Parlerde Provence Blanchet

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Philippe Blanchet

Le parler de Marseille et de Provence


Bonneton, 2004
INTRODUCTION 1

Cette ouvrage est la réédition, complétée et remaniée, de mon Dictionnaire du français


régional de Provence paru en 1991 chez le même éditeur. Si l’essentiel de son contenu est
demeuré le même à quelques corrections près, deux modifications importantes ont été
apportées.
D’une part, la mise en forme a été retravaillée pour donner plus de précision et plus de clarté
aux articles. La collection Bonneton des Dictionnaires du français régional de… en était alors
à ses débuts : nous ne savions pas le succès qu’elle allait remporter et auprès de quels lecteurs.
Il s’est avéré qu’un vaste et large public s’y est intéressé, allant de l’amoureux du patrimoine
régional jusqu’au linguiste spécialiste de la variation du français en passant par un public de
curieux locaux ou de passage… En outre, l’expérience acquise grâce à la publication régulière
de nombreux ouvrages de cette collection a permis aux auteurs de confronter leurs modalités
de présentation, voire, comme c’est le cas pour moi-même, de comparer deux dictionnaires
publiés à plusieurs années d’écart à propos de deux régions différentes (voir le Dictionnaire
du français régional de Haute Bretagne que j’ai publié en 1999 avec Henriette Walter). A
l’intention du grand public que nous visions au départ, j’ai donc conservé ici une présentation
simple et claire, en évitant les codes compliqués et les informations savantes que l’on trouve
dans les dictionnaires spécialisés. A l’intention des habitués des ouvrages lexicographiques,
voire des spécialistes qui recherchent une information plus détaillée et plus précise, j’ai
organisé les articles d’une façon plus rigoureuse.
D’autre part, cette réédition devait bénéficier de presque quinze ans de recherche
complémentaires sur le français parlé en Provence et sur le provençal, langue dont provienne
la plupart de ses particularités. Non seulement parce que des informations nouvelles sont
disponibles, mise à jour par d’autres ou par moi-même (d’où une bibliographie enrichie), mais
surtout parce que, entre temps, le français a continué à évoluer, en Provence comme ailleurs et
comme toute langue vivante. En 1991, mon dictionnaire était issu de travaux menés entre
1982 et 1986 pour une thèse de doctorat sur le français régional de Provence. Bien sûr en
vingt ans ce français n’a pas tant changé que ça… mais quand même, il s’est passé des choses
notables, par exemple à Marseille, la métropole régionale, et dans sa large zone d’influence
provençale.

Enfin, depuis les années 1990, un gout renouvelé pour les éléments régionaux s’est
massivement développé en France. Cela touche de nombreux aspects de nos vies, preuve de la
dynamique des cultures régionales : courants musicaux (chants corses, musique bretonne, rap
marseillais…), marketing (produits « du terroir », usages de noms locaux ou de langues
régionales…), et, notamment, les parlers. Qu’il s’agisse des langues dites « régionales » elles-
mêmes, redevenues un sujet d’actualité, ou des formes locales que le français a pris à leur
contact, on ne compte plus les ouvrages et autres médias qui y sont consacrés (sites internet,
T-shirts, articles de presse…), notamment dans certaines régions, Provence en tête, dont le
français local est réputé au-delà même de la France. Ce foisonnement sympathique et
significatif a produit un certain nombre de petits ouvrages consacrés aux français régionaux et
autres mots locaux, notamment en Provence et à Marseille. Rédigés dans des perspectives très
variées, ils sont différents les uns des autres et un travail de linguiste y a sa place, si l’on me
permet ce flash de pub…

1. Une perspective « sociolinguistique »

1
NB : Ce livre est rédigé en appliquant les rectifications de l'orthographe française publiées au Journal Officiel
du 6 décembre 1990, enregistrées par les dictionnaires usuels et celui de l'Académie française (1993), qui les
recommande en déclarant : "Aucune des deux graphies ne peut être tenue pour fautive".
Commençons donc par préciser la perspective dans laquelle cet ouvrage a été réalisé.
Le français, comme toute langue, est constitué de variantes géographiques, historiques et
sociales et situationnelles (« selon la situation de communication »). L'une d'entre elles, pour
des raisons sociopolitiques historiques complexes, qui ne tiennent pas à la langue elle-même,
jouit d'un statut de norme officielle : c'est ce que l'on appelle parfois le français standard ou
français normatif, langue fortement influencée par l'écrit (celle du système scolaire et des
rapports sociaux formels). Une certaine tradition, surtout française, focalise sur ce modèle en
oubliant la pluralité normale de toute langue, donc du français, et ce que cette diversité
signifie de la société. A côté de ce qu'on appelle « le (bon) français », il n'y aurait plus que ce
qui « n'est pas (du) français » (mais alors c'est du quoi ?) et qui ne serait que « déformations
fautives ». Pourtant, toutes les variétés linguistiques ont un rôle à jouer, y compris la norme
académique. On n’emploie pas le même français à Lille, Nantes, Marseille, Genève, Montréal
ou Abidjan. Dans les salons bourgeois et les HLM de banlieue, les villes et les villages. Chez
les jeunes et chez les vieux. Dans une conférence et au marché. Dans les pièces de Racine et
les sketches de Coluche, les romans de Proust et ceux de San-Antonio, les textes de Giono, les
films de Pagnol…
D’un point de vue éthique, on peut alors s'interroger sur le fait qu'un français dont on connait
bien les origines géographiques, politiques et sociales, érigé en norme prétendue unique sans
autre raison que la domination de ceux dont il était la langue et qui détenaient le pouvoir
politique -despotique-, économique, culturel… (les classes dirigeantes parisiennes), soit
encore aujourd'hui généralement considéré comme toujours meilleur que les autres, dans
l’absolu. Sur le purisme qui, tout en survalorisant la langue et en souhaitant sa diffusion,
cherche à en interdire le métissage et l'acclimatation. Et ceci alors que notre société se situe
dans l'esprit démocratique des Droits de la Personne. Institutions, programmes et manuels
scolaires peuvent-ils continuer à ignorer ou à mépriser ainsi la nécessaire et inévitable
diversité linguistique ? A ne pas former les citoyens à un regard plus neutre ou plus distancié
sur le langage ? Et par exemple à considérer comme une faute et non comme une variante
l'expression quotidienne d'un enfant qui parle un français autre, et l'obliger —au lieu
d’enrichir sa palette linguistique— à abandonner ce français (celui de sa famille, de ses
proches), remplacé par un français « noble », pour accéder à l'écrit et à la promotion sociale ? 2

A évaluer/sanctionner sans tenir compte de l’adaptation à la situation et en considérant


implicitement comme allant de soi la maîtrise de ce qui est une autre langue (le français
normatif scolaire) pour la plupart des élèves ?

Voici quelques unes des perspectives que l'on ouvre en observant la pluralité linguistique.
C'est tout le problème de sa compréhension, de sa gestion et de sa reconnaissance. En mettant
en relief la richesse, la valeur, la fonction de ces variétés de français, qui n'empêchent pas
l'intercompréhension, c'est à plusieurs mythes que l'on s'attaque : non, la langue ne provient ni
de la magie, ni de la logique pure ; non, elle n'est pas et ne peut pas être homogène ; non, elle
n'est pas le monopole de « ceux qui savent » ; non, la diversité linguistique, reflet de la
diversité de l'humanité, n'est pas un mal ; non, cette diversité n’est pas le résultat de la
« déformation » d’une ancienne langue « pure ».
Considérer la pluralité du français comme un fait permet alors de l’observer de façon
méthodique parce que bienveillante, et, après avoir exposé l’essentiel du contexte
sociolinguistique d’émergence et d’usage du français de Provence , je reviendrai plus loin sur
3

cette méthode d’observation.


2
Et que dire, alors, quand c’est carrément une autre langue que parle l’enfant et qu’au lieu d’en faire un bilingue,
on en fait un monolingue mal à l’aise ?
3
Par commodité, je ne distinguerai pas ici français de Provence et français en Provence, mais les choses sont
plus complexes : il y a des gens qui en Provence parlent français de façon non provençale (y compris des
Provençaux même déjà là depuis de nombreuses générations !), des néo-Provençaux récemment venus d’ailleurs
qui parlent à la provençale, et il n’y a pas de superposition directe entre une certaine façon de parler français
(voire un ensemble de façons de parler français) et les limites historiques ou linguistiques d’une région… Mais,
grosso modo, il y a des caractéristiques globales qui « marquent » le français de Provence et en identifie
symboliquement les habitants, voire les « indigènes » (et réciproquement car l’ « identité provençale » est
vivement ressentie dans la région).
2. Les langues de la Provence
Historiquement, la langue première des Provençaux n'est pas le français, mais le provençal.
Jusqu'au XIXe siècle, le provençal était la langue de communication quotidienne des
Provençaux. Seuls aristocrates et bourgeois savaient aussi un peu de français, que le peuple —
majoritaire— ignorait. A partir du XIXe s., mais surtout au début du XXe, la lutte menée
contre les langues régionales (dont le provençal) par l’Etat français et la généralisation
progressive de l’apprentissage et de l’usage du français ont donné naissance en Provence à un
français nettement provençalisé dans sa prononciation, sa grammaire, son vocabulaire, ses
usages. C'est que la majorité des Provençaux, d’abord bilingue donc, l'a appris « sur le tas », a
dû l’adapter à son vécu et l'a transmis tel quel à ses enfants, comme signe d'une promotion
sociale dans un système où sa langue, méprisée sous le nom de patois, avait été privée de
fonction véhiculaire et exclue des sphères dirigeantes. Au cours du XXe s., les francophones
ne parlant pas (ou plus) provençal sont devenus majoritaires dans la région, soit par abandon
du provençal, soit parce qu’ils sont venus d’ailleurs après la 2e guerre mondiale (la moitié de
la population actuelle de la Provence) et n’ont plus eu besoin du provençal pour vivre en
Provence. Ce français s'est transmis jusqu'à aujourd'hui avec une certaine stabilité, au point
qu’il est devenu un véritable emblème, très connu, auquel les Provençaux sont très attachés et
que les Provençaux venus d’ailleurs pratiquent à leur tour. Ils ont ainsi réconcilié les deux
facettes de l’identité linguistique régionale, en parlant français à la provençale.
La Provence, région attractive et terre d’accueil depuis toujours, a également connu de fortes
vagues d’immigration « extérieure », notamment italienne entre 1850 et 1950 (on estime
qu’entre un quart et un tiers de la population marseillaise est d’origine italienne). D’abord
passée au provençal, cette population a apporté un certain nombre d’éléments linguistiques
qui sont restés dans le français local. Les apports des Corses, nombreux à Marseille et en
Provence, ont été fondus dans les apports italiens. D’autres vagues migratoires ont eu des
impacts linguistiques encore plus limités : Arméniens (début XXe), Maghrébins et Français
d’Algérie (après 1960). Voire Grecs, Espagnols, Comoriens… dont on trouve aujourd’hui
bien peu de traces linguistiques dans le français communément parlé en Provence.
Marseille, métropole régionale au sein d’une agglomération de plus d’un million d’habitants,
est à la fois un concentré de Provence et, plus que ça, une communauté particulière, la plus tôt
francisée dans la région et regroupant plus qu’ailleurs des populations d’origines diverses.
L’identité marseillaise s’affirme fièrement non seulement par rapport à l’ensemble de la
France, mais aussi par rapport à sa région provençale. Tout cela se retrouve dans le français
qu’on y parle, à la fois plus provençalisé qu’ailleurs (car entré plus tôt et plus fortement en
contact avec le provençal), plus enrichi d’apports « extérieurs », et ayant pour partie
développé sa propre évolution. Bien sûr c’est de Marseille que se diffusent un certain nombre
d’innovations linguistiques dans la région, mais, en même temps, Marseille et son parler y
sont souvent perçus comme un peu à part, un peu trop « gras », un peu trop spécifiquement…
marseillais. Voilà pourquoi certains mots seront signalés comme marseillais et pourquoi il
était nécessaire de distinguer, sans les dissocier, Marseille et la Provence dans le titre de cet
ouvrage.
La langue provençale est une langue romane méridionale, appartenant à la famille d'oc, et qui
sonne un peu comme de l'italien ou de l'espagnol. D'après ceux qui la parlent ou qui y restent
attachés, et l'observation sociolinguistique le confirme, elle est parlée —avec bien sûr des
variétés— dans toute la Provence, le Sud du Dauphiné, la région nîmoise et les vallées alpines
du Piémont italien. Bien qu'ayant donné lieu à une littérature réputée (Prix Nobel de Frédéric
Mistral en 1904) qui se poursuit, le provençal est surtout une langue parlée qui n'a pour ainsi
dire pas subi de contrôle normatif. Il reflète en toute spontanéïté la culture du peuple
provençal, jusque dans son orthographe mistralienne, mise au point au siècle dernier, et qui,
prolongeant une tendance populaire ancienne, respecte la prononciation et permet à chacun de
noter les variations locales et sociales de la langue. Cependant, le provençal a connu au XXe
s. un fort déclin. Toujours vivant, mais toujours exclu et souvent caché, il est devenu rare chez
les jeunes. On estime qu’il y a entre 250.000 et 500.000 locuteurs à des degrés divers (soit
entre 6 et 12% de la population totale), probablement près d’un million de « locuteurs
passifs » (qui comprennent la langue mais ne la parlent pas) et surtout de nombreux « usagers
symboliques » : 80% des habitants s’y déclarent attachés De nouvelles attitudes apparaissent
malgré tout depuis vingt ans, et l'attachement des Provençaux à leur langue, à leur potentiel
culturel spécifique, à leur identité, se manifeste de plus en plus nettement dans une société qui
les reconnait mieux. Beaucoup reviennent à la langue, que l'on enseigne désormais, quoique
trop peu. L'intérêt international qu'elle a toujours suscité, souvent plus qu'en France, ne faiblit
pas. Il n'est pas une ville ou un village de Provence où l'on ne puisse lire du provençal, et
l'entendre si l'on parvient à vaincre la timidité linguistique des Provençaux vis à vis des
« étrangers », souvent plus nombreux que les autochtones (surtout l’été !). Ainsi, le provençal
continue à jouer un rôle au moins symbolique de référence linguistique qui influence le
français parlé en Provence.

3. Le vocabulaire du français régional de Provence : définition et méthode d’observation


Le millier de mots recensés ici ne constitue qu'un échantillon représentatif du vocabulaire
spécifique du français de Provence. Ce sont soit les plus fréquents, soit les plus répandus, soit
les plus symptomatiques. Il comporte ainsi les plus emblématiques. Quatre ans d'enquêtes
s'ajoutant à ma pratique quotidienne m'ont en effet permis d'identifier plus de 2.000 mots et
4

expressions propres au français de Provence . Bientôt vingt ans de recherches


5

complémentaires m’ont permis de l’enrichir et de le mettre à jour. Et d'autres mots sont


encore à découvrir. Ceux présentés dans ce dictionnaire indiquent ainsi des pistes par
lesquelles un lexique plus étendu est à pressentir et relever, notamment, chez les jeunes
urbains, ou dans les domaines des jargons (technolectes) , de la cuisine , des noms de lieux ,
6 7 8

des expressions proverbiales , etc… De nombreux items en provençal font, en effet,


9

spontanément irruption dans l'expression française des Provençaux, notamment chez les
bilingues, et même chez ceux qui ne parlent plus provençal, par exemple des expressions
connues de tous du type l'aigo boulido sauvo la vido, ou l'as paga lou capèu ? De plus, la
spécificité du français régional apparait en permanence à travers les modalités culturelles de la
prise de parole et du dialogue, à travers la prononciation, nettement influencée par celle de la
langue provençale, ainsi que de façon moindre dans une syntaxe de type « français populaire
parlé » et le taux de fréquence de certains mots ou tournures assurément français mais
favorisés par l'existence de leurs équivalents directs en provençal (comme baudroie préféré à
lotte, soulier préféré à chaussure, faire voir préféré à montrer ou deux heures et quart préféré
à quatorze heures dix-sept).
D'un individu ou d'une famille à l'autre, d'un moment à l'autre, le degré de régionalité varie :
ceux qui ont suivi un cursus scolaire réduit emploient plus de tournures et de mots locaux et
plus souvent, faute parfois de posséder leur équivalent —s'il existe— en français dit commun
(c'est à dire dont le lexique est constitué de mots supposés connus de l'ensemble des

4
Je tiens à remercier pour leur aide lors de la réalisation de ces enquêtes en 1983-86 : MM. Compan, Domenge,
Fouque, Gabriel, Reynaud, Rivière, Rostaing, Roux, Royer, Scotto, Vouland ; pour son compte-rendu
bienveillant ayant attiré mon attention sur quelques faiblesses de la première édition, J.-P. Chambon (in Revue de
Linguistique Romane n° 221-222, 1992, p. 290-293) ; pour leurs travaux publiés depuis et qui m’ont permis de
préciser certains points : C. Martel, P. Rézeau, H. Walter. Cette mise à jour doit également beaucoup à ma
collaboration avec M. Gasquet-Cyrus pour nos travaux sur le marseillais, eux-mêmes alimentés par ses enquêtes
ainsi que celles de N. Binisti. Cet ouvrage doit aussi ses éventuelles améliorations aux discussions avec mes
collègues C. Bavoux, T. Bulot, J.-M. Eloy, D. de Robillard, entre autres. Que tous soient remerciés.
5
Certains d’entre eux débordent évidemment sur les régions limitrophes, Languedoc, Dauphiné, Savoie… mais
ne sont pas communs à l’ensemble des francophones et y sont à chaque fois issu du contac avec la langue
régionale.
6
Voir notamment les ouvrages de C. Martel sur les boules et sur les taureaux (Cf. bibliographie).
7
Voir pour cela mon ouvrage ethnographique Dictionnaire de la cuisine de Provence, Editions Bonneton, Paris,
1994, (en collaboration avec C. Favrat).
8
Voir pour cela mon ouvrage Petit dictionnaire des lieux-dits en Provence, Montfaucon, Librairie
Contemporaine, 2003.
9
Voir pour cela mon ouvrage Zou boulégan ! Expressions familières de Marseille et de Provence, Paris,
Bonneton, 2000.
francophones). A fortiori lorsqu'ils parlent provençal, ce qui peut nous faire quitter le domaine
du français régional pour entrer dans celui du français langue (en partie) étrangère dont il est
progressivement issu. Les travaux de C. Martel ont montré que l’usage d’un vocabulaire
provençal est souvent conscient, par souci stylistique, chez des personnes ayant par ailleurs
une bonne maitrise du français normatif et un haut niveau de formation.
La méthode que j'ai suivie se fonde avant tout sur le recueil des pratiques orales par
observation participante (notes à la volée lors des échanges avec des Provençaux), contre-
vérifiées par une enquête systématique sur ce premier recueil auprès d’informateurs de tous
âges, de tous milieux sociaux et de toutes zones provençales. Il s'agit, outre de vérifier qu'il ne
s'agit pas de français (populaire) commun —lequel a emprunté des mots au provençal et au
français de Provence —, de n'enregistrer que des mots et expressions attestés oralement chez
10

des personnes ne parlant pas provençal ; et ceci afin d'éviter deux écueils :
a. Les chevauchements entre deux langues chez ceux, âgés, pour qui le français, même
régional, n'est pas une langue complètement maîtrisée, et qui reviennent au provençal
malgré eux. Ces phénomènes relèvent du bilinguisme actif, de l'acquisition d'une langue
autre, et n'appartiennent pas à un français régional stable, bien que témoignant de la
formation de ce dernier. Les mots recueillis ici ne sont donc pas attestés uniquement
chez des provençalophones, et en aucun cas dans un discours en provençal, même
partiellement.

b. La recherche de pittoresque exagéré et/ou artificiel chez certains écrivains régionaux


qui parsèment leurs textes français de mots et expressions d'origine provençale, sans
qu'il s'agisse toujours d'un vocabulaire réellement employé en français local et de cette
façon-là. Depuis 1991, ce corpus s’est enrichi de nombreux romans policiers dits
« marseillais » (même s’ils concernent une région plus vaste allant jusqu’à Toulon et
Avignon). Ces textes ne m'ont été utiles qu'à titre indicatif, en attirant mon attention sur
certains éléments lexicaux qu’ils emploient (auteurs : Aicard, Bec, Blaise, Borrely,
Carrese, Cauvin, Civaregna, Contrucci, Delfino, Del Pappas, Degioanni, Giono, Izzo,
Merle, Monnier, Pagnol, Scipion, Thomazeau).
La multiplication récente des groupes de musique, de rap et de raggamuffin à Marseille et
dans la région fournit un corpus du type similaire, nécessitant les mêmes vérifications
(notamment Fatche d’eux, IAM, Jo Corbeau, Massilia Sound System —qui utilisent aussi du
provençal occitanisé— Quartiers Nord, les Raspigaous…).

La vérification du caractère non commun des éléments relevés a été faite par confrontation
avec des dictionnaires « généraux » du français (Larousse, Robert, Trésor de la Langue
Française) et des dictionnaires soit de français dit « populaire », « non conventionnel » voire
« argotique », soit d’autres français régionaux. Il reste bien sûr une petite marge d’incertitude
ou d’erreur possible, y compris parce que certains termes sont peut-être utilisés largement
sans avoir été relevés comme tels dans les dictionnaires que j’ai pu consulter.
La morphologie du français et du provençal étant différentes, il est dans la plupart des cas aisé
de distinguer une phrase française régionale d'une phrase provençale, même lorsque les mots
sont provençaux : les marques grammaticales sont claires (terminaisons des verbes, articles,
accords…). C’est un critère de plus d’identification du français régional. Enfin, pour nombre
de cas (sauf notamment les mots emblématiques ou de forme évidemment provençale), les
locuteurs ne sont pas conscients d'employer un vocabulaire spécial qui n'appartient pas au
français commun et qui ne serait pas compris par un francophone d’une autre région. Encore
que la situation évolue : depuis les années 1980, le français régional de Provence tend à
devenir une véritable norme régionale du « bon » français (dans sa version « light », pas trop

10
Comme qu’es acò ? devenu un improbable késako ?, coum’ acò ? devenu comac, ou fada (aussi utilisé au
féminin en français commun). Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit toujours en Provence de français régional, à
la fois par la forme (phonétique), la conscience morphologique (de construction pour les deux premiers, de
masculinité pour le troisième), les sens et usages, et la conscience sociolinguistique.
provençalisée notamment sur le plan syntaxique), dont les Provençaux sont de plus en plus
fiers et conscients.
Plusieurs enquêtes récentes (notamment celle de J-M. Kasbarian à partir du lexique relevé en
1930 à Marseille par A. Brun et celles de M. Gasquet-Cyrus et N. Binisti) montrent que ce
français connait une véritable stabilité à travers la dynamique de ses propres évolutions.
D’autres versions de cet ouvrage sont donc à venir !

Philippe Blanchet
POUR CONSULTER CE DICTIONNAIRE

1. Plan type d'un article


Entrée (classe grammaticale, selon les abréviations ci-dessous et éventuellement
prononciation)
1. Sens, avec un exemple éventuel tiré du corpus . 11

(2. Autre sens avec autre exemple…)


Fréquence d'emploi, zones géographiques, milieu social particulier, expressions,
commentaires linguistiques et ethnographiques éventuels, avec renvois aux différents sens si
nécessaire.
Variantes, diffusion dans d'autres régions . 12

Renvois internes.
Les mots cités qui apparaissent comme entrée ailleurs dans le dictionnaire sont signalés par
un* qui les suit immédiatement.
La fréquence estimée (taux d'emploi déclaré parmi nos informateurs et observé dans les
pratiques) est exprimée en : rare (< 10% de nos informateurs l'emploient) peu fréquent (10 à
50%), usuel (50 à 75%), très fréquent (> à 75% et jusqu'à 100%). S'y ajoute le trait éventuel
emblématique.
La zone d’usage restreinte est signalée par un nom de ville, de département, ou de région de
Provence comme Haute-Provence, Bas-Rhône, côte, ou encore région marseillaise, etc.
2. Terminologie et abréviations
Ce dictionnaire étant conçu pour le grand public et non uniquement pour les spécialistes, on y
emploie abréviations et termes courants des dictionnaires grand public :
adj. = adjectif
adv. = adverbe, adverbial
excl. = exclamation, exclamatif
ext. = extension
f. = féminin
fr. = français
fig. = figuré
interj. = interjection
intr. = intransitif
litt. = litt.
loc. = locution 13

m. = masculin
n. = nom, nominal
plur. = pluriel
pron. = pronom, pronominal
prov. : provençal
sing. = singulier
tr. = transitif
v. = verbe, verbal
3. Localisation des mots

11
Les exemples sont tous authentiques, en général recueillis à l'oral, même si le fait de les sortir de leur contexte
peut leur donner une apparence un peu artificielle.
12
Sauf pour la présence très fréquente de beaucoup de ces mots dans les alentours immédiats de la Provence
(Pays niçois, Drôme, Hautes-Alpes, Ardèche, Gard, Cévennes, Hérault) pour des raisons de proximité
linguistique et culturelle.
13
Il peut s'agir d'associations usuelles de mots dont le sens reste clair ou d'un groupe de mot figé dont le sens ne
se déduit pas de celui des mots qui la composent. Certains dictons ou proverbes fréquents sont également
mentionnés.
Ce dictionnaire couvre la zone suivante : Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Var, moitié Sud des
Alpes de Haute-Provence sous une ligne Sisteron/Castellane, Sud-Ouest des Alpes-Maritimes
(Région de Cannes et de Grasse) ; c'est à dire les 2/3 de la région actuelle Provence-Alpes-
Côte d'Azur et les 3/4 de sa population, mais également la quasi totalité de la Provence
proprement dite (Comtat-Venaissin compris), à l'exception de la Vallée de Barcelonnette qui
présente en plus, comme toute l'aire provençale haute-alpine, des particularités linguistiques
notables. Les Hautes-Alpes sont historiquement dauphinoises, et le pays niçois (ancien Comté
de Nice) forme une entité historique et culturelle spécifique. Une bonne partie des mots
présentés ici sont cependant connus et usités sur l'ensemble de l'aire linguistique provençale, y
compris la « Drôme provençale » au sud de Montélimar et le « Gard provençal » de Nîmes au
Rhône.
Lorsqu'un mot, d'après nos enquêtes, n'est pas attesté sur toute la zone couverte par ce
dictionnaire, sa localisation précise donnée.
4. Etymologie
Dans un souci d'allègement et de simplification, je ne donne que l'étymologie directe (en
général le mot provençal, mais aussi italien etc… dont il provient) et non l'étymologie
indirecte (latine, grecque etc…).
5. Recherche un mot, prononciation, orthographe
Une transcription phonétique des mots aurait allongé cet ouvrage sans être compréhensible
par tout le monde. J'ai donc préféré simplement marquer l'accent tonique en soulignant la
voyelle accentuée quand celui-ci ne tombe pas sur la dernière syllabe, contrairement à ce qui
se passe normalement en français, voire indiquer explicitement une particularité de
prononciation.
J'ai utilisé l'orthographe française, tout en respectant ses règles et ses habitudes, adaptées à
une variante régionale du français qui n'a pas d'orthographe établie et qui diffère
sensiblement, en ce qui concerne les sons, du français standard ou septentrional, afin de noter
la prononciation de la façon la plus fidèle possible, sans pour autant avoir recours à l'alphabet
phonétique international peu accessible à beaucoup de lecteurs et écarté de la ligne éditoriale
de cette collection. L'orthographe du mot —en général provençal— dont le mot français
régional est issu a de même été prise en compte pour des raisons étymologiques et
phonologiques (opposition r/rr, par exemple). Quand l'orthographe provençale ne pose pas de
problème de lecture / d'oralisation en français, elle a été conservée plutôt que de franciser
artificiellement la forme écrite du mot, sauf usages établis (ainsi baguié "laurier-sauce" et non
baguier, mais vié et vier "pénis", car les deux graphies sont largement attestées).
L'ouverture/fermeture des voyelles et les consonnes nasales après voyelle qui remplacent chez
nous les voyelles nasales du français septentrional n'ont pas pu être notées ici (voir annexe).
Le -e final atone est prononcé lorsqu'il est écrit, et inversement, en français régional.
On se rappellera que les sons du provençal, ceux du français régional, et les valeurs multiples
de certaines lettres françaises impliquent d'éventuelles graphies différentes pour un même
mot. Aussi, on cherchera un mot en tenant compte des équivalences suivantes : ch/tch, j/g/dj,
c/qu, c/s(s), s/z, an/en, en/in, on/oun, o/ou, e/eu, i/e, ï/ill/y, consonne simple/double, es/s/é/ø,
gn/n.
Afin de ne pas multiplier les entrées et pour respecter le nombre de page attribué au volume,
je n'ai pas repris en entrées systématiques avec renvois toutes les locutions et dérivations
recueillies. On voudra donc bien les chercher à partir des mots ou des radicaux qui les
composent.
6. Renvois
Des renvois permettent de mettre en relation les mots ayant traits à un domaine proche,
appartenant à une même famille, synonymes ou équivalents, etc… Lorsqu'une série est trop
riche, on n'a pas pu insérer les longs renvois nécessaires : c'est le cas en particulier pour les
mots signifiant idiot, giffle, apathique, orage, forts nombreux et variés, témoins peut-être de
phénomènes particulièrement peu appréciés par les Provençaux et symptomatiques de leurs
préoccupations ! Les mots dont les variantes présentent des lettres initiales différentes et
inattendues, comme traou et straou, font l’objet de deux entrées, dont l’une renvoie à l’autre.
Lorsqu'un mot régional est utilisé à l'intérieur d'un paragraphe (définition, citation)
l'astérisque signale que l'on peut en trouver la définition dans le dictionnaire : une brave*
vaisselle (Chercher brave dans ce dictionnaire).
A
ABRIVADE n. f.
Jeu usité en Camargue et aux alentours qui consiste à lâcher une manade* de taureaux dans
les rues d'une ville ou d'un village. Usuel dans le Bas-Rhône, rare ou inconnu ailleurs.
Associé aux jeux taurins emblématiques de la Provence rhodanienne. Du prov. abrivado
même sens. Voir FERRADE, MANADE, RASÉTAÏRE.
ACANER v. tr.
Faire tomber les fruits d'un arbre à l'aide d'une cane*. Peu fréquent, rural. Du prov. acana
même sens ; dérivé de cano, sortede bambou. Voir CANE, CANER.
ACCIDENT n. m.
Fausse-couche. "Elle a eu un accident". Peu fréquent, vieilli. Sens du prov. aucidènt.
ACLAPER v. tr.
1. Recouvrir de pierres. "J'aimerais qu'un troupeau de blocs dégringole et m'aclape"
(Pagnol). 2. écraser, submerger. "les soucis, ils m'aclapent". Du prov. aclapa même sens,
dérivé de clapo, pierre plate. Voir ESCAGASSER.
ACO pron. dém. 3e pers. sing. neutre
Ça, cela, ce. Pas d'attestation isolée en fr., toujours employé dans les locutions fréquentes à
très fréquentes qu'ès aco? (qu'est-ce que c'est? ; prononcé quèzako, locution emblématique
tendant aujourd'hui à se répandre en France) ; ès aco (c'est ça) ; aquest'aco! (excl. de
surprise) ; coum'aco ou comme aco (comme ça, qui a donné comac en argot parisien) ;
ém'aco!, (ponctuation du discours ; la variante emblématique ém'oucò de la région Marseille-
Toulon, qui y est très fréquente en prov., a donné naissance au sobriquet Moco ou Moko par
lequel les marins d'autres régions —surtout bretons— désignent les Provençaux). Du prov.
acò même sens.
ACOUNASSI adj. et n.
Abruti, demeuré. Peu fréquent, région d'Avignon. Du prov. même mot même sens ; dérivé de
coun, con, idiot. Voir AFOLASSI.
ADESSIAS
Formule de salutation pour prendre congé. Peu fréquent, emblématique. Du prov. même mot
même sens, formé sur à Diéu sias!, vous êtes avec Dieu.
AFOLASSI adj. et n.
Abruti. Peu fréquent, région d'Avignon. Du prov. afoulassi même sens, de fòu, fou. Voir
ACOUNASSI.
AFORTIR v. tr.
Affirmer. "Il me l'a aforti". Peu fréquent, vieilli, Marseille. Du prov. afourti, même sens.
AGACHON n. m.
Cachette d'où l'on guette les oiseaux à la chasse à l'espère*. Egalement usité dans la loc. être
à l'agachon, être aux aguets. Usuel. Du prov. agachoun même sens, du v. agacha, observer.
Voir ESPINCHER.
AGANTER v. tr.
Attraper. "Té! Agante!" ; "il m'a aganté par la manche". Très fréquent, surtout usité à
l'impératif mais pas uniquement. Marseille, Var. Variantes marseillaises attestées chez les
jeunes : aguinter, guinter (évolution phonétique de aganter). Du prov. aganta, même sens.
AGAVON n. m.
Bugrane (plante). Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. agavoun, même sens.
AGINGÉNI adj.
Recroquevillé. "il était tout agingéni" (à propos d'un malade). Peu fréquent, Var. Du prov.
agingeni, même sens.
AGRANER v. intr.
Attirer la clientèle par un procédé quelconque. Peu fréquent, Var. Du prov. agrana, même
sens, issu du sens propre "jetter des graines aux oiseaux".
AGRIOUTAT n. m.
Liqueur de cerise. Usuel. Variante : agriotat. Du prov. agrioutat, de agrioto, type de cerise
(origine du fr. commun griotte).
AÏ n. m.
Âne. Usité en fr. dans les insultes tronche d'aï, tête d'aï, con d'aï, et dans le nom local de la
sarriette pèbre d'aï*. Très fréquent, Marseille, Var. Du prov. ai, même sens. Voir ÂNE.
AÏET n. m.
1. Ail. 2. aïoli*. Rare, vieilli. Au sens 1, souvent dans la loc. un res d'aïet ou une tresse
d'aïet "une tresse d'ail" (du prov. rèst d'aiet, "tresse d'ail", présentation habituelle de l'ail à la
vente). Le sens "aïoli" provient du fait que cette sauce constitue l'emploi le plus typique et le
emblématique de l'ail dans la cuisine provencale. Du prov. aiet, mêmes sens. Voir AÏOLI.
AÏGARDIN n. m.
Eau de vie. Peu fréquent, surtout rural. Du prov. aigarden, même sens, litt. "eau brûlante".
AÏGO BOULIDO n. f.
Soupe à l'ail et à la sauge. Usuel. Beaucoup de Provençaux connaissent encore le dicton en
prov. l'aigo boulido sauvo la vido, "l'aïgo boulido sauve la vie" qui vante les vertus
médicinales de la sauge connues depuis l'antiquité (et qui leur doit son nom : sauge, en prov.
sàuvi, vient du latin salvia "qui sauve"). Du prov. aigo boulido, même sens, litt. "eau
bouillie".
AÏGO SAOU n. f.
Sorte de court bouillon dans lequel on fait cuire poissons, escargots, etc. Peu fréquent. Du
prov. aigo sau, même sens, litt. "eau-sel".

AÏOLI n. m. et f.
1. Sauce froide à l'ail montée à l'huile d'olive. 2. Plat de morue, d'escargots et de légumes
bouillis accompagnés d'aïoli. Très fréquent, emblématique. Le genre du mot (incertain à cause
de l’initiale en voyelle) donne lieu à de fréquents débats entre Provençaux (alors qu’il est m.
en prov., sans ambigüité). L’aïoli et le mot qui le désigne sont des emblèmes anciens et très
vivants de l’identité provençale et marseillaise, de sa capacité à intégrer et mélanger des
éléments d’origines diverses pour en faire un tout très caractérisé. Certains groupes musicaux
marseillais ont récemment lancé la mode d’utiliser aïoli comme interject. de connivence. Du
prov. aiòli, mêmes sens, litt. "ail-huile" (òli est m. en prov.). Voir BOUILLABAISSE.
AIR (DONNER D'AIR À) loc. v.
Ressembler. "il donne d'air à son père". Usuel mais vieillissant. Du prov. douna d'èr à, même
sens. Voir SEMBLER.
ALESTIR v. tr.
Préparer (Marseille, Hyères). Peu fréquent. Du prov. alesti, même sens.
ALIBOFI n. m. plur.
Testicules. "tu vas t'esquicher les alibofi". Usuel, plaisant voire un peu vulgaire,
Marseille,Var. Du prov. alibòfi, fruit de l' aliboufié (le "styrax", arbre). Voir AMANDONS,
GLORI.
ALUDE n. f.
Fourmi ailée. Usuel sur la côte. L'alude est surtout utilisée comme appât par les pêcheurs,
d'où la localisation dominante de l'usage de ce mot. Du prov. aludo, même sens, litt. "ailée",
de alo, aile.
AMANDON n. m.
1. amande fraiche pourvue de sa peau verte. "j'ai acheté des amandons au marché". 2. (fig.)
testicules. "Tu me brises les amandons!". Très fréquent. Du prov. amendoun, mêmes sens.
Voir ALIBOFI.
AMOULAÏRÉ n. m.
Rémouleur, nom de l'un des santons dans la crèche traditionnelle. Peu fréquent
(essentiellement usité à propos de la crèche). Du prov. amoulaire, même sens.
ANCHOÏADE n. f.
Sauce froide à base d'anchois écrasés, d'huile d'olive, d'ail qui accompagne des crudités.
Prononcé soit ancho-yade (à la provençale), soit anchoi-yade (à la française). Très fréquent
(aliment traditionnel couramment consommé). Du prov. anchouiado, même sens, de anchoio,
anchois.

AN PÈBRE loc. n. m.
Année lointaine, en général dans le passé. "Ça remonte à l'an pèbre!". Très fréquent. Une
proportion notable de locuteurs pensent qu'il s'agit d'un seul mot, l'ampèbre. Du prov. an
pèbre, même sens, litt. "an poivre".
Voir PÈBRE.
AN QUE VÈN (À L’) loc. v.
Formule provençale de salutation pour prendre congé, surtout employée pendant la période de
Noël (du 4 décembre au 6 janvier), signifiant litt. "à l'an prochain". Usuel pendant la période
considérée, même chez les personnes ne parlant pas provençal. Les initiés répondent e se sian
pas mai que siguen pas mens "et si nous ne sommes pas plus, ne soyons pas moins" (allusion
aux naissances et aux décès). Cet usage est lié à l'importance et à la vitalité des fêtes de Noël
dans la culture provençale (crèche, santon, blé de Sainte Barbe, treize deserts, etc.). Du prov.,
mêmes loc., mêmes sens. Voir LONGO MAÏ, CALENDAL.

ÂNE n. m.
Ce mot fr. est employé dans diverses expressions calquées du prov. : Un vent à arracher la
queue aux ânes (très violent) ; le temps de tuer un âne à coups de figues (longtemps) ; c'est
ici que les ânes déchargent (moment important) ; que l'âne te quille! (va au diable!) ; à
Gonfaron les ânes volent (sentence montrant que l'on ne croit pas ce qui vient d'être dit). Voir
AÏ.
APANAOU n. m. et f.
Ancienne mesure de 17 litres de blé (Haute Provence) ou de sel (Var). Aujourd'hui presque
uniquement employé aussi dans la loc. avoir le cul comme un apanaou, avoir un gros
derrière. Le genre est incertain en fr. à cause de l'initiale vocalique. Du prov. apanau, n. m.,
même sens et même loc.
API n. m.
Uniquement employé en fr. dans l'insulte tronche d'api. Usuel, région marseillaise. Du prov.
àpi, "céleri" ou "hache" (deux homonymes en provençal, dont il est difficile de dire lequel
entre dans cette loc.).
APPRENDRE (s'apprendre à) v. pron.
Dépendre de."Ça s'apprend pas à moi". Peu fréquent. Sens du prov. s'aprene à, de aprene,
apprendre.
AQUEL'EMPÈGO ! loc. v.
Elle est bonne! (se dit en parlant d'une plaisanterie ou par ironie en parlant d'une nouvelle).
De peu fréquent à usuel selon les lieux et les générations, usage vieillissant. Les initiés
répondent en provençal lou cuou au sòu "le cul par terre" (puisque le sens propre de la loc. est
"celle-là, elle colle". Du prov. aquelo empego, même sens, de empega "coller" et au fig.
"ennivrer" ; litt. "Celle-là, elle fait de l'effet!".
AQUÉOU ou AQUÈOU adj. et pron. dém.
En fr. n'est employé dans certaines loc. prov. comme aquéou de coou! (quelle surprise!) ;
aquéou d'aco (celui-là, alors!) ; qu'ès aquéou? (qu'est-ce que c'est ça?, prononcé kèzakéou ;
variante : qu'ès aquèli? au plur. mais employée comme équivalent exact). Aussi usité devant
nom de personne pour marquer l'admiration : Aquéou Lauzun! (Ce Lauzun, alors!) (Pagnol,
Naïs). Du prov. aquéu, mêmes sens et mêmes usages.
ARABI n. m.
Sorte de moustique apporté par le vent du sud, aux piqûres désagréables. Usuel (n'est connu
que sous ce nom), Vallée du Rhône et région camargaise. Du prov. arabi, même sens, litt.
"arabique", à cause de la provenance supposée de l'insecte. Voir MOUISSALE.
ARGÉLAS n. m.
Ajonc épineux. Peu fréquent (mais la plante n'est connue que sous ce nom). Variante :
argeïras (Var). Du prov. argelas, argeras, même sens.
ARRI voir NARRI
ARLÈRI n. m.
1. Fanfaron. 2. Voyou. Peu fréquent. Du prov. arlèri, mêmes sens. Voir BATIBEUIL,
LÉVENTI.
ARNAOU (faire des comptes de mestre…) loc. v.
1. Faire des comptes d'apothicaire. 2. Raconter des choses fausses ou impossibles. Ne
s'emploie que dans l'expression faire des comptes de mestre Arnaou. Usuel, Marseille. Loc.
calquée du prov., Mestre Arnaou signifie "Maitre Arnaud" en prov. et représente l'apothicaire
(aujourd'hui le pharmacien), à cause de la loc. usuelle a coumo l'enguènt de Meste Arnaud, se
fai pas de bèn, fai pas de mau ("c'est comme l'onguent de Maitre Arnaud, s'il ne fait pas de
bien, il ne fait pas de mal"), ou Arnaud n'est choisi que pour la rime avec mau. Le sens 2
provient de l'homonymie de compte et conte, en prov. comte et conte.
ARNAVÉ n. m.
Paliure épine du Christ (plante dont on fait des haies). Peu fréquent,Var. Du prov. arnavés,
même sens.
ARNE n. f.
Mite. "y a des arnes dans l'armoire! ma chemise est mangée". Peu fréquent, vieillissant. Du
prov. arno, même sens.
ARRAPÈDE n. f. et m.
1. patelle (coquillage conique qui vit accroché sur les rochers, aussi appelé bernique ou
chapeau chinois dans d'autres régions). 2 (fig.) personne importune et collante. Très fréquent
(le coquillage n'est connu que sous ce nom). Du prov. arrapèdo ou arapèdo, mêmes sens (la
prononciation avec double r, la plus fréquente, est probablement due à l'attirance du v. arrapa
"accrocher").
ASSÈTI n.m.
Siège (objet sur lequel on s'asseoit). Peu fréquent. Du prov. assèti, même sens.
AURIOL (être d') loc. v.
Ne pas être concerné(e). "Et toi, tu dis rien? tu es d'Auriol?". Loc. calquée du prov. M'en
fóuti, siéu d'Auruou ("je m'en fous, je suis d'Auriol"), issue d'une plaisanterie célèbre, elle-
même fondéesur l'homonymie entre le nom du village et le nom du loriot (oiseau siffleur) en
provençal. Auriol est le nom d'un village du pays d'Aix.
AVÉ n. m.
Troupeau. "il faut rentrer l'avé". Rare, rural. Du prov. avé, même sens, litt. "avoir" (le cheptel
constituant le principal capital de l'éleveur). Voir RAÏ.

B
BA n. m.
Bisou. "fais un ba à maman". Peu fréquent ou usuel, selon les familles. Variantes : baï
(Vaucluse) ; baïette (diminutif, Var oriental). Du prov. ba, baï, baieto, mêmes sens.Voir
POUTOUN.
BABAROTE n. f.
1. Charançon. 2. (par ext.) tout insecte nuisible. Peu fréquent. Du prov. babaroto, même sens.
BABAOU, BABOOU voir BAOU-BAOU ET GARRI
BABI n. m.,
1. Italien (sobriquet péjoratif). 2. (par ext.) idiot. Usuel au début du XXe jusque dans les
années 1950 —lors des fortes vagues d'immigration italienne—, ce mot disparait
progressivement au sens 1 (aujourd'hui rare, de l'ordre du souvenir) avec l'arrêt de cette
immigration et l'intégration complète des Provençaux d'origine italienne. Le sens 2 reste
attesté mais peu fréquent. Du prov. bàbi, même sens, mot d'origine piémontaise signifiant au
propre "crapaud". Variante augmentative : babachou (Var, Marseille, Haute-Provence), du
prov. babàchou, même sens. Voir PIANTCHOU.
BACALA n. m.
Morue. "j'ai acheté du bacala, on va faire l'aïoli*". Peu fréquent, vieillissant. Du prov.
bacala, bacalau, même sens, renforcé par l'usage de ce même mot par les Français rapatriés
d'Algérie (qui l'ont emprunté à l'espagnol).

BACÈOU n. m.
Giffle."Je vais te foutre un bacèou...". Du prov. bacèu, même sens, au propre, battoir de
lavandière. Voir BENDÈOU, BOUFE, PASTISSON.
BADA n. m.
Dernier morceau de nourriture dans un plat ou de boisson dans un flacon. "qui veut le bada?".
Usuel. Du prov. badat, admiré, badé* ; participe passé m. substantivé du v. bada.Voir
BADER.
BADAGOU, n. m.
Grand bêta. Peu fréquent, Var. Du prov. badàgou, même sens, de bada, rester bouche bée.
Voir BADER, BADAOU, BESTIASSE.
BADAOU n. m.
Idiot. "Lève*-toi de là, badaou!". Du prov. badau, même sens, de bada, rester bouche bée.
voir BADER. Voir BADAGOU.
BADER v. tr. et intr.
1. Être bouche bée (péjoratif). "qu'est-ce que tu restes à bader?" (pourquoi regardes-tu avec
cet air idiot?). 2 (par ext.) admirer longuement. "Ce petit, je le bade" (je passe mon temps à
l'admirer). Très fréquent dans les 2 sens. Aussi employé dans la locution verbale bader-
mourir (du prov. bada-mouri ), rendre le dernier soupir : "j'ai plus qu'à bader-mourir!". Du
prov. bada, mêmes sens.Voir BADA, BADAGOU, BADUQUER.
BADUQUER v. intr.
Bailler. Peu fréquent, Var oriental. Du prov. baduca, même sens.
BAGNA-CAOUDE (À LA) loc.
Mode de préparation des cèleris, plongés dans une sauce tiède au lait et aux anchois. "des
cèleris à la bagna-caoude". Peu fréquent, Marseille, Var, Haute-Provence. Du prov. à la
bagna caudo, même sens, probablement emprunté au piémontais bagna cauda, litt. sauce
chaude (la recette est d'origine piémontaise).
BAGUIÉ n. m.
Laurier-sauce (Haute-Provence, Var). "on a planté un baguié". Du prov. baguié, même sens.
BAÏLE n. m.
Chef des bergers. "Tonin, c'est le baïle du mas d'Escanin." Rare, rural, jargon agricole. Du
prov. baile, même sens.
BAÏSSE n. f.
1. Lieu en contrebas. 2. Provence côtière en général (Haute-Provence). Usuel en toponymie
vivante au sens 1., peu fréquent au sens 2. Du prov. baisso (baisho en Haute-Provence)
mêmes sens.
BALÈTI n. m.
1. Bal (traditionnel). 2. Concert. "Ce soir y a le balèti, on y va?". Usuel. Le sens 2 s'est
répandu récemment via les concerts de raggamuffin, notamment dans la région marseillaise,
où le mot d'ordre est de danser. Du prov. balèti, même sens.
BALIN-BALAN loc. adv.
1. En se balançant. "balin-balan, pitchounette* se balance" (un père à sa fille). 2. Lentement,
tranquillement. "se promener balin-balan". Très fréquent. Variante : balalin-balalan.
Du prov. balin-balan, balalin-balalan, mêmes sens. NB : Dans ces deux locutions, -in- est
prononcé comme dans farine, à la provençale : bali-m bala . Voir TALIN-TALÈNE.
ng

BANARD adj.
Cornu. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. banard, même sens ; dérivé de bano,
corne. Voir BANE.
BANASTE n. f.
1. Panier en osier de grande taille. 2. Imbécile. "mais gare-toi devant la maison, banaste!". Du
prov. banasto, mêmes sens. Voir BANASTON.
BANASTON n. m.
Panier en osier de taille moyenne. Du prov. banastoun, même sens. voir BANASTE.
BANCAOU n. m.
Partie horizontale d'une terrasse de terre à flanc de côteau originellement destinée à
l'agriculture. Usuel, Marseille, Var. Du prov. bancau, même sens.
Voir FAÏSSE, RESTANQUE.
BANE n. f.
Corne (d'un animal ou d'un objet)."Les banes de la fourche." Peu fréquent. Du prov. bano,
même sens. Variante : banette (diminutif, du prov. baneto, petite corne). Désigne aussi (à
cause de leur forme) un haricot vert fin dans le Haut-Var (baneto signifie "haricot vert" en
prov.), et une baguette de pain traditionnelle aux bouts pointus en Haute-Provence (nom
emprunté dans les années 1980 par une fabrique industrielle de pain). Voir BANARD.
BAOU-BAOU (FAIRE) loc. v.
Faire des apparitions brèves et répétées. "quand il y a des réunions, il fait baou-baou et
tchao". Peu fréquent. Du prov. bau-bau, même sens. Voir GARRI.
BAOUQUE n. f.
Nom donné à diverses herbes sèches. Du prov. bauco, même sens. Voir BRÉGOUN.
BARAGNE n. f.
Haie. "Là, je vais faire pousser une petite baragne". Du prov. baragno, même sens.
BARBA n. m.
Sarment de vigne qu'on met en terre pour bouturage avant transplantation. Peu fréquent,
technique viticole, région de Carpentras. Probablement du prov. barbat, même sens (mais
existe dans certaines langues d'Oïl).
BARDA n. m.
Escalier extérieur couvert d'une maison rurale (Haut-Var, Haute-Provence). Du prov. bardat,
même sens, de bardo, planche, litt. "planché".
BARGELADE n. f.
Mélange de céréales et de fèves destiné aux animaux. Peu fréquent, rural, technique agricole.
Du prov. bargelado, même sens.
BARJAQUER v. intr.
Parler beaucoup, à tort et à travers. Usuel. Du prov. barjaca, même sens. voir BLAGUER,
DÉPARLER.
BARRE n.f.
Arrête d'une colline de forme allongée. "tu vois la barre? hé bé c'est juste au dessous". Usuel
en toponymie vivante. Du prov. barro, même sens. Voir PLAN.
BARRI n. m.
Rempart. Surtout employé, outre la toponymie urbaine, dans la loc. faire barri, barrer le
passage, boucher. "Les nuages font barri", les nuages bouchent l'horizon. Du prov. bàrri,
même sens.

BARRULER v. t. et intr.
1. t. Voyager beaucoup. "Il a barrulé de partout" (il a beaucoup voyagé). 2. t. faire voyager.
"Arrêtez de barruler cet enfant comme ça!" (arrêtez de transporter cet enfant partout). 3. intr.
dégringoler. "J'ai barrulé les escaliers" (j'ai dégringolé dans les escaliers). Usuel aux trois
sens. Du prov. barrula, mêmes sens. Variante : barrouler (Haute-Provence, Haut-Var, du
prov. local barroula).
BARTAVELLE n. f.
Femme bavarde. "qué* bartavelle celle-là!". Du prov. bartavello, même sens, au sens propre,
perdrix royale, mot passé en fr. commun. Voir BASARETTE.
BASTA excl.
Assez!, ça suffit!. Très fréquent. De l'italien basta, même sens. Le prov. basto, même sens, a
pu aider à l'adoption du terme italien en fr. de Provence.
BASTARD n. m. et adj.
Bâtard. "il est bastard ce chien?" ; "va te néguer*, bastard!". Du prov. bastard, même sens.
Variante diminutive : bastardon, du prov. bastardoun.
BASTET n. m.
Petit bât équipé d'un coussin. Rare, rural, vieillissant. Du prov. bastet, même sens.
BASTIDAN n. m. (f. bastidane)
Habitant d'une bastide*. Du prov. bastidan, bastidano, même sens.
BASTIDE n. f.
Maison de campagne (souvent ancienne ferme), ferme (région marseillaise, aixoise et Var).
Equivalent du mas de la Provence rhodanienne. Du prov. bastido, même sens. Voir
BASTIDON.
BASTIDON n. m.
Petite bastide*. Usuel (région marseillaise, aixoise et Var). du prov. bastidoun, même sens.
BATEAU interj.
D'accord! Peu fréquent à usuel. Du prov. batèu qui, en ce sens uniquement, provient du mot
judéo-comtadin batau, marché conclu. Le judéo-comtadin était un parler prov. à forte
hébraïque utilisé jadis par les juifs du Comtat Venaissin. L'adoption de ce mot a pu être
facilitée par une loc. du type en barco, gènt de marco, qui signifie "on y va" (litt. "en bateau,
braves gens"). Variante : batèu, forme provençale. Voir BATÈOU, PATCHE.
BATÈOU n.m.
1. Bateau. " y en a des batèou!". Usuel. L'équivalence quasi systématique fr. -eau prov. -èou
permet le maintien de formes prov. vivantes mêmes chez les jeunes non provençalophones.
Du prov. batèu, mêmes sens. 2. D'accord (voir BATEAU).
BATI-BATI n. m.
Palpitations cardiaques dues à une émotion."Il en a le bati-bati". Usuel, Marseille, Var,
Haute-Provence. Du prov. bàti-bàti, même sens, redoublement expressif de bate, 3e personne
du présent du v. batre, battre.
BATIBEUIL n. m.
Fanfaron. Peu fréquent, Cannes. Mot réputé piémontais, plus largement alpin, relevé sous une
variante francisée batibuis signifiant "mauvais joueur de boule" dans le lexique des boulistes
de Provence orientale par C. Martel (1998), qui l'explique comme un composé bati-buelh en
prov. alpin, mais dont le sens reste ici peu clair.
BAUME n. f.
Grotte. Usuel en toponymie vivante. Mot connu en ancien fr. et comme toponyme dans
d'autres régions de France, surtout alpines et orientales. En Provence, provient probablement
du prov. baumo, même sens, puisque le fr. a été répandu en Provence à une époque très
postérieure à celle de l'ancien fr. et que les noms de lieux y ont été établis très tôt, à une
époque où l'on n'y parlait pas fr.
BAZARETTE n. f.
Personne bavarde, notamment une femme. Très fréquent, Marseille, Var. S'emploie au
féminin, même pour un homme : "Mon frère, c'est une bazarette de première!". Du prov.
basaruto, basarueto avec probablement régularisation analogique du suffixe en fr.(-ette),
voire dès la prov. (qui connait aussi surtout -eto) ; basaruto provient de basar ("bazar"),
évocant un marché bruyant. Voir BLAGAÏRÉ, BARTAVELLE, TAMBOUR.
BÈBE n. f.
1. Moue. 2. Toute expression du visage (grimace, rigidité…) pouvant signifier un
mécontentement. "il sait que faire la bèbe" (il fait tout le temps la tête). Usuel. Du prov.
bèbo, même sens, évocant au départ les lèvres.
BÉDÉLET n. m.
Ventre, uniquement dans les loc. se crever le bédélet ou se faire péter le bédélet (se faire
éclater le ventre en mangeant trop ou en se fatigant trop). Usuel, région marseillaise, Var
occidental. Du prov. bedelet, petit ventre rond (de bedèu, bedeau, et/ou de budèu, boyau).
BÉDIGAS n. m.
Niais, idiot. Du prov. bedigas, même sens, auglmentatif de bedigo, brebis. Peu fréquent ou
usuel selon les zones. Variante : bédigasse, forme emphatique d'apparence f. mais usitée au
m. (le f. a en prov. une valeur augmentative). Voir BADAOU.
BÉLÈOU adv.
Peut-être. Ne s'emploie en fr. de Provence que pour donner une réponse brève : "Tu viens?
Bélèou!". Usuel. Du prov. belèu, même sens.
BÉLUGUE n. f.
Étincelle. "Ça va faire des bélugues". Usuel. Du prov. belugo, même sens.
BENDÈOU n. m.
Grosse giffle. "je te donne un bendèou…" (menace d'une mère à son fils). Prononcé bèn-
dèou. Usuel, Marseille, Var. Du prov. bendèu, même sens, au propre "bandeau". Voir
BACÈOU, BOUFE, PASTISSON.
BERTRAND n. m.
Coccyx. Usuel pour plaisanter. "Dis à Bertrand de se planquer que le pied il me démange!".
Tous les Provençaux connaissent en fr. et surtout en prov. le dicton fais du bien à bertrand, il
te le rend en caguant* (du prov. fai de bèn à bertrand, ti lou rènde en cagant) formule
constatant l'ingratitude. Variante : l'os bertrand, (ex. "elle s'est cassé l'os bertrand"). Du prov.
mêmes mots mêmes sens.
BESCANTI (DE) loc. adv.
De travers. "Vé*! Mets moi ce chose d'aplomb qu'il est tout de bescanti!". Peu fréquent.
Variante : de biscanti. Du prov. mêmes mots, même sens. Voir CAÏRÉ.
BESSONIÈRE n. f.
Brebis qui fait les agneaux par deux. Rare, rural, technique agricole. Du prov. bessouniero,
même sens, de bessoun, jumeaux. Variante : bessounière.
BESTIASSE n. f.
Personne un peu idiote. S'emploie aussi bien pour un homme qu'une femme, souvent avec une
connotation affectueuse : "Mais si que je t'aime bien, grosse bestiasse!". Usuel. Du prov.
bestiasso, f. à valeur augmentative de bestias, grosse bête, augmentatif de bèsti, bête. Voir
BESTIARI.
BESTIARI n. m.
Imbécile, avec notion d'arriération. S'emploie surtout pour un homme, souvent avec une
connotation affectueuse : "Allez vaï, bestiari, soigne-toi" (à un homme âgé qui refuse un
médicament). Usuel. Du prov. bestiàri, même sens, au propre, bête. Voir BESTIASSE.
BÈOU adj. m.
Beau. Employé en fr. comme terme d'adresse pour un homme (usuel) : "Adieu, bèou, comment
va?" ou dans certaines loc. usuelles directement empruntées au prov. : es pas bèou? (c'est pas
beau?) ; es pas bèou aco? (c'est pas beau, ça?). Du prov. bèu, beau, incluant les mêmes
usages.
BIAIS n. m.
Bonne façon, méthode correcte (sans la connotation de "voie détournée" existant en fr.
commun pour ce mot). Très fréquent. "je trouve pas le biais" (je ne trouve pas la méthode
adaptée) ; "Ça me vient pas à biais" (cela ne me convient pas). Souvent dans la loc. "Avoir le
biais", être doué. Aussi dans la loc. : donner le biais, lancer le troupeau dans le sens de la
vallée (technique, rural, Haute-Provence). Employé avec le sens et selon les usages du prov.
biais (prononcé biaï), qui est d'ailleurs à l'origine du mot en fr. commun. Voir BRINDOU.
BIASSE n. f.
1. Besace. 2. (par ext.) Nourriture pour un piquenique (traditionnellement transporté par les
chasseurs et les paysans dans leur biasse). "Demain nous allons promener et nous mènerons*
la biasse". Peu fréquent, vieillissant au sens 1. Usuel mais vieillissant au sens 2. Du prov.
biasso, mêmes sens.
BICOU n. m.
Pénis. Usuel, notamment pour s'adresser aux petits garçons, Marseille, Var, surtout Provence
orientale. Du prov. bìcou, même sens. Voir GATSOU, VIÉ.
BIDONAS n. m.
Crâneur. Peu fréquent, Marseille, surtout employé par les hommes. Augmentatif de bidon au
moyen d'un suffixe prov. -as vivant et très productif en fr. de Provence ; s'explique par le
champ sémantique de "se gonfler", usuel en prov. pour se moquer des prétentieux.
BIGUE s. f.
Perche, spécialement mât de bateau. "tu as pas une bigue, qu'on y attache un parasol?". Usuel
sur la côte. Du prov. bigo, même sens.
BISQUITCHÈLI n. m. plur.
Biscuits secs. Devient rare. Marseille, Var. Du prov. bisquichèli, même sens.

BLACAS n. m.
Jeune chêne blanc. Usuel, Var. En prov., le blacas en basse Provence et la blacho en Haute
Provence est le "chêne pubescent", qu'on appelle chêne blanc en fr. de Provence. Le mot
blacas (à l'origine augmentatif de blaco forme méridionale de blacho aujourd'hui tombée en
désuétude) est passé en fr. local pour nommer un "petit chêne blanc". Les chênes blancs
(arbres truffiers) poussent surtout dans le haut Var et en Haute Provence.
BLAGAÏRÉ n. m.
Bavard. "C'est un gros* blagaïré". Peu fréquent. Du prov. blagaire, même sens, du v. blaga,
parler, probablement emprunté au fr. qui l'a connu naguère avec ce même sens large. La
notion de plaisanterie, qui est aujourd'hui attachée au v. blaguer en fr. commun est absente du
verbe blaga en prov. et, conséquemment, de blaguer en fr. de Provence, qui ne signifie pas
"plaisanter" mais "parler", sérieusement ou non. Voir BAZARETTE, TAMBOUR.
BLANQUET n. m.
Petit escargot blanc que l'on ramasse notamment sur les branches de fenouil. Usuel. Du prov.
blanquet, même sens, signifiant "petit blanc".
BLANQUINAS adj. (f. -asse)
Très blanc. Usuel dans la région marseillaise. Se dit notamment de quelqu'un qui a la peau
blanche, sans hâle : "Les touristes du nord, ils arrivent blanquinas et ils repartent cramés".
Du prov. blanquinas, construit sur blanc + -in (suffixe diminutif) + -as (suffixe augmentatif).
BLIN n. m.
Bruine. Peu fréquent, Marseille. On dit aussi bien : "Il fait de blin" (partitif prov.), "il fait des
blins", voire "il fait blin-blin", loc. signifiant" il bruine. Du prov blin, même sens, forme
locale équivalente à blesin en rhodanien.
BODOU n.m.
Voyou, mauvais garçon. Rare, rural, Haut-Var. La phonétique du mot est bien provençale
mais il n'est pas attesté dans les ouvrages lexicographiques, qui donnent toutefois des mots de
forme et sens dépréciatifs comparables (bòdi, courtaud, boudòli, homme petit et gros,
boudenfle, orgueilleux). Il s'agit probablement d'un mot venu du prov. local. Voir
BOUDENFLE, BOUDUFLE.
BOFI n. m.
Obèse. "C'est un bofi". Peu fréquent, Marseille. Du prov. bòfi, même sens, le radical bouf- /
bòf- exprimant la rondeur en prov. Voir BOUFARÈOU, BOUFÈTI.
BOGUE n. f.
Poisson de Méditerranée (pagellus bogoraveo) dont il existe deux variantes, la bogue et la
bogue-ravelle. Usuel sur la côte. Outre le vocabulaire des pêcheurs et de la cuisine, ces mots
empruntés au prov. sont utilisé en fr. dans des locutions calquées du prov. : faire des yeux de
bogue (prov. faire leis uei de bogo ), "faire les gros yeux, ouvrir grand les yeux" ; sembler*
une bogue-ravelle (prov. sembla 'no bogo-ravello ), "avoir l'air idiot".
BOMBER v. intr.
Rebondir. "Ma balle bombe bien". Peu fréquent, vieillissant. Du prov. boumba, même sens.
BOMBU adj.
1. Bombé, convexe. "Un couvercle bombu". 2. Nom d'un jeu de carte enfantin. "On joue au
bombu?". Usuel au sens 1, peu fréquent vieillissant au sens 2 (par désaffection de ce jeu). Du
prov. boumbu, mêmes sens.
BOMI n. m.
Nausée. "Ça me donne le bomi". Usuel. Variante : vomi (attestée à Marseille chez les jeunes,
par attraction du fr. vomi mais en conservant la tonique et les usages de bomi). Du prov. bòmi,
même sens. Voir RAQUER.
BORDILLE n. f.
1. Saleté, détritus "c'est plein de bordilles cette cabane" ; "jette-moi ça aux bordilles". 2.
Saloperie (insulte). "va te cacher, bordille!" (à un homme) ; "Ce chien c'est une bordille".
Très fréquent. Aussi employé dans les composés : chien-bordille, chien errant ; ramasse-
bordilles, éboueurs (Marseille). Du prov. bourdiho, mêmes sens. Variante augmentative :
bordillasse (Marseille). Voir BORDILLIER, POUBÉLAÏRÉ.
BORDILLIER, n. m.
Lieu sale ou en désordre. "Comment tu peux vivre dans ce bordillier?" (une mère à son fils
peu enclin à ranger sa chambre). Usuel. Du prov. bourdihié, même sens, de bourdiho, saleté.
Voir BORDILLE, PATI, VARAÏ.
BORGNE adj.,
Dont la vue est mauvaise. "Ti es borgne ou quoi? Il est devant ton nez, ton casque!". Usuel
mais vieillissant. Le sens du fr. commun "borgne" se dit alors borgne d'un œil en fr. de
Provence (prov. bòrni d'un uei), où ce n'est donc pas un pléonasme. Sens du prov. bòrni. Voir
BORGNETTE, CALU.
BORGNETTE (À LA) loc. adv.
À la dérobée. Uniquement dans la loc. regarder à la borgnette. Peu fréquent. Du prov.
(regarda ) à la bourgneto, même sens. Voir ESPINCHER.
BOUCHON n. m.
But au jeu de boules. Très fréquent, emblématique (associé à l'image stéréotypée du
Provençal joueur de pétanque). N'a rien à voir avec le bouchon de la bouteille ou du
périphérique. Du prov. bouchoun, diminutif de bocho, boule, litt. "petite boule". Voir
LONGUE (jouer à la), RABAILLER.
BOUDENFLE adj.
Vaniteux, crâneur. "Il est boudenfle". Peu fréquent. Du prov. boudenfle, même sens, litt.
"gonflé". Voir BODOU, BOUDUFLE, CROILLE et S'ENCROIRE.
BOUDIOU excl.
Marque la surprise, la colère, la joie, etc. Usuel. Variante usuelle boudi. Du prov. boudiéu,
même sens, de bouon Diéu, bon Dieu.
BOUDRAGUE n. f.
Sauterelle verte. Peu fréquent, rural, Var, Haute-Provence. Du prov. boudrago, sauterelle
armée, de boun dragoun, boudragoun, litt. "bon dragon".
BOUDUFLE n. m. et f.
Personne grosse et apathique. "c'est une boudufle". Peu fréquent. Du prov. boudufle, même
sens, litt. "enflé". Variante : boudufe, peu fréquente, Marseille (attirance du prov. baudufo,
toupie). Voir BODOU, BOUDENFLE.
BOUFARÈOU adj. m.
Qui souffle. S'emploie surtout pour désigner l'un des santons de la crèche traditionnelle l'ange
boufarèou (représenté en train de souffler, les joues gonflées). On dit d'un enfant joufflu qu'il
semble* l'ange boufarèou. Usuel. Du prov. boufarèu, même sens, de boufa, souffler. Voir
BOUFER, BOUFÈTI, RAVI.
BOUFE n. f.
Giffle. "Je vais te foutre une boufe". Du prov. boufo, même sens, à cause de l'image de la joue
gonflée. Voir BOUFER, BACÈOU, BENDÈOU, CIMÈC, PASTISSON.
BOUFER v. intr.
Souffler. "Ça boufe, aujourd'hui!" (il y a du vent!) ; "Zou*, boufe les bougies!" (à un enfant
devant un gâteau d'anniversaire), Allez, souffle les bougies. Usuel. Du prov. boufa, même
sens. Voir BOUFARÈOU, BOUFÈTI.
BOUFÈTI adj.
Joufflu (Var). "cette petite, elle est boufèti, je la mangerais de poutoun*". Du prov. boufèti,
même sens. Voir BOUFARÈOU.
BOUFIGUE n. f.
1. Ampoule produite par irritation de la peau. 2. bulle (de savon etc.). Usuel au sens 1, peu
fréquent au sens 2. Du prov. boufigo, mêmes sens. Voir BOFI.
BOUGNE n. f.
Tache. "Vé*, je me suis fait une bougne!". Très fréquent. Variante diminutive usuelle :
bougnette (du prov.). Dérivés : se bougner, se tacher ; bougnétous, sobriquet adressé à ceux
qui se tachent souvent (mot prov., litt. "tacheux"). Du prov. bougno, bougneto, mêmes sens.
BOUIGUER v. intr.
Fouiller la terre. Se dit d'un sanglier, d'un porc, ou d'un homme qui défriche. Peu fréquent,
rural, Var. Du prov. bouiga, même sens.
BOUILLABAISSE n. f.
Plat complet de poisson composé d'un bouillon de poisson suivi de ces mêmes poissons et
pommes de terre servis avec un aïoli. Très fréquent, emblématique, très connu. Du prov. boui-
abaisso (n. m.), même sens, litt. "réduction par ébullition". Voir AÏOLI, PIEDS-PAQUETS,
PISTOU.
BOULÉGAN excl.
Remuons-nous! Très fréquent. Souvent associé à zou* dans la loc. zou boulégan!. Du prov.
boulegan, "nous bougeons" (indicatif présent —et non impératif— du v. boulega, bouger).
voir BOULÉGON, BOULÉGUER.
BOULÉGON n. m.
1. Personne remuante. "Ce petit, c'est un vrai boulégon". 2. Bougeotte, dans la loc. "avoir le
boulégon" avoir la bougeotte. Usuel. Du prov. boulegoun, mêmes sens, de boulega, bouger.
Voir BOULÉGUER.
BOULÉGUER v. tr. et intr.
Bouger. "Oou*, tu arrêtes un peu de bouléguer!". Très fréquent, devient emblématique.
Apparaît surtout en situation d'émotivité particulière (énervement, colère, grande joie). On
revient à la forme provençale du v. à travers deux loc. très fréquentes chez tous : boulégan*!,
pour inciter les gens à se dépêcher, à réagir, et bouléguès pas lou batèou, litt. "ne remue pas
le bateau", pour inciter les gens à se calmer ou à attendre (d'où l'usage généralisé de bouge-
pas pour dire "attends" ou "ne quitte pas (au téléphone"). Du prov. boulega, même sens et
mêmes usages.
BOUMIAN n. m.
1. Gitan, bohémien. "A Berthe, c'est tout des boumians qui habitent". 2. Nom d'un des santons
de la crèche provençale. 3. Va-nu-pieds (insulte). "Les jeunes d'aujourd'hui c'est des
boumians". Peu fréquent au sens 1, usuel au sens 2, peu fréquent et vieillissant au sens 3. Du
prov., même mot, mêmes sens. Variantes : boumianasse (augmentatif f. prov.) ; bouimian et
bouimen (Var, formes loc. du prov.).
BOUNIAS adj. (f. bouniasse)
Débonnaire. Usuel. Du prov. bounias, même sens.
BOUSCATIÉ n. m.
Bûcheron. Notamment usité comme nom d'un des santons. Peu fréquent. Du prov. bouscatié,
même sens.Variante francisée : bousquetier.
BOUSTIGUER v. tr.
Agacer, embêter. "les mouches me boustiguent". Peu fréquent, Var. Du prov. boustiga, même
sens.
BOUTE excl.
Sert à introduire une constatation. "Boute! Il est fatigué*!" Hé bien! Il est mourant! Peu
fréquent, vieillissant. Du prov. bouto!, même sens, forme du v. bouta, mettre, pousser.
BOUTIGON n. m.
Boutique, échoppe. Peu fréquent. Du prov. boutigoun, même sens, diminutif de boutigo,
boutique.
BOUTI n. m.
Homosexuel. Mot péjoratif, peu fréquent, Marseille. Du prov. boutis, même sens, au propre
"creux" (d'où l'usage du même mot pour désigner le tissu traditionnel provençal et surtout
marseillais cousu en creux). Voir PÈDOU.
BOUVINE n. f.
Ensemble des animaux de race bovine, notamment les taureaux. "Les Camargais sont fadas*
de la bouvine". Usuel, Camargue et alentours. Du prov. bouvino, même sens. Voir
ABRIVADE.
BRACONIASSE n. f.
Mauvais braconnier. Peu fréquent, région du Verdon (Haut Var et Haute-Provence). Mot
formé soit en fr. rfégional sur braconnier avec suffixe péjoratif prov. en -as, -asse, la forme
féminine étant plus emphatique, soit en prov. auparavant sur bracounié +-as,-asso.
BRAILLE n. f. sing. ou plur.
Pantalon(s). S'emploie au sing. comme plur. avec la même valeur. "Tiens, voilà ta braille!" ou
"Tiens, voilà tes brailles" (pour un seul vêtement). Aussi employé dans le composé estrasse*-
braille(s) (personne -souvent un enfant- qui déchire souvent ses habits). Le diminutif
braillette (du prov. braieto) désigne un pantalon court, un short, un slip, ou une culotte. Du
prov. braio, même sens. Voir DÉSEMBRAILLER, EMBRAILLER, REMBRAILLER.
BRANCAÏ, BRANCACI n. m.
Incapable, personne maladroite. Peu fréquent, Marseille, Var, Haute-Provence.
Du prov. brancai, brancàci, même sens, au départ "Pancrace", prénom. Voir SANTON.
BRAVE adj.
1. Gentil, bon. "Sois brave, donne-moi la main" Sois gentil, donne-moi un coup de main. 2.
En grande quantité. "une brave vaisselle" une grande vaisselle ; "un brave chemin" un long
chemin. N'a ni le sens péjoratif ni le sens "courageux" du fr. commun. Dire de quelqu'un qu'il
est brave n'est absolument pas péjoratif au sens prov. Dérivés : bravet, bravette (diminutif) ;
bravement (adv.) gentiment, beaucoup. "Dis-y bravement" Dis-lui gentiment, "il parle
bravement" il parle beaucoup. Sens sous influence du prov. brave, bravo.
BRÉGOUN n. m.
Nom donné à diverses herbes sèches sauvages. Du prov. bregoun, même sens. Voir
BAOUQUE.
BRIGANDAS n. m.
Petit brigand. Injure amicale, notamment adressée aux enfants (le suffixe augmentatif étant
utilisé par antiphrase). Usuel. Soit du prov. brigandas, même sens, de brigand + -as. Soit
ajout du suffixe prov.-as au mot fr.
BRIGUE n. f.
Lèvre et mâchoire. Peu fréquent à usuel. S'emploie surtout à propos des humains. Usuel dans
la loc. faire six (ou trois) pans* de brigue, faire la tête. Variante brègue. Du prov. brigo,
brego, même sens. Voir MOURRE.
BRINDOU n. m.
Agilité, habileté. "Il a pas de brindou" (prononcer bri-n-dou avec i comme dans "Line"), il ne
sait pas s'y prendre. Peu fréquent, Haut-Var, Haute-Provence. Du prov. brìndou, même sens.
Voir BIAIS.
BROQUE n. f.
1. Vieille chose sans intérêt. "Tu devrais te débarrasser de toutes tes broques". 2. Nullité
(injure à propos d'une personne). "ce type c'est une broque". Usuel. Du prov. broco, mêmes
sens. Voir RAVAN.
BROUMÉ n. m.
1. Pâtée que le pêcheur jette à la mer pour attirer le poisson. 2. (fig.) Désordre. "qué* broumé
ici!" quelle pagaille! Usuel au sens 1, peu fréquent au sens 2. Du prov. broumet, même sens.
Voir BORDILLIER, BROUMÉGER, PASTIS, VARAÏ.
BROUMÉGER v. intr.
1. Appâter (le poisson). 2. (fig.) faire du charme. "tu verrais comme elle broumèges, la
cagole*!". 3. (fig.) râler (quand le pêcheur broumège, c'est que ça ne mord pas et donc qu'il
n'est pas satisfait). Peu fréquent dans les 3 sens. Variante : broméger. Du prov. broumeja,
mêmes sens. Voir BROUMÉ, RÉNER.
BROUSSE n. f
Fromage frais de brebis ou de chèvre. Usuel. Spécialité du Rove, village proche de Marseille,
équivalent du brocciu corse. Se consomme frais, sucré ou non, ou séché (c'est alors un
fromage piquant). Mot aussi employé dans les loc. marseillaises fréquentes : crier comme des
marchands de brousse (cf. Pagnol, Fanny, II-7), crier très fort, allusion aux cris des
marchands ambulants dans les rues ; à l'heure des brousses, à une heure tardive, allusion au
moment final des repas où l'on mange le fromage et où les marchands de brousse passaient
dans les rues de Marseille le soir. Du prov. brousso, même sens. Dérivés : broussin, (n. m.)
fromage sec, en Haute-Provence (du prov. broussin, avec diminutif). On emploie en parlant
du lait le v. brousser, cailler (prov. broussa), surtout dans du lait broussé, du lait caillé. Voir
CACHEILLE.
BRUGA n. m.
Bruyère. Rare, rural, Var. Du prov. brugas, même sens.
BRUSSER (SE) v. intr.
Se cogner la tête, se battre à coup de cornes (en parlant des chèvres). Peu fréquent, rural,
technique agricole. Du prov. si brussa, même sens. Variante : se burser (prov. si bursa ).
BUGADE n. f.
Lessive (quantité de linge à laver). Surtout dans les loc. faire la bugade, étendre / ramasser
la bugade. Rare, vieillissant. Du prov. bugado, même sens. Voir BUGADON.
BUGADON n. m.
Buanderie. Rare, rural, Haute-Provence) Du prov. bugadoun, même sens de bugado, lessive.
BUSQUE n. f.
Brins de paille croisés sur une porte pour porter malheur. Rare, rural, Haute-Provence. Du
prov. busco, brindille.

C
CABANON n. m.
Petit pied à terre au bord de mer hors de la ville. Très fréquent, emblématique, Marseille. Les
cabanons sont souvent des caravanes ou des constructions artisanales situées dans les
calanques. Aussi employé dans la loc. "Faire une partie de cabanon" passer la journée ou le
week-end au cabanon. Du prov. cabanoun, même sens.
CABRIAN n. m.
Frelon. Peu fréquent. Du prov. cabrian, même sens.
CABRIDELLE n. f.
Psoralée (plante). Peu fréquent, rural, Var. Du prov. cabridello, même sens.
CABRIMET (À) loc. adv.
Sur le dos en travers des épaules, dans la loc. porter à cabrimet. Peu fréquent, vieillissant. Du
prov. à cabrimet, probablement évolution de à cabridet, "comme un petit cabri". Variante : à
cabrinet. Voir CHÈVRE, CAGOLE.
CABUCELLE n. f.
Couvercle. Peu fréquent, vieillissant. Employé dans le dicton adapté du prov. : "chaque
toupin* trouve sa cabucelle" on trouve toujours chaussure à son pied. Du prov. cabucello,
même sens. Variante : cabucèou, n. m., du prov. cabucèu, idem.
CABUDÈOU n. m.
Pelote, écheveau. Peu fréquent. Surtout usité dans la loc. "avoir la tête comme un cabudèou"
être très enrhumé (Var). Du prov. cabudèu, même sens.
CABUSSER v. intr.
Tomber la tête en avant. "il a cabussé dans la rivière". Du prov. cabussa, même sens.
CACALOUCHE n. f.
Grande quantité. "Tu m'en as donné une cacalouche" tu m'en as donné beaucoup. S'emploie
surtout pour un liquide (probablement par attirance de louche). Expression : être cacalouche,
être bizarre, farfelu, simplet (Marseille). Du prov. cacaloucho, mêmes sens, de formation et
d'origine incertaines.
CACARAMOUGNE Voir CARAQUE.
CACARINETTE n. f.
Coccinelle. Très fréquent, surtout enfantin mais pas uniquement, Marseille, Aix, Var. Du
prov. cacarineto, même sens, de Catarineto, Catherinette.
CACHEILLE n. f.
Fromage de chèvre et/ou de brebis écrasé et fermenté dans un pot. Usuel, Haute-Provence. Ce
fromage s'appelle aussi le cachat, mot connu en fr. commun et emprunté au prov. Du prov.
cachèio, même sens, de cacha, écraser.
CACHEMAILLE n. f.
Tirelire. Usuel mais vieillissant. Du prov. cacho-maio, même sens.
CACOU n. m.
1. Voyou, garçon des rues. 2. Homme frimeur de style populaire. "ça c'est une voiture de
cacou" (en parlant d'une vieille voiture déguisée en voiture de sport). Souvent employé dans
la loc. faire le càcou, frimer, fanfaronner. Très fréquent dans la région marseillaise et sur la
côte. Usuel mais vieillissant au sens 1, très fréquent et se diffusant au sens 2 (issu du sens 1).
Du prov. marseillais càcou, voyou. Variante : quècou (Var, forme prov. locale) ; quèque
(forme francisée attestée aussi dans le Sud-Ouest, notamment dans l'injure tronche de quèque
"tête de voyou", récemment répandue ailleurs en France). Voir CAGOLE.

1. CADE n. m.
Genévrier. Peu fréquent, rural. Du prov. cade, même sens. Aussi employé dans la loc. cade
endormi, genévrier de Phénicie (qui doit son nom au fait qu'il ne pique pas,Var). Du prov.
cade endurmi, même sens. Voir OURMIN.
2. CADE n. f.
Crêpe de farine de pois-chiche. Usuel, région toulonnaise. Du prov. cado, même sens. Voir
SOCCA, PANISSE.
CADIÈRE n. f.
Chaise."Mène une cadière de plus". Usuel. Du prov. cadiero, même sens.
CADOLE n. f.
Loquet. "Tu as mis la cadole?". Peu fréquent. Du prov. cadaulo, même sens.

CAFI voir CLAFI


CAFOUCHE n. m.
Recoin, réduit. "Qu'est-ce qu'il fait dans son cafouche?"...dans son recoin? Usuel. Variantes
non francisées : cafoutchou, cafoutchi, et variante intermédiaire : cafoutche (Marseille, Var).
Du prov. cafóuchou, cafóuchi, même sens.
CAGADE n. f.
Erreur, bêtise, mauvais résultat. "il nous a fait une cagade" ; "cette histoire, c'est une vraie
cagade". Très fréquent, emblématique. Du prov. cagado, mêmes sens, litt. "merde", de caga,
aller à la selle.Voir CAGUER.
CAGADOU n. m.
Toilettes. Usuel, pour plaisanter. Dire que l'on va au cagadou ou au pissasou* indique
également ce que l'on va y faire… Du prov. cagadou, même sens; de caga, caguer.Voir
PISSADOU, PATI.
CAGAGNE n. f.
Diarrhée. "J'ai attrappé une de ces cagagnes!" ; (fig.) "moi ces histoires ça me fout la
cagagne". Très fréquent. Du prov. cagagno, même sens ; de caga, caguer. Voir CAGUER,
CAGARELLE.
CAGANIS n. m.
Dernier né, nouveau né. Peu fréquent. Variantes : cagani (peu fréquent, sans -s final),
cagantchou (peu fréquent, Var). Du prov. caganis, même sens, litt. "qui fait ses besoins dans
le nid", de caga, aller à la selle et nis, nid).
CAGARELLE n. f.
1. Diarrhée, au sens propre. 2. (fig.) Personne ennuyeuse. Peu fréquent dans les deux sens. Du
prov. cagarello, même sens, de caga, caguer. Voir CAGAGNE.
CAGNARD n. m.
Lieu exposé au soleil abrité du vent, où l'on se chauffe l'hiver. Usuel. De ce sens est venu
celui de "soleil" qui s'est ensuite répandu en France. Du prov. cagnard, même sens.
CAGO-BRAÏO n. m.
Poltron. Usuel. Du prov. cago-braio, même sens, litt. "qui fait dans son pantalon". Variante
francisée usuelle : cague-braille. Voir, BRAILLE, CAGUER, FADOLI.
CAGOLE n. f.
1. Fille facile. 2. Prostituée. 3. Fille ou femme sexy, voyante, un peu vulgaire. "la cagole, c'est
le féminin du cacou". Les sens 1 et 2, les plus anciens, sont aujourd'hui remplacés dans la
région marseillaise par le sens 3, moins fortement péjoratif et peu injurieux. Aussi dans la loc.
porter à cagole, porter sur le dos, en travers des épaules (comme une marchandise ou une
bête). Du prov. marseillais cagolo, même sens, de caga, rater au fig., avec suffixe usuel. Voir
CACOU, CABRIMET, CAGUER, COURRENTILLE, CRÉMIÈRE.
CAGUER v. tr. et intr.
1. Déféquer. "le chien il a cagué sur le paillasson" ; (fig.) "c'est son père cagué" ...tout
craché ; "tu nous fais caguer!" tu nous fais suer!. 2. Souiller d'excréments. "La culotte du
petit, elle est caguée" souillée de ses besoins. 3. Rater, endommager. "le pétard a cagué" il n'a
pas marché. Très fréquent, emblématique. Dans tous les sens, le v. n'est jamais vulgaire mais
plutôt familier (il n'a pas les connotations de son équivalent fr. direct "chier"). Aussi employé
très fréquemment dans des loc. composées de va caguer + lieu éloigné pour éloigner un
importun : va caguer à la vigne, va caguer à Endoume (Marseille), etc… Du prov. caga,
mêmes sens, mêmes usages. Voir CAGO-BRAIO, ESCAGASSER, FANGOULE.

CAÏRÉ (DE) loc. adv.


De travers. "Les murs ils les ont monté de caïré". Peu féquent, Var. Du prov. de caire, même
sens. Voir BESCANTI.
CAISSE n. f.
Cercueil. Notamment dans la loc. caisse de mort, mais aussi isolément. Usuel. Sens du prov.
caisso.
CALADE n. f.
1. Rue pavée. 2. (Var oriental) Rue en pente, pavée ou non. Usuel en toponymie vivante. Le
sens 1 est associé au dérivé : caladé(e), pavé(e), participe passé (du prov. calada, paver /
pavé). Le sens 2 s'explique par le fait que cala signifie en prov. "descendre" dans cette zone
(d'où le fr. régional caler*). Du prov. calado, mêmes sens (cf. lou caladat, les pavés, en
Provence occidentale et v. cala ci-dessus).
CALENDAL adj.
Relatif à Noël. Peu fréquent en général mais usuel pendant les fêtes de Noël dans la loc. la
période calendale (de la Sainte Barbe à l'Epiphanie). Du prov. calendau, calendalo, même
sens, de Calèndo, Noël. Voir AN QUE VÈN, PASTRAGE, PASTORALE.
CALER v. tr. et intr.
Descendre. "Tu cales en ville?". Très fréquent, Var oriental, Alpes-Maritimes. Du prov. cala,
même sens dans la même zone. Voir CALADE.
CALIGNER v. intr. et tr.
Avoir un amoureux ou une amoureuse. "Il est grand maintenant, il caligne" ; "Il caligne
(avec) la petite du boulanger". Peu fréquent, vieillissant. Du prov. caligna, même sens.
Dérivé (peu fréquent) : calignaïré, n. m., amoureux. "Té! Voilà les calignaïrés!. du prov.
calignaire, même sens. Voir NOVI.
CALOUR n. f.
Chaleur. "Qué calour!" ; "il fait une brave* calour". Usuel. Variante augmentative :
calourasse (n. f., usuel). Du prov. calour, calourasso, même sens.
CALU adj. m.
Idiot. "Mais il est calu, ce mec!". Très fréquent. Semble non usité au f. ; même en prov. le f.
est problématique (on rencontre rarement caludo, refait sur les participes passés en -u, -udo, et
le f. étymologique calugo est tombé en désuétude). Du prov. calu, même sens, au propre,
myope. Voir CHANU, BORGNE, MADUR.
CAMBALER v. tr.
Porter une personne sur un véhicule à deux roues. "Oou! Tu me cambales?". Usuel, Var
oriental, Alpes-Maritimes, devenu rare à Marseille (où on l'employait surtout au sens de
porter une personne sur une charrette destinée au transport d'objets ou d'aliments). Du prov.
cambala, même sens, litt. "enjamber", d'où "porter une persone à cheval sur un moyen de
locomotion". Variante : cambouler (Haut-Var). Voir CHALER.
CAMBETTE (FAIRE) loc. v.
Faire un croc en jambe. Peu fréquent, Marseille, Var. Attesté en 2004 à Toulon au sens de
"faire la courte échelle" (confusion possible avec faire esquinette). Même loc. en prov., de
cambeto, petite jambe, de cambo, jambe. Voir ESQUINETTE.
CAMIAS n. m.
Grande chemise blanche de carnaval. Rare. Haut-Var. Du prov. camias, même sens,
augmentatif de camié, chemise. Voir CAMISE.
CAMISE n. f.
Chemise. "ta camise elle est dans un tian* sur le potager*" (ta chemise est dans une cuvette
sur l'évier, une grand-mère à son petit-fils, Marseille). Peu fréquent. Du prov. camiso, même
sens. Variante : camié (prov. camié) usitée concurremment avec camise à Marseille et dans le
Var occidental ; la Provence orientale ne connait que camié. "il fait pas chaud, je vais mettre
la camié". Voir CAMIAS, BRAILLE.
CAMPANE n. f.
Cloche. "Le bidet fait sonner sa campane" (Giono, Colline). Peu fréquent. Le mot est
également connu en ancien et moyen fr., emprunté au prov. Variante : campanette, avec
diminutif. Du prov. campano, campaneto, mêmes sens.
CAMPAS n. m.
Terrain impropre à l'agriculture. Rare, rural, Var. Du prov. campas, même sens, augmentatif
péjoratif de l'ancien prov. camp, champ.
CAMPO SANTO loc. n. m.
Cimetière. "Bientôt je m'en vais au campo santo" (une dame âgée, Marseille). Peu fréquent,
Marseille. Probablement dee l'italien campo santo, même sens.
CANARDE n. f.
Canard femelle. Rare, rural, Vaucluse. Du prov. canardo, même sens.
1. CANE n. f.
Roseau de Provence (arundo donax). Très fréquent (même dans les pépinières, cette plante
n'est connue que sous le nom de canne de Provence). Du prov. cano, même sens. Dérivés :
canisse, n. f. sing., sorte de claie faite de canes assemblées, du prov. canisso, formé de cano +
suffixe collectif -isso, récemment encore régional, aujourd'hui répandu en France sous une
forme au plur. ; canier, lieu planté de canes, très fréquent (lié à la forte présence des canes
dans la campagne provençale). Voir CANE 2, CANER, CANIER.
2. CANE n. f.
Mesure de longueur d'environ deux mètres, traditionnelle en Provence. Devenu rare,
vieillissant. La cane se divisait en huit pans* qui se divisent en huit menus*. Avec l'adoption
du système métrique au cours du XXe siècle, la cane a été adaptée en mesure de deux mètres,
ce qui a favorisé la survie de la notion et du terme. Du prov. cano, même sens, de cano, sorte
de bambou avec lequel on fabriquait l'outil de mesure. Dérivé : caner, v., mesurer, usuel chez
les joueurs de boules. Voir CANE 1.
CANON n. m.
Tuyau d'une fontaine. Usuel. Sens ou mot issu du prov. canoun, même sens. Le fr. commun
connait ce mot au sens quelque peu différent de "canon d'arrosage".
CAOUSSETTE n. f.
Chaussette. Rare, surtout pour plaisanter. Du prov. causseto, même sens, Marseille, Var.
Variante diminutive : caoussettine, soquette, chaussette fine (Marseille, Var), du prov.
caussetino, même sens.
CAPÉLAN n. m.
1. Prêtre (terme plutôt péjoratif). 2. Poisson de méditerranée, gradus minutus. Usuel. Aussi
employé dans les loc. : faire le clerc et le capélan, faire les questions et les réponses (usuel) ;
il pleut des capélans et des belles-mères, il pleut beaucoup (peu fréquent, Haute-Provence) ;
même s'il tombait des capélans à cheval sur des bonnes-sœurs, quoi qu'il arrive (rare) ;
bonnet de capélan, champignon helvella crispa (peu fréquent, Var, mais ce champignon n'est
connu que sous ce nom). Du prov. capelan, mêmes sens.
CAPÈOU n. m.
Chapeau. "J'ai oublié mon capèou". Usuel. Aussi dans les loc. : "l'as paga lou capèou?" (tu
l'as payé, le chapeau?), question moqueuse à quelqu'un qui porte un chapeau remarquable, ce
à quoi les initiés répondent "cinq soou, camèou!" (cinq sous, chameau!) ou autre formule
proche. Du prov. capèu, même sens.
CAPITER v. intr.
1. Réussir. "j'ai bien capité", je me suis bien débrouillé. 2. Se passer (en parlant d'un
évènement). "ça a mal capité" ça s'est mal passé. Très fréquent dans les deux sens. Du prov.
capita, même sens. Voir ENCAPER, RENCONTRER.
CAPOUN n. m.
Voyou. Peu fréquent, surtout usité par plaisanterie affectueuse : "Tu es un petit capoun" (à un
enfant). Surtout usité dans de nombreux jurons : capoun!; capoun dé pas diou! (prov. capoun
de pas Diéu!) ; capoun dé bouon diou (prov. capoun de bouon Diéu !) ; etc. Du prov. capoun,
mêmes sens et mêmes usages. Variantes (augmentatifs usités comme injures) : capounas (n.
m.), capounasse (n. f.), du prov. capounas, capounasso, idem.
CARAFATON n. m.
Remise sans fenêtre. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. carafatoun, même sens, de
carafata, calfeutrer. Voir CAFOUCHE, CHAMBRON.
CARAQUE n. f. et m.
Gitan, gitane. Terme péjoratif. Usuel. Du prov. caràcou, caraco, même sens. Variante :
caracou (forme prov. non francisée, Var). On rencontre aussi le mot cacaramougne (Var), de
même sens mais plus péjoratif, de formation complexe et d'origine incertaine, bien que sa
forme soit apparemment prov. et qu'il existe en prov. local (cacaramougno). Voir
BOUMIAN.
CARAMENTRAN n. m.
1. Monsieur Carnaval (personnage que l'on brûle ou que l'on noie à la fin d'un carnaval prov.).
2. Au figuré, personne laide, mal habillée ou débauchée. "Elle semble* un caramentran", elle
est moche ; "C'est un vieux carmentran" c'est un vieux débauché. Usuel au sens 1 là où se
pratique encore la fête traditionnelle du carnaval prov. (surtout rural), très fréquent au sens 2.
Variante : carmentran. Du prov. caramentran, carmentran, même sens ; litt. "carême
entrant".
CARCAN n. m.
Vieillerie (se dit aussi bien d'une personne, d'un animal que d'un objet). Usuel. "qu'est-ce que
tu fais avec tous ces vieux carcans?" (un jeune à un autre qui fréquente un café reputé "de
vieux"). Peu fréquent, Marseille. Du prov. même mot même sens. Voir RAVAN.
CARCULER v. intr. et tr.
1. Réfléchir. "Attends, je carcule". 2. Prendre en considération. Peu fréquent, vieillissant,
forme prov. aujourd'hui remplacée par la forme fr. calculer, mais avec ces usages et ces sens,
surtout à la forme négative : "Ne calcule pas, viens!" (sens 1) ; "je le calcule pas" (je fais
comme s'il n'était pas là). Du prov. carcula, calculer, au fig. "penser", mêmes usages. Voir
CHIFFRER.
CARRAÏRÉ n. m.
Chemin de transhumance. Peu fréquent, rural. Surtout vivant par la toponymie. Du prov.
carraire, même sens. Voir DRAILLE.
CAROGNE n. f.
Charogne (usité comme insulte). Peu fréquent. Du prov. carougno, même sens.
CASTAGNADE n. f.
Poëllée de châtaignes. "On va se manger la castagnade". Usuel. Du prov. castagnado, même
sens.
CASTAPIANE n. f.
Blénorragie. Peu fréquent à usuel. Du prov. castapiano, même sens.
CATIGOT n. m.
Soupe d'anguilles. Usuel. Camargue et zones alentours. L'un des plats traditionnels du gros
souper, repas du réveillon de Noël. Du prov. catigot, même sens.
CATIGOU n. m. plur.
Chatouilles. "Il me fait des catigou(s)". Peu fréquent, Marseille, Var. Du prov. catìgou, même
sens.
CAVALET n. m.
Échelle rudimentaire dont les montants sont fixés par le centre à une travée unique, utilisée
pour la récolte des fruits, notamment des olives. Peu fréquent à usuel, rural, technique
agricole. Du prov. cavalet, même sens, litt. "petit cheval". Voir ESCARASSON.
CÈBE n. f.
Oignon. Usuel. Aussi employé dans les loc. : marcher à trousse-cèbes, marcher de travers, en
canard, comme lorsqu'on ramasse les oignons (peu fréquent) ; vert comme des queues de
cèbes, au propre "très vert", au fig. "avare" (Marseille). Du prov. cèbo, même sens et mêmes
loc. Dérivé : cébette, petit oignon vert et frais, vendu avec sa queue (usuel, n'est vendu que
sous ce nom). du proveçal cebeto, même sens, diminutif de cèbo. Voir TAILLE-CÈBE,
AÏET.
CÉPON n. m.
1. Souche. 2. Billot. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. cepoun, mêmes sens (les
souches étant souvent utilisées comme billots). Mot connu dans certaines langues d'Oïl.
CHA-CHA n. m.
Grive litorne (turdus pilaris). Usuel (l'oiseau n'est souvent connu que sous ce nom). Variante :
kia-kia. Du prov. cha-cha, kia-kia, idem. Voir CHIQUEUSE, TOURDRE, FIFI.
CHALER v. tr.
Porter quelqu'un sur un véhicule à deux roues. Usuel, surtout à Marseille. "Il m'a chalée
jusque sur le port". Origine incertaine. Peut-être du prov. chala, charmer, ou d'une forme
gavote chala, descendre, à rapprocher de cala. Voir CALER, CAMBALER.
CHAMBRI n. m.
Écrevisse. Usuel, région marseillaise, Var. Aussi employé dans la loc. rouge comme un
chambri, très rouge, allusion à la couleur des écrevisses cuites. Du prov. chàmbri, même sens,
même loc.
CHAMBRON n. m.
Réduit sans fenêtre. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. chambroun, petite chambre, et
au fig. même sens. Voir CARAFATON, CAFOUCHE.
CHAME n. f.
Appel (terme de jeu de carte). "tu vois pas qu'il te fait la chame?". Usuel, Marseille, Var.
Variante : chamette. Du prov. chamo, même sens, de chama, appeler, v. d'origine génoise.
CHANU adj. et n.
1. adj. Très agréable. "on a fait un piquenique, c'était chanu". 2. adj. et n. Brillant (en parlant
d'une personne). "C'est un chanu" ; "A l'école sa petite elle est chanue". Très fréquent dans les
deux sens, Marseille, vallée du Rhône, Vaucluse. Du prov. chanu, mêmes sens.
CHAPELLE n. f.
Corsage du costume arlésien. Peu fréquent mais ce corsage n'est connu que sous ce nom dans
une zone où le costume traditionnel reste régulièrement porté pour certaines fêtes. Ext. de
l'usage du fr. chapelle selon le prov. capello qui signifie à la fois "petite église" et "corsage".

CHAPLE n. m.
1. Massacre. "le renard m'a fait un chaple dans le poulailler". 2. (fig.) Grosse colère. "Si tu y*
dis ça, ça va être le chaple!". 3. Grand désordre. "Ti aurais vu le chaple qu'ils ont fait les
petits dans la chambre". Très fréquent au trois sens, surtout à Marseille. Probablement du
prov. chaple, massacre, litt. "fait de hâcher". Mot connu en ancien et moyen fr. Voir PASTIS.
CHAPUTILLE n. f.
Petits morceaux."Il reste la chaputille" (en parlant de nourriture). Peu fréquent, Comtat
Venaissin. Du prov. chaputiho, même sens, du v. chaputa, chapouta, triturer, dépecer.
CHARNIGOU adj. et n. m.
1. Maigre. "elle est pas mince, elle est charnigou!". 2. Avare. "Quel charnigou, dis!". 3.
Méchant. Peu fréquent, Marseille. Les sens découlent chacun du précédent. Variante
(prononciation prov.) : tcharnigou. S'emploie comme n. m. ou comme adj. dans les trois sens.
Du prov. charnìgou, même sens, également "chien décharné, lévrier". Voir RASPI,
RATCHOU, STOQUEFICHE.
CHARPIN n. m.
1. Teigne. "Ce chat, il a le charpin". 2. Colère, chagrin. "Il est toujours en charpin, cet
homme". Du prov. charpin, mêmes sens.
CHARRETON n. m.
Petite charrette à bras. Usuel. Diminutif de charrette à l'aide du suffixe -on, usuel en fr. de
Provence, du prov. -oun, sur le modèle du prov. carretoun, même sens, de carreto, charrette.
CHARREUR n. m.
1. Hâbleur. 2. Bavard importun. Peu fréquent dans les deux sens. Variante : charrette, (n. f.)
fréquent à Marseille dans l'énoncé j'ai rencontré une charrette ou je suis tombé sur une
charrette (j'ai été retardé en chemin par un bavard), peut-être par attirance du mot fr. ("qui
s'accroche comme une remorque"), du suffixe courant -ette, et du mot très fréquent
bazarette*. Du prov. charraire, parleur, de charra, parler. Voir BAZARETTE, BLAGAÏRÉ.
CHASPER v. tr. et intr.
1. Tâter. "Vé la, qu'elle chaspe le paquet pour endeviner* ce qu'il y a dedans". 2. Tripoter
(avec connotation érotique, type "peloter"). "il a pas intérêt à essayer de me chasper" (une
jeune fille en parlant d'un garçon qui l'a invitée à danser). Usuel. Dérivé : chaspeur, n. m.,
tripoteur (au sens érotique). Du prov. chaspa, mêmes sens, et chaspaire, litt. "chaspeur".
CHAVANE n. f.
Gros orage. "il va tomber une chavane". Usuel, Haute-Provence, Var. Du prov. chavano,
même sens. Voir LARGADE, RAÏAS.

CHEMISON n. m.
Chemise de nuit (Haute-Provence). Ajout du suffixe -on, usuel en fr. de Provence, d'après le
prov. -oun, au mot chemise, sur le modèle du prov. camisoun, dérivé de camiso, même sens.
Voir CAMISE, CHEVILLON.
CHEVILLON n. m.
Outil servant à arracher les truffes. Rare, rural, régions truffières du Var, du Vaucluse et de
Haute-Provence, mais usuel dans le lexique technique lié aux truffes. Adaptation du prov.
cavihoun, même sens, de caviho, cheville. Mot connu en fr. commun, mais avec des sens
différents. Voir CAMISON.
CHÈVRE n. f.
Employé dans certaines loc. calquées du prov. : faire garder les chèvres, bloquer un enfant en
position élevée sur une balançoire ; porter à chevre morte, porter en travers sur les épaules.
Coir CABRIMET et CAGOLE.

CHIAPACAN n. m.
1. Bon à rien, clochard. 2. Employé de la fourrière, ramasseur de chiens. Usuel au sens 1,
devenu rare au sens 2. Aussi dans la loc. : avoir l'air d'un chiapacan, être mal habillé. Les
sens péjoratifs (1, loc.) sont issus du sens 2. Variantes : tchiapacan, chapacan. Du prov.
chiapacan, chapacan, mêmes sens, du piémontais ciapa can, attrappe-chien (cette activité
était en général réalisée par des immigrés piémontais pauvres).
CHICHETTE n. m. et f.
Chéri, mot par lequel les prostituées marseillaises interpellent leurs clients. "Tu viens,
chichette?". Variante : chichinette. Du prov. chicheto, mot par lequel on appelle gentiment les
petits chiens, litt. "petite chose", du prov. chìchi, chèchi, "petit bout", que l'on retrouve dans
toute une série de mots en prov. et en fr. régional (chìchi fregi, chìchi pounchu, etc.), voir
CHICHIBÈLI, CHICHOURLE, TCHÈTCHOU.
CHICHIBÈLI n. m.
1. Bout de tissu qui dépasse d'un vêtement (pan de chemise, mouchoir…). 2. Pénis (terme
plaisant). Usuel, Marseille. Voir BICOU, GATSOU, VIÉ.
CHICHOURLE n. f.
Jujube (plante). Employé surtout dans certaines loc. très fréquentes : fan de chichourle!,
juron ; avoir une chichourle dans la tête, n'avoir rien dans la tête ; ma chichourle, terme
affectueux. Variantes : tchitchourlo (prononciation provençale), juron ; chichourlette,
diminutif, terme affectueux ; chichoune, évolution sous influence du suffixe diminutif prov. -
ouno au f. et de la série de mots en chich-. Du prov. chichourlo, mêmes sens. Voir FAN,
CHICHETTE, TCHÈTCHOU.
CHICOULON n. m.
Petite quantité d'alcool. "Un chicoulon de mousseux" (Pagnol, Marius, II-1). Usuel, surtout à
Marseille. Du prov. chicouloun, même sens. Voir PÉTON, CHIMER.
CHIFFRER v. intr.
Réfléchir (sans nécessairement compter quoi que ce soit). "Attends, laisse un peu que je
chiffre". Peu fréquent. Sens fig. usuel du prov. chifra, au propre, chiffrer, compter. Voir
CARCULER.
CHIMER v. intr. et tr.
Boire de l'alcool."Qu'est-ce qu'il chime, comme pastis!" ; "Ils se sont chimé le Bandol à une
vitesse!". Usuel. Du prov. chima, même sens. Voir FLEÏTER.
CHOSE n. m.
Objet concret (le f. incluant le sens "élément abstrait"). "Comme ça marche, ce chose?" (en
parlant d'un magnétoscope). Usuel, Marseille, Var. La distinction concret / abstrait existe en
prov. maritime pour le mot équivalent : lou cauve / la cauvo, ce qui explique probablement
cette distinction en fr. régional.
CHOUNER v. intr.
1. Plonger. 2. Couler (dans la mer). Peu fréquent, Marseille. Du prov. chouna, mêmes sens, de
chouno, plongeon.
CIMEAU n. m.
Branche effeuillée garnie de glue, placée dans un arbre pour braconner les oiseaux. Peu
fréquent, rural, Haute-Provence, Var. Du prov. cimèu, même sens, au propre "branche de
faîte".
CIMÈC n. m.
Giffle. Peu fréquent, région du Verdon. Du prov. cimèc, même sens. Voir BOUFE.

CHIQUER v. intr. et tr.


Rater, casser. "Les greffes, elles ont chiqué". Sens ou mot issu du prov. chica, même sens. Le
fr. commun connait un v. chiquer qui n'a pas ce sens-là.
CHIQUEUSE n. f.
Grive des vignes. Peu fréquent, rural. Du prov. chicouso, même sens, de chica, piailler. Voir
CHA-CHA, TOURDRE.
CHOUANE n. f.
Moisissure du vin. Rare, rural, Haute-Provence. Du prov. chouano, même sens.
CHUCHU (À LA) loc. adv.
Discrètement, sans parler."Il a fait son coup à la chuchu". Peu fréquent. Du prov. chut-chut,
même sens.
CLAFI adj.
Rempli."Ma robe est clafie de bougnettes*". Usuel. Variante : cafi (Marseille, Toulon, Var
oriental), Du prov. clafi, cafi, même sens.
CLAPAS voir CLAPIÉ
CLAPE n. f.
Pierre, principalement pierre calcaire plate et blanche que l'on extrait des terres cultivées. PEu
fréquent. Du prov. clapo, même sens. Voir ACALAPER, CLAPIÉ.
CLAPIÉ n. m.
Tas de pierres. Peu fréquent. Usuel dans les loc. : Il trouverait pas une pierre sur un clapié,
se dit d'une personne distraite ; il a des sous comme des pierres un clapié, il est riche ; la
pierre va toujours au clapié, on préfère toujours les siens. Du prov. clapié, même sens. Var.
augmentative (hors loc.) : clapas (n . m.), clapasse (f.), du prov. clapas, -asso, mêmes sens.
Voir CLAPE.
CLAVER v. tr. et intr.
Fermer à clé."tu as clavé?" ; "Tu as clavé la porte?". Peu fréquent. Du prov. clava, même
sens, de clau, clé.
CLÈDE n. f.
Claie. Rare, rural et technique agricole (séchage des fruits, du fromage…). Du prov. clèdo,
même sens.
CLOVISSE n. f.
Coquillage comestible de Méditerranée (venus florida). Très fréquent (n'est connu que sous ce
nom), surtout dans la zone côtière. Du prov. clauvisso, même sens, litt. "qui se ferme". Voir
MUSCLE.
CLUSSE n. f.
Poule couveuse. Rare, technique agricole. Haute-Provence. Du prov. clusso, même sens.
COCO n. m.
1. Tête"Il va prendre un coup sur le coco". 2. Estomac. "Quand tu auras ça dans le coco, tu
auras plus faim!". Usuel à très fréquent. Du prov. coucot, mêmes sens.
CODE n. m.
Caillou plat, gallet de rivière et du bord de mer. Peu fréquent. Du prov. code, còdou, même
sens.
COLLÈGUE n. m. et f., adj.
Ami, camarade, copain (à tout âge). "le petit il joue avec un collègue" ; "ma voisine et moi on
est bien collègues". Très fréquent. Ne se limite pas au sens "relation professionnelle" du fr.
commun. Sens du prov. coulègo.
COMPLICATO adj. m.
Compliqué."Boudi! Que tu es complicato!". Peu fréquent, surtout employé à Marseille. De
l'italien, même mot même sens.
COMPRENENCE n. f.
Compréhension. "il a pas de comprenence" ; "ça dépasse ma comprenence". Du prov.
coumprenènci, coumprenènço, même sens.
CONÉGER v. intr.
Déconner. Peu fréquent, région d'Avignon. Du prov. couneja, même sens, de coun, con, idiot.
COQUIN n. m.
Employé dans de nombreux jurons calqués du prov. : Coquin de sort! Coquin de pas Dieu!
Coquin de bon sang!, etc… Variantes : Couquin! Couquinarié! Couquin de pas Diou!
Couquin de bouon djour!, etc… (formes provençales dans lesquelles -in est prononcé à la
prov. comme dans parking). Voir CAPOUN, FAN.
CORSET n. m.
Gilet d'homme. Rare, s'emploie surtout pour le gilet dub costume traditionnel prov. Du prov.
courset, même sens. Variante : corseton, du prov. coursetoun (diminutif), même sens.
COSTÉGER v. intr.
Marcher à flanc de côteau. Peu fréquent, région du Verdon. Du prov. cousteja, même sens, de
couosto, costo, côte.
COUCHE (FAIRE LA) loc.
Faire partir. "il fait la couche aux mouches". Peu fréquent. Du prov. faire la coucho, même
sens, de coucha, chasser, écarter.
COUCOURDE n. f.
1. Courge, potiron. 2. (fig.) Tête. 3. (fig.) Personne niaise. Aussi dans les loc. : Avoir la tête
comme une coucourde, avoir un violent mal de tête ; s'embrasser comme des coucourdes,
sans raison, bêtement ; à la descente les coucourdes y vont, se dit pour se moquer de ceux qui
suivent une idée facile sans esprit critique. Ces expressions existent également en traduisant
coucourde par courge. Variante : cougourde. Très fréquent sous tous les sens et dans les loc.
Du prov. coucourdo, cougourdo, mêmes sens. Dérivés : coucourdié, cougourdié, plan de
courge, du prov. mêmes mots même sens. Voir COUGOURDON.
COUGOURDON n. m.
1. Petite courge. 2. Courgette. Surtout employé dans la loc. avoir le nez comme un
cougourdon, avoir un gros nez. Peu fréquent dans tous les cas. Du prov. cougourdoun,
mêmes sens, diminutif de cougourdo, courge.
COUFE n. f.
Bêtise, gaffe. "J'ai fait une coufe". Usuel, Marseille. Du prov. coufo, même sens ; au propre
"panier".
COUILLÈTI n. m. et adj.
Couillon (au sens prov.), en terme affectueux. Usuel. Variantes : couilloti, couillosti
(Marseille). Du prov. couièti, couiòti, même sens. Voir COUILLON.
COUILLON n. m. et adj.
Mot fréquemment usité sous l'influence du prov. couioun, y compris comme adjectif et au f.
(prov. couiouno) : "C'est couillon" ; "Elle est couillone". Terme familier, très fréquent et
emblématique, de faible intensité, en général usité de façon affectueuse, parfois de façon
injurieuse (intonation et contexte précisent ce sens). Aussi dans la loc. très fréquente :
couillon comme la lune ou couillon de la lune adressée de façon affectueuse à un quelqu'un
qui se trompe. Voir COUILLÈTI.
COUILLOUNUN n. m.
Bêtise (fait d'être couillon)."Il a dit ça par couillounun". Rare. Du prov. couiounun, même
sens, de couioun, idiot, + suffixe collectif -un. Voir FRESCUN, COUILLON.
COULETTE n. f.
Petit monticule de terre. Rare, rural. Du prov. couleto, même sens, diminutif de colo, coualo,
colline.
COUNAS n. m.
Connard. Terme injurieux usuel, Marseille. Du prov. counas, même sens, augmentatif de
coun, idiot.
COURAILLON n. m.
Lacet de chaussure. Peu fréquent, région du Verdon. Du prov. couraioun, même sens.
Dérivé : couraillouner, attacher les lacets, du prov. couraiouna, même sens.
COURCOUSSON n. m.
Charançon . Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. courcoussoun, même sens.
COURRAILLOLE n. f.
Liseron (plante). Rare, rural, Haute-Provence. Du prov. courraiolo, même sens.
COURRENTILLE n. f.
Coureuse (fille qui cherche les hommes). Peu fréquent, vieillissant, Marseille. Du prov.
courrentiho, même sens, de courre, courrir. Voir CAGOLE.
COUSSOU n. m.
Pâturage dans la Crau (plaine du Bas-Rhône). Usuel dans la zone concernée, rural, rare
ailleurs. Du prov. coussou, même sens.
COUSTÉLINE n. f.
Pissenlit. Peu fréquent, rural, Var. Du prov. coustelino, même sens. Voir MOURRE.
CRÉMIÈRE n. f.
Prostituée. Peu fréquent, Marseille. Probablement en rapport avec l'argot crèmerie, boutique,
et crème, travail facile, bonne qualité. Voir JARRON, CAGOLE, PUTARASSE.
CRÉNILLET n. m.
Silène (plante). Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. crenihet, même sens.
CRÈSPÈOU n. m.
Sorte de grosse crêpe aux œufs façon omelette, salée et farcies aux légumes ou aux sardines.
Usuel comme terme culinaire. Aussi dans la loc. "il tombe des crespèou", il pleut beaucoup
(usuel, Toulon). Du prov. crespèu, mêmes sens.
CRESTIN n. m.
Crête d'une colline ou d'une montagne. Peu fréquent. Du prov. cresten, même sens.
CRIER v. tr.
Réprimander." tu vas te faire crier par ton père"; "le maitre l'a crié". Usuel. Cet usage tr. est
calqué sur le modèle du prov. crida, crier, employé avec les mêmes sens.
CROILLE n. f.
Prétention, orgueil. "il est plein de croille" (prononcé cro-ye). Du prov. croio, même sens.
Voir ENCROIRE, NARRE.
CROSSE n. f.
Béquille."Depuis son accident, il marche avec des crosses". Usuel. Du prov. crosso, même
sens. Mot connu dans certaines langues d'Oïl.
CROUPATA n. m.
Corbeau ou corneille. Usuel. Variantes : groupata(s), courpata(s). Du prov. croupatas,
courpatas, groupatas, même sens. Voir CHA-CHA, DARNAGAS.
CROUSET n. m.
Sortes de lasagnes. Usuel, Haute-Provence. Du prov. crouset, même sens. Voir RAÏOLE.
CROUSTET n. m.
Croûton de pain. Peu fréquent. Du prov. croustet, même sens.
CRUSSENTELLE n. f.
Cartilage."Donne-z-y* les os, il mange la crussentelle". Du prov. crussentelo, même sens.
CUGES (BOIS DE) loc.
Instant crucial, moment ou lieu dangereux."Les quartiers nord, c'est le bois de Cuges"
(allusion aux banlieux populaires de Marseille). Peu fréquent. Du prov. bouas de Cujo, même
sens, de Cujo, Cuges-les-pins, village situé sur la route Marseille-Toulon et jadis réputé pour
les bandits de grand chemin qui se dissimulaient dans ses bois.
CUITE (DE BONNE) loc.
Dont la cuisson est facile."Des fayots de bonne cuite". Usuel. Du prov. de bouano cuecho,
même sens.
CUL COUSU loc. n. m.
Personne qui ne rit jamais. "C'est un vrai cul cousu". Usuel. Du prov. cuou courdura, même
sens.
CURAILLER v. tr. et intr.
Trier (un troupeau). Raren rural, technique agricole, Haute-Provence. Du prov. curaia, même
sens.

D
DAMOTE n. f.
Femme snob, notamment nouvelle riche. Usuel, Marseille, Toulon. Antonyme de cagole*. Du
prov. damoto, même sens, diminutif péjoratif de damo, dame. Voir PESSUGUETTE.
DARDAILLER v. intr.
Briller (en parlant de soleil)."Le soleil dardaille". Du prov. dardaia, même sens.
DARNAGAS n. m.
1. Pie-grièche 2. Imbécile."Tais-toi, grand darnagas!". Du prov. darnagas, tarnagas, même
sens. Variantes issues du prov. local : tarnagas (Vallée du Rhône), tarnaga (Var). Voir
CROUPATA, FIFI.
DÉBAOU n. m.
Précipice. Peu fréquent, région du Verdon. Du prov. debaus, même sens, de baus, falaise, très
fréquent en toponymie. Dérivé : débaoussade, peu fréquent, Verdon et Var, chute dans un
précipice, du prov. debaussado, même sens. Voir GARAGAÏ.
DÉBÉQUIGNÉ adj.
De mauvaise humeur (Var)."Laisse pisser, vaï*, il est tout débéquigné". Du prov. debequigna,
même sens, du v. si debequigna, se disputer. Voir DÉGATIGNER, ESTRIGOUSSER.
DÉCOCONER v. intr.
Déconner. Usuel, vallée du Rhône. Du prov. decoucouna, descoucouna, même sens, litt.
"dévider les cocons" (vocabulaire de la magnanerie), utilisé pour éviter un descouna-déconner
jugé trop cru. Cet usage se retrouve dans tout le bassin du Rhône jusqu'en zone lyonnaise et
bourguignonne.
DEGATIGNER (SE) v. intr.
Se disputer. "ils ont fait que de se dégatigner" (petite fille parlant de ses frères). Usuel, Var,
Marseille. Du prov. si degatigna, même sens.
DÉGOVER v. intr. et tr.
Enlever la cosse des noix et des amandes. Peu fréquent. Du prov. degouva, desgouva, même
sens, de govo, cofo, cosse.
DÉGUN pron. indef.
Personne. "Y a dégun là-haut" ;"enfant de dégun!" (insulte). Très fréquent partout,
emblématique à Marseille. Du prov. degun, même sens.
DÉJEUNER n. m. et v.
Petit-déjeuner, premier repas pris du matin. Très fréquent. Aussi dans diverses régions
françaises où l'on dîne à midi et où l'on soupe le soir. Usage identique en prov. avec desjuna,
dina, soupa.
DE LONGUE voir LONGUE
DÉMALONER v. intr. et tr.
Retirer le carrelage d'un sol. Usuel. Du prov. desmalouna, même sens, de maloun, tomette,
carrelage. Voir MALON.
DÉMAMER v. tr.
Sevrer (un animal). Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. desmama, même sens, de
la racine mam- comme pour mamelle.
DÉMASCLER v. tr. et intr.
Enlever à un chêne-liège sa première écorce (qui est trop dure pour faire du bon liège). Usuel
comme terme technique, Var, rare autrement. Du prov. desmascla, même sens, de mascle,
première écorce, litt. "mâle".
DENTI n. m.
Poisson de Méditerranée (sparus dentex ou dentex dentex). Peu fréquent mais onnu
uniquement sous ce nom (prononcé avec-en- comme dans benne). Du prov. dènti, même sens.
Voir ROUCAOU.
DÉPARLER v. intr.
1. Dire n'importe quoi. "Le papet, il est foutu. Il déparle". 2. dire des bêtises. "Tu es énervé :
tu déparles". Mot connu en divers fr. populaires et régionaux, en divers parlers locaux, et en
prov. : desparla.
DÉPÉGUER (SE) v. tr. ind.
Se sortir d'un problème."Va l'aider, vaï*, qu'il va pas s'en dépéguer, de ce pastis*". Usuel. Du
prov. si despega, même sens, de pega, coller, de pego, poix, colle.

DÉPOINTER v. tr.
Épointer, enlever la pointe. Création spontanée sur pointe, pointer + préfixe privatif dé-,
phénomène fréquent en fr. de Provence et en fr. populaire, probablement sous influence du
prov. pouncho, pouncha, despouncha, respectivement, pointe, pointer, "dépointer".
DÉ-QUÉ-MI-MÈLI loc. n. m.
Personne curieuse, qui se mêle ce qui ne la regarde pas. "n'invite pas ce dé-qué-mi-mèli". Peu
fréquent, Toulon. Aussi employé pour apostropher un importun : "ça te regarde pas, dé-qué-
mi-mèli!". Du prov. de que mi mèli, même sens, litt. "de quoi je me mêle".
DÉQUILLER v. tr.
Faire tomber un objet quillé*. Usuel. Du prov. dequiha, desquiha, même sens. Voir
QUILLER.
DERRABER v. tr.
Arracher. "le vent va te le derraber" (à propos d'un jeune arbre). Peu fréquent. Du prov.
derraba, même sens.
DESCADRANER v.i ntr.
Perdre la tête, devenir fou. "Fais pas ça, ho, ça va le descadraner" ; "Il est descadrané en
plein". Peu fréquent, Var, Haute-Provence. Du prov. descadrana, même sens de cadran, litt.
"sortir du cadran, perdre le cadran". Voir FADA.
DÉSEMBRAILLER v. tr.
1. Retirer le pantalon. "Attends un peu que je te désembraille" (un père qui change son petit
garçon). 2. Mal ajuster son pantalon. "Rembraille*-toi, va, que tu es à moitié désembraillé" (à
quelqu'un dont la chemise sort du pantalon). Usuel. Du prov. desembraia, même sens, de
braio, pantalon.Voir BRAILLE, EMBRAILLER, REMBRAILLER.
DESTROUQUER v. tr.
Trouver, dénicher. "où tu l'as destrouqué ce chapeau?". Peu fréquent, Marseille, Toulon.
variante phonétique plus prov. : destroouquer. Du prov. destrauca, même sens, de trau, trou.
DESTRUSSI n. m.
Personne qui casse tout."Ce petit, c'est un destrussi". Usuel. Du prov. destrùssi, même sens.
DÉVARIÉ adj.
1. Avarié."Jette-moi ce rataillon* de pain qu'il est dévarié". 2. Idiot. "Mais il est dévarié, cet
homme!". Usuel, Marseille, Var. Du prov. desvaria, devaria, mêmes sens.

DÉVEILLER v. tr.
Réveiller. Rare, rural. Probablement du prov. deviha, même sens. Connu en ancien et moyen
fr.
DÉVIRER v. tr.
Tourner quelque chose dans une autre direction."D'une giffle, je te dévire la figure" (Pagnol,
La fille du puisatier). Du prov. desvira, devira, même sens. Voir PARAVIRÉ.
DIGUE interj.
Dis. "Digue! tu en veux?". Usuel, Marseille. Du prov. digo, même sens, impératif 3e personne
du v. dire.
DINDER v. intr.
Sonner, tinter. Peu fréquent. Du prov. dinda, même sens.

DîNER voir DÉJEUNER.


DIRE (Y) loc. v.
Appeler (donner un nom)."On y dit Pierre". Usuel, mais apparemment vieillissant. Du prov. li
dire, ié dire (selon les variétés) même sens. Voir Y.
DJIDJÉ n. m.
Imbécile. "C'est un djidjé". Peu fréquent. Variante : djèdji (Var, Marseille). Du prov. jigé,
jègi, même sens, litt., diminutif du prénom Jóusé, Joseph (à cause de son rôle de "cocu" dans
la Bible). Voir DJOBI, BRANCAÏ.
DJOBI n. m.
Nigaud, niais. Usuel, Marseille, Var. Du prov. jòbi, même sens, forme du prénom "Job",
personnage de la Bible, à cause du rôle de naïf qu'il y joue. Voir DJIDJÉ, JOBASTRE.
DORMIASSE n. m. et f., adj.
Persone qui dort beaucoup (légèrement péjoratif)."Qué* dormiasse!" "Elles sont dormiasses".
Usuel. Du prov. dourmias, -asso, même sens, de dourmi, dormir, et suffixe augmentatif
péjoratif -as.
DOUIRE n. f.
Cruche. Rare, rural. Du prov. douiro, même sens. voir DOURGUE.
DOURGUE n. f.
Cruche. Peu fréquent. Variante : dourguette (diminutif). Du prov. dourgo, dourgueto, même
sens. Voir DOUIRE.
DRAILLE n. f.
Chemin de campagne . Peu fréquent, mais bien connu en toponymie vivante. Variante :
drailloou (Var), diminutif peu fréquent. A l'origine, chemin suivi par les troupeaux lors de la
transhumance. Du prov. draio, draiòu, mêmes sens. Voir CARRAÏRÉ.
DRÉ adj.
Droit."Les cheveux drés sur la tête". Peu fréquent. Du prov. dre, même sens. Voir DROIT.
DRESSER (SE) v. pron.
Se lever, se mettre debout."Dresse-toi, que je t'essaye l'ourlet". Usuel. Sens du prov. si
dreissa.
DROIT adj.
Debout. "Mets-toi droit, tu seras mieux pour couper" (à quelqu'un d'assis). Usuel. Sens du
prov. dre. Voir DRÉ, DRESSER.

DUFI n. m.
Trace laissée par un coup. "Ho putain! j'ai un dufi sur la portière". Usuel, Marseille. Du prov.
dùfi, même sens.

ÉCHELEUR n. m.
Sorte de long haricot vert, large et plat (notamment utilisé dans la soupe au pistou*). Usuel
(ce haricot n'est connu que sous ce nom). Ext. de l'usage du mot fr., probablement sous
influence de l'équivalent prov. escalaire, même sens.
EÏSSADON n. m.
Sarcloir. Usuel, rural. Variantes : issadon (Castellane) ; eïssade, forme sans diminutif,
(Carpentras) ; eïssadounet, forme à double diminutif (Toulon, Hyères). Du prov. eissadoun,
eissado, eissadounet, même sens. Voir LICHET.
EMBABOUINER v.tr.
Séduire et tromper par des mensonges. Usuel, Marseille, Var. Du prov. embabouina, même
sens, litt. "tromper par des singeries".
EMBOUCANER v. intr.
Puer. "ça emboucane, ici". Usuel, Marseille. Du prov. emboucana, même sens, de bouc, à
cause de l'odeur de cet animal pendant la période du rut. Voir EMPOURAQUER.
EMBOULIGUE n. m.
Nombril. Peu fréquent, surtout usité pour plaisanter. Aussi dans la loc. rire à se péter
l'embouligue, rire beaucoup. Du prov. embouligo, embourìgou, même sens.
EMBRAILLER v. tr. et intr.
Mettre un pantalon. "tu es mal embraillé" (tu as mal mis ton pantalon) ; "je suis tombé que
j'étais en train de m'embrailler". Usuel à très fréquent. Du prov. embraia, même sens, de
braio, pantalon. Voir BRAILLE, DÉSEMBRAILLER, REMBRAILLER.
EMBRONCHER (S') v. intr.
Trébucher, s'accrocher les pieds à un obstacle. "il s'est embronché au tapis" ; "attention de
pas t'embroncher!". Très fréquent. Ce mot est attesté en fr. "commun" (mais technique) où il
n'a qu'un usage non pronominal dans le jargon des couvreurs : embroncher les tuiles, disposer
les tuiles sur un toit de façon qu'elles se chevauchent (l'idée de chevauchement des tuiles est
assez proche de l'action décrite par le v. s'embroncher en Provence). Il a ici le sens exact du
prov. s'embrounca, s'embrouncha, dont il provient probablement. Voir ENTRAMBLER,
ESTRAMASSER, M'EMBROUNQUI.
EMMASQUER v. tr.
Ensorceler. Peu fréquent. Du prov. enmasca, même sens, de masco, sorcière.Voir MASQUE.
EMPÊCHEUR adj.
Gênant."Des choses empêcheuses". Peu fréquent. Calque de l'adj. prov. empachaire,
empacharello, même sens, de empacha, empêcher. Le v. empêcher a d'ailleurs souvent le sens
d'embêter en Provence (le prov. empacha, entrepacha signifie à la fois "empêcher" et
"embêter").
EMPÉGUER v. tr.
1. Coller (au propre et au fig.). "empégue les étiquettes sur les bouteilles" ; "Il s'est empégué
dans une affaire louche" ; "Je vais t'y empéguer un pastisson*". 2. Heurter. "Avé la voiture, je
me suis empégué un camion". 3. Saoûler. "Tout ce vin cuit, ça les a un peu empégué". Très
fréquent dans les trois sens. Du prov. empega, mêmes sens, de pego, colle. Voir
AQUÈL'EMPÈGO, PÉGUER, GACHE-EMPÈGUE, NIASQUER.
EMPOURRAQUER v. intr.
Puer. "ça empourraque sur toute la Joliette". Usuel, Marseille. Du prov. empourraca, même
sens, peut-être de pourraco, asphodèle (fleur), symbole de la mort et de l'enfer, dont le suc
servait de colle aux cordonniers. Voir EMBOUCANER.
ENCAFORNER v. tr.
Cacher dans un recoin. Usuel, Toulon, Marseille. Du prov. encaforna, encafourna, même
sens, de cafourno, caverne. Voir CAFOUCHE, RACATI.
ENCAGNER (S') v. pron.
Se mettre en colère. Usuel, Marseille. Du prov. s'encagna, même sens, litt. "devenir agressif
comme un chien". Voir ENGATSER, ENVÉRINER.

ENCAPER v. tr. et intr.


1. Recevoir sur la tête. "Il a tout encapé" il a pris pour les autres. 2. Comprendre "je peux pas
me l'encaper" je ne peux pas le comprendre. 3. Se passer."ça s'est mal encapé" ça s'est mal
passé ; "j'ai bien encapé" ça s'est bien passé pour moi. 4. Battre la faux. Rare, rural, Haute-
Provence. Très fréquent aux sens 1, 2, et 3. Du prov. encapa, mêmes sens, de l'ancien prov.
cap, tête. Voir CAPITER, RENCONTRER.
ENCATANÉ adj.
Impatient (injure). "Espèce d'encatané!". Usuel, Marseille (bien que le sens du mot soit
souvent inconnu). Du prov. encatana, impatienter, fâcher.
ENCROIRE (S') v. intr.
Crâner, être prétentieux. "depuis qu'il est passé à la radio, il s'encroit". Du prov. s'encrèire,
même sens, de crèire, croire, avec influence possible de croio, crouianço, prétention. Existe
dans d'autres fr. locaux. Dérivé : encroyeur, encroyeuse, n., personne qui "s'encroit". Voir
CROILLE, JEAN-TRÉPASSE, NARREUX.
ENDEVINER v. tr.
Deviner. Peu fréquent, vieillissant. Du prov. endevina, deviner.
ENFANT n. m.
Enfant mâle."Elle a un enfant" elle a un fils ; "l'Enfant-Dieu" le petit Jésus. Peu fréquent,
vieillissant. Le mot fr. prend le sens du prov. enfant (langue dans laquelle "enfant" se dit
pichoun, pichot, litt. "petit"). Voir FAN, PITCHOUN.
ENFÉVÉ n. m.
Enculé. Usuel comme injure à Marseille. Formation classique, de fève, sujet qu'on introduit
dans la galette des rois, probablement sous influence du prov. où l'image de la favo (fève) sert
à de nombreuses métaphores péjoratives (ex. : es lou rèi de la favo, c'est quelqu'un sans
importance ; faire manja de favo, faire attendre, mener par le bout du nez). Voir
ENCANTANÉ.
ENFLE adj.
Enflé. "j'ai la joue enfle". Usuel. Du prov. enfle, même sens et même type grammatical, de
enfla, enfler. Existe en certaines langues d'Oïl. Voir GONFLE, TREMPE.
ENGAMBI n. m. plur.
Ennuis, problèmes. "Faire des engambi(s)" causer des problèmes. Très fréquent,
emblématique à Marseille. Du prov. engàmbi, même sens. voir ENGATSE.
ENGAMER v. intr.
Se prendre à l'hameçon, en parlant du poisson. "ça y est, il s'est engamé". Usuel chez les
pêcheurs, sur la côte. Du prov. engama, même sens, au propre "blesser à la gorge, enrouer".
voir ENRAGUER.
ENGANE n. f.
1. Salicorne (plante des marais salés). 2. (par ext.) lieu planté de salicorne. Usuel en
Camargue et aux alentours. Du prov. engano, mêmes sens. Voir SALADELLE,
SANSOUIRE.
ENGATSE n. f.
Emmerdements, problèmes. Très fréquent, Marseille, souvent usité au plur. Probablement du
corse (ou autre variété italique) incazzu, même sens (cf. italien incazzare, emmerder). Voir
ENGAMBI, GATSOU, S'ENGATSER
ENGATSER (S') v. pron.
S'emporter, s'énerver, s'engueuler. Très fréquent, Marseille. Probablement du corse (ou autre
variété italique) incazzà-si, incazzarsi, même sens. Voir ENCAGNER.
ENLEVER (S') v. intr.
Partir avec une personne du sexe opposé sans être mariés. "Vous inquiétez pas, vaï*, on va
pas s'enlever". Peu fréquent. Calque du prov. si rauba, même sens, allusion à une vieille
coutume provençale, lou raubatòri, par laquelle un couple imposait son mariage à des parents
réticents. Voir NOVI.
ENRAGUER (S') v. intr.
1. Se coincer dans les roches ou dans les algues (en parlant de l'hameçon). 2. Se prendre à
l'hameçon (en parlant du poisson). 3. (par ext.) échouer. "il est allé furer* en boite et il s'est
enragué". Du prov. enraga, mêmes sens, de rago, faille dans un roche. Voir ENGAMER.
ENSUQUER v. tr. et intr.
Assommer."Il s'est ensuqué contre la porte" ; "Moi, le gros manger, ça m'ensuque". Très
fréquent. Du prov. ensuca, mêmes sens, de su, tête.
ENTRAMBLER (S') v. intr.
Trébucher."Attention dans les canes*, vous allez vous entrambler!". Peu fréquent, Comtat
Venaissin. Du prov. s'entrambla, même sens, de entramble, entrave. Voir EMBRONCHER
(S').
ENTRANT adj.
Sympathique, sociable (en parlant d'une personne). "C'est quelqu'un de très entrant". Peu
fréquent à usuel. Dérivé du v. entrer au sens de "qui entre facilement en relation avec autrui",
probablement sous influence du prov. intrant, même sens.
ENVÉRINER (S') v. pron.
Se mettre en colère. Peu fréquent. Du prov. s'enverina, même sens, de verin, venin. Voir
ENCAGNER, ENGATSER.
ENVERTOUILLER v. tr.
Envelopper soigneusement. "il faut s'envertouiller dans une couverture". Peu fréquent, Haute-
Provence. Du prov. envertouia, envelopper.
ÈOU interj.
Marque toute sorte d'excl. "èou! ça fait mal!" ; "éou! tu m'écoutes?". Très frféquent. Du prov.
èu, même sens, mêmes usages. Voir OOU.
ÉPINE n. f.
Arête intérieure ou extérieure du poisson."Ce poisson, il est plein d'épines". Usuel, un peu
vieillissant. Ext. du sens du fr. épine, arête extérieure du poisson, sous influence du prov.
espino, arête de poisson.

ESBOURGNER v. tr.
Éborgner. Peu fréquent. Du prov. esbourgna, même sens.Voir BORGNE.
ESCAGASSER v. tr. et intr.
1. Écraser, endommager. "Les tomates, elles sont toutes escagassées". 2. Fatiguer, embêter.
"Tu m'escagasses avec tes histoires". Très fréquent, emblématique. Du prov. escagassa,
mêmes sens, de caga, au fig. "rater". Voir CAGUER, ESQUICHER.
ESCANER v. tr.
1. Étouffer, étrangler "lâche-moi, tu m'escanes". 2. Épuiser. "Ils en sont revenus escanés". 3.
Voler, duper. "Mèfi* de pas te faire escaner tes papiers!". Peu fréquent au sens 1, très
fréquent aux sens 2 et 3. Probablement du prov. escana, mêmes sens (au propre, saigner à la
gorge), connu en moyen-fr.

ESCAPER v. intr. et pron.


Échapper. "il a escapé à la vaisselle" ; "le chien s'est encore escapé". Très fréquent. Du prov.
escapa, même sens. Voir SCAPA.
ESCARASSON n. m.
Petite échelle rudimentaire à travée centrale. Peu fréquent, rural. Haute-Provence. Du prov.
escarassoun, même sens, diminutif de escalas, échelle grossière. Voir CAVALET.
ESCLAPER v. tr.
Briser. "Et zou*, il t'esclape le verre". Peu fréquent. Du prov. esclapa, même sens, de esclapo,
copeau de bois.
ESCLARZILLE n. f.
Salsepareille (plante). Peu fréquent, rural, Variante : esclarzeille (Var). Du prov. esclarziho,
même sens. Voir SARGAÏ, MOURRE.
ESCOUBE n. f.
Balai."Où tu as mis l'escoube?". Peu fréquent, plaisant. Dérivé diminutif : escoubette,
balayette (usuel). Du prov. escoubo, escoubeto, mêmes sens. Voir ESCOUBER.
ESCOUBER
1. Balayer "ti en pas marre d'escouber? prends l'aspirateur!". 2. (fig.) Ingurgiter "si tu voyais
tout le vin qu'ils y* ont fait escouber". Peu fréquent au deux sens. Du prov. escouba, mêmes
sens.
ESCOUFI n. m. et adj.
Renfermé, manquant d'aération. Surtout dans la loc. sentir l'escoufi, sentir le renfermé. Usuel,
Marseille. Variante phonétique : escoufi (influence des mots en -i atone du fr. régional, voir
ESPÉLOUFI). Du prov. escoufi, même sens.
ESCOURCHE n. f.
Raccourci."On va prendre une escourche". Peu fréquent. prov. escourcho, même sens. Voir
ESCOURCHIR.
ESCOURCHIR v.tr.
Raccourcir. "il est en train d'escourchir la haie" ; "les escourchis de la Révolution" (les
décapités). Peu fréquent. Du prov. escourchi, même sens. Voir ESCOURCHE.
ESCOURRIR (S') v. intr.
Couler, s'écouler "Ça s'est escourru toute la nuit, il faut réparer la fuite". Peu fréquent,
Haute-Provence. Du prov. escourre, même sens ; de courre, courir. Dérivé : escourrille (n.
f.), écoulement d'eau, fuite d'eau (usuel, Haute-Provence), du prov. escouriho, même sens.

ESCOURTIN n.m.
Panier destiné à recueillir la pâte d'olives pressées, dans un moulin. Peu fréquent, technique
agricole. Variante : scourtin. Du prov. escourtin, même sens.
ESCOUTE interj.
Écoute!, interjection destinée à attirer l'attention de son interlocuteur. "escoute, tu viens ou tu
viens pas?". Peu fréquent. Du prov. escouto, même sens, litt. "écoute!", impératif 3e personne
du v. escouta, écouter.
ESCRÉBOULI adj.
Malingre. Rare, Verdon. Du prov. escrebouli, même sens.
ESCUDÉ n. m.
Sorte de pansement traditionnel constitué d'un morceau de coton imbibé d'eau-de-vie et
éventuellement fumé à l'encens. (mentionné par Giono dans Colline). Rare, rural, vieilli. Du
prov. escudet, même sens, litt. "petit écu".
ESPALAVARDÉ adj.
Épouvanté. Rare, rural, Var. Du prov. espalavarda, même sens.
ESPARCET n. m.
Sainfoin. Peu fréquent, rural. Du prov. esparcet, même sens.
ESPARPAILLER v. tr. et pron.
Éparpiller. "La brume s'esparpaille". Peu fréquent, Marseille, Haute-Provence. Du prov.
esparpaia, même sens.
ESPÉCER v. tr.
Mettre en pièce. "il m'a espécé la vaisselle". Du prov. espeça, même sens, de pèço, pièce.
ESPÉLOUFI adj.
Dépeigné, hirsute (f. espéloufide)."un homme espéloufi" ; "t'es toute espéloufide". Variantes :
espéloufi (m., effet du -i final sur la tonique chez les jeunes- ; espéloufie (f., chez les jeunes).
Du prov. espeloufi, espeloufido, même sens, de péu, poil, cheveu. Voir ESPLOUMASSÉ,
ESCOUFI.
ESPÈRE n. f.
Employé dans la loc. usuelle chez les chasseurs chasser à l'espère, chasser en embuscade,
dans un agachon*. Du prov. cassa à l'espèro, chasser en embuscade, de espera, attendre.
ESPINCHER v. intr. et tr.
Espionner, regarder à la dérobée. "Qu'est-ce qu espinches?". Très fréquent. Du prov.
espincha, même sens. Voir RÉGARDAÏRÉ.
ESPLOUMASSÉ adj.
Décoiffé. Usuel, Marseille. Du prov. marseillais esploumassa, même sens, litt. "éplumé". Voir
ESPÉLOUFI.
ESPOUTI adj.
Écrabouillé(e). "La bagnole elle est complètement espoutie" (après un accident). Très
fréquent, Marseille. Du prov. espouti, écraser. Voir ESCAGASSER.
ESQUE n. f.
1. Ver de vase (hesione festiva plantera) dont on fait couramment un appât pour la pêche. 2.
Diverses sortes de petits appâts pour la pêche (vers notamment). Usuel sur la côte. Très
fréquent dans la loc. : Va te faire une soupe d'esques pour envoyer un importun au diable. Du
prov. esco, même sens. Voir MOURREDU, PIADE.

ESQUICHER v. tr.
Serrer, écraser. "Dans le tram, on est esquichés comme des anchois" ; "Esquiche ton pan
bagna, ça coule!". Très fréquent, emblématique. Du prov. esquicha, même sens. Voir
QUICHER.
ESQUINE n.f.
Dos. Peu fréquent, viaillissant. Du prov. esquino, même sens. Le mot a été connu en fr. dans
le jargon de l'équitation.
ESQUINADE n. f.
Araignée de mer (maia squinada). Usuel sur la côte. Du prov. esquinado, même sens.
ESQUINETTE (FAIRE) loc.
Faire la courte échelle. Usuel, viaillissant. Du prov. faire esquineto, même sens, litt. "petit
dos". Voir CAMBETTE.
ESQUIROL n. m.
Écureuil. Rare, rural. Haute-Provence. Du prov. esquiròu, même sens.
ESTABLON n. m.
Petite étable ou écurie. Rare, rural. Du prov. establoun, même sens, de estable, étable, écurie.
ESTAGNÉ n. m.
Vaisselier, meuble traditionnel prov. destiné à exposer la vaisselle (à l'origine en étain). Usuel
pour désigner ce meuble. Du prov. estagné, même sens, de estan, étain.
ESTAGNON n. m.
Bidon de fer ou d'étain destiné à recueillir l'huile d'olive ou l'essence de lavande. Usuel,
technique, Haute-Provence, Haut-Var. Du prov. estagnoun, même sens, de estan, étain.
ESTAMAÏRÉ n. m.
Étameur. Nom de l'un des santons de la crèche traditionnelle. Rare, usité surtout à propos de
la crèche. Du prov. estamaire, même sens.
ESTAMPER v. tr.
Faire payer trop cher. "ne vas pas là, tu vas te faire estamper". Usuel. Du prov. estampa,
même sens, au propre "timbrer, frapper".
ESTAMPÈOU n. m.
Boucan, scandale. Très fréquent, surtout dans la loc. Faire un estampèou, faire un scandale.
Du prov. estampèu, même sens, de estampa, frapper.
ESTIFLÉ adj.
Engoncé. Peu fréquent, Var. Du prov. estifla, même sens. Voir GEORGES.
ESTOMAC n. m.
Poitrine (surtout en parlant des femmes, par euphémisme). "C'est bien la peine d'avoir
l'estomac comme deux monuments" (Pagnol, Fanny). Peu fréquent, vieilli. Sens connu en fr.
classique et dans certains fr. locaux, ainsi qu'en prov. où estouma possède également ce sens.
ESTOMAGADE n. f.
Choc nerveux, grande émotion."Se prendre une estomagade". Très fréquent. Du prov.
estoumagado, même sens, de estouma, estomac, poitrine.
ESTOUFADOU adj.
Bourratif, en parlant d'un aliment. Usuel. Variante : stoufadou (Marseille). Du prov.
estoufadou, même sens, litt. "étouffeur", de estoufa, étouffer. Voir ESTOUFE-GARRI.
ESTOUFER v. intr. et tr.
Étouffer."Vé*-le qui s'estoufe, peuchère*!". Du prov. estoufa, même sens. Voir ESTRASSER,
ESCANER.
ESTOUFE-GARRI adj. et n. m.
Bourratif, en parlant d'un aliment. "La polenta, c'est (un) estoufe-garri". Usuel, Marseille. Du
prov. estoufo-gàrri, même sens, litt. "étouffe-rat". Voir ESTOUFADOU.
ESTRAMASSER (S') v. pron.
Tomber de tout son long. Usuel. Du prov. s'estramassa, même sens. Voir EMBRONCHER.
ESTRAMBORD n. m.
Enthousiasme."Il est plein d'estrambord". Peu fréquent. Du prov. même mot même sens.

ESTRANCI n. m.
Angoisse, chagrin."mourir d'estranci" (Pagnol, Fanny). Peu fréquent, Marseille. Du prov.
estrànci, même sens. Voir ESTRANCINER.
ESTRANCINER v.tr. et intr.
Angoisser, causer du chagrin."Je suis toute estrancinée" (Pagnol, Marius). Usuel, vieilli. Du
prov. estrancina, même sens. Voir ESTRANCI.
ESTRANGER n. m.
Étranger (à la ville, à la région). Usuel. Forme d'insistance et de moquerie par rapport à
étranger. Aussi dans la loc. des estrangers du dehors, calque du prov. d'estrangié dóu
defouaro, "des étrangers du dehors" (car en prov. estrangié signifie surtout "inconnu" et peut
s'appliquer à des gens de la commune voisine). Du prov. estrangié. Voir PAYOT.
ESTRANGLADOU n. m.
Goulot d'étranglement, passage très étroit. Peu fréquent. Du prov. estrangladou, même sens,
de estrangla, étrangler.
ESTRANGLER v. tr.
Étrangler. "Attention, qué*, tu vas t'estrangler". Peu fréquent. Forme plus expressive que
étrangler. Du prov. estrangla, même sens. Voir ESTRASSER, ESCANER.
ESTRASSE n. f.
1. Chiffon."Une estrasse pour faire luire les souliers". 2. Salaud. "C'est une estrasse, cet
homme!" (en parlant de Mussolini). Du prov. estrasso, mêmes sens. Voir ESTRASSER.
ESTRASSER v. tr.
Déchirer. "un pantalon tout estrassé". Usuel. Se dit aussi de quelqu'un qui tousse fortement :
"Ioou, tu t'estrasses?8". . Aussi employé dans la loc. : s'estrasser de rire, rire très fort, à en
perdre la respiration. Du prov. estrassa, même sens. Voir ESTRASSE.
ESTRAVIRÉ adj.
Hagard, en parlant du regard. "Les yeux estravirés". Peu fréquent, Haute-Provence, Var.
Variante : traviré (Haute-Provence). Du prov. estravira, même sens, litt. "retourné".
ESTRIGOUSSER (S') v. pron.
Se disputer. Peu fréquent, Marseille. Du prov. s'estrigoussa, même sens. Voir
DÉBÉQUIGNER.
ESTRON n. m.
Étron. Peu fréquent. Surtout employé dans la loc. peu fréquente briller comme un estron sur
une lanterne, se voir comme le nez sur la figure, tomber comme un cheveu sur la soupe. Du
prov. estroun, même sens.
ESTROPIADURE n. f.
Fait ou résultat d'estropier quelque chose, notamment des éléments linguistiques. "Avec cet
engin, tu vas te faire une estropiadure un de ces jours" (l'engin est une tronçonneuse) ; "Ce
mot, c'est une estropiadure" ;"dire des estropiadures", raconter des choses sans valeur. Du
prov. estroupiaduro, même sens, de estroupia, estropier.
ESTUBADE n. f.
Panique générale (Var). "Il y a eu une brave* estubade". Du prov. estubado, même sens, au
propre "fait d'être enfumé".

F
FADA adj. et n. m. (f. fadade)
1. Déraisonnable. "Tais-toi, fada!" ; "Elle est fadade". 2. Qui ne fonctionne pas. "Il a la jambe
fadade". Très fréquent, emblématique. Bien que ce mot tende à se répandre ailleurs en France,
il conserve en Provence un sens particulier distinct de celui de "fou" (cf. le titre du disque de
Quartiers Nord, Fous mais pas fadas) et un f. directement issu du f. prov. Du prov. fada,
fadado, mêmes sens, litt. "marqué par le sort, ensorcelé", de fado, fée. Voir FADOLI,
MOMO, FONDU, TITOUN.
FADOLI n. m. et adj.
Un peu fada, gentiment idiot. "Oou*! Fadoli! Laisse ça!" ; "ils sont fadoli(s)". Perçu et usité
en fr. régional comme une forme atténuée de fada*, ce mot est à l'origine une loc. fa d'òli, litt.
"qui fait de l'huile", signifiant "poltron" (allusion à une loc. prov. selon laquelle un poltron
tirerait de l'huile d'une olive serrée entre ses fesses). Usuel. Voir FADA.
FAÏSSE n. f.
Terrasse de culture sur un côteau. Peu fréquent, rural. Haute-Provence. Du prov. faisso, même
sens. Voir BANCAOU et RESTANQUE.
FAÏ TIRA loc. v.
Avance !, continue !. "Allez zou*, faï tira!" (deux hommes en train de transporter une
armoire). Souvent complété ainsi : faï tira, Marius!. Très fréquent. Parfois usité sous une
forme francisée : fais tirer. Du prov. fai tira, même sens, même usage.
FAN excl.
Employé pour accompagner toute sorte de sentiments, surprise, admiration, lassitude, etc.
"Fan! C'est pas donné". Très fréquent, emblématique. Entre dans de nombreuses excl.
composées calquées du prov. : fan de chichourle* (la jujube est une métaphore des
testicules), fan de chichou / de tchitchou (…de rien), fan de pied (ancienne monnaie), fan de
chine (chienne, du prov. chino), fan de garce, fan de pute, fan de putain, fan de couillon…
Toutes ces loc. sont construites sur la matrice "fils de + injure portée à la mère ou au père, de
façon métaphorique ou directe", mais ne sont jamais utilisées comme injures. Du prov. fan,
forme réduite de enfant, fils. Voir ENFANT, FATCHE.
FANGOULE (VA) loc.
Va te faire enculer (forme non explicite atténuée). Usuel, Marseille, Var. De l'italien (ou d'une
autre variété italique) va fa 'n culo, même sens. Voir ENFÉVÉ, CAGUER.
FANGUE n. f.
Boue. Peu fréquent. Du prov. fango, même sens. Voir PAOUTE et TRINCHE.

FAQUINE n. m.
Manteau usé. Rare, vieilli, Marseille. Du prov. faquino, même sens.
FATCHE excl.
Mot entrant dans la composition de nombreux jurons calqués du prov. (très fréquent,
emblématique, sur toute la côte) : fatche de con, fatche de pute. Aussi employé seul : fatche
de…, fatche!, formes atténuées. On rencontre même fatche d'inte (Var) et fatche d'enti
(Marseille), par immitation du juron italien accidente). Du prov. maritime facho, face, de
faccia, emprunté à un parler d'Italie. Voir FAN.
FATIGUÉ adj.
Mourant. "il est bien fatigué" (annonce un décès proche). Spécialisation ironique du mot fr.
sous influence du prov. fatiga, même sens ("fatigué" se dit las ou creba en prov.).
FAUSSON n. m.
Serpe. Rare, rural, Var. Du prov. faussoun, même sens, diminutif de l'ancien prov. faus,
faucille.
FAVOUILLE n. f.
1. Petit crabe qui court sur les rochers (cancer moenas). "Une soupe de favouilles". 2. Idiot.
"Qué* favouille, ce petit!". Usuel dans les deux sens. Du prov. favouio, mêmes sens.
FENESTRON n. m.
Petite fenêtre. Très fréquent. variante : fénestron. Du prov. fenestroun, même sens, diminutif
de fenestro, fenêtre.
FÉNIÈRE n. f.
Grange à foin. "Coucher à la fénière" (Giono, Colline). Usuel, rural, Haute-Provence. Du
prov. feniero, même sens, de fen, foin.
FERRADE n. f.
Fête du marquage des taureaux. Usuel, Camargue et alentours. Du prov. ferrado, même sens,
de fèrri, fer. Voir BOUVINE.
FÉRIBOITE n. m.
Nom usuel du bateau public qui traverse le Vieux-Port à Marseille. Prononciation à la
française de son nom anglais affiché à l'origine : ferry-boat. Usuel. Emblématique (comme le
bateau lui-même).
FIÉLA n. m.
Congre, poisson (conger conger ou muroena conger). Usuel, côte. Du prov. fielas, même sens.
FIFI n. m.
1. Nom de diverses sortes de pouillot (petits oiseaux, philloscopus). 2. (fig.) Personne frêle et
souffreteuse."Peuchère! C'est un fifi depuis qu'il est malade". Du prov. fifi, mêmes sens. Voir
CHA-CHA, TOURDRE, MISTOULINET.
FIFRE n. m.
Idiot. "Regarde-moi-le, ce fifre!". Sens du prov. fifre attribué au mot fr., probablement à cause
de la futilité de l'activité fifre (joueur de fifre). Voir GALOUBET.
FILADE n. f.
Bagarre. "y a eu filade à la récré". Usuel, récemment répandu, Marseille. Suffixation à la
provençale de filer, dont le sens s'est notamment spécialisé à Marseille sur celui de "se filer
(des coups)".

FILAGNE n. f.
Rangée de ceps. Peu fréquent, rural, technique agricole, Var. Du prov. filagno, même sens, de
filo, file. Voir LEILLE.
FINOCHE adj.
Malin. "elle est finoche". Usuel. Du prov. finòchou, finocho, même sens.
FIOLI n. m.
Bourgeois conservateur. Peu fréquent, vieilli, Marseille. Du prov. fiòli, même sens, d'origine
incertaine.
FIOUPÉLAN n. m.
Sorte de gros crabe aux pattes poilues (cancer pilosus). Usuel (n'est connu que sous ce nom).
Du prov. fiéu-pelan, même sens.

FLAÏ n. m.
Pastis. "sers-moi un flaï". Usuel, récent, Marseille. Variante graphique sous influence
anglaise : fly. Origine incertaine. Voir JAUNE, PASTIS.
FLEÏTER v. intr.
Boire un coup. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. fleita, même sens. Voir
CHIMER.
FLOQUER v. intr.
Neiger. Rare, rural, Haute-Provence. "Il floque aujourd'hui". Du prov. flouca, même sens.
FOND n. m.
Ampleur d'un vêtement."Cette robe a pas assez de fond". Peu fréquent, Marseille. Sens du
prov. founs, litt. "profond". Voir FONDRE.
FONDRE v. tr.
Donner du fond*, c'est-à-dire de l'ampleur (à un vêtement). "Je vais te fondre ton pantalon".
Peu fréquent, terme technique de couture, Marseille. Du prov. foundre, même sens, litt.
"fondre".
FONDU adj.
Fou. "Mais il est fondu, ce petit!". Usuel, Marseille. Sens du prov. foundu, "démoli, raté" (cf.
un aiet foundu "un aïoli raté", foundre un oustau "démolir une maison"). Voir FADA.
FOU (PAPIER) loc.
Papier de soie. Rare, vieilli. Calque du prov. papié fouale, papié foui, même sens, de fouale,
foui, fou. Voir FOUALÉ.
FOUALÉ adj. m.
Fou. "Il est foualé". Peu fréquent, Var. Du prov. fouale, même sens.
FOUGASSE n. f.
Pain prov. en forme d'échelle, souvent parfumé aux anchois, aux olives, aux herbes, etc.
Diminutifs : fougasson, fougassette. Très fréquent (connu ailleurs en France mais sauf les
dominutifs). Du prov. fougasso, fougassoun, fougasseto.
FOURRE n. f.
Grande quantité."Une fourre de châtaigne" ; "Une fourre de rire". Usuel. Du prov. fourro,
même sens.
FOUTRELLE n. f.
Aristoloche clématite (plante parasite qui pousse dans la vigne). Peu fréquent, rural.
Probablement du prov. foutrello, même sens. Le fr. du XVIe connaissait foterlle, aristoloche
ronde.
FRACHAN n. m.
Terre mêlée de gravas. Peu fréquent, Var. Du prov. frachan, même sens.
FRESCUN n. m.
Fraicheur. "dans la maison on tient un peu de frescun". Peu fréquent, Marseille. Mot prov.,
même sens, dérivation de fres, fresco, frais, fraiche. Voir COUILLOUNUN, FRESQUE.
FRESQUE n. f.
Fraîcheur."Travailler à la fresque". Peu fréquent. Du prov. fresco, même sens. Voir
FRESCUN.
FROTADOU n. m.
1. Paille de fer destinée au nettoyage. 2. Endroit où l'on flirte. 3. Endroit exigu où une femme
risque de se faire toucher par un homme (transport public bondé, queue au cinéma, etc.). Peu
fréquent, vieilli aux sens 1 et 2, usuel au sens 3. Du prov. froutadou, fretadou, même sens, de
frouta, freta, frotter (v. à connotations érotiques). Voir FROTTEUSE, CHASPER.
FROTTEUSE n. f.
Fille ou femme qui aime se faire frotter, c'est-à-dire recevoir des attouchements
érotiques."C'est une frotteuse". Dérivé de frotter, sens érotique sous influence du prov. frouta,
freta. Voir FROTADOU, FURER.
FURER v. tr. et intr.
1. Draguer, chercher une persone du sexe opposé. "au balèti* il y va que pour furer". 2.
Flirter, se livrer à des baisers et des caresses. "ces deux-là, ils ont dû furer toute l'après-midi"
(à propos d'un couple d'adolescents). Au sens 2, on dit aussi se furer. Très fréquent dans les 2
sens. Du prov. fura, même sens, au propre, fouine. Voir CHASPER, FROTADOU.
FURNER v. intr.
Fureter. "Ij'ai furné de partout et je l'ai pas trouvé". Usuel. Du prov. furna, même sens. Voir
RAFÉGUER, DESTROUQUER.
FUSTÉGER v. intr.
Tailler ou sculpter le bois. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. fusteja, même sens.
G

GABIAN n. m.
1. Goëland. 2. (au plur.) Ensemble des oiseaux de mer semblables au goëland (mouettes,
pétrels…). Très fréquent. Aussi dans la loc. : "avoir la maladie du gabian" (n'être malade que
dans la tête, se prétendre malade mais être en bonne santé) ; allusion à un dicton qui rime en
prov. : A la malautié dóu gabian… la tèsto malauto e lou be san, il a la maladie du gabian, la
tête malade et le bec sain. Du prov. gabian, goëland.
GABION n. m.
Construction pour étayer les berges d'un canal d'irrigation. Peu fréquent, rural, technique
agricole, Haute-Provence. Origine incertaine : mot connu en fr. commun au sens de
"fortification militaire", et dans certaines langues d'Oïl avec des sens proches (par exemple en
normand et en picard, "abri enterré pour la chasse à l'affût du gibier d'eau"). Probablement au
moins sous influence directe du prov. gabioun, fortification d'un canal d'irrigation.
1. GACHE n. f.
Fait de plaire à quelqu'un. "Avoir la gache, avoir une gache", avoir un ticket avec une
personne du sexe opposé. Du prov. agacho, regard, de agacha, regarder.
2. GACHE n. f.
Travail au noir. Modification du sens du mot argotique fr. gache, travail tranquille,
probablement sous influence du prov. gacho, sentinelle, guet, de agacha, regarder. Cf.
GACHE 1.
GACHE-EMPÈGUE n. m.
Mauvais ouvrier. "travailler comme un gache-empègue". Peu fréquent, Marseille. Du prov.
gacho-empego, même sens, litt. "remue et colle" (à propos de l'apprenti-maçon qui fait un
travail grossier). Voir EMPÉGUER, GAFÈTE, GAMATE.
GAFÈTE n. m.
1. Employé subalterne. 2. Aide, apprenti. "Moi je suis que le gafète". Peu fréquent, Marseille.
Du prov. gafètou, clerc d'huissier.

GAILLARD adj.
Fort, en bonne santé. "Il va mieux : je l'ai trouvé tout gaillard". Sens du prov. gaiard, n'ayant
aucune connotation sexuelle.
GALAVARD n. m. et f., adj.
Goinfre."C'est une galavarde". Peu fréquent.,Du prov. galavard, même sens.
GALÉGER v. intr.
Plaisanter. Usuel, emblématique. Du prov. galeja, même sens. Dérivés : galéjade, n. f. passé
en fr. commun, du prov. galejado, même sens ; galéjeur, n. m. plaisantin, équivalent du prov.
galejaire.
GALINE n. f.
Poule. "Le maïs, c'est bon pour les galines" (quelqu'un qui n'aime pas la polenta). Peu
fréquent, Provence occidentale. Du prov. galino, même sens.
GALINETTE n. f.
Nom de trois sortes de rouget-grondin de Méditerranée, poissons (trigla corax, trigla milvus,
trigla aspera). Du prov. galineto, même sens, mot qui désigne uniquement le trigla corax pour
les pêcheurs (en prov. le milvus est appelé belugo et l'aspera, petaire). Voir LUCRÈCE,
ROUCAOU.
GALOUBET n. m.
Petite flûte, instrument traditionnel provençal que l'on accompagne du tambourin. Usuel. Du
prov., même mot, même sens. Voir MASSETTE, TAMBOURINAÏRÉ.
GAMATE n. f.
1. Auge de maçon. 2. (par ext.) Grand récipient (marmite, cuvette, etc.). "J'ai chaviré la
gamate" j'ai renversé la casserole. Usuel. Aussi dans la loc. usuelle chanter comme une
gamate chanter très mal. Du prov. gamato, mêmes sens et même loc.
GANARE n. f. et adj.
Ivresse. "Se prendre une ganare" ; ivre. "il est ganare". Usuel. Du prov. ganaro, même sens
et mêmes usages.
GANTCHOU n. m.
1. Esse de boucher, crochet. "Il nous faut un gantchou". (Marseille, Var, Haute-Provence). 2.
Dentier, dentition (Marseille)."Hé bé, on a plus qu'à te refaire le gantchou". Peu fréquent
dans les deux sens. Du prov. gànchou, mêmes sens.
GANGASSER v. tr.
Secouer fortement. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. gangassa, même sens. Voir
GANSAILLER, BOULÉGUER.
GANSAILLER v. intr. et tr.
Remuer, secouer."j'ai une dent qui gansaille" ; "il faut pas gansailler les bébés". Du prov.
gansaia, mêmes sens. Voir GANGASSER, BOULÉGUER.
GANSE n. f.
1. Boucle, nœud en forme de papillon que l'on fait à un lacet, un ruban, etc. "je vais
t'apprendre à faire une ganse" (un père à son fils). 2. (par ext.) nom des pâtes nommées
papillons en fr. commun et farfalle en italien. Du prov. ganso, mêmes sens. Le fr. commun a
emprunté ce mot au prov. en en limitant le sens a "ruban plat tressé pour attacher, orner, ou
border un vêtement".
GAOUBI n. m.
Don, agilité. "Il a pas de gaoubi" il n'est pas doué. Usuel, Var. Du prov. gàubi, même sens.
Voir BIAIS.
GAOUTE n. f.
Versant d'une colline. Rare, rural, Haute-Provence, Haut-Var. Du prov. gauto, même sens, au
propre, joue.
GARAGAÏ n. m.
Gouffre. "elle aime les garagaï" (à propos d'une amatrice de spéléologie). Rare. Usité aussi
dans la loc. peu fréquente : "ingurgiter comme un garagaï", boire et/ou manger beaucoup.
Du prov. garagai, même sens, nom d'un gouffre célèbre de la montagne Sainte Victoire.
GARBEÏRON n. m.
Petite meule de foin. Rare, rural, Haute-Provence. Du prov. garbeiroun, même sens.
GARDON n.m.
Tuteur pour les plantes "il faut mettre des gardons aux fayots". Rare, rural. Du prov.
gardoun, même sens.
GARDONADE n. f.
Crue d'un gardon, affluent du Rhône coulant depuis les cévennes gardoises. Usuel, vallée du
Rhône. Du prov. gardounado, même sens. Voir VIDOURLADE.
GARGAMELLE n. f.
Gorge. Usuel. Probablement du prov. gargamello, même sens. Mot emprunté par le fr. au
prov. au XVIe et tombé en désuétude en fr. commun. Voir GARGATIÈRE
GARGATIÈRE n. f.
Gorge. Rare. Du prov. gargatiero, même sens. Voir GARGAMELLE.
GARRI n. m.
Surnom affectueux des garçons, parfois employé pour des hommes adultes."Ho! Mon garri!".
Usuel, comme dans les loc. :"Avoir le garri" être en colère sans raison (Haute-Provence) ;
"Un sac de garri" un embrouillamini ; "faire le garri, faire le garri-baboou" envoyer une
lumière dans les yeux de quelqu'un à l'aide d'un miroir (jeu enfantin). Du prov. gàrri, mêmes
sens et mêmes usages, au propre, rat. Variante : garri-grioulé, surnom affectueux des enfants
(peu fréquent, Haute-Provence), du prov. gàrri-griéule, loir.
GARROUILLE n. f.
Querelle. Très fréquent. Du prov. garrouio, même sens.
GATET (FAIRE) loc.
Faire calin. "Viens faire gaté avec mémé". Se dit usuellement aux enfants, Marseille, Var. Du
prov. faire gatet, même sens, litt. "faire le petit chat". Voir GATOUNE.

GATOUNE n. f.
Nom affectueux adressé aux petites filles, région Marseillaise. Usuel. Du prov. gatouno,
chaton femelle. Voir GATET.
GATSOU n. m.
Pénis. Usuel, Marseille. Du corse cazzu, même sens. Voir VIÉ, ENGATSE.
GAVATCHOT n. m.
Campagnard, personne mal vêtue (péjoratif)."il est habillé comme un gavatchot". Peu
fréquent, Marseille, Aix, Var. Du prov. gavachot, même sens, diminutif de gavacho,
gavàchou, gavouot, montagnard. Voir GAVOT, PACOULE, PATARAS.
GAVOT n. m. et adj.
1. Provençal(e) de la montagne, de Haute-Provence. "le pays gavot" ; "il parle le provençal
gavot" ; "salut les Gavots!". 2 Campagnard rustre (péjoratif, Provence méridionale, Basse-
Provence). Usuel au sens 1, peu fréquent et vieillissant au sens 2. qui s'explique par le fait
qu'en Provence méridionale, les gavots avaient traditionnellement la réputation d'être arriérés
(venant d'une zone de montagne rurale). On traite encore usuellement de gavots les
conducteurs de véhicules immatriculés 04 (Alpes-de-Haute-Provence) à Marseille et Aix. Du
prov. gavouot, gavot, mêmes sens. Voir GAVATCHOT, PACOULE et PIQUE-MOUTE.
GIBE n. f.
Bosse. "Il est sorti du dentiste avec une gibe coum'aco* sur la joue". Usuel. Du prov. gibo,
même sens.
GIBLÉ adj.
Plié, tordu. "Un arbre giblé par le mistral". Peu fréquent. Du prov. gibla, même sens.
GIN-GIN (FAIRE) loc.
Trembler. "si tu te couvres pas plus, tu vas faire gin-gin". Usuel. Du prov. faire gin-gin,
même sens.
GINESTIÈRE n. f.
Lieu planté de genêts. Usuel en toponymie vivante. Du prov. ginestiero, même sens, de
ginesto, genêt.
GIRELLE n. f.
1. Nom de divers poissons de Méditerranée très proches les uns des autres (labrus juli, julis
pavo, labrus hebraïcus), dont la girelle royale (curis juli). 2. Jolie fille maquillée (Marseille, à
cause des couleurs vives des poissons du même nom). Très fréquent au sens 1 (seul nom
connu de ces poissons), peu fréquent au sens 2. Du prov. girello, mêmes sens.
GISCLER v. intr.
Gicler, jaillir. " Ça giscle!" (Pagnol, Jean de Florette). Peu fréquent. Du prov. giscla, même
sens.
GISCLET n. m.
1. Petit jet d'eau (peu fréquent). 2. (par ext.) Petit homme maigre (usuel, Marseille). Du prov.
gisclet, diminutif de giscle, jet, mêmes sens.
GLAIRE n. f.
Blanc d'œuf, surtout cru. "j'aime pas les œufs au plat qui ont encore la glaire". Usuel. Mot fr.
archaïque en ce sens, sous influence du prov. claro, mêmes sens. Voir ROUX.
GLORI n. f.
1. Gloire. "Il fait ça pour la glori". 2. (au plur.) Testicules. "son short badait* et on y* voyait
les glori". Usuel (Marseille au sens 2). Du prov. glòri, mêmes sens. voir ALIBOFI,
AMANDONS.
GNASQUER voir NIASQUER
1. GOBI n. m.
Gobie, goujon de mer (petit poisson, gobius cruentatus). Usuel sur la côte. Aussi dans les
loc. : "faire le gobi" faire l'idiot ; "faire des yeux de gobi" avoir l'air idiot. Du prov. gòbi,
même sens ou prononciation à la provençale du mot fr. sous influence du mot prov.
équivalent. Voir BOGUE.
2. GOBI adj.
Gourd (en parlant des doigts ou des mains)."J'ai les mains gobi(es)". Peu fréquent, vieilli. Du
prov. gòbi, même sens.
GOÏ adj.
Boiteux. "Il est goï". Peu fréquent, rural. Du prov. goi, même sens. Dérivé : gouilléger, boiter
(peu fréquent, Var), du prov. gouieja, même sens.
GONFLE adj.
1. Gonflé "Il est gonfle de prétention". 2. Triste. "Je suis gonfle" j'ai le cœur gros. Du prov.
gounfle, mêmes sens, de gounfla, gonfler. Mot connu en certaines langues d'Oïl. Voir ENFLE,
TREMPE.
GOUAÏ voir OUAÏ
GOUNFLAÏRÉ n.m.
Emmerdeur. Usuel. Du prov. gounflaire, même sens, de gounfla, gonfler, énerver.
GOUSTARON n. m.
Goûter pris vers 17 heures. Peu fréquent, rural, Var. Du prov. goustaroun, même sens,
diminutif de gousta, goûter.
GRAFIGNER v. tr.
Égratigner. Usuel. Probablement du prov. grafigna, même sens. Mot connu en certains fr.
locaux.
GRALETTE n. f.
Tronc d'arbre évidé recueillant l'eau d'une source. Peu fréquent, Verdon. Du prov. graleto,
même sens, diminutif de grau, auge, récipient.
GRAME n. m.
Chiendent (plante). Usuel, rural, Var. Du prov. grame, même sens.
GRANDAS adj. et n. m.
Très grand. "C'est un grandas, il est grandas, elle aussi elle est grandasse" (en parlant d'un
frère et d'une sœur). Usuel. Du prov. grandas, grandasso, même sens, augmentatif de grand,
grand.
GRANGEON n. m.
Petite grange (petite ferme dans le Vaucluse). Usuel. Du prov. granjoun, même sens, de
granjo, grange (ferme, dans le Vaucluse). Mot connu en certaines langues d'Oïl. Voir
BASTIDON, ESTABLON.
GRANITA n. f.
Sorbet pilé que l'on vend dans les rues. Usuel. Mot italien.
GRAS (FAIS-TOI) loc.
Fais-toi riche, loc. employée par dérision. "Avec ce salaire, fais-toi gras!". Calque du prov.
fai-ti gras, même sens.
GRILLADOU n. m.
Lieu manquant d'ombre, où l'on grille au soleil. Usuel, Marseille. Du prov. grihadou, même
sens, de griha, griller.
GROULE (EN) loc. adv.
En écrasant les talons (en parlant de chaussures). "Mettre les espadrilles en groule" sans
enfiler le talon, comme des sandales. Peu fréquent, Marseille, Var. Du prov. en groulo, même
sens, de groulo, sandales.
GRUPI n. f.
Mangeoire. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. grùpi, même sens.
GUICHET n. m.
Loquet. Peu fréquent, vieilli. Du prov. guichet, guinchet, même sens. Mot connu en certaines
langues d'Oïl.
GUINCHER v. intr. et tr. ind.
Faire un clin d'œil, fermer un seul œil. "Mets tes lunettes de soleil au lieu de guincher" ; "Tu
triches : je t'ai vu lui guincher". Ne signifie pas "danser", comme dans d'autres régions. Du
prov. guincha, même sens ; connu en certaines langues d'Oïl. Voir GUINCHO.
GUINCHOT adj.
1. Affecté d'un strabisme. "il a les yeux guinchots" ; "il est guinchot". 2. Affecté d'une
mauvaise vue. Variantes : guinchou ou guèchou. Usuel, Marseille. Du prov. guìnchou,
guènchou, et diminutif guinchot, mêmes sens.
GUINGOÏ (DE) loc. adv.
De travers. "Tu as mis ta cravatte tout de guingoï". Usuel. Du prov. de guingoi, même sens.
Voir BISCANTI, JINGANGOÏ.
GUINTER voir AGANTER
GUSAS n. m.
Bandit, voyou (injure). Peu fréquent. Du prov. gusas, même sens, augmentatif de gus, gueux.
H
HECTO n. m.
Unité de mesure de 100 grammes utilisée dans le commerce. "Donnez-moi deux hecto(s) de
crevettes" ; "un beef d'un hecto". Peu fréquent, vieillissant. Abréviation de hectogramme.
HERBETTE n. f.
Petite blette. Peu fréquent, Var. Du prov. erbeto, même sens.
HERBE BLANCHE loc. n. f.
Fausse roquette (diphotaxis, plante). Peu fréquent, rural, Var. Du prov. erbo blanco, même
sens.
HERBE AU SAUCISSON loc. n. f.
Germandée tomenteuse (plante dégageant une odeur de poivre). Peu fréquent, rural, Var. Du
prov. erbo au saucissoun, même sens.

I
ISCLE n. f.
Banc de sable au milieu ou au bord de la Durance. Usuel, régions traversées par la Durance.
Du prov. isclo, île.

J
JARRON n. m.
Petite jarre. "Un jarron d'olives cassées". Usuel. Aussi employé dans la loc. injurieuse peu
fréquente : "avoir le genre jarron-tinette" avoir l'air d'une prostituée, qui se dit d'une femme
facile et aguichante à Marseille, probablement d'un sens ancien de jarron, pot-de-chambre,
renforcé par le mot tinette, du prov. tineto, cuvette, signifiant aussi pot-de-chambre.
Du prov. jarroun, même sens ; de jarro, jarre.
JAUNE n. m.
Pastis. Usuel, mais sujet à discussion : certains n'apprécient pas du tout ce terme qu'ils
considèrent comme méprisant pour cette boisson hautement symbolique, et l'accuse d'être un
mot parisien. Voir FLAÏ, PASTIS.
JAS n. m.
Bergerie. Usuel, surtout en toponymie vivante. Du prov. jas, même sens. Connu dans tout le
Midi.
JEAN-QUÉ-FAS loc.
Personne qui ne fait pas grand chose. "X, c'est Jean-qué-fas, toujours à trainasser". Peu
fréquent, Marseille. Du prov. Jan, que fas?, même usage, litt. "Jean que fais-tu?". Voir
SANTON, MOULINARI.
JEAN-TRÉPASSE loc.
Personne prétentieuse. "si tu l'écoutes, c'est Jean-Trépasse". Usuel. Du prov. Jan-Trepasso,
même sens, de trepassa, surpasser. Jan-Trepasso est le titre d'une célèbre chanson en prov. de
l'écrivain marseillais Victor Gelu. Voir MICHEL L'HARDI.
JINGANGOÏ voir GUINGOÏ.
JOBASTRE n. m. et adj.
Imbécile. "Ce type, il est jobastre, c'est un jobastre, je te dis!". Usuel, Marseille. Du prov.
joubastre, augmentatif péjoratif de Job, nom d'un personnage de la Bible. Voir DJOBI.
JOGELIN n. m.
Cabri assexué. Rare, rural, technique agricole, Verdon. Du prov. gavot jau-jalin, coq-poule,
coq qui glousse comme une poule.
JOUVÉNAS n. m.
Jeune homme."Adieu! Jouvénas!", Bonjour, jeune homme. Peu fréquent, Var. Du prov.
jouvenas, même sens, augmentatif de jouvènt, jeunesse, lui-même de jouve, jeune.

L
LABÉ n. m.
Vent violent du Sud-Ouest, sur la côte. Peu fréquent. Du prov. labé, même sens.
LABRÈNE n. f.
Salamandre. Peu fréquent. Var. Du prov. labrèno, même sens.
LAGREMUSE voir LARMEUSE
LAÏSSO M'ESTA loc. n. m.
Nonchalance."il est plein de laïsso m'esta". Du prov. laisso m'esta, laisse-moi tranquille, litt.
"laisse-moi être".
LAMPER v. intr.
Faire des éclairs. Peu fréquent, Var, Haute-Provence. " Ça lampait de partout…Quel orage!".
Du prov. lampa, même sens, de lamp, éclair.
LANGASTE n. f.
Tique. "La chienne est remplie de langastes". Variante : langastre, avec suffixe prov.
péjoratif -astre. Usuel. Du prov. langasto, langastro, même sens. Voir JOBASTRE.
LANGUIR (SE) v. pron.
S'impatienter. "Je me languis de te revoir". Variante : languir, non pronominal mais tr. "Je
languis la semaine prochaine". Influence du prov. (si) langui.
LARGADE n. f.
Coup de vènt larg (vendu du sud, venu du large, sur la côte). Usuel. du prov. largado, même
sens. Voir GARDONNADE, MONTAGNÈRE.
LARMEUSE n. f.
Lézard gris. Usuel. Du prov. larmuso, même sens, de larmo, larme, emprunt au fr. Variantes :
lagremuse, lagramuse, du prov. lagremuso, lagramuso, de lagremo, larme. Voir LIMBERT.
LÈBRE n. f.
Lièvre. Peu fréquent, rural. Du prov. lèbre, même sens. A transmis son genre à lièvre, qui est
souvent f. en fr. de Provence.
LEILLE n. f.
Rangée de ceps ou allée entre les rangées de ceps. Peu fréquent, rural, technique agricole,
Vaucluse, Var. Du prov. lèio, même sens, de alèio, allée, emprunt au fr. Voir FILAGNE.
LÈQUE n. f.
Piège à petits oiseaux. Peu fréquent, vieillissant avec la pratique elle-même du braconnage des
petits-oiseaux. Du prov. lèco, même sens. Voir VISCADE.
LESQUE n. f.
Tranche. "De grandes lesques de pain avec bien d'anchois". Rare, rural. Du prov. lesco,
même sens.
LESSIF n. m.
1. Savon, produit destiné à nettoyer le linge 2. Eau cendreuse destinée au traitement des
olives."Avec tout ça, on mélange bien, et on fait un lessif". Du prov. lessiéu, mêmes sens. Mot
connu en certaines langues d'Oïl. Variante : lissif, du prov. lissiéu.
LÉVENTI n. m.
Voyou (Côte). Peu fréquent à usuel. Du prov. levènti, même sens, de levant, l'orient, allusion
aux barbaresques de jadis. Voir ARLÉRI, CACOU, MAFALOU.
LEVER v. tr. et intr.
Oter, enlever. "Lève tes souliers" ; "Lève-toi du mitan*". Sens du prov. leva, enlever, car "(se)
lever" se dit en prov. (si) dreissa, (si) metre dre. Voir DRESSER, QUITTER, VENIR.
LICHET n. m.
Bêche. Peu fréquent, rural. Variante : luchet. Du prov. lichet, luchet, même sens. Voir
EISSADON.
LIMBERT n. m.
Lézard vert. Usuel. Du prov. limbert, même sens. Voir LARMEUSE.
LINGOUMBAU n. m.
Homard de Méditerranée (homarus gammarus). Peu fréquent (comme l'animal, qui n'est
toutefois connu que sous ce nom), côte. Du prov. lingoumbau, même sens.
LINGUETTE (FAIRE) loc.
Narguer, faire envie."Ça me fait linguette". Variante francisée : faire languette. Du prov.
faire lingueto, faire lengueto, même sens, de lingo, lengo, langue.
LIPOU n. m.
Fait de parler beaucoup. Peu fréquent, Var. Surtout usité dans la loc. avoir du lipou, avoir la
langue bien pendue. Du prov. lìpou, même sens.
LONGAGNE adj.
Indolent."Qu'elle est longagne, dis!". Très fréquent, Marseille. Du prov. loungagne,
loungagno, même sens. Voir SANTON, JEAN-QUÉ-FAS.
LONGO MAÏ loc. adv.
Que ça dure!, souhait que l'on adresse à quelqu'un. Peu fréquent à usuel. Du provençal longo
mai, même sens, litt. "longtemps encore". Voir LONGUE, AN QUÉ VÈN.
LONGUE (DE) loc. adv.
Continuellement. "Il vient de longue nous ensuquer*". Très fréquent. Du prov. de longo,
même sens.
LONGUE (JOUER À LA) loc. v.
Jouer aux boules "à la provençale", sur une distance de 15 à 21 mètres avec trois pas d'élan
possible. C'est le jeu traditionnel prov. qui précéda l'invention de la pétanque, qui doit son
nom au fait qu'on y joue sans élan (à pèd tanca, à pieds arrêtés), sur une longueur de 4 à 10
mètres. Très fréquent. Du prov., juga / jouga à la longo.
LOUBE n. f.
Grande scie à bois. Peu ffréquent, technique, Haute-Provence. Dérivé : louber, scier à l'aide
d'une loube Du prov. loubo, louba, mêmes sens.
LOUPIGNE n. m.
Lupin, sorte de haricot jaune que l'on mange en amuse-gueule. Usuel, Marseille. Du prov.
loupigno, même sens.
LUCRÈCE n. f.
Nom donné au roucaou ou rouquié lorsqu'il devient bleu à la période de la reproduction
(poisson de Méditerranée). Variante : labre bleu. Usuels sur la côte, surtout chez les pêcheurs.
Du prov. lucrèço, même sens. Voir ROUCAOU.

M
MACARI interj.
A Dieu va, marque le fatalisme. "Tout est prêt, macari!". Peu fréquent, Marseille. Du prov.
macàri, même sens.
MADUR adj.
Idiot. "Mais il est madur, ce mec!". Variante : madu (côte). Attesté uniquement au m. Du
prov. madur, madu, même sens, au propre, mûr. Voir CALU.
MAFALOU n. m.
Voyou. Peu fréquent, Marseille. Origine incertaine. Voir LEVENTI, ARLERI.
MAGAOU n. m.
Idiot. Peu fréquent, Cannes. Du prov. magau, même sens à Cannes, au propre, pioche. Voir
BADOU, TOTI, MATAOU.
MAGNANIÈRE n. f.
Lieu où l'on élève les vers à soie. Rare, uniquement pour parler des anciennes magnanières
restaurées à usages divers. Du prov. magnaniero, même sens, de magnan, ver à soie. Le fr.
commun ne connaît que magnanerie, emprunté au prov.
MAÏ adv.
Encore, trop. "Maï!","zou* maï!", encore une fois, excl. de dépit ; "J'ai un qu'un enfant, un dé
maï" …un de trop. Usuel. Aussi fréquent dans les loc. et pas maï! (rien de plus, par laquelle
on clôt une prise de parole) et maï qué maï (surtout, par laquelle on insiste sur ce qu'on vient
de dire : "les petits vont bien, maï qué maï"). Du prov. mai, mêmes sens, mêmes loc. Voir
PAS PLUS.
MAÏENQUE n. f.
Truffe blanche du mois de Mai. Peu fréquent, technique, Vaucluse. Du prov. maienco, même
sens, au propre "de Mai".
MAILLE n. f.
Accroc fait à un bas, un collant. "Je me suis fait une maille, mon collant est foutu". Très
fréquent. Sens du prov. maio. Dérivé : mailler, faire un accroc, du prov. maia, même sens.
MAILLOTER v. tr.
Emmailloter (un bébé). Rare, vieilli (avec l'action elle-même). Probablement du prov.
maiouta, même sens. Connu en moyen fr. (XVe).
MAÏRE n. f.
Lit d'un torrent. Peu fréquent, Comtat Venaissin, mais régulier en toponymie fixée. Du prov.
maire, même sens, au propre, mère. Voir ROUINE.
MAJASTRE n. m.
Imbécile (injure). Peu fréquent, Haute-Provence. Nom d'un village de Haute-Provence dont la
finale -astre est similaire en prov. à un suffixe péjoratif. Voir JOBASTRE, LANGASTE.
MALGUE (prendre le fort de La) loc.
Se dit d'une personne prétentieuse. Usuel, Toulon. "Il se croit d'avoir pris le fort de La
Malgue!". De La Malgue, nom d'un fort de Toulon.
MALON n. m.
1. Tomette, carreau de terre cuite rouge sombre dont on recouvre traditionnellement le sol des
habitations en Provence. 2. (par ext.) Tout carrelage sur le sol. Très fréquent. Du prov.
maloun, même sens. Dérivé : maloner, poser des malons, carreler, du prov. malouna, même
sens. Voir DÉMALONER.
MALPARADE n. f.
Malheur. "Quand il a vu arriver la malparade, il est parti". Usuel, vieillissant. Du prov.
mauparado, même sens.
MAMET n. f.
Grand-mère. Usuel, mais fortement concurrencé par mémé (mamie reste rare en Provence).
Du prov. mamet, même sens. Voir PAPET.
MANADE n. f.
Troupeau de taureaux ou de chevaux. Usuel, Camargue et alentours. Du prov. manado, même
sens, litt. "contenu d'une main", de man, main. Dérivé : manadié, propriétaire ou chef d'une
manade, du prov. manadié, même sens. Voir BOUVINE.
MANDJAPAN n. m.
Mendiant, pique-assiette. Peu fréquent. Du prov. manjapan, même sens, litt. "mange-pain".
MANON (LE CON DE) loc. excl.
Juron exprimant la colère. Usuel, Marseille, perçu comme plutôt grossier. Origine incertaine.
Manon est probablement là pour la rime.
MANOUILLÈRE n. f.
Rangée de ceps de vigne. Peu fréquent, rural, technique agricole, Comtat-Venaissin. Du prov.
manouiero, même sens. Voir LEILLE.
MANQUER (SE) v. pron.
Rater quelque chose, faire une bêtise. "j'ai cru bien faire et je me suis manqué". Usuel,
Marseille. Du prov. si manca, même sens même usage.
MAOUFATAN n. m.
Malfaisant (injure). "Qu'est-ce que c'est que ce maoufatan?". Usuel, Marseille, peu fréquent
ailleurs. Du prov. maufatan, même sens. Voir MAFALOU, GUSAS, LEVENTI.
MARQUEMAL n. m.
Personne qui a mauvaise allure. Peu fréquent. Probablement du prov. marco-mau, même sens.
La loc. marquer mal connue en fr. populaire (très fréquent en fr. de Provence, avec son
corollaire marquer bien).
MARRI adj.
Mauvais, méchant. "Boudiou qu'il est marri, dis!". Le f. est marride. Peu fréquent. Du prov.
marrit, marrido, même sens. Le fr. marri, archaïque, signifie "fâché" et "repentant". Dérivé :
marrias, -asse (n. et adj., augmentatif), du prov. marrias, -asso, même sens. Voir
CHARNIGOU.
MARTELIÈRE n. f.
Vanne. "Ouvre la martelière". Variante : martilière (Vaucluse). Usuel. Du prov. marteliero,
martiliero, même sens.
MARTIGUES n. de lieu.
Ville proche de Marseille dont les habitants ont traditionnellement la réputation d'être niais.
D'où la loc. usuelle "être de Martigues" être idiot, crédule (usuel, région marseillaise).
Dérivé : martégalade, (n. f.) bêtise, histoire incroyable, plaisanterie grotesque, de martégal,
habitant de Martigues, du prov. martegau, martégal, martegalado, même sens.
MASCARER v. tr.
Salir, noircir. "Le petit a les mains toutes mascarées de suie". Peu fréquent. Du prov.
mascara, même sens.
MASET n. m.
Petit mas. Usuel, vallée du Rhône. Du prov. maset, même sens, de mas, maison à la
campagne, ferme (connu en fr. commun pour désigner une villa provençale). Voir
BASTIDON, GRANGEON.
MASQUE n. f.
Sorcière. "Petite masque!" injure. Peu fréquent à usuel. Probablement du prov. masco, même
sens. Le fr. a emprunté le mot au prov. au XVIIe mais avec un sens différent, aujourd'hui
archaïque.
MASSACAN n. m.
Bloc de pierre. Peu fréquent. Du prov. massacan, même sens.
MASSETTE n. f.
Baguette à bout renflé avec laquelle on joue du tambourin de Provence. Usuel comme terme
technique. Du prov. masseto, même sens. Voir GALOUBET.
MASTÉGUER v. tr. et intr.
Mâcher (avec nuance d'effort et d'agacement). "Arrête un peu de mastéguer ce chewing-
gum!". Très fréquent. Du prov. mastega, mâcher.
MASTRE n. f.
Pétrin de boulanger (au sens propre). Peu fréquent, technique, Var, Haute-Provence. Du prov.
mastro, même sens.
MATAOU n. m.
1. Battant d'une clochette. 2. Imbécile. Peu fréquent aux deux sens. Du prov. matau, même
sens. Voir MAGAOU, TABASSON.
MATE n. f.
Touffe (de végétaux). "une mate de lavande". Peu fréquent. Du prov. mato, même sens.
MAUVES (FUMER LES) loc.
Être mort (équivalent de manger les pissenlits par la racine). Peu fréquent. Calque du prov.
fuma lei mauvo, même sens, jeu sur le double sens de fuma, "fumer (une cigarette)" et "servir
de fumier".
MÉCHOUS adj.
Morveux (se dit de quelqu'un qui a le nez qui coule). "Mouche-toi, que tu es méchous". Usuel,
Marseille. Du prov. mechous, même sens, de mècho, morve. Voir MORVÉLOUS.
MÈFI excl.
Attention! "Ho! Mèfi! On y voit rien là-dedans!". Très fréquent, emblématique. Du prov. mèfi,
même sens, impératif du v. mefia, se méfier.
MÉLIQUE n. f.
Hydromel (alcool de miel). Peu fréquent. Du prov. melico, même sens.
M'EMBROUNQUI n. m.
Personne qui trébuche souvent. Peu fréquent, Marseille, Toulon. "Té! Voilà
M'embrounqui!" ;"C'est un m'embrounqui pas possible". Du prov. m'embróunqui, je trébuche.
Voir EMBRONCHER, DÉ-QUÉ-MI-MÈLI.
MÉNAGER n. m.
Propriétaire ou habitant d'un mas. Peu fréquent, vieillissant, vallée du Rhône. Mot connu en
fr. commun aux XVIIIe et XIXe au sens de "chef de ménage". Probablement au moins sous
influence directe du prov. meinagié, même sens.
MENER v. tr.
Emmener, apporter, emporter. "Mène-moi le marteau" ; "Il me faut mener le minot* à
l'école" ; "Tu me mènes?". Très fréquent. Probablement sous influence du prov. mena, même
sens et mêmes usages. Le sens de ce v. en fr. commun est proche, mais différent. Voir
LEVER.
MÈRE (BONNE) loc. n. f.
Sainte Vierge. Très fréquent. Aussi dans les loc. : "On y voit la bonne mère à travers" il/elle
est très maigre, allusion à Notre-Dame-de -la-Garde (Marseille) ; "Bonne mère!" juron. Du
prov. bouano mèro, bouano maire, même sens. Voir ENFANT.
MERLUSSE n. f.
1. Morue. 2. Bête malingre (Marseille, Haute-Provence). Variante : marlusso. Usuel dans les
deux sens. Du prov. marlusso, merlusso, mêmes sens.
MÉRINJANE n. f.
Aubergine. Peu fréquent. Du prov. merinjano, même sens.
MÉSSOUNENQUE n. f.
Poire de Juillet (saison des moissons). Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. meissounenco,
même sens, au propre "relative aux moissons".

MESSUGUE n. f.
Ciste (arbuste). Peu fréquent, Var. Du prov. messugo, même sens.
MESURON n. m.
Petite mesure à poudre pour remplir les cartouches. Peu fréquent, terme technique des
chasseurs, Haute-Provence. Du prov. mesuroun, même sens.
MICHEL L'HARDI n. m.
Personne téméraire."Faire son Michel l'Hardi". Peu fréquent, vieillissant. Du prov. Miquèu
l'ardi, Michèu l'ardi, même sens. Voir JEAN-TRÉPASSE, MALGUE.
MIÉGER v. intr.
Faire l'école buissonière. Peu fréquent, Toulon. Du prov. mieja, même sens, de miejo, moitié,
litt. "faire les choses à moitié, biaiser".
MIGON n. m.
Fumier de chèvre ou de brebis. "Va me chercher du migon". Peu fréquent, rural. Du prov.
migoun, même sens.
MINOT n. m.
Gamin (f. minote). "Il a faim, le minot" ; "Où elle est la minote?". Très fréquent,
emblématique, région marseillaise, Var occidental, tend à se diffuser dans toute la basse
Provence. Du prov. minot, minoto, même sens, d'une racine min- évoquant le chat. Voir
GATOUNE, MOUSSI.
MIOLE n. f.
Mule. Peu fréquent, rural, Vaucluse, Haute-Provence. Du prov. miolo, même sens. Mot connu
dans certaines langues d'Oïl.
MISTOULINET adj.
Chétif, fluet. "Il est tout mistoulinet". Usuel. Du prov. même mot même sens, diminutif de
mistoulin, faible. Voir FIFI.
MITAN n. m.
Milieu. "La voiture est garée en plein mitan de la rue" ; "Mais lève*-toi du mitan!". Très
fréquent. Probablement sous influence directe du prov. mitan, même sens ; mot connu mais
archaïque en fr. commun et représenté dans divers autres français régionaux et langues d'oc
ou d'oïl.
MOCRE n. m.
Fric, monnaie. Peu fréquent, Castellane. Origine obscure.
MOMO adj.
1. Idiot, simplet. "Tu es pas un peu momo, non?". 2. Bobo (terme enfantin). "Tu t'es fait
momo?". Très fréquent au sens 1, région marseillaise, peu fréquent ailleurs ; Peu fréquent au
sens 2, vieilli. Du prov. momò, mêmes sens. Voir FADA, NONO..
MONTAGNÈRE n. f.
Vent froid du Nord-Est. Usuel, Haute-Provence. Du prov. mountagnero, même sens ; au
propre "montagnarde". Voir LARGADE.
MOTE n. f.
Mesure d'environ 400 litres d'olives mises au pressoir. Peu fréquent, terme technique agricole,
Haute-Provence. Soit du prov. moto, quantité d'olives moulues, ancien participe passé de
mòurre, moudre, soit du prov. mouto, motte, quantité d'olives, soit croisement des deux mots.
MORVÉLOUS n. m.
1. Morveux. 2. Sale gamin. Usuel, Marseille. Du prov. morvelous, même sens. Voir
MÉCHOUS.
MOUCHETTE n.f .
Tison, pinces pour tisonner. Usuel. Du prov. moucheto, même sens. Le fr. commun ne le
connait qu'au sens d'instrument pour éteindre les bougies.
MOUISSALE n. f.
1. Moucheron (Var). 2. Moustique (Camargue). Usuel. Du prov. mouissalo, mêmes sens. Voir
ARABI.
MOULIGASSE adj.
Très mou (péjoratif). "Le pain est mouligasse" ; "Qué mouligasse, ce type!". Très fréquent.
Variante : moulégasse. Du prov. mouligas, mouligasso, même sens.
MOULINARI (CHERCHER) loc.
Se montrer lent, indécis, inefficace. "Il cherche moulinari". Variante : chercher molinari.
Usuel, Marseille, Toulon. Calque du prov. cerca moulinàri. L'étymologie populaire explique
que Molinari était, entre le XVIIIe et le XXe siècle (selon les versions), un habitant de La
Ciotat ou de La Seyne (cités navales proches de Marseille et de Toulon), d'origine italienne,
spécialisé dans le renflouement des bateaux, réputé entre Marseille et Toulon, et que l'on allait
chercher quand on ne parvenait pas à renflouer soi-même son bateau, ce qui prenait du temps.
Plusieurs témoins m'ont même affirmé l'avoir connu ou connaitre quelqu'un qui… Hormis
cela, origine incertaine.
MOULON n. m.
1. Grande quantité. "Il a un moulon de frères" . 2. Tas, paquet informe. "Des moulons de
poussière" (pour "des moutons de poussières") ; "Mettre le linge en moulon" (en tas, sans le
plier). Usuel. Employé aussi au plur. au sens 1. Du prov. mouloun, mêmes sens.
MOUNE n. f.
Terme affectueux adressé à une femme. "Tu viens, ma moune?". Variante diminutive :
mounette. Usuel, Marseille. Souvent perçu comme un diminutif de maman à cause de la
fréquence et de la proximité phonétique de ma moune, ma mounette. Du prov. mouno, femme,
mère. Voir MOUNINE.
MOUNINE n. f.
Sexe de la femme. Usuel, perçu comme vulgaire, Marseille. Du prov. mounino, même sens,
au propre "guenon", de mouno, femme (et au fig. sexe de la femme). Mot connu de l'ancien fr.
au sens de "femme laide". Voir MOUNE, PACHOLE.
MOURRE n. m.
1. Visage, museau. 2. Pissenlit (Comtat Venaissin). 3. (Var). Crépis à feuille de pissenlit
(plante commestible, crepis vesicaria ou crepis polymorpha). Très fréquent dans les 3 sens.
Variante au sens 3 : mourre de porc (du prov. mourre de pouarc, litt. "groin de cochon"). 4.
Le mourre de porc ou mourre de pouarc est aussi le nom d'un bateau de pêche traditionnel
provençal. Aussi employé dans les loc. : faire le mourre ; faire un mourre de six pans*, faire
la tête (très fréquent). Variante : mourré (forme provençale, Var), dans l'insulte mourré de
pouar, tête de cochon. Du prov. mourre, même sens. Mot connu dans certaines langues d'Oïl.
Voir COUSTÉLINE, NÉGO-TCHIN, VARON.
MOURREDU n. m.
Nom d'un ver de Méditerranée qui sert d'appât pour la pêche (leodice provincialis). Usuel
(n'est connu que sous ce nom). Du prov., même mot, même sens, litt. "museau dur". Voir
ESQUE.
MOUSSI n. m.
Petit garçon. Peu fréquent, Var. Du prov. móussi, même sens (dont le fr. commun a tiré
"mousse" enfant embarqué comme apprenti sur un bateau). Voir MINOT, PITCHOUN.
MOUSTELLE n. f.
Belette. Peu fréquent, rural, Comtat Venaissin. Du prov. moustello, même sens.
MOUSTIERS excl.
Excl. de surprise. "Hé bé! Moustiers!". Usuel, Verdon. Nom d'une petite ville de Haute-
Provence, proche des gorges du Verdon, très célèbre pour ses fayences.
MOUTOUNESSE n. f.
Viande de mouton. Peu fréquent, Haute-Provence, Var. Variante phonétique : moutounèze
(Var). Du prov. moutounesso, même sens, de moutoun, mouton. Voir ROGNONADE.
MUSCLE n. f.
Moule (coquillage). Peu fréquent, Var. Du prov. musclo, même sens. voir CLOVISSE,
ARRAPÈDE.
MUSICANTI n. m.
Musicien amateur. Usuel, Marseille. De l'italien musicante, musicien professionnel
(probablement à cause de la réputation des Italiens d'être tous des musiciens et des chanteurs).
Voir GAMATE.
N
NARRE n. f.
Narine, dans la loc. : "avoir de la narre" être prétentieux . Peu fréquent, Var. Du prov. narro,
même sens. Dérivé : narreux (adj.), prétentieux (Var), du prov. narrous, idem. Voir
CROILLE, MALGUE, NASOLE.
NARRI n. m.
1. Coup manqué en pointant, aux jeux de boules. "Putain le narri qu'il a fait!". 2. (par ext.)
Coup manqué, erreur. Très fréquent, emblématique des joueurs de boules. Du prov. nàrri,
même sens, de àrri, nàrri (avec mécoupure possible un àrri > un nàrri ), erreur. Voir
CAGADE, MANQUER.
NASOLE n. f.
1. Narine. 2. (par ext.). Nez. "il a la nasole grosse comme un cougourdon*". Usuel, Marseille.
Du prov. nasolo, narine, de nas, nez. Voir NARRE.
NAVETTE n. f.
Petit gâteau sec, long et ovale, en forme de petite barque, que l'on mange principalement pour
l'Épiphanie. Usuel, surtout à Marseille et dans sa région (spécialité réputée marseillaise). Du
prov. naveto, même sens, litt. "petit navire". Variante : navette de Saint Victor (abbaye de
Marseille, du nom de l'introducteur supposé du christianisme à Marseille), du prov. naveto de
Sant Vitou, idem. Voir PAPALINE.
NÈBLE n. f.
Brume. Usuel, Haute-Provence, Var. Du prov. nèblo, même sens.
NÉGO-TCHIN n. m.
Sorte de petite barque provençale. Usuel (n'est connu que sous ce nom). Du prov. nègo-chin,
même sens, litt. "noie-chien(s)". Voir MOURRE, NÉGUER.
NÉGUER (SE) v. pron.
Se noyer."Encore un peu il se nègue" ;" va te néguer!" va au diable. Usuel, Marseille. Du
prov. si nega, même sens.
NIADE n. f.
Nichée. "Une niade de poussins"; "ma gnade" (nom d'une villa). Peu fréquent, Var. Du prov.
niado, même sens, de nis, niéu, nid.
NIASQUER (SE) v. pron.
S'ennivrer. Usuel. Du prov. si niasca, même sens. Dérivé : niasque, n. f., ennivrement ("on
s'est pris une brave* niasque"). Voir EMPÉGUER, CHIMER, TCHOUC.
NIÈRE n.f.
Puce. Peu fréquent. Surtout employé dans les expressions usuelles calquées du prov.
"chercher des nières" chercher noise ; "avoir des sous comme un chien des nières" être
riche. Du prov. niero, même sens et mêmes usages.
NIÉRON n. m.
Puceron parasite de l'olivier. Usuel, rural, technique agricole. Du prov. nieroun, même sens,
diminutif de niero, puce.
NIFLER v. tr. et intr.
1. Renifler. "Mouche-toi, que tu nifles". 2. Humer. "Nifle un peu cette sauce". Probablement
du prov. nifla, mêmes sens. Mot connu dans certains fr. locaux.
NINE n. f.
Terme affectueux pour appeler une fille. "Tiens, nine, donne-moi un couteau" ; "C'est ma
nine". Usuel, côte. Du prov. nino, même sens. Variantes usuelles : ninon, ninette (diminutifs),
du prov. ninoun, nineto, idem. Voir NINEILLE, PITCHOUN.
NINEILLE n. f. sing.
Enfants (mot collectif). "Ho la nineille! Le goûter!". Peu fréquent, Comtat-Venaissin. Du
prov. ninèio, même sens. Voir NINE.
NISTON n. m.
Bébé (f. nistonne). "comment il va, le niston?". Usuel. Du prov. nistoun, même sens. Mot
connu en argot parisien, emprunté au prov.
NONO n. m.
Dodo (mot enfantin). "il faut faire nono, un gros nono". Usuel. Du prov. nonò, même sens.
NOVI n. m. et f.
1. Fiancés, amoureux. "C'est ta novi?". 2. Jeunes mariés."Té! Voilà les novi(s)!". Du prov.
nòvi, mêmes sens. Voir ENLEVER.

O
OFFUSQUÉ adj.
Occupé, affairé. Peu fréquent vieillissant, Marseille. Modification du sens du mot fr.
probablement due à l'acquisition "sur le tas" du fr. par les Provençaux et à l'influence du prov.
afusca, afisca, occupé, concentré. Voir RAFRAICHIR.
OLIVADES n. f. plur.
Olivaison, récolte des olives. Usuel, terme technique. Du prov. óulivado, même sens, de
óuliva, récolter les olives. Voir OLIVER.
OLIVER v. intr.
Récolter les olives. Usuel, rural, technique agricole. Du prov. óuliva, même sens. Voir
OLIVADES, ACANER.
OOU interj.
1. Ho! (marque la surprise, la peur, etc.) "Oou, qu'est-ce que tu fais?". 2. Sert également à
appeler et à saluer les proches (en prov. réservé à ceux que l'on tutoie). "Oou! Tistin! -Oou!"
(échange de saluations). Très fréquent. Du prov. òu, même sens. Voir ÈOU.
ORDRE n. m.
Sillon, surface de terre travaillée par un semeur. Rare, rural, technique agricole, Haute-
Provence. Du prov. ourdre, même sens.
OUAÏ n. m.
Bazar, désordre. "ils m'ont mis le ouaï" (femme se plaignant du désordre dans sa maison) ;
"ces jeunes ils aiment le ouaï". Très fréquent, se diffusant fortement chez les jeunes et
devenant emblématique, Marseille. D'une variété italienne ou corse guaio, guaiu (prononcé
wayo, wayu dans plusieurs régions méridionales d'Italie et en Corse) "malheur, désordre".
Voir PATI, PASTIS, VARAÏ.
OURMIN n. m.
Genévrier de Phénicie. Peu fréquent, Haute-Provence, Var. Du prov. ourmin, même sens. Le
fr. connaissait ormin au XVIIe. Voir CADE.
OURSINADE n. f.
Plat d'oursins. "Nous avons mangé une oursinade". Du prov. oursinado, même sens, de
oursin, oursin.

P
PACHOLE n. f.
Sexe de la femme. Très fréquent, Marseille, Haute-Provence. Du prov. pacholo, même sens,
au propre : 1. petit pacte (évocation des rapports sexuels ?), 2. pâtée d'herbes (évocation de la
toison pubienne ?), 3. blennoragie (source de cette maladie ?). Il est difficile de déterminer de
quel sens provient l'évocation du sexe féminin. Voir MOUNINE.
PACOULE n. f.
Lieu rural isolé. "Ho, tu sors de ta pacoule?" (à quelqu'un qui ignore une chose à la mode).
Très fréquent, région marseillaise, Var. La proximité de ce mot et de PACA, l'acronyme de la
région "Provence-Alpes-Côte d'Azur" explique pourquoi, outre la perte de nom Provence qu'il
provoque, l'emploi de PACA provoque des réactions exaspérées en Provence. Du prov.
pacoulo, même sens (cf. pacan, "pèquenot"). Dérivé : pacoulin, pèquenot, usuel, du prov.
pacoulen, même sens. Voir GAVOT, PIQUE-MOUTE.
PAMPETTE n. f.
Queue d'un fruit. "Des oranges avé la pampette". Usuel. Du prov. pampeto, même sens. Voir
PÉCOU.
PAN n. m.
Unité de mesure traditionnelle de 25 centimètres (27 avant le passage au système métrique),
autrefois divisée en 8 menus ; 8 pans faisaient 1 cane*. Aujourd'hui surtout usité dans des
loc. : faire un mourre* de X pans faire la tête (voir MOURRE) ;"rester avec X pans de nez
échouer, être dépité. ( X = chiffre compris entre 2 et 10). Du prov. pan, même sens. Connu
dans certaines langues d'Oïl. Voir CANE.
PANISSE n. f.
Pâte de farine de pois-chiche que l'on vend en tranches et que l'on consomme frite. Usuel,
région marseillaise. Très fréquent dans les loc. : être con comme une panisse ; être une
panisse (être stupide); "Ho hisse panisse" pour accompagner un effort. Du prov. panisso,
même sens. Voir CADE, SOCCA.
PANTAILLER v. intr.
Rêver. Peu fréquent. Du prov. pantaia, même sens.
PANTOU voir PIANTCHOU
PAOUTE n. f.
Boue très molle. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. pauto, même sens. Voir
FANGUE et TRINCHE.
PAPALINE n.f.
Petit bonbon au chocolat, spécialité d'Avignon. "Une boite de papalines". Usuel, région
d'Avignon. Du prov. papalino, même sens, de papo, pape. Voir NAVETTE, PAPARINE.
PAPARINE n. f.
Toile d'araignée. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. paparino, même sens, au propre,
tissu fin fabriqué en Avignon (variante de papalino), de papo, pape. Voir PAPALINE.
PAPET n. m.
Grand-père. Usuel mais concurrencé par pépé. Du prov. papet, même sens. Voir MAMET.
PARAMELLE n. f.
Penture d'une porte, partie d'une charnière qui tourne autour des gonds. Peu fréquent, Haute-
Provence. Du prov. paramello, palamello, même sens.
PARAVIRÉ n. m.
Giffle. Rare, Marseille. Du prov. paravira, même sens, de vira, tourné. Voir BOUFE,
DÉVIRER.
PARPELÉGER v. intr.
Battre des paupières (occasionnellement ou par tic). "Celui qui parpelège, tu t'en rappelles?".
Usuel. Du prov. parpeleja, même sens, de parpello, paupière. Voir PARPELLE.
PARPELLE n. f.
Paupière. "J'ai les parpelles qui tombent". Peu fréquent. Usuel dans la loc. calquée du prov. :
des parpelles d'agasse (des choses insignifiantes), litt. "des paupières de pie". Du prov.
parpello, même sens.

PARTISANE n. f.
Vendeuse au marché. Peu fréquent, vieillissant, Marseille. Du prov. partisano, même sens.
PAS PLUS loc.
Rien. "Quoi de neuf? -Pas plus!". Usuel, Marseille. Du prov. pas plus ou pas mai, même sens.
Voir MAÏ.
PASTACHOUTE n. f.
Plat de pâtes. "on mange une pastachoute". Variante : pastatchoute. Usuel. De l'italien pasta
asciutta, pâtes alimentaires (litt. "pâtes sèches" opposé à pâtes fraiches). Voir POULINTE.
PASTON n. m.
Béton artisanal fait de 4 à 5 volumes de sable pour 1 volume de ciment. Peu fréquent, rural,
Comtat-Venaissin. Probablement du prov. pastoun, même sens, de pasto, pâte. Connu en
wallon (langue d'oïl de Belgique).

PASSIDE adj. f.
Fânée. "Des fleurs passides". Rare. Du prov. passido, même sens, de passi, fâner.
PASTIÈRE n. f.
Meuble traditionnel où l'on conserve la farine et le pain. Peu fréquent, sauf technique du
mobilier. Du prov. pastiero, même sens.
PASTIS n. m.
Mélange, confusion (concret ou abstrait). "Le petit a fait un de ces pastis avé la
confiture!" ;"Nous sommes dans un brave* pastis" …dans de sales draps (Pagnol, César).
Très fréquent, emblématique du fait que ce nom est aussi celui de la célèbre boisson
provençale, mélange d'anis et de réglisse. Du prov. pastis, mêmes sens. Voir PASTISSER,
FLAÏ, JAUNE, BROUMÉ, PATI.
PASTISSER v. tr. et intr.
Barbouiller, étaler des saletés. "Ils pastissent avé la peinture" ; "La figure pastissée de
chocolat" ; "Pastisser la table". Très fréquent. Du prov. pastissa, même sens, de pastis,
mélange. Voir PASTIS.
PASTISSON n. m.
Giffle. Très fréquent. Du prov. pastissoun, même sens, au propre, tarte (pâtisserie) ou pâté
(charcuterie). Voir BACÈOU, BENDÈOU, BOUFE, TAFIGNON, etc.
PASTORALE n. f.
Spectacle et texte typiquement prov. : pièce de théâtre populaire comprenant des chants et
représentant la Nativité "provençalisée", souvent entièrement ou partiellement en prov. "La
pastorale Maurel". Usuel (les pastorales sont jouées devant de larges publics pendant la
période de Noël et les crèches prov. familiales représentent de façon dominante les
personnages de la pastorale Maurel). Du prov. pastouralo, même sens. Voir CALENDAL, À
L'AN QUÉ VÈN, PASTRAGE.
PASTRAGE n. m.
Cérémonie traditionnelle de la messe de Noël, durant laquelle les bergers offrent un agneau à
l'enfant-Dieu*. Peu fréquent, mais usuel chez certains selon leurs pratiques lors des fêtes de
Noël. Du prov. pastrage, pastràgi, même sens, de pastre, berger.
PATANTARE n. f.
Lieu vague et très éloigné."Il est parti à la Patantare". Peu fréquent, Haute-Provence. Du
prov. patantaro, même sens.
PATARAS n. m.
1. Personne grosse, mal vêtue. 2. Personne apathique, niaise. "Qué gros pataras!". Usuel (f.
patarasse). Du prov. pataras, même sens. Voir GAVATCHOT.
PATCHE n. m.
Pacte, marché. Surtout usité dans la loc. "faire le patche" conclure un marché. Peu fréquent,
Marseille, Haute-Provence. Du prov. pache, même sens. Voir BATEAU.
PATE n. f.
Serpillière. "Passer la pate". Peu fréquent. Du prov. pato, même sens. Voir ESTRASSE,
PIÈCE.
PATI n. m.
1. Wc, toilettes. 2. Désordre. Vieillissant au sens 1 (surtout employé pour plaisanter), très
fréquent au sens 2, Marseille, Var. Aussi fréquent dans la loc. main de pati (se dit de
quelqu'un qui lâche souvent les objets, les fait tomber ou les casse). Du prov. pàti, même sens,
même loc. Voir PISSADOU, CAGADOU, PASTIS.
PATOUILLE n. f.
Lieu de la maison où se trouve l'évier. Peu fréquent, rural, Comtat-Venaissin. Du prov.
patouio, même sens. Voir PATI, PATE.
PAUSETTE n.f.
Petite pause. Surtout usuel dans la loc. faire pausette. Probablement du prov. pauseto, même
sens ; mot connu en moyen-fr. et diverses langues d'Oïl avec des sens différents.
PAYOT n. m.
1. Qui n'est pas gitan. 2. Bourgeois. "c'est un payot de la rue Paradis". Usuel chez les jeunes
de milieu populaire, récent, Marseille (f. payotte). Mot gitan (en langue rom) désignant les
étrangers au groupe. Voir FIOLI, PÉBRON, RHÉNÉ.
PÈBRE n. m.
Poivre. Peu fréquent. Notamment usité dans les locutions pèbre d'aï, sarriette, et l'an pèbre,
année lointaine. Du prov. pebre, même sens. Voir AÏ et AN.
PÉBROLE n. f.
Neige poudreuse. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. pebrolo, même sens, de pebre,
poivre.
PÉBRON n. m.
1. Poivron. 2. Personne médiocre (au jeu, notamment). Usuel. Aussi dans la loc. usuelle rouge
comme un pébron. Mot récemment investi du sens de "bourgeois conservateur" (issu du sens
2) par le groupe de raggamuffin marseillais Massilia Sound System et qui se répand chez ses
fans. Du prov. pebroun, poivron, au fig. personne désagréable
PÉCAÏRÉ excl.
Le/la pauvre! Exprime la compassion. Usuel. Du prov. pecaire, même sens, litt. "pécheur".
Voir PEUCHÈRE.
PÉCOU n. m.
Pédoncule, queue d'une plante ou d'un fruit. Usuel. Du prov. pecou, même sens. Voir
PAMPETTE.
PÉDAS n. m.
Lange de bébé, couche de bébé. Rare, vieilli. Du prov. pedas, même sens.
PÉDASSER v. tr. et intr.
Repriser. "Des chaussettes pédassées". Rare, vieilli. Variante : pétasser. Du prov. pedassa,
même sens.

PÈDOU n. m.
Homosexuel (terme péjoratif). Peu fréquent, Var. Probablement forme provençalisée de pédé.
Variante : pédatchou (Var, idem). Voir BOUTI.
PÉGAL n. m.
1. Pot. 2. Surnom du Mont de Piété. (Marseille). Rare, vieilli, encore employé dans la loc.
usuelle va au pégal!, va au diable (Marseille). Du prov. pegau, mêmes sens. Voir CAGUER.
PÉGOT n. m.
Cordonnier. Rare, vieilli, Marseille. Du prov. pegot, même sens, de pègo, colle. Voir PÈGUE.
PÈGUE n. f.
Colle. "Cet arbre, ça fait de la pègue". Peu fréquent. Surtout dans les loc. usuelles : être
pègue, être collant, en parlant d'une personne dont on ne peut pas se débarrasser. Du prov.
pègo, même sens. Dérivés très fréquents : pégueux, pégueuse / pégous, pégouse (adj.),
collant(e) ; du prov. pegous, pegouso, même sens. Voir PÉGUER, RAPÉGON.
PÉGUER v. intr. et tr.
1. Coller, poisser. "La confiture, ça pègue". 2. Marquer (un troupeau). Très fréquent au sens
1 ; rare, rural, technique employé dane le Var au sens 2. Du prov. pega, même sens.
PEÏROULET n. m.
Petite bulle produite à la surface d'une flaque par une forte pluie. "Vé les peïroulets que ça fait
dans l'eau". Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. peiroulet, même sens, litt. "petit
chaudron".
PELUQUER v. tr. et intr.
Éplucher par petits coups. Peu fréquent, Comtat-Venaissin. Du prov. peluca, même sens, de
pela, peler.
PÉNÉQUET n. m.
Sieste. "je vais faire le pénéquet". Très fréquent. Variantes (radical sans diminutif, formes
prov. locales) : péné (Var), pénèc (Alpes). Du prov. penequet, penè, penèc, même sens.
PÉRUS n. m.
Poire sauvage. Usuel. Probablement du prov. perus, même sens. Mot connu en franco-prov.,
ainsi que dans divers parlers d'Oïl sous des formes proches.
PESCADOU n. m.
1. Pêcheur. 2. L'un des santons de la crèche traditionnelle. Du prov. pescadou, même sens
(mais on distingue en prov. pescaire, pêcheur professionnel et pescadou, amateur), de pesca,
pêcher.
PESOTE n. f.
Vesce (plante fourragère). Peu fréquent, rural, technique agricole, Bouches-du-Rhône. Du
prov. pesoto, même sens. Voir GRAME, TRIBOULET.
PESSU n. m.
1. Pincée, petite quantité. "Un pessu de sel". 2. Petit objet qui peut être saisie entre le pouce et
l'index. "c'est cuit, lève* le pessu" (à propos de la soupape d'une cocotte-minute). Très
fréquent. Variantes : pessut (Marseille, avec -t prononcé, probablement évolution de pessuc),
pessuc (Haute-Provence). Du prov. pessu, pessuc (alpin), même sens. Voir PESSUGUER.
PESSUGUER v. tr.
Pincer. "Il s'est fait pessuguer par les flics". Usuel. Du prov. pessuga, même sens. Voir
PESSU, AGANTER.

PESSUGUETTE n. f.
Dame snob, qui a l'air pincé. Usuel comme sobriquet. Du prov. pessugueto, même sens, litt.
"petite pincée". Voir DAMOTE.
PÉTACHE n. f.
Peur. "Il a la pétache". Peu fréquent, Comtat-Venaissin. Variante : pétouche (Marseille). Du
prov. petacho, petoucho, même sens, variante de petocho qui a donné pétoche en fr. Voir
TROIS SUEURS.
PÉTADOU n. m.
Tas de crottes de lapins ou de lièvres. Peu fréquent, terme de chasseur, Var, Bouches-du-
Rhône. Du prov. petadou, même sens, de peto, crotte. Voir PÉTOULIÉ.
PÉTARÈOU n. m.
Derrière, fesses. "Fan de chine*! Elle a un brave* pétarèou!". Variante : pétarou (Marseille).
Du prov. petarèu, même sens, de peta, péter. Voir TAFANARI.
PÈTE n. f.
Petite crotte (de chèvre, de lapin…). Probablement du prov. peto, même sens. Mot connu en
wallon (langue d'oïl de Belgique). Voir PÉTOURE.
PÉTÉGER v. intr.
Craquer, bruire (en parlant du feu). Peu fréquent, Var. Du prov. peteja, même sens ; de peta,
péter.
PÉTON n. m.
Petit morceau, petite quantité. "Un péton de fromage". Très fréquent. Du prov. petoun, même
sens, litt. "petit pet, petite crotte". Voir PÈTE, PÉTOURE, RATAILLON.
PÉTOULIÉ n. m.
Petit tas de crottes de chèvre ou de lapin. Peu fréquent, terme de chasseurs. Du prov. petoulié,
même sens, de petoulo, petite crotte. Voir PÉTOURE. PÉTADOU.
PÉTOUSE n. f.
Roitelet (oiseau). Usuel, rural. Dérivé : pétousette, diminutif, nom affectueux pour appeler
une petite fille. Du prov. petouso, petouseto, même sens. Voir RIGAOU, NINE.
PÉTOURE n. f.
1. Petite crotte. "Y a des lapins par ici : vé* les pétoures" ; "arrête de coller tes pétoures sous
ton bureau" (une mère à son jeune fils, à propos de ses crottes de nez). 2. Nom affectueux des
bébés (Marseille). "Ma pétoure! Qu'il est beau!". Variantes : pétoule ; pétouron, pétourette
(diminutifs). Du prov. petouro, petoulo, petoureto, petouroun, mêmes sens. Voir PÉTOULIÉ,
PÈTE, NINE.
PEUCHÈRE interj.
Le/la pauvre! (excl. exprimant la compassion). "Il est tombé, peuchère!". Très fréquent,
emblématique. Du prov. pechaire, même sens, forme expressive de pecaire empruntée au
prov. alpin.Voir PÉCAÏRÉ.
PIACAMPI n. m.
Personne sans soin. Usuel, Marseille. Probablement d'une langue d'Italie. Voir PATARAS,
PIANTCHOU.
PIADE n. f.
1. Trace de pas. "Une piade de renard" ; "tu vas me laisser des piades sur les malons*". 2.
Bernard l'ermite, sert d'appât pour la pêche."ça c'est des piades pour la pêche". Du prov.
piado, mêmes sens. Variante : piadon (diminutif), petit bernard l'ermite, du prov. piadoun,
idem. Voir ESQUE.
PIAGNE n. f.
Piétain, maladie des pattes des moutons. Peu fréquent, rural, technique agricole, Var, Haute-
Provence. Du prov. piagno, même sens.
PIANTCHOU n. m.
1. Sobriquet des Piémontais en particulier et des Italiens en général. 2. Idiot. Rare, vieilli au
sens 1, peu fréquent au sens 2. Variantes : piantou, pantou, piatchoulin. Du prov. pàntou,
piàntou, piànchou, piachoulin, mêmes sens, probablement emprunté à une langue d'Italie.
Voir BABI, GAVOT, PACOULIN.
PICATÈOU n. m.
Pivert. Peu fréquent, rural, Var. Du prov. picatèu, même sens. Voir DARNAGAS.

PIÈCE n. f.
Serpillière. "Passer la pièce". Très fréquent. Variante : pièce à frotter. Du prov. pèço, même
sens, au sens large, morceau de tissu. Voir ESTRASSE, PATE.
PIEDS-PAQUETS n. m.
Met composé de pieds de moutons et de paquets de tripes de moutons farcies, cuit en sauce
rouge épicée (spécialité marseillaise et sisteronnaise). Très fréquent car très connu et très
apprécié. Variante (graphique) : pieds et paquet. Du prov. pèd-paquet, pèd-e-paquet, même
sens. Voir AÏOLI, BOUILLABAISSE.
PIGEONNE n.f.
Eau de javel. Peu fréquent, vieilli. Marseille. Du nom d'une marque d'eau de javel jadis très
répandue à Marseille (dont le flacon était orné d'un pigeon). Voir LESSIF.
PIGNATE n. f.
Marmite. Peu fréquent, Provence orientale. Probablement du prov. pignato, même sens.
Connu en moyen-fr. et en franco-prov. Voir GAMATE, TIAN, TOUPIN.
PIGNE n. f.
1. Pomme de pin. "on va ramasser des pignes de pin". 2. (fig.) Tête. "Il a pris une tuile sur la
pigne". Très fréquent au sens 1 (pomme de pin est rare et souvent incompris), peu fréquent au
sens 2. Du prov. pigno, mêmes sens.
PIGNIN n. m.
1. Lactaire délicieux (champignon). 2. Lactaire sanguin (champignon). Usuel (seul nom connu
pour ces champignons par la plupart des gens), région marseillaise, Var. Pour distinguer les
deux espèces, on précise parfois pignen safrané pour le sens 1. Du prov. pignen, même sens.
Voir CAPÉLAN.
PILE n. f.
Évier. "Mets-le à tremper dans la pile". Très fréquent. Du prov. pilo, pielo, même sens, litt.
"bloc de pierre" (dans lequel on taillait autrefois les éviers). voir POTAGER.
PIPIDON n. m.
Poux des poules. Rare, rural, terme agricole. Du prov. pipidoun, même sens.
PIQUE-MOUTE n. m.
Paysan, plouc (péjoratif). Peu fréquent. Du prov. pico-mouto, même sens, litt. "brise-motte".
Voir PACOULE, GAVOT.
PIQUER v. intr. et tr.
Frapper, cogner. "Ça pique aujourd'hui!" le soleil chauffe beaucoup. Peu fréquent. Sens du
prov. pica.

PISSADOU n. m.
Urinoir, toilettes. Du prov. pissadou, même sens. Usuel, plaisant. Voir CAGADOU, PATI.
PISSAROTE n. f.
Petit pipi de bébé. "vé la belle pissarote!". Usuel. Du prov. pissaroto, même sens.
PISTACHIER n. m. et adj.
1. Courreur de jupons "C'est un brave* pistachier". 2. Qui a rapport à l'amour physique. "des
histoires pistachières" …osées, coquines. Usuel. Du prov. pistachié, pistachiero, même sens.
Voir FROTADOU.
PISTOU n. m.
Sauce froide de tomates crues, ail, basilic frais et huile d'olive. Très fréquent, emblématique.
Souvent employé dans la loc. soupe au pistou, soupe de légumes parfumée au pistou.
Variante : pistou (tonique sur le ou). Du prov. pìstou, même sens, de pista, broyer, moudre.
Voir AÏOLI, PIEDS-PAQUETS, BOUILLABAISSE.
PITASSÉ adj.
Marqué de petits points. "Une bouteille de gaz pitassée". Peu fréquent, rural. Du prov.
pitassa, même sens, de pita, donner de petits coups de bec. Voir PITER, TASSELÉ.
PITCHOLINE n. f.
1. Petite olive de Nyons. 2. Olive charnue de Nîmes à petit noyau. 3. Mode de concervation
des olives (en saumure parfumées aux herbes). Variante : picholine. Du prov. pichoulino,
même sens, peut-être de pichot, petit, ou encore —selon l'étymologie populaire— de
Picciolini, Italien à qui l'on attribue l'invention du procédé de conservation.
PITCHOUN n. m. et adj.
1. Petit(e). "Mais c'est trop pitchoun, ici!". 2. Enfant. "Je vais chercher la pitchoune à
l'école". Très fréquent, emblématique (f. pitchoune). Variantes : pitchot, pitchote (Vallée du
Rhône) ; pitchounet, pitchounette (diminutifs). Du prov. pichoun, pichouno, pichot, pichoto,
etc…, mêmes sens. Voir ENFANT, MINOT.
PITER v. intr. et tr.
1. Manger par petits coups. "Je vous sers pas, hé, pitez dans le plat" (de frites). 2. Mordre à
l'hameçon. "ça pite?" (question usuelle à un pêcheur à la ligne). 3. (par ext.), Se laisser
prendre à une ruse. "il a pité comme un couillon". Très fréquent. Du prov. pita, même sens.
Voir PITASSER, PITE-MOUFE.
PITE-MOUFE n. m.
Petit poisson de roche (crenilabrus quinquemaculatus). Usuel (connu sous ce seul nom), côte.
Du prov. pito-moufo, litt. "mange-mousse" (se nourrit d'algues posidonies accrochées aux
roches). Voir PITER, ROUCAOU, DENTI, GOBI, etc.
PITOLER (SE) v. pron.
Rire beaucoup. "Qu'est-ce qu'on s'est pitolé!". Peu fréquent. Origine incertaine.
PITOU n. m.
Argent, monnaie "Tu as des pitous?". Peu fréquent, vieilli, Castellane. Du prov. pìtou, même
sens. Pite, même sens, au f., est attesté en fr.
PLAN n. m.
Petit plateau au pied d'une colline. "il faut monter sur le plan". Usuel en toponymie vivante.
Les villages perchés ont leur plan cultivé au bas de la colline. "Le plan d'Aups, le plan
d'Orgon, le plan du Castellet". Du prov. plan, même sens. Voir BARRE, COULET.
PLAN-PLAN loc. adv.
Lentement, tranquillement. "on va promener plan-plan". Très fréquent. Aussi dans les loc. :
"garder son sang plan" garder son sang froid ; "être sang plan" être calme. Du prov. plan,
lent, calme. Voir TALIN-TALÈNE.
PLATINE n. f.
Bande de lard. "Donner-moi de platine pour les alouettes-sans-têtes" …une bande de lard
pour les paupiettes de bœuf. Usuel. Du prov. platino, même sens.
PLUIRE v. intr.
1. Avoir les yeux bandés (à colin maillard). 2. Compter en ne regardant pas (à cache-cache).
"C'est à toi de pluire". Peu fréquent, jadis enfantin, Var, Haute-Provence. Origine incertaine.
Peut-être formé à partir du prov. pluga, fermer les yeux, avec changement de terminaison.
Peut-être francisation analogique de plòure, "pleuvoir", dû au fait que les enfants se
désignaient en chantant la comptine plòu, plòu, plòu, de baneto e de faiòu… (il pleut, il pleut,
il pleut, des haricots verts et des haricots blancs…). Voir SÈBE.

POINTU adj.
Du Nord, pas du Midi, en parlant de la prononciation. "Parler pointu" ; "il a l'accent pointu".
Très fréquent. Calque de la loc. provençale parla pounchu, même sens, au propre, parler snob.
L'origine en est discutée, probablement de camina pounchu, marcher sur les pointes, en
parlant des riches qui portaient des chaussures à talon (avoir l'accent prov., parler
"ordinairement", se dit parler plat, comme on dit en prov. camina plat, "marcher à plat", pour
les gens simples). La loc. parler pointu équivalente existe en corse (parlà pinzuttu) où les
Français continentaux sont surnommés "les pointus".
POMPE (À L'HUILE) n. f.
Sorte de brioche à l'huile d'olive que l'on consomme pour différentes fêtes selon les lieux
(Noël, St Éloi…). Très fréquent. Mot connu en fr. pour désigner différents types de gâteaux ;
probablement sous influence du prov. poumpo à l'òli, même sens. Voir NAVETTE,
TORQUE.
POTAGER n. m.
Partie plate de l'évier sur laquelle on pose la vaisselle. Très fréquent (aucun nom en fr.
commun n'est connu). Du prov. poutagié, même sens, à l'origine partie plate située à côté de
la plaque de cuisson, sur les anciennes cuisinières à feu de bois, où l'on posait la marmite de
potage pour la tenir au chaud.
POTI n. m .plur.
Dettes chez un commerçant . "il arrête pas de faire des poti(s)". Peu fréquent, Haute-
Provence. Du prov. pòti, même sens.
POUBÉLAÏRÉ n. m.
Éboueur. Usuel, Marseille. Néologisme formé du fr. poubelle et d'un suffixe prov. -aire
correspondant au fr. -eur. Voir BORDILLE.
POUDET n. m.
Serpette. Peu fréquent, rural, terme agricole, Haute-Provence. Du prov. poudet, même sens,
de pouda, tailler la vigne. Voir EÏSSADON.
POULINTE n. f.
Semoule de maïs. "Tu t'es mangé la daube avé la poulinte". Usuel. Du prov. poulento, même
sens, de l'italien polenta, même sens. Voir PASTACHOUTE.
POUNTIN n. m.
Balcon couvert d'un toit. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. pountin, même sens.
Voir CHAMBRON.
POUPU adj.
1. Charnu, en parlant d'un fruit. 2. Bien en chair, en parlant d'une personne. "une petite bien
poupue". Du prov. poupu, même sens.
POURPRE n. m.
Poulpe. Peu fréquent. Principalement usité dans les loc. peu fréquentes : "prendre un
pourpre" prendre une averse, et par ext., subir des reproches, subir un échec (allusion à
l'encre que reçoit celui qui pêche un poulpe) ; "des yeux de pourpre" de gros yeux. Variante :
poupre. Du prov. pourpre, même sens. Voir GABIAN, TOOUTÈNE.
POURRIDIÉ n. m.
1. Dépôtoir, fosse à fumier. 2. Marécage. 3. Endroit mal fâmé. Peu fréquent. Du prov.
pourridié, mêmes sens, de pourri, pourrir.. Mot connu en fr. commun, emprunté au prov.,
pour désigner une maladie des végétaux. Voir PATI, SUIE.
POUSSETTE n. f.
Sein de femme, en style plaisant. Peu fréquent. Du prov. pousseto, petit sein, de pousso, sein.
POUTIGNE n. f.
Humeur secrétée par les yeux. Peu fréquent (mais souvent connue sous ce seul nom). "Tu as
la poutigne aux yeux". Du prov. poutigno, même sens.
POUTOUN n. m.
Baiser, bise. "fais-moi un poutoun". Très fréquent, Provence occidentale. Du prov. même mot,
même sens. Voir BA.
PRADON n. m.
Petit pré. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. pradoun, même sens ; diminutif de
prat, pré.
PRÈGUE-DIOU n. m.
Mante-religieuse. Usuel. Du prov. prego-diéu, pregadiéu, même sens litt. "prie-dieu" (à cause
de la position habituelle de l'insecte).
PURGE excl.
Marque la surprise. "Purge!" ; "Purge de sort!" ; "Fan de purge!". Influence du prov. purjo,
même sens et mêmes emplois.
PUTARASSE n. f.
Augmentatif péjoratif de pute. Peu fréquent, vulgaire, Marseille. Du prov. putarasso, même
sens, de puto, + suffixe augmentatif péjoratif -arasso (cf. grandaras, pataras*). Voir
CAGOLE, CRÉMIÈRE.

Q
QUÉ pron., excl., et adj. interr. m. et f.
Quoi, que, quel(le). "Qué beau petit!" ; "Qué chose?" ; "Tu viens demain, qué*?". Très
fréquent, emblématique. Du prov. que, mêmes sens, mêmes usages.
QUÈCOU voir CACOU
QUÈLI n. m.
Pot de chambre. Peu fréquentn vieilli (avec l'objet). Du prov. quèli, même sens.
QU’ES ACO ? voir ACO.
QUICHER v. tr.
Écraser, presser. "Quicher un citron". Peu fréquent. Du prov. quicha, même sens. Voir
ESQUICHER, QUICHIÉ.
QUICHIÉ n. m.
Morceau de pain frotté d'ail et arrosé d'huile d'olive. Variante phonétique (plus prov.) :
quitchié. Peu fréquent, Marseille. Du prov. quichié, même sens, de quicha, écraser.
QUILLER v. tr.
Percher. "La maison est quillée sur la colline". Du prov. quiha, même sens. Voir
DÉQUILLER.
QUITTER v. tr.
Enlever, ôter. "Quitte la veste qu'il fait chaud". Très fréquent. Sens du prov. quita. Voir
LEVER.
QUIQUET n. m.
Ver du fromage. Peu fréquent. Var, Haute-Provence. Du prov. quiquet, même sens.
QUOUCARIN pron. indef.
Quelque chose. "Il doit gagner quoucarin". Usuel, Marseille. Du prov. quoucarrèn,
quaucarèn, même sens.

R
RABAILLER v. tr.
Ramasser. "Rabaille les clous qui sont par terre". Peu fréquent, Haute-Provence. Dérivé :
rabaille (n. f.), façon de tirer au jeu de boules, en rasant le sol et en "ramassant" la boule visée
au passage. Usuel chez les joueurs de boules. Du prov. rabaia, même sens. Voir LONGUE,
BOUCHON.
RABASSIER n. m. et adj.
Chercheur de truffes (se dit d'une personne ou d'un chien). "Un rabassier" ; "un chien
rabassier". Peu fréquent, mais usuel chez les spécialistes, Var, Vaucluse, Haute-Provence. Du
prov. rabassié, même sens, de rabasso, truffe.
RACATI n. m.
Reste qu'on récupère. "Je prends le racati". Usuel, Haute-Provence, Var, Marseille. Du prov.
racàti, recàti, même sens, au propre, abri.
RADASSIÉ n. m.
Sorte de canapé traditionnel provençal. Usuel. Du prov. même mot, même sens, du v. si
radassa, se reposer.
RAFÉGUER v. intr.
Fureter. Usuel, Haute-Provence. Variante : RAFIGUER. Du prov. rafega, rafiga, même sens.
Voir FURNER.
RAFRAICHIR v. tr.
Rincer. "je vais rafraichir les verres". Usuel. Sens du prov. refresca, au propre, rafraîchir, à
cause de l'effet de l'eau. Voir OFFUSQUÉ.
RAGNE n. f.
Ophrys (fleur ressemblant à une araignée). Peu fréquent, Camargue, Alpilles. Du prov. ragno,
même sens, de aragno, araignée.
RAÏ n. m.
Troupeau. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. rai, même sens. Voir AVÉ.

RAÏAS n.m.
Orage, forte pluie. Usuel, Haute-Provence. Du prov. raias, même sens, de raia, couler à flot.
Voir CHAVANE, RUSCLE.
RAÏOLE n. f.
Sorte de ravioli (pâte farcie). Usuel, Alpes-Maritimes, Var occidental, Haute-Provence. Du
prov. raiolo, même sens. Voir CROUSET.
RAPÉGON n. m.
1. Graine s'accrochant au vêtement et au pelage des animaux. "le chat est encore cafi* de
rapégons". 2. Personne collante. Usuel, Var. Du prov. rapegoun, même sens, de pega, coller.
Voir PÈGUE, CHARRETTE.
RAPLOT adj.
Rablé, petit et gros. "Un homme raplot" ; "une fille raplote". Usuel. Du prov. raplot, raploto,
même sens.
RAPUGUE n. f.
Grapillage du raisin restant après les vendanges. "Du vin de rapugue". Peu fréquent, rural. Du
prov. rapugo, même sens. Dérivé : rapuguer, grapiller les raisins, du prov. rapuga, même
sens.
RAQUER v. intr.
Vomir. Très fréquent. Sens du prov. raca. Connu en fr. familier au sens de "payer", issu du
sens prov. Voir BOMI.
RASCLEUX adj.
Avare, mesquin "une vieille plutôt rascleuse". (Var, Marseille). Variantes : rasclet, rasclette ;
rasqueux, rasqueuse (Marseille). Peu fréquent. Du prov. rasclous, rasclouso, même sens.
Voir RASPI, RATCHOU.
RASÉTAÏRÉ n. m.
Concurrent d'une course de taureaux "à la cocarde". Usuel, lexique taurin, Camargue et
alentour. Du prov. rasetaire, même sens, de raset, crochet avec lequel on attrappe la cocarde.
Voir FERRADE.
RASPAILLON n. m.
Raidillon. Peu fréquent, Marseille. Variante : rapaillon. Du prov. raspaioun, même sens, de
raspaia, "glisser". Voir ROMPE-CUL, CALADE.
RASPI adj.
Avare. "Il est raspi!". Usuel, Var, Marseille. Variante : raspiasse, augmentatif péjoratif de
forme f. mais aussi usité à propos d'un homme. Du prov. ràspi, raspiasso, même sens. Voir
RASCLEUX, RATCHOU.
RASSET n. f.
Petite scie. Peu fréquent, Comtat-Venaissin. Du prov. rasset, même sens, de rassa, ressa,
scier. Voir LOUBE, SARRET.
RASTÉLET n. m.
Sorte de petit râteau dont on équipe une faux pour glaner "ça c'est une faux à rastélet". Peu
fréquent, rural, vieilli, Haute-Provence. Du prov. rastelet, même sens, litt. "petit râteau", de
rastèu, râteau. Voir POUDET, EISSADON.
RATAILLON n. m.
Petit morceau, petite quantité, petit reste. "Donne-moi ce rataillon de soupe". Très fréquent.
Du prov. rataioun, retaioun, mêmes sens, litt. "petit morceau recoupé", de taia, couper. Voir
PÉTON, BADA, TCHÈTCHOU.
RATCHOU adj. et n. m.
Avare. Usuel, "Qué ratchou, ce marchand!". Var, Alpes-Maritimes. Du prov. ràchou, même
sens. Voir RASCLEUX, RASPI.
RATE-PÉNATE n. f.
Chauve-souris. Peu fréquent et surtout usité dans la loc. : avoir la rate-pénate être fou
(Marseille). Du prov. rato-penato, même sens. Variantes : rate-pignate, rate-pénade, du prov.
rato-pignato, rato-penado.
RATOUNE n. f.
Dent, en langage enfantin. "vé! Tu as de belles ratounes". Usuel. Du prov. ratouno, même
sens, diminutif de rato, souris, à cause de la légende toujours mise en pratique par les parents
de la petite souris qui emporte la première dent de lait tombée et laisse un cadeau à la place.

RAVAN n. m.
Rebus. "Jette-moi ces vieilleries au ravan". Usuel. Du prov. ravan, même sens. Voir
CARCAN, POURRIDIÉ.
RAVASSÉGER v. intr.
Rêvasser. Peu fréquent, Avignon. Du prov. ravasseja, revasseja, même sens.
RAVI n. m.
1. Idiot du village "il semble* le ravi de la crèche". 2. L'un des santons de la crèche
traditionnelle. "té! regarde! lou ravi!". Usuel. Du prov. ravi, même sens. Voir BOUFARÈU.
RÉBÉCHINÉ adj.
1. Renfrogné. 2. Recroquevillé. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. rebechina, même
sens.
RÉCAMPADI n. m.
1. Réfugié. 2. Animal recueilli. "ce chat c'est un récampadi". Peu fréquent, Var. Du prov.
recampadis, même sens, de si recampa, rentrer chez soi, s'abriter.
RÉCAVER v. intr.
Creuser "Le petit, à la plage, il a récavé comme un fada*". Usuel, Var. Du prov. recava,
même sens.
RÉGARDAÏRÉ n. m.
Voyeur. Peu fréquent, Marseille. Du prov. regardaire, même sens, de regarda, regarder. Voir
ESPINCHER.
REGONFLE n.m.
Remous. "Il y a du regonfle près du pont". Peu fréquent. Du prov. regounfle, même sens.
REÏRÉ-GRAND n. m. et f.
Arrière-grand-père, arrière-grand-mère. Peu fréquent, vieilli. Du prov. rèire-grand, mêmes
sens.
RELÉGUÉ adj.
Fatigué. Rare, vieilli, Marseille. Évolution sémantique originale du mot fr. peut-être à cause
du vocabulaire sportif (relégué en 2e division). En prov., relega, reléguer, signifie également
"se retirer dans un coin tranquille".
REMBRAILLER (SE) v. pron. ou tr.
Remettre son pantalon correctement. "Rembraille-le, ce pitchounet!" ; "Attends, je me
rembraille". Très fréquent. Du prov. (si) rembraia, même sens, de embraia, braio. Voir
BRAILLE, DÉSEMBRAILLER, EMBRAILLER.
RENARDON n. m.
Petit charrue archaïque. Rare, vieilli, rural, Var. Du prov. renardoun, même sens.
RENCONTRER (BIEN) loc.
Avoir de la chance, faire une affaire. "J'ai bien rencontré". Peu fréquent à usuel, Marseille.
Calque de la locution prov. bèn rescountra, même sens. Connu dans certaines langues d'Oïl.
Voir ENCAPER, CAPITER.
RÉNER v. intr.
Râler, être mécontent. "Tu as pas un peu fini de réner, dis?". Très fréquent. Variante : reïner
(Marseille). Dérivé : rénaïré, râleur (n. m.). Du prov. rena, renaire, mêmes sens.

RENTE n. f.
Loyer (notamment d'une exploitation agricole). "il vaut mieux être à la rente" (être locataire
d'une ferme). Peu fréquent, rural. Du prov. rènto, rèndo, même sens.
REPÉPIER v. intr.
Radoter. "Si vous repépiez à votre âge…". Usuel. Du prov. repepia, même sens.
REPROCHER v. intr.
Donner des renvois gastriques. "L'ail, ça me reproche". Très fréquent. Sens du prov.
reproucha, connu dans certaines langues d'Oïl.
RÉQUINQUILLER v. tr. et intr.
Requinquer. "Bois-ça, ça va te réquinquiller". Très fréquent. Variante phonétique :
requinquiller. Du prov. requinquiha, même sens. Mot connu dans certaines langues d'Oïl et
en franco-prov. Voir QUILLER.
RESQUILLER v. intr.
Glisser. "attention de pas resquiller sur la glace". Usuel. Du prov. resquiha, même sens. Mot
connu en fr. commun, emprunté au prov., mais avec un sens différent.
RESTANQUE n. f.
Terrasse de terre cultivée à flanc de colline. Usuel. Du prov. restanco, même sens ; de
restanca, retenir. Voir BANCAOU, FAÏSSE, TANQUER.
RESTAURANT n. m.
Gros pain de 400 grammes. Usuel, Var. Abréviation de pain de restaurant, nom dû à la taille
du pain.
RHÉNÉ n. m. et adj.
1. Bourgeois "c'est des rhénés, ils font semblant d'être des quartiers nord". 2. Nul, ringard.
"c'est rhéné, c'te radio" ; "ti es un rhéné, va mourir!". Peu fréquent, se diffusant chez les
jeunes depuis les milieux populaires, Marseille. La graphie rh- tente de noter une
prononciation fortement "frottée" de l'initiale, façon jota espagnol. Emprunt à l'arabe
maghrébin, même sens. Voir PAYOT.
RIBAS n. m.
Talus. Peu fréquent, Var. Variante : ribe. Du prov. ribas, même sens, de ribo, bord.
RIGAOU n. m.
Rouge-gorge. Peu fréquent, rural. Du prov. rigau, même sens. Voir PÉTOUSE.
RIMÉ adj.
Brûlé. "Mon rôti est tout rimé" ; "ça sent le rimé". Usuel. Du prov. rima, même sens.
RODOU n. m.
Endroit recherché. "on est allés piqueniquer, on a trouvé un rodou, c'était parfait". Peu
fréquent, Var. Employé aussi dans la loc. "faire le rodou" faire bande à part (peu fréquent,
Var). Du prov. ròdou, même sens.
ROGNONADE n. f.
1. Longe d'agneau. 2. Aloyau de bœuf. Usuel comme terme de boucherie. Du prov.
rougnounado, mêmes sens. Voir MOUTOUNESSE.
ROMPE-CUL n. m.
Ruelle en pente. "c'est le coup de dire que c'est un rompe-cul!". Usuel. Nom fréquemment
donné officiellement à des rues de ce type. Variante (forme prov.) : roumpé-quiou. Du prov.
roumpe-cuou, roumpe-quiéu, même sens, litt., casse-cul. Voir RASPAILLON, CALADE.

ROMPE-FIGUE n. m. et f.
Casse-pieds. Usuel, Marseille. Du prov. roumpe-figo, même sens, figo étant un euphémisme
pour "testicules". Voir TAVAN.
ROMÉRAGE n. m.
Fête votive (dédiée à un saint patron de village). Peu fréquent, Var, Haute-Provence. Du prov.
roumeràgi, roumeiràgi, même sens, de roumiéu, pèlerin.
RONSE n. f.
Fainéant. "C'est une ronse". Peu fréquent. Probablement du prov. rounso, même sens ; connu
dans certaines langues d'Oïl avec des sens différents. Voir SANTON, PATARAS.
ROUBINE n. f.
1. Canal d'écoulement des eaux. 2. Étendue de marne noire (Haute-Provence). Variante au
sens 2 : robine (Haute-Provence). Du prov. roubino, mêmes sens (il s'agit probablement de
deux roubino différent en prov.).
ROUCAOU n. m.
Poisson de Méditérranée (crenilabrus tinca ou labrus pavo). Variante : rouquié. Usuel (n'est
connu que sous ces noms). Poisson coloré qui vit dans les rochers et qui prend une teinte
bleue lors de la période de la reproduction : on l'appelle alors roucaou bleu ou lucrèce. Du
prov. roucau, rouquié, même sens, litt. "relatif aux roches". Voir LUCRÈCE, ROUCAS.
ROUCAS n. m.
Rocher. Usuel. Le -s final est prononcé. Du prov. roucas, même sens, augmentatif de roco,
roche.
ROUINE n. f.
Lit d'un torrent intermittent . Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. rouino, même sens.
Voir MAÏRÉ.
ROUMPÉ-QUIOU voir ROMPE-CUL.
ROUSIGUER v. tr.
Grignoter. Peu fréquent, Marseille. Du prov. rousiga, même sens. Voir PITER.
ROUX n. m.
Jaune d'œuf. "il faut battre les roux avec du sucre". Usuel. Probablement sous influence
directe du prov. rous, même sens, connu en ancien-fr. et en franco-prov. Voir GLAIRE.
RUSCLE n. m.
Orage. Peu fréquent, Var, Haute-Provence. Du prov. ruscle, même sens, au propre "furie,
grande faim, désir érotique". Voir RAIAS, CHAVANE.

S
SACOURETTE voir SAQUÈTI
SAGATE n. f.
Pousse d'une plante. Peu fréquent. Haute-Provence. Du prov. sagato, même sens.
SAGNE n. f.
Sorte de jonc à feuilles coupantes avec lequel on empaille les chaises et l'on couvre les toits
des maisons camargaises (phragmite australis). Peu fréquent à usuel. Variante : siagne. Du
prov. sagno, siagno, même sens. Voir CANE, SALADELLE.
SAINT CHAFFREY (FAIRE) loc.
Faire bombance. "Demain, nous ferons Saint Chaffrey". Peu fréquent, Haute-Provence. Du
prov. faire sant Chafre, même sens. Connu dans l'Ouest de la France avec le sens faire du
tapage. Mot issu d'une racine onomatopéïque tchaf. Le Saint Chaffrey est également un
sommet dans les Hautes-Alpes.
SAINT GEORGES n.
Employé usuellement dans la loc. calquée du prov. être couvert comme saint Georges, être
trop et mal habillé. Du prov. èstre tapa coumo Sant Jòrgi, allusion aux représentations
traditionnelles de ce saint, toujours vêtu d'hiver.
SAINT JEAN loc.
A tes souhaits! (mots que l'on adresse à un enfant qui vient d'éternuer). Usuel. Du prov. Sant
Jan, même sens, abréviation de Sant Jan ti crèisse, Saint Jean te fasse grandir.
SAINT MICHEL (FAIRE) loc.
Déménager. Peu fréquent. Du prov. faire Sant-Miquèu, même sens, allusion à la date
d'échéance traditionnelle des baux de location en Provence (29 septembre).
SALADELLE n. f.
Fleur mauve des marécages de Camargue (statice limonium). Usuel, Camargue et alentours.
La saladelle est la symbole des gardians. Du prov. saladello, même sens. Voir SANSOUIRE,
ENGANE.
SANGUETTE n.f.
Plat de sang frit, consommé quand on tue un cochon ou un mouton. Peu fréquent, rural,
Haute-Provence, Var. Du prov. sangueto, même sens, de sang, sang.
SANSOUIRE n. f.
Terrain marécageux salé en Camargue. Très fréquent localement (n'est connu que sous ce
nom). Symbole de la Camargue. Du prov. sansouiro, même sens. Voir SALADELLE.
SANTI-BELLI n. m. et adj.
1. Personne apathique. 2. Santon. "Allez, bouge-toi, santi-belli!" "Que tu es santi-belli, ma
fille!". Rare, vieilli au sens 1. Très fréquent au sens 2. Du prov. sànti-bèlli, mêmes sens, du
napolitain santi belli, santon. Voir SANTON.
SANTIFÉCÉTUR (AVOIR LE) loc.
Être en colère. Rare, vieilli. Idem en prov. Mot du latin de messe.

SANTON n. m. et adj. invariable


1. Petit personnage de la crèche. 2. Personne apathique, lente, peu dégourdie. "C'est un
santon". "elle est santon". Très fréquent aux deux sens, le 1. s'étant diffusé dans toute la
France même s'il reste connoté prov. Le sens est issu de l'immobilité des santons, qui ont les
pieds pris dans un socle. Du prov. santoun, mêmes sens, litt. "petit saint", de sant, saint. Voir
SANTI-BELLI, STASSI, PATARAS.
SAQUÈTI n. m.
Sac à main. Usuel, Marseille. Variantes : saque (grand sac à main), sacourette (petit sac à
main), n. f., Haute-Provence. Du prov. saquèti, saco, sacoureto, mêmes sens.
SAR n. m.
Poisson de Méditerranée (Sparus sargus). Très fréquent (n'est connu que sous ce nom). Du
prov. sarg, même sens. Voir ROUCAOU, SARAN, etc.

SARAN n. m.
Poisson de Méditerranée de couleur rougeâtre (serranus cabrilla). Usuel (n'est connu que
sous ce nom). Du prov. saran, sarran, même sens. Voir ROUCAOU, SAR.
SARDINE n. f.
1. Doigt, surtout dans la loc. se toucher les cinq sardines se serrer la main. 2. Faux-pli. "j'ai
fait une sardine à ma chemise". Sens fig. du prov. sardino, au propre, sardine.
SARGAÏ n. m.
Oseille sauvage. Peu fréquent, rural, Var, Haute-Provence. Du prov. sargai, même sens. Voir
ESCLARZEILLE, MOURRE.
SARRET voir RASSET
SARRIÈRE n. f.
Sommet d'une montagne en dent de scie. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. sarriero,
même sens. Voir SARRET, SARRILLE, BARRE.
SARRILLE n. f.
Sciure de bois. Peu fréquent, technique. Du prov. sarriho, même sens, de sarra, serra, scier.
Voir SARRET.
SARTAN n. f.
1. Poëlle à frire."sors-moi la sartan". 2. (fig.) Femme revêche, en général âgée. "qué* vieille
sartan, cette Norine". Rare, vieilli au sens 1, usuel au sens 2. Du prov. sartan, mêmes sens.
Dérivé : sartanade, (n. f.) contenu d'une sartan, notamment "une sartanade de châtaignes",
du prov. sartanado, même sens. Voir PIGNATE, CARCAN.
SAS interj.
Tu sais! "Tu ferais mieux de laisser tomber, sas!". Très fréquent. Du prov. sas, même sens, 2e
personne courte du v. saupre, savoir. Voir VÉ, TÉ.
SCAPA interj.
Exprime le fait de partir rapidement. "Bon allez, je prends mes clés et scapa!" ; "quand il a vu
ça, il a fait scapa!". Usuel. De l'italien scapa, "échappe". Voir ZOU, BASTA.
SCOUMOUGNE n. f.
Déveine. "il a eu la scoumougne" ; "tu vas nous porter la scoumougne". Variantes :
scoumoune, chcoumoune. Usuel, Marseille, Var. L'usage a pu en être renforcé par celui,
identique, des rapatriés d'Algérie. Du napolitain scummunicate, injure, litt. "excommunié".
SÈBE excl.
Pouce!, Excl. principalement enfantine marquant la rédition et la demande d'arrêt dans un jeu.
Surtout dans la loc. dire sèbe, mettre les pouces. Peu fréquent, vieilli. Du prov. sèbo, même
sens. Voir PLUIRE.
SÉDIN n. m.
Corde tressée servant de rène et de lasso aux gardians (Camargue). Usuel comme terme
technique en Camargue. Du prov. seden, même sens, de sedo, soie.
SÉGUER (SE) v. pron.
Se masturber. Usuel, perçu comme vulgaire, Marseille, Var. Aussi dans la loc. Tu peux te
séguer!, tu peux toujours courir! Du prov. si sega, même sens, de sega, couper, scier, à cause
du geste.
SEMBLER v. tr.
Ressembler à… "Tu sembles ton père". Sens et usage du prov. sembla. Connu en certaines
langues d'Oïl. Voir AIR, QUITTER.

SÉPIA n. f.
Seiche. "Du riz avec de la sépia". Usuel, côte. Mot emprunté à une langue romane
méditerranéenne : italien, espagnol, catalan…, ou au latin. Usage probablement répandu ou
renforcé par les Italiens et/ou les rapatriés d'Algérie. Le prov. sèpi, sùpi, (qui a donné un supi
attesté mais rare en fr. régional) a facilité l'adoption du mot. Voir SUPION.
SÉQUIÉ n. m .
Séchoir à fruits (au soleil). Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. sequié, même sens,
de seca, sécher. Voir SOULEÏAÏRÉ.
SERPATILLE n. f.
Couleuvre. Rare, rural, Haute-Provence. Du prov. serpatiho, même sens.
SIÉTON n. m.
Petite assiette, soucoupe. "un siéton de soupe". Usuel. Du prov. sietoun, même sens, diminutif
de sieto, assiette.
SOCCA n. f.
Mets fait de farine de pois-chiche cuite au four, spécialité niçoise. Usuel. Du niçois, même
mot, même sens. Voir PANISSE, CADE.
SOFI n. f.
Ablette (poisson d'eau douce). Usuel chez les pêcheurs à la ligne. Du prov. sòfi, même sens.
SOUCAS voir SOUQUET
SOULÉÏAÏRÉ n. m.
Séchoir à fruits (au soleil). Peu fréquent, rural, technique agricole. Haute-Provence Du prov.
souleiaire, même sens, de soulèu, soleil. Voir SÉQUIÉ, SOULÈOU.
SOULÈOU n. m.
Soleil. "Vé, le soulèou!". Très fréquent, emblématique (à cause du caractère symbolique du
climat provençal). Aussi dans la loc. lou soulèou mé faï canta, lou soulèou mi fa canta,
accolée à l'image de la cigale. Du prov. soulèu, même sens.
SOUQUET n. m.
Souche d'olivier destinée à la transplantation. Peu fréquent, technique agricole, Var. Variante
augmentative soucas, surtout dans la loc. dormir commu un soucas, dormir comme une
souche (usuel, Var). Du prov. souquet, même sens, diminutif de souco, souche, et de soucas,
même sens et même loc.
STASSI adj.
Apathique. "il est stassi". Usuel, Marseille. Origine incertaine. Peut-être emprunt à une langue
d'Italie ou au corse d'une forme dérivée du v. stare, rester, avec ou sans influence du prov.
esta (cf. laïsso m'esta* ). Voir SANTON.
STOQUEFICHE n. m.
Personne maigre."qué* stoquefiche!" ; "il est maigre comme un stoquefiche". Très fréquent.
Du prov. estocoficho, estocafisso, même sens et mêmes usages, au propre, stock-fish, poisson
séché et fumé. Voir CHARNIGOU, MÈRE.
STRAOU voir TRAOU
SUCE-MIEL n. m.
Bonbon au miel, spécialité Marseillaise. Usuel (n'est connu que sous ce nom). Calque du
prov. suço-mèu, même sens.

SUIE n. f.
1. Bac à fumier. 2. Dépôt d'ordures. "Jeter les bordilles* à la suie". Du prov. suèio, même
sens, probablement avec attirance du fr. suie (proche par l'idée de saleté) en ce qui concerne
l'adaptation phonétique du mot prov. en fr. régional. Voir POURRIDIÉ.
SUPION n. m.
Petit calamar ou petite seiche. "Des brochettes de supions". Du prov. supioun, même sens,
diminutif de sùpi, seiche, calamar. Voir SÉPIA, TOOUTÈNE.

T
TABASSON n. m.
Sonnaille. Peu fréquent, rural, technique agricole, Haute-Provence, Var. Du prov. tabassoun,
même sens, de tabassa, cogner. Voir MATAOU, CAMPANE.
TAFANARI n. m.
Postérieur, fessier. "Elle a un brave* tafanari". Très fréquent, plaisant. Du prov. tafanàri,
même sens. Voir PÉTARÈOU, APANAOU.
TAFIGNON n. m.
Giffle. Peu fréquent. Var.
Du prov. tafignoun, même sens. Voir PASTISSON.
TAILLE-CÈBE n. m.
Perce-oreille (insecte). peu fréquent, rural, Comtat-Venaissin. Du prov. taio-cèbo, même sens,
litt. "coupe-oignon". Voir CÈBE.
TALIN-TALÈNE loc. adv.
Lentement, tranquillement. "Marcher talin-talène". Usuel, Marseille, Aix, Var.
Du prov. talin-talèno, même sens. Voir BALIN-BALAN, PLAN-PLAN.
TAMBOUR DE CASSIS loc. n. m.
Grand bavard. "lui c'est le tambour de Cassis". Très fréquent. Même loc. en prov., mais plus
développée : es lou tambour de Cassis, un sòu pèr coumença, e cènt pèr l'aplanta (c'est le
tambour de Cassis, un sou pour qu'il commence, et cent pour qu'il s'arrête). Cassis est un petit
port de pêche à l'est de Marseille. Voir BAZARETTE, CHARREUR.
TAMBOURINAÏRÉ n. m.
Joueur de tambourin et de galoubet (instruments de la musique traditionnelle provençale).
Usuel. Du prov. tambourinaire, même sens, de tambourin. Voir MASSETTE, GALOUBET,
ESTAMAÏRÉ..

TANQUER v. tr.
1. Caler, bloquer. "avec la grève, je suis resté tanqué en gare d'Avignon" ; "la deuch, elle s'est
tanquée dans le fossé". 2. Fermer en bloquant. "Tanque la porte avec une pierre". Très
fréquent. Du prov. tanca, mêmes sens.
TANT connecteur
1. Donc (introduit une conséquence). "Il est bien beau ce pain. Tant, j'en mangerais de
suite!". 2. Peut-être (introduit une probabilité). "tant il aime les anchois". Très fréquent. Sens
du prov. tant.
TAPÈNE n. f.
Câpre. "Du thon avec des tapènes". Peu fréquent. Du prov. tapèno, même sens. Dérivé :
tapenade, n. f., coulis de câpres et d'olives, du prov. tapenado, même sens (en cours
d'adoption par le fr. commun) ; tapénier, n. m. (Var), câprier, du prov. tapenié.

TARADÈOU n. m.
Filaire (arbrisseau). Peu fréquent, rural, Var. Du prov. taradèu, daradèu, même sens.
TARAVELLE n. f.
Bâton servant à serrer une corde enfaisant tourner le nœud sur lui-même. Peu fréquent, rural,
Haute-Provence. Du prov. taravello, même sens. Voir VENTARELLE.
TARDON n. m.
Jeune agneau. Peu fréquent, rural, technique agricole. Du prov. tardoun, même sens, litt.
"petit tardif".
TARGUE n. f.
Joutes nautiques traditionnelles. Peu fréquent (grand public, qui préfère joutes) à usuel (milieu
sportif en question), Vallée du Rhône, Côte. Du prov. targo, même sens. Dérivé : targaïré,
jouteur de targue, du prov. targaire, même sens.
TARRAILLETTE n. f.
1. Dinette d'enfant. "Nous jouons aux tarraillettes". 2. Petites poteries de décoration. Peu
fréquent, vieillissant. Du prov. tarraieto, terraieto, même sens, au propre, petit plat de terre
cuite, de terro, terre.
TARTIFLE n. f.
Pomme de terre. "Aujourd'hui, tartifles!". Peu fréquent, plaisant, Marseille. Du prov. tartiflo,
même sens.
TASTE (À LA) loc. adv.
En goûtant. "Au marché, les gens ils aiment acheter à la taste" (acheter un aliment après
l'avoir goûté). Peu fréquent. Probablement du prov. à la tasto, même sens. Le mot est connu
en ancien et moyen fr., mais pas la locution.
TASSELÉ adj.
Couvert de taches de différentes couleurs. "une chèvre tasselée". Peu fréquent, Var, Haute-
Provence. Du prov. tassela, tasselado, même sens. Voir PITASSÉ..
TATCHOUTI loc.
Tais-toi!. Peu fréquent à usuel, Marseille). Origine incertaine : soit issu d'une langue d'Italie
ou du corse, même sens (tacciu-ti), soit évolution du savoyard ma tchouti! ("mais écoute!").
TAVAN n. m.
1. Taon. "Attention! un tavan!". 2. Grosse mouche. 3. Personne importune. Du prov. tavan,
mêmes sens (désigne également en prov. tous les insectes volants). Dérivé : tavan merdassier,
mouche à merde et au fig. emmerdeur, du prov. merdassié, dérivé de merdasso, augmentatif
de merdo. Voir ARRAPÈDE.

TCHARAFI n. m.
Chose de peu de valeur. Peu fréquent, Var. Mot piémontais (ciarafi), même sens.
TCHATCHER v. intr.
Parler à la méditerranéenne (abondamment et souvent avec panache). "on aime aller au café
et tchatcher". Très fréquent, surtout chez les jeunes, tendant à devenir emblématique. Mot
probablement d'origine espagnole (chacharear), apporté par les rapatriés d'Algérie, et dont
l'adoption a été facilitée à la fois par la proximité culturelle méditerranéenne et par le fait que
la même racine a produit des mots de sens proche en prov. (charra, chacharasso,
chacharo…). Voir TCHATCHE, CHARREUR, BLAGAÏRÉ.
TCHATCHE n. f
Parole abondante et aisée. "quelle tchatche elle a, dis!". Très fréquent, surtout chez les jeunes,
tendant à devenir emblématique. Dériver de tchatcher. Voir TCHATCHER, LIPOU.

TCHÈTCHOU n. m.
1. Petite quantité. "Un tchetchou de sel". 2. Petit objet ajouté à quelque chose "il a un
tchetchou sur le chapeau". Très fréquent, Côte. Aussi dans la loc. et le tchètchou? par
laquelle on signifie à quelqu'un qu'il exagère, qu'on ne le croit pas. Variante : chichou,
chèchou. Du prov. chèchou, même sens. Voir CHICHETTE, CHICOULON, PÉTON,
RATAILLON.
TCHILET n. m.
Appeau. Peu fréquent, terme technique de chasseurs, Var. Du prov. chilet, même sens.
TCHORNI adj.
Maussade, grognon. "il est tchorni ce soir". Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. chòrni,
même sens.
TCHOUC adj.
Ivre. "il est tchouc". Usuel à très fréquent, Var oriental, Alpes-Maritimes. Du prov. chouc,
même sens. Dérivés : tchoucaton, n. m., ivrogne, du prov. choucatoun, même sens ; se
tchouquer, se saoûler, du prov. se chouca, s'enchouca. Voir EMPÉGUER, GANARE,
NIASQUER.
TCHOUTCHOU adj. et n. m.
1. Âne (terme enfantin). "vé le tchoutchou!". 2. Cochon (terme enfantin). 3. (fig.), idiot. "mon
Dieu qu'il est tchoutchou, ce type!" (Marseille). Usuel dans les trois sens. Du prov. chóuchou,
mêmes sens.
TÉ interj.
Tiens!, marque toute sorte de réactions. "Té! Le voilà!" ; "Té! Prends-le" ; "Té! Il est pas
d'accord". Variante : tè (selon intonation). Très fréquent, emblématique. Du prov. té, tè,
mêmes sens et mêmes usages, 2e personne courte de l'impératif du v. teni, tenir. Voir VÉ,
ZOU, FAN, OOU, VAÏ.
TEÏSSON n. m.
Blaireau (rongeur). Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. teissoun, même sens.
TEMPIÉ n. m.
Orage. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. tempié, même sens. Voir CHAVANE,
RUSCLE.
TÈPE n. f.
Pelouse, gazon. Rare. Probablement du prov. tèpo, même sens. Mot connu dans certaines
langues d'Oïl.

TERROULETTE n. f.
Surface de terre fine où les oiseaux et les enfants jouent à se rouler. Peu fréquent, Haute-
Provence. Du prov. terrouleto, même sens, de terro, terre.
TESTARD adj.
Têtu(e). (f. testarde). "que tu es testard!". Très fréquent. Du prov. testard, testardo, même
sens, de tèsto, tête. Dérivé : testardise, n. f., fait d'être têtu, avec suffixe fr. (l'équivalent prov.
est testardige, testardùgi).
TIAN n. m.
1. Récipient traditionnel large, rond, assez profond, en terre cuite émaillée, beige à bord brun,
servant de plat à four ou de bassine. 2. (par ext.) Toute sorte de récipient large, bassine,
cuvette. "Ta chemise trempe dans le tian". 3. Gratin de légumes en sauce cuits au four (dans
un tian ou un autre plat). "un tian de courgettes". Usuel dans les trois sens. Du prov. tian,
mêmes sens. Voir PIGNATE, GAMATE.

TIFE-TAFE onomatopée
Bruit du cœur, en général en cas d'émotion forte. "Le cœur, il y* faisait tife-tafe". Peu
fréquent. Du prov. tifo-tafo, même sens.
TIRAGNE n. f.
Longueur de fil que l'on passe dans une aiguille. Peu fréquent, technique, Var. Du prov.
tiragno, même sens. Voir FILAGNE.
TITOUN n. m.
Simplet."Té! Voilà le titoun". Peu fréquent, Toulon. Du prov. titoun, même sens. Voir FADA,
RAVI.
TOMPLE n. m.
Trou d'eau. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. toumple, même sens.
TOOUTÈNE n. f.
Calmar. Peu fréquent, Côte. Du prov. tóutèno, même sens. Voir POURPRE, SUPION.
TORQUE n. f.
Sorte de brioche que l'on consomme pour différentes fêtes (Epiphanie, St Éloi…). Peu
fréquent, région marseillaise. Variante : touarque, plus proche de la forme prov. Du prov.
touarco, même sens. Voir POMPE.
TOTI adj. et n. m.
Idiot."qu'elle est toti!" ; "qu'il est tchoutchou*, ce toti!". Usuel, Marseille, Toulon. Du prov.
tòti, même sens, litt. "cale plantée dans le sol".
TOUFOURASSE n.f.
Chaleur lourde et accablante. "il fait toufourasse". Usuel, Var, Haute-Provence. Du prov.
toufourasso, même sens, augmentatif de toufour.
TOUPIN n. m.
1. Pot en terre cuite. "Un toupin d'olives". 2. Toute sorte de récipient muni d'un couvercle
(marmite, etc.). Usuel. Aussi dans les loc. usuelles : être lourd comme un toupin, être lent,
peu intelligent ; être sourd comme un toupin, être sourd comme un pot. Probablement du
prov. toupin, même sens et mêmes loc. Mot connu dans certaines langues d'Oïl. Variante :
toupine (f.) du prov. toupino. Voir PIGNATE, TIAN.
TOURDRE n. m.
Nom de diverses sortes de grives (oiseaux, turdus illiacus —grive mauvis— et turdus
philomelos —grive musicienne— notamment). Usuel. Du prov. tourdre, mêmes sens. Voir
CHA-CHA.
TRANTAILLER v. intr.
1. Trembler. "la mamet*, elle trantaille". 2. Avoir des vertiges. Peu fréquent. Du prov.
trantaia, même sens. Variante : trantoler, du prov. trantoula, même sens.
TRAOU n. m.
Trou. "Y a un traou à ma chemise". Très fréquent. Variante récente (jeunes, Marseille) :
straou, de formation incertaine. Du prov. trau, même sens.
TRÈBOU adj.
Trouble. "l'eau est trèbou". Peu fréquent, Haute-Provence, Haut-Var. Du prov. trèbou, même
sens.

TREMPE adj.
Trempé(e). "j'ai le pantalon tout trempe". Très fréquent. Du prov. trempe, même sens, adj.
déverbal du v. trempa. Mot connu en certaines langues d'Oïl. Voir GONFLE, ENFLE.
TRIBOULET n. m.
Trèfle (plante). Peu fréquent, rural, Comtat-Venaissin). Du prov. triboulet, trimoulet, trioulet,
même sens. Voir AGAVON, PESOTE, etc.
TRINCHE n. f.
Boue. Rare, rural, Haute-Provence. Du prov. trencho, trenco, même sens. Voir FANGUE et
PAOUTE.
TRISSOULIÉ n. m.
Débris de lavande ou de foin. Peu fréquent, rural, Haute-Provence). Du prov. trissoulié, même
sens, de trissa, briser. Voir RACATI.
TROIS SUEURS (LES) loc.
Angoisse, grande peur. "Il m'a pris les trois sueurs" ; "j'en ai les trois sueurs". Usuel. Calque
du prov. tres susour, même sens, de tresusour, litt. "grande sueur". Variantes diverses
comprenant quatre sueurs, sept sueurs, etc. Voir PÉTACHE.
TRON n. m.
Mot utilisé pour composer de nombreux jurons usuels calqués du prov. : tron dé Diou, tron
dé pas Diou, tron de goï, tron de capon, etc… Aussi dans les loc. usuelles calquées du prov. :
faire péter les trons, jurer, être en colère ; tron de l'air, n. m., personne vive, remuante. Du
prov. troun, mêmes usage, litt. "tonnerre".

V
VAÏ interj.
Sert à marquer toute sorte de réactions. "Te fais pas de bile, vaï!". Très fréquent,
emblématique. Du prov. vai, même usage, 3e personne de l'impératif du v. ana, aller, litt.
"va". Voir TÉ, VÉ, ZOU.
VAÏSSÈOU n. m.
Gros tonneau de deux mille litres. Peu fréquent, technique, Haute-Provence. Du prov. vaissèu,
même sens.
VARAÏ n. m.
Désordre. "Qué varaï dans cette maison!". Peu fréquent, Var. Du prov. varai, même sens.
Voir PATI, PASTIS, OUAÏ.
VARON (AVOIR LE) loc.
Bouder. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. agué lou varoun, même sens, de varoun
"acnée juvénile". Voir MOURRE.
VASÈOU n. m.
Planche de semis. Peu fréquent, Haute-Provence. Du prov. vasèu, même sens.
VÉ interj.
Regarde!, employé pour attirer l'attention de son interlocuteur et pour marquer la surprise. "vé
le petit qui arrive" ; "vé! si il veut pas, laisse-le" ; "vé! un cadeau!". Très fréquent,
emblématique. Du prov. vé, mêmes usages, 3e personne de l'impératif du v. vèire, voir TÉ,
VAÏ, ZOU.
VÉNER v. intr.
Donner de la puissance à un jet d'eau. Rare, rural, Haute-Provence. Variante : avéner. Du
prov. vena, avena, même sens.
VENIR v. tr.
Devenir. "Je viens vieux". Très fréquent. Probablement sous influence du prov. veni, même
sens. Sens connu dans certains fr. locaux et en moyen-fr. Voir LEVER, MENER.
VENTARELLE n. f.
Tarare. Peu fréquent, rural, technique agricole, Haute-Provence. Du prov. ventarello, même
sens, de vènt, vent. Voir TARAVELLE.
VENTRESQUE n. f.
Poitrine de porc salée. "Un bon morceau de ventresque". Usuel. Du prov. ventresco, même
sens, de vèntre, ventre. Voir ROGNONADE.
VERDAOU n. m.
Crachat de couleur verte. "Bouaï! Un verdaou!". Peu fréquent, Marseille. Du prov. verdau,
même sens, de verd, vert.
VÉSÉ n. m.
Osier sauvage. Peu fréquent, rural, Haute-Provence. Du prov. vesé, même sens.
VIDOURLADE n. f.
Crue de la Vidourle, affluent gardois du Rhône. Usuel localement, Vallée du Rhône. Du prov.
vidourlado, même sens. Voir GARDONADE.
VIÉ n. m.
Pénis. Très fréquent, perçu comme vulgaire, Marseille, peu fréquent ailleurs. Aussi dans la
loc. très fréquente : mon vié! ; mon vié, madame Olivier!, par laquelle on refuse fortement
quelque chose (Marseille). Voir GATSOU, BICOU, CHICHIBELLI, MOUNINE.
VIRE-PASSE n. m.
Faillite, surtout dans la loc. usuelle faire le vire-passe, faire faillite. Du prov. viro-passo,
même sens, litt. "tourne et meurt".
VIRE-VIRE n. m.
1. Manège. "Un coup de vire-vire" un tour de manège. 2. Tourniquet d'arrosage. 3. Vertige.
"j'ai le vire-vire" j'ai le vertige (Marseille). Usuel. Du prov. viro-viro, mêmes sens, litt.
"tourne-tourne".
VISCADE n. f.
Colle employée comme piège à oiseau. Peu fréquent, terme technique de chasseurs, Haute-
Provence. Variante : visquette. Du prov. viscado, visquette, même sens. Voir LÈQUE,
TCHILET.
VOOUTE n. f.
Fois. "allez, encore une vooute" encore une fois, encore un tour (en jouant à la belote). Rare,
Var. Du prov. vòuto, même sens.
VOUEÏ adv.
Oui. Très fréquent. Variante d'insistance : voueye, (avec e final atone). Probablement sous
influence du prov. vouei, même sens. Connu par certains fr. locaux.

Y
Y pron. pers.
Lui, elle, eux. "j'y ai dit de venir" ; "mais fais-y plaisir!". Très fréquent. Probablement calque
du prov. li, ié (selon les variétés locales), qui couvre à la fois le fr. y (adv. de lieu) et les pron.
pers. compléments lui, elle, eux.

Z
ZOU interj.
Exprime un mouvement ou une action. "Zou, au travail" ; "Et zou, il a tombé la chaise". Très
fréquent, emblématique. Du prov. zóu, même sens.
ANNEXES 14

1. Prononciation du français en Provence


Les particularités du français régional de Provence ne s'arrêtent pas, on l'a dit, à son lexique.
Elles sont également particulièrement marquées dans le domaine de la prononciation : c'est le
fameux accent provençal ou « marseillais.
Les voyelles
Les voyelles du français de Provence sont celles de la langue provençale, qui ont été
transférées en français. Certains phonèmes du français qui n’existaient pas en provençal
(comme le o fermé, ou le eu qui n’est en provençal qu’une variante du u) y ont été intégrés
(pas tous) et dans une organisation proche des règles de prononciation du provençal. C'est non
seulement l'apparence phonétique qui est touchée (a plus ouvert, u moins long, ou plus tendu
etc...) mais aussi l’organisation « phonologique » comme disent les linguistes. C'est à dire que
les sons fondamentaux, ceux qui s'opposent entre eux et servent à distinguer les mots et leur
sens, que les linguistes appellent des phonèmes, ne sont pas les mêmes et ne s'opposent pas de
la même façon qu'en français standard ou septentrional.
15

Ainsi, en français régional de Provence, on ne distingue pas phonologiquement é et è, ó et ò, eú


fermé et eù ouvert. La répartition de ces sons ne sert pas à distinguer des mots, mais obéit à
une règle stricte de distribution selon la place de l'accent tonique (c'est à dire de la syllabe que
l'on prononce plus haut et plus fort que les autres) et selon que la syllabe se termine par une
consonne ou par une voyelle. Par exemple, on ne distingue pas chanter-chantais, paume-
pomme, jeûne-jeune, et on prononce à chaque fois les deux mots de façon identique (signalée
ici par le mot en caractères gras). De plus, le français régional de Provence n'a qu'un seul a
(central ouvert) comme le provençal, et pas de â (postérieur fermé) : on ne distingue pas patte
et pâte.
Par contre, il établit des distinctions pertinentes là où le français standard ou septentrional n'en
a pas (ou plus, comme pour un que la plupart des Français « de la moitié Nord » prononcent
aujourd'hui in par exemple dans brun confondu avec brin), en particulier grâce à l'existence
effective dans la prononciation provençale d'un e final atone (dit habituellement « muet » en
français) : Paul-Paule, bar-barre, col-colle, mer-mère etc…, ce qui modifie le nombre et la
structure des syllabes, et ajoute de nombreux accents toniques (c’est la position cet accent
d’intensité qui distingue alors femme et fameux). Ainsi, le français de Provence connait un
accent tonique de mot alors que le français standard est place l'accent tonique sur la dernière
syllabe des énoncés. En effet, outre tous les mots terminés par un -e (souvent prononcé comme
un eu fermé ou comme un o ouvert), on y trouve aussi des mots terminés par -o, -i, -é, -ou qui
ont l'accent sur l'avant dernière syllabe : campo santo, toti, Sanary, calignaïré, tchoutchou. Le
rythme des phrases en est modifié. Un système d'intonations riche et varié achève de donner au
français provençal son aspect « chantant ».
Cela a des conséquences grammaticales. On ne distingue pas « à l’oreille » de nombreuses
terminaisons verbales (chantais / chanté / chanter / chantai ; chanterai / chanterais toutes
terminaisons ramenées à é), des mots de catégories grammaticales différentes (et / est / ait tous
ramenés à é ; de / deux ramenés à eu fermé), etc… Les Provençaux gèrent donc ici
l’orthographe sur le sens et non sur le son. Par contre, on distingue à l’oreille les groupes de
On se reportera à la bibliographie pour tout complément sur les informations données ici.
14

15
On appelle français standard le français normé des manuels scolaires, celui que l'on enseigne en général aux
étrangers, qu’on rencontre en situations académiques et formelles, fondé sur celui des classes supérieures
parisiennes.
verbes lors de la conjugaison (il part / il pare ), un bon nombre d'oppositions masculin /
féminin (noir / noire, amical / amicale, cet / cette, Frédéric / Frédérique). De plus, il existe un
système d'opposition mots à une syllabe/mots à deux syllabes, à base orthographique, qui met
en relief les terminaisons : roi (1 syllabe) / roua (2 syllabes), loi / loua, joie / joua ; Pour les
Provençaux, jouet, jouer, rouet, rouer, louer, lueur, sueur, etc… séparent tous la terminaison
et la racine par une prononciation en deux syllabes, ce qui n'est pas le cas chez beaucoup de
francophones.
Les consonnes
Le système des consonnes présente moins de particularités par rapport au français standard. On
note principalement, comme en provençal, une consonne nasale après voyelle qui s'adapte au
son qui la suit et qui constitue, avec la voyelle, un substitut des voyelles nasales du français
standard ou septentrional : dans monde, tombe, un Provençal prononce effectivement le n et le
m signalés en gras. Dans enflé, il prononce un genre de m proche du f, son inconnu par la
plupart des francophones. Dans la plupart des autres cas, il prononce une sorte de ng comme
celui de l'anglais dans parking. Le fait qu'il n'y ait pas de phonème voyelle nasale en français
de Provence explique la conservation du groupe un distingué de in (brun/brin). Beaucoup de
groupes de consonnes sont réduits, comme en provençal : ézemple, ézagérer, essituteur,
spétacle, estrution (pour "instruction"), etc... Enfin, il faut noter le fort développement, ces
vingt dernières années, d’une prononciation tch pour t et dj pour d devant i et u (comme dans
voiture prononcé « voitchure », Didier prononcé « djidjié »). Cette tendance existait à
Marseille dès les années 1950 (on disait déjà « tié » pour tu es) et c’est de là qu’elle semble
s’être répandue en Provence.
Conclusion
Quand les Provençaux ont commencé à parler français, ils ont transféré sur cette langue alors
nouvelle pour eux, outre des mots et des tournures grammaticales, les sons de leur propre
langue. Cela produisait une mixture étonnante assez éloignée du français et difficilement
compréhensible pour un auditeur ni provençal, ni averti (Cf.. les textes reproduits plus loin).
Puis, le français se généralisant, au cours du XXe siècle, ces chevauchements entre les deux
langues se sont régularisés, donnant naissance au français régional de Provence tel qu'on le 16

connait encore aujourd'hui, et devenu largement compréhensible pour tout francophone. Il n'en
demeure pas moins que ses particularités sont nombreuses. On a bel et bien affaire à un
français qui fonctionne autrement.
On mesure combien les problèmes et phénomènes auxquels sont confrontés les petits
Provençaux à l'école, quand ils apprennent la lecture, l'orthographe, la poésie, l'expression
orale etc…, sont différents de ceux que connaissent d'autres francophones. Et cela est vrai pour
tous les francophones à travers le monde.

2. De quelques particularités grammaticales


Le français régional de Provence présente un certain nombre de particularités grammaticales,
en général présentes dans d'autres français « populaires », mais parfois plus originales et
trouvant leur origine ou leur renforcement dans la langue provençale.
Dans certains cas, il est difficile de déterminer si elles sont dues à l'influence d'autres formes
de français populaires ou si elles sont directement d'origine provençale (car toutes ces
tournures sont normales en provençal) :

La première description linguistique du français de Provence, en l’occurrence de celui de Marseille, date de


16

1931 (A. Brun). Des études récentes(Binisti et Gasquet-Cyrus, Kasbarian) ont montré que la plupart de ses
particularités se sont transmises à travers les générations et sont stables jusqu’à aujourd’hui (voir bibliographie).
- passé surcomposé à valeur modale exprimant un fait occasionnel (je l'ai eu vu signifiant
« il m'est parfois arrivé de le voir »)
- emploi des auxiliaires (il a tombé, il s'a trompé)
- emploi de la forme du pronom possessif comme adjectif (un mien cousin)
- pronom y à valeur personnelle (j'y ai dit signifiant "je (le) lui ai dit")
- datif éthique (je me suis pensé, je me le suis mangé )
- lui/leur comme pronoms compléments direct ou fonctionnement transitif indirect de
certains verbes (je lui aide, je leur suis parent, je l'aide à lui)
-pronoms sujets et compléments nous-autres, vous-autres (nous-autres y disons
« favouille » = « nous appellons ça une favouille »)
- emploi de se comme pronom réfléchi 1e personne du pluriel (nous se sommes bien
amusés)
- emploi de que comme relatif et conjonctif général (l'homme que je te parle, le jour que
tu es venu)
- emploi étendu de à (le ballon à Paul, je reste à ma maison, je vais à l'épicier )
- amalgame de s'en aller (il s'est ennallé )
- superlatifs et comparatifs d'insistance (c'est plus pire)
- emploi de du, de la, des après adverbe négatif ou de quantité (y a beaucoup des gens ;
tout plein de la sauce ; trop du soleil ça ensuque ; il a pas des sous)
- disparition de la première partie négative ne (je veux pas, j'y pense rien qu'à lui )
- changement de genre (un armoire, un enclume, un horloge, une ongle…)
- etc…
b. D'autres sont plus sûrement d'origine provençale :
- accord de fait + verbe (la robe que j'ai faite faire)
- ordre des pronoms compléments (donne-moi-le)
- existence d'un « vrai » partitif de (donne-moi de pain, mettre bien de sucre)
- prépositions de forme identique aux adverbes de lieu (je l'ai mis dessus la table, il est
rentré dedans la maison )
- emplois spéciaux de la préposition de (un moulin d'huile signifie "un moulin à huile" ;
coudre une étoffe de l'endroit « à l'endroit » ; manger de couché, rentrer de tard, dire de
non, aimer de rire « manger couché, rentrer tard, etc... » ; de ce Pierre ! de ce couillon !
« sacré Pierre, quel couillon! »)
- emploi interrogatif de comme pour « comment » (comme ça se fait ?)
-que relatif général avec pronom de rappel (le type que je t'en parle, la maison que j'y
habite)
- que explicatif signifiant « parce que » (passe à l'ombre qu'il fait chaud, y a des figues
pourries que tu les as pas mises au frigo)
- conjonction de subordination tellement que (tellement qu'il est beau que les filles lui
courent )
- puis connecteur logique signifiant « donc » ou temporel signifiant « après » (il est puis
pas venu, je l'ai puis rencontré)
- tant connecteur logique introduisant une conséquence (elle me plait, tant, je vais me la
marier)
- comparatifs au plus...au plus et autant...comme (au plus il vient vieux, au plus il vient
fada ; il est autant beau comme moi)
- doubles négations ne s'annulant pas (y en a plus pas un ; j’ai pas vu personne)
- genre de certains noms (la lièvre, la chifre)
- position de certains adjectifs épithètes (du sel gros )
- emploi étendu à sens possessif de l'article défini (tu mets la veste ?, j'ai fait l'héritage)
- absence d'article dans de nombreuses locutions figées (faire peine, tirer souci, attendre
demi-heure, finir journée)
- etc…
c. D'autres faits encore, plus complexes et touchant à la stylistique, se manifestent de façon
quotidienne, mais nécessiteraient ici des développements trop longs (fréquences de certaines
tournures, expressions imagées, pseudo-exagération et phénomènes d'insistance, préférence
pour le concret contre l'abstrait, conscience et répartition différentes des niveaux de langue -
c'est à dire emploi étendu d'un style ailleurs réservé au familier ou jugé « vulgaire » etc…)
La grammaire est le domaine du français de Provence qui tend le plus à se rapprocher des
normes scolaires "standard", notamment chez les gens bien scolarisés et dans les classes aisées.
Il n'en reste pas moins qu'elle continue à présenter des particularités notables, très répandues
dans les milieux populaires.

3. Noms de lieux et noms de personnes


Outre le vocabulaire courant, les noms propres contribuent à donner au français de Provence
son originalité, et à maintenir de façon très stable un bain linguistique provençal, notamment
par les étymologies populaires modernes et par leur prononciation.
Noms de lieux
Les noms de lieux principaux ont tous été francisés au cours du XIXe siècle (avec très souvent
des erreurs grossières), mais conservent souvent une phonétique, une racine, et un sens issus
du provençal. Citons au hasard : Sanary (ville du Var), c'est « Saint Nazaire » (provençal San
Nàri) ; La Begude (village des Bouches-du-Rhône), c'est « le débit de boisson » (provençal
begudo) ; La Destrousse (village des Bouches-du-Rhône), c'est un lieu où autrefois sévissaient
des bandits de grand chemin, Toutes-Aures (montagne de Haute-Provence), c'est « tous les
vents » (provençal Tóutis Auro) ; roumpé-cul (nom de rues fréquent), c'est « casse-cul »
(provençal roumpe-cuou, c'est à dire « rue en pente ») ; les nombreux Baux, Baou etc…
signifient « la falaise » (provençal baus) ; les nombreuses Beaume, Baume etc… « la grotte »
(provençal baumo) ; dans les collines et les montagnes, les nombreux mourre, mourré
signifient « museau » et barre signifie « arrête (de la montagne) » (provençal mourre, barro) ;
les barri(s) sont des « remparts » (provençal bàrri) et les plans des « plateaux » ; à Marseille,
la place Jean Jaurès continue d'être appelée La Plaine, c'est à dire « le plateau » (provençal
plano) ; les nombreux Riou sont des « torrents » (provençal riéu) ; les Font sont des
« sources » ; etc… 17

La prononciation des noms de lieux restent provençale : les diphtongues -aou, èou, fréquentes
en provençal, y perdurent (Le Baou, Col de Babaou, Les Gaouby, Le Mourrèou, etc...). Les y
représentent toujours un ï lorsqu'ils sont après une voyelle : La Seyne, Vacqueyras, Malagroy
sont prononcés La Seïne, Vacqueïras, Malagroï. Certains noms conservent une accentuation
sur l'avant-dernière syllabe bien qu'ils terminent par une voyelle autre : Sanary, Caramy, Mar
Vivo.
Prenons un exemple des langues de Provence dans les noms de lieux d'une petite ville. A
Sanary/Mer (Var), ville au nom provençal cité plus haut, de nombreux quartiers ont des noms
provençaux : Le Pont d'Aran, c'est « le pont de fer » (provençal lou pouont d'aran) ; La
Morvenède, c'est un « terrain planté de genévriers » (provençal mourvenedo, de mourvene
« genévrier ») ; La Poussaraque, c'est « la noria (puits équipé d'une roue à aube) » (provençal
pousaraco)… On pourrait aussi citer des noms de rues, de rivières. L'un des cas les plus
intéressants est celui des noms de villas et d'immeubles. En 1985, la moitié des 1200 noms
recensés par la mairie étaient en provençal ou en français régional : La Pitchounetto, Lou
Fougaou, L'Oustaou, La Gnado, Lou Souleou, Les Larmeuses, Les Amandons, Les Restanques,
Mon Gari, Ma Nine, La Cafourotte… Il en est souvent de même pour les commerces,
notamment bars, hôtels et restaurants.
Noms de personnes
Il s'agit là aussi d'un domaine qui a été francisé depuis plusieurs siècles, au moins sur les
documents écrits, conformément à l'usage consécutif à l'édit de Villers-Cotterêts (1539)

17
Voir mon Petit dictionnaire des lieux-dits en Provence, Montfaucon, Librairie Contemporaine, 2003.
progressivement mis en place en Provence (on trouve encore des formes provençales dans des
archives notariales ou paroissiales jusqu’au XVIIIe siècle). Un bon nombre de noms de
familles ont cependant toujours une forme typiquement provençale, par leur sens comme par
leur prononciation. Ainsi, si la plupart des Ribiero sont devenus Rivière, on trouve toujours des
Ribeyrol (riverain, prononcé Ribeïrol), par exemple. Des noms courants comme Coste, Delbos,
Daumas, Roque, Delaigue, Clapiers, Lafont, Castel, Bartas, Roure, Blacas ou Rieu, quoique
francisés, signifient respectivement « côte, du bois, de la ferme, roche, de l'eau, tas de pierre, la
source, château, buisson épineux, chêne, chêne blanc, torrent ». Les Bayle signifient « bailli,
chef », les Soubeyran « souverain ». Quant à Peyre, Bounifai, Rougier, Alary, ou Jaume, il
s'agit des formes provençales des prénoms « Pierre, Boniface, Roger, Hilaire ou Jacques »,
devenus noms de famille.
Mais c'est dans le domaine des sobriquets et des diminutifs de prénoms que le français régional
continue des usages conscients issus de la langue provençale. Si la plupart des prénoms
provençaux ont été soit remplacés par leur équivalent français, soit assimilés par le français
comme Magali, Mireille ou Estelle, quoiqu'on trouve encore nombre de Batistin, Marius, ou
Naïs (dans La fille du puisatier, de Pagnol, on trouve encore Felipe et non Philippe), certains
diminutifs courants restent provençaux.
Diminutifs de prénoms

Babé : Elisabeth
Bert : Albert, Norbert, Gilbert, Robert
Cèlou : Marcel
Cissou : Francis
Dani : Daniel
Dèdou : André, Amédée
Dette : Odette, Bernadette
Fine : Joséphine
Fonse : Alphonse
Gabi : Gabriel
Gastounet : Gaston
Gé, Zé, Djé : Joseph
Gilou : Gilles
Guite : Margueritte
Gustou, Gutou : Auguste
Fèli : Félix
Janet, Djanet : Jean
Loule, Lilou : Louis, Louise
Loulette : Louise
Magaloune : Magali
Martoune : Marthe
Médé : Amédée, Médéric
Mélie, Mèli : Amélie
Michou, Mitchou : Michel
Mïette : Marie
Mimi : Emilie, Emilienne
Mïu, Mïus, Mèhu : Marius
Mon : Edmond
Naïs : Anaïs
Nicou : Dominique, Nicolas
Noré : Honoré
Norine : Honorine
Polite : Hippolyte
Ricou : Eric
Sandre : Alexandre
Tchoua : François
Tienne : Etienne
Tilde : Mathilde
Titin : Batistin, Baptiste, Justin, Augustin
Tistin, Tistet, Tistounet : Baptiste
Toni, Toinou, Toine : Antoine
Zidore : Isidore
Zize : Maryse
Une tradition provençale ancienne se rencontre parfois encore, au moins par jeu : celle de
nommer une femme par le nom de son mari mis au féminin (c’était la règle dans les textes
administratifs provençaux jusqu’au XVIIIe). Ainsi, Mmes Blanchet, Cornillot, ou Maurin sont
appelées Blanchette, Cornilotte, Maurine.
Sobriquets
Les sobriquets, de création souvent spontanée, font régulièrement appel au vocabulaire
régional, ressenti comme plus expressif. En voici quelques uns entendus et relevés au hasard :
Misè Bacèou : Madame Giffle
La Boufigue : le Prétentieux
Boulégon : l'Agité
Le Boumian : le Gitan
(Le) Casseïrot : le mauvais chasseur
Cuou Ploumba : Fainéant ("cul plombé")
Déquémimèli : Curieux
L'Encroyeur : l'Orgueilleux
Le Fada : l'idiot
Gamate : le Plâtrier, le Maçon
Le Grandas : le Grand
M'embrounqui : Trébucheur
Mandjiapan : Pique-assiette
Le Narreux, : le Prétentieux.
Pessuguette : Renfrognée
Pistachié : Dragueur
Lou/le Ravi : le simplet
Misè Regrèti : Mademoiselle Je Regrette (vieille fille)
Rompe-figues : Casse-pieds
Santi-Bèlli : l'Apathique
Tchoua de La Parette : François, du quartier de La Parette (Marseille)

4. Liste des mots "emblématiques" du français régional de Provence


18

adessias, aïoli, bouchon, bouillabaisse, bouléguer, cabanon, cagade, caguer, couillon, dégun,
engambi, escagasser, esquicher, fada, fan de…, fatche de…, fériboite, galéger, mèfi, minot,
narri, ouaï, pastis, peuchère, pistou, pitchoun, qué, qu'ès aco?, soulèou, tchatcher, tchatche, té,
vaï, vé, zou.

5. Extraits de textes en français de Provence


Le français n'a été réellement diffusé comme langue parlée dans la population provençale qu'à
partir de la fin du XIXe siècle. Auparavant, c’était une langue écrite, rarement usitée à l’oral,
dans certains milieux et certaines situations seulement. Cependant, on le voit apparaître, de
temps à autre, à travers quelques documents à caractère littéraire ou administratif, dans la
bouche et sous la plume de Provençaux du peuple à partir du XVIIIe siècle, et surtout aux
alentours de la Révolution. C'était à l'époque et pour longtemps encore une langue étrangère

18
C'est-à-dire repérés comme typique de ce français par ses locuteurs et par les autres francophones.
mal maîtrisée. En 1717, dans un pièce manuscrite intitulée viandasso, dont l'auteur est
inconnu, tout le monde parle provençal, sauf un soldat fanfaron qui se fait passer pour
capitaine et feint de ne savoir que le « français » :
Je noun sabi plus parler en prouvenssau, j'ai tout desterembré…
C'est à dire « Je ne sais plus parler en provençal, j'ai tout oublié », phrase prétendue française,
mais en fait plutôt provençale. On retrouvera ce français profondément provençal —ou si l'on
préfère ce provençal à peine francisé— jusqu'au XIXe siècle, par exemple dans le Numa
Roumestan d'Alphonse Daudet (1880) :
Elle était de cette bourgeoisie provençale qui traduit "pécaïré" par "péchère" et s'imagine
parler plus correctement. Quand le cocher Ménicle (Dominique) venait dire, à la bonne
franquette : "Vòu baia de civado au chivaou", on prenait un air majestueux pour lui répondre :
"Je ne comprends pas, parlez français, mon ami". Alors Ménicle, sur un ton d'écolier : "Je vais
bayer dé civade au chivau… - C'est bien… Maintenant j'ai tout compris". Et l'autre s'en allait,
convaincu qu'il avait parlé français. Il est vrai que, passé Valence, le peuple du Midi ne
connait guère que ce français-là.
Progressivement, on voit le français se manifester plus régulièrement, d'abord réservé aux
Provençaux des classes supérieures, qui avaient les moyens de l'étudier et donc de le manipuler
beaucoup plus sûrement (quoique leur français n'ait pas été exempt de provençalismes, les
divers manuels de provençalismes corrigés publiés à partir du XVIIIe sont là pour le prouver),
mais également dans l'expression des petites gens. La mixture provençal-français, au cours du
XIXe et du XXe siècles, se structure et prend des caractéristiques qui vont aboutir à la
naissance du français régional (qu'on peut situer entre 1880 et 1930, quand le français devient
une langue « maternelle » et se répand dans toute la population). Les extraits suivants,
couvrant deux siècles de français en Provence, en illustreront la réalité passée et actuelle, à
travers des représentations éventuellement transformées par les auteurs —soit en exagérant
soit en réduisant les provençalismes—, mais néanmoins symptomatiques de cette réalité. La
graphie des auteurs est fidèlement retranscrite, y compris pour le provençal, qui a acquis
depuis 1850-1900 une orthographe dite « mistralienne » d'où les influences inappropriées de
l'orthographe française ont été supprimées.

1783 : un conscrit marseillais écrit à son père

Mon très-ser Pero,


Zé mès la main à la plume pour vous faire assavoir des nouvelles de ma santé qu'il est très
bonne, Dieu marci. Zé souveto qu'il en soit de même de la votre et de toute la famille. Zé vous
dirai qu'il n'a pas été faute de m'etre atrouvé dans des grans danzé, puisque j'ai vû doujo
combâts differens dans l'espace de dux anneyos.
Zé vous dirè en gran secré que le pauvre Tounin il a été danzèreusement blessé d'un coup de
mitrayo au bras gausso et au cotè gausso, et que memêment on a dit à l'hopital que peut être
ses blessures ils seroit mortello, ainsi il le faudra caché à ma sur…
(Extrait de La bienfaisance de Louis XVI vo Leis festos de la pax, Acte I scène 8, drame lyrique
en deux actes et en vers, signé par un Marseillois, Marseille, Favet, 1783 ; (d'après le
manuscrit 7500-2 de la Bibliothèque du Vieux-Toulon, édité par Roger Gensollen in Bulletin
de l'Association Varoise pour l'Enseignement du Provençal, n° 51 et 52, 1989. Le texte est en
provençal. Seuls un colonel et des soldats Français parlent français, les Provençaux parlent
provençal )19

19
La Provence ne devient française qu’en 1790, lorsque les anciennes provinces sont dissoutes et que son statut
particulier de « protectorat » français garantissant son autonomie complète, signé en 1481-86, disparait (Avignon
et le Comtat Venaissin, terres pontificales indépendantes, sont rattachés à la France à la même date).
1793 : Compte-rendu de l'Assemblée du Comité de Surveillance de Cuges
lan mille Sept cent quatre vingt treze le Second dela republique fransoise et une indivissible le
vingt deux du troisieme decade de frimaire nous Se Somme assemblé le citoyent pierre aubin le
citoyen joseph maurel le citoyen antoine bonifay dit le meut et le comité adeliberé pour
precident le citoyent alexis vial et pour Secretaire antoine bonifay aprés avoir fait leurs voÿ le
precident adit quil falloit recevoir dela Societé populaire le citoyent antoine buhé le citoyent
françois obcur le citoyent françois laignel le citoyent etienne brunsson dit flaman le citoyent
antoine icard dit cambollÿ et lecitoyent antoine bonifay dit paniere lassemblée la pas put
recevoir attendu quetant officie municipaux il a porté la chierpe sans la caucarde de la nation
(Archives de la Ville de Cuges, Bouches-du-Rhône, document communiqué par Sonia Branca,
de l'Université de Provence. Il s'agit ici de français administratif dans un document officiel,
écrit par une personne plus formée à cela que la plupart des Provençaux à l'époque,
appartenant probablement à la petite bourgeoisie locale.)

1833 : une Marseillaise au tribunal


Ramaïgo
Mi voici. Zétais dans lé passazo
Que z'attendais mon tour. (Grand bruit au fond)
Le Président
Quel est donc ce tapage?
Faites faire silence, huissier, ou dans l'instant
Je fais évacuer la salle (le bruit se calme). Maintenant
Il faudra nous donner, sans haine et sans colère,
Quelques renseignements précis sur votre affaire…
Ramaïgo
Z'avais mis sur le quay deux vo trois caraman.
Le Président
Avant dé coumença d'abord leva la man.
Pa'aquelo, la man drecho. Et digua mi vouest'agi.
Ramaïgo
Z'aï soixante-sept ans.
Le Président
Aro, selon l'usagi,
Foou que jurès dé diré emé sincerita
Touto la vérita, ren que la vérita.
Ramaïgo
Zé zuro!
Le Président
Bon, viguen, lou tribunaou v'escouto.
Poudès acoumença.
Ramaïgo
(à part) Maï que resti pas souto !
Pour vous n'en révéni, zavais trois caramans
Coueté dessus lé quay z'aveque de sermans
Le Président
Poudès parla patois, se voulès, vous coumpreni
Lou tribunaou ooussi (…)
Ramaïgo
Bon, puisqu'il est ainsi zé m'en va vous lé diro.
Aviou treï caramans, passa lou pouent que viro
Coueta lou long doou quay emé quoouquei gavéou.
(…)
(Gustave Bénédit, Chichois à la police correctionnelle, in Œuvres complètes, Marseille,
Feissat et Demonchy éditeurs, 1833 (Scène I). Pièce en provençal, seul le texte « français » est
ici en italiques)

1850-1860 : un voyou marseillais rencontre un "Monsieur", son frère de lait


Un jour que fasieou ren, qu'eri déjà per horto
Rescountri v'un moussu tout prochi doou Chalet.
Mi dis : "Tiens, té voilà? comment qué tu te porto?
Tu mi récoonnais pas? suis ton frèro de lait."
-O tron de l'er! c'est vous? Eh bien! votro rencontro
Mi fa beaucoup plaisir ; aquito l'a rien contro.
-Maman z'avec papa sé porto touzours bien?
-Et v'oui. -L'ano, la somo et grand'maman tambien?
-Aussi. -Tu né sais pas? bientôt zé mé mario.
-Ah voua! féro cé coup sérait z'uno folio ;
Zeune, zoli garçon, vous aller marié?
Vous sériez tant sako? bessai que vous rié?
Zé né plaisanto pas, zé le presso au plus vito,
Et pour té lé prouver, Marquo-mal, zé t'invito.
Tu viendras? -Si z'irai? mi faito bien d'honur ;
Mais, semblo fach exprès, mi manquo lé meilhur.
-Quesqui té manquo-ti? -Vous dito qué mi manquo?
Et mi manquo pas rien ; la pouarto eme la tanquo.
-Voyons, qué ti faut-il? -Mi faudrait z'un balloun,
Vesto, corset, souliers z'avec un pantaloun.
-Eh bien! tout tu v'auras (…)
(Toussaint Payan Marquo-Maou, sketch théâtral datant des alentours de 1860 et publié sous
forme de feuillet par Arnaud et C , Marseille. Ces sktechs, pour la plupart écrits en provençal,
ie

étaient récités au théâtre. Dans la suite de celui-ci, le provençal domine largement.)

1874 : dialogue de deux fiancés toulonnais


Marius - Vous êtes matineuse, ce matin?
Délaïde - Maman elle coule la bugade et papa on veut manger l'aïet aujourd'hui. Parrain il
nous a envoyé des bious et un poupre.
Marius - Le poupre on fait de bonnes tranches.
Délaïde - Vouï! ça vaut mieux que la merlusse.
Marius - Et vous allez acheter des pasténargues et des tartifles.
Délaïde - Beaucoup, papa on aime beaucoup les tartifles.
Marius - Et qui fait l'aïé?
Délaïde - Péchère! c'est moi ; il n'y a que moi à la maison que je sache le faire. Mon cousin il
dit toujours que j'ai le tip pour faire virer le bistordié dans le mortier. Avec un peu d'huile,
voyez-vous, j'en fais une grosse siette. Et qu'il ferait revenir un mort encore.
Marius - Vous êtes une bonne ménagère. (riant). Vous ferez une fille de première.
Délaïde (rougissant) - Taisez-vous, Marius, ne dites pas des choses come ça. Si maman elle
vous entendait!
Marius - Alors, puisque vous faites si bien l'aïé, quand nous serons mariés nous le mangerons
souvent.
Délaïde - Tous les divendres si ça vous plait.
Marius - Oh! non, ça pourrait vous faire mal ; l'aïé on est une nourriture forte.
Délaïde - Ça fait du bien, ça tue les vers.
Marius - Mais ça vous donnerait trop de peine.
Délaïde - Péchère! si vous l'aimez, la peine on me coûtera rien. Les médecins on a conseillé à
maman que je fasse d'exercice. Alors de faire virer le bistordié ça vaut une proménade.
Marius - Si c'est comme ça, nous mangerons souvent l'aïé. Vous savez que je ne ferai ni plus
haut ni plus bas que ce que vous voudrez et que quand nous se brouillerons, je serai toujours
le premier à vous aller au devant.
Délaïde - Vous êtes sage ; nous serons-t-heureux.
(Célestin Sénès alias La Sinso, Scènes de la vie provençale, 1874, Réédition Mouton, Toulon,
1926 (ici, Le Marché). Les scènes sont quasiment toutes écrites en provençal. Seuls les jeunes
y parlent aussi français)

1905 : Un petit paysan d'Aubagne écrit une lettre à un ami

O collègue!
je met la main à la plume pour te dire que les grives sont pas venu cet année. rien mé rien,
même les darenagaz sont parti. comme Toi. jen n'ai pas pris Deux. les perdrots non plus. j'y
vais plus cé pas la pène. il vaut bien mieux Travaillé à l'Ecole pour apprendre l'Ortograffe
autrement quoi? c'est pas posible. même des saludes il n'y a en a pas guaire. elles sont
peutites, les soiseaux en veut pas. Cet Malheureut, tu as de la Chance de pas être ici cet un
dézastre. je me langui que tu vien. alor, les Soiseaus tant bien, et les perdrots -et les grives
pour noèl. En plus, il m'ont volé douze Pièje et au moins Sinquante Grive. Je sé quicé. les plus
Beau Pièje. cé celui d'Allo, le Boiteut. Rapèle toi que je m'en rapèlerai. et en plus il fet froid,
avec mistralle. tous les jours à la chasse j'ai les Pieds glassés. heureusement j'ai le Cachené.
mais je me langui de toi. batistin est contant : il prend trente grive par jour. à la Glue.
avantiers, dix orthollan, et Samedi douze saire gavotte. à la glue. avantiers je suis été sous tête
Rouge, j'au voulu écouter la Pierre. sa m'a glassé l'oreille. èle veut plus chanté èle fet que
Pleuré. voila les nouvèle. salut la Compagnie. je t'envois une feuille de soge pour toi et une
viollète pour ta mère. ton ami pour la vie Lili.
mon Adrèse. Les Bellons Par Lavalantine France.
ça fet trois jours que je t'écrit, pasque le soir je continut. ma Mère est contante. èle se croit
que je fét mes Devoirs. Sur mon Cahier. Après, je décire la paje. le tonère a escagasé le grand
Pin de Lagarète. Il reste plus que le Tron, et pouintu come un sifflé. Adessias. je me langui de
toit. mon adrèse : les Bélons parlavalantine. France. le facteur s'apèle Fernan, tout le monde
le connet, il ne peut pas se trompé. il me connet très Bien. moi aussi.
ton ami pour la vie. Lili.
(Marcel Pagnol, Le château de ma mère, Pastorelly, Monte-Carlo, 1957.)

1920-1940 : Scènes de la vie toulonnaise


La Bouille-Abaisse
Quand nous sommes arrivés au Pin de Grune, me dit Tartanèu, le ciel était encore tout estellé.
I bouffait un petit labé ; je dis au coupaire : "Crèsi que s'anan regala. Es bèn lou tèms que fau
pèr faire uno bouano pesco".
Rien nous manquait. Nous avions carréjé palangrottes, simaillons, cannes. En fait d'esques, de
mouure-du et de bibis, nous en avions pour plus de dix francs. En plus, i y avait au moins plus
d'un mois que le coupaire avait préparé un broumé qui sentait le pouisun, même que les
voisins i se demandaient si c'était pas le choléra.
Bref, i se voyait pa 'ncore pour pesquer. Alors nous avons attendu, mais quend le jour a
poinchigé, nous avons aganté, qui un simaillon, qui une canne, et nous se sommes quillés sur
une roque. De temps en temps, nous broumégeavions...
Les pèis, i venaient piter, mais i se laissaient pas aganter.
Le soleil i montait sur la mer, i était déjà haut, i nous piquait bien sur la tête, mais dans notre
offuscacien, nous l'i faisions pas entention.
Nous mandions la lènci, le bouchon bouléguait ; zou! nous croyions que nous avions attrapé
quéque chose et le musclau revenait vide…
A dès ouro, avien pas meme pres un marrit gòbi! I avait que le petit Mius qui, assété sur le
bord de l'eau, avait mis la main sur une petite favouille. Alors, nous avons changé de place.
La coumaire, à un moment, s'est mise à crier : "Vé, j'ai aganté quéque chose, ça doit être un
gros filas, je peux pas le sortir de l'eau!" Ero uno sabato.
Alors, je dis aux femmes : "Préparez quand même la tambouille! Bessai seren plus urous!"
Deja le peiròu bouillait avecque ses pommes de terre, un brin de baguié, uno tèsto d'aiet et une
grosse cèbe coupée en quatre, que nous avion pas encore pris le plus petit poisson.
-Nous se sommes promis de manger le bouille-abaisse, dit le coupaire, i sera pas dit que nous
partirons sans l'avoir mangé! Tant pis, li metren de pèiro en plaço de pèis.
Alors nous avons fait comme ça. Nous avons rammassé des coudoulets, e vague de lei metre
dins lou peiròu. Puis, pour donner plus de goust au bouillon, nous y avons ajouté la favouille
de Mius et uno pougnado d'augo. Eh! bè, nous avons mangé cette pignatée, pourquoi, si nous
avions pas aganté de pèis, nous avions aganté un brave ruscle!
D'enca 'n pau acabavian mume lei pèiro! Es egau, uno autro fes, quand anaren à la mar,
croumparai pas soulamen d'esco, croumparai tambèn de pèis pèr pas èstre óublija de faire lou
boui-abaisso de roco!!
(Antonin Chaude alias Mèste Bartoumiéu, auteur de nouvelles publiées dans de nombreux
quotidiens et magazines locaux ; La Bouille-Abaisse est parue dans la série des Petado de
Bartoumiéu dans le quotidien Le Petit Var entre 1920 et 1940. Une partie de ces petado a été
publiée par Roger Gensollen dans le n° 56bis de Bulletin de l'Association Varoise pour
l'Enseignement du Provençal. Les mots provençaux usités en français régional sont ici
orthographiés selon le système provençal ; seul le français est en italiques)

1929 : Au bar de la marine, à Marseille


Honorine
Et au lieu de revenir par le train de 10 heures, comme d'habitude, j'ai profité de l'automobile
de M. Amourdedieu que j'avais rencontré sur le Cours… J'arrive à 7 heures ; je vais droit à la
maison… Sur la table, qu'est-ce que je vois? Deux petits verres, une bouteille de liqueur, et sur
une chaise, cette ceinture…
César (il sourit)
Ayayaïe! J'aurais jamais pensé à ça! Mais enfin, une ceinture, ça ne veut rien dire. Et puis?
Honorine (elle se mouche)
Quand je vois ça, sang me tourne… Je vais jusqu'à la chambre de Fanny, je pousse la porte…
Ah! Brigand de sort! Sainte Mère de Dieu, qu'est-ce que je vous ai fait? Ma pitchouno
couchado émé un hommé, aquéou brigand de Marius, aquéou voulur…
César
Qu'est-ce qu'ils ont dit?
Honorine
Ils ne m'ont pas vue, ils ont rien pu dire. Ils dormaient… J'ai eu tellement honte que je suis
partie sans faire de bruit.
César (souriant malgré lui)
Marius, ô Marius, qu'est-ce que tu as fait là, vaï?
Honorine
Elle a dix-huit ans, César! Dix-huit ans! Elle finira comme sa tante Zoé!
César
Ne me dites pas ça, Norine, parce que ça ne m'encourage guère à donner mon consentement…
Allons, ne vous faites pas tant de mauvais sang. Après tout, il vaut mieux ça que si elle s'était
cassée la jambe.
Honorine (elle gémit)
Qui l'aurait dit! Une petite Sainte-N'y-Touche, qui faisait la pudeur, qui faisait l'enfant!
César
Pourvu qu'elle ne le fasse pas pour de bon! (Il rit)
Honorine (indignée)
moi, ce qui se passe? Je claque des dents, je suis toute estrancinée!
César (prépare un verre)
C'est vrai peuchère. Qu'est-ce que vous buvez?

Honorine (sanglotant)
Un mandarin-citron. (Elle pleure) Ah! mon dieu! Ah! mon Dieu!
César
Allez, vaï, buvez un coup et puis examinons la situation.
(Elle boit à petites gorgées)
Honorine (brusquement)
La situation, elle est toute simple! dès que je vois ma fille, d'un pastisson, je lui coupe la figure
en deux.
(Marcel Pagnol, Marius, 1929, Réédition Presse-Pocket, Paris, 1976 (Acte IV, Scène 3). La
pièce, écrite en français —ici en italiques— à l'exception de rares répliques en provençal, était
destinée à un public parisien : sa première représentation a eu lieu à Paris en 1929)

1929 : Souvenirs d'un « papet » (Haute-Provence)


(…) La foire de Mane c'était la plus belle foire des putains de tout le canton. Y avait la
"Lance" qui faisait jouer au "saquet". Si tu prenais pas le lot tu couchais avec la femme dans
la fénière.
...A la première auberge à main droite, moi, je mangeais la soupe à l'oignon ; c'était recta.
J'arrivais à Volx sur le pointu du jour. Avec la barre du frein je cognais contre la porte. La
maîtresse ouvrait la fenêtre. "C'est toi, Janet?" Elle connaissait mon taper. Elle venait
m'ouvrir en chemise, j'y touchais un peu le cul et ça allait tout seul…
… il était là, contre la paillère, tout butté dans la paille à faire le gros dos. Je savais qu'il avait
son bâton. "C'est toi, vieux gueux", que je lui dis? "C'est moi, qu'il fait ; et alors, c'est défendu
de se reposer chez toi, maintenant?" J'empogne la fourche : "Je vais te montrer, tu vas voir…"
Puis il rit, doucement puis son petit œil d'acier se tourne vers les marmites :
- Guitte, ma soupe de fèves, c'est pour demain, ou pour aujourd'hui?
(Jean Giono, Colline, Grasset, Paris, 1929. Roman écrit en français)

Vers 1937 : Dans un village provençal


- Bougre de grand couillonas! Tu peux pas faire attention? Toi, pour les tours d'imbécile, je te
retiens!
Bertin cache son rire avec peine :
- Je l'ai pas fait exprès.
- Y manquerait plus que ça! Andouille, vaï! Y l'a pas fait exprès? Ramasse-là, au moins, que
ça coûte cent francs le bidon.
- C'était déjà mélangé d'eau, dit Bertin.
- D'abord, remarque Elysée, elle était toute préparée cette dame-jeanne, j'allais l'emporter à
Soleilhas pour les arbres. Qu'est-ce que tu y faisais, toi, à la tripoter?
- J'en donnais un peu à Raphaëlle, que madame Bourges en voulait pour ses rosiers qui ont les
poux.
(…)
- Qué madame Bourges? Qué madame Bourges? Je m'en fous bien, moi, des poux de madame
Bourges! Elle est pour nos pêchers, cette nicotine, j'en fais pas cadeau? A personne, j'en fais
cadeau!
Vincente voit la gêne de Raphaëlle et s'approche :
- C'est moi qui la lui ai promise en passant aux Grangettes. Même elle m'en a payé un litre
d'avance. J'ai mis l'argent dans la caisse, j'ai plus pensé de te le dire.
- Ah bon! grogne Elysée, Ah bon! Alors dans ces conditions ça va! Parce que autrement, tu
comprends, cet ensuqué y donne toute la marchandise à tort et à travers. C'est ça qui
arrangera nos échéances!
- Allez, va, c'est fini, dit Vincente calmement. Y a Achille qui t'appelle.
Elysée retourne dans le magasin. Bertin et Raphaëlle, à genoux à terre, épongent les dernières
gouttes du liquide avec des chiffons qu'ils pressent au-dessus d'un tian. (…)
- Tu as quand même eu tort, dit Vincente à Bertin. Tu es un estourneau.
(Thyde Monnier, Les Desmichels, tome V (Travaux), Julliard, Paris, 1946. Roman écrit en
français)

1971 : Trois jeunes spéléologues provençaux en expédition (région d'Avignon)


Voues de Marcelin (parlo francés em'un acènt dóu Miejour sarra)
Alors, dites, je suis coincé dans l'estrangladou, je peux plus faire avant!
(Ramoun e Veran ressauton esfraia, pièi rison)

Veran
Nous as fa pòu, Marcelin, au moumen que parlavian dis esperit! (Se clino vers l'embut) Se pos
plus faire avans as que de faire arrié.
Voues de Marcelin
Dis, tu te fiches de moi?
Veran
Eh nàni! Desgajo-te un pau pèr te douna d'espandido, pièi lèvo ta vèsto e toumbo ti braio…
Ramoun
E gisclaras dóu trau coume un meseioun d'agrioto.
(S'ausis Marcelin que reno)
(…)
Marcelin ( destrauco, lou casco à la man, espeloufi, boufant e susarènt)
J'ai pu sortir sans me désembrailler. Mais d'abord vous allez m'expliquer ce qu'elle a, ma
montre. Regardez : Les aiguilles virent à vue d'œil.
Ramoun
Aquelo empego!
Veran
Couquin de noum!
Marcelin
Et vous, vos montres, qu'est-ce qu'elles disent? (Veran e Ramoun aparon lou pougnet. Se
regardon d'abord sènso muta, pièi Marcelin reprèn) :
A mon avis, c'est une chose magnétique qui nous a pris dans le garagaï quand on a mis les
pieds au dessus de la tête et qu'on s'est retrouvé la tête sur les pieds. Et la mienne, c'est sans
doute un ressort qui a pété. Mais dites, ça respire drôle par ici… Et le jour n'est plus le même.
Où c'est qu'on est? (...) Elle est belle, je dis pas, la salle des estalactites, mais s'il faut ramper
une heure pour y arriver(…) Dites, ce chose qui est arrivé, là, c'est un effet d'apesanteur,
comme ils disent?
Ramoun
Moun bèu, voudriéu bèn te l'esplica.
Marcelin
Si tu me l'expliques, fais-le en français (...)
Ramoun
Te l'avèn di, nous fau supourta coume sian.

Marcelin
(…) On se trouve peut-être devant un phénomène extraordinaire de physique que c'est nous
qui l'avons déclanché. Si vous étiez pas tant bédigues, y aurait des centaines de mille de francs
à en tirer (…)
(Jan-Pèire Tennevin, Lou mounde paralele, Aix, 1971. Pièce écrite en provençal. Seul
Marcelin y parle français)

1975 : Une adolescente toulonnaise part en Camargue


En fait, le lendemain, elle débutait au marché du Pavé d'Amour derrière le banc d'oignons et
d'aulx (…)
Neuf mois plus tard, Stéphanette riait le matin sur le marché et pleurait le soir dans sa
chambre (…) : elle empestait l'ail comme un mortier à aïoli.
Bien sûr, elle n'avait pas à la maison de grande baignoire écumant de sels de bain, mais elle
n'était plus sale comme au temps de la raille où elle se passait juste un coin de serviettre
mouillée sur la figure. Elle se lavait maintenant toute nue et toute entière dans un tian de terre
cuite posé sur les carreaux de la cuisine. Parfois mémé Za la faisait courir à coups de torchon
en la traitant d'impudique ; alors elle s'enfermait dans sa chambre et terminait son récurage à
l'eau de cologne. (…)
"Si elle prenait un peu l'air au lieu de rester encafornée dans sa cuisine, elle tournerait pas à
l'aigre comme un fond de vin dans un bouteille" disait Stéphanette (…)
Juin arriva enfin. (…) Pour la première fois de sa vie, elle s'enduisit d'ambre solaire. Ce fut à
ce moment que le miracle se produisit : l'âcre senteur de l'ail glissa et disparut soudain sous la
couche grasse et parfumée (…) La tante Sacra ne cacha pas sa réprobation :
- Quel goût il va avoir, cet ail que tu tripotes avec tes mains graisseuses?
- Il frira tout seul, ripostait Stéphanette à qui sa victoire sur l'ail avait redonné sa vivacité
d'antan.
- Tu as vu les draps que tu me fais? gronda la vieille femme.
- Eh! Ne crie plus! Je les laverai!
- J'y compte bien, grosse degoûtante! Tu sembles une machotte trempée dans l'huile.
(…)
Après avoir roulé plus d'une heure, ils avaient franchi le Rhône en bac et longé des salins et
des marais(…) Stéphanette releva la tête et regarda Eric avec une telle expression de fierté et
de douleur qu'il en resta médusé. Il allait parler quand elle tourna brusquement les talons et
s'enfuit. Au lieu d'aller vers la mer, elle coupait à travers la sansouire et remontait vers la
digue. Elle courait droit devant elle sans éviter les touffes grises de salicornes où elle
enfonçair ses jambes nues (…) Mais quand elle arriva, haletante sur la digue, elle leva les
yeux et le vit, assis sur le capot de la méhari, qui l'attendait en balançant les clefs de la voiture
(…)
- As-tu remarqué comme toutes les teintes ici sont crépusculaires? Le sable est gris avec des
reflets mauves ; la terre craquelée est presque noire, et les enganes la couvrent d'une ombre
grise ; les fleurs de saladelles et les étangs sont d'un bleu très pâle de ciel nocturne (…) Et
maintenant, dit-il, on va sur la lagune. Je vais te peindre dans une caoudère.
(Nicole Ciravégna, La Pavé d'Amour, Magnard, Paris, 1975. Roman en français débutant par
un Avis aux Lecteurs : Ne corrigez pas les fautes de français des personnages sans quoi ils ne
seraient plus ce qu'ils sont. D'ailleurs leurs fautes de français ne sont pas des fautes de
provençal )

1978 : Souvenirs d'un berger de Haute-Provence


"Il tue lui-même une lèbre toutes les fois qu'il lui tombe un œil, jetait le Tistet avec dédain. Les
autres, ils les achètent, sans trop s'en vanter, bien entendu. Il nous a levé là un beau plaisir!
Sans compter qu'avec tous les sous qu'elle lui fait couler en pastis, cette lèbre, l'an prochain il
va se payer une meute de porcelaines meu-meu! Je crois que nous, on pourra remiser nos
"criquets". A côté, on ferait minables!"
Une fièvre de jalousie avait fait tourner la visière de sa casquette dans son cou.
"J'ai une idée, dit-il. On va un peu se payer sa tête et le faire courir, ce blagaïre de Costel, au
moins autant que sa lèbre nous a fait courir."
(...)
"Toi, tu paies les pastis, et moi je t'en paie une bonne au café de Costel. Tu verras, ça fera des
berlugues. Mais il faudra que tu me fasses la main pour que ça pite bien"
Et il lui expliqua la farce et la tactique. (…)
"Toi tu es le roi pour les lèbres qui volent! A Gonfaron, c'est les ânes!"
Tous ensemble, ils rigolaient en savourant des pastis. C'est à ce moment là qu'à l'entrée du bar
se pointa le Firmin. Venant droit au comptoir, il mit sa main rugueuse à plat devant le Costel.
"Sur l'honneur tape là que c'est bien toi qui l'as tuée celle-là. Tu es capable de l'avoir trouvée
morte dans un cade. Avec tout le plomb que je lui ai fait voler dans le cul, de loin ou de près, il
fallait bien qu'un jour ou l'autre elle en crève."
Le Costel encaissait mal cette raillerie devant les clients. A sa tête, ça se voyait. Pour montrer
que c'était bien lui le tueur, il rajouta d'autres détails au "coup d'aile" du lièvre. C'est alors,
quand il eut fini, que le Firmin lui dit :
"Eh! ben, vai un po me la cerca, ta puto!"
(Marcel Scipion, Le Clos du Roi, Seghers, Paris, 1978. Récits écrits en français, comprenant
quelques phrases en provençal. La scène racontée ici, en 1977, se passe vers 1950 ou 1960 à
Cavaillon)

1993 : des supporters de football marseillais affichent l’identité marseillaise


Marseille, c’est pas la France
Chez eux y’a personne. Chez nous y’a dégun.
Chez eux on discute. Chez nous on tchatche.
Ils se font frapper. On les crève.
Ils s’embrassent. On fure.
Ils sont racistes, et Rachid, c’est notre frère.
Ils sont pâles, nous sommes multicolores.
Ils se font avoir. On les met à l’amende.
Ils voyagent. On les envahit.
Ils chantonnent. On met le oaï.
Ils sont malades. On est fatigués.
Ils sont calmes. On s’engatse.
Ils sont tristes. On est morts de rire.
Ils jouent au ballon. On les galèje.
Ils courent après un titre. On en gagne dix.
Ils regardent la télé. On va au stade.
Ils sont seuls. Nous sommes unis.
Là-bas il pleut. Ici on se baigne.
Ils dorment. On fait des minots.
Ils sont soumis. Nous sommes rebelles.
Ils sont renfermés. On a la mer et le port.
Ils ont de l’argent. On a la « foi ».
Ils partent en vacances. On va au cabanon.
Ils mangent fade. On se casse le ventre avec l’aïoli.
Ils boivent de l’eau. On la mélange au pastaga.
Ils se caguent. On craint dégun.
Ils sont quelconques. Nous sommes Olympiens.
Ce sont des robots. Nous sommes des hommes.
Ils sont français. Nous sommes MARSEILLAIS.
MARSEILLE INDEPENDANTE !

(Ce texte, largement diffusé à Marseille (y compris sur des T-shirts), est généralement signé du
P. I. I. M., « Parti Indépendantiste Internationaliste Marseillais », mais il s’agit là d’un canular.
Un petit paragraphe final dans la première version publiée fait une référence implicite à la
20

débâcle de l’équipe de France de football qui n’était pas parvenue à se qualifier pour la Coupe
du Monde 1994 aux Etats-Unis : certains supporters de l’OM n’encouragent pas l’équipe de
France et se complaisent à railler toute contre-performance de l’équipe de France, qui est
d’ailleurs perçue comme « l’équipe de Paris ».)

Années 1990-2000 : titres de romans policiers « marseillais » 21

Cagole (S. Bec, 2001)


Chourmo (J.-C. Izzo, 1996)
La faute à dégun (F. Thomazeau, 1996)
La girelle de la Belle de Mai (Del Pappas, 1999)
Le jobi du Racati (Del Pappas, 1999)
Trois jours d’engatse (Ph. Carrese, 1995)…
(Dans ces romans, des énoncés typiques du français régional apparaissent de façon régulière,
notamment dans les dialogues ; plusieurs donnent des lexiques en fin d'ouvrage).

2001 : opérette marseillaise du groupe Quartiers Nords, chanson de Zé le pêcheur intitulée


: Frères de la cannette (Rossi / Chiarazzo)
Frères de la cannette
Et de la palangrote
Prêtez-moi votre bette
Que je fasse la côte.
Je laisse mon pointu

20
« remerciements à l’équipe d’Israël pour avoir battu l’équipe de la fédération française de football et surtout à
l’équipe de Bulgarie pour avoir interdit aux Parisiens un voyage gratuit aux USA ».
21
Appelés ainsi y compris pour des auteurs provençaux non marseillais, comme S. Bec (d’Apt), R. Merle (de La
Seyne), etc.
Amarré à la bitte,
Je sais qu’il est foutu
Mais au moins on est quitte.
Trois longues, un canillon
Et des esques bien fraîches,
Le sac à provisions,
C’est les joies de la pêche !
Voguons sur l’onde amères
Et les bondes mythiques,
Même jusqu'à Figuières
Et nos plus belles criques !
De la Crine à Niolon
De Carry aux Ilettes
Au large du Vallon,
Pîte, ma galinette !
Taquinons la girelle
Le pageot, la rascasse
Et de bogues ravelles
Remplissons notre nasse.
Quand au petit matin,
Que le soleil s’étire,
Je libère Titin
Qui souffre le martyre.
Au large de l’Estaque
On tutoie les falaises,
Bien loin de l’empouraque
Bou Diou qu’on est à l’aise !
Je trempe mon quignon
dans de la tapenade,
Badigeonne l’oignon
Avec de l’anchoïade,
Accompagne un Cassis
d’un peu de ma brandade
Ne déguster qu’assis
A couvert de la rade.
(Ce groupe rock marseillais, actif depuis les années 1980 utilise abondamment le français de
Marseille et ajoute un glossaire à ses disques. Voir son site internet officiel
http://quartiersnord.free.fr/)
BIBLIOGRAPHIE

1. Variations et variétés du français 22

BAVOUX C., 1996, Français régionaux et insécurité linguistique : approches


lexicographiques, interactionnelles et textuelles, Paris, L'Harmattan.
BLANCHE-BENVENISTE C., (Dir.), 1987, Le français parlé, Paris, Didier/Institut National
de la Langue Française.
BRUN A., 1946, Parlers régionaux, France dialectale et unité française, Paris/Toulouse,
Didier.
CASTELLOTTI V. & ROBILLARD D. de (Dir.), 2003, France, pays de contacts de langues,
Louvain, Peeters,.
CHICLET F., & DUPRE LA TOUR S., 1983, Les français des Français, Paris, SERMAP-
FLE.
DAUZAT A., 1933, "La diffusion de français en France et le français régional", dans Le
Français Moderne, t. 1 pp 133-143.
FRANCARD M. (éd.), 1993-94, L'insécurité linguistique dans les communautés francophones
périphériques, Cahiers de l'Institut de Linguistique de Louvain, n° 20, 2 vol., Peeters.
FRANCARD, M. et LATIN, D., 1995, Le régionalisme lexical, Louvain, Duculot.
GADET, F., 2003, La variation sociale en français, Paris/Gap, Ophrys.
LATIN, D., QUEFFELEC, A., et TABI-MANGA, J., 1993, Inventaire des usages de la
francophonie, Paris, John Libbey/AUPELF.
LEON P., CARTON F., ROSSI M. & AUTESSERRE D., 1983, Les accents des français,
Paris, Hachette-FLE.
MARTINET A., 1945, La prononciation du français contemporain, Paris, Société des Etudes
Romanes.
MARTINET A., 1969, Le français sans fard, Paris, PUF.
MARTINET A. & WALTER H., 1973, Dictionnaire de la prononciation du français dans son
usage réel, Paris, France Expansion.
REZEAU P., 1986, Bibliographie des régionalismes du français, Paris, Klincksiek.
REZEAU P., 1999, Variétés géographiques du francais de France aujourd'hui - approche
lexicographique, Paris, Duculot.
REZEAU P., 2001, Dictionnaire des régionalismes de France, Paris, Duculot.
ROBILLARD D. de & BENIAMINO M. (Dir.), 1993 et 1996 (2 tomes), Le français dans
l'espace francophone, Paris, Champion, (avec biblio sur zones francophones).
WALTER H., 1975, "Méthodologie de l'étude des variétés régionales du français à partir de la
reconnaissance sur le territoire", dans Annuaire de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes,
IV° Section, pp 811-825.
WALTER H., 1978, "De la délimitation géographique dans l'étude des variétés du français"
dans Actes du Colloque Les régions de France, limites historiques, culturelles,
linguistiques (Grenoble), Société d'ethnologie française, pp 103-109.
WALTER H., 1982, Enquêtes phonologiques et variétés régionales du français, Paris, PUF.
WALTER H., 1988, Le français dans tous les sens, Paris, Laffont.

2. Le français régional de Provence


2.1. Ses débuts :
BRUN A., 1923, Recherches Historiques sur l'introduction du français dans les provinces du
Midi, Paris, Champion.
BRUN A., 1927, La langue française en Provence de Louis XIV au Felibrige, Marseille,
Institut Historique de Provence.

22
En ce qui concerne la méthodologie d'enquête et d'analyse, voir notamment Blanchet, Ph., Linguistique de
terrain, méthode et théorie (une approche ethno-sociolinguistique), Presses Universitaires de Rennes, 2000 et
Blanchet Ph. et Robillard D. de, (dir.), Langues, contacts, complexité. Perspectives théoriques en
sociolinguistique = Cahiers de Sociolinguistique n° 8, Presses Universitaires de Rennes, 2003.
CHABAUD J.-TH., 1826, Grammaire française expliquée au moyen de la langue provençale,
Marseille, Camoin.
FERAUD (Abbé), vers 1790, Grammaire Provençale, supplément au dictionnaire provençal-
français d'Achard (paru en 1785), comprenant un relevé de provençalismes fréquents en
français de Provence, manuscrit inédit ; Voir STEFANINI J., Un Provençaliste
marseillais au XVIIIe siècle : l'Abbé Féraud, Publications de la Faculté des lettres d'Aix-
en-Provence, 1969.
GABRIELLI G., 1836, Manuel du Provençal, ou les provençalismes corrigés, à l'usage des
habitants des départements des Bouche-du-Rhône, du Var, des Basses-Alpes, du
Vaucluse et du Gard, Marseille.
MASSE J., 1848, Grammaire du peuple, ou grammaire française expliquée au moyen du
provençal, Digne, Repos.
REYNIER J.-B., 1829, Corrections raisonnées des fautes de langage et de prononciation qui
se commettent même au sein de la bonne société en Provence, Marseille.
ROLLAND M., 1810, Dictionnaire des expressions vicieuses et fautes les plus communes dans
les Hautes et les Basses-Alpes, Gap, Allier.
2.2. Au XXe siècle 23

ARMOGATHE D. & KASBARIAN J.-M., 1998, Dictionnaire marseillais, Marseille,


Laffitte.
BINISTI N. et GASQUET-CYRUS M., 2001, Le français de Marseille, description
sociolinguistique, rapport de recherche, DGLF/université de Provence.
BLANCHET, Ph., 1993, "Voyelles moyennes et accent tonique en français de Provence" dans
La Linguistique, n° 29, Paris, PUF, p. 103-112.
BLANCHET, Ph., 1994, "Variations orthographiques et variétés régionales du français : des
pistes didactiques" dans Le Français aujourd'hui, n° 107, 1994, p. 112-118.
BLANCHET, Ph., 1995, Les Mots d'Ici, Aix, Edisud.
BLANCHET, Ph., 2000, Expressions familières de Marseille et de Provence, Paris, Bonneton.
BLANCHET, Ph. & GASQUET-CYRUS, 2004, Le marseillais de poche, Chennevières,
Assimil.
BLANCHET, Ph. & GASQUET-CYRUS, (dir.), M., Dictionnaire du marseillais, Marseille,
Académie de Marseille, 2004 (à paraitre).
BOUIS, J.-G., 1999, La parler du stade vélodrome, Marseille, Editions européennes.
BOUVIER J.-C. & MARTEL C., 1981, Anthologie des expressions en Provence, Marseille,
Rivages.
BOUVIER, J.-C. et MARTEL, C., 1991, "Conscience et utilisation de l'outil linguistique :
régionalismes du français dans les Alpilles", dans J.-C. BOUVIER (Dir.), Les Français
et leurs langues, Université de Provence, Aix, p. 481-493.
BOUVIER R., 1985, Le parler marseillais, dictionnaire argotique, Marseille, Laffitte.
BRUN A., 1931, Le français de Marseille, Marseille, Institut Historique de Provence.
Réimpression Laffitte, Marseille, 1978.
COULOMB, N., MARTEL, C. et PELEN, J.-N., 1992, Gens des Alpilles, sentiments
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d'ethnologie.
DUBOIS, C., KASBARIAN, J.-M. et QUEFFÉLEC, A., (éd.), 2000, L'expansion du français
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JAQUE J., 1997, Les càcous, le parler de Marseille, Bordeaux, Aubéron.
JEANSOULIN L., 1988, Le souvenir du dialecte, Bulletin du Comité du Vieux-Marseille,
Archives Municipales, n°39. 24

KASBARIAN, J.-M., 2000, "Actualisation du vocabulaire marseillais d'A. Brun : pertinence


d'une définition du français régional", dans BAVOUX, DUPUIS et KASBARIAN (éd.),
Le français dans sa variation, Paris, L'Harmattan, p. 179-199.
LE DOUARON M., 1983, Etude sociolinguistique et phonétique des parlers méridionaux,
thèse de Doctorat de Linguistique, Aix, inédit.

Il s'agit d’ouvrages portant principalement voire exclusivement sur le français régional et non sur le provençal,
23

comme le titre ne le dit pas toujours explicitement.


Recensement de provençalismes en français de Marseille des années 1920-1930.
24
MARTEL C., 1988, Le parler provençal, Marseille, Rivages.
MARTEL C., 1998, Les mots du jeu de boules en Provence, Marseille, Rivages.
PELEN J.-N. & MARTEL C., "Le langage de la bouvine", dans PELEN J.-N. & MARTEL
C., L'Homme et le taureau en Provence et en Languedoc, Grenoble, Glénat.
REY J.-C., 1997-99, Les mots de chez nous, Marseille, Autre-Temps (3 vol.).
ROSTAING Ch., 1942, "Le français de Marseille dans la trilogie de Pagnol" dans Le
Français Moderne, pp 29-44 et 117-131.
TAYLOR, J., 1996, Sound Evidence, Speech Communities and Social Accents dans Aix-en-
Provence, Berne, Peter Lang.
TENNEVIN J.-P., 1972, "Les provençalismes dans les devoirs d'élèves" dans Le Français
d'aujourd'hui, n°19, pp 50-55.
3. La langue provençale 25

BIGONNET V, CALAMEL S. & BLANCHET Ph., 2004, Le provençal de poche,


Chennevières, Assimil (à paraitre).
BLANCHET, Ph., 1992, Le provençal, essai de description sociolinguistique et différentielle,
Institut de Linguistique de Louvain, Peeters, Louvain.
BLANCHET, Ph., 1999, Parlons provençal !, langue et culture, Paris, l'Harmattan (avec K7
audio).
BLANCHET, Ph. (dir.), Diversité et vitalité des langues régionales du Sud de la France = La
France latine, revue d'études d'oc, n° 133, 2001.
BLANCHET, Ph., 2002, Langues, cultures et identités régionales en Provence. La Métaphore
de l’aïoli, Paris, L'Harmattan.
BLANCHET, Ph., 2002, Dictionnaire fondamental français-provençal, Paris, Gisserot.
BLANCHET Ph., SCHIFFMAN H & BRETON R., 1999, Les langues régionales de France :
un état des lieux à la veille du XXIe siècle, Louvain, Peeters.
BLANCHET, Ph. & SCHIFFMAN H, (dir.), 2004, The sociolinguistics of Southern France
revisited, = International Journal of the Sociology of Language n° 169, New-York /
Berlin, Mouton de Gruyter.
BOUVIER, J.-C. et MARTEL, C., 1975…, Atlas Linguistique et Ethnographique de la
Provence, Paris, CNRS, 3 vol.
COUPIER, J., Dictionnaire français-provençal, Aix, Edisud, 1995 et 1998.
MAURON C., 1989, "La littérature de langue provençale" dans (collectif) Encyclopédie
Provence, Paris, Bonneton, p. 267-284.
MISTRAL F., 1886, Lou tresor dóu Felibrige, dictionnaire provençal-français, 2 tomes, Paris.
Nombreuses rééditions.
PAUL P., 2003, Lou pichot tresor de Cupidoun, Vocabulaire amoureux, Montfaucon, Librairie
Contemporaine.
TENNEVIN J.-P., 1987, Essai sur le style de la langue provençale, Marseille, CIREP-Lou
Prouvençau à l'Escolo.

25
Une bibliographie plus fournie et plus détaillée se trouve dans ces différents volumes.

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