Chapitre 3 Sismique

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Chapitre III : Caractéristiques des bâtiments résistant aux séismes

Principes de base de la conception parasismique :


La conception des bâtiments résistant aux séismes est un processus essentiel visant à limiter
la déformation des structures sujets à un chargement dynamique de type sismique. Ceci permet
d’assurer de garantir que les bâtiments et les infrastructures restent fonctionnels après un séisme,
limitant ainsi les perturbations économiques et sociales.
Les principes suivants concernent la conception de la structure porteuse et des éléments non
porteurs, tels que les cloisons et les éléments de façade, nécessitant une collaboration étroite entre
l'architecte et l'ingénieur civil pour garantir leur intégration harmonieuse.
1. Forme en plan, critère de régularité
Les formes extérieures simples et régulières sont recommandées pour les constructions en
zone sismique, car elles tendent à une répartition homogène des sollicitations avec moins
d’incertitudes dans le calcul, le dimensionnement, la mise en œuvre et enfin un comportement
beaucoup plus fiable à l’action sismique.
Les formes des bâtiments comportant une ou plusieurs ailes (en T, L, U, X, H, Y..) sont des
exemples de formes irrégulières et posent des problèmes particuliers, même lorsque la forme
présente deux axes de symétrie, comme le cas des dormes en H et en X. La différence de rigidité
des ailes dans les deux directions principales se traduit lors d’un séisme, par des oscillations de
torsion qui entraînent des dommages dans l’angle rentrant et aux extrémités des ailes (Fig.1, et 2).

Fig.1:Torsion d'ensemble ; les dommages affectent principalement les angles rentrants.

Fig.2:Formes non symétrique défavorable.

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Afin de remédier à cette situation, trois démarches sont possibles:


- Choisir des formes ne comportant pas d'angles rentrants en optant pour une symétrie du plan
selon deux axes ou plus (Fig.3).
- Simplifier la forme en plan (Fig.4 b) :
- Fractionner le bâtiment en volume simple par des joints parasismiques (Fig.4a). Les joints
parasismiques doivent être suffisamment larges pour que les blocs voisins soient protégés
contre l’entrechoquement au cours de leurs déplacements.

Fig.3 : Forme favorable : plans simples ayant au moins 2 axes de symétrie.

Fig.4: Diverses solutions pour remédier au problème des angles rentrants.

Pendant un séisme, le sol ne se déforme pas d'une façon uniforme d'un point à l'autre. En plus
des mouvements d'ensemble, on observe des déplacements différentiels. Sur une grande distance,
ces déplacements peuvent être notables et soumettre les ouvrages à des sollicitations
supplémentaires qui favorisent l'apparition de dommages. Il est donc souhaitable de maintenir un
rapport équilibré entre la largeur et la longueur du bâtiment ou de fractionner le bâtiment par des
joints parasismiques (Fig.5).

Fig.5: Bâtiments de grande longueur.


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Chapitre III : Caractéristiques des bâtiments résistant aux séismes

Pour qu’un bâtiment soit considéré comme « régulier » au sens de l’RPA99-version2003, la


régularité en plan doit respecter les critères suivants :
a1. Le bâtiment doit présenter une configuration sensiblement symétrique par rapport deux
directions orthogonales aussi bien pour la distribution des rigidités que pour celle des masses.
a2. La forme du bâtiment doit être compacte avec un rapport longueur/largeur du plancher
inférieur ou égal 4 (Fig.6).
La somme des dimensions des parties rentrantes ou saillantes du bâtiment dans une direction
donnée ne doit pas excéder 25% de la dimension totale du bâtiment dans cette direction (Fig.6).
a3. Les planchers doivent présenter une rigidité suffisante vis-à-vis de celle des
contreventements verticaux pour être considérés comme indéformables dans leur plan. Dans ce
cadre la surface totale des ouvertures de plancher doit rester inférieure à 15% de celle de ce dernier.
a4. À chaque niveau et pour chaque direction de calcul, la distance entre le centre de gravité
des masses et le centre des rigidités ne dépasse pas 15% de la dimension du bâtiment mesurée
perpendiculairement à la direction de l’action sismique considérée.

Fig. 6 : Limites des décrochements en plan.

2. Forme en élévation, critère de régularité


Les formes irrégulières en élévation donnent lieu à des oscillations différentielles. Les parties
de bâtiment de volume ou de hauteur distincts vont osciller selon des fréquences différentes et les
éléments qui les associent pourront être soumis à des efforts de sens contraire, qui sont souvent à
l'origine de dommages graves (Fig.7). L'inconvénient des retraits peut être réduit en optant pour
une variation progressive des dimensions ou par des joints parasismiques lorsqu'ils sont
envisageables (Fig.8).

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Fig. 7: Dommages dus à la présence de niveaux en retrait ; les dommages sont localisés
dans l'angle rentrant.

Fig.8: Diverses solutions pour remédier au problème de la présence de niveau en retrait.

D'une manière générale, pour une hauteur donnée; il est intéressant de placer le centre de
gravité du bâtiment le plus bas possible. Une position haute du centre de gravité donne lieu à des
contraintes élevées dans la structure en raison d'un moment de renversement important.
L'abaissement du centre de gravité pourra être obtenu par la forme architecturale du bâtiment, en
élargissant sa base, par un choix judicieux de la structure et en situant dans les étages inférieurs
les charges d'exploitation les plus importantes (Fig.9).

Fig.9: Solutions favorables et solutions à éviter en zone sismique.


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En élévation, les éléments de contreventement des différents étages, comme les voiles, les
portiques ou les noyaux centraux, doivent être superposés afin de former des consoles verticales
ancrées dans les fondations (Fig.10). Il s'agit de la meilleure solution, qui permet de superposer les
centres de rigidité de tous les niveaux. Dans tous les cas, le contreventement devrait conférer aux
différents niveaux une rigidité comparable. Par conséquent, sauf cas particulier, ni le nombre ni la
nature des éléments de contreventent ne devraient varier sensiblement d'un niveau à l'autre.

Fig.10: Disposition en élévation des structures régulières et irrégulières.


L’effondrement d’un bâtiment soumis à un séisme est souvent imputable au fait que si les
étages supérieurs sont bien contreventés (voile en béton armé ou autres), le rez-de-chaussée ne
comprend que des poteaux porteurs en raison de l’usage : commerces, parkings, restaurant et
réception dans les hôtels. Les déplacements imposés par les tremblements de terre sont concentrés
dans le niveau transparent, car il est plus flexible. Des rotules plastiques peuvent se former aux
extrémités des poteaux avec de grandes déformations latérales qui s'avèrent souvent "fatale" lors
des séismes d'une certaine importance (Fig.11). La solution consiste à conférer à ces niveaux
ouverts une rigidité comparable à celle des autres niveaux.

Fig.11: Niveaux transparents ; a) étage en voile de béton armé ; b) étage en portique


remplissage en maçonnerie ; c) formation des rotules plastiques.
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Lorsque certains niveaux d'un bâtiment ont une hauteur d'étage plus grande que les niveaux
courants, ils sont exposés au même phénomène que les transparences, car leur rigidité est plus
faible; les déformations imposées par les tremblements de terre se produisent essentiellement dans
ces niveaux. Il est donc souhaitable de rigidifier les niveaux de hauteur plus importante pour que
la construction ait une rigidité régulière sur toute sa hauteur.
Les planchers portés par une ossature en poteaux et poutres et situés à des hauteurs différentes
brident les poteaux communs (Fig.12). La capacité de ces poteaux à tolérer les déformations
imposées est faible. Ils peuvent périr par cisaillement (effet de poteau court). Les inconvénients
liés aux niveaux décalés peuvent être limités en intégrant les poteaux dans des voiles, en optant
pour un système porteur à voile perpendiculaire à la pente, ou encore en dissociant les deux
structures par un joint parasismique.

Fig.12: Structure exposée à l'effet "poteau-court" dans les bâtiments à niveaux décalés et
les solutions possibles de problème.

Pour qu’un bâtiment soit considéré comme « régulier » au sens de l’RPA99-version2003, la


régularité en élévation doit respecter les critères suivants :
b1. Le système de contreventement ne doit pas comporter d’élément porteur vertical
discontinu, dont la charge ne se transmette pas directement à la fondation.
b2. Aussi bien la raideur que la masse des différents niveaux restent constantes ou diminuent
progressivement et sans chargement brusque de la base au sommet du bâtiment.
b3. Le rapport masse sur rigidité de deux niveaux successifs ne doit pas varier de plus de
25% dans chaque direction de calcul.
b4. Dans le cas de décrochements en élévation, la variation des dimensions en plan du
bâtiment entre deux niveaux successifs ne dépasse pas 20% dans les deux directions de calcul et
ne s’effectue que dans le sens d’une diminution avec la hauteur. La plus grande dimension latérale
du bâtiment n’excède pas 1,5 fois sa plus petite dimension.

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Fig. 13 : Limites des décrochements en élévation.


3. Résistance et rigidité dans les deux directions (effet de la torsion)
Pour assurer une meilleure distribution des sollicitations dans la structure, la symétrie des
formes en plan et en élévation devra associer à une symétrie de la structure, de façon à faire
coïncider le centre de gravité du bâtiment avec le centre de masse.
Lorsque, dans au moins une direction ; la rigidité latérale d'un niveau n'est pas répartie
symétriquement, les secousses horizontales soumettent ce niveau à une torsion d'axe vertical.
D'une manière générale, les parties de bâtiment moins rigides vrillent autour des parties rigides.
La dissymétrie de la rigidité peut être à la forme du niveau ou l'emplacement asymétrique des
éléments assurant le contreventement, même lorsque le plan est symétrique dans les deux
directions (Fig.14).

Fig.14 : Torsion d'un niveau induite par : a) l'asymétrie de la forme du plan et b)


distribution des murs assurant le contreventement.
Afin de constituer un système de contreventement efficace, ils devraient être :
-disposer symétriquement par rapport au centre de gravité du niveau (Fig.15);
-Le plus large possible, courant éventuellement sur plusieurs travées. Les éléments étroits sont
soumis à des efforts élevés, donnant lieu à des déformations importantes (Fig.16);
-Disposer en façade ou près des façades pour conférer un grand bras de levier au couple résistant
à la torsion (Fig.17). La solution la plus efficace consiste à utiliser la totalité de façade pour le
contreventement. Si le contreventement ne put occuper qu'une partie des façades, il est préférable
de rigidifier les angles, car ils sont très sollicités par les charges horizontales;
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Fig.15 : Prévention de la torsion par une localisation judicieuse des éléments assurant le
contreventement.

Fig.16 : Largeur des d'éléments verticaux de contreventement.

Fig.18 : Largeur des d'éléments verticaux de contreventement.

-Constitués éventuellement par un grand noyau central fermé, afin de minimiser, de même que les
mesures précédentes, les sollicitations dues à la torsion (Fg.19). En effet, la résistance à la torsion
d'axe vertical des noyaux ouverts est faible. La résistance à la torsion des voiles tous concourants
(Fig.20) et est nulle. Même si le centre de torsion (CR) est situé au point de concours des voiles,
l'équilibre est instable.

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Fig.19 : Contreventement formant un noyau central.

Fig.20 : Exemple de voiles tous concourants.

-Les éléments de contreventement doivent être répartis de façon à former un système continu,
cohérent et fortement hyperstatique. La résistance de bâtiment augmente avec la redondance de
ces éléments porteurs, car en général la rupture des éléments redondants n’entraine pas
l’effondrement de l’ouvrage (structures hyperstatiques) (Fg.21). En revanche, les structures non
redondantes, appelées isostatiques deviennent instables dès la rupture d’un élément porteur.
Toutefois, les structures hyperstatiques requièrent un soubassement ou des fondations très rigides,
limitant les tassements différentiels à des valeurs acceptables.

Fig.21 : Effondrement de l’autoroute urbaine de Kobé lors du séisme du 1995.

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4. Action des diaphragmes au niveau des étages


Indépendamment de sa fonction porteuse, les planchers ont un rôle essentiel dans le
comportement sismique de bâtiment qui est le fonctionnement en diaphragme. En tant que poutre
infiniment rigide et indéformable dans son plan, le diaphragme assure la transmission des charges
horizontales aux éléments de contreventement vertical (Fig.22) et le raidissage du bâtiment à la
manière d'un couvercle de boîte (Fig.23). Les diaphragmes sont nécessaires à tous les niveaux. Ils
peuvent donc être constitués par des planchers et toitures horizontaux ou inclinés.

Fig.22 : Transmission des charges sismiques Fig.23 : Effet raidisseur des diaphragmes.
horizontales par les diaphragmes sur les murs
de contreventement.

Afin de donner lieu à une distribution des charges favorable, les diaphragmes devraient être
de préférence rigides dans leur plan que le contreventement vertical. Cette rigidité relative dépend:
-De leur forme: les diaphragmes longs et étroits sont flexibles;
-Des rigidités respectives des diaphragmes et du contreventement vertical. Si la rigidité de ce
dernier est importante (mur en maçonnerie, vole en béton armé..), les portées modérées des
planchers sont préférable afin de limiter leur flexibilisé. Pour que la déformation du diaphragme
ait peu d’effet sur la distribution des charges entre les éléments verticaux de contreventement, il
faut que les déplacements horizontaux du diaphragme n’excèdent en aucun point de plus de 10 %
les déplacements horizontaux des éléments verticaux;
-De l'importance des trémies éventuelles, dont les dimensions devraient être minimisées.
L’analogie avec une poutre montre qu’il vaut mieux placer une trémie au milieu d’un diaphragme
qu’en sa périphérie.
-De l'efficacité de la solidarisation de leurs éléments constituants : les diaphragmes doivent être
efficacement ancrés dans les chainages sur toute leur périphérie, afin de permettre la transmission
des charges horizontales sur les éléments de contreventement. En plus, les éléments constitutifs
des diaphragmes doivent impérativement être solidarisés entre eux pour assurer une continuité
mécanique.
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5. Fondations adéquates
Les fondations représentent un élément important dans la conception parasismique : c’est le
lien entre le sol et la structure. Il est nécessaire de disposer au niveau des points d’appui d’un même
bloc (semelle ou têtes de pieux) un réseau bidimensionnel de longrines (situé à 1.2m au plus au-
dessus de la sous face des massifs) pour s’opposer à leur déplacement relatif dans le plan
horizontal. La solidarisation peut être aussi assurée par des semelles filantes ou un radier. Dans le
cas des bâtiments dont le contreventement est assuré par des voiles, il y a lieu de concevoir un
sous-sol caissonné. L’infrastructure rigide de type caisson doit être une structure dissipative
comprenant :
-Une dalle (ou plusieurs) en béton agissant comme diaphragme ;
-Un radier (ou des semelles filantes) au niveau des fondations ;
-Des murs périphériques et intermédiaires.

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