Katia Ferreira Fraga
Katia Ferreira Fraga
Katia Ferreira Fraga
DU TRAVAIL DE L’ENSEIGNANT DE LE
Katia Ferreira Fraga – UERJ
Les supports multimédias constituent une ressource de plus en plus utilisée dans
l’enseignement / apprentissage des langues. Des questionnements sur l’impact de ces
outils sur le travail des professeurs et étudiants ont amené les spécialistes en didactique
des langues à jeter un regard plus attentif sur les expérimentations dans les
environnements éducatifs. À fin de vérifier les modifications opérées dans l’univers de
la classe de langue, nous avons enregistré des cours où les enseignants utilisaient
différentes ressources (vidéo, internet et manuel de langues). Prenant comme point de
départ les formes classiques de l’enseignement en milieu institutionnel, « où presque
tout échappe à l’enseignant : depuis les contenus à enseigner (instructions officielles,
programmes et manuels) jusqu’aux modes d’évaluation en passant par les circonstances
(groupes, lieux, heures, etc.) » (DABÈNE, 1990), nous avons analysé les obligations
professionnelles d’un professeur de langues lors de l’utilisation des nouveaux supports.
1) L’Enseignant-Animateur :
Dans les classes où le professeur se sert des documents vidéo, nous constatons que la
prise de parole ne passe pas par le contrôle de l’enseignant. Celui-ce peut même diriger
ses questions vers un étudiant ou un autre, mais le pouvoir des images fait surgir chez
l’apprenant l’envie de participer aux échanges communicatifs indépendamment de la
gestion du professeur. La dynamique conversationnelle ne suit pas le schéma
pédagogique typique - question-réponse-évaluation - et s’approche un peu d’une
conversation amicale quotidienne.
Quand la classe se passe au laboratoire d’informatique, la gestion des tours de parole
des étudiants est plutôt liée à la manipulation de l’ordinateur, aux problèmes d’accès à
un site, etc. On dirait qu’il s’agit d’un discours sur le « faire » : les étudiants rapportent
ce qu’ils ont pu faire ou ce qu’ils n’ont pas réussi à faire et l’enseignant est là comme un
tuteur qui accompagne l’action de son groupe-classe. Nous voyons donc que la
production d’énoncés apparaît comme un moyen d’aboutir à la réalisation d’une tâche et
non à l’utilisation de la langue étrangère tout simplement ; celle-ci devient un moyen
pour apprendre à faire quelque chose et non l’objet à apprendre.
2) L’Enseignant – Connaisseur :
Le professeur de langues est censé d’abord maîtriser la langue cible sous l’aspect
linguistique, pragmatique et culturel. Ensuite, on s’attend à ce qu’il maîtrise aussi le
savoir-faire, c’est-à-dire qu’il sache transformer ses connaissances en objet
d’enseignement/apprentissage. Il doit savoir quoi enseigner, comment l’enseigner et à
quel moment le faire. Il doit faire preuve de la didactisation des savoirs. Et tout au long
de son travail, il doit créer des conditions pour les échanges communicatifs, noyau de
l’apprentissage de langues. Dans toutes les classes enregistrées nous avons rencontré
cette caractéristique du travail du professeur, mais c’est dans les classes où les
enseignants ont utilisé les supports multimédias qu’un nouveau savoir leur a été exigé :
la maîtrise de l’outil (vidéo ou ordinateur) ou, au moins, une connaissance minimale
pour faire démarrer les activités parce qu’en fait, la plupart des étudiants dominent ce
genre d’outil et se sentent quelquefois bien motivés quand ils peuvent « aider » leurs
enseignants.
3) L’Enseignant-Évaluateur :
L’appréciation que fait le professeur sur la production discursive des étudiants est
fondamentale pour le progrès de leur acquis. C’est à partir des commentaires et des
corrections que les apprenants pourront construire leur grammaire interne de la langue
cible.
C’est sur la fonction d’évaluer que nous avons aperçu une plus grande transformation de
la dynamique de classe lors de l’utilisation des supports multimédias. En ce qui
concerne la vidéo, la correction des énoncés des étudiants n’était faite que rarement
étant donné que le débat serait interrompu si l’enseignant coupait la parole des
participants à chaque faute commise. Évidemment, l’objectif de l’utilisation des
documents vidéo ne portait pas sur la correction linguistique mais plutôt sur la
connaissance du contexte culturel français.
Notre recherche nous a permis d’ajouter aux fonctions de l’enseignant définies par
Dabène et Cicurel une quatrième fonction qui a été oubliée et qui, pourtant, nous semble
être la plus importante : la responsabilité de planifier les activités.
4) L’Enseignant –Planificateur/Concepteur :
D’après KAZERONI (2004), une tâche d’apprentissage (TA) est «un travail implicite
ou explicite sur l’objet langue-culture » et peut se décomposer en trois phases :
L’émergence des outils multimédias depuis quelques années a diffusé une impression
erronnée que l’enseignant perdrait son importance dans le processus d’apprentissage.
Notre recherche nous a permis d’affirmer que ces outils-là viennent justement valoriser
le professionnel de l’éducation parce qu’ils lui offrent l’autonomie nécessaire pour
établir une adéquation entre les besoins des étudiants et les exigences pédagogiques qui
favorisent l’apprentissage.
Bibliographie :
CICUREL, F., DABÈNE, L.Variations et Rituels en Classe de Langue. Paris : Didier,
1990
FRAGA, Katia. O Gênero Aula de Língua Estrangeira e as Novas Tecnologias :
Mudanças e Acomodações. Tese de Doutorado defendida em abril de 2005,
Universidade Federal Fluminense
KAZERONI, Abdi. La Construction d’une Tâche d’Apprentissage d’une Langue
Étrangère dans des Environnements Informatiques, in Usages des Nouvelles
Technologies dans l’Enseignement des Langues Étrangères. ELA nº134, Paris : Didier
Érudition, 2004