Louis XVI
Louis XVI
Louis XVI
En tant que petit-fils du roi, le duc de Berry est tenu comme ses
frères à un certain nombre d'obligations et de rituels : ils assistent
tant aux enterrements royaux (qui ne manquent pas entre 1759 et
1768) qu'aux mariages des personnages importants de la cour et
se doivent d'accueillir malgré leur jeune âge les souverains
étrangers et les hommes d'Église notamment. C'est ainsi qu'en
mai 1756, trois nouveaux cardinaux leur rendent visite :
« Bourgogne (âgé de 5 ans) les reçut, écouta leurs discours et les
harangua, tandis que Berry (22 mois) et Provence (6 mois),
gravement assis sur des fauteuils, avec leur robe et leur petit
bonnet, imitaient les gestes de leurs aînés »[12].
Dauphin de France
Fin de l'éducation
Pastel de Marie-Antoinette
réalisé par Joseph Ducreux
en 1769 à l'intention du
Dauphin afin qu'il puisse faire
connaissance de sa future
épouse.
Gravure du mariage de
l'archiduchesse Marie-Antoinette avec
le dauphin, futur Louis XVI, le 16 mai
1770.
Marie-Louise-Adélaïde
Boizot, Portrait de Louis XVI,
1775
Les mois et les années passent sans que de réels progrès soient
perçus, le couple delphinal et ensuite royal commençant à
s'habituer à cette situation. Marie-Antoinette voit dans cette
période une occasion de « jouir un peu du temps de la jeunesse »,
explique-t-elle à Mercy-Argenteau[37]. Un semblant de
consommation survient en juillet 1773 où la dauphine confie à sa
mère : « je crois le mariage consommé mais pas dans le cas d'être
grosse »[37]. Le dauphin se précipite quant à lui chez le roi pour lui
annoncer la nouvelle. Il semble en vérité que le dauphin n'a pu que
déflorer son épouse sans aller jusqu'au bout. L'attente est
récompensée le 18 août 1777. Le 30 août suivant, la princesse
écrit à sa mère : « Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour
toute ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est
consommé ; l'épreuve a été réitérée, et encore hier soir plus
complètement que la première fois [...]. Je ne crois pas être
grosse encore mais au moins j'ai l'espérance de pouvoir l'être d'un
moment à l'autre »[37]. L'accomplissement du devoir conjugal
portera son fruit à quatre reprises puisque le couple royal aura
autant d'enfants, sans compter une fausse couche en
novembre 1780 : Marie-Thérèse Charlotte (née en 1778), Louis-
Joseph (né en 1781), Louis-Charles (né en 1785) et Marie-Sophie-
Béatrice (née en 1786). Après ces quatre naissances, les époux
n'entretiendront plus de relations conjugales. Ces échecs et cette
nouvelle abstinence donneront au roi l'image d'un roi soumis aux
volontés de sa femme. La longue route vers la consommation a
terni au fil du temps l'image du couple. Et l'écrivain Simone
Bertière d'affirmer : « une chasteté volontaire, respectueuse du
sacrement conjugal, aurait pu être portée à son [celui de
Louis XVI] crédit après le libertinage de son grand-père. Mais le
ridicule des années stériles collera à son image, tandis que celle
de la reine ne se remettra pas de sa course imprudente aux
plaisirs frelatés »[39].
Guidez-nous, protégez
nous, mon Dieu, nous
régnons trop jeunes !
(gravure d'Audibran)
Jean-Frédéric Phélypeaux,
Comte de Maurepas, par
Louis-Michel van Loo (vers
1725-1730).
Cérémonie du sacre
Turgot est remplacé par Jean Étienne Bernard Clugny de Nuits, qui
s'empresse de revenir sur les principales réformes de son
prédécesseur, rétablissant notamment les jurandes et les corvées,
affirmant qu'il peut « culbuter d'un côté ce que M. Turgot a culbuté
de l'autre »[13]. Mais le ministre se montre rapidement
incompétent, et le roi de déclarer « Je crois que nous nous
sommes encore trompés »[13]. Louis XVI n'a pas le temps de le
démettre de ses fonctions, Clugny de Nuits mourant subitement le
18 octobre 1776 à l'âge de 47 ans.
Ministère Vergennes
Désastre économique
Cahier de doléances
d'Angers (1789).
Politique extérieure
Portrait de Vergennes,
Secrétaire d'État des Affaires
étrangères de 1774 à 1787,
par Antoine-François Callet
Louis XVI est épaulé dans la politique étrangère par Charles
Gravier de Vergennes de 1774 à la mort de ce dernier le
13 février 1787.
Contexte
Poussé par son allié espagnol, Louis XVI fait rassembler près de
Bayeux environ 4 000 hommes, le but étant de débarquer sur l'Île
de Wight puis en Angleterre par Southampton. Le roi est réticent
sur l'opération et pense alors, sinon à envahir l'Angleterre, du
moins maintenir dans la Manche les navires anglais, affaiblissant
du même coup leur participation outre-Atlantique. Mais la flotte
franco-espagnole ne peut déloger les navires anglais chargés de
protéger l'île et change donc de cap ; la dysenterie et le typhus
frappent les hommes, et ni le commandant de cette armée Louis
Guillouet d'Orvilliers, ni son successeur Louis Charles du Chaffault
de Besné ne parviennent à une confrontation directe avec la flotte
anglaise. Le projet doit être abandonné.
Débuts de la Révolution
Les états généraux s'ouvrent le 5 mai 1789 vers 13 heures par une
séance solennelle d'ouverture dans la salle des Menus-Plaisirs à
Versailles. L'événement se passe dans des conditions difficiles
pour le roi, car depuis plus d'un an, le petit dauphin Louis Joseph
Xavier François est malade, ce qui ne favorise pas le contact entre
le roi et le tiers-état. Le dauphin mourra le 4 juin, ce qui affectera
profondément la famille royale [pertinence contestée][77].
Séance royale
Défection de l'armée
La Prise de la Bastille.
Préparation de la Constitution
La Fusillade du Champ-de-Mars :
Lafayette au Champ de Mars ordonne
de tirer sur le peuple, Ary Scheffer
Texte original de la Constitution de
1791 conservé aux Archives
nationales
Politique extérieure
Composition de l'Assemblée
législative en 1791 :
Indépendants ou constitutionnels ;
Feuillants ;
Jacobins, brissotins ou girondins.
Louis XVI est maintenu comme roi des Français par la nouvelle
Constitution. Il est toujours roi « par la grâce de Dieu », mais aussi
« par la loi constitutionnelle de l'État »[105], c'est-à-dire non plus
seulement un souverain de droit divin, mais en quelque sorte le
chef, le premier représentant du peuple français. Il conserve la
totalité des pouvoirs exécutifs, qu'il exerce en vertu de la loi
humaine[106]. Cette constitution maintenait en outre le
changement du titre du dauphin en « prince royal » (qui avait eu
lieu le 14 août 1791).
Seul, Louis XVI reçoit les émeutiers. Ceux-ci exigent du roi qu'il
annule ses vetos et rappelle les ministres congédiés. Pendant
cette longue occupation (qui dura de 14 heures à 22 heures[a 77]),
le roi ne cède rien mais garde un calme saisissant. Il affirme : « La
force ne fera rien sur moi, je suis au-dessus de la terreur »[44]. Il
accepte même de porter le bonnet phrygien et de boire à la santé
du peuple. Pétion part lever le siège en assurant au roi : « Le
peuple s'est présenté avec dignité ; le peuple sortira de même ;
que votre Majesté soit tranquille »[60].
Chute de la monarchie
Victoire de Valmy
Composition de la Convention
Mise en place
Déroulement
Votes et verdict
Exécution publique
Sépulture
Hommages
L'abbé Berlier prononce une oraison funèbre depuis Jersey le 21
janvier 1794.
Chaque année depuis 1815, des messes catholiques sont
célébrées en mémoire de Louis XVI, dans de nombreuses
communes de France, le 21 janvier, jour anniversaire de son
exécution.
Monuments funéraires à
la mémoire de Louis XVI
et de Marie-Antoinette,
basilique Saint-Denis.
L'obélisque de Port-Vendres
Titulature
23 août 1754 - 20 décembre 1765 : Son Altesse Royale Louis-
Auguste de France, fils de France, duc de Berry ;
20 décembre 1765 - 10 mai 1774 : dauphin de France (à la mort
de son père Louis, il devient l'héritier du trône de France ; le
dauphin de France n'a pas à l'époque le prédicat d'altesse royale) ;
10 mai 1774 - 6 novembre 1789 : Sa Majesté le roi de France et
de Navarre (à la mort de son grand-père Louis XV) ;
10 mai 1774 - 21 janvier 1793 : Sa Majesté le roi de France
et de Navarre (il est toujours considéré comme roi par les
royalistes et par les pays qui ne reconnaissent pas la
République française) ;
6 novembre 1789 - 10 août 1792 : Sa Majesté le roi des Français
(c'est à partir du 6 novembre 1789 que Louis XVI prend[4] le titre
de roi des Français, que l'Assemblée avait adopté[2] le 10 octobre,
et qu'elle officialisera par décret[92] le 9 novembre ; la Constitution,
qui entrera en vigueur le 14 septembre 1791, maintiendra cette
nouvelle titulature).
Généalogie
Ascendance
Armand Gagné ;
Ernestine Lambriquet ;
Jean Amilcar ;
Jeanne Louise Victoire
Galerie de portraits
Portrait
Portrait physique
Durant son enfance, Louis XVI était d'une santé fragile et certains
lui prêtaient une composition « faible et valétudinaire »[124]. Son
corps malingre paraissait être exposé à toutes les maladies
infantiles[b 2]. Puis à 6 ans, selon l'historien Pierre Lafue, « son
visage était déjà formé. Il avait les yeux ronds et gris de son père,
avec un regard qui devait devenir de plus en plus flou à mesure
que sa myopie s'accentuerait. Son nez busqué, sa bouche assez
forte, son cou gros et court annonçaient le masque plein auquel
les dessins satiriques se plairaient, plus tard, à donner un aspect
bovin »[b 3].
Portrait caricaturé
Personnalité
Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI a les plus grandes
peines à entrer dans ce système qui avait été construit un siècle
auparavant par son quadrisaïeul pour répondre à des problèmes
qui ne sont plus d'actualité. Ce n'est pas par manque d'éducation :
il est le premier monarque français à parler couramment anglais ;
nourri des philosophes des Lumières, il aspire à trancher avec
l'image « louis-quatorzienne »[o] du roi en constante
représentation. Cette image du roi simple rejoint celle des
« despotes éclairés » de l'Europe, comme Frédéric II de Prusse.
Centres d'intérêt
Géographie
Serrurerie et horlogerie
Sciences
Rapports à la franc-maçonnerie
L’historien Albert Mathiez écrit quant à lui que « Louis XVI et ses
frères, Marie-Antoinette elle-même, maniaient la truelle à la Loge
des Trois Frères à l'Orient de Versailles »[135]. Selon Jean-André
Faucher, Marie-Antoinette aurait eu cette phrase en parlant de la
franc-maçonnerie : « Tout le monde en est[136] ! »
Historiographie
Sur sa personnalité
Filmographie
Télévision
Jeux vidéo
Notes et références
Notes
a. C'est le 8 octobre [pas clair] que fut proposé[1] par les députés
Fréteau et Mirabeau d'instaurer le titre de roi des Français à la
place de celui de roi de France. L'Assemblée adopta[2] cette
nouvelle titulature le 10 octobre, et décida le 12 octobre que le
souverain ne serait pas titré[3] « roi des Navarrais » ni « des
Corses ». Le roi commença à l'utiliser (orthographiée « roi des
François ») dans ses lettres patentes à partir du 6 novembre[4].
Le 16 février 1790, l'Assemblée décréta[5] que son président
devait demander au roi que le sceau de l'État porte la nouvelle
titulature. Le nouveau sceau fut utilisé dès le 19 février, avec la
formulation « Louis XVI par la grâce de Dieu et par la loy
constitutionnelle de l'État roy des François ». Et l'Assemblée
décida par décret[6] du 9 avril 1791, que le titre de roi des
Français serait désormais gravé sur les monnaies du royaume
(où figurait toujours celui de roi de France et de Navarre :
Franciæ et Navarræ rex).
b. Il est suspendu le 10 août 1792.
c. Ce prénom ne devient « officiel » que le jour de son baptême, à
savoir le 18 octobre 1761.
d. « Ondoyé » et non « baptisé » (il le sera le 18 octobre 1761),
l'ondoiement étant caractérisé par la seule ablution
baptismale, en attendant de procéder plus tard aux autres
cérémonies qui ont été omises. L'ondoiement était
généralement conféré aux bébés en danger de mort ou ne
pouvant pas être baptisés dans l'immédiat.
e. Ce trait de caractère ne manqua pas d'étonner l'historien David
Hume lors d'une visite à la cour en 1763. Il racontera plus tard
que « le duc de Berry, l'aîné, un garçon de dix ans, s'avança et
me dit combien j'avais d'amis et d'admirateurs dans ce pays, et
qu'il se comptait parmi eux à cause du plaisir qu'il avait tiré de
la lecture de beaucoup de passages de mes œuvres. »[20].
f. « Trempe d'esprit supérieure, discernement et justesse d'esprit
- éclairé, point dévot de complexion - fier, fermé, subordonné,
équitable, bon par raison et non par faiblesse, économe, solide,
ne s'amusant point d'enfantillage, né pour aimer 20 millions
d'hommes et non 5 ou 6 personnes. »[22].
g. L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche ne voulait pas que le
mariage fût annulé pour non-consommation, car cette union
somme toute politique était importante à ses yeux.
h. Marie-Antoinette ne fut pas inoculée puisqu'elle avait déjà
subie une attaque bénigne à Vienne et était donc immunisée.
i. Il envoie l'ordre suivant au duc de la Vrillière, ministre de la
maison du roi : « Il est nécessaire, comme elle sait beaucoup
de choses, qu'elle soit enfermée, plus tôt que plus tard.
Envoyez-lui une lettre de cachet pour qu'elle aille dans un
couvent de province et qu'elle ne voie personne. Je lui laisse le
choix de l'endroit et de la pension pour qu'elle vive
honnêtement. »[41].
j. À qui Louis XVI, encore dauphin, avait écrit en 1770 à la suite
de la catastrophe du 30 mai, quelques jours après son
mariage. Cf. supra.
k. C'est par ce mode de désignation que l'assemblée des
notables se distingue des États généraux.
l. Et notamment Pierre Lafue, Jean-François Chiappe, Bernard
Faÿ et Éric Le Nabour. Bernard Vincent (op. cit.) s'interroge
quant à lui en ces termes : « Comment se peut-il qu'un
monarque absolu, qui plus est catholique et de droit divin, ait
tout fait - achevant par là même de ruiner les finances de son
pays - pour que les Américains en révolte, majoritairement
protestants de surcroît, puissent (1) rompre le lien colonial les
unissant à l'Empire britannique, (2) proclamer leur
indépendance, (3) rejeter la monarchie, (4) devenir une
république et même jeter les premières bases d'un régime
démocratique ? ».
m. Un témoin de la Fête raconte : « S'il avait eu du caractère, le roi
aurait pu se placer à la tête des fédérés, qui étaient si bien
disposés pour lui qu'un simple mot, un seul signe, aurait suffi à
les rallier autour et à faire d'eux des instruments dociles de
l'autorité royale. »[94].
n. On remarque que 361 est une voix de plus que la somme des
autres votes exprimés : ce qui peut être l'origine de la rumeur
souvent colportée (par exemple sur Herodote.net (https://ww
w.herodote.net/21_janvier_1793-evenement-17930121.ph
p) [archive]) que le roi n'aurait été condamné qu'à une seule
voix de majorité. Pourtant les votes avec réserve de
l'amendement de Mailhe n'étaient pas tous opposés à
l'exécution, ainsi que le montre le vote suivant qui dégage une
majorité définitive de 70 voix pour l'exécution sans délai.
o. Louisquatorzienne : adjectif, s'écrit soit d'un seul mot ou avec
un tiret entre louis et quatorzienne[128].
p. L'historien Bernard Faÿ raconte que le roi s'est une seule fois
laissé à jouer avec la reine et d'autres courtisans, mais y perdit
dans la même partie la somme de 60 000 livres. Il jura alors de
ne plus s'adonner aux jeux d'argent[129].
Références
Annexes
Articles connexes
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Liens externes