Calcul Integral Primitive Terminale
Calcul Integral Primitive Terminale
Calcul Integral Primitive Terminale
+
L’intégration c’est la bonne opération ! +
Devise de Taupins a u v b
−
1 Primitives 2
Introduction. — L’objectif de ce petit chapitre est de faire une présentation rapide et élémentaire du
calcul de primitives et d’intégrales. Nous verrons aussi les propriétes fondamentales de l’intégrales : sa
linéarité, la conservation de l’ordre, la relation de Chasles, . . .
Rb
Nous dirons quelques mots sur l’interprétation géométrique de l’intégrale a f (t ) dt en indiquant son
lien avec l’aire algébrique du domaine du plan délimité par la courbe représentative de f , l’axe des
abscisses et les droites d’équation x = a et x = b.
Pour ce cours, nous admettrons le théorème suivant, qui sera démontré dans le courant de l’année au
début de l’hiver.
Théorème 1. Soit I un intervalle de R. Soit f : I → R une fonction dérivable. La fonction f est constante
si et seulement sa dérivée est nulle.
ex ex R
1
ln |x| R∗+ ou R∗−
x
x n+1
x n où n ∈ N R
n +1
x n+1
x n où n ∈ Z \ {−1} R∗+ ou R∗−
n +1
sin(x) − cos(x) R
cos(x) sin(x) R
i h
1
cos(x)2
= 1 + tan(x)2 tan(x) − π2 + kπ, π2 + kπ où k ∈ Z
i h
tan(x) − ln| cos(x)| − π2 + kπ, π2 + kπ où k ∈ Z
x α+1
x α où α ∈ R \ {−1} R∗+
α+1
1 Primitives
Définition 2. Soit I un intervalle de R. Soit f : I → R une fonction. On appelle primitive de f sur I toute
fonction ϕ : I → R dérivables sur I et telle que
∀x ∈ I , ϕ′ (x) = f (x).
3
Exemple. La fonction x 7→ x3 est une primitive de x 7→ x 2 , la fonction x 7→ 21 sin(2x) est une primitive
de la fonction x 7→ cos(2x) ; mais attention, il y en a d’autres comme le montre le résultat ci-dessous.
Proposition 3. Soit I un intervalle de R. Soit f : I → R une fonction. Deux primitives de f sont égales à
une constante près. Autrement dit, si ϕ1 et ϕ2 désignent deux primitives de f , il existe c ∈ R tel que
∀x ∈ I , ϕ1 (x) = ϕ2 (x) + c.
Démonstration. Pour montrer cela, nous utilisons le théorème 1 rappelé en introduction : Si I est un
intervalle de R et f : I → R une fonction dérivable. Si la dérivée de f est nulle alors f est constante sur I .
Soient ϕ1 et ϕ2 deux primitives de f sur I . Elles sont dérivables par définition si bien que ϕ1 − ϕ2 est
aussi dérivable sur I . Par linéarité de la dérivation, nous avons
Remarque. — • Il n’existe jamais une seule primitive ! Une fonction peut très bien ne pas avoir de primi-
tive mais, s’il en existe une, il en existe une infinité et elles sont toutes égales à une constante additive
près. Autrement dit, si ϕ, f : I → R sont des fonctions telles que ϕ′ = f alors les primitives de f sont les
fonctions de la forme x 7→ ϕ(x) + c où c ∈ R. Par exemple, les primitives de x 7→ x 2 sont les fonctions de
3
la forme x 7→ x3 + c où c est une constante réelle.
• Il est absolument indispensable de se placer sur un intervalle. C’est un piège dans lequel tombent
fréquemment les étudiants. Plaçons-nous sur l’ensemble D = [−1, 1] ∪ [2, 3] qui n’est pas un intervalle.
La fonction f constante et égale à 1 définie sur D et la fonction
g : D −→ R
(
1 si x ∈ [−1, 1]
x 7−→
2 si x ∈ [2, 3].
∀x ∈ D, f ′ (x) = g ′ (x) = 0.
Exemple. ⊲ Les primitives sur R de la fonction nulle sont les fonctions constantes x 7→ c où c ∈ R.
⊲ Les primitives sur R de la fonction x 7→ 3 sont les fonctions affines de la forme x 7→ 3x + c où c ∈ R.
⊲ Les primitives sur R de la fonction x 7→ 2 x 2 sont les fonctions de la forme x 7→ 32 x 3 + c où c ∈ R.
⊲ Les primitives sur R∗+ de la fonction x 7→ sin(x)+ x12 sont les fonctions de la forme x 7→ − cos(x)− x1 +c
où c ∈ R.
2 2
⊲ Les primitives sur R de la fonction x 7→ x ex sont les fonctions de la forme x 7→ 12 ex + c. En effet,
2
l’expression x ex s’écrit 12 u ′ (x)eu(x) où u(x) = x 2 .
3x
⊲ Les primitives sur R de la fonction x 7→ 1+x 2 sont les fonctions de la forme
3 3
x 7−→ ln |1 + x 2 | + c c’est-à-dire x 7−→ ln(1 + x 2 ) + c.
2 2
3x 3 u ′ (x)
En effet, l’expression 1+x 2
s’écrit 2 u(x) où u(x) = 1 + x 2 .
u ′ (x) 1
−
u(x)2 u(x)
u ′ (x)
ln |u(x)|
u(x)
u(x)2
u(x) u ′ (x)
2
u ′ (x) p
p u(x)
2 u(x)
′ α u(x)α+1
u (x) u(x) si α ∈ R \ {−1}
α+1
1 1
cos(2θ) = 1 − 2 sin(θ)2 si bien que sin(θ)2 = − cos(2θ).
2 2
On en déduit que les primitives de f s’écrivent x 7→ x2 − 41 sin(2x) + c où c est une constante réelle.
Théorème 4. Soit I un intervalle de R. Toute fonction f : I → R continue sur I admet des primitives
Ce théorème sera démontré au début du printemps lorsque nous contruirons l’intégrale de Riemann.
Exercice 1. — Déterminer les primitives des fonctions suivantes ; on précisera leur ensemble de défi-
nition.
1 1
1o ) x 7→ x(ln(x))2
4o ) x 7→ tan(x) 8o ) x 7→ p
x 1−ln2 (x)
5o ) x 7→ cos3 (x) sin(x)
p
2o ) x 7→ ln(x)
x o cos(ln(x)) 9o ) x 7→ x 2 x 3 + 1
6 ) x 7→ x
x
1 1+e
3o ) x 7→ x ln(x)
7o ) x 7→ x+e x 10o ) x 7→ sin(x)4 .
Démonstration. Il nous faut tout de même démontrer que F (b) − F (a) est indépendant de la primitive
de f choisie. Supposons que G soit une autre primitive de F . La proposition 3 nous assure qu’il existe
un réel c tel que
∀x ∈ I , F (x) = G(x) + c.
On en déduit donc que
¡ ¢ ¡ ¢
F (b) − F (a) = G(b) + c − G(a) + c = G(b) −G(a).
Rb
La définition de a f (t ) dt a donc bien un sens.
Exemple. ⊲ La fonction nulle f : x 7→ 0 est continue sur R. On observe que pour tout a, b ∈ R
Zb h ib
0 dx = 1 = 1 − 1 = 0.
a a
1
⊲ Soit y > 0. La fonction f : t 7→ y+t est continue sur ]−y, +∞[. Pour tout x > y, on a
Zx
1 h ix
dt = ln |y + t | = ln |y + x| − ln |y| = ln(y + x) − ln(y).
0 y +t 0
Il ne faut pas perdre de vue que la variable d’intégration est t : on calcule donc une primitive de l’ex-
1
pression y+t par rapport à la variable t . Les variables y et x sont fixées dans le calcul.
Proposition 6. Soit I un intervalle de R. Soit f : I → R une fonction continue sur I . Quels que soient les
réels a, b ∈ I on a Za Zb Za
f (t ) dt = 0 et f (t ) dt = − f (t ) dt
a a b
Démonstration. Comme f est continue sur I , elle possède des primitives ; soit F l’une d’elle. Nous avons
Za
f (t ) dt = F (a) − F (a) = 0
a
et Zb Za
¢ ¡
f (t ) dt = F (b) − F (a) = − F (a) − F (b) = − f (t ) dt .
a b
F a : I −→ R
Zx
x 7−→ f (t ) dt
a
Remarques. • Les fonctions que l’on manipule habituellement sont la plupart du temps des empile-
ments de fonctions usuelles (additions, multiplications, produits, inverses et composées de fonctions
usuelles). On a vu dans le chapitre précédent qu’il est « facile » de dériver les fonctions obtenues comme
produit, quotient et composée de fonctions dérivables ; il suffit d’appliquer les formules de dérivation
que nous avons vues en cours. Par contre, calculer une primitive est autrement plus difficile ! en gé-
néral, lorsque l’on sait intégrer deux fonctions, on ne sait pas intégrer leur produit, leur quotient, leur
composée.
Il faut donc comprendre que les théorèmes 7 sont des théorèmes existentiels fondamentaux car ils per-
mettent aussi de donner naissance à de nouvelles fonctions ; par exemple, nous verrons à la rentrée de
vacances que c’est comme cela que l’on définit le logarithme népérien. Il est définie sur R∗+ comme étant
l’unique primitive de x 7→ x1 qui s’annule en 1 :
Zx
def dt
∀x ∈ ]0, +∞[, ln(x) = .
1 t
2
On peut montrer — mais c’est très difficile — que la fonction x 7→ e−x ne possède pas de primitive ex-
primable en fonction de nos fonctions usuelles. Le théorème fondamental de l’intégration nous permet
d’écrire des primitives de cette fonction sous forme intégrale puisque
µZx
d
¶
−t 2 2
e dt = e−x .
dx 0
Rx 2
La fonction x 7→ 0 e−t dt est très utilisée en probabilité et statistique.
Exercice 3. — Soit f : R → R une fonction continue. Montrer que la fonction suivante est dérivable
sur R et calculer sa dérivée Z 2 x
ψ : x 7−→ f (t ) dt .
x
§ 2. Propriétés de l’intégrale
Démonstration. Comme les fonctions f et g sont continues sur l’intervalle I , elles admettent des pri-
mitives sur I . Notons F et G des primitives de f et g respectivement. La fonction α F + βG est dérivable
sur I et par linéarité de la dérivée,
(α F + βG)′ = α F ′ + βG ′ = α f + β g
Proposition 9 (Relation de Chasles). Soit f : I → R une fonction continue sur l’intervalle I . Soit (a, b, c)
un triplet d’éléments de I .
Zb Zc Zb
f (t ) dt = f (t ) dt + f (t ) dt .
a a c
Démonstration. Comme f est continue sur l’intervalle I , il existe des primitives ; soit F une primitive
de f sur I . Nous avons
Zb Zc Zb
¡ ¢ ¡ ¢
f (t ) dt = F (b) − F (a) = F (b) − F (c) + F (c) − F (a) = f (t ) dt + f (t ) dt .
a a c
Démonstration. • Comme f est continue sur l’intervalle I elle admet des primitives sur cet intervalle ;
soit F l’une d’elle. Nous avons par hypothèse
∀x ∈ I , F ′ (x) = f (x) Ê 0
• Nous avons g (x)− f (x) Ê 0 pour tout x ∈ I . Comme g − f est de plus continue, nous pouvons appliquer
le premier point :
Zb
¡ ¢
g (t ) − f (t ) dt Ê 0
a
puis, par linéarité de l’intégrale
Zb Zb
g (t ) dt Ê f (t ) dt
a a
En déduire Z1
xn
lim dx.
n→+∞ 0 1 + x2
Corollaire 11. Soit f : I → R une fonction continue. Soit (a, b) un couple d’éléments de I . Si a É b alors
¯Zb ¯ Zb
¯ ¯
¯
¯ f (t ) dt ¯¯ É | f (t )| dt .
a a
Démonstration. Nous avons que |x| = max(x, −x) pour tout x ∈ R. Cela entraîne que
∀x ∈ R, x É |x| et − x É |x|.
∀t ∈ I , f (t ) É | f (t )| et − f (t ) É | f (t )|.
et ainsi ¯Zb ¯ Zb
¯ ¯
¯
¯ f (t ) dt ¯¯ É | f (t )| dt
a a
Cette partie sera considérablement étoffée au début du printemps lors de la construction de l’intégrale
de Riemann.
Théorème 12. Soit f : I → R une fonction continue sur l’intervalle I . Lorsque f est de signe constant
si on note A l’aire du plan délimité par la courbe représentative de f , l’axe des abscisses et les droite
d’équation x = a et x = b vaut alors ¯Zb ¯
¯ ¯
A=¯ ¯ f (t ) dt ¯¯
a
y = f (x)
Zb
f (t ) dt
a
a b
Si f : [a, b] → R est une fonction continue non de signe constant. Pour avoir l’aide du domaine du plan
associé à la fonction f entre a et b (a É b), on fait la somme des aires en découpant l’intervalle de sorte
que f garde un signe constant sur les intervalles considérés. Dans le cas de la figure 4 on obtient
Zu Zv Zb
A= f (t ) dt − f (t ) dt + f (t ) dt .
a u v
+
+
a u v b
−