TD 1 Lectures
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Définition
L’étalon-or est un système monétaire dans lequel (1) l’unité monétaire est définie en référence à un poids fixe d’or
et (2) chaque monnaie nationale est librement convertible en or. Pour garantir cette convertibilité, la quantité de monnaie
émise par la banque centrale est strictement limitée par ses réserves d’or. Les règlements entre pays sont effectués en or. 1
Comme chaque monnaie nationale est fixée en poids d’or, le taux de change entre deux monnaies est fixe, et égal au
rapport entre les poids d’or respectifs.
Quelle est l’origine de ce système ? Pendant des centaines d’années, les métaux précieux comme l’or ou l’argent ont
été utilisés comme moyen d’échange dans le commerce national et international. Ils avaient plusieurs propriétés
désirables : ils étaient durables, transportables, rares et il était difficile de les falsifier car leurs caractéristiques physiques
étaient bien connues et facilement vérifiables. Au XIXe siècle, des billets échangeables contre de l’or ou de l’argent ont
commencé à circuler. Ces billets étaient émis par des banques privées et leur valeur dépendait donc de la crédibilité de
l’émetteur. En pratique, les billets émis n’étaient pas entièrement couverts par une quantité d’or ou d’argent équivalente,
ce qui occasionnait des crises bancaires fréquentes. Les banques centrales ont été créées en partie pour résoudre ce
problème. Les billets émis par les banques centrales étaient couverts en grande partie par des réserves métalliques.
Ce processus a mené à une organisation du système monétaire international centrée sur l’étalon-or. Celui-ci s’est mis en
place dans les années 1870. Il a duré jusqu’au début de la première guerre mondiale avant d’être partiellement restauré
dans l’entre-deux-guerres. L’étalon-or a été définitivement abandonné pendant la Grande Dépression des années 1930.
Fonctionnement du système
Dans le système d’étalon-or, l’évolution de la masse monétaire reflète celle du stock d’or. La quantité de monnaie disponible
est donc indépendante du niveau de l’activité économique et du volume des transactions dans l’économie. À moyen terme,
pour un montant donné de transactions, c’est donc le niveau général des prix qui s’ajuste quand la quantité d’or
disponible varie. C’est l’inverse des politiques monétaires actuelles dans les grandes économies développées qui laissent
au contraire varier la quantité de monnaie disponible pour assurer une stabilité des prix. Le fonctionnement idéal d’un
système d’étalon-or suppose donc un degré très élevé de flexibilité des prix (et par conséquent des salaires nominaux).
Le système de l’étalon-or implique également des règles particulières dans l’organisation des paiements
internationaux. Puisque chaque monnaie nationale est ancrée à l’or, les taux de change nominaux entre monnaies
sont fixes et non ajustables. La politique monétaire est totalement assujettie au maintien de la parité avec l’or
et à la défense du taux de change. À la différence du système mis en place à Bretton Woods, où les monnaies
étaient ancrées au dollar, l’étalon-or est en principe un système monétaire international symétrique dans lequel
aucune monnaie nationale ne joue un rôle particulier. Tous les pays et toutes les monnaies sont soumis à la
même discipline.
Les paiements internationaux se traduisent in fine par des mouvements d’or d’un pays à l’autre. Quand un pays est,
par exemple, en déficit (ou en excédent) de balance des paiements, il doit régler (ou être réglé) en or. Il enregistre
des sorties (ou entrées) d’or. Par conséquent, la masse monétaire nationale se contracte (ou augmente). La masse
monétaire est donc déterminée par la balance des paiements. Ceci constitue un mécanisme d’ajustement automatique
des balances des paiements. Prenons le cas d’un pays qui enregistre un déficit. Ce déficit provoque une sortie d’or,
donc une contraction de la masse monétaire. A son tour, cette contraction entraîne une baisse des prix nationaux.
Avec des prix relatifs plus faibles par rapport au reste du monde, la compétitivité de l’économie se rétablit,
ce qui ramène la balance des paiements à l’équilibre. Ce mécanisme d’ajustement a été décrit par David Hume
dans son essai bien connu de 1752.
L’ajustement est en principe symétrique. En effet, les pays en excédent voient leurs prix augmenter et leur
compétitivité diminuer alors que les pays en déficit suivent le cheminement inverse. Dans la pratique, toutefois,
cette symétrie n’est pas forcément respectée. Les pays en excédent ne sont pas contraints d’émettre de la
monnaie et peuvent thésauriser l’or sans le monétiser, évitant ainsi la hausse des prix. Les États-Unis et la
France, deux pays ayant un excédent de paiements courants, ont ainsi pu accumuler des stocks d’or importants
dans l’entre-deux-guerres, tandis que les pays en déficit perdaient de l’or et étaient contraints de déflater leur
économie lorsque leurs créanciers exigeaient le paiement en or. 2
L’abandon du système
L’étalon-or impose des disciplines très strictes. Il implique des taux de change fixes entre les monnaies et il
suppose, pour bien fonctionner, une grande flexibilité des prix. Pendant la dépression des années 1930, il a été
progressivement abandonné par les grandes économies. La sortie de l’étalon-or permettait en effet de stimuler
l’économie en desserrant la contrainte monétaire et en dépréciant le taux de change. La dépréciation du change
accentuait les difficultés économiques des pays restés ancrés à l’or, les incitant à quitter le système à leur tour.
La Grande-Bretagne qui avait réintroduit l’étalon-or avec la parité d’avant-guerre est notamment sortie du
système en 1931 : peu compétitive au sortir de la première guerre mondiale, elle avait en effet subi des déficits
de paiements courants jusqu’à ce que la perte de ses réserves d’or la force à abandonner la parité. Les États-Unis
l’ont suivie en 1933.
Le système de l’étalon-or a été remplacé par celui de Bretton Woods après la seconde guerre mondiale.
La parité avec l’or a été remplacée par une parité fixe mais ajustable avec le dollar, lequel était initialement convertible
en or. L’autonomie des politiques monétaires a été permise par des restrictions aux mouvements de capitaux.
Ce système a duré jusqu’en 1971 lorsque les États-Unis ont abandonné la parité avec l’or. Les grandes économies
sont alors passées à un système de taux de change flottants.