, mais suivent une trajectoire plus ou moins conique. Les
structures les plus proches du récepteur paraissent moins agrandies que celles qui
sont plus éloignées.
24
2. Dépendance du positionnement de la tête
Bourriau[62] montrait sur des clichés radiographiques de profil en deux dimensions, que
les points les plus reproductibles se situent sur le plan sagittal médian. A contrario, les
points pour lesquels le nuage de dispersion est le plus important, se trouvent au niveau
des apex incisifs et des structures latérales.
25
influencer ces lignes et plans de référence (cf. exemple des angles SNA SNB chez
deux individus ayant une flexion de la base du crâne plus ou moins marquée, Figure
5).
Comme vu précédemment, toutes les analyses existantes ne se sont pas basées sur
le même panel d’individus pour établir leurs normes. Ces dernières sont parfois issues
d’une population non traitée ayant une occlusion idéale selon l’auteur, alors que pour
d’autres, elles proviennent de patients traités avec une normocclusion finale. Plusieurs
arguments de discussion entrent en ligne de compte, influençant la représentativité de
l’échantillon par rapport à la population générale[13] :
- la taille de l’échantillon initial
- l’âge et le sexe de l’échantillon
- l’ethnie d’origine
Le jugement esthétique est basé sur un critère subjectif pour la création des normes.
Il est ainsi dépendant de l’évaluateur et de son background culturel[65] qui peut être
différent de celui du patient analysé.
26
5. Outil de communication réservé aux initiés
27
III. Les analyses en réseau en deux dimensions
Les analyses en réseau se veulent plus visuelles et didactiques que les analyses
conventionnelles. Leur but est de faire ressortir les proportions du visage et/ou du
massif crânio-facial à travers un maillage dessiné selon le positionnement de certains
points anatomiques remarquables.
Cette méthode d’analyse s’inspire notamment des travaux d’artistes célèbres du XV-
XVIe siècle comme Léonard De Vinci, Michel-Ange ou Albert Dürer[67] qui avaient
proposé des règles de proportions pour la beauté d’un visage.
A. Historique
28
Figure 10 : Réseaux de référence, d'après L. De Coster
Grâce à ces réseaux de référence, De Coster a pu alors les superposer à des réseaux
construits sur d’autres téléradiographies de profil pour en étudier les différences et
comprendre les anomalies de proportion de la face.
29
Il a ensuite pris la norme des enfants entre 6 et 8 ans qu’il a mise à l’échelle et
superposée à son tracé. Cette norme est représentée en pointillés.
Dans l’exemple illustré Figure 11, nous pouvons notamment visualiser une position
postérieure de la mâchoire inférieure, alors que la denture supérieure semble s’être
avancée par rapport à la norme.
Figure 11 : Dessin d'une téléradiographie de profil d'un garçon de 9 ans, d'après L. De Coster
a
Mesh : Maillage en anglais
30
- et enfin le trop grand nombre de lignes horizontales compliquait l’utilisation de
cette méthode, qui était alors réalisée de façon manuelle, il en a diminué le
nombre.
En 1976, Moorres publia dans ces conditions la deuxième version de son analyse en
réseau[70], en utilisant un nouvel échantillon, plus représentatif de la population
générale :
- 46 hommes et 47 femmes de Boston. L’échantillon provenait de l’étude
longitudinale sur la santé et le développement des enfants de l’Université
d’Harvard.
- les individus sélectionnés pour cet échantillon ne présentaient pas
systématiquement une occlusion parfaite, mais avaient une large variation
d’engrènements dentaires considérés comme normaux selon l’auteur.
31
En conclusion, la construction de la grille de référence se fait depuis lors sur une
téléradiographie de profil, obtenue en position naturelle de la tête, en traçant un
rectangle de référence, défini par l’intersection de quatre droites :
- en haut : la ligne horizontale passant par le point Nasion.
- à droite : la ligne verticale passant par le point Nasion.
- à gauche : la ligne verticale séparée de la première par la distance Nasion –
Selle turcique.
- en bas : la ligne horizontale passant par l’épine nasale antérieure.
Ce rectangle est alors divisé en 4 parties égales, puis chaque petit rectangle est projeté
à son tour pour compléter la grille de référence, comme illustré à la Figure 12.
[70]
Figure 12 : Diagramme du Mesh, d'après C.F.A. Moorrees
Comme pour l’analyse de De Coster, les différents points sont ensuite reliés par des
courbes de Bézier pour former un nouveau maillage déformé selon l’anatomie du
patient.
32
[73]
Figure 13 : Déplacement des points remarquables pour le Mesh de C.F.A. Moorrees, d'après J. Ghafari
Dans l’exemple illustré Figure 14, on voit que l’individu présente un prognathisme
mandibulaire important.
33
Figure 14 : Diagramme de Mesh d'un individu de classe III, d'après C.F.A. Moorrees
Pour ce qui est de l’âge, Moorrees n’a aussi utilisé qu’une norme : celle établie pour
l’âge de 18 ans. En effet, en superposant ses normes établies aux âges de 8 ans et
18 ans, il a constaté que les rectangles étaient plus petits chez les plus jeunes.
Cependant, en mettant la norme de 8 ans à l’échelle de celle de 18 ans, il a constaté
que la position des points de référence était similaire.
Cet auteur a alors proposé en 1987 une modification de l’analyse de Moorrees[74], pour
en simplifier la construction.
34
En partant sur une base similaire, il propose de créer la grille de référence du patient.
Mais plutôt que de créer la deuxième grille distendue en fonction des points
remarquables, il positionne simplement ces points en fonction de la grille du patient,
puis les relie, afin d’obtenir le tracé de ce qu’aurait été l’individu s’il avait été dans la
norme. Cette étape se veut plus rapide en utilisant une superposition d’images
numériques. En effet, il s’agit de tracer la grille individuelle du patient, puis de prendre
la grille avec la position des points remarquables selon la norme, et de mettre à
l’échelle les deux images pour que les grilles se confondent et laissent apparaître les
variations individuelles en regard de la norme établie.
On peut voir par exemple dans la Figure 15 que les mêmes informations sont
retrouvées dans les deux méthodes. Par exemple, l’individu a ici un menton en position
haute, et une lèvre supérieure en avant. Bien que les informations présentées soient
identiques, la représentation graphique obtenue est notablement différente.
[73]
Figure 15 : Diagramme du Mesh normal à gauche et modifié à droite, d'après J. Ghafari
Comme l’a prouvé Nomura[75], des personnes d’origines ethniques différentes auront
des préférences différentes concernant la norme esthétique recherchée. Il y aura alors
des différences dans le positionnement dentaire et le positionnement des tissus mous.
Ceci est d’autant plus vrai en termes de silhouette de profil et notamment au niveau
de la position des lèvres dans le profil.
35
Il n’est pas surprenant de retrouver dans la littérature des auteurs qui ont réactualisé
les travaux de Moorrees en créant des normes plus orientées vers certaines origines
ethniques.
La même année, Evanko a extrapolé les résultats pour une population portoricaine[78].
Il a utilisé un échantillon de 50 adolescents pour créer sa norme (30 filles et 20
garçons). Les plus grandes différences retrouvées par rapport à la norme de Moorrees
se trouvent au niveau dento-alvéolaire et l’écart est plus important chez les hommes
que chez les femmes. Une biprochéilie est ainsi retrouvée. Elle est due à une position
plus antérieure du maxillaire et de la mandibule, ainsi qu’à une vestibuloversion des
incisives par rapport à la norme de Moorrees.
Des travaux similaires ont été ensuite réalisés dans la population chinoise par Jiang[79]
en 2005.
36
antécédents de traitement orthodontique. Dans son article, Sharma n’a pas comparé
ses normes entre elles ni par rapport à celles de Moorrees.
5. Le Mesh de face
Kalpins a publié en 1985 les travaux de Moorrees sur l’analyse en réseau de face, afin
d’étudier les asymétries dans le plan frontal[81].
En reprenant les bases du Mesh de profil, il propose alors la construction d’une grille
de référence comprenant 24 rectangles. A partir de cette grille, un côté de la face de
l’individu sert de norme de référence pour la construction d’une deuxième grille
déformée de l’autre côté de la face, où comme pour le Mesh de profil, les points
remarquables sont repositionnés en fonction de la norme, puis reliés par des courbes
de Bézier, comme l’illustre l’exemple Figure 16.
[73]
Figure 16 : Analyse en réseau de face de Kaplins, d'après Ghafari
37
Ghafari a voulu aller plus loin dans cette analyse en créant une norme par rapport à
une population de référence. Il a alors repris le travail précédemment réalisé
conjointement avec Cortella[82] pour en extraire les normes de référence de 30
individus, 16 femmes et 14 hommes, tous avec une occlusion excellente, et une face
considérée comme esthétique, sans asymétrie.
Ghafari a alors pu établir les Mesh de référence pour les hommes et les femmes de
10 et 18 ans[73], comme illustré Figure 17.
[73]
Figure 17 : Mesh de face d’un garçon de 10 ans, d'après Ghafari .
L’auteur a par ailleurs remarqué qu’à l’âge de 10 ans, la norme des garçons et celle
des filles ne présentaient pas de différence statistiquement significative. Il est alors
possible d’utiliser indifféremment l’une ou l’autre. Par contre, à l’âge de 18 ans, il
convient d’utiliser la norme appropriée selon le sexe de l’individu.
38
B. Avantages de l’analyse en réseau
1. Analyse de globalité
L’analyse en réseau permet d’évaluer les structures osseuses, dentaires et les tissus
mous de façon concomitante, contrairement aux analyses céphalométriques
classiques qui analysent une à une chaque relation recherchée.
2. Analyse de proportionnalité
Ces analyses répondent à des règles de proportionnalité. En effet, même si une norme
est établie par rapport à une population de référence, cette norme est adaptée par une
règle de proportionnalité au réseau individuel de l’individu. Les résultats obtenus par
une telle analyse sont donc propres à chaque patient, et apportent une dimension plus
juste qu’une analyse céphalométrique traditionnelle.
3. Visualisation graphique
Du fait que la représentation soit graphique, les résultats peuvent être présentés à un
praticien, au patient ou à sa famille sans avoir besoin d’expliquer à quoi correspond
telle ou telle mesure. Ici, d’un simple coup d’œil, il est facile de voir qu’une structure
39
ne se trouve pas dans sa position optimale, tout en voyant par la même occasion le
degré de sévérité de cette dysmorphose.
Selon Carlotti en 1987[83], il est alors possible de réaliser une simulation des gestes
chirurgicaux sur le tracé céphalométrique, puis de projeter à nouveau le Mesh distendu
du patient sur sa grille de référence pour apprécier les résultats espérés.
C. Inconvénients
Tout comme les analyses céphalométriques classiques, les normes sont établies à
partir d’un échantillon de référence, considéré comme normal selon l’auteur et bien
souvent limité.
Cet échantillon est supposé représentatif de la population générale mais ne reflète pas
les variations de différentes sous-populations.
De plus, comme nous l’avons vu, en fonction des ethnies, les critères esthétiques ne
sont pas les mêmes. Il faudrait donc avoir une base de données comprenant les
réseaux de référence en fonction de l’ethnie, de l’âge et du sexe du patient.
40
Il s’avère cependant que ces lignes de références intra-crâniennes sont sujettes à une
forte variation inter- et intra-individuelle.
Dans l’exemple ci-dessous (Figure 18), la photographie présente une fille de 10 ans
en position naturelle de la tête. La photographie du milieu la présente avec une
inclinaison légère de la tête vers le bas. On remarque ici que le menton est positionné
légèrement en arrière par rapport à la situation précédente, la hauteur faciale totale
est par ailleurs augmentée. Sur la photographie de droite, la tête est inclinée
légèrement vers le haut, le menton se retrouve ici décalé vers l’avant.
Figure 18 : Fille de 10 ans, en position naturelle de la tête (a), avec la tête inclinée légèrement vers le bas (b),
[84]
inclinée légèrement vers le haut (c), d'après Moorrees
41
Cooke a évalué la reproductibilité de cette méthode en prenant un cliché chez un
individu à 5 ans, puis à 15 ans. Sur les 10 ans qui séparent les deux radios, la variation
de la position naturelle de la tête de l’individu n’est que de 4,8° [-4,5° ; 6,5°][85][86].
Cette série d’étapes peut engendrer au fur et à mesure des erreurs, qui peuvent se
répercuter sur l’analyse finale.
42
IV. Les analyses en réseau en trois dimensions
A. L’analyse de Ferrario
Ferrario a publié en 1998 un premier article décrivant une méthode inspirée de celle
de Moorrees puis de Ghafari pour analyser la face d’un patient en trois dimensions[88].
Sa méthode se limite aux tissus cutanés, mais est une ébauche de ce que pourrait
donner une analyse plus globale.
Il va ainsi reprendre une de ses études précédentes[89] pour créer des normes de
référence à partir de 50 hommes et 50 femmes, caucasiens, âgés de 18 à 32 ans,
présentant une occlusion normale de Classe I d’Angle (Figure 19). Ces normes sont
inscrites dans une géométrie comprenant 84 parallélépipèdes disposés dans les trois
dimensions.
43
Figure 19 : Mesh de référence pour les femmes à droite et les hommes à gauche, en vue frontale, d'après
[88]
Ferrario
Ces normes peuvent ensuite être superposées à la grille individualisée d’un patient
pour étudier ses dysmorphoses faciales, mises en évidence par un écart entre les deux
tracés (exemple Figure 20).
Figure 20 : Analyse de Ferrario de face (A), de profil (B), de haut (C), les traits correspondent au Mesh du patient,
[88]
les points isolés correspondent à la norme, d'après Ferrario
Dans l’exemple ci-dessus, on peut constater que le menton du patient est dévié vers
la gauche et qu’il est proéminent, il est aussi hyperdivergent.
44
En 2003, Ferrario a publié une deuxième version de son analyse[90]. Elle en reprend
les principes de base, mais se veut plus précise. Ainsi, le nombre de repères faciaux
a été augmenté à 50 pour prendre en compte les oreilles, les yeux, le nez, les lèvres,
le menton, les joues et le front. Le nombre d’individus nécessaires à la réalisation des
grilles de référence a lui aussi été revu à la hausse pour passer à 591 Italiens,
permettant d’établir les normes en fonction de différentes tranches d’âge en fonction
du sexe.
B. L’analyse de Terajima
En 2009, Terajima publie une nouvelle méthode[91], beaucoup plus précise, rendue
possible grâce à la démocratisation des outils informatiques de modélisation en trois
dimensions.
Les données des différents patients ont ensuite été regroupées pour former des
surfaces de référence moyennes pour les hommes et pour les femmes (Figure 21).
45
Figure 21 : Surface de référence pour les hommes (A) et pour les femmes (B), d'après Terajima
Ces surfaces de référence peuvent ensuite être superposées au scanner d’un patient
afin d’évaluer les dysmorphoses par rapport à la norme, comme illustré Figure 22,
présentant une femme d’origine japonaise en classe III squelettique par promandibulie.
Figure 22 : Superposition d'un CBCT d'une patiente japonaise avec la norme pour les femmes, d'après Terajima
Quelques mois plus tard, Terajima a publié un second article où il étendait sa méthode
à l’analyse concomitante des tissus durs. En fusionnant les données des 10 patients
hommes et 10 patients femmes, il a obtenu des réseaux de référence pour les tissus
durs, comprenant 7 757 polygones et 5 072 points. Il a de plus repris son travail
précédent pour représenter les tissus mous sous la même forme à l’aide de
1 882 polygones et 1 013 points.
46
Figure 23 : Réseaux de référence pour les hommes (A) et les femmes (B), d'après Terajima
Figure 24 : Superposition du réseau de référence sur le crâne d'une femme de 18 ans, d'après Terajima
47
Figure 25 : Superposition du réseau de référence au niveau de la mandibule, d'après Terajima
C. Avantages
C’est un réel avantage pour la communication entre confrères, avec le patient ou ses
parents pour expliquer les thérapeutiques nécessaires.
48
Enfin, elles auront un avantage dans la planification chirurgicale avec une simulation
précise des résultats et dans la réalisation d’aides per-opératoires par la réalisation
notamment de guides chirurgicaux de repositionnement modélisés sur ordinateur puis
imprimés en trois dimensions[92].
D. Inconvénients
Ces analyses proposées sont encore récentes et non démocratisées. Les échantillons
ne sont pas suffisamment conséquents et diversifiés en fonction des différentes
populations à travers le monde. L’usage d’une telle analyse semble dès lors, réservé
à la recherche scientifique.
Par ailleurs, ces analyses se focalisent essentiellement sur les tissus mous et
squelettiques du patient. Les tissus dentaires ne sont à l’heure actuelle pas pris en
compte. Dans certains cas, une analyse complémentaire pourra également être
indiquée (céphalométrie traditionnelle par exemple).
49
V. Cahier des charges pour l’informatisation du mesh
de Moorrees
Le travail de cette thèse est de fournir toutes les ressources nécessaires pour
l’informatisation de cet outil, et son exploitation de façon aisée.
A. Choix du logiciel
Une informatisation de cette procédure peut donc être réalisée par n’importe quel
logiciel de géométrie informatique en deux dimensions permettant l’incorporation
d’une image externe en fond de construction graphique.
50
B. Construction du script
a. Insertion de l’image
Dans un premier temps il faut placer deux points qui nous serviront à la construction
d’une échelle, nécessaire au placement d’un point particulier, dépendant d’une
longueur (Tableau 3).
Point Position
E0cm Point positionné à la base d’une échelle métrique.
E4cm Point positionné sur une échelle métrique, espacé de 4cm
du point précédent.
Tableau 3 : Position des points de l'échelle
Les points squelettiques sont les points remarquables identifiés en tant que standards
dans le domaine de l’anthropologie par Martin et Saller[94] (Tableau 4).
Point Position
ANS Point le plus antérieur de l’épine nasale antérieure.
Articulare Point matérialisé par l’intersection de la partie
postérieure du condyle mandibulaire avec la base du
crâne sur la radiographie.
Basion Point le plus postéro-inférieur du basi-occipital.
51
CondyleAnt Point matérialisé par l’intersection du la partie
antérieure du condyle mandibulaire avec la base du
crâne sur la radiographie.
Glabella Point le plus antérieur de la base du crâne.
Gonion Point représentant l’angle mandibulaire, à la
rencontre de la partie montante du ramus
mandibulaire avec le corps de la mandibule.
Menton Point le plus inférieur de la symphyse mandibulaire.
Nasion Point le plus antérieur au niveau de la suture naso-
frontale.
OrbitalPost Point le plus postérieur du mur de l’orbite, situé au
niveau de la projection du procès zygomatique.
PNS Epine nasale postérieure.
Pogonion Point le plus antérieur de la symphyse mandibulaire.
PointA Point le plus postérieur sur la concavité alvéolaire
maxillaire.
PointB Point le plus postérieur sur la concavité alvéolaire
mandibulaire.
PterygomaxillaryFissureAnt Point représentant la partie postérieure du maxillaire,
représentée par le point le plus profond au niveau du
bord antérieur de la fissure pterygo-maxillaire.
RamusAnt Point le plus postérieur au niveau de la concavité
antérieure du ramus mandibulaire.
RamusPost Point le plus antérieur au niveau de la concavité
postérieure du ramus mandibulaire.
Sella Point situé au centre de la selle turcique.
SymphysisPost Point le plus postérieur de la symphyse
mandibulaire.
SymphysisPostSup Point le plus supérieur au niveau de la partie
postérieure de la symphyse mandibulaire.
ZygomaticInf Point le plus inférieur au niveau du processus
zygomatique.
Tableau 4 : Position des points squelettiques
52
Les points dentaires se limitent à représenter les incisives et l’orientation du plan
d’occlusion (Tableau 5). Le point OcclusalPost doit se situer à 2 cm du point
Pm2Mesial, une construction géométrique est nécessaire. Ainsi, il s’agit de créer un
cercle qui a pour origine le point Pm2Mesial et dont le rayon est égal à la moitié de la
distance séparant les deux points de l’échelle. Il faut alors créer une contrainte pour
que le point OcclusalPost appartienne à ce cercle.
Point Position
MandIncAxis Point représentant l’apex de l’incisive mandibulaire.
MandIncEdge Point représentant le bord triturant de l’incisive
mandibulaire.
MaxIncAxis Point représentant l’apex de l’incisive maxillaire.
MaxIncEdge Point représentant le bord triturant de l’incisive maxillaire.
OcclusalPost Point espacé de 2cm du point Pm2Mesial et situé entre les
cuspides des molaires supérieures et inférieures.
Pm2Mesial Point situé sur la plan d’occlusion, au niveau du bord
mésial de la deuxième prémolaire maxillaire.
Tableau 5 : Position des points dentaires
Enfin, une série de points cutanés sont ajoutés pour compléter notre ensemble de
points remarquables (Tableau 6).
Point Position
GlabellaST Point le plus antérieur du front.
LabraleInf Point le plus antérieur de la lèvre inférieure.
LabraleSup Point le plus antérieur de la lèvre supérieure.
NasionST Point situé à l’intersection du front avec le nez.
PogonionST Point le plus antérieur du menton.
Pronasale Point représentant la pointe du nez.
Stomion Point représentant le contact de la lèvre supérieure avec
la lèvre inférieure.
53
Subnasale Point situé à l’intersection de la lèvre supérieure avec le
septum nasal.
Supramentale Point représentant le sillon labio-mentonnier.
Tableau 6 : Position des points du profil cutané
Une fois cette série de points créée, puis correctement positionnée, nous nous
retrouvons dans la situation représentée ci-dessous (Figure 27).
54
Pour représenter le profil cutané, il faut créer une ligne brisée passant par les points :
GlabellaST, NasionST, Pronasale, Subnasale, LabraleSup, Stomion, LabraleInf,
Supramentale, PogonionST.
La base du crâne est représentée par la création d’une ligne brisée rejoignant les
points : Glabella, Nasion, Sella et Basion.
Le maxillaire est représenté par deux triangles. L’un reliant les points OrbitalPost,
PterygomaxillaryFissureAnt et ZygomaticInf. L’autre reliant les points ANS, PNS et
PointA.
La mandibule est quant à elle représentée par trois lignes. Une première ligne brisée
relie les points : PointB, Pogonion, Menton, SymphysisPost et SymphysisPostSup.
Une autre ligne brisée relie les points : Menton, Gonion, RamusPost et Articulare. Et
enfin, un segment simple relie les points CondyleAnt et RamusAnt.
L’incisive supérieure est représentée par un segment reliant les points MaxIncEdge et
MaxIncAxis.
L’incisive inférieure est représentée par un segment reliant les points MandIncEdge et
MandIncAxis.
Et enfin, le plan d’occlusion est représenté par un segment reliant les points
Pm2Mesial et OcclusalPost.
En masquant la radiographie, ainsi que les points remarquables, nous obtenons alors
la représentation minimaliste de la morphologie du patient (Figure 28).
55
Figure 28 : Représentation minimaliste du patient
56
ii. Division du rectangle de référence
Chaque côté du rectangle de référence est alors divisé en deux parties égales. Les
points résultants de ces séparations sont reliés entre eux au niveau du côté opposé
pour obtenir 4 petits rectangles de tailles égales.
57
iii. Construction de la grille individuelle
Les petits rectangles peuvent alors être projetés pour former la grille individuelle du
patient.
Ainsi, le petit rectangle en contact du point Nasion peut subir une projection
symétrique, dont l’axe de symétrie est son côté droit.
Le nouveau rectangle obtenu est projeté de la même façon, une fois au-dessus et
quatre fois en-dessous.
Il faut ensuite réaliser cette opération avec les différents rectangles obtenus pour
obtenir une grille finale composée de 24 petits rectangles comme illustré Figure 29.
Les droites nécessaires à la construction du rectangle de référence sont alors
masquées pour ne laisser apparaître que les informations qui nous sont utiles.
58
A partir de là, le logiciel est assez abouti et permet la superposition du Mesh normalisé
avec la grille individualisée du patient.
e. Déformation de la grille
La première ligne verticale, en partant de la droite, est déformée en fonction des points
GlabellaST, NasionST, Pronasale, Subnasale, LabraleSup, Stomion (si les lèvres sont
en occlusion), LabraleInf, Supramentale, PogonionST.
La deuxième ligne verticale est déformée en fonction des points : GlabellaST, ANS,
PointA, MaxIncEdge, MandIncEdge, PointB, Pogonion, Menton.
La troisième ligne verticale est déformée selon deux points : PNS et OcclusalPost.
Les quatrième et cinquième lignes sont quant à elles déformées selon les points
Articulare, Basion, Gonion.
Dans la norme, tous ces points se trouvent normalement à une distance connue des
différentes lignes.
Pour modéliser les distorsions des lignes verticales, il faut alors déplacer les différents
points cités ci-dessus par des translations issues du pourcentage d’un vecteur.
59
On commence alors par créer un vecteur horizontal qui pourra être superposé au
grand côté d’un des rectangles de la grille. Ainsi sa direction est horizontale, son sens
est de la gauche vers la droite et sa norme est égale à la longueur du grand côté d’un
rectangle de la grille.
Il faut alors appliquer la translation pour chacun des points cités précédemment, selon
un pourcentage du vecteur. Les différents coefficients à appliquer au vecteur de
translation sont retrouvés dans le Tableau 7.
60
Une fois cette série de points créée, nous pouvons les relier par des lignes brisées, en
fonction des lignes verticales qu’ils doivent représenter.
Les deux premières lignes horizontales en partant du haut sont déformées en fonction
du point Sella.
La troisième ligne est déformée selon les points Pronasale, Articulare et Basion.
La quatrième ligne est déformée selon les points Pronasale, ANS, PNS, Articulare et
Basion.
La cinquième ligne est déformée selon les points Stomion (si les lèvres sont en
occlusion), MaxIncEdge, MandIncEdge, Pm2Mesial, OcclusalPost, Gonion.
Les sixième et septième lignes sont déformées en fonction des points Menton et
Gonion.
Comme précédemment il faut créer un vecteur qui servira de base pour les
translations. Ce vecteur est superposé au petit côté d’un des rectangles de la grille
individuelle du patient. Il a ainsi une direction verticale, un sens du bas vers le haut et
pour norme la longueur du petit côté du rectangle.
Nous pouvons alors appliquer les translations aux différents points remarquables selon
le vecteur, multiplié par différents coefficients retrouvés dans le Tableau 8.
61
Point à subir la translation Coefficient à appliquer au vecteur
ANS 0
Articulare 0,60 et -0,40
Basion 0,88 et -0,12
Gonion 0,27 et -0,73 et -1,73
MandIncEdge 0
MaxIncEdge 0,10
Menton 0,53 et -0,47
OcclusalPost -0,13
Pm2Mesial 0
PNS 0
Pronasale 0,67 et -0,33
Sella 0,42 et 1,42
Stomion 0
Tableau 8 : Liste des coefficients à appliquer au vecteur de translation pour les déformations des lignes horizontales
Une fois cette série de points remarquables transformée, il faut les relier entre eux par
des lignes brisées afin de représenter les lignes horizontales correspondantes.
Les lignes horizontales et verticales ainsi créées doivent être prolongées par des
segments pour venir compléter la grille déformée.
Après masquage des points nécessaires à la construction, nous nous retrouvons avec
notre déformation en réseau comme illustré Figure 30.
62
Figure 30 : Déformation du réseau
f. Customisation
De petits outils peuvent alors être ajoutés pour simplifier l’utilisation du logiciel.
C. Utilisation
Pour utiliser le logiciel avec une téléradiographie de profil souhaitée, il suffit dès lors
de supprimer celle qui a servi de base de construction, puis d’en importer une nouvelle.
63
Il faut alors déplacer chaque point remarquable un à un à la bonne position pour que
toute la construction suive automatiquement le déplacement des points et s’adapte à
la nouvelle situation.
64
VI. Conclusion
Nous avons vu qu’il existe une multitude d’analyses céphalométriques en deux et trois
dimensions pour étudier les relations entre les bases osseuses, les organes dentaires
et les tissus mous de nos patients.
65
66
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PHILIPPIDES (Nicolas) – Les analyses céphalométriques en réseau, état des lieux
avant informatisation.
(Thèse : 3ème cycle Sci. Odontol. : Strasbourg : 2018 ; N°22).
N°43.22.18.22
Résumé : L’incidence radiographique de profil est utilisée de façon routinière en
Orthopédie Dento-Faciale et constitue le support de nombreuses analyses
céphalométriques. Cet examen complémentaire vient compléter l’examen clinique
du patient et fournit une aide précieuse dans la définition de la position et des
relations des organes dentaires, des bases osseuses et des tissus mous.
Ces analyses reposent sur la détermination de mesures tant angulaires que
linéaires qui sont comparées aux moyennes d’un échantillon historique de
référence dont l’effectif est le plus souvent réduit.
L’objectif de ce travail est de porter notre intérêt sur une autre forme d’analyse
céphalométrique, d’un usage peu répandu en France : l’analyse en réseau. Il s’agit
d’une analyse de proportions où les différents points céphalométriques
remarquables vont s’inscrire dans une grille dont les lignes vont faire l’objet de
déformations, illustrant ainsi le siège et le sens des dysmorphoses. Elle permet
ainsi d’appréhender de façon extrêmement graphique le patient dans sa globalité.
Son unique inconvénient réside dans sa réalisation manuelle chronophage. Les
logiciels de gestion des cabinets d’orthodontie français n’incluent pas à ce jour
d’outil informatique adapté à la réalisation de cette analyse. C’est pourquoi, nous
posons les bases de l’informatisation d’une analyse en réseau, notamment par
l’élaboration d’un cahier de charges spécifique.
Rubriques de classement : orthodontie
Jury :
Coordonnées de l’auteur :
PHILIPPIDES Nicolas
4 rue Westercamp, 67000 Strasbourg
nicolas.philippides@gmail.com