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La place des TICE dans l'enseignement des mathématiques

Article · March 2022

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Brahim Nachit Jamal Harraq


Ministère de l'Éducation nationale maroc Centre Régional des Métiers de l'Education et de la Formation de la Région de Cas…
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Mohamed Bahra
Centre Régional des Métiers de l'Education et de la Formation de la Région de Ra…
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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

La place des TICE dans l’enseignement des mathématiques

19 NACHIT BRAHIM, JAMAL HARRAQ,


BAHRA MOHAMED, 2ABDELWAHED NAMIR
Cellule d’Observation et de Recherche en Enseignement des Sciences et Techniques (COREST),
Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation Casablanca Settat, Maroc (ORDIPU).
Laboratoire de Technologie de l’Information et Modélisation Faculté des Sciences Ben M’Sik,
Université Hassan II de Casablanca,Maroc.
Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF)Derb Ghalef, Casablanca,Maroc
Direction Provinciale d’Anfa, Académie Régionale de l’Education
et de la Formation de la région Grand Casablanca Settat.

Résumé
Ce travail s'intéresse à l'intégration des TICE dans l'enseignement des mathématiques.
Les principaux résultats obtenus confirment que l'usage des TICE reste encore très limité
dans la pratique de la plupart des enseignants des mathématiques.
L’analyse des manuels de mathématiques nous a permis de constater que les TIC sont
rarement intégrées dans les activités.
De plus Internet est utilisé pour la recherche des ressources, mais elles ne sont pas
utilisées en classe parce qui il n’y a pas assez de temps et la plupart des ressources ne sont
pas compatibles avec le programme marocain.
Mots clés : TICE, enseignement, intégration, GENIE, mathématiques, Internet,
manuel scolaire.

Introduction
Les TICE permettent une bonne gestion de la différentiation des apprentissages, elles
encouragent les nouvelles pratiques, l’innovation et la différentiation des apprentissages.
L’objectif de ce travail est de répondre aux questions suivantes :
• quelle utilisation des TICE dans l’enseignement des mathématiques ?
• quelles sont les obstacles qui entravent l’utilisation des TICE au secondaire qualifiant?

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

• quelles est la place d’Internet dans l’enseignement des mathématiques ?


La réponse à ces questions nous aidera à identifier la place des TICE dans l’enseignement
des mathématiques.
1- Définitions des TICE
Les notions de technologies de l'information et de la communication (TIC) et de
nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) (en anglais,
Information and communication technologies, ICT) regroupent les techniques utilisées
dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l’Informatique,
de l’Internet et des Télécommunications . Par extension, elles désignent aussi le secteur
d’activité économique de technologies de l'information et de la communication.
Les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement
(TICE) recouvrent les outils et produits numériques pouvant être utilisés dans le cadre de
l'éducation et de l'enseignement (TICE = TIC + Enseignement) .
Les TICE regroupent un ensemble d’outils conçus et utilisés pour produire, traiter,
entreposer, échanger, classer, retrouver et lire des documents numériques à des fins
d'enseignement et d'apprentissage.
Cette notion de NTIC a été créée à l'initiative de nombreux ingénieurs réseaux qui suite
à l'évolution des technologies réseaux ont pensé nécessaire de distinguer ces technologies
des anciennes. Toutefois aucune délimitation n'existe entre les TIC et les NTIC et donc
on peut légitimement se demander quand est-ce qu'une NTIC devient ancienne. Cela
conduit à une tendance qui est la disparition de ce terme.
Dans les différentes littératures on constate qu'il n'y a pas un consensus sur la définition
des TIC vu leurs hétérogénéités et leurs complexités. En effet, on peut distinguer selon les
auteurs les définitions suivantes :
Herbert Simon : (prix Nobel des sciences économiques 1998). Selon cet auteur ces
technologies aident à rendre :"Toute information accessible aux hommes, sous forme
verbale ou symbolique, également sous forme lisible par ordinateur; les livres et mémoires
seront stockés dans les mémoires électroniques..." Ainsi les technologies d'information
et de communication peuvent être définies comme étant:" L'ensemble des technologies
d'informatiques et de télécommunication, elles sont les résultats d'une convergence entre
technologies. Elles permettent l'échange des informations ainsi que leurs traitements. Elles
offrent aussi de nouveaux moyens et méthodes de communication".

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Charpentier : « Les (TIC) sont un ensemble de technologies utilisées pour traiter,


modifier et échanger de l'information, plus spécifiquement des données numérisées. La
naissance de ces TIC est due notamment à la convergence de trois activités. Au sens strict,
les TIC sont composées :
• du domaine des télécommunications qui comprend lui-même les services et les
équipements ;
• du domaine de l'informatique qui comprend le matériel, les services et les logiciels ;
• du domaine de l'audiovisuel qui comprend principalement la production et les
services audiovisuels ainsi que l'électronique grand public. »
Quant à l'OCDE , sa définition est un peu plus large puisqu'elle inclut en outre le
commerce de gros d'équipements industriels. Le principe consiste à retenir l'ensemble
des secteurs d'activités économiques qui contribuent à la visualisation, au traitement, au
stockage et à la transmission de l'information par des moyens électroniques.
2 -Typologie rapide des ressources apportées par les TICE
« Pour esquisser une typologie rapide des ressources apportées par les TICE, il y a six
familles de ressources :
 logiciels généraux (texte, son, image numérique) utilisés à des fins d'enseignement
ou d'apprentissage.
 banques de données et d'informations (documents numériques : textes, images,
vidéos…) pouvant être utilisées comme supports de cours et d'illustrations par l'enseignant
ou pouvant servir comme source d'information pour les élèves lors de recherche
documentaire.
 manuels numériques enrichis de données nouvelles (vidéos…) et d'outil de
navigation unique.
 outils de travail personnel (exerciseurs, laboratoires personnels) capables de s'adapter
au niveau des apprenants, à leurs objectifs et à leurs parcours.
 simulateurs, systèmes experts, permettant de modéliser les phénomènes étudiés et
d'en faire varier les paramètres.
 dispositifs de travail collectif, de mise en réseau, de communication. »

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Les exemples d'outils existants sont nombreux, ils vont du simple didacticiel, à la
plateforme d'apprentissage en ligne. Le niveau d’usage de ces outils varie d’un enseignant
à un autre.
3- Méthodologie de recherche
Pour répondre à la première question, nous avons analysé :
• les textes et les orientations pédagogiques sur l’intégration des TICE ;
• les manuels scolaires des mathématiques.
MANUEL NIVEAU
ENNAJAH Tronc commun science
FIRIHAB Première année baccalauréat sciences
expérimentales
EL WADIH Deuxième année baccalauréat sciences
expérimentales
EL JADID Première année baccalauréat lettres
EL MOFID Première année baccalauréat sciences
mathématiques
Tableau1 : liste des manuels analysés

Nous avons choisi des manuels de différents niveaux et branches.


Pour répondre à la deuxième et à la troisième question, nous avons distribué un
questionnaire à 100 enseignants du secondaire qualifiant au Maroc. Les tableaux qui
suivent donnent une description de la population concernée.

Sexe Nombre d’enseignants questionnés


Masculin 79
Féminin 21
Total 100
Tableau 2 : Distribution des enseignants questionnés par sexe

Région Nombre d’enseignants questionnés


la région du Grand Casablanca-Settat 40
La région de Beni Mellal-Khénifra 28
La région de Marrakech-Safi 32
Total 100
Tableau 3 : Distribution des enseignants questionnés par région

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Ancienneté Nombre d’enseignants questionnés


Moins que 10 ans 34
Entre 10et 20 ans 32
Plus que 20 ans 34
Total 100
Tableau 4 : Distribution des enseignants questionnés par ancienneté

Ce questionnaire est divisé en trois parties :


• informations personnelles ;
• obstacles qui entravent l’intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques
au secondaire qualifiant ;
• utilisation d’Internet dans l’enseignement des mathématiques au secondaire
qualifiant.
4-Volonté institutionnelle
L’utilisation des technologies de l’information et de la communication encourage
l’apprentissage actif et collaboratif, facilite l’individualisation des apprentissages et modifie
la structure frontale d’enseignement.
Le Ministère de l’éducation nationale marocain a incité, dans la charte nationale
d’éducation et de formation (levier 10) sur l’utilisation des TIC
« Levier 10 : Utiliser les Nouvelles Technologies de l'Information et de la communication
119. Afin d'optimiser l'emploi des ressources éducatives et de tirer meilleur parti des
technologies modernes, il sera fait recours aux nouvelles technologies de l'information
et de la communication (NTIC) et principalement en matière de formation continue.
Cependant, cet objectif ne saurait être confondu avec la substitution systématique des
média-technologiques à la véritable relation pédagogique fondatrice de l'acte éducatif : la
relation vivante maître-élève, basée sur la compréhension et le respect.
Les NTIC doivent être investies en tant que voies de l'avenir et, à tout le moins, elles
doivent être mises à profit immédiatement pour :
* Parer, autant que possible, aux difficultés d'enseignement, ou de formation continue
des enseignants, liées à l'éloignement ou à l'enclavement des apprenants cibles ;
* S'appuyer sur l'enseignement à distance aux niveaux collégial et secondaire, pour les
régions éloignées ;

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

* Avancer vers l'égalité des chances d'accès aux ressources documentaires, aux bases de
données et aux réseaux de communication, tout en en résolvant rapidement et à moindre
frais, les problèmes liés à l'insuffisance et à l'inégale répartition de ressources documentaires
de bases.
Dans cet esprit, les autorités d'éducation et de formation accéléreront, en partenariat
avec les opérateurs qualifiés, la conception et la mise en place de programmes de télé-
enseignement et d'équipement des écoles en nouvelles technologies d'information et de
communication qui devront devenir opérationnels, à titre d'expériences-pilotes, dès la
rentrée scolaire et académique 2000-2001, pour être étendus progressivement.
120. Chaque établissement d'éducation et formation veillera à faciliter l'acquisition des
équipements informatiques et des différents matériels et outils pédagogiques et scientifiques
par le biais d'achats groupés à des conditions préférentielles en faveur des enseignants, des
apprenants et du personnel administratif.
121. Considérant que la technologie pédagogique joue un rôle déterminant et croissant
dans les systèmes et méthodes d'enseignement et vu l'article 119 de la présente charte, les
autorités d'éducation et de formation veilleront à intégrer ces technologies dans la réalité
de l'école, sur la base de l'objectif suivant : un centre informatique et une bibliothèque
multimédia dans chaque établissement au terme de la décennie prochaine à partir de la
rentrée scolaire 2000-2001. » « Extrait de La Charte nationale d'Éducation et de Formation,
pages 47-48 »
Les TICE doivent être utilisées pour :
 parer, autant que possible, aux difficultés d’enseignement, ou de formation continue
des enseignants, liés à l’éloignement ou à l’enclavement des apprenants cibles.
 s’appuyer sur l’enseignement à distance au niveau collégial et secondaire, pour les
régions éloignées.
 avancer vers l’égalité des chances d’accès aux ressources documentaires, aux bases de
données et aux réseaux de communication, tout en résolvant rapidement et à moindre frais,
les problèmes liés à l’insuffisance et à l’inégale répartition des ressources documentaires de
base.
Le programme national de génération des technologies de l’information et de la
communication dans l’enseignement (GENIE) fait partie de grandes orientations de la
réforme de l’enseignement contenue dans la charte nationale de l’enseignement et de la

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

formation. Il vise à améliorer la qualité du système d’enseignement marocain, réduire le


fossé numérique et développer la société de la science et de la connaissance.
Ce programme a été mis en place en 2005, il a été construit autour des axes suivants :
 axe infrastructures : Mise en place de salles multimédia connectées à Internet dans
chaque établissement scolaire;
 axe formation : Former les enseignants et les cadres administratifs pour se familiariser
avec l’informatique et améliorer leurs connaissances dans ce domaine. Afin de faciliter la
mise en œuvre du programme « formation », des laboratoires de formation régionaux ont
été mis en place et un processus de formation en cascade a été développé;
 axe développement des contenus : Concerne le développement des contenus
pédagogiques adaptés à l’enseignement au Maroc, ainsi que l’utilisation des contenus TIC
appropriés et validés. Dans ce cadre, plusieurs actions ont été mises en œuvre. Il s’agit du
développement de contenus pédagogiques sur la base des programmes scolaires nationaux,
et la mise en place au sein du ministère de l’éducation nationale, d’un laboratoire pour le
développent de contenus.
5- Apports des TICE dans l’enseignement
On distingue quatre grands types de contribution des technologies d'information et de
communication à l'enseignement des disciplines :
 elles font partie de la discipline à enseigner, comme en sciences et techniques
industrielles, en bureautique, en informatique de gestion, éventuellement en mathématiques;
 elles permettent, dans l'enseignement de la discipline, l'accès à des méthodes ou des
champs de connaissance auxquels on ne peut accéder par d'autres techniques (visualisation
dans l'espace avec les logiciels de géométrie dans l'espace) simulation en sciences physiques;
 elles représentent un outil de travail pour les élèves, tant dans des démarches de
recherche documentaire (ressources en ligne et hors ligne), d’auto-apprentissage, de
production de documents que d’échanges.
 elles permettent en classe, une modification de la relation pédagogique enseignant-
apprenants par l’intégration dans les pratiques d’un média.
Les TICE donnent à l'enseignant, l'occasion de s'investir au sein d'équipes
pluridisciplinaires, donc source d'enrichissement mutuel, elles portent du sens pour les
apprentissages : l'élève serait en mesure de faire la distinction entre un résultat qui relève
d'une expérimentation et un résultat établi de façon déductive au sein des mathématiques.

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Selon Barrette(2005), et à certaines conditions l'usage des TICE améliore les résultats
scolaires des élèves.
1. La technologie améliore les résultats scolaires quand le dispositif
d'enseignement:
1.1. soutient directement les objectifs du programme d'études qui sont
évalués ;
1.2. offre aux élèves des possibilités de collaboration ;
1.3. s'ajuste aux capacités de l'élève et à son expérience antérieure et fournit
une rétroaction au sujet de ses résultats et progrès dans l'application ;
1.4. s'intègre aux activités pédagogiques courantes ;
1.5. présente aux élèves des moyens de conception et de mise en place de
projets qui dépassent le contenu du programme d'étude ;
1.6. est utilisé dans des établissements qui soutiennent l'utilisation de la
technologie.
2. La technologie permet le développement des opérations cognitives
d'ordre supérieur quand :
2.1. on enseigne aux étudiants à appliquer le processus de la résolution de
problèmes et qu'on leur donne des occasions d'appliquer la technologie à la
recherche de solutions ;
2.2. les étudiants travaillent dans des communautés d'apprentissage à l'aide
des technologies pour résoudre des problèmes ;
2.3. les étudiants emploient des outils de présentation et de communication
pour traiter, présenter, éditer et partager des résultats de recherches.
3. La technologie améliore la motivation et l'intérêt quand les élèves
emploient des :
3.1. applications informatiques qui adaptent les problèmes et ajustent la
difficulté des tâches pour maximiser leur expérience de réussite ;
3.2. applications pour produire, présenter et partager le travail avec des pairs;
3.3. applications ludiques pour développer des habiletés et des connaissances
de base. »

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

La figure 1 indique les liens entre différentes dimensions du concept d'« impacts des
TIC ». Ces liens sont représentés sous forme de flèches et portent le numéro du principe
qu'ils représentent.

Figure 1 : Activités utilisant des TIC et impact sur les apprentissages .

Newhouse(2002) a établi les champs d’intervention pédagogique des TIC qui ont fait
l’objet d’études et d’expérimentations avec les TIC :
 investigation de la réalité et construction des connaissances;
 apprentissage actif et évaluation significative;
 motivation et stimulation des élèves;
 augmentation de la productivité des élèves;
 soutien à la mise en place d'opérations cognitives complexes;
 accroissement de l'autonomie des apprenants;
 augmentation de la collaboration et de la coopération;
 individualisation de l'apprentissage;
 atténuation des déficits physiques.

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Tardif (1998) ajoute que « les technologies de l'information et de la communication


sont des moyens au service de l'apprentissage, elles définissent un cadre pédagogique
rigoureux, susceptible de permettre leur intégration significative dans les établissements
scolaires. Ce cadre prend appui sur la compréhension de la dynamique de l'apprentissage
fournie par les sciences cognitives et met l'accent à la fois sur les pratiques pédagogiques et
sur les pratiques évaluatives » (Tardif, 1998).
6- Apports des TICE dans l’enseignement des mathématiques
L’utilisation des TICE donne la possibilité d’une expérience quasi-expérimentale dans
le champ des nombres, des figures du plan et de l’espace et du calcul des probabilités et
permet la recherche de solutions algorithmiques, l’ordinateur facilite l’expérimentation et
la simulation qui occupent une place plus importante dans les activités mathématiques.
Au-delà des tables de multiplication, les pratiques de calcul, et par suite le « sort »
des algorithmes qui leur sont liés, s’avèrent être également questionnés dans le Rapport
Kahane (2002) :
« Le développement des technologies informatiques a profondément modifié les
pratiques associées au calcul, tant les pratiques quotidiennes et sociales que les pratiques
scientifiques. La plupart des algorithmes de calcul dont l’apprentissage occupait un
temps important de la scolarité, notamment dans l’enseignement obligatoire, sont
aujourd’hui implantés dans les calculatrices les plus simples. » (Rapport Kahane,
2002, p.171)
Le rapport Kahane sur Informatique et enseignement des mathématiques ajoute que :
« Les calculatrices sont dans (presque) tous les cartables et leurs performances sont
étonnantes. Elles manient désormais le calcul symbolique. Elles factorisent, dérivent,
intègrent, trouvent des développements de Taylor. Elles tracent les graphes, permettent
de construire des figures géométriques planes. Elles peuvent simuler sans effort le
comportement de systèmes dynamiques discrets simples. Elles traitent les données
statistiques, simulent des marches aléatoires. L’enseignement des mathématiques ne
peut pas ne pas en tenir compte » (Kahane, 2002, p.34)
L’utilisation de différentes technologies en classe offre des opportunités intéressantes
pour les enseignants. Par exemple, les enseignants ont à leur disposition une ressource
numérique permettant :
 de nouveaux apprentissages pour les élèves (mettre les élèves en situation-problème
concrète;

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

 le « renforcement » d’un concept;


 d’offrir des stratégies d’apprentissage supplémentaires aux élèves;
 d’aller un peu plus loin dans l’enseignement de la mathématique en mettant sur la
table différents défis que les élèves ont à surmonter.
« En utilisant ces technologies, les enseignantes et les enseignants ont à leur disposition des
outils puissants qui peuvent amener les élèves beaucoup plus loin dans leurs apprentissages
que l’enseignement traditionnel. Les statistiques, la géométrie, la numération, les opérations
de base, l’algèbre peuvent prendre un sens « réel » avec une bonne intégration des TIC dans
la démarche d’apprentissage des élèves. » (Couillard, 2004a)
7- Ce que disent les textes
L'évolution technologique offre des possibilités nouvelles pour l'enseignement et, en
particulier, pour l'enseignement de mathématiques, conduisant à de nouvelles demandes,
voire des exigences inédites, pour la profession enseignante. Selon l'inspection générale de
l'éducation nationale (IGEN), l'enseignement des mathématiques doit :
« ... développer conjointement et progressivement les capacités d’expérimentation
et de raisonnement, d’imagination et d’analyse critique. À travers la résolution de
problèmes, la modélisation de quelques situations et l’apprentissage progressif de la
démonstration, les élèves peuvent prendre conscience petit à petit de ce qu’est une
véritable activité mathématique, identifier un problème, expérimenter sur des
exemples, conjecturer un résultat, bâtir une argumentation, mettre en forme une
solution, contrôler les résultats obtenus et évaluer leur pertinence en fonction du
problème étudié. » (IGEN, p.2)
Encore selon l'IGEN, les matériels informatiques et les nombreux logiciels spécifiques
de la discipline mathématique aujourd'hui disponibles donnent aux enseignants les moyens
nécessaires pour développer les différents aspects d'une véritable activité mathématique, en
effet, les outils permettent notamment :
« • d’obtenir rapidement une représentation d’un problème, d’un concept afin de
lui donner du sens et de favoriser son appropriation par l’élève ;
• de relier différents aspects (algébrique, géométrique, …) d’un même concept ou
d’une même situation ;
• d’explorer des situations en faisant apparaître de façon dynamique différentes
configurations;

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

• d’émettre des conjectures à partir d’une expérimentation interactive lors de


l’étude d’un problème comportant des questions ouvertes ou d’une certaine complexité,
et de procéder à des premières vérifications ;
• de se consacrer à la résolution de problèmes issus de situations courantes, alors
que les calculs sont longs ou complexes ;
• de procéder rapidement à la vérification de certains résultats obtenus. » (ibid)
8-Intégration des TICE dans le manuel scolaire marocain des mathématiques
L’analyse des manuels de mathématiques choisis permet de conclure que l'utilisation de
la technologie reste relativement limitée.

Manuel Nombre d’activités –TICE-


ENNAJAH 4
FIRIHAB 10
EL WADIH 9
EL JADID 3
EL MOFID 5
Tableau 5 : Nombre d’activités –TICE- par manuel

Les manuels du secondaire qualifiant, contiennent des activités où on a recours au


TICE.

Figure 2 : Nombre d’activités utilisant des TIC par module

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Les TICE sont souvent utilisées dans le chapitre des fonctions. Les TIC sont exploités
pour tracer des courbes, représenter des volumes et faire des simulations avec des logiciels
tels que (Excel, Cabri, Géoplan, Géospace et Archimède).

Figure 3 : Répartition du nombre d’activités-TICE- par logiciel

Nous constatons aussi qu’Excel est le logiciel le plus utilisé dans le manuel des
mathématiques du secondaire qualifiant.
Nous concluons que l’utilisation des TIC dans le manuel des mathématiques n’est pas
bien exploitée pour donner du sens à un concept.
9- Obstacles à l’intégration des TIC
Des obstacles de tous ordres (matériel, organisation, manque de compétence,
d'expérience, de conviction...) se cumulent pour freiner l’intégration des TICE dans
l'enseignement- apprentissage. Le soutien pédagogique et technique, la disponibilité des
ressources nécessaires et la formation continue des enseignants constituent la difficulté
majeure (Abouhanifa et al,2008).
L'obstacle technique qui, malgré des progrès, est toujours là :

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

 difficulté d'accès à une salle équipée et fiable ;


 rareté relative des vidéoprojecteurs ;
 manque de maîtrise des logiciels;
 diversité des modèles de calculatrices.
20% des professeurs de mathématiques questionné n'utilisent pas les outils informatiques
parce qu'ils ont peur de ne pas terminer le programme. Une activité informatique est
souvent considérée comme une tâche supplémentaire alors qu’elle est très utile.
On peut ajouter que :
 il y a manque de formation à l’intégration des TICE dans l’enseignement(60%);
L'intégration des TIC à l'école exige « non seulement de disposer d'un matériel informatique
adapté mais surtout de pouvoir s'appuyer sur un personnel enseignant formé et prêt à tirer
parti des TIC pour modifier ses approches pédagogiques » (Depover, 2005, p.2).
Artigue (1995) ajoute qu’une formation initiale et continue est nécessaire pour une
intégration réussie des TICE:
« Sans sous-estimer les obstacles matériels, nous estimons que le levier déterminant
aujourd'hui est celui de la formation des enseignants, tant initiale que continue. »
(Artigue ,1995)
 les enseignants ne savent pas bien utiliser l'ordinateur comme outil pédagogique
(30%);
 les enseignants n'ont pas assez de temps pour préparer les cours à l'aide de l'ordinateur
(65%);
 il est difficile d'intégrer l'ordinateur dans l'enseignement en classe (55%);
 il est difficile de prévoir une place suffisante pour l'informatique dans l'emploi du
temps (70%).
L’intégration des TICE dans l’enseignement provoque une résistance de certains
enseignants. Les établissements disposent de plus en plus de moyens matériels et ressources
numériques, mais l’intégration des TICE dans l’enseignement reste timide.
« Malgré la volonté forte d’intégration dans les programmes et institutions, les
enseignants de mathématiques restent encore réticents par rapport à l’intégration de la
technologie dans leur enseignement » (Guin & Trouche, 1999).

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

10- Usage d’Internet en mathématiques


Le Maroc compte près de 20,2 millions d’internautes (Mars 2017), il a un taux de
pénétration de 57,3% selon internetworldstats.com. Le pourcentage de la population
ayant accès à Internet est en hausse continue.
Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2017
taux de 2,37 3,35 11,61 15,08 19,77 21,50 33,10 41,30 52,00 53,00 55,00 57,3
pénétration
Tableau 6 : Pourcentage de la population ayant accès à Internet

Le pays compte un très grand nombre de cybercafés et le prix de l'heure de connexion


est de 3 à 6 dirhams .
Internet est utilisé par les enseignants de mathématiques comme outil de :
 recherche documentaire concernant l’histoire des mathématiques des concepts, des
textes et orientations pédagogiques concernant la discipline (70%);
 communication entre enseignants, entre enseignants et élèves et entre élèves (60%);
 pour proposer, utiliser et participer à la production des ressources en ligne (2%);
La plupart des enseignants marocains qui utilisent Internet à des fins pédagogiques,
lorsqu’ils trouvent des ressources, ne les utilisent pas en classe, cela est dû au :
 manque de temps (70%);
 nombre élevé d’élèves en classe (40%);
 manque de formation (68%);
 ressources téléchargées incompatibles avec le programme marocain (30%).
En mathématique, « Internet met à la disposition des enseignants et des élèves des
ressources complémentaires et fait apparaître de nouveaux usages pour l’enseignement.
L’utilisation d’Internet peut devenir un outil en support à l’apprentissage de la
mathématique : didacticiel bien utilisé, communication, partage, publication, simulateur,
saisie de données, effectuer de grands calculs, support à l’enseignement pour les enseignants,
outil de résolution de problèmes, etc.» (Couillard, 2004b).

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

Conclusion
L'enseignement des mathématiques de qualité doit permettre aux élèves de comprendre
que la mathématique est une science vivante, en relation avec le monde réel et qui contribue
à la résolution de ses problèmes, loin des stéréotypes qui lui sont attachés dans la culture
commune.
Les TICE donnent la possibilité d’une démarque quasi expérimentale dans le champ
des nombres et des figures du plan et de l’espace, elles permettent d’obtenir rapidement
et de façon dynamique et interactive, une représentation concrète lors de la résolution
d’un problème géométrique, elles facilitent la compréhension de nombreuses notions
mathématiques, elles permettent de donner du sens aux concepts du programme (fonctions,
statistiques, probabilités) et elles permettent la prise en charge des grands calculs.
Nous avons établi que les enseignants de mathématiques ont une volonté à intégrer
les TICE dans leur enseignement afin de redonner du sens aux différents concepts
mathématiques.
L’analyse des manuels de mathématiques nous a permis de constater que les TICE sont
rarement utilisées et souvent utilisées pour tracer des courbes. Le logiciel les plus utilisé est
Excel.
En ce qui concerne les obstacles qui entravent l’intégration des TICE, on peut citer
des obstacles techniques et la manque de formation des enseignants à l’utilisation de ces
technologies.
Internet est utilisé par la plupart des enseignants à des fins personnelles et lorsqu’il est
utilisé à des fins pédagogiques, il est utilisé pour télécharger des ressources mais elles ne
sont pas utilisées en classe, cela est dû au manque de temps, nombre d’élèves en classe et
au manque de formation.
Reste à encourager les enseignants de mathématiques à intégrer les TICE dans leur
enseignement pour diminuer le taux d’échec en mathématiques et redonner du sens à cette
discipline, améliorer et diversifier la formation aux TICE.

BIBLIOGRAPHIE
• Abouhanifa, S., Kabbaj , M., Belmadani, M., Khalfaoui, M. & Hanini M. (2008). TICE et
mathématiques au Maroc. L’outil informatique : Défis d’intégration et objet de formation des enseignants
de mathématiques dans le secondaire. MathémaTICE, 32, article 447. http://revue.sesamath.net/spip.
php?article447.

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RSIEF - Volume spécial du CIRSEF 2017- Vol.II N°3

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