Droit Du Travail PROF LOKO
Droit Du Travail PROF LOKO
Droit Du Travail PROF LOKO
Le droit du travail s’applique à des rapports entre employeur et travailleurs ; mais tout
travail ne fait pas naître nécessairement une relation professionnelle. Une personne peut
travailler pour son propre compte sans recourir aux services d’autrui : le travailleur
indépendant, la personne qui exerce le petit commerce, l’artisan, le médecin, le petit exploitant
agricole, etc. Un rapport de travail apparaît lorsqu’une personne travaille pour autrui. C’est dans
ce contexte qu’il y a application du droit du travail dont il convient d’exposer la notion.
Le droit du travail régit les rapports entre les travailleurs et les employeurs 1. Ces rapports
sont initialement individuels (employeur et salarié) ; car, au départ, le droit du travail a constitué
un ensemble de mesures de protection au bénéfice de plus faibles (enfants, handicapés,
femmes…) dont la force physique était le plus souvent mal adaptée à certains types de travaux.
Ensuite, le droit du travail s’est étendu à l’ensemble de travailleurs (réglementation de la durée
du travail). Ainsi défini, le droit du travail a un domaine d’application bien délimité.
De même, le code du travail ne s’applique aux marins et aux bateliers de navigation intérieure
que dans le silence des règlements particuliers qui les concernent ou lorsque ces règlements s’y
réfèrent expressément.
Dans un pays comme la RDC, l’importance du droit du travail n’est plus à démontrer car,
aussi bien pour les employeurs que pour les travailleurs, le droit du travail est d’une importance
capitale. Les uns et les autres devront connaître leurs droits et obligations en leurs qualités
1
LUWENYEMA L. Précis de droit du travail zaïrois, édition Lule, Kinshasa, mis à jour au 15 mai 1989, page 12 ;
Blaise J. traité de droit du travail, publié sous la direction de G. H. CAMERLYNCK, Dalloz, Paris, 1966
2
Idem
1
respectives. La défense des intérêts professionnels passe prioritairement par la maîtrise des
droits à défendre. Le droit du travail détermine l’organisation du marché du travail.
La RDC a conclu plusieurs conventions (traités) tant multilatérales que bilatérales dont
certaines concernent les dispositions en matière de travail constituant des engagements
internationaux et considérés comme faisant partie intégrante de notre arsenal juridique interne
étant donné qu’elles viennent en ordre de préséance au-dessus des lois internes, et ce, au regard
de l’article 215 de la constitution de la RDC qui dispose que : « les traités et accords
internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle
des lois sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre partie 3 ».
Le présent cours de droit du travail comprend trois parties : l’accès au travail (I), le
déroulement de la relation du travail (II) et la cessation de la relation du travail (III).
3
LUWENYEMA L. Précis de droit du travail zaïrois, op. cit.
2
PREMIERE PARTIE
L’ACCES AU TRAVAIL
CHAPITRE I
La liberté est un concept à plusieurs sens. Elle vise en général un bienfait suprême
consistant pour un individu ou un peuple à vivre hors de tout esclavage, servitude, oppression
ou domination intérieure ou étrangère. Du point de vue juridique, la liberté est perçue comme
étant la situation garantie par le droit dans laquelle chacun est maitre de soi-même et exerce
comme il le veut toutes ses facultés ; ou encore, l’exercice sans entrave, garanti par le droit, de
telle ou telle activité (Cornu G., Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, Paris,
1997, p. 465).
4
Mukadi Bonyi, Droit du travail, CRDS, Bruxelles, 2008, pp. 81-82.
3
par son travail à la construction et à la prospérité nationales. A ce titre, le travail est un droit et
un devoir sacré et que l’Etat garantit le droit au travail. Le code du travail est plus explicite
lorsqu’il dispose que le travail est pour chacun un droit et un devoir. Il constitue une obligation
morale pour tous ceux qui n’en sont pas empêchés par l’âge ou l’inaptitude au travail constatée
par un médecin (article 2).
Il découle de ce qui précède que toute personne peut exercer l’activité professionnelle de
son choix en vue de réaliser le développement de sa personnalité et de participer à la
construction et à la prospérité nationales. En vertu de l’article 16 de la Constitution, la liberté de
travail doit être exercée conformément à la loi et sans porter atteinte à l’ordre public et au droit
d’autrui ni contrarier les bonnes mœurs.
La liberté reconnue à l’employeur d’engager la personne de son choix vise la faculté que
la loi confère à un employeur d’embaucher un travailleur dont le profil répond aux besoins de
son entreprise. Cela veut dire que l’employeur peut engager n’importe quelle personne comme
travailleur. Pour cela, le principe est posé par le code du travail dans la définition du concept
« travailleur ».
En effet, l’article 7 du code du travail dispose qu’au sens du présent code, on entend par
travailleur: toute personne physique en âge de contracter, quels que soient son sexe, son état
civil et sa nationalité, qui s’est engagée à mettre son activité professionnelle, moyennant
rémunération, sous la direction et l’autorité d’une personne physique ou morale, publique ou
privée, dans les liens d’un contrat de travail. Pour la détermination de la qualité de travailleur, il
ne sera tenu compte ni du statut juridique de l’employeur ni de celui de l’employé.
Nous pouvons dire que l’employeur est libre d’engager toute personne qui répond à son
offre d’emploi, sans aucune discrimination liée à la nationalité du candidat, à l’état civil, etc.,
4
- Des étrangers et ;
- Des personnes inaptes au travail postulé.
Suivant le code du travail (article 6), la capacité de contracter est fixée à seize ans sous
réserve des dispositions suivantes:
a) une personne âgée de 15 ans ne peut être engagée ou maintenue en service que
moyennant dérogation expresse de l’inspecteur du travail et de l’autorité parentale ou tutélaire;
b) toutefois, l’opposition de l’inspecteur du travail et de l’autorité parentale ou tutélaire à
la dérogation prévue au litera a) ci-dessus peut être levée par le tribunal lorsque les
circonstances ou l’équité le justifient;
c) une personne âgée de 15 ans ne peut être engagée ou maintenue en services que pour
l’exécution des travaux légers et salubres prévus par un arrêté du Ministre ayant le travail et la
prévoyance sociale dans ses attributions, pris en application de l’article 38 du présent Code.
d) toute forme de recrutement est interdite sur tout le territoire national;
e) à défaut d’acte de naissance, le contrôle de l’âge du travailleur visé aux literas a) et b)
ci-dessus est exercé selon les modalités fixées par un arrêté du Ministre ayant le travail et la
prévoyance sociale dans ses attributions.
Les enfants ne peuvent être employés dans une entreprise même comme apprentis, avant
l’âge de 15 ans sauf dérogation expresse de l’inspecteur du travail du ressort et de l’autorité
parentale ou tutélaire. En aucun cas, l’autorisation expresse de l’inspecteur du travail du ressort
et de l’autorité parentale ou tutélaire ne doit être accordée en dessous de 15 ans (article 133 du
code du travail).
Par ailleurs, rappelons que l’article 1 er de l’arrêté ministériel 68/13, fixant les conditions
de travail des femmes et enfants, Ministère du travail et de la prévoyance sociale) interdit à tout
employeur d’occuper des enfants à des travaux excédant leurs forces, les exposant à des risques
professionnels élevés, ou qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils sont effectués,
sont susceptibles de blesser leur moralité (art. 1er, arrêté ministériel 68/13, fixant les conditions
de travail des femmes et enfants, Ministère du travail et de la prévoyance sociale).
5
de reprise, aux examens médicaux nécessités par l’exposition des travailleurs à des risques
particuliers et à l’exercice des travaux légers et salubres).
Les étrangers
Par étranger, il faut entendre, toute personne qui, au regard d’un Etat, n’a pas la
nationalité de cet Etat, qu’elle possède ou non une nationalité étrangère 5.
La Constitution de la RDC dispose que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité
et en droits. Toutefois, la jouissance des droits politiques est reconnue aux seuls Congolais, sauf
exception établie par la loi (article 11) et que tout étranger qui se trouve légalement sur le
territoire national jouit de la protection accordée aux personnes et à leurs biens dans les
conditions déterminées par les traités et les lois. Il est tenu de se conformer aux lois et aux
règlements de la République (article 32). Le code du travail congolais reconnaît à tout étranger
la capacité de conclure un contrat de travail en RDC lorsqu’il dispose que la capacité d’une
personne d’engager ses services est régie par la loi du pays auquel elle appartient, ou à défaut de
nationalité connue, par la loi congolaise 6.
Il y a d’abord les conditions relatives à l’entrée en RDC de toute personne étrangère pour
y exercer un emploi, ensuite les obligations de l’employeur qui désire recruter un étranger.
Pour entrer en RDC afin d’y exercer un emploi par contrat de travail, l’expatrié doit être
détenteur d’un visa d’entrée délivré par la Direction Générale des Migrations (DGM), sur base
d’un contrat de travail visé par l’Office National de l’Emploi (ONEM). La Commission
Nationale de l’Emploi des Etrangers ne peut accepter ou examiner le dossier d’un expatrié
détenteur d’un passeport avec visa touristique, visa de visite ou visa familial.
En effet, la commission nationale de l’emploi des étrangers est un service institué auprès
du Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale chargé de statuer sur la délivrance des
cartes de travail pour étranger. Il a également pour but de conseiller le Ministre sur les mesures
susceptibles d’améliorer la législation protégeant la main-d’œuvre nationale contre la
concurrence étrangère.
5
CORNU (G.), Vocabulaire juridique, Presses universitaires de France, Paris, 1987, p. 324.
6
Loi n° 015/2002, portant code du travail, article 6.
7
Arrêté ministériel n° 87/005 du 21 janvier 1987, déterminant les conditions d’engagement des étrangers, J.O.Z., 15
mars 1987, n° 6, p. 40.
6
1.2. Les obligations de l’employeur désireux d’engager un étranger
Le refus d’octroi de la carte de travail d’étranger peut faire l’objet par l’employeur d’un
recours, endéans 15 jours, auprès du ministre du travail. La carte de travail d’étranger peut-être
retiré en cas de refus caractérisé par l’employeur d’appliquer une disposition du code du travail
ou de ses mesures d’application ou d’occupation par le bénéficiaire d’un emploi autre que celui
pour lequel la carte lui a été délivrée. La Commission nationale de l’emploi des étrangers ne
négocie les dossiers qu’avec le propriétaire de l’entreprise, le président ou l’administrateur-
délégué, le directeur général ou l’associé-gérant.
- La carte ordinaire modèle A, de couleur rose, valable pour deux ans maximum,
permet d’occuper l’emploi pour lequel elle est délivrée, elle peut être renouvelée ;
- La carte ordinaire modèle B, de couleur verte, permet d’occuper l’emploi pour lequel
elle est délivrée, elle est non renouvelable ;
- La carte ordinaire modèle C, de couleur bleue, valable pour une année ; elle est
délivrée aux agents de comptoirs des matières précieuses, elle peut être renouvelée.
7
l’arrêté interministériel 032 du 10 mars 1994, portant fixation de la taxe de la carte de travail
d’étranger).
- Le personnel revêtu du statut diplomatique tel que réglementé par les ministères des
affaires étrangères et de la Coopération internationale ;
- Le personnel relevant des accords de coopération entre Etats ;
- Les propriétaires des établissements et les associés non actifs.
2. La liste des emplois interdits aux étrangers et les pourcentages maxima autorisés dans
les entreprises suivant les secteurs d’activités
La liste des emplois interdits aux étrangers se trouve en annexe à l’arrêté ministériel n°
12/CAB.MIN/ETPS/080/2008 du 19 septembre 2008, fixant la liste des emplois réservés
exclusivement aux congolais.
Aux termes de l’arrêté précité, celui-ci ne s’applique pas au personnel revêtu du statut
diplomatique tel que réglementé par le ministère des affaires étrangères et au personnel relevant
des accords de coopération conclue entre Etats. Les employeurs disposent, sauf dérogation
accordée par le ministre ayant l’emploi, le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions,
de deux ans pour se conformer aux dispositions dudit arrêté et de celles de l’arrêté
départemental n° 086/001 du 31 mars 1986, concernant les emplois interdits aux étrangers.
- Déposer une demande de dérogation avec preuves que l’employeur n’a pas trouvé
des congolais susceptibles d’occuper les emplois concernés ;
- Vérification, pendant deux mois, des allégations de l’employeur par l’ONEM ou son
représentant et proposition desdits emplois aux nationaux par toute voie de presse ;
- A l’expiration du délai de deux mois, rapport par l’ONEM au ministère de l’emploi,
du travail et de la prévoyance sociale avec avis sur les mérites de la demande de
l’employeur.
Par ailleurs, l’entrepreneur qui a conclu un accord avec le gouvernement dans le cadre du
partenariat-public-privé introduit une demande de dérogation dument motivée auprès du
ministre ayant l’emploi, le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions. La dérogation
est accordée moyennant l’engagement écrit de l’employeur de faire occuper les emplois
concernés par des congolais dans un délai de deux ans de la date de dispense. En cas d’extrême
nécessité et moyennant une enquête approfondie par les services compétents du ministère de
l’emploi, du travail et de la prévoyance sociale, la dérogation peut être prorogée d’un an.
8
congolais, le ministre de l’emploi, du travail et de la prévoyance sociale peut en ordonner la
fermeture après mise en demeure sur proposition de l’inspecteur du travail et après avis des
ministères ayant l’Economie et l’Industrie dans leurs attributions.
Quant aux pourcentages maxima autorisés pour l’emploi des étrangers, tout dépend de la
branche d’activités et les limites prévus par l’arrêté.
Est considéré comme travailleur avec handicap toute personne dont les perspectives de
trouver et de conserver un emploi convenable ainsi que de progresser professionnellement sont
sensiblement réduites à la suite d’un handicap physique ou mental dûment reconnu (article 134,
code du travail).
Les personnes avec handicap sont celles dont les facultés corporelles sont altérées par la
maladie ou l’âge. Elles peuvent être placées sous l’assistance d’un curateur nommé par le
tribunal de paix dès l’âge de majorité. Dès lors, elles peuvent valablement conclure un contrat
de travail avec l’assistance d’un curateur.
Le principe est qu’il est interdit à tout employeur d’occuper des femmes pendant la nuit
dans les entreprises industrielles ni à des travaux excédant leurs forces, les exposant à des
risques professionnels élevés, ou qui, par leur nature ou par les conditions dans lesquelles ils
sont effectués, sont susceptibles de blesser leur moralité (art. 1er, arrêté ministériel 68/13, fixant
les conditions de travail des femmes et enfants (Ministère du travail et de la prévoyance
sociale)
9
et avec les garanties stipulées par la Convention. Les autorités compétentes ne devront pas
imposer ou laisser imposer le travail forcé ou obligatoire au profit de particuliers, de
compagnies ou de personnes morales privées (articles 1 et 4).
Au plan interne, la liberté professionnelle est prévue par la constitution du 18 février 2006
telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011, portant révision de certains articles
de la constitution de la République démocratique du Congo. Elle est également garantie par le
code du travail 8 qui dispose que le travail forcé ou obligatoire est interdit. Tombe également
sous le coup de l’interdiction, tout travail ou service exigé d’un individu sous menace d’une
peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré (article 2, code du
travail), ainsi que toutes les pires formes de travail des enfants sont abolies.
Dans certaines conditions, la liberté du travail connaît des limites, notamment en cas :
1) l’appel ou le rappel sous le drapeau et l’engagement volontaire en temps de guerre dans
les forces armées congolaises ou d’un État allié;
2) les services prestés en exécution des mesures de réquisition militaire ou d’intérêt public
prises par le gouvernement;
3) l’exercice des mandats publics ou d’obligations civiques ;
4) l’exécution de la servitude pénale.
8
Loi n° O15/2002 du 15 octobre 2002, portant code du travail en République démocratique du Congo, Journal
…………………..
10
spécifiée par le membre intéressé après consultation des organisations représentatives
d’employeurs et de travailleurs, s’il en existe, et d’autres organismes appropriés.
La discrimination peut être ainsi définie comme étant un traitement différentiel consistant,
sur la base des critères interdits par la loi, à refuser à un ou à des individus, à des groupes ou à
des Etats, des droits ou des avantages qui sont reconnus par ailleurs à d’autres. Elle peut être
directe ou indirecte.
Par contre, la discrimination est indirecte quand des normes ou des pratiques
apparemment neutres ont des effets disproportionnés sur un ou plusieurs groupes identifiables,
sans justification. Ainsi, organiser des cours de formation en dehors des heures de travail, au
cours des week-ends ou tard dans la soirée, peut avoir pour effet d’exclure des travailleurs qui
souhaiteraient y participer mais qui ne le peuvent pas en raison de leurs responsabilités
familiales, cela compromettrait leurs perspectives de carrière.
Les distinctions, exclusions ou préférences fondées sur les qualifications exigées pour un
emploi déterminé ne sont pas considérées comme des discriminations. Ne sont pas non plus
considérées comme telles, toutes mesures affectant une personne qui fait individuellement
l’objet d’une suspicion légitime de se livrer à une activité préjudiciable à la sécurité de l’État ou
dont il est établi qu’elle se livre en fait à cette activité, pour autant que ladite personne ait le
droit de recourir à une instance compétente établie suivant la pratique nationale. De même que,
les mesures spéciales de protection ou d’assistance prévues dans d’autres conventions ou
11
recommandations adoptées par la Conférence internationale du travail ne sont pas considérées
comme des discriminations9.
Nous aborderons ici la situation des personnes vivant avec handicap et de la femme
Est considéré comme travailleur avec handicap toute personne dont les perspectives de
trouver et de conserver un emploi convenable ainsi que de progresser professionnellement sont
sensiblement réduites à la suite d’un handicap physique ou mental dûment reconnu. Le
handicap ne saurait constituer un empêchement pour l’accès d’une personne à l’exercice d’un
emploi répondant à ses aptitudes intellectuelles, sensorielles ou physiques dans le secteur
public, semi-public ou privé pour autant que son handicap ne soit pas de nature à causer un
préjudice ou à gêner le fonctionnement de l’entreprise (article 134-135 du code du travail).
En ce qui concerne la femme, le principe en cette matière, c’est l’égal accès à l’emploi à
l’homme et à la femme, c’est-à-dire, la non-discrimination. Les employeurs ne devront
pratiquer ou tolérer aucune discrimination à l’égard de qui que ce soit en ce qui concerne
l’engagement 10. C’est ce qui a justifié la ratification par la République Démocratique du Congo,
de la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme, par
l’ordonnance-loi n°85/040 du 6 octobre 198511. Il découle de cette convention que les Etats
veilleront à interdire la discrimination à l’égard de la femme 12.
Ainsi, en vue d’instaurer rapidement une égalité entre les hommes et les femmes, il est
même prévu la possibilité pour les Etats-parties d’adopter des mesures temporaires spéciales en
faveur de ces dernières, en d’autres termes, l’instauration d’une discrimination positive en
faveur de la femme13.
9
Convention concernant la non-discrimination, op.cit, p….
10
B.I.T., Guide sur les normes internationales du travail, Genève, 2006, p. 28.
11
J.O. n° 23 du 1er décembre 1985, p. 7.
12
Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme, article 2 (résolution 34/180
du 18 décembre 1979, J.O. n° spécial, avril 1999).
13
Idem, articles 4 et 11.
12
CHAPITRE II
LE PLACEMENT
Il est important de noter que le placement a pour objet d’aider les demandeurs d’emplois à
obtenir un emploi convenable et les employeurs à trouver des travailleurs qui répondent à leurs
besoins14. C’est l’opération qui résulte de l’acceptation, par un employeur, d’un demandeur
d’emploi pour un poste et de l’acceptation du poste par ledit demandeur 15. Le placement peut
être assuré par des services publics ou par des services privés.
13
- Prospecter les emplois disponibles et de réaliser le placement des demandeurs
d’emploi ;
- Promouvoir l’emploi et la création de petites entreprises en offrant des services de
conseil, de formation et de soutien aux entrepreneurs potentiels ;
- Organiser et faciliter la mobilité professionnelle et géographique de la main-d’œuvre
tant sur le plan national qu’international ;
- Proposer des formations adaptées aux besoins du marché national de l’emploi ;
- Etablir des statistiques, rassembler et diffuser trimestriellement des informations
relatives au marché du travail;
- Mener des activités de conseil, d’analyse, de description des postes de travail,
d’évaluation, de classification et de monographie d’emplois ;
- Mettre en place d’une manière continue une base nationale de données sur l’emploi ;
- Organiser des ateliers d’information et de formation sur les marchés de l’emploi ;
- Attester la conformité de tout contrat de travail à la législation nationale au moyen
du visa. A ce titre, l’ONEM collabore avec la Commission Nationale de l’Emploi
des Etrangers.
Par ailleurs, l’ONEM assure la prospection et le suivi des offres d’emploi auprès de tout
employeur œuvrant en RDC ainsi que le mouvement des travailleurs. Il recherche et analyse
toutes informations sur la situation du marché de l’emploi et son évolution probable à la fois
dans l’ensemble du pays et dans les différentes branches d’activités économiques, professions et
régions. Il prend les mesures appropriées pour faciliter la mobilité professionnelle et
géographique de la main-d’œuvre.
L’ONEM, comme tout service public de placement, a pour mission spécifique de procéder
à l’enregistrement des demandeurs d’emplois et à l’enregistrement des offres d’emplois.
C’est l’opération effectuée dans le cadre du service de placement qui consiste à prendre
acte de la candidature, suivant l’ordre de présentation des demandeurs d’emploi.
Si la ou les demandes correspondent à une offre d’emploi, les demandeurs possédant les
aptitudes au travail requises sont immédiatement dirigés vers l’entreprise aux fins d’engagement
éventuel. Mais, le demandeur d’emploi qui émet des réserves à sa remise au travail ou refuse un
14
emploi jugé décent par le service de placement, demeure disponible pour le marché de l’emploi
pour une durée ne dépassant pas trois mois, de toute aide immédiate accordable au demandeur
d’emploi. Pour être en règle, le demandeur d’emploi doit, sauf dispense expresse, se soumettre à
un contact périodique.
L’ONEM est tenu, en collaboration avec l’INPP, d’aider les demandeurs d’emploi à
obtenir, le cas échéant, une orientation, une formation ou une réadaptation professionnelle ; de
même que l’INPP peut, à la demande de l’ONEM, organiser des opérations de sélection et
d’orientation professionnelle nécessaires pour l’engagement de candidats. Toutefois, à la fin de
chaque année scolaire, l’ONEM demandera aux établissements d’enseignement, de lui
communiquer la liste de finalistes comprenant les noms et prénoms, les adresses, les études
faites et les diplômes obtenus.
Ne peuvent être inscrites sur le rôle de réserve que les personnes qui:
15
Paragraphe 3. Le Pool des marins
Le pool des marins est un organisme doté d’une autonomie administrative et financière
dénommé créé par l’arrêté 409/017/92 du 23 mars 1992, portant création du pool des marins. Le
«pool des marins» est placé sous l’autorité du ministre des Transports et des Communications.
Pour l’application dudit arrêté, le terme «marins» désigne toutes les personnes inscrites au
matricule général des marins à Matadi et qui sont employées comme membres de l’équipage à
bord des navires de commerce ou de pêche effectuant une navigation maritime y compris les
marins travaillant «off shore».
Le «pool des marins» a pour objet de gérer tous les problèmes sociaux des marins et de
leur famille. Il procure gratuitement des engagements maritimes ou des prestations à terre aux
marins résidant sur le territoire de la République; à cet effet le pool a notamment pour mission
de:
1. recruter les marins selon les besoins et recevoir les offres d’emploi de la part des
armateurs;
2. chercher des débouchés pour les marins;
3. négocier les conditions de travail et les avantages sociaux avec les utilisateurs sous
forme de contrat collectif de travail;
4. placer les marins à la demande des armateurs;
5. pourvoir à l’établissement du contrat d’engagement maritime et assurer le suivi de son
exécution;
6. assurer le suivi des voyages ainsi que du rapatriement des marins;
7. assurer la formation et le perfectionnement professionnel des marins;
8. assurer l’affiliation des marins à l’INSS et éventuellement organiser un régime
complémentaire d’assurance sociale;
9. effectuer les versements à l’INSS, des cotisations des marins en voyage ou à terre;
10. assurer les soins de santé des marins à terre ainsi qu’à leur famille;
11. payer les indemnités d’attente aux marins à terre;
12. percevoir les prestations des marins ainsi que les frais administratifs aux armateurs ;
17
Arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/062/08 du 18 septembre 2008, fixant les conditions d’ouverture,
d’agrément et de fonctionnement des services privés de placement, article 3.
16
Les services privés de placement peuvent se spécialiser dans les différents secteurs de
l’emploi et cela, dans le strict respect des codes de profession et codes des secteurs d’activités.
Ils peuvent en outre exercer et/ou créer certaines activités spécifiques liées au marché de
l’emploi telles que la gestion de la Bourse des travailleurs journaliers et assimilés, la
transformation des tâches journalières en emplois permanents et autres.
L’autorisation a une validité de deux ans constatés par l’ONEM, (les frais sont fixés à 700
19
FF) au-delà desquels le service privé de placement peut solliciter l’agrément auprès du
ministre ayant l’emploi dans ses attributions. Le dossier de demande d’agrément contient
obligatoirement les éléments ci-après : la lettre de transmission du dossier à l’ONEM, les
photocopies des éléments exigés à l’article 8 susdit, les exemplaires des rapports annuels
d’activités du Service privé de placement pour les deux années précédant la demande
d’agrément et les avis et considérations de l’ONEM sous forme de note technique à la tutelle.
L’agrément est accordé par arrêté ministériel pour une durée indéterminée. Le service de
placement en cessation d’activités est tenu de faire la déclaration de fermeture conformément à
la réglementation en vigueur. L’organisation professionnelle des services privés de placement
élabore, sous la supervision de l’ONEM, un code de conduite destiné à régir le comportement
des services privés de placement entre eux, avers les entreprises et les personnes bénéficiaires
de leurs services.
18
Idem, article 8 (pour les personnes physiques, les documents ci-après : l’attestation de nationalité, l’attestation de
naissance, l’extrait du casier judiciaire de moins de trois mois, le certificat de bonne conduite, vie et mœurs et les
titres scolaires et académiques prouvant un minimum de connaissances sur les filières scolaires et
professionnelles ainsi que sur les procédures techniques de sélection, le n° d’identification nationale, le registre
du commerce et les preuves de paiement des frais d’ouverture auprès de l’ONEM. Pour les personnes morales,
les documents ci-après : le n° d’identification nationale, le registre du commerce et les preuves de paiement des
frais d’ouverture auprès de l’ONEM, la lettre motivée de demande d’autorisation, les statuts du service privés en
4 exemplaires et l’attestation fiscale de l’année en cours).
19
Idem, article 9.
17
Paragraphe 3. Les activités des services privés de placement
Outre les activités spécifiques, les services privés de placement exercent leurs activités
soit en partenariat, soit en collaboration avec l’ONEM.
Les activités en partenariat avec l’ONEM sont les suivantes :
- L’inscription des demandeurs d’emploi ;
- La prospection d’offres d’emploi ;
- La sélection des demandeurs d’emploi en fonction de leurs compétences et des
profils des emplois ;
- Le placement des demandeurs d’emploi dans les entreprises ;
- La transmission trimestrielle à l’ONEM d’un rapport contenant des éléments
d’information, notamment d’ordre statistique sur les opérations qu’elles effectuent
ainsi que toutes les activités qui concourent à l’amélioration du marché de l’emploi.
Les activités spécifiques sont celles liées au marché de l’emploi telles que la gestion de la
Bourse des travailleurs journaliers et assimilés, la transformation des tâches journalières en
emplois permanents et autres, qui doivent être exercées conformément aux statuts et aux termes
de référence indiqués dans la lettre motivée de demande d’autorisation.
Il est à noter d’abord que les services privés de placement ne sont pas autorisés à procéder
au recrutement et au placement des gens de mer.
- Publier des annonces d’offres d’emplois mensongères, y compris celles qui offrent
des emplois inexistants ;
- Faire subir aux demandeurs d’emplois de discrimination fondée sur la nationalité,
l’origine sociale, ou toute autre forme de discrimination tel que l’âge ou le handicap ;
- Formuler ou publier des annonces de vacances des postes ou des offres d’emplois
contenant des indications de discrimination fondée notamment sur la race, la couleur,
le sexe, la préférence sexuelle, l’âge, la religion, l’opinion politique, l’ascendance
nationale, l’origine sociale ou ethnique, le handicap, le statut matrimonial ou familial
ou l’appartenance à une organisation professionnelle des travailleurs ;
18
- Exiger des demandeurs d’emplois le versement des sommes ou d’autres débours de
nature à conditionner le placement ;
- Placer les demandeurs d’emplois à des travaux interdits par la loi ;
- Utiliser ou fournir le travail des enfants ;
- Divulguer les données personnelles des demandeurs d’emplois ou les conserver plus
longtemps qu’il n’est justifié par le but précis de leur collecte, ou au-delà de la
période durant laquelle le travailleur souhaite figurer sur une liste de candidats ;
- Demander, conserver ou utiliser des informations sur l’état de santé des demandeurs
d’emplois ou utiliser des informations y relatives pour décider de son aptitude à
l’emploi ; à moins que ces données soient directement liées aux conditions requises à
l’exercice d’une profession déterminée et moyennant autorisation expresse du
demandeur d’emploi concerné ;
- refuser l’accès à tout demandeur d’emploi à la consultation de ses données
personnelles, à l’obtention d’une copie de celles-ci, à l’examen, à la suppression ou à
la rectification desdites et ;
- mettre à la disposition d’une entreprise utilisatrice des travailleurs aux fins de
remplacer ceux de cette entreprise qui sont en grève.
Enfin, les travailleurs employés par les services privés de placement doivent avoir un
contrat de travail écrit précisant leurs conditions d’emplois. Au minimum, ces travailleurs
doivent être informés de leurs conditions d’emplois avant le début effectif de leur mission.
Mais, en cas de cessation de contrat de travail, les services privés de placement ne doivent pas
empêcher l’entreprise utilisatrice de recruter le travailleur mis à sa disposition, ni limiter la
mobilité professionnelle du travailleur, encore moins infliger des sanctions à un travailleur qui
accepte de travailler pour une autre entreprise.
CHAPITRE III
LE CONTRAT D’APPRENTISSAGE
Le contrat d’apprentissage est défini comme étant celui par lequel une personne physique
ou morale, le maître d’apprentissage, s’oblige à donner ou à faire donner une formation
19
professionnelle méthodique et complète à une autre personne, l’apprenti, et par lequel ce dernier
s’oblige en retour à se conformer aux instructions qu’il recevra et à exécuter les ouvrages qui lui
seront confiés en vue de son apprentissage (article 7, code du travail).
Le contrat d’apprentissage étant un contrat comme les autres, il est soumis, pour sa
validité, aux conditions générales de fond requises par l’article 8 du décret du 30 juillet 1888.
En plus, nul ne peut recevoir des apprentis mineurs s’il n’est âgé de 18 ans au moins, reconnu
de bonne vie et mœurs et suffisamment qualifié pour donner aux apprentis une formation
appropriée ou faire donner cette formation par une autre personne à son service ayant les
qualités requises. En outre, aucun maître, s’il ne vit en famille ou en communauté, ne peut loger
des jeunes filles mineures, comme apprentis.
Le contrat d’apprentissage doit être constaté par écrit en tenant compte des usages et
coutumes de la profession. Il est rédigé en langue officielle ou nationale connue de l’apprenti. Il
est signé par le maître, l’apprenti et les parents, à défaut de ceux-ci, par le tuteur ou la personne
autorisée par les parents ou encore le juge compétent. Il est rédigé en 4 exemplaires au moins et
soumis au visa de l’Office National de l’Emploi (ONEM). La demande du visa incombe au
maître. Tant que le contrat n’a pas été soumis au visa, ou lorsque le visa a été retiré, les services
de l’apprenti sont présumés être prestés en exécution d’un contrat de travail respectivement à la
date de la conclusion du contrat et du retrait du visa.
Il pourra être prévu au contrat d’apprentissage que l’apprenti s’engage, après achèvement
de l’apprentissage, à exercer son activité professionnelle pour le compte de son ancien maître
pendant une période qui ne peut excéder deux ans. L’inobservation de cet engagement par l’une
des parties entraîne, sous réserve des dommages intérêts, la prestation d’un préavis ou, à défaut,
le versement d’une indemnité compensatoire de préavis calculée conformément aux
dispositions de l’article 63 du code du travail.
21
SECTION III : SUSPENSION ET FIN DU CONTRAT D’APPRENTISSAGE
Tout contrat d’apprentissage peut être résilié à la demande des parties pour les causes
déterminées par le code du travail.
Les apprentis sont assimilés aux travailleurs et bénéficient de toutes les autres dispositions
du code du travail qui ne sont pas contraires aux dispositions particulières du présent titre. Des
arrêtés du Ministre ayant le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions, pris après avis
du Conseil national du travail, peuvent déterminer les catégories d’entreprises dans lesquelles
est imposé un pourcentage maximum d’apprentis par rapport au nombre des travailleurs ou
limiter l’effectif des apprentis ou le droit de former des apprentis dans les établissements dans
lesquels il a été constaté une formation professionnelle insuffisante.
CHAPITRE IV
LE CONTRAT DU TRAVAIL
22
SECTION I. LA DEFINITION DU CONTRAT DU TRAVAIL
Les contrats de travail sont passés librement, sous réserve des dispositions du code du
travail. Dans le contrat, les parties déterminent elles-mêmes, dans le strict respect des
dispositions légales et sous l’observation des conventions collectives, des règlements
d’entreprises et des usages locaux, les conditions de travail. Sauf lorsqu’il s’agit d’un contrat
écrit, respect de l’article 212 du code du travail.
Dans son article 7, le nouveau code du travail définit le contrat du travail en ces termes,
« toute convention écrite ou verbale par laquelle une personne, le travailleur, s’engage à fournir
à une autre personne, l’employeur, un travail manuel ou autre sous la direction et l’autorité
directe ou indirecte de celui-ci et moyennant rémunération ».
§1. L’employeur
L’employeur est toute personne physique ou personne morale, de droit public ou privé,
qui utilise les services d’un ou de plusieurs travailleurs en vertu d’un contrat de travail (art. 7-b
code du travail). Il peut néanmoins s’agir de l’employeur initial, de l’employeur substitué ou de
l’employeur subrogé en cas de transfert. L’employeur peut être une personne physique
(entreprise individuelle) ou morale de droit public ou privé. Est considérée donc comme
employeur, toute personne qui détient un pouvoir de direction et l’autorité sur un travailleur en
vertu d’un contrat de travail ou d’apprentissage conclu avec ce dernier.
Au sens de l’article 7-d du code du travail, il faut entendre par entreprise : toute
organisation économique, sociale, culturelle, communautaire, philanthropique, de forme
juridique déterminée, poursuivant ou non un but lucratif pouvant comprendre un ou plusieurs
établissements. L’établissement est défini au sens de l’article 7-e comme étant un centre
23
d’activités individualisé dans l’espace ayant, au point de vue technique, son objet propre et
utilisant les services d’un ou de plusieurs travailleurs qui exécutent une tâche sous une direction
unique. Un établissement donné relève toujours d’une entreprise. Un établissement unique et
indépendant constitue à la fois une entreprise et un établissement.
§2. Le travailleur
Suivant l’article 7-a du code du travail, le travailleur est toute personne physique, en âge
de contracter, quel que soit son sexe, son état civil, sa nationalité, qui s’est engagée à mettre son
activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction et l’autorité d’une autre
personne physique ou morale, publique ou privée dans les liens d’un contrat de travail. Pour la
détermination de la qualité du travailleur, il ne sera tenu compte ni du statut juridique de
l’employeur, ni de celui de l’employé.
Par rapport à l’ancien code du travail (art.4 a), le nouveau code du travail a ajouté les
termes « son état civil » pour qu’un traitement égal soit réservé à tous les travailleurs quel que
soit leur état civil, éliminant ainsi la discrimination à l’égard de la femme mariée qui peut, dans
les liens d’un contrat de travail, se faire octroyer tous les droits réservés aux travailleurs
(logement, soins médicaux, mutation…). Signalons que la qualité de travailleur est reconnue à
un agent lié à un employeur par un contrat non écrit lorsqu’il est démontré que l’employeur a
posé des actes vis-à-vis de l’agent ou vis-à-vis des tiers au profit de l’agent concerné.
Notons qu’en vertu de la classification générale des emplois, les employés sont de trois
catégories : les employés subalternes, les agents de maîtrise, le personnel de direction et les
cadres.
La classification des emplois a pour but d’ordonner les emplois en tenant compte
uniquement des capacités exigées par l’emploi, et non des capacités propres au travailleur. Elle
est destinée à servir de cadre à des classifications plus détaillées par branches professionnelles.
Il va de soi que seuls des membres de la profession (travailleurs, employeurs et représentants de
leurs organisations professionnelles) sont réellement compétents pour classer aux différentes
catégories et échelons les emplois propres à leur branche professionnelle.
24
La classification générale des emplois se présente comme suit :
Ce sont des travailleurs occupant des emplois de catégorie d’un niveau supérieur à celui
du travailleur hautement qualifié et inférieur à celui du cadre de collaboration.
Parmi lesquels, il y a :
25
réduite de plein droit (art. 43 al.3 code du travail). En matière de préavis, les dispositions tant
légales que conventionnelles fixent la durée à observer par catégorie de travailleurs. Il en est
également ainsi en matière de la rémunération des heures supplémentaires.
Le contrat du travail étant un contrat comme les autres, il est soumis pour sa validité aux
conditions générales de validité prévues par l’article 8 du décret du 30 juillet 1888.
1. Le consentement
Le consentement n’est soumis à aucune exigence de forme, il peut être tacite ou exprès.
En application des principes du droit commun, la manifestation concomitante des
consentements peut rendre obligatoire l’engagement souscrit. Mais, l’on constate que lors de
l’embauche, le principe de l’égalité entre les parties est souvent écarté. L’employeur déter mine
de façon unilatérale les conditions de travail ; il impose ses conditions concernant
essentiellement le salaire, les conditions d’exécution du travail, la qualification professionnelle,
l’horaire de travail. En fait, il s’agit d’une adhésion du salarié aux conditions de travail que lui
impose l’employeur, plutôt que d’un accord intervenu après discussion. De même, le salarié
apporte au règlement d’entreprise une adhésion tacite.
Aussi, au cours du contrat, l’employeur adopte fréquemment par voie de notes circulaires
ou notes de services, des décisions relatives à l’exécution des contrats de travail ; toutefois ces
décisions ne doivent pas porter atteinte aux droits acquis des salariés.
Le consentement doit être exempt de tout vice qui en affecterait la validité ; c’est dire que
le consentement ne doit pas être entaché d’erreur, de violence et du dol.
La réticence du salarié ne constitue pas en principe, selon le droit commun une cause de
nullité, il en est ainsi en cas de silence du salarié sur les conditions dans lesquelles il a été
antérieurement engagé ou remercié (cette réticence peut être tolérée). Le silence du salarié en
26
vue de faire échec à une intention illicite de l’employeur constitue un droit (par exemple
l’affiliation syndicale ou l’état de grossesse de la femme). La réticence dolosive par contre n’est
pas admise ; elle méconnaît une obligation positive d’information (ex : l’existence d’une clause
de non-concurrence liant le salarié candidat à son ancien employeur). La sanction dans ce cas
sera non pas la nullité du contrat, mais la rupture immédiate pour faute grave.
Le dol est une erreur provoquée par l’une des parties au contrat. Le dol doit être
déterminant pour qu’il soit pris en considération. En effet, il constitue une cause de nullité
lorsque les manœuvres pratiquées par l’une des parties sont telles que sans elles l’autre partie
n’aurait pas contracté (par exemple, allégations mensongères du travailleur au sujet de ses
aptitudes, de ses diplômes, en vue d’obtenir son engagement ou l’engagement d’un ouvrier
ayant trompé sur son âge et donné un faux nom). Par contre, l’employeur ne peut demander la
nullité d’un contrat, suite à une fausse déclaration faite par un salarié sur sa situation militaire,
cette déclaration n’ayant pas été la cause déterminante de la signature du contrat.
En principe, la violence ne vicie pas le contrat de travail si elle est morale. Certains
auteurs ont soutenu que la violence morale ayant vicié le consentement du salarié, vicie le
contrat du travail. Pour vicier le consentement, la violence doit répondre aux conditions prévues
par le code civil :
Le code civil n’exige pas que la violence soit physique, mais seulement de nature à
impressionner une personne raisonnable en tenant compte non seulement de l’âge et du sexe,
mais aussi de la condition des personnes (art.12 du livre III). Le danger en est que plusieurs
contrats sont conclus sous l’empire de nécessités économiques, et cela risquerait d’instaurer une
grande insécurité dans des transactions. Il est bien entendu que le seul fait que le travailleur se
trouve dans une situation de dépendance économique à l’égard de son employeur, ne suffit en
tout cas pas à établir la violence.
Les juges ont cependant tendance à protéger le salarié contre une violence qui découle de
l’inégalité des situations surtout au cours du contrat.
2. La capacité
La capacité est l’aptitude reconnue à une personne à être sujet de droit et à l’exercer
librement. L’article 6 du code du travail pose le principe selon lequel « la capacité d’une
personne d’engager ses services est régie par la loi du pays auquel elle appartient, ou à défaut de
nationalité connue, par la loi congolaise ». Cette disposition consacre le principe civiliste posé
par l’article 23 CCL II (décret du 30 juillet 1888) d’après lequel « toute personne peut
contracter, sauf les exceptions prévues par la loi ». Ainsi, toute personne peut contracter si elle
n’est pas déclarée incapable par la loi dès lorsqu’elle a seize ans en vertu du même article 6
27
susvisé qui dispose que : « Au sens du présent Code, la capacité de contracter est fixée à seize
ans sous réserve des dispositions20 suivantes… ».
Il est cependant déplorable que le nouveau code reste muet sur cette question. Il semble
remettre ainsi en cause cet acquis fondamental : la capacité de la femme mariée. En effet,
20
B.I.T., Egalité dans l’emploi et la profession, CIT 83è session, 1996, p.12.
21
Arrêté ministériel n°12/MIN/TPS/AR/34/2008 du 10 juin 2008, comité national de lutte contre les pires formes
de travail des enfants.
22
Sous l’égide des nations unies, plusieurs instruments ont été adoptés pour réaffirmer le principe de non
discrimination vis à vis de la femme. On peut citer notamment : la convention sur les droits politiques de la
femme. Résolution 640 (VII) du 20 décembre 1952. Entrée en vigueur le 7 juillet 1954 : la déclaration sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes adoptées par l’assemblée générale des
nations unies le 7 novembre 1967, résolution 2263 (XXII) ; la convention sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes adoptées par l’assemblée générale des nations unies le 18 décembre 1979
A/res/34/180. Entrée en vigueur le 3 septembre 1981, la convention n°156 de l’OIT concernant l’égalité de
chances et de traitement pour les travailleurs de deux sexes : travailleurs ayant des responsabilités familiales, 3
juin 1981 ; Article 11, Acte constitutionnel de la transition, journal officiel, n° spécial, Avril 1994, tel que
modifié et complété par le décret-loi constitutionnel n°003 du 28 mai 1997, relatif à l’organisation et à l’exercice
du pouvoir en R.D.C. Ce dernier décret-loi est également modifié et complété par les décrets-lois numéros 074
du 25 mai 1998 et 122 du 21 septembre 1998 (textes harmonisé).
28
l’article 6 du code du travail dispose que la capacité d’une personne d’engager ses services est
régie par la loi du pays auquel elle appartient.
S’agissant des congolaises, le code de la famille prévoit dans son article 448 que la femme
mariée doit obtenir l’autorisation de son mari pour tous les actes juridiques dans lesquels elle
s’oblige, à une prestation qu’elle doit effectuer en personne.
D’un coté, le législateur a prévu qu’un traitement égal soit réservé à toute personne
physique en âge de contracter quels que soient sont sexe, son état civil, sa nationalité (art 7a,
code du travail) ; mais de l’autre, il maintient une situation discriminatoire à l’endroit de la
femme mariée qui ne peut s’engager à fournir une activité que moyennant autorisation de son
mari (art 448, code de la famille).
3. L’objet
Tout contrat a pour objet une chose qu’une partie s’oblige à donner, ou qu’une partie
s’oblige à faire ou à ne pas faire. L’objet doit être déterminé de façon certaine par le contrat du
travail sous réserve des dispositions légales. Le contrat du travail doit avoir pour objet la
fourniture d’une prestation de travail et le paiement d’une rémunération.
4. La cause
L’obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir
aucun effet. La convention n’est pas moins valable, quoique la cause n’en soit pas exprimée. La
cause est illicite quand elle est prohibée par la loi, quand elle est contraire aux bonnes mœurs ou
à 1’ordre public.
Les obligations des parties au contrat de travail doivent reposer sur une cause réelle et
licite, c’est à dire conforme à la loi et non contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Une
obligation sans cause ne peut avoir aucun effet (art 30 CCL III).
29
§3. L’aptitude au travail
Le nouveau code du travail (article 38) prévoit une condition particulière pour pouvoir
engager valablement ses services ; il s’agit de l’obligation de produire un certificat d’aptitude au
travail, établi par le médecin. Ce dernier ne se limitant plus qu’à ne constater que l’inaptitude
physique au travail du travailleur, c’est-à-dire l’aptitude du travailleur à exercer la tâche qui lui
est assignée.
L’aptitude au travail est constatée par un certificat médical délivré par un médecin du
travail ou, à défaut, par tout autre médecin. En l’absence de celui-ci, un certificat provisoire est
délivré par un infirmier, sous réserve de soumettre le travailleur à un examen médical dans les
trois mois qui suivent le début des prestations de travail. Une personne médicalement inapte au
travail auquel elle est destinée ou affectée ne peut être engagée ni maintenue en service. Cette
exigence constitue une limitation à la capacité d’exercice des travailleurs. L’examen médical est
préalable à la prestation du service et le certificat doit être produit à l’embauche du travailleur.
Il doit être délivré par le médecin agréé par l’employeur, au frais de ce dernier. Le
certificat doit indiquer, le nom et date. Il devra mentionner si le travailleur est apte à tous les
travaux ; apte à des travaux légers et salubres ; apte à certains travaux expressément
mentionnés ; ou inapte totalement. La durée de validité du certificat est en principe d’un an
quand il est établi par un médecin, mais elle est de 6 mois pour le mineur. Le certificat est
renouvelé en cas de maladie ou d’accident de travailleur ayant nécessité 30 jours d’incapacité.
Une personne inapte au travail auquel elle est destinée ou affectée ne peut être maintenue en
service.
Il ressort de l’article 7 c du code du travail que le contrat est toute convention écrite ou
verbale par laquelle une personne, le travailleur s’engage à fournir à une autre personne,
l’employeur, un travail manuel ou autres sous la direction et l’autorité directe ou indirecte de
celui-ci et moyennant rémunération.
L’article 44 du même code précise que le contrat doit être constaté par écrit et rédigé dans
la forme qu’il convient aux parties d’adopter pour autant qu’il comporte au minimum les
énonciations prévues à l’article 212 du code du travail. Il s’agit de :
30
Outre les dispositions imposées ci-dessus par l’article 212 du code du travail, le contrat de
travail peut contenir toutes autres énonciations convenues dans le respect des dispositions
légales et réglementaires. Toutes les clauses contenues dans un contrat de travail doivent être
rédigées en termes clairs et sans équivoque 23.
En cas d’absence de l’une des mentions prescrites à l’article 212 précité du code du
travail, les déclarations du travailleurs, jusqu’à preuve du contraire, sont prises en considération.
Les modifications intervenues ultérieurement dans la situation sociale du travailleur sont
réputées intégrées dans le contrat de travail pour autant qu’elles aient été régulièrement
constatées et communiquées à l’employeur. Nous pensons qu’il s’agit des changements qui
interviennent dans le statut juridique du travailleur, notamment dans état civil. En effet, à défaut
d’écrit, poursuit l’article 44 alinéa 2, le contrat est présumé jusqu’à preuve du contraire, avoir
été conclu pour une durée indéterminée. Cette disposition ne s’applique pas dans le cas
d’engagement au jour le jour.
Au regard de ce qui précède, il ressort que le contrat de travail existe même en l’absence
d’un écrit signé de deux parties ; le contrat de travail existe dès lors qu’il y a exécution des
prestations sous l’autorité d’un employeur en contrepartie d’une rémunération. L’écrit n’est
donc pas une condition de validité ou d’existence d’un contrat de travail à durée indéterminée ;
il en est un simple moyen de preuve. Dans le cadre du contrat à durée déterminée, il constitue,
en revanche, une forme substantielle et non un simple mode de preuve.
En cas d’engagement verbal, la preuve peut être faite par tous les moyens : notamment par
aveu, serment, bulletin de paie, témoin et les juges de fond ont un large pouvoir d’appréciation.
En effet, l’article 49 précise qu’en cas d’absence d’écrit, le travailleur peut établir par toutes
voies de droit, l’existence et la teneur du contrat ainsi que toutes modifications ultérieures (ex.
autorisation de l’employeur de se rendre à l’étranger pour les soins médicaux ; la
correspondance et les actes vis-à-vis des tiers ; le témoignage des collègues des tiers).
Sauf engagement au jour le jour, le contrat de travail doit être rédigé en langue française,
en quatre exemplaires au moins, et signé par chacune des parties; si l’une d’elles ne sait pas
signer, elle peut apposer une empreinte digitale 24.Trois originaux destinés respectivement à
l’employeur, au travailleur et à l’autorité habilitée à viser le contrat ; un exemplaire du projet du
contrat est à remettre au travailleur dans les deux jours ouvrables au moins avant sa signature.
Le travailleur qui ne comprend pas le français ou ne sait ni lire ni écrire, sollicite la traduction
dans une des langues nationales reconnues par l’article premier de la Constitution de la RDC. Il
s’agit de la Constitution du 16 février 2006. En cas de contestation, seuls les originaux en
langue française feront foi 25.
A défaut d’écrit, le législateur présume que le contrat a été conclu pour une durée
indéterminée. Cette interprétation joue en faveur du travailleur. En effet, un contrat de travail
non constaté par écrit est réputé conclu pour une durée indéterminée 26. Il incombe donc à
23
Arrêté ministériel n° 062/CAB/PVPM/ETPS/2011 du 22 juillet 2011, fixant la forme, la preuve et le visa du
contrat de travail, article 4.
23
Idem, article 2.
24
Ibidem.
25
Idem, article 5.
26
Arrêté ministériel n° 062/CAB/PVPM/ETPS/2011 du 22 juillet 2011, fixant la forme, la preuve et le visa du
contrat de travail, article 2.
31
l’employeur de faire constater par écrit tout contrat de travail avec un travailleur congolais ou
étranger ayant rempli les conditions requises 27.
De même, un contrat constaté par écrit qui ne mentionne pas expressément qu’il a été
conclu pour une durée déterminée, soit pour un ouvrage déterminé, soit pour le remplacement
d’un travailleur temporairement indisponible, est réputé avoir été conclu pour une durée
indéterminée (article 45).
L’employeur est tenu de remettre au travailleur le projet du contrat ainsi que tous les
documents essentiels auxquels il se réfère (convention collective, règlement d’entreprise,…),
deux jours ouvrables avant la signature du contrat. A défaut, le travailleur a le doit de demander
la résiliation du contrat dans les 30 jours qui suivent sa conclusion sans observer aucun préavis
et sans être condamné à payer une indemnisation.
Le contrat doit être signé par les parties, si l’une d’elles ne sait pas signer, elle apposera
sur le contrat l’emprunte digitale. Le contrat de travail doit être visé par le Bureau de l’Office
National de l’Emploi du ressort dans un délai maximum de quinze jours prenant cours à la date
de la signature du contrat. Pour les entités administratives où ne fonctionne pas encore un
Bureau de l’ONEM, le contrat est valablement présenté au bureau de l’ONEM le plus proche
pour visa. L’employeur doit présenter au visa trois originaux du contrat. L’un des originaux est
conservé par l’autorité qui l’a visé et un autre est destiné au travailleur. Le visa est apposé sur
chaque exemplaire du contra. Si l’employeur ne remplit pas cette obligation, le travailleur peut
demander la résiliation du contrat sans préavis et peut réclamer à l’employeur des dommages
intérêts. Lorsque le visa est refusé, le contrat de travail prend fin de plein droit (restriction de
la liberté contractuelle) (article 47 alinéa 3).
La signature, c’est la marque manuscrite par laquelle une personne révèle sa personnalité
aux tiers. Elle suppose un graphisme personnel résultant généralement d’un certain nombre de
traits d’agrément et apparaissant comme un amalgame plus ou moins savant de formes et des
lignes obéissant à une esthétique imprécise.
Les irrégularités qui peuvent affecter la formation d’un contrat de travail devraient s’il
fallait appliquer en la matière les règles du droit civil, entrainer la nullité du contrat du travail
ou la nullité de certaines clauses de ce contrat. L’application des ces principes du droit commun
a paru inadéquate en matière du contrat de travail. En effet, la nullité découlant d’un vice de
forme du contrat entraîne en droit civil des effets rétroactifs. Cependant, vu le caractère
successif du contrat de travail et obéissant au souci évident d’assurer la protection du salarié et
tenant compte des difficultés pratiques que cette sanction peut susciter à l’égard des contrats de
travail qui auraient déjà été exécutés (prestation de travail et rémunération) la jurisprudence
écarte la sanction de nullité du contrat de travail lorsque les prestations de travail ont été
fournies. Ainsi, le travailleur pourra réclamer valablement le paiement de la rémunération
correspondant au travail exécuté, il aura droit à un certificat de travail et pourra même réclamer
une indemnité pour brusque rupture.
C’est là une solution qui souligne la volonté de protéger le salarié contre les incidents
possibles de la nullité.
27
Ibidem.
32
CHAPITRE V
Le contrat de travail peut être conclu à durée déterminée ou à durée indéterminée (article
39). Les parties peuvent fixer librement la durée de leur convention sous certaines de réserves.
1° Lorsqu’un travailleur est engagé pour occuper un emploi permanent dans l’entreprise ou
l’établissement, le contrat doit être conclu pour une durée indéterminée (article 42 CT) ;
2° La durée du contrat de travail à durée déterminée ne peut excéder deux ans ; et il ne peut
dépasser un an si le travailleur est marié et séparé de sa famille ou s’il est veuf, séparé de
corps et des biens ou divorcé et séparé de ses enfants dont il doit assumer la garde (article
41 alinéa 1) ;
3° Aucun travailleur ne peut conclure avec la même entreprise plus de deux contrats à durée
déterminée, ni renouveler plus d’une fois un contrat à durée déterminée (article 41 alinéa 1
et 2) sauf dans le cas d’exécution des travaux saisonniers, d’ouvrages bien définis et autres
travaux déterminés par arrêté du ministre ayant le travail et la prévoyance sociale dans ses
attributions pris après avis du Conseil National du Travail (art 41 alinéa 2). L’exécution de
tout contrat conclu en violation de ces dispositions ou la continuation des services au-delà
du terme convenu, constitue de plein droit l’exécution d’un contrat de travail à durée
indéterminée. La loi vise à travers cette disposition à réprimer la pratique consistant pour
certains employeurs à conclure successivement plusieurs contrats à durée déterminée avec
le même travailleur, dans le seul but de se soustraire aux obligations inhérentes à un contrat
à durée indéterminée.
Depuis le 22 juillet 201128, le contrat de travail à durée déterminée peut être renouvelé
plus d’une fois dans le cas où le personnel est engagé spécialement pour l’exécution des travaux
suivants :
28
Arrët2 ministériel n° 063/CAB/PVPM/ETPS/2011 du 22 juillet 2011, fixant les modalités de renouvellement des
contrats de travail à durée déterminée.
33
3. les travaux exécutés dans le cadre d’un programme ou projet à durée déterminée ;
4. les travaux à exécuter dans le cadre des activités humanitaires ;
5. les travaux à exécuter à temps partiel et provisoire en complément des heures de travail
d’un salarié incapable pour une raison ou une autre d’œuvrer à plein temps ;
6. les travaux à exécuter provisoirement dans l’attente d’un titulaire déjà recruté ;
7. les travaux à exécuter en cas d’accroissement provisoire d’activités.
Les entreprises ou établissements concernés par les travaux énumérés ci-dessus sont
tenus d’informer dans les quinze jours du renouvellement, la Direction provinciale de
l’ONEM et de l’Inspection du travail du ressort.
4°) Le contrat de travail à durée déterminée doit être constaté par écrit. L’écrit constitue dans un
contrat à durée déterminée une forme substantielle (et non un simple mode de preuve).
L’entrée en service d’un travailleur est en principe le moment où débute l’exécution du
contrat, d’où l’écrit doit être constaté au plus tard au moment de l’entrée en service du
travailleur.
Le contrat constaté par écrit qui ne mentionne pas expressément qu’il a été conclu soit pour
une durée déterminée, soit pour un ouvrage déterminé, soit pour le remplacement d’un
travailleur temporairement indisponible, ou qui n’indique pas, dans ce dernier cas les
motifs et conditions particulières de remplacement, est réputé avoir été conclu pour une
durée indéterminée (article 45).
En cas d’engagement au jour le jour, l’écrit n’est pas imposé par le législateur. Et si le
travailleur a déjà accompli vingt-deux journées de travail sur une période de deux mois, le
nouvel engagement conclu avant l’expiration des deux mois est réputé conclu pour une durée
indéterminée (art 40 ct).
Un tel contrat suppose nécessairement l’indication dans le contrat d’une date déterminée
ou d’un événement devant se produire à une date fixe, après lesquels les parties sont déchargées
de leurs obligations réciproques ; sauf tacite reconduction. En d’autres termes, la qualification
de contrat à durée déterminée implique que le terme ou l’échéance choisie par les parties soit
certain quant à la date de sa résiliation. Cette forme est souvent utilisée dans la pratique par les
industries de caractère saisonnier (hôtellerie), dans l’agriculture (salarié engagé pour un ouvrage
déterminé telle la récolte des pommes, du coton….).
Notons que lorsque le contrat est conclu pour l’accomplissement d’une tâche, il apparaît
comme un contrat à durée déterminée (bien que le terme soit incertain) ; dans ce cas il faut
analyser la volonté des parties et la nature réelle de l’opération pour éviter que le salarié soit
injustement privé de garanties légales (ex : contrat chantier).
34
Plusieurs conséquences découlent du choix de ce type de contrat à durée déterminée :
1°) Le contrat prend fin de plein droit à l’échéance du terme convenu sans préavis et sans
que l’employeur ou le travailleur ne doivent manifester une quelconque volonté de
rupture.
2°) Sauf en cas de motif grave ou cas de force majeure, la partie qui, de manière unilatérale,
mettrait fin au contrat de travail avant l’échéance du terme, serait redevable d’une
indemnité. Il n’est pas possible d’utiliser ici la modalité du congé avec préavis qui est
réservée au contrat à durée indéterminée (art 69 et 70 ct).
3°) Si après l’échéance du terme, les parties continuaient d’exécuter le contrat, celui-ci serait
désormais soumis aux même règles que le contrat conclu pour une durée indéterminée.
Lorsque le contrat à durée déterminée est rompu par le salarié avant le terme fixé, dans ce
cas l’employeur peut lui réclamer les dommages-intérêts. Si le salarié est obligé de quitter
l’entreprise par la faute de l’employeur (ex : irrégularité du paiement du salaire) dans ce cas
l’employeur est fautif et sera obligé de réparer le préjudice qu’il a causé au salarié dans les
conditions examinées précédemment conformément à l’article 82 du livre III du Code Civil « la
condition résolutoire est toujours sous entendue dans les contrats synallagmatiques pour le cas
où l’une des deux parties ne satisfait point à son engagement. Le cocontractant victime pourra
se délier de son engagement et même demander des dommages-intérêts. Aussi, il est difficile
dans les rapports du travail de maintenir un salarié qui a commis une faute grave, d’où même
dans le cadre d’un contrat à durée déterminée la résiliation unilatérale par l’une des parties pour
faute grave est permise.
La faute invoquée doit être grave et lorsque les juges concluent à l’impossibilité du
maintien du lien contractuel suite à une telle faute, ils condamnent l’auteur à réparer. La
résiliation aux torts réciproques peut également être prononcée.
Aux termes de l’article 40 alinéa 1 du Code du Travail, est à durée déterminée le contrat
conclu pour un ouvrage déterminé. C’est le cas par exemple des travaux réalisés par les
entreprises de construction ou de production saisonnière. Ce contrat est également affecté d’un
terme, mais dont la date de réalisation est ici incertaine puisqu’il est constitué par l’achèvement
du travail confié au travailleur. Pareil contrat suppose qu’au moment de l’engagement, le travail
à exécuter soit décrit de manière suffisamment précise quant à son objet et à son ampleur pour
qu’au cours de l’exécution du contrat, le travailleur soit en mesure d’apprécier à quel moment le
contrat prendra fin. Lorsqu’il répond à cette qualification, le contrat prend fin de plein droit au
moment de l’achèvement du travail. Ce contrat est soumis aux mêmes règles de forme que le
contrat à durée déterminée.
Aux termes de l’article 40, est à durée déterminée, le contrat qui est conclu pour exercer
les fonctions d’un travailleur temporairement indisponible. Le contrat de remplacement permet
aux parties de déroger aux dispositions légales relatives à la durée du contrat et au délai de
préavis. Les parties peuvent ainsi prévoir que le contrat prendra fin de plein droit dès que le
motif du remplacement disparaît (à l’issue de la période de remplacement). En cas de résiliation
unilatérale du contrat avant la fin de remplacement, les dispositions légales en matière de
35
préavis sont applicables. Le motif du remplacement, l’identité du ou des travailleurs remplacés
doivent être constatés par écrit pour chaque travailleur individuellement au moment de l’entrée
en service de celui-ci. La durée de remplacement ne peut excéder deux ans. Interviennent
également, les dispositions relatives à la forme du contrat à durée déterminée.
Le Code du travail dans son article 42, alinéa 1 dispose : « lorsque le travailleur est
engagé pour occuper un emploi permanent dans l’entreprise ou le service public, le contrat doit
être conclu pour une durée indéterminée ». Ainsi, tout contrat conclu pour une durée déterminée
en violation des dispositions susdites, est réputé conclu pour une durée indéterminée. Le contrat
à durée indéterminée peut être défini comme étant le contrat qui n’est pas affecté d’un terme.
C’est en raison de ce caractère indéterminé de la durée du contrat que chaque partie pourra, en
principe, décider à tout moment d’y mettre fin, moyennant le respect d’un délai de préavis. Ce
type de contrat est le plus fréquemment utilisé dans la pratique et le législateur favorise la
conclusion du contrat de travail à durée indéterminée qui garantit mieux la stabilité de l’emploi
du travailleur. C’est ainsi qu’à défaut décrit, le contrat de travail conclu à durée déterminée ou
pour un travail déterminé est réputé un contrat à durée indéterminée. D’autres législations
organisent le contrat pour un travail nettement défini, le contrat intérimaire et le contrat
temporaire ; de même que les parties peuvent assortir leur contrat de travail d’une condition
résolutoire.
L’engagement à l’essai est prévu à l’article 43 alinéa 1 du Code du Travail Congolais. Les
parties peuvent convenir en effet de procéder à un essai et cette clause d’essai doit être constatée
par écrit. Il s’agit d’une période probatoire qui permet à l’employeur de s’assurer que le
travailleur convient du point de vue de la compétence et de l’aptitude à son poste de travail ; et
au travailleur de vérifier si la tâche lui confiée lui convient. A l’issue de la période d’essai, les
deux situations se présentent : ou l’essai se révèle satisfaisant, le contrat revêt en ce moment un
caractère définitif, ou l’essai se révèle non satisfaisant, chaque partie reprend sa liberté sans
formalité particulière et sans qu’une responsabilité puisse être encourue. Le législateur a entouré
cette pratique de garde fou pour limiter quelque part toute manifestation du pouvoir
discrétionnaire de direction de l’employeur.
Le code de travail prévoit dans l’article 43 la période d’essai dans son alinéa 2 ; la période
d’essai ne peut être supérieure au délai nécessaire pour mettre à l’épreuve le personnel engagé,
compte tenu de la technique et des usages de la profession.
L’exigence d’un essai préalable peut en effet découler des usages de la profession ainsi
que du contrat de travail individuel. D’où, il s’agit là d’une exception au principe selon lequel le
contrat est normalement conclu à titre définitif. Dès lors celui qui recourt à l’essai doit en
apporter la preuve d’autant plus que la période d’essai ne se présume pas.
Dans tous les cas, un délai maximum est fixé à l’al.3 de l’article 43, la durée de l’essai ne
peut dépasser un mois pour le travailleur manœuvre sans spécialité ni six mois pour les autres
36
travailleurs. Si les conventions prévoient librement une durée plus longue, celle-ci est réduite de
plein droit à un ou à six mois selon le cas. Il est évident que la prolongation des services au -delà
de cette durée maximum entraîne automatiquement la confirmation du contrat de travail. Le
législateur précise que les délais d’engagement et de route ne sont pas compris dans la durée
maximale de l’essai. La convention collective interprofessionnelle nationale de travail du 2
mars 1968 telle que révisée à ce jour fixe le maximum de 3 mois pour tous les travailleurs
relevant de la classification générale des emplois. Cette disposition réduit de moitié la période
d’essai qui passe de 6 mois à 3 mois ; pourtant, elle est plus avantageuse pour les travailleurs.
Seuls les manœuvres non qualifiés conservent le délai d’un mois prévu par la loi. Il est bien
entendu que les parties peuvent réduire le période d’essai suivant le principe convenu.
37
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I
LES OBLIGATIONS DU TRAVAILLEUR ET DE L’EMPLOYEUR
Le principe est posé par le code du travail lorsqu’il dispose que les contrats de travail sont
passés librement, sous réserve des dispositions du présent Code. Cela veut dire qu’il appartient
aux parties de déterminer leurs obligations respectives, pour autant que celles-ci ne soient pas
contraires à l’ordre public, aux lois impératives ni aux bonnes mœurs (article 36 du code du
travail).
Le contrat peut mentionner des conditions plus favorables au travailleur. Les contrats de
travail ne peuvent déroger aux dispositions d’ordre public définies par la législation et la
réglementation en vigueur. Toute clause contractuelle accordant au travailleur des avantages
inférieurs à ceux prescrits par le présent Code est nulle de plein droit.
Par ailleurs, rappelons que l’article 212 du code du travail dispose que le contrat de travail
constaté par écrit doit comporter, au minimum, les énonciations ci-après:
1) le nom de l’employeur ou la raison sociale de l’entreprise;
2) le numéro d’immatriculation de l’employeur à l’Institut national de sécurité sociale;
3) le nom, les prénoms et, le ou les post-noms et le sexe du travailleur;
4) le numéro d’affiliation du travailleur à l’Institut national de sécurité sociale et,
éventuellement, le numéro d’ordre qui lui est attribué par l’employeur;
5) la date de naissance du travailleur ou à défaut, le millésime de l’année présumée de celle-ci;
6) le lieu de naissance du travailleur et sa nationalité;
7) la situation familiale du travailleur (nom, prénoms, ou post-noms du conjoint; nom, prénoms
ou post-noms et date de naissance de chaque enfant à charge);
8) la nature et les modalités du travail à fournir;
9) le montant de la rémunération et des autres avantages convenus;
10) le ou les lieux d’exécution du contrat;
11) la durée de l’engagement;
12) la durée du préavis de licenciement;
13) la date d’entrée en vigueur du contrat;
38
14) le lieu et la date de la conclusion du contrat;
15) l’aptitude au travail dûment constatée par un médecin.
L’article 74 du code du travail dispose que le travailleur commet une faute lourde qui
permet à l’employeur de rompre le contrat lorsqu’il manque gravement aux obligations du
contrat (…). Si le contrat est rompu en vertu de l’une des dispositions de l’article 74 ci-dessus,
l’employeur pourra réclamer au travailleur la réparation du préjudice directement causé par la
faute lourde du travailleur.
En effet, selon les principes civilistes de la responsabilité contractuelle, toutes les fautes
commises par le travailleur (de la négligence jusqu’à la faute intentionnellement nuisible)
constituent des violations de son obligation et l’exposent à une condamnation à des dommages-
intérêts. Mais une telle solution est dépassée et est souvent rejetée par les tribunaux du travail de
telle sorte qu’il est admis que pour que l’ouvrier soit déclaré pécuniairement responsable, il doit
avoir commis dans l’exercice de ses obligations professionnelles une faute lourde équivalente
au dol. Toutefois, la responsabilité pécuniaire n’étant pas d’ordre public, le contrat peut, à
certaines conditions, l’exclure. C’est ainsi que la clause de participation du chauffeur salarié à la
réparation des dommages causés au véhicule par sa faute est reconnue licite.
Il faut également souligner que comme le travailleur, la violation (le manquement grave)
par l’employeur à ses obligations contractuelles est constitutive de faute lourde susceptible de
donner lieu à sa condamnation à une réparation au profit du travailleur. En effet, l’art. 73 du
code du travail dispose que : l’employeur commet une faute lourde qui permet au travailleur de
rompre le contrat lorsqu’il manque gravement aux obligations du contrat.
39
.
Si le contrat est rompu en vertu de l’une des dispositions de l’article 73 ci-dessus,
l’employeur est condamné à verser au travailleur les dommages intérêts qui devraient être fixés
selon le mode d’appréciation prévu à l’article 63 (article 75 du code du travail).
Au regard de l’importance que présente cette obligation, nous insisterons sur un certain
nombre de ses éléments, savoir : la durée (temps), le lieu et les conditions de travail.
La durée journalière du travail est fixée désormais à neuf heures au lieu de huit et la durée
de la semaine à 45 heures au lieu de 48, la durée légale de travail est une durée de travail
effectif. Le temps nécessaire pour se rendre au lieu du travail ou pour en revenir (sauf si ce
temps est inhérent au travail), les interruptions, la durée de casse croûte, le temps nécessaire au
port de la tenue de travail, etc., sont déduits du temps de travail (article 119 du nouveau code du
travail). Tandis que les heures creuses ne sont pas en principe déduites du temps de travail.
Cette réglementation s’applique à tous les établissements publics ou privés. Sont exclus du
domaine de cette réglementation :
- les personnes occupées exclusivement seules et sans aide à leur propre domicile ;
- les membres du personnel navigant des entreprises de transport par voie d’eau qu’un texte
doit régir ultérieurement ;
- les membres du personnel investis d’une autorité propre leur permettant d’organiser
librement le travail sans être soumis au contrôle journalier.
Il est permis à l’employeur d’organiser le travail par équipes successives. Dans ce cas,
l’employeur peut augmenter la durée journalière de travail à condition de ne pas dépasser les
maxima journalier et hebdomadaire fixés par voie réglementaire et de ne pas réduire à moins de
12 h la durée de repos ininterrompu entre deux journées de travail. Le choix de l’horaire est
laissé à la discrétion de l’employeur qui est tenu de le faire afficher sur le lieu de travail, et de le
communiquer à l’Inspection du Travail pour contrôle.
40
peuvent être permanentes ou temporaires et peuvent donner lieu dans certains cas, à un
supplément de salaire.
- les travaux urgents ou exceptionnels dont l’exécution immédiate est nécessaire pour
prévenir des accidents imminents, l’employeur peut aussi organiser des mesures de
sauvetage ;
- les travaux en cas de surcroît extraordinaire de travail.
Les dérogations ne donnant pas lieu à une rémunération supplémentaire peuvent aussi être
temporaires ou permanentes:
L’arrêt collectif de travail par suite d’un accident ou d’une force majeure (accord
du personnel et information de l’inspection du travail).
Le lieu du travail
Les lieux de travail doivent être tenus dans un constant état de propreté et d’aération pour
éviter de se constituer en foyer de propagation ou de contamination des maladies.
41
Les conditions du travail
Les conditions de travail doivent être décentes et humainement acceptables aussi bien
pour l’employeur que pour l’employé. Car, elles constituent un des critères de détermination du
taux de la rémunération.
Agir conformément aux ordres qui lui sont donnés par l’employeur ou son préposé en vue de
l’exécution du contrat.
Respecter les règlements établis pour l’établissement, l’atelier ou le lieu dans lequel il doit
exécuter son travail.
S’abstenir de tout ce qui pourrait nuire soit à sa propre sécurité, soit à celle de ses compagnons
ou des tiers (articles 40 et 41 du CT).
Respecter les convenances et les bonnes mœurs et traiter avec équité les travailleurs placés sous
ses ordres.
Restituer en bon état à l’employeur les marchandises, produits, espèces et d’une façon générale
tout ce qui lui a été confié. Le travailleur n’est tenu pour responsable ni des détériorations, ni de
l’usure due à l’usage normal de la chose ni de la perte fortuite ;
S’abstenir tant au cours du contrat qu’après sa cessation de divulguer les secrets de fabrication
ou d’affaires de l’entreprise et de se livrer ou de coopérer à tout acte de concurrence déloyale
Est nulle de plein droit, toute clause interdisant au travailleur après la fin du contrat
d’exploiter une entreprise personnelle, de s’associer en vue de l’exploitation d’une entreprise ou
de s’engager chez d’autres employeurs. Cependant, lorsque le contrat a été résilié à la suite
d’une faute lourde du travailleur, ou lorsque le travailleur y a mis fin sans qu’il y ait faute
lourde de l’employeur, la clause sus évoquée produit ses effets pour autant que :
- le travailleur ait de la clientèle ou des secrets d’affaires de son employeur, une connaissance
telle qu’il puisse lui nuire gravement ;
- l’interdiction se rapporte aux activités que le travailleur exerçait chez le précédent
employeur ;
- sa durée ne dépasse pas un an à compter de la fin du contrat ;
- l’interdiction soit limitée à la zone dans laquelle le travailleur fournissait ses services.
Dans certains pays (comme la Belgique), la loi permet aux conventions collectives de
prévoir des clauses imposant au travailleur de fournir un cautionnement dont le montant est
limité à un nombre déterminé de mois de rémunération, moyennant respect de certaines
conditions. Le montant de cautionnement doit être déposé auprès de l’un des organismes
énumérés par la loi, dans un délai fixé par le même texte. D’autres législations prévoient le
42
paiement d’une indemnité tendant à réparer le préjudice subi du fait de l’interdiction de
travailler pendant une période déterminée.
Les obligations imposées à l’employeur sont impératives sous peines de sanctions pénales
conformément au code du travail. Toute faute contractuelle engage la responsabilité de
l’employeur et non pas uniquement la faute lourde retenue pour le travailleur. Toute
inobservation préjudiciable au travailleur victime, ouvre à ce dernier droit à des dommages et
intérêts sur le terrain civil.
Fournir au travailleur l’emploi convenu et ce, dans les conditions, au temps et au lieu convenu
Diriger le travailleur, lui donner des ordres, le surveiller et veiller à ce que le travail
s’accomplisse dans les conditions convenables tant au point de vue de la sécurité, de la santé
que de la dignité du travailleur
Fournir au travailleur un logement convenable ainsi qu’une nourriture saine et suffisante, dans
les cas prévus par la loi ou lorsqu’il s’est engagé à le loger ou à le nourrir.
43
logement fixée par les parties, soit dans le contrat de travail, soit dans les conventions
collectives, soit dans le règlement d’entreprise. La travailleuse a droit au logement ou à
l’indemnité de logement.
Par ailleurs, lorsque le travailleur ne peut, par ses propres moyens, obtenir pour lui et sa
famille un ravitaillement régulier en denrées alimentaires de première nécessité, l’employeur est
tenu de les lui assurer. Un arrêté du Ministre ayant le travail et la prévoyance sociale dans ses
attributions, pris après avis du Conseil national du travail, fixe:
a) les cas dans lesquels le logement doit être fourni, sa valeur maximale de
remboursement, et les conditions auxquelles il doit répondre, notamment au regard de l’hygiène
et pour assurer la protection des femmes et jeunes filles qui ne vivent pas en famille;
b) les régions et les catégories de travailleurs pour lesquelles est obligatoire la fourniture
d’une ration journalière de vivres, la valeur maximum de remboursement de celle-ci, le détail en
nature et en poids des denrées alimentaires de première nécessité la composant et les conditions
de sa fourniture (articles 138-139 du code du travail).
Respecter le repos hebdomadaire du travailleur, afin de lui donner le temps pour remplir les
devoirs de son culte ainsi que les obligations civiques résultant de la loi.
En effet, l’article 121 du code du travail dispose que : « Tout travailleur doit jouir, au cours de
chaque période de sept jours, d’un repos comprenant au minimum 48 heures consécutives. Ce
repos doit être accordé autant que possible, en même temps à tout le personnel. Il a lieu en
principe le samedi et le dimanche ».
Enoncée par l’article 55 du code du travail, cette obligation consiste pour l’employeur à
s’assurer le concours des services de santé au travail dont le rôle est essentiellement préventif :
la surveillance médicale des travailleurs et sanitaire des lieux de travail et les secours
immédiats aux soins d’urgence aux victimes d’accident et d’indisponibilité.
Dans le même ordre d’idées, l’employeur est tenu d’organiser un service spécial de
sécurité, d’hygiène et d’embellissement des lieux du travail ainsi que d’animation et de
formation générale des travailleurs. C’est dans cette perspective que le législateur a réglementé
le service médical de l’entreprise et la lutte contre les nuisances sur les lieux du travail, sous le
contrôle de l’Inspecteur du travail du ressort (articles 159 à 176, code du travail).
44
§3. Le paiement de la rémunération comme obligation principale de
l’employeur
- le salaire ou le traitement ;
- les commissions ;
- l’indemnité de vie chère ;
- les primes ;
- la participation aux bénéfices ;
- les sommes payées au titre de gratification ou de mois complémentaires ;
- la valeur des avantages en nature ;
- les allocations familiales pour la partie dépassant le montant légal ;
- l’allocation de congé ou l’indemnité compensatoire de congé ;
- les sommes payées par l’employeur pendant l’incapacité de travail ou pendant la période
précédant et suivant l’accouchement ;
- les sommes payées pour prestations supplémentaires.
a) Le logement :
45
indemnité conséquente. Dans les autres cas, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit notamment d’un
travailleur engagé sur le lieu d’emploi, l’employeur est tenu de payer au travailleur une
indemnité de logement. Celle-ci est fixée d’un commun accord, par convention collective ou par
règlement d’entreprise (arrêté ministériel de 30%).
b) La nourriture :
L’employeur doit fournir des aliments dans le cas où le travailleur ne peut, par ses propres
moyens, obtenir pour lui et sa famille un ravitaillement régulier en denrées alimentaires de
première nécessité.
Les régions et les catégories de travailleurs pour lesquelles est obligatoire la fourniture
d’une ration journalière des vivres ; la valeur maximum de remboursement de celle-ci, le détail
en nature et en poids des denrées alimentaires de première nécessité, la composition de la ration
et les conditions de sa fourniture sont fixées par arrêté du Ministre du travail et de la prévoyance
sociale pris après avis du Conseil National du Travail (CNT). La ration alimentaire doit être
composée de telle sorte que le travailleur dispose d’une alimentation rationnelle en tenant
compte de ses habitudes. La fourniture d’une ration alimentaire journalière des vivres fait
l’objet d’une retenue sur salaire ; par conséquent, elle devient un élément du salaire.
30
Suivant l’annexe 2 à l’ordonnance du 30 avril 2008, la colonne 20 indique le montant de 168 FC à titre
d’allocation familiale journalière par enfant et 16, 8 FC, à titre de la contrevaleur journalière de la quotité
saisissable par l’employeur au titre de la contrevaleur du logement.
31
Arr. min. n° 12/CAB.MIN/TPS/110/2005 du 26 octobre 2005, fixant les modalités d’attribution de logement, de
sa contre-valeur et des conditions auxquelles il doit répondre, in J.OR.D.C., 05 décembre 2005, n° 23, col. 45.
46
- la participation aux bénéfices ;
- les gratifications ;
- les sommes versées pour les prestations supplémentaires ;
- la valeur des avantages en nature ;
- le complément d’allocations familiales légales.
Les gratifications :
La gratification est une somme d’argent remise par l’employeur au personnel pour
marquer sa satisfaction du travail accompli pour la prospérité de l’entreprise. En principe, les
gratifications sont des libéralités faites par l’employeur au travailleur. Il résulte qu’elles n’ont
pas un caractère obligatoire en l’absence de dispositions expresses du contrat de travail, de la loi
ou de la convention collective. Cependant, une gratification acquiert un caractère obligatoire,
dans la mesure où les conventions collectives professionnelles l’arrêtent (l’art 26 de la
convention collective interprofessionnelle national du travail du 2 mars 1968 fait des
gratifications de fin d’année ou mois complémentaire ou 13 e mois).
Mais, pour que la gratification acquière une force obligatoire et soit considérée comme un
complément de salaire, il faut établir:
- qu’elle présente un caractère général c’est à dire ne doit pas être versée à un travailleur
en particulier, mais à tout le personnel ou à une catégorie bien déterminée de celui-ci ;
- qu’elle doit être constante : les travailleurs devraient percevoir cette gratification
régulièrement pour qu’elle puisse être considérée comme élément de salaire ;
- qu’elle doit être fixe : en acceptant de ne pas varier le montant de la gratification,
l’employeur prouve sa conscience d’être tenu par une obligation (cas des gratifications
annuelles et automatiques).
Souvent, les employeurs prétendent que les gratifications ont un caractère de libéralité
pour échapper aux cotisations de la sécurité sociale. A côté des gratifications prévues dans le
contrat, il existe des gratifications purement bénévoles dont le taux varie en fonction du bon
vouloir de l’employeur.
Les primes :
Les primes sont considérées comme des compléments de salaire que l’employeur octroie
aux travailleurs dans le but soit d’accroitre le rendement dans son entreprise ; soit pour
encourager la stabilité et la fidélité du salarié à l’entreprise ; soit pour combattre l’absentéisme ;
soit pour maintenir les travailleurs dans les conditions difficiles d’exécution du travail ou
compenser l’éloignement d’un travailleur de son pays natal.
47
Les conventions collectives peuvent prévoir la majoration de salaire pour récompenser les
efforts fournis par les travailleurs ou compenser les sacrifices consentis en exécutant les travaux
dans des conditions pénibles, dangereuses voire insalubres ou éloignées de leur milieu habituel.
Les indemnités :
Les indemnités sont destinées à rembourser les dépenses effectuées par le salarié dans le
cadre de l’exécution de son travail. Le législateur s’est limité à l’indemnité de vie chère a été
introduite par le législateur comme un élément de la rémunération.
Pour bénéficier de ces frais, le travailleur doit être engagé dans un lieu différent de celui
de l’emploi ; il faut qu’il s’agisse d’un déplacement effectif du travailleur. Le droit au voyage
est acquis au travailleur et à sa famille chaque période de deux ans à condition que le voyage
soit effectivement réalisé. L’employeur prend à charge une partie des frais de voyage de retour
lorsque le contrat a été résilié pour faute lourde du salarié, lorsque le salarié décide de résilier
son contrat après 12 mois de services depuis son dernier voyage et en l’absence de toute faute
lourde de l’employeur, lorsque les parties conviennent de résilier le contrat après 12 mois de
services.
L’employeur doit s’acquitter dans le plus bref délai de son obligation, car à partir de la
date où les services ont pris fin et la date du voyage, il doit verser au travailleur une
rémunération sauf si le retard est dû à la négligence du travailleur, à son refus de se conformer
aux instructions de l’employeur ou à un cas de force majeure.
Le mode de transport : le mode de transport est effectué par les moyens normaux laissés
au libre choix de l’employeur. Mais le travailleur n’est pas obligé d’emprunter le moyen de
transport choisi par l’employeur. Dans ce cas :
48
- si le moyen choisi par lui est plus rapide que celui de l’employeur, le travailleur ne
bénéficiera pas de délais de route plus importants que ceux prévus par les moyens
normaux ;
- si ses moyens sont plus économiques que ceux de l’employeur, ce dernier ne peut
réclamer que les frais qu’il a réellement engagés ;
- si ses moyens sont plus coûteux, il ne sera remboursé que jusqu’à concurrence des frais
occasionnés par les moyens de transport choisis par l’employeur. La classe de passager
et le poids des bagages sont déterminés en général par voie de conventions collectives
compte tenu de la qualification.
4. Le taux de la rémunération
1. Le principe
Aux termes de l’article 88 du code du travail, la rémunération est fixée par des contrats
individuels de travail conclus librement entre travailleurs et employeurs ou par voie de
convention collective. A défaut de preuve d’une rémunération convenue, l’employeur doit la
rémunération déterminée par les conventions collectives ou à défaut, ou dans leur silence, par
les dispositions légales ou réglementaires prévues en matière de fixation du salaire
interprofessionnel garanti, ou par les usages du lieu où le contrat doit être exécuté, compte tenu
notamment de la nature du travail, de la qualification professionnelle et de l’ancienneté du
travailleur dans l’entreprise. Mais, en vue d’éviter des abus de la part de l’employeur et de
protéger le pouvoir d’achat du travailleur, le législateur est intervenu en matière de fixation du
taux de la rémunération en posant des restrictions précises à la liberté des parties.
Troisième restriction : la rémunération doit être stipulée en monnaie ayant cours légal en
République démocratique du Congo.
32
Article 3, décret n° 079/2002 du 3 juillet 2002, portant détermination des modalités de fixation et d’ajustement
du SMIG, des allocations familiales et de la contrevaleur du logement.
49
Outre la loi, le SMIG peut être fixé par catégorie professionnelle en vertu des dispositions
d’une convention collective d’entreprise ou d’une convention collective par branche d’activité
économique. En RDC, les entreprises auxquelles s’applique la convention collective
interprofessionnelle nationale du travail peuvent négocier un SMIG applicable à leurs
différentes catégories professionnelles.
En ce qui concerne le taux, il est à noter que fixé initialement à 335 FC par jour (arrêté
ministériel n°12/CAB MINTPS/059/02 du 27 septembre 2002, pour le manœuvre ordinaire, le
SMIG est passé à 1680 FC à partir du 1 er juillet 2008 et, à ce jour, à l’équivalent en FC de 3
$US (note circulaire n° 12/CAB MIN ETPS/ HTM/06/09 du 13 novembre 2009). Le montant
journalier des allocations familiales par enfant est égal à un dixième de celui du SMIG du
manœuvre ordinaire ; tandis que le montant journalier de la quotité saisissable par l’employeur
à titre de la contrevaleur du logement équivaut à un cinquième du taux journalier des allocations
familiales.
Par ailleurs, il est à noter que les taux des SMIG sont majorés de 3 % au moins par année
entière de services ininterrompus passée par le travailleur dans la même entreprise. La valeur
hebdomadaire, mensuelle et annuelle du SMIG, de l’allocation familiale et de la contrevaleur du
logement est obtenue en multipliant par 6, 26 et 312 (jours). La tension salariale allant du
manœuvre ordinaire au cadre de collaboration est de 1 à 10, soit de 100 à 1000.
Le principe est que tout travail effectué au delà de 45 heures légales par semaine donne
lieu obligatoirement à une majoration de salaire. Il faut rappeler que pour les activités
intermittentes, les heures de présence (60 h, pour le personnel de gardiennage et de surveillance,
72 h, pour les sentinelles et veilleurs de nuit et 54 h, pour le personnel domestique) sont
considérées comme équivalentes à 45 heures par semaine. Cette majoration est d’ordre public.
Les heures effectuées au-delà de la durée légale du travail sont considérées comme heures
supplémentaires et donnent droit à une majoration de salaire (article 119 du code du travail).
Des arrêtés du Ministre ayant le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions, pris
après avis du Conseil national du travail, déterminent par branche d’activité économique et par
catégorie professionnelle, s’il y a lieu:
a) les modalités d’application de l’article précédent;
b) les nombres d’heures supplémentaires qui peuvent être autorisées au-delà de la durée
légale du travail;
c) les dérogations temporaires ou permanentes qui peuvent être admises pour certaines
catégories de travailleurs, pour certaines catégories de travaux et les conditions d’utilisation de
ces dérogations;
d) les réductions des limites maxima fixées à l’article 119 ci-dessus;
e) les modalités de rémunération des heures supplémentaires (article 120 du code du
travail).
En conséquence, toutes les heures effectuées au delà de la durée légale doivent être payées
au taux fixé par le législateur.
50
Ainsi, aux termes de l’article 21 de l’arrêté ministériel n°61/11 du 17 mai 1968, toute
heure considérée comme supplémentaire (à l’exclusion des heures d’étalement, de récupération
et de présence) donne lieu à une majoration de rémunération de :
- 30% pour chacune de six premières heures effectuées au delà de la durée légale
hebdomadaire du travail ou de la durée considérée comme équivalente ;
- 60% pour chacune des heures suivantes ;
- 100% pour chacune des heures supplémentaires effectuées pendant le jour de repos
hebdomadaires (ou un jour férié légal).
5. Le paiement de la rémunération
a. La forme du paiement
Le salaire doit être versé au travailleur salarié : lui même ou à un mandataire muni d’un
pouvoir spécial, ce même droit est reconnu au mineur sauf qu’ici la personne qui exerce
l’autorité parentale ou tutélaire peut s’opposer à remise du salaire au mineur.
Cette opposition peut être levée par les tribunaux qui statuent en fonction des
circonstances et de l’équité. Le salaire est librement débattu : à la condition de respecter les
minima légaux, en fonction du temps de travail fourni ou de la tâche accomplie pendant un
temps déterminé.
51
b. La périodicité du paiement :
Le paiement doit avoir lieu dans un délai maximum de six jours suivant la période à
laquelle il se rapporte. Si le contrat est rompu d’une manière définitive, le paiement du
décompte final doit être effectué dans les deux jours ouvrables au plus tard qui suivent la
rupture du contrat, et ce, quelle que soit la cause de la rupture.
La périodicité du paiement obéit à des règles différentes pour les travailleurs payés à la
commission. C’est ainsi que la commission est acquise par trimestre et peut être payée dans les
trois mois sui suivent ce trimestre. Pour les travailleurs qui participent aux bénéfices, ces
derniers doivent être payés dans les neuf mois au plus tard qui suivent l’exercice pour lequel les
bénéfices sont dus.
Le principe de la périodicité du paiement est écarté par le recours à des pratiques telles :
- Les acomptes : ils constituent une sorte de paiement anticipé, le salaire bénéficiaire ne
touche plus que le reliquat de sa rémunération.
- Les avances : ce sont des prêts consentis par l’employeur au salarié. L’employeur n’est
en droit que d’effectuer une retenue jusqu’à concurrence du montant autorisé par la loi :
1/5ème sur la partie n’excédant cinq fois le SMIG de sa catégorie et d’un tiers sur le
surplus ;
- Les rappels : ils viennent compléter le salaire qui n’a pas été entièrement libéré à
l’échéance.
Tout retard dans le paiement constitue une infraction possible d’une amende et autorisant
le salarié à réclamer des dommages et intérêts moratoires. Le salarié est aussi en droit de refuser
la poursuite de son activité en invoquant l’exception d’inexécution « exceptio non adimpleti
contractus ».
Toutes ces dispositions concernant le paiement de la rémunération sont d’ordre public, les
parties ne sauraient y déroger par des conventions particulières, sous peine de nullité absolue.
c. Le lieu de paiement :
Généralement, le lieu de paiement est le siège de l’établissement. Mais les parties sont
libres de convenir dans leur contrat individuel ou dans les conventions collectives d’un lieu
différent du siège de l’établissement à condition :
- le lieu de paiement ne soit pas fixé dans un débit de boisson ou un magasin de vente,
sauf pour les salariés qui prestent dans ces établissements. C’est pour éviter que le
salarié ne gaspille son argent le jour du paiement de sa rémunération;
- le paiement s’effectue un jour ouvrable et pendant les heures de travail (le droit au repos
du salarié est sacré, il faut éviter de le déplacer un jour de repos hebdomadaire).
52
d. La preuve du paiement de la rémunération
Le bulletin de paie : c’est le décompte écrit de la rémunération qui est remis au salarié à
l’occasion du paiement de sa rémunération. C’est un des doubles du livre de paie, le second est
destiné à l’INSS.
Ces énonciations doivent être rédigées à l’encre ou au moyen d’un procédé permettant
d’obtenir une écriture indélébile. Le bulletin de paie doit être daté, mais il ne doit pas être signé
par le salarié ni par l’employeur. Mais l’employeur est autorisé à faire signer un document sur
lequel est indiqué que la somme touchée est bien celle portée sur le bulletin de paie. Il s’agit
d’un simple reçu relatif à la somme effectivement versée. Cependant, la remise du bulletin de
paie n’est pas une preuve de l’acceptation par le salarié du décompte établi par l’employeur, il y
a la possibilité de réclamer un rappel de salaire. La remise du bulletin de paie n’est pas non plus
une preuve d’un arrêté de compte entre l’employeur et le salarié.
Faute par l’employeur d’avoir rempli cette obligation, ses allégations concernant le
décompte des paiements effectués sont rejetées à moins qu’il ne prouve qu’il ne lui a pas été
possible de remettre le décompte par la faute du travailleur ou qu’il n’y ait preuve écrite,
commencement de preuve par écrit ou aveu du travailleur (article 103 du code du travail).
53
préoccupe de la protection du travailleur contre les créanciers de son employeur devenu
insolvable.
Privilège
Les sommes dues aux employeurs ne peuvent être frappées de saisie-arrêt ni d’opposition
au préjudice des travailleurs auxquels les salaires sont dus. Les travailleurs ne sont pas associés,
dès lors ils ne doivent pas subir les risques. Ce privilège, quant aux créances garanties s’étend à
tout salaire et à ses accessoires (primes, gratifications) (article 109 CT).
Un super privilège
Cependant, l’employeur peut procéder à des retenues de rémunération dans des cas ci-
après :
54
- à titre de retenues légales : il s’agit de prélèvements opérés pour le compte d’un tiers par
l’employeur essentiellement (le prélèvement pour les cotisations de sécurité sociale,
mises à la charge du salarié, les retenues fiscales, la retenue syndicale (cotisation
mensuelle) ;
- à titre de prêt ;
- à titre de saisie-arrêt.
En cas de sous-entreprise
Une garantie particulière dans le cas de la sous entreprise : le code de travail prévoit que
l’entrepreneur principal répond en cas d’insolvabilité des salaires qui sont dus par le sous
entrepreneur (article 82 à 85 CT). Le sous entrepreneur est celui qui passe avec un entrepreneur
un contrat (verbal ou écrit) pour l’exécution d’un certain travail ou la fourniture de certains
services moyennant un prix forfaitaire. Il appartient au sous entrepreneur d’engager la main
d’œuvre nécessaire pour la réalisation du travail commandé.
Le législateur a opté pour un délai abrégé d’action en justice pour le paiement de salaire.
La condition économique du salarié explique cette position du législateur. La prescription des
actions en paiement est d’un an (article 317 du code) alors que la prescription des actions qui
naissent du contrat de travail est de trois ans. La prescription commence à courir, à compter à la
date à laquelle le salarié aurait du être payé.
Elle s’applique à tous les salaires ainsi qu’aux accessoires du salaire : pourboires, primes,
indemnités congés payés et compensatoires et à toute les créances qui sont assimilables au
salaire. L’indemnité de préavis est considérée comme le substitut du salaire, l’indemnité de
rupture abusive diffère du salaire.
55
8. La cession et la saisie des rémunérations
La créance du salaire fait l’objet d’une protection par l’Acte uniforme de l’OHADA du 10
avril 1998, portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution33.
Pour l’essentiel, l’Acte uniforme fait la part entre la saisie et la cessions des
rémunérations. Il est à noter également que l’Acte uniforme susvisé abroge toutes les
dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etats parties (article 336) et il est
applicable aux mesures conservatoires, mesures d’exécution forcée et procédures de
recouvrement engagées après son entrée en vigueur (article 337).
En plus, les rémunérations ne peuvent être saisies ou cédées que dans les proportions
déterminées par chaque Etat Partie. Une distinction est donc faite entre la fraction saisissable et
insaisissable de la rémunération.
Il faut d’abord une tentative de conciliation entre le débiteur et le créancier sur demande
adressée par le créancier auprès de la juridiction compétente. Cette étape a pour objet de trouver
un règlement amiable entre les deux parties avant que l’employeur, tiers saisi ne soit informé.
La conciliation, il est mentionné dans le pv de conciliation les conditions d’arrangement qui
mettent fin à la procédure. En cas de non-conciliation, la juridiction procède à la saisie après
avoir vérifié le montant de la créance en principal, intérêts et frais et s’il y a lieu, après avoir
tranché les contestations soulevées par le débiteur.
Dans les 8 jours de l’audience de non-conciliation ou dans les 8 jours suivant l’expiration
des délais de recours si une décision a été rendue, le greffier notifie la saisie à l’employeur. La
saisie est en fait diligentée par un greffier et non pas par un huissier ou un agent d’exécution.
La créance, cause de la saisie doit être une créance liquide et exigible figurant
nécessairement sur un titre exécutoire.
Dès la notification de la saisie, l’employeur doit adresser tous les mois au greffe ou à
l’organisme spécialement désigné à cet effet par chaque Etat Partie, le montant des sommes
retenues sur la rémunération du saisi, sans excéder la portion saisissable. A défaut, il sera tenu
personnellement responsable débiteur de la créance, cause de la saisie des rémunérations.
33
Journal OHADA n° 6 du 1 er juin 1998, PP 1et s. ; OHADA, Traités et actes uniformes commentés et annotés,
Juriscope, 2012, pp. 975 et s.
56
Le tiers saisi dispose d’un délai de 15 jours à compter de la notification de la décision de
condamnation pour former opposition. De même que tout créancier muni d’un titre exécutoire
peut, sans tentative de conciliation préalable, intervenir à une procédure de saisie des
rémunérations en cours, afin de participer à la répartition des sommes saisies.
La saisie des rémunérations peut faire l’objet d’une mainlevée à l’amiable ou judiciaire,
dans un cas comme dans l’autre, elle est signifiée dans les huit jours à l’employeur.
La cession est un acte par lequel le cédant (débiteur) cède une part de sa rémunération à
son créancier appelé cessionnaire. Il ne s’agit nullement d’une saisie, procédé d’exécution
forcée mais d’un mode d’exécution amiable. Elle ne suppose pas un titre exécutoire.
La cession des rémunérations n’a lieu que par déclaration du cédant en personne, pas par
représentation, faite, sous peine de nullité, au greffe de la juridiction de son domicile ou de sa
demeure.
En cas de survenance d’une saisie, le greffier notifie l’acte de saisie au cessionnaire pour
l’informer qu’il viendra en concours avec le saisissant. Dans ce cas, il est de droit, réputé
saisissant pour les sommes qui lui restent dues. Il entre en concours avec les autres créanciers
saisissants pour la répartition des sommes saisies. Dans tous les cas, l’employeur doit s’abstenir
de payer directement le ou les créanciers mais verser désormais les sommes cédées et saisies au
greffe de la juridiction compétente.
Si la saisie prend fin avant la cession, le cessionnaire retrouve les droits qu’il tenait de
l’acte de cession, c’est-à-dire que les sommes cédées devront à nouveau, être versées
directement au cessionnaire.
La cession des rémunérations peut être annulée par tout créancier en cas de fraude à ses
droits. Ce dernier peut obtenir du tribunal statuant en matière d’urgence, la consignation des
sommes, objet de la cession entre les mains du greffier.
L’article 266 du code du travail définit la convention collective comme étant un accord
écrit relatif aux conditions et aux relations de travail conclu entre, d’une part, un ou plusieurs
57
employeurs ou un ou plusieurs syndicats d’employeurs et, d’autre part, entre un ou plusieurs
syndicats des travailleurs.
Cependant, les parties sont libres de faire figurer dans la convention, les éléments ci-
après, sans que cette énumération soit limitative.
- le libre exercice du droit syndical ;
- les salaires applicables par catégories professionnelles ;
- les conditions d’embauchage et de licenciement des travailleurs ;
- la durée de la période d’essai et celle du préavis ;
- les congés payés ;
- les modalités d’exécution des heures supplémentaires et leurs taux ;
- les primes d’ancienneté et d’assiduité ;
- les indemnités de déplacement ;
- les conditions générales de la rémunération au rendement lorsque un tel mode de
rémunération sera reconnu possible ;
- la majoration pour travaux pénibles, dangereux ou insalubres ;
- l’organisation et le fonctionnement de l’apprentissage et de la formation professionnelle
dans le cadre de la branche d’activité considérée ;
- l’organisation, la gestion et le financement des services sociaux et médico-sociaux ;
- et en général, toutes dispositions ayant pour objet de régler les rapports entre employeurs et
travailleurs d’une branche d’activités déterminée.
L’on aperçoit de ce qui précède que la convention collective est soumise, quant à son
contenu, au principe de l’autonomie de la volonté des parties. En effet, les parties sont libres de
poser dans la convention collective les dispositions qu’elles jugent appropriées pour régir leurs
rapports professionnels. Cependant, cette liberté est loin d’être absolue car le législateur prévoit
des normes d’ordre public càd celles qui doivent nécessairement figurer dans la convention,
laissant ainsi aux parties les soins d’y prévoir d’autres qu’elles estimeraient susceptibles de
garantir l’harmonie dans l’entreprise.
Du côté des travailleurs, la convention collective doit nécessairement être conclue par une
ou plusieurs organisations représentatives. En réalité, ce sont les syndicats qui négocient les
conventions collectives pour compte des travailleurs. Dans ce cas, les syndicats doivent être
constitués et enregistrés conformément aux dispositions du présent code. Et leurs représentants
58
doivent justifier, avant l’ouverture des négociations de leurs pouvoirs de contracter au nom du
syndicat qu’ils représentent.
34
Doc parl., sénat, 1966-1967, n°148, p.88 et ss
35
M. LE ROY, « un revirement attendu : la nature des conventions collectives de travail, Rev. Crit. B., 1991, 653 ;
B. HAUBERT, « la nature des conventions collectives et des commissions paritaires », J.T.T., 1992, 85
59
méconnaît son originalité ( 36). En définitive, la caractère contractuel de la convention est
prédominant dans son élaboration ; tandis que le caractère réglementaire l’est, dans ses effets.
Les effets de la convention collective seront examinés d’abord à l’égard des parties
contractantes, ensuite sur les contrats individuels de travail.
La convention collective lie tous les contractants pour les personnes physiques ou morales
qu’ils représentent et pour celles qui sont ou deviennent membres des syndicats contractants
ainsi qu’à tous les travailleurs des catégories intéressées, employés dans l’entreprise ou les
entreprises visées par la convention, sauf disposition contraire de celle-ci. Cette disposition est
la consécration du principe posé par l’article 33 du code du travail qui prévoit que « les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ». Sont ainsi
considérés comme contractants, « les organisations professionnelles et ou l’employeur ou les
employeurs signataires de la convention ».
36
DARANAS S., op cit, p.138
37
Lire notamment L. François, théorie des relations collectives du travail en droit belge, Bruylant, 1980, n°217 et
ss
60
Il est fait obligation légale à toutes ces catégories de personnes soumises à la convention
collective d’exécuter de bonne foi les engagements qui en résultent et de s’abstenir de tout ce
qui est de nature à en compromettre la loyale exécution. Les syndicats sont spécialement tenus
de veiller au respect par leurs membres des stipulations de la convention collective et en sont
garants dans la mesure déterminée par la convention.
Ainsi sont nulles, les clauses d’un contrat de travail ou les dispositions d’un règlement de
travail qui seraient contraires aux dispositions d’une convention collective liant les employeurs
et les travailleurs intéressés. Il faut cependant rappeler qu’un contrat de travail peut valablement
prévoir des dispositions plus favorables au travailleur que celles fixées par la convention
collective, pour autant que celle-ci n’ait été adoptée qu’à titre de minimum à respecter par les
employeurs qu’elle lie. Ce principe est consacré par l’article 285 précité.
a. L’effet impératif
b. L’effet automatique
Cela signifie que les clauses du contrat individuel du travail contraires aux clauses de
la convention sont « ipso facto » remplacées par ces dernières, sans qu’elles soient nulles.
Cette substitution est provisoire car, dès que la convention collective cesse d’être applicable
les clauses insérées dans le contrat individuel du travail reprenant leur effet sous réserve des
avantages acquis.
38
DARANAS S., op cit, pp. 131-132.
61
c. L’effet immédiat
La convention collective s’applique dès sa signature par les parties contractantes, aux
contrats de travail en cours et aux contrats à venir. Pour éviter de supprimer brutalement et
injustement les avantages acquis sous l’égide de la convention collective ancienne, dans la
pratique, l’on insère des clauses de réserve des avantages acquis. En cas d’absence d’une
telle clause, par l’interprétation de l’article 285 qui prévoit que « les dispositions d’une
convention s’imposent, sauf celles qui sont considérés plus favorables par les travailleurs
qui en sont bénéficiaires … », l’on pourrait maintenir les avantages antérieurement acquis.
C’est l’hypothèse dans laquelle un individu, personne physique liée par une convention
peut agir en justice soit en exécution forcée de la convention, soit en dommages-intérêts contre
une autre personne, également tenue de respecter les dispositions de la convention.
Parallèlement à cette action purement individuelle, le groupement dont la partie lésée est
membre, est habilité à initier au nom de ce dernier, une action en justice en exécution forcée de
la convention ou en dommages-intérêts. Cette action exercée par le groupe au nom de son
membre est dite action individuelle exercée collectivement ou syndicalement. Elle présente les
avantages ci-après :
- le groupement (le syndicat) n’a pas besoin de justifier d’un mandat ;
- le syndicat n’a pas besoin d’indiquer le nom de l’intéressé dont il assure la défense. Il suffit
que l’adhérent ne s’y soit pas opposé ;
- les intéressés peuvent toujours intervenir dans la cause.
La convention est en principe signée par des groupements des travailleurs ou des
employeurs. Dans ces conditions, chacun de groupement signataire peut agir contre l’autre
partie pour manquement à des engagements assumés dans la convention. Il suffit qu’il soit
capable d’ester en justice.
Dans le même sens, chacun des groupements pourra agir contre toute personne liée par la
convention signée, même si dans cette hypothèse, une telle action revêt plutôt une signification
disciplinaire. De même qu’un groupement, notamment un syndicat des travailleurs pourra
poursuivre un employeur qui ne respecte pas la convention.
L’évolution sociale si rapide qui incite à donner à la convention collective une courte
durée, est aux prises avec l’importance de la convention collective, en tant que charte
professionnelle fixant des droits et des obligations aux parties, qui suppose une période
suffisamment longue sans être constamment remise en cause.
39
Lire notamment DESPAX, l’application des conventions collectives hors de leur domaine normal, D.S., 1965,
p.384 et CAMERLYNCK G.H., la clause de maintien des avantages acquis dans les conventions collectives,
D.S., 1959, p.406, cités par DARANAS S., op cit, pp. 134 et ss
62
1.6. L’extension de la convention collective
La décision du ministre écarte le principe de la relativité des contrats (63 du livre III du
code du travail). La convention collective deviendra obligatoire pour les travailleurs et les
employeurs des branches d’activité qu’elle régira même si elles n’ont pas été parties à la
convention ordinaire.
La matière est régie par l’article 157 du code du travail. Ce texte détermine les conditions
d’élaboration et de modification du règlement intérieur, son contenu, sa publicité et ses effets.
Le règlement intérieur est obligatoire dans tout établissement public ou privé, même
d’enseignement ou de bienfaisance. Sont visés ici les entreprises ou établissements industriels,
commerciaux ou agricoles, les offices publics ou ministériels, les sociétés civiles, les syndicats
professionnels, les associations ou tout organisme de droit privé, quels que soient leur forme et
objet. Sont également visés, les établissements publics à caractère industriel et commercial.
L’existence de statuts dans certaines entreprises ou associations ne dispense pas de l’obligation
d’avoir un règlement intérieur.
L’alinéa 1er de l’article 157 prévoit que le règlement du travail est élaboré par l’employeur
dans tout établissement public ou privé, même d’enseignement ou de bienfaisance ( 40). Le
règlement du travail est rédigé en français et doit, avant sa mise en vigueur, être communiqué,
pour avis, aux représentants des travailleurs ; à défaut, à l’inspecteur du travail pour examen de
sa régularité, éventuellement, pour la modification ou la suppression des dispositions qui
seraient contraires à la législation et à la réglementation en vigueur. La communication est faite
soit par cahier de transmission, soit par lettre recommandée, soit par tout autre procédé
permettant de certifier la communication et lui donner daté certaine.
40
Arrêté ministériel n°70/0016 du 11 août 1970, code du travail II, mesures d’application, 1990, Edition
CADICEC, Kinshasa, p. 35, article 1er.
63
Dans les 30 jours qui suivent la date de réception de cette communication, la délégation
élue des travailleurs adresse ses observations à l’employeur. L’absence de réponse dans ce
délai vaut acquiescement ( 41).
L’employeur est tenu de traduire le règlement du travail dans la langue usuelle du lieu du
travail et de le porter à la connaissance des travailleurs par affichage, dans les huit jours de son
dépôt au greffe du tribunal, dans les locaux d’embauche et sur les lieux de travailleur à une
place convenable et accessible. Il doit être tenu en constant état de lisibilité et sa teneur doit
être informée à tout travailleur, au moment d’embauche. En cas de contradiction entre le texte
français et celui traduit en langue actuelle du lieu d’emploi, l’exemplaire français fait foi.
L’alinéa 2 de l’article 157 du code indique que le contenu du règlement d’entreprise est
exclusivement limité aux règles relatives à l’organisation technique du travail, à la discipline,
aux prescriptions concernant l’hygiène et la sécurité nécessaires à la bonne marche de
l’entreprise ou du service et aux modalités de paiement des rémunérations. Il ressort de ce qui
précède que la loi délimité strictement le contenu du règlement intérieur. Ainsi, après avoir
précisé qu’il s’agit d’un document écrit, la loi énumère les clauses qui doivent être introduites et
frappe de nullité toutes celles non autorisées.
Le règlement indique un certain nombre des règles destinées à éviter des abus, à assurer le
bon fonctionnement de l’entreprise et la coexistence des salariés sur les lieux de travail. Pour
avoir un caractère disciplinaire, ces règles doivent consister en une obligation, une interdiction
(ou une limitation) de faire dont le non-respect expose à l’application de sanctions. Ainsi, le
41
Idem, articles 3 et 55.
64
règlement de travail peut comporter des obligations relatives au respect des horaires du travail
et au pointage, à l’obéissance aux ordres hiérarchiques. Il pourra édicter les interdictions ci-
après : interdiction d’emporter ou d’utiliser, pour son propre compte, du matériel appartenant à
l’entreprise sans autorisation ; interdiction de détruire les affiches ou notes des services,
interdiction de communiquer aux tiers les documents appartenant à l’entreprise, interdiction de
se déplacer sans avertir ou sans être remplacé à son poste lorsque celui-ci exige une présence
permanente (surveillance des machines, contacts avec la clientèle).
Constitue une sanction disciplinaire, « toute mesure, autre que des observations verbales,
prise par l’employeur à la suite d’un agissement du salarié, considéré par lui-même comme
fautif, que cette mesure soit de nature à affecter immédiatement ou non la présence du salarié
dans l’entreprise, sa fonction, sa carrière ou sa rémunération ( 42).
L’ordre des sanctions auquel il est fait allusion à cet alinéa 2 de l’article 22 se présente
comme suit ( 44) :
a. la réprimande ;
b. le blâme ;
c. la mise à pied et ;
d. le licenciement.
- le blâme ;
- la réprimande ;
- la mise à pied dans les limites et conditions fixées au point 5 de l’article 57 du code, du
travail, c’est-à-dire jusqu’à concurrence de deux fois quinze jours par an, lorsque cette
mesure est prévue soit par le contrat de travail soit par la convention collective ou par
le règlement d’entreprise;
- le licenciement avec préavis ;
- le licenciement sans préavis en cas de faute lourde.
Dans d’autres législations, les sanctions les plus fréquemment utilisées sont
l’avertissement ou le blâme, la mise à pied disciplinaire (distincte de la mise à pied
conservatoire que nous appelons couramment la suspension des fonctions), la mutation, la
rétrogradation et le licenciement.
42
LEFEBVRE Francis, op.cit., p. 767, n°s 7102 et SS
43
Alinéa 2, article 22, CCINT révisée en 1995
44
Alinéa 1er, article 22, ibidem.
65
La sanction disciplinaire suppose la répression d’un comportement antérieur fautif
correspondant à un manquement volontaire à une obligation ou à une violation délibérée d’une
interdiction. Ainsi, ne constituent pas des fautes disciplinaires susceptibles d’appeler une
sanction disciplinaire des actes ou des mesures prises en dehors de toute idée de faute vis-à-vis
des travailleurs. Il est en ainsi de la mise en chômage partiel (congé technique) d’un salarié
pour des raisons économiques, de la mise à la disposition, c.à.d. l’attente au domicile, à la
disposition de l’entreprise, du retard dans l’avancement lorsque cet avancement repose sur un
critère de choix, ou de la rétrogradation fondée sur la seule insuffisance professionnelle. Par
contre, la mutation ou la rétrogradation du salarié revêtent le caractère d’une sanction
disciplinaire lorsqu’elles sont fondées sur un acte fautif du salarié et qu’elles entraînent une
diminution de salaire accompagnée d’un changement de poste ou de fonction.
L’audition préalable
La notification de la sanction
L’employeur qui décide d’infliger une sanction disciplinaire au salarié, après épuisement
régulier des étapes précédentes (audition et assistance éventuelle) est tenu de notifier cette
sanction ou travailleur par écrit. La lettre de notification doit comporter les motifs de la
décision. Contrairement au droit français, notre législation ne prévoit pas de délai endéans
lequel la sanction doit être notifiée. Cependant, l’employeur est libre de prévoir pareille clause
dans le règlement. Il en est ainsi des clauses relatives à la prescription des faits et même des
sanctions proprement dites.
45
Cass, soc. 4 – 10 - 1990
66
En effet, les articles L 122 – 44 al 1er et R 122 – 19 du code du travail français limitent à
deux mois le délai endéans lequel doit intervenir une sanction disciplinaire à compter de la
connaissance du fait invoqué sauf si le fait donne lieu à des poursuites pénales ; et à plus d’un
mois à compter de l’entretien ou de l’audition.
1. L’administration du travail
2. L’inspection du travail
67
l’exercice des missions de l’Inspection du travail. Elle soumet au Ministre toute proposition
relative au personnel de l’Inspection Général du Travail. Les tâches dévolues à l’IGT sont
assurées par des Inspecteurs assistés par des contrôleurs du travail et du personnel nécessaire au
bon fonctionnement des services.
Dans le cadre de leur mission, pour autant qu’ils soient munis des pièces justificatives, les
Inspecteurs du travail sont autorisés à :
- entrer librement, sans avertissement préalable à toute heure du jour ou de la nuit, dans
tout établissement ou local assujetti à leur contrôle ;
- procéder à tout examen, contrôle ou enquête nécessaires ; interroger toute personne ;
demander communication de toute pièce ;
- exiger l’affichage des avis prévus par la loi, prélever ou emporter les échantillons des
matières premières aux fins d’analyse ;
- faire appel à la coopération de toute personne ou service jugés nécessaires ;
- constater la violation des dispositions légales et réglementaires par des procès-verbaux ;
- formuler des recommandations et prodiguer des conseils aux employeurs et aux
travailleurs ;
- mettre l’employeur en demeure de veiller au respect des dispositions légales ;
- ordonner la prise des mesures exécutoires immédiates jugées nécessaires.
4. La direction de l’emploi
Le CNT est un organisme consultatif institué par l‘article 223 du code du travail auprès du
ministère du travail et de la prévoyance sociale pour mener des études en matières économique,
46
Arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/118/2005 du 26 octobre 2005, portant fonctionnement du Conseil
National du travail (J.O.RDC, 5 décembre 2005, n° 23, col. 63).
68
financière et sociale. Nous examinerons successivement son objet, sa composition et son
fonctionnement.
- régler par voie de convention collective, les rapports entre un ou plusieurs employeurs et les
travailleurs d’une ou de plusieurs branches d’activités déterminées et de;
- donner leurs avis sur l’extension des conventions collectives ou l’abrogation de l’extension
de ces conventions.
Les travailleurs bénéficient d’une protection appropriée contre tous les actes de
discrimination tendant à porter atteinte à l’exercice de la liberté syndicale en matière d’emploi
(article 234).
Les syndicats peuvent se constituer librement sans aucune autorisation préalable sous
réserve de remplir les formalités prévues par la loi. Cela signifie que l’Etat n’intervient pas dans
la constitution, voire dans le fonctionnement d’une organisation professionnelle. L’Etat doit
s’abstenir de toute ingérence dans la formation du syndicat, lequel est un groupement privé.
69
En effet, aucune autorisation préalable n’est requise pour constituer une organisation
professionnelle (article, 231 du code du travail). Le pouvoir public ne peut s’immiscer dans le
choix des dirigeants du groupement ni le dissoudre par voie administrative.
Les organisations syndicales doivent être traitées sur un même pied d’égalité, dans la mesure où
chacune d’elles contribue au respect de la paix sociale et à la vie économique de l’entreprise.
L’égalité est la condition nécessaire de toute liberté. Si certains syndicats bénéficient des
prérogatives exceptionnelles, le libre choix des syndicats serait faussé. Il s’agit en réalité de
l’égalité des droits et des obligations donnant à chaque syndicat une égalité de chance face aux
organisations concurrentes. L’égalité laisse en effet subsister entre les syndicats, de notables
différences de taille, d’influence et d’émulation ( 47).
A. La constitution du syndicat
L’objet licite
Le syndicat est nécessairement professionnel ; d’où son objet doit être licite, et, il l’est,
toutes les fois qu’il est conforme au but du syndicat qui est la défense des intérêts
professionnels. Tout syndicat enregistré jouit de la personnalité civile et a le droit d’acquérir à
titre gratuit ou onéreux les biens nécessaires à la promotion et à la défense des intérêts de ses
47
Pour cette partie, lire utilement DARANAS S., cours de droit de travail et de la sécurité sociale, L1 en droit,
université de Kinshasa
70
membres. L’objet est illicite lorsque le syndicat exerce des activités qui lui sont interdites,
notamment les activités politiques, confessionnelles (propagande religieuse) ou commerciale.
La rédaction des statuts est marquée par le principe de liberté qui permet aux parties de
prévoir les conditions d’adhésion, le but et l’objet du syndicat.
71
B. Le fonctionnement du syndicat
En fait, sont éligibles, tous les travailleurs sans distinction de sexe ou de nationalité à
condition d’avoir vingt et un an accomplis et une ancienneté de six mois, sauf s’il s’agit
d’entreprises nouvelles ou lorsque le personnel a augmenté de plus de 25% au cours des douze
mois qui précèdent l’élection dans l’entreprise ; et à condition d’être présenté par l’organisation
syndicale (qui fonctionne légalement et dont le champ d’activités s’étend à l’entreprise).
Sont exclus, les candidats qui ont fait, depuis 5 ans, l’objet de condamnation à plus d’un
an de servitude pénale pour une ou plusieurs infractions de droit commun dont la peine ou les
peines cumulées est ou sont supérieurs à un an; le candidat ne doit pas avoir participé à une
grève illicite et ne doit pas exercer des fonctions de direction dans l’entreprise.
Le scrutin comporte un ou deux tours selon le cas : pour le premier tour, seule le ou les
syndicats légalement enregistrés et dont le champ d’activités s’étend à l’établissement peuvent
présenter des candidats. Les listes doivent indiquer la dénomination de l’organisation qui la
dépose et porter les signatures des représentants qualifiés de celle-ci. Lorsque l’organisation fait
partie d’une union, d’une confédération ou d’une fédération, sa dénomination sera suivie de
celle de l’une ou de l’autre de ces dernières organisations dont elle est membre (conv. 135,
article12).
Dans le collège électoral, le scrutin est clos si le nombre des suffrages valablement
exprimés est supérieur à la moitié du nombre d’électeurs inscrits dans le collège. Si le nombre
des suffrages valablement exprimés n’est pas supérieur à la moitié du nombre d’électeurs
inscrits, l’élection est tenue pour nulle et non avenue et il est procédé à un second tour de
scrutin.
Pour le second tour de scrutin, les électeurs peuvent, concurremment avec le ou les syndicats,
présenter des candidats. Les listes déposées par les électeurs doivent, pour être valables, porter
les noms et les signatures d’un nombre d’électeurs au moins égal au triple des délégués
titulaires à élire par collège électoral. En effet, les organisations professionnelles n’ont pas le
monopole de présentation des candidats, jusqu’au second tour de scrutin tous les travailleurs
éligibles peuvent présenter leur candidature. Dans ce cas, les travailleurs élus seront appelés non
pas « des délégués syndicaux » mais « délégués ou représentants du personnel ».
72
Le contentieux électoral (les contestations relatives à l’électorat, à l’éligibilité et à la
régularité des élections) relève de la compétence de l’inspecteur du travail du ressort. Et
spécialement, les contestations relatives à la régularité des opérations du scrutin relève
également de l’inspecteur du travail du ressort. Mais, le recours contre la décision de
l’inspecteur du travail du ressort est introduit auprès de l’Inspecteur Divisionnaire ou de
l’Inspecteur Général du travail. En cas de rejet ou de silence de la part de ces derniers, le
réclamant peut saisir le tribunal du ressort 48.
La durée du mandat de délégués est de trois ans. Il est renouvelable dans ce sens qu’un
délégué peut être réélu. Il perd sa qualité de délégué s’il cesse de remplir les conditions
d’éligibilité, s’il quitte ou perd son emploi ou s’il se fait désavouer par les travailleurs de
l’entreprise membres de son syndicat pour une faute lourde commise dans l’exercice de son
mandat syndical ou s’il fait l’objet d’une mesure disciplinaire dûment prononcée par les organes
statutaires de son syndicat (article 257).
Le désaveu d’un délégué par les travailleurs membres de son syndicat n’est valable que
s’il répond aux conditions ci-après :
11. le désaveu doit provenir uniquement des travailleurs membres de son syndicat et réunir
au moins deux tiers des noms et signatures desdits travailleurs ;
12. le désaveu doit être confirmé par le syndicat intéressé qui en informe l’employeur et
l’inspecteur du travail du ressort.
Chaque délégation doit établir un règlement d’ordre intérieur en accord avec le chef
d’entreprise, ce règlement doit être homologué par l’inspection du travail.
Il est prévu des réunions de la délégation avec l’employeur ou son représentant sous sa
direction ou sous celle de ses représentants. Les réunions se tiennent à huis clos. Si le chef
d’entreprise néglige de convoquer la délégation de travailleurs, la majorité de membres de celle-
ci peut demander à l’inspecteur du travail de la réunir sous sa présidence. A la fin de chaque
réunion, l’employeur fait dresser un P.V. signé par tous les membres et expédié dans la
quinzaine à l’inspecteur du travail du ressort. L’inspecteur du travail peut assister aux réunions.
48
Arr. min. n° 12/CAB.MIN/TPS/AR/NK/054 du 12 octobre 2004, op. cit
73
En ce qui concerne, la composition du bureau de la délégation, il faut retenir qu’à l’issue
de la publication des résultats, le syndicat majoritaire doit désigner le membre devant présider le
bureau de la délégation syndicale. Les autres postes du bureau sont attribués aux autres
syndicats représentatifs en fonction des suffrages recueillis ou du nombre de sièges obtenus. Il
est interdit de constituer une majorité par coalition ou consensus. Il est interdit de aux membres
de bureau national de s’ingérer dans le fonctionnement des bureaux locaux de la délégation
syndicale (Arr. min. n° 12/CAB.MIN/TPS/AR/NK/054 du 12 octobre 2004, articles 39 et 40).
1°) L’inspecteur du travail joue le rôle de tutelle des délégations des travailleurs (ex : en cas de
carence de l’employeur, l’inspecteur du travail fixe et organise les élections).
13. il a le droit d’assister aux réunions de la délégation qu’il peut provoquer et présider à la
demande de la majorité des délégués ;
14. il reçoit les plaintes des délégués des travailleurs quand il effectue une visite
d’inspection dans l’établissement ;
15. il intervient dans la procédure de licenciement des délégués.
a. Le principe
Les représentants des travailleurs dans l’entreprise doivent bénéficier d’une protection
efficace contre toutes mesures qui pourraient leur porter préjudice, y compris le licenciement et
qui seraient motivées par leur qualité ou leurs activités de représentants des travailleurs, leur
affiliation syndicale, ou leur participation à des activités syndicales, pour autant qu’ils agissent
conformément aux lois, conventions ou autres arrangements conventionnels en vigueur (conv.
135, article 1er).
En effet, il est nécessaire d’assurer une protection particulière contre les mesures
arbitraires de l’employeur aux représentants du personnel en vue de leur permettre d’exercer
leurs pouvoirs en toute liberté et en toute indépendance.
Ainsi, tout licenciement d’un délégué titulaire ou suppléant envisagé par son employeur
ainsi que toute mutation faisant perdre la qualité de délégué sont soumis à la condition
suspensive de leur approbation par l’Inspection du Travail du ressort. Mais en cas de faute
lourde, l’employeur pourra suspendre les fonctions du délégué syndical, prononcer sa mise à
pied provisoire. Le licenciement dans ce cas n’interviendra qu’après la décision de l’Inspecteur
du travail. Ce dernier doit se prononcer dans le mois à partir du jour où l’employeur lui a fait
connaître la mesure prise ou envisagée. S’il ne se prononce pas dans le délai imparti, le code
présume qu’il approuve la mesure prise.
74
raisons professionnelles ou au contraire par des motifs d’inimitié personnelle. La décision doit
intervenir avant le licenciement. Sanction : le licenciement irrégulier du délégué syndical est
frappé de nullité absolue. Le délégué syndical licencié irrégulièrement a droit à sa réintégration
et aux salaires qu’il aurait dû toucher s’il n’était pas licencié, cela à titre de dommages et
intérêts.
Si le motif évoqué par l’employeur est une faute lourde, il peut prononcer la suspension
des fonctions de l’intéressé dans les conditions prévues à l’article 72 du code du travail. Cet
article accorde à l’employeur la faculté de suspendre le travailleur, auteur d’une faute lourde,
dans les deux jours à compter de la prise de connaissance des faits. Dans tous les cas, le
licenciement ne devient effectif qu’après décision de l’Inspecteur du travail.
Le code du travail reconnaît aux travailleurs et aux employeurs, ainsi qu’à toutes les
personnes occupées dans l’agriculture, le droit de se constituer en organisation ayant
exclusivement pour objet l’étude, la défense et le développement de leurs intérêts professionnels
ainsi que le progrès social, économique et moral de leurs membres (article 230).
CHAPITRE II
49
O.L. n°72/028 du 27juillet 1972, J.O. 1er mai 1972 in code du travail II, mesures d’application, 15 e édition, mise
à jour au 31 octobre 1990, édition CADILEC, Kinshasa, pp.52-53.
75
SECTION I. LA MODIFICATION DU CONTRAT DE TRAVAIL
En ce qui concerne la modification des conditions de travail, il est à noter que toute clause
par laquelle l’employeur se réserve le droit de modifier unilatéralement les conditions du contrat
est nulle. Le travailleur ne peut ainsi consentir valablement à l’avance à toute décision de
l’employeur visant à modifier les conditions de travail.
La portée de cette interdiction mérite d’être précisée. En effet, il est interdit à l’employeur
de modifier de manière unilatérale les conditions de travail qui auraient été convenues entre les
parties. Toute clause contraire ne pourrait concerner que les éléments accessoires du contrat de
travail. Autrement dit, l’employeur ne pourrait modifier un élément substantiel du contrat, ayant
fait l’objet d’un accord des parties, que si cette possibilité de modification a été prévue par le
contrat. Mais, ce principe connaît des assouplissements.
76
juridique de l’employeur, notamment par succession, reprise sous une nouvelle appellation,
vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cours au
jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l’entreprise ».
En effet, la substitution d’employeur n’a aucune influence sur les contrats de travail
conclus antérieurement ; ceux-ci continuent à produire leurs effets normaux, comme si aucun
événement ne s’était manifesté entre temps. Cela ne concerne que les contrats en cours au
moment de la substitution. Celle-ci ne réhabilite pas les contrats déjà résiliés avant l’opération
de substitution. La solution est satisfaisante sur le plan de la protection de l’emploi. Le nouvel
employeur peut certes licencier, mais il sera tenu de respecter les motifs de droit commun liés à
l’aptitude ou à la conduite du travailleur, à la faute grave, ou aux nécessités inhérentes à
l’organisation de l’entreprise, de l’établissement ou du service.
La conséquence du maintien des contrats en cours est que l’ancienneté de service acquise
par les travailleurs engagés avant la substitution leur reste acquise vis-à-vis de leur nouvel
employeur. Cette solution est logiquement applicable au cas de transfert de travailleur d’une
entreprise à une autre. Le nouvel employeur qui reçoit un travailleur lui transféré est tenu à
l’ancienneté de ce dernier acquise auprès de son ancien employeur (art. 81 ct).
Il convient retenir que la réalisation de la transmission d’entreprise, quels que soient les
modalités qu’elle emprunte, conduit à trois constatations : la première est que l’activité continue
et se poursuit. Si elle disparaît, il n’y aurait pas substitution ni transmission d’entreprise ; la
seconde est que les moyens indispensables à la poursuite de l’activité existent toujours, sauf
lorsque l’acquéreur possède déjà en propre une partie des moyens indispensables au maintien de
l’activité, ou peut se les procurer par ailleurs ; la troisième, est que la seule chose qui change
dans l’entreprise (au moins au moment précis de la cession ou de la transmission), ce sont les
hommes et les femmes qui détiennent le pouvoir de décision ; et parfois comme le pouvoir de
décision est lié à des droits, la transmission de l’entreprise se réalise par le transfert de ces droits
( les héritiers des donataires) 51.
50
BARBEROUSSE-GUIBERT (E.) et DIANA TOPEZA, Le guide pratique du droit : les institutions, la famille,
les successions, l’habitation, la sécurité sociale, le droit du travail, les activités commerciales et artisanales, les
voies d’exécution et les droits des consommateurs, SOLAR, France Loisirs, Paris, 1981, p. 279.
51
PAILLUSSEAU (J.) et alii, Cession d’entreprise : fonds de commerce, location-gérance, vente des titres
sociaux, reprise par les salariés, entreprise en difficulté, 4è édition, Dalloz, Paris, 1999, pp. 8-9.
77
Paragraphe 1. La notion et le principe de la suspension de
l’exécution du contrat du travail
78
En cas de maladie ou d’accident, hormis le cas d’accident de travail ou de maladie
professionnelle, l’employeur peut notifier au travailleur la résiliation du contrat après six mois
ininterrompus d’incapacité d’exécuter le contrat de travail. Le contrat prend fin dans ce cas, le
lendemain de la notification de la résiliation moyennant paiement d’une indemnité de résiliation
équivalent au préavis dû en cas du contrat à durée indéterminée (article 30 CT).
La grève est la cessation concertée du travail en vue de faire aboutir des revendications
d’ordre professionnel. Elle entraîne la suspension du contrat de travail sans limitation de délai.
Le lock-out est la fermeture de l’entreprise par l’employeur en réaction aux revendications
professionnelles émanant des travailleurs.
La grève ou le lock-out constituent des cas de suspension, lorsqu’ils sont déclenchés dans
le respect de la procédure des règlements des conflits collectifs du travail (303 à 315 ct).
La mise à pied est une suspension disciplinaire du contrat de travail. Cette sanction doit
être prévue par le contrat de travail, le règlement d’entreprise ou par la convention collective.
Quoi qu’il en soit, la mise à pied ne peut excéder deux fois quinze jours par an. Cette sanction
est privative du paiement de la rémunération.
52
Arrêté ministériel N°12/CAB.MIN/TPS/113/2005 du 26 octobre 2005 fixant les droits et les obligations des
parties pendant la suspension du contrat de travail, article 14
79
En effet, en cas de mise à pied, le travailleur perd le droit à la rémunération et à la valeur
des avantages en nature pour toute la période de suspension, mais il a droit à l’entièreté des
allocations familiales, au logement en nature ou à l’indemnité de logement ainsi qu’aux soins de
santé. A la fin de la suspension, le travailleur réintègre d’office le poste qu’il occupait
auparavant ou est affecté à un poste similaire. 53
Lorsqu’un travailleur est appelé a prester les services en exécution des mesures de
réquisitions militaires ou d’intérêt public prises par le Gouvernement, son contrat est suspendu
pendant une période n’excédant pas douze mois. Passé ce délai, les parties sont déliées de leurs
obligations contractuelles. La période de réquisition militaire ou d’intérêt public fait partie de
l’ancienneté des services du travailleur 54.
Le repos hebdomadaire :
53
Idem, article 5
54
Idem, article 3
80
Le personnel des établissements (privés ou publics) bénéficie au cours de chaque période
de sept jours d’un repos compensatoire de 48 heures consécutives. Le repos est donné en même
temps à tous les travailleurs. Le repos a lieu en principe le samedi et le dimanche. Mais comme
l’arrêt de travail dans certains établissements présente de graves inconvénients, le législateur a
autorisé des dérogations :
Le personnel de l’entreprise qui travaille le dimanche doit bénéficier dans la semaine d’un
repos compensatoire de 24 heures consécutives dont le choix est laissé à l’appréciation de
l’employé (ex : entreprise de transport, de distribution d’eau et d’électricité, des journaux, des
hôpitaux, hospices etc.)
Les jours fériés sont déterminés par ordonnance du Président de la République. Les jours
fériés sont des fêtes religieuses ou civiles reconnues par la loi. Au Congo, les fêtes religieuses
ont été abolies par le législateur. Le jour férié est différent du jour où le travail est suspendu
pour une raison quelconque. Les jours fériés sont rémunérés (art 123 du nouveau code).
Lorsque le jour férié tombe un dimanche ou un jour non ouvrable, le jour férié sera remplacé
par le jour ouvrable précédent.
La durée du congé :
Au minimum un jour ouvrable par mois entier de travail pour le travailleur âge plus de 18
ans et un jour et demi pour le travailleur âgé de moins de 18 ans. Le jour ouvrable est le jour
consacré habituellement au travail : les jours de repos hebdomadaires et les jours fériés sont
différents des jours ouvrables. La durée des congés est augmentée en raison de l’ancienneté du
travailleur dans l’entreprise d’un jour par tranche de 5 années. La durée du voyage n’est pas
comprise dans le congé. Les jours de maladie compris dans la période de congé ne comptent pas
comme des jours de congé.
81
Les modalités d’octroi du congé :
Le droit au congé est d’ordre public. Le travailleur ne peut y renoncer et réclamer à la
place une indemnité compensatoire (sauf en cas de rupture du contrat). La période de congé est
fixée d’un commun accord entre les parties. Le salarié a le droit de cumuler la moitié des congés
acquis pendant une période de deux années. La prise effective du congé doit avoir lieu dans les
six mois de son ouverture.
Sont des absences autorisées par la loi ou par la convention collective au travailleur en
raison des événements heureux ou malheureux qui surviennent dans sa famille. Il s’agit de :
- mariage d’un enfant : un jour ouvrable ;
- mariage du travailleur : deux jours ouvrables;
- accouchement de l’épouse : deux jours ouvrables ;
- décès du conjoint, d’un parent ou d’un allié au premier degré : 4 jours ouvrables ;
- décès d’un parent ou allié au second degré : deux jours ouvrables.
L’employeur est tenu au paiement des congés de circonstance jusqu’à concurrence de 15
jours ouvrables par an. Ces congés ne peuvent être fractionnés ; aussi les soins de santé sont dus
pendant les congés de circonstance.
Le nombre d’heures minimum dont doivent disposer les représentants des travailleurs
pour l’accomplissement de leurs fonctions est fixé à quinze par mois. Ces heures sont
considérées et rémunérées comme temps de travail. Les conditions auxquelles elles sont
accordées sont déterminées par l’arrêté prévu à l’article 255 du présent Code (article 265).
82
an, non compris les délais de route. Ce congé n’est pas déductible du congé annuel visé au
chapitre VI du titre VI du présent Code (article 268).
Le congé d’éducation ouvrière est pris en une ou deux fois. Sans préjudice des
dispositions de l’article 271, il est payé par l’employeur sur les mêmes bases que le congé
annuel légal. Toutefois, les frais de transport et de séjour ne sont pas à charge de l’employeur.
La demande de congé doit être présentée par écrit à l’employeur pour avis, par l’organisation
syndicale responsable du stage ou de la session, au moins trente jours avant la date fixée pour
son ouverture. Elle doit mentionner les noms des membres et des délégués syndicaux intéressés
ainsi que la date et la durée de l’absence sollicitée. L’organisation syndicale responsable du
stage ou de la session, délivre, au terme des cours, à chacun des membres et des délégués
participants, une attestation constatant son assiduité et énumérant les matières dispensées.
Chaque membre et chaque délégué sont tenus de remettre ladite attestation à leur employeur
dans les deux jours suivant la reprise de travail. À défaut de respecter cette obligation, le congé
accordé ne sera pas rémunéré ‘articles (269-270).
L’employeur d’un membre du Conseil national du travail est tenu de lui accorder le temps
nécessaire pour assister aux réunions. Ce temps est considéré comme temps de service pour le
calcul de l’ancienneté et des droits aux congés (article 229).
En principe, les parties sont déliées de toutes obligations pendant la durée de suspension
du contrat, sauf dans les cas ci-après :
55
Les droits et obligations des parties pendant la suspension du contrat de travail sont déterminés par l’arrêté
ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/113/2005 du 26 octobre 2005, fixant les droits et obligations des parties
pendant la suspension du contrat de travail, in J.O.R.D.C., 5 décembre 2005, n° 23, col. 52.
83
L’employeur doit au travailleur et à sa famille : les avantages en nature et notamment les
soins médicaux, dentaires, chirurgicaux, pharmaceutiques et hospitaliers ; les frais de
déplacement nécessaire ; les lunettes et appareils d’orthopédie et de prothèse (prothèse dentaire
exceptée).
3. En cas d’appel ou de rappel sous le drapeau et d’engagement volontaire en
temps de guerre
L’employeur est tenu, pendant six mois à compter du rappel ou d’engagement volontaire
du travailleur dans les forces armées congolaises ou d’un Etat allié d’assurer à sa famille les
soins de santé, le logement et de lui accorder le tiers de sa rémunération pour autant que le
rappel ou l’engagement soient notifiés à l’employeur par le Haut commandement de l’Armée
nationale, par lettre recommandée avec accusé de réception. Passé ce délai, les parties sont
déliées de toutes obligations56. En cas de guerre, la période de réquisition d’un travailleur ou
d’engagement volontaire sera considéré comme faisant partie de son ancienneté 57.
En pareille circonstance, le contrat de travail est suspendu pour une période n’excédant
pas douze mois. Passé ce délai, les parties sont déliées de toutes obligations. Cependant, la
période de réquisition militaire ou d’intérêt public fait partie de l’ancienneté des services du
travailleur.
Le travailleur qui se trouve dans cette situation est tenu de notifier à son employeur la
suspension de son contrat de travail dans les 48 heures qui suivent sa notification.
Si le travailleur d’une entreprise publique est appelé à exercer un mandat public au sein de
celle-ci ou ailleurs, son contrat est suspendu pendant tout l’exercice de son mandat. Il perd le
droit à la rémunération et aux avantages sociaux dont il bénéficiait auparavant. A la fin de son
mandat, il devra reprendre son emploi endéans un mois, au plus tard ou être affecté à un emploi
au moins similaire si le poste qu’il occupait a été supprimé ou est occupé par un autre.
Toute la période du mandat ou d’obligations civiques est considérée comme faisant partie
de l’ancienneté des services du travailleur à moins que l’employeur ait notifié le licenciement en
vertu de l’article 60 du code du travail.
56
Arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/113/2005, fixant les droits et les obligations des parties pendant la
suspension du contrat de travail (J.O.R.D.C., 5 décembre 2005, n° 23, col. 52).
57
Ibidem.
84
7. Cas de grève ou de lock-out
- Interdiction de remplacer les travailleurs en grève par d’autres qui, à la date du début de la
grève, n’étaient pas occupés dans l’entreprise ou le service ;
- Résiliation du contrat de travail sans préavis, si le travailleur gréviste est condamné à une
peine de SPP supérieure à deux mois ou après trois mois de suspension.
- Assurer les prestations d’intérêt public et celles intéressant la protection des installations, du
matériel et des matières premières ou produits telles que figurant sur la liste en annexé à
l’arrêté. En effet, dans toutes les entreprises, des mesures conservatoires doivent être prises
pour éviter la dégradation du matériel, des installations ou la perte des produits ou des
matières.
Dans les hôpitaux, dispensaires et autres formations sanitaires publiques et privées, il faut
assurer la dispensation des soins médicaux, chirurgicaux et pharmaceutiques, le transport des
malades et des blessés, le fonctionnement des hôpitaux, cliniques, maternités, sanatoriums,
établissements pour des malades mentaux, crèches et pouponnières, le fonctionnement des
services publics et privés veillant à la prophylaxie des maladies contagieuses. Dans les
entreprises de distribution d’eau et d’électricité, les mesures seront prises pour assurer les
services techniques à l’exception des services administratifs.
85
Dans les cas prévus en ce qui concerne toutes les entreprises et celles de distribution d’eau
et d’électricité, les prestations des services indispensables seront assurées par le personnel
minimum nécessaire.
Cependant, la femme en congé de maternité peut rompre le contrat sans préavis pendant la
grossesse et pendant les huit semaines suivant l’accouchement. A la reprise des services, elle
dispose de deux repos d’une demi-heure par jour pour allaiter l’enfant.
CHAPITRE III
Il sera question d’examiner la définition du litige individuel du travail, puis ses techniques
de règlement.
86
Paragraphe 2. Les techniques de règlement des litiges individuels du
travail
En effet, dans la plupart des pays, les conflits individuels du travail sont soumis à des
juridictions d’exception en matière du travail : les conseils de prud’homme (en France et en
Belgique) et à des juridictions de travail en Afrique francophone ou bien à des organisations
purement professionnelles. On distingue donc deux techniques de solution des conflits
individuels de travail : la technique professionnelle et la technique judiciaire.
Au niveau de la technique professionnelle (cas des pays anglo-saxons) le litige est pris en
main par l’organisation syndicale ouvrière et résolu à un échelon quelconque par voie de
conciliation dans un cadre purement professionnel. Au niveau de la technique judiciaire, le
salarié recourt devant le juge de droit commun soit devant le tribunal du travail (RDC, création
des tribunaux spécialisés par le législateur de 1967, article 205 à 212 du code du travail ; mais
ces tribunaux n’ont jamais fonctionné). La loi n°73/008 du 5 janvier 1973 viendra abroger les
articles 206 à 212 du code du travail en instituant au sein des cours et tribunaux de droit
commun des chambres spécialisées pour connaître des litiges en matière du travail. En pratique,
ce sont des chambres civiles commerciales et des affaires du travail qui connaissent des litiges
en matière du travail.
Depuis le 16 octobre 2002, la loi n° 15/2002 portant code du travail a créé à nouveau les
tribunaux de travail. En attendant leur installation, les juridictions de droit commun demeurent
compétentes pour connaître des litiges individuels du travail (article 45, loi n° 16/2002 du 16
octobre 2002, portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux du travail).
Pour le règlement des « litiges individuels du travail », l’article 298 du nouveau code du
travail dispose que ces litiges ne sont pas recevables devant les tribunaux du travail s’ils n’ont
été préalablement soumis à la procédure de conciliation, à l’initiative de l’une des parties,
devant l’inspecteur du travail du ressort. C’est cette procédure préalable qui constitue la phase
administrative du règlement des litiges individuels du travail.
87
La procédure de conciliation devant l’inspecteur du travail en vue du règlement d’un litige
individuel de travail est obligatoire car la partie intéressée ne peut y déroger. Elle est ensuite
préalable pour la simple raison que le tribunal du travail ne peut se déclarer saisi par une partie
sans que celle-ci ait d’abord entièrement épuisé la procédure de conciliation devant l’inspecteur
du travail du ressort.
La partie lésée a le droit d’adresser une plainte à l’inspecteur du travail. Cette plainte
contient l’exposé des griefs formulés contre l’autre partie. Dans la pratique, le plaignant qui est
généralement le travailleur, demande à l’inspecteur d’amener l’employeur à respecter ou à
appliquer une disposition légale, réglementaire ou contractuelle ; et à défaut par ce dernier de se
soumettre aux recommandations de l’inspecteur, de constater le désaccord en vue de la saisine
du tribunal du travail.
L’inspecteur qui reçoit la plainte convoque la partie adverse pour procéder à l’échange
des vues sur l’objet du litige et pour vérifier si les parties sont disposées à se concilier sur la
base des normes fixées par la législation, la réglementation ou les conventions collectives ou le
contrat individuel du travail. Aux séances de conciliation, les parties ont le droit de se faire
assister ou représenter. Les échanges des vues sont consignés dans un procès-verbal, établi par
l’inspecteur, constatant l’accord ou le désaccord. Ce procès verbal est signé par l’inspecteur du
travail et les parties qui en reçoivent ampliation.
En cas de refus par une des parties de signer le procès verbal, comme c’est
malheureusement bien souvent le cas, l’inspecteur porte mention « refus de signer » à côté du
nom de la partie concernée. Si à la troisième convocation dument reçue, une des parties ne
comparaît pas, l’inspecteur dresse un PV de carence valant PV de non-conciliation
D’après l’article 299 du code du travail, cette procédure de conciliation est interruptive
des délais de prescription. Dès la réception de la demande de conciliation à l’inspecteur du
88
travail, sous réserve toutefois que la demande devant le tribunal du travail, en cas de non
conciliation, soit formée dans le délai maximum de douze mois à compter de l’audience de
conciliation. Rappelons qu’une action en justice selon l’article 317 du code du travail, peut être
interrompue par :
Pour contourner cette exigence en cas du dépassement du délai de douze mois appliqué
jusqu’à l’adoption du nouveau code, l’on recourait à la pratique de l’actualisation du procès
verbal. Cette pratique soulève d’après débats sur la validité du procès verbal caduc qui, en
réalité, ne devrait pas poser problème si le tribunal n’était pas saisi dans le délai de six mois du
procès verbal, mais dans le délai de trois ans qui est en principe le délai de prescription en
matière du travail.
Aux termes de l’article 45 de cette loi (voir au chapitre 4 relatif aux dispositions
transitoires et finales) « jusqu’à l’installation des tribunaux de travail, les juridictions de droit
commun demeurent compétentes pour connaître de litiges individuels du travail.
Le Tribunal compétent est celui du lieu du travail sauf accord international contraire
(article 17). Néanmoins, lorsque la force majeure ou par le fait de l’employeur, le travailleur se
retrouve au lieu ou au siège de l’entreprise, le Tribunal du travail de ce lieu devient compétent.
Cette disposition a été influencée par la jurisprudence qui reconnaissait avant cette loi que le
tribunal du lieu du siège de l’entreprise était compétent dès lors que le travailleur avait été forcé
de quitter le lieu de travail après résiliation de son contrat pour regagner le lieu d’engagement,
ou lorsque l’agent se trouve au lieu du siège pour une enquête sur les faits lui reprochés pendant
qu’il s’y trouve en mission (article 17 alinéa 1).
Les tribunaux de travail créés par la loi de 2002 sont compétents pour connaître de tous
les litiges individuels survenus entre le travailleur et son employeur dans ou à l’occasion du
contrat de travail, des conventions collectives ou de la législation et de la réglementation de
travail. Ces tribunaux sont également compétents pour connaître des conflits collectifs du
travail survenus entre un ou plusieurs employeurs d’une part, et un certain nombre de membres
89
de leur personnel d’autre part, au sujet de conditions de travail lorsqu’ils sont de nature à
compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale ( cfr. infra).
Le tribunal du travail est composé d’un président, des juges et des assesseurs. Les juges
assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le ministre du travail sur base des
listes proposées par les organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs ; tandis
que le président ainsi que les juges sont désignés parmi les juges du tribunal de grande instance.
Le principe est que le juge assesseurs doivent être étrangers à l’entrepris ou aux entreprises
affectées par les litiges individuels ou les conflits collectifs.
Rappelons que les litiges individuels du travail ne sont recevables devant les tribunaux de
travail que lorsqu’ils ont été préalablement soumis à la procédure de conciliation à l’initiative
de l’une de parties devant l’inspecteur du travail.
Le tribunal du travail est saisi par une requête écrite ou verbale du demandeur ou de son
conseil. La requête écrite est datée et signée par son auteur et déposée entre les mains du
greffier qui en accuse réception. Tandis que la requête est actée par le greffier et signée
conjointement par lui et le déclarant. Le P.V de non-conciliation ou de conciliation partielle
dressé par l’inspecteur du travail du ressort doit être obligatoirement joint à la requête. En
attendant, l’installation des tribunaux de travail, les juridictions de droit commun compétentes
pour connaître des litiges de travail sont saisies conformément aux modes de saisine prévues par
les textes qui les régissent.
Dans les huit jours à dater de la requête, le président de la juridiction fixe l’audience à
laquelle l’affaire sera examinée et désigne les juges assesseurs qui seront appelés à siéger. Ils
sont choisis parmi ceux qui appartiennent à la même branche d’activité économique concernée
par le litige.
Le greffier convoque les parties par lettre recommandée à la poste contre récépissé ou par
lettre remise à la personne, ou à domicile ou au siège social selon le cas par l’huissier de justice
avec accusé de réception signé par le destinataire ou une personne habitant avec lui. La
convocation doit mentionner le lieu, la date et l’heure de l’audience ainsi que le nom, la
dénomination sociale, la profession, le domicile ou le siège des parties.
Le délai de comparution est de huit jours francs (entre la date figurant à l’accusé de
réception et la date de l’audience). Dans le cas qui requiert célérité, le président du tribunal
peut, par ordonnance rendue sur requête, permettre de convoquer à bref délai.
90
Les remises dans une affaire portée devant le tribunal de travail ne peuvent dépasser le
nombre de trois. A la troisième audience, l’affaire doit être plaidée et communiquée au
ministère public pour avis et ce dernier doit intervenir dans un délai de quinze jours à partir de
la réception du dossier au parquet.
Toute fois, le tribunal peut, à la requête d’une partie justifiant de motif valable, accorder
une quatrième et dernière remise. Les tribunaux du travail rendent leur jugement dans le délai
de quinze jours à partir de la prise en délibéré. Lors du délibéré, les juges assesseurs ont voix
délibérative et les décisions sont prises à la majorité de voix. Un juge assesseur peut-être récusé
si :
- lui ou son conjoint a un intérêt quelconque au litige ;
- si lui ou son conjoint est parent ou allié de l’une des parties jusqu’au second degré ;
- si dans l’année qui précède la récusation, il y a eu une action judiciaire civile ou pénale
contre lui ou son conjoint et l’une de parties ;
- s’il a donné un avis écrit sur le litige ;
- s’il est employeur ou travailleur de l’une des parties.
La partie qui désire récuser un juge assesseur doit le faire avant le débat et en exprimer le
motif à l’audience soit verbalement soit par une déclaration motivée revêtue de sa signature. Le
juge assesseur récusé donne verbalement ou par écrit, sa réponse, portant acquiescement soit
refus. La juridiction à laquelle il appartient statue toutes affaires cessantes sur la récusation, la
partie récusante entendue. Il est évident que le juge assesseur mis en cause ne peut faire partie
de la chambre appelée à statuer sur la récusation. En cas de rejet de la récusation, le juge
assesseur ayant fait l’objet de récusation rejetée poursuit l’instruction de l’affaire. La partie
récusante peut interjeter appel mais si la récusation est maintenue par la juridiction d’appel
celle-ci peut condamner le récusant entendu à une amende de 10.000FC à 30.000FC constants
sans préjudice des dommages-intérêts en faveur du juge assesseur mis en cause.
Les jugements rendus par les tribunaux du travail sont susceptible d’opposition et d’appel
dans les mêmes conditions qu’en matière civile. L’opposition est faite devant la juridiction qui
a rendu le jugement par défaut ; et l’appel est relevé devant la Cour d’appel. Cependant en cas
de force majeure dûment justifiée l’appel peut être forme au greffe du tribunal qui a rendu le
jugement. Le greffier, dans ce cas, doit en aviser immédiatement le greffier de la juridiction
d’appel.
Aux termes de l’article 303 du code du travail, est réputé conflit collectif du travail tout
conflit survenu entre un ou plusieurs employeurs d’une part et un certain nombre de membres
de leur personnel d’autre part, au sujet des conditions de travail lorsqu’il est de nature à
compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale.
Au regard de cette disposition, le conflit est collectif lorsqu’il touche aux intérêts d’un
groupe des travailleurs ou sujet des conditions de travail et qu’il est susceptible de provoquer du
91
désordre au sein de l’entreprise. L’expression conflit collectif peut également viser les conflits
qui opposeraient une collectivité de travailleurs aux seuls pouvoirs publics en raison de ce qu’ils
sont amenés à prendre comme mesure en matière d’emploi et des conditions de travail. Un tel
conflit peut donc impliqué une troisième partie « les pouvoirs publics ». Cependant les
dispositions légales et réglementaires relatives à la conciliation collective n’envisagent
expressément que le conflit entre employeur et travailleurs. On convient d’exclure du concept
conflit collectif les conflits qui opposeraient une organisation syndicale à une autre ou qui
opposeraient les organisations patronales entre elles.
Les conflits collectifs ont souvent pour objet les conditions du travail au sens large du
terme, mais il peut concerner également la défense de tout autre intérêt collectif que les
travailleurs estiment devoir assurer. Tout comme il peut avoir comme origine un différend
individuel à l’occasion duquel se manifeste la solidarité des travailleurs et acquérir ainsi une
dimension collective (Exemple : un licenciement individuel dont le travailleur aurait le
sentiment qu’il a été décidé en raison des opinions ou de l’activité syndicale de l’intéressé).
Le nouveau code du travail introduit dans la procédure légale le règlement des conflits
collectifs par les tribunaux du travail alors qu’en principe les revendications donnant lieu à ces
genres de conflits ne relèvent pas du tribunal de travail.
En droit belge la solution pacifique des conflits est caractérisée par sa souplesse. La loi ne
fait aucune obligation aux parties de recourir à une quelconque procédure de règlement
pacifique des conflits collectifs. Bref, en droit belge, il y a trois organes qui interviennent dans
la recherche d’une solution au conflit collectif : les délégations syndicales, les commissions
paritaires et les conciliateurs sociaux).
L’article 279 du nouveau code du travail dispose que la convention collective comporte
obligatoirement la procédure de conciliation et d’arbitrage à observer pour le règlement des
conflits collectifs entre employeurs et travailleurs liés par la convention. Il en résulte que
l’insertion de cette procédure est obligatoire dans une convention collective. Cette procédure
comporte deux étapes : la conciliation et l’arbitrage.
92
- La conciliation
- L’arbitrage
Un arbitre, est un tiers à qui les parties confient le règlement du litige. L’arbitre est choisi
soit par accord entre les parties, soit selon les modalités établies dans la convention collective.
Dans le cas où le conflit est soumis à l’arbitrage, les parties remettent à l’arbitre toutes les
pièces nécessaires pour lui permettre d’examiner leurs prétentions. Il ne peut statuer sur d’autres
objets que ceux qui sont déterminés par le procès-verbal de non-conciliation ou ceux qui,
résultant d’événements postérieurs à ce procès-verbal, sont la conséquence du conflit en cours.
Il statue un droit sur les conflits relatifs à l’interprétation et à l’exécution des lois, règlements,
conventions ou accords collectifs de travail ou accords en vigueur. Il statue en équité sur les
autres conflits, notamment lorsque le conflit porte sur les salaires ou sur les conditions de travail
qui ne sont pas fixées par les dispositions des lois et règlements, conventions ou accords
collectifs de travail ou accords en vigueur, et sur les conflits relatifs à la négociation et à la
révision des clauses des conventions ou accords collectifs de travail. Comme les accords de
conciliation, les sentences arbitrales sont motivées et s’imposent obligatoirement aux parties
autant que les conventions et accords collectifs de travail. A défaut de la procédure
conventionnelle ou en cas d’échec de celle-ci, les parties sont obligées de recourir à la
procédure légale telle que prévue aux articles 307 à 315 du code du travail.
La conciliation est menée par l’inspecteur du travail saisi par la partie la plus diligente ou
d’office dès qu’il a connaissance d’un litige collectif du travail. Dans les 48 heures de sa
saisine, l’inspecteur convoque les parties à la séance de conciliation dans la quinzaine avec un
préavis de 3 jours ouvrables comptés à partir de la date de réception de l’invitation. Dans les 48
heures de la réception de la convocation, les parties donnent à l’inspecteur par écrit, les noms de
leurs représentants et éventuellement ceux des délégués de leurs organisations professionnelles
qui les assisteront. En cas d’absence d’une ou des parties à l’audience de conciliation, il est
dressé un procès-verbal de carence valant procès-verbal de non-conciliation, au vu duquel la
juridiction compétente prononcera la peine d’amende prévue à l’article 322 du code du travail.
En cas de comparution des parties, l’inspecteur procède à l’échange des vues sous sa
présidence et rédige, en cas d’accord, un procès-verbal de conciliation et dans le cas contraire,
93
un procès-verbal de non-conciliation signé par les parties qui en reçoivent ampliation. L’accord
ou le désaccord doit-être constaté dans le mois à dater de la première séance de conciliation.
La médiation est menée par une commission spéciale constituée selon le cas par le
Gouverneur de province ou par le ministre du travail. La composition de la commission est
bipartite. Elle comprend en effet un président qui est le président du Tribunal de Paix du ressort
dans lequel est né le conflit ou d’un magistrat désigné par ses soins et deux membres : un
assesseur-employeur et un assesseur-travailleur qui sont désignés sur proposition des
organisations professionnelles les plus représentatives par le Gouverneur de province ou par le
ministre du travail.
Les assesseurs doivent être étrangers à l’établissement ou aux établissements affectés par
le conflit. La présidence de la commission de médiation est assurée par le président du Tribunal
de paix ou le magistrat désigné. La commission doit se réunir dans les trois jours de la saisine et
ne peut se prononcer que sur les objets déterminés par le P.V de conciliation ou les points qui,
résultant d’évènements postérieurs à ce P.V., sont la conséquence directe du conflit en cours.
Elle siège à huit clos et statue comme l’arbitre (cfr arbitrage, procédure conventionnelle) mais
jouit de larges pouvoirs d’information et d’investigation sur la situation des travailleurs
intéressés par le conflit. A ce titre, elle peut procéder aux enquêtes et requérir tout document
nécessaire à l’exercice de sa mission. Ses membres sont tenus au secret professionnel
concernant les informations et documents qui sont communiqués ou les faits qui viendraient à
leur connaissance dans l’accomplissement de leur mission. Dès que la commission termine son
instruction (dans les dix jours à dater de la première séance) l’affaire est prise en délibérée et
une décision doit être prise dans les cinq jours ouvrables. Elle est signée par le président et les
membres.
En cas d’accord, un procès-verbal est dressé par le président de la commission. Il est signé
par les membres de la commission et les parties ou leurs représentants reçoivent une copie
certifiée conforme. En cas de désaccord, la commission formule des recommandations
motivées qui sont immédiatement communiquées aux parties. A l’expiration d’un délai de 7
jours francs à compter de la notification des recommandations aux parties, et si aucune d’elles
n’émet d’opposition, les recommandations acquièrent force exécutoire. L’opposition est formée,
à peine de nullité, par écrit adressé au président de la commission avec copie (exemplaire) à
l’inspecteur du travail du ressort. Les accords de conciliation et les recommandations non
frappées d’opposition sont obligatoires pour les parties intéressées à dater du jour de la
notification du conflit à l’inspecteur du travail, sauf dispositions contraires desdits accords ou
recommandations. Ils sont affichés dans les locaux des entreprises affectées par le conflit et
94
dans les bureaux de l’inspection du travail du ressort et font l’objet du dépôt (minutes) au greffe
du Tribunal du lieu du conflit.
La cessation collective de travail ne peut avoir lieu qu’à l’occasion d’un conflit collectif
de travail une fois que les moyens de règlement du conflit conventionnel ou légaux ont été
régulièrement épuisés. Tous actes et toutes menaces tendant à contraindre un travailleur à
participer à une cessation collective du travail, à empêcher le travail ou la reprise du travail, sont
interdits.
Les tribunaux du travail créés par la loi n° 16/2002 du 16 octobre 2002 connaissent
également des conflits collectifs de travail au sujet des conditions de travail lorsqu’ils ont de
nature à compromettre la bonne marche de l’entreprise ou la paix sociale (article 16). Ils ne
peuvent les recevoir que lorsque ils ont été soumis préalablement à la procédure de conciliation
et de médiation (article 303 à308).
Dans les huit jours à dater de la réception de la requête, le président est tenu de fixer la
date à la quelle l’affaire sera examinée et de désigner les juges qui seront appelés à siéger. Les
dispositions au sujet de la procédure à suivre devant le tribunal de travail sont les mêmes que
celles prévues pour la prise de décisions dans le règlement de conflits individuels du travail. Les
frais de procédures sont payés conformément aux dispositions de droit commun alors que la
procédure de conciliation et de médiation est gratuite. Les juges assesseurs siégeant en cas de
conflit collectif doivent être étrangers à l’entreprise ou aux entreprises affectées par les conflits
collectifs du travail.
Les conflits collectifs du travail sont rarement réglés à l’amiable suivant la procédure ci-
dessus décrite. Ils se traduisent généralement par la grève ou le lock-out.
3.1. La grève
95
Reconnu par la constitution, le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois et de la
réglementation en vigueur ( 58). Nous examinerons successivement la notion de la grève, sa
procédure ainsi que ses effets.
- La notion de la grève
Les grèves avec occupation des lieux sont illicites sauf lorsqu’elles se déroulent sans
entraves à la liberté du travail et à la circulation dans l’entreprise ( 61). Ainsi, sont désapprouvés
et interdits, les piquets de grève qui consistent pour un groupe des travailleurs d’interdire
l’accès à l’entreprise pendant la grève.
58
Acte Constitutionnel de la Transition tel que modifié et complété par le décret-loi constitutionnel n°003 du 28
mai 1997 puis par la Constitution de la Transition signée à Sun City le 3 avril 2003 (article 42) ; lire également
R. THONOM, la grève, le droit et le pouvoir judiciaire, JTT, 1982, 322 ; G. DEMANET, réflexion sur le droit de
grève dans le secteur privé, JTT, 1990, 75
59
LEFEBVRE F., op cit, p.154 n°s 1702 et ss
60
Cass. Soc. 7-3-84, 3-7-84, 8-10-87
61
V. VANNES, l’occupation d’entreprise, voie du fait et pouvoir disciplinaire, JTT, 1958, 105 ; DE KEYSER ,
« le droit de propriété à l’épreuve des conflits collectifs du travail, dans les conflits collectifs en droit du travail :
solution négociées ou interventions judiciaires » Facultés universitaires Saint Louis, 1989, p.77
96
La cessation collective du travail
Il y a grève en cas d’arrêt de travail par un groupe de travailleurs. Il n’est pas nécessaire
que le mouvement de cessation collective soit le fait de la totalité ou de la majorité du personnel
concerné pour être qualifié de grève. La grève peut donc être limitée à un établissement de
l’entreprise, à un atelier, à une catégorie professionnelle, à une fraction du personnel même
minoritaire, voire à un seul travailleur. En effet, la cour de cassation française a jugé que la
cessation du travail observée par un salarié pour s’associer à un mouvement général déclenché
au niveau national constitue une grève. Il en est ainsi de l’arrêt de travail décidé par trois
salariés pour protester contre un refus d’augmentation de primes de déplacement ( 62). Par
ailleurs, lorsqu’un vote de la majorité des salariés est intervenu en faveur de la reprise du
travail, une fraction minoritaire peut poursuivre la grève. Le droit de grève constitue un droit
personnel que chacun peut exercer sans être lié par la loi de la majorité.
La cessation concertée
La grève suppose la volonté commune de cesser le travail dans un but déterminé. Ainsi
sont déclarées illicites, les grèves sauvages déclenchées spontanément à la base, sans
intervention des syndicats.
Seule est légale et protégée comme telle par le principe de la suspension du contrat de
travail, la grève fondée sur des revendications professionnelles présentées à l’employeur. Les
grèves déclenchées pour un motif autre que professionnel sont illicites, et le fait de participer à
une telle grève constitue une faute lourde entraînant rupture du contrat de travail sans préavis ni
indemnité.
Sont considérées comme de nature professionnelle, les revendications portant sur les
conditions des rémunérations, primes, avantages divers, calculés en fonction de la classification
professionnelle, sur les conditions de travail, les cadences, les horaires, sur l’emploi et sur les
droits syndicaux. Sont par contre illicites, quoique fondés sur des revendications d’ordre
professionnel, des arrêts de travail pour des réclamations auxquelles l’employeur ne peut de
toute évidence pas satisfaire.
Ainsi, l’exigence des revendications professionnel écarte la grève politique, fondée sur la
protestation contre les décisions de la puissance publique, par ex. la grève pour obtenir la
reprise de la conférence nationale souveraine) et la grève de solidarité (celle déclenchée dans le
but de soutenir les revendications d’autres salariés de la même entreprise ou des travailleurs
étrangers à celle-ci. Néanmoins, toute grève menée contre la politique du gouvernement n’est
pas nécessairement une grève politique. La politique économique et sociale de l’état a des
incidences directes sur le terrain professionnel, sur les conditions de salaire et d’emploi. Aussi
bien, de nombreuses grèves reposent-elles à la fois sur des mobiles politiques et des mobiles
professionnels ; elles sont dites dans ce cas des grèves mixtes.
62
Cass Soc 3-10-63, 21-6-67, 17-12-87, 29-5-79, 9-6-82
97
Rappelons que le conflit collectif est celui qui oppose un groupe de travailleurs (qu’il
s’agisse d’une organisation syndicale ou de toute autre collectivité) à un ou plusieurs
employeurs ou à un groupe d’employeurs (qu’il s’agisse d’une organisation patronale ou de
toute autre collectivité). On convient généralement d’exclure du concept de conflit collectif, les
conflits qui opposeraient une organisation syndicale à une autre ou qui opposeraient entre elles
des organisations patronales.
En effet, le conflit collectif a le plus souvent pour objet les conditions de travail au sens
large. Mais il peut aussi concerner la défense de tout autre intérêt collectif que le groupe de
travailleur estime devoir assumer. Le conflit peut résulter d’un différend individuel et acquérir
ainsi une dimension collective (par ex. un licenciement individuel dont les travailleurs auraient
le sentiment qu’il a été décidé en raison des opinions ou de l’activité syndicale de l’intéressé). Il
se peut encore que le conflit résulte de certaines mesures décidées ou envisagées par les
pouvoirs publics (législation sociale au sens large, fiscalité, etc.).
Du point de vue de leur objet, l’on distingue traditionnellement les conflits de droit et les
conflits d’intérêts. Les premiers porteraient sur l’application ou l’interprétation d’une règle de
droit existante (loi, convention collective) et trouveraient normalement leur solution dans
l’intervention du juge. Les seconds viseraient à modifier la règle de droit ou à obtenir de
nouveaux droits (par ex. revendications portant sur le montant des rémunérations, la réduction
de la durée du travail, le maintien de l’emploi, etc.) ; leur solution n’est pas de la compétence du
juge et ne pourrait être trouvée que par les parties au conflit, par la voie de la négociation et de
la conciliation.
Est illicite, la grève déclenchée sans recours préalable et effectif aux procédures
conventionnelle et légale précitées. En effet, les travailleurs désireux de déclencher la grève
doivent d’abord soumettre le conflit à la négociation préalable avec l’employeur, à défaut
d’accord, à un arbitre. Si le litige persiste, ils doivent saisir l’inspecteur du travail pour tenter
une conciliation sous ses auspices. A défaut de conciliation, l’inspecteur saisira le gouverneur
de province ou le ministre du travail en vue de la constitution de la commission de médiation
appelée à régler le litige ou à formuler des recommandations aux parties en litige.
63
98
En tout état de cause, la grève sera illicite, partant irrégulière, si la procédure
conventionnelle et légale n’avait pas été suivie à la lettre. En effet, l’observation de cette
condition ne donne droit au déclenchement de la grève, précise l’article 315 susdit, que lorsque
la procédure a été régulièrement épuisée. Il en résulte que la moindre entorse dans le
déroulement de la procédure invalide entièrement celle-ci.
Aux termes de l’article 3 de l’arrêté ministériel n° 3/68 du 29 janvier 1968( 64) portant
« droits et obligations des employeurs et des travailleurs parties à un conflit collectif du travai »,
après l’épuisement de la procédure conventionnelle et légale, les travailleurs qui décident de
recourir à la cessation collective du travail doivent, outre le délai de 7 jours ci-haut évoqué
après la notification des recommandations par la commission de médiation, notifier à
l’employeur un préavis de six jours ouvrables à compter de la réception de la notification.
Dans les deux cas, copies de ces notifications sont transmises obligatoirement et sans
délai à l’inspecteur du travail du ressort par la partie intéressée. Celui-ci en avise
immédiatement le ministre de l’emploi, du travail et de la prévoyance sociale, le gouverneur de
province et l’autorité administrative compétente 65.
L’effectivité de la grève n’a lieu que lorsque sont prises des mesures tendant à assurer les
prestations d’intérêt public et celles intéressant la conservation des installations, du matériel et
des matières premières ou des produits. Ces prestations sont différentes suivant la nature de
l’activité de l’entreprise.
Ainsi, dans toutes les entreprises, doivent entreprises avant et pendant la grève, des menus
conservatoires pour éviter la dégradation du matériel, des installations ou la perte des produits
ou matières.
64
M.C. n°5 du 1er mars 1968.
65
Arrêté ministériel n° 12/CAB-MIN/ETPS/039/08 du 8 août 2008, portant fixation des droits et obligations des
employeurs et des travailleurs, parties a un conflit collectif de travail, article 3. Voir aussi dans le même sens, la
note circulaire n° 12/C1B.MIN/ETPS/05/09 du 14 août 2009, relative aux instructions procédurales àl’usage du
droit de grève en RDC aux organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs, entreprises et
établissements de toute nature.
99
dans les 48 heures à dater du jour où ils y auront été invités par un avis affiché à l’entrée de
l’établissement où ils étaient occupés au moment de la cessation du travail.
Nous distinguerons les effets de la grève vis-à-vis des grévistes et à l’égard des non-
grévistes.
La grève ne rompt pas le contrat sauf faute lourde du salarié. Son exercice ne saurait
donner lieu à des mesures disciplinaires en matière de rémunération et d’avantages sociaux. A
titre de rappel, la grève suspend le contrat de travail lorsqu’elle est régulièrement déclenchée
(article 57 – 6 du code du travail).
La grève d’une partie du personnel d’une entreprise n’a pas d’effet sur les contrats de
travail liant l’employeur et les salariés de l’entreprise qui ont manifesté leur intention de ne pas
participer à la grève mais se sont trouvés dans l’impossibilité de travailler, soit du fait de piquets
de grève, soit en raison de la désorganisation complète de l’établissement.
Par conséquent, l’employeur reste tenu de verser à ces salariés la rémunération convenue.
Il est toutefois dégagé de ses obligations s’il apporte la preuve de l’existence d’une force
100
majeure, c.à.d. de l’impossibilité absolue de fournir du travail aux salariés non-grévistes et des
efforts qu’il a accomplis pour continuer la production et de l’impossibilité de remettre en route
l’outil de travail. Par ailleurs, l’employeur et les non-grévistes peuvent intenter des actions en
justice contre les grévistes ou leurs syndicats, même solidairement, en réparation du préjudice
causé s’il est prouvé leur implication à la grève ou en vue d’obtenir le remboursement des
salaires versés aux non-grévistes.
En principe, le contrat de travail ne peut être résilié pour fait de grève en dehors de faute
lourde du gréviste. Mais, il est admis de licencier un travailleur en grève pour une cause
étrangère à celle-ci. Dans ce cas, il faudrait attendre la levée de la grève du fait que celle-ci étant
suspensive du contrat, ce dernier ne peut être résilié pendant qu’il est suspendu l’article 60,
alinéa 1er). Cependant, en cas de faute lourde commise par un gréviste, celui-ci peut être
licencié immédiatement sans préavis ni indemnité sous réserve du respect de la procédure du
licenciement pour faute lourde (article 72 du code du travail).
3.2. Le lock-out
- La notion de lock-out
Ainsi, sont interdits le lock-out préventif et celui intervenu avec précipitation à la seule
annonce de la grève envisagée dans le seul but de briser le mouvement en préparation, le lock -
out concomitant (fermeture de l’entreprise au seul motif de incidences de son maintien en
activité), le lock-out a posteriori (déclenché en rétorsion à titre de sanction contre l’exercice
normal du droit de grève).
66
M. RIGAUX, « le lock-out : une cause de suspension légale ou une interruption fautive de l’exécution du contrat
de travail ? », Rev. Ecrit. Jur. B ; 1986, 475 ; P. HORION, suspension du travail et salaire garanti, 1963, n°236
101
En principe, le lock-out constitue une faute contractuelle susceptible d’engager la
responsabilité de l’employeur vis-à-vis de chacun des salariés. Ainsi, sauf dans le cas où la
fermeture de l’entreprise a un caractère légitime, l’employeur doit payer les salaires
correspondant à la durée du lock-out bien qu’aucun travail n’ait été fourni. C’est l’application
de l’article 93 du code du travail qui prescrit que le salaire est néanmoins dû « lorsque le
travailleur a été mis dans l’impossibilité de travailler du fait de l’employeur, hors le cas de lock-
out déclenché conformément aux dispositions légales… ».
TROISIEME PARTIE
L’examen de cette partie chapitre portera sur les causes générales de cessation du contrat
de travail, les causes de cessation propres au contrat à durée déterminée, les causes de cessation
propres au contrat à durée indéterminée ainsi que sur les obligations des parties consécutives à
la cessation contrat de travail.
CHAPITRE I
Les contrats de travail peuvent indistinctement prendre fin par l’accord des parties, le
décès de l’une des parties, la force majeure, la résolution judiciaire, le motif grave ou la faute
lourde ou en cas d’essai non concluant. Mais, nous insisterons sur la rupture pour faute et pour
essai non concluant.
Une partie commet une faute lourde lorsque les règles de bonne foi ne permettent pas
d’exiger de l’autre qu’elle continue à exécuter le contrat ( 67).
La faute lourde doit donc, pour donner lieu à la rupture du contrat de travail, être d’une
gravité si exceptionnelle qui place la partie lésée dans l’impossibilité morale de tolérer la
poursuite des liens contractuels. La gravité de la faute lourde est laissée à l’appréciation du juge
du fond. Mais la faute lourde peut émaner de l’employeur ou du travailleur.
67
NZANGI B, guide juridique des employeurs et des travailleurs dans le processus de la rupture du contrat de
travail pour faute lourde, Imprimerie Saint Paul, Limete, Kinshasa, 1996, p.7
102
L’article 73 du code du travail énumère de manière énonciative une série d’actes
susceptibles de constituer une faute lourde dans le chef de l’employeur. L’employeur commet
une faute lourde qui permet au travailleur de rompre le contrat lorsqu’il manque gravement aux
obligations du contrat, notamment lorsque :
- l’employeur ou son préposé se rend coupable envers lui d’un acte d’improbité, de
harcèlement sexuel ou moral, d’intimidations, de voies de fait, d’injures graves ou tolère
de la part des autres travailleurs de semblables actes 68 (le harcèlement sexuel est entendu
comme le fait pour toute personne d’exercer sur autrui des agissements dans le but
d’obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers ; toute
pratique consistant à se prévaloir de son autorité pour faire pression sur une personne,
afin d’en obtenir des faveurs de nature sexuelle, pour son propre compte ou pour le
compte d’un tiers. Par pression, on entend le fait de proférer des menaces, d’intimer des
ordres ou soumettre à des contraintes. Le harcèlement moral est un ensemble
d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de
travail susceptibles de porter atteinte aux droits du travailleur ou de l’employeur ainsi
qu’à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir
professionnel, et cela dans le but d’obtenir indûment des droits ou des avantages
quelconques) 69 ;.
- l’employeur ou son préposé lui cause intentionnellement un préjudice matériel pendant
ou à l’occasion de l’exécution du contrat ;
- en cours d’exécution du contrat, la sécurité ou la santé du travailleur se trouve exposée à
des dangers graves qu’il n’a pas pu prévoir au moment de la conclusion du contrat ou
lorsque sa moralité est en péril ;
- l’employeur persiste à ne pas appliquer les dispositions légales ou réglementaires en
vigueur en matière du travail.
L’article 74 du code de travail érige en faute lourde, le fait par le travailleur de manquer
gravement à ses obligations contractuelles. Il en est également ainsi des actes d’improbité ou
immoraux et des voies de faits, des actes causant préjudice matériel à l’employeur ou
compromettant la sécurité de l’établissement, du travail ou du personnel. Les actes susceptibles
de constituer une faute lourde sont tellement nombreux que le législateur les énumère de
manière indicative à l’article 74 précité.
Dans la pratique, ces actes se présentent sous divers aspects : les violations de secret
professionnel et la participation à des actes de concurrence déloyale, les abandons de poste, les
absences et retards répétés, injustifiés ou non autorisés, la désobéissance aux ordres de
l’employeur, les vols, les détournements et les dégradations du matériel.
Les alinéas 3 et 4 de l’article 58 de l’ancien code du travail prévoyaient que « la partie qui
se propose de résilier le contrat pour faute lourde est tenue de le faire deux jours ouvrables au
plus tard après avoir eu connaissance des faits qu’elle invoque et de notifier ce fait par écrit
dans les quinze jours qui suivent la résiliation à l’autre partie.
68
Arrêté ministériel n°12/CAB MIN/TPS/114/2005 du 26 octobre 2005 portant interdiction du harcèlement sexuel
ou moral dans l’exécution d’un contrat de travail.
69
Arrêté ministériel n°12/CAB MIN/TPS/114/2005 du 26 octobre 2005 portant interdiction du harcèlement sexuel
ou moral dans l’exécution d’un contrat de travail, article 1er.
103
Cette procédure (notification dans les deux jours), en cas par exemple de flagrance ne
prêtant à aucun doute sur la culpabilité de l’auteur de l’acte, n’était pas nécessaire (Exemple :
cas de vol établi). Avant la modification de la loi, il fallait scrupuleusement la respecter pour
éviter de se voir reprocher une rupture abusive avec toutes les conséquences que cela comporte.
Le nouveau code dans ses alinéas 3 et 4 de l’article 72, prévoit uniquement la notification
par écrit à l’autre partie dans les 15 jours ouvrables après avoir eu connaissance des faits qu’elle
invoque. L’employeur doit indiquer dans sa lettre les faits sur lesquels il fonde sa décision ;
cette lettre de justification du motif de la rupture doit suffisamment être claire pour ne pas
donner lieu à équivoque ni à interprétation confuse.
L’écrit rédigé dans les quinze jours doit être adressé par lettre recommandée à la poste ou
remis contre accusé de réception et, en cas de refus, en présence de deux témoins qui savent lire
et écrire. Cette formalité tend simplement à constituer, au profit de l’initiateur de la rupture du
contrat, la preuve du respect de la procédure.
Mais l’article 72 prévoit en son alinéa premier que « tout contrat peut être résilié
immédiatement pour faute lourde ». Y a t-il contradiction entre les dispositions de cet article ?
Aucune contradiction ne peut être relevée entre ces deux dispositions. En effet, par le
verbe pouvoir à la troisième personne du singulier, utilisé à l’alinéa premier de l’article 72, le
législateur n’oblige pas la partie qui prend l’initiative de la rupture de la prononcer
concomitamment à la prise de connaissance des faits reprochés à l’autre partie.
C’est du reste pour cette raison que le législateur accorde à la partie lésée la faculté de
mûrir les faits pendant quinze jours avant de prendre sa décision. Les quinze jours commencent
à courir à dater du jour de la connaissance des faits ou du jour où les conclusions de l’enquête
sont déposées à l’autorité habilitée à prononcer la sanction.
104
la convention collective ou le règlement d’entreprise et non le dommage qui résulterait de la
rupture elle-même ( 70).
L’octroi de ces dommages intérêts est subordonné aux conditions exigées pour que la
responsabilité civile soit établie, à savoir : la preuve de la faute lourde engageant la
responsabilité, la preuve du préjudice subi et l’existence du lien de causalité entre la faute et le
préjudice. Si c’est l’employeur qui est condamné à payer des dommages intérêts au travailleur
au titre de sanction de la faute lourde commise sur ce dernier, leur mode d’appréciation sera
celui prévu par l’article 63 du code du travail.
En revanche, le code du travail n’a pas déterminé le mode de calcul des dommages
intérêts dus par le travailleur à l’employeur lorsque celui-ci rompt le contrat pour faute du
travailleur (article 75). Dans ce cas, le juge du fond apprécie souverainement la hauteur du
préjudice subi par l’employeur sur base des éléments d’appréciation objective que fournira
l’employeur et en tenant compte des circonstances. Le juge tiendra par exemple compte du fait
que le salarié est un spécialiste dans le domaine où il est employé et qu’il sera difficile à
l’employeur de lui trouver un remplaçant ; ou le fait que l’employeur a exposé des frais pour la
formation professionnelle du salarié, etc.
Dans la pratique, il est rare que l’employeur qui rompt le contrat pour faute lourde du
travailleur engage un procès souvent coûteux contre ce dernier pour lui réclamer des dommages
intérêts, craignant se heurter à son insolvabilité ( 71).
Outre les modes généraux ci-avant exposés, la cessation du contrat de travail obéit à un
régime différent selon que le contrat est à durée déterminée ou a durée indéterminée.
L’engagement à l’essai confère à chaque partie, sauf stipulation contraire expresse, une
faculté absolue de résiliation unilatérale du contrat de travail à tout moment moyennant un
préavis de 3 jours ouvrables prenant cours le lendemain de la notification. En cas de faute
lourde ; la rupture peut intervenir immédiatement et sans préavis pendant les 3 premiers jours
de l’essai.
70
Lire également NZANGI B, op.cit, pp 81 et ss
71
Pour d’amples précisions sur la résiliation du contrat pour faute lourde lire Nzangi Batutu op.cit, pp 81 et ss et
Loko O., de la résiliation immédiate du contrat de travail pour faute lourde : faculté ou obligation de la partie
lésée, in revue critique de droit du travail et de la sécurité sociale, n°001/97
105
prétendre aux dommages-intérêts que s’il arrive à apporter la preuve formelle que son
employeur a agi avec malveillance à son égard ou avec légèreté ; ce qui revient à dire que le
salarié doit prouver que la rupture a été faite dans l’intention de nuire et que sa qualification
professionnelle n’était pas en cause.
CHAPITRE II
Le contrat de travail à durée déterminée cesse de plein droit à l’échéance du terme. Cette
règle s’applique non seulement aux contrats à terme précis mais aussi aux contrats dont
l’échéance n’est pas datée dès le départ. L’employeur qui désire ne pas poursuivre les relations
contractuelles n’est pas tenu d’observer un préavis (le délai de prévenance). Cependant, il est
toujours conseillé de faire connaître au salarié, dans les meilleurs délais, son intention de
poursuivre ou de mettre fin à la relation contractuelle. En effet, l’article 69 du code du travail
dispose que le contrat à durée déterminée prend fin à l’expiration du terme fixé par les parties.
La clause insérée dans un tel contrat prévoyant d’y mettre fin par préavis est nulle de plein
droit.
Contrairement au droit français, l’indemnité de fin de contrat n’est pas prévue en droit
congolais à la cessation d’un contrat à durée déterminée.
Le code du travail prévoit dans les articles 70 et 72, la possibilité de mettre fin au contrat
de travail avant le terme convenu à la suite d’une faute quelle que son ampleur (lourde ou
légère). La doctrine soutient également que le contrat de travail à durée déterminée peut prendre
fin pour motif d’inexécution par une partie de ses obligations contractuelles.
Une faute, même légère, peut, lorsqu’elle a eu pour effet d’entamer la confiance de la
partie lésée vis à vis de l’auteur de la faute, entraîner la résiliation du contrat de travail à durée
déterminée.
106
Dans ce cas, l’article 70 dispose que le travailleur lésé a droit aux dommages intérêts.
Cependant, le code précise que lorsque la rupture irrégulière est le fait de l’employeur, les
dommages-intérêts correspondent aux salaires et avantages de toute nature dont le salarié aurait
bénéficié pendant la période restant à courir jusqu’au terme de son contrat. Il faut préciser que
l’employeur ne paie ses dommages-intérêts que lorsque la résiliation est irrégulière et que les
dommages-intérêts à payer par le travailleur à l’employeur ne sont pas fixés par le code,
encore moins les modalités de calcul.
L’article 82 du code civil, qui prévoit l’existence implicite de la condition résolutoire dans
les contrats synallagmatiques, s’applique également au contrat de travail à durée déterminée. En
vertu de ce texte, la partie préjudiciée par l’inexécution du contrat par l’autre partie a la liberté
d’y mettre fin par décision unilatérale même sans autorisation du juge, et ce, en raison de
l’autonomie du droit du travail par rapport au droit civil.
Ainsi, jurisprudence et doctrine ont admis la faculté pour l’une des parties de prendre
l’initiative de la rupture sous réserve d’un contrôle postérieur et non préalable comme le prévoit
l’article 82 du code civil. Mais pour allouer les dommages intérêts, les tribunaux exigent dans la
plupart de cas, une faute suffisamment grave, par exemple, une fausse déclaration à propos
d’une clause de non-concurrence, l’insubordination caractérisée ou le défaut par l’employeur de
paiement de salaire ou de délivrance de bulletin de paie.
CHAPITRE III
Avant d’examiner ces différents motifs, il importe de savoir ce qu’est au juste un motif
valable. La validité du motif évoque-t-elle un certain nombre des conditions préalables à
remplir pour que le motif soit reçu ou se rapporte-t-elle à la réalité, au fondement ou à la
justification du motif allégué ?
Contrairement au droit français qui précise les caractères que doit revêtir le motif du
licenciement, en droit congolais, le licenciement d’un travailleur obéit à la condition générale
107
liée à la légitimité du motif invoqué. Pour être légitime, le motif du licenciement doit être réel
et sérieux, c’est à dire d’une certaine gravité rendant impossible la continuation du travail. Il
demeure cependant que la cause réelle et sérieuse ne repose nécessairement pas sur une faute
grave et l’existence d’un péril ou d’un préjudice causé à l’employeur. Nous pensons que dans
notre droit, le motif valable est celui qui repose sur de bases rationnelles, suffisamment établies
et susceptibles de vérification ou de preuve contraire. L’établissement de la validité d’un motif
relève ainsi de l’appréciation du juge sur base des faits et des circonstances de commission de
l’acte invoqué comme motif de licenciement. Voyons maintenant les différents motifs valables
pouvant donner lieu au licenciement d’un travailleur.
La conduite du travailleur, c’est sa manière de se comporter qui se traduit par des actes et
des agissements. Il s’agit d’actes positifs ou par omission que le travailleur pose au sein de
l’entreprise, dans les rapports avec ses supérieurs et ses collègues. Mais, sauf si les actes de la
vie privée ont un impact sur le travail ou sur la réputation de l’entreprise, aucun travailleur ne
peut faire l’objet de licenciement pour des actes de la vie privée.
Ces actes positifs et/ou négatifs (abstentions volontaires) doivent constituer des
manquements au devoir, à la morale, au contrat, à la loi et d’une manière générale, doivent
constituer des fautes de conduite pour être retenus comme motif de licenciement. Les fautes de
conduite susceptibles de donner lieu au licenciement peuvent figurer dans le règlement
d’entreprise ou dans la convention collective. Une faute peut être grave ou lourde, comme elle
peut être légère ; dans ce dernier cas, il s’agit généralement d’erreurs et négligences
professionnelles ou des manquements à la discipline dont les conséquences sont mineures pour
l’entreprise.
En revanche, ne constituent pas une faute, le fait pour un travailleur de forcer son
employeur par la voie judiciaire à régulariser sa situation salariale, la négligence et
l’irresponsabilité de l’agent non prouvées objectivement.
Lorsque l’employeur invoque une faute qu’il n’estime pas grave ou lourde, la seule
obligation qui lui incombe, c’est celle d’articuler les faits de manière précise. Il lui faut donc
alléguer des faits précis sur lesquels il fonde sa décision. Il appartient au juge, au vu des
éléments fournis par les parties et, éventuellement des mesures ordonnées, d’apprécier la réalité,
72
Luwenyema L., précis de droit du travail zaïrois, mis à jour au 15 mai 1989, éd.Lule, Kinshasa, 1989, pp 414 et
ss
73
Mukadi B., Litiges individuels du travail, chroniques de jurisprudence (1980-1995), collection « informations
juridiques », Kinshasa, 1997, pp 59 et ss
108
l’exactitude et l’importance du motif énoncé. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une faute grave ou
lourde, privative de préavis et d’indemnité, la charge de la preuve de la gravité des faits
invoqués incombe à l’employeur qui est débiteur de ces indemnités (de préavis et de
licenciement) et qui prétend en être libéré.
En effet, la cour de cassation a longtemps admis que le licenciement d’un salarié était
justifié lorsque la confiance mutuelle entre lui et son employeur avait cessé d’exister et cela
même si ses compétences techniques et son aptitude professionnelle étaient reconnues. Pour
retenir un tel motif, la jurisprudence tenait compte notamment des fonctions exercées par le
salarié : fonctions d’encadrement, de surveillance et de sécurité. La cour a même estimé qu’un
employeur pouvait perdre confiance en un salarié, dont un proche exerçait des fonctions chez
un concurrent, lorsqu’il y a pour l’entreprise un risque réel de diffusion d’informations
confidentielles. Et notamment si l’emploi occupé par le salarié lui donne accès à ce type
d’information.
La perte de confiance peut reposer même sur des faits étrangers à l’entreprise. Ainsi, la
cour a retenu une condamnation pénale pour des faits étrangers au contrat. Dans le même ordre
d’idées, bien que la juridiction pénale ait relaxé un salarié par non-lieu, acquittement ou
classement sans suite, des poursuites engagées contre lui, l’intéressé pouvait être licencié : les
soupçons qui avaient pesé sur lui ayant entraîné la perte de confiance de son employeur.
Cette position de la cour de cassation est fondée sur le principe de l’indépendance des
actions pénales et disciplinaire. L’employeur n’est pas en effet tenu par l’issue des poursuites
pénales engagées contre le travailleur.
74
Cass. Soc. 30 mars 82 ; 12 mars 87 ; 29 novembre 90 ; 9 janvier 91
109
L’inaptitude physique d’un travailleur peut être imputable à divers événements : maladie,
âge (…). Dans le premier cas, après la période de suspension prévue à l’article 60 du code du
travail, l’employeur est fondé à licencier le travailleur qui n’a pas recouvré ses capacités
initiales de poste compatibles avec son état physique. L’âge, en lui-même ne constitue pas un
cas d’inaptitude tant qu’il n’a pas pour effet de réduire la capacité de travail de l’agent et, bien
entendu, lorsqu’il coïncide avec le départ en retraite.
Au fait, si l’inaptitude à remplir ses fonctions constitue en général une cause de renvoi ; la
simple inaptitude ne suffit pas. Il faut que le travailleur ait fait montre d’une incapacité totale ou
d’une grave incurie habituelle et persistante dans l’exercice des fonctions pour lesquelles il a été
engagé ; lorsqu’il n’a jamais été reproché au travailleur une inaptitude à remplir ses fonctions
dans le passé et que l’employeur lui a même accordé une gratification pour récompenser ses
efforts fournis au cours d’une année, le cas isolé d’inaptitude dont il aurait fait preuve par la
suite ne peut justifier son licenciement ( 75).
Mais, ne constitue pas un cas d’inaptitude professionnelle, le fait qu’un salarié ait été
embauché sans période d’essai sauf si l’inaptitude était connue lors de la confirmation de
l’embauche et que celle-ci avait été faite en connaissance de cause ; l’absence des diplômes
requis pour occuper un emploi peut justifier un licenciement. Il en est ainsi, notamment en cas
de mensonge du salarié lors de l’embauche sur les titres qu’il possède. Sur ce point, nous
partageons l’avis de ceux qui pensent qu’en pareille circonstance, l’employeur devrait, plutôt
que de licencier le travailleur, solliciter l’annulation judiciaire du contrat pour vice de
consentement résultant de l’astuce dont le travailleur a fait usage au moment de la conclusion
du contrat.
75
Mukadi B., op.cit, pp 57 et ss
110
- Le licenciement individuel fondé sur des nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de
l’établissement ou du service ou sur des raisons économiques
Toute résiliation de contrat doit être notifiée par écrit par la partie qui en prend l’initiative
à l’autre. Lorsque la résiliation intervient à l’initiative de l’employeur, la lettre de notification
doit en indiquer expressément le motif (article 76, code du travail).
Il résulte de cette disposition que la notification est une formalité requise à la réalisation
de tout contrat (à durée déterminée ou à durée indéterminée, ou assortie d’un essai) et que, peu
importe le motif : personnel ou économique, la notification doit être faite par écrit, c’est à dire
par une lettre adressée par l’auteur de la résiliation à l’autre patrie. L’absence de notification
n’est pas à elle seule préjudiciable et ne peut donner lieu, selon une certaine doctrine, aux
dommages intérêts dès lors que la partie qui l’invoque n’apporte pas la preuve du préjudice
subi. Il en résulte qu’un licenciement verbal reste tel même en l’absence de notification.
Cependant, lorsque la résiliation est l’œuvre de l’employeur, celui-ci doit en indiquer
expressément les motifs dans sa notification, contrairement à celle décidée par le travailleur qui
n’est pas tenu de faire connaître les motifs de sa décision.
Cette formalité est destinée à parer aux velléités des employeurs souvent enclins à
modifier les motifs de leur décision en cours de procès. La lettre de notification revêt ainsi aux
yeux du législateur une telle valeur qu’il est interdit aux parties d’en modifier la teneur en cours
76
Arrêté ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/116/2005 du 26 octobre 2005 fixant les modalités de licenciement des
travailleurs
111
de procès et au juge de fonder sa décision sur des motifs supposés ou non repris expressément
dans la lettre de notification du licenciement. Le principe du dispositif applicable aux exploits
de justice est également de mise dans la notification des motifs du licenciement. Par ailleurs, les
motifs de licenciement doivent être précis, réels et concordants. Ainsi, ne sont pas reçus des
motifs vagues et imprécis qui équivalent, du reste, à l’absence des motifs. Il s’agit par exemple
de la négligence grave, du non-respect des instructions, de l’insubordination, de la détention du
doublé de clés ayant facilité l’accès à un dépôt, sans preuves suffisantes.
Si l’imprécision de motif équivaut à l’absence de motif, cette absence de motif est, elle
même, constitutive de faute lourde dans le chef de l’employeur. Ainsi, l’employeur qui licencie
un travailleur sans indiquer le motif de licenciement dans la notification de sa décision commet
une faute lourde et le licenciement lui est imputable avec toutes les conséquences que cela
comporte, notamment la condamnation aux dommages intérêts à la demande du travailleur.
La durée du préavis est librement déterminée par les parties par contrat ou par convention
collective. A défaut de telles stipulations, la loi prévoit une durée minimum qui varie en
fonction de la qualification et de l’ancienneté du travailleur. Ce minimum est d’application
lorsque l’initiative de la rupture du contrat émane de l’employeur. Si en revanche le travailleur
démissionne, la durée du préavis à donner à l’employeur est de la moitié de celui que lui aurait
donné ce dernier.
L’article 64 du nouveau code du travail maintient le délai de 14 jours, mais porte à 7 jours
ouvrables, le délai d’augmentation pour ancienneté, pour les manœuvres jusqu’aux travailleurs
hautement qualifiés. Pour les travailleurs occupant des emplois d’agents de maîtrise, l’arrêté
ministériel n° 12/CAB.MIN/TPS/117/2005 du 26 octobre 2005 fixant la durée et les conditions
du préavis fixe la durée minimum de préavis à un mois. Ce délai est augmenté de neuf jours
ouvrables par année entière des services continus, comptée de date à date. Pour les travailleurs
occupant les emplois de cadre de collaboration et de cadre de direction, la durée minimum de
préavis est fixée à trois mois. Ce délai est augmenté de seize jours ouvrables par année entière
ses services continus, comptée de date à date.
Aux termes de l’article 68 du code du travail, sauf cas prévus à l’article 60 du code, le
préavis ne peut être notifié pendant la période de congé ni pendant la suspension du contrat. Il
s’agit de la suspension du contrat pour des cas énumérés à l’article 57. Il en est ainsi notamment
de la suspension du contrat pour mise à pied disciplinaire, réquisition militaire ou civile,
enrôlement dans les forces armées congolaises ou d’un Etat allié, grève, lock -out ou cas de
force majeure. Le délai du préavis ne peut être suspendu ni interrompu quelle que soit la raison :
maladie du travailleur, accident, grève.
112
Pendant toute la durée du préavis, le contrat subsiste dans son contenu primitif et les
parties demeurent tenues au respect de toutes les obligations réciproques qui leur incombent : le
travailleur doit poursuivre l’exécution du contrat ; tandis que l’employeur est, lui, tenu de
donner le travail aux conditions convenues, à défaut le contrat peut être résilié sans qu’il soit
nécessaire d’accorder un nouveau délai de préavis à la partie fautive.
Entre temps, le travailleur bénéficie d’un jour de liberté par semaine, pris à son choix,
globalement ou par demi-journée et payé à plein salaire en vue de lui permettre de chercher un
nouvel emploi. S’il trouve un emploi pendant le préavis, le travailleur peut quitter l’employeur
dans un délai moindre, fixée d’un commun accord, sans qu’il puisse excéder sept jours à dater
du jour où il trouve l’emploi. Il perd naturellement le droit à la rémunération et aux allocations
familiales pour la période restante à courir.
Par ailleurs, il est possible que le travailleur soit dispensé de l’exécution du préavis, soit à
sa demande soit à l’initiative de l’employeur. Aucun problème ne se pose lorsque le travailleur
se dispense de l’exécution du préavis car il perd en conséquence le droit à l’indemnité de
préavis et aux autres avantages qu’il aurait normalement perçus s’il avait exécuté le préavis. Il
n’en va pas ainsi lorsque l’initiative de la dispense du préavis émane de l’employeur. En effet,
l’employeur qui tient au départ immédiat du travailleur est tenu de lui verser tous les salaires et
avantages qu’il aurait perçus s’il avait exécuté tout le préavis. Ainsi, en sus des salaires que le
travailleur percevra intégralement pour la durée du préavis dont il est dispensé, le principe
implique que la durée du préavis soit prise en compte au titre de l’ancienneté pour le calcul des
indemnités de licenciement et de congés payés et pour le calcul de diverses primes annuelles
versées en fonction du temps passé dans l’entreprise.
La formalité du remplacement
- Procédure en cas de licenciement individuel pour motif lié aux nécessités de fonctionnement
de l’entreprise, de l’établissement ou du service ou aux raisons économiques
113
En vertu de l’arrêté ministériel précité, lorsque les nécessités de fonctionnement de
l’entreprise, de l’établissement ou du service ou les raisons économiques entraînent une
réduction du personnel dont le total est inférieur aux normes énumérées en son article 1 er,
l’employeur, la délégation syndicale entendue et assistée des représentants des organisations
professionnelles respectives, est tenu d’adresser une demande d’autorisation de licenciement à
l’inspecteur du travail du ressort. Celui-ci mène son enquête et notifie sa décision dans les 60
jours calendrier à dater de la réception de la demande. A défaut, il est censé l’approuver.
Mais quelle serait fondamentalement la différence entre les deux motifs de résiliation du
contrat de travail ?
Il est importe de relever que le code du travail n’établit pas une nette démarcation entre
les raisons économiques et les nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement
ou du service. Certes, les articles 78 du code du travail et 7 de l’arrêté ministériel n°
12/CAB.MIN/TPS/116/2005, fixant les modalités de licenciement des travailleurs (J.O.RDC, 5
décembre 2005, n° 23, col. 58), tentent de fournir une certaine explication sur la notion des
114
raisons économiques, lorsqu’ils disposent que « lorsque pour des raisons économiques telles
que notamment la diminution de l’activité de l’établissement et sa réorganisation intérieure (…).
Par la définition énumérative des « raisons économiques », l’on serait tenté de considérer
que les celles-ci existent dès qu’un établissement est en proie à une situation qui entraîne la
diminution de son activité ou qui impose sa réorganisation interne. Mais, la différence entre les
deux concepts tiendrait-elle théoriquement du seul fait que les nécessités économiques visent
l’entreprise; tandis que les « raisons économiques visent un établissement de l’entreprise ?
Pourtant, les raisons économiques semblent intimement liées aux nécessités de fonctionnement
de l’entreprise. Si tel n’était pas, pourquoi s’imposerait-il la nécessité de réorganiser ou de
dégraisser le personnel pour des raisons économiques?
Le licenciement collectif d’une partie des salariés peut apparaître comme une condition de
survie de l’entreprise, mais il peut placer les travailleurs dans une situation difficile qu’il a fallu
réglementer. Ainsi, le législateur détermine le nombre minimum des travailleurs au-delà duquel
le licenciement peut ou non être qualifié de collectif par rapport à l’effectif total du personnel
dans l’entreprise. Tel que défini, le motif économique est différent des nécessités de
fonctionnement de l’entreprise, de l’entreprise, de l’établissement ou du service.
En principe, les licenciements massifs sont interdits sauf dérogations éventuelles qui
doivent être déterminées par le Ministre du travail et de la prévoyance sociale (Article 78 alinéa
1er), étant entendu que ne sont pas concernés comme massifs, les licenciements effectués à titre
individuel lorsque la mesure est justifiée par un motif valable lié à l’aptitude ou à la conduite du
travailleur. Toutefois, dans ce cas, les travailleurs licenciés doivent être immédiatement
remplacés de telle sorte que le total des effectifs ne subisse pas de réduction.
Ne sont pas non plus visés par le régime du licenciement massif, les licenciements des
travailleurs occupés dans un établissement dont la fermeture résulte d’un cas de force majeure
dans les conditions déterminées l’article 60 du code du travail Ne sont pas non plus concernés,
115
les contrats de travail à durée déterminée au sens de l’article 40 du code du travail qui arrivent à
expiration.
Le ministre prend sa décision dans les 45 jours calendrier après en avoir informé les
ministres ayant dans leurs attributions, les relations économiques avec l’entreprise,
l’établissement ou le service concerné. A défaut, il est sensé approuver la décision.
Les documents ci- après devront être joints à la demande d’autorisation : le bilan, le
barème salarial en cours ; le procès verbal de négociation avec la délégation syndicale assistée
des permanents syndicaux et à défaut avec les représentants légitimes des travailleurs ainsi que
leur accord explicite au regard de la situation de l’entreprise ou de l’établissement ; la liste
nominale de personnes visées en tenant compte des droits conférés par l’ancienneté ; les postes
de travail à supprimer ; les preuves de l’échec de toute tentative de relance de l’entreprise telle
que l’accès au crédit, l’élargissement du partenariat, le replacement et le recours aux institutions
publiques.
Le ministre du travail doit prendre sa décision dans les 45 jours calendrier après avoir
informé les ministres ayant dans leurs attributions les relations économiques avec l’entreprise,
l’établissement ou le service concerné. A défaut, il est censé approuver la demande (article 4
AM).
116
du ministre car celle-ci ne peut conforter la violation d’une formalité substantielle qu’est
l’autorisation préalable.
Il est du reste important de renforcer les peines prévues à l’article 321 du code du travail à
l’encontre des employeurs qui ne se conforment pas scrupuleusement aux prescrits de l’article 4
de l’arrêté départemental sus évoqué subordonnant tout licenciement massif à l’autorisation
préalable par le ministre du travail.
L’employeur autorisé à licencier pour motif économique doit respecter l’ordre des
licenciements établi, en tenant compte de la qualification professionnelle, de l’ancienneté dans
l’établissement et des charges de famille du travailleur concerné par la mesure du licenciement.
Les travailleurs présentant les moindres aptitudes ou qualifications professionnelles pour les
emplois maintenus seront licenciés en premier lieu et, en cas d’égalité d’aptitudes
professionnelles, les travailleurs les moins anciens, l’ancienneté étant majorée d’un an pour le
travailleur marié et d’un an pour chaque enfant à charge au terme de l’article 7 du code de
travail77.
Ainsi, deux personnes engagées le même jour dont l’une est mariée avec deux enfants et
l’autre célibataire, verront, après deux ans de services, leur ancienneté portée respectivement à 5
ans pour la première et à deux ans pour la seconde. En cas de licenciement, la seconde sera
frappée parce que n’ayant pas assez de charges familiales.
Le travailleur licencié pour des raisons économiques bénéficie d’une priorité d’embauche
dans la même catégorie d’emploi pendant un an. L’employeur qui revient à meilleure situation
et qui désire engager du personnel, doit recourir en premier lieu aux travailleurs licenciés pour
des raisons économiques. Dépassé un an, ces travailleurs conservent le même droit pendant une
seconde année ; mais leur réintégration pourrait être soumise à un essai professionnel ou à un
stage probatoire dont la durée ne pourra dépasser celle de la période d’essai conventionnel ou
légal et à la production d’un certificat médical en cours de validité.
77
Il s’agit des enfants tels que définis par le code de la famille, des enfants que le travailleur a adoptés ; des enfants
dont le travailleur a la tutelle ou la paternité juridique ; des enfants pour lesquels il est débiteur d’aliments
conformément aux dispositions du code de la famille. Un enfant entre en ligne de compte s’il est célibataire et
jusqu’à majorité en règle générale, jusqu’à l’âge de 25 ans révolus, s’il étudie dans un établissement de plein
exercice et sans limite d’âge, lorsqu’il est incapable d’exercer une activité lucrative en raison de son état
physique ou mental et que le travailleur l’entretient. N’entre pas en ligne de compte, l’enfant mineur engagé
dans le lien d’un contrat de travail ou d’apprentissage qui lui donne droit à une rémunération normale.
117
Face au mutisme du code, il y a lieu de considérer que le licenciement abusif est celui
effectué sans motif valable lié, comme le prescrit l’article 62 du code, à l’aptitude, à la conduite
du travailleur ou aux nécessités de fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du
service. Il en va ainsi de tout licenciement reposant sur les opinions du travailleur, sa
nationalité, son sexe ou sa race ou son appartenance à un groupe ethnique. En l’absence d’une
définition légale, ce qui est primordial, pour conclure ou non au caractère abusif d’un
licenciement, c’est que celui-ci ne puisse être rattaché à un des motifs énumérés par l’article 62.
Le licenciement sans motif valable est un licenciement dont le motif invoqué n’est pas
suffisamment établi. Tel est le cas d’un agent licencié pour vol alors qu’au moment de la
disparition de l’objet, il était en mission de service à l’étranger.
118
Ainsi l’article 57 du code du travail burundais dispose que : « en cas de contestation, la
preuve de l’existence d’un motif légitime de licenciement incombe à l’employeur ». Autrement
dit, le travailleur qui conteste son licenciement n’a pas à prouver qu’il est revêtu d’un caractère
abusif. Il lui suffit de déclarer que tel est le cas, sans autre explication, et à partir de cette simple
allégation, la juridiction du travail est tenue d’inviter l’employeur à établir le motif légitime du
licenciement. Voyons à présent, les conséquences qui en découlent en cas d’absence de preuve.
- La réintégration
La résiliation sans motif valable du contrat à durée indéterminée donne droit pour le
travailleur à une réintégration (article 63). De ce texte, il se dégage que l’employeur auteur d’un
licenciement déclaré abusif par le tribunal du travail doit, en principe, réintégrer le travailleur. A
défaut de celle-ci, il est condamné aux dommages intérêts (et/ou à l’indemnité de licenciement).
Une précision s’impose : que faut-il comprendre par à défaut. S’agit-il du refus par
l’employeur ou par le travailleur de la réintégration ? Par ailleurs, de quelle partie doit émaner
la proposition de réintégration ? De l’employeur ou du travailleur ? Ou bien du tribunal?
En droit français, la réintégration est proposée par le juge ; l’on comprend que dans ce
sens, elle peut être ou non refusée par une partie ? Si le refus de la réintégration émane de l’une
ou l’autre partie, le tribunal octroie au salarié une indemnité qui ne peut être inférieure aux
salaires de six derniers mois. Mais, si la réintégration proposée est acceptée, les salaires ne sont
pas dus pendant la période séparant le jour du licenciement de celui de la réintégration par ce
que le licenciement, même injustifié, a rompu le contrat. Mais, le salarié peut solliciter la
réparation du préjudice subi sur la base du droit commun. Dans ce cas, le montant de
l’indemnité doit être fonction du préjudice subi et par conséquent, de la perte de salaire 78.
Cependant, dans les pays qui organisent la rédintégration, celle-ci n’est pas obligatoire.
L’employeur a la latitude d’accepter ou de refuser la mesure de réintégration décidée par le
tribunal. En cas de refus, il doit au travailleur des dommages intérêts. C’est le cas en RDC.
- Les dommages-intérêts
78
BRUN (A.) et GALLAND (H.), Droit du travail : les rapports individuels, 2è édition, tome 1, Sirey, Paris, p.
886.
119
supérieurs à 36 mois de sa dernière rémunération. La réintégration constitue une innovation car
cette sanction n’était pas prévue dans l’ancien code du travail.
L’article 63 du code du travail dispose que la résiliation sans motif valable du contrat à
durée indéterminée donne droit, pour le travailleur, à des dommages intérêts fixés par le tribunal
du travail, compte tenu notamment de la nature des services engagés, de l’ancienneté du
travailleur dans l’entreprise, de son âge et des droits acquis à quelque titre que ce soit. Les
dommages intérêts prévus à l’alinéa précédent, ne se confondent ni avec l’indemnité pour
inobservation du préavis ni avec l’indemnité de licenciement éventuellement prévue dans le
contrat ou par la convention collective.
En effet, d’après la jurisprudence, les dommages intérêts ne peuvent excéder de trente six
fois le dernier salaire du travailleur ou celui de son collègue resté en activité. En dépit de sa
généralité et de l’apparence de facilité qu’il comporte, ce critère peut conduire à des situations
absurdes notamment lorsque le tribunal alloue à un travailleur trente-six mois de salaire alors
que ce dernier a trouvé un emploi deux mois après son licenciement. Cette jurisprudence est
confirmée par l’article 63 du nouveau code du travail.
- L’indemnité de licenciement
Les parties à un contrat de travail ou à une convention collective peuvent stipuler qu’en
cas de licenciement, le travailleur aura droit à une indemnité de licenciement. Cette indemnité
ne se confond pas avec les dommages intérêts pour rupture abusive ( 79). Le travailleur ne peut y
prétendre que lorsque celle-ci avait été initialement prévue dans son contrat de travail ou par la
convention collective applicable à son entreprise. Quant à son montant, il est clair qu’elle sera
fixée conformément aux stipulations contractuelles ou conventionnelles. A défaut de telles
clauses, le tribunal pourrait alors se référer aux critères légaux prévus à l’alinéa premier de
79
Mukadi B., litiges individuels du travail, op.cit, pp 77 et ss
120
l’article 63 et, éventuellement à tout autre critère qu’il jugerait approprié au cas lui soumis étant
donné le caractère énonciatif que revêt l’énumération prévue à l’article 63 susdit.
Dans les développements qui précédent, il a été dit que la partie qui prend l’initiative de la
rupture du contrat et davantage lorsque celle-ci émane de l’employeur, celui-ci doit notifier sa
décision, par écrit, à l’autre partie, en prenant soin d’en indiquer expressément les motifs.
L’employeur doit en outre donner préavis, sauf cas de faute lourde. Et dans ce dernier cas,
l’employeur est tenu de se prononcer dans les quinze jours après avoir eu connaissance des faits
et il doit faire connaître les faits sur lesquels il fonde sa décision et ce par un écrit réunis en
mains propres et, en cas de refus, en présence de deux témoins lettrés.
Dans notre pays, la question n’est pas encore clairement tranchée. Les cours et tribunaux
assimilent le licenciement irrégulier au licenciement abusif (c’est à dire sans motif valable) et
condamnent souvent l’employeur aux dommages intérêts. Tel n’est pas cependant le cas en
droit Français car l’article L 122-14-4 prévoit que le licenciement d’un salarié entaché d’une
irrégularité formelle, n’est pas nul, mais sanctionné par l’allocation d’une indemnité d’un mois
de salaire au plus (soc. 16 mars 1978, Bull Civ V p. 150). Il est donc temps que notre législateur
se penche sur la question pour proposer une sanction appropriée, soit l’accomplissement de la
formalité soit une réparation symbolique au profit du travailleur dans le but de tenir l’employeur
au strict respect de la procédure, sans qu’il soit question de déclarer le licenciement abusif.
Cependant, lorsque la partie qui a pris l’initiative de la rupture n’accorde pas le préavis ou
refuse de l’exécuter, la sanction est prévue par l’article 64 du code du travail en ces termes : « la
rupture de contrat à durée indéterminée sans préavis ou sans que le préavis ait été intégralement
observé comporte l’obligation, pour la partie responsable, de verser à l’autre partie une
indemnité dont le montant correspond à la rémunération et aux avantages de toute nature dont
aurait bénéficié le travailleur durant le délai de préavis »
121
la faillite, un cas de force majeure tel que la destruction totale de l’outil de travail à la suite des
pillages, voire la volonté unilatérale de l’entrepreneur d’arrêter ses activités. Dans tous ces cas,
il y a cessation subséquente des contrats qui liaient l’entreprise au personnel.
Le fait d’atteindre l’âge d’admission au bénéfice de la retraie n’est pas une cause de
rupture du contrat de travail. La retraite est un droit que seul le travailleur a la faculté d’exercer.
Mais, le projet du code de sécurité sociale prévoit la mise en retraite d’office, par l’employeur,
d’un travailleur âgé de 70 ans.
Le travailleur met fin au contrat de travail par la démission ou par le départ en retraite.
§1. La démission
C’est l’acte par lequel un travailleur renonce spontanément à l’exercice de ses fonctions.
Pour certaines catégories de fonctionnaires, la démission n’a d’effets que du jour de son
acceptation par l’autorité de nomination. La démission d’office est une procédure équivalant à
une révocation et prévue pour divers agents (ex. les titulaires d’une fonction publique élective)
dans le cas de certains manquements.
Dans notre pays, la démission n’est pas réglementée par le code du travail de manière
expresse. Il ressort des articles 61, 72 al 3 et 76 du code du travail que le législateur prévoit
implicitement la possibilité pour le travailleur de mettre fin au contrat de travail par sa propre
décision. En effet, « tout contrat de travail peut être résilié à l’initiative soit de l’employeur,
soit du travailleur » (article 61), que « tout contrat peut être résilié pour faute lourde et que la
partie qui en prend l’initiative est tenue de le faire dans les quinze jours (article 72 : par cette
seule disposition, l’on pourrait penser que la démission n’est autorisée qu’en cas de faute lourde
122
de l’employeur, cela n’est pas le cas parce que le même code prévoit clairement que « toute
résiliation de contrat doit être notifiée par écrit par la partie qui en prend l’initiative à l’autre
partie » (article 76).
En l’absence d’écrit, seule une manifestation de volonté sérieuse et non équivoque chez le
salarié peut justifier une rupture du contrat de travail. Il en est ainsi lorsqu’un accord de principe
intervient sur son départ. L’on peut considérer que le salarié prend l’initiative de la rupture, s’il
confirme cet accord en commençant à l’exécuter en s’absentant pour chercher un nouvel emploi
ou des stages, ou encore si l’employé quitte la ville où il exerçait ses fonctions et prend
effectivement un autre emploi.
Mais ce droit de résiliation unilatérale du contrat reconnue au travailleur doit être exercé
dans le respect de la procédure prévue par la loi. Celle-ci implique la notification de la décision
à l’employeur et l’observation d’un préavis. En effet, quoiqu’étant un droit, la démission ne
saurait être décidée au préjudice de l’employeur.
Ainsi, le travailleur qui démissionne après un stage de six mois aux frais de l’entreprise
cause à cette dernière un préjudice matériel pour les frais déboursés, sans compter la privation à
l’entreprise des résultats qu’il devait donner après la formation reçue. Une telle démission,
entachée d’un abus du droit, ne peut que donner lieu à la réparation du préjudice subi par
l’employeur.
En droit français, il est prévu qu’en cas d’embauchage d’un travailleur démissionnaire, le
nouvel employeur est solidairement responsable du dommage causé à l’employeur précédent
dans les trois cas suivants :
- quand il est démontré qu’il est intervenu dans la rupture ;
- quand il a embauché un travailleur qu’il savait déjà lié par un contrat de travail ;
- quand il a continué à occuper un travailleur après avoir appris que ce travailleur était encore
lié à un autre employeur par un contrat de travail (art L 122 – 15, code du travail, textes
codifiés et textes annexes, 41 e édition, jurisprudence générale, Dalloz, 1979.
123
rétractation, déduisant de cette volte-face le caractère incertain de la volonté du salarié de
rompre le contrat.
Ainsi, dès lors que le contrat est rompu par une démission non équivoque, la procédure de
licenciement engagé postérieurement est sans effet. A l’inverse, une lettre de démission établie
par le salarié postérieurement à son licenciement est sans effet sur celui-ci et ne saurait lui ôter
son caractère abusif. La démission d’un salarié, motivée par le comportement fautif de
l’employeur peut être requalifiée en un licenciement sans motif valable (sur cette question, lire
utilement François Lefebvre, Mémento pratique, op.cit, n°2652 et ss, pp 246 et 247).
Le bénéfice d’une pension de retraite est reconnu au travailleur qui atteint l’âge normal
d’admission à la retraite et qui a versé des cotisations régulières à la sécurité sociale.
Ce décret sera modifié par l’O.L. n°68/491 du 20/12/1968 qui dispose : « le droit à la
pension de retraite s’ouvre à l’âge de 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes en
faveur de l’assuré qui justifie d’au moins 60 mois d’assurance ou des périodes assimilées au
cours de quarante derniers trimestres civils précédents celui au cours duquel il a atteint l’âge
d’admission à la pension.
Au 1er juillet 1989, l’âge provisoire d’admission au bénéfice d’une pension de retraite
était fixé à soixante deux ans pour les hommes.
Au cas où le travailleur désirait exercer ce droit plus tard, l’employeur ne pourrait s’y
opposer que si, à la suite d’un examen médical d’aptitude au travail, le travailleur était reconnu
inapte à poursuivre la prestation de ses services. Il en découle qu’en principe, la survenance de
l’âge d’admission à la pension de retraite n’est pas une cause de résiliation du contrat de travail
à l’initiative de l’employeur. Il appartient au travailleur, titulaire de ce droit, de négocier le
124
départ en retraire avec l’employeur ou de décider unilatéralement de quitter l’entreprise. Dans
ces cas, il va de soi que le travailleur devrait observer le préavis légal pour permettre à
l’employeur de pourvoir à son remplacement.
CHAPITRE IV
L’obligation est prévue par l’article 100 du code du travail qui dispose que : « toute
somme restant due en exécution d’un contrat de travail, lors de la cessation définitive des
services effectifs, doit être payée au travailleur et le cas échéant, aux ayants droit de ce dernier,
au plus tard dans les deux jours ouvrables qui suivent la date de la cessation des services».
Le rapatriement du travailleur
L’article 147 du code du travail dispose que le voyage retour est le parcours, à l’expiration
du contrat ou d’une période des services, de la distance du lieu d’exécution du contrat au lieu de
l’acceptation de l’engagement ou de la promesse d’engagement. Ces voyages s’effectuent à la
date, aux conditions et suivant les voies, horaires et moyens fixés contractuellement sous
réserves des dispositions du présent chapitre (chapitre VII du titre VII du code du travail). Ils
sont à charge de l’employeur.
125
SECTION II. LES OBLIGATIONS DU TRAVAILLEUR
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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