Projet de Fin D'études

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Remerciement

Avant de commencer ce mémoire, nous tenons à exprimer notre gratitude envers


ALLAH, qui nous aide et nous donne la patience pendant ces longues années
d’études.

Nous souhaitons également exprimer notre sincère reconnaissance envers


toutes les personnes qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire et à la
réussite de notre année universitaire. Tout d'abord, nous remercions le corps
professoral et administratif de la Faculté Hassan II des Sciences économiques,
Juridiques et sociales de Mohammedia pour leur enseignement de qualité et
leurs efforts pour fournir une formation actualisée à leurs étudiants.

Nous tenons à remercier chaleureusement Madame SAHRANE Lamyae, notre


Directrice de mémoire, pour son écoute attentive, sa disponibilité et son temps
précieux consacré à l'élaboration de ce mémoire. Sans elle, ce mémoire n'aurait
jamais été réalisé.

Nous n'oublions pas de remercier nos parents pour leur soutien, leur contribution
et leur patience tout au long de notre parcours universitaire. Enfin, nous
adressons nos sincères remerciements à tous nos proches et amis qui nous ont
encouragés pendant la réalisation de ce mémoire.
Nous vous remercions tous et toutes.

Liste des abréviations

3
- RC : Registre de commerce
- Ibid : dans le mémé ouvrage
- Rapp : Rapport
- P. : Page
- Art : Article
- PP. : Pages
- SPP : Suspension provisoire des poursuites
- N° PAR : Numéro de parution
- PA : PETITE AFFICHE

4
Le sommaire :

INTRODUCTION

Première partie : Les innovations apportées aux procédure préventives

Chapitre I- l’aménagement juridique de la procédure de conciliation

Section I : La chronographie de la procédure de conciliation


Section II : les suites de la procédure de conciliation

Chapitre II- La mise en place de la procédure de sauvegarde

Section I : les modalités de la procédure de sauvegarde


Section II - Les implications de la procédure de sauvegarde

Deuxième partie : les innovations introduites aux procédures de traitement

Chapitre I : les apports relatifs aux conditions d’ouverture des procédures de traitement

Section I : La notion de cessation de paiement


Section II : l’instauration de l’assemblée des créanciers

Chapitre II : Les apports et les limites relatifs au déroulement des procédures de


traitement

Section I- les innovations relatifs au déroulement des procédures de traitement


Section II - Les limites émises par les experts et praticiens du domaine juridique

Conclusion

5
Introduction

6
La législation marocaine des affaires a évolué au fil des années pour répondre aux
défis économiques et aux besoins des entreprises. En effet, les difficultés financières
peuvent survenir à tout moment pour une entreprise et peuvent avoir des conséquences
graves pour elle, ses employés et ses créanciers. C'est pourquoi la législation marocaine
des affaires, contenue dans le livre V du code de commerce, a intégré les notions de
prévention et de traitement des difficultés pour garantir la continuité de l'entreprise et
préserver l'emploi et l'activité. Cette législation vise ainsi à concilier les objectifs
économiques et sociaux en fournissant un cadre juridique pour aider les entreprises à
sortir de leurs difficultés financières tout en protégeant les intérêts des parties prenantes.

Dans cette perspective, la détermination de la notion de l’entreprise s’avère fondamentale


pour cette législation. En effet, dans un point de vue économique l’entreprise peut être
définie comme une organisation économique et sociale qui rassemble des ressources
humaines, matérielles, immatérielles (telles que les services) et financières, et les
combine de manière organisée afin de fournir des biens ou des services à des clients dans
un environnement de marché concurrentiel ou non concurrentiel. L'objectif principal de
l'entreprise est de réaliser un bénéfice.

Au sens de l’article 546 du livre V du code de commerce relatives aux entreprises en


difficultés l’entreprise peut être un commerçant personne physique ou moral ou une
société commerciale.

Ensuite, il est essentiel de définir la notion d’une entreprise en difficulté comme étant une
entreprise qui rencontre des difficultés financiers ou opérationnels qui menacent sa
capacité à continuer ses activités normalement ou à honorer ses obligations financières.
Ces difficultés peuvent être causées par des facteurs internes tels qu'une gestion
inadéquate, une mauvaise stratégie commerciale ou une incapacité à s'adapter aux
changements du marché, ou par des facteurs externes tels que des conditions
économiques difficiles, une concurrence accrue ou une pandémie.

7
La défaillance est d`abord un événement économique dans la mesure ou elle résulte des
difficultés économiques et financières de l`entreprise. Mais il est également juridique
dans la mesure où la loi définit les critères de déclenchement de la procédure et encadre
strictement la situation de l`entreprise après la cessation de paiement.

La cessation de paiement est un élément important à prendre en compte lorsqu'on parle


d'une entreprise en difficulté, car elle se produit lorsque l'entreprise est dans l'incapacité
de payer ses dettes exigibles avec son actif disponible. Autrement dit, l'entreprise n'a pas
suffisamment de liquidités pour faire face à ses engagements financiers, ce qui peut
entraîner des problèmes graves et menacer sa survie.

Il est important de retracer le contexte dans lequel cette loi a vu le jour. A cela, les
entreprises peuvent être confrontées à des difficultés financières et juridiques, ce qui a
conduit à l'adoption de lois, telles que la loi n°73-17 relative aux entreprises en difficultés
au Maroc en 2018 modifiant et complétant la loi 15-95 dans un contexte national et
international marqué par une volonté de modernisation de l'environnement économique et
juridique du pays.

Au niveau national, le Maroc a entrepris depuis plusieurs années une série de réformes
juridique pour stimuler la croissance et améliorer la compétitivité de son économie. Ces
réformes ont notamment porté sur la simplification des procédures administratives,
l'amélioration du climat des affaires et la promotion de l'investissement.

La loi relative aux entreprises en difficultés s'inscrit dans cette dynamique en visant à
renforcer la protection des entreprises en difficultés et à faciliter leur restructuration afin
de sauvegarder leur activité et les emplois qui en dépendent. En 1996, la loi n° 15-95 a
introduit des dispositions nouvelles en instaurant des procédures de prévention et de
règlement amiable des difficultés des entreprises. Cependant, cette loi a connu un échec
au niveau du livre 5 qui s'inspirait principalement du droit français. Cette transplantation
n'était pas adaptée à la réalité marocaine, comme en témoigne le nombre annuel de

8
disparition d'entreprises. Pour combler les lacunes de la réforme de 1996, le législateur
marocain a adopté une nouvelle loi 73-17 modifiant et complétant le livre 5 du code de
commerce. Cette réforme a renforcé les dispositifs préventifs et introduit une nouvelle
procédure de sauvegarde, similaire à celle du droit français inspirée du chapter 11 du
Bankruptcy code.

Cette loi a ainsi pour objectif de favoriser le redressement des entreprises en difficultés,
tout en préservant les intérêts des créanciers.

On outre, la loi relative aux entreprises en difficulté a connu une adoption


remarquablement influencée par l'adoption d'une économie libérale implique
généralement la libéralisation des marchés et l'ouverture de l'économie à la concurrence.
Cela peut se traduire par des avantages tels que des investissements étrangers directs, des
échanges commerciaux plus importants, des flux de capitaux internationaux et une plus
grande attractivité pour les entreprises.

Le Maroc a mis en place plusieurs mesures pour promouvoir l'investissement, notamment


la création de zones franches, la simplification des procédures administratives et fiscales
et l'offre d'incitations fiscales pour les investisseurs. Ces mesures visent à faciliter la
création d'entreprises et à encourager les investisseurs à s'implanter au territoire
marocain.

Cependant, ces mesures ne suffisent pas toujours à assurer la réussite des entreprises. Les
entreprises peuvent connaître des difficultés financières pour diverses raisons, telles que
des problèmes de trésorerie, des dettes accumulées, des pertes de parts de marché ou des
erreurs de gestion. Dans ces cas-là, les entreprises ont besoin d'un soutien pour surmonter
ces difficultés et continuer à fonctionner. C'est là qu'intervient la loi relative aux
entreprises en difficulté.

9
Au niveau international, l'adoption de la loi relative aux entreprises en difficultés
s'inscrit dans un mouvement global de modernisation des législations nationales en
matière de faillite et d'insolvabilité. Cette tendance s'explique notamment par la
mondialisation des échanges économiques et la nécessité pour les pays de disposer d'un
cadre juridique moderne et efficace pour faciliter la restructuration des entreprises en
difficultés.

La crise financière mondiale de 2008 a également eu un impact significatif sur l'adoption


de la loi relative aux entreprises en difficultés. Cette crise a en effet révélé les faiblesses
du système économique mondial et a entraîné une vague de faillites d'entreprises à travers
le monde.

Au Maroc, la crise de 2008 a également eu des répercussions importantes sur l'économie


nationale, avec une forte contraction de l'activité économique et une augmentation
significative des entreprises en difficultés. Dans ce contexte, l'adoption de la loi relative
aux entreprises en difficultés est apparue comme une réponse nécessaire pour faciliter la
restructuration et le redressement des entreprises en difficultés, afin de limiter les pertes
d'emplois et de préserver le tissu économique national.

Ainsi, la crise de 2008 a constitué un catalyseur pour l'adoption de la loi relative aux
entreprises en difficultés, en mettant en évidence la nécessité d'un cadre juridique
modernisé et efficace pour faciliter la restructuration des entreprises en difficultés.

En somme, loi relative aux entreprises en difficulté joue un rôle crucial en offrant un
cadre juridique visant à soutenir les entreprises à surmonter leurs difficultés, à préserver
les emplois, à protéger les intérêts des créanciers et à stimuler l'investissement.

10
La question fondamentale qui se pose : Quels sont les apports de la loi des entreprises
en difficulté, aussi bien dans sa dimension préventive que curative, pour assurer la
pérennité des entreprises et protéger les intérêts de toutes les parties prenantes ?

Afin de répondre à cette problématique il est judicieux de s’interroger sur les innovations
apportées aux procédures préventives (Première partie) ainsi que les innovations
introduites aux procédures de traitement (Deuxième partie).

11
Première partie :
Les innovations apportées aux procédures
préventives

12
La loi 73.17 introduit plusieurs nouvelles mesures,visant à aider les entreprises, pour
principale objectif de prévenir les difficultés, bien que cette idée qui existait déjà dans la
législation précédente mais qui a été renforcée dans le cadre de la réforme. Ainsi, les
procédures de prévention ont été simplifiées et une nouvelle procédure appelée "la
sauvegarde" a été mise en place.

13
Chapitre I : l’aménagement juridique de la procédure de conciliation

La procédure de conciliation qui se substitue à la procédure de règlement à l’amiable qui


était en vigueur auparavant est récemment instaurée par la nouvelle loi 73-171 Cette
procédure vise à aider les entreprises opérant le secteur commercial en permettant aux
parties de remédier leurs difficultés de nature économique ou financière sans être en état
de cessation de paiement afin d’éviter des procédures judiciaires coûteuses et lentes.

Aux termes de l’article 551: « La procédure de conciliation est ouverte à toute entreprise
qui, sans être en cessation de paiements, éprouve une difficulté économique ou financière
ou des besoins ne pouvant être couverts par un financement adapté aux possibilités de
l'entreprise (…)»2.
En effet, La procédure de conciliation est une procédure qui peut être utilisée par une
entreprise en difficulté financière ou économique, mais qui n'est pas encore en cessation
de paiements. Elle est conçue pour aider les entreprises à surmonter leurs difficultés et à
éviter la faillite en offrant une alternative à la procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire.

La procédure de conciliation est une solution préventive qui permet de traiter les
problèmes de l'entreprise avant qu'ils ne deviennent trop graves.
Elle est particulièrement utile pour les entreprises qui ont des difficultés temporaires ou
des besoins de financement spécifiques qui ne peuvent pas être satisfaits par les moyens
traditionnels.

Seront ainsi abordés, dans cette section, la chronographie de la procédure (Section I)


ainsi-que les effets de l’accord à l’amiable (Section II).

1
Dahir n° 1-18-26 du 2 shaaban 1439 (19 avril 2018) : Bulletin officiel, 2018-12-06, n° 6732, pp. 1879-1907
2
Article 551 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

14
Section I : La chronographie de la procédure de conciliation

Il est judicieux, à ce stade ; d’examiner la phase du déroulement de la procédure de


conciliation ainsi que les effets provisoires qui pourraient avoir lieu et ce, pour mieux
cerner ses contours et par conséquent ; mesurer son efficience
Les entreprises en difficulté financière ont besoin de moment pour se restructurer et
retrouver leur santé financière.

Sous-section I : Le déroulement de la procédure de conciliation

Une fois les difficultés dépistées, l’entreprise n’est pas toujours capable d’y remédier
seule.
L’ouverture de la procédure de conciliation peut être solliciter par le chef d’entreprise via
une requête au président du tribunal de commerce. Celle-ci doit être motivée ce qui
suppose que le chef d’entreprise doit non seulement exposer sa situation actuelle et
décrire les problèmes qu'il rencontre avec précision, mais également expliquer ses
besoins en matière de financement et les mesures qu'il prendra pour surmonter ces
difficultés .

En somme, cela semble être la conclusion que l’on peut tirer de l’article 5513 :
« La requête du chef de l'entreprise comporte un exposé sur la situation financière,
économique et sociale de l’entreprise, les besoins de financement ainsi que les moyens
d'y faire face »

A cet égard, le président du tribunal peut requérir la communication de toute information


susceptible de lui permettre de se faire une idée précise de la situation financière et
économique de l'entreprise en question.

3
Article 551 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

15
Dans ce but, il peut solliciter l'avis du commissaire aux comptes, si l'entreprise dispose
d'un tel poste, ainsi que des représentants du personnel et des autorités publiques, des
établissements de financement et des organismes qui leur sont affiliés, ainsi que tous les
autres organismes financiers.
Outre ces prérogatives, le président du tribunal peut mandater un expert pour établir un
rapport sur la situation financière, économique et sociale de l'entreprise. Cette personne
aura également le pouvoir d'obtenir toutes les informations nécessaires auprès des
établissements bancaires et financiers pour avoir une vision complète et précise de la
situation de l'entreprise sans que le secret bancaire puisse lui être opposé. En conformité
avec les dispositions de l'article 5524.

Compte tenu à ces investigations effectuées par le président du tribunal ou l’examen des
documents présentés par le chef d’entreprise, s’il constate que l'entreprise n'est pas
actuellement en état de cessation de paiement, mais qu'une procédure de redressement
pourrait la favorise, il est alors en mesure de d’engager ladite procédure comme y
pousserait la lecture de l'article 5535.

A cet effet, il désigne un conciliateur pour une période n’excédant pas 3 mois mais qui
peut être prolongée une seule fois à la demande de ce dernier et s’il s’avère que
l’entreprise est en état de cessation de paiement, le président du tribunal transmet le
dossier au tribunal pour l’ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire conformément aux articles 578 et 651 du code de commerce.

En cas d’ouverture de la procédure de conciliation, la mission du conciliateur est fixée


par le président du tribunal .En effet, le conciliateur a pour mission de favoriser la
conclusion d'un accord amiable, sous le contrôle du président du tribunal, entre
l'entreprise en difficulté et ses principaux créanciers, destiné à mettre fin aux difficultés

4
Article 552 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
5
Article 553 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

16
financières ou économique et permettre la poursuite de son activité suivant l’alinéa 1 de
l’article 5546.

En outre, le conciliateur ne dispose d’aucun pouvoir d’investigation pour la réalisation de


sa mission. Néanmoins, il peut obtenir tout information utile, pour l’exercice de sa
mission, auprès du débiteur. Il également prévu que le président du tribunal ayant ouvert
la procédure de conciliation lui communique tous les renseignements dont il dispose en
conformité avec l’article 554 alinéa 27.
Tel sera le cas, lorsque le président du tribunal a obtenu des renseignements sur la
situation économique et financière de l’entreprise par voie d’expertise ou auprès du
commissaire aux comptes, des administrations publiques, voire les établissements
bancaires ou financiers.

Notons au passage que sa vocation initiale est celle d’un « facilitateur » et il ne lui
appartient donc nullement de surveiller les opérations de gestion de l'entreprise et toute
immixtion s'avérera dissuasive pour le chef d'entreprise, qui verrait sa marge de
manœuvre amputée, alors même qu'il n'est pas juridiquement dessaisi.

6
Article 554 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
7
Article 554 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

17
Sous-section II : les effets de la procédure de conciliation antérieurement à la
conclusion de l’accord

La loi n° 15-95 a instauré une règle permettant la suspension provisoire des poursuites.
Cette règle a été maintenue par la suite par la loi n° 17-73.
L'objectif de cette mesure est d'éviter que certains créanciers n'agissent en justice pour
récupérer leurs créances , afin de garantir une égalité de traitement entre tous les
créanciers et prévenir toute forme de discrimination.
En résumé, la règle de la suspension provisoire des poursuites vise à assurer une justice
équitable dans le traitement des créances.

l’article 555-1 prévoit: « Si le conciliateur ou le chef de l’entreprise estime qu’une


suspension provisoire des poursuites serait de nature à faciliter la conclusion de l’accord,
il saisit le président du tribunal. Après avoir recueilli l’avis des principaux créanciers, ce
dernier peut rendre une ordonnance fixant la suspension pour une durée n’excédant pas le
terme de la mission du conciliateur… »8

En revanche, La loi n° 15-959 limitait la possibilité de demander la mise en œuvre de la


SPP au conciliateur.Toutefois, la loi n° 17-73 a étendu cette possibilité au chef
d'entreprise, ce qui a engendré plusieurs problèmes pratiques.

Tout d'abord, il peut y avoir une certaine confusion ou des désaccords entre le chef
d'entreprise et le conciliateur quant à la nécessité ou à l'opportunité de demander une
SPP. Le chef d'entreprise peut être enclin à demander une SPP plus rapidement que le
conciliateur, ce qui pourrait créer des tensions entre les parties. En effet, Le conciliateur a
une expertise certaine en matière de négociation, contrairement au chef d'entreprise qui
est impliqué en tant que partie prenante dans l'accord et n'a pas nécessairement les

8
Article 555 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
9
La loi 15-95 du l’ancien livre V relative aux entreprise en difficulté

18
compétences pour évaluer si une mesure spécifique pourrait favoriser ou non la
conclusion de l'accord.

En outre, le chef d'entreprise pourrait également être confronté à des problèmes de


coordination et de communication avec le conciliateur, car la demande de mise en œuvre
de la SPP est une mesure qui doit être prise conjointement avec ce dernier. Le chef
d'entreprise devra donc s'assurer que les démarches entreprises sont coordonnées avec
celles du conciliateur.

Enfin, la demande de mise en œuvre de la SPP par le chef d'entreprise peut également
susciter des problèmes en termes de responsabilité. Si la SPP n'aboutit pas ou si elle est
mal exécutée, le chef d'entreprise pourrait être tenu pour responsable de la situation, ce
qui pourrait avoir des conséquences financières et juridiques importantes.

Dans l'ensemble, la demande de mise en œuvre de la SPP par le chef d'entreprise peut
présenter des défis pratiques importants, qui nécessitent une bonne coordination et une
communication claire avec le conciliateur. La loi est silencieuse sur ce point.

Par ailleurs, La suspension provisoire des poursuites produit des effets aussi bien à
l’égard des créanciers qu’à l’égard du débiteur selon l’article 55510.

10
Article 555 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

19
 A l’égard des créanciers

l’ordonnance rendue par le président du tribunal suspend et interdit toute action en justice
pendant la période de son exécution pour des créances nées antérieurement à cette
ordonnance et tendant soit à la condamnation du débiteur au paiement d’une somme
d’argent soit à la résolution du contrat pour défaut de paiement d’une somme d’argent.
Aussi, l’ordonnance arrête et interdit toute voie d’exécution de la part des créanciers tant
sur les meubles que sur les immeubles. Enfin, les délais impartis à peine de déchéance ou
de résolution de droits sont suspendus .

 A l’égard du débiteur

il réside dans les conséquences suivantes :


-L’interdiction faite à celui-ci à peine de nullité de payer toute ou partie d’une créance
quelconque dont l’origine est antérieure au prononcé de l’ordonnance. Il lui est également
interdit de désintéresser les cautions qui acquitteraient les créances nées antérieurement ;
Ou de faire un acte de disposition étranger à la gestion normale de l’entreprise ; Ou de
consentir une hypothèque ou un nantissement. Toutefois, l’interdiction de payer ne
s’applique pas aux créances résultantes d’un contrat de travail.
Enfin, si le chef d’entreprise veut faire des paiements dans l’intérêt du bon
fonctionnement de l’entreprise, il doit requérir l’autorisation du président du tribunal.

20
Section II : les suites de la procédure de conciliation

Dans cette deuxième section, nous examinerons la nature contractuelle de l'accord de


conciliation qui a été conclu (paragraphe 1) ainsi que l'avantage accordé aux partisans de
cet accord (paragraphe 2).

Sous- section I : la nature contractuelle de l’accord de conciliation

Lorsqu'une négociation aboutit à un accord réussi entre un débiteur et ses principaux


créanciers, sous la supervision d'un conciliateur, cet accord est considéré comme un
contrat librement consenti entre les parties. La validité de cet accord dépend de la
manifestation de l'échange des consentements entre les parties, qui ont négocié de
manière préalable dans le but de maintenir le débiteur en activité tout en protégeant les
intérêts de ses créanciers.

En raison de sa nature contractuelle, cet accord est soumis au principe juridique "pacta
sunt servanda" qui exige le respect des conventions. Ainsi, cet accord conclu est régi par
ce principe et a une force obligatoire, selon les dispositions de l'article 230 du Dahir des
obligations et des contrats et de l'article 1103 du Code civil français.

Cependant, les parties opposées à cet accord ne sont pas tenues de respecter ses clauses,
car cet accord demeure contrat privé soumis au droit commun des contrats 11. Pour les
parties qui ont consenti à l'accord, celui-ci produira les effets usuels d'un contrat.
Cependant, ils ne pourront pas poursuivre le débiteur en justice pour recouvrer les
créances contenues dans l'accord, car cette action est interdite par l'article 559 qui prévoit
que « L’accord suspend, pendant la durée de son exécution, toute poursuite individuelle
et toute action en justice, tant sur les meubles que sur les immeubles de l’entreprise
débitrice dans le but d’obtenir le paiement des créances qui en font l’objet.

11
Paul LE CANNU, David ROBINE, « Droit des entreprises en difficultés », op.cit., P 117

21
Il suspend les délais impartis aux créanciers à peine de déchéance ou de résolution des
droits afférents à ces créanciers.
Les cautions, solidaires ou non, ayant garanti la créance incluse dans l’accord peuvent se
prévaloir de la suspension provisoire des actions et procédures.
En cas d’inexécution des engagements résultant de l’accord, le président du tribunal
constate par ordonnance non susceptible d’aucun recours la résolution de l’accord ainsi
que la déchéance de tout délai de paiement accordé.
Il renvoie l’affaire devant le tribunal aux fins d’ouverture de la procédure de
redressement ou de liquidation judiciaire.»12
et l'article L. 611-16-1 équivalent en droit français. Cette interdiction renforce le principe
de la force obligatoire des conventions.

12
Article 559 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

22
Sous-section II : Le privilège du New Money face à l'attrait de la procédure de
conciliation

Lorsqu'une entreprise est en difficulté, la confiance de ses partenaires commerciaux est


essentielle pour sa survie. Cependant, cette confiance peut être rapidement ébranlée dès
que les partenaires apprennent que l'entreprise rencontre des problèmes, ce qui peut avoir
des conséquences négatives sur la réputation de l'entreprise. Pour remédier à cela, les
législateurs marocains et français ont introduit un privilège "new money" ou "argent
frais" pour les créanciers qui viennent en aide à l'entreprise pendant une procédure de
conciliation.
Ce privilège donne la priorité de paiement à tout créancier qui fournit de nouveaux fonds
ou des biens ou services pour maintenir les activités de l'entreprise et assurer sa pérennité.

Cependant, les actionnaires ou associés de l'entreprise qui ont investi dans une
augmentation de capital ne sont pas éligibles à ce privilège, bien qu'ils puissent en
bénéficier en fournissant des fonds via leur compte courant d'associé. Cette mesure vise à
encourager les partenaires commerciaux à avoir confiance dans l'entreprise débitrice et à
lui apporter leur soutien pendant la procédure de conciliation.

23
Chapitre II : La mise en place de la procédure de sauvegarde

La procédure de sauvegarde est une procédure d'origine américaine, qui a été créée dans
le chapitre XV du droit fédéral américain (Chapter Eleven du Bankruptcy Code). La
France a adopté cette procédure en s'inspirant de la législation américaine, suite à
l'évaluation des réformes de juillet 1967 et de 1985. Toutefois, ces lois ont fait l'objet de
nombreuses critiques et ont été révisées à plusieurs reprises.

Le Maroc a adopté la législation française comme modèle pour établir sa propre


législation en matière de procédures de sauvegarde. Plus précisément, la loi 73-17 de
2018 a été promulguée pour modifier le livre V de la loi 15-95 relative au code de
commerce, afin d'instituer une procédure de sauvegarde.
Cette décision montre que le Maroc a choisi d'aligner sa législation sur les normes
internationales en matière de procédures de sauvegarde et de mettre en place un cadre
juridique pour aider les entreprises en difficulté à se réorganiser et à redresser leur
situation financière. La mise en œuvre de cette procédure de sauvegarde peut offrir aux
entreprises une alternative à la liquidation et contribuer à maintenir l'activité économique
et l'emploi13.

Cette procédure a pour objectif d’instaurer un système incitatif et protecteur, comme


l'indique son nom. Elle demeure une institution essentielle de la loi 73-17.
Elle a été mise en place pour répondre aux attentes des praticiens et des autorités
publiques, en vue de permettre aux débiteurs en difficulté de se protéger en se plaçant
sous la juridiction du tribunal, le temps de restructurer leur entreprise et de négocier leurs
dettes avec leurs créanciers.
Le but est d'éviter que la situation du débiteur ne se détériore au point de tomber en
cessation des paiements.

13
Articles 560 à 574 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
.

24
Il s’agit d’une procédure judiciaire préventive - curative qui est ouverte aux débiteurs
commerçants, qu'ils soient des personnes physiques ou des personnes morales, dans le
but de les aider à faire face à leurs difficultés. Cependant, contrairement à la procédure de
sauvegarde française qui s'applique également aux artisans, agriculteurs, et autres
professionnels indépendants, la procédure marocaine ne s'adresse qu'aux débiteurs
commerciaux. Selon le législateur marocain, cette procédure a pour but de permettre à
l'entreprise en difficulté de maintenir ses activités, de sauvegarder l'emploi, et de
l’apurement du passif.

Il est important de noter que la procédure que la procédure de sauvegarde peut être
considérée comme une mesure préventive. En effet la sauvegarde s’analyse comme « un
redressement judiciaire anticipé »14

On va mettre l’accent sur les modalités de la procédure de sauvegarde (Section – 1) ainsi


que les implications de la procédure de sauvegarde (Section – 2).

14
Jérôme Deharveng, Magistrat « LA PROCÉDURE DE SAUVEGARDE EST L'ANTICIPATION DU
REDRESSEMENT JUDICIAIRE PLUTÔT QU'UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE ANTICIPÉ : THÉORIE ET
PRATIQUE AU TERME D'UNE ANNÉE D'APPLICATION » Réf : LPA 16 févr. 2007, n° PA 200703501, p. 4

25
Section I : les modalités de la procédure de sauvegarde

La nouvelle procédure de sauvegarde est considérée comme un mécanisme hybride qui


nécessite une analyse approfondie pour comprendre ses objectifs et ses retombées
pratiques. Cette procédure vise à mobiliser les dirigeants d'entreprise en leur permettant
de rester à la tête de leur entreprise. Le législateur a mis en place des mesures visant à
garantir le succès de cette procédure en laissant aux dirigeants d'entreprise le droit
exclusif de demander l'ouverture de la procédure.

Sous-section 1 : la mise en œuvre de la procédure de sauvegarde

A ce niveau, il convient d’analyser la mise en œuvre de la procédure de sauvegarde tant


sur le plan de sa nature juridique, ses organes, que sur le plan de ses conditions
d’ouverture.

La mise en œuvre de cette procédure est soumise à un formalisme qui doit être
strictement respecté et ce, par rapport au fond que la forme.

Ainsi qu’il faut examiner le rôle et les différentes attributions des organes intervenants
dans la procédure et ce, en vue de mettre la lumière sur l’impact de chaque intervenant
sur la réussite de la procédure.

26
Paragraphe I - La nature juridique et les organes de la procédure de
sauvegarde

A- Les caractéristiques de la procédure de sauvegarde

L’article 56015 prévoit que la procédure de sauvegarde « ...a pour objet de permettre à
l’entreprise de garantir la poursuite de son activité́, le maintien de l’emploi et l’apurement
du passif. ».

Elle est facultative : elle peut être demandée par le chef d'entreprise qui, présumé de
bonne foi, exprime sa volonté de sauvegarder l'entreprise avant l'ouverture d'une
procédure de redressement ou de liquidation judiciaire conformément à l’article 561 de la
loi 73-1716.
Sa mise en œuvre est laissée à la discrétion du chef d’entreprise.
Il s'agit d'une disposition légale qui permet au chef d'entreprise de demander l'ouverture
d'une procédure de sauvegarde avant que l'entreprise ne soit en cessation de paiements,
c'est-à-dire avant qu'elle ne soit plus en mesure de payer ses dettes. Cette demande de
procédure de sauvegarde peut être faite si le chef d'entreprise estime que l'entreprise est
en difficulté financière et qu'une telle procédure pourrait aider à la sauvegarde de
l'entreprise.

De nature curative a objectif préventif ; La sauvegarde est à la fois une procédure


préventive qui doit intervenir avant que les difficultés de l’entreprise ne soient telles que
celle-ci se trouve en cessation des paiements. Mais c’est en même temps une procédure
curative, dans la mesure où les mécanismes mis en œuvre s’inspirent assez largement de

15
La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises.
16
Voir l’article 561 de la loi 73-17 du livre V relative aux difficultés des entreprises.

27
la procédure de redressement judiciaire17, par l’intervention des autres organes
indépendamment de président de tribunal à savoir le juge commissaire, le syndic, les
contrôleurs...etc.

Favorable aux dirigeants de la personne morale débitrice ou au débiteur personne


physique ; La nouvelle procédure de sauvegarde “revalorise la situation du débiteur”,
elle lui permet de se prémunir contre les poursuites de ses créanciers. Ce dispositif
permet au dirigeant de rester davantage maitre de la procédure, sous le contrôle du
tribunal de commerce, parce qu’il n’est pas mis en concurrence avec des tiers qui
pourraient proposer le rachat de l’entreprise. Quand l’entreprise est en sauvegarde, cela
signifie qu’elle n’est pas encore défaillante ; il n’y a à ce stade aucune raison d’empêcher
le dirigeant de gérer l’entreprise18.

Dans le même contexte, il a été indiqué que La loi Marocaine et Française sont unanimes
quant à l’ouverture de la procédure de sauvegarde n’entraine pas le dessaisissement du
débiteur. Au cours de la période de préparation de la solution, le dirigeant ne peut être
dessaisi de ses prérogatives de direction de l’entreprise, le maintien en place du dirigeant
est justifié, il sera anodin que le juge procède au bouleversement de la direction d’une
entreprise qui n’est pas défaillante. De même, il nous paraît judicieux que le dirigeant
continue à gérer l’entreprise puisqu’il a su traiter en amont les difficultés . Donc, toute
initiative tendant à lui ôter cette prérogative, sera réputée inopportune, voire fâcheuse 19.

En effet, elle peut être favorable aux dirigeants de la personne morale débitrice ou au
débiteur personne physique dans la mesure où elle permet de préserver l'activité de

17
Gérard BLANC, « la nouvelle loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005 », actes du Colloque organisé
par la Faculté de Droit et de Science Politique d’Aix- Marseille, presses universitaires d’Aix Marseille, 2006, p.64.

18
LYAZAMI, N., « Le nouveau mécanisme de sauvegarde des entreprises en difficulté Une vraie « bouée de
sauvetage » pour les entreprises naufragées » p 23.
19
Ibid. p 24.

28
l'entreprise tout en évitant la liquidation judiciaire. Cela leur permet de continuer à gérer
leur entreprise et de tenter de la redresser, tout en bénéficiant d'une suspension des
poursuites individuelles des créanciers.

B- Les organes de la procédure

Avant d'ouvrir une procédure de sauvegarde, une phase d'observation doit être effectuée
pour déterminer si la demande est recevable. Si le tribunal juge la demande recevable, il
nommera des organes de la procédure tels que le juge commissaire, le syndic et les
contrôleurs pour superviser et gérer la procédure. Le tribunal désignera un juge
commissaire et un syndic pour agir en tant qu'organes de contrôle et d'exécution de la
procédure de sauvegarde. Toutefois, la fonction de syndic ne peut être exercée par un
membre de la famille du chef de l'entreprise ou d'un dirigeant jusqu'au quatrième degré.

Le tribunal : Le tribunal joue un rôle clé dans la procédure de sauvegarde d'une


entreprise en difficulté. Il est chargé d'examiner la demande d'ouverture de la procédure
de sauvegarde déposée par le chef d'entreprise et de statuer sur cette demande dans un
délai de 15 jours.
Si le tribunal décide d'ouvrir la procédure de sauvegarde, il nomme les organes de la
procédure pour analyser la situation financière, économique et sociale de l'entreprise. Sur
la base du rapport établi par le syndic, le tribunal peut approuver ou modifier le plan de
sauvegarde proposé par le chef d'entreprise.
En outre, le tribunal peut également décider de redresser l'entreprise en difficulté ou de la
liquider judiciairement. Le rôle du tribunal est donc crucial dans la prise de décision pour
sauver ou non l'entreprise en difficulté.

Le juge commissaire et son suppléant : sont choisis parmi les magistrats du tribunal
lors de l'ouverture d'une procédure de sauvegarde. Il convient de noter que la loi du 19
Avril 2018 a instituée pour la première fois la nomination d’un suppléant au juge

29
commissaire appelé à remplacer ce dernier en cas d’empêchement pour assurer
l’indépendance et l’impartialité.
Le juge commissaire a pour mission de veiller au bon déroulement et à la protection des
intérêts de tous les intervenants selon l’article 67120.
Il exerce une autorité juridictionnelle en tant que juge de premier degré. Il a des pouvoirs
étendus et reçoit des informations de différents acteurs tels que le syndic, les contrôleurs,
les créanciers et le procureur du Roi. Dans le cadre d'une cession d'entreprise . Le juge
commissaire peut désigner des contrôleurs parmi les créanciers qui en font la demande et
ordonner le paiement provisionnel d'une partie de la créance définitivement admise.
Enfin, le juge commissaire peut demander au procureur du Roi de fournir des
informations utiles à la procédure.

Le syndic : Le rôle du syndic consiste à gérer les actions du plan de sauvegarde et à


examiner les créances, en étant supervisé par le juge commissaire. Le syndic doit tenir le
juge commissaire informé de l'avancement de la procédure et lui fournir tous les
documents nécessaires pour évaluer la situation. Il est également responsable d'informer
et de consulter les créanciers sur toutes les questions liées à la procédure. Si nécessaire, le
tribunal peut remplacer le syndic à la demande du ministère public, du juge commissaire
ou d'un créancier.

Le chef de l’entreprise : il assure les opérations de gestion, mais sous le contrôle du


syndic, notamment en ce qui concerne les actes de disposition et l'exécution du plan de
sauvegarde. Il est également tenu de dresser un inventaire du patrimoine de l'entreprise
dès l'ouverture de la procédure de sauvegarde, ainsi qu'une liste des biens susceptibles
d'être revendiqués par un tiers.

20
Voir l’Article 671 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

30
En ce qui concerne la préparation de la solution, le chef d'entreprise doit collaborer avec
le syndic pour dresser un rapport sur le bilan financier, économique et social de
l'entreprise.

Les contrôleurs : Lors d'une procédure de sauvegarde, le juge commissaire peut désigner
jusqu'à trois contrôleurs parmi les créanciers qui en font la demande. Ces contrôleurs,
qu'ils soient des personnes physiques ou morales, sont tenus au secret professionnel et
assistent le syndic dans ses fonctions ainsi que le juge commissaire dans sa mission de
surveillance et de gestion de l'entreprise. Le juge commissaire doit veiller à ce qu'au
moins un contrôleur soit choisi parmi les créanciers titulaires et un autre parmi les
créanciers chirographaires, et aucun parent ou allié jusqu'au 4ème degré inclusivement du
chef d'entreprise ne peut être nommé contrôleur ou représentant d'une personne morale
désignée comme contrôleur. Les contrôleurs peuvent être révoqués par le tribunal sur
proposition du juge commissaire ou du syndic, et ils doivent rendre compte aux autres
créanciers de l'accomplissement de leur mission à chaque étape de la procédure. Les
fonctions des contrôleurs sont bénévoles, et ils peuvent se faire représenter par
procuration spéciale par l'un de leurs préposés ou par un avocat. Conformément aux
dispositions de l’article 67821.

21
Voir l’Article 678 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

31
Paragraphe II - Les conditions d’ouverture de la procédure de sauvegarde

Afin de déclencher la procédure de sauvegarde, il est recommandé de respecter un certain


formalisme tant sur la forme que sur le fond. Ces conditions doivent être remplies pour
garantir une mise en œuvre efficace de la procédure de sauvegarde.

A- Les conditions de fond

Les conditions de fond concernent la qualité du débiteur, l'absence de cessation de


paiement, ainsi que la survenue de difficultés majeures d'ordre économique, juridique,
financier ou social, qui pourraient éventuellement conduire à la cessation des paiements.

a- La qualité du débiteur

Les entreprises qui peuvent être concernées par la procédure de sauvegarde au Maroc
sont les entreprises commerciales, notamment celles qui sont définis par l’art 546« on
entend par entreprise au sens de ce présent livre, le commerçant personne physique ou la
société́ commerciale ... » 22.
Contrairement au législateur français qui a mis la procédure de sauvegarde aux bénéfices
des entreprises commerciales, artisanales, agricoles, les sociétés civiles immobilières et
les associations soumises à un régime fiscal conformément à l’art 620-223 « la procédure
de sauvegarde est applicable à toute personne exerçant une activité́ commerciale ou
artisanale, a tout agriculteur a tout personne physique exerçant une activité́
professionnelle indépendante y compris, une profession libérale soumise à un statut

22
Article 546 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
23
Art 620-2 du code de commerce français

32
législatif ou règlementaire dont le titre est protégé́ , ainsi qu’à toute personne morale de
droit privé ».

b- L’absence de cessation de paiements

La cessation des paiements se compose de deux éléments principaux : premièrement, le


commerçant n'a pas respecté les échéances de ses dettes, et deuxièmement, il a refusé de
payer une ou plusieurs dettes exigibles. Cependant, il est important de souligner que la
simple absence de paiement ne suffit pas pour considérer qu'il y a cessation des
paiements. Il faut que le débiteur se trouve dans une situation désespérée qui le met dans
l'impossibilité de faire face à ses dettes exigibles, certaines et liquides.
La jurisprudence marocaine a renforcé l'importance de cet aspect, comme en témoigne le
jugement N°17524 qui dispose ce qui suit : Au vu de l’écoute clients ; ce qui a entrainé la
réduction du capital, en effet l’entreprise n’a pas honoré ses engagements auprès de ses
créanciers, dont certains ont choisi de la poursuivre judiciairement à l’instar de la
société… qui a pu avoir un jugement en sa faveur pour le paiement d’une somme
provisoire s’élevant à 580.000.00 Dhs, et qui bénéficie d’un nantissement du fonds de
commerce de l’entreprise ; dont la procédure est portée devant la cour d’appel, et dont
l’exécution aboutira à la cessation de paiement, d’où il sollicite l’adoption d’un plan de
paiement des dettes pour une durée de trois ans seulement.
Au vu de l’article 560 du code de commerce qui dispose que : la procédure de
sauvegarde a pour objet de permettre à l’entreprise de surmonter ses difficultés afin
de garantir la poursuite de son activité, le maintien de l’emploi et l’apurement de
passif.

24
Jugement N°175 du Dossier N°159/8315/2018

33
Il est exigé pour l’acceptation de l’ouverture de la procédure de sauvegarde selon l’article

561 du code de commerce que : la procédure de sauvegarde peut être ouverte sur
demande d’une entreprise qui, n’est pas en mesure de surmonter et qui pourraient
entraîner dans un proche délai la cessation de paiement.
Au vu de la consultation du dossier du cas d’espèce, il s’est avéré que le chef de
l’entreprise a produit outre que les documents requis en vertu de l’article 577 du code
de commerce, un projet de plan de sauvegarde, à travers lequel, il a confirmé que
l’entreprise va payer ses dettes dans trois ans, et ce en prenant en compte les
investissements qu’elle a pu en profiter, surtout que sa capacité d’autofinancement est
positive, et que l’acquittement de ses dettes avec la réalisation de ses projets remédiera
à sa situation dans les brefs délais.
Au vu de ce qui a été précité, toutes les conditions légales requises pour l’ouverture
de la procédure de sauvegarde de ladite entreprise y compris celle de ne pas être en
état de cessation de paiement, avec l’existence de difficultés financières, qu’on ne
peut surmonter sans l’adoption d’un plan de paiement, et que la non ouverture de cette
procédure entrainera sa cessation de paiement, avec le risque de l’ouverture d’une
procédure de redressement ou de liquidation à son encontre.
En effet, la demande de l’ouverture de procédure de sauvegarde demeure justifiée, et
recevable.
Le chef d'entreprise a attribué la crise au non-paiement des dettes. Toutefois, si les
conditions d'ouverture ne sont pas respectées, le jugement peut être contesté en vertu des
dispositions de l'article 762 et 763.

34
Article 76225 : « Les décisions susceptibles d’appel et les parties habilitées à interjeter
appel sont fixées comme suit :
1– les décisions rendues en matière d’ouverture de la procédure de sauvegarde, de
redressement ou de liquidation judiciaire, par le débiteur, le créancier s’il a demandé
l’ouverture de la procédure, et le ministère public ;
2– les décisions rendues en matière d’extension de la procédure de redressement
judiciaire ou de liquidation conformément à l’article 585 cidessus, par l’entreprise
soumise à la procédure, le syndic, l’entreprise à laquelle la procédure est étendue et le
ministère public ;
3– les décisions rendues en matière de conversion de la procédure de sauvegarde en
redressement ou liquidation judiciaire, par le débiteur, le syndic, l’assemblée des
créanciers et le ministère public ;
4-les décisions rendues en matière de conversion de la procédure de redressement
judiciaire en liquidation, par le débiteur, le syndic, l’assemblée des créanciers et le
ministère public ;
5– les décisions rendues en matière du plan de sauvegarde ou de continuation, par le
débiteur, le syndic, l’assemblée des créanciers et le ministère public ;
6– les décisions rendues en matière du plan de cession, par le débiteur, le syndic, le
ministère public et le cessionnaire dans le cas où le tribunal lui impose des charges qui
dépassent les engagements qu’il a souscrits au cours de la préparation du plan ainsi que le
cocontractant de ce dernier.
Conformément à l’article 638 ci-dessus dans la limite de la partie du jugement relative à
la cession du contrat ;

25
Article 762 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

35
7– les décisions rendues en matière de modification dans les objectifs et les moyens du
plan de sauvegarde ou de cession, par le débiteur, le syndic, l’assemblée des créanciers et
le ministère public ;
8– les décisions rendues en matière de résolution du plan de sauvegarde, de continuation
ou de cession, par le débiteur, le créancier s’il a demandé la résolution, l’assemblée des
créanciers et le ministère public ;
9– les décisions rendues en matière de désignation ou de remplacement du syndic, de
modification de ses pouvoirs ou du renouvellement du délai prévu à l’article 595 ci-
dessus, uniquement par le ministère public ;
10– les décisions rendues en matière des sanctions civiles, par le syndic, le ministère
public ou les personnes condamnées ;
11– les décisions rendues par le juge-commissaire en vertu desquelles il autorise le chef
de l’entreprise ou l’un des créanciers à procéder à la vente par adjudication amiable ou de
gré à gré conformément au 3ème alinéa de l’article 654 ci-dessus. »

Article 76326 : « L’opposition et la tierce opposition sont formées contre les


décisions rendues en matière de redressement et de liquidation judiciaire et de
déchéance commerciale par déclaration au greffe du tribunal dans le délai de
quinze (15) jours à compter du prononcé de la décision ou de sa publication au
Bulletin Officiel si cette publication est prescrite. »

Ainsi, le tribunal a d’autres moyens pour vérifier les prétentions du demandeur et de


prouver qu’il n’est pas en état de cessation de paiement , ces moyens sont cités dans
l’art 552 de la loi n° 73-17 qui dispose que « le président du tribunal peut nonobstant
toute disposition législative contraire , obtenir communication par le commissaire aux

26
Article 763 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

36
comptes s’il en existe , le représentant des salariés , les administrations de l’État et les
autres personnes de droit public , les établissent de crédits et les organismes assimilés,
les organismes financières ou toute autre partie, des renseignement de nature à lui
donner une exacte information sur la situation économique et financière de
l’entreprise. »

Le tribunal dispose d'autres moyens pour vérifier les affirmations du demandeur et


prouver qu'il n'est pas en état de cessation de paiement tels quelles sont prévus par l’art
55227 « le président du tribunal peut nonobstant toute disposition législative contraire,
obtenir communication par le commissaire aux comptes s’il en existe, le représentant des
salariés , les administrations de l’État et les autres personnes de droit public, les
établissent de crédits et les organismes assimilés ,les organismes financières ou toute
autre partie, des renseignement de nature à lui donner une exacte information sur la
situation économique et financière de l’entreprise. »

En plus des pouvoirs mentionnés dans le paragraphe précédent, le président du tribunal a


la possibilité de désigner un expert afin de produire un rapport sur l'état économique,
social et financier de l'entreprise.

Le rapport de l’expert fournie aura clairement pour effet d’aider le tribunal à mieux
comprendre les points en question, ce qui a été confirmé par une décision de justice qui
énonce ce qui suit : L’ARRET N°9228« Suite aux conclusions de l’expert Mr
ESSAFRIOUI MOHAMED, ces derniers ont pu prouver suivant la comptabilité de la

27
Article 552 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
28
L’ARRET N°92 du tribunal commercial de Casablanca

37
société STROC INDUSTRIE et les dettes qui incombent sur la société que cette dernière
n’est pas en état de cessation de paiement, ce qui justifie techniquement le jugement
d’ouverture de la procédure de sauvegarde en faveur de cette société. »

B- Les conditions de forme

Les conditions de forme pour une procédure de sauvegarde d'une entreprise sont les
suivantes :

La saisine du tribunal : Seul le chef de l’entreprise peut saisir le tribunal en présentant


une requête qui doit contenir une description précise de la nature des difficultés
insurmontables menaçant la continuité et la stabilité de l’entreprise, ainsi que des
propositions portant sur les moyens de redressement et tendant à aboutir à un plan de
secours. La demande doit être accompagnée de documents obligatoires tels que les états
de synthèse du dernier exercice comptable, l'évaluation des biens de l'entreprise, la liste
des créanciers et débiteurs, le tableau des charges, etc. Ces documents sont énoncés dans
l’article 57729.

La compétence juridictionnelle : Le tribunal compétent pour prononcer une procédure


de sauvegarde est celui du lieu du principal établissement du commerçant ou du siège
social de la société. La compétence matérielle revient aux juridictions commerciales
Conformément aux dispositions de l’article 11 de la loi 53-9530.

29
Article 577 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
30
Article 11 de La loi 53-95 relative aux juridictions de commerce

38
Le règlement et frais de l’opération : Le président fixe un montant pour couvrir les
frais de publicité et d’administration de la procédure, devant être versé sans délai à la
caisse du tribunal par le chef d’entreprise. Les frais de justice relatifs à la procédure de
sauvegarde disposent d’un super privilège pour permettre la continuité et la réussite de
l'entreprise.

39
Sous-section 2 : le déroulement de la procédure de sauvegarde

Paragraphe I : La préparation et le choix de la solution31

La procédure de sauvegarde est une mesure juridique qui permet de protéger une
entreprise en difficulté et de maintenir son activité. Elle est déclenchée par une décision
judiciaire qui nomme un syndic chargé de superviser l'entreprise et de préparer un rapport
financier, économique et social pour le tribunal. Le chef d'entreprise reste responsable de
la gestion quotidienne, mais est soumis au contrôle du syndic pour les actes de
disposition et l'exécution du plan de sauvegarde.
Dès le début de la procédure de sauvegarde, le chef d'entreprise doit dresser un inventaire
du patrimoine de l'entreprise ainsi que des garanties qui le grèvent, accompagné d'une
liste mentionnant les biens susceptibles d'être revendiqués par un tiers.

Le syndic doit obtenir toutes les informations sur la situation financière, économique et
sociale de l'entreprise, en demandant des renseignements aux administrations de l'Etat,
aux personnes morales de droit public et à toute autre partie. Ensuite, le syndic doit
proposer une solution au tribunal, en soumettant soit l'approbation d'un plan de
sauvegarde ou sa modification, soit le redressement de l'entreprise ou la liquidation
judiciaire.
Le chef d'entreprise ou le syndic doit obtenir l'autorisation du juge-commissaire pour
consentir un nantissement ou une hypothèque, compromettre ou transiger.

31 My Mohamed Lahbib Rhalib et Zakaria Bouabidi « l’essentiel du droit des entreprises en difficulté A jour de la
loi 73-17 » - P 63-68

40
Enfin, dans certaines circonstances particulières, comme une augmentation du capital ou
des capitaux propres inférieurs au quart du capital social, l'assemblée générale doit
reconstituer ces capitaux avant de soumettre une proposition au tribunal pour
approbation. L'exécution des engagements pris par les actionnaires ou associés, ou par de
nouveaux souscripteurs est subordonnée à l'acceptation du plan par le tribunal, sinon les
clauses d'agrément sont réputées non écrites.

En ce qui concerne les créanciers, le syndic doit communiquer les propositions pour le
règlement des dettes aux contrôleurs sous la surveillance du juge commissaire. Le syndic
recueille l'accord de chaque créancier individuellement ou collectivement sur les délais et
remises qu'il leur demande pour assurer la bonne exécution du plan. En cas de
consultation individuelle, le défaut de réponse dans le délai de trente jours à compter de
la réception de la lettre du syndic vaut acceptation.

Si le syndic décide de consulter collectivement les créanciers, ces derniers se réunissent


sous sa présidence et à sa convocation. La réunion doit avoir lieu entre le 15e et le 21e
jour de l'envoi de la convocation. Le syndic fait aux créanciers un rapport sur l'état du
redressement judiciaire ainsi que sur la poursuite de l'activité de l'entreprise depuis
l'ouverture de la procédure. L'accord de chaque créancier présent ou représenté sur les
propositions de règlement du passif est recueilli par écrit.
Le syndic dresse un état des réponses faites par les créanciers au terme de leur
consultation individuelle ou collective. Le chef de l'entreprise et les contrôleurs sont
consultés sur le rapport (B.E.S) qui leur est communiqué par le syndic par lettre
recommandée avec accusé de réception.

41
Paragraphe II : Les effets de jugement32 :

Lorsqu'un jugement de la procédure de sauvegarde est prononcé pour une entreprise, il


prend effet immédiatement et doit être enregistré rapidement auprès des registres de
commerce locaux et centraux. Dans les huit jours suivant le jugement, le greffier doit
publier un avis dans un journal officiel, mentionnant la dénomination sociale de
l'entreprise telle qu'elle est enregistrée au registre de commerce ainsi que son numéro RC.
Cet avis doit inviter les créanciers à déclarer leurs créances auprès du syndic désigné. De
plus, le jugement doit être enregistré sur les livres de la conservation foncière. L'avis doit
également être affiché au tribunal immédiatement après le prononcé du jugement.
Pendant cette période, les intérêts sont gelés et les contrats essentiels pour la continuité de
l'entreprise sont maintenus. Enfin, dans les huit jours suivant le jugement, le greffier doit
notifier le chef de l'entreprise et le syndic de la décision prise.

32
My Mohamed Lahbib Rhalib et Zakaria Bouabidi « l’essentiel du droit des entreprises en difficulté A
jour de la loi 73-17 » p 62

42
Section II - Les implications de la procédure de sauvegarde

Si les conditions sont remplies, le tribunal peut homologuer le plan de sauvegarde


proposé et, en cas de non-exécution des engagements, il peut également décider de
résilier ce plan.

Sous-section I : Les aboutissements de la procédure de sauvegarde

Si un plan de sauvegarde est homologué, les mesures prévues dans le plan seront mises
en œuvre. Cependant, si les résultats escomptés ne sont pas atteints, d'autres mesures
seront envisagées.

Paragraphe I : En cas de réussite

Si le tribunal constate que les conditions de la sauvegarde sont remplies, à la lumière


du rapport du syndic judiciaire et après avoir entendu le chef de l'entreprise, il doit
ordonner l'homologation du plan de sauvegarde en respectant les dispositions de
l’article 62333 qui prévois ce qui suit « les personnes qui exécuteront le plan, même à
titre d’associé, ne peuvent pas se voir imposer des charges que les engagements
qu’elles ont souscrits au cours de sa préparation sous réserve des dispositions prévues
aux articles 599 638 642 et 642 »

Article 62434 : Le tribunal décide la continuation de l’entreprise lorsqu’il existe des

33
34
La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

43
possibilités sérieuses de redressement et de règlement du passif. Le plan de
continuation arrêté par le tribunal indique, le cas échéant, les modifications apportées
à la gestion de l’entreprise en vertu des dispositions qui suivent et les modalités
d’apurement du passif déterminées en application des articles 630 à 634 ci-dessous.

Le tribunal peut arrêter le plan de continuation même si la vérification des créances


effectuée selon les dispositions des articles 721 à 732 ci-dessous, n’est pas terminée.
Cette continuation est accompagnée s’il y a lieu de l’arrêt, de l’adjonction, ou de la
cession de certaines branches d’activité. Les cessions faites en application du présent
article sont soumises aux dispositions du titre V du présent livre.

Lorsque les décisions accompagnant la continuation précitée entraînent la résiliation


des contrats de travail, cette résiliation est réputée pour des raisons économiques
nonobstant toute loi contraire.

Cette résiliation ne prend effet qu’après en avoir notifié le délégué régional du travail
le gouverneur de la préfecture ou de la province concernée par le syndic. Les salariés
licenciés conservent l’intégralité des droits qui leur sont reconnus par la loi.

Article 62535 : Lorsque l’entreprise a fait l’objet d’une interdiction d’émettre des
chèques en raison de faits antérieurs au jugement d’ouverture d’une procédure de
redressement, le tribunal peut prononcer la suspension des effets de cette mesure
pendant la durée d’exécution du plan et du règlement du passif.
La résolution du plan met fin de plein droit à la suspension de l’interdiction.

Le respect des échéances et des modalités prévues par le plan vaut régularisation des
incidents.

35
Article 625 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

44
Article 62736 : Le plan de continuation mentionne les modifications des statuts
nécessaires à la continuation de l’entreprise.

Le syndic convoque, dans les formes prévues par les statuts, l’assemblée compétente
pour mettre en œuvre les modifications prévues par le plan.
Article 62937 : Une modification dans les objectifs et les moyens du plan ne peut être
décidée que par le tribunal à la demande du chef d’entreprise et sur le rapport du
syndic.
Lorsque la modification dans les objectifs et les moyens du plan de continuation peut
avoir des conséquences négatives sur les remises ou les délais acceptés par les
créanciers, le syndic convoque l’assemblée selon les dispositions des articles 609 et
610 ci-dessus.
Le tribunal statue après avoir entendu ou dûment appelé les parties et toute personne
intéressée. Il peut aussi prononcer la résolution du plan de continuation dans les formes et
avec les effets prévus à l’article 634 ci-dessous.

Article 63238 : En cas de vente d’un bien grevé d’un privilège spécial, d’un
nantissement ou d’une hypothèque, les créanciers bénéficiaires de ces sûretés ou
titulaires d’un privilège général, sont payés sur le prix après le paiement des créanciers
qui les priment.

Le tribunal peut fixer une durée maximale de cinq ans pour l'exécution d'un plan de
sauvegarde, conformément aux dispositions de l'article 57039 qui prévoit ce qui suit « Le

36
Article 627 de la loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
37
Article 629 de la loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
38
Article 632 de la loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
39
Article 570 de la loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

45
tribunal fixe une durée pour l’exécution du plan de sauvegarde sans pouvoir excéder cinq
ans. ». Cette durée peut être plus courte si le tribunal le juge approprié en fonction des
circonstances particulières de l'affaire.

Les cautions, personnes physiques, qu'elles soient solidaires ou non, peuvent bénéficier
des dispositions du plan de sauvegarde ou de la suspension des intérêts légaux et
conventionnels, ainsi que de tous les intérêts de retard et de toute autre majoration
conformément à l’article 57240 « Les cautions, personnes physiques, solidaires ou non,
peuvent se prévaloir :
– des dispositions du plan de sauvegarde ;
– de l’arrêt du cours des intérêts prévu à l’article 692 ci-dessous. ».

40
Article 572 de la loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

46
Paragraphe II : En cas d’échec41

Le tribunal peut ordonner la résolution du plan de sauvegarde si les obligations


déterminées dans ce plan ne sont pas respectées. En conséquence, le tribunal peut décider
soit de procéder au redressement de l'entreprise, soit de la liquider judiciairement. Cette
décision peut être prise d’office où à la demande émanant d’un ou plusieurs créanciers.
Avant de prendre une telle décision, il est cependant obligatoire de convoquer le chef
d’entreprise ou le syndic afin de les entendre. En cas de substitution du redressement
judiciaire à la procédure de sauvegarde, les créanciers soumis au plan de sauvegarde
doivent déclarer leurs créances et garanties en tenant compte des montants déjà perçus en
vertu du plan.

Si le tribunal décide d’opter la procédure de sauvegarde par la liquidation judiciaire, les


créanciers soumis à ce plan sont tenus de déclarer l'intégralité de leurs créances, en
déduisant les sommes perçues.
Les créanciers qui ont des créances qui ont été nées après l'ouverture de la procédure
peuvent également déclarer leurs créances conformément aux dispositions du chapitre 12,
section 6 du nouveau livre V du code de commerce conformément à l’article 573 42.
Il convient de noter que la procédure de sauvegarde ne relève pas des règles relatives à la
période suspecte telles que définies dans la section 6 du livre 11 du code de commerce.

41
Dr Moustapha Bounja § Dr ELLOUAH Nihal ‘’LES PROCEDURES DES ENTREPRISES EN DIFFICULTE SUIVANT LA LOI
73-17 P172 Publié au ‫ منشورات المركز المغربي للتحكيم و منازعات االعمال‬en 2018 P 193-194

42
Voir L’article 561 de la loi 73-17 du livre V relative aux difficultés des entreprises.

47
En effet, pour que les entreprises en période d'observation puissent trouver des
partenaires contractuels et financiers, il est important de leur accorder un statut privilégié
et plus favorable que celui des créanciers qui ont des dettes antérieures à l'ouverture de la
procédure. Sans cela, il serait peu probable que des partenaires contractuels ou financiers
soient intéressés à faire affaire avec une entreprise en difficulté financière qui ne pourrait
pas les rembourser. Le principe d’un traitement préférentiel pour certaines créances
postérieures est consacré par l’article 59043 de la loi 73-17. Cet article explique que dans
les procédures de redressement ou de sauvegarde judiciaires, les créanciers postérieurs
privilégiés sont ceux dont les créances ont été régulièrement générées après l'ouverture de
la procédure. Toutefois, ces créances doivent également poursuivre une finalité
spécifique, c'est-à-dire être indispensables pour la procédure ou l'activité de l'entreprise
pendant la période de préparation de la solution.

La loi 73-17 permet ainsi de trier les créances postérieures et de leur accorder un
traitement privilégié44.Ces considérations montrent que dans les procédures collectives, le
droit ne sert plus seulement les intérêts individuels, mais sert plutôt la collectivité dans
son ensemble.

Lorsqu'il s'agit d'atteindre des objectifs d'intérêt général, les volontés individuelles et
collectives doivent se plier aux contraintes qui en découlent. Dans le contexte des
procédures collectives, la modification des droits des créanciers est fondamentale.

43
Voir l’article 590 de la loi 73-17 du livre V relative aux difficultés des entreprises.
44
Il est à préciser que les dispositions de l’article 590 sont applicable en cas d’ouverture de la liquidation judiciaire
dans le cas prévu à l’article 652 qui précise que : « Lorsque l'intérêt général ‫ ـ‬ou l'intérêt des créanciers nécessite la
continuation de l'activité de l'entreprise soumise à liquidation judiciaire, le tribunal peut autoriser cette
continuation pour une durée qu'il fixe.

48
Cependant, grâce à une réforme récente, le législateur cherche à améliorer la situation des
créanciers des entreprises en difficulté. Ces derniers sont enfin reconnus et pris en compte
dans la législation, après avoir été longtemps considérés comme des "exclus" relégués au
second plan.

Le 27/09/2018, le tribunal commercial de Casablanca a rendu un jugement 45. Selon ce


jugement, la procédure de sauvegarde a été transformée en procédure de redressement
judiciaire en raison de son échec, tout en maintenant les mêmes organes de la procédure
et responsabilisation du syndic par rapport à la gestion en outre de ses diverses
attributions définies par la loi et en déterminant la date effective de la cessation du
paiement et ordonnant une expertise en vue d’un rapport financier, économique et social
de l’entreprise.

45
Un jugement du tribunal commercial du Casablanca Numéro 91, le 27/09/2018 par rapport au dossier Numéro
120/8302/2018

49
Sous-section 2 : Le sort des partenaires de l’entreprise dans la procédure de
sauvegarde

Une fois que le jugement est rendu et que la procédure de sauvegarde est arrêtée, il est
important de se pencher sur la situation des parties prenantes de l'entreprise, telles que les
les salariés et créanciers, en examinant leur statut et leur sort.

Paragraphe I : Le sort des salariés

Lorsqu'une entreprise rencontre des difficultés financières, elle peut se retrouver dans
l'obligation d'ouvrir une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation
judiciaire. Cette situation est souvent inquiétante pour les salariés de l'entreprise, car leur
sort dépend de l'évolution de la situation de l'entreprise.
En effet, le non-paiement des salaires et des cotisations sociales est l'une des principales
causes de dépôt de bilan.

Cependant, il existe un certain nombre de dispositions protectrices destinées à garantir les


droits des salariés pendant cette période difficile. Lorsqu'une procédure de sauvegarde, de
redressement ou de liquidation judiciaire est ouverte, un représentant des salariés est élu
pour veiller à leurs intérêts. Sa mission principale consiste à vérifier le relevé des
créances résultant des contrats de travail établi par le mandataire de justice (représentant
des créanciers). Il s'assure que tous les salariés sont mentionnés sur l'état et que toutes les
natures de dettes et montants sont correctement reportées.

Dans le cas où la situation de l'entreprise ne permettrait pas sa survie, le juge


commissaire peut autoriser le syndic à procéder à des licenciements pour motif

50
économique, qui présentent un caractère urgent, inévitable et indispensable. Ces
licenciements sont réputés avoir lieu pour motif économique. Le projet de continuation
de l'entreprise doit également prévoir les mesures à mettre en place pour faciliter le
reclassement et l'indemnisation des salariés dont l'emploi est menacé.

Ainsi aux termes de l’article 62446 « Lorsque les décisions accompagnant la continuation
précitée entraînent la résiliation des contrats de travail, cette résiliation est réputée avoir
lieu pour motif économique nonobstant toute disposition légale contraire. Toutefois,
ladite résiliation n’a d’effet qu’après avis adressé par le syndic au délégué provincial
chargé du travail et au gouverneur de la préfecture ou de la province concerné. Les
salariés ainsi licenciés conservent tous les droits qui leur sont reconnus par la loi. »

En somme, l'ouverture d'une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation


judiciaire peut être une période difficile pour les salariés d'une entreprise.
Cependant, les dispositions protectrices en place visent à garantir leurs droits et à faciliter
leur reclassement et leur indemnisation en cas de licenciement.

46
La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

51
Paragraphe II : Le sort des créanciers

Il existe deux types de créanciers : les créanciers élus et les créanciers déchus.
Les créanciers déchus sont ceux dont la créance a été générée avant ou après le jugement
d'ouverture, mais qui ne remplissent pas les conditions pour être classés comme
créanciers privilégiés.
Selon l'article 71947 de la loi 73-17, les créanciers qui ont déchus doivent déclarer cette
créance dans le cadre de la procédure, sauf pour les créanciers qui ont des créances
salariales.

La déclaration des créances a deux fonctions principales : elle permet de connaître les
dettes du débiteur et elle permet aux créanciers de participer à la procédure de règlement
des dettes.

De plus, l'article 68648 de la loi 73-17, qui modifie et complète le livre 5 du code de
commerce, interdit aux créanciers antérieurs d'intenter des actions en justice visant à
obtenir le paiement d'une somme d'argent, la résolution d'un contrat pour défaut de
paiement, ainsi que l'exécution de mesures sur les biens meubles et immeubles du
débiteur.

L'interdiction des actions en justice pendant une procédure de sauvegarde ne concerne


que les actions visant directement le débiteur pour le paiement d'une somme d'argent. Les
autres actions, comme la résolution du contrat ou les actions pour obliger le débiteur à
faire quelque chose, ne sont pas affectées, sauf si elles impliquent également le paiement

47
Article 719 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
48
Article 686 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

52
d'une somme d'argent. Cette interdiction commence dès l'ouverture de la procédure et se
termine avec l'approbation du plan de sauvegarde.

Par ailleurs, le jugement d'ouverture de la procédure arrête le cours des intérêts légaux et
conventionnels ainsi que les intérêts de retard et les majorations, indépendamment de
toute disposition contraire aux termes de l’article 69249 de la nouvelle réforme du droit
des entreprises en difficultés. Cela signifie que, quel que soit l'état de la procédure
ultérieure ou la situation financière du débiteur, les intérêts dus sont définitivement
arrêtés, ce qui allège le passif du débiteur.

Les créanciers élus sont ceux qui ont légalement émergé après l'ouverture de la procédure
de sauvegarde et qui sont indispensables à la poursuite de cette procédure ou à l'activité
de l'entreprise pendant la période de préparation de la solution. Selon l'article 57350 de la
loi, ces créanciers doivent déclarer leurs créances au syndic. En raison de leur
importance, ces créanciers ont un statut privilégié. Ils sont payés à l'échéance et
bénéficient du privilège de la procédure s'ils ne sont pas payés à temps, à condition que
leur créance ait été déclarée. La loi accorde une priorité de paiement aux créances nées
régulièrement après l'ouverture de la procédure collective, encourageant ainsi les
créanciers à maintenir leurs relations d'affaires avec l'entreprise en difficulté et à
contribuer à sa restructuration.

49
Article 692 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
50
Article 573 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

53
Deuxième partie : les innovations introduites
aux procédures des traitement

54
Chapitre I : les apports relatifs aux conditions d’ouverture des procédures de
traitement

Section I : La notion de cessation de paiement

La cessation de paiement, également appelée état de cessation des paiements, est une
situation dans laquelle une entreprise est incapable de payer ses dettes exigibles avec les
ressources financières dont elle dispose. En d'autres termes, l'entreprise n'a pas
suffisamment d'actifs disponibles pour honorer ses obligations financières.

Selon L’article 57551 qui prévoit ce qui suit : « La procédure de redressement judiciaire
s’applique à toute entreprise commerciale en cessation de paiement ; La cessation de
paiement est établie dès lors que l’entreprise est dans l’impossibilité de faire face au
passif exigible avec son actif disponible, y compris les créances résultant des
engagements pris dans le cadre de l’accord amiable prévu à l’article 556 ci-dessus. »

Lorsqu'une entreprise se trouve dans cette situation, elle doit en informer le tribunal de
commerce et demander l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire. Cette demande est faite par le biais d'une déclaration de cessation des
paiements.
Suivant les dispositions de l’article 57652 « Le chef de l’entreprise doit demander
l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire au plus tard dans les trente jours
qui suivent la date de la cessation de paiement de l’entreprise. »

51
Article 575 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
52

55
En effet, la demande du chef de l’entreprise pour l’ouverture de la procédure de
redressement doit énoncer les causes de la cessation de paiement, sa demande doit être
accompagnée de documents obligatoires justifiant son état de cessation de paiement. Cela
exige que le débiteur ait généralement cessé d’effectuer des paiements et n’aurait pas
suffisamment de liquidités pour honorer ses obligations existantes lorsqu’elles arrivent à
échéance dans le cours normal des affaires.53
Il est important de noter que la cessation de paiement ne signifie pas nécessairement que
l'entreprise est en faillite ou qu'elle doit être liquidée. Cela peut être le cas si l'entreprise
est en mesure de mettre en place un plan de continuation54 viable pour rembourser ses
dettes et améliorer sa situation financière. Conformément à l’article 57755 « Le chef de
l’entreprise dépose sa demande au greffe du tribunal. Sa demande énonce les causes de la
cessation de paiement. La demande doit être accompagnée notamment des documents
suivants :
– les états de synthèse du dernier exercice comptable, visés par le commissaire aux
comptes s’il en existe ;
– l’énumération et l’évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers de l’entreprise ;
– la liste des débiteurs avec l’indication de leurs la dresses, e montant des droits de
l’entreprise et garanties à la date de cessation de paiement ;
– la liste des créanciers avec l’indication de leurs adresses, le montant de leurs créances et
garanties à la date de cessation de paiement ;
– le tableau des charges

53
My Mohamed Lahbib Rhalib et Zakaria Bouabidi « l’essentiel du droit des entreprises en difficulté à jour de la loi
73-17 » - P 82

54
«Le plan de continuation arrêté par le tribunal indique, le cas échéant, les modifications apportées à la gestion de
l’entreprise et des modalités d’apurement du passif » ibid - P 112
55
Article 577 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

56
– la liste des salariés, ou leurs représentants s’ils existent ;
– copie du modèle 7 du registre de commerce ;
– le bilan de l’entreprise pendant le dernier trimestre. Les documents présentés doivent
être datés et visés par le chef de l’entreprise.
Dans le cas où l’un des documents susmentionnés n’ai pas fourni ou ne peut l’être
qu’incomplètement, le tribunal met en demeure le chef de l’entreprise de fournir ou
compléter ledit document.
Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner toute mesure utile pour s’assurer de la
cessation de paiement de l’entreprise, y compris le fait d’obtenir communication,
nonobstant toute disposition législative contraire, par le commissaire aux comptes, s’il en
existe, les représentants des salariés, les administrations de l’Etat et les autres personnes
de droit public, les établissements de crédit et les organismes assimilés, les organismes
financiers ou toute autre partie, des renseignements de nature à lui donner une exacte
information sur la situation économique, financière et sociale de l’entreprise.
Lors du dépôt de la demande d’ouverture de la procédure de redressement, le président
du tribunal fixe un montant pour couvrir les frais de publicité et d’administration de la
procédure, devant être versé sans délai à la caisse du tribunal par l’entreprise.
Lorsque l’entreprise est incapable d’effectuer ce paiement, les frais précités peuvent être
payés par le créancier ayant un intérêt dans l’ouverture de la procédure de redressement.
Dans ce cas, les frais précités sont réputés créances de l’entreprise. »

En somme, la cessation de paiement est un état financier critique pour une entreprise qui
ne peut pas payer ses dettes exigibles avec ses actifs disponibles. Elle doit être signalée
au tribunal de commerce et peut conduire à l'ouverture d'une procédure de redressement
ou de liquidation judiciaire s’il s’avère que la situation de l’entreprise est

57
irrémédiablement compromise suite à l’article 58356 « Le redressement judiciaire est
prononcé s’il apparaît que la situation de l’entreprise n’est pas irrémédiablement
compromise. A défaut, la liquidation judiciaire est prononcée. »

56
Article 583 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

58
Section II : l’instauration de l’assemblée des créanciers

L'introduction de l'assemblée des créanciers dans le droit des entreprises en difficulté est
considérée comme une nouveauté majeure, car elle permet une plus grande participation
et une plus grande transparence dans le processus de restructuration. Les créanciers, qui
ont souvent le plus à perdre dans une situation d'entreprise en difficulté, ont désormais
une voix plus forte dans le processus de restructuration et peuvent influencer les
décisions importantes prises par l'entreprise.
De même, la loi a introduit la notion de privilège postérieur, qui accorde une priorité de
paiement aux créances nées après l'ouverture de la procédure de redressement ou de
liquidation judiciaires. Ce privilège peut affecter les créanciers qui ont des créances
antérieures à l'ouverture de la procédure et qui peuvent donc être relégués au second plan
dans l'ordre de paiement.

Sous-section I : Modalités de constitution

Lorsqu'une entreprise est en difficulté financière et est dans l'incapacité de régler ses
dettes, elle peut être soumise à une procédure de redressement judiciaire. Cette procédure
est destinée à permettre à l'entreprise de se restructurer et de retrouver une situation
financière saine.

Lors de l'ouverture de cette procédure, il est obligatoire de constituer une assemblée des
créanciers si l'entreprise est soumise à l'obligation de désigner un commissaire aux
comptes conformément à la législation en vigueur, si son chiffre d'affaires annuel est
supérieur à 25 millions de dirhams ou si le nombre de salariés dépasse 25 salariés
pendant l'année qui précède celle de l'ouverture de la procédure.

59
Cette assemblée des créanciers a pour rôle d'examiner la situation financière de
l'entreprise et de décider des mesures à prendre pour permettre le redressement de celle-
ci. Elle est composée de l'ensemble des créanciers de l'entreprise,
C’est-à-dire de toutes les personnes ou entités à qui l'entreprise doit de l'argent.
Cependant, dans certains cas, le syndic peut demander au tribunal de constituer une
assemblée des créanciers même si les conditions prévues précédemment ne sont pas
remplies.

Le tribunal peut accéder à cette demande si elle est motivée par des raisons pertinentes.
Il est important de noter que le jugement ordonnant la constitution de l'assemblée des
créanciers dans ces conditions n'est susceptible d'aucun recours. Cela signifie que la
décision du tribunal ne peut pas être contestée devant une instance supérieure.

En résumé, la constitution d'une assemblée des créanciers est obligatoire lors de


l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire pour certaines entreprises. Dans
certains cas exceptionnels, le tribunal peut décider de constituer une assemblée des
créanciers même si les conditions légales ne sont pas remplies. La décision du tribunal
dans ce cas ne peut être contestée.

En se conformant à l’article Article 60657 « Lors de l’ouverture de la procédure de


redressement judiciaire, une assemblée des créanciers doit être constituée à l’égard de
toute entreprise soumise à l’obligation de désigner un commissaire aux comptes
conformément à la législation en vigueur ou dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur

57
Article 606 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

60
à 25 millions de dirhams ou le nombre de salariés dépasse 25 salariés pendant l’année qui
précède celle de l’ouverture de la procédure. A la demande du syndic, le tribunal peut
ordonner, par jugement motivé et pour des motifs pertinents, la constitution d’une
assemblée des créanciers même si les conditions prévues à l’alinéa précédent font défaut.
Ledit jugement n’est susceptible d’aucun recours. L’assemblée des créanciers est
désignée ci-après par l’assemblée ».

L'assemblée des créanciers se compose d'un président, généralement le syndic, et de


membres, y compris le chef d'entreprise et les créanciers figurant sur la liste des créances
déclarées remise au juge commissaire conformément à l'article 72758 du code de
commerce.
Si l'assemblée est convoquée avant que la liste des créanciers ne soit déposée au greffe du
tribunal, les créanciers mentionnés ne peuvent être exclus de la réunion que si le juge
commissaire l'autorise.
Si l'assemblée est invitée à se réunir après le dépôt de la liste, les créanciers dont les
créances ont été acceptées peuvent assister en personne ou se faire représenter par un
mandataire.
Dans tous les cas, l'assemblée délibérant sur le remplacement du syndic est présidée par
le juge commissaire.

58
Article 727 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

61
Paragraphe I : Fonctionnement

A- La convocation en réunion

Lorsqu'une réunion de l'assemblée est nécessaire, elle peut être convoquée par le syndic
ou, en cas d'absence de celui-ci, par le juge commissaire sur demande du chef de
l'entreprise, d'un ou plusieurs créanciers.
Si la réunion porte sur le remplacement du syndic, c'est le juge commissaire qui
convoque l'association.
La convocation doit être publiée dans un journal autorisé à recevoir les annonces légales,
judiciaires et administratives et affichée au tribunal.
Les créanciers peuvent également être convoqués individuellement à leur domicile élu ou
par voie électronique.
La convocation doit préciser la date, l'heure et le lieu de la réunion, ainsi que l'ordre du
jour et le droit des créanciers à consulter les documents énumérés à l'article 612 du code
de commerce.
Les créanciers doivent être informés que leur absence à la réunion vaut acceptation de
toute décision prise par l'association. Les délais de convocation varient en fonction des
décisions à prendre et sont fixés par la loi dans chaque cas.
Suite à Article 60959 « L’assemblée se réunit sur convocation du syndic. A défaut, elle est
convoquée par le juge-commissaire soit d’office soit à la demande du chef de l’entreprise
ou d’un ou plusieurs créanciers.
Lorsqu’il s’agit du remplacement du syndic, l’assemblée est convoquée par le juge-
commissaire. La convocation à l’assemblée est faite par avis inséré dans un journal

59
Article 609 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

62
d’annonces légales, judiciaires et administratives et affiché au panneau réservé à cet effet
au tribunal.
Elle peut également être faite par lettre adressée aux créanciers à leurs domiciles élus ou
par voie électronique. Ledit avis indique le lieu, la date et l’heure de la réunion de
l’assemblée et son ordre du jour.
Il y est fait mention du droit des créanciers de consulter les documents visés à l’article
612 ci-dessous au siège de l’entreprise ou à tout autre lieu fixé dans l’avis.
Il doit mentionner également que l’absence de tout créancier ou son mandataire vaut
acceptation de toute décision à prendre par l’assemblée.
En cas de convocation de l’assemblée pour délibérer sur la modification dans les objectifs
et les moyens du plan de continuation conformément à l’article 629
ci-dessous, l’avis fait également mention de l’obligation des créanciers qui refusent de
modifier les remises prévues dans le plan de continuation de formuler leurs propositions
séance tenante. »

B- Validité de la délibération

Pour que les décisions prises lors de l'assemblée générale soient valables, les créanciers
représentant au moins les deux tiers des créances déclarées doivent être présents. Si le
quorum n'est pas atteint, une nouvelle date de réunion doit être fixée dans un délai
maximum de 10 jours. Les décisions sont valables quel que soit le montant des créances
détenues par les créanciers présents, mais l'approbation des créanciers représentant la
moitié des créances est nécessaire. Les décisions sont contraignantes pour les créanciers
absents. Une feuille de présence doit être signée par les créanciers présents et les
mandataires et le procès-verbal doit contenir les informations clés de la réunion,

63
y compris le quorum atteint et les documents présentés. Conformément à l’article 61160
« L’assemblée se réunit valablement en présence des créanciers titulaires des deux tiers
au moins des créances déclarées. Si ce quorum n’est pas atteint, le président de
l’assemblée en dresse procès-verbal et fixe une date pour la tenue d’une deuxième
réunion, qui ne peut dépasser un délai de 10 jours suivant la date de la première réunion.
Avis en est publié dans un journal d’annonces légales, judiciaires et administratives. Elle
se réunit alors valablement quel que soit le montant des créances détenues par les
créanciers présents. Les décisions de l’assemblée sont valablement prises lorsqu’elles
sont approuvées par les créanciers, présents ou représentés, détenant des créances dont le
montant constitue la moitié du montant global des créances détenues par les créanciers
présents ou représentés ayant participé au vote. Les décisions prises par une assemblée
valablement tenue sont opposables aux créanciers absents. »

Les décisions de l’assemblée des créanciers sont valablement prises lorsqu'elles sont
approuvées par les créanciers, présents ou représentés, détenant des créances dont le
montant constitue la moitié du montant global des créances détenues par les créanciers
présents ou représentés ayant participé au vote. Les décisions prises par une assemblée
valablement tenue sont opposables aux créanciers absents . Ce droit de vote accordé aux
assemblées des créanciers est une source de coopération dans l’intérêt de ceux-ci, mais
aussi dans l’intérêt de l’entreprise en difficulté. Du point de vue des créanciers, le
mécanisme de vote implique une participation active dans la préparation du sort de
l’entreprise et garantit, par conséquent, la protection de toutes les parties2 .
Par ailleurs, La loi 73-17 a prévu également une possibilité pour les créanciers de
présenter un plan alternatif, soumis également au vote de l’assemblée. En effet, lorsque

60
Article 611 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

64
cette dernière rejette le plan de redressement proposé par le syndic, les créanciers n'ayant
pas voté pour ce plan sont tenus de présenter au syndic un plan alternatif dans un délai de
quinze jours à compter de la date de la réunion de l'assemblée 61

61
Kaoutar BALBOUL et Youssef LAHJOUJI « Réflexions sur les droits des créanciers à la lumière de la loi 73-17
sur les entreprises en difficulté » 3‫العدد‬2019 ‫ المجلة اإللكترونية أللبحاث القانونية‬P 102

65
Chapitre II : Les apports et les limites relatifs au déroulement des procédures
de traitement

Section I : les innovations relatives au déroulement des procédures de


traitement

Sous-section I : LES PROCÉDURES TRANSFRONTALIÉRES

Paragraphe I : Dispositions générales

La loi 73-17 est une réforme importante du droit marocain des procédures collectives, qui
vise à mettre le système en conformité avec les normes internationales en matière de
faillite. Le Livre V du Code de Commerce, qui traite des entreprises en difficultés, a été
modifié afin de répondre aux exigences des traités et conventions internationales, ainsi
que du règlement international sur les procédures collectives.

L'une des principales innovations de cette loi est l'introduction de règles de conflit de lois,
qui permettent de déterminer quelle juridiction est compétente pour traiter d'une
procédure collective transfrontalière. Cette disposition vise à garantir une vision
universelle de la faillite transfrontalière, en prenant en compte les intérêts des créanciers
et des débiteurs dans différents pays.

Conformément aux dispositions de l’article 76862 « Les dispositions du présent titre ont
pour objet d’offrir des mécanismes pour traiter des cas transfrontaliers de difficultés de
l’entreprise, et ce à travers les actions suivantes :
– faciliter la coopération entre les tribunaux marocains et les tribunaux étrangers
concernés par les procédures relatives aux difficultés de l’entreprise ;

62
Article 768 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

66
–renforcer la sécurité juridique dans le commerce et les investissements transfrontaliers ;
–administrer équitablement et efficacement les procédures transfrontalières relatives aux
difficultés de l’entreprise, de manière à protéger les intérêts de tous les créanciers et des
autres parties intéressées, y compris le débiteur ;
– protéger et valoriser les biens du débiteur ;
– faciliter la sauvegarde des entreprises en difficultés financières, de manière à protéger
les investissements et préserver les emplois »

La loi combine également une vision territoriale, qui permet à la juridiction compétente
de prendre en compte les intérêts des parties, en particulier les créanciers et les
travailleurs.
Cette approche hybride permet de concilier les intérêts des différents acteurs impliqués
dans une procédure collective, tout en respectant les normes internationales en la matière
suivant les dispositions de l’art 770 63 « Les dispositions du présent titre s’appliquent dans
les cas suivants :
– lorsqu’une assistance est demandée dans le territoire du Royaume par un tribunal
étranger ou un représentant étranger en ce qui concerne une procédure relative aux
difficultés de l’entreprise ;
– lorsqu’une assistance est demandée dans un État étranger en ce qui concerne une
procédure ouverte en vertu de la loi marocaine ;
– lorsque deux procédures concernant le même débiteur, sont ouvertes en même temps
dans le Maroc et dans un Etat étranger ;
–lorsqu’il est de l’intérêt des créanciers ou des autres parties intéressées dans un État
étranger de demander l’ouverture de la procédure ou de participer à ladite procédure en

63
Article 770 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

67
vertu de la loi marocaine. Les dispositions du présent titre ne s’appliquent pas aux
entreprises soumises à un régime spécial de traitement des difficultés de l’entreprise en
vertu de la législation marocaine. »

68
Paragraphe II : La reconnaissance de la procédure étrangère

La reconnaissance des procédures transfrontalières en matière d'entreprises en difficulté


permet de reconnaître les procédures en la matière engagées dans d'autres pays, afin de
faciliter la coordination entre les différentes juridictions impliquées dans une procédure
transfrontalière. En effet cette reconnaissance vise à faciliter la coopération entre les
juridictions marocaines et étrangères et le renforcement de la sécurité juridique 64.
L’article 78265 prévoit ce qui suit :
« Une procédure étrangère peut être reconnue :
– en tant que procédure étrangère principale si elle a lieu dans l’État où le débiteur a le
centre de ses intérêts principaux ; ou,
– en tant que procédure étrangère non principale si le débiteur a seulement un
établissement au sens du dernier paragraphe de l’article 769 ci-dessus.
Sauf toute preuve contraire, le siège social de la personne morale ou le lieu de résidence
habituel de la personne physique, est réputé le centre des intérêts principaux du débiteur.
Le tribunal peut prononcer la modification ou la cessation de la reconnaissance s’il
apparaît que les motifs de la reconnaissance étaient totalement ou partiellement absents
ou qu’ils ont cessé d’exister. »

En outre, la reconnaissance des procédures transfrontalières permet également de


protéger les intérêts des créanciers et des débiteurs dans différents pays, en garantissant
que les décisions prises dans une procédure d'insolvabilité sont respectées dans tous les
pays concernés.

64
Faiçal FAQUIHI « Entreprises en difficulté : Le nouveau mécanisme est en place » 5/04/2018 L'économiste.
65
Article 782 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

69
Cette reconnaissance contribue ainsi à renforcer la confiance dans le système
d'insolvabilité, en garantissant que les créanciers et les débiteurs sont traités de manière
équitable et cohérente dans tous les pays concernés.

Conformément à l’article 78566 qui prévoit que « La reconnaissance d’une procédure


étrangère principale emporte :
– arrêt ou interdiction des poursuites individuelles ainsi que les mesures d’exécution
conformément à l’article 686 ci-dessus ;
– interdiction de disposer des biens du débiteur, de les transférer de les céder ou de
constituer des sûretés sur ces biens. »

Ainsi que l’Article 78667 qui prévoit que « Lorsqu’il est nécessaire de protéger les biens
du débiteur ou les droits des créanciers, le tribunal peut, dès le prononcé de sa décision de
reconnaissance d’une procédure étrangère, principale ou non principale, ordonner, à la
demande du représentant étranger, toute mesure appropriée prévue par les dispositions du
présent livre, notamment :
– suspendre ou interdire les poursuites individuelles ainsi que les mesures d’exécution, à
moins que cette interdiction ou suspension ne résulte du jugement de reconnaissance de
la procédure conformément à l’article précédent ;
– interdire le débiteur de disposer de ses biens, de les transférer, de les céder ou de
constituer des sûretés sur ces biens, à moins que cette interdiction ne résulte du jugement
de reconnaissance de la procédure conformément à l’article précédent ;

66
Article 785 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
67
Article 786 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

70
– confier l’administration ou la réalisation de tout ou partie des biens du débiteur, situés
sur le territoire du Royaume, au représentant étranger ou au syndic désigné par le tribunal
;
– prendre toute mesure permettant de recueillir des preuves ou de fournir les
renseignements nécessaires concernant les biens, les droits ou les obligations du débiteur
;
– prolonger les mesures prévues à l’article 784 ci-dessus.
Dès la reconnaissance d’une procédure étrangère, principale ou non principale, le tribunal
peut, à la demande du représentant étranger, confier la distribution de tout ou partie des
biens du débiteur au représentant étranger ou au syndic, si le tribunal estime que les
intérêts des créanciers résidant au Maroc sont suffisamment protégés.
Lorsqu’il prend une mesure en vertu des alinéas précédents du présent article pour le
compte d’un représentant d’une procédure étrangère non principale, le tribunal doit
s’assurer que la mesure prise se rapporte uniquement à des biens qui devraient être
administrés dans le cadre de cette procédure ou a trait à des renseignements requis dans
cette procédure.

Aussi que l’Article 78768 prévoit « Le tribunal peut, d’office ou à la demande du


représentant étranger ou de toute personne lésée par l’une des mesures prévues à l’article
précédent, modifier ou faire cesser ladite mesure.
Lorsqu’il prend, refuse, modifie ou fait cesser l’une des mesures prévues à l’article
précédent, le tribunal doit s’assurer que les intérêts des créanciers, du débiteur et des
autres personnes intéressées, sont suffisamment protégés.

68
Article 787 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises

71
Le tribunal peut, en outre, subordonner aux conditions qu’il juge appropriées les mesures
prévues aux articles 784 et 786 ci-dessus.

Enfin l’article 78869 dispose « Dès la reconnaissance d’une procédure étrangère, le


représentant étranger peut engager toutes les actions et les procédures que le syndic peut
engager en vertu de la législation marocaine pour la protection des biens du débiteur et
des droits des créanciers. Il peut également intervenir dans les procédures auxquelles le
débiteur est parti.

Lorsqu’il s’agit d’une procédure étrangère non principale, le tribunal doit s’assurer que
l’action visée à l’alinéa précédent se rapporte à des biens qui, en vertu de la loi, devraient
être gérés ou administrés dans le cadre de la procédure étrangère non principale ou que la
mesure a trait à des renseignements requis dans cette procédure. »

En résumé, la reconnaissance des procédures transfrontalières en matière d'entreprises en


difficulté est une innovation importante de la loi 73-17, qui vise à faciliter la coordination
entre les différentes juridictions impliquées dans une procédure transfrontalière, et à
protéger les intérêts des parties prenantes dans différents pays.

La jurisprudence marocaine prévoit ce qui suit : Arrêt n° 7770 du 30/03/2001 « lorsqu’il


s’avère que la situation de la société est irrémédiablement compromise, qu’il n’y a rien à
espérer de la procédure de redressement judiciaire, la cour doit prononcer l’ouverture de
la procédure de liquidation à son encontre, conformément aux dispositions de l’articles
619 du code commerce. »

69
Article 788 de La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises
70
Arrêt n° 77 du 30/03/2001 de la cour d’appel de commerce (Casablanca) Dossier n° 2078/99/11

72
Sous-section 2 : Le renforcement du rôle des organes

La loi 73-17 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises a été


mise en place pour aider les entreprises en difficulté à se réorganiser et à retrouver leur
stabilité financière. Elle vise également à protéger les intérêts des créanciers, des
employés et de la société dans son ensemble.

Le tribunal joue un rôle crucial dans cette procédure, en supervisant l'ensemble du


processus. Il peut prendre des décisions importantes, telles que la nomination d'un juge
commissaire, qui ont pour but de protéger l'entreprise en difficulté et ses parties
prenantes. Le tribunal peut également décider de la mise en place d'une procédure de
redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, en fonction des circonstances.

Lorsque l’intérêt général ou l’intérêt des créanciers nécessite la continuation de l’activité


de l’entreprise soumise à la liquidation judiciaire, le tribunal peut autoriser cette
continuation pour une durée qu’il fixe, soit d’office soir à la demande du syndic ou du
procureur du Roi.71

Le juge-commissaire peut également assister le tribunal dans la prise de décisions


importantes, telles que la validation ou la modification du plan de redressement proposé
par l'entreprise en difficulté.

Le juge-commissaire est un juge désigné pour superviser la procédure curative d'une


entreprise en difficulté, telle qu'une procédure de redressement judiciaire ou de

71
My Mohamed Lahbib Rhalib et Zakaria Bouabidi « l’essentiel du droit des entreprises en difficulté à jour de la loi
73-17 » - P 148

73
liquidation judiciaire. Le rôle du juge-commissaire est de veiller au bon déroulement de
la procédure et de représenter les intérêts de l'ensemble des créanciers. Le juge-
commissaire peut autoriser certains actes graves, tels que les ventes mobilières et
immobilières, la constitution des sûretés et les compromis des transactions, sous réserve
que ces actes soient conformes à l'intérêt des créanciers et qu'ils soient nécessaires à la
continuation de l'activité de l'entreprise ou à la réalisation de l'actif. Comme il peut
également assister le tribunal dans la prise de décisions importantes, telles que la
validation ou la modification du plan de redressement proposé par l'entreprise en
difficulté.
Le juge-commissaire peut également prendre des décisions concernant la vérification et
le classement des créances, la réalisation des actifs, la répartition des dividendes et la
clôture de la procédure.

Enfin, le ministère public est chargé de protéger les intérêts de la société et des tiers. Il
peut prendre des mesures pour s'assurer que les droits des créanciers et des employés sont
respectés, et peut également intervenir si nécessaire pour protéger les intérêts de la
société dans son ensemble.
Il peut également demander la continuation de l’activité en phase de liquidation
judiciaire.
Le ministère public peut intervenir pour demander la continuation de l'activité si cela est
considéré comme étant dans l'intérêt de la société dans son ensemble. Le ministère public
peut également intervenir pour protéger les intérêts des créanciers et des employés.
Par exemple, il peut demander la nomination d'un administrateur judiciaire pour gérer
l'entreprise pendant la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.

74
Dans un article récent intitulé « Difficultés d’entreprises : un parquet plus entreprenant,
des contraintes persistantes », écrit par Abdelali ELHOURRI affirme que « depuis la
réforme du livre V du code de commerce, les parquetiers disposent de nouvelles
prérogatives.
Lesquelles couvrent aussi bien le contrôle des différents organes de la procédure (Syndic,
contrôleurs, etc.), mais aussi la protection des créanciers contre la mauvaise gestion de
l’entreprise en difficulté.

En 2021, le ministère public à demandé le remplacement de 60 syndics, contre seulement


32 requêtes similaires en 2020. La même tendance concerne les réquisitions visant à
sanctionner les dirigeants d’entreprises impliqués dans des fautes de gestion. On note
ainsi 50 demandes touchant des actions en comblement du passif, des extensions de
liquidations et de redressements. Il s’agit là de sanctions visant le patrimoine personnel
du dirigeant fautif. Le ministère public a, en outre, requis la déchéance commerciale
contre 10 chefs d’entreprises impliqués. »72

En somme, la loi 73-17 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des


entreprises a mis en place une procédure judiciaire qui vise à protéger les intérêts de
toutes les parties prenantes impliquées dans une entreprise en difficulté.
Le tribunal, le juge-commissaire et le ministère public jouent chacun un rôle important
dans la supervision de cette procédure, afin de s'assurer que les intérêts de tous sont
protégés.

Abdelali ELHOURRI « Difficultés d’entreprises : un parquet plus entreprenant, des contraintes persistantes »
72

www.medias24.com le 04 janvier 2023 à 17h34 | modifié le 4 janvier 2023 à 18h00

75
Section II - Les limites émises par les experts et praticiens du domaine
juridique

Sous-section I : Persistance de la marginalisation des salariés

Malgré l'adoption d'une nouvelle loi sur le droit des entreprises en difficulté au Maroc, les
salariés demeurent relégués à un rôle passif pendant la procédure. Cela est dû au fait que
leur lien de subordination contractuel avec leur employeur ne leur permet pas d'intervenir
activement pour aider à sauvegarder l'entreprise en difficulté. Cependant, les salariés sont
représentés par le comité de l'entreprise ou, à défaut, par un représentant du personnel.

Il est important de noter que les salariés sont les premiers à subir les répercussions
négatives d'une procédure collective, notamment la perte de leur emploi due à un
licenciement économique, financier ou technologique. Ainsi, il est crucial de réglementer
les mesures de licenciement pendant la période d'observation ou dans le cadre du plan de
redressement en harmonisant les codes de commerce et du travail.

Le législateur marocain doit considérer les intérêts de tous les acteurs impliqués dans la
procédure, y compris les salariés, plutôt que de se concentrer uniquement sur les aspects
financiers. Pour réduire la pression et l'angoisse que peuvent ressentir les salariés, il est
primordial de prendre en compte l'aspect humain de la situation et d'adopter une vision
plus équilibrée et plus juste de la procédure.

En France, depuis le 25 janvier 1985, l'humanisation des procédures collectives a été


introduite pour prendre en compte la diversité des intérêts, en particulier ceux des
salariés, à tous les stades de la procédure.

76
Le doyen HOUIN a souligné que cette loi visait à donner aux salariés un statut dans la
procédure, en instituant un système de consultation et d'information des représentants du
personnel et en créant un nouvel organe : le représentant des salariés73. L'objectif
prioritaire de cette loi était de sauvegarder l'emploi et non plus seulement de permettre le
règlement des créanciers salariés.

Le comité d'entreprise ou, le cas échéant, les délégués du personnel, doivent être
constamment associés au déroulement de la procédure de redressement judiciaire afin de
prendre en considération la dimension sociale de l'entreprise. Ils doivent être entendus par
le tribunal dès l'ouverture de la procédure, informés tout au long de la période
d'observation sur l'avancement de la préparation du bilan économique et social et du
projet de plan. De plus, ils doivent être consultés avant de prendre des décisions
importantes concernant l'entreprise, qu'il s'agisse de l'arrêt ou de la continuation d'un
plan, de la cession ou de la conclusion d'un contrat de location-gérance pendant la
période d'observation ou d'une décision de liquidation.

Le législateur français a également élargi les prérogatives des institutions représentatives


en leur permettant d'exercer des voies de recours contre la décision statuant sur la
liquidation judiciaire, arrêtant ou rejetant le plan de continuation de l'entreprise, ainsi que
contre les décisions modifiant le plan de continuation.
Pour marquer sa volonté de ne plus exclure les salariés de la procédure collective, le
législateur a institué un représentant des salariés élu par le personnel dès l'ouverture de la
procédure. Le rôle de ce représentant est de contrôler le représentant des créanciers dans
les opérations de vérification des créances salariales. Cette mesure renforce la

73
R. HOUIN Rapp. Introductif, « les innovations », 1986, p. 345.

77
participation des salariés dans la procédure collective et garantit leur représentation dans
les décisions importantes qui affectent l'avenir de l'entreprise.

En somme, l’affectation de l'humanisation dans les procédures collectives en France a


permis de donner une voix aux salariés dans les procédures de redressement judiciaire et
de liquidation. En reconnaissant leur statut dans la procédure et en les associant aux
décisions importantes, cette loi a cherché à préserver l'emploi et à prendre en compte la
dimension sociale de l'entreprise. La création du représentant des salariés a également
permis de renforcer la participation des salariés dans la procédure collective et de garantir
leurs droits en matière de créances salariales. Ainsi, la loi sur l'humanisation de la
procédure collective en France représente une avancée significative dans la protection des
intérêts des salariés dans les situations de difficultés économiques et financières des
entreprises.

78
Sous-section II : la liberté contractuelle face aux procédures collectives

La liberté contractuelle est un principe fondamental du droit des contrats. Elle permet aux
parties de conclure un contrat librement, sans aucune contrainte extérieure, et d'en
déterminer les termes. Cependant, ce principe est mis à mal par le droit des procédures
collectives.

En effet, le droit des procédures collectives peut affecter la liberté contractuelle de


différentes manières, en touchant à la conclusion, au contenu, à l'exécution, à la poursuite
ou à la rupture du contrat. Ces atteintes sont justifiées par l'intérêt de survie de
l'entreprise, qui est considéré comme supérieur à l'intérêt personnel des parties. Dans
cette optique, les principes qui composent la liberté contractuelle peuvent être altérés
pour servir au mieux l'intérêt de l'entreprise à sauver.

Malgré cela, ces atteintes sont encadrées et demeurent limitées à ce qui est nécessaire
pour le redressement de l'activité économique de l'entreprise. Les droits spéciaux ne
cherchent pas à refaire ou à repenser entièrement le droit commun, mais plutôt à l'adapter
et à l'intégrer à leurs particularités. Ainsi, la liberté contractuelle retrouve sa pleine et
entière souveraineté à certains moments de la procédure, quand l'intérêt de l'entreprise ne
nécessite pas de protection particulière qui pourrait légitimer des atteintes au libre jeu de
la volonté des cocontractants.

En outre, certaines dispositions issues du droit des procédures collectives initialement


dérogatoires au droit commun sont reprises, assimilées par celui-ci et deviennent le
principe. L'influence du droit des procédures collectives sur le droit commun est
incontestable et permet de le faire évoluer avec la société.

Les atteintes à la liberté contractuelle ont pour objectif d'éviter la fuite des cocontractants,
partenaires économiques sans qui l'activité économique ne pourrait fonctionner. Elles ne
constituent pas une "mise à mort" de cette liberté, mais lui permettent de s'adapter aux
circonstances, quitte à favoriser une partie plutôt qu'une autre, dans l'optique de préserver
ou de rompre le lien contractuel qui transcende la volonté des parties.

En somme, la liberté contractuelle est ébranlée par le droit des procédures collectives,
mais cela est justifié par l'intérêt supérieur de l'entreprise. Les atteintes sont encadrées et
limitées, et certaines dispositions deviennent même des principes du droit commun.

79
L'influence du droit des procédures collectives permet de faire évoluer le droit avec la
société, tout en préservant les intérêts des cocontractants de l'entreprise.

En outre, le droit des procédures collectives est encadré par des garanties pour les parties
concernées. Par exemple, les créanciers disposent de moyens de contestation des
décisions prises dans le cadre de la procédure, comme le plan de sauvegarde ou de
redressement. Ils ont également le droit d'être informés de la situation financière de
l'entreprise et de participer à certaines décisions. Les atteintes à la liberté contractuelle
sont donc soumises à des limites et à des garanties pour les parties concernées.

Enfin, il convient de souligner que le droit des procédures collectives ne vise pas à
détruire la liberté contractuelle, mais plutôt à la rééquilibrer face à l'intérêt général de la
sauvegarde de l'entreprise. Les atteintes à la liberté contractuelle sont donc justifiées par
la nécessité de protéger l'intérêt général et la survie de l'entreprise, qui sont considérés
comme des enjeux importants pour l'économie et la société dans son ensemble.

En conclusion, la liberté contractuelle est incontestablement affectée par le droit des


procédures collectives, qui limite la capacité des parties à contracter et à exécuter leurs
obligations de manière autonome. Toutefois, ces atteintes sont encadrées et justifiées par
l'intérêt général de la sauvegarde de l'entreprise, et sont soumises à des garanties pour les
parties concernées. Le droit des procédures collectives ne vise pas à détruire la liberté
contractuelle, mais plutôt à l'adapter aux circonstances spécifiques de la procédure et à
l'évolution de la société.

80
Conclusion

81
Il est généralement admis que la réforme a pour principal objectif de renforcer les
mécanismes préventifs et de promouvoir une dimension internationale. Cependant,
l'introduction de la nouvelle procédure de sauvegarde est vivement critiquée par de
nombreux experts.

Certains considèrent que la nouvelle procédure de sauvegarde pourrait être une option
attractive pour les chefs d'entreprise, car elle ne nécessite pas le critère de cessation de
paiement. Cette perception peut encourager les entreprises à utiliser cette nouvelle
procédure plutôt que les procédures existantes, ce qui pourrait avoir des conséquences
négatives sur la prévisibilité et l'uniformité des décisions judiciaires.

D'autres experts estiment que la nouvelle procédure de sauvegarde n'a pas été
revendiquée par la doctrine et la pratique et a été introduite à la dernière minute sous la
pression de certains organismes. Ils considèrent que cela crée un texte attractif pour les
entrepreneurs, mais qui ne répond pas aux besoins réels de l'économie.

Malgré ces critiques, il n'est pas clair si la réforme doit être révisée. Si elle a permis
d'améliorer les procédures collectives dans leur ensemble, il peut être préférable de
travailler sur des ajustements plutôt que de lancer une nouvelle réforme majeure. En
outre, toute réforme peut prendre du temps pour être appliquée de manière cohérente, il
est donc important de donner à la réforme actuelle une chance de fonctionner avant de la
réviser.

Cependant, si les critiques sont fondées et que la nouvelle procédure de sauvegarde crée
des distorsions sur le marché, il peut être nécessaire de réviser la réforme pour corriger
ces problèmes. Une évaluation régulière de l'efficacité de la réforme est donc importante
pour déterminer si des ajustements ou une révision complète sont nécessaires.

En fin de compte, la question de savoir s'il faut réviser une réforme dépend de la situation
spécifique et des défis qui se présentent.

82
Il est important de peser les avantages et les inconvénients de la réforme actuelle et de
surveiller de près son impact pour déterminer si des ajustements sont nécessaires pour
améliorer les procédures collectives.

83
Bibliographie
Les lois

- La loi 73-17 du livre v relative aux difficultés des entreprises


- Code de commerce français
- La loi 53-95 relative aux juridictions de commerce

Ouvrages

- My Mohamed Lahbib Rhalib et Zakaria Bouabidi « l’essentiel du droit des entreprises en


difficulté A jour de la loi 73-17 » p 62
- Paul LE CANNU, David ROBINE, « Droit des entreprises en difficultés », op.cit., P 117

Articles de doctrine

- Abdelali ELHOURRI « Difficultés d’entreprises : un parquet plus entreprenant, des


contraintes persistantes » www.medias24.com le 04 janvier 2023 à 17h34 | modifié le 4
janvier 2023 à 18h00
- Faiçal FAQUIHI « Entreprises en difficulté : Le nouveau mécanisme est en place »
5/04/2018 L'économiste.
- Kaoutar BALBOUL et Youssef LAHJOUJI « Réflexions sur les droits des créanciers à la
‫ر‬
lumière de la loi 73-17 sur les entreprises en difficulté » ‫اإللكتونية أللبحاث القانونية‬ ‫المجلة‬
3‫العدد‬2019 P 102
- LYAZAMI, N., « Le nouveau mécanisme de sauvegarde des entreprises en difficulté Une
vraie « bouée de sauvetage » pour les entreprises naufragées » p 23
- Dr Moustapha Bounja § Dr ELLOUAH Nihal « LES PROCEDURES DES ENTREPRISES EN
DIFFICULTE SUIVANT LA LOI 73-17 » P172 Publié au ‫منشورات المركز المغربي للتحكيم و منازعات‬
‫ االعمال‬en 2018 P 193-194
- R. HOUIN Rapp. Introductif, « les innovations », 1986, p. 345.

84
Jurisprudence
- Jugement du tribunal commercial du Casablanca Numéro 91, le 27/09/2018 par
rapport au dossier Numéro 120/8302/2018
- Arrêt n° 77 du 30/03/2001 de la cour d’appel de commerce (Casablanca) Dossier n°
2078/99/11
- ARRET N°92 du tribunal commercial de Casablanca
- Jugement N°175 du Dossier N°159/8315/2018

85
Table des matières

Remerciement 1

Liste des abréviations 3

Le sommaire 5

Introduction 6

Première partie : Les innovations apportées aux procédures préventives 12

Chapitre I : l’aménagement juridique de la procédure de conciliation 14


Section I : La chronographie de la procédure de conciliation 15
Section II : les suites de la procédure de conciliation 21

Chapitre II : La mise en place de la procédure de sauvegarde 24


Section I : les modalités de la procédure de sauvegarde 26
Section II - Les implications de la procédure de sauvegarde 43

Deuxième partie : les innovations introduites aux procédures des traitement 54

Chapitre I : les apports relatifs aux conditions d’ouverture des procédures de traitement 55
Section I : La notion de cessation de paiement 55
Section II : l’instauration de l’assemblée des créanciers 59

Chapitre II : Les apports et les limites relatifs au déroulement des procédures de traitement 66
Section I : les innovations relatives au déroulement des procédures de traitement 66
Section II - Les limites émises par les experts et praticiens du domaine juridique 76

Conclusion 81

Bibliographie 84

86

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