Cours de Droit Patrimonial de La Famille-1
Cours de Droit Patrimonial de La Famille-1
Cours de Droit Patrimonial de La Famille-1
MATRIMONIAUX
Par Gaëtan IYEMBE
INTRODUCTION
Le droit patrimonial de la famille peut être défini comme le droit qui régit les rapports
pécuniaires dans la famille. Il comprend le droit des successions et des libéralités et le droit des
régimes matrimoniaux. La première partie de ce cours sera ainsi consacré au droit des régimes
matrimoniaux.
Le droit des régimes matrimoniaux est défini comme le droit qui régit les rapports
patrimoniaux des époux entre eux (usage, jouissance, disposition des biens) et avec les tiers
(acquéreurs, créanciers, débiteurs), qu’il s’agisse des revenus professionnels, des comptes
bancaires, des biens personnels ou des biens acquis au cours du mariage. Le droit des régimes
matrimoniaux est donc le droit des gens mariés. Le domaine du droit des régimes matrimoniaux
est ainsi strictement limité aux époux.
En effet, les concubins ou les couples vivant en union libre, les couples ayant une liaison
irrégulière ne sont pas soumis au droit des régimes matrimoniaux, car la loi considère qu’ils n’ont
pas de patrimoine à mettre en commun. De manière générale, ce type d’union ne produit aucun
effet juridique entre les partenaires, même si la communauté de vie implique une communauté
d’intérêt qui se traduit souvent sur le plan patrimonial. Dans ce cas, ce sont les règles de
l’indivision qui s’appliquent.
Inspiré du droit français, en particulier de la loi de 1965, la source du droit des régimes
matrimoniaux gabonais est la loi n°15/72 du 29 juillet 1972, portant adoption de la première
partie du code civil. Plus précisément, l’essentiel du statut patrimonial des époux se trouve dans
deux corps de règles distincts : articles 252 à 263, d’une part, articles 305 à 374 d’autre part.
Le second corps de règle concerne les régimes légaux alors que le premier est consacré au régime
primaire. Quant au contrat de mariage, son régime juridique est prévu aux articles 306 à 310 du
code civil.
A notre sens, deux principes d’inégales valeurs irriguent le droit des régimes
matrimoniaux : la puissance maritale et la mutabilité du régime matrimonial. Le principe de la
puissance domine les rapports entre époux. Il signifie que seul le mari est habilité à gérer le
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patrimoine familial. En dépit de l’évolution de la condition féminine, les rapports entre époux
sont demeurés des rapports hiérarchisés.
Dans le cas d’un mariage polygamique, les époux n’ont pas le choix puisqu’ils sont soumis
impérativement au régime de séparation des biens en vertu de l’article 305.
Dans le cas d’un mariage monogamique, les époux ont le choix entre la communauté des
biens, la séparation des biens ou un régime conventionnel en vertu de l’article 305, alinéa 2.
Contrairement au code Napoléon de 1804, le choix des époux n’est pas irrévocable
puisqu’ils peuvent désormais changer de régime, sous le contrôle du juge, lorsque ce dernier n’est
pas contraire à l’intérêt du foyer en application de l’article 311. Du principe d’immutabilité des
régimes matrimoniaux de 1804, on est donc passé à un principe de mutabilité atténué ou contrôlé
des régimes matrimoniaux issu de la réforme de 1965 qui a été repris par le législateur gabonais.
En effet, pour justifier le principe d’immutabilité, il était fréquemment avancé que les tiers ont
intérêt à connaître les pouvoirs des époux sur leurs biens. La mutation du régime risquait
d’entraîner la nullité des actes conclus dans le défaut de l’ignorance des pouvoirs d’un des époux.
Or, il suffisait d’organiser une publicité à l’attention des tiers pour contourner cette difficulté. Par
ailleurs, les tiers étaient déjà protégés par la théorie de l’apparence qui joue dans les rapports
entre époux, en particulier pour l’épouse qui était censée bénéficier d’un mandat domestique de
nature tacite pour les dépenses de la vie quotidienne du ménage.
Enfin, l’une des justifications invoquée autrefois en faveur de l’immutabilité est l’intérêt
des conjoints. On pensait qu’il était à craindre que l’influence prépondérante d’un des conjoints
au cours du mariage ne l’amena à abandonner les garanties qui avaient été stipulées en sa faveur
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et qu’il ne consenti à des modifications désastreuses pour lui. La règle était facilement
contournable si l’on avait permis aux époux de librement changer de régime. Or, les époux ne
sont pas des incapables qu’il faut à tout prix protéger. Pour éviter le risque de dépendance entre
les époux, un contrôle judiciaire et l’intervention du notaire sont largement suffisants.
Même en l’absence de statistique, il est possible d’affirmer que les gabonais choisissent
majoritairement soit le régime de la communauté des biens soit la séparation des biens car leur
choix est lié à la forme du mariage choisie. En revanche, les statistiques seraient d’un intérêt
certain pour déterminer la proportion des époux gabonais qui optent soit pour le régime de
communauté des biens soit pour le régime de séparation des biens soit pour un contrat de
mariage.
Le cours de régimes matrimoniaux sera donc subdivisé en trois titres : le régime primaire (Titre
I), les régimes légaux (Titre II) et les régimes conventionnels (Titre 3).
Le régime primaire est l’ensemble des règles qui régit les rapports patrimoniaux quotidien
des époux. C’est le régime de base. Contrairement aux régimes matrimoniaux proprement dit
qui est un droit autonome, le régime primaire est un effet du mariage, c’est-à-dire que ce régime
est étroitement lié au mariage. Sans mariage, il n’y a donc pas de régime primaire.
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Selon les auteurs Jacques Flour et Gérard Champenois, le régime primaire est celui sous
lequel on vit, le second sous lequel on meurt : le régime primaire règle les problèmes ordinaires
de la vie quotidienne des ménages, les actes qui intéressent la gestion et les dépenses, les revenus
du travail. A l’opposé, le régime matrimonial commande la répartition des richesses entre époux,
du capital qu’ils avaient en se mariant, des acquêts et des économies faits pendant la durée de
l’union ; il a pour objet les capitaux et la capitalisation des revenus.
A l’instar du droit français, le régime primaire des époux au Gabon est centré sur trois
questions essentielles : la contribution aux besoins de la famille, la solidarité pour les dettes
ménagères et la protection de la demeure familiale.
La réponse à ces questions dépend étroitement de la conception que se fait le législateur des
rapports entre époux. Prépondérance du mari ou égalité des époux ?
Comme dans le Code civil ancien, le droit des régimes matrimoniaux gabonais est
caractérisé par la prédominance maritale qui est énoncée ainsi à l’article 252, alinéa 1 : « Par
l’effet du mariage, le mari doit protection à sa femme, la femme doit obéissance à son conjoint
». La prédominance maritale ou puissance maritale confère ainsi au mari diverses prérogatives
dans la gestion du patrimoine familial. Il en résulte pour la femme mariée une sorte d’incapacité
d’exercice, c’est-à-dire qu’elle n’est pas apte à exercer certains droits par elle-même.
En pratique, soit elle est représentée par son mari soit son autorisation est nécessaire pour
l’accomplissement de certains actes. Dans les faits, elle aura besoin très souvent de l’autorisation
ou du consentement de son mari pour accomplir certains actes administratifs comme par
exemple, l’établissement d’un passeport.
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Aujourd’hui, la condition sociale de la femme a bien évolué et met en mal cette
conception hiérarchisée des rapports entre époux. En effet, les femmes mariées exercent souvent
des activités professionnelles. Grâce à leurs revenus professionnels, elles participent désormais à
la formation du patrimoine familial.
Ainsi, s’agissant de la contribution aux charges du mariage, l’article 259, alinéa 1 prévoit
que si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du
ménage, ceux-ci y contribuent à proportion de leurs facultés respectives. L’alinéa 2 tempère cette
disposition en précisant que les charges du mariage incombent au mari, à titre principal. Il est
obligé, selon ses facultés et son état, de fournir à la femme tout ce qui est nécessaire pour les
besoins de la vie.
En vertu de l’article 261, la femme peut exercer la profession de son choix sauf si celle-ci
est contraire à l’intérêt de la famille. Dans ce cas, le mari peut demander au tribunal de lui
interdire l’exercice de cette profession. En dépit de cette limite, le libre exercice d’une profession
par la femme mariée lui permet d’acquérir des ressources propres qui lui permettent de
contribuer aux charges du ménage au même titre que le mari. En l’absence de revenus
professionnelles, la femme peut contribuer autrement aux charges du ménage notamment par
ses apports en communauté, son activité au foyer ou sa collaboration à l’activité professionnelle
de son mari.
Concernant ce dernier cas, l’hypothèse envisagée par le législateur est celui de la femme
mariée qui travaille avec son conjoint commerçant. La question s’est posée de savoir si elle peut
également avoir le statut de commerçant ou un autre statut juridique ?
En effet, la réponse à cette question est importante en pratique car selon son statut, la
femme peut bénéficier d’indemnités en cas de rupture du mariage. Or, en l’absence de statut, il
est fréquent que, en jurisprudence, la femme demande un dédommagement pour le travail fourni
auprès de son mari sur le fondement de l’enrichissement sans cause. Parfois, le juge est amené à
reconnaître entre les époux une société créée de fait.
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Toutefois, il est important de souligner que la question du statut de la femme mariée qui
travaille avec son conjoint commerçant, se pose surtout dans le régime de séparation de bien car
dans le régime de communauté, la communauté s’enrichit normalement du travail des époux.
Par ailleurs, selon l’article 260, dans les mariages polygamiques, il interdit d’utiliser les
revenus d’une des épouses au profit des autres. De même, en contrepartie de l’indépendance
accordée à la femme mariée, elle est responsable des dettes nées de l’emploi de ses revenus
professionnels selon l’article 261. Les créanciers ne peuvent donc exercer leur droit de poursuite
que sur les biens propres et non sur les biens communs sauf si le mari a donné son consentement
à l’opération en cause.
L’indépendance des époux, en particulier de la femme mariée est également assuré par
le principe de solidarité des dettes ménagères. En effet, la vie quotidienne créée une
interdépendance entre les époux qui rejaillit forcément sur leurs relations avec les tiers
notamment avec les créanciers du ménage. Comment alors assurer l’indépendance des époux
dans la gestion des ressources du ménage tout en protégeant les tiers qui contractent avec eux ?
Deux types de dispositions tendent à y parvenir. Les unes sont d’esprit séparatiste, elles
assurent à chaque époux son indépendance par une présomption de pouvoirs ; ce n’est pas le
choix du législateur gabonais. Les autres ont un esprit communautaire, elles associent d’une
manière ou d’une autre les époux à la gestion du ménage. Elles ont la préférence du législateur
gabonais qui a instauré la solidarité des époux pour les dettes ménagères et la cogestion pour les
actes de disposition portant sur le logement familial.
S’agissant de la solidarité pour les dettes ménagères, l’article 258 dispose que: « chacun
des époux est tenu des engagements contractés par l’autre pour l’entretien du ménage et
l’éducation des enfants.
Néanmoins, la solidarité n’a pas lieu pour les dépenses manifestement excessives, eu
égard aux capacités et au train de vie du ménage, à l’utilité ou à l’inutilité de l’opération, à la
bonne ou à la mauvaise foi du tiers. La solidarité n’a pas lieu non plus pour les obligations
résultant d’achats à tempérament, s’ils n’ont pas été conclus par consentement des deux époux.
». Il ressort de cette disposition que toutes dépense faite par un époux et ayant pour objet
l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants engage solidairement les deux conjoints, même
si la solidarité n’a pas été stipulée, même si l’engagement n’a pas été conjoint : c’est la déclinaison
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du principe de solidarité légale. Par conséquent, le créancier peut réclamer la totalité du paiement
à chacun des deux époux, ce qui renforce le crédit du ménage et surtout celui de la femme.
Toutefois, les dépenses excessives eu égard au train de vie du ménage, les emprunts sauf
s’ils sont « modestes et nécessaires aux besoins de la vie courante », les achats à tempérament,
même modestes ne donnent pas lieu à solidarité.
S’agissant de la protection du logement familial, la règle de la cogestion sur tous les actes
intéressant le logement familial permet d’assurer l’égalité entre les époux dans la gestion du
patrimoine familial.
Lorsque la résidence fixée par le mari présente pour la famille des dangers d’ordre physique ou
d’ordre moral, la femme peut être autorisée par le tribunal à avoir pour elle et ses enfants une
autre résidence.
Les époux ne peuvent, l’un sans l’autre, disposer des droits par lesquels est assuré le
logement de la famille, ni des meubles dont il est garni. Celui des époux qui n’a pas donné son
consentement à l’acte de disposition peut en demander l’annulation ; l’action en nullité lui est
ouverte dans l’année à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans pour autant être
intentée plus d’un an après la dissolution du régime matrimonial . ».
La réduction des pouvoirs du mari est également palpable dans les régimes matrimoniaux
proprement dit. En réalité celle-ci ne concerne uniquement que le régime de communauté des
biens, éventuellement le régime conventionnel choisi par les époux.
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TITRE II : LES REGIMES LEGAUX
Il s’agit du régime de communauté des biens réduite aux acquêts (Chapitre 1) et du régime
de la séparation des biens (Chapitre 2).
Le régime de la communauté des biens réduite aux acquêts est assurément le régime
matrimonial qui symbolise le mieux la communauté d’intérêts qui existe entre les époux. Il est
caractérisé par la prépondérance du mari dans la gestion des biens communs ; l’existence de trois
masses de biens, à savoir une masse commune et les biens propres de chacun des époux, ce qui
implique que, contrairement à la séparation des biens où il n’y a pas de masse commune, des
opérations de liquidation soient nécessaires lors du partage de la communauté, c’est-à-dire à la
dissolution du régime ; A cet effet, la loi facilite la liquidation du régime en instaurant la
présomption de communauté ou présomption d’acquêts, ce qui permet de déterminer le
caractère propre ou commun d’un bien.
La détermination du caractère propre ou commun d’un bien est une question essentielle
car, elle commande la répartition des biens entre les trois masses, les pouvoirs des époux et le
droit de poursuite des créanciers. L’ensemble de ces questions seront abordées dans une section
1 portant sur la vie de la communauté.
A la mort de la communauté, il s’ensuit alors la dissolution et la liquidation du régime en vue de
répartir entre les époux la richesse acquise durant le mariage. La section 2 sera donc consacrée à
la mort de la communauté.
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§1. L’actif de la communauté
L’actif de la communauté se compose des acquêts ou biens communs (§1) et des propres
appartenant à chacun des époux ou biens propres (§2).
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B. Les biens propres
La loi distingue trois catégories de propres :
− Les propres par origine
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le bénéfice de l’assurance-vie est un bien propre sauf lorsque les primes payés ont été
manifestement exagérées eu égard aux facultés du souscripteur.
A. La composition du passif
La répartition du passif entre les trois masses est d’abord une question de politique
juridique avant d’être une question technique. En ce sens, les dispositions prises tendent surtout
à assurer le crédit du ménage, qu’il s’agisse du passif commun (1) ou du passif propre (2).
1. Le passif commun
Aux termes de l’article 327, les dettes communes sont :
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- Les aliments dus par les époux et les dettes contractées par eux, pour l’entretien du ménage et
l’éducation des enfants ;
- Les dettes contractées par la femme en qualité de représentant de son mari, ou comme gérante
des affaires de celui-ci ou de la communauté ;
- Les dettes des deux époux qui n’ont pas leur source dans un acte juridique ;
- Les dettes de la femme postérieures à la formation de la communauté lorsqu’elles sont nées
dans les conditions prévues à l’article 253, alinéa 3 ;
- Les dettes assumées par la femme avec le consentement ou l’acquiescement de son mari, ou
avec l’autorisation de la justice dans le cas prévu à l’article 256 du présent code ;
- Les dettes contractées d’un commun accord pour l’acquisition, la conservation ou l’amélioration
d’un bien propre ou dans l’intérêt personnel de l’un des époux.
Il ressort du présent article que la loi opère une distinction entre les dettes nées du mari
et les dettes nées de la femme. Dans un contexte de toute puissance maritale, la logique voudrait
seules les dettes nées du chef du mari soient supportées par la communauté. Mais cette solution
présente l’inconvénient d’affaiblir le crédit du ménage. C’est pourquoi, le législateur fait supporter
à la communauté les dettes nées aussi de la femme dans trois cas :
- Lorsque la femme a suppléé le mari dans son rôle de chef de famille. C’est l’hypothèse évoquée
à l’article 327 4/;
- Lorsqu’elle a été mandatée par son mari pour gérer ses affaires ou ceux de la communauté
(article 327 2/) ;
- Lorsqu’elle a contracté des dettes expressément avec l’accord du mari ou sur autorisation de
justice (article 256).
Outre les dettes ménagères qui sont nécessairement communes, les dettes d’aliment sont
supportées également par la communauté en application de l’article 327 1/, même ceux qui sont
étrangères aux intérêts de l’union conjugal (Par exemple, la pension alimentaire due au précédent
époux divorcé).
Enfin, lorsqu’un époux a contracté une dette avec l’accord de son conjoint dans son
intérêt ou l’amélioration d’un propre, cette dette est nécessairement commune (article 327 6/). A
contrario, la dette est propre lorsque l’engagement a été contracté dans l’intérêt personnel d’un
des époux, sous réserve d’une récompense due à la communauté, lorsque celle-ci a financé
l’amélioration ou la conservation d’un bien personnel de l’un des époux ou lorsque les deniers
de la communauté ont servi à acquitter une dette ou charge personnelle, en application de l’article
328.
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2. Le passif propre
Deux catégories de dettes pèsent à titre définitif sur le patrimoine propre des époux: les
dettes nées avant le mariage et les dettes d’origine délictuelle ou quasi-délictuelle.
La première catégorie comprend les dettes dont un époux est tenu au jour du mariage, quelle
que soit la date de leur exigibilité, ainsi que celles qui grèvent les biens recueillis par succession
ou libéralités (article 330).
1. Le principe
En vertu de l’article 332, alinéa 2, le droit de poursuite des créanciers s’exerce sur les
biens communs lorsque la dette est née du chef du mari sauf en cas de solidarité entre époux.
Les hypothèses visées par le législateur sont celles relatives aux dettes ménagères où la solidarité
est toujours présumée ; et celles relatives aux dettes nées de la femme dans les cas énumérées par
la loi.
2. L’exception
Aux termes de l’article 331, les créanciers personnels de l’un ou l’autre des époux ne
peuvent poursuivre le paiement de leur créance que sur les biens propres de leurs débiteurs sauf
« lorsque le mobilier qui appartient au débiteur au jour du mariage ou qui lui est échu par
succession ou libéralités a été confondu dans le patrimoine commun et ne peut plus être identifié
». Ainsi, en cas de confusion de fait, le droit de poursuite des créanciers est neutralisé puisqu’il
ne pourra plus l’exercer sur les biens propres lorsqu’ils sont confondus avec les biens communs.
En pratique, les créanciers vont prévoir des clauses de solidarité dans le contrat afin de se
prémunir contre une telle éventualité.
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Sous-section 2. La gestion de la communauté
La gestion de la communauté touche aux pouvoirs des époux sur les trois masses de bien.
En vertu du principe de la primauté maritale, le mari est le chef de la communauté. Il a donc la
gestion exclusive de la communauté. Si le mari a des pouvoirs étendus sur la communauté,
chacun des époux conserve en revanche la gestion exclusive de ses propres. Il convient donc de
distinguer la gestion des biens communs (§1) de la gestion des propres (§2).
A. Le principe
Le principe de la primauté maritale dans la gestion de la communauté est tempéré en
situation de crise, car la loi permet à la femme de se substituer au mari sous certaines conditions.
L’exposé du principe (1) et le tempérament (2) seront abordés successivement.
1. L’exposé du principe
En principe, seul le mari peut engager la communauté, en application de l’article 335. Il peut
donc prendre des actes d’administration comme des actes de disposition. Les difficultés
juridiques se posent en particulier pour les actes de disposition, car c’est à l’occasion de la
conclusion de tels actes qu’il peut commettre des fautes de gestion. Il s’agit très souvent des actes
soumis à cogestion tels que le legs d’un bien commun à un tiers sans le consentement de sa
femme. Dans ce cas, sa responsabilité civile peut être engagée envers la communauté, sous
réserve également des dispositions de l’article 338 qui prévoient la possibilité pour la femme
d’intenter une action en nullité relative de l’acte en cause. La mise en œuvre de ladite action se
fait généralement à la dissolution du régime.
2. Le tempérament
Selon l’article 337, la femme peut se substituer au mari lorsqu’il est de manière durable
hors d’état de manifester sa volonté ou sa gestion de la communauté atteste l’inaptitude. Pour ce
faire, elle doit saisir le juge afin qu’il lui transfère de manière momentanée ou durable les pouvoirs
du mari à engager la communauté. En situation de crise, l’épouse ou la première épouse dans les
mariages polygamique seront ainsi habilités à engager la communauté.
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B. L’exception : la cogestion
La cogestion est la règle en présence des actes les plus graves, c’est-à-dire celles qui
nécessitent le consentement du conjoint. Il s’agit principalement des actes de dispositions. Le
domaine de la cogestion (1) et ses effets dans les rapports entre époux (2) feront l’objet de ce
paragraphe.
1. Le domaine de la cogestion
Il s’agit essentiellement des actes de dispositions. La loi distingue les actes de disposition
à titre gratuit des actes de dispositions à titre onéreux.
En ce qui concerne les actes de disposition à titre gratuit, l’article 336 1/ prévoit que le mari ne
peut sans le consentement de sa femme disposer des biens communs entre vifs à titre gratuit
même pour l’établissement des enfants. Cette disposition ne s’applique qu’aux donations, les legs
étant des libéralités pour cause de mort.
Quant aux actes de dispositions à titre onéreux, l’article 336 2/ prévoit que, outre le
logement familial, la loi énumère un certain nombre d’actes qui nécessitent le consentement de
la femme, à savoir les aliénations à titre onéreux (vente ou échange), la constitution de droits
réels, la perception de capitaux provenant de ces acquisitions, le bail de longue durée, les biens
de grande valeur tels que les immeubles, le fonds de commerce, les meubles prévoient la
possibilité pour la femme d’intenter une action en nullité relative de l’acte en cause. La mise en
œuvre de ladite action se fait généralement à la dissolution du régime.
2. Le tempérament
Selon l’article 337, la femme peut se substituer au mari lorsqu’il est de manière durable
hors d’état de manifester sa volonté ou sa gestion de la communauté atteste l’inaptitude. Pour ce
faire, elle doit saisir le juge afin qu’il lui transfère de manière momentanée ou durable les pouvoirs
du mari à engager la communauté. En situation de crise, l’épouse ou la première épouse dans les
mariages polygamique seront ainsi habilités à engager la communauté.
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1. Le conjoint
Aux termes de l’article 341, lorsqu’un époux est hors d’état de manifester sa volonté ou
met en péril les intérêts de la famille, soit en laissant dépérir ses propres, soit en dissipant ou en
détournant les revenus qu’il en tire, à la demande de son conjoint, le juge peut le dessaisir de
l’administration et de la jouissance de ses propres.
2. L’administrateur judiciaire
Aux termes de l’article 341, alinéa 2, le juge peut confier la gestion des propres d’un
conjoint à un administrateur judiciaire dans le cadre d’un redressement judiciaire ou d’une
liquidation judiciaire.
Dans tous les cas, le transfert judiciaire des pouvoirs aboutit en réalité à un retrait des
pouvoirs du conjoint en cause sur ses propres. In fine, à la différence d’un célibataire ou d’un
époux séparé de biens qui peut, l’un et l’autre faire ce qu’ils veulent sur leurs biens, un conjoint
commun en bien doit convenablement gérer sa fortune personnelle et même en affecter les
revenus à la communauté. Ainsi, ce dernier n’a pas une pleine indépendance sur ses propres qui
demeurent affectés aux besoins du ménage.
La fin de la communauté est marquée par deux évènements, à savoir la dissolution (Sous-
section 1) et le partage (Sous-section 2).
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Ces causes peuvent être regroupées en deux catégories, celles qui entraîne la rupture définitive
du mariage (A) et celles qui entraîne le relâchement du lien conjugal (B).
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2. La séparation des biens judiciaire
Prévue à l’article 346 4/, la séparation des biens judiciaires a pour objet de procéder à la
liquidation anticipée des droits de chaque époux et à la fixation du patrimoine propre de chacun.
Si chacun des époux peut demander la séparation des biens judiciaires, c’est la femme
que la loi veut protéger conséquences fâcheuses de la gestion du mari de la communauté. Ainsi,
la femme peut saisir le juge afin d’ordonner une séparation des biens.
En cas de succès de la demande, les époux seront soumis au régime de la séparation des
biens.
A. La mort du conjoint
Dans l’absence, une personne a cessé de paraître à son domicile ou à sa résidence et dont
a plus de nouvelles. Quant à la disparition, elle est le fait pour une personne de ne pas reparaître
à la suite de circonstances de nature à mettre en danger sa vie.
Le jugement déclaratif d’absence produit les mêmes effets que le décès. Ceux-ci peuvent
s’étendre à la disparition même si la loi ne le mentionne pas expressément. Ainsi, le jugement
déclaratif d’absence étant assimilé à l’acte de décès, la dissolution de la communauté prend effet
à partie de la date où le jugement est devenu définitif.
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masse commune (Section préliminaire) qui sera suivie ensuite du partage qui se portera sur l’actif
(Section 1) et sur le passif (Section 2).
A. Le principe de d’égalité
L’application du principe de l’égalité conduit à un partage par moitié de la masse
commune entre les époux (1) sous réserve de l’application des règles de l’attribution
préférentielle (2).
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1. Le principe : le partage par moitié
Selon l’article 355, la masse commune se partage par moitié entre les époux ou leurs
représentants sauf en cas de recel (article 358). Celui des époux qui aurait diverti ou recelé
quelques effets de la communauté se voit donc privé de sa portion dans lesdits biens.
Comme en matière successorale, certains biens importants peuvent faire l’objet d’une attribution
préférentielle.
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