Paix

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ÉDUQUER POUR UNE CULTURE DE LA PAIX AU

CAMEROUN

William Hermann ARREY, Ph.D,


Chef du Département de Paix et Développement, Faculté des Sciences
Sociales et des Relations Internationales (FSSRI), Université
Protestante d’Afrique Centrale (UPAC), Yaou ndé, Cameroun
warrey64@gmail.com.

Résumé
Dans cet article, l’appréhension de l’éducation va au-delà de la simple acquisition des connaissances ou
augmentation des capacités cognitives et se projette vers le développement holistique de l'apprenant.
Ainsi, la pédagogie- la science et l'art de l’enseignement - est de nature morale. L’analyse est basée sur
la conviction selon laquelle l'éducation à la paix est une source idéale pour des solutions durables à
certains problèmes majeurs auxquels le monde est confronté aujourd’hui, notamment : la violence, les
guerres, les pandémies, la pauvreté, le racisme, la destruction de l'environnement et d'autres problèmes
fondamentaux menaçant la coexistence. A cet effet, la question fondamentale que cet article adresse
aux éducateurs est la suivante : Comment puis-je, en tant qu'éducateur, m'assurer que les apprenants
quittent les établissements de formation ou les universités non pas simplement comme des diplômés mais
aussi formés en tant qu'agents de paix positive et citoyens responsables pouvant s'engager activement
dans la recherche d'une paix durable dans leur communauté et société respective ? Informé par une
approche de recherche qualitative, et adossé sur un cadre d’analyse biblique et scientifique de la paix, cet
article postule, que face aux défis croissants de paix et de sécurité dans le monde en général et au
Cameroun en particulier, toute solution durable doit placer l'éducation pour une culture de la paix au
centre de l'analyse. Donc, la tâche principale d’un éducateur pour la paix est de refléter et promouvoir
les valeurs de la paix positive qui sous-tendent son enseignement. Ainsi, en éduquant pour une culture
de la paix au Cameroun, cet article est également susceptible de contribuer à la mise en œuvre effective
de l'Agenda 2030 des objectifs de développement durable des Nations Unies, en particulier, les ODD
4 et 16.

Mots-clés: Cameroun, culture de la paix, perspective biblique, pédagogie de l'éducation à la paix,


science de la paix.

Abstract
In this article, the apprehension of education goes beyond the simple acquisition of knowledge or the
increase of cognitive capacities and is projected towards the holistic development of the learner. Therefore,
pedagogy - the science and art of teaching - is moral in nature. The analysis is based on the belief that
peace education is an ideal source for lasting solutions to some major problems facing the world today,
including: violence, wars, pandemics, poverty , racism, environmental destruction and other fundamental
problems threatening coexistence. To this end, the fundamental question that this article addresses to
educators is, how can I, as an educator, ensure that learners leave training institutions or universities
154
not just as graduates but also trained as agents of positive peace and responsible citizens who can
actively engage in the search for lasting peace in their respective communities and societies? Informed by
a qualitative research approach, and backed by a framework of biblical and scientific analysis of peace,
this article postulates that, faced with the growing challenges of peace and security in the world in general
and in Cameroon in particular, any lasting solution must place education for a culture of peace at the
center of the analysis. Therefore, the main task of a peace educator is to reflect and promote the positive
values of peace that underpin his/her teaching. Hence, by educating for a culture of peace in Cameroon,
this article is also likely to contribute to the effective implementation of the 2030 Agenda of the United
Nations Sustainable Development Goals, in particular, the SDGs 4 and 16.

Keywords: Cameroon, Culture of peace, biblical perspective, peace education pedagogy, science of
peace.

Introduction

Nous vivons dans un monde de plus en plus fragile: de nombreux


pays et villes auparavant « stables » ont connu des perturbations et des
pannes soudaines, annulant des années de progrès durement acquis en
matière de développement (UNDP, 2016). C'est pratiquement la même
situation dans laquelle se trouve le Cameroun après des décennies de
coexistence pacifique. Pendant des décennies, le Cameroun a connu
une relative stabilité politique et économique dans une Afrique
subsaharienne turbulente et encline à la guerre. Le Cameroun a été
considéré internationalement comme l'un des pays les plus stables du
continent africain et le plus pacifique de la sous-région de l'Afrique
centrale. Le pays a été largement salué pour sa capacité à maintenir la
coexistence stable et pacifique de ses nombreux groupes culturels,
ethniques et religieux et a été qualifié de bastion de paix et de stabilité.
Cela justifiait parfois le flux élevé de réfugiés dans le pays. Car, sa
nature « relativement pacifique » en faisait le premier choix pour la
plupart des réfugiés fuyant les guerres dans leur pays. D'ailleurs, les
Camerounais se sont, pendant longtemps, qualifiés « d’hospitaliers » et
« d’épris de paix ». Cependant, au cours des cinq dernières années,
plusieurs forces internes et externes ont contribué à la dégradation de
cette image de marque du Cameroun comme « un îlot de paix ». La
question qui naît de l’observation de cette réalité est celle de savoir :
comment un pays qu’on a longtemps considéré de « pacifique » peut-il
soudainement et facilement glisser dans un théâtre de conflits violents
et de « bain de sang »? Hans De Marie Heungoup, Camerounais et
analyste principal à International Crisis Group, a déclaré en septembre
155
2018 que « nous ne sommes pas encore dans une guerre civile au
Cameroun, mais tous les ingrédients d'une éventuelle guerre civile sont
déjà réunis » (Munshi, 2018). Cette déclaration s’avère fondée au regard
des faits qui structurent la vie politique et sociale du Cameroun
aujourd’hui. En effet, le Cameroun est englouti par plusieurs conflits
macro et micro dévastateurs et où des centaines de villages et de
maisons ont été incendiés avec des civils vulnérables piégés à l'intérieur
du feu qui occasionnent des pertes énormes. Des conflits au cours
desquels des civils innocents, parmi lesquels des femmes, des enfants,
des bébés, des personnes âgées, ont été tués brutalement, de sang-froid
et mutilés. Des enfants et des filles ont été enlevés et forcés de
rejoindre des groupes armés ou utilisés comme kamikazes involontaires.
Aujourd'hui, le pays fait face à deux crises majeures qui sévissent
dans trois régions: la région de l'Extrême-Nord qui a enregistré une
recrudescence des attaques de Boko Haram et les régions du Nord-
Ouest et du Sud-Ouest qui depuis plus de quatre (4) ans connaissent de
violents combats entre les troupes gouvernementales et les groupes
séparatistes armés. En novembre 2020, selon le Bureau des Nations
Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le conflit
armé dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest a tué
plus de 4,000 personnes, plus de 70,0000 camerounais ont été déplacés
et 60 000 autres personnes ont cherché refuge au Nigéria (Amnesty
International, 2021). En outre, Human Rights Watch (HRW) rapporte
que tout au long de l’année 2020, dans les régions du nord-ouest et du
sud-ouest, des groupes armés et des forces gouvernementales ont
commis des violations généralisées des droits de l’homme, y compris
des exécutions extrajudiciaires et des massacres (HRW, 2021). Par
exemple, « en février 2020, des soldats camerounais et des hommes
armés de l'ethnie peule ont massacré 21 civils à Ngarbuh, un village de
la région du Nord-Ouest (ibid. p. 135). Le 24 octobre, des hommes
armés ont attaqué une école à Kumba, dans la région du sud-ouest,
tuant 7 enfants et en blessant 13 (ibid.). Dans le domaine du droit à
l'éducation des enfants, un rapport de l'UNICEF publié en août 2019
documente qu'en raison du conflit violent dans les régions du nord-
ouest et du sud-ouest et des attaques systématiques contre les
enseignants et les élèves, ainsi que l'incendie d'écoles, 4437 écoles de ces
régions ont été fermées en juin 2019, privant plus de 609, 000 enfants
de leur droit à l’éducation (UNICEF, 2019). Selon le rapport, environ
156
80% des écoles de ces deux régions ont été fermées en raison de la
crise.
Le Cameroun est également aux prises avec une pléthore de
menaces sécuritaires et une situation socio-économique précaire liée à
un afflux élevé de réfugiés issus des conflits en République
centrafricaine, au Nigéria et dans la région du bassin du lac Tchad. La
criminalité transfrontalière est également en augmentation, tandis que le
mécontentement croissant quant à la qualité de la gouvernance dans le
pays a produit de plus en plus de voix de mécontentement. Une crise
politique au lendemain de l'élection présidentielle de 2018 dont les
résultats ont été très contestés par des leaders de l'opposition comme
Maurice Kamto du Mouvement de la Renaissance du Cameroun (MRC), a
encore aggravé la situation actuelle de paix et de sécurité dans le pays.
En raison de tous ces conflits, il y a plus d'armes détenues illégalement
au Cameroun, proportionnellement au nombre total d'armes en
circulation dans le pays. L’apparition de la pandémie de Covid-19 a
ajouté un autre niveau de crise de paix et de sécurité dans le pays.
Ce paysage sociopolitique dévastateur de meurtres aveugles,
d’enlèvements, de graves violations des droits de l’homme en toute
impunité, et d'autres incertitudes politiques, conflictogène et
« incertain » aggrave davantage l’état fragile de « l’unité nationale » du
Cameroun. Cette situation a poussé le Gouvernement et ses partenaires
internationaux à prendre conscience des limites d’une forte dépendance
à l’égard de « l’approche militaire » largement utilisée pour répondre à
ces conflits. L’aggravation de la situation a montré qu’aujourd’hui plus
que jamais, un dialogue national authentique et inclusif était nécessaire
pour compléter les mesures gouvernementales déjà mises en œuvre et
qui se sont avérées « inefficaces », à en juger par la persistance des
diverses crises sociopolitiques, en particulier celle de Boko Haram et la
« crise anglophone ». Les appels croissants des Camerounais et de la
communauté internationale à un véritable dialogue national et à tous les
principaux acteurs et parties prenantes du conflit ont été considérés
comme le seul moyen de résoudre les crises sociopolitiques et d'éviter
les conflits armés dans le pays. Cependant, le gouvernement du
Cameroun, a résisté à tous ces appels jusqu'au 10 septembre 2019
lorsque, dans un discours télévisé, le chef de l'Etat, le président Paul
Biya, a annoncé la tenue du « Grand Dialogue National » du 30
septembre au 04 octobre 2019. Malgré tous les efforts consentis par le
157
gouvernement camerounais et de ses partenaires internationaux (la
France, le Royaume-Uni, les États-Unis et certaines organisations
internationales), l'insécurité semble s'intensifier, compromettant ainsi
les gains de développement déjà réalisés et brouillant les acquis de
croissance de la vision 2035 du Cameroun, d'un pays économiquement
émergent, démocratique et uni dans sa diversité.
Compte tenu des liens entre la paix et le développement reconnus
dans le programme de développement durable à l'horizon 2030 des
Nations Unies, qui met en lumière le fait que sans paix il ne peut y avoir
de développement durable et vice-versa, il devient impératif de
s'associer à la recherche d'une paix durable dans le monde et au
Cameroun en particulier à travers un changement de paradigme de
l'usage de la force à l'éducation pour la paix. Ainsi, dans cet article, nous
évoluons avec le postulat qui permet de retrouver la stabilité perdue de
l'État et de jeter les bases d'une paix durable au Cameroun. C'est pour
cette raison que l’éducation doit retrouver sa place centrale dans la
consolidation de la paix, le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales et le plein développement du potentiel humain. À cet
égard, l'article 13 alinéa 1 du Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, de décembre 1966, stipule:
Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit de
toute personne à l'éducation. Ils conviennent que
l'éducation doit viser au plein épanouissement de la
personnalité humaine et du sens de sa dignité et renforcer le
respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Ils conviennent en outre que l'éducation doit mettre toute
personne en mesure de jouer un rôle utile dans une société
libre, favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié
entre toutes les nations et tous les groupes raciaux,
ethniques ou religieux et encourager le développement des
activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.

Ce qu'il est important de noter ici, c'est la recherche et le maintien de la


paix à travers l'éducation L'argument central de cet article est que face
aux défis croissants de paix et de sécurité dans le monde en général et
au Cameroun en particulier, toute solution durable doit placer
l'éducation pour une culture de la paix au centre de l'analyse. En ce qui
concerne l'éducation, de nombreuses administrations
158
scolaires/académiques connaissent et sont plus à l'aise avec la
résolution de conflits fondée sur des méthodes telles que l'exercice de
l'autorité par l'enseignant vis-à-vis des étudiants, le recours aux règles de
l'école / université, les audiences disciplinaires et autres procédures
administratives. Passer de ces méthodes à une méthode qui encourage
les individus à parler de leurs intérêts et besoins ainsi qu’à travailler de
manière concertée afin de trouver des solutions intégrées, nécessite,
comme cela été indiqué plus haut, un changement majeur de
paradigme. Cet article tente donc de susciter la capacité des enseignants
au Cameroun à intégrer des valeurs de la paix positives dans leurs
enseignements et dans la résolution non violente des conflits avant
même la survenance de la violence, afin de permettre aux conflits
d’avoir des conséquences positives aux niveaux individuel, relationnel,
scolaire /académique, communautaire et sociétal. En tant que telle, la
question fondamentale que cet article adresse aux éducateurs est la
suivante : Comment puis-je, en tant qu'éducateur, m'assurer que les apprenants
quittent les établissements de formation ou les universités non pas simplement comme
des diplômés mais aussi formés en tant qu'agents de paix positive et citoyens
responsables pouvant s'engager activement dans la recherche d'une paix durable dans
leurs communautés et sociétés? Autour de cette question principale
s’articulent deux questions secondaires à savoir : comment puis-je, en tant
qu’enseignant, devenir à la fois un éducateur pour la paix et un agent de paix
positive dans la société? La pédagogie de l'éducation à la paix peut-elle marquer une
différence positive dans mon enseignement?
A la suite de cette introduction, l'article s'articulera autour de huit (8)
axes thématiques interconnectés les uns les autres, avant de déboucher
sur la conclusion.

1. Méthodologie

Pour répondre objectivement aux questions de recherche ci-dessus


posées, la présente étude adopte une approche de recherche qualitative,
adossé sur un cadre d'analyse à la fois biblique et scientifique de la paix.
L’ambition étant de faciliter notre compréhension de la pédagogie de
l'éducation à la paix et l'établissement d'une culture de la paix dans nos
écoles, universités et sociétés. Dans cette perspective méthodique,
l’appréhension de l'éducation va au-delà de la simple acquisition de
connaissances ou augmentation des capacités cognitives et se projette
159
vers le développement holistique de l'apprenant. Cependant, l’analyse
est basée sur la conviction selon laquelle l'éducation à la paix est une
source idéale pour des solutions durables à certains problèmes majeurs
auxquels le monde est confronté aujourd’hui, notamment : la violence,
les guerres, les pandémies, la pauvreté, le racisme, la destruction de
l'environnement et d'autres problèmes fondamentaux menaçant la
coexistence. Ainsi, la pédagogie- la science et l'art de l’enseignement -
est de nature morale. Par ailleurs, les informations (essentiellement des
données secondaires) utilisées dans cet article sont basées sur l'analyse
du contenu des principaux versets bibliques liés à la promotion d'une
paix durable dans la société, d'un point de vue chrétien. Ceci est
combiné avec une revue critique de littérature pertinente sur la science
de la paix, qui fait une nette différence entre la « paix négative » et la «
paix positive ». L'article est donc orienté vers les valeurs de paix
positive telles que démontrées à la fois dans la Bible et dans la
littérature de la science de la paix afin d'explorer les possibilités d'une
approche éducative qui ne produit pas seulement des citoyens diplômés
mais des citoyens aussi responsables et actifs dans la promotion d'une
paix positive et durable dans leurs communauté et société respectives.

2. Signification de la paix dans une perspective biblique et de


science de la paix.

A l’époque actuelle, le mot « paix » semble être littéralement


utilisé pour désigner l'absence de guerre. Ce type de paix est qualifié de
paix négative dans la science de la paix. A partir de cette
compréhension, il semblera à de nombreux dirigeants du monde passé
et présent que si nous voulons la paix, nous devons nous préparer pour
la guerre. Dans ce cas, la paix résultera de l'usage de la force, c’est-à-dire
la mobilisation des moyens militaires, ou encore lorsque les mécanismes
traditionnels de paix et de sécurité, matérialisé par la police, les
tribunaux, les prisons, etc. fonctionnent tous efficacement en harmonie.
Cependant, la paix au sens biblique est quelque chose de plus positif et
va dans le sens de la conception positive de la paix dans la science de la
paix ; en effet, la paix positive dans la science de la paix c’est la présence
de la justice sociale et de l'égalité, ainsi que l'absence de toutes formes
de violence-violence physique, psychologique, culturelle, structurelle-
indirecte etc (Galtung, 1996). Selon Johan Galtung (1967, 1996), l'un
160
des pères fondateurs des études de paix, la paix se caractérise par la
présence de relations sociales harmonieuses et l’intégration de la société
humaine ; Cela signifie que les gens vivent et coexistent en cohabitent
pacifiquement. Par conséquent, la paix positive prévaut également là où
chacun a un accès juste et égal à la justice (politique, sociale,
économique, environnementale, etc.) et une atmosphère de coexistence
dans la sécurité. Aussi, bibliquement, la paix positive inclura entre
autres des valeurs chrétiennes telles que l'amour, la bonté, la gentillesse,
la compassion, la politesse, le respect mutuel, la justice sociale, la
tolérance, etc.
Dans Jean, chapitre 14, Jésus fait la distinction entre sa paix et la
paix du monde. Il dit. « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix
que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne
soyez pas inquiets, ne soyez pas effrayés ». (Jean 14 : 27, Bible, Good
News Translation, en Français courant, Edition Bilingue, Nouveau
Testament, 2010 : 201). De toute évidence, la source de la vraie paix
c’est notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, la paix d'un point de
vue biblique et scientifique, est un état d'ordre, de libération de la peur
et du besoin, d'être en sécurité dans le seigneur et de s'aimer les uns les
autres. Dans une société telle que le dit le prophète Michée, « Chacun
cultivera en paix sa vigne et ses figuiers sans que personne ne lui cause
de l’effroi » C’est le Seigneur de L’univers lui-même qui parle » (Michée
4: 4) (ibid. : Ancien Testament, p. 1534).
En tant que telle, la paix dans une perspective biblique et scientifique
n'est pas simplement l'absence de guerre; c'est la présence des valeurs
de paix à la fois négatives et positives, alimentées par la parole de Dieu
et la présence de Jésus-Christ dans nos vies aussi bien en temps de
stabilité qu’en temps de crise. Dans ce contexte, nous analyserons la
nécessité de travailler pour la paix d'un point de vue chrétien.

3. La nécessité d’œuvrer pour la paix : perspective chrétienne

En nous donnant sa paix, Jésus à nouveau dans l'évangile selon


Matthieu, nous fait comprendre que si nous voulons les bénédictions
de Dieu dans notre vie et que nous voulons être connus comme enfants
de Dieu, nous devons apprendre à être des artisans de paix. Jésus a dit:
« Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera
ses fils ! » (Matthieu 5: 9) (Ibid. : Nouveau Testament, p. 6).
161
Remarquez que Jésus n’a pas dit: « Heureux les amoureux de la
paix », car certainement tout le monde aime la paix. Il n'a pas dit non
plus: « Heureux les pacifiques », qui ne sont jamais dérangés par rien.
Jésus a dit: heureux ceux qui œuvrent pour la paix, « qui créent la paix
autour d’eux ». Ainsi, en tant qu’enseignant d’université, il est important
d'être des agents et des instruments de paix au niveau de la famille, de la
communauté, de l'université et de la nation en général. La question est
maintenant celle de savoir pourquoi promouvoir une culture de la paix
par la pédagogie de l'éducation à la paix?

4. Pourquoi promouvoir la culture de la paix par la pédagogie


d'éducation à la paix?

De prime abord, les humains sont capables d'un large éventail de


sentiments, de pensées et de comportements. Les humains ont une
capacité d'amour et de comportement constructif et peuvent créer un
sentiment de communauté et d’appartenance, un sentiment du « nous »
(ceci est orienté vers la culture de la paix). Cependant, les êtres humains
sont également capables de haine, de comportement destructeur et de
créer la dynamique antagoniste de « nous contre eux », sentiments de
discrimination (Ceci est orienté vers la culture de la violence / guerre).
En conséquence, nous avons le potentiel de créer la paix ainsi que la
violence - à la fois individuelle et collective. En tant que tel, et en tenant
compte de l’enseignement biblique sur l'importance d'œuvrer pour la
paix, nous choisissons consciemment dans cet article d'explorer
l'intersection entre l'éducation et la promotion de la culture de la paix
plutôt que l'inverse (qui est la promotion de la culture de la violence).
À quoi fait référence, la culture de la paix ? De manière triviale, si
nous considérons la culture comme un mode de vie, cela implique
qu'une culture de paix signifie simplement un mode de vie pacifique. La
culture de paix est une approche intégrale de prévention de la violence
et des conflits violents, et une alternative à la culture de la guerre et de
la violence basée sur l'éducation pour la paix et la promotion d'un
développement économique et social durable, le respect des droits de
l’homme, égalité entre les femmes et les hommes, participation
démocratique, tolérance, libre circulation de l’information et
désarmement (Adams 2000 :261). Une autre définition par Adams
stipule, qu’une culture de la paix se compose de valeurs, d'attitudes, de
162
comportements et de modes de vie fondés sur la non-violence, le
respect des droits de l'homme, la compréhension interculturelle, la
tolérance et la solidarité, le partage et la libre circulation de
l'information et participation des femmes (Adams, 1995 : 17). La
culture de la paix elle-même est considérée comme une alternative
viable à la non-violence et à la guerre. La définition de la culture de la
paix selon l'UNESCO telle qu'adoptée par l'ONU en 1999 est: «
L'ensemble des valeurs, des attitudes, des traditions, des
comportements et des modes de vie fondés sur le respect de la vie, le
rejet de la violence et la promotion et la pratique de la non-violence par
l'éducation, le dialogue et la coopération (...)» (ONU, 1999: 2)
Une culture de paix est un processus, plutôt qu’un point final,
et une vision d’évolution de tous les aspects de la société vers la paix.
En tant que telle, l'éducation à la paix vise à inculquer
systématiquement la culture de la paix dans l'esprit des individus.
Reardon (1999) soutient que le but ultime de l'éducation à la paix est la
formation de citoyens responsables et engagés qui ont intégré les
valeurs dans la vie quotidienne et acquis les compétences nécessaires
pour les défendre. Dans l'ensemble, l'éducation à la paix est une
éducation pour une culture de la paix.
Cet article favorise une approche holistique de l'éducation et
considère les êtres humains comme des apprenants à vie, qui doivent
être éduqués de manière exhaustive pour réaliser leur plein potentiel.
Ainsi, la pédagogie, considérée dans cet article comme la science et l'art
de l'enseignement, «est de nature morale et la tâche principale de
l'enseignant est de refléter les valeurs qui sous-tendent son
enseignement et les objectifs qu'elle souhaite faire progresser dans son
enseignement» (Tirri et Toom, 2020 :3). Dans la pédagogie de
l’éducation à la paix par exemple, l’enseignant peut choisir de
promouvoir des valeurs de la paix positive. La pédagogie de l’éducation
à la paix est interactive, avec le recours au dialogue, à la délibération et à
l’apprentissage critique. La pédagogie de l’éducation à la paix offre un
contenu, une forme, une structure, des compétences et des attitudes
diversifiées qui répondent aux besoins de perspectives alternatives.
Avec ceci, la prochaine tâche est de présenter quelques
principes pédagogiques clés de l'éducation à la paix.

163
5. Principes pédagogiques clés de l'éducation à la paix

Virginia Cawagas (2007) a identifié quatre principes


pédagogiques dans l'éducation à la paix:
Holisme.
Démontrer que tous les problèmes sont interdépendants,
multidimensionnels et dynamiques. Le holisme contraste fortement
avec la manière fragmentée dont les matières scolaires sont souvent
enseignées. Une vision holistique d'un problème implique de regarder
les dimensions temporelles (passées, présentes, futures et comment
elles sont liées) et spatiales (du micro au macro, et à travers les secteurs
de la société)
Formation des valeurs.
Cawagas écrit: « réalisant que toute connaissance n'est jamais exempte
de valeurs, éduquer pour une culture de paix doit être explicite sur ses
valeurs préférées telles que la compassion, la justice, l'équité, entre les
sexes, le souci de la vie, le partage, la réconciliation, l’intégrité, et la non-
violence » (Cawagas, 2007 : 302). La pédagogie de l’éducation à la paix
implique l’enseignement de ces valeurs dans toutes les interventions
éducatives.
Dialogue.
Selon Cawagas, « une approche dialogique cultive une relation
enseignant-apprenant plus horizontale, dans laquelle à la fois éduquent
dialogiquement et apprennent les uns des autres » (ibid. : 303). Le
dialogue est un élément clé de la pédagogie de l'éducation à la paix. En
plus du dialogue en classe, Cawagas propose les outils suivants, pour la
pédagogie dialogique: conférenciers invités; par exemple, inviter des
enfants de la rue à une classe, pour parler de leur vie. Jeu de rôle,
simulation, discussions en petits groupes, etc.
Autonomisation critique.
Grâce à l'autonomisation critique, les apprenants développent une
compréhension plus profonde des problèmes et sont également
habilités à prendre des mesures, pour résoudre ces problèmes.
L'autonomisation critique nécessite également une compréhension du
pouvoir dans un système de relations de pouvoir inéquitables, implique
la reconstruction de ce système vers des relations horizontales plus
équitables. Il semble nécessaire à ce stade d’étudier certaines questions

164
discriminatoires critiques à éviter lorsqu’on travaille pour la promotion
de la culture de la paix par l'éducation à la paix.
Sur la base de ses principes, nous allons maintenant parler de la,
pédagogie d'éducation à la paix et de la pratique en classe.

6. Pratique de la pédagogie d'éducation à la paix

Sur la base de ce qui a été dit jusqu' ici, promouvoir une


pédagogie d'éducation à la paix dans les universités et écoles reviendra
objectivement à :
- prendre des mesures pour éliminer et dénoncer la violence,
quelle qu'en soit la forme, explicite ou implicite, en classe et
dans les locaux de L’université ;
- réorienter les programmes existants pour assurer la
professionnalisation de chaque enseignant en tant qu'éducateur
pour la paix ;
- incorporer l'éducation à la paix dans toutes les activités
curriculaires et dans l'élaboration de nouveaux programmes
d’enseignements ;
- Promouvoir les valeurs de la paix positives en tant que partie
intégrante de l'enseignement et de l'apprentissage.
Pour atteindre les objectifs ci-dessus il est nécessaire de consacrer
un espace et du temps académiques à des activités pour réfléchir et
comprendre ce qu'est une culture de la paix et comment elle peut être
construite, et d’utiliser des méthodes qui vont au-delà du travail
strictement cognitif (intellectuel) et toucher aux aspects émotionnels et
sociaux. Le but est d'aider les enseignants à comprendre l'importance de
considérer la forme, le contenu et la structure dans la pédagogie de
l'éducation à la paix. La façon dont les enseignements sont dispensés (la
forme) est tout aussi importante que ce qui est enseigné (le contenu), de
même que le lieu où ces enseignements sont faits (structure /
environnement). La pédagogie de la paix est la forme que prend
l’éducation pour la paix et comprend les approches et méthodes
pédagogiques utilisées pour promouvoir la paix. Ici, la pédagogie
répond au ‘comment’ ?.
Dans chaque cadre éducatif, les éducateurs pour la paix devraient
tenir compte du contenu, de la forme et de la structure dans laquelle ils
enseignent. Car, la méthodologie utilisée pour l'éducation à la paix est
165
aussi importante que son contenu. Le style est aussi important que la
substance, donc la méthodologie doit être cohérente avec le contenu.
Les principes pédagogiques de l'éducation à la paix peuvent être utilisés
dans de nombreux domaines de l'enseignement. La pédagogie de
l’éducation à la paix peut être utilisée dans toutes les matières et dans
tous les domaines d’enseignement. Si différents thèmes de l'éducation à
la paix, tels que les droits de l'homme ou le multiculturalisme, peuvent
être enseignés en tant que matières, ces thèmes peuvent également être
intégrés dans d'autres domaines (par exemple, dans le domaine de la
théologie et des sciences religieuses, intégrer des cours de droits de
l'homme dans un cours de théologie pratique ou de missiologie).
Il est peut-être nécessaire à ce niveau d'aborder certaines questions
sensibles aux conflits dans le contexte de la promotion d'une culture de
la paix à travers l'éducation à la paix.
Cela dit, nous passons maintenant à quelques exemples pratiques de
la manière d'intégrer la pédagogie de la paix dans nos enseignements, en
mettant l'accent sur l'enseignement de l'histoire et de la religion.

6.1 Enseignement d’histoire


À travers l'histoire, nous essayons de comprendre où nous en
sommes maintenant et où nous devons aller à partir d'ici? Une bonne
approche de l’enseignement de l’histoire peut construire la paix grâce
aux opportunités qu’elle offre de comprendre et d’apprécier d’autres
cultures, religions et de prendre conscience des forces et des faiblesses
de l’homme. Cela nous aide à comprendre la nature des oppressions,
exploitations, invasions et destructions commises par nos ancêtres
contre l'humanité. Par exemple, à quel point une guerre peut-elle être
destructrice et comment le pouvoir peut-il aveugler les hommes.
Malheureusement, en ce qui concerne la guerre et la paix, dans de
nombreux manuels scolaires, l’histoire est la plupart du temps présentée
d’un seul côté. Prenons par exemple la manière dont Hitler et sa
campagne nazie sont présentés. Les écrivains ont été inconsciemment
amenés à présenter Hitler comme un héros. L'histoire n'est pas
seulement l'histoire de la guerre, c’est aussi l'histoire de la paix. Mais
très peu d’attention a été accordée à la présentation du côté pacifique de
l’histoire. Dans l'ensemble, le contenu des cours d'histoire (et même des
disciplines des sciences sociales) peut être revu, pour éviter de glorifier
la guerre et l'utilisation de la violence comme mécanisme de
166
transformation sociale. Ainsi, dans leur enseignement, les éducateurs
peuvent intégrer les conséquences de la guerre sur les populations
civiles. Ils peuvent également inclure de nombreuses luttes non -
violentes qui n'apparaissent normalement pas dans les manuels, en plus
de sensibiliser les gens qui ont lutté de manière non - violente et joué
un rôle important dans l'histoire. Souligner les luttes pour la non-
violence qui ont provoqué des changements sociaux importants, tels
que le mouvement syndical et féministe.

6.2 Éducation religieuse


La religion en tant que matière au programme de l’école de
formation ou d’une faculté universitaire peut contribuer de manière
significative à la consolidation de la paix. Chaque religion a la paix
comme valeur centrale. Cependant, il est de plus en plus critiqué que la
forme populaire actuelle d'éducation religieuse est étroite, source de
division et fondamentale. Conscients du caractère inapproprié d’une
telle approche dans le monde d’aujourd’hui, de nombreux pays
adoptent de plus en plus une perspective plus large qui tente d’unifier
l’humanité par la compréhension interreligieuse. Un bon enseignant de
la religion devrait adopter une approche centrée sur
l'étudiant/étudiante ; c’est-à-dire commencer par l’expérience de vie des
apprenants, identifier leurs besoins spirituels et prendre cela en compte
dans sa leçon. S’abstenir de mépriser les autres religions. Au lieu de
cela, développer des attitudes amicales, tolérantes et respectueuses à
leur égard. Utiliser des méthodes créatives pour promouvoir la pratique
religieuse. Dans ses enseignements, une faculté universitaire tel que la
Faculté de Théologies et des Sciences Religieuses de L’Université Protestante
D’Afrique Centrale peut promouvoir une devise telle que: « s’il est
possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec
tous les hommes » (Romains 12:18) (Bible, Good News Translation, en
Français courant, Edition Bilingue, Nouveau Testament, 2010 : 292-
293).
Par implications, tant que cela dépend de vous en tant
qu’enseignant, soyez en paix avec vos étudiants, collègues,
administration, etc. D'autres histoires ou évangiles liées à l’amour de
Dieu et la paix dans la Bible pourraient également être explorées et
utilisées dans des approches pédagogiques d'éducation à la paix dans

167
des universités confessionnelles et dans d’autres écoles de formation
publique et privée selon le contexte.
Il est peut-être nécessaire à ce stade de mentionner certaines
questions sensibles aux conflits dans la promotion d'une culture de la
paix dans le processus d'enseignement et d'apprentissage.

7. Les problèmes liés aux préjugés et à la discrimination en


classe.

Les préjugés et la discrimination vont à l'encontre de la


promotion d'une culture de la paix dans nos écoles de formations et
nos communautés universitaires. Par exemple, le Cameroun (tout
comme de nombreux autres pays d'Afrique) est un pays d'une grande
diversité. Vivant au Cameroun, nous entrons en contact avec de
nombreuses personnes d'horizons diverses. Dans nos relations avec
toutes les personnes que nous rencontrons, nous prenons note des
personnes qui nous ressemblent. Un être humain choisira un individu
ou un groupe qui lui ressemble le plus, par exemple, être du même
groupe ethnique, être un homme ou une femme, être de la même
religion, être d'un groupe d'âge, être des fans du même club de football,
etc. Nous appartenons tous à de nombreux groupes. Nous sommes nés
dans certains groupes et ne pouvons pas changer ; par exemple, notre
groupe ethnique ou la couleur de notre peau ou si vous êtes né en tant
qu'homme ou femme. Nous faisons partie d'autres groupes à un
moment de notre vie, par exemple: groupe l’âge, des handicapées après
un accident. Un troisième groupe est celui auquel nous choisissons
d'appartenir et que nous pouvons changer à volonté: religion, parti
politique, groupe sportif, statut matrimonial, etc. Tous les groupes ont
leurs différences ainsi que leurs similitudes. Nous sommes tous pareils
et nous sommes tous uniques. Selon la façon dont vous êtes prêt à faire
face aux différences; votre relation avec des personnes d'autres groupes
peut-être bonne ou mauvaise. Votre attitude et votre comportement
dépendent de votre opinion sur les autres groupes. Et votre opinion est
souvent influencée par les stéréotypes et les préjugés. Les stéréotypes et
les préjugés peuvent provoquer et entretenir des conflits violents. Ils
nous font voir les gens et les événements différemment de la façon
dont ils se sont réellement produits. Et ainsi, nous réagissons en nous
basant sur les stéréotypes et les préjugés plutôt que sur la réalité.
168
Les stéréotypes sont souvent exprimés en termes : « absolus»,
«tous», «aucun», «toujours», «jamais». Voici quelques exemples de
stéréotypes:
· Tous les Nigérians aiment trop l'argent.
· Tous les enfants africains souffrent de malnutrition
· Les musulmans ne permettront jamais à aucun chrétien
d'entrer dans une mosquée.
· Les Blancs sont toujours irrespectueux envers les Noirs.
· Aucun des chrétiens n'a jamais rien dit de bon à propos de
l'islam.
· Les haoussas ne vont pas à l’école.
· Une personne handicapée ne peut jamais devenir un
politicien.
Aussi, les préjugés peuvent être nuisibles comme l'exemple suivant:
« John vole des choses à d'autres personnes, John vient du Nigéria ».
Par conséquent, les Nigérians sont des voleurs. Peter est du Nigéria,
par conséquent, il doit aussi être un voleur.
Il est donc important de faire des efforts pour réduire ou éviter les
préjugés et les stéréotypes dans la méthodologie d'enseignement et dans
la société en général. D'un point de vue méthodologique, réduire ou
éviter les préjugés et les stéréotypes dans les environnements éducatifs
nécessite les actions suivantes:
- Reconnaitre qu'ils existent dans notre société. Parce que nous venons
tous d'horizons différents, les gens verront et interpréteront les choses
différemment. Il est donc de notre devoir de clarifier les choses sur
nous-mêmes pour les autres là où ils semblent avoir des doutes.
- Apprendre à apprécier vos forces et vos faiblesses et celles des autres.
Nous avons tous des manières différentes de répondre aux événements
et avons nos dons dans différents domaines. N'utilisez pas votre propre
style de vie pour juger les autres.
- Créez une attitude positive envers les personnes qui sont différentes
de vous. Ce n'est qu'en faisant cela qu'eux aussi se comporteront
positivement envers vous.
- Parlez aux autres des préjugés et des stéréotypes que vous avez contre
eux et demandez-leur de vous dire ceux qu'ils ont contre vous aussi.
Essayez de prouver leur validité ou leur mensonge.
- Évitez de faire des déclarations générales et absolues. Évitez de porter
des jugements. Évitez d'utiliser des mots tels que « tous », « aucun », «
169
toujours », « jamais » lorsque vous parlez d'un groupe de personnes: «
Tous sont… », « Ils n'ont jamais… », « Aucun d'entre eux… », « Ils ont
toujours… » etc.
La méthodologie ci-dessus appliquée dans un environnement
éducatif, offre la possibilité de profiter des situations quotidiennes de la
vie éducative pour introduire de nouvelles méthodes d'apprentissage et
des changements positifs dans la société.
Au regard de ce qui précède, il nous a semblé judicieux de proposer
cinq (5) actions à entreprendre pour promouvoir des relations
pacifiques entre étudiant(e)s et enseignants.

8. Les cinq (5) actions clés à entreprendre dans la relation


enseignant(e)-étudiant(e) pour la promotion et la contribution à
une culture de la paix en classe et à l'université.

- Faites attention à une communication active, efficace et empathique: Par


exemple, assurez-vous que la communication est efficace et active, que
vous êtes compris et que vous comprenez ce que les étudiants
expliquent; sachez parler et écouter de manière empathique, en étant
conscient de l’expérience de l’autre.
- Accordez-vous sur un concept d’autorité démocratique: par exemple, exprimez-
vous en tant que personnes au-delà du rôle ‘d ’enseignant’. Traitez les
étudiants comme des personnes, pas seulement comme des étudiants.
Définissez-vous comme éducateurs, avec la volonté d'accompagner les
étudiants sur leur chemin personnel de croissance.
- Démocratisez la vie en classe, en donnant le maximum d’autonomie aux
étudiants et en réduisant l’influence de la perception des enseignants : par exemple,
donner un pouvoir participatif et décisionnel aux étudiants et
promouvoir des espaces personnels pour comprendre et reconnaître
chaque étudiant
- Luttez pour vaincre la résistance au changement, qui empêche la suppression des
situations violentes naturalisées : par exemple, mettre en place et consolider
une dynamique pédagogique innovante où chaque projet permet une
réflexion sur l'action éducative, l'évaluer et favoriser le changement
pour l'amélioration.
- Enseignez l'effort et la capacité de la lutte non-violente à évoluer vers des modèles
plus justes et équilibrés : par exemple, en enseignant de manière créative, y
compris dans l'élaboration du programme; évaluer soigneusement la
170
désobéissance des étudiants, pour y faire face de manière éducative; et
la recherche de mécanismes réparateurs et éducatifs, plutôt que de
punition, dans des situations conflictuelles et après que les étudiants
enfreignent les règles.

Conclusion

Informé par une approche de recherche qualitative, et adossé sur


un cadre analytique biblique et scientifique de la paix, cet article a
soutenu l’idée que, face aux défis croissants de paix et de sécurité dans
le monde en général et au Cameroun en particulier, toute solution
durable doit placer l'éducation pour une culture de la paix au centre de
l'analyse. Donc, dans cet article, l'éducation est considérée comme
allant au-delà de l'acquisition de connaissances ou de l'augmentation des
capacités cognitives vers le développement holistique de l'apprenant.
Ainsi, la pédagogie- la science et l'art de l’enseignement- est de nature
morale. En réalité, la tâche principale d’un éducateur pour la paix est
de refléter et promouvoir les valeurs de la paix positives qui sous-
tendent son enseignement.
Cet article a démontré que l’intégration de la « pédagogie de
l’éducation à la paix » dans le processus d’enseignement et
d’apprentissage pourrait engendrer des attitudes positives, accroître la
tolérance et l’acceptation des autres. Ces stratégies pédagogiques pour la
paix visent également à éliminer les préjugés et les stéréotypes, à
encourager une perception positive de « soi » et des « autres »
(coexistence) et d’améliorer les compétences en résolution de conflits
parmi les étudiant(e) s et les enseignants. Il a également le potentiel de
créer une relation cordiale et paisible entre étudiant(e)s- étudiant(e)s,
enseignant(e)s- étudiant(e)s, et même enseignant(e)s-parents, etc. Une
telle approche de « salle de classe pacifique » peut être étendue au-delà
de la salle de classe à l'approche « université/école pacifique » qui
englobe tout l'environnement éducatif et ses activités quotidiennes.
L'ensemble de l'approche a le potentiel d'améliorer la qualité de
l'enseignement et de l'apprentissage, et de contribuer à la promotion
d'une culture de la paix dans les milieux éducatifs, avec des
conséquences positives dans la communauté et la société.
Les éducateurs, qui apportent des moyens positifs de résolution
des conflits et de promotion des valeurs de paix positive dans leurs
171
salles de classe et institutions, verront certainement des résultats qui
auront un effet puissant sur leur propre vie, sur la vie de leurs
étudiant(e)s, sur les communautés, sur les institutions et « pays fragiles
et conflictuels » à l’instar du Cameroun où ils vivent et servent. Ainsi,
en éduquant pour une culture de la paix au Cameroun, cet article est
également susceptible de contribuer à la mise en œuvre effective de
l'Agenda 2030 des objectifs de développement durable des Nations
Unies. En particulier, l'ODD4 – assurer l’accès de tous à une éducation de
qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au
long de la vie et l'ODD 16 – promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et
inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et
mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes
à tous.

Références bibliographiques

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global movement. Paris, UNESCO.
Adams, David (2000), «Toward a global movement for a culture of
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172
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