3 Le Ciment
3 Le Ciment
3 Le Ciment
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I. GENERALITES
I.1. Définition
Le ciment, du latin « caementum » qui signifiait "pierre naturelle, non taillée". Le
ciment est un matériau inorganique finement moulue qui, gâchée avec de l’eau, forme
une pâte qui fait prise et durcit en réaction au processus d’hydratation d’où le nom de
liant hydraulique. Après durcissement, cette pâte conserve sa résistance et sa stabilité,
même sous l’eau. Le ciment est un constituant de base du béton.
I.2. Historique
Au début du XIXe siècle l’industrie de la construction connaît un renouveau. Louis
Vicat (1786 –1861) mène des travaux autour des phénomènes d’hydraulicité du
mélange « chaux cendres volcaniques ». Ce liant, déjà connu depuis longtemps, restait
jusqu’alors le seul matériau connu capable de faire prise au contact de l’eau.
Vers 1817 Louis Vicat fut le premier à déterminer de manière précise les proportions
de calcaire et de silice nécessaires à l’obtention du mélange, qui après cuisson à une
température donnée et broyage, donne naissance à un liant hydraulique
industrialisable. C’est le ciment artificiel. Louis Vicat publia ses travaux de
recherches sans prendre de brevet.
En se basant sur les travaux sur la composition du ciment mis au point par Louis
Vicat, l’Ecossais Joseph Asdin réussit à breveter en 1824 un ciment à prise plus lente.
Il lui donna le nom de Portland, du fait de sa similitude d’aspect et de dureté avec la
roche du jurassique supérieur que l’on trouve dans la région de la Presqu'île Portland
dans le sud de l’Angleterre.
Ainsi, le XXe siècle a ouvert la voie aux ciments artificiels qui prendront
progressivement le pas sur les chaux. L’accélération sera plus manifeste après la
deuxième guerre mondiale avec le développement du secteur du BTP.
A partir de cette époque, la chaux cédera progressivement la place au ciment qui est
un meilleur liant avec des performances largement supérieures et une mise en œuvre
accélérée.
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550 millions Dh, dont 50 millions Dh réservés directement à la protection de
l'environnement.
Les matières premières à partir des quelles le ciment est fabriqué sont:
Ces matières premières sont présentes pratiquement dans toutes les régions. Des
roches naturelles, les marnes ou calcaires argileux, ont une composition qui est proche
de 80 % calcaire - 20 % argiles. Cependant des correcteurs, tel que minerai de fer qui
apporte Fe2O3, bauxite (Al2O3), sable (SiO2) sont ajoutés pour atteindre la
composition souhaitée.
Le composé de base des ciments est un mélange de chaux apportée par des roches
calcaires et d'alumine, de silice et d'oxyde de fer apportés par des argiles.
Calcaires et argiles sont extraits de carrières, puis concassés, homogénéisés, portés à
haute température (1450 °C) dans un four. Le produit obtenu après refroidissement
rapide est appelé le clinker.
Avant de préciser les différentes étapes de fabrication ainsi que les différentes
réactions qui régissent le processus de formation nous allons préciser les différentes
matières premières qui rentrent dans la composition du ciment.
I.3.1. Le calcaire
Le calcaire est une roche sédimentaire composée majoritairement de carbonate de
calcium (calcite) CaCO3. Lorsque la roche comporte une proportion non négligeable
d'argile, on parle plutôt de marne.
Le calcaire est facilement soluble dans l'eau .La concentration du calcaire dans l'eau
potable ou dureté s'exprime en « degré français ». Un degré correspond à 4 mg/L de
Ca.
Les calcaires sont des roches carbonatées contenant du carbonate de calcium. Ces
roches sont compactes, souvent assez dures et par conséquent assez résistantes à
l’érosion. Les échantillons du calcaire peuvent être perméables ou non (selon le type
de calcaire).
3
Remarques :
En conclusion on retient que le calcaire est identifié par défaut par CaCO3.
I.3.2. L’argile
L'argile est une roche sédimentaire, composée pour une large part de minéraux
spécifiques, silicates SiO2 en général d'aluminium Al2O3 , les ferrites Fe2O3 plus ou
moins hydratés, qui présentent une structure feuilletée qui explique leur plasticité, ou
bien une structure fibreuse qui explique leurs qualités d'absorption. L'argile ordinaire
est également appelée sil.
• Les éléments dits réfractaires -- silice SiO2 et alumine Al2O3. Ces deux éléments
sont les plus nombreux.
• Les colorants – principalement les ferrites Fe2O3, titane, manganèse.
• Les fondants -- oxydes alcalins terreux (chaux et magnésie), ou alcalin (oxydes
de sodium, potassium…..).
I.3.3. Le gypse
Le gypse est un minéral composé de sulfate hydraté de calcium de formule
CaSO4, 2(H2O).
I.3.4. Notation
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Selon donc cette notation l’argile contient S, A, C, F ainsi que des faibles
quantités d’autres éléments. Par contre le calcaire CaCO3 se transformera en
(CaO) noté C et dioxyde de carboneCO2.
I.4. Autres constituants des ciments
Ils modifient les propriétés du ciment grâce à leurs caractéristiques chimiques ou
physiques. De part leur nature, ils permettent aussi d'abaisser le prix de revient.
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Proviennent de l'industrie du silicium et des alliages. Elles ont des propriétés
pouzzolaniques.
6
+
+ +
7
Tableau 2 : Constituants de base du clinker
Photo
Autre ajout
Produit Clinker Gypse Laitier Cendre Pouzzo autres Ciment
volant -lane
Photo
CaSO4,
2(H2O).
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Conclusion :
II.2.1. Clinkérisation
Le clinker, élément actif du ciment, s'obtient en préparant et dosant judicieusement
les quatre éléments minéraux : la chaux, la silice et, en moindre proportion, l'alumine
et l'oxyde de fer. Ces éléments, portés dans un four à une température de 1450°C, se
combinent entre eux et forment le clinker, constituant de base de la fabrication du
ciment.
II.2.1.1. L’extraction
Les matières premières sont extraites de carrières généralement à ciel ouvert. Les
blocs obtenus sont transportés vers l’atelier de concassage et réduits dans en éléments
d'une dimension maximale de 50 mm. Ces concasseurs sont situés parfois sur les
lieux même de l'extraction.
On a recours actuellement à l’utilisation d’explosifs (tirs de mines) pour faciliter
l’extraction de la roche.
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l’ordre même de 1 m3. a fin de préserver l’environnement, les carrières font
l’objet d’un plan de réaménagement en fin d’exploitation.
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est une nouvelle fois homogénéisé par fluidisation, corrigée si nécessaire puis
stockée en silo avant l'introduction au four.
2. La voie semi sèche, est une variante de la voie sèche. Elle consiste à
agglomérer, la matière sous forme de granules de 10 à 20 mm de diamètre, par
ajout de 12 à 14 % d'eau. Les matières premières sont préalablement
parfaitement homogénéisées et séchées lors de l’opération de broyage afin
d’obtenir la farine.
II.2.1.3. La cuisson
La cuisson se fait à une température voisine de 1450 °C dans un four rotatif, long
cylindre tournant de 1,5 à 3 tours/minute et légèrement incliné.
La matière chemine lentement et se combine en venant à la rencontre de la source de
chaleur, une longue flamme La source de chaleur est apportée par des brûleurs
alimentés par différents combustibles (charbon pulvérisé, au fuel lourd, au gaz, ou
encore partiellement avec des combustibles de substitution tel que valorisation de
résidus d’autres industries).
La cuisson est une opération forte consommatrice d’énergie. L’énergie calorifique
consommée est élevée soit l’équivalent de 100 kg de charbon par tonne de clinker
produit.
Pour améliorer le bilan thermique, on utilise en amont du four un échangeur
thermique qui préchauffe le cru à environ 800 °C au moment du séchage.
Deux types d’échangeurs sont utilisés :
• L’échangeur à cyclone si le cru est introduit dans le four sous forme pulvérulente
(voie sèche),
• L’échangeur à grille s’il est introduit sous forme de granules humidifiées (voie semi-
sèche).
Entre l’échangeur et le four, est quelquefois installé un brûleur supplémentaire
assurant une «précalcination», c’est à dire une décarbonatation partielle qui favorise
les réactions ultérieures de clinkérisation et améliore la fiabilité de l’atelier de cuisson.
A la sortie du four, le clinker en nodules incandescents forme tombe sur des
refroidisseurs à grille qui ramènent sa température à 100 °C; ce choc thermique « la
trempe » donne naissance à des granules de diamètres variant entre 1 et 10 mm.
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Figure 3 : Fours de cuisson du clinker
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Les réactions chimiques sont :
13
Figure 5: Principe de fabrication du clinker
Remarques :
• Refroidissement du clinker.
• récupération du gaz pour une réutilisation.
• Récupération des poussières (filtres électrostatiques).
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RESUME
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Figure 7: Microstructure de clinker idéale
C’est la dernière phase qui correspond au passage du clinker aux ciments. Ainsi
Pour obtenir un ciment aux propriétés hydrauliques actives, le clinker additionné du
gypse est très finement broyé avec (100µm).
Ce broyage s’effectue dans des broyeurs à boulets, grands cylindres métalliques
horizontaux, animés d’un mouvement de rotation autour de leur axe, et à moitié
remplis de boulets d’acier. Dans ces conditions les corps broyants sont constitués par
les boulets d’acier qui, par choc, font éclater les grains de clinker et amènent
progressivement le ciment à l’état de fine farine, ne comportant que très peu de grains
supérieurs à 40 µm.
Le clinker est introduit à l’une des extrémités dont les proportions suivantes :
• 95 à 97% da clinker
• 3 à 5 % de gypse
Le ciment, moulu par le choc des boulets, est recueilli à l’autre extrémité.
Chacun des broyeurs, est alimenté par deux ou plusieurs doseurs qui permettent de
régler les proportions de clinker, gypse et ajouts.
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Figure 8 : Broyage du clinker, gypse et ajouts
Comme il a été signalé précédemment c’est lors du broyage que l’on ajoute au
clinker le gypse (3 à 5%) indispensable à la régulation de prise du ciment. On obtient
alors le ciment "Portland".
L'addition de ce constituant (le gypse) a pour but de régulariser la prise du ciment
notamment pour ceux qui contiennent beaucoup d'aluminate tricalcique. Sans gypse, la
prise serait irrégulière et pourrait intervenir trop rapidement. Mais grâce à ce gypse, le
début du durcissement du ciment s'effectue environ une demi-heure après le début de
l'hydratation.
Dans certains cas, en plus du gypse, on ajoute d'autres constituants tel que le laitier
de Haut-fourneau, les pouzzolanes, les cendres volantes ou les fillers pour l'obtention
de diverses catégories de ciments qui permettront la réalisation d’ouvrages allant du
plus courant au plus exigeant.
La finesse de broyage du ciment est mesurée par sa surface spécifique, c’est-à-dire
la somme des surfaces des grains contenus dans l’unité de masse. Mesuré par la
perméabilité à l’air, la surface spécifique « Blaine » est située entre de 3 200 cm2/g et
3700 cm2/g pour les ciments courants.
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II.4. Stockage transport
Les grains de ciment étant récupérés à la sortie du broyeur sont expédiés vers des
silos de stockage. Ces silos sont cylindriques et de capacité pouvant aller jusqu'à
10.000 tonnes.
Le coût du transport du ciment qui est produit généralement à un prix unitaire
relativement acceptable, amplifie énormément le prix final du produit.
Le ciment quitte les broyeurs et il est acheminé vers les silos de stockage par des
systèmes de transport mécaniques ou pneumatiques. Les différents types de ciments
sont alors stockés dans des silos différents.
En ce qui concerne le Conditionnement et l'expédition elle s'effectue selon deux
modes :
• Le premier se fait en vrac, par bateaux, trains ou camions où l'extraction se fait
sous le silo.
• Le second se fait en sacs; l'ensachage est effectué par des ensacheuses à
plusieurs becs, qui assurent un débit important. Les sacs sont palettisés par lots.
Les ciments quittent l’usine en sacs ou en vrac. Les sacs contiennent généralement
25 ou 50 kg de ciment et l’ensachage atteint fréquemment 100 tonnes par heure. Les
sacs sont acheminés vers des palettiseurs qui constituent des palettes de 1500 kg
transportées par camion.
Le ciment livré en vrac est transporté par camion-citerne, par train ou par bateau.
Pour les deux formes commerciales du ciment on soit toutes les indications sont
mentionner sur l'emballage en sac ou une garantie de qualité dans le cas de livraison
en vrac.
Remarque générales :
1. pour être utilisés, les laitiers de Haut-fourneau, les pouzzolanes, les cendres
volantes doivent avoir une composition en CaO et en oxyde (A, S, F) située
dans une fourchette donnée.
2. la différence entre ciment et chaux hydraulique et le pourcentage des oxydes et
surtout la température de cuisson en plus des ajouts.
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3. on rappelle que L’indice d’hydraulicité est définit par :
2 + 2 3 + 2 3
= =
+
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Figure 11: schémas d’usines de fabrication de ciment
Les ciments peuvent être classés en ciment normalisé et non normalisé. Pour ceux
normalisés, ils sont répertoriés selon plusieurs critères suivants :
• Classification en fonction de leur composition.
• Classification en fonction de leur résistance.
On rappelle que le ciment courant est fabriqué par mélange et broyage de clinker et
d’autres constituants minéraux, avec une certaine quantité de sulfate de calcium,
nécessaire pour réguler la prise.
Les constituants minéraux susceptibles d’entrer dans la composition des ciments sont
donnés dans le tableau suivant :
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Tableau 6: Constituants minéraux dans la composition des ciments
Pouzzolanes
Clinker K Q
industrielles
Laitier granulé haut Cendre volantes
S W
fourneau calciques
Pouzzolanes
Z Calcaire L
naturelles
Filler
Cendre volantes
V (constituant F
siliceuse
secondaire)
Les normes européennes anciennes étaient des normes par pays et elles classées les
ciments selon leurs compositions. En France les ciments étaient classés en trois
catégories :
Les compostions de ces trois ciments sont données dans le tableau suivant :
21
Tableau 7: compostions de trois types de ciments
CLC 25 à 60 % 20 à 45 % 20 à 45 %
CHF 25 à 60 % 40 à 75 % -----------------
• Les ciments dits Portland sont désignés CEM I (anciennement CPA). Ils
intègrent de 95 à 100 % de clinker. Ils conviennent pour des travaux de toutes
natures en béton armé ou précontraint.
• Les ciments Portland composés se classent dans la catégorie CEM II (ex-CPJ)
en version A ou B en fonction du pourcentage de clinker. Ces ciments sont
adaptés pour les travaux de maçonnerie et la fabrication de béton armé ou
précontraint.
• Les ciments de haut fourneau sont dits CEM III A, B (ex-CHF), ou C (ex-CLK).
Outre le clinker, ils intègrent surtout une partie plus ou moins importante de
laitier de haut fourneau (de 36 à 95 %). Ces liants sont destinés aux travaux
hydrauliques, en eaux agressives et pour les ouvrages de masse (fondations,
piles de pont, bétons lourds, barrages...).
• Enfin, les ciments au laitier et aux cendres sont répertoriés dans la catégorie
CEM V (ex-CLC). Ils permettent le même type d’applications que les CEM III.
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Résumé:
23
Tableau 9: différentes classes de ciments suivant leurs compositions
Clinker ≥ 95% ≥ 80% ≥ 65% ≥ 35% ≥ 20% ≥ 5% ≥ 65% ≥ 45% ≥ 40% ≥ 20%
(K) ≤ 94% ≤ 79% ≤ 64% ≤ 34% ≤ 19% ≤ 90% ≤ 64% ≤ 64% ≤ 39%
Cendres * de de * * * * * * *
calciques
(W)
Fillers * * * * * * * * * *
(F)
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Figure 12: différentes classes de ciments suivant leurs compositions
25
Tableau 10: Les spécifications à respecter suivant les classes de ciments
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2- Le ciment Portland Composé (CPJ) :
Composition : résulte du mélange de clinker en quantité au moins égale à 65% et
d'autres constituants tels que laitiers, cendres volantes, pouzzolanes ou fillers (un ou
plusieurs) dont le total ne dépasse pas 35%.
Remarque :
Ils existent d'autres ciments, qui peuvent être normalisés ou non. Les chaux
hydraulique naturelle (XHN) artificielle (XHA) peuvent être considérées comme des
ciments maigres. Ces deux matériaux résultent de la cuisson pour les XHN de
calcaires naturels plus ou moins argileux, auquel sont ajoutés, au cours de la mouture,
d'autres constituants alors que pour les XHA du clinker ou du ciment Portland
additionné de fillers généralement calcaires.
On cite à titre d’exemple les catégories suivantes résumées dans le tableau ci
après :
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Tableau 12: Catégorie des ciments suivant leur composition
Ciment pour travaux en eaux à haute Ce ciment présente une résistance accrue à l'agression des
teneur en sulfate ES sulfates au cours de la prise et du durcissement.
ciment blanc la teinte blanche est obtenue grâce à des matières
premières très pures (calcaire et Kaolin) débarrassées de
toute trace d'oxyde de fer. Les caractéristiques sont
analogues à celles des ciments Portland gris.
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- Caractéristique tenue aux eaux à forte pression
- Teneur en sulfates
Lexique
Fumées de silice : Particules sphériques très fines, elles sont obtenues par broyage très
de quartz. Leur ajout permet de fabriquer des bétons très performants en terme de r
Selon les usages que l’on en souhaite, les ciments doivent présenter un certain nombre
de caractéristiques originales : prise rapide, résistance, inertie face aux agressions
chimiques, etc. Ces propriétés dépendent de la composition même du ciment dont le
seul élément commun reste le clinker. Le pourcentage de ce constituant peut varier de
100 % à 5 %.
TYPE DE UTILISATION
CIMENT
Le ciment Travaux de toute nature; béton armé ou béton précontraint.
Portland Par contre, leurs caractéristiques n'en justifient pas l'emploi
Artificiel (CPA) pour les travaux de maçonnerie courante et les bétons de
grande masse ou faiblement armé.
Les CPA "Rapide", conviennent pour les mêmes travaux;
mais permettent un décoffrage rapide, appréciable notamment
en préfabrication.
Les CPA HP et HPR conviennent pour les travaux de B.A. et
B.P. pour lesquels est recherchée une résistance
exceptionnelle. Pour
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TYPE DE UTILISATION
CIMENT
les travaux en milieu agressif (terrain gypseux, eaux de mer,
eaux sulfatées), on emploie le ciment prise-Mer ou ciment
résistant aux
eaux sulfatées.
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Type de ciment Utilisation
Béton précontraint
Préfabrication de produits en béton
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V. HYDRATATION DU CIMENT
Les réactions qui se passent dès le début du gâchage et se poursuivent dans le temps
sont extrêmement complexes.
Le ciment Portland contient 4 principaux constituants :
Le silicate bicalcique (Bélite) : 2 CaO,SiO2 ou par abréviation C2S,
Le silicate tricalcique (Alite) : 3 CaO,SiO2 ou par abréviation C3S,
L’aluminate tricalcique (Célite) : 3 CaO,Al203 ou par abréviation C3A,
l'alumino-ferrite tetracalcique (Célite) : 4 CaO,Al2O3,Fe2O3 ou par
abréviation C4AF.
Ces constituants sont appelés aussi des anhydres.
Les deux silicates C3S et C2S sont très solubles dans l’eau.
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CaO, 2SiO2, 3 H2O est appelé silicate de calcium hydraté, plus
communément appelé C − S − H. appelé aussi la tobermorite.
Ca(OH)2 la chaux hydratée désignée par les cimentiers par CH
Couches de Ca-O
14
1.4 nm
Tétraèdre de Si-O4
en chaines
Molécules d’eau
X :Eau interfeuillets
O :Eau adsorbée
A :Soudures ou liaisons interparticulaires
B : Feuillets de C-S-H
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Les C − S − H sont des hydrates de stoechiométrie variable. Le rapport entre le
nombre de moles de calcium sur celui de silice donne une indication sur cette
stoechiométrie. Dans une pâte de ciment hydratée, ce rapport, noté C/S est proche de
1,7.
La cinétique d’hydratation du C2S est beaucoup plus lente que celle du C3S. A
court terme, les silicates hydratés formés proviennent donc majoritairement du C3S,
qui ont un rôle prépondérant dans les montées en résistance à court terme des bétons.
L’hydratation plus lente du C2S, après 28 jours, conduit à l’amélioration des
résistances à long terme.
L'hydratation de l'alite est plus rapide que la bélite. Dès qu'il y a formation de la
tobermorite, le début de prise commence. Il se forme un gel micro-cristallin, à l'origine
dit phénomène de prise.
C'est le développement et la multiplication de ces microcristaux dans le temps qui
expliquent l'augmentation des résistances mécaniques.
34
Figure 16: Simulation de microstructure de C3S
35
V.1.2. Hydratation des aluminates
Les hydrates formés Ils précipitent immédiatement autour des grains de ciment et
perturbent par conséquent l’hydratation des silicates en limitant la surface de
dissolution. Ce phénomène provoque, de plus, une rigidification précoce du matériau,
perturbant sa mise en oeuvre, limite la quantité de C − S − H et de portlandite formés
et pénalise donc les résistances mécaniques à long terme.
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L’aluminate tricalcique s’hydrate très vite et nécessite l’addition d’un régulateur de
prise de masse, le gypse qui permet la formation de fins cristaux d’ettringite retardant
la prise en masse du ciment :
Après quelques jours, cette ettringite formée se dissout partiellement pour former du
monosulfoaluminate de calcium.
Le ciment durci est une véritable "roche artificielle" qui évolue dans le temps
passant par trois phases :
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Début et fin de prise : après une ou deux heures pour la plupart des ciments, on
observe une augmentation brusque de la viscosité : c'est le début de prise, qui est
accompagné d'un dégagement de chaleur. La fin de prise correspond au moment ou la
pâte cesse d'être déformable et se transforme en un matériau rigide.
Durcissement
Phase dormante Prise
Par contre la cinétique de l’hydratation peut être représentée par la figure suivante :
38
Figure 22: Vues au microscope d’une pâte de ciment hydratée.
Temps
Figure 23 : Résumé de l’hydratation
39
Volume du solide augmente, mais le volume total diminue:
2,318 2,157
2,318-2,157=0,161
∆V la Contraction Le Chatelier:
∆V = 0,161/2,318=~7 %
40
Figure 25: Degré d’hydratation d’un ciment
Eau inter-feuillet
Pore du gel
42
Figure 29: L’effet de l’échelle pour la pâte de ciment
43
Remarques :
La finesse du ciment est évaluée soit par la taille des grains et leur répartition
(granulométrie) soit par la surface spécifique.
La taille des grains d’un ciment est d’une grande importance car elle conditionne la
réaction d’hydratation. Des grains trop gros donneraient une hydratation trop lente
voir incomplète, alors que des grains trop petits donneraient une hydratation rapide.
La chaleur d’hydratation est conditionnée par la taille des grains. En général 80%
des grains ont une taille inférieure à 80µm.
a. Tamisage
Si le tamisage est fait manuellement et vu la taille des grains de ciment est très
petite, cet essai ne constitue qu’un critère de qualité et ne peut renseigner sur la
répartition des grains c.a.d. la granulométrie.
44
Une deuxième méthode est utilisée c’est la Granulométrie laser.
b. Sedimentométrie
La chute d’une poudre dans un liquide se fait en fonction de la taille des grains les
plus gros arriverons bien avant les petits.
En effet en fonction du temps la taille des les grains qui resteront en suspension
dans le liquide diminue. On signale aussi que le mélange liquide grains en suspension
voit sa densité changer en fonction du temps. C’est ce principe qu’on utilise dans cette
méthode. On mesure en fonction du temps (t1, t2, t3, t4…. tn) la densité du liquide.
La corrélation entre le diamètre est la densité est faite par la courbe d’étalonnage de
l’appareil.
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1. Préparation : mixer avec bol et disperseur pour la séparation mécanique
des particules,
La surface spécifique est la Surface totale des grains d'un granulat contenus dans
l'unité de poids. Cette mesure met en évidence le degré de broyage du ciment. Le
degré de broyage sera corrélé avec la réaction d’hydratation et le temps de début de
prise.
L’unité : la surface spécifique est exprimé en en cm2/g ou cm2/cm3.
Il existe plusieurs méthodes pour la détermination de la surface spécifique. Parmi
elles on cite la surface spécifique Blaine, surface spécifique BET, …etc. On rappelle
qu’elle dépend énormément de la méthode utilisée.
Dans le domaine des ciments et des poudres on utilise généralement la surface
spécifique.
Principe de la méthode :
On mesure le temps mis par le volume d’air pour traverser une masse de poudre à
pression et température constante.
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Echantillon
K • e3 • t
S= en cm2/g
ρ • (1 − e) • η
Avec k : constante de l’appareil pour déterminer K on utilise une poudre étalon.
t : temps en seconde
ρ masse volumique du ciment
η Viscosité de l’air
e indice du vide e=0.5
Surface spécifique Blaine : est différente d'un ciment à un autre, généralement est
comprise entre 2700 et 5000 cm2/g et elle dépend de la méthode utilisée (voir figure
suivante).
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Figure 34: Comparaison des valeurs de la surface spécifique par la méthode blaine et
l’absorption Azote
VI.3. La prise
Le temps de prise d’un ciment est déterminé par l’observation de la pénétration
d’une aiguille Vicat dans une pâte de ciment.
Il est défini selon la méthode normalisée en mesurant l’enfoncement d’une aiguille
de 1 mm2 de section dans un échantillon de pâte de ciment de consistance normale.
Pour cela li faut commencer par définir une pâte de consistance normale.
a. Consistance normale :
C’est le rapport E/C produisant une pâte d’une consistance qui permet la
pénétration à 6mm ± 1 mm du plongeur de l’appareil aiguille de Vicat ayant un poids
de 300 g et un diamètre de 1 mm et laissé libre pendant 30 sec.
E/C=f (pénétration)
Le problème donc c’est de déterminer E/C= f(6mm) .il s’agit de répéter l'essai avec
des pâtes de teneur en eau différentes, de façon à obtenir une distance de 6 mm ± 1
mm et d’enregistrer la teneur en eau de cette pâte à 0,5 %. C'est la teneur en eau pour
le gâchage de la pâte de consistance normalisée.
On utilise l'appareil de VICAT. Il est équipé :
• d'une sonde cylindrique en métal de 50 mm de longueur effective et de
1mm de diamètre. La masse totale des parties mobiles est de 300 g.
• du moule de VICAT de forme tronconique, d'une profondeur de 40
mm, φ supérieur 70 mm, φ inférieur 80 mm
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• d'une plaque de base plane, plus large que le moule, et d'une épaisseur
d'au moins 2,5 mm.
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c. Détermination du temps de la fin de prise
Remarque :
Les essais de résistance en compression sont réalisés sur des éprouvettes fabriquées
à partir d’un mortier normalisé (exemple 1/3 ciments ; 2/3 d’un sable normalisé). Il
bien sur clair que l’essai est normalisé la fabrication est normalisée la conservation
dans la chambre humide l’est aussi.
• Perte au feu
Cet essai permet après évaporation par calcination de l’eau, du CO2 et des
éléments oxydables de déterminer la constance de masse.
• Résidu insoluble
Cet essai permet de doser par gravimétrie après calcination le résidu insoluble
des ciments.
• Dosage des éléments sulfate SO3, sulfure, manganèse…
Les résultats de chacun de ces essais permettent d’identifier chaque ciment
50
• Analyse minéralogique par diffraction des rayons X
Cette analyse permet de déterminer la quantité des principaux constituants du
ciment.
• Mesure de la chaleur d‘hydratation.
L’ensemble des résultats obtenus lors des essais précédemment cités permet de
dresser la carte d’identité de chacun de ciments utilisés.
• La galette on dépose une galette sur la table, après un temps donné, on remarque
visuellement s’il y a des fissures et on note les nouvelles dimensions de la
galette. les nouvelles dimensions rapportées aux dimensions initiales donnent
une idée sur les déformations
• aiguilles de Lechâtelier : La stabilité est déterminée par l’expansion d’une pâte
de ciment due à un mouvement relatif de deux aiguilles de l’appareil.
Cet essai permet de connaître la réactivité du ciment utilisé et informe donc sur
le délai pratique d’utilisation probable du béton réalisé.
L'expansion ne doit pas être supérieure à 10 mm sur pâte pure pour tous les
ciments
Le retrait limité à 0,8 mm/m pour les ciments CPA et CPJ de classe 45R et 55.
Il n'est pas normalisé pour les autres ciments (CLK, CHF, CLC).
Figure 37: Aiguilles « le chatelier » pour déterminer la stabilité du ciment sur pâte
• Rétractomètre
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dimensionnelle d'éprouvettes. La mesure peut être faite par un essai de retrait
classique ou un rétractomètre numérique voir figure suivante.
Questions
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