Cours de Comptabilité Publique - FDD UL - 2022 - 2023
Cours de Comptabilité Publique - FDD UL - 2022 - 2023
Cours de Comptabilité Publique - FDD UL - 2022 - 2023
FACULTE DE DROIT
LICENCE GENERALE
DROIT PUBLIC (SEMESTRE 4)
2022-2023
Comptabilité publique
Cours
assuré par
Monsieur Ibouraïm ADOYI
ANNEE UNIVERSITAIRE
2
Introduction générale
2. Cadre juridique
3
établissements publics et des entreprises publiques et d'assurer, dans leur ressort
territorial, le contrôle des comptes et la gestion des collectivités territoriales et leurs
établissements publics.
À ce cadre constitutionnel s'est rapidement venue s'ajouter une kyrielle de
textes détaillant la façon dont les agents de l’État doivent tenir la comptabilité afin
de retracer le mieux possible le maniement effectué de l’ensemble des deniers publics
et précisant l’organisation et le fonctionnement des organismes chargés de contrôler
l’exécution des opérations financières publiques. Il s’agit de :
4
• instruction comptable n°016/MEF/SG/CP/DCP/2012 du 19 septembre 2012
relative à la reddition des comptes de gestion des comptables des collectivités
territoriales
3. Changement de nature
5
objectifs. Cette réforme devait en effet permettre d'aller vers une agrégation de
l’ensemble des comptes locaux pour mieux alimenter les statistiques nationales et
avoir une meilleure connaissance du coût des services rendus par l'administration.
Ce rapprochement entre les modes de gestion du secteur privé et du secteur public
sera consacré au moment de l'adoption du décret du 29 décembre 1962. Celui-ci
prévoit que le droit public comptable, notamment local, doit s'inspirer des règles
comptables utilisées par les entreprises du secteur privé.
Ce souci de rapprocher les règles comptables publiques de celles utilisées par les
entreprises emporte différentes conséquences. En premier lieu, la comptabilité
publique locale repose désormais sur une comptabilité d’exercice ou d’engagement.
Les opérations sont prises en compte au titre de l'exercice auquel elles se rattachent,
indépendamment de leur date de paiement ou d'encaissement. Cette nouvelle
pratique conduit les collectivités à retracer, à travers leurs écritures comptables,
leurs flux financiers et un état de leur patrimoine. Les collectivités doivent en second
lieu veiller à l’application du principe de prudence. À l’image d’une personne
responsable ou d'un bon chef d'entreprise, les collectivités ont l'obligation de
pratiquer des amortissements qui constatent la dépréciation du patrimoine ainsi que
des provisions destinées à faire face à des opérations à risques. Elles doivent enfin
présenter des comptes réguliers, sincères, donnant une image fidèle de leur
patrimoine et de leur situation financière. À l'image des entreprises privées, les
comptes des collectivités sont désormais conçus comme un système permettant de
donner une information sur leur situation financière, leur passif et leur actif. Cette
image doit ensuite être certifiée par les juridictions financières ou des commissaires
aux comptes comme c’est le cas des entreprises.
6
des règles comptables locales sur celles des entreprises entraînent différentes
conséquences. Tel est notamment le cas de la dualité des comptabilités qui perdure
et qui n'existe pas en droit privé. C’est encore le cas de la pratique des
amortissements. Le droit fiscal des affaires prévoit des conditions de mise en œuvre
différentes de celles applicables aux amortissements pratiqués par les collectivités.
Enfin, l'État a été doté d'une comptabilité d'analyse des coûts qui a pour objet
‘'informer le Parlement, dans le cadre des projets et des rapports annuels de
7
performances, de l'ensemble des moyens alloués, directement ou indirectement, à la
réalisation de chacune des actions des programmes et de permettre le rapprochement
entre ces moyens et les résultats obtenus. Elle se fonde sur les données de la
comptabilité budgétaire et de la comptabilité générale.
Afin d’assurer une bonne tenue des comptes des personnes publiques en
s’approchant des normes comptables de droit privé, il a été nécessaire d’adapter les
normes comptables qui s’appliquent aux personnes publiques.
En plus, il a été nécessaire de créer des institutions comptables pour réfléchir sur
la nomenclature comptable applicable aux personnes publiques. C’est le cas en France
du conseil de normalisation des comptes publics.
Dans le même sens, des institutions internationales ont été créées pour proposer
es réformes et émettre des avis sur les normes comptables applicables aux personnes
publiques et aux personnes privées. En application du point 5.4 de la directive
n°01/2009/CM/UEMOA portant code de transparence dans la gestion des finances
publiques, les comptes publiques « sont établis dans le respect des principes , règles
et pratiques comptables internationalement reconnus ».
8
comptes publics (Partie 2) et enfin à la mise en œuvre de la comptabilité publique qui
concerne la comptabilisation des opérations financières publiques (Partie III).
9
Partie 1 : La comptabilité publique classique : l’exécution des opérations financières
publiques
L’exécution des opérations financières des collectivités publiques est régie par le
principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables. En application de ce
principe, les ordonnateurs prescrivent, ordonnent les opérations financières tandis
que les comptables les exécutent après avoir contrôlé leur régularité de sorte que
seuls les comptables sont habilités à recevoir, détenir ou manier les fonds (monnaie
métallique, fiduciaire ou scripturale) et valeurs (titres de créances, actions,
obligations…). De nouveaux acteurs sont apparus ces derniers temps pour mettre en
œuvre les opérations financières publiques, qu'il s'agisse des opérations de dépenses,
de recettes et de trésorerie.
Les personnes publiques sont dans l’obligation de mettre en œuvre des procédures
précisément définies pour exécuter des dépenses publiques, percevoir des recettes ou
bien encore des opérations de trésorerie.
Les différentes comptabilités tenues par les personnes publiques font l’objet de
différents contrôles qui connaissent d’importantes mutations.
10
Chapitre I. – Les acteurs chargés de l’exécution des opérations financières publiques
Section 1. Les acteurs principaux de l’exécution des opérations financières publiques : les
ordonnateurs et les comptables publics
Il faut noter que les ordonnateurs peuvent déléguer par arrêté ministériel tout ou
partie des crédits dont ils ont la charge à des agents publics. Ceux-ci vont agir pour le
compte et sous la responsabilité de l’ordonnateur, dans le cadre d’une délégation de
signature ou d’une délégation de gestion.
Les ordonnateurs principaux sont les agents publics qui bénéficient de la qualité
d’ordonnateur en vertu de leur statut sans avoir besoin d’une quelconque délégation.
Au Togo, pour ce qui concerne l’État, les ordonnateurs principaux sont :
• le ministre chargé des Finances est ordonnateur principal unique des recettes du
budget général, des comptes spéciaux du Trésor et de l'ensemble des opérations' de
trésorerie. Il est aussi ordonnateur principal des crédits, des programmes et des
budgets annexes de son ministère.
• les ministres sont ordonnateurs principaux des crédits, des programmes et des
budgets annexes de leur ministère. Ils exercent leurs attributions d'ordonnateurs par
le moyen d’ordonnateurs délégués au niveau des administrations centrales et
d'ordonnateurs secondaires au niveau des services déconcentrés de l'Etat.
• les présidents des institutions constitutionnelles sont ordonnateurs principaux des
crédits, des programmes et des budgets annexes de leur institution. C’est le cas du
Président de la Cour des comptes, du Président de la Cour constitutionnelle. Ils
exercent leurs attributions d'ordonnateur par le moyen d'ordonnateurs délégués au
niveau des administrations centrales et d'ordonnateurs secondaires au niveau des
services déconcentrés de l'Etat.
• le Premier ministre est ordonnateur principal pour les services sur lesquels il exerce
une autorité directe ;
Pour les collectivités territoriales, ceux qui ont la qualité d’ordonnateur principal
sont :
13
• le maire pour la commune
• le président du conseil régional pour la région
Les ordonnateurs secondaires sont les agents qui tiennent leur qualité d’ordonnateur
d’une délégation de pouvoirs d’un ordonnateur principal.
La délégation de pouvoirs entraîne le transfert de compétence au profit non pas d’une
personne dénommée, mais d’une personne titulaire d’une fonction déterminée.
Dans le cadre de la délégation de pouvoirs, le délégant est dessaisi des attributions
qu’il délègue. Il en résulte que, tant que la délégation de pouvoirs n’est pas évoquée, c’est le
délégataire et non plus le délégant qui est seul responsable des décisions qu’il est amené à
prendre.
Il y a donc, dans le cas de la délégation de pouvoirs, un véritable transfert de pouvoirs
et de compétence.
Ainsi :
- Le préfet est ordonnateur secondaire des services déconcentrés des
administrations civiles de l’État
- L’ambassadeur est ordonnateur secondaire des administrations de l’État dans
le pays où il est accrédité.
- Sauf disposition législative contraire, le président d'une autorité
administrative indépendante a la qualité d’ordonnateur secondaire.
Les collectivités territoriales et leurs établissements publics n'ont pas d'ordonnateurs
secondaires et ne connaissant que des ordonnateurs délégués ou suppléants.
➢ Les ordonnateurs délégués
Les ordonnateurs délégués sont les agents qui tiennent leur qualité d’ordonnateur
d’une délégation de signature des ordonnateurs principaux ou secondaires pour exercer
leurs fonctions en leur nom.
La délégation de signature ne dessaisit pas l’autorité délégante de ses pouvoirs, tant
que l’autorité déléguée ne s’est pas régulièrement prononcée.
En ce qui concerne l’Etat, le Ministre de l’Economie et des Finances a délégué son
pouvoir au directeur des finances qui est ordonnateur délégué du budget de l’Etat.
14
En ce qui concerne les collectivités territoriales, les possibilités de délégation sont
limitées puisque seuls les adjoints au maire ou les vice‐président de région peuvent être
ordonnateurs délégués ou suppléants selon les dispositions de l’article 366 de la loi sur la
décentralisation et les libertés locales du 26 juin 2019.
Les ordonnateurs suppléants sont des sont les agents qui suppléent les ordonnateurs
en cas d'absence ou d'empêchement.
Avant d'être installés dans leur premier poste comptable, les comptables publics
doivent, au terme de l' article 52 du décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la
gestion budgétaire et comptable publique, prêter serment par lequel ils jurent de “
s'acquitter de leurs fonctions avec probité et fidélité, et de se conformer exactement aux lois
et règlements qui ont pour objet d'assurer l'inviolabilité et le bon emploi des fonds publics”
(Instr. 3 mars 2004, modifiant l'instruction générale du 16 août 1966 modifiée sur
l'organisation du service des comptables publics).
On envisagera le rôle (i) et la classification (ii) des comptables publics.
i. Le rôle des comptables publics
15
L’article 17 du décret de 2015 portant Règlement général sur la comptabilité publique
dispose ainsi que les comptables deniers et valeurs sont seuls habilités à effectuer les
opérations ci-après décrites :
- la prise en charge et le recouvrement des rôles, titres de perception, bulletins de
liquidation et ordres de recettes non fiscales qui lui sont remis par un ordonnateur, des
créances constatées par un contrat ou un marché public, un titre de propriété ou 'tout autre
titre ou acte dont il assure la conservation ainsi que l’encaissement des droits au comptant
et des recettes de toute nature que les administrations publiques sont habilitées à recevoir;
- le visa, la prise en charge et le règlement des dépenses, soit sur ordre émanant d'un
ordonnateur accrédité, soit au vu des titres présentés par les créanciers, soit de sa propre
initiative, ainsi que la suite à donner aux oppositions et autres significations;
- la, garde et la conservation des fonds, valeurs et titres appartenant ou confiés à l'Etat
ou aux autres administrations publiques ;
- le remaniement des fonds, les mouvements des comptes de disponibilités et l’exécution
des autres opérations de trésorerie ;
- la conservation des pièces justificatives des opérations et des documents de
comptabilité ;
- la tenue de la comptabilité du poste qu’il dirige.
Les comptables publics exécutent également toutes opérations de recettes et de dépenses
du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux, toutes opérations de
trésorerie et, d’une manière générale, toutes autres opérations financières incombant à
l’État.
Au niveau des collectivités locales, l’article 370 de la loi de 2014 sur la Décentralisation
et les libertés locales indique, pour les communes, que « Le comptable tient, pour le compte
de la collectivité, la comptabilité des deniers et des valeurs conformément aux dispositions
des lois et textes réglementaires ».
Le Conseil d'État a eu l’occasion d’indiquer que « le principe de l’exclusivité de
compétence du comptable public pour procéder au recouvrement des recettes et au paiement
des dépenses publiques doit être regardé comme un principe général des finances publiques
applicable à l’ensemble des collectivités territoriales et de leurs établissements publics ».
Partant, « dans les cas où la loi n'autorise pas l'intervention d'un mandataire, les
collectivités territoriales et leurs établissements publics ne peuvent décider par convention
de faire exécuter une partie de leurs recettes ou de leurs dépenses par un tiers autre que
leur comptable public » (CE, avis, 13 févr. 2007, n° 373788 ).
Toutefois, les comptables publics ne sont pas de simples exécutants des décisions prises
par les ordonnateurs ni leurs subordonnés. Ils sont tenus, avant de procéder à leur
exécution, de vérifier de manière systématique et exhaustive la régularité des opérations
qui leur sont prescrites par les ordonnateurs.
Le contrôle de régularité exercé par le comptable, qui s'appuie sur un certain nombre de
pièces justificatives, ne saurait être assimilé à un contrôle de l’opportunité de l’opération
financière à réaliser.
16
L’article 26 du décret de 2015 indique à cet égard que le comptable public est tenu
d’exercer :
➢ S’agissant des ordres de recouvrer, un contrôle de :
En vue de garantir la qualité des comptes de l’État, et sans préjudice des compétences
de l’ordonnateur, le comptable public s’assure, par ses contrôles sur les biens, droits et
obligations qui doivent être enregistrés dans le compte général de l'État, de la qualité du
contrôle interne comptable et du respect des principes et des règles comptables.
19
La mission de conseil du comptable n’a cessé de se développer. Les comptables publics
procèdent en effet de plus en plus à de l’analyse financière. Sans pour autant influer sur la
décision de l’ordonnateur, cette mission donne la possibilité au comptable public de faire
état, de manière rétrospective ou prospective, de la situation financière de la collectivité.
Les comptables deniers et valeurs sont des personnes habilitées, affectées au maniement
et à la conservation des fonds publics, des valeurs qui sont des valeurs de portefeuille, bons,
traites, obligations, rentes actions de sociétés. Il s’agit des comptables directs du Trésor,
des comptables des administrations financières et les agents comptables des établissements
publics.
Les comptables d’ordre sont ceux qui centralisent et présentent dans leurs écritures et
leurs comptes les opérations financières exécutées par d’autres comptables.
Il faut noter qu’un même comptable peut être à la fois comptables deniers et valeurs et
comptables d’ordre, car il n’y a pas d’incompatibilité.
20
➢ Du point de vue du statut : distinction entre comptables publics principaux et
comptables publics secondaires
Les comptables publics principaux centralisent les opérations faites pour le compte de
l’État par les autres comptables publics, les régisseurs et les correspondants locaux du
Trésor ainsi que les opérations faites pour leur compte par d’autres comptables publics. Ils
sont tenus de produire un compte de gestion et sont justiciables devant la Cour des comptes
c’est-à-dire qu’ils répondent de leurs actes devant la cour des comptes.
Les comptables secondaires sont, quant à eux, ceux dont les opérations sont centralisées
par un comptable principal. Ils ne sont pas tenus de produire un compte et ne sont pas
conséquent pas justiciables devant la Cour des comptes.
➢ Du point de vue du trésor, : distinction entre les comptables directs du Trésor et les
autres comptables publics
Les comptables directs du Trésor constituent les comptables de droit commun dans la
mesure où ils exécutent toutes les opérations financières dont l’État est chargé à l’exception
de celles dont l’exécution est expressément confiée à d'autres comptables publics.
En revanche, les autres comptables publics sont chargés, dans les conditions fixées par
arrêté du ministre chargé du budget, de toutes opérations de recettes, de dépenses et de
trésorerie du budget général et, de manière générale, de toutes autres opérations
financières incombant à l’État. C’est le cas des comptables des administrations financières
des impôts et des douanes qui sont des fonctionnaires ou agents chargés en particulier du
recouvrement d'impôts, de droits, de redevances et de recettes diverses ainsi que des
pénalités fiscales et des frais de poursuites dans les conditions fixées par le code général
des impôts, le code des douanes, le code du domaine de l'Etat, ainsi que les lois et
règlements.
21
➢ Du point de vue de la qualité du comptable : distinction entre les comptables
publics patents et les comptables publics de fait
Un comptable patent est un comptable qui a la qualité pour exécuter les opérations
comptables à ce titre.
Un comptable de fait est une personne qui réalise qui réalise les opérations comptables
sans avoir la qualité de comptable public ni bénéficier d’une délégation de pouvoir ou de
signature.
Les mêmes règles s’appliquent aux collectivités locales. En effet, l’article 373 de la loi
de 2014 sur la Décentralisation et les libertés locales indique que « le comptable principal
tient la comptabilité de la collectivité conformément aux dispositions des textes en vigueur.
II produit en fin d’exercice le compte de gestion ».
Le compte de gestion est remis par le comptable de la commune au maire pour être
joint au compte administratif comme pièce justificative et servir au règlement définitif des
recettes et des dépenses de l’exercice clos et doit être visé par l’ordonnateur, qui certifie que
le montant des titres à recouvrer et des mandats est conforme aux écritures de la
comptabilité administrative.
Pour garantir la bonne utilisation des deniers publics et l'efficacité des contrôles
opérés par le comptable, la fonction d'ordonnateur et de comptable est placée dans un
rapport d'indépendance (statutaire et fonctionnelle) l'une vis-à-vis de l’autre.
A. Le principe de précaution
Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le,
le pouvoir arrête le pouvoir. Ce vieux précepte de Montesquieu trouve à s’appliquer ici aussi.
La séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable répond à la même préoccupation
qui sous-tend la thèse de la séparation des pouvoirs dans l’Etat. Pour celui qui cumule les
fonctions d’ordonnateur et de comptable et donc qui liquide, ordonnance, paie une dépense
ou recouvre une recette, la tentation naturelle est d’abuser de ses compétences. Le risque
est grand que l’abus se traduise par un gaspillage de deniers publics ou un usage de la
23
dépense ou de la recette qui se révèle contraire à l’intérêt général. La séparation des
fonctions est une précaution, un pari sur la gestion modérée des finances publiques
1. En matière de dépense
2. En matière de recettes
- Le recouvrement des droits et taxes par les services des impôts en lieu et
place du trésor public.
1. En matière de dépense
2. En matière de recettes
Les recettes recouvrées sans titre tels que les recettes non fiscales mais
régulièrement autorisées et recouvrées par des régisseurs sans émission préalable de titre
de créance. Ces recettes sont recouvrées contre la délivrance de quittance : droits d’examen,
droit d’inscription aux concours et tests de recrutement de personnel, droits de timbre, droit
de visite technique des véhicules. Première avance mise à disposition des régisseurs
d’avance.
25
Le régime de la responsabilité des ordonnateurs est défini à l’article 13 du décret de
2015 portant Règlement Général sur la Comptabilité Publique qui indique que : “les
ordonnateurs sont personnellement responsables des contrôles qui leur incombent dans
l’exercice de leurs fonctions. Ils encourent une responsabilité qui peut être disciplinaire,
pénale ou civile, sans préjudice des sanctions qui peuvent leur être infligées par la Cour des
comptes à raison des fautes de gestion”.
Cet article précise que les ministres et les Présidents des institutions
constitutionnelles encourent les responsabilités que prévoit la Constitution.
Le régime de responsabilité des ordonnateurs est donc étendu et varié. Nous allons
examiner la responsabilité pour gestion de fait (1), la responsabilité disciplinaire (2), la
responsabilité civile (3), la responsabilité pénale (4) et la responsabilité politique (5).
a. Définition
La gestion de fait est définie par l’alinéa 3 de l’article 15 du décret de 2015 portant
Règlement Général sur la Comptabilité Publique qui dispose que : « est comptable de fait,
toute personne qui, sans avoir la qualité de comptable public ou sans agir sous le contrôle
et pour le compte d'un comptable public, s'immisce dans la gestion de deniers publics ».
L’auteur d’une opération qui sera qualifiée de gestion de fait ne doit pas disposer d'un
titre légal l'habilitant à manier des deniers publics. Les régisseurs de recettes ou d'avances
disposent ainsi d'un titre légal et ne peuvent être déclarés gestionnaires de fait. De même,
les gestionnaires de services publics peuvent être habilités à percevoir des recettes
publiques et à les employer en dépenses (C. comptes, 24 oct. 1991, Cne Antony : Rec.
C. comptes 1991, p. 89). Les personnes régulièrement habilitées deviennent toutefois
comptables de fait si elles excèdent leur habilitation. Tel sera par exemple le cas si un
régisseur de recettes s'ingère dans la perception de recettes autres que celles prévues dans
l’acte constitutif de la régie ou encore si, n'ayant pas la qualité de régisseur d'avances, il
26
procède à des paiements (C. comptes , 26 nov. 1981. – C. comptes, 7 oct. 1982, Centre de
loisirs Cne Beaune : Rec. C. comptes 1982, p. 220).
c. Illustration concrète
La gestion de fait recouvre les cas dans lesquels un ordonnateur (y compris une personne
privée) :
• décide, par convention ou non, de percevoir ou de faire percevoir des recettes ou des
dépenses publiques lui-même ou par un tiers autre que leur comptable public, lequel
dispose d'une compétence exclusive pour procéder au recouvrement des recettes et
au paiement des dépenses publiques (Ch. rég. comptes de Rhône -Alpes, 11 janv.
2006, n° 2005-11, Cne Ville-sous-Anjou) ;
• extrait irrégulièrement des deniers publics de la caisse d’un comptable ( C. comptes,
29 nov. 2007, n° 49996, G. Flosse c/ Collectivité d'outre-mer Polynésie française, CE,
30 déc. 2013, n° 351750, Fanon-Alexandre c/ Dpt Martinique) ;
• ordonnance une dépense en l'absence de service fait ou en cas de service fait
mensongé (CE, 30 juill. 2003, n° 250649, CE, 27 juill. 2005, n° 261819 et n° 287942) ;
• ordonnance une dépense sans autorisation budgétaire (C. comptes , 19 oct. 2006,
n° 46493, Synd. intercnal d'assainissement Bellecombe).
2. Responsabilité disciplinaire
La responsabilité des comptables de fait peut-être mise en œuvre par le ministre des
Finances à travers un arrêté de débet qui commande à la personne concernée de reverser
27
dans les caisses publiques la somme ayant été maniée contrairement aux prescriptions du
portant Règlement Général sur la Comptabilité Publique.
Cette voie administrative n’est pas exclusive d'un apurement juridictionnel des comptes.
3. Responsabilité civile
La responsabilité civile vise à faire réparer par l’ordonnateur les préjudices qu’il
cause à la personne publique du fait de sa gestion.
Les maires sont responsables envers la commune des dépenses qu'ils ont engagées
en dépit du refus du conseil municipal d'ouvrir des crédits (CE, 21 nov. 1879 , Pastré :
Lebon, p. 725). De même, les maires engagent-ils leur responsabilité à l'égard de la
commune lorsqu'ils font exécuter des travaux sur crédits budgétaires mais dans leur intérêt
personnel (CE, 8 mars 1935, Magnon). Par contre, les dépenses engagées sans crédits mais
dans l'intérêt de la commune restent à la charge de celle-ci (CE, 21 nov. 1930 , Kervéguen).
Lorsque la responsabilité de l'ordonnateur se trouve engagée vis-à-vis de la
collectivité publique, cette dernière émettra à l'encontre de l'agent incriminé un titre de
perception qu'il appartiendra à l'ordonnateur concerné de contester devant le juge
administratif seul compétent dans cette hypothèse. En ce qui concerne les ordonnateurs
principaux, la procédure dont il s'agit reste, par conséquent, assez aléatoire car on voit assez
mal un ministre, un maire ou un président de conseil départemental ou régional établir
contre lui-même un titre de perception.
En France, il faut préciser qu'en vertu des articles L. 2132-5 à L. 2132-7, L. 3133-1
et L. 4143-1 du Code général des collectivités territoriales, les contribuables des communes,
des départements et des régions peuvent se faire autoriser par le tribunal administratif à
agir, au nom de la collectivité intéressée, contre le chef de l'exécutif local afin d'obtenir de
cette dernière réparation du préjudice qu'il pourra avoir causé, en sa qualité d'ordonnateur,
à ladite collectivité.
Cette action n’est pas explicitement prévue au Togo. Mais, elle peut être défendue.
4. Responsabilité pénale
Les ordonnateurs peuvent voir leur responsabilité pénale être engagée par les
juridictions pénales en cas d’infractions pénales comme les prises illégales d’intérêts.
28
5. Responsabilité politique
Cette responsabilité peut être mise en œuvre par le Parlement pour les ordonnateurs
de l’Etat et par le Conseil local pour les ordonnateurs locaux.
La responsabilité personnelle et pécuniaire est mise en jeu par des débets, qu'ils
soient administratifs (émis par l'autorité hiérarchique du comptable) ou juridictionnels
(émis par le juge), qui ne visent pas à sanctionner un comportement fautif du comptable
mais à constater qu'il existe un manquant dans les caisses publiques, qu'une recette n'a pas
été recouvrée ou qu'une dépense a été irrégulièrement payée. La responsabilité qui pèse sur
le comptable public est donc objective et automatique.
L’article 107 de la Constitution énonce cette règle en ces termes : « la Cour des
Comptes et les Cours régionales des comptes jugent les comptes des comptables publics ».
Cette règle avait été énoncée par le commissaire du gouvernement Romieu dans ses
conclusions rendues dans le cadre de l'affaire Nicolle qui sera jugée par le Conseil d'État en
1907 et aux termes desquelles : « la Cour des comptes juge le compte, elle ne juge pas le
comptable » (CE, 12 juill. 1907).
L’objectivité de ce système de responsabilité encourue par le comptable public conduit
en principe à ce qu'elle soit engagée alors même que celui-ci n'aurait commis aucune faute
dans la tenue de sa comptabilité. La Cour des comptes a d'ailleurs eu l'occasion de préciser
que la qualification de comptable patent « porte sur des faits précis d'ordre comptable, ne
constitue aucunement une condamnation du comportement général, ni une négation des
qualités professionnelles de ceux qui en sont frappés » (C. comptes , 30 nov. 2010, n° 59672,
Université François Rabelais de Tours).
Le simple fait de constater un manquant en caisse justifie ipso facto la mise en œuvre
de la responsabilité du comptable public.
29
Le juge des comptes ne peut dès lors pas fonder une mise en débet sur d'autres
fondements que des éléments ressortant de la tenue des comptes ; cette responsabilité ne
pouvant être appréciée à la lumière du comportement personnel du comptable. Le Conseil
d'État considère ainsi, selon une jurisprudence constante, que « La Cour des comptes, qui
est compétente (…) pour juger les comptes des comptables publics, ne peut légalement
fonder les décisions qu'elle rend dans l'exercice de sa fonction juridictionnelle que sur les
éléments matériels des comptes soumis à son contrôle, à l'exclusion notamment de toute
appréciation du comportement personnel des comptables intéressés ». Les règles de la
comptabilité publique ne sauraient ainsi permettre au juge des comptes de « se fonder, pour
juger les comptes des comptables publics, sur les fautes respectivement commises par ces
comptables et par les régisseurs dont les opérations se rattachent à leur compte » (CE, ass.,
20 nov. 1981, min. Budget).
Les article 83 de la loi organique relative aux lois de finances et l’article 28 du décret
de 2015 portant Règlement Général sur la Comptabilité Publique énoncent les situations
dans lesquelles la responsabilité du comptable publique pourrait être engagée. Il en est
ainsi si :
- un déficit de caisse ou un manquant en deniers ou en valeurs a été constaté;
- une recette n'a pas été recouvrée;
- une dépense a été irrégulièrement payée, en manquement aux obligations de
contrôles nécessaires;
- par la faute du comptable public, l'organisme public a dû procéder à
l'indemnisation d'un autre organisme public ou d'un tiers.
La bonne foi du comptable ne saurait, en elle-même l'exonérer, devant le juge des
comptes, de sa responsabilité (C. comptes, 11 mars 2015, n° 71792 , Institut nat. prévention
et éducation à la santé [INPES]).
Le juge des comptes ne prend pas non plus en considération des éléments tenant aux
conditions de travail du comptable. La Cour des comptes considère qu'un comptable ne peut
s'exonérer de sa responsabilité au regard du « désordre ayant empêché la production du
compte (…) et du fait qu'il ne produit aucun élément établissant une défaillance de son
successeur ; que les mesures d'éloignement du poste comptable ne revêtaient pas un
caractère extérieur à sa personne et ne l'exonéraient pas des obligations que le règlement
général sur la comptabilité publique met à sa charge » (C. comptes , 27 mai 2010, n° 58003,
Lycée polyvalent Galilée de Gennevilliers [Hauts-de-Seine]).
La responsabilité des comptables publics présente, en dépit de ces dernières
évolutions, une seconde caractéristique. Elle a une nature personnelle et pécuniaire.
b. Une responsabilité personnelle et pécuniaire
L’article 82 de la loi organique relative aux lois de finances de 2014 dispose que : « les
comptables publics patents sont personnellement et pécuniairement responsables des
opérations dont ils ont la charge et des contrôles qu’ils sont tenus d’effectuer ».
Le Conseil d'État a eu l'occasion de se prononcer sur l’étendue de cette responsabilité
personnelle en précisant que « tout comptable public assumant la direction d'un poste
30
comptable, qu'il soit principal ou secondaire, est responsable des opérations qu'il accomplit
ainsi, le cas échéant, que de celles accomplies, sous son autorité, par d'autres comptables
publics ou des régisseurs ; que, s'agissant des opérations des comptables publics
secondaires, c'est-à-dire de ceux dont la comptabilité est centralisée dans les comptes d'un
comptable public principal, la responsabilité du comptable public principal ne peut être
engagée que dans la limite des contrôles qu'il est tenu d'exercer ».
Le Conseil d'État indique également qu'il appartient « au juge des comptes
d'examiner si la responsabilité du comptable principal doit être mise en jeu, soit au titre
des opérations du poste comptable qu'il dirige, de celles des comptables publics qui sont
placés sous son autorité ou de celles des régisseurs, soit au titre des opérations des
comptables publics secondaires dont il centralise la comptabilité dans la mesure où celles-
ci sont soumises à son contrôle ; qu'à défaut de pouvoir mettre en jeu la responsabilité de
ce comptable public principal à ce dernier titre, il appartient au juge des comptes de mettre
en jeu la responsabilité des comptables secondaires dont la comptabilité était centralisée
dans les comptes du comptable principal » (CE, 24 févr. 2017, n° 376384).
En tout état de cause, afin d'éviter tout risque d'insolvabilité, le législateur impose
aux comptables publics de constituer des garanties dans l'hypothèse où sa responsabilité
viendrait à être engagée.
31
personnelle et pécuniaire, sauf réquisition émanant de l'ordonnateur principal ». Cet article
précise que « dans ce cas, la responsabilité de ce dernier se substitue à celle du comptable ».
Dans le même sens, l’article 372 de la Loi sur la Décentralisation et les libertés locales
énonce que « en cas de réquisition, la responsabilité de l’ordonnateur se substitue à celle du
comptable. ».
b. Admission en valeur
En deuxième lieu, lorsqu'une recette publique n'a pu être recouvrée pour des raisons
qui ne mettent pas en cause les diligences du comptable, il peut être demandé qu'elle soit
admise en non-valeur.
L’admission en non-valeur est fréquemment justifiée par l'insolvabilité du débiteur
ou sa disparition, le décès des débiteurs laissant toutefois subsister les créances qui sont
exigibles de leurs héritiers. Ce dispositif n'a pas pour effet d'éteindre la créance concernée
et n'exonère donc pas le débiteur de sa dette. Il n4éteint pas le rapport juridique existant
entre le débiteur et le créancier public, mais correspond à une mesure d'ordre budgétaire et
comptable qui a pour seul effet de dégager le comptable public de sa responsabilité en
matière de recouvrement des créances qui lui sont assignées, ce dernier n'ayant pu, malgré
toutes les diligences nécessaires, procéder à ce recouvrement pour cause d'irrécouvrabilité
de la dette. À l'inverse, un comptable négligent pouvant être sanctionné par le juge des
comptes en dépit de l'admission en non-valeur ( C. comptes, 24 mars 1988, TPG Haute-
Savoie, C. comptes, 26 juin 1996, Comptable IGN , TA Clermont-Ferrand , 15 avr. 2010,
n° 15-04-2010, Jeanine Vinatie et Alain Binet).
c. La prise en compte des éléments subjectifs
d. Décharge ministérielle
• les sommes allouées en remise gracieuse aux régisseurs ou celles dont ceux-ci ont été
déclarés responsables mais qui ne pourraient pas être recouvrées ne peuvent être
mises à la charge du comptable assignataire par le juge des comptes ou le ministre,
sauf si le débet est lié à une faute ou une négligence caractérisée commise par le
comptable public à l'occasion de son contrôle sur pièces ou sur place ;
• lorsque le ministre dont relève le comptable public, le ministre chargé du budget ou
le juge des comptes constate l'existence de circonstances constitutives de la force
majeure, il ne met pas en jeu la responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable
public.
33
n° 2011-118/PR du 06 juillet 2011 portant organisation et fonctionnement des régies de
recettes, des régies d’avances de l’Etat et des autres organismes publics.
Nous allons présenter successivement les régisseurs d’avances (§1), les régisseurs de
recettes (§2) et les contrôleurs financiers (§3).
Les régies d’avances sont créées par arrêté conjoint du ministre du Budget et du
ministre intéressé.
Toutefois, des régies peuvent être créées par arrêté ministériel ; par arrêté du préfet
après avis du directeur départemental ou, le cas échéant, régional des finances publiques
pour les régies d'État ; par décision du directeur de l'établissement public national.
Elles peuvent être également créées par décision du directeur de l'établissement
public national si elles correspondent à des normes fixées par arrêté du ministre du Budget.
Par ailleurs, les régies de recettes et les régies d'avances des établissements publics locaux
d'enseignement sont créées, dans les conditions fixées par arrêté conjoint du ministre du
Budget et des ministres intéressés, par décision du directeur de l'établissement.
Avant d'entrer en fonctions, le régisseur est tenu de constituer un cautionnement
pour le montant fixé par le ministre du Budget ou avec son accord. Toutefois, les régisseurs
d'avances sont dispensés de la constitution d'un cautionnement lorsque le montant mensuel
des avances consenties ou des recettes encaissées n'excède pas un seuil fixé par arrêté du
ministre du Budget.
La méconnaissance de ces règles entraîne la cessation immédiate des fonctions du
régisseur.
B. Compétences du régisseur d'avances
Les dépenses pouvant être payées directement par les régisseurs sont :
• les dépenses de matériel et de fonctionnement, dans la limite d'un montant fixé par
arrêté du ministre du Budget ;
• la rémunération des personnels payés sur une base horaire ou à la vacation, y
compris les charges sociales y afférentes,
• les secours urgents et exceptionnels ;
34
• les frais de mission et de stage, y compris les avances sur ces frais ;
• pour les opérations à l'étranger, toute autre dépense nécessaire au bon
fonctionnement du service situé à l'étranger ;
• les dépenses d'intervention et subventions ;
• pour les opérations des établissements publics nationaux qui, dans le cadre de leur
mission, exercent des activités bancaires et financières, toutes dépenses réalisées au
Togo et à l'étranger nécessaires au bon fonctionnement des services concernés.
Chaque régisseur se voit mettre à sa disposition une avance dont le montant est fixé par
le texte ayant institué la régie et, le cas échéant, révisé dans la même forme.
L'avance est versée par le comptable assignataire sur demande du régisseur visée par
l'ordonnateur.
Les régisseurs effectuent le paiement des dépenses par virement, par chèque, par
mandat-carte, en numéraire ou par carte de paiement.
Le régisseur remet les pièces justificatives des dépenses payées par ses soins, soit à
l'ordonnateur, soit au comptable assignataire, suivant les règles propres à chaque catégorie
d'organismes. Sauf dérogation accordée par le ministre du Budget, la remise de l'ensemble
des pièces justificatives intervient au minimum une fois par mois. L'ordonnancement
intervient pour le montant des dépenses reconnues régulières.
A. Modalités de création
Les mêmes règles que celles qui régissent les régisseurs d’avances s’appliquent.
B. Compétences du régisseur de recettes
Sauf dérogation accordée par le ministre du Budget, les impôts, taxes et redevances
prévus au Code général des impôts, au Code des douanes et au Code foncier et domanial ne
peuvent être encaissés par l'intermédiaire d'une régie.
35
Toutefois, cette disposition n'est pas applicable aux régies de recettes de l'État à
l'étranger.
Dans les mêmes conditions que les comptables publics, les régisseurs encaissent les
recettes réglées par les redevables par versement en numéraire, par remise de chèques ou
par versement ou virement à un compte de disponibilités ouvert ès qualités.
Les régisseurs de recettes sont autorisés à disposer d'un fonds de caisse permanent
dont le montant sera mentionné dans l'acte constitutif de la régie. Les régisseurs justifient
au comptable assignataire, au minimum une fois par mois, les recettes encaissées par leurs
soins.
C. Contrôle des régies de recettes
Les contrôleurs financiers sont institués par l’article 69 de la loi organique relative
aux lois de finances de 2014 qui dispose que « les contrôleurs financiers relèvent du ministre
chargé finances et sont nommés par celui-ci ou à son initiative auprès des ordonnateurs. Ils
sont chargés des contrôles o priori des opérations budgétaires. Ils peuvent donner les avis
sur la qualité de la gestion des ordonnateurs et sur la performance des programmes ».
Ils sont soumis à l’autorité du Ministre de l’Economie et des Finances et placés auprès
de chaque ordonnateur.
Ils assurent un contrôle administratif interne auprès de l’ordonnateur. Ils sont ainsi
amenés à assurer de nombreuses missions qui sont traditionnellement confiées
exclusivement aux comptables publics.
Les développements sur les contrôleurs financiers seront faits dans le chapitre sur le
contrôle de l’exécution des opérations financières publiques.
.
36
Chapitre II. Procédures d'exécution des opérations financières
Tous les textes régissant la comptabilité publique ont fait une place importante aux
procédures d’exécution des opérations financières ; la procédure servant ici essentiellement
à organiser l'utilisation des fonds publics sans lesquels les structures administratives ne
peuvent fonctionner.
On distingue les procédures d’exécution des opérations de dépenses
publiques (Section 2), de recettes publiques (Section 3), et de trésorerie (Section 4). Avant
d’examiner ces procédures, il convient de présenter le principe de non-affectation des
recettes aux dépenses (Section 1) qui est au cœur de l’exécution des recettes et des dépenses.
Les recettes du budget sont fongibles. Elles constituent une masse compacte et
indifférenciée qui doit servir à financer les dépenses de façon tout aussi indifférenciée, sans
relier une recette particulière à une dépense particulière. Ainsi, l’article 36 du décret de
2015 portant RGCP dispose que : « il est fait recette au budget de l'Etat du montant intégral
de tous les produits, quelle qu'en soit la provenance et sans contraction entre les recettes et
les dépenses ».
L’affectation systématique des recettes précises à des dépenses non moins précises
pourrait créer une distorsion dans le rendement des impôts et taxes. Les contribuables
paieraient plus volontiers les contributions reliées à des dépenses plus populaires ou qui les
concernent directement. Ceci créerait une hiérarchie entre les impôts et taxes du fait de
l’affectation du produit de ces contributions à des dépenses populaires ou non. Par ailleurs,
par nécessité technique, l’affectation a pour conséquence que lorsque les ressources
affectées sont supérieures au montant des dépenses, il y aurait gaspillage alors que si les
ressources affectées sont inférieures au montant des dépenses l’Etat devra trouver des
recettes additionnelles pour compenser.
Il faut noter que ce principe ne s’applique véritablement qu’au budget général des
Etats. Les budgets annexes et les comptes spéciaux du trésor sont alimentés par des
recettes affectées dans la loi de finances ou autorisées par elle. Les budgets des collectivités
locales comportent aussi une section de fonctionnement comportant des dépenses de
fonctionnement payées par des recettes de fonctionnement et une section d’investissement
qui comprend des dépenses d’investissement payées avec les recettes d’investissement.
C'est au cours de l'opération d'exécution des dépenses que le souci de protection des
fonds publics apparaît avec le plus de netteté. En témoignent les différentes étapes qui
conditionnent sa régularité. Par ailleurs, les collectivités publiques disposent, en la matière,
de privilèges dont ne bénéficient pas les personnes privées. Enfin, le droit de la comptabilité
publique organise un régime tout à fait particulier pour certaines dépenses obligatoires.
37
Nous allons présenter d’abord les différentes catégories de dépenses publiques (§1),
ensuite les différentes procédures d’exécution des dépenses publiques (§2) et enfin le régime
spécifique de certaines dépenses publiques (§3).
§1. Les différentes catégories de dépenses
Les dépenses des collectivités locales sont prévues par la loi sur la Décentralisation
et les libertés locales. Cette loi distingue les dépenses de fonctionnement (1) d’une part, et
les dépenses d’investissement et d’équipement (2) d’autre part.
1. Les dépenses de fonctionnement
• les annuités de prêts, les avances, les créances à long et moyen termes ;
• les achats de titres et valeurs mobilières ;
• les projets de développement.
§2. Les différentes procédures d’exécution des opérations de dépense
Il existe une procédure de droit commun (A) et des procédures simplifiées d’exécution
des dépenses publiques.
A. La procédure de droit commun
1) Engagement
39
involontaire (accident causé par un agent public et qui engage la responsabilité de la
collectivité).
L’engagement comptable consiste à affecter des crédits au paiement de la dépense. Il
résulte de l'affectation des crédits budgétaires à la réalisation de la dépense découlant de
l'engagement juridique.
L’article 44 précité précise que Le montant total des engagements ne doit pas
dépasser le montant des autorisations budgétaires et doit demeurer subordonné aux lois et
règlements en vigueur. L’engagement ne peut donc être pris que si les dépenses concernées
ont été autorisées. Il doit respecter l'objet et les limites de l'autorisation budgétaire.
Lorsque l'engagement dépend d'une décision volontaire de l'ordonnateur,
l'engagement comptable précède ou est concomitant avec l'engagement juridique. En
revanche, quand l'engagement trouve son origine dans la survenance d'un événement
indépendant de la volonté de l'ordonnateur, l'engagement juridique précède l'engagement
comptable.
2) Liquidation
La liquidation est définie par l'article 45 du décret portant RGCP comme l'opération
qui a pour objet de vérifier la réalité de la dette et à arrêter le montant de la dépense. Elle
est faite au vu des titres et pièces justifiant la preuve des droits acquis par les créanciers.
Elle comporte la certification du service fait, par laquelle l'ordonnateur atteste la
conformité à l'engagement de la livraison ou de la prestation et la détermination du
montant de la dépense au vu des titres ou décisions établissant les droits acquis par les
créanciers.
Concrètement, cette étape a pour objet de vérifier la réalité de la dette (règle du
service fait) et d’arrêter son montant qui peut être souvent quelque peu différent du
montant prévu lors de l'engagement.
Elle est normalement postérieure à l'exécution du service ou de la prestation due à
l'Administration, mais elle peut parfois être antérieure dans le cas des acomptes ou avances
accordés par l'Administration.
Si la liquidation incombe à l'ordonnateur, il faut néanmoins remarquer que les
opérations matérielles de constatation et de calcul peuvent être réalisées par les
subordonnés de l'ordonnateur.
3) Ordonnancement
4) Paiement
• la qualité de l'ordonnateur ;
• l'exacte imputation des dépenses au regard des règles relatives à la spécialité des
crédits ;
• la disponibilité des crédits ;
• la validité de la dette ;
• du caractère libératoire du paiement.
Le Conseil d'État a précisé que la circonstance qu'une opération n'a pas été prévue par
la nomenclature des pièces justificatives applicable à l'organisme public concerné ne saurait
dispenser le comptable public d'exercer tous les contrôles qui lui incombent, et notamment
celui du caractère suffisant et cohérent des pièces fournies par l'ordonnateur. Dans une telle
hypothèse, il appartient au comptable public de s'assurer de la production de toute pièce
justificative pertinente, nécessaire à l'exercice des contrôles qui lui incombent en vertu des
lois et règlements.
Pour le juge, les pièces justificatives pertinentes et nécessaires à l'exercice des contrôles
incombant au comptable sont celles qui lui permettent de contrôler la qualité de
l'ordonnateur ou de son délégué, la disponibilité des crédits, l'exacte imputation des
dépenses aux chapitres qu'elles concernent et, au titre du contrôle de la validité de la
créance, la justification du service fait, l'exactitude des calculs de liquidation, l'intervention
préalable des contrôles réglementaires, l'existence du visa des membres du corps du
contrôle général économique et financier, lorsque celui-ci est exigé par les textes, et
l'application des règles de prescription et de déchéance.
41
Il est loisible au comptable d'identifier les pièces justificatives pertinentes et nécessaires
à l'exercice de ses contrôles en se référant, lorsque cela est pertinent, aux prescriptions de
la nomenclature applicable ou de toute autre nomenclature comptable, pour des opérations
similaires (CE, 9 mars 2016 , n° 380105).
Le Conseil d'État a jugé que le refus de paiement fondé par un comptable public sur la
déchéance quadriennale constitue une décision administrative faisant grief qui peut donc
faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir (CE, 25 oct. 1967, n° 71004 ).
Dans un assez grand nombre de cas, la procédure que l'on vient de décrire connaît
certains aménagements.
Certaines dépenses peuvent, eu égard à leur nature ou à leur montant, selon les
besoins propres à chaque catégorie de personnes morales, être payées sans ordonnancement
ou avec ordonnancement sans que celui-ci soit préalable au paiement.
Le comptable public peut par ailleurs opérer ses contrôles de manière hiérarchisée,
en fonction des caractéristiques des opérations relevant de la compétence des ordonnateurs
et de son appréciation des risques afférents à celles-ci. À cet effet, il adapte l'intensité, la
périodicité et le périmètre de ses contrôles ; sachant que l'ordonnateur peut être associé à
l'appréciation de ces risques.
Les collectivités publiques bénéficient de nombreux privilèges en matière d’exécution
des dépenses publiques.
§2° Privilèges des collectivités publiques en matière de dépense
A. La prescription quadriennale
Les collectivités publiques dotées d'un agent comptable bénéficient d’un premier
privilège en vertu duquel leurs dettes se prescrivent dans un délai beaucoup plus bref que
les dettes des personnes privées
42
L’alinéa 1er de l’article 53 prévoit en effet que : « sont prescrites au profit. de l'Etat,
toutes créances de tiers qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans à partir du
premier jour de l'année suivant celle au cours de laquelle les droits ont été acquis ».
La prescription peut être interrompue en cas de réclamation dans ce délai de 4 ans.
B. L’inapplication de la compensation des créances et des dettes aux personnes publiques
Un autre privilège des personnes publiques est qu’aucune voie d'exécution du droit
commun, aucune saisie, ne peut obliger l'administration à se libérer de ses dettes, même
lorsque celles-ci sont soumises à un régime de droit privé.
Cette règle trouve son fondement dans l’article 511 du code foncier et domanial qui
dispose que « le domaine public est inaliénable, imprescriptible et insaisissable. ».
Le principe de l’insaisissabilité ne s’étend pas au domaine privé des personnes
publiques. La Cour de cassation a admis que si le principe d'insaisissabilité des biens des
personnes publiques s'oppose à la mise en œuvre, à leur encontre, des voies d'exécution de
droit commun, il ne fait pas obstacle à la cession, fût-elle forcée, des biens dépendant de
leur domaine privé (Cass. com., 21 janv. 2014, n° 12-29.475 ).
43
Lorsqu'une décision juridictionnelle passée en force de chose jugée a condamné l'État
au paiement d'une somme d'argent dont le montant est fixé par la décision elle-même, cette
somme doit être ordonnancée dans un délai de 2 mois à compter de la notification de la
décision de justice. La date de l'ordonnancement ou du mandatement est portée, le jour
même, à la connaissance du créancier par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. La même lettre comporte la désignation du comptable assignataire de la dépense.
Les budgets locaux comportent obligatoirement des dépenses publiques, qui sont
prescrites par la loi et dont la liste figure aux articles 337 et suivants de la loi sur la
Décentralisation et les libertés locales. On distingue les dépenses de fonctionnement et les
dépenses d’investissement.
44
Nous allons présenter d’abord les différentes catégories de recettes publiques (§1),
ensuite les différentes procédures d’exécution des recettes publiques (§2), les privilèges des
collectivités publiques en matière de recettes publique (§3) et enfin le régime spécifique de
certaines recettes publiques (§3).
Les recettes de l'Etat comprennent les produits d’impôts, de taxes, de droits, les dons,
décisions de justice ou de conventions et les autres produits autorisés par les lois et
règlements en vigueur.
Les dépenses des collectivités locales sont prévues par la loi sur la Décentralisation
et les libertés locales. Cette loi distingue les recettes de fonctionnement (1) d’une part, et
les recettes d’investissement et d’équipement (2) d’autre part.
1. Les recettes de fonctionnement
Aux termes de l’article 333 de la loi sur la Décentralisation et les libertés locales, les
recettes de la section de fonctionnement comprennent :
• les emprunts ;
• les recettes diverses.
§2. Les différentes procédures d’exécution des opérations de dépense
Il existe une procédure de droit commun (A) et des procédures simplifiées d’exécution
des recettes publiques.
A. La procédure de droit commun
1) La constatation
46
2) Liquidation
La liquidation est définie par l’alinéa 3 de l’article 37 du décret portant RGCP comme
une opération qui a pour objet de déterminer le montant de la créance sur les redevables et
d'indiquer les bases sur lesquelles elle est effectuée.
Elle consiste à rendre la créance liquide et donc d’en arrêter le montant. C’est une
opération réalisée par l'ordonnateur, a pour objet de déterminer le montant de la dette des
redevables.
La liquidation de même que la constatation prend des formes variées selon qu’il
s’agisse d’un emprunt ou d’un don. Les recettes sont liquidées pour leur montant intégral,
sans contraction avec les dépenses. Toute créance liquidée faisant l'objet d'une déclaration
ou d'un ordre de recouvrer indique les bases de la liquidation.
En cas d'erreur de liquidation, l'ordonnateur émet un ordre de recouvrer afin, selon
les cas, d’annuler, d'augmenter ou de réduire le montant de la créance liquidée. Il indique,
le cas échéant, les bases de la nouvelle liquidation. Pour les créances faisant l'objet d'une
déclaration, une déclaration rectificative, indiquant les bases de la nouvelle liquidation, est
souscrite.
3) Ordonnancement
4) Le recouvrement
Dans un assez grand nombre de cas, la procédure que l'on vient de décrire connaît
certains aménagements.
Certaines recettes peuvent, eu égard à leur nature ou à leur montant, selon les
besoins propres à chaque catégorie de personnes morales, être recouvrement sans
ordonnancement ou avec ordonnancement sans que celui-ci soit préalable au recouvrement.
Après, il convient de régulariser.
D’autres recettes ne donnent pas lieu à l’émission d’un titre. Il s’agit des recettes
perçues en vertu d’actes permettant d’eux-mêmes le recouvrement : jugements, baux,
contrats, testaments, titres de ventes, etc.
A noter encore que les comptables sont amenés à percevoir avant émission d’un titre
certaines recettes comme les subventions. Les ordonnateurs sont avertis de ces
encaissements et, en règle générale, ils sont appelés à viser les documents descriptifs des
recettes correspondantes.
48
L’encaissement immédiat des amendes forfaitaires et des consignations, en ce qui
concerne des amendes pour contraventions de police, peut être fait entre les mains des
agents centralisateurs. Les sommes encaissées sont reversées à la caisse du comptable du
Trésor.
Les collectivités publiques bénéficient de nombreux privilèges en matière d’exécution
des dépenses publiques.
§3. Privilèges des collectivités publiques en matière de recettes
Les collectivités publiques disposent des privilèges pour faire exécuter leurs recettes
publiques. Lorsque les débiteurs ne payent pas spontanément les créances dues aux
personnes publiques, les comptables publics peuvent les mettre en demeure de payer. S’ils
ne paient pas malgré la mise en demeure, les comptables publics mettent en œuvre des
dispositifs pour assurer l’exécution forcée. Il s’agit notamment du commandement (A),
A. Le commandement
B. La saisie exécution
La saisie exécution est une saisie mobilière pratiquée par un huissier après que celui-
ci ait invité une nouvelle fois le débiteur à se libérer. Cette saisie doit tenir compte de la
liste des biens insaisissables énumérés par l’article 311 du code de procédure civile à savoir
notamment :
49
- Les vêtements du saisi et des personnes à sa charge jusqu’à une valeur de 25 000
FCFA ;
C. La saisie-arrêt
La saisie-arrêt est une saisie des effets mobiliers dont le débiteur est propriétaire mais
qui sont détenus par des tiers. Elle peut porter sur des salaires, mais elle est effectuée par
l’intermédiaire d’un huissier dans le respect des dispositions du code de procédure civile.
D. La saisie immobilière
Une saisie immobilière est une saisie judiciaire qui permet de vendre aux enchères
publiques un bien immobilier dont le débiteur est propriétaire afin de rembourser des
créanciers. Le comptable public chargé du recouvrement peut demander que les biens
immobiliers appartenant au contribuable soient vendus. Cette mesure ne peut être exécutée
que sur autorisation préalable de l’Administration fiscale.
Des mesures particulières telles que avis à tiers détenteur peuvent être appliquées
pour assurer le recouvrement des créances publiques. L’avis à tiers détenteur est un acte
de procédure qui permet au comptable, sur simple demande d’obliger un tiers à lui verser
sur les fonds dont il est dépositaire, détenteur ou débiteur à l’égard d’un redevable, les
impôts dus par ce dernier.
1. Les revenus concernés par l’avis à tiers détendeur
L'avis à tiers détenteur peut être utilisé pour tous les droits qui bénéficient de l'un des
privilèges généraux du trésor. L'ATD ne peut porter que sur des sommes appartenant ou
devant revenir au débiteur. Il peut aussi porter sur l’ensemble des comptes sauf les comptes
titres et ne concerne pas les coffres –forts. Les revenus qui peuvent être concernés sont
notamment le salaire, les honoraires, pension de retraite, les allocations de retraite en tout
ou en partie.
En revanche, ne peuvent pas être concernés par l'ATD les minima sociaux, les
prestations familiales.
50
Malgré l'ATD, vous pourrez effectuer des retraits des comptes où ces sommes sont
versées dans la limite de leur montant si vous justifiez à la banque de leur origine.
2. Procédure
L'ATD a pour effet d'affecter dès réception, les sommes dont le versement est demandé
au paiement des impositions privilégiées quelle que soit la date à laquelle les créances
deviennent exigibles. Lorsqu'une personne est simultanément destinataire de plusieurs
avis établis au nom du même débiteur, elle doit en cas d'insuffisance des fonds, exécuter ces
avis en proportion de leur montant.
4. La responsabilité du tiers détenteur
Lorsque, après la notification d'un avis à tiers détenteur, le redevable vient à n'être plus
débiteur des impositions réclamées, le service ne doit pas manquer de donner aussitôt
mainlevée de son opposition.
Le fonds de commerce peut être défini comme étant un ensemble de biens mobiliers,
corporels et incorporels qu’un commerçant (personne physique ou morale) affecte à une
activité commerciale. Le fonds comprend en effet des éléments corporels (notamment le
mobilier commercial, le matériel, l’outillage, la marchandise...), mais aussi des éléments
51
incorporels ( l’enseigne, le nom commercial, la clientèle, les droits de propriété industrielle,
littéraire et artistique) .La vente globale de fonds de commerce doit répondre aux conditions
de capacité, de consentement et de prix ainsi qu’aux autres conditions exigées par le code
civil (accord parfait entre l’acheteur et le vendeur sans vice de consentement : erreur, dol
ou violence).
La contrainte par corps est une mesure d'exécution légale qui consiste à appréhender
de plein droit, un condamné afin qu'il s'acquitte de son dû (article 523 du code de procédure
pénale). Elle n’est utilisée que dans des cas très exceptionnels. Elle peut être prononcée par
le tribunal à la requête de l’Administration lorsque le contribuable a été taxé d’office à
l’impôt sur le revenu ou aux taxes sur le chiffre d’affaires et qu’il change fréquemment de
domicile pour échapper au paiement de l’impôt. Elle peut également être décidée par le
tribunal qui a prononcé une condamnation pénale à l’encontre des dirigeants d’une société
pour fraude fiscale.
La réquisition aux fins de contrainte par corps est adressée au Ministère Public par
le comptable du Trésor chargé du recouvrement à l’égard des débiteurs solvables, après
épuisement sur les biens et l’envoi d’un commandement signifié à personne. L’initiative de
la contrainte par corps appartient au Ministère Public.
Les comptables examinent sous leur responsabilité les titres qui leur sont transmis
par les ordonnateurs. Ils doivent faire toute diligence pour assurer la rentrée des produits
aux échéances déterminées par les termes des conventions ou des règlements qui régissent
ces produits.
Les comptables délivrent quittance pour toutes les sommes qui leur sont versées et
émargent les titres.
Les comptables sont tenus, sous leur responsabilité personnelle, de faire contre les
débiteurs en retard, les exploits, significations et poursuites nécessaires, d’avertir les
ordonnateurs de l’expiration des baux, d’empêcher les prescriptions, de veiller à la
conservation des domaines, droits, privilèges, hypothèques, gages et nantissements, de
requérir l’inscription de tous titres susceptibles d’hypothèques ou autres sûretés réelles.
Il y a lieu de s’assurer de la force du titre en vertu duquel les poursuites vont être
engagées.
Il faut, en effet, distinguer les recettes qui figurent sur un rôle exécutoire ou qui résultent
d’un contrat ou d’un jugement exécutoire et celles qui ont donné lieu à émission d’un titre.
Il faudra rendre exécutoire le titre s’il doit y avoir recouvrement forcé.
52
Quelle que soit l'importance de la collectivité, il n'existe pas, en droit togolais, de
services fiscaux propres aux collectivités locales de sorte que c'est toujours l'État, par
l’intermédiaire de l’Office Togolais des Recettes (OTR), qui est en charge des impôts y
compris ceux perçus au profit des collectivités territoriales ou de la sécurité sociale.
Les impôts directs nationaux (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés) ou locaux
(taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, taxe d'habitation et patente) sont
perçus par voie de rôles rendus exécutoires par le commissaire général de l’OTR et
recouvrés par les comptables des administrations financières des impôts et des douanes.
Les impôts indirects (TVA, ISF, droits de succession notamment) doivent être versés
spontanément par les contribuables aux services fiscaux. Ces derniers n'émettant un avis
de mise en recouvrement que dans l'hypothèse où le contribuable ne se serait pas acquitté
volontairement de son obligation fiscale. Le titre de recette, que constitue l'avis de mise en
recouvrement, comme l'impôt spontanément versé, n'est pas acquitté entre les mains d'un
comptable direct du Trésor mais auprès comptables des administrations financières des
impôts et des douanes.
Les redevables peuvent former une opposition à l'exécution en cas de contestation de
l'existence de la créance, de son montant ou de son exigibilité. Il s'agira d'une opposition à
poursuites en cas de contestation de la régularité de la forme d'un acte de poursuite.
L'opposition à l'exécution et l'opposition à poursuites ont pour effet de suspendre le
recouvrement de la créance.
B. Amendes et condamnations pécuniaires
C. Arrêté de débet
53
Le débet est l’obligation pour l’agent public de réparer sur ses deniers propres, le
préjudice qu’il a causé à la collectivité publique. L’arrêté de débet est un titre exécutoire,
un « fondement juridique à une obligation faite à une personne de payer une créance
publique » (CE, 20 nov. 1970, n° 73583 ).
De par sa nature, cet acte administratif a un périmètre d'application strictement
délimité. Il est émis par les seuls ministres, pour les seules créances de l'État, à l'exclusion
des créances des collectivités territoriales, à l'encontre d'un comptable public, d'un titulaire
de marché public ou d'une personne tenue de rendre compte soit de l'emploi d'une avance
reçue, soit de recettes destinées à l'État.
La Cour des comptes est seule compétente pour se prononcer définitivement sur la
responsabilité des comptables publics et, a fortiori, sur leur mise en débet.
Le Conseil d'État a eu l'occasion de préciser que la requête tendant à l'annulation
d'un jugement rejetant une demande d'annulation contre un arrêté de débet est par sa
nature un litige de plein contentieux, rendant ainsi obligatoire le ministère d'avocat ( CE,
23 juin 1965, n° 66474).
D. Créances non fiscales des collectivités territoriales et de leurs établissements
publics
Les produits des collectivités locales, qui ne sont pas assis et liquidés par les services
fiscaux de l'État en exécution des lois et règlements en vigueur, sont recouvrés soit en vertu
de jugements ou de contrats exécutoires, soit en vertu de titres de recettes ou de rôles émis
et rendus exécutoires par le maire en ce qui concerne la commune.
La loi organique relative aux lois de finances de 2014 distingue les ressources de
trésorerie (A) et les charges de trésorerie (B).
En vertu de l’article 27 de la loi organique relative aux lois de finances, les ressources
de trésorerie de l’Etat comprennent :
Selon l’article 28 de la loi organique relative aux lois de finances de 2014, les
charges de trésorerie sont :
55
Tous les fonds publics, y compris les ressources extérieures mobilisées au titre des.
projets sont déposés dans un compte unique du Trésor public ouvert dans les livres de la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
La règle de l’unité de trésorerie s’applique aux collectivités locales et à l’ensemble
des organismes publics. En effet, l’article 29 de la loi organique relative aux lois de finances
dispose que « sauf dérogation accordée par décret les organismes publics autres que l’Etat
sont tenus de déposer toutes leurs disponibilités au Trésor public. ».
Loin d'être théorique, cette règle a reçu une application contentieuse extensive. Il a
en effet été jugé que des fonds dégagés en fin d'exercice après exécution du budget, qui
correspondent à des disponibilités qui excédent les besoins immédiats de la collectivité, sont
soumis à la règle de dépôt au Trésor. Dès lors, en accordant directement aux communes qui
en font la demande des avances financières remboursables sans intérêt, à partir de ces
fonds disponibles, et ne les déposant pas sur le compte unique du Trésor ouvert aux
collectivités locales, et sans justifier ni même soutenir avoir obtenu une autorisation
ministérielle dérogatoire, un département méconnaît ladite règle du dépôt unique et
centralisé au Trésor (CAA Marseille, 30 mai 2000, n° 98MA00346, n° 98MA00393,
n° 98MA00394, n° 98MA00395, n° 98MA00396 et n° 98MA0039, préfet Alpes-de-Haute-
Provence).
B. Les aménagements au principe de l’unité de trésorerie
Hormis le cas particulier des régies d’avances et de recettes, il est prévu un régime
général de dérogations à l’obligation de dépôt auprès du Trésor public pour les recettes
exceptionnelles (primes d'assurance, sommes perçues à l'occasion d'un litige ou d'un
contentieux…).
Par ailleurs, le ministre chargé des Finances peut autoriser l'ouverture de comptes :
- sur le territoire national, à la BCEAO ou dans une banque commerciale pour y déposer
les fonds mobilisés dans le cadre de conventions de financement des bailleurs de fonds.
- sur le territoire national, dans des banques commerciales situées dans des localités
non desservies par des agences de la BCEAO;
- à l'étranger, dans des institutions financières agréées par le ministre chargé des
Finances.
L’article 55 du décret portant RGCP énonce le monopole des comptables publics pour
exécuter les opérations de trésorerie en ces termes : « les opérations de trésorerie sont
exécutées exclusivement par les comptables publics, soit à leur propre initiative, soit sur
56
l'ordre du ministre chargé des Finances, soit encore à la demande des tiers qualifiés pour
leur compte. ». Il en résulte que seuls les comptables publics de l'État sont habilités à
manier les fonds du Trésor et seuls les comptables publics et les régisseurs de recettes ou
d'avances peuvent ouvrir un compte de disponibilités.
Les opérations de trésorerie pouvant être effectuées par les comptables sont
notamment le mouvement des disponibilités de l'organisme ; l'escompte et l'encaissement
des effets de toute nature émis au profit de l'organisme ; la gestion des fonds au nom et pour
le compte de tiers ; l'émission, la conversion, la gestion et le remboursement des emprunts
et autres dettes de l'organisme.
57
Chapitre III. - Contrôle de l'exécution des opérations financières publiques
L’exécution des opérations financières publique est soumise à des contrôles variés
afin de s’assurer que les règles et principes posés sont respectés et de garantir une bonne
gestion des deniers publics. Le contrôle peut être exercé à priori, concomitamment (en cours
d’exécution) ou à postériori. Le contrôle à priori s’effectue avant l’encaissement ou le
décaissement de l’argent public, le contrôle concomitant s’effectue en cours d’exécution et le
contrôle à postériori se réalise après l’encaissement et le décaissement.
Le contrôle de l’exécution des opérations financières des personnes publiques est
traditionnellement confié à une juridiction.
Mais ce contrôle exercé par le juge des comptes n'exclut pas d'autres contrôles
effectués au sein de l'administration ou par des assemblées délibérantes.
Nous allons étudier dans un premier temps les contrôles administratifs (Section 1),
dans un deuxième temps le contrôle juridictionnel (Section 2) et dans un troisième temps
le contrôle politique (Section 3).
L'exécution des dépenses et des recettes prévues par les budgets des administrations
publiques suppose que l'ordonnateur et le comptable mettent en œuvre des contrôles qui
ont, en raison du moment où ils sont réalisés, une nature préalable.
Au-delà de ces contrôles réciproques, il est prévu des contrôles qui sont effectués par
d’autres institutions de l’administration. Il s’agit des contrôles administratifs dans la
mesure où ils sont effectués par des institutions administratives. Ils peuvent être réalisés
à priori, pendant l’exécution ou à posteriori.
Le contrôle administratif s’exerce soit sous la forme d’un contrôle hiérarchique, soit
sous la forme de contrôle assuré par des institutions bien déterminées.
Nous allons présenter successivement le contrôle administratif hiérarchique (§1) et
le contrôle administratif assuré par d’autres institutions administratives (§2).
§1. Le contrôle administratif hiérarchique
58
1. Le contrôle sur les ordonnateurs de l’Etat
59
Conçu comme l'interlocuteur dédié du ministère chargé des Finances auprès des
ministères, il dispose d'une vision globale et a pour mission l'amélioration de la sécurité et
de la fiabilité de la chaîne d'exécution de la dépense publique.
Nous allons analyser le statut du contrôleur financier (1), ses compétences (2) et sa
responsabilité (3).
1. Statut du contrôleur financier
Les contrôleurs financiers sont responsables aux plans disciplinaire et pénal et civil
sans préjudice des sanctions qui peuvent leur être infligées par la cour des comptes , de visa
qu’ils apposent sur les actes portant engagement de dépenses ou les ordonnances mandats
de paiement ou de délégation de crédits.
Le contrôleur financier est personnellement responsable des contrôles portant sur la
disponibilité des crédits, la vérification des prix par rapport à la mercuriale en vigueur et,
au titré de la validité de la créance, sur l'exactitude des calculs de liquidation de la dépense.
Si les mesures proposées lui paraissent entachées d'irrégularités au regard des
dispositions qui précèdent, le contrôleur financier refuse son visa. En cas de désaccord
persistant, il en réfère au ministre chargé des Finances. Il ne peut être passé outre au refus
de visa que sur autorisation écrite du ministre chargé des Finances. Dans ce cas, la
responsabilité du ministre chargé des Finances se substitue à celle du contrôleur financier.
De même, lorsque le contrôleur financier délivre une autorisation écrite permettant
de passer outre le refus de visa de son délégué auprès d'un ministère, d'une institution ou
d'une autre administration publique centrale ou déconcentrée, la responsabilité du
contrôleur financier se substitue à celle de son délégué.
s'appuie, pour l'exercice de ses missions, sur deux départements distincts, l'un de
contrôle budgétaire, l'autre de contrôle comptable, L'action de ces deux services, placée sous
61
l'autorité du contrôleur budgétaire et comptable ministériel, permet d'avoir une vision
globale des processus financiers et d'harmoniser les contrôles.
156. – Le décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et
comptable publique est venu donner une nouvelle impulsion à cet acteur du processus
d'exécution de la dépense publique.
157. – En premier lieu, le décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 rappelle que le contrôle
budgétaire est exercé, sous l'autorité du ministre chargé du budget, par un contrôleur
budgétaire. Il précise que le contrôle opéré porte sur l'exécution des lois de finances et a
pour objet d'apprécier le caractère soutenable de la programmation, effectuée en application
de l'article 66, et de la gestion en cours, au regard des autorisations budgétaires, ainsi que
la qualité de la comptabilité budgétaire. Il concourt ainsi à l'identification et à la prévention
des risques encourus, ainsi qu'à l'analyse des facteurs explicatifs de la dépense et du coût
des politiques publiques.
158. – En deuxième lieu, le décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 précise les missions
que le contrôleur budgétaire et comptable ministériel poursuit :
• il vise le document de répartition initiale des crédits et des emplois ; document qui
lui est transmis par le ministre, à compter du 1er décembre de l'année précédente,
ainsi que toutes les modifications intervenues entre la transmission initiale et la
publication des décrets de répartition des crédits ouverts en loi de finances. Son visa
est délivré après les vérifications suivantes : total des crédits de chaque programme,
répartis entre les budgets opérationnels de programme ; total des autorisations
d'emplois du ministère réparties entre les programmes correspond au plafond
ministériel d'autorisations d'emplois ; cohérence des répartitions ainsi opérées ;
cohérence entre les emplois alloués par programme et les crédits de personnel
correspondants ; caractère soutenable de la répartition de la mise en réserve de
crédits prévue à l'article 51 de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 ;
• il vise le document prévisionnel de gestion des emplois et des crédits de personnel.
Le visa porte sur le respect du plafond d'autorisation d'emplois exprimé en équivalent
temps plein travaillé et du plafond des crédits de personnel ouverts en loi de finances.
Il porte sur la compatibilité des prévisions de recrutement avec la variation des
effectifs exprimés en équivalent temps plein présentée dans les projets annuels de
performances, le cas échéant corrigée des amendements adoptés lors de l'examen du
projet de loi de finances par le Parlement. Ce visa est préalable au visa des
autorisations et actes de recrutement. Toutefois, en cas d'urgence avérée, le visa des
autorisations et actes de recrutement peut intervenir préalablement à celui du
document prévisionnel de gestion ministériel prévu à l'article 68, sous réserve qu'ils
soient compatibles avec la variation des effectifs mentionnée au troisième alinéa. Le
contrôleur budgétaire délivre son visa dans un délai de quinze jours à compter de la
réception du document prévisionnel de gestion. Lorsqu'il ne délivre pas son visa dans
ce délai, il saisit le ministre chargé du budget qui peut l'autoriser à procéder au visa
d'autorisations et actes de recrutement ;
• il rend un avis sur le caractère soutenable du budget opérationnel de programme, en
prenant en compte la couverture des dépenses obligatoires et inéluctables ; la
cohérence entre le montant des crédits inscrits dans le document de répartition
initiale des crédits et emplois ; les conséquences budgétaires de cette programmation
62
sur les années ultérieures. Sauf autorisation expresse du contrôleur budgétaire et
comptable ministériel, tant que l'avis du contrôleur budgétaire sur le budget
opérationnel de programme n'est pas rendu, le responsable de ce budget ne peut
consommer plus de 25 % des montants des autorisations d'engagement et des crédits
de paiement prévus par le document de répartition initiale des crédits ;
• il procède à la mise en réserve des crédits prévue par le 4° bis de l' article 51 de la loi
organique n° 2001-692 du 1er août 2001. Il effectue la levée partielle ou totale de la
réserve sur instruction du ministre chargé du budget. Lorsqu'il a connaissance des
projets d'annulation ou de mouvements de crédits envisagés en application des
articles 12, 13 et 14 de la loi organique du 1er août 2001 et de leurs conséquences sur
le budget de son ministère, le contrôleur budgétaire et comptable ministériel donne
un avis sur ces projets et procède à titre conservatoire au blocage des crédits
nécessaires à leur mise en œuvre jusqu'à la date de publication du décret procédant
à l'annulation ou au mouvement de crédits ;
• il émet un avis sur tout projet de répartition de crédits ayant pour effet de diminuer
le montant des crédits ouverts sur le titre des dépenses de personnel d'un programme
dépendant de son ministère ;
• les décisions d'engagements et les décisions d'affectation de crédits à une opération
d'investissement peuvent, eu égard à la nature ou au montant de la dépense, être
soumises au visa ou à l'avis préalable du contrôleur budgétaire ;
• les autorisations et actes de recrutement ainsi que les actes de gestion des personnels
peuvent être soumis au visa ou à l'avis préalable du contrôleur budgétaire ;
• lorsqu'ils sont soumis à son visa ou à son avis préalable, le contrôleur budgétaire
examine les projets d'autorisations et d'actes au regard de la disponibilité des crédits
et des emplois, des dispositions statutaires ou indemnitaires applicables, de la
hiérarchie des emplois et des rémunérations au sein du ministère et de leurs
conséquences budgétaires ;
• le contrôleur budgétaire peut contrôler a posteriori des actes non soumis à visa ou
avis préalable et procéder à des analyses portant sur les circuits et procédures des
dépenses des ordonnateurs ;
• le contrôleur budgétaire s'assure de la qualité des éléments de
lacomptabilitébudgétaire relevant de l'ordonnateur ;
• dans le cadre de ses contrôles, le contrôleur budgétaire s'assure de la réalité, de
l'exhaustivité, de la correcte évaluation et du bon rattachement des affectations et
des engagements. Il s'assure également, en liaison avec le comptable public, de leur
correcte imputation. Le cas échéant, il saisit l'ordonnateur, à des fins de correction,
des erreurs ou insuffisances dont il a connaissance.
63
Le contrôle interne comptable a pour objet la maîtrise des risques afférents à la poursuite
des objectifs de qualité des comptes, depuis le fait générateur d'une opération jusqu'à son
dénouement comptable.
L'organe délibérant arrête un programme d'audit. Le cas échéant, il met en place un comité
d'audit, chargé de porter une appréciation sur la qualité du contrôle interne budgétaire et
comptable et de faire toutes propositions tendant à l'amélioration de ce dernier. Le
programme d'audit est soumis à ce comité.
161. – Lorsque l'organisme ne dispose pas d'audit interne, l'évaluation de la maîtrise des
opérations budgétaires et comptables ainsi que l'appréciation de la qualité du contrôle
interne budgétaire et comptable sont réalisées par des auditeurs placés sous l'autorité du
ministre chargé du budget ou du ministre de tutelle de l'organisme.
162. – Le comptable centralisateur des comptes de l'État est destinataire des rapports
établis à l'issue des missions d'audit réalisées.
Le contrôle de l’exécutions des opérations financières publique est aussi assuré par des
institutions administratives spécialisées que l’exécutif peut créer. ). Il s’agit en pratique
des inspections de contrôle qui peuvent intervenir sur les aspects financiers.
Ces institutions assurent un contrôle administratif interne. Ce contrôle peut se faire sur
pièce ou sur place. Il est contradictoire.
L’article 95 du décret portant RGCP exige que le résumé des rapports qui sont produits
par les organes de contrôle soient mis à la disposition du public.
Il existe plusieurs institutions administratives de contrôle notamment l’inspection
générale des finances, l’inspection générale de l’Etat.
Nous allons axer les développements sur le contrôle exercé par l’Inspection général des
finances (A) et par l’Inspection Générale de l’Etat (B).
L’Inspection générale des finances été créé par Décret n°2008-093/PR du 29 juillet 2008
portant création, organisation, attributions et modalités de fonctionnement de l’inspection
générale des finances.
C’est un corps de hauts fonctionnaires choisis parmi les fonctionnaires de la catégorie A
des services économiques et financiers ayant servi pendant au moins quinze (15) ans dans
64
une administration centrale du ministère chargé des finances. Ils sont placés directement
sous l'autorité du ministre des Finances.
L’inspection générale des finances exerce une mission générale de contrôle, d’audit,
d’étude, de conseil et d’évaluation en matière administrative, économique et financière. Les
inspecteurs des finances ont une mission de contrôle particulièrement étendue puisque leur
contrôle s'exerce sur les comptables, sur les ordonnateurs autres que les ministres et sur
les comptes des organismes publics ou même semi-publics dès lors qu'ils sont soumis au
contrôle de l'État. Ils procèdent au contrôle financier et comptable, à l’audit et à l’évaluation
des procédures administratives et de gestions des établissements publics nationaux, des
sociétés d’Etat et de tous autres organismes sous tutelle ou bénéficiaires des concours
financiers de l’Etat ou des collectivités territoriales publiques.
Les contrôles de l'Inspection générale des finances peuvent avoir lieu à l'improviste,
c’est-à-dire de façon inopinée. Néanmoins, ils présentent toujours un caractère
contradictoire dans la mesure où le service contrôlé a la possibilité de se justifier.
L’article 20 du décret n°2008-093/PR du 29 juillet 2008 portant création, organisation,
attributions et modalités de fonctionnement de l’inspection générale des finances prévoit
que : « au terme de chaque mission, un rapport est établi et signé par le ou les inspecteurs
ayant procédé à l’enquête, à la vérification ou à l’audit. Le rapport est adressé par
l’inspecteur général au service contrôlé, lequel doit exercer son droit de réponse dans un
délai maximum de trente (30) jours à compter de la date de réception du rapport. Passé ce
délai, le rapport est considéré comme définitif ».
Selon le principe de la distinction entre la constatation et l'action, l'inspecteur des
finances constate la situation du poste comptable. Cependant, en cas de déficit, l'inspecteur
peut prendre des mesures conservatoires.
A la fin d’une mission de contrôle, l’Inspection Générale des Finances produit un rapport
qu’il transmet au ministre dont relève la structure administrative qui a été contrôlée et au
ministre chargé des Finances. Conformément à l’article 95 du décret portant RGCP, le
résumé de ces rapports doit être mis à la disposition du public.
L’IGF peut également transmettre le rapport au ministère public près la Cour des
comptes pour que soit engagée une procédure juridictionnelle d’examen du compte contesté.
Un arrêté de débet peut être adressé au comptable public pour que son poste comptable
soit régularisé.
Enfin, en cas de découverte d'une infraction pénale, l'inspection générale des finances
peut transmettre le dossier ainsi constitué au ministère public qui confiera l'enquête à la
brigade de répression de la délinquance astucieuse.
B. Contrôles réalisés par l’Inspection Générale de l’Etat
L’Inspection Générale des Finances été créé par décret n° 72 – 192 du 15 septembre 1972
portant création, organisation, attributions et modalités de fonctionnement de l’inspection
générale des finances.
L’Inspection Générale d’Etat (IGE) a pour mission d’exercer, pour le compte du
Président de la République, sur tous les organismes identifiés par le décret, le contrôle
65
destiné à sauvegarder les intérêts de l’Etat et les droits des particuliers et à suivre
l’exécution des lois et des règlements qui régissent les secteurs administratifs, économique
et financier.
Sur le plan financier, le contrôle de l’IGE s’applique aux opérations des budgets de l’Etat
et des collectivités secondaires, à leurs budgets annexes, à ceux des entreprises, offices et
établissements publics ainsi qu’aux opérations sur fonds d’emprunts et d’aide extérieure.
L’inspection générale d’Etat fonctionne sous l’autorité directe du Président de la
République qui décide, par des directives spéciales, des missions permanentes ou
occasionnelles à confier aux inspecteurs d’Etat.
Ils peuvent pénétrer librement dans tous établissements dépendant de l’Etat pur y
procéder aux constatations nécessaires à l’accomplissement de leur mission, prendre
connaissance sur place de tous documents, quelle que soit leur classification, en possession
des organismes vérifiés, ou se faire remettre ces documents contre reçu, à l’exception des
pièces rectificatives des comptes des comptables et des documents secrets.
A la fin de leur mission, ils élaborent un rapport à destination du Président de la
République.
L’article 107 de la Constitution prévoit que : « La Cour des Comptes et les Cours
régionales des comptes jugent les comptes des comptables publics. »
Le contrôle juridictionnel des comptes incombe donc à la Cour des comptes (A) et aux
cours régionales des comptes (B).
A. Le contrôle des comptes assure par la Cour des comptes
66
La Cour ne contrôle que les comptes des comptables principaux. Ces derniers étant
eux-mêmes chargés d'assurer l'apurement des comptes des comptables placés sous leur
autorité sous réserve du droit pour la Cour d'évoquer et de réformer les décisions concernant
les comptes ainsi vérifiés et repris par les comptables principaux dans leurs propres
écritures.
Il faut noter que la Cour des comptes n'a pas juridiction sur les ordonnateurs, sauf
sur ceux qu'elle déclare comptables de fait.
67
La deuxième phase s'ouvre en veillant à respecter le principe du contradictoire. Les
parties à l'instance auxquelles un réquisitoire ou un appel a été notifié peuvent, dès cette
notification, adresser au rapporteur leurs observations écrites ou des documents, dont la
production est notifiée à chaque partie. Ces pièces sont versées au dossier. Les parties à
l'instance sont tenues de déférer aux demandes d'explication ou de production de documents
formulées par le rapporteur jusqu'à la clôture de celle-ci, dans un délai fixé par lui et qui ne
peut être inférieur à 15 jours suivant la réception de cette demande. Les explications et
documents produits sont versés au dossier. Le rapporteur consigne son analyse des
observations, explications et documents produits par les parties à l'instance et ses
propositions de suites à leur donner dans un rapport à fin d'arrêt, qui est déposé au greffe
et communiqué au ministère public. Les parties à l'instance sont informées du dépôt du
rapport qui clôt l'instruction et de celui des conclusions du ministère public ainsi que de la
possibilité de consulter ces pièces.
La juridiction statue par un arrêt qui vise les comptes jugés, les pièces examinées
ainsi que les dispositions législatives et réglementaires dont il fait application. L'arrêt est
motivé et statue sur chacun des griefs du réquisitoire et sur les observations des parties
auxquelles il a été notifié. En appel, il statue sur les moyens soulevés et, s'il y a lieu, ceux
d'ordre public. Mention doit être faite que le rapporteur et, le cas échéant, les parties à
l'instance ont été entendus, et que le représentant du ministère public a conclu. Les noms
des magistrats de la formation de jugement qui ont participé à l'audience publique et au
délibéré y sont mentionnés. L'arrêt mentionne la date de l'audience publique et celle à
laquelle il a été prononcé, les principaux actes de la procédure et les dispositions législatives
et réglementaires dont il est fait application. Les arrêts sont revêtus de la formule
exécutoire.
Le comptable ou ses ayants droit, peut demander, après expiration des délais de
pourvoi en cassation, la révision d'un arrêt ou d'une ordonnance en produisant des
justifications recouvrées depuis l'arrêt ou l'ordonnance. Le pourvoi doit, à peine
d'irrecevabilité, être introduit dans un délai de 2 mois à compter de la notification de l'arrêt
ou de l'ordonnance.
68
Il incombe, comme le contrôle juridictionnel, à la Cour des comptes (A) et aux cours
régionales des comptes (B).
A. Contrôle de gestion assuré par la Cour des comptes
Le contrôle de la gestion opéré par la Cour des comptes est particulièrement étendu.
Il porte non seulement sur les opérations du comptable mais encore sur celles de
l'ordonnateur. Par ailleurs, la Cour doit veiller au respect par les organismes contrôlés des
règles de comptabilité publique mais aussi de la règle de droit en général et du bon usage
des fonds publics. Elle exerce un contrôle sur la gestion des administrations chargées de
l’exécution des programmes et dotations.
Suivant les dispositions de l’article 107, alinéa 2 de la Constitution, la Cour des
compte vérifie la gestion des établissements publics et des entreprises publiques. Ces
dispositions donnent aussi compétence aux Cours régionales des comptes et posent un
problème de conflits de compétence.
Alors que le contrôle juridictionnel ne concerne que la régularité du compte au regard
des règles du droit budgétaire et de la comptabilité publique, la Cour doit, lors du contrôle
de la gestion, s'assurer, en outre, du bon emploi des crédits, fonds et valeurs gérés par les
organismes contrôlés. De la sorte, le contrôle porte non seulement sur la régularité de la
gestion, mais encore sur sa qualité. Il vise à s’assurer de l'emploi régulier des crédits, fonds
et valeurs. En outre, l'examen de la gestion porte sur la régularité des actes de gestion, sur
l'économie des moyens mis en œuvre et sur l'évaluation des résultats atteints par rapport
aux objectifs fixés par l'assemblée délibérante ou par l'organe délibérant. Néanmoins,
l'opportunité de ces objectifs ne peut faire l'objet d'observations. Ce contrôle tend même
parfois à une appréciation de la performance de la gestion. C’est l’exemple du contrôle
réalisé par la Cour des comptes dans son rapport d’audit du fonds de riposte et de solidarité
Covid-19 (FRSC), gestion 2020. La cour a émis des observations sur la gestion en relevant
des irrégularités et en pointant certains qui ne sont pas efficients.
Dans le cadre du contrôle de gestion, la Cour des comptes formule d’abord des
observations provisoires qui sont portées à la connaissance des autorités administratives
concernées et, le cas échéant, du public selon des modalités qui diffèrent en fonction des
destinataires et de l’importance des questions traitées : lettres des présidents de chambre,
notes du procureur général, référés, rapports particuliers, rapport public annuel, rapports
spéciaux. Les autorités concernées transmettent leurs réponses écrites à la Cour qui les
prend en compte pour formuler ses observations définitives et publier son rapport définitif.
Ainsi, après les réponses écrites des ministres sur le rapport provisoire de la Cour des
comptes sur la gestion du fond de riposte et de solidarité Covid 19, la Cour les a prises en
compte et a supprimé certaines irrégularités et recommandations initiales dans son rapport
définitif.
Les irrégularités constatées dans le ce contrôle de gestion peuvent susciter un
contrôle juridictionnel des comptes des comptables publics des organismes dont le contrôle
de gestion est réalisé. Ainsi, le contrôle de gestion peut donner lieu à l’ouverture d’un
contrôle juridictionnel qui vise à qualifier un ordonnateur de comptable de fait ou un
comptable public de comptable patent
69
Il faut souligner que les observations de la Cour peuvent être transmises au
procureur général en application pour engager des actions nécessaires en cas d’infractions
pénales financières.
B. Le contrôle de gestion assuré par la cour régionale des comptes
70
C’est dans ce cadre que des ministres ont été auditionnés par l’Assemblée Nationale
du Togo après la publication du rapport provisoire de la Cour des comptes sur la gestion
des fonds de riposte contre Covid 19.
Dans le même sens, au niveau des collectivités locales, l’arrêté des comptes de la
collectivité territoriale est constitué par le vote de l'organe délibérant sur le compte
administratif présenté selon le cas par le maire.
71
Partie 2. La nouvelle comptabilité publique : la tenue des comptes des personnes
publiques
Sous l’impulsion de la loi organique relative aux lois de finances de 2014, les comptes de
des personnes publiques sont tenus de la même manière que ceux des entreprises, sous
réserve des spécificités liées aux personnes publiques.
Le système comptable des collectivités publiques doit tout à la fois permettre le suivi de
l'exécution des autorisations budgétaires, une bonne connaissance de la situation
patrimoniale et une analyse des coûts. Par conséquent, elles tiennent une comptabilité
budgétaire et une comptabilité générale. Elle respecte aussi la comptabilité analytique,
c’est-à-dire la comptabilité d’analyse des coûts.
Afin de se prémunir contre certains risques et charges pouvant affecter leur patrimoine,
les collectivités publiques sont invitées à constituer des provisions.
Pour ce qui concerne l’État, la loi organique relative aux lois de finances impose au
comptable de veiller à la sincérité des enregistrements comptables et au respect des
procédures. Il doit s’assurer non seulement de la régularité des opérations mais doit aussi
veiller à ce que les comptes donnent une image sincère et fidèle du patrimoine et de la
situation financière de l’État.
Les entreprises, par exemple, obtiennent leurs ressources des versements volontaires de
leurs clients, de leurs actionnaires ou des banques et leur but est de réaliser des profits.
Leur comptabilité doit impérativement, à la fois déterminer le résultat de leurs opérations
72
ainsi que leurs conséquences patrimoniales et fournir des informations fiables sur leur
solvabilité.
Du point de vue des collectivités publiques, le rôle de la comptabilité reste différent sur
des points essentiels. Leur financement est dans une très large mesure assuré par des
prélèvements obligatoires sur le patrimoine des contribuables. Ces prélèvements ont été au
préalable, c'est le cas de l'impôt, autorisés par le Parlement ou leurs taux ont été fixés par
des assemblées délibérantes. Surtout, la finalité des administrations publiques n'est pas la
recherche du profit mais la satisfaction de l'intérêt général.
Jusqu'à présent, deux idées dominent. La première est celle de l'autorisation préalable
selon un processus démocratique. Cela a pour conséquence qu'une des premières finalités
de la comptabilité publique est de permettre, aux assemblées délibérantes en général et au
Parlement en particulier, de vérifier si les ressources et les charges publiques ont été
exécutées conformément à leur autorisation présentée dans les budgets publics. C'est cette
prééminence du budget qui explique que la comptabilité des personnes publiques est
organisée prioritairement par des règles budgétaires et qu'elle est qualifiée de comptabilité
budgétaire. La seconde idée est que la comptabilité publique demeure encore aujourd'hui
construite en fonction des nécessités du contrôle. La définition minutieuse que donne le
Règlement général sur la comptabilité publique du rôle respectif et séparé des ordonnateurs
et des comptables publics en est la manifestation la plus évidente.
Si ces aspects sont largement communs à l'État et aux collectivités locales, des facteurs
spécifiques de leurs principes comptables respectifs les séparent et notamment en ce qui
concerne la comptabilisation de certains éléments de leur patrimoine.
La comptabilité de l’Etat est ensuite une comptabilité générale qui est couramment
appelée la comptabilité patrimoniale. L’article 72 alinéa 2 énonce que : « une comptabilité
générale de l’Etat a pour objet de décrire le patrimoine de l’Etat et son évolution ». Il précise
que : « Elle doit être sincère et refléter une image fidèle de la situation financière de l’Etat.
Elle est fondée sur le principe de la constatation des droits et obligations. Les opérations
sont prises en compte au titre de l’exercice auquel elles se rattachent indépendamment de
73
leur date de paiement ou d’encaissement. La comptabilité générale de l’Etat s’appuie sur la
comptabilité des matières. »
Elle permet d'améliorer l'information disponible sur le patrimoine de l'État et sur ses
obligations.
Nous allons étudier dans un premier temps la comptabilité budgétaire pour examiner
concrètement la comptabilisation et l’enregistrement des recettes et des dépenses publiques
(Chapitre 1). Nous étudierons ensuite dans un deuxième temps la comptabilité
générale (Chapitre 2).
74
75