Concours 2017 Chimie TPC
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CHIMIE
Jeudi 4 mai : 14 h - 18 h
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Le sujet comporte des parties indépendantes au sein desquelles de nombreuses questions sont
indépendantes.
Au sein de chaque problème, les candidats s'efforceront de répondre aux questions dans l'ordre
prescrit.
Les réponses seront systématiquement justifiées.
Les données pour le problème 1 se trouvent à la fin de l’énoncé de ce problème.
Les documents pour les deux problèmes sont regroupés dans le livret : « Annexe documentaire ».
Les candidats attacheront la plus grande importance à la clarté, à la précision et à la concision de la
rédaction.
1/7 A
PROBLÈME 1
Les pouvoirs publics au niveau international ont été récemment interpelés par Amnesty
International à propos de l’exploitation d’enfants dans les mines de cobalt d’Afrique. Les différents
acteurs de la métallurgie du cobalt se sont renvoyé la balle sur la question des responsabilités, avec
un positionnement parfois ambigu des états. Cette situation géopolitique autour du cobalt et les
tensions qui en résultent montrent à quel point cet élément est important dans notre univers de
technologies modernes, avec des applications dans les domaines des alliages de hautes
performances, des accumulateurs, de la catalyse mais également dans le monde du vivant.
La chimie qui s’est développée depuis des années autour du cobalt a permis des améliorations
considérables dans sa production comme dans son utilisation. On propose d’étudier quelques
propriétés et applications de cet élément stratégique.
Les données pour ce problème se trouvent à la fin de l’énoncé. Les documents sont regroupés dans
le livret Annexe documentaire, pages 1 à 5.
Le cobalt est utilisé dans des catalyseurs hétérogènes pour la réaction de désulfuration (document 1,
annexe documentaire, page 1). On s’intéresse tout d’abord à la structure du catalyseur, cobalt
supporté par des feuillets de sulfure de molybdène.
Les réactifs impliqués dans la réaction de désulfuration (par exemple l’éthanethiol et le dihydrogène
dans le document 1) s’adsorbent sur le catalyseur avant leur transformation.
La désulfuration menée sur un mélange issu du pétrole conduit à un mélange d’alcanes que l’on
envisage de séparer par des successions de distillations fractionnées. Des données sur les mélanges
butane-hexane sont regroupées dans le document 2, annexe documentaire, page 2.
2/7
II - Réactivité des complexes de cobalt
Le cobalt intervient au sein de la vitamine B12 (figure 1) dont les fonctions semblent multiples au
sein de l’organisme. En particulier, le complexe de cobalt de cette vitamine semble catalyser des
transferts de groupement alkyle d’une molécule organique à l’autre. L’étude de la cinétique
d’échange de ligands autour de complexes de cobalt modèles est donc un enjeu important pour la
compréhension du rôle du cobalt dans le monde du vivant. Le document 3, annexe documentaire,
page 3, regroupe quelques résultats des travaux de E .B. Fleischer, S. Jacobs et L. Mestichelli à ce
sujet.
On admet que le mécanisme II permet une description acceptable des résultats expérimentaux.
Q15. Par une confrontation entre l’expérience et l’étude asymptotique de la loi de vitesse du
mécanisme II, évaluer k1.
En catalyse organométallique par les complexes de métaux de transition, les réactions d’échange de
ligands sont cruciales. La réaction d’hydroformylation (document 4, annexe documentaire, page 4)
fait intervenir ce type d’étape parmi d’autres.
3/7
Q16. Donner l’équation de la réaction d’hydroformylation.
Q17. Identifier le catalyseur de cette réaction.
Q18. Donner les produits des étapes d’insertion 1,1 et 1,2 apparaissant sur le cycle proposé
dans le document 4.
Q19. L’étape 6 peut être envisagée par un mécanisme en deux sous-étapes : addition
oxydante de H2 suivie d’une élimination réductrice. Proposer une formule de
l’intermédiaire réactionnel et donner le nombre d’oxydation du cobalt dans cet
intermédiaire en justifiant clairement la réponse.
Q20. Le mécanisme de la réaction d’hydroformylation fait apparaître une séquence d’échange
de ligands : identifier cette séquence. Suit-elle un mécanisme de type I ou II ?
La réaction d’insertion 1,1 est possible car le ligand CO est activé par sa coordination.
Q21. Par des analyses de polarité et/ou de formule de Lewis, indiquer si la molécule de CO
entrant dans l’étape 4 se comporte en nucléophile ou en électrophile vis-à-vis du
complexe issu de l’insertion 1,2. De même, indiquer si le ligand CO impliqué dans
l’étape 5 (insertion 1,1) joue un rôle de nucléophile ou d’électrophile. Conclure sur le
rôle de la coordination de CO en termes de réactivité.
Q22. Le ligand CO est -accepteur. Expliquer cette propriété à l’aide du document 5, annexe
documentaire, page 5.
Q23. En quoi la rétrodonation permet-elle d’expliquer la réactivité de CO coordiné ?
Données du problème 1
Fin du problème 1
4/7
PROBLÈME 2
L’haplophytine, notée 1 (figure 2), est une molécule isolée pour la première fois en 1951 par les
américains E.F. Rogers, H.R. Snyder et R.F. Fischer à partir des feuilles séchées de la plante
mexicaine Haplophyton cimicidum, d’où elle tire son nom (J. Am. Chem. Soc., 1952, 74, 1987-1989).
Elle constitue le principal composant bioactif de cette plante dont les propriétés insecticides étaient
déjà utilisées depuis des siècles en Amérique centrale, par les Aztèques puis leurs successeurs.
Snyder et Fischer et après eux d’autres équipes de recherche ont proposé des structures pour
l’haplophytine. Mais la bonne structure de cette molécule et donc également sa formule moléculaire
correcte n’ont été déterminées qu’en 1973 par P. Yates et ses collaborateurs des universités de
Toronto et de Pennsylvanie (P. Yates, F. N. MacLachlan, I. D. Rae, M. Rosenberger, A. G. Szabo,
C. R. Willis, M. P. Cava, M. Behforouz, M. V. Lakshmikantham, W. Zeiger, J. Am. Chem. Soc.,
1973, 95, 7842-7850). La molécule est constituée d’un ensemble polycyclique complexe de dix
cycles, six centres stéréogènes dont cinq quaternaires et une liaison carbone-carbone hautement
encombrée joignant les deux moitiés de la molécule.
À cause de cette structure très élaborée, cette molécule a longtemps résisté aux chimistes
organiciens et, par conséquent, en était devenue une cible synthétique convoitée. La première
synthèse totale de l’haplophytine n’a finalement été proposée qu’en 2009 par les japonais H. Ueda,
H. Satoh, K. Matsumoto, K. Sugimoto, T. Fukuyama et H. Tokuyama (Angew. Chem. Int. Ed.,
2009, 48, 7600 -7603).
Me
N
O
N N
HO O
O
MeO N O
H
OMe Me
Me
N N
O
N
H HO O
O CO2Me
MeO NHNH2
OMe
15 16
5/7
Dans une première partie, la publication de Snyder et collaborateurs est étudiée à la lumière des
connaissances actuelles sur l’haplophytine. La seconde partie traite des grandes étapes de la
synthèse du précurseur 15 selon Ueda et collaborateurs.
Les molécules seront représentées à l’aide de formules topologiques du même type que celle de la
figure 2. Elles pourront ne comporter que les informations nécessaires à la description des
phénomènes étudiés.
Les mécanismes demandés pourront être décrits à partir de formules simplifiées clairement définies
des espèces.
Les documents pour ce problème sont regroupés dans le livret Annexe documentaire, pages 6 à 8.
À l’aide de l’analyse du document 6, annexe documentaire, pages 6-7 et de la formule, de nos jours
connue, de l’haplophytine donnée sur la figure 2, répondre aux questions suivantes.
Q24. L’haplophytine est insoluble dans l’eau mais parfaitement soluble dans des solutions
aqueuses acides ou basiques diluées. Interpréter ce résultat. Quel qualificatif peut-on
attribuer à la molécule d’haplophytine relativement à ce comportement en solutions
aqueuses ?
Q25. La carboglace est le nom donné au dioxyde de carbone solide. Préciser son rôle ici.
Q26. Dans la procédure d’isolement de l’haplophytine, indiquer dans quelle phase et sous
quelle forme se trouve l’haplophytine lors de chaque étape de lavage-extraction
permettant d’aboutir finalement au mélange de 5 mL dans le chloroforme. On pourra
présenter la réponse sous forme de tableau ou de logigramme (schéma annoté).
Q27. Donner la signification de chaque indication dans l’écriture « [α]25D = + 109° (1-3 %
chloroforme) ». Peut-on établir un lien entre cette donnée et la formule de
l’haplophytine ?
Q28. Justifier a posteriori le choix des solvants utilisés pour les recristallisations de
l’haplophytine.
Q29. Proposer et représenter un montage utilisable en laboratoire pour réaliser une
recristallisation.
Q30. Quel type de transition est mis en jeu dans la spectroscopie d’absorption UV ? Indiquer
les caractéristiques structurales de la molécule d’haplophytine qui justifient son
absorption dans l’UV.
Q31. Expliquer la conclusion des auteurs qui présument la présence de deux groupes
carbonyles et l’absence de groupes OH et NH.
6/7
La synthèse totale de l’haplophytine proposée par Ueda et collaborateurs consiste à coupler ses
deux moitiés, issues des molécules 15 et 16 de la figure 2.
Q32. Le thioacrylate d’éthyle peut être considéré comme un analogue soufré d’un ester
α -insaturé. Expliquer cette affirmation en vous aidant de vos connaissances de la
classification périodique des éléments.
Q33. Proposer un nom pour la réaction transformant 3 en 4.
Q34. Donner le descripteur stéréochimique de l’atome de carbone asymétrique du composé 5.
Q35. Qu’aurait-on obtenu en faisant réagir le thioacrylate d’éthyle directement avec le
composé 2 plutôt qu’avec le composé 3, en supposant une régiosélectivité analogue ?
Q36. En déduire l’intérêt de l’utilisation de la (S)-1-phényléthylamine dans la séquence
globale de transformation du composé 2 en produit 5.
Q37. Quelle relation de stéréoisomérie lie les deux isomères du composé 6 obtenus à partir du
composé 5 ? Justifier.
Q38. Le composé organozincique de formule IZn(CH2)3NGp utilisé dans la formation du
composé 8 est un composé organométallique de réactivité analogue à celle d’un
Fin du problème 2
7/7
I M P R I M E R I E N A T I O N A L E – 17 1200 – D’après documents fournis
TPCCH07
ANNEXE DOCUMENTAIRE
Document 1 - Désulfuration
Les produits issus de l’exploitation du pétrole doivent être débarrassés du soufre qu’ils contiennent
car les composés soufrés (thiols (R–SH), thioéther (R–S–R’), etc.) conduisent à un
empoisonnement des catalyseurs utilisés dans les étapes de raffinage ou dans les dispositifs
utilisant les produits pétroliers.
On donne ci-dessous un exemple de réaction de désulfuration : celle de l’éthanethiol.
Cette réaction est menée à environ 620 K, sous une pression d’environ 100 bars. Un catalyseur
solide à base de cobalt et de sulfure de molybdène supporté sur de l’alumine (Al2O3) permet
d’accélérer la réaction. Des feuillets hexagonaux de sulfure de molybdène MoS2 sont dispersés en
surface du support alumine. Les atomes de cobalt viennent se placer en bordure des feuillets.
Structure d’un feuillet de MoS2 ; les gros atomes sont ceux de Mo et les petits, ceux de S ; les traits
pointillés indiquent la maille élémentaire :
1/8 B
Document 2 - Mélanges butane-hexane
Températures d’ébullition Te et de rosée Tr d’un mélange butane-hexane sous 400 Psi (27,6 bars)
en fonction de la fraction molaire du butane :
xbutane Te (°C) Tr (°C)
0,0 227,9 227,9
0,1 217,5 221,0
0,2 206,4 213,6
0,3 195,2 205,9
0,4 184,7 197,9
0,5 174,5 189,7
0,6 165,1 180,9
0,7 156,5 171,2
0,8 148,5 160,4
0,9 140,6 148,4
1,0 132,7 132,7
Source : W.B. Kay, R.L. Hoffman, O. Davies, J. Chem. Eng. Data, 1975, 20, pp 333-338.
2/8
Document 3 - Cinétique d’échange de ligands
N
(III)
N M N
HO OH
N
O
HO
O
Les expériences sont menées à 25 °C dans une solution aqueuse tamponnée à pH = 7,2 avec une
concentration initiale de HPCo(OH2)2 de 2,0.10–5 mol.L–1 et une concentration initiale de L (notée
[L]0) comprise entre 2,5.10–3 et 5,00.10–2 mol.L–1. Le suivi est effectué par spectrophotométrie
dans le domaine du visible. On observe une loi de vitesse de la forme suivante
v = kobs.[HPCo(OH2)2]
avec v, vitesse globale de la réaction.
Source : E.B. Fleischer, S. Jacobs, L. Mestichelli, J. Am. Chem. Soc., 1968, 90 (10), pp 2527–2531.
3/8
Document 4 - Hydroformylation : cycle catalytique
Plusieurs cycles catalytiques ont été proposés pour la réaction d’hydroformylation. On en reproduit
un ci-dessous, ne faisant intervenir que des complexes de cobalt au nombre d’oxydation
+I (excepté Co2(CO)8, où le cobalt est au nombre d’oxydation 0) :
Source : J. Huheey, E. Keiter, R. Keiter, Chimie inorganique, Ed. DeBoeck 1996 & D. Astruc,
Chimie organométallique, Ed. EDP Sciences, 2000.
4/8
Document 5 - Orbitales moléculaires
E(3d) = – 7,54 eV
E(4s) = – 3,15 eV
E(4p) = 3,19 eV
Ligand carbonyle :
Calculs : Jimp2 - Hall, M. B.; Fenske, R. F. Inorg. Chem. 1972, 11, 768-779. Bursten, B. E.;
Jensen, J. R.; Fenske, R. F. J. Chem. Phys. 1978, 68, 3320. Manson, J.; Webster, C. E.; Pérez, L.
M.; Hall, M. B. http://www.chem.tamu.edu/jimp2/index.html
5/8
Document 6 - Extraction et isolement de l’haplophytine par Snyder et al.
Voici un extrait, traduit de l’anglais, de l’article de Snyder et al. relatant le premier isolement
publié de l’haplophytine.
Isolement de l’haplophytine
Le concentré a été lavé à l’aide de quatre portions de 200 mL d’acide chlorhydrique à 2 mol.L-1 et
le pH des extraits a été rapidement ajusté à 8 à l’aide de carbonate de sodium. La suspension
obtenue a alors été extraite à l’aide de quatre portions de 200 mL de chloroforme. […] Les extraits
successifs de chloroforme ont ensuite été rassemblés et la phase résultante a été immédiatement
lavée à l’aide de quatre portions de 125 mL d’une solution aqueuse d’hydroxyde de sodium. Le pH
des extraits a été ajusté à 8 à l’aide de carboglace et d’acide chlorhydrique, puis la suspension a été
extraite avec trois portions de 100 mL de chloroforme. Les extraits au chloroforme ont été
rassemblés et concentrés jusqu’à environ 5 mL et transférés dans un erlenmeyer de 50 mL.
[On y a ajouté] 30-35 mL d’éthanol, puis 4-6 mL d’acétone. Ensuite la solution a été laissée sur la
paillasse pendant un mois pour permettre une cristallisation relativement complète. Il était dans ce
cas-là toujours intéressant – et parfois nécessaire – d’initier la cristallisation à l’aide d’un petit
cristal d’haplophytine.
Les rendements bruts varient de 1,9 à 2,4 g (0,03 %) lorsque des plants jeunes sont utilisés […]
[Avec des plantes plus matures], les séparations sont plus difficiles et le rendement brut final est
seulement de 0,4 à 0,6 g.
Deux recristallisations dans l’éthanol-chloroforme donnent des cristaux presque incolores, de point
25
de fusion 280-285 ° D = + 109° (1-3 % chloroforme).
Deux recristallisations supplémentaires ne changent pas le pouvoir rotatoire spécifique mais les
cristaux deviennent blancs et le point de décomposition augmente […].
6/8
Document 6 (suite) - Extraction et isolement de l’haplophytine par Snyder et al.
Analyse
Formule moléculaire : C27H31O5N3 . (Nous sommes dans l’article de Snyder et al.)
L’haplophytine sublime à 240-246 °C sous une pression d’à peu près 10-3 mm de Hg. Pour des
températures légèrement supérieures, a lieu une lente décomposition.
Propriétés
[L’haplophytine] est très soluble dans le chloroforme, le benzène, le dioxane et l’acétate d’éthyle,
peu soluble dans l’acétone […] et le méthanol et un peu moins soluble encore dans l’éthanol à
95 % […]. Elle est presque insoluble dans l’éther, l’éther de pétrole ou l’eau, mais parfaitement
soluble dans une solution aqueuse acide ou basique diluée. Les maxima d’absorption dans
l’ultraviolet se situent à 220 nm (𝐸𝐸11 %
𝑐𝑐𝑐𝑐
, 580) et à 265 nm (𝐸𝐸11 %
𝑐𝑐𝑐𝑐
, 165). […]
Conclusions
Le spectre infrarouge présente les particularités intéressantes suivantes :
(a) absence complète d’absorption dans la région 3 700-3 000 cm-1 […] ;
(b) absorption complexe dans la zone 1 850-1 620 cm-1 […].
Il est probable que deux groupes carbonyles soient présents et que les groupes OH et NH soient
absents. »
7/8
Document 7 - Synthèse d’un fragment de l’haplophytine
Dans la figure ci-après, signifie ici que les deux isomères sont présents dans le produit formé.
Me Ph Me Ph Me Ph
O O
H2N H H
O N H SEt N SEt
(S)-1-phényléthylamine thioacrylate d'éthyle
CO2Et CO2Et
CO2Et
2 3 4
O O O
O
O O O O
NGp NGp NGp
OMs OMs
IZn(CH2)3NGp base B
O O O O
NHGp' NHGp'
OH OH
MesSO2Cl
HO MesO2 SO
pyridine
N
CO2Et CO2Et
11 12
OSO2Mes Gp'
O O NHGp'
NHGp' N
O O
base B' O
MesO2 SO = 15
O O
CO2Et CO2Et
CO2Et O
O
13 14
Figure 3 - Synthèse du précuseur 15
FIN
8/8