Complément Méthodologique Français

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Complément méthodologique

pour la composition de
l’épreuve de Français-Philosophie

CONCOURS 2023

Ponts ParisTech, ISAE-SUPAERO, ENSTA Paris, TELECOM Paris, MINES Paris,

MINES Saint Étienne, MINES Nancy, IMT Atlantique, ENSAE Paris, CHIMIE ParisTech - PSL

Ce rapport est la propriété du GIP CCMP. Il est publié sur le site selon les termes de la licence :

Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Complément méthodologique - CCMP

Table des matières


1 La méthode de la dissertation : remarques générales 4

2 L’organisation du devoir, sa rédaction 6

3 Conseils aux candidats, bilan, perspectives 8

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Complément méthodologique - CCMP

Introduction
Ce bref document présente un complément méthodologique pour la composition
de l’épreuve de français du CCMP.
Il s’agit d’un résumé du chapitre « Français » du rapport des écrits 2022, dispo-
nible sur le site web du CCMP :
https://www.concoursminesponts.fr
Vous trouverez des exemples détaillés dans les annexes dudit rapport. On vous
invite à les découvrir.
Bonne lecture !

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Complément méthodologique - CCMP

1 La méthode de la dissertation : remarques


générales
Loin de se cantonner à la restitution d’éléments de cours ou à une simple
illustration du contenu énoncé dans la citation, la dissertation expose une pensée
qui cherche à élucider un problème et à donner du sens aux mots et aux concepts
présents dans l’énoncé d’un sujet lu de manière complète et détaillée.

A - L’introduction
L’introduction suppose une amorce, la citation du sujet, son analyse, une pro-
blématisation et l’annonce du plan. Son but n’est pas de créer un effet d’attente
ni de flou artistique, mais d’éclairer les fondements de la réflexion, d’exposer des
enjeux, d’amorcer les pistes qui seront explorées. Inutile de proposer une intro-
duction excessivement longue. Commencer un devoir revient à exposer un travail
spécifique sur un sujet particulier : il ne sert donc à rien de chercher à replacer
dans l’introduction une problématique déjà traitée en classe.
L’introduction peut débuter par une amorce, c’est-à-dire par une autre citation
librement choisie par le candidat qui la place en résonance avec le sujet. Mais ce
procédé n’a rien d’obligatoire. C’est un procédé qui permet une entrée en matière
plus élégante, et vise à préparer le terrain à la réflexion qui va suivre. Si cette
amorce peut davantage séduire le jury que des considérations générales pleines de
banalité, sa présence n’a rien d’obligatoire. Aucune copie n’est pénalisée pour n’en
avoir pas fourni. L’amorce doit être brève, pertinente (et donc en lien direct, ou
en opposition, avec le sujet) et de qualité, empruntée à la littérature, à l’opéra, à
la peinture ou à la sculpture... En ayant recours à une amorce maladroite, voire
déconnectée du sujet proposé, le candidat attire l’attention du correcteur sur une
forme d’incohérence. On peut conseiller de ne pas systématiquement chercher à re-
placer une citation rencontrée pendant l’année. Et si l’on n’a aucune idée d’amorce
convaincante, il faut passer cette étape et se concentrer sur une analyse très précise
des termes du sujet.
Vient ensuite la présentation du sujet, soit à travers sa citation intégrale, soit
à travers une reformulation. Cette présentation globale du sujet est une étape
essentielle. L’analyse de la citation ne consiste pas en une étude très longue des
propos de l’auteur. Elle est davantage une explication de la cohérence et de la
dynamique de sa pensée, afin d’en comprendre la singularité et d’en faire surgir
les enjeux, qui mèneront tout naturellement à l’énoncé de la problématique. Les
candidats doivent accueillir le sujet dans sa spécificité et sa particularité, avec la
plus grande fraîcheur d’esprit, et ne pas chercher à rapatrier des connaissances
extérieures. Dans l’analyse du sujet, le candidat dévoile sa capacité à réutiliser ses

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Complément méthodologique - CCMP

connaissances dans une perspective nécessairement inédite. Il affiche l’étendue et


la qualité de sa pensée critique.
Vient ensuite le moment de formuler une problématique. La formulation de
la problématique doit découler évidemment du travail de réflexion précédent, et
s’énoncer de manière fluide, sans multiplier les interrogations (ne proposez pas une
cascade de questions, où l’on peine à saisir l’enjeu précis de la problématique).
L’annonce du plan découle de l’analyse personnelle du sujet.

B - Le développement
Le développement progresse trop souvent de manière simpliste, voire incohé-
rente (certains devoirs affirmant dans la deuxième partie exactement le contraire
de ce qu’ils viennent d’énoncer dans la première). Le sujet ne doit pas être pro-
gressivement « oublié » au profit d’une dérive vers la récitation de cours ou d’un
traitement général et flou du thème au programme. Les copies dialoguent avec le
sujet. Or qui dit dialogue dit, au fil du développement, reprise des termes du sujet,
que le candidat peut même mettre entre guillemets, pour montrer que la construc-
tion de son raisonnement s’appuie bien sur les termes de la citation proposée.
Pour la clarté du devoir, il faut veiller à bien sauter des lignes aux charnières de
la réflexion : entre l’introduction et le développement, entre chacune des grandes
parties, entre le développement et la conclusion. Le développement est constitué
de parties, elles-mêmes conçues autour d’arguments, illustrés par des exemples
variés. Il est préférable d’annoncer, au début d’une partie ou d’une sous-partie, le
contenu des questions qui vont être discutées, et d’argumenter au fil des parties
en confrontant systématiquement les points de vue des auteurs du programme.
Évitez les coulées de texte indigeste, sans retour à la ligne ni indication claire
d’idée directrice, qui semblent écrites au fil de la plume, perdent très vite de vue le
plan annoncé, ou s’y raccrochent par hasard. Démontrez chaque axe du plan par
des idées différentes, elles-mêmes mises en lumière par les œuvres. Idéalement, les
œuvres doivent être confrontées, de façon équilibrée et précise.
C’est la cohérence globale qui doit primer : il vaut donc mieux proposer un plan
en deux parties, à condition que celles-ci ne se contredisent pas grossièrement (le
principe de non-contradiction vaut en effet pour tout type de réflexion logique !),
plutôt qu’une organisation en trois parties, où la troisième, en forme de « postiche »
ou de fausse fenêtre, se contente d’énoncer des vues dépourvues de tout lien avec
le sujet. . .

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Complément méthodologique - CCMP

C - La conclusion
La conclusion peut proposer une répétition des principaux arguments dévelop-
pés, mais évitez l’autosatisfaction (« nous avons bien montré »). Tentez ensuite si
possible une ouverture, un élargissement, mais mieux vaut ne rien écrire si l’inspi-
ration ne vient pas !
Veillez à mieux répartir votre temps pour éviter que la conclusion ne soit réduite
à la portion congrue ou rédigée de façon illisible ou sous la forme d’un « fourre-
tout », où le candidat, à l’issue d’un travail qui le laisse visiblement insatisfait,
déverse toutes les citations qu’il n’a pu exploiter préalablement. Répondre à la
problématique doit rester l’objectif majeur de cette dernière étape du devoir.

2 L’organisation du devoir, sa rédaction


A - Présentation matérielle de la copie
Trop de copies sont marquées par des déséquilibres entre les différents moments
(peut-être en raison d’un problème de gestion du temps). L’introduction, parfois
obèse, peut occuper jusqu’à trois pages, et commencer déjà à répondre partielle-
ment, voire totalement, au sujet, rendant inutile la suite. Avec ces introductions
disproportionnées par rapport au développement qui suit, tout se passe comme si
certains candidats considéraient que les termes du sujet ne devaient être interro-
gés et analysés que dans l’introduction — comme si donc le développement était
dispensé de les prendre en charge et de continuer à les questionner.
N’oubliez pas de distinguer clairement les parties et sous-parties par de nets
retraits. Construisez et structurez votre réflexion de sorte que l’organisation appa-
raisse au premier coup d’œil. Les transitions entre les grandes parties du raison-
nement sont également essentielles. Les candidats doivent veiller à construire des
transitions soignées, et ne peuvent pas se contenter d’annoncer par exemple qu’ils
vont maintenant « passer à la deuxième partie ».
Rappeler précisément, au début de chaque partie, la perspective développée
dans celle-ci, peut se révéler judicieux et profitable. Cela permet d’une part un gain
de clarté lorsque le plan n’a pas été clairement annoncé à la fin de l’introduction,
cela rend d’autre part le raisonnement plus agréable à suivre grâce à ces repères
régulièrement donnés au correcteur.
Dans un souci de propreté, de correction vis-à-vis des correcteurs et de valo-
risation de votre pensée, veillez à la lisibilité de votre écriture et à la qualité de
la présentation de vos copies. Il faut privilégier la plume ou le feutre, une encre

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Complément méthodologique - CCMP

sombre (le noir de préférence), ne pas abuser de l’effaceur ni du « blanc », veiller


aux alinéas et à la confection des paragraphes, ne pas sauter abusivement de lignes
et s’assurer d’une vision générale de la structure de la dissertation avant même sa
lecture par les correcteurs. Et ce d’autant plus que la présentation même de la
copie est souvent surprenante : le correcteur est parfois confronté à une série de
paragraphes isolés, séparés par une ou plusieurs lignes, sans lien entre eux, ni lin-
guistique ni notionnel. Les transitions paraissent souvent maladroites, quand elles
existent, et la progression en grandes unités, qui n’est pas liée à une avancée de la
pensée semble, le plus souvent, dépendre de la fantaisie de l’instant ou du sentiment
qu’il faudrait passer une ligne pour aérer un peu l’ensemble... Autant d’erreurs à
éviter donc.
En revanche, les copies suffisamment développées, bien écrites, c’est-à-dire do-
tées d’une écriture formée, lisible, d’une orthographe et d’une syntaxe convenables,
suffisamment illustrées par des exemples et des références précis et commentés, re-
prenant régulièrement les termes du sujet pour mieux en affiner l’interprétation,
répondant par étapes justifiées à la problématique choisie, n’ayant pas fait d’er-
reurs graves d’interprétation du sujet et appuyées sur des références fréquentes aux
œuvres du programme sont évidemment valorisées.
B - Références aux œuvres
L’usage des citations doit être intelligent : une copie peut toujours se contenter
d’une référence précise à un passage, même si son auteur est incapable de le citer
littéralement, si c’est pour le commenter personnellement et efficacement. Toute
évocation d’une œuvre doit être transformée en illustration d’un argument ; les
ouvrages doivent être mis au service de la pensée singulière proposée par le sujet.
Cela implique de prouver en quoi l’évocation de tel ou tel exemple fait sens par
rapport à ce que l’on veut démontrer, ce qui suppose un travail d’adaptation des
connaissances du candidat à la spécificité du sujet proposé. Évitez donc le recours
à des œuvres mises au programme l’année précédente (dont l’évocation dissimule
bien mal la méconnaissance des textes sur lesquels vous étiez censé avoir travaillé).
C - Langue, expression
Rappelons que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement/ et les mots pour
le dire arrivent aisément ». Les mots ont un sens ; le contexte est porteur de sens
également. Trop de candidats s’autorisent encore une pensée approximative et
réduisent les notions à quelques schémas bien pauvres. Il est vivement recommandé
de travailler en s’interrogeant sur les subtilités, les nuances, les connotations, la
polysémie des mots présents dans le sujet. Il faut donc également les faire entrer
en résonance, car ils prennent sens les uns par rapport aux autres.

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Complément méthodologique - CCMP

3 Conseils aux candidats, bilan, perspectives


On peut d’abord conseiller aux candidats, a fortiori dans le cas d’une citation,
de ne pas céder à la tentation de réduire la thèse à la première phrase, aux pre-
miers mots, ou à la dimension la plus évidente, mais d’essayer d’en comprendre la
cohérence globale, la mécanique interne.
Sur le plan de la structure de la pensée, il faut veiller à ce que le propos
s’organise de façon méthodique : le plus judicieux est de partir de la pensée de
l’auteur en commençant par envisager sa signification, sa portée, ses enjeux. C’est
seulement quand ce travail inaugural a été mené à son terme que le candidat peut,
et doit, envisager une contestation et un dépassement.
L’année de préparation, à travers les cours et les lectures, permet à chacune
et à chacun de s’engager personnellement dans l’analyse des œuvres. C’est en
travaillant régulièrement, et directement, le cœur même des œuvres au cours de
l’année, que le candidat pourra confronter sa pensée à celle des textes et la mettre
en perspective. Au-delà de l’analyse des œuvres, le travail de dissertation interroge
la capacité des candidats à penser le monde dans lequel ils vivent. Le thème de
l’année est l’occasion de réfléchir à l’historicité, à la relativité et à la complexité
de valeurs ou de sentiments qui ne sauraient aller de soi.
L’épreuve de « français-philosophie » est exigeante et demande une préparation
tout au long de l’année, grâce à des lectures et relectures des œuvres qui doivent
aboutir à leur excellente connaissance, fruit d’un entraînement régulier permis par
la pratique d’exercices et l’enseignement du professeur. On ne saurait trop recom-
mander aux futurs candidats la rigueur et la régularité dans leurs efforts, car si
beaucoup de candidats font montre d’un grand sérieux et « réussissent » ainsi,
malgré des maladresses dans la compréhension du sujet, dans la méthode disserta-
tive ou dans l’expression, beaucoup d’autres en revanche révèlent des insuffisances,
des lacunes, des erreurs de toutes sortes qui ne sont guère admissibles au niveau
du concours. Les candidats sont nombreux, et la concurrence rude : philosophie
et littérature requièrent autant de rigueur et de savoir, de sens de la réflexion et
de la démonstration que les sciences dites exactes – et l’on attend logiquement
d’un futur élève de grande école scientifique qu’il soit capable de développer en
français et de mettre à profit de façon argumentée des connaissances qui lui ont été
délivrées pour parfaire sa culture d’« honnête homme » ou d’« honnête femme » !

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