Le Chamanisme Initiatique (M. Simard)
Le Chamanisme Initiatique (M. Simard)
Le Chamanisme Initiatique (M. Simard)
ISBN : 978-2-85829-901-0
www.editions-tredaniel.com
info@guytredaniel.fr
www.facebook.com/editions.tredaniel
SOMMAIRE
Préface
Avertissement par aigle bleu
Introduction
1
LE CYCLE SOLAIRE
Premier stage : Niveau 1 – L’individu
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
PHILOSOPHIE DES ORIGINES
L’individu au cœur du nouveau monde
La culture chamanique
Le chamanisme initiatique à privilégier
La formation de praticiens chamaniques
Les manigances de l’ombre
La lumière à l’encontre des forces de l’ombre
La relation avec la terre
PRATIQUES SPIRITUELLES INDIVIDUELLES
En unité avec la Terre-Mère
Les trois lois du chamanisme
Le lieu de pouvoir
La méditation
Purification du corps et du cœur
Les quatre directions
Prières, offrandes et danses sacrées
L’autel tortue
RITUELS PERSONNELS IMPORTANTS
Pour la protection personnelle
Pour la protection des lieux – le bâton de prière
Pour modifier ce qui ne va pas dans notre vie
Pour réaliser les œuvres qu’on entreprend
Pour stimuler l’abondance dans sa vie
Pour accompagner les âmes décédées
Pour aider une âme perdue
CONCLUSION
Récapitulatif et approfondissement
LA PHILOSOPHIE AMÉRINDIENNE
La nature au service de l’humain
Trois principes de base, trois vérités fondamentales
Cinq principes de vie, cinq éléments
Cinq rituels principaux
Sept rappels
Neuf préceptes du code des relations justes
LA MUSICOTHÉRAPIE AMÉRINDIENNE
Les trois lois fondamentales de la guérison
2
LE CYCLE LUNAIRE
Quatrième stage : Niveau 2 – Le couple
LA SEXUALITÉ SACRÉE DES ORIGINES
Dans la tradition védique russe
Dans la tradition amérindienne
Cérémonie pour trouver l’être aimé
Cercle de couple
Expériences de couple
LA GUÉRISON AVEC LES CRISTAUX (1)
Trois prérequis au travail avec les cristaux
Considérations générales sur le cristal
Purification d’un cristal
Principales utilisations des cristaux
La famille des quartz
Autres cristaux de guérison
Quelques choix recommandés de cristaux
Programmation des cristaux
Cérémonie de consécration d’un cristal
LE TOUCHER THÉRAPEUTIQUE
LA HUTTE DE SUDATION
Légende concernant la hutte de sudation
Une très ancienne cérémonie
Construction d’une hutte de sudation
La cérémonie de la hutte de sudation
CONCLUSION
Conclusion générale
Publications de Micheline Simard
Livres, disques et CD d’Aigle Bleu
PRÉFACE
Dans le régime socialiste où j’ai grandi, nous avions appris que l’esprit et
l’âme étaient inexistants. Pourtant, chaque fois qu’une mésaventure
m’arrivait, j’allais consulter un moine bouddhiste, un prêtre catholique, un
astrologue ou un chaman. Une fois, une chamane mongole me dit que je me
devais d’accepter mes racines ancestrales, car il m’était demandé de devenir
chamane. Peu après, une personne inconnue me saisit la main dans la rue en
me disant : « Ta destinée va se transformer de manière dramatique – je
m’incline devant toi. » Effrayée, je m’enfuis. Un voyant japonais avec ses
cartes de divination me dit aussi que je ferais à l’avenir un travail très
différent. Je n’acceptais pas le fait que je deviendrais chamane parce que je
croyais que les chamans étaient de vilaines personnes. Mais à la fin, je dus
accepter mes racines ancestrales. Je devins malade, je perdis un petit enfant
et je compris que cela continuerait si je n’acceptais pas mes racines
ancestrales. J’ai accepté ma mission dans une cérémonie spéciale en
comprenant que ma vie était désormais vouée au destin de l’Éternel Bleu
Tengri1.
À cette époque-là, il y avait très peu de livres sur le chamanisme et la
spiritualité, et lorsqu’il y en avait, c’était des paroles mystérieuses sur la
magie et des histoires incroyables, ainsi tout cela me paraissait bien
compliqué. Afin de comprendre, j’ai consulté mes esprits ancestraux qui
m’ont fait vivre des aventures fascinantes. Ayant acquis de l’expérience, j’ai
écrit plusieurs livres afin de partager avec les autres pour qu’ils n’aient pas
à perdre de temps dans leurs recherches.
Les esprits ancestraux m’ont expliqué que, si nous ne prenions pas soin,
avec amour, de la Terre-Mère, cette relation qui doit exister entre la nature
et les humains, nous ne pourrions continuer à exister. J’ai compris que nous
avions un travail énorme à accomplir pour la Mongolie. Mais j’ai été
enchantée de découvrir d’autres personnes partout à travers le monde qui
portaient la même mission que nous, chamans mongols. Dans bien des pays
où pareillement les cultures et les traditions étaient presque complètement
détruites, les gens avaient la passion de chercher, de découvrir qui ils
étaient, d’apprendre et de partager ce qu’ils avaient appris. De voir des
personnes qui étaient comme nous, qui avaient à cœur de s’entraider et de
se protéger des négativités de ce monde, m’a donné du courage et de la
force. J’ai pris confiance et retrouvé de l’inspiration dans le fait
qu’ensemble nous pourrions accomplir beaucoup plus en dépassant ce qu’il
y avait de meilleur en nous.
Bien que certaines personnes affirment être des chamans, la manière dont
elles utilisent leurs dons et le temps qu’elles donnent à la situation mondiale
actuelle varient. Aigle Bleu est le premier chaman canadien que j’aie
rencontré. C'était lors de sa visite en Mongolie. En conversant avec lui, j’ai
découvert que nous avions beaucoup de choses en commun. Nous avons le
même souci de protéger la Terre-Mère, pas seulement d’en parler, mais
d’agir. Une des principales discussions que nous avons eues ensemble
concernait le monde spirituel et comment notre destin nous suit de vie en
vie et comment les personnes aujourd’hui font tellement d’erreurs parce
qu’elles ne connaissent pas le monde spirituel.
Je ne regarde plus la nature comme simplement quelque chose de beau,
mais comme une entité qui possède ses propres esprits, entité avec qui nous
sommes liés. Si nous ne la protégeons pas, nous allons cesser d’exister. J’ai
décidé de dédier ma vie à la Terre-Mère en partageant avec d’autres ce que
j’ai vécu. C’était une grande opportunité pour moi de rencontrer un chaman
canadien qui avait le même cœur que moi, de voir qu’ensemble nous
pouvions joindre nos voix pour défendre la Terre-Mère, pour trouver ceux
qui, comme nous, avaient la même destinée, afin qu’ensemble nous
puissions créer et travailler pour un monde meilleur. Ce sont les souhaits
pour nous de l’Éternel Bleu Tengri2.
Les esprits existent. Comment communiquer avec eux, comment
comprendre le destin, qui est un chaman, comment devient-on chaman,
comment être prudent et en sécurité sur ce chemin et comment apprendre –
toutes ses connaissances et ses expériences, Aigle Bleu ne les garde pas
pour lui, il veut les partager avec vous tous. Cela donne une vaste somme
de connaissances ; sans doute est-ce l’Éternel Tengri Bleu lui-même qui l’a
choisi pour cette mission. Je lui souhaite tout le meilleur dans son travail et
son dévouement.
Chers lecteurs, nous espérons également que votre voix s’élèvera pour
protéger la nature et que vous ferez grandir votre vaste dévouement à la
Terre-Mère.
Sincèrement vôtre,
AYANGAT UDGUN
www.tengermongolgazar.mn (en russe)
MUSHUM
(Marcel Gill Grondin)
www.mushum.com
MINTHÉ
www.aguasunidas.com
ANJA NORMANN
www.vitkanordika.com
OJASVIN et WAIMAANIA
www.grandmothershealinghaka.com
TUPAQ SONQO
tupaqsonqo@inkapaqcha.org
ANGELA VARELA
angelavarela@wanadoo.fr
www.escuelaneijing.org
Il n’est pas nécessaire de se morfondre au travail… Il faut refuser d’agir tels des robots… Il
faut profiter de l’abondance à notre disposition… Il faut veiller à notre santé physique,
mentale, émotionnelle, spirituelle, etc.
MICHELINE SIMARD
1 Le vaste ciel éternel, principale déité créatrice du monde chez les Mongols.
2 Idem.
3 Il s’agit des Premières Nations de l’Amérique du Nord.
4 Cette formation est disponible sur abonnement à partir du site www.savoirancestral.com.
AVERTISSEMENT
PAR AIGLE BLEU
AIGLE BLEU
INTRODUCTION
Neuf ateliers de quatre jours, échelonnés sur trois ans, constituent la base
de la formation « Créons le monde ». Cela signifie trente-six jours intensifs
d’enseignements, auxquels s’ajoute une quatrième année de supervision et
de perfectionnement devant confirmer (ou non) l’aspirant dans le statut de
praticien chamanique. La réussite dépend, en très large part, de la régularité
et de la qualité de la pratique spirituelle.
Certains vont choisir de suivre la formation dans une perspective de
développement personnel. Ils n’aspirent à aucune certification en pratique
chamanique, mais ils considèrent les enseignements d’Aigle Bleu comme
étant particulièrement utiles alors que l’humanité se trouve à un moment
décisif : ou des changements majeurs sont apportés au mode de vie que
nous avons, ou nous allons continuer de périr prématurément en raison du
déséquilibre dans lequel nous évoluons en étant séparés des forces et des
pouvoirs de la nature. Car nous avons été créés pour vivre éternellement ;
nous devrions chercher à augmenter nos années de vie plutôt que d’agir de
façon à ce que la mort survienne toujours de plus en plus tôt. Les
enseignements du chamanisme initiatique rappellent, en ce sens, les
instructions originelles que nous avons oubliées et proposent, tel un code de
la route, une manière de parvenir à destination, d’atteindre le bonheur.
Le retour à la nature, que les autochtones vénèrent et respectent, s’avère
la voie incontournable pour avancer en toute sécurité. Nous sommes trop
nombreux à assister, les bras croisés, à la destruction de la biodiversité ainsi
qu’à la robotisation des hommes et des femmes sous la gouverne d’un petit
nombre d’êtres avides et ravageurs. Retrouver notre vraie nature humaine,
celle créée par le Grand Esprit, nous rapproche du paradis d’abondance que
le Créateur nous a donné sur la terre.
« Créons le monde » éveille les consciences à des vérités connues depuis
toujours par les Premières Nations, mais qui ont été délaissées même par un
bon nombre d’Amérindiens. Le Chamanisme initiatique constitue la somme
des connaissances, des expériences et des intuitions d’Aigle Bleu, qui n’a
jamais douté de l’importance de ce qu’il transmettait. Si certaines notions
développées dans le livre vous paraissent difficiles à suivre, nous vous
recommandons de lire Le Sentier de la beauté1 : la base de la sagesse
amérindienne y est présentée en détail. La série de vidéos qui a été produite
à partir des premiers stages de « Créons le monde2 », donnés en France
de 2014 à 2017, peut aussi être un précieux accompagnement dans la
compréhension du chamanisme initiatique.
Le chaman enseignant insiste souvent sur le fait que chaque stagiaire doit
demeurer lucide par rapport à ce qui lui a été transmis et par rapport à ce
qu’il transmet. Le principe vaut aussi pour les lecteurs. On n’adopte un
enseignement que s’il fait sens pour soi. Les instructions originelles ne
s’imposent pas : on les accepte ou on les refuse. Comme Aigle Bleu, le
sourire au coin des lèvres, le formule aux étudiants : « Examinez, à la loupe
de votre conscience, ce que vous entendez, voyez ou lisez avant de
l’accepter comme moteur de transformation. Jusqu’à un certain point, je
vous recommande presque d’oublier ce que je vous enseigne pour ne retenir
que ce qui vous semble bien. » C’est donc en toute confiance que vous
pouvez plonger dans cette sagesse ancestrale adaptée aux besoins
d’aujourd’hui. Vous en retirerez les bénéfices dont vous avez besoin. Vous
serez peut-être même pris par un étonnant désir de cocréer le monde, de
sorte qu’il vous apporte plus de satisfactions et de joies.
L’expérience et l’exemple étant plus convaincants que les discours sans
enracinement, Aigle Bleu, à travers ses enseignements, transmet toute son
expertise. Il parle de ce qu’il sait, de ce qui le fait vivre. Étant profondément
enraciné dans la culture chamanique amérindienne, il préconise un mode de
vie qui s’accorde à un principe fondamental d’unité avec toute la création.
L’interaction que cela suppose se comprend bien à travers la figure du
cercle. Pour la désigner plus précisément, les Cherokees parlent du « cercle
de toutes nos relations3 ».
Pour cette nation amérindienne, la numérologie permet la compréhension
des enseignements traditionnels d’après 9 plans, dont Aigle Bleu s’inspire,
parce que ce classement lui semble le plus juste qui soit. Chaque chiffre
porte un enseignement spécifique et amène à la compréhension du suivant.
On doit considérer cette numérologie non pas en ligne droite, mais de
manière circulaire :
• I – l’individu ;
• 2 – le couple ;
• 3 – la famille ;
• 4 – les amis ;
• 5 – la communauté ;
• 6 – le clan ;
• 7 – la nation ;
• 8 – la planète ;
• 9 – la conscience universelle.
Dans le cadre de « Créons le monde », l’enseignant a rajouté aux 9 plans
les spécificités des cycles solaire et lunaire, puisqu’ils interviennent
également dans le développement de « toutes nos relations ». Ils
contribuent, eux aussi, à une meilleure compréhension du monde. Le cycle
solaire se présente généralement comme étant plus difficile que le cycle
lunaire ; c’est le monde à prédominance masculine. Les trois stages de la
première année de formation relèvent du cycle solaire, chaque stage
correspondant aux chiffres impairs de la numérologie ci-dessus, soit 1, 3 et
5. La deuxième année de formation suit le cycle lunaire ; elle approfondit
les enseignements des chiffres pairs 2, 4 et 6. La troisième année
correspond au cycle des initiations et conduit à la compréhension des
chiffres 7, 8 et 9.
Afin de faciliter la tâche aux personnes qui souhaitent suivre les
enseignements à la fois dans le livre et au moyen des enregistrements
audiovisuels de « Créons le monde », nous rappelons que le livre suit
l’ordre des stages, mais que certains enseignements ont pu être déplacés ou
omis.
1 Le Sentier de la beauté, écrit par Aigle Bleu, a été réédité en 2015 par Le Dauphin Blanc.
2 Sur le site www.savoirancestral.com.
3 Le Cercle de toutes nos relations – Manuel pour une nouvelle terre est le titre d’un livre
qu’Aigle Bleu a publié en 2014 aux Éditions Le Dauphin Blanc. Il y détaille les 9 niveaux de
relations selon la compréhension amérindienne du monde.
LE CYCLE SOLAIRE
PREMIER STAGE
Niveau 1 – L’individu
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
Aigle Bleu amorce chaque début de journée avec une cérémonie
d’ouverture. Elle peut se dérouler de différentes manières selon les nations
amérindiennes, mais il y en a toujours une de prévue avant un événement
d’importance ou un rassemblement particulier. Avant chaque journée
d’enseignement, il y en aura une.
Par ce rituel, on invite, dans le lieu où l’on se trouve, les ancêtres, les
anges gardiens, les guides spirituels, bref, tous les êtres qui nous
accompagnent et dont nous avons besoin. C’est aussi une manière de
purifier les lieux et les personnes présentes. Celle enseignée par Aigle Bleu
provient d’une chamane guerrière apache, Oh Shinnah Fastwolf. Lorsqu’on
en a reçu l’initiation et que l’on doit diriger cette cérémonie, il est
intéressant, chaque fois, avant de commencer, d’observer l’énergie de la
salle, du groupe, ainsi que l’énergie que l’on porte soi-même, car il y a
toujours des changements qui se produisent au cours d’une telle cérémonie.
On peut ainsi noter les différences, ce qui révèle l’importance de cette
pratique et le soin qu’on doit lui apporter.
Les ancêtres réagissent rapidement à un appel sincère du cœur. C’est,
entre autres, par le « chant des ancêtres », quatre syllabes répétées quatre
fois, qu’ils entendent la voix des personnes présentes lors de la cérémonie.
Il faut donc insister auprès de celles-ci sur le fait qu’elles doivent toutes
chanter : faux ou juste, peu importe ! Une seule règle prévaut. Il n’est pas
permis de ne pas chanter ! Les ancêtres ont besoin d’entendre notre voix
pour nous reconnaître.
En outre, si la cérémonie ne se produit pas à l’extérieur, on doit s’assurer
qu’une porte ou une fenêtre est ouverte dans la pièce où l’on se trouve.
C’est nécessaire chaque fois que l’on désire purifier un endroit ou des
personnes.
Ainsi, au début de chaque séance d’enseignement, Aigle Bleu procède
à la cérémonie d’ouverture. Prenant une posture rituelle, il commence par
bénir ses mains afin qu’elles fassent un travail sacré. Puis il encode les
éléments rituels qui ont été disposés sur une natte bénie devant lui : plume
d’aigle, cristaux, sphères et figurine de tortue représentant la terre. L’encens
de sauge est allumé et des offrandes de tabac y sont déposées pour chacune
des directions, ainsi que pour la terre et le ciel. Le chant des ancêtres est
entonné avec machikoué (hochet ou maracas) et tambour. Enfin, le groupe
et la salle sont purifiés avec la fumée de sauge.
Après la cérémonie, l’enseignement commence.
Au-delà des spécificités que leur attribue chaque nation, l’importance des
directions est manifeste chez tous les peuples autochtones de l’Orient
comme de l’Occident. Leur signification puise inévitablement dans la
singularité de leur culture et de leurs traditions.
Le nord, c’est la sagesse du miroir. Il enseigne la manière de voir les
choses telles qu’elles sont, comme le fait l’enfant en toute spontanéité si
aucune autorité parentale ne le trouble. Le bison blanc est l’animal de cette
direction, parce qu’il rappelle les grands vents froids, les vastes espaces
inoccupés, l’hiver, la nuit, la vieillesse, mais aussi la sagesse des aînés.
Le grand bison blanc est un être réel pour les Amérindiens. C’est un des
quatre visages de l’oiseau-tonnerre, une énergie alimentant le champ
électromagnétique de la terre du nord au sud et lui donnant sa cohésion. Les
esprits des ancêtres ont trouvé leur demeure au nord, et grâce à la vision
claire que transmet le grand-père de cette direction, nous pouvons les
percevoir et les entendre là.
L’est évoque la sagesse de l’inspiration, par exemple, d’un projet, d’une
idée, d’une manière de vivre. C’est une lumière intérieure et extérieure qui
nous inspire et qui stimule l’action à entreprendre. Cette direction
symbolise le début de toute chose : un nouveau jour, un nouvel
apprentissage, un nouveau savoir, un nouveau printemps. L’aigle doré la
représente ; il a le jaune doré du soleil levant et il vole haut dans les airs,
comme s’il avait le pouvoir de le rejoindre. Le matin – l’aube en
particulier – s’avère le moment idéal de la journée pour exécuter des danses
sacrées ou tout autre exercice tonifiant le corps, l’esprit et l’âme. Notre
besoin de nourriture est minimal à ce moment-là.
Le sud contient l’énergie de la croissance rapide, de l’amour, de
l’innocence. C’est la sagesse qui permet de réussir les œuvres qu’on
entreprend. C’est le midi que le soleil darde ses rayons de toute sa force, et
c’est l’été que la nature déploie toute sa richesse. Le grand-père
représentant ce point cardinal porte les enseignements de la petite souris,
qui perçoit tout en détail, et ceux du coyote, qui nous rappelle de ne pas tout
prendre au sérieux, comme de ne pas nous prendre au sérieux, ce qui
constitue un excellent outil de croissance personnelle. Le rire active notre
force vitale, il fait fondre ce qui est cristallisé au fond de nous – ce qui nous
ralentit ou nous empêche d’avancer.
L’ouest, c’est la médecine de l’expérience et de la transformation, le feu,
les couleurs flamboyantes de l’automne, le soleil couchant dans tous ses
éclats. C’est la sagesse acquise à travers les expériences de la vie. L’ours
noir et l’ours brun symbolisent l’ouest ; ils ont appris aux Indiens à soigner
avec les plantes. Ils leur ont donc enseigné cette médecine plus que jamais
essentielle à la survie de tous les êtres vivants. Le grand-père de cette
direction représente la maturité. Il enseigne à affirmer l’être véritable qu’on
est sans les déséquilibres occasionnés par l’ego. Il propose de suivre un
chemin exigeant, celui de la vie éternelle.
Le centre est une direction dans la roue de médecine. Il correspond
à l’individu et à la sagesse de l’équanimité – cette égalité d’humeur de
l’individu qui ne se laisse pas agiter par les émotions, parce qu’il comprend
ce qui est important dans la vie. Il va ainsi se tenir au centre des quatre
directions, là où il peut équilibrer et nourrir ses quatre corps : spirituel
(est) ; physique (sud) ; émotionnel (ouest) et mental (nord). À partir du
centre, il comprend mieux ceux avec qui il entretient des relations ou les
situations qui surviennent. Par sa sérénité et l’harmonisation de son être, il
apparaît telle une lumière pour le monde qui l’entoure.
Pour chaque personne aspirant à la pratique chamanique, comme pour
tout individu cherchant à se connaître davantage et à progresser, il sera
avantageux de connaître sa direction fondamentale. C’est une direction qui
ne changera jamais au cours de l’existence, d’où l’intérêt de la repérer pour
intégrer les enseignements qu’elle porte. Notre direction fondamentale
personnelle révèle les forces qui sont en nous et oriente vers les trois autres
directions afin que nous développions les forces qui s’y rattachent, nous
permettant ainsi de parvenir à l’équilibre.
C’est évidemment dans la nature qu’il est préférable de chercher sa
direction fondamentale. On peut faire cette recherche dans son lieu de
pouvoir, s’il se trouve sur un site élevé et dégagé permettant de voir de loin
toutes les directions. Pour la trouver, la méthode cherokee recommande
d’exécuter neuf cycles de la « danse des quatre directions5 », puis de
continuer ensuite une danse libre, les paumes ouvertes vers les directions. Si
vous le faites, vous finirez par sentir, à un certain moment, la chaleur et
l’énergie d’une direction plus fortement en particulier. Ce sera « votre »
direction fondamentale.
La méthode apache est différente. La personne doit se tenir face à l’est,
une dizaine de minutes ; elle regarde et note dans un cahier ce qu’elle voit
et sent, ce qui se passe. Puis elle pose un bandeau sur ses yeux et, les yeux
bandés, elle est attentive à ce qui se passe. Elle enlève le bandeau et note ce
qu’elle a perçu. Elle fait ainsi pour les trois autres directions. Le lendemain,
elle relit ce qu’elle a écrit et, habituellement, elle découvre quelle est sa
direction fondamentale parce que ça lui saute aux yeux.
Si on s’applique à chercher sérieusement sa direction fondamentale, on la
trouve, quelle que soit la méthode utilisée. Il faut simplement éviter de
conclure trop rapidement. Une bonne façon de faire, c’est d’essayer les
deux méthodes. Si le résultat est le même, il n’y a plus de doute. Aussi,
vous pourriez quotidiennement vous appliquer à ressentir les directions lors
de vos prières et de vos offrandes. La direction fondamentale va vous faire
signe ; elle va vous parler jusqu’à ce que vous compreniez : les grands-
pères sont tenaces !
Prières, offrandes et danses sacrées
La plupart des prières et des danses sacrées sont en lien avec les
directions et entre-directions. Quelques suggestions de prières et
d’offrandes ont déjà été mentionnées. Ce qu’il importe de ne jamais oublier
est la disposition de gratitude qu’il faut avoir pour que notre prière ou notre
offrande nourrisse l’Univers et mette en branle la roue de la réciprocité.
Au lever du soleil et à l’extérieur, idéalement, il y a une prière apache
célébrant la grâce qu’on reçoit avec le nouveau jour qui commence. Elle est
magnifique. La voici :
• On tient de la farine de maïs dans la main droite bien refermée et on se
centre quelques instants. Puis on oriente la main en l’air vers l’est et,
à voix haute, on prie : « J’appelle ici, maintenant, l’esprit et le pouvoir de
l’est. Lumière intérieure et extérieure, illumination, Aigle Doré, viens ici
maintenant ! » Alors, on tire vers soi la main, en mettant de la tension
dans le bras, comme s’il y avait une corde tendue jusqu’à cet esprit et ce
pouvoir.
• On fait les mêmes gestes pour toutes les directions, mais les paroles des
invocations changent.
• Vers le sud, on prie à voix haute avec les mots suivants : « J’appelle ici,
maintenant, l’esprit et le pouvoir du sud, amour, confiance, innocence,
Petite Souris et Coyote, viens ici maintenant ! »
• Vers l’ouest : « J’appelle ici, maintenant, l’esprit et le pouvoir de l’ouest,
transformation, sentier de la médecine, Ours noir, Ours brun, viens ici
maintenant ! »
• Vers le nord : « J’appelle ici, maintenant, l’esprit et le pouvoir du nord,
grand vent froid qui purifie la terre et donne aux hommes force et
endurance, monde de l’esprit, terre des ancêtres, Grand Bison Blanc,
viens ici maintenant ! »
• Ensuite, on met le poing (main avec le maïs) sur la terre et on prie : « À la
très sainte Terre-Mère, pour tous tes bienfaits, toute ta beauté, toutes les
formes de vie que tu portes. » S’ensuit un silence où on ressent
intérieurement de la gratitude, un merci qu’on ne prononce toutefois pas.
• Enfin, on élève la main au-dessus de la tête, à l’intention du Grand Esprit.
On dit simplement : « Pour le Père céleste. » On tourne le poing fermé
trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis on le tire jusqu’au
cœur. On ouvre la main légèrement pour que le maïs soit encodé par la
vibration de notre voix et on prie à voix haute, disant merci pour tout ce
qu’on veut – tout ce qui nous concerne personnellement, sans oublier de
remercier pour la situation difficile qu’on vit, si c’est le cas, parce qu’elle
va nous apporter un enseignement qui sera précieux dans notre évolution.
Cette prière du matin, transmise par Oh Shinnah Fastwolf, est un moment
vivifiant qui prolongera ses effets au cours de la journée. Les quatre
directions, leurs fonctions et leurs représentations, y sont nommées et
honorées. C’est l’incontournable d’une prière amérindienne, tout comme le
fait d’avoir un autel tortue chez soi pour prier, méditer, y faire des
offrandes. C’est un espace-temps sacré qui constitue un lieu à soi et pour
soi. On le crée dans une pièce de la maison où l’on habite. S’il est bien
réalisé, il va dégager de la lumière et protéger la maison.
L’autel tortue
Il vaut la peine d’observer la luminosité d’un autel tortue, avant et après
son activation dans la maison. Cela permet de constater les changements
qui se produisent, car il y en a toujours. L’autel tortue est un lieu de prière
intime d’une puissance étonnante. Si l’on choisit de l’installer dans la
chambre à coucher, on ajoute des médecines pour le rêve, telles qu’un
cristal herkimer et/ou de l’armoise fraîche. On dépose aussi, sur l’autel, les
objets de médecine dont on se sert régulièrement pour qu’ils soient
énergisés ; on les place en dessous ou au-dessus, à sa guise.
Pour activer un autel tortue, il suffit de lui souhaiter la bienvenue,
exactement comme on accueille un vieil ami : les mains ouvertes, paumes
vers lui, avec le chant du cœur. En cas d’absence prolongée, il ne faut pas
oublier de démonter l’autel avant de partir. C’est très important. Nous
prenons simplement les offrandes de sel, de farine de maïs et d’eau, et les
portons à l’extérieur comme offrande. Nous enveloppons le cristal avec du
tissu rouge et retournons les contenants du sel, de la farine et de l’eau. On
peut alors étendre un tissu par-dessus. On réinstallera l’autel au retour.
L’autel tortue porte ce nom pour signifier la terre, car la tortue a toujours
été le symbole de la Terre-Mère pour les Premières Nations, qui appelaient
d’ailleurs leur continent la « Grande Île Tortue ». Autrefois, les gens avaient
tous un autel tortue dans leur foyer ; c’était un endroit qu’ils vouaient à leur
spiritualité. Quand nous quittons ce monde et traversons la porte de la mort,
la seule chose que nous emportons est notre cheminement spirituel. Tout le
reste est éphémère. Il est donc primordial de se donner quotidiennement un
temps pour la pratique spirituelle. La création d’un espace sacré dans sa
maison, tel l’autel tortue, prédispose à une communication régulière avec le
Grand Esprit et favorise cette saine habitude.
Sept éléments essentiels se retrouvent sur l’autel : une chandelle, de
l’eau, un cristal, du sel, de la farine de maïs, un machikoué (hochet,
maracas) et un coquillage contenant des herbes.
La chandelle, en brûlant, représente l’esprit, la lumière omnisciente,
l’essence de la terre. Elle correspond au feu central qu’on retrouvait
autrefois dans chaque tipi, wigwam, maison longue ou hogan. C’était et
cela demeure le symbole du feu de la vie.
L’eau que l’on dépose sur l’autel est offerte à l’intention de tous les êtres
et les esprits qui ont besoin d’étancher leur soif. C’est l’eau qui guérit,
rafraîchissante et apaisante. Elle représente la sagesse de l’esprit éclairé qui
voit les choses telles qu’elles sont. Elle symbolise le sang de la Terre-Mère.
Pour sa part, le cristal ou la pierre va constituer les os de la Terre-Mère –
son squelette. Le cristal reflète la perfection de la forme, de l’intention
pure. Il symbolise le potentiel qui n’est pas encore manifesté. Sa pointe,
orientée vers le nord, aligne l’autel avec les énergies telluriques.
La farine de maïs est la nourriture des esprits. Elle est offerte pour que
tous les êtres aient suffisamment à manger. Elle symbolise les bénédictions
et l’abondance que donne la Terre-Mère. S’il arrive que des esprits perdus
entre les mondes pénètrent dans notre maison, ils trouvent dans cette
offrande une nourriture spirituelle qui les conduit vers la lumière.
Le sel de mer, en tant que synthèse minérale d’éléments favorisant la vie,
symbolise la chair de la Terre-Mère. Dans la Bible, l’homme est appelé le
« sel de la terre », puisqu’il est sur terre, en principe, pour y favoriser la vie
de tous les êtres, de toutes les espèces vivantes. Le sel sur l’autel agit
comme un aimant ; il capte et conserve les vibrations négatives qui se
trouvent à proximité. Il sert de point d’ancrage afin de neutraliser les
énergies subtiles dissonantes.
Le hochet (les maracas ou le machikoué) est traditionnellement un
catalyseur de force vitale pour les Amérindiens. Il illustre notre pratique
spirituelle quotidienne, soit la volonté et le désir que nous avons de nous
donner un espace-temps sacré pour renouer avec la Source en nous.
Le coquillage avec les herbes sert à la purification. Il symbolise la pureté
de nos intentions et le désir de continuer à nous purifier afin d’être en
harmonie avec la volonté du Divin.
Tous ces éléments forment la charpente de l’autel. C’est sa plus simple
expression. Par la suite, on peut rajouter des objets personnels : photo de
notre guide ou de notre aîné spirituel, chapelet chrétien ou mala6, plume,
etc. En somme, tout ce qui fait partie de notre médecine personnelle, ayant
une grande importance ou une valeur symbolique.
Une fois l’autel installé, nous y déposons les offrandes. L’eau devra être
changée chaque jour, son bol rincé trois fois et rempli à la quatrième. La
nouvelle eau fraîche représentera la clarté de notre être, qui se nettoie
toujours davantage. De la même façon que l’eau reflète toute chose, nous
pouvons, en nous purifiant chaque jour, devenir limpides et acquérir la
sagesse du miroir, c’est-à-dire celle de voir les choses telles qu’elles sont.
Périodiquement, nous verrons à renouveler aussi le sel et le maïs. Enfin, il
sera possible de poser sur l’autel des offrandes de nourriture.
L’autel tortue devient ainsi le symbole qui bénit notre maison et la
protège. Sa présence quotidienne nous rappelle qu’il est bon de consacrer
des moments à la prière et à la méditation, parce que cela permet de nous
retrouver dans le calme. Il est si facile de nous laisser prendre par mille et
une choses et d’oublier l’essentiel. De plus, comme l’autel tortue est un lieu
de beauté que l’on se crée, il est réconfortant de se recueillir à proximité.
On plonge vite à l’intérieur de soi. Il est le reflet de notre beauté intérieure.
Sa lumière est la manifestation visible de notre propre lumière. C’est une
expérience unique.
Aigle Bleu insiste sur ce point : la lumière apparaît dans un lieu dès
qu’un autel tortue est créé, et l’énergie qui s’en dégage augmente avec le
temps. Tous ses étudiants ont pu le remarquer. On perçoit véritablement
plus de luminosité dans la pièce où il vient d’être activé.
Après avoir baigné dans la lumière de l’autel tortue, nous poursuivrons
l’expression de la beauté de la vie par le chant et la danse : ce sont des
vibrations, des mouvements, et tout mouvement démontre la vie et la santé
d’un individu. On élimine les toxines en bougeant, on multiplie les
hormones de joie en dansant et en chantant. Une des danses qui atteignent
ces objectifs est celle de forme libre, qui consiste à « danser la spirale »,
imitant ainsi le déplacement des animaux dans la nature ou le tournoiement
du vent, de l’eau, etc. Si l’on parvient à suivre le mouvement naturel de la
spirale qui existe dans le corps, on ouvre les canaux d’énergie, puisque tous
les mouvements d’énergie se déplacent en spirale.
Lorsqu’on ressent un besoin de changer d’énergie, il suffit de se mettre
spontanément à danser en spirale. L’effet est immédiat. Plus le corps
s’enroule et se déroule autour d’un axe imaginaire, plus on active l’énergie,
la joie et la créativité. On se remet ensuite à l’activité mise de côté quelques
minutes plus tôt et on s’aperçoit vite du regain de vitalité.
La danse des quatre directions, qui a déjà été évoquée, est une danse
sacrée permettant de communier avec les grands-pères. Elle utilise la spirale
à travers un agencement de mouvements et de formes successifs. On tourne
comme sur un octogone vert, face aux quatre directions et aux quatre entre-
directions. Chaque mouvement ou forme a un sens précis qu’il faut
connaître pour demeurer en contact constant avec la spirale à l’intérieur de
soi. La personne qui danse se trouve, en fait, en relation avec tout ce qui
existe autour d’elle et en elle. Elle reçoit de l’énergie et en redonne,
repousse l’ombre pour accueillir la lumière.
Les figures ou mouvements spécifiques de la danse des quatre directions
sont répétés trois fois, ou un nombre de fois multiple de 3, parce que c’est le
chiffre symbolisant la vie, la manifestation et la famille. Qu’on l’exécute
dans la solitude ou dans un groupe, cette danse fait partie des exercices
quotidiens suggérés sur le plan spirituel. On en retire d’excellents bénéfices,
surtout si on l’exécute matin et soir.
Certaines danses, toutefois, nécessitent la présence d’un groupe. Par
exemple, lorsqu’une personne désire prendre un engagement formel devant
témoins, elle va solliciter le soutien de sa communauté. En ce cas, c’est la
« danse des ancêtres » qui sera privilégiée. Le chant répétitif qui
l’accompagne sert à convier les ancêtres afin qu’ils soutiennent la personne
au moment où elle s’engage et, par la suite, pour qu’elle tienne sa promesse
jusqu’au bout.
CONCLUSION
L’individu, créé dans la perfection, dispose de la terre et de tous ses
bienfaits pour établir un petit paradis pour lui-même et sa famille. Tous les
humains peuvent jouir du privilège d’être libres et heureux : ils représentent
le Divin sur terre. C’est par leur harmonisation avec ce qui vit dans la
nature qu’ils parviennent à un plein épanouissement. Leur santé exprime
celle de l’humanité habitant la terre.
Le nouveau monde est celui de la joie, du bonheur, de l’amour – qui se
développe en toute sérénité et abondance sur un domaine familial, mis à la
disposition de toutes les familles.
Le groupe, comme toute communauté spirituelle, aide à cheminer. C’est
un égrégore auquel nous nous lions pour obtenir du soutien. Le cercle,
forme symbolique du groupe, correspond à la somme des énergies des
individus qui y participent. C’est la force dont on peut se prévaloir parce
qu’elle exerce un effet exponentiel d’amplification. L’énergie d’un groupe
nous porte et nous accompagne, par exemple, tout au long de notre
démarche spirituelle. L’égrégore « Créons le monde » va permettre, à celle
ou celui qui s’engagera dans cette voie chamanique initiatique, d’aller
jusqu’au bout et de cocréer le nouveau monde.
1 Anastasia est le personnage principal des dix livres écrits par Vladimir Mégré, constituant la série
intitulée The Ringing Cedars of Russia. Nous ferons régulièrement référence à elle et à ses propos
rapportés par l’auteur russe.
2 Un tel volume existe d’ailleurs : The World We Used to Live In. Il est écrit par Vine Deloria Jr. et
publié par Fulcrum Golden, Colorado, États-Unis, 2006.
3 On peut méditer avec Aigle Bleu, après abonnement, sur le site http://www.savoirancestral.com.
Les principales formes de méditation qu’il recommande y sont enseignées.
4 Pour en apprendre davantage sur cette essence première créée par Aigle Bleu, consultez le site de
l’entreprise qui le produit : http://www.invocation.ca.
5 Cette danse est présentée par Aigle Bleu dans une vidéo sur le site http://savoirancestral.com. Il
l’enseigne également dans l’enregistrement du stage I de « Créons le monde », car elle doit faire
partie des exercices spirituels réguliers des praticiens en chamanisme.
6 Chapelet bouddhiste.
7 Expression québécoise qui signifie agir de manière débridée et libre.
DEUXIÈME STAGE
Niveau 3 – La famille
COMPRÉHENSION DE LA FAMILLE
Le niveau 3 de toutes nos relations
La triade est par ailleurs l’attribut de la divinité dans plusieurs grandes
religions. La religion chrétienne parle d’un Dieu trinitaire qui est Père, Fils
et Esprit-Saint ; les hindous se représentent leur divinité sous la figuration
de Brahma, Vishnou/Shiva, Shakti. Les Amérindiens vont aussi attribuer au
Créateur trois aspects dans le monde physique : volonté, amour et
intelligence ; par contre, il faut noter que, dans le monde de l’esprit, le
Divin est au-delà de toute conceptualisation.
Le triangle de la création humaine apparaît comme l’une des plus exactes
symbolisations : femme – homme – enfant. Sans cette configuration du
noyau familial de base, correspondant au chiffre 3, l’individu n’existe pas.
Cela nécessite un père et une mère. Bien sûr, il existe de nouvelles
méthodes pour « produire » un enfant : il y a le bébé-éprouvette et celui qui
est implanté dans l’utérus d’une mère porteuse, etc. Ces nouveaux-nés
produits par des techniques scientifiques risquent toutefois d’en conserver
des séquelles. Conçus en dehors des règles de la nature, ils éprouveront de
la difficulté à parvenir à l’équilibre et à la santé sur tous les plans, que ce
soit le plan physique, mental, émotionnel ou spirituel.
Si l’on considère la direction prise par certains développements
scientifiques, on peut s’en inquiéter, mais il ne serait pas utile de perdre
espoir à la vue de toutes les actions criminelles de divers ordres qui sont
posées ici et là. Dans nos esprits, l’espoir a sa place. Il se peut que ce soit
seulement un potentiel non manifesté, mais le nouveau monde, nous
sommes en train de le construire ; c’est nous qui choisissons de le
manifester ou non. Il ne faudrait pas l’oublier !
Tout au long de cette session axée sur une meilleure compréhension de la
famille, donc, sur l’approfondissement de la vie créatrice, il sera nécessaire
de vous détendre et de faire le vide pour bien saisir la problématique qui se
joue actuellement dans le monde et l’urgence d’œuvrer à sa transformation
pour le bien de toute l’humanité. Nous l’avons vu, c’est en faisant le vide
que le chaman permet aux choses de se produire. Lorsqu’il est vide, la
magie survient.
Aigle Bleu le suggère avec empressement : « Pour vous, votre famille,
vos enfants et les enfants de vos enfants, adoptez les dispositions
chamaniques : elles vont permettre la création du monde tel que nous en
avons besoin ! Et en ce début d’enseignement, centrez-vous bien avant la
cérémonie d’ouverture et la méditation de base, comme il importe de le
faire chaque jour dans le cadre de votre pratique spirituelle. Une base stable
et régulière permet l’acquisition progressive et efficace des habiletés en
chamanisme. »
La voie initiatique évite d’aller trop vite et de laisser les personnes en
formation au hasard d’expériences pouvant s’avérer risquées et auxquelles
elles n’auraient pas été préparées. C’est une voie sécurisée. On apprend
à un rythme individuel, comme l’enfant qui commence à parler et
à marcher. Il écoute, observe, puis expérimente ; ses bonnes expériences
feront en sorte qu’il gagne confiance en ses capacités.
Création de l’enfant
Quand l’individu commence à comprendre son mystère, à savoir qu’il
possède une cellule divine en lui, indestructible et inaltérable, il peut s’unir
à l’autre dont il est amoureux. Cette autre personne sera le reflet du même
mystère : la source infinie et immortelle à l’intérieur de soi qui demeure au
fil des incarnations. La « méditation du cœur » donne accès à cette
connaissance ; elle est à privilégier si l’on désire en faire l’expérience. Le
ressenti qui s’y apparente est celui éprouvé lorsqu’on se trouve dans un état
de béatitude dans la nature.
Forts de cette vérité, l’homme et la femme peuvent créer un enfant qui
saura trouver son bonheur sur la terre. C’est le sens du chiffre 3 : le bonheur
est offert ici et maintenant. Il n’est d’autre récompense à attendre que celle
de la vie ici-bas, sur terre. C’est dans cet esprit que le couple doit préparer
le lieu où son enfant va naître. La nature doit être prête à l’accueillir. Si
l’enfant n’a pas ce qu’il lui faut à la naissance, cela générera des problèmes
susceptibles de se manifester tout au long de son existence.
Idéalement, la femme enceinte demeure durant toute la grossesse sur le
domaine familial pour être entourée de la haute énergie qui s’y trouve. Le
Créateur met une énergie spéciale sur les deux parents pendant la gestation
de l’enfant. Ainsi, après l’accouchement, il est possible que la mère vive
une période de dépression, dite post-partum, précisément parce qu’elle se
retrouve coupée de l’énergie spéciale qu’elle recevait pendant qu’elle
portait son enfant. Après la naissance, le père encourra pour sa part, plus de
risques d’accident. Il lui faudra plus de vigilance, parce qu’il est lui aussi
privé de cette énergie qui lui avait été accordée pendant les neuf mois
précédents.
Au moment de la naissance, il serait important de veiller à ce qu’il n’y ait
personne d’autre que le père et la mère dans la pièce. La sage-femme
pourrait se trouver ailleurs dans la maison, au cas où son assistance serait
requise. En fait, les parents devraient demeurer seuls avec leur nouveau-né
jusqu’à son premier sourire, soit après environ 21 jours, car l’enfant doit se
lier à ses parents. Il doit accepter son incarnation. Il n’est pas un sous-être !
Quand il va commencer à sourire, cela sera le signe que son âme accepte
d’être dans son corps : « Je suis là, je suis bien là. » Alors les grands-
parents peuvent venir faire connaissance avec lui, puis le reste de la grande
famille. Quand on ne respecte pas ce délai, c’est déstabilisant pour le
nourrisson, au point que, parfois, on a l’impression d’un vide dans ses yeux.
Cela indique, en fait, qu’il n’a tout simplement pas eu assez de temps pour
accepter son incarnation et se faire accueillir de ses parents.
L’enfant est un être à part entière. Deux rituels sont souhaitables après
son arrivée dans le monde :
1. Vous récupérez un petit bout du placenta en vue de confectionner une
amulette qui sera plus tard remise à l’enfant : en forme de tortue, avec un
peu de terre du domaine familial où l’enfant est né, les trois sœurs
(graines de courge, de fève, de maïs), une herbe sacrée (sauge, armoise,
tabac ou foin d’odeur). À noter : la bénédiction de l’amulette se fait
comme enseignée au premier stage.
2. Vous enterrez ensuite le reste du placenta dans un trou, de sorte qu’il soit
sous les racines de l’arbre que vous y plantez : l’arbre fera partie de
l’enfant, il marquera son appartenance au monde, il sera irremplaçable.
Lorsque l’enfant ne sera pas au domaine familial, le parent n’aura qu’à
mettre sa main sur l’arbre de son enfant pour sentir sa présence, sentir
comment il va, etc. À noter : toute espèce d’arbre peut être utilisée pour
couvrir le placenta.
La plupart des gens vont s’adresser aux bébés en babillant, comme si
ceux-ci étaient incapables de comprendre la langue parlée dans la famille.
Or, ils viennent de s’incarner dans une famille en particulier, ils l’ont
choisie, ils la connaissent et connaissent, de ce fait, la langue avec laquelle
chacun s’exprime. Ils ne sont pas en mesure de saisir le sens de tous les
mots, mais ils peuvent en comprendre l’intention. Les parents doivent, par
conséquent, leur parler de la même manière et sur le même ton qu’ils ont
l’habitude de s’exprimer pour communiquer entre eux.
Les enfants ne sont pas des sous-êtres ! Aigle Bleu le répète et le répète
pour que cette instruction originelle finisse par être intégrée dans l’esprit de
personnes qui l’entendent. Il s’agit d’une compréhension nouvelle de
l’enfant qui échappe à une large partie des populations de la terre, toutes
origines confondues. Les enfants éprouveraient moins de difficultés
d’apprentissage si on les considérait pour ce qu’ils sont, soit des êtres
divins.
Autrefois, certains avaient coutume d’interroger le nouveau-né pour
savoir comment agir dans une situation spécifique ou ce qu’il pensait de
telle ou telle chose. Ils étaient conscients que leur enfant était plus pur
qu’eux, parce qu’il provenait directement de la source de pureté. De nos
jours, c’est l’enfant indigo qui fait prendre conscience à ses parents de cette
réalité, quand il leur dit avec autorité : « Dorénavant, vous me consulterez
avant de prendre une décision. Vous m’expliquerez pourquoi je dois faire
ceci ou cela. Ensuite, je le ferai. »
Cercle de parole en famille
Pour l’ensemble de ce qui se passe dans une maison où une famille
habite, pour toutes les grandes et petites décisions à prendre, les parents
doivent tenir compte des idées et des besoins de leurs enfants. C’est dans ce
but qu’ils vont former un conseil de famille avec eux. Même le bébé doit en
faire partie. Il ne peut certes pas s’exprimer comme les autres, mais il
entendra ce qui se dira et se sentira ainsi concerné par les affaires de sa
famille. Lorsqu’il pourra le faire, il prendra sa place en amenant des
suggestions pertinentes, car un enfant est apte à une réflexion judicieuse au
même titre qu’un adulte.
Il y a tellement plein de sagesse chez le jeune à qui l’on permet
d’exprimer librement ce qu’il veut ou ne veut pas. On le sous-estime,
malheureusement ! On ne devrait jamais imposer de sorties ou de voyages
à des enfants s’ils n’en ont pas le goût, car ils savent ce qui est bon pour
eux. En outre, l’enfant prend le rôle qu’on lui donne. Si on l’infériorise, si
on lui parle comme à un bébé, il se comportera de la sorte.
Lors du conseil de famille, on fonctionne comme pour tous les cercles :
on fait circuler un objet (plume, bâton, etc.), chacun voit qui a la parole et
qui doit être écouté. Il importe également que toutes les décisions à prendre
soient l’expression du consentement de tous les membres de la famille,
puisque tous sont les yeux et les mains du Divin au sein de ce domaine
familial, comme au sein du monde. Un enfant pourrait préférer ne pas
participer à une séance de ce conseil, mais il saurait qu’il en est membre et
qu’il y a donc sa place. Il ne douterait pas de son importance dans la
famille. Quand il le souhaiterait, il y assisterait, il serait bienvenu.
Tout enfant considéré ainsi se sent libre, concerné et responsable. Si on
doit lui permettre d’être qui il est vraiment, on en bénéficiera. Adultes ou
enfants, nous sommes des dieux et des déesses sur la terre, ce qui nous
ramène au pouvoir de cocréation du paradis relevant de notre nature même.
S’accepter dans ce que l’on est, c’est s’aimer soi-même. Si l’on ne
reconnaît pas qui l’on est, on ne s’aime pas. En ce sens, si l’on ne reconnaît
pas aux enfants les mêmes dons, on ne sait tout simplement pas les aimer
pour ce qu’ils sont. Et sans réel amour, la vie perd de sa puissance.
Si nous prenons la place qui nous revient sur la terre, tous en profitent.
Tous peuvent bénéficier de notre lumière et de notre amour si nous sommes
resplendissants et compatissants. Les animaux accourent vers les êtres
lumineux ; les arbres se penchent vers eux. C’est l’harmonie originelle qui
se recrée. Les éléments répondent aux désirs des humains remplis de
compassion. L’enfant issu de la source de lumière et de pureté doit être
considéré comme un être divin parfait. S’il ne veut pas mettre de vêtements,
on le laisse faire. On ne lui donne pas de jouets, on le laisse découvrir son
milieu par lui-même. Il est plein de créativité, d’ingéniosité et de curiosité.
Le monde à découvrir, c’est le monde qu’il crée.
La majorité d’entre nous n’ont pas reçu un tel accueil à la naissance ou
durant leur enfance. Les forces de l’ombre se sont assurées d’effacer les
coutumes amérindiennes au cours des siècles pour que se perdent les traces
des instructions originelles, qui étaient gage de stabilité et d’équilibre. Il est
toutefois possible de revivre cet accueil, cet amour et cette volonté qui
donnent naissance à un enfant heureux. L’enfant en nous a besoin de se
sentir aimé pour être heureux. Apprenons à nous donner ce bonheur.
L’enfant, un être à part entière
Pour revivre cet accueil, il faut devenir père et mère de soi-même, car on
possède ces deux polarités en soi-même. Lors des méditations quotidiennes,
il est tout particulièrement utile de prendre du temps pour revisiter les
carences qui demeurent au fond de soi depuis l’enfance. En visualisation,
on se fait, tour à tour, père et mère de l’enfant qu’on est ; on lui redonne ce
dont il a besoin et ce qu’il mérite en tant qu’être humain divin.
La polarité féminine se trouve plus du côté gauche du corps, soit dans
l’hémisphère droit du cerveau. La polarité masculine, du côté droit du
corps, donc dans l’hémisphère gauche du cerveau. En général, deux
ancêtres demeurent avec nous, soit un grand-père et une grand-mère. Si
nous les contactons, ils nous aident à refaire notre être au complet.
Dans la mesure où l’on parvient à être un père et une mère pour soi-
même, on peut le devenir aussi pour les autres, ce qui revêt beaucoup
d’importance dans un cadre chamanique, puisque le chaman doit répondre
aux besoins des autres. Il est souvent appelé à jouer le rôle qu’on lui
demande, celui du père ou de la mère. Cela suppose qu’il soit assez « vide »
pour satisfaire les attentes et assez « complet » pour redonner ce qu’il sait
s’offrir en tant que père et mère de lui-même.
Atheshnahena, c’est le Grand Esprit à l’intérieur de l’être. Il se présente
sous trois visages :
• Volonté d’être, de s’incarner : or, pour qu’il y ait ce désir en soi-même, il
faut sentir l’appel des parents. C’est l’aspect masculin de l’être.
• Amour : c’est la force de cohésion qui maintient les choses dans l’ordre
que l’on connaît. L’amour part d’une attirance. Il s’exprime aussi par la
compassion. C’est l’aspect féminin de l’être.
• Intelligence : manifestation de l’unité des deux polarités créant l’enfant.
L’intelligence est créatrice et ce qu’elle veut créer, c’est le paradis.
Tous les enfants jouent à se façonner une maison à un moment donné :
château de sable ou cachette pour se réfugier ou couverture sous laquelle ils
vont se camoufler. C’est l’expression de leur instinct de créer un paradis qui
leur soit propre.
La nature est belle partout. C’est le paradis de l’humain, qui lui permet de
communiquer avec tout ce qui existe, incluant l’Univers et le monde des
étoiles. C’est le lieu paradisiaque qu’il peut embellir à sa guise en y faisant
pousser des fleurs, des plantes et tout autre élément qui lui plaît. Il revient
à la femme et à l’homme de caractériser la beauté de leur paradis : l’eau qui
coule là où ils le désirent, les couleurs et les parfums en provenance des
plantes ou arbustes plantés là où ils les ont prévus, etc.
Il existe des rituels pouvant être vécus en famille pour donner un sens
à la vie et aider l’enfant à comprendre son environnement – le paradis que
les parents lui ont préparé. Ils ont le mérite d’être à portée de tous. Si l’on
prie ensemble avant le repas et que l’on fasse une offrande de nourriture
après avoir mangé, ce rituel devrait favoriser l’unité de la famille et lui
donner toujours plus de cohésion. Noël est une fête rituelle qui doit être
célébrée de façon à retrouver tout son sens. Car c’est une occasion par
excellence pour partager ensemble, autour d’un repas, par exemple. On
honore ce faisant l’unité et la force rassemblant les membres d’une famille.
Pour les chrétiens, Noël donne du sens à la vie parce qu’on y célèbre une
naissance, celle du divin enfant ; il donne un sens à la dimension familiale
par le rappel de la figure créatrice trinitaire : père, mère, enfant.
Parce qu’elle est essentielle à notre équilibre, nous pouvons reconstituer
cette trinité sur notre lieu de pouvoir à l’aide d’un petit exercice de magie.
À un endroit spécifique, il s’agit de déterminer de façon symbolique un
aspect féminin (mère) et un aspect masculin (père) ; l’enfant, quant à lui,
comportera les deux aspects. C’est une façon de reproduire ces rôles
à l’extérieur de soi-même qui en facilite l’intégration : on s’assoit au centre
de ces trois représentations intérieures projetées. En plaçant ces figures hors
de soi, on s’en fait une idée plus claire et, ce faisant, on saisit la nécessité ou
non d’apporter des transformations pour parvenir à une meilleure santé
physique et affective.
La « méditation des 3 soleils » s’avère très efficace pour distinguer les
trois figures en soi si l’on choisit de mettre l’accent sur la famille (père,
mère et enfant). C’est un outil qui permet d’approfondir l’unité à l’origine
de la famille et de parvenir au rayonnement de l’être que l’on est
à l’intérieur de cette triade.
Les deux-esprits
Les deux polarités (père/mère) sont comme le yin et le yang chinois.
Elles logent à l’intérieur de chacune de nos cellules. C’est une manière de
reconnaître qu’il n’y a jamais juste un côté qui est en cause, jamais juste
une perception des choses à avoir. Certes, il arrive qu’il y ait une dominante
(femme-mère ; homme-père), comme il arrive que certains individus
manifestent une polarité complémentaire dominante (femme-homme/père ;
homme-femme/mère) ; ceux-ci étaient appelés autrefois les « deux-
esprits ». Lorsqu’ils étaient chamans, ils possédaient une puissance très
grande et, surtout, une compréhension des deux sexes qui leur permettait
d’intervenir avec intuition et doigté. En outre, ces personnes sont souvent
bisexuelles.
En ce qui concerne la polygamie, les deux-esprits représentaient un
phénomène assez rare dans les communautés amérindiennes. Ils étaient
toutefois très bien acceptés et confiés souvent à leurs grands-mères dès leur
jeune âge, qui les élevaient dans la dominante sexuelle manifestée. On ne
s’opposait pas au mariage des couples amoureux du même sexe. C’était là
un phénomène rare, si on le compare à ce qui se passe à notre époque où
l’homosexualité a obtenu la reconnaissance de droits qui ont révolutionné
les mœurs en Occident, tels ceux en lien avec la paternité ou la maternité.
Il est primordial de se réconcilier avec soi-même pour en arriver
à l’acceptation de qui l’on est et de qui sont les autres. On doit accepter
pleinement l’enfant que l’on a été comme celui que l’on demeure sous
l’aspect adulte de notre sensibilité. Il faut harmoniser nos particularités, les
différents aspects de notre être, car toute dysharmonie endommage. Ce que
nous rejetons ou refusons de nous s’enregistre dans le non-conscient ; cela
peut se développer en maladie ou en une quelconque dépendance. Les
spécificités acceptées, nous assurons l’équilibre et la liberté de qui nous
sommes, car nous sommes créés parfaits.
Le caractère divin de l’enfant
La mortalité infantile était grande chez les Premières Nations, comme
dans toutes les nations aborigènes du monde, comme dans toutes les
espèces naturelles au sein de la nature. C’est une loi naturelle qui assure que
les gènes transmis de génération en génération sont de la plus haute qualité
afin d’assurer une santé et une conformation idéales. Lorsqu’un enfant
mourait en bas âge, la situation était comprise comme un effet de la nature.
Ce n’était pas un drame. On permettait à l’enfant, avec sérénité, de quitter
son enveloppe charnelle, parce qu’on faisait le constat que cela ne semblait
pas le moment opportun pour lui de s’incarner, tout particulièrement s’il
présentait une anomalie. On n’aurait jamais forcé un enfant à vivre dans des
conditions épouvantables grâce à quelque acharnement thérapeutique pour
le maintenir en vie. Ç’aurait été, pour ces peuples, agir à l’encontre de la
nature, perspective inconcevable quand on vit en harmonie avec elle. De
plus, en acceptant de faire survivre un enfant avec un grave handicap, on
estimait affaiblir ainsi la nature humaine, alors que les parents mettent au
monde un enfant pour qu’il expérimente le meilleur en raison de la
perfection qu’il est.
La situation se présente différemment aujourd’hui. Les contextes et les
mentalités ont changé. Demeure toutefois immuable la vérité originelle
attribuant à l’enfant son caractère divin. En conséquence, Aigle Bleu se
questionne sur la réelle adhésion de chacun d’entre nous à cette réalité. Il
nous force à observer de plus près nos comportements pour vérifier la
cohésion entre eux, notre conscience et nos intentions.
« Pourquoi acceptez-vous, demande-t-il, d’être un individu important uniquement pour ce que
vous réalisez ? Pour ce que vous réussissez ! Par exemple, l’examen qui vous permet
d’acquérir un diplôme ou un emploi supérieur vous valorise et augmente votre estime de vous-
même, il n’y a pas de mal à ça, mais alors pourquoi gardez-vous l’habitude de vous excuser
constamment à propos de tout et de rien ? C’est comme si vous n’acceptiez pas la moindre
possibilité de commettre une erreur, comme si cette erreur allait démontrer votre peu
d’intelligence, de maturité, de capacité, etc. Vous refusez que l’erreur soit utile. Elle ne vous
diminue en rien aux yeux des autres. Elle ne devrait pas davantage le faire à vos propres yeux.
L’erreur survient pour vous apprendre des choses. Si on ne fait pas d’erreur, on n’apprend
rien ! Si on n’apprend rien, on ne se transforme pas. On ne progresse pas. »
RITES DE PASSAGE
Comme il y a des cycles dans la nature qui se répètent pour maintenir la
croissance de l’écosystème, les rites de passage chez l’humain suivent les
phases de son développement ; ils marquent ses saisons. Chaque rite
souligne le début d’une nouvelle étape dans l’évolution des personnes qui
l’expérimentent.
Les autochtones ont depuis toujours perçu comme étant nécessaire de
célébrer les saisons de la vie humaine par des rites et les saisons de la nature
par des rituels, des cérémonies, en particulier lors des équinoxes et des
solstices. Pour eux, cela favorisait une coexistence harmonieuse avec
l’environnement et les divers cycles de croissance. Cela contribuait
également à développer un lien étroit avec les éléments ; ils pouvaient leur
demander ce dont ils avaient besoin, ils obtenaient d’eux une réponse
favorable. De la même manière, la vie d’un être humain méritait d’être
accompagnée pour tisser des liens serrés unissant les membres d’une nation,
d’un clan ou d’une famille.
Les rites de passage sont des événements notoires dans l’existence. Ils
contribuent au développement maximal de l’individu s’ils sont vécus au
moment opportun. Les baptêmes religieux ou autres rituels de toute
allégeance sont parfois des rites qui sont vidés de leur sens originel et qui
sont souvent accomplis sans profondeur, alors que la célébration du rite de
passage expérimenté au bon moment contribue à la transformation de la
personne et la transforme réellement. Cela fait toute une différence ! C’est
une occasion supplémentaire de constater la sagesse traditionnelle
amérindienne et de récupérer ce que l’ombre a voulu éradiquer pour que
l’humain ne puisse croître dans la dignité et l’équilibre. On permet à la
lumière de jaillir.
Cérémonie du premier nom
Le premier rite souligne l’arrivée d’une nouvelle vie dans la famille.
Chez plusieurs nations amérindiennes, le nouveau-né recevait son nom dans
les jours suivant sa naissance. En consensus avec la mère, le père le
choisissait en s’inspirant des événements récents survenus, par exemple, au
cours de la grossesse ou de l’accouchement. Il se rendait ensuite seul dans
la forêt, la nuit tombée, pour présenter l’enfant au ciel étoilé en le nommant
au Créateur pour qu’Il le bénisse sous les étoiles. L’Univers, témoin du rite,
savait dorénavant qu’il existait, dans cette famille, un nouvel être béni du
Divin.
Le nom demeurait secret pendant 21 jours. Certains membres de la
famille pouvaient en être informés, mais pas tous. Cela donnait le temps
aux parents de vivre avec intensité le passage de l’anonymat – le fait d’être
sans nom – à l’identité que leur enfant aurait en fonction du nom qu’ils lui
avaient donné. C’était une manière d’honorer sa venue dans le monde.
Fête des premiers pas
En raison du taux de mortalité infantile, les Amérindiens ne s’attachaient
pas trop aux bébés. La perte d’un jeune est toujours un événement triste, il
était donc préférable que le moins possible de personnes y soient attachées.
Les parents s’occupaient, en général, seuls des nouveau-nés jusqu’à ce que
ces derniers soient en âge de marcher. À cet âge, la survie de l’enfant était
plutôt acquise. Aussi, quand l’événement arrivait, une cérémonie spéciale
était organisée pour officialiser l’entrée de ce nouveau membre dans la
communauté.
L’enfant était alors revêtu de ses plus beaux habits et devait accomplir un
geste symbolique. S’il s’agissait d’un garçon, il devait tirer une flèche vers
le gibier que tenait une main discrète derrière le buisson, puis aller le
chercher pour le ramener fièrement près du feu où tous se tenaient. On
demandait à une fillette qui avait commencé à marcher d’apporter du bois
dans un nimaban1 pour alimenter le feu ; elle faisait ensuite le tour du cercle
et était câlinée par chacun.
Ce rite de passage était une vraie fête. Les enfants saisissaient bien, de
cette manière, leur lien d’appartenance à une grande famille, car toute la
communauté devenait, du coup, responsable d’eux. Ils ne relèveraient plus
seulement de leurs parents. Souvent, c’était à cette occasion que les grands-
parents commençaient à s’occuper de leurs petits-enfants ; la tâche dévolue
aux parents subitement s’allégeait. Grâce à la fête des premiers pas, les
enfants héritaient d’une grande famille étendue, car maintenant, ils avaient
bien de nouveaux amis et de nouvelles familles à découvrir ; et chaque
membre de la communauté pouvait intervenir pour les aider et apporter une
contribution à leurs apprentissages.
Rites de passage de la puberté
Chez les Amérindiens, la phase de l’adolescence était inconnue ; il ne se
produisait aucune crise proprement dite d’adolescence, comme chez les
Occidentaux. Les jeunes Amérindiens, en fait, dès la puberté, se préparaient
à entrer dans le monde adulte. Il s’agissait pour eux d’un défi et d’une
fierté. Vraiment pas le temps de faire une crise ou d’exprimer quelque
révolte !
L’adolescence en contexte moderne est une période floue parce que les
jeunes n’ont plus l’exemple de la maturité autour d’eux. Les adolescents,
garçons et filles, cherchent une autre manière de vivre que celle qu’ils
observent chez les adultes. Ils pressentent que d’autres valeurs, d’autres
choix de vie sont possibles, mais ils rencontrent peu de situations qui les
interpellent.
Dans la tradition des Premières Nations, on passait de l’enfance à l’âge
adulte en quelques jours par un rite de passage différencié en fonction des
sexes. Une telle expérience se vivait dans toutes les nations autochtones du
monde, mais avec des modalités diverses. Depuis les dernières décennies,
on remet à l’avant ces rites parce que rien d’autre n’y correspond dans la
société. Rien d’autre n’amène un semblable résultat dans la prise de
conscience et dans la responsabilisation du jeune.
La quête de vision, rite de passage chez les adultes
pour les hommes
À l’origine, tout Amérindien de 13 ou 14 ans était conduit dans la
montagne pour y vivre une quête de vision devant l’amener à la
compréhension de qui il était par la confrontation de ses peurs. Il y jeûnait
pendant plusieurs jours et plusieurs nuits et devait rester éveillé tout aussi
longtemps. La privation d’eau, de nourriture et de sommeil avait pour but
de permettre au jeune de s’harmoniser avec le monde spirituel. En outre, il
ne disposait que d’une légère couverture pour se protéger contre les
animaux, les éléments et les esprits. Confronté à ses démons intérieurs, il
devait, seul, regarder avec courage les aspects en lui-même qu’il avait
à transformer.
La quête de vision est en lien avec la nature, car, dans la nature, il n’y
a rien de faux. Tout est vérité autour de soi quand on reste seul plusieurs
jours et plusieurs nuits au cœur de la nature. On commence alors à vibrer en
résonance harmonique avec la vérité et à voir plus clair en soi ; les illusions
et les faux concepts tombent, comme les feuilles à l’automne. Ce n’est donc
plus un enfant qui revient de la montagne. C’est un jeune adulte qui est
parvenu à maîtriser ses besoins essentiels et à affronter ses peurs. Pour
plusieurs jeunes, l’expérience leur apporte la révélation de leur médecine,
soit de leurs talents particuliers ; ils savent la direction à donner à leur vie
parce qu’ils se connaissent et connaissent mieux leur raison d’être sur terre.
Ce rite de passage procure une grande maturité. Les hommes, de nos
jours, vivent cette expérience à tout âge. Et à tout âge, la quête de vision
contribue à leur transformation par un éveil profond de leur conscience à la
réalité qui les entoure. Parce que le jeune homme est seul au sein la nature,
ses journées passent à appeler la vision de ses talents, de son potentiel, de sa
mission de vie, et à connaître ses totems et sa place spécifique dans la
communauté.
Après avoir expérimenté des rites de passage accordés à leur nature et
à leur âge, tout particulièrement après leur quête de vision, les jeunes
autochtones savaient très tôt et clairement ce qu’ils pouvaient apporter
à leur communauté, quel rôle ils avaient à y jouer. Les jeunes Occidentaux
ont plus d’efforts à faire pour le découvrir ! La maturité est de plus en plus
tardive chez eux, parfois elle ne se manifeste pas. Ils ont besoin, plus que
jamais, de vivre des quêtes de vision accordées à la nature autour d’eux et
à leur nature intérieure.
La loge de lune, rite de passage chez les adultes
pour la femme
Pour les Amérindiennes, le passage à la vie adulte était célébré par une
grande fête organisée après les premières lunes. Les autochtones appelaient
la période menstruelle féminine « lunes de la femme », parce que ce cycle
biologique humain suivait celui de la lune. Lorsque l’étape survenait pour la
première fois, c’était une occasion de réjouissance : elle révélait la fertilité
de la jeune fille, et c’était donc un gage d’avenir pour la nation parce que la
jeune fille serait en mesure de fonder un jour une famille.
Celles qui ont vécu un tel événement festif ont une haute estime d’elles-
mêmes, de leur féminité, du rôle essentiel et sacré qu’elles sont appelées
à assumer au sein de leur communauté. Leurs lunes mensuelles sont des
moments privilégiés permettant d’expérimenter une sorte de quête de vision
adaptée à leur nature. Elles avaient coutume de se regrouper, durant cette
période, dans une habitation appelée « loge de lune ». Elles s’y reposaient,
méditaient et partageaient entre elles. Comme elles portaient des jupes
longues, elles pouvaient offrir leur sang directement à la Terre-Mère, ce qui
avait une grande importance à leurs yeux. Car la femme autochtone
s’identifiait à la terre maternelle, que ce soit parce qu’elle était déjà mère ou
qu’elle était en puissance de le devenir un jour : la terre et elle ne faisaient
qu’un. Toutes étaient, par conséquent, très attentives aux signes qui
pouvaient surgir au cours de ces jours-là, en termes de rêves, de songes ou
de visions. Elles les interprétaient et tenaient compte du sens qu’ils
contenaient.
La loge de lune est devenue un rite de passage qui peut être vécu par les
femmes à différents moments de leur existence. Il n’est plus en lien avec
leurs lunes. C’est un rite plus doux que la quête de vision des hommes,
d’une durée de 4, 7 ou 9 jours et nuits. La femme n’a pas besoin d’autant
d’intensité pour comprendre qui elle est ; chacune de ses lunes le lui
apprend. À l’occasion de sa retraite dans la nature, elle doit se détendre au
lieu de rechercher la maîtrise de son corps et de ses besoins. Elle peut
demeurer sous une tente si elle le désire, comme il lui est permis de boire
un peu d’eau et de manger frugalement. Il lui est demandé seulement de
réfléchir à l’actuelle condition des femmes au sein du monde pour voir si
elle peut, par ses dons et ses désirs, contribuer à améliorer le sort de toutes
ses sœurs.
Reconnaissance de la femme sacrée
La plupart des femmes occidentales n’ont pas eu la chance
d’expérimenter un moment aussi grandiose de célébration de leur fertilité.
Un rituel s’est développé au cours des décennies pour celles qui
souhaitaient honorer leur nature et leur rôle dans la communauté. Il s’agit
d’un moment de reconnaissance de la « femme sacrée ». Pour se préparer
à cette cérémonie, la femme se fabrique un châle en le décorant de façon
à illustrer les symboles qui sont importants pour elle. Aussi, comme la
majorité des femmes n’ont pas reçu l’enseignement de la loge de lune
traditionnelle, celle qui se prépare devrait préalablement vivre une loge de
lune en retrait dans la nature. Elle prendrait encore davantage conscience de
la teneur sacrée de sa nature et de l’engagement communautaire qu’elle
pourrait prendre pour le bien de sa famille, de sa nation, de toute
l’humanité.
Dans une communauté autochtone traditionnelle, comme c’est encore le
cas de certaines nations de nos jours, les gens vivaient très proches parce
qu’ils vivaient en grand nombre et souvent dans un lieu très petit. Il leur
apparaissait donc essentiel, très tôt dans leur existence, d’avoir une juste
compréhension de ce qu’est une femme, de ce qu’est un homme, afin que le
quotidien se déroule sans anicroche. Les rites de passage de la puberté
y contribuaient pour une grande part.
Actuellement, ces connaissances sont parcellaires. Or, on ne peut
prétendre vivre une relation juste avec une autre personne si on n’est pas
autonome, c’est-à-dire si on ne possède pas la compréhension de qui on est,
si on n’acquiert pas la maturité permettant d’assumer sa vraie nature et les
responsabilités qui en découlent.
Le mariage
La notion d’union par les liens du mariage est plus simple chez les
autochtones que dans nos civilisations occidentales, où l’État intervient
dans le désir des époux de s’unir ou de se désunir, en rationalisant le
mariage avec un acte notarié.
La sexualité est également une notion plus naturelle chez les autochtones.
L’exploration sexuelle commençant à la puberté est perçue comme un
apprentissage de la vie, sans plus. Cela ne signifie pas que les premiers
peuples avaient des mœurs légères. Bien au contraire, respectueux de la
nature sacrée de la femme et de celle de l’homme, chaque individu
conservait une grande pudeur vis-à-vis du sexe opposé, et les relations se
vivaient dans des structures d’encadrement et suivant des conventions
déterminées.
Ce qui ressort de cette approche naturelle et saine de la sexualité est la
diminution des tabous liés au sexe, souvent sujets de frustration pouvant
entraîner le développement de toutes sortes de déviances, comme on en
connaît abondamment de nos jours. La plupart des autochtones réprouvaient
cependant l’inceste et les mariages consanguins.
La vie quotidienne était ordonnée en fonction d’une structure
principalement matriarcale, la femme prenait part aux décisions impliquant
tout ce qui concernait le quotidien au sein de la communauté, incluant les
relations de couple. Comme certains hommes-médecine, chamans et chefs
avaient parfois plusieurs épouses, c’était la première épouse qui choisissait
la deuxième afin qu’elle l’aide dans ses tâches. Ainsi, il n’y avait pas de
rivalité dans la maison.
La plupart des gens pensent qu’il faut rechercher la complémentarité
chez l’autre pour établir une relation amoureuse stable. C’est ce qu’on leur
a mis en tête, et ils se retrouvent de la sorte, très souvent, en situation de
fusion avec l’autre ou de dépendance par rapport à l’autre, faute de bien se
connaître ou de bien connaître l’autre. Tôt ou tard, risque de survenir une
désunion, et ils en sont alors complètement surpris. Pour en arriver à une
bonne compréhension des deux sexes, on doit accepter les rôles que chacun
exerce dans la communauté. Cela constitue une réelle difficulté, tout
particulièrement pour les femmes qui veulent s’affirmer en se libérant des
oppressions subies. Elles n’acceptent plus le rôle qui leur est dévolu par
nature – ce qui est compréhensible, mais regrettable, car elles ignorent
à quelles autres valeurs se raccrocher. Il y a beaucoup de confusion sur ce
point.
Auparavant, les rôles étaient clairs et bien acceptés. Même les deux-
esprits devaient choisir le rôle qu’ils privilégiaient pour l’assumer
pleinement. Quand l’un préférait une personne à une autre pour entrer dans
son existence quotidienne, le choix était celui d’un individu autonome
désireux de réaliser un projet commun avec l’autre, soit bâtir une famille et
avoir des enfants. Les séparations étaient rares, parce que les données à la
base de ces unions étaient explicites.
On comprenait aussi la nature volage des hommes d’un certain âge et on
en tenait compte sans heurts. Certaines nations avaient même établi des
règles en fonction de cette particularité, parce qu’il leur apparaissait évident
que la femme, par nature, était plus fidèle que l’homme. Un Apache, par
exemple, s’il désirait divorcer, devait d’abord convaincre sa famille du
bien-fondé de son intention. Puis il lui fallait convaincre la famille de sa
femme. Si les deux familles acceptaient les motifs qu’il avait formulés, il
devait ensuite convaincre le chaman qui les avait mariés. Cela demandait
d’avoir de très bonnes raisons de le faire. Par contre, si une femme apache
trouvait préférable de divorcer, il lui suffisait de ramasser les affaires de son
mari et de les déposer à la porte. Le message était alors clair pour ce
dernier.
Les sociétés occidentales préconisent une manière de vivre la sexualité
encore principalement basée sur un mariage monogame entre conjoints de
sexe différent ; l’ouverture faite aux couples homosexuels est récente et
timide, mais la polygamie demeure un tabou. Pourtant, dans ces sociétés, se
dénombre une pléiade de déviances sexuelles, d’adeptes de pornographie et
de prostitution, ou de manifestations de dépravation. Ne serait-on pas un
peu hypocrites ?
Afin d’avoir une juste compréhension de la manière dont elle est faite, il
est essentiel que la femme sache que son corps va rester accordé, toute sa
vie, à l’homme dont elle aura reçu les fluides pour une première fois. Ce
phénomène, appelé « télégonie », est à ce point réel qu’il arrive que
l’enfant, mis au monde par la suite avec un autre homme, ne ressemble pas
du tout au père biologique, mais au premier amant que la femme a connu
intimement. Il y a moyen d’inverser cet état de fait, et c’est souhaitable de
le faire, en particulier dans une circonstance de viol. Si une fillette de
onze ans a été ignominieusement agressée, il serait désastreux qu’elle ne
puisse se libérer du lien avec son violeur.
Le cérémonial recommandé à la femme qui se trouve dans cette situation
va effacer les traces du premier homme. Il peut être pratiqué lorsqu’elle
a choisi l’homme avec qui elle désire se marier. Le déroulement est le
suivant :
• Avant le mariage, les deux amoureux se rendent dans la nature pour
y faire un feu sacré, sous les étoiles, par une nuit claire.
• La femme raconte à son futur époux ce qui lui est arrivé et lance au feu,
ce faisant, cette expérience du passé.
• Le jeune homme, pour signifier qu’il l’accepte dans tout ce qu’elle est,
fait le vœu d’être avec elle le reste de sa vie, les étoiles pour témoins de
son engagement.
• La jeune femme fait le même vœu en toute conscience.
• Ils dorment ensuite sous les étoiles, la tête vers le feu, et les traces seront
effacées.
Notre vie n’est pas au ciel. Il importe en conséquence de se purifier de ce
qui obscurcit ou entrave notre bonheur. C’est notre responsabilité d’y
veiller. Nous devons concevoir et comprendre clairement que c’est ici et
maintenant que nous pouvons être heureux.
Rite de l’aîné spirituel
Sur le plan humain, ce rite de passage est une judicieuse manière
d’honorer les femmes et les hommes qui ont acquis de l’expérience et de la
sagesse en raison de leur âge. Il s’adresse à ceux qui ont 51 ans et plus, ou
qui sont grands-parents. C’est l’occasion de découvrir des personnes que
l’on connaît ou que l’on découvre sous des aspects insoupçonnés, parce
qu’elles sont invitées à confier à la communauté des événements ou des
anecdotes vécus sur leur chemin de vie. Cela donne souvent lieu à des
moments émouvants.
L’existence apporte à chaque humain autant de plaisirs que de déplaisirs,
de joies que de peines. L’aîné, en se racontant, peut rire de plusieurs
situations ou laisser échapper quelques larmes. Dans tous les cas, c’est un
grand enrichissement que de l’écouter. On prend conscience du fait
qu’aucune expérience n’est négative, que tout ce qu’il est donné de vivre est
le ferment qui fait avancer. On comprend, par le fait même, la différence qui
existe entre les individus et on la respecte d’autant plus que chacun évolue
dans des circonstances spécifiques et qu’il est souvent fort admirable d’être
parvenu à un âge avancé dans la sérénité qu’il démontre.
L’aîné désireux de recevoir la reconnaissance spirituelle de sa
communauté se prépare en enjolivant un vêtement de symboles afin
d’évoquer les principales étapes qui caractérisent sa vie. Lors de la
cérémonie, l’homme porte ainsi une chemise toute garnie, qu’il commente,
alors que la femme porte à la taille un tablier orné de symboles, qu’elle
explique.
Dans les nations amérindiennes, l’aîné spirituel, reconnu comme tel, a un
rôle de service important à jouer. Il n’est pas laissé pour compte, comme
dans les sociétés occidentales. Il peut participer au conseil des aînés et
contribuer à la cohésion de la communauté par son poids de sagesse et
d’expérience. En ce sens, les Occidentaux gagneraient à remettre en
question leur attitude envers les personnes âgées, laquelle entraîne une perte
de connaissances, d’expertises, de sagesse et de talents dont la société aurait
pourtant énormément besoin.
Le but de tous les rites de passage, comme du cérémonial contribuant
à purifier l’être avant ou après ces rites, consiste à accompagner les
individus afin qu’ils perpétuent la sagesse et la connaissance au sein de la
communauté dans laquelle ils évoluent. Ils leur donnent plus de maturité et
harmonisent leur être avec la nature. La personne est respectée et honorée
dans ce qu’elle est.
Rite de passage ultime
Toutes les cérémonies s’accordent aux divers âges ou étapes de
croissance d’une personne, sauf le décès, parce que c’est une phase
transitoire.
La mort est une étape importante pour tous, elle peut faire peur ou être
accueillie avec confiance. La plupart des Amérindiens la vivent dans la
sérénité parce qu’ils la perçoivent comme un moment de transition. Un
moment ultime au cours duquel la pensée doit être fixée sur la vie et non sur
la mort – sur ce paradis terrestre où l’individu, en voie de franchir son
passage vers une autre vie, désire revenir. Aigle Bleu a déjà abordé ce sujet,
et il le répète parce qu’il estime essentiel de bien l’intégrer à toutes les
circonstances.
Les personnes qui décèdent en pensant à la vie vont revenir et se
rappeler, plus facilement que d’autres, leur vie précédente. Si une personne
se souvient de sa vie précédente, elle n’a pas à recommencer à zéro tous ses
apprentissages lors de son retour sur terre. La notion d’immortalité dans la
continuité de la relation privilégiée avec certains, que nous avons
particulièrement aimés au cours de l’existence, est un fait crédible
corroboré par les individus qui retrouvent ce souvenir, ce qui confirme une
possible immortalité de l’esprit de l’humain.
La communication avec les étoiles favorise le rappel des vies antérieures.
Il arrive que ce soit tous les membres d’une famille qui se souviennent, en
même temps, par résonance télépathique, d’avoir déjà vécu ensemble. Si
l’on conserve de tels souvenirs, c’est qu’il existe bel et bien un rapport de
continuité possible au-delà de cette existence-ci. Par conséquent, la plus
grande histoire d’amour sera celle qui se poursuit éternellement, de vie en
vie. Le rite du passage ultime célèbre cette vie éternelle d’amour.
À la suite du décès d’un parent, le père ou la mère qui survit peut désirer
reconstituer une nouvelle famille, quelques années plus tard, avec une autre
personne. En pareil cas, une cérémonie peut être faite pour accepter le
nouveau parent pourvu que ce soit l’enfant lui-même qui en fasse la
demande. Il est rare qu’elle se produise lorsque le parent est encore vivant,
par exemple, après un divorce, mais c’est tout de même possible. La
cérémonie d’adoption est très puissante puisque le nouveau père ou la
nouvelle mère va dorénavant avoir le même sang que l’enfant ; leur petit
coin de paradis sur le domaine familial reprend alors tout son sens.
CÉRÉMONIE DU PARDON
La cérémonie du pardon n’est pas à proprement parler un rite de passage,
mais elle est tout aussi incontournable, car elle concerne tout le monde un
jour, soit que nous trahissions quelqu’un, soit que quelqu’un nous trahisse.
Le ressentiment que l’on garde alors à l’intérieur de soi, si on a été blessé,
devient une sorte de poison violent avec le temps. Tant qu’on ne pardonne
pas, on souffre de la situation ; on se fait donc encore plus de mal. Pire, il se
peut que l’autre qui nous a trahi ne soupçonne même pas la souffrance qu’il
a pu nous avoir causée, d’où le caractère vain d’un tel empoisonnement.
Il faut apprendre le pardon, comme on apprend à parler ou à aimer. Nous
sommes humains, nous faisons tous des erreurs, c’est ainsi qu’on se
découvre et qu’on progresse à la condition de ne conserver en soi aucun
ressentiment. Il apparaît ainsi fort important de savoir demander le pardon,
très rapidement et simplement, pour ne pas rester avec un poids lourd au
fond de soi, qui ne peut que freiner nos élans, voire notre évolution.
À l’égard de nos parents, qui sont normalement les premiers responsables
de notre éducation et témoins de notre croissance, il importe de ne pas
conserver en mémoire quelque attitude, geste ou parole parce que nous les
regrettons, qu’ils viennent de nous ou d’eux. Si on a l’impression d’avoir
commis quelque faute envers autrui, même si ça ne demeure que dans
l’énergie, il faut nettoyer la situation le plus tôt possible.
La source qui nous permet de comprendre la nécessité du pardon, de
procéder à une cérémonie par laquelle on accorde le pardon ou demande le
pardon, est illustrée par une histoire amérindienne racontée de génération en
génération, et qui mérite, encore aujourd’hui, d’être racontée. La voici.
Histoire amérindienne révélant l’importance du pardon
« Il y a très longtemps, il y avait un homme qui s’appelait Marche
La Forest. Il aimait beaucoup la forêt et connaissait tout d’elle, tout des
animaux, et les animaux le connaissaient. Il passait plus de temps dans la
forêt que dans son village, même si tous les villageois l’aimaient. C’est
qu’il adorait la forêt et qu’il était en harmonie avec elle.
Un jour, il s’était arrêté pour visiter un vieux couple du village. On lui
a alors demandé : “Toi, tu connais les animaux et, comme on commence
à avoir beaucoup de douleurs dans nos vieux os, on aurait besoin de la
vésicule biliaire d’un ours comme remède.” Marche La Forest accepta
d’aller leur chercher une vésicule biliaire, mais il est allé beaucoup plus loin
que son village, parce que tous les ours près du village, il les connaissait, et
il ne voulait pas en tuer un seul – c’étaient ses amis !
Il commença à chercher là-bas et trouva la piste d’un gros ours. Il suivit
la piste toute la journée, mais ne réussit pas à rattraper le gros ours. Il en fut
étonné parce qu’un ours ne va pas en ligne droite, il s’arrête souvent, il est
toujours en train de manger quelque part, etc. Marche La Forest aurait donc
dû pouvoir le rattraper. Le soir, il se coucha et dormit. Le lendemain, il
s’aperçut que l’ours avait dormi près de l’endroit où il se trouvait. Encore
plus surpris que l’ours ait dormi près de lui, il se posa toutes sortes de
questions, car il ne comprenait pas sa manière de faire. Ensuite, il eut
l’impression que l’ours commençait à changer sa manière d’agir, mais il le
suivit encore toute la journée en vain. Le soir venu, l’ours alla encore
dormir pas très loin de là où il se trouvait.
Le troisième jour, il commença à être exaspéré. Il courut après l’ours
parce qu’il était habitué à ses traces. Finalement, il réussit à se rapprocher
d’assez près pour tirer une première flèche, mais l’ours bougea vite lui
aussi, donc il rata le cœur et l’atteignit à la hanche. L’ours continua sa route.
Marche La Forest était donc très mal à l’aise. Il savait que l’ours devait
souffrir. Il continua à le suivre. Il parvint sur le bord d’une grande clairière
et fut très étonné parce qu’il y avait là un lac et qu’il ne l’avait jamais vu,
lui qui connaissait tout le pays. Il y avait aussi des animaux de toutes les
espèces qui étaient là, qui venaient puis s’en allaient. Là, il vit l’ours qui se
dirigeait vers l’eau du lac et qui entra ensuite dans le lac. À mesure qu’il
entrait dans le lac, il vit la flèche sortir de sa blessure, puis l’ours entrer et
sortir rajeuni sans plus aucune trace de blessure au côté.
Marche La Forest laissa tomber tous les objets qu’il avait sur lui. Il était
complètement sidéré. Il s’assit et regarda. Il vit de vieux animaux arriver
malades, sortir de l’eau rajeunis. Il ne comprenait pas. Il aperçut l’ours qui
s’en venait vers lui. L’ours vint s’asseoir pas loin de lui et commença à lui
parler. Il lui dit que, par amour pour lui, la forêt avait décidé de lui
transmettre un don, celui de connaître ce lac2. Ils avaient décidé de lui
transmettre la connaissance de ce lac parce qu’il était aimé par tous les
animaux. Alors, Marche La Forest se leva et s’en alla au lac. Il plongea, en
ressortit purifié et rajeuni, toute sa fatigue disparue – celle qu’il éprouvait
depuis le début de sa quête. Il ressortit de l’eau et s’adressa à l’ours :
“J’étais venu pour chercher une vésicule biliaire pour le vieux couple…”
L’ours lui répondit : “Prends deux touffes d’herbe sur le bord du lac.”
Marche La Forest le fit, puis repartit dans son village.
Trois jours plus tard, il alla voir les vieux et leur raconta l’histoire. Les
vieux lui dirent : “Ah ! Oui, on a déjà entendu parler de ça, il y a très
longtemps.” Ils connaissaient donc l’existence de ce lac, transmise par
d’autres vieux. Personne n’avait trouvé le lac, mais on connaissait l’histoire.
“Mais il m’a donné deux touffes d’herbe”, ajouta Marche La Forest. Il
fouilla alors dans sa besace et les deux touffes d’herbe étaient bel et bien
des vésicules biliaires. »
L’histoire de Marche La Forest, du lac magique, de l’eau bénie et sacrée
– archétype de toutes les eaux qui existent, c’est la guérison complète de
tout ce qui existe : nos douleurs, nos souffrances, notre mal, etc. Ce sont les
éléments primordiaux de la création. L’eau est celle qui pardonne, qui nous
renouvelle en nous permettant de revenir à l’essence de l’être. Tous les gens
qui utilisent des « pratiques d’immortalité » se baignent dans l’eau, deux
fois par jour, soir et matin. Le lac, c’est l’archétype de base de toute l’eau,
et l’eau, ce sont nos sentiments, nos émotions, ce qui caractérise l’être
humain.
L’émotion est aussi notre pouvoir. Aigle Bleu revient sur ce point
régulièrement parce que les forces de l’ombre font en sorte que le siècle
dans lequel nous vivons mette toute l’importance sur la logique, la
rationalité, la science, pour nous détourner de nos émotions, donc de notre
force. Or, avec le ressenti – nos émotions et nos sentiments –, nous pouvons
comprendre quasi instantanément des notions insaisissables avec l’intellect.
Sun Bear, un des mentors d’Aigle Bleu, pratiquait le ressenti avec son
frère d’une manière singulière : les yeux bandés, il tirait, juste au ressenti, la
bûche que tenait son frère à 20 mètres de distance ! Pour lui, le ressenti,
comme le sentiment, c’était précis. Beaucoup plus précis que ce que
l’intellect tourne et retourne dans tous les sens, car pour toute affirmation
mentale, on peut affirmer le contraire, et ce sera aussi vrai. Le mental
a toujours deux visages. C’est la dualité de toute réalité, tandis que le
sentiment est vrai s’il n’est pas contorsionné par le mental.
Voyage vers le lac sacré des eaux bénies
du pardon et du souvenir
À la suite de l’histoire de Marche La Forest et par la connexion avec la
force de l’eau que la cérémonie du pardon propose, il est possible de se
renouveler en vivant un voyage vers le lac magique, le lac sacré du Pardon,
tout particulièrement si on porte l’intention de rétablir le lien avec les
figures parentales qui nous ont accompagnés jusqu’à ce jour.
Beaucoup de larmes peuvent surgir lors de ce voyage, mais on les
laissera couler. Les larmes sont le bain de l’âme. Les souvenirs et tout ce
qui est incrusté en vous, en lien avec votre père et votre mère, peuvent être
nettoyés en profondeur par l’opération du pardon. À cette fin,
symboliquement, vous utiliserez l’eau contenue dans le bol placé devant
vous, au moment où il vous le sera proposé.
Aigle Bleu lance le voyage :
• Prenez une position droite. Détendez votre corps et votre esprit. Sentez
chaque partie de votre corps se relâcher, tout en gardant la position droite.
Sentez que vous êtes bien, que vous vous relâchez. Le corps est relaxé,
détendu. Le cœur aussi. Les émotions sont ouvertes, réceptives dans
l’acceptation de ce qui est. Nous allons chanter trois fois ensemble :
Créateur, Grand Esprit, Sainte Mère divine, Père céleste et Terre-Mère, sages protecteurs des
quatre directions, esprits gardiens qui veillez sur nous, grands-pères et grands-mères, ancêtres
qui avez marché sur la terre avant nous, d’une manière sacrée, nous prions afin de dire merci
pour cette belle journée.
Nous disons merci pour les enseignements partagés et pour les gens qui viennent dans le cercle
sacré transmettre et perpétuer les enseignements des Anciens pour que nous puissions
retrouver le monde d’antan où nous étions libres, où nous étions en bonne santé, où nous
étions dans l’unité avec le monde que Tu as créé. Nous prions afin que Tu bénisses la terre, les
éléments, les règnes minéral, végétal, animal ; les jeunes, les enfants, les aînés, les animaux,
ceux qui ont quitté cette vie et ceux qui ne sont pas encore nés. Nous prions pour les
enseignements et pour notre pratique de ces enseignements afin qu’elle puisse toujours
favoriser notre santé, notre conscience, notre clarté d’esprit, afin que nous puissions créer un
monde meilleur pour les enfants à venir. Aho !
CONCLUSION
Peu importe où vous irez chez les peuples aborigènes des cinq continents,
tous les chamans que vous rencontrerez sauront chanter et jouer du tambour
et, souvent, d’autres instruments. On doit donc pratiquer avec assiduité
l’instrument qu’on a choisi pour parvenir à le faire chanter avec émotion.
On doit chanter tous les jours, seul ou en groupe, sans négliger de faire des
exercices de réchauffement de la voix avant, car elle doit être exercée
exactement comme le reste du corps pour qui les exercices de
réchauffement sont essentiels au début d’une journée ou, par exemple, avant
une danse5.
Le corps a besoin d’exercices quotidiens pour se maintenir en bonne
santé et exprimer sa perfection. La voix est un autre don pour lequel toute
personne doit éprouver de la reconnaissance et se soucier de la qualité des
vibrations thérapeutiques qu’elle peut libérer tant pour soi-même que pour
les autres.
Les familles qui prévoient, dans leur fonctionnement de base, des
périodes de musique où tous se rassemblent pour chanter, jouer d’un
instrument ou danser, augmentent leur sentiment d’appartenance au paradis,
qu’ils cocréent sur leur domaine. La joie et le plaisir de s’amuser dans la
vibration que produit la musique chantée ou jouée sont inestimables. Ils
traduisent le bonheur de vivre ensemble. La vie en est métamorphosée, et
l’appartenance à la Terre-Mère s’intensifie.
Cette joie de vivre est aussi celle de l’individu qui s’est rendu au lac
sacré du Pardon et qui s’est délesté des accumulations du passé ralentissant
ses pas. Il a retrouvé la lumière et la paix intérieures. Sa puissante nature
humaine peut rayonner sans réserve. C’est un homme ou une femme qui est
ouvert aux autres et prêt à accueillir ce que la vie lui apporte. Il fait
confiance, comme l’enfant aimé et respecté qui a le privilège de grandir au
sein de la nature en y apprenant à être libre, responsable et autonome, parce
qu’il possède cette nature humaine créée parfaite.
1 C’est une sorte de grand panier porté dans le dos et tenu par un bandeau sur le front.
2 C’est un lac qui existe réellement dans le Sud-Est américain. Si on arrive au lac et qu’on n’ait pas
la pureté qu’il faut pour l’apercevoir, on ne voit qu’une prairie.
3 Les exercices sont enseignés lors de la formation « Créons le monde ». À chaque stage, Aigle Bleu
en suggère à ses étudiants. Vous pouvez les découvrir sur le site http://www.savoirancestral.com.
4 C’est lors des stages que ces danses sont enseignées par Aigle Bleu. Les personnes qui désirent s’en
faire une idée ou les apprendre vont trouver ces enseignements sur le site de la formation mentionnée
dans la note précédente. La première danse du bâton est enseignée au deuxième stage.
5 Dans les vidéos de la formation « Créons le monde », dès le premier stage, Aigle Bleu suggère des
exercices de réchauffement de la voix et des exercices de chant. Encore une fois, les personnes
intéressées à les découvrir doivent consulter le site http://savoirancestral.com.
TROISIÈME STAGE
Niveau 5 – La communauté
Do Ré Mi Sol La
CÉRÉMONIES CYCLIQUES
Dans la vie communautaire, l’existence se déroule en fonction des
rythmes de la nature. Le lever et le coucher du soleil marquent le jour et la
nuit, qu’agrémente le cycle mensuel de la lune. Les rythmes notoires
demeurent ceux basés sur le cycle des saisons, qui sont, elles-mêmes,
délimitées par les équinoxes et les solstices. C’est ce qui donne lieu à des
cérémonies cycliques empreintes de gratitude et de joie : celles du jour le
plus long ou du jour le plus court (21 juin, 21 décembre) et celles du jour
égal à la nuit (21 septembre, 21 mars).
Chaque contexte géographique a inspiré des cérémonies spécifiques. Ce
peut être en raison des récoltes qui sont plus significatives à un endroit en
particulier. Par exemple, les récoltes de maïs, céréale sacrée pour les
Amérindiens, sont cueillies puis célébrées. Comme la cueillette des fraises
des champs peut être aussi l’occasion d’une célébration. L’utilité des
cérémonies cycliques est d’accorder l’être humain avec la nature, de
rappeler le lien qui les unit.
Chaque fruit, chaque légume, chaque herbe aromatique, chaque arbre
médicinal, tout vient à maturité au moment où le corps physique en
a besoin. C’est pour cela qu’il faut, d’abord et avant tout, souligner les
espèces indigènes relevant de notre culture particulière et nous fournissant
au bon moment ce qui nous nourrit et nous soigne.
Lors des cérémonies d’équinoxe et de solstice, Aigle Bleu a remarqué
qu’il se produisait, presque toujours, une synchronicité parfaite entre le
temps qu’il faisait, ces jours-là, et ses besoins cérémoniels. Il obtenait
souvent la température idéale. Cet accord avec la température remonte au
début de son cycle de neuf années, alors qu’il célébrait les cérémonies
cycliques. Depuis, ça s’est maintenu. Il en va de même pour tous les
besoins qu’il peut avoir. Que ce soit pour un désir aussi simple que celui de
faire une promenade à quelque endroit, la température lui sera favorable.
Au fil des ans, il a aussi constaté que les personnes qui célébraient ces
cycles perdaient la tendance à attraper une grippe lors du changement de
saison, pour s’ajuster à la nouvelle saison. La cérémonie leur fournissant
l’occasion de s’accorder, elles n’ont pas besoin d’être malades pour que le
corps s’habitue au changement de saison.
Dans leur sens premier, ces célébrations sont une manière d’honorer la
nature, puisque chaque cycle correspond à des enseignements en lien avec
les directions. Elles sont essentielles à la communauté pour renforcer les
liens entre les individus et leur permettre de partager en se réjouissant des
bénédictions qu’ils reçoivent de la Terre-Mère. Les autochtones
reconnaissent bien le fait : si on sait remercier la nature, la nature donne
abondamment en retour. Il y a ainsi, au cours de ces cérémonies, des
moments où l’on reçoit quelque indice ou augure de ce qui va survenir dans
la nouvelle saison. On peut mieux se préparer à accueillir ce qui arrivera.
En général, il y a un moment spécialement consacré à la divination, entre
autres, au solstice d’hiver.
Solstice d’hiver
Lors de la fête de la lumière intérieure, le jour est le plus court de
l’année. On éprouve alors le besoin de vaincre cette obscurité envahissante.
La cérémonie du solstice d’hiver en est une à teneur plus masculine que les
autres. Le froid qui sévit à l’occasion des longues nuits d’hiver, au nord du
continent américain, fait de la veille de vingt-quatre heures que comporte la
cérémonie une prouesse en soi, puisqu’elle se déroule à l’extérieur près du
feu sacré. Elle requiert l’esprit et l’énergie du guerrier pour garder le
flambeau allumé dans ces conditions. La lumière intérieure du guerrier
brillera pour le bien de toute la communauté.
Le solstice est donc l’occasion toute désignée pour célébrer la lumière
des jours à venir, qui durera plus longtemps, et la lumière qui brille
à l’intérieur de chaque personne qui s’y accorde. C’est une fête de lumière –
celle de la lumière intérieure qui sait perdurer et vaincre l’obscurité. C’est
une célébration de la victoire de la lumière sur l’ombre que nous avons tous
à l’intérieur de nous.
Les préparatifs sont variés. Durant la journée qui précède, il faut prévoir
les réserves de bois pour le feu et préparer le festin du lendemain matin.
Chaque famille, de plus, se rend dans la forêt à la recherche d’un sapin ou
d’un autre conifère. Elle va choisir un arbre à l’image de la nouvelle année
qu’elle désire pour chacun des siens. On le veut habituellement en bonne
santé et bien proportionné, car il incarnera vraiment ce qu’on anticipe au
cours des prochains mois. Avant de couper l’arbre, on fait les offrandes et
les prières usuelles. On le coupe seulement au moment où on sent qu’il est
prêt, puis on l’apporte à la maison. Les branches du bas sont alors coupées
et ficelées ; elles vont servir à balayer l’année qui s’achève. Ce balayage
s’effectue dans la joie, avec des chants, en passant dans tous les recoins de
la maison, sur tous les murs, dans les placards, etc. Le balai de fortune est
brûlé, par la suite, dans le feu sacré pour que les anciennes énergies soient
mises en cendres. L’arbre est installé là où il sera à l’honneur et décoré avec
les intentions de chaque membre de la famille ; ces intentions se présentent
très souvent sous forme d’objets d’artisanat de grande beauté. Les
participants à la décoration font des objets qui représentent ce qu’ils
désirent dans la nouvelle année. Si l’homme désire un cheval, alors il peut
sculpter un petit cheval en bois pour décorer l’arbre.
Au soleil couchant, on laisse mourir tous les feux des poêles. Le
lendemain matin, avant de les rallumer avec les braises du feu sacré, on sort
la vieille année camouflée dans les cendres. Puis chacun accomplit la tâche
à laquelle il s’était engagé. Il y a diverses pratiques spirituelles à respecter
tout au long de la vigile. Comme il faut qu’il y ait toujours quelqu’un qui
médite devant l’autel, on prévoit des relais pour que la responsabilité ne
devienne pas trop pénible. Il en va de même pour les danseurs ; il doit
y avoir toujours une personne en train de danser. Il s’agit d’une danse
incarnant la lumière de l’esprit dans le monde physique, car là où il y a de la
lumière, il n’y a pas d’obscurité.
Les gardiens du feu sacré, pour leur part, vont demeurer toute la nuit
auprès du brasier pour l’alimenter. Le feu sacré est la première chose qui se
construit à l’occasion de toutes les cérémonies. Garder le feu vivant, c’est
garder la lumière vivante à l’intérieur de soi, cette lumière qui ne doit
jamais s’éteindre. Aucune célébration amérindienne ne peut se concevoir
sans un feu sacré. Lors du solstice d’hiver, son importance est accrue pour
symboliser la victoire de la lumière sur l’obscurité. Les gardiens sont des
guerriers attitrés à la tâche.
Chanter, prier et danser jusqu’au lever du jour. C’est un temps
d’illumination pour toute la communauté. Les braises du feu sacré vont être
récupérées après la cérémonie du Soleil levant pour rallumer les cheminées
de chaque maison. Un poêle rallumé avec ces braises est unique. On sent
une présence qui ne peut se décrire avec des mots. C’est une présence
magique concrète qui se perçoit clairement. La maison devient comme
animée par une énergie sacrée.
La fête de la lumière intérieure se termine par les réjouissances et le
festin communautaire. La célébration du solstice d’hiver est un moment
intense pour toute personne, jeune ou âgée, quel que soit le rôle qu’on y a
assumé.
Équinoxe de printemps
La quête de lumière et de transparence se poursuit à l’arrivée de la saison
suivante, celle qui correspond au renouveau de la vie. L’équinoxe de
printemps donnera lieu à une cérémonie un peu plus longue que celle
d’hiver. Est venu le temps de purifier en profondeur son corps et son esprit,
ainsi que les amitiés qu’on entretient, et cela ne peut se réaliser rapidement.
On va s’accorder le temps qu’il faut pour se débarrasser de tout ce qui a été
accumulé au cours de l’hiver et qui n’est plus utile. De tout ce qu’il n’est
pas souhaitable de conserver en soi.
Dans les communautés amérindiennes comme dans celles de partout dans
le monde, des situations de tensions, d’animosité, voire des querelles de
toutes sortes, surviennent. L’étroitesse des lieux où certaines familles
résident, la constante proximité de tout un chacun, les maisons étant très
près les unes des autres en hiver où l’on sort moins, contribuent parfois
à briser des relations fraternelles. C’est ce qui a inspiré aux Cherokees le
nom de la cérémonie de l’équinoxe du printemps, soit la fête du renouveau
des amitiés, parce que le but premier de cette célébration communautaire
est la purification de chacun et le rétablissement de l’harmonie entre tous.
Jeûne et loges à transpirer vont y contribuer efficacement. Pour nettoyer le
système digestif, on procède habituellement à une purgation, l’eau d’érable
se révélant un atout disponible et précieux à cette période de l’année.
Pour que la fête du renouveau des amitiés atteigne son objectif de
réconciliation et d’harmonisation, chaque personne vivant une inimitié doit
se rendre sur le bord de la rivière en compagnie de l’autre envers qui elle
éprouve du ressentiment afin de clarifier la situation. Tous doivent finir par
reconnaître que les éléments qui les opposent sont des facettes de leur
propre être qu’ils ont à accepter. Le fait d’exprimer à l’autre un ressenti
dans cette conscience des choses libère. C’est le chemin de la
réconciliation, qui ramène la joie au cœur parce qu’elle purifie ce qui
assombrit l’esprit.
Durant toute la journée de l’équinoxe, le feu sacré fait monter des prières
vers le Père-Ciel afin que toutes les guérisons du cœur se réalisent. Après
les purgations et la purification des amertumes de l’hiver dans les huttes de
sudation, viendra la journée de la cérémonie finale, qui commencera avec la
cérémonie du lever du soleil. Par la suite, les danses viendront célébrer la
joie et activer les forces naissantes de la fécondité de la terre qui,
tranquillement, s’éveille. Les graines et les semences, qui seront semées au
cours de la saison qui vient, seront placées près du feu pendant les danses
afin qu’elles soient activées. Lorsque viendra le festin à la fin de la journée,
c’est une communauté purifiée et joyeuse qui se rassemblera. La fête du
renouveau des amitiés aura rappelé à chaque membre de la communauté
que l’unité des cœurs et des esprits est la plus grande richesse à rechercher.
Solstice d’été
Lorsque le jour le plus long de l’année arrive, la communauté va se
préparer à vivre un autre moment de réjouissances. Ce sera la fête de la
lumière. Son nom rappelle celui du solstice d’hiver, mais lors du solstice
d’été, on ne célèbre pas la lumière intérieure triomphant sur l’obscurité,
mais l’abondance de lumière extérieure, l’amour, le grand pouvoir de vie et
de croissance rapide sur la terre.
C’est une cérémonie qui se déroule sur plusieurs jours. La préparation est
longue. Des périodes de purification dans les huttes de sudation figurent au
programme comme à chaque cérémonie. Le feu sacré est allumé dès que
s’amorcent les préparatifs de la fête, qui connaîtra son paroxysme à la fin de
la journée même du solstice.
Ce jour le plus long de l’année, le soleil se lève très tôt et se couche très
tard. La première célébration va se dérouler au lever du jour. Ceux qui
désirent y participer se réveillent très tôt, soit vers les 4 heures du matin. Le
reste de la journée, on cherchera à garder le silence lors des préparatifs de la
grande cérémonie du soir. C’est une journée imprégnée par l’esprit du
silence. On apprend ainsi à emmagasiner l’énergie, à ne pas la dilapider. Le
jour du solstice d’été offrant plus de luminosité que toutes les autres
journées qui s’écouleront par la suite, on doit accumuler cette lumière
à l’intérieur de soi. Si l’on y parvient, le fait d’être en conscience désireux
d’accumuler cette énergie produit en soi-même un effet fantastique. Le
silence renforce vraiment la conscientisation de l’action en cours.
La fête de la lumière est aussi une belle opportunité pour souligner
l’influence des animaux totems associés aux astres. C’est un enseignement
moins connu, qui a même failli se perdre complètement mais,
heureusement, il y a eu des gardiens qui les ont transmis à l’insu de
l’autorité des Blancs, qui tentaient par tous les moyens de les en empêcher.
Selon ces connaissances ancestrales, certaines constellations sont liées aux
animaux totems, et les représentations qu’on fait d’eux (autel, objet, etc.)
doivent illustrer les correspondances existantes afin de permettre que les
énergies d’en haut s’incarnent pleinement sur terre. Toute une partie de la
journée est consacrée à la préparation de ces autels-là ou de ces objets-là.
Pour ce travail, le silence favorise là encore la conscientisation requise pour
associer les astres et les totems.
Le soir venu, un deuxième feu est allumé. Le feu sacré qui brûle depuis
quelques jours va se poursuivre jusqu’à la fin de la fête de la lumière. Le
nouveau feu est plus gros ; c’est un feu de joie célébrant la vitalité. Près du
brasier, on va danser et chanter, faire une offrande de pipe. Les danses
durent habituellement jusqu’au lendemain matin
Équinoxe d’automne
La cérémonie cyclique la plus longue de l’année est celle de l’automne.
C’est alors la fête des récoltes. Comme pour les autres fêtes, tout s’amorce
avec la purification, entre autres, par des huttes de sudation, puis on se met
aux préparatifs collectifs, qui consistent à partager les diverses tâches en
lien avec les récoltes. Cela représente beaucoup de travail, mais la corvée
est agréable parce qu’elle s’effectue en groupe. Tous ceux qui sont en
mesure de le faire donnent un coup de main. On fait les foins, on ramasse
les pommes, on cueille les maïs, les courges, tous les légumes et les fruits
à maturité.
Un autel gigantesque est construit à l’extérieur. D’habitude, on le prévoit
assez reculé dans la forêt. On le construit pour qu’une personne puisse
danser dessus, car pendant toute la durée de la cérémonie, il se fera des
offrandes de danse et de chant en continuité sur l’autel, qui ne se trouve pas
au même endroit chaque année. On suit un cycle de sept années. Quand on
revient quelques années plus tard là où se trouvait un autel, de nouvelles
herbes ou plantes y ont poussé ; la vie a repris et s’est renouvelée.
À l’emplacement même de l’autel, en raison du caractère sacré des
offrandes et des prières qui y ont été faites, il arrive que l’on soit très surpris
par les découvertes que l’on fait.
La journée de l’équinoxe d’automne, il y a une procession : les gens
apportent les plus beaux spécimens de leur récolte pour les remettre à la
nature et exprimer ainsi leur gratitude. Au cours de la fête, une cérémonie
du don se tient. C’est une cérémonie commune à tous les peuples
autochtones de l’Amérique du Nord, qui peut se répéter n’importe quand
dans l’année, car tout peut en fournir le prétexte (décès, mariage, naissance,
etc.). En anglais, cette cérémonie est connue sous le vocable « Give Away ».
Elle consiste à se détacher de tout ce qui n’est plus utile et, en même temps,
à faire circuler l’abondance.
Le Give Away n’est pas un marché aux puces ! Le détachement visé par
la cérémonie du don ne se réalisera pas si l’on cherche à se délester de
vieilleries inutilisables ou si l’on fait don d’un objet acheté pour l’occasion.
Les gens doivent donner des objets qu’ils possèdent et auxquels ils sont
attachés. On ne peut prétendre se détacher de ce qui n’a pas de valeur pour
soi. Plus un objet est difficile à donner, plus le geste sera significatif et
libérera la personne qui en aura fait don.
Dans le cadre de la fête des récoltes, telle qu’elle se vivait autrefois, la
cérémonie du don avait beaucoup de sens. L’automne correspondait aussi
à la saison de la chasse. Les familles étaient à la veille de se séparer pour
cette période extrêmement risquée, puisqu’on ne savait jamais si on allait
retrouver ses parents et ses amis. On donnait alors avec joie pour que l’autre
se souvienne de soi. Mais principalement, on donnait dans un esprit de
partage. Si les récoltes étaient abondantes, on avait la générosité de donner
à ceux qui avaient été moins favorisés. Tous connaissaient le principe qui
fait qu’un don fait des heureux autant qu’il rend heureux.
LES 5 ÉLÉMENTS
Le son sacré, parce que c’est une vibration, constitue l’espace dans lequel
dansent les autres éléments (feu, terre, vent, eau). Les alchimistes européens
parlaient de l’« éther » plutôt que du « son sacré » amérindien, mais il
s’agissait du même élément. La danse des éléments est à ce point
fondamentale qu’elle crée toute manifestation de l’existence grâce à la
combinaison des éléments entre eux.
Les cinq éléments, c’est l’outil chamanique par excellence. Ce n’est pas
simplement de la matière, ce sont des entités. Il y a une entité Eau, une
entité Terre, une entité Vent, une entité Feu ; le son sacré, quant à lui, est
une entité plus immense. Tout praticien en chamanisme doit apprendre
à travailler avec les 5 entités, car il se trouve vraiment une conscience
à l’intérieur de chacun des éléments. Il faut en arriver à ressentir les
éléments. Quand on les maîtrise, on maîtrise la guérison. Il est même
possible, en travaillant avec les éléments, de reconstruire des cellules sur le
plan moléculaire. L’humain est un être doté d’un pouvoir de cocréation
inestimable s’il prend conscience de sa force naturelle.
L’eau
L’élément le plus facile à décrire et à comprendre, c’est l’eau. Peu
importe où elle est, l’eau est toujours pareille à elle-même. Elle épouse la
forme du contenant dans lequel elle se trouve. Elle s’adapte à tout, mais sa
nature ne change pas, qu’elle soit l’eau d’un lac, d’une rivière, ou qu’elle
soit contenue dans un verre à boire. Elle peut laver tout et emporter dans
son flot n’importe quoi par sa force. Il suffit de lui donner assez de temps
pour le faire, elle saura accomplir ses fonctions pleinement.
La pluie va réussir à réduire une grande montagne à la surface du sol par
l’érosion qu’elle occasionne. L’eau est un élément très puissant. Même si
elle a lavé d’innombrables polluants, même si elle s’est remplie de
nombreux débris, elle peut s’évaporer et retomber pure, comme elle était
à l’origine. En tombant du ciel, la goutte prend alors une forme sphérique
parfaite.
Comme il en va ainsi avec chaque élément, l’eau renferme en elle la
potentialité des quatre éléments : dans sa forme « eau », elle est liquide ;
dans sa forme « vent », elle est vapeur ; dans sa forme « terre », elle est
glace, et dans sa forme « feu », elle est une explosion par la combinaison
des molécules d’hydrogène et d’oxygène qui la constituent (H2O).
L’enseignement de l’eau concerne le corps émotionnel, soit les
sentiments fondateurs (paix, amour et joie) et les émotions qui sont des
déclinaisons de ces sentiments. La haine, par exemple, est une émotion qui
manifeste une altération de l’amour. Comprendre pourquoi l’eau s’adapte
à tous les environnements aide à intégrer le fait qu’il ne faut pas s’attacher
aux émotions, mais bien plutôt aux sentiments fondateurs. Cela permet de
comprendre la nature transitoire des émotions, qui demeure la même, car les
émotions, telle l’eau, s’adaptent aux circonstances qui soulèvent un émoi. Si
on laisse passer les émotions négatives au lieu de les nier, comme l’eau
s’écoule, elles vont se transformer. Elles peuvent ainsi s’exprimer d’une
manière créative et utile pour soi et pour les autres.
Le vent
Avec le vent, il y a toujours quelque chose qui arrive, qui se produit.
C’est un élément captivant et animé qui peut soulever tout sur son passage.
Il est insaisissable, venant tantôt d’une direction, tantôt d’une autre, comme
bon lui semble. Quand on travaille avec la voix, on travaille avec le vent, le
vent de l’esprit. Tous les exercices pour apprendre à bien respirer et, en
particulier, la pratique de la respiration à 4 temps qui est suggérée, entre
autres, lors de la méditation du cœur, sont très utiles pour percevoir le lien
entre l’air et soi-même. Sans air, on n’existe pas.
Il sera important d’être attentif au vent lors des cérémonies que vous
pourriez conduire, car il est difficile de se mettre en syntonie avec cet
élément. La tradition apache propose, pour y arriver, de grimper dans
l’arbre le plus haut qu’on voit et de rester là près de la cime pour sentir
l’arbre bouger. Perché sur une branche à cette hauteur, on communie avec le
vent. C’est une expérience merveilleuse par laquelle on peut aussi essayer
de surprendre les esprits du vent, les sylphes. Ils sont grands et rectilignes,
tout à fait impressionnants. On ne réussit pas souvent à les voir, mais on est
en mesure d’observer tout ce qui se passe dans le ciel sous l’effet du vent, et
là on peut être étonné de ce que l’on aperçoit.
Le vent déplace les nuages, mais il est rarement seul. Plusieurs vents sont
souvent en mouvement en simultané, et ils sont tous animés par un certain
esprit.
Une des pratiques à réaliser pour démontrer qu’on est chaman consiste
à appeler le vent, parce que le vent, c’est une présence, une entité. Il parle.
Par là, il correspond au mental, à la pensée. Il est invisible, mais son
action est perceptible : il peut être doux, rafraîchissant, calme, mais il peut
aussi être d’une si grande force qu’il détruit des communautés entières et
ravage l’environnement lorsqu’il devient ouragan ou cyclone. Nos
pensées s’apparentent au vent : elles peuvent rafraîchir, apaiser ou tout
détruire. Même si elles sont invisibles, tel le vent, nos pensées agissent sur
notre environnement et déterminent ce qui nous entoure, ce qui se trouve
dans l’espace-temps. Elles ont un effet primordial sur la vie et le monde. Il
importe, par conséquent, d’arriver à les maîtriser.
La pensée non contrôlée est semblable à un ouragan. Elle peut nous
détruire et détruire les autres. Si on n’arrive pas à tenir les rênes de notre
corps mental, on court vers un désastre. Il faut apprendre à surveiller nos
pensées, à les diriger, à travailler avec elles et, si cela s’avère nécessaire,
à utiliser un antidote. Car nous sommes humains et, à l’occasion, il nous
vient des pensées sous le coup d’une émotion forte, telle la colère. Alors on
peut se surprendre à avoir en tête des idées de ce genre : « Je le tuerais
tellement je le déteste ! » Pour que la pensée empreinte de cette émotion
négative file comme l’eau, on appelle la pensée contraire pour l’annuler.
L’antidote pourrait ressembler à ceci : « Je l’aimerai toujours même si je
n’ai pas besoin d’être ami avec lui. » Cela réussit très bien à nous libérer et
à nous apaiser.
Par contre, si nous ne sommes pas conscients de nos pensées, la pensée
enragée, tel un ouragan, risque fort bien de causer des dégâts. Elle génère
au fond de soi une montagne de ressentiments qui fera en sorte qu’un jour,
on pourrait commetre un acte regrettable. On n’a pas idée de toutes les
conséquences découlant des pensées ! Nos lendemains se fabriquent avec
celles qui nous viennent à chaque moment présent. Allez observer le vent
du haut d’un arbre, et vous en redescendrez avec la compréhension du vent
qui souffle là où il veut et là où il n’est jamais seul. Vous saurez qu’il est
impossible de le contrôler, mais vous réaliserez aussi à quel point il s’avère
primordial de maîtriser la puissance de vos pensées, qui s’enchaînent les
unes aux autres et se renforcent par le fait même.
La terre
L’enseignement de l’élément terre porte sur la fondation, le corps
physique, l’incarnation. C’est une raison qui pousse Aigle Bleu, dans le
cadre de la formation des praticiens en chamanisme, à conscientiser chaque
personne sur la nécessité de travailler son corps. Il n’a encore proposé
aucun voyage chamanique aux stagiaires, et il ne le fera pas tant qu’ils
n’auront pas un corps solide, lumineux, bien ancré. Autrement, ils
pourraient faire de mauvaises expériences du fait qu’ils n’ont pas le
contrôle de ce qu’ils vivent. On doit être incarné dans la matière avant
d’aspirer aux envols en d’autres dimensions.
« La terre nous appartient, nous appartenons à la terre », répète
l’enseignant très souvent. C’est le leitmotiv qu’il propose à la communauté
qui se forme autour de « Créons le monde ». Cette fois-ci, il le rappelle en
d’autres mots : « Nous sommes de la terre, et la terre, nous la partageons
avec tous ». La notion de partager la terre « avec tous » va de soi pour les
autochtones, c’est ce qui leur fait considérer l’individu devant eux comme
un frère ou une sœur, même s’il s’agit de purs étrangers. Si nous saisissons
la teneur de cette vérité originelle, nous comprenons notre raison d’être.
Nous ne pouvons plus alors dériver sans but ou sans désir. Nous savons que
nous sommes ici, avec une nature humaine, pour créer le paradis sur terre.
C’est notre vocation et notre aspiration première : manifester l’idéal dans le
monde physique.
Le monde d’aujourd’hui, qui vit le plus souvent dans une réalité virtuelle,
est en train d’oublier la matérialisation qui caractérise l’humain. Il y a des
jeunes qui vivent par procuration, dans leur « machine », les jeux
électroniques leur suggérant des exploits essentiellement virtuels
à accomplir, qui n’ont par ailleurs aucun lien avec la réalité concrète qui les
concerne pourtant davantage. Ils ne touchent pas terre, ils flottent entre
deux modes d’existence. S’ils n’y prennent garde, ils vont ressembler à la
représentation que certains se font des extraterrestres, soit un être avec petit
corps surmonté d’une grosse tête dotée de gros yeux exorbitants pour
s’adapter à son écran, avec une main comportant uniquement trois doigts,
pour manipuler la souris de son ordinateur…
Il faut atterrir. Toucher terre, toucher à la terre. S’incarner dans son
monde réel pour ne pas sacrifier le potentiel divin qui a été déposé dans
l’être humain à l’origine et que nous pouvons tous développer.
Le feu
L’élément feu évoque l’esprit dans la force créatrice, dans la présence. Le
feu fait tout jaillir. Sans lui, il n’y a pas de vie. Il manifeste la présence
vivante de l’Esprit, le contact direct avec le Créateur, c’est l’œil de Dieu. Il
est à l’intérieur de tout. Dans les cellules de notre corps, il produit la
chaleur. Le feu est une entité, il parle comme les autres éléments.
La différence entre le feu et le vent tient en ce que le premier concerne le
corps spirituel, tandis que le second touche le corps mental. Il s’agit d’une
mince différence dans une certaine mesure, puisque l’esprit, qui anime tout,
fait surgir la pensée, soit l’élan précurseur de toute création. Tout ce qui se
manifeste à notre conscience part d’une pensée. Même l’Univers provient
de la pensée du Grand Esprit. C’est la synergie du feu et du vent.
Le feu est éternel, il brûle sans nécessiter quelque alimentation ou
carburant. Il se consume alors à l’infini, révélant une force excédant celle
de l’humain, c’est la force de l’Esprit lui-même. Ainsi, le feu sacré est
semblable à une porte qui s’ouvre et, derrière, se trouve le Grand Esprit, le
monde des esprits, le monde de la forme idéale, l’Ungawi, soit la fondation
de la vie. C’est là qu’on trouve le « zéro », le vide précurseur de la forme. Il
n’y a pas de vide sans la forme, mais il n’y a pas de forme sans le vide.
C’est une réalité complexe qui s’appréhende avec l’esprit et non avec la
raison.
Comment réaliser un feu sacré ? Cela sera enseigné un peu plus loin.
Aigle Bleu préfère commencer par enseigner comment il est possible de
faire l’expérience d’un feu sacré à la maison, chez soi, afin d’honorer cette
présence alchimiste disponible. Car une fois le feu allumé, on s’assoit tout
près et on le regarde en silence. C’est vivant, un feu, c’est fascinant. Dès
que le brasier est enflammé, on s’amuse à repérer les salamandres, qui sont
les esprits du feu. C’est généralement facile. À la fin, on laisse le feu
s’éteindre de lui-même. On ne fait qu’égaliser les braises, puis on observe
le jeu des braises. On apprend beaucoup de choses dans les clignotements
jaunes et rouges des braises ; on doit savoir les interpréter.
Quand on n’a pas la possibilité de faire un feu sacré à l’extérieur, on en
crée un à l’intérieur. On va d’abord tracer un cercle avec 12 pierres, tel
qu’on le ferait à l’extérieur, mais les pierres sont déposées sur le plancher
d’une pièce de la maison. À l’intérieur du cercle, on place 3 bougies
blanches, de préférence en cire d’abeille. Surtout pas de paraffine !
À l’extérieur ou à l’intérieur, ce qui s’avère essentiel avec le feu sacré est
la disposition spirituelle dans laquelle on se trouve. On doit désirer
communier avec l’esprit du feu, on doit se recueillir pour ressentir la
résonance du feu à l’intérieur de soi. C’est une expérience certes un peu
plus difficile à l’intérieur, car le feu est moins spectaculaire, mais c’est
néanmoins possible d’y arriver. Un des tests démontrant qu’on a la
compréhension du feu consiste à observer la hauteur de la flamme des
bougies qu’on a allumées : si elles montent très haut, on peut considérer que
l’on se trouve en unité avec l’élément. Un autre test, pouvant celui-là être
fait à l’extérieur, consiste à prendre une braise chaude pour la déplacer avec
une main sans se brûler.
Le son sacré
L’élément le plus difficile à identifier est sans contredit le son sacré.
C’est la vibration fondamentale de l’espace, le petit son suraigu qui existe
partout, traversant même les galaxies. C’est le son porteur de la création du
monde.
Voici une belle métaphore amérindienne pour nous aider à mieux saisir
ce qu’est le son sacré. Elle présente l’Univers en ces termes : « Au centre de
tout ce qui est créé, il y a un gros cristal. De chaque coin de ce cristal
partent 7 cordes, et ces 7 cordes se divisent en 7 autres cordes, et ces
7 autres cordes se divisent en 7 autres cordes, qui se divisent aussi en
7 autres cordes, etc. » Ainsi, on évoque le maillage d’énergies qui créent
l’ensemble de tous les univers qu’on connaît. Les scientifiques sont en train
de découvrir la véracité de la « théorie des supercordes », étant donné que
les cordes et le cristal ne sont pas des solides, mais des fréquences. Une
vibration de l’Univers.
Le son sacré crée l’espace. Sans l’espace, il n’y aurait aucune
manifestation de la forme. Ce qui précède le cristal auquel on fait allusion,
c’est le vide, l’absence de tout : le zéro.
Chaque élément est une entité avec une conscience. Il dispose d’un esprit
et d’une vie qui lui sont propres. Les esprits de l’élément, appelés
« élémentaux », travaillent avec cet élément en particulier. Ce sont des
consciences différentes et séparées de la conscience de l’élément. Les
élémentaux ne sont pas des éléments, ils n’en possèdent pas les propriétés.
Toute matière étant faite des quatre éléments (terre, feu, vent et eau), on
peut, si on en a une bonne compréhension, reconstruire littéralement la
matière avec laquelle sont formées les molécules du corps humain. Le
scientifique russe Grigori Petrovich Grabovoï a développé la maîtrise d’une
telle reconstruction. Il parvient à recréer un rein à ceux qui les ont perdus. Il
ramène la conscience de notre immortalité6. Aigle Bleu accorde beaucoup
d’intérêt à ces recherches, car les gens qui ont la conscience de la capacité
humaine à l’immortalité dans la forme physique sont extrêmement rares. Il
en est venu, lui-même, à l’évidence de la non-nécessité de mourir.
Lors de la transmigration, après la mort, comme on perd souvent le
souvenir de ce que l’on a vécu, on doit recommencer à zéro, sauf si l’on
a utilisé la technique de continuité par le biais des étoiles. La mort peut
donc s’avérer une transition dommageable, d’autant plus qu’elle ne serait
pas nécessaire. Si elle s’est imposée au cours des millénaires, c’est parce
que l’être humain a perdu sa direction. Le corps pollué vieillit à présent. Tôt
ou tard, il se retrouve dans l’obligation d’abandonner sa forme pour
renaître, mais, à l’origine, il en allait autrement. On pouvait vivre des
milliers d’années avant de changer de corps, si tant est qu’il fallait en venir
à cette phase.
Éventuellement, l’humain va revenir à son immortalité. Pourquoi
faudrait-il vieillir ? L’esprit étant capable de recréer la nature, pourquoi
serions-nous incapables de recréer nos corps ? Bien sûr, on en est loin pour
l’instant. Nous pensons encore être séparés du divin parce que le Créateur
nous aurait rejetés et chassés du paradis terrestre. Mais ce n’est pas le cas,
c’est impossible d’être séparé du Divin. Il se trouve en nous une cellule qui
nous relie à lui. Malheureusement, cette perception erronée de notre origine
a amené la peur et tous les problèmes que nous rencontrons depuis.
Pourquoi notre Père-Mère, notre Créateur – la Toute-Puissance qui nous
a donné la vie – voudrait-Il que nous mourions ? Que nous soyons
malades ? Que nous souffrions ? Ce n’est pas logique ! La vérité ne peut
être de cet ordre. Le Créateur nous respecte. Pour preuve, Il nous laisse le
libre arbitre afin que nous choisissions de retrouver le bon chemin si nous le
désirons, dans l’espace qui est le nôtre, celui que crée le son sacré.
« Nous relâchons toute conceptualisation pour quelques instants. Simplement, être bien dans
son corps, dans son souffle. Être détendu. Nous relâchons toute attente pour nous sentir en
parfaite sécurité, sans aucune tension mentale, émotionnelle, physique, simplement dans la
joie d’être et dans la joie de respirer.
(Moment de silence, puis, avec un battement lent et stable de son tambour, il poursuit.)
Nous visualisons notre corps de lumière, notre corps lumineux éternel dans sa splendeur, dans
sa perfection, dans sa toute-puissance, dans son omnipotence. Et nous visualisons le corps
d’ombre que nous sommes, ce corps physique que nous aimons et qui nous accompagne
depuis notre naissance avec toutes ses mémoires et ses expériences.
(Seulement le battement régulier très bas du tambour.)
Et le corps lumineux maintenant infuse le corps d’ombre de sa luminosité. Ils deviennent un.
Et le corps d’ombre se détend, s’endort avec confiance, attend. Et le corps lumineux, il lui
pousse des ailes. Il devient un aigle. Il lui pousse des ailes et nous étendons les ailes et, avec
un puissant mouvement, nous poussons sur le sol avec nos ailes et nous nous élevons dans le
ciel, et nous volons vers la terre pure de l’Ungawi. Le monde du Créateur. De plus en plus
haut, au-delà des nuages, au-delà des étoiles. De plus en plus haut, et nous voyons le pays
apparaître devant nous, le pays de l’Ungawi. Nous atterrissons sur le bord d’une forêt de
grands pins majestueux. Et nous reprenons notre forme humaine et entrons dans la forêt sur un
sentier. Dans la forêt, parmi ces pins majestueux, dans une tranquillité, une luminosité et une
beauté que nous n’avons jamais vues, nous voyons que le sentier donne sur une immense
clairière qui est légèrement en pente et, au-delà, il y a une région montagneuse. Au bord de la
pente, il y a un grand lac, c’est le grand lac magique où tout être retrouve la guérison, où
reposent les eaux bénies du souvenir et du pardon. Un sentier serpente dans la plaine, passe
près du lac et remonte vers la gauche, vers la montagne, vers le début de la région
montagneuse, et le long du sentier, à votre gauche, vous voyez de nombreux ancêtres. Certains
dansent, certains ne font que regarder, mais tous encouragent avec le regard votre
cheminement, votre pèlerinage vers le temple de la Compréhension.
Vous vous sentez soutenu, encouragé, enveloppé par le regard des ancêtres, peut-être
reconnaîtrez-vous le vôtre, mais vous n’arrêtez pas de marcher, et vous parvenez au premier
rocher, et là, vous voyez des marches. Il y a 16 grandes marches et, en haut de ces 16 grandes
marches, il y a un grand bâtiment fait de lumières blanches. Vous montez les marches, une par
une.
(Seize coups de tambour.)
Et là, il y a de grandes portes, et deux êtres immenses devant les portes, comme des anges
guerriers, sont là. Ils gardent la porte. Vous vous adressez à eux. Vous leur dites que vous
venez pour consulter votre livre de vie. Ils vous ouvrent la porte. Et vous entrez dans une
grande salle, avec un carrelage blanc et noir. Au fond de la salle, vous voyez briller un feu
comme dans un temple, comme une espèce de petit temple où, au fond, vous voyez un feu
extraordinaire qui brille. Vous allez vers ce feu et vous vous abaissez sur un genou, vous
baissez la tête et vous remerciez le divin de vous avoir amené devant le feu sacré du Grand
Esprit. Vous sentez une énergie que vous n’avez jamais ressentie. Chaque cellule de votre
corps lumineux est réconfortée dans ce qu’elle est.
(Battement régulier du tambour seulement.)
Vous vous relevez et vous saluez le feu, et vous vous tournez vers la gauche, et un peu plus
haut, là par où vous êtes passé, vous voyez de nombreuses portes et des êtres un peu comme
des anges, des êtres lumineux devant chaque porte. Et vous allez vers une des portes et, devant
l’être qui est là, vous dites votre nom au complet, le lieu de votre naissance et l’année de votre
naissance. Et vous lui demandez votre livre de vie. Il vous ouvre la porte, et vous voyez une
toute petite pièce avec une chaise et un bureau, une petite table. Vous vous assoyez et vous
attendez.
(Battement régulier du tambour seulement.)
Et cet être vous amène le grand livre de votre vie et le dispose sur la table. Il est devant vous,
et cet être ressort et ferme la porte.
(Battement régulier du tambour seulement.)
Il y a un nom écrit sur la couverture de ce livre, et lorsque vous ouvrez la grande couverture de
ce livre, vous voyez que chacune de vos vies y est inscrite, tout ce que vous avez fait,
accompli, cette vie-ci, et même la suggestion des vies à venir. Et alors vous regardez, vous
essayez de comprendre, vous lisez l’histoire de votre vie. De vos vies.
(Tambour et voix d’Aigle Bleu chantant presque toujours les mêmes sons pendant quelques
minutes.)
Vous pourrez toujours revenir. Il est temps de refermer le grand livre, et au moment où vous
refermez la couverture, la porte s’ouvre et d’un pas feutré, l’être de lumière entre, prend le
livre et disparaît. Vous vous levez, vous sortez et, devant vous, de l’autre côté de la salle, vous
voyez une salle de banquet. Un festin est là. Des êtres de toutes les origines après avoir
consulté le livre de leurs vies festoient ensemble, mangent quelques petits aliments divins.
Vous circulez dans la salle de banquet, vous voyez un sourire secret sur les visages des êtres
qui sont là, des êtres d’origines très diverses. Vous goûtez un ou deux des petits mets qui ont
été disposés pour vous, vous remarquez qu’aucune parole n’est échangée, mais que beaucoup
est communiqué par le petit sourire secret sur les visages de chaque être.
(Battement du tambour plus fort, saccadé.)
Le temps est maintenant venu de repartir là d’où nous sommes venus, et nous repassons dans
la pièce d’entrée au fond de laquelle brille le feu sacré du Grand Esprit. Une fois encore, nous
nous prosternons, remerciant du fond du cœur, et nous revenons vers la porte, sur le carrelage
noir et blanc. Les grandes portes d’entrée s’ouvrent et nous descendons 16 marches.
(Seize coups de tambour.)
Et nous passons sur le sentier devant les ancêtres et la plupart, maintenant, dansent. Dans leurs
regards, nous voyons une grande joie. Et nous suivons le sentier qui mène vers la forêt. Sur la
gauche, le grand lac magique des eaux bénies du pardon et du souvenir. Et nous traversons la
forêt de pins, cette merveilleuse forêt de très grands pins, et nous arrivons à l’extrémité de la
forêt. Là où le sentier se termine, c’est comme une falaise, et nous nous élançons dans le vide.
(Bref tambourinement accompagnant certaines phrases.)
Nous redevenons des aigles et nous revenons. Nous traversons la zone des nuages et nous
replongeons ici, maintenant, dans notre corps.
(Fin du tambour.)
Nous nous retrouvons dans la pièce. Maintenant. Nous étirons les doigts, les orteils, et
tranquillement permettons à notre corps de reprendre conscience et contact avec ici,
maintenant. »
CÉRÉMONIES DE VIGILE
L’objectif premier des cérémonies de vigile consiste à créer un monde
heureux.
Lorsqu’une personne entreprend une loge de lune ou une quête de vision,
la vigile est toujours entreprise dans l’intention de ramener, à la
communauté, les dons et la mission d’être qui pourrait être révélée. C’est un
des seuls moments dans l’existence où l’on va raconter à quelqu’un d’autre
ce que l’on a vu et vécu lors de son expérience. Mais ce n’est pas
à n’importe qui. C’est avec l’aîné ou le guide qui a supervisé la quête ou la
loge que nous allons partager les réflexions et les émotions qui nous
amènent à telle ou telle conclusion : « Mon chemin de vie, voilà ! Je pense
qu’il est de cette nature… »
On en parle avec précision et en toute confiance pour que le nom, que le
guide va nous attribuer, nous oriente bien sur le sentier qui est vraiment le
nôtre et pour que le nom soit ancré dans la collectivité. Cela se concrétise
lors de la « cérémonie du nom », alors que la communauté accueille dans la
joie celui ou celle qui reçoit un nouveau nom. La mission de vie est
dorénavant ancrée dans l’individu qui va, par ailleurs, conserver
intimement, toute sa vie, ce qui lui fut donné de vivre au cours de son
expérience de vigile, parce que le point de vue des autres pourrait teinter ses
souvenirs. On évite que cela se produise en le gardant pour soi.
Les gens présents n’ont aucun besoin de connaître les détails justifiant le
nom que l’on reçoit. La mission est, par ses vibrations, séquentiellement
encodée dans le nom lui-même, et de ce fait, il est généralement facile d’en
déduire le sens et son impact. Le nom reçu à la naissance provient du père
ou de la mère, ou des deux. Quand nous devenons adultes – père, mère ou
non –, nous acceptons et assumons les responsabilités qui nous incombent
de par nos engagements. Le nouveau nom va ainsi traduire cette identité.
Nous sommes les artisans de notre propre bonheur ou de notre propre
malheur. Parfois, nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi certains
événements surviennent. Il ne faudrait pourtant pas nous tracasser avec ce
genre de questions. Cela peut découler de vies antérieures, de quelque chose
de très loin en arrière. Le livre de vie consulté lors du voyage au temple de
la Compréhension peut apporter des éclairages ; nous pouvons en tout
temps refaire ce voyage pour parfaire notre compréhension. Mais on
pourrait ramener à peu de mots la manière de s’assurer de lendemains plus
heureux : exercer le contrôle de nos pensées et agir en fonction d’elles. Le
meilleur moment pour ça, c’est le matin. Faites-en l’expérience : peu de
temps après vous être éveillé, marchez autour de votre domaine familial (ou
dans un parc au centre-ville ou dans un tout petit espace vert avec un arbre).
Cherchez à vous connecter avec un ou des éléments naturels. En marchant,
n’ayez que des pensées heureuses. Non seulement ces pensées au lever du
soleil vont vous prédisposer à vivre des moments heureux par la suite, mais
elles vont aussi influencer tout l’environnement.
C’est la responsabilité d’un praticien en chamanisme de créer un monde
heureux pour tous les humains, ce qui peut réellement influencer la nature,
car la nature attend cette directive-là, tout comme les éléments. Nous
sommes, ne l’oublions pas, les dieux et les déesses de la terre : si nous
savons donner une heureuse direction à la vie, nous la transformons, nous la
cocréons. Toutefois, si la direction que l’on donne à la vie est remplie de
malheur, d’apitoiement sur soi-même, de sentiment d’impuissance, les
conditions de vie dans lesquelles on se trouve vont ou demeurer les mêmes
ou se détériorer davantage. Après 12 000 ans de conditionnements, il faut
en arriver à se défaire du fatalisme et de la peur et à se mettre en tête que
l’on détient un pouvoir immense en tant qu’humains. La libération
commence avec la prise de conscience de cette vérité originelle. Nous
l’activons ensuite par nos pensées heureuses, le matin lors d’une promenade
ou lors des prières matinales que nous adressons au Grand Esprit. C’est la
base spirituelle solide, qui fait goûter à la plénitude de l’être.
LA ROUE DE MÉDECINE
Il y avait autrefois en Amérique du Nord près de 4 000 roues de
médecine. Avec les politiques de génocide des gouvernements canadien et
américain, presque toutes les traditions ont perdu la manière de poursuivre
ce rituel pendant très longtemps. Un des précurseurs du renouveau au
XXe siècle, qui est venu accomplir les prophéties de son peuple et de tous les
peuples aussi, se nomme Sun Bear (Ours solaire). Il appartenait à la nation
Chippewa.
Or, dans la prophétie du peuple chippewa, il était dit qu’il y aurait, un
jour, un ours qui allait percer le voile du nouveau monde avec sa langue. Tel
est ce que Sun Bear a réalisé en se rendant partout dans le monde pour
enseigner. Son message principal énonçait un état d’urgence : « Il est
impératif de renouer avec la terre. » C’est le leitmotiv qui sous-tend la
formation « Créons le monde » et les engagements d’Aigle Bleu, pour qui
Sun Bear était un mentor et un bon ami.
Un jour, sur le haut d’une montagne, ce Chippewa, natif de White Earth,
dans le Minnesota (ÉU), a eu une vision déterminante. Il voyait monter vers
lui toutes sortes d’animaux différents en procession, mais, quand ils sont
arrivés plus près, il s’est aperçu que c’étaient des hommes et des femmes
avec des costumes animaux. Ceux-ci se sont ensuite mis en cercle et, là, il
a vu que chacun d’eux portait une pierre et qu’après avoir déposé cette
pierre au sol, ils faisaient des cérémonies et dansaient. Une voix s’est
adressée à lui dans sa vision : « Il est temps maintenant de ramener les
roues de médecine. »
Bouleversé par sa vision, dès le lendemain, Sun Bear l’a partagée et a mis
en place une roue correspondant à celle qu’il avait vue alors. Par la suite, il
y eut des rassemblements à travers l’Amérique du Nord autour de cette roue
pendant de nombreuses années, et ce, jusqu’à sa mort à l’âge de 63 ans.
Au cours des dernières années, la roue de médecine est réapparue dans
bien des nations amérindiennes. Cela signifie le retour d’un lieu de pouvoir
béni, la création d’un espace-temps sacré, la présence d’un vortex d’énergie
pouvant servir de lieu de prière, de méditation, de cérémonie, de guérison.
D’ailleurs, la force d’un tel vortex augmente avec le temps si les roches
restent en place, si les ours ne les déplacent pas pour déguster les fourmis
qui se réfugient dessous… Car il faut que la géométrie du cercle soit
toujours juste.
Autour de la roue de médecine terrestre, Sun Bear a créé une sorte
d’astrologie qui n’est pas basée sur les étoiles, mais sur la terre, les plantes
et les animaux. Il a publié un livre dans lequel il développe sa théorie. Il
peut être intéressant d’en prendre connaissance si l’on désire approfondir le
sujet.
Réalisation d’une roue de médecine
On peut créer de petites roues dans une demeure avec des cristaux. Dans
tous les cas, on va sentir l’énergie qui s’en dégagera si elle a été construite
dans les règles. La première étape de création d’une roue de médecine est la
même que pour tout moment d’importance : chaque personne se purifie,
puis les lieux et les pierres sont purifiés avec la fumée de sauge. Il est même
recommandé de déposer les cendres de l’encens sur les pierres qui seront
utilisées. Car des pierres en nombre suffisant doivent avoir été rassemblées
près du carré qui, lui aussi, doit avoir été préparé pour accueillir la roue
(essouchage, désherbage, etc.). Tout au long de la réalisation de la roue, on
reste en silence pour se laisser habiter par la forme sacrée que l’on est en
train de configurer sur le sol.
Après la purification, on se met donc au travail7. On identifie le centre où
sera la roue, on y dépose la première pierre pour le Créateur. Et comme la
géométrie du cercle est cruciale pour le vortex d’énergie, Aigle Bleu utilise
une corde pour mesurer le rayon entre le centre et les pierres qui seront
déposées dans chaque direction, en fixant celle au nord en premier lieu, puis
à l’est, au sud et à l’ouest. La distance doit être la même entre la pierre du
centre et celles des directions. Suivront les pierres entre le nord et l’est :
celles de l’oie sauvage blanche, de la loutre et du cougar (puma) ; entre l’est
et le sud : celles de la buse à queue rousse, du castor et du chevreuil ; entre
le sud et l’ouest : celles du pivert, de l’esturgeon et de l’ours ; entre l’ouest
et le nord : celles du corbeau, du serpent et de l’élan.
On place ensuite en ligne, partant de la pierre du nord jusqu’au centre, les
pierres qui vont correspondre aux attributs de cette direction, soit celles de
la purification, du renouveau et de la pureté. Les attributs de l’est sont la
clarté, la sagesse et l’illumination. Ceux du sud, croissance, confiance et
amour. Ceux de l’ouest, expérience, introspection et force. À chaque
direction jusqu’au centre, on tire une ligne jalonnée par 3 pierres. En cercle
rapproché de la pierre du Créateur, on pose 7 autres pierres en cercle : pour
la très sainte Terre-Mère, le Père céleste (Soleil), grand-mère Lune, et les
clans des éléments, ceux de l’Oiseau Tonnerre (Feu), de la Grenouille
(Eau), du Papillon (Vent) et de la Tortue (Terre).
Activation de la roue
Lorsque la roue est complétée, tous prennent place à l’extérieur du cercle
qu’elle forme pour sentir l’énergie qu’elle dégage, avant qu’elle soit
activée. Puis, la roue de médecine est activée de la même manière qu’on
active un autel tortue : on accueille la roue de médecine en toute simplicité,
les paumes ouvertes vers elle. On lance le chant du cœur en invitant la roue
à se manifester en cet endroit et dans ces pierres. L’énergie, après le chant,
est généralement beaucoup plus forte. Il faut prendre le temps de la sentir.
C’est en tournant autour de la roue qu’on peut bien la détecter.
Lorsqu’on arrive près d’une roue activée, on en fait un tour complet dans
le sens horaire avant de pouvoir circuler à l’intérieur. C’est comme une
salutation empreinte de respect pour le caractère sacré qu’elle exprime. Si
on désire rentrer dans la roue, il faut emprunter un des sentiers qui se rend
au centre à partir de n’importe quelle direction, on pourra en ressortir par
n’importe quelle autre direction. Ce qui est obligatoire est de suivre les
4 sentiers de pierres. Lorsqu’on ressort de la roue, on refait un tour complet.
On recule ensuite de quelques pas en regardant la roue, puis on s’incline
pour la saluer et la remercier. On peut alors s’éloigner en marchant
normalement.
Bénédiction de la roue
Ce qui permet d’augmenter de manière qualitative l’énergie d’une roue
de médecine, c’est la bénédiction. À cette occasion, tous peuvent apporter
leurs objets de pouvoir personnels afin qu’ils soient bénis par la roue. Le
vortex augmentant, les objets de pouvoir vont en bénéficier et se recharger
d’énergie.
C’est en plaçant un crâne d’animal avec ses cornes sur la pierre centrale
qu’on stimule le vortex. Il s’agit habituellement d’un crâne de bison, mais
tout crâne de cervidé avec des cornes est un fort capteur d’énergie astrale.
On le purifie et on se purifie avant de le déposer au centre. On y met une
intention, soit de guérison, soit d’obtention de quelque chose en particulier.
Cela fortifie la bénédiction.
Les participants autour de la roue doivent également être purifiés avant
que la roue ne soit bénie. Pour ce faire, une eau énergisée est alors versée
sur la tête de la personne représentant la grande déesse mère, la Terre, afin
qu’elle bénisse chacun individuellement. Le chant des éléments est repris
jusqu’à ce que tous aient été bénis et soient ressortis à l’extérieur de la roue.
Une autre personne va compléter la bénédiction de la roue de médecine par
des prières et des incantations, bénissant tout l’espace et le lieu occupé par
la roue, ainsi que tous ceux qui sont autour avec l’énergie du Père céleste.
Après une telle bénédiction, le vortex se trouve à son plus fort et chacun
peut en bénéficier.
Comme pour le feu sacré, la roue de médecine à l’intérieur d’une maison
s’utilise de la même manière qu’à l’extérieur. On peut y déposer des objets
de médecine pour qu’ils soient rechargés. On peut mettre un verre d’eau
devant la roue, et l’eau sera bénie, puis on la boit avant de partir au travail,
etc. Il revient à chacun et chacune de découvrir avec créativité les rituels
convenant à sa mission.
COMPRÉHENSION DU CERCLE
La roue de médecine forme un cercle de pierres. Le cercle est aussi le
mode de fonctionnement au quotidien qui caractérise les Amérindiens, qui
illustre leur intention de demeurer dans l’unité. Dans un cercle, chaque
personne peut voir tous ceux qui en font partie. Chacun peut être attentif
à ce que dit quelqu’un lorsqu’il a la parole. Toutes les décisions prises dans
un cercle sont consensuelles, c’est-à-dire que tous ceux qui se trouvent en
cercle s’entendent sur les points amenant une telle prise de décision.
Que ce soit dans le cadre d’une gestion communautaire, nationale ou
internationale, le consensus apparaît comme principe unificateur, gage de
réussite harmonieuse pour tous les individus concernés.
Le cercle décisionnel
Avec la compréhension du cercle vient la compréhension des affaires. Le
cercle montre comment conduire de manière efficace les entreprises qui
nous tiennent à cœur, qu’elles soient commerciales ou communautaires. Le
cercle montre comment gérer les conseils ou les comités, comment diriger,
tout spécialement, les affaires communautaires d’une manière juste et
conforme aux lois universelles. Les décisions prises par consensus s’avèrent
plus productives, puisque chaque individu dans le cercle se sent impliqué
dans la mise en œuvre et la réalisation de la décision. Chacun perçoit qu’il
contribue réellement à la solution d’un problème ou à l’avancement d’une
situation. C’est un esprit communautaire qui mérite d’être développé là où
on l’attend le moins : dans la gestion d’un commerce. Des résultats concrets
s’ensuivent.
Les décisions qui sont supposées être démocratiques amènent très
souvent des abus, de la collusion, de l’injustice, parce qu’il y a toujours des
personnes qui ne sont pas d’accord. Au départ, si on établit un principe
selon lequel la majorité va l’emporter sur la minorité, on s’appuie sur une
prémisse inéquitable. Tous ne font pas partie de la solution ; il y a des voix,
des points de vue qui ne sont pas pris en compte. Du coup, on peut mettre
en doute le fait que ce puisse être « la » meilleure décision pour le bien de
tous.
Dans un mode de décision consensuel, il suffit qu’une personne ait
exprimé le fait qu’elle n’était pas convaincue de la pertinence de la décision
pour que celle-ci soit retardée. On admet d’emblée qu’il se pourrait bien
que cette dissidente voie plus clair que les autres dans la situation ; on se
donne par conséquent le temps de réexaminer la pertinence de la décision.
Pratiquer le consensus en toute circonstance, c’est un art de nos jours,
étant donné que, dans notre monde, des partis d’opposition siègent au
gouvernement pour surveiller de près le parti politique démocratiquement
élu détenant le pouvoir. C’est le règne de la contestation et de la
compétition. Il y a des opinions contradictoires qui circulent partout et en
tout temps, par le biais des multiples moyens de communication existants.
Ce sont des éléments impensables dans un cercle parce que tous, sans
exception, travaillent dans le même but, dans le même sens.
L’animateur du cercle, qui va transmettre le bâton de parole pour que
chacun s’exprime à tour de rôle, est habituellement la personne qui présente
le plus d’habiletés à synthétiser, après un tour de cercle, les interventions
qui ne peuvent être interrompues et auxquelles personne n’a le droit de
riposter. On émet son opinion, on verbalise sa pensée, on communique ses
émotions lorsqu’on tient le bâton de parole, ça s’arrête là, puis le bâton est
remis au voisin de gauche. Car on suit la rotation du cycle solaire.
Le bâton circule autour du cercle pour désigner qui a la parole, qui doit
être écouté. Chacun émet son avis librement, mais ce n’est pas dans une
optique d’alimenter quelque discussion que ce soit. De l’ensemble des
partages se dégage généralement une idée centrale commune. Il arrive
qu’on doive faire circuler le bâton plusieurs fois autour du cercle avant que
ne s’établisse un consensus. C’est normal. Ainsi, le consensus qui ressort
à la fin suppose parfois qu’on doive faire des concessions, des efforts
d’acceptation, donc, une certaine démarche intérieure personnelle. Mais si
on n’a pas de sérieuses objections, on finit par se ranger à l’idée des autres
pour que la situation avance. Fondamentalement, dans un cercle, on
poursuit un objectif commun. Pour cette raison, le consensus signifie, dans
tous les cas, un accord unanime, une pleine et libre adhésion de tous.
Les nations autochtones du monde fonctionnent sur la base consensuelle,
incluant les communautés desquelles est issue Anastasia. Ces dernières, non
seulement avaient adopté un mode de décision consensuel communautaire,
mais plusieurs l’avaient étendu à la nation. La communauté pour les
autochtones, on se le rappellera, circonscrit un groupement à l’intérieur
duquel les gens vivent, alors que la nation est constituée par plusieurs
groupes parlant la même langue dans une même région géographique. On
élisait par consensus une personne pour représenter la communauté au
conseil de la nation, soit le conseil national. De cette manière, tous
s’entendaient sur ce choix, et l’élue correspondait toujours à « la »
meilleure personne en mesure d’accomplir la tâche. Fait amusant, dans un
mode démocratique, on obtient souvent le contraire : l’élue est la pire des
personnes pouvant représenter la population, car elle va révéler, tôt ou tard,
qu’elle est prête à tout faire pour garder le pouvoir et en profiter
personnellement au détriment des électeurs.
Chez les communautés autochtones, il y a eu plusieurs formes de
« nations unies » qui se sont succédé, et ce, bien avant la création de
l’organisme actuel nommé « Nations unies ». Les regroupements de nations
autochtones démontraient un réel souci de justice pour tous. Aucun
« conseil de sécurité » n’était constitué, par conséquent, aucun nombre
réduit de nations imposantes ne pouvait voter contre les autres, voire les
écraser, parce qu’elles avaient plus de poids que toutes les autres nations
mises ensemble. C’est pourtant le système mis en place qui s’observe aux
Nations unies !
Si l’on regarde la loi divine, on constate que le soleil brille de la même
façon sur le dirigeant d’un pays que sur la petite fourmi. À cela, on peut
comprendre que tous sont égaux dans l’œil du Grand Esprit. Il faut
respecter sa loi. C’est ce que réalise le mode décisionnel par consensus, tant
dans les conseils communautaires que nationaux ou internationaux du
monde naturel partout sur la terre.
Un élément dont il faut tenir compte dans les cercles communautaires est
la nature de la participation. C’est encore plus important lorsqu’il s’agit
d’un conseil décisionnel. Ce n’est pas tout le monde qui y participe. En
général, ce sont les personnes activement impliquées dans la communauté.
Autrefois, c’étaient les mères ou les femmes s’occupant des enfants, ainsi
que les chasseurs, qui participaient aux décisions, parce qu’ils contribuaient
concrètement à l’avenir de la communauté. De nos jours, certains
souhaitent participer à des conseils décisionnels sans s’impliquer dans la
bonne marche de la communauté ; ils paient leur cotisation et estiment que
cela suffit. En ce cas, il peut arriver que ce soit difficile d’avancer dans un
conseil avec des membres qui sont, en quelque sorte, inactifs. Comment
pouvons-nous faire consensus sur des besoins concrets de la communauté
quand certains les ignorent ? Ces gens ne sont pas là par souci des autres, ils
sont là pour s’écouter parler. Il est possible et souhaitable de rejeter un
membre qui met ainsi la bisbille dans un cercle, si tous sont d’accord pour
le faire.
Le cercle de parole ou de guérison
Bâti sur le modèle amérindien, le cercle de parole peut être utilisé aussi
pour la guérison. Mais il faut pratiquer régulièrement le partage en cercle
afin de nous défaire des conditionnements qui entravent notre expression.
Savoir parler en cercle est un apprentissage à faire, tout comme il faut
apprendre comment se crée le consensus dans un conseil décisionnel.
Quand les gens parlent en cercle pour la première fois, ils ont
habituellement peur de parler. Ils parlent peu ou pas du tout, ou au
contraire, ils parlent trop, prenant ainsi toute la place, car ils savent qu’ils
ne seront pas interrompus. En fait, ils ne savent pas se comporter
à l’intérieur du cercle ! Ils n’ont pas compris que tous y sont égaux, que
tous y ont la même importance, que tous ont droit au même temps de
parole. C’est une simple question de respect.
Dans le cercle, on s’exprime avec le cœur, on confie ce que l’on pense
réellement. C’est le contraire de ce qui se passe dans nos sociétés où nous
apprenons que ce n’est pas toujours une bonne idée que de dire ce que l’on
pense et où les individus, depuis leur enfance, ont appris qu’il est même
préférable de mentir pour plaire, ou tout au moins, de se taire. Ils craignent
de parler avec le cœur pour ne pas se dévoiler, car d’autres pourraient
utiliser contre eux ce qu’ils ont dit. Cela ne risque pas de survenir dans un
cercle. Personne ne répète à l’extérieur ce qui a été dit à l’intérieur d’un
cercle de parole. Ce qui est dit dans le cercle reste dans le cercle.
Comme l’implication dans une communauté est essentielle selon les
préceptes amérindiens, il importe, en particulier pour ceux et celles qui
désirent être praticiens en chamanisme, de s’engager dans leurs
communautés. Tout au cours de leur formation, ils peuvent profiter de la
communauté spirituelle qui se constitue naturellement entre eux ; c’est un
égrégore qui les accompagne. Une communauté locale (groupe
géographique) est également souhaitable pour pratiquer ensemble. Si l’on
veut porter des enseignements chamaniques, tels ceux que transmet
Aigle Bleu, il faut pratiquer sans relâche. Il est alors très utile de partager
avec d’autres qui ont les mêmes pratiques. On peut parler de ce qui va bien
ou moins bien ; les autres nous soutiennent et nous motivent. Enfin, il serait
d’un grand intérêt pour tous – quel que soit votre travail – d’expérimenter la
mise sur pied d’un cercle de femmes ou d’hommes à l’endroit où vous
travaillez, en dehors des heures rémunérées… ou dans la communauté où
vous habitez.
L’esprit communautaire, le niveau 5 des bonnes relations à établir, est
difficile à acquérir pour les Occidentaux, car la différence est grande par
rapport à un esprit sociétal où l’argent définit la relation entre les individus
et les classes. La création de divers groupes communautaires, alignés sur les
lois divines, est encourageante. Cela redonne l’espoir en un monde bientôt
recréé dans l’harmonie et la joie. Certains groupes ont même des
connaissances et de l’expérience concernant le domaine familial ; ils
peuvent contribuer par leur soutien à la création de beaucoup d’autres petits
paradis terrestres.
Le cercle devient un outil de guérison si l’on s’exprime avec le cœur. On
possède à l’intérieur de soi une sagesse innée, naturelle, parce que nous
sommes les filles et les fils du Grand Esprit. Ce dont nous avons besoin
pour guérir de nos multiples tribulations consiste très souvent à simplement
pouvoir les partager en toute confiance. En les exprimant, on les voit avec
une certaine distance. À travers l’optique du groupe, cela permet de prendre
du recul vis-à-vis de ce que l’on vit. Cela permet de se guérir. Si l’on ne
partage pas, on reste pris avec ce qui nous embarrasse. Cela devient très
lourd. Si on l’exprime, cela sort de soi ; le groupe l’accueille. On n’est plus
tout seul à le porter. Notre sagesse innée peut alors entrer en action et
apporter les solutions nécessaires.
Il existe des cercles de guérison organisés à cette fin – toutes les
communautés autochtones en ont un. Cela ressemble à la dynamique des
mouvements tels ceux des Alcooliques anonymes. C’est toujours le même
principe qui est mis de l’avant, à savoir le total respect de l’intégrité d’une
personne qui peut ainsi se confier sans crainte.
« Avant que la Terre existe, telle que nous la connaissons, il y avait le pays merveilleux du
Grand Esprit où toute chose était parfaite. Au centre de ce monde, il y avait un arbre immense
sur lequel poussait tout ce dont les gens avaient besoin. La fille du Grand Esprit aimait
beaucoup aller jouer au pied de cet arbre et, souvent, dans son jeu, elle creusait au pied de
l’arbre parce qu’elle aimait jouer dans la terre. Un jour, elle avait tellement creusé qu’elle
a passé au travers et en dessous, elle voyait la Terre. À ce moment-là, la Terre était entièrement
couverte d’eau, et la fille du Grand Esprit trouvait très beau ce joyau qui chatoyait dans
l’espace. Donc, elle agrandissait son trou à chaque fois pour mieux regarder. Un jour, elle
s’était tellement penchée pour regarder qu’elle est tombée vers la Terre.
Le Grand Esprit qui voit toute chose a lancé une voix vers les animaux de la Terre pour qu’ils
protègent la “femme venue des étoiles”. C’est le nom qu’on lui a donné. Ce sont les outardes
(ou bernaches) qui sont montées, et chacune a pris un fil de son vêtement. Comme elles étaient
très nombreuses autour d’elle, elles ont pu ralentir la chute. Les outardes ont ensuite appelé de
leur voix très forte un autre animal qui pourrait la recueillir parce qu’elles voyaient que la
Femme venue des étoiles tombait dans l’eau. Elles ne voulaient pas qu’elle s’enfonce dans
l’eau. Une énorme tortue de mer est alors montée à la surface de l’eau. Elles ont déposé la
Femme venue des étoiles sur le dos de la tortue.
Tous les animaux se sont rassemblés autour d’elle, étonnés et vraiment très heureux de voir la
Femme venue des étoiles. À ce moment-là, celle-ci a demandé aux animaux d’aller chercher
un peu de terre au fond des eaux. Les plus orgueilleux – le cougar, l’ours – se sont offerts et
ont plongé, mais la terre était très loin sous l’eau. Ils sont remontés à bout de souffle, ils
n’avaient pas encore réussi à toucher le fond de l’eau. Après que plusieurs autres animaux,
assez grands et puissants, eurent essayé, pas un ne réussit. Ils remontaient, l’un après l’autre,
au seuil de la mort. Donc, plus un ne voulait essayer. C’est là que l’humble rat musqué a dit :
“Je vais essayer. Je suis habitué à l’eau.” Il a plongé et est demeuré plus de trente minutes dans
l’eau. Finalement, quand il est réapparu à la surface, il était mort, mais il avait réussi. Il avait,
dans ses deux pattes, recueilli de la terre. C’est pour ça que le rat musqué est encore
aujourd’hui honoré par les peuples du Nord.
La Femme venue des étoiles a pris la terre et l’a répandue sur le dos de la tortue, et la terre
s’est mise à se répandre, et à se répandre, et à se répandre, jusqu’à former la “Grande Île
Tortue”. Nous voyons encore la forme de la tortue en regardant l’Amérique du Nord sur une
carte. La tête est au pôle Nord, les deux pattes avant sont celles du Québec et de l’Alaska, les
pattes arrière, celles de la Floride et de la Californie, la queue de la tortue, c’est le Mexique.
Tous les peuples amérindiens donnaient à l’Amérique du Nord le nom de “Grande Île Tortue”.
L’histoire, ensuite, est très longue, quant à ce qui s’est passé par la suite. Ce qu’il faut retenir
est que c’est la Femme venue des étoiles qui a créé l’humanité.
Au moment de repartir vers le monde de son père, elle a demandé aux peuples (elle a eu
beaucoup d’enfants, de petits-enfants, d’arrière-arrière-petits-enfants) à être enterrée dans un
endroit très précis dans la forêt, et qu’il se passe une année avant qu’ils reviennent sur les lieux
de la sépulture. Ils l’ont enterrée et ont quitté les lieux. En revenant sur les lieux où on l’avait
enterrée un an plus tard, là où était son ventre une plante avait poussé. C’était le maïs. Il était
là pour nourrir le peuple ; tous ses besoins étaient comblés par le maïs. Là où avaient été ses
seins avaient poussé les courges et les haricots, qui donnent la force de vie, la force de
procréation à l’homme, et là où était sa tête avait poussé le tabac, qui permet à l’homme
d’établir une communication avec le monde du Grand Esprit. Pour que tous puissent rester en
lien avec la Femme venue des étoiles et son Père.
À partir de ce moment, le peuple a toujours utilisé le tabac comme « sacrement », comme
manière d’entrer en relation avec le monde d’En Haut, le monde de l’Ungawi, le monde de la
forme idéale, en offrant au feu sacré des feuilles de tabac.
Et après, l’histoire est encore plus longue. Est venu un temps où les hommes ont commencé
à oublier les enseignements de la Femme venue des étoiles, où ils ont commencé à perdre le
sentiment d’unité avec le Grand Esprit. Dans cette perte de conscience, la famine a frappé le
peuple. Il y avait une nation située dans les plaines centrales, à peu près sous la Saskatchewan
et l’Alberta, un peu plus bas que le Montana. C’était une bande de Sioux Lakotas, qui était
dans une période de famine intense.
Et ils avaient envoyé deux chasseurs en quête de gibier parce que, tous les jours, il y avait des
groupes différents qui partaient ; la bande était affamée. Les deux chasseurs avaient voyagé
pendant trois jours et, à un moment donné, ils avaient vu une forme qui venait vers eux au
loin. Au début, ils pensaient que c’était un bison, mais, à mesure que la forme se rapprochait,
ils se sont aperçus que c’était une femme. Et, comme elle se rapprochait, ils ont vu qu’elle était
tout habillée en blanc. Les peaux blanches sont extrêmement rares et longues à préparer, c’est
ce que portent les enseignants spirituels habituellement.
Plus près d’eux, les chasseurs ont pu voir que c’était une femme d’une beauté radieuse au-delà
de toute description. Ils en étaient saisis. Elle leur dit : “Retournez dans votre village et
préparez une loge de cérémonie. Dans quatre jours, je viendrai y enseigner.” Empressés, ils
sont retournés au village, ont tout raconté au chef. Le conseil s’est rassemblé, ils ont bâti une
grande loge de cérémonie et, quatre jours plus tard, la Femme venue des étoiles est apparue
avec, dans une main, un ballot, et dans l’autre, une branche de sauge. Et elle est entrée dans la
loge cérémonielle, elle en a fait quatre fois le tour en chantant, elle s’est assise à la place
d’honneur et s’est mise à enseigner pendant quatre jours.
Elle a donné des enseignements qui s’adressaient aux hommes, qui s’adressaient aux femmes,
qui s’adressaient aux enfants et, enfin, aux aînés. Et elle a transmis le calumet sacré en
donnant l’instruction au peuple qu’à partir de ce moment, il devait apprendre à prier,
à remercier, parce que tant qu’il utiliserait le calumet sacré, il ne manquerait plus de rien.
L’abondance serait toujours avec lui, et il resterait toujours en unité – cette unité qu’il avait
perdue, avec le Grand Esprit et le monde de la forme idéale lorsqu’il avait oublié de remercier
pour l’abondance de la terre.
Au moment de repartir, la Femme Bisonne Blanche a remis le ballot au peuple et a marché en
chantant et en dansant jusqu’à une certaine distance. Elle a roulé au sol, elle s’est relevée, elle
était un bison de couleur jaunâtre. Elle s’est roulée de nouveau sur le sol, elle s’est relevée, elle
était ocre. Elle s’est roulée de nouveau sur le sol, elle s’est relevée, elle est réapparue comme
un bison noir. Elle s’est roulée sur le sol, elle s’est relevée, et elle est apparue comme un bison
blanc. Puis elle a disparu au loin sous cette forme. Peu après, un grand troupeau de bisons est
apparu près du campement, et les Lakotas ont fait une bonne chasse.
C’est pourquoi, depuis ce temps, chaque fois qu’il naît un bison albinos en Amérique du Nord,
tous les Indiens viennent de partout pour témoigner de leur révérence et de leur espérance
parce qu’il est dit que c’est cette énergie-là qui, aujourd’hui, va revenir. Cette Femme Bisonne
Blanche va revenir pour donner les enseignements qui vont nous permettre de réharmoniser
l’humanité et de guérir la terre. »
Le calumet de paix
Pour Aigle Bleu, la Femme Bisonne Blanche de l’histoire est revenue,
c’est Anastasia, la femme exceptionnelle qu’on découvre dans les livres de
Vladimir Mégré. Quant au calumet décrit, l’enseignant explique qu’il existe
encore, mais qu’il est tellement fragile que les Sioux ne peuvent plus
l’utiliser et ne le sortent qu’une fois tous les sept ans. Des personnes
spéciales sont invitées pour cette occasion, et le ballot qui contient le
calumet sacré est alors ouvert. Mais depuis que cet événement a été raconté,
la médecine de la pipe sacrée s’est propagée partout à travers les nations des
Amériques du Nord, du Sud et centrale. C’est l’outil spirituel le plus
puissant qui existe sur la terre aujourd’hui. Il symbolise l’Univers et tout ce
qui existe dans l’Univers.
Aigle Bleu déballe solennellement, à ce moment-là, la pipe sacrée qu’il
a tenue avec beaucoup de fierté tout au long de son récit. Il est un porteur de
pipe, et cela est très important pour lui.
La pipe sacrée permet de faire l’unité de tous les mondes, de tous les
règnes, et de notre conscience avec celle du Créateur. Elle ouvre une porte,
établissant ainsi une communication directe avec le monde spirituel et le
monde du Grand Esprit. C’est pour cela qu’il faut toujours prendre le temps
de se purifier avant d’offrir une pipe. Rien ne peut demeurer caché
lorsqu’on partage une pipe.
Tout étant transparent pour le Grand Esprit, tout doit être droit. Pour cette
raison, les Indiens fumaient toujours un calumet avant de signer un traité.
Ils pensaient ainsi : « J’ai touché au calumet, je ne peux pas mentir, parce
que le Créateur est là, et il le sait. » Les circonstances devaient même être
terribles si l’on mentait après avoir fumé un calumet sacré. Les Blancs l’ont
surnommé « calumet de paix » parce qu’ils constataient que leurs vis-à-vis
au moment de la signature étaient résolus à respecter leurs engagements.
Rien ne nous étonnera, par conséquent, du fait que ce soient les
Occidentaux qui aient brisé, en premier, les traités conclus avec les Indiens.
Sur une centaine de traités qui ont été signés entre les Blancs et les Indiens,
les Occidentaux n’en ont respecté aucun, alors que les Indiens en ont brisé
seulement un, et ils l’ont fait après que les Blancs eurent brisé le leur.
Le climat sociopolitique actuel en Amérique du Nord ne s’améliore pas
et, vraisemblablement, ne s’améliorera pas prochainement. En fait, tout
arrive tel que les Indiens le redoutaient : des conséquences terribles
devaient survenir si l’on mentait après avoir fumé un calumet sacré ! On ne
les a pas pris au sérieux. S’accomplit la prédiction.
Le caractère sacré des offrandes de tabac
Le tabac sauvage, celui qui était utilisé pour les calumets, existe encore.
Habituellement, d’autres plantes sont mélangées avec lui, telles que l’écorce
intérieure de saule rouge, la racine d’ours, l’aubier, la molène et la menthe
(pour que ce soit plus facile à respirer). Il n’est comparable à aucune variété
de tabac disponible sur le marché. On le fait pousser chez soi si possible,
sinon il existe des tabacs sans additifs, ou même du tabac certifié
biologique.
Le tabac est fumé à titre d’offrande. On ne respire pas la fumée : on la
prend et on l’offre. On dit que c’est le souffle rendu visible. On sait tous
que le souffle, c’est la vie, c’est ainsi rappeler l’importance de cette
offrande. Si nous rendons visible notre souffle, c’est quelque chose qui
existe pour la première fois ; le rituel du calumet sacré ou de la pipe sacrée
devient, de ce fait, une expérience privilégiée. C’est, en quelque sorte, le
vent que nous voyons pour la première fois et qui disparaît aussi vite dans
le monde spirituel en emportant avec lui nos prières. Nous voyons aussi
comment le souffle se disperse tout en s’agrandissant, nous en déduisons
que ce souffle-là va se répandre sur toute la terre. Dans chacune de nos
respirations, nous respirons l’air qui a été respiré par la Femme venue des
étoiles, la Femme Bisonne Blanche, tous les saints et tous les grands
enseignants qui ont existé sur la planète – ici, là, dans l’air, en ce moment
précis, autour de nous, ils continuent de la sorte à nous être présents.
Lorsque vous prenez la fumée de la pipe et que vous la soufflez dans
l’air, c’est votre intention qui se met à voyager. C’est votre prière qui est
envoyée avec la fumée, étant donné que le canal est ouvert et que le lien est
direct avec le monde spirituel. Vous vous apercevrez, si vous êtes attentif,
que dès que les deux pièces de la pipe sont réunies, il y a comme un rayon
électrique qui se produit. On peut très bien le sentir. Aussi faut-il en tenir
compte avec soin : toute interférence dysharmonique à travers ce rayon
d’énergie serait amplifiée mille fois ! Quand on désunit la pipe, on sent
encore davantage cette énergie qui se dissipe.
Tout le monde n’est pas appelé à utiliser le tabac et la pipe sacrée. Il
s’agit d’une médecine particulière impliquant deux grandes responsabilités :
1) ceux qui prient avec la pipe ont l’obligation de ne jamais rien oublier
dans leurs prières ; 2) si vous avez une pipe de travail et qu’on vous
demande des prières, vous devez les offrir. Il faut réfléchir avant d’accepter
de porter une pipe de travail, celle qui peut être partagée avec d’autres, ce
qui est différent d’une pipe personnelle qui est toujours utilisée seule. Il faut
se demander sérieusement si l’on désire être disponible de cette manière-là
pour venir en aide aux gens, car c’est très contraignant. Il faut, de plus, se
demander si l’on pense être capable d’intégrité et de droiture à chaque
instant où la pipe sera allumée, et ce, jusqu’à la fin de la cérémonie.
La pipe personnelle est celle qu’on reçoit pour un usage strict, privé,
personnel. On la fume toujours seul. Si on veut la partager avec d’autres,
donc, si on accepte de porter une pipe de travail, on la fait bénir de nouveau
à cette fin, après avoir utilisé la pipe personnelle pendant au moins un an.
C’est le temps nécessaire pour se familiariser avec cet outil.
Dès que la pipe est bénie, elle est activée. Il faut l’envelopper, parce
qu’elle devient un objet vivant qui a besoin d’avoir sa petite maison pour se
reposer. Trois tissus sont nécessaires : un pour le fourneau, un pour le tuyau,
un pour envelopper les deux pièces ensemble. C’est ce qui forme un ballot
que l’on porte avec un sens aigu des responsabilités qui y sont associées.
Cérémonie de la pipe sacrée
Aigle Bleu se purifie et purifie avec minutie chaque pièce de la pipe qui
se trouve dans son ballot et dont il vient de retirer les tissus. Il purifie le
fourneau en le passant au-dessus de l’encens de sauge : du nord au sud, de
l’est à l’ouest, du sud au nord, de l’ouest à l’est, puis à chacune des deux
ouvertures. Il fait de même pour le tuyau.
Le fourneau de la pipe représente la Terre, l’élément féminin de
l’Univers, la grande Déesse Mère. Il représente aussi les pierres, les roches,
les cristaux, les os de la Terre-Mère. Le tuyau de la pipe représente le Ciel,
l’aspect masculin de l’Univers, le Grand Esprit, le Père céleste ; le bois dont
il est fait représente toutes les plantes et ceux qui ont toujours leurs pieds
sur le sol, qui sont toujours debout, c’est la chevelure de la Terre-Mère.
La plume d’aigle suspendue habituellement à la tige, une des 7 plumes
pouvant y être accrochées, représente les enfants de la Terre-Mère qui
nagent, volent, rampent, les quadrupèdes et les insectes. Ainsi, les
quatre règnes sont représentés, puisque c’est le règne humain qui utilise la
pipe. La plume peut provenir d’un autre oiseau que l’aigle, à l’exception
des charognards (mouette, vautour, en fait, tous ceux qui peuvent se nourrir
de bêtes qu’ils n’ont pas eux-mêmes tuées). Si vous n’êtes pas certain de la
pureté de la plume, vous la suspendez au-dessus d’un bol d’eau durant une
nuit complète, la pointe à quelques centimètres de l’eau. Si l’eau est trouble,
le lendemain, ou s’il y a des impuretés dans l’eau, vous ne pouvez pas
utiliser cette plume. Le nombre de plumes (de 1 à 7) que vous accrochez
importe peu. Ce qui est essentiel, par contre, est de respecter les consignes
suivantes : si vous faites une prière pour la guérison, la plume est attachée
près du bec. Si c’est dans l’objectif de rassembler des personnes qui ne
s’entendent pas bien, par exemple, pour négocier une entente ou faire une
thérapie de couple, la plume est mise au milieu du tuyau. Pour la sagesse, la
plume pend près du fourneau.
Ainsi, toute chose qui existe dans la création se retrouve dans la pipe,
y compris les 4 éléments : terre (fourneau), air (la plume d’aigle), feu (qui
allume le tabac) et eau (la vapeur de la fumée). L’importance d’envelopper
séparément le fourneau et le tuyau, lorsqu’on ne les utilise pas, est ainsi
facile à comprendre : la pipe non jointe n’est pas activée et est au repos.
Pour faire une offrande avec la pipe sacrée, on suit les étapes ci-
dessous :
• Après la purification, on demande la permission d’offrir la pipe en la
présentant au Ciel. La réponse vient au cœur sous la forme d’un
assentiment ou à travers une voix intérieure qui nous dit que le moment
est bien ou mal choisi. Lorsqu’on obtient la permission, les deux pièces
de la pipe sont jointes, son pouvoir est alors créé. Suit l’offrande du tabac
sacré.
• Le tabac est offert en petites pincées dans le fourneau de la pipe en
suivant la géométrie des 7 directions, en commençant toujours avec le
nord, puis l’est, le sud et l’ouest, le Ciel, la Terre et l’intérieur de soi, où
s’établit la connexion avec le Grand Esprit. Chaque offrande est ainsi
faite en se tournant vers la direction nommée, sauf la dernière,
à l’intention du Grand Esprit qui, elle, symbolise l’inclusion de tout ; elle
se fait donc dans un mouvement circulaire.
• La pipe est allumée par son porteur qui se doit d’offrir une bouffée de
fumée d’abord dans les quatre directions, au Ciel et à la Terre. Ce n’est
qu’après ces offrandes que la pipe peut être partagée avec les personnes
présentes, qui auront toutes été purifiées au début de la cérémonie.
À partir du moment où la pipe est allumée, il est souhaitable que les
battements de tambour, s’il y en a, suivent un rythme très lent et stable
pour que tous se sentent en unité de cœur et d’esprit.
• La pipe « tourne » à chaque nouvelle personne à qui elle est présentée ;
un cycle est symbolisé par un mouvement en spirale de la pipe. Si
quelqu’un préfère ne pas fumer, la pipe est alors appuyée sur l’épaule de
cette personne, ce qui signifie qu’elle est tout de même dans le cercle de
la prière qui se déroule.
Après la cérémonie, le fourneau et le tuyau sont désunis pour être
enveloppés séparément dans leur tissu, puis recouverts d’une plus grande
pièce de tissu. Les cendres du fourneau sont offertes dans un lieu naturel. Si
on fume à l’intérieur, elles sont alors conservées pour être redonnées à la
terre au moment opportun.
Durant la cérémonie, les prières d’Aigle Bleu, parce qu’il est porteur de
pipe, doivent être formulées de manière à n’oublier rien ni personne.
À l’intention des praticiens chamaniques qui accepteront d’utiliser une pipe
de travail, voici les prières qu’il a adressées au Créateur au moment où il
complétait l’étape de purification de la pipe lors de son enseignement :
Que nos prières s’élèvent dès maintenant, qu’un flot continu de prières puisse s’élever vers le
monde de la forme idéale. Que nous puissions demander, au Grand Esprit et à toutes ses aides,
qu’assistance soit apportée pour recréer le monde, pour que nous puissions créer une terre où
l’air est bon à respirer et l’eau bonne à boire, que nous puissions corriger les erreurs de
l’humanité et que nous puissions cheminer ensemble avec toutes les races de la terre vers notre
bonheur, vers notre plénitude, vers notre harmonie, vers notre santé, vers le paradis terrestre,
qui est notre héritage. Que les erreurs du passé soient pardonnées à tous et à toutes, mais que
nous puissions cheminer sans nous écarter, un seul instant, de la voie étroite vers le monde
parfait que nous devons incarner ici, sur terre.
Pour les cristaux, les métaux, les pierres et les roches, pour les légumes, les fruits, les arbres,
les herbes, les arbustes, les mousses, pour les champignons et les algues, soyez avec nous,
acceptez notre prière et notre offrande.
Pour l’esprit et le pouvoir des ancêtres de la race blanche, des ancêtres de la race jaune, des
ancêtres de la race rouge, des ancêtres de la race noire, des ancêtres de la nation Arc-en-Ciel,
soyez avec nous, acceptez notre offrande et notre prière.
Pour ceux qui volent dans les airs, pour ceux qui nagent dans les eaux, pour ceux qui rampent
sur la terre, pour les insectes et les quadrupèdes, merci, acceptez notre offrande, soyez avec
nous.
Pour les participants de la formation « Créons le monde » en Europe et au Canada, nous
offrons cette pipe : qu’ils soient protégés, qu’ils soient inspirés, qu’ils soient guéris et qu’ils
marchent fiers et droits sur le sentier de l’Esprit.
Enfin, une dernière intention est formulée en silence après qu’elle a été
adressée : « Pour le Créateur, le Grand Esprit ! »
C’est à la suite de toutes ces offrandes et de toutes ces prières que le
tabac sacré est mis dans le fourneau et que la pipe est allumée pour être
offerte aux personnes qui assistent à la cérémonie. L’intention de l’avant-
dernière offrande formulée par Aigle Bleu, « pour les participants de la
formation… », va évidemment changer en fonction du groupe présent ou de
la demande qui a été faite au porteur de pipe.
Bénédiction d’une pipe de travail ou d’une pipe personnelle
Pour la bénédiction d’une pipe de travail, on doit faire 108 attaches de
prière, soit 27 pour chaque direction, donc, de la couleur spécifique de
chaque direction. Les attaches sont offertes dans la nature autour du lieu où
la pipe aura été bénie. Pour une pipe personnelle, il est facultatif de se
préparer ainsi, mais c’est une excellente suggestion pour les aspirants
praticiens en chamanisme. Ainsi, on peut, si on le désire, souligner la
réception de sa pipe personnelle en préparant, chez soi, 108 attaches de
prière dans les 4 couleurs que l’on ira déposer dans un lieu naturel. Retenez,
toutefois, qu’au moment où une pipe personnelle est bénie et activée, il faut
minimalement faire 7 attaches de prière et les offrir dans les quatre
directions du lieu que l’on aura choisi pour l’offrande.
Pour la bénédiction des pipes personnelles lors du stage, Aigle Bleu
s’installe au centre de la roue de médecine, où il a demandé que les pipes
soient déposées. À cette occasion, il fera une longue prière solennelle sur un
ton chantant :
Créateur, Grand Esprit, d’une manière sacrée, nous offrons le calumet sacré. D’une manière
sacrée, nous prions dans le cercle sacré de nos ancêtres afin d’implorer Ta grâce. Nous
remercions pour tout ce que nous avons reçu ici, nous remercions pour les dons du calumet
sacré, nous remercions pour Sun Bear et pour toute la lignée de ceux qui ont porté la pipe
depuis des temps immémoriaux. Nous remercions infiniment pour les gens qui sont venus
puiser à la source de Ta sagesse. Nous remercions pour tous ceux qui ont contribué de près ou
de loin à cette offrande sacrée. Nous remercions pour les enseignements qui nous soutiennent
chaque jour de notre vie et qui nous permettent d’espérer des lendemains plus heureux pour
nos enfants et les enfants de nos enfants.
Regarde, comme nous faisons pitié, Créateur, ô Grand Esprit !
Regarde la destruction qui se passe sur terre et regarde les bonnes volontés des gens qui sont
ici, qui veulent aider à recréer le monde, qui ont le souci et le courage de marcher sur la voie
étroite. Je T’en prie, envoie-nous Ton aide, Créateur ! Ta protection, Ton inspiration, Ta
guérison ! Donne-nous la force de marcher sur le sentier, et la clarté, et la pureté de l’Esprit,
qui nous permettront d’avoir vraiment la pensée juste, la parole juste et l’action juste.
Nous remercions pour la Très Sainte Terre-Mère, pour les vallées, les montagnes, les plaines,
les ruisseaux, les rivières, les lacs, les océans, les nuages, la pluie, pour les vents venant des
quatre directions, les feux, les volcans, les éclairs. Nous remercions pour les cristaux, les
métaux, les pierres, les roches, les légumes, les fruits, les arbres, les herbes, les mousses, les
champignons, les plantes et les algues. Nous remercions pour ceux qui volent dans les airs, qui
nagent dans les eaux, qui rampent sur la terre, pour les quadrupèdes, les jeunes et les enfants,
les aînés, ceux qui ont quitté cette vie et ceux qui ne sont pas encore nés.
Viens, Créateur, bénir les pipes sacrées et leurs porteurs. Qu’ils puissent être protégés,
intègres, honnêtes et dévoués dans leur service à la communauté. Tanhethkumitim Gitche
Manito, O Sada, Aho.
Les calumets sacrés ne sont pas l’exclusivité des hommes. Les femmes
peuvent, elles aussi, fumer une pipe personnelle durant leurs lunes si elles le
désirent, mais elles ne peuvent pas utiliser une pipe de travail. D’ailleurs,
dans les différentes nations, les porteuses de pipe préféraient attendre leur
ménopause pour utiliser une pipe de travail. C’était plus simple, car si on
leur demandait des prières durant leurs lunes, elles ne pouvaient les faire, la
période des lunes correspondant à une cérémonie en soi de l’ordre de la
vigile. Par contre, si la vie et les circonstances les obligeaient à travailler
avec la pipe durant leurs lunes, elles devaient porter une pierre de lune dans
le nombril avec l’intention de bloquer toute réception et toute émission
pendant le temps de cette cérémonie. Immédiatement après, elles la
retiraient et la purifiaient. Une autre alternative consistait à préparer des
petites attaches de prière en coton rouge contenant du sel et à les fixer à la
taille, sous leur vêtement. Le but visé, d’une manière ou de l’autre,
consistait à bloquer l’énergie des femmes en période de lunes, parce qu’elle
est plus forte que celle des autres. C’est une énergie plus sauvage, plus
élémentaire. Elle est aussi plus difficile à contrôler ; par ailleurs, les
femmes, généralement, ne ressentent pas le désir de la contrôler.
TRANSMISSION DU FEU SACRÉ
Les enseignements d’Aigle Bleu sur le feu sacré s’inspirent de la
tradition apache. Quelques préalables essentiels pour la réalisation d’un feu
sacré sont énumérés ci-dessous :
1. Il faut déterminer, avec les mains, les lignes électromagnétiques
telluriques, c’est-à-dire les méridiens d’énergie qui courent le long de la
terre. Idéalement, on essaie de faire le feu là où il y a un croisement de
méridiens. C’est le point le plus fort – une sorte de point d’acupuncture
pour la terre.
2. Il faut bien dégager le sol. Si l’on fait un feu à un endroit où l’on n’est
pas certain de revenir ou si l’on n’a pas le contrôle du lieu, on enlève la
tourbe et on la met de côté. Quand la cérémonie du feu sacré sera
terminée, on va éparpiller les pierres et remettre en place la tourbe, après
avoir ramassé les cendres, pour qu’elle reprenne. Si vous créez un lieu
sacré, vous en avez la pleine responsabilité. Alors, si une personne est
irrespectueuse dans un lieu sacré, cela peut la rendre malade, donc, il
vous faut retirer toute la nature sacrée du lieu avant de partir.
3. On ne peut pas utiliser le feu sacré pour cuire la nourriture. Son
utilisation est strictement de nature sacrée, donc pour la prière et les
offrandes. Si l’on doit faire de la cuisson, on fait un autre feu à un autre
emplacement.
4. En déposant 12 pierres sur le sol pour former le cercle à l’intérieur
duquel le feu sacré va brûler, on ne doit pas oublier de laisser une
ouverture dans la direction où le soleil se lève au jour du solstice d’été,
donc, vers l’est-nord-est.
5. On prépare 4 fagots avec 8 bâtons, en allant en grosseur croissante.
Chaque fagot est attaché avec de la ficelle blanche. On rassemble assez
d’écorces de bouleau ou autres matériaux d’allumage pour que le feu
prenne sans peine.
Lorsque tout est prêt, on amorce l’installation du feu. En premier lieu, on
utilise un cristal que l’on réserve uniquement pour les feux sacrés. Avec ce
cristal, on fait un trou au centre du cercle de pierres. On prend du tabac pour
présenter une offrande pour le feu. C’est à la fois une demande de
permission pour faire le feu et pour bénir le lieu choisi. Cela se fait de la
façon suivante : on place la main contenant du tabac sacré sur le cœur et on
y met des sentiments de bénédiction ; ensuite, la main sur le front, avec des
pensées de bénédiction ; enfin, on y donne vie avec le souffle. Aigle Bleu,
en exécutant ce rituel, formule ainsi sa prière : « Terre sacrée, accueille ici
l’esprit et le pouvoir du feu sacré. Je demande la permission à tous les
esprits du lieu d’accueillir ici le feu sacré. » Un silence suit. Sa main
contenant du tabac sur le cœur, le front, et son souffle dessus, il reste ainsi
quelques instants, en silence, dans l’attente d’une réponse. Puis il dépose le
tabac au centre, dans le trou creusé par le cristal.
Le feu va ensuite être bâti en forme de cône et en spirale. Pour bien
illustrer la manière de le construire, Aigle Bleu va préparer le feu tel qu’il
doit être fait. Il place en premier une couverture d’allumage qui recouvre le
sol à l’intérieur des pierres. Il prend un bâton du premier fagot, et, tourné
vers l’est, il prie : « J’appelle ici, maintenant, l’esprit et le pouvoir de l’est,
lumière intérieure et extérieure, illumination, Aigle Doré. Viens ici,
maintenant, nourrir cette prière et ce feu sacré. » Il dépose le bâton au
centre du feu et prend un 2e bâton en se tournant vers le sud : « J’appelle ici,
maintenant, l’esprit et le pouvoir du sud, celui de l’amour, de la confiance,
de l’innocence, de la petite souris et du coyote. Viens ici, maintenant,
nourrir cette prière et ce feu sacré. » Il dépose le bâton au centre du feu et,
face à l’ouest, en tenant un 3e bâton, il prie : « J’appelle ici, maintenant,
l’esprit et le pouvoir de l’ouest, du sentier de la médecine, de l’ours noir et
de l’ours brun. Viens ici, maintenant, nourrir cette prière et ce feu sacré. »
Le bâton déposé, il en prend un 4e pour se tourner vers le nord et prier :
« J’appelle ici, maintenant, l’esprit et le pouvoir du nord, celui du grand
vent froid qui purifie la terre et donne aux hommes force et endurance, celui
du Grand Bison Blanc et de l’Esprit. Viens ici, maintenant, nourrir cette
prière et ce feu sacré. » Le bâton déposé, il prend les 4 bâtons qui restent
à l’intention des directions intermédiaires : « Venez ici, maintenant, nourrir
et bénir ce feu sacré. »
Il fait de même pour chaque fagot. Un petit rappel concernant la
technique déjà utilisée à d’autres occasions qui ont fait l’objet d’un
enseignement : lorsqu’on ramène le bâton de la direction, on tire fort pour
ne rien perdre de son esprit et de son pouvoir.
Certains vont trouver que c’est un rituel fastidieux. Cependant, si l’on est
bien ancré dans les gestes et les prières qui sont faits, on sent très bien
l’union toujours plus profonde qui se réalise avec chacune des sources
d’intercession à qui on s’adresse. C’est une manière de témoigner du
caractère sacré du feu avant même qu’il ne s’enflamme.
La dernière étape consiste à invoquer le feu. Plus on a une
compréhension du feu, plus on va le ressentir en l’invoquant et si on le
ressent, c’est à ce moment qu’on va l’allumer. Le gardien du feu s’installe
en position nord-est. Il ne sera disponible pour rien d’autre que le feu. Toute
son attention se portera sur le brasier pour l’alimenter au besoin. À noter :
on ne peut jamais quitter un feu sacré lorsqu’il y a de la flamme. C’est
comme si l’on recevait des invités à dîner, et qu’après les avoir installés
dans la salle à manger on les y abandonnait pour partir ailleurs. Cela
n’aurait aucun sens. Ainsi en est-il avec le feu sacré : on n’abandonne pas
son invité !
Les personnes qui sont demeurées en silence autour du cercle de pierres
pendant qu’Aigle Bleu préparait le cône de bois sont invitées à défiler, une
à une, devant le feu pour faire une offrande de farine de maïs en y mettant
leur intention personnelle. Le protocole est alors identique à celui de la roue
de médecine : on fait un tour complet du brasier dans le sens horaire, puis,
après son offrande, on recule en saluant le feu avec respect, comme si on
ramassait ses pas.
Il ne faudrait pas oublier de revenir près des cendres lorsqu’elles seront
refroidies pour prendre un peu de cendre afin de la rapporter chez soi.
Chaque fois que vous assisterez à un feu sacré, prenez-en toujours un peu.
Toutes les cendres vont se mélanger, et elles n’en seront que plus
bénéfiques. C’est surtout le frimas blanc à la surface qui est le plus puissant,
c’est comme une fine poudre. Cette cendre est la plus efficace en cas de
fièvre ou de maladie qu’on ne comprend pas. On en mélange alors une
pincée avec de l’eau et on la boit. Cela guérit presque toutes les maladies
lorsqu’il n’y a pas d’autre solution rapide à portée de main.
CONCLUSION
Comme lors des deux premiers stages, ce troisième atelier va se terminer
chez vous. Car c’est ce que vous allez faire avec les enseignements reçus
qui compte. S’ils ne sont pas mis en pratique, ils auront été vains. Ils
montrent comment transformer sa vie, comment l’organiser de sorte que
l’on soit plus heureux, toujours plus chaque jour, en contribuant aussi au
bonheur des autres dans notre famille, dans notre communauté.
Dans la mesure où vous vous adonnez à une pratique spirituelle assidue,
vous obtiendrez des résultats susceptibles de vous surprendre par les effets
qu’ils produiront en vous et chez les personnes de votre entourage. Cela
nécessite parfois de se lever plus tôt et de se coucher plus tard, mais si vous
prenez la peine de faire un exercice de relaxation complet avant de dormir,
vous allez récupérer deux heures de sommeil. En outre, comme il arrive que
l’on s’endorme avec des tensions, le temps de récupération pour le corps est
plus long. Alors, si vous avez fait, avant d’aller au lit, une relaxation
consciente de chaque partie du corps systématiquement, vous sauvez des
heures pour cette récupération. Donc, ne négligez pas les exercices de
relaxation : ils vont vous laisser également plus de temps pour la pratique
spirituelle !
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6 En 2014, les Éditions Saint-Germain-Morya ont publié une traduction française de ses manuscrits
d’auteur qui dataient de 2000-2001. Le titre de l’œuvre traduite est La résurrection et la vie éternelle
sont désormais notre réalité.
7 Il y a différentes règles à respecter au cours des étapes de construction de la roue de médecine. Le
but est de préserver le caractère sacré de cet espace-temps qui se crée. Pour les découvrir en détail, il
faut se rapporter à la vidéo du troisième stage de la formation « Créons le monde » qui se rapporte
à la réalisation de la roue de médecine. Aigle Bleu les a enseignées aux praticiens en chamanisme.
Récapitulatif
et approfondissement
LA PHILOSOPHIE AMÉRINDIENNE
Les principes et les vérités de cette philosophie s’inspirent des
enseignements transmis par Le Pâle, un gardien de paix venu dans les
Smokey Mountains, il y a plus de 2 000 ans, dont l’essentiel de la mission
consistait à rappeler les lois du Créateur.
La nature au service de l’humain
Cela nous amène à un élément capital de la philosophie amérindienne : la
nature reflète qui nous sommes. Nous possédons, à l’intérieur de nous,
toutes les énergies de l’Univers. Ainsi, tout ce qui est à l’extérieur est un
reflet de ce qui est en nous. En observant ce qui se produit à l’extérieur,
nous comprenons ce qui se passe en nous. Il faut donc observer
continuellement la nature et se référer à elle pour obtenir une juste
compréhension de qui nous sommes.
La nature n’a pas écrit de livres pour qu’on la comprenne. Il n’existe pas
de Bible ou de Coran de la nature ! On n’en a pas besoin. Tout est écrit dans
la nature elle-même. Les arbres, les plantes, les animaux et autres parlent
tout le temps, et ce qu’ils nous apprennent est toujours vrai. On peut
interpréter la Bible ou le Coran de mille façons différentes, mais la nature
n’a pas besoin d’être interprétée. Elle n’a qu’un sens. Elle ne peut
manifester que ce qu’elle est.
L’humain, par son libre arbitre, a la possibilité d’aller à l’encontre des
lois du Créateur, donc d’en tirer une mauvaise interprétation. S’il a reçu le
libre arbitre, ce n’était pas parce qu’il était taré à l’origine. Bien au
contraire, il recevait aussi, au même moment, la capacité de cocréation, soit
la possibilité d’aller encore plus loin avec les lois du Créateur pourvu qu’il
les respectât.
Nous avons ainsi la possibilité de faire des erreurs et d’apprendre de nos
erreurs. Toutefois, si l’on veut demeurer dans le sens du vrai, de ce qui est
bon et souhaitable pour soi et les autres, on doit regarder la nature. Une fois
le domaine familial créé, les gens se demandent souvent ce qu’ils doivent
planter. En fait, ils n’ont rien à décider. Ils doivent observer ce qui pousse
déjà sur place. Probablement qu’un quart de ce qui pousse là est
comestible ! Donc, il n’y a rien à changer, on n’a pas à toucher à quoi que
ce soit, ce qui pousse déjà là convient à cet environnement. Il se peut,
cependant, que nous ne sachions pas reconnaître ce qui pourrait être
comestible. Autrefois, c’était en observant la nature que l’on apprenait les
plantes ; ce n’était pas seulement en suivant une personne qui nous en
révèle les propriétés.
La compréhension de la nature n’a pas besoin d’être intellectualisée. Elle
survient en arrière-plan. Le simple fait d’être seul dans la nature, pendant
plusieurs jours, permet de se déconditionner, de se délester d’énormément
de choses en termes de conditionnements et de programmations. Anastasia
estime qu’en 9 jours on peut se déconditionner en profondeur, se
débarrasser de tout ce qui est faux dans ce qu’on a reçu depuis l’enfance. Si
l’on compare ces 9 journées nécessaires aux 12 000 ans de programmation,
la nature apparaît ultrapuissante et efficace.
Trois principes de base, trois vérités fondamentales
Lorsque le Divin se manifeste au sein du monde, il prend 3 attributs de
base. De même, 3 principes fondent notre nature humaine ; ils sont liés aux
3 feux primordiaux que l’on aperçoit lors des méditations :
1. La volonté d’être, c’est-à-dire le désir de créer le monde dans lequel on
vit, tel qu’on le souhaite. Pour qu’un projet se concrétise, cela suppose
qu’on en a eu auparavant l’idée ou l’intention, tout comme on a eu le
désir et la volonté d’œuvrer à sa réalisation. La volonté d’être représente
le pilier central de notre identité, l’aspect masculin de notre être. Elle est
l’énergie que l’on reçoit de notre père, le feu bleu.
2. La volonté d’être se manifeste au sein du monde. On la reconnaît dans et
par l’amour, qui assure la cohésion, la compassion et la sagesse de voir
avec discernement. Cette sagesse correspond au feu rouge, que l’on tient
de notre mère.
3. Les deux feux unis (père/mère) créent l’enfant – l’enfant que nous
sommes. C’est l’intelligence active qui reconnaît que tout être humain
possède une polarité masculine et une polarité féminine. Le feu jaune de
l’intelligence active permet la cocréation. Mais avant de cocréer, il faut
comprendre les lois du monde dans lequel on vit. Une fois qu’on les
comprend, on peut les utiliser pour créer le paradis, un monde parfait,
plus beau que celui dans lequel on évolue.
L’intelligence active est la forme primordiale qui émane du vide et qui
reflète, à son tour, 3 vérités fondamentales :
• tout émane de la puissance du Grand Esprit, tout est issu du Grand
Mystère ;
• tout est en relation, tout vient de la même source, rien n’est séparé ;
• il faut être discipliné et diligent, toujours au mieux de ce que l’on peut
être, ce qui exige du dépassement.
Quand on sait que l’on est en relation avec tout ce qui existe, le principal
enseignement que l’on retient est un enseignement de sagesse. Si l’on crée
la dysharmonie autour de soi, elle va fatalement revenir vers soi. On ne peut
vivre séparé de l’ensemble. On comprend donc pourquoi on doit entretenir
de bonnes relations sur les 9 plans principaux, soit avec l’individu que l’on
est, la personne bien-aimée, la famille, les amis, la communauté, le clan, la
nation, la planète, et la conscience universelle de tout ce qui existe.
C’est une grave erreur des sociétés actuelles que de croire qu’elles
peuvent prendre ce qu’elles veulent dans la nature sans conséquence. Il y a
toujours des conséquences aux actions posées, d’où la nécessité de
surveiller la qualité des relations que nous avons. Pour découvrir ce qu’est
une bonne relation, on observe la nature de ses pensées, surtout l’effet
qu’elles entraînent. En écoutant la résonance de nos pensées, nous pouvons
percevoir la nécessité d’en changer la dynamique si nécessaire. Le ressenti
capte l’effet de nos pensées sur le monde. Du reste, la même attention doit
être accordée aux paroles et aux actions : la manière dont nous interagissons
indique la réelle intention qui nous habite, si nous sommes assez honnêtes
pour la reconnaître.
Pour de bonnes relations, il faut donc surveiller constamment quels effets
découlent de nos gestes, de nos paroles et de nos pensées. Un exemple
illustrant l’attitude prévalant dans la société actuelle est l’habitude de
critiquer tout, de se plaindre à propos de n’importe quoi. L’effet produit
n’est nullement positif. Même chez la personne qui critique, cela crée un
court-circuit en elle, l’émotion qui l’habite peut se développer en colère et
en toutes sortes d’autres émotions ravageuses. Si nous voyons quelque
chose qui semble inapproprié, il vaut mieux se mettre un antidote en tête au
lieu d’un argument critique. Une résonance harmonique s’ensuivra plutôt
qu’une dissonance dévastatrice. Cela permet de comprendre la nécessité
d’être diligent, attentif et discipliné, comme le suggère la dernière vérité
fondamentale mentionnée plus haut. Cela permet aussi d’accélérer la venue
d’un monde plus humain fondé sur des principes de base tels que la volonté
d’être, la vision compatissante, sage et claire, ainsi que l’intelligence active.
Si nous adoptons une telle attitude, l’intelligence active en nous créera des
vagues de bonnes énergies, des vagues de grâces qui vont se répandre
jusqu’à la 7e génération suivante. Nous en bénéficierons doublement,
puisque nous avons la possibilité de renaître dans nos petits-enfants ou
arrière-petits-enfants.
Cinq principes de vie, cinq éléments
Découlant des vérités fondamentales énoncées précédemment,
5 principes de vie ressortent de la philosophie amérindienne. Ils sont
rattachés aux organes du corps et correspondent à tout ce qui nous entoure.
Ils s’inspirent des 5 éléments.
1. Son sacré – Nous avons la capacité de synthétiser de nouvelles façons
de vivre, de nouvelles manières d’être au sein du monde. En somme, de
créer quelque chose qui soit mieux à partir de notre intention, désir ou
pensée, qui se manifeste dans la forme. C’est ce qui émane du vide et
prend naissance dans l’espace. C’est pourquoi le premier principe de vie
est associé au son sacré et rattaché au foie et à la vésicule biliaire. Le foie
purifie le sang, prend différents éléments qu’il va combiner pour en
produire un nouveau. Telle est l’œuvre possible à réaliser grâce à notre
pensée créatrice, à notre volonté d’être et à notre amour de la terre.
2. Feu bâtisseur – Tout individu possède, dans les cellules de son corps,
un feu bâtisseur. Le ciel et la terre se rencontrent en son cœur ; l’énergie
reçue lui permet de se manifester à travers l’amour, la compassion et le
respect. Le cœur s’anime de ces émotions, lorsqu’il est en bonne santé,
ainsi que de courage et d’honneur. En dysharmonie, il manifeste de la
haine et de la cruauté. Pour qui comprend que l’homme se définit par ses
relations, il apparaît évident qu’il faut nourrir par-dessus tout de bonnes
relations avec la famille et les amis. Pour la bonne santé de son cœur, on
doit ainsi accorder de l’importance au feu bâtisseur des relations saines.
Le feu, c’est le grand transformateur. Il reflète la lumière du Créateur en
toute chose. De tous les éléments, il est le plus imprévisible, mais aussi le
plus puissant. C’est pourquoi il faut toujours accorder au cœur la primauté
dans nos décisions de vie.
3. Terre – C’est la fondation, notre fondation. Toutes nos activités doivent
être ancrées dans la terre. L’enracinement nous définit en tant
qu’humains ; c’est un engagement envers la terre. Nos désirs et nos
intentions deviennent manifestes par cet enracinement. Une action
réciproque se produit avec l’estomac, la rate et le pancréas.
Parce qu’elles ignoraient le caractère essentiel de la terre pour l’être
humain, la plupart des religions ont causé des dommages dans l’esprit
de leurs adeptes. Elles ne rattachaient pas l’humain à sa vie sur terre,
mais plutôt au ciel, comme devant être la récompense à espérer après
la mort. Elles donnaient, en quelque sorte, carte blanche à chacun pour
abîmer la terre impunément. Il faut être conscient de cet état des
choses pour le transformer, et le premier pas à faire consisterait
à cesser d’aspirer à quelque ascension que ce soit. On ne doit pas rêver
de monter au ciel en se désincarnant. C’est tout à fait le contraire qu’il
faut ! On doit viser la réussite de notre incarnation, ici et maintenant,
qui passe naturellement par une identification à la terre dans une pleine
conscience de notre responsabilité par rapport à elle. C’est ainsi
seulement qu’on peut en arriver à se comprendre en tant qu’être
humain vivant et à manifester qui on est pour assurer un
développement harmonieux de notre communauté, voire de l’espèce
humaine, créée parfaite à l’origine pour être heureuse sur terre.
Apprendre à bouger grâce à la danse est un moyen sûr de découvrir le
privilège de notre connexion avec la terre et l’Univers. Les mains
agissent comme des capteurs d’énergie. Et des mains qui accumulent
l’énergie peuvent guérir les autres, si l’énergie est accumulée de
manière que les circuits d’énergie du corps deviennent plus larges, plus
gros. Si nous dansons en groupe, nous nous accordons ensemble en
suivant le même rythme. Quand on est seul, on suit son rythme
personnel ou celui de l’environnement, mais, quel que soit le rythme
suivi, si l’on parvient à bien intégrer la danse, on finit par ne plus
danser, on devient la Danse.
Lorsque la matière émane du vide, elle émane sous formes
géométriques. Ces formes s’organisent, s’imbriquent ensemble et
construisent les univers. C’est ce qui explique que les formes
géométriques sont très présentes et utilisées par les autochtones.
Comme ils passent leur existence au contact de la nature, ils cherchent
continuellement à s’harmoniser à elle. En ce sens, la danse des quatre
directions est un enseignement complet sur la connexion possible et
nécessaire avec la terre et l’Univers. Quand nous dansons, les oiseaux
dansent, l’arbre danse, tout danse autour de nous. Ce n’est pas par
hasard. Nous les mettons en mouvement autant qu’ils nous mettent en
mouvement.
Au début de la danse des quatre directions, vous êtes debout sur un
octogone vert. Puis vous vous mettez à bouger à l’intérieur de cet
octogone. Vous dansez, le double tétraèdre au cœur, le triangle au
3e œil, les étoiles au-dessus de la tête. Les formes géométriques
visualisées lors des méditations sont ainsi également présentes, car
elles font partie de votre corps en mouvement. Elles sont mobiles et
correspondent entre elles comme avec le monde environnant. Or, votre
corps énergétique et votre corps éthérique ont une construction
moléculaire hexagonale. Vos formes réagissent donc avec les autres
formes de l’environnement et des personnes qui dansent avec vous (si
c’est le cas). En fait, tout est construit avec et par les mêmes formes. Il
existe ainsi de multiples relations possibles. Lors de votre danse, au
moment où vous commencez à avoir une résonance harmonique avec
votre environnement, il peut survenir des interactions étonnantes.
Soyez-y attentifs ! Vous nourrissez l’environnement et
l’environnement vous nourrit. Tout est en symbiose. Vous êtes la
Danse, et vous vous incarnez au même moment dans la terre.
Aigle Bleu raconte que, lors d’une quête de vision, il pratiquait la
danse des quatre directions dans sa formule la plus longue, quatre fois
par jour. À un moment, il s’est trouvé en parfaite unité avec la
luminosité environnante. Il ne faisait plus qu’un avec son
environnement, avec la lumière de la Terre, du Ciel, et celle
à l’intérieur de lui. Cette unité a fait qu’il n’avait plus besoin de
nourriture solide ni de sommeil pendant ces quelques jours d’unité. Il
a alors clairement perçu les défauts de fabrication qui survenaient au
tissu cellulaire humain par le fait de naître dans une société ne
respectant pas les lois de l’Univers. L’exemple du nouveau-né qu’on
sépare brusquement de sa mère, pour le porter dans une pouponnière
après lui avoir mis un produit chimique dans ses tout petits yeux, lui
apparut à ce moment, et lui apparaît encore, comme une horreur. Son
union avec le Tout contribua à le convaincre de la nécessité de
reconstruire et de ramener à la norme du Créateur le corps de l’homme
ainsi déformé.
La lumière qui se dégage dans les formes géométriques de la danse
permet de refaire l’intégrité du corps parfait voulu par le Créateur dès
l’origine de la création de l’humanité. Il n’y a rien d’irréversible. Tout
individu qui le désire peut revenir aux instructions originelles du
Créateur. Il lui suffit de travailler avec l’énergie existant autour de lui
dans la nature pour tout ramener comme à l’origine.
4. Vent – À cet élément correspondent l’intelligence d’agir, le mental et
l’esprit, qui distinguent l’être humain. L’air est toujours là, présent dans
l’instant de notre souffle. Cela nous rappelle la diligence nécessaire pour
être gardiens de nos pensées, puisque c’est avec elles que l’on crée et que
l’on s’identifie. La pensée permet d’entrer en relation avec les autres,
la nature et l’Univers. Nous reliant ainsi au monde, la pensée en favorise
la compréhension. Nous avons donc besoin d’être conscients de nos
pensées. Il est inutile de jongler avec des pensées d’hier ou de demain. On
doit surveiller celles qui surviennent, ici et maintenant, tel l’air qu’on
expire à cet instant et qu’on inspire pour rester en vie. C’est ce qui amène
à rapprocher l’élément vent des poumons et du côlon, deux organes
participant aux systèmes respiratoire et digestif et démontrant
l’intelligence en action dans le corps humain.
5. Eau – On peut toujours revenir à la Source divine pour tout guérir,
peu importent les circonstances et les émotions. L’eau nous enseigne ce
principe de vie en étant constamment en mouvement, tout en demeurant
semblable à elle-même. Sa nature ne change jamais. Elle est liée aux reins
et à la vessie, qui purifient le sang et permettent d’évacuer du corps l’eau
avec ses déchets. Parce que nous détenons ce pouvoir de transformation,
nous ne sommes pas la proie des forces de l’ombre qui tentent, depuis
des siècles, de diminuer l’être parfait que nous sommes en puissance.
Nous sommes cependant conditionnés et contaminés. Si nous revenons
à la loi divine, il nous est alors possible de rétablir l’état originel de notre
personne, que ce soit sur le plan cellulaire, moléculaire, ou au niveau des
pensées et des émotions. Un esprit éclairé suit les règles instaurées par le
Créateur. Nous retrouvons ainsi le chemin jusqu’à l’Arbre de Paix,
pourvu que notre pensée soit juste et droite, que nous soyons en harmonie
avec la Terre-Mère et le Père-Ciel.
Cinq rituels principaux
Les principes de vie présentés ci-dessus conduisent à 5 rituels principaux,
que l’on retrouve dans la plupart des spiritualités originelles ou
chamaniques.
1. Offrandes de fumée : c’est un rituel visant un double objectif, purifier et
offrir. On fait monter l’encens d’ici-bas en direction d’en haut, vers le
Créateur, comme si on voulait établir un lien entre la terre et le ciel. Les
offrandes de fumée se faisaient autrefois à l’extérieur, là où vivaient les
autochtones principalement. Les maisons étant petites (wigwam, tipi,
hogan), la majeure partie du temps se passait dehors. Du reste, utiliser
l’encens à l’intérieur peut s’avérer problématique en raison de l’exiguïté
de certains lieux ou de la nature des activités qui s’y déroulent. Dans
l’enceinte d’une église ou de quelque grand lieu de culte, cela convient
bien, mais dans un hôpital ou un centre de détention, pas du tout.
L’encens peut aussi devenir toxique à certains qui, désirant purifier leur
demeure, ne prennent pas l’habitude d’ouvrir une porte ou une fenêtre
pour chasser les ions positifs, donc pour réellement opérer une
purification des lieux.
Les Essences Premières, les parfums chamaniques créés par
Aigle Bleu, offrent une alternative intéressante. Le Chiiyaam, en
particulier, évite la toxicité de la fumée en réalisant une purification en
profondeur de la personne ou des lieux ; on peut l’utiliser comme
offrande. Mais qu’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur, chaque offrande
de fumée doit être faite en conscience. Lors du rituel, on encode
symboliquement la fumée d’une intention, et la fumée en s’élevant
porte cette intention dans le monde spirituel. Toutes les spiritualités et
les religions du monde font des offrandes de fumée et d’encens.
2. Cérémonies de purification : dans une démarche spirituelle, la
purification constitue une étape essentielle, préparatoire à l’événement
qui suit. À l’origine, nous étions parfaits en tant qu’enfants du Grand
Esprit, nous n’avions pas besoin de nous purifier. À présent, nous devons
le faire pour enlever les couches qui masquent notre état originel. Il existe
plusieurs cérémonies de purification. La plus significative et centrale dans
la spiritualité amérindienne, c’est la hutte de sudation.
3. Cérémonie de vigile : toute vigile est différenciée en fonction des sexes
– du féminin sacré et du masculin sacré. Parmi ces cérémonies se trouvent
les loges de lune pour les femmes et les diverses quêtes possibles
à expérimenter par des hommes : quêtes de vision, de prophétie, de clan,
etc. Au moyen de ces vigiles, on apprend à être éveillé et conscient dans
l’observation de la nature. C’est une autre manière d’entrer en résonance
harmonique avec le monde, de sorte que tout ce qui n’est pas vrai
à l’intérieur de soi tombe, comme la feuille d’automne. Après une vigile,
on a l’impression d’être davantage soi-même. De s’appartenir. D’être plus
lumineux.
On parle de quête de « vision », mais en l’expérimentant, on ne
s’attend pas à une vision. Il s’agit d’une « vigile », ce qui signifie
qu’on veille, qu’on se met dans un état d’attention à tout ce qui
pourrait survenir. On est seul dans la nature, plusieurs jours. Pour les
hommes, la quête de vision se fait sans dormir et sans manger. Le but
recherché, ici, est de réfléchir dans les circonstances propices que
donne le fait d’être entouré de la vérité du monde, soit de la nature
créée par le Grand Esprit.
Il est possible de faire toutes sortes de retraites plus ou moins austères
dans la nature, toutes vont amener des effets bénéfiques sur la
conscience. Ces diverses retraites tombent, elles aussi, dans la
catégorie des cérémonies de vigile.
4. Communication avec les éléments naturels et les pouvoirs de la
nature : c’est un point sur lequel Aigle Bleu a beaucoup insisté en le
traitant sous différents angles. Les équinoxes et les solstices sont des
occasions d’honorer et de célébrer le lien qui existe entre l’humain et son
espace-temps, avec toute la création. Les pratiques en lien avec les quatre
directions et les 5 éléments figurent parmi les moyens les plus efficaces
pour communiquer avec les éléments naturels et découvrir tous les
pouvoirs dont nous disposons. Nous appartenons à la terre, et la terre
nous appartient.
5. Cérémonies communautaires basées sur les cycles lunaires et le
mouvement des étoiles : elles sont sous la responsabilité des « gardiens
du temps ». Ces derniers représentent une catégorie de praticiens
spirituels dont le rôle est de surveiller les étoiles et de compter le temps.
Les Mayas ont développé cette responsabilité de manière très poussée,
mais elle se rencontre chez tous les peuples autochtones utilisant les roues
de médecine. Car ce sont les gardiens du temps qui construisent les
grandes roues de médecine ; ils les alignent sur les équinoxes et les
solstices. Ils apparaissent donc essentiels au fonctionnement harmonieux
de la vie en général. Certaines pierres qu’ils déposent dans leur roue
correspondent à des étoiles. Pour être de bons gardiens du temps, ils
s’installent à certains endroits d’où ils surveillent le ciel avec attention et
en continuité. C’est très exigeant. Afin que leurs connaissances ne
s’oublient pas et que les changements d’époque et d’ère soient soulignés,
il y a des cérémonies communautaires spéciales qui s’organisent à ces
occasions.
Sept rappels
De ce qui a été récapitulé et approfondi de la philosophie amérindienne
se dégagent des principes et des vérités à ne jamais oublier si l’on désire
cheminer sur le sentier de la beauté.
Voici 7 rappels de ces vérités :
1. Tout est en relation et en rapport avec nos pensées. Ce qui est artificiel
ou synthétique n’est pas en conformité avec les lois du Créateur. C’est
à l’opposé de ce qui s’observe dans la nature : ce qui nage, vole ou rampe,
les montagnes, les rivières et les vallées, sont tous et toutes en relation et
en synchronicité avec nos pensées.
2. Corollaire du premier rappel : ce qui nous arrive et arrive autour de nous
est le reflet de nos pensées. Ce sont nos pensées qui créent les
circonstances de notre vie. Le monde pur de la pensée se nomme
« Ungawi ». Là existe chaque entité du monde physique dans sa forme
non physique, parfaite et lumineuse.
3. Trois principes de la conscience dont on doit tenir compte :
• La volonté de voir les choses telles qu’elles sont. La plupart portent
un regard sur le monde à travers le filtre de leurs expériences, de ce
qu’ils ont vécu, appris, ou de ce à quoi ils ont été conditionnés. Ils
voient les choses telles qu’ils les pensent ou telles qu’on leur a dit
qu’elles étaient. On doit avoir la volonté de voir les choses telles
qu’elles sont.
• L’intention de manifester sa raison d’être pour le plus grand bien de
soi et des autres. Outre une vision claire, chaque personne doit avoir
l’intention de manifester sa raison d’être pour le plus grand bien d’elle-
même et des autres. Ne pas manifester sa raison d’être, c’est nier qui
on est. Pour trouver ce que vous êtes supposé faire, il s’agit de vous en
tenir à ce que vous aimez faire, tout en étant attentif à un point : si ce
que vous aimez faire ne vous fait pas de bien, c’est probablement parce
que ce n’est pas bon pour vous de le faire.
• La volonté d’être courageux, de faire ce qui doit être fait. La bonne
chose à accomplir demande souvent du courage. Si vous faites ce que
votre conscience vous dit de faire, vous allez vous démarquer des
autres et, en devenant ainsi différent, on portera des jugements sur
votre conduite, vos paroles, votre personne. Cela demande du courage
et de la volonté d’affirmer qui l’on est, pour vivre en fonction de sa
conscience.
4. La générosité de cœur et d’action. Il faut toujours accorder le bénéfice du
doute à l’autre. Nous devons ressentir d’emblée, au fond de nous, une
telle ouverture et générosité de cœur. De cette manière, on amplifie dans
l’autre ce qui est bien et bon, au lieu de mettre l’accent sur ce que l’on
perçoit comme un défaut. Si l’on agit ainsi, on contribue à l’amélioration
des relations dans la communauté.
5. Le respect pour les aînés, pour le clan, pour la terre et la nation. Le
respect est le mot clé du comportement philosophique amérindien. Les
Amérindiens démontrent du respect pour les aînés, le clan, la
communauté, la nation, la terre et tous les êtres vivants. Ainsi, ils
conservent une communication claire et transparente avec la nature et
l’harmonie avec le monde.
6. Conséquemment au rappel de l’importance du respect, il importe de
prendre en considération les besoins de la nation afin de prendre des
décisions dont bénéficieront les gens jusqu’à la septième génération
suivante. C’est une responsabilité majeure des diverses communautés, le
niveau 5 des bonnes relations à développer.
7. Lorsqu’on n’a pas de bonnes relations, le boomerang nous revient un jour
ou l’autre. On est rattaché à tous et à tout, on ne peut pas faire
l’expérience de la vacuité de cette manière. Il faut, pour y arriver, être
totalement immobile, et cela ne signifie pas demeurer sans action ou sans
pensée. Dans l’immobilité du vide, on voit la Source, de laquelle émane
tout ce qui existe, mais, pour atteindre cette immobilité, on a besoin d’être
en bonne relation avec tous et avec tout. Faire l’expérience de la vacuité,
c’est faire l’expérience du Tout, parce que tout est issu de la vacuité. Il
n’y a pas de forme sans le vide, pas de vide sans la forme.
Le vide ne se décrit pas. Toute chose est issue, en somme, de ce que l’on
ne peut appréhender mentalement. La vacuité, c’est l’absence ; on ne peut
même pas préciser que c’est l’absence de tout ou de quoi que ce soit. Le
vide, c’est le chiffre 0, et, de chaque côté du zéro, il y a une valeur abstraite
établie : 1, 2, 3… ou – 1, – 2, – 3, et ainsi de suite. Il y a donc quelque
chose qui surgit du rien, du vide, du zéro.
On doit essayer de toucher ce qui n’est pas pour parvenir à la conscience
du zéro. C’est au moment où l’on arrive à percevoir le vide, précurseur de
toute forme, que l’on peut influer sur la forme. Nous devrions nous attacher
à penser à la vacuité, à méditer régulièrement sur ce vide, parce qu’il est
à l’origine de tout. Nous en tirerions une compréhension du monde au-delà
des mots. C’est le défi que relèvent les bouddhistes tibétains. Toute leur vie,
ils méditent sur le vide. Ce n’est peut-être pas accessible ni nécessaire
à tous, mais c’est une approche de la réalité qui permet de véritablement
comprendre la création. Une représentation physique de la vacuité en
astronomie est celle des trous noirs.
Si l’on trouve cette compréhension à l’intérieur de soi, on trouve un point
d’équilibre qui est à la source du temps et de l’espace. On s’accroche alors
à son plan de vie, désormais équilibré, parce que l’on s’appuie sur quelque
chose de solide, soit la source de tout ce qui existe. C’est donc une
expérience transformant la conscience de l’être.
La matrice est noire et invisible, mais elle donne la vie. C’est une bonne
image du vide. Ce qui émane du vide primordial le fait sous forme
géométrique. Or, sur le plan moléculaire, c’est infime. Ce sont des
vibrations qui ont une forme, et, quand il y a suffisamment de ces
vibrations/formes, des atomes se constituent, lesquels vont créer des
molécules qui, elles, vont créer des substances. Tout est issu de cette
dynamique de vie. En travaillant avec les formes géométriques, on travaille
avec la charpente du monde dans lequel on vit.
Neuf préceptes du code des relations justes
Les rappels que nous venons de faire nous amènent aux 9 préceptes pour
établir et maintenir des relations justes, tel un code de conduite par lequel
chaque individu prend conscience de sa responsabilité.
Le code fixé par Le Pâle, comme tous les autres éléments vus plus tôt, lui
est apparu comme primordial après une longue retraite de plusieurs mois
dans une grotte des Appalaches. Il faut comprendre que cet homme hors du
commun, telle la Femme Bisonne Blanche qu’Aigle Bleu reconnaît en
Anastasia, est un être qui a accepté pleinement la mission de ramener les
instructions originelles pour remettre les humains sur le bon sentier. Si l’on
suit les 9 préceptes, on se trouve en accord avec la philosophie
amérindienne :
• Dire seulement des mots de vérité.
• Parler seulement des bonnes qualités des autres.
• Être un confident, ne pas rapporter de ragots.
• Détourner le voile de la colère pour révéler la beauté inhérente en tout ce
qui est.
• Ne point gaspiller et ne pas désirer plus que le nécessaire.
• Honorer la lumière en toute chose. Ne rien comparer. Voir toute chose
telle qu’elle est.
• Respecter toute vie.
• Ne point tuer et n’abriter aucune pensée de colère, qui détruit la paix
aussi sûrement qu’un coup de feu.
• Faire maintenant ce que l’on doit faire. Si vous voyez ce qui doit être fait,
faites-le maintenant !
Ce récapitulatif détaillé livre la base d’un cheminement spirituel accordé
à la philosophie amérindienne. Les praticiens en chamanisme trouveront
utile d’y revenir à l’occasion. Plus ils y reviendront, plus les vérités,
principes, rituels et préceptes constitueront un programme de vie
harmonieux susceptible de les guider dans leur travail et dans leur vie
personnelle. Ce seront des points de repère incitatifs sollicitant le
besoin d’un réajustement, qui mèneront vers une vie équilibrée, dans la joie,
la paix et l’amour.
LA MUSICOTHÉRAPIE AMÉRINDIENNE
Nous avons démontré que la musique est la première forme de thérapie
survenue dans le monde. C’est la plus fondamentale, la plus malléable, la
plus universelle. Elle s’avère aussi la plus puissante, car en développant
notre voix, absolument nécessaire pour des praticiens en chamanisme, nous
développons la puissance de transmission du son, qui peut transmuter la
matière.
Les trois lois fondamentales de la guérison
Dans toutes les thérapies et formes de relation d’aide, incluant la
musicothérapie, il y a trois lois fondamentales :
1. L’amour est ce qui guérit réellement. On ne parle pas ici d’amour
passionnel, mais de l’amour universel qui assure la cohésion du monde.
Cet amour fait que les électrons, les neutrons, les protons gravitent autour
du noyau de l’atome et que les planètes gravitent autour du Soleil. Ils ne
s’empilent pas dans l’espace, ils tournent autour ; ils ont leur propre force,
mais ils sont toujours « attirés par… » Cette force d’attraction, cet amour,
assure la cohésion de tout ce qui existe dans l’Univers. Chaque élément
est attiré par un autre, tout en ayant chacun leur propre individualité, leur
propre trajet. Dans le cas des électrons et des planètes, leur trajet les
propulserait dans l’espace, mais ils sont attirés par le noyau de l’atome ou
par le Soleil, en conséquence, ils gravitent autour d’eux. Cette énergie
d’amour est en quantité illimitée dans l’Univers ; on la reçoit dans le cœur
par l’union du Père céleste et de la Terre-Mère. C’est elle que l’on utilise
pour soigner. Jamais on ne se sert de sa propre énergie pour les soins.
Si vous utilisez votre énergie, vous allez vous mettre à plat. Vous allez
vite manquer d’énergie, faire un burn-out ou une dépression, etc. Si
vous travaillez avec l’amour, après avoir effectué un soin, vous allez
sentir un regain d’énergie, parce que son énergie va passer à travers
vous pour rejoindre la personne à soigner, mais il va en rester un peu
en vous en passant. C’est d’ailleurs la bonne manière d’évaluer si vous
avez réussi une guérison selon les lois de l’art : après un soin, vous
devriez vous sentir chargé d’énergie.
Pour aider autrui, on commence par soi – l’individu que l’on est, le
niveau 1 de toutes les relations. Oh Shinnah Fastwolf suggérait aux
étudiants souhaitant un jour donner des soins de se réserver une
journée par semaine pour eux seuls. Leur journée de congé devait
servir à faire uniquement ce qu’ils avaient le goût de faire. À se faire
plaisir. De cette manière, le reste de la semaine, chacun aurait de la
joie au cœur en s’occupant des autres. Car il ne faut pas se leurrer :
nous cherchons tous le bonheur, les personnes qui vont vous demander
des soins au même titre que les autres. Si elles vous voient dans la joie,
elles se sentiront immédiatement à l’aise, elles auront confiance en
vous, en vos soins. Elles vont ressentir votre joie dès leur arrivée.
La joie intérieure se laisse voir ; elle exerce elle-même une certaine
force d’attraction. Alors, consciemment ou inconsciemment, chacune
des personnes vous consultant risque de penser : « C’est exactement ce
que je recherche ! Du bonheur et de la joie ! » Et c’est à ce moment-là
que la guérison va déjà commencer à frayer son chemin à l’intérieur
d’elle, sans que vous n’ayez rien fait d’autre que d’être !
Le guérisseur doit commencer par se guérir lui-même. La suggestion
faite par Oh Shinnah demeure encore pertinente, surtout si on y rajoute
une saine alimentation, un rythme de vie équilibré, donc pas trop de
travail, même si on aime ce que l’on fait. Il faut savoir dire « non ».
Savoir évaluer ses limites et s’accepter tel que l’on est. C’est déjà de
l’amour que l’on s’accorde ainsi. La méditation du cœur soutient la
vigilance que l’on doit avoir pour soi. Elle est une source inépuisable
d’énergie de guérison, et ultimement, c’est elle qui guérit.
La technique est secondaire : c’est bel et bien l’amour que vous avez
pour l’autre qui va assurer la cohésion, donc, la véritable énergie de
guérison. Incarner l’amour, tel est l’essentiel à connaître si l’on désire
prendre soin des autres, mais il faut le travailler pour parvenir à une
complète incarnation.
2. Le non-attachement aux résultats, c’est en quelque sorte l’assurance du
guérisseur. Elle lui assure une protection qui le prévient de se sentir
coupable en cas de persistance de la maladie, ou de s’enfler d’orgueil si la
personne soignée guérit. Car tel est bien le piège guettant tout thérapeute.
Toutefois, un non-attachement aux résultats lui permet d’accomplir son
travail en toute confiance. Vous ne devez pas être attaché aux résultats des
interventions que vous faites parce que c’est la personne, ultimement, qui
prend la décision de guérir ou de ne pas guérir. Tous les humains
possèdent le libre arbitre. Le libre arbitre de l’homme est universel. En
soignant, vous n’êtes qu’un vecteur de la guérison. Un guérisseur offre sa
présence ; le client accueille, ou non, ce qui lui est offert, c’est sa décision
personnelle. Certains demandent d’être soignés, mais en réalité, ils
souhaitent garder leur maladie, ils y sont attachés ; la maladie donne un
sens à leur vie, elle les définit. Ces personnes ne guériront pas, peu
importent les efforts déployés ou les techniques utilisées. Dans cette
compréhension de votre travail, si la personne venue vous consulter ne
guérit pas, vous n’avez pas à vous taper sur la tête avec un marteau pour
vous en blâmer. De même si elle guérit, vous n’avez pas à vous penser
meilleur que Dieu le Père ! Votre responsabilité en tant que praticien en
chamanisme sera toujours de faire de votre mieux, c’est tout.
3. L’intention. On peut comparer la guérison à un moteur électrique : ce
qui fait tourner le moteur, c’est la pile, la batterie (la source d’énergie),
donc, l’amour. Ce qui conduit l’amour (l’énergie) à la guérison (le
moteur), c’est l’intention (fil électrique), car l’énergie suit l’intention. Il
est primordial de garder la pensée du résultat que vous visez pendant
votre intervention. Il faut visualiser très précisément ce que vous désirez
obtenir.
Voici un exemple pour comprendre l’exactitude nécessaire à la
formulation d’une intention. Un homme vient de se blesser au genou et
vous consulte. L’intention qui pourrait alors vous venir à l’esprit serait : « Je
veux enlever son mal au genou pour que sa blessure soit guérie. » Or, cette
intention ne se réaliserait pas. La formulation faisant état d’un « mal » et
d’une « blessure » indique que votre attention est focalisée sur le problème.
Votre intention doit exprimer la guérison. Vous devez visualiser le genou
guéri, l’homme courant sans peine à travers un champ. L’énergie d’amour
va suivre votre intention, le genou va s’accorder à votre pensée créatrice.
La manière de formuler une intention est le vecteur de ce qui surviendra
à la suite de votre soin. L’outil que vous utilisez, la musicothérapie par
exemple, est la manière dont votre intention va se projeter sur la personne.
Donc, il est essentiel d’avoir une formulation explicite de votre intention
dans laquelle vous voyez la guérison établie et la personne bien en forme,
entourée de tout ce qui peut être bon et beau pour elle.
LE TOUCHER THÉRAPEUTIQUE
Dolores Krieger est la personne à l’origine de la méthode de guérison
appelée « toucher thérapeutique ». L’infirmière américaine a visité des
guérisseurs partout dans le monde. Elle les a observés attentivement,
cherchant à repérer ce qu’ils avaient en commun. Elle a établi un système
rassemblant toutes ces manières de faire et elle l’a enseigné. Elle s’est alors
aperçue que toutes les personnes intéressées par ce genre de technique
pouvaient obtenir de bons résultats, comme si le toucher thérapeutique
correspondait à une manière universelle de faire l’imposition des mains de
telle sorte que la personne en retire de la détente et du soulagement.
Le toucher thérapeutique est une excellente introduction au travail de
guérison par les cristaux et à une autre technique plus avancée, qui sera
étudiée lors d’un prochain stage, soit celle de la main tremblante. Pour que
tous puissent bien comprendre la technique, Aigle Bleu l’explique à l’aide
d’une mise en situation. C’est une participante du groupe qui s’est portée
volontaire ; elle est assise sur une chaise, le dossier à sa droite, de façon que
son dos soit bien dégagé.
La technique se présente sous deux grandes phases :
Premièrement
1. Vous vous centrez, puis vous envoyez des racines de lumière à travers
vos pieds dans la terre pour vous ancrer. Vous ne capterez pas ainsi les
impuretés que la personne à soigner, qui se trouve devant vous, devrait
libérer grâce au toucher thérapeutique ; elles passeront à travers vous,
mais fileront directement dans la terre.
2. Au-dessus de vous et de la personne à soigner, vous visualisez un dôme
de lumière claire pour que les énergies puissent venir facilement. Si l’on
met un dôme d’améthyste, c’est une protection plus forte pour la
personne, mais on n’utilise pas une lumière blanche parce qu’elle est
opaque.
3. Vous vous frottez les mains, paume contre paume, rapidement, pour
qu’elles soient énergisées. Puis vous vérifiez le champ éthérique de la
personne et le replacez au besoin, avec les mains et la respiration. En
auscultant le champ, vous posez des questions à la personne sur ce qui
a trait à ses malaises et à ses symptômes. Il se peut que ses réponses ne
correspondent pas à ce que vous sentez dans son champ éthérique. Cela
n’a pas grande importance. Vous travaillez ce que vous sentez. C’est ce
que vous devez retenir comme principe élémentaire. N’oubliez pas : un
problème physique se manipule dans le champ éthérique avant de se
manifester dans le corps, donc la personne elle-même pourrait ignorer ce
qu’elle a en réalité. Lorsque vous sentirez bien les 5 rayons du 2e centre
d’énergie, vous pourrez les utiliser pour vérifier les organes :
poumon/côlon, rein/vessie, foie/vésicule biliaire, rate/estomac/pancréas,
cœur/petit intestin.
4. Vous devez maintenant trouver l’intention avec laquelle vous travaillerez,
ce qui vous indiquera aussi quel rayon et quel cristal utiliser dans votre
visualisation.
Deuxièmement
1. Vous frottez de nouveau vos mains rapidement pour qu’elles soient
énergisées. Vous faites un balayage du champ éthérique. Cela se fait en
caressant la surface du champ électromagnétique éthérique avec les deux
mains dans des gestes apaisants. Lorsque vos mains deviennent lourdes,
vous les secouez pour rejeter les ions positifs qu’elles ont réussi à dégager
du champ. Habituellement, cela produit déjà un bon effet à la personne
soignée.
2. Vous intervenez ensuite en envoyant l’énergie à travers vos mains –
l’énergie de la lumière qui a la couleur du cristal choisi en fonction des
besoins perçus. Vous visualisez une intention dans laquelle la personne
que vous soignez est heureuse et en bonne santé. Vous insistez sur les
régions où vous avez ressenti des problèmes. En général, c’est la main
droite qui envoie l’énergie et la gauche qui enlève l’excès.
3. Si vous avez perçu des trous dans le champ éthérique, vous vous en
occupez à ce moment-là. Pour boucher un trou, vous retissez le tissu du
champ avec les fils éthériques qui sortent du bout des doigts.
4. Ensuite, vous ancrez l’énergie de la personne dans la terre en mettant vos
mains sur ses pieds. Vous visualisez des racines de lumière partant de ses
pieds et allant jusque dans la terre. S’il reste un excédent à ancrer ou
à sortir, c’est à ce moment-là que cela se réalise. Aussi, prenez le temps
de bien vérifier si tout vous semble rétabli correctement.
5. À la fin, vous bénissez la personne soignée avec l’énergie du ciel. Trois
options s’offrent à vous pour cette bénédiction : mettre les mains, soit sur
les épaules, soit sur la tête, soit au-dessus de la tête.
6. Lorsque vous avez terminé, vous passez vos mains sous l’eau froide pour
neutraliser les énergies résiduelles.
Le toucher thérapeutique est un soin qui se donne assez rapidement et
son effet est immédiat. De plus, il peut se réaliser dans n’importe quelle
position. Il y a des milliers d’infirmières aux États-Unis qui pratiquent cette
technique dans les hôpitaux parce qu’on reconnaît les bienfaits qu’en
retirent les patients. Un autre atout du toucher thérapeutique est le fait que
l’on peut donner ce soin autant de fois que la personne le désire. La seule
contre-indication à respecter est de ne pas traiter une région directement
affectée par le cancer. Cela pourrait stimuler autant les cellules cancéreuses
que les cellules saines, puisque le toucher thérapeutique stimule toute forme
de vie. On doit donc éviter les régions malades. Si la personne a un cancer
généralisé, on pourra lui faire un toucher thérapeutique de manière
palliative afin de lui apporter du confort et de soulager sa douleur.
LA HUTTE DE SUDATION
Pour faire la transition entre les vertus des cristaux et les vertus du feu
purificateur, Aigle Bleu entame le récit d’une histoire qu’il a entendue, il
y a très longtemps, par un conteur métis de grand talent de la Saskatchewan,
qui fait partie des conteurs capables de soutenir l’attention pendant
plusieurs jours. Ce conteur rappelle bien la qualité d’un art populaire qui,
autrefois, était utilisé non seulement à des fins de divertissement, mais aussi
d’enseignement.
Légende concernant la hutte de sudation
Il y a très longtemps en Saskatchewan, il y avait une famille qui avait
choisi de vivre à l’écart de la communauté parce que chacun de ses
membres aimait mieux être dans le silence des bois que près des gens.
D’ailleurs, après le décès du père, la famille a préféré continuer à vivre là
où elle était installée. Ils aimaient vraiment ça.
Les garçons étaient déjà assez vieux pour chasser, l’aîné étant âgé de
17 ans et le second de 12 ou 13 ans. Sur le plan physique, comme ils
vivaient dans la nature, ces deux garçons étaient bien développés. Le
troisième fils n’avait que 9 ans, mais il pouvait aider les plus vieux. Le
quatrième enfant était une fille de 5, 6 ou 7 ans environ. Ils vivaient
heureux dans la forêt, proches de la nature en permanence.
Un jour, le plus vieux est parti à la chasse et n’est pas revenu le soir. La
famille ne s’en est pas inquiétée, supposant qu’il avait pu s’éloigner pour
tuer un gibier et qu’il avait choisi de rester là pour le rapporter le
lendemain, parce que cela impliquait plusieurs étapes de préparation du
gibier afin de pouvoir le ramener. Ils ont donc pensé qu’il avait dû camper
pour la nuit et qu’il allait revenir le lendemain, mais il n’est pas revenu le
lendemain et, le soir, ils ont décidé que le deuxième fils irait voir ce qui se
passait.
Le lendemain, le deuxième fils est donc parti avec l’instruction de revenir
avant le soleil couchant, parce qu’autrement on commencerait sérieusement
à s’inquiéter. Or, le deuxième soir, le deuxième fils n’est pas revenu. Le
troisième matin, le troisième fils est parti, à son tour, pour aller voir ce qui
se passait. Lui non plus n’est pas revenu.
À ce moment-là, la mère a vraiment paniqué. Elle a fait promettre à sa
fille de ne pas partir toute seule, mais de toute façon, seules toutes les deux,
elles ne pourraient pas survivre loin de la communauté. La fillette
comprenait bien la situation. Elle comprenait qu’il leur fallait savoir ce qui
était arrivé. Donc, elle est partie très tôt, s’étant organisée, la veille, pour
que sa mère ait à s’endormir très tard et qu’elle n’ait pas connaissance de
son départ.
Avant que le soleil soit levé, elle s’est mise en route et, dès qu’il y eut un
peu de clarté et qu’elle put apercevoir les pistes de ses frères, elle se mit
à les suivre. Elle a parcouru ainsi une bonne distance (une demi-journée de
marche) avant de s’apercevoir que la piste du plus vieux de ses frères
devenait une piste de chevreuil. Elle trouvait bien étrange de suivre les
pistes de ses deux autres frères et celle d’un chevreuil, mais elle a continué.
Un peu plus loin, la piste du deuxième frère devenait celle d’un renard et,
un peu plus loin, celle du troisième frère devenait la piste d’une envolée de
perdrix3. Donc, la piste du plus jeune disparaissait complètement. Elle
n’avait plus que les pistes de chevreuil et de renard devant elle, qui allaient
dans la même direction. Elle a continué sa route, même si elle ne
comprenait pas. Elle était un peu confuse, mais son instinct la poussait
à continuer.
Un peu plus loin, elle a vu venir vers elle une forme féminine. La femme
était habillée en blanc. Les vêtements blancs confectionnés avec des cuirs
blancs sont plus difficiles à faire, donc ils sont rares et fragiles. C’était ainsi
toujours surprenant de voir quelqu’un habillé en blanc dans le Nord
canadien. Il n’y avait, habituellement, que les guides spirituels des
communautés qui portaient des habits blancs.
Dès que la femme fut plus proche, la fille s’aperçut qu’elle avait une
beauté qui n’était pas de ce monde. Elle était trop belle. « Ça ne se peut
pas ! », pensait-elle. Alors, elle ressentit de la crainte à son approche. La
femme lui dit immédiatement : « N’aie pas peur. Je suis là pour t’aider. Je
suis Femme Étoile du matin. » Pour les Amérindiens du territoire, l’étoile
du matin symbolisait la sagesse. C’était Vénus, l’étoile de la consolation, de
la bonté, de la connaissance. Donc, Femme Étoile du matin expliqua à la
petite fille qu’il y avait un fort mauvais sort qui avait été placé sur ses frères
par le Windigo.
Il faut ici comprendre qui est Windigo. Dans la mythologie de plusieurs
peuples à travers le monde, Windigo est un être qui existe vraiment. Sa
chair est faite de terre et de pierres. Ce n’est pas un être naturel. Il s’est
formé par le mal. Il est froid, donc il a besoin de manger toute créature de
sang chaud, et il peut ainsi devenir énorme s’il n’est pas contrecarré. Si l’on
voit les yeux d’un Windigo, on tombe sous son pouvoir. Si on le regarde
dans les yeux, on perd sa volonté. En fait, les anciens disent qu’aujourd’hui
le monde entier est sous le pouvoir du Windigo parce que tout, ou presque
tout, est bâti avec de la pierre et de la terre. C’est devenu un monde froid, et
les gens qui sont sous son emprise, ce sont souvent les politiciens, parce que
leurs yeux ne clignent pas. C’est la caractéristique de la personne sous
l’emprise du Windigo : les yeux clignent très peu et, quand on les touche,
ils sont froids. Quand ils parlent, ils sont également froids, comme sans
émotion. Bref, le seul pouvoir qui est plus puissant que celui du Windigo,
c’est celui d’une jeune femme qui n’a pas eu d’enfant et qui est dans sa
lune. Il n’est pas capable de faire face à ce pouvoir-là.
Femme Étoile du matin a expliqué à la jeune fille comment elles s’y
prendraient pour libérer ses frères : « Le Windigo les a amenés dans une
caverne après les avoir enchantés sous forme animale pour pouvoir les
amener plus facilement. Il les a mis dans des cages et il est en train de faire
chauffer les pierres pour les faire cuire et les manger. » Il faut comprendre
qu’autrefois les Amérindiens faisaient des paniers d’écorce pour cuire la
nourriture si elle devait être cuite dans l’eau. Parce qu’ils étaient fabriqués
très serré, les paniers pouvaient contenir l’eau. On faisait chauffer des
pierres dans le feu, l’eau se mettait alors à bouillir. On rajoutait une autre
pierre quand l’eau refroidissait.
Femme Étoile du matin a continué de parler à la fille : « Quand on va
arriver à la caverne, tu vas te cacher à l’entrée pour voir à l’intérieur, moi, je
vais rentrer et je vais m’avancer vers le feu. Au moment où je m’avancerai
(elle lui donne alors un couteau fait d’ossements blancs), tu m’ouvriras le
ventre avec le couteau. » La fille ne voulait pas : « Vous êtes tellement
belle. Avec le désir de m’aider. Et je vous ferais mal ? Non ! Je ne peux pas
faire ça. »
Femme Étoile du matin a repris la parole : « Tu n’as pas à t’inquiéter.
C’est la magie de l’étoile du matin. Et c’est la seule manière, pour toi, de
libérer tes frères. » À force de lui parler pour la rassurer, elle a réussi à la
convaincre. Donc, lorsqu’elles sont arrivées à la caverne du Windigo, la
fille s’est faufilée à l’entrée, là où elle pouvait voir le feu et, vaguement,
elle a décelé, dans le fond, trois cages, et a entendu des grognements dans la
caverne. Femme Étoile du matin, elle, a pénétré à l’intérieur et s’est
avancée vers le feu. Aussitôt que le Windigo a senti l’odeur du bien, il est
entré dans une grande colère, une grande fureur, et s’est dirigé vers la
Femme Étoile du matin, mais plus vite que lui, la petite fille a sauté sur elle
et lui a ouvert le ventre. Son sang s’est répandu sur les pierres qui étaient
dans le feu. Une immense brume de vapeur a envahi la caverne et les
grognements ont cessé immédiatement. Cela prit un certain temps avant que
la vapeur se dissipât. Alors, la fillette s’est aperçue qu’il y avait un gros tas
de terre et de roches vertes avec des taches rouges. Depuis ce temps, ces
pierres – les sanguines, héliotropes ou jaspes sanguins – servent à guérir.
L’enchantement du Windigo était brisé et la petite sœur a vu ses trois
frères dans les cages. Avec Femme Étoile du matin, elle a pu libérer les
garçons et revenir sur le sentier pour retourner au campement. Femme
Étoile du matin n’avait aucune blessure, même sa robe était demeurée
parfaitement blanche et n’était pas déchirée. Elle leur a dit : « Vous avez été
en grande unité avec les lois de la création, vous êtes aimés par toute la
nature. Les esprits d’En Haut ont choisi, en conséquence, de vous
transmettre une cérémonie qui pourrait guérir toutes les maladies : “De telle
sorte, si le mal s’immisçait dans leur vie, tout ce qu’ils auraient à faire serait
de préparer une hutte, comme une caverne, qui symboliserait l’utérus de la
Terre-Mère, et de chauffer, dans un feu sacré, les pierres qu’ils apporteraient
à l’intérieur et sur lesquelles ils mettraient le sang de la Terre-Mère, soit
l’eau sur les pierres chaudes. Le souffle de la Terre-Mère, soit la vapeur, les
purifierait de toute forme de mal et de maladie.” »
Une très ancienne cérémonie
Telle est la légende rapportée par les communautés métisses de la
Saskatchewan ; elle vient des peuples autochtones. L’histoire de la Femme
Étoile du matin montre que la cérémonie de la hutte de sudation est très
ancienne. On la retrouve dans l’histoire de tous les peuples. La plupart ont
conservé l’aspect physique de la cérémonie, qui correspond à l’étape de la
purification par la sudation (bain sauna, hammam, bain des Japonais), mais
les nations d’Amérique du Nord sont parmi les seules à avoir conservé
l’aspect cérémoniel et spirituel.
La plus ancienne des cérémonies est certes l’offrande de fumée. Celle de
la hutte de sudation la suit de très près en termes d’ancienneté. Si elle se
poursuit encore aujourd’hui, selon diverses modalités, c’est en raison des
bénéfices que l’on en retire et et sur lesquels tout le monde est unanime. Car
la cérémonie de la hutte de sudation purifie vraiment tout : les corps
physiques, émotionnels et mentaux (pensée). Elle purifie aussi notre
relation avec le Divin et travaille à tous les niveaux, purifiant même le
territoire autour de la hutte, jusqu’à un rayon minimal d’un kilomètre. De
plus, si vous obtenez une guérison lors de la cérémonie, cela aura une
répercussion jusqu’à votre lieu de naissance.
Aigle Bleu insiste sur le caractère puissant et sacré de la cérémonie. Il
l’enseigne dans le respect des règles traditionnelles parce qu’il est
convaincu des bienfaits qu’elle procure. Souvent, la cérémonie est
l’occasion de visions et de messages de l’Esprit, pas uniquement pour les
participants qui sont à l’intérieur de la hutte, mais aussi pour ceux qui sont
à l’extérieur, tels que les gardiens du feu et les femmes dans leurs lunes.
Ces dernières ont, du reste, une affinité spéciale avec cette cérémonie : le
couteau qui a ouvert le ventre de la Femme Étoile du matin symbolise le
sang qui s’écoule de la femme dans sa lune. C’est l’une des raisons pour
lesquelles, traditionnellement, elles n’étaient pas invitées dans la hutte. On
estimait qu’elles se trouvaient déjà à l’intérieur de la caverne ; elles
n’avaient pas besoin physiquement de s’y trouver.
Les femmes dans leurs lunes, chez la majorité des nations nord-
américaines, ne participaient donc pas aux huttes de sudation, mais depuis
une vingtaine d’années, certaines femmes enseignantes les acceptent
lorsqu’elles conduisent la cérémonie. Aigle Bleu, pour sa part, maintient le
caractère traditionnel ancestral : la femme dans sa lune demeure
à l’extérieur. Elle est placée à l’est, devant le feu sacré. Elle tient la fonction
d’une mère vigilante et attentive, qui prépare les sept générations à venir
par ses visions. Près du feu sacré, elle peut recevoir des visions
mémorables, car aucune énergie négative ne traverse son champ. Elle
regarde la hutte et visualise l’idéal pour toutes ses relations, pour toutes les
relations des personnes à l’intérieur de la hutte et toutes les relations de ces
relations. C’est bénéfique pour tout le monde.
Plusieurs nations demandent un jeûne de trois jours avant la tenue de la
cérémonie. Aigle Bleu suggère, quant à lui, d’être à jeun au moins une
journée avant d’entrer dans la hutte. Le jour même, si la cérémonie a lieu en
fin d’après-midi ou en soirée, il recommande de manger le moins possible
et de boire uniquement des jus de fruits.
Construction d’une hutte de sudation
Les Lakotas mettent la porte d’une hutte de sudation à l’ouest, mais, dans
la plupart des autres traditions, elle est face au soleil levant. Par contre, la
structure des huttes se ressemble beaucoup d’une nation à l’autre. C’est la
cérémonie qui est spécifique à chacune. Aigle Bleu pratique et enseigne la
tradition des bâtisseurs de temple, donc cherokee et maya. Mais, quelle que
soit la tradition, il y a de nombreux préparatifs à envisager pour une telle
cérémonie.
Ainsi, avant même d’entreprendre la construction de la hutte, il importe
de se répartir les tâches en fonction des habiletés et des capacités des
personnes disponibles. Certaines tâches sont exigeantes sur le plan
physique. D’autres sont réservées aux femmes. C’est le cas du modelage et
de la décoration de la tortue qui servira d’autel ; cela permet d’intégrer
l’énergie féminine à la cérémonie. Quant aux mères vigilantes, aux femmes
dans leurs lunes, elles doivent travailler le moins possible ; elles sont donc
confortablement installées à un endroit d’où elles peuvent tout observer.
Pour la cérémonie, on a besoin d’environ 20 à 30 pierres. Comme elles
meurent dans la hutte après avoir été fortement rougies par le feu sacré, il
est rare qu’on puisse réutiliser des pierres ayant déjà servi. Il faut donc
ramasser une trentaine de pierres, d’un bon volume, et les apporter près de
l’emplacement où l’on préparera, plus tard, le feu sacré. On transporte,
aussi à cet endroit, les 3 ou 4 stères de bois qui vont alimenter le feu tout au
long de la cérémonie, ainsi que tous les bouts de bois, de grandeur
différente, requis pour établir la base conique du feu sacré, tel qu’il a été
enseigné.
Il faut se procurer un très grand nombre de couvertures opaques.
Idéalement, on n’utilise aucune bâche parce qu’elle empêche la respiration
de la hutte. Mais, comme il faut que la lumière extérieure soit
complètement cachée, à défaut de couvertures suffisantes, certains vont
couvrir la charpente de bois avec d’épais et grands plastiques noirs. Ils
parviennent très bien à bloquer la lumière. Comme, en règle générale,
Aigle Bleu ne recommande pas l’utilisation de produits à base de plastique
par souci écologique pour quelque usage que ce soit, il n’est vraiment pas
du nombre de ceux qui pourraient encourager l’usage des plastiques noirs
pour une hutte de sudation.
Pour la structure proprement dite de la hutte, il est nécessaire de couper
une trentaine de branches de saule dont on va retirer l’écorce et la mettre en
lieu sûr, parce qu’elle servira à attacher les branches une fois qu’elles seront
fixées dans le sol. Les propriétés médicinales de l’écorce de saule, comme
l’anti-inflammation, la baisse de fièvre et les effets astringents, sont une
valeur qui se rajoute aux bénéfices à retirer d’une hutte de sudation.
Il est évident, tout au long des diverses étapes de préparation, qu’on doit
pleinement respecter la nature. On s’adressera ainsi aux plantes de manière
sacrée en leur faisant des offrandes de farine de maïs. Par ailleurs, comme il
faut utiliser plusieurs espèces, c’est l’occasion de faire une prière à l’arbre
maître du lieu pour qu’il avertisse toutes les plantes poussant à cet endroit
que l’on pourrait avoir besoin de plusieurs d’entre elles.
L’emplacement de la hutte se prépare en aplanissant le sol. Il doit être
lisse et confortable lorsqu’on sera assis dans la hutte, ce qui suppose qu’on
l’ait nettoyé de toute roche ou de tout arbuste. On nettoie aussi le sol devant
la hutte, là où l’on prévoit la porte d’entrée, soit à l’est. Au centre de la
hutte, on creuse un trou ; ce sera le nombril de la Terre-Mère où les grands-
pères, c’est-à-dire les pierres, vont offrir leur vie pour la guérison des gens
qui seront dans la hutte. Devant ce trou, en ligne droite vers la porte
d’entrée, on fait un monticule de terre qui va passer sous la porte d’entrée et
se prolonger à l’extérieur, toujours en direction de l’est. C’est le sentier de
l’esprit par où vont voyager les pierres chauffées et qui se rend jusqu’à la
tortue, l’autel de la cérémonie. Légèrement plus loin, toujours à l’est,
brûlera le feu sacré.
Pour construire la charpente de la hutte, il faut s’assurer d’une grandeur
approximativement égale des branches de saule, qui seront arquées pour
former un dôme suffisamment haut pour qu’à l’intérieur l’on puisse se tenir
assis, le dos et la tête bien droits. Toutefois, on ne fait pas d’excès sur la
hauteur. On ne marche pas debout, on rampe dans la hutte jusqu’à ce que
l’on soit assis à sa place autour du nombril de la Terre-Mère.
Pour qu’il y ait une disposition symétrique des perches de la charpente,
on peut utiliser n’importe quelle branche de bois à laquelle on attache une
corde. On la plante temporairement dans le trou central pour délimiter la
circonférence de la hutte, donc, les distances égales entre le trou central et
les points de fixation des différentes branches qui constitueront la
charpente. Avant de fixer l’extrémité de l’une d’entre elles, on creuse un
petit trou à l’aide d’une barre en fer, puis on y dépose une offrande de farine
de maïs. Dès qu’une branche est enfoncée dans le sol, on la dirige vers le
pôle opposé en l’arquant, mais on laisse une certaine hauteur droite avant de
la courber pour le confort intérieur des participants. Plus la hutte sera basse
et petite, plus l’expérience sera chaude et puissante.
Lorsqu’elles sont solidement plantées dans la terre, on attache les
branches, deux par deux, avec l’écorce de saule. On suit le sens horaire et
les directions dans cet ordre : 2 perches à l’est, de chaque côté du
monticule, espacées suffisamment en prévision de la porte d’entrée, qui
retombent à l’ouest ; 2 autres au sud, retombant au nord. Ensuite, on en
ajoute dans les entre-directions : 2 au sud-est, retombant au nord-ouest ;
2 au sud-ouest, retombant au nord-est. Si la hutte est petite, on en met une
seule dans chaque entre-direction. Puis on fait le tour de la charpente avec
des branches plus longues. La première perche fait le tour à la base de la
hutte, soit au niveau du sol. Comme il faut laisser libre l’espace de la porte,
on attache la branche de saule, pour la solidifier, après celles déjà en place
à l’est, de chaque côté du monticule menant à l’autel tortue. La deuxième
perche peut, par contre, faire le tour complet de la charpente, puisqu’elle
passe au-dessus de la porte et, un peu plus haut, la troisième aussi fera un
tour complet. Si toutes les branches ont été mises en place correctement,
elles forment une étoile au sommet du dôme, en ligne avec le nombril de la
Terre-Mère. Une dernière perche peut alors être ajoutée pour encadrer cette
étoile.
La cérémonie de la hutte de sudation
Au moment où la cérémonie peut commencer, tous se rassemblent autour
du feu sacré. On va procéder à son allumage avec des chants et des
moments de silence. Les pierres sont déposées, une à une, sur le bûcher
dressé sous forme triangulaire, dans le total respect des pratiques
traditionnelles. Chaque pierre porte ainsi une intention particulière en lien
avec tous les niveaux de relations, partant du Divin, des astres et de tout
l’Univers pour redescendre à la Terre-Mère et aux espèces vivantes qu’elle
nourrit.
Le feu sacré allumé s’embrase rapidement. Il y aura une attente de
quelques heures avant que les pierres soient suffisamment chaudes pour
indiquer le moment où les participants doivent se préparer pour entrer dans
la hutte. Cette attente va se passer totalement dans le silence, près du feu ou
ailleurs, chaque personne pouvant se déplacer à sa guise (à l’exception des
gardiens du feu).
Il n’est pas souhaitable de mettre par écrit tout ce qui se peut se vivre
à l’intérieur lors de cette période. Ces moments n’ont d’ailleurs pas fait
l’objet d’un enregistrement dans le cadre de la formation. Il s’agit d’une
expérience intime, privilégiée et personnelle. C’est hautement confidentiel.
Le déroulement grâce auquel l’expérience se réalise sur tous les plans,
incluant le spirituel, est enseigné seulement à l’intention des praticiens en
chamanisme initiés pour conduire des huttes de sudation.
Il faut garder à l’esprit que chaque cérémonie de cette nature est unique
puisqu’elle dépend des participants, de leur nombre et de la qualité de leur
participation. Elle est aussi déterminée par la température extérieure : s’il
fait un beau soleil ou s’il pleut, par exemple, au moment de la construction
de la hutte, car le trou central rempli d’eau ne produira pas l’effet attendu
après y avoir déposé des pierres chaudes : au lieu de faire de la lumière et
de réchauffer, les pierres vont se refroidir prématurément en envahissant
tout l’espace intérieur d’une vapeur d’eau si opaque qu’on ne verra plus les
pierres suivantes rentrer… De quoi désarmer le Windigo !
Les bénéfices sont, par ailleurs, toujours là, quelles que soient les
circonstances, et se prolongeront pendant plusieurs semaines, voire des
mois.
CONCLUSION
Aigle Bleu est conscient d’exiger beaucoup de la part des stagiaires en
termes d’apprentissage et de maîtrise. Il sait très bien que cela suppose une
grande disponibilité, tant pour l’acquisition des connaissances que pour la
pratique spirituelle nécessaire pour devenir de bons praticiens en
chamanisme. Il leur rappelle que lui-même, au moment de sa formation
auprès des Cherokees et des autres nations, a mis dix ans avant de parvenir
à une certaine régularité dans sa pratique spirituelle.
La mission de l’enseignant est de transmettre les vérités qu’il porte pour
que le plus grand nombre possible de personnes en bénéficient ; le rôle de
celles qui les découvrent est de les intégrer et de les insérer dans leur
quotidien, de sorte que s’opèrent des transformations majeures bénéfiques
dans leur vie. La voie initiatique n’est pas de tout repos, mais il y a l’idéal
à atteindre et il y a ce que l’on est en mesure de fournir comme efforts.
Même si l’on ne parvient pas à trouver le temps pour toutes les pratiques,
on doit mettre son énergie à bien faire celles que l’on peut. Si les
enseignements font sens pour vous, s’ils vous font du bien, poursuivez la
démarche que vous avez entreprise avec confiance. Ne vous découragez
pas. À un moment, les divers éléments vous paraissant actuellement
difficiles vont s’éclaircir.
Si l’on vivait dans la nature, sans technologie, sans artifice, on n’aurait
pas besoin de pratique spirituelle, mais en raison du monde dans lequel on
vit, la pratique vient suppléer la nature en nous raccordant aux lois
universelles. Cela permet, tranquillement, de redevenir des êtres humains
véritables, selon la définition des Premières Nations. Donc, il faut partir de
là où l’on se trouve maintenant, puis faire le maximum que l’on peut sans
culpabilité. Le conditionnement judéo-chrétien vous a peut-être mis en tête
que, dans le cas où vous ne pourriez pas tout faire, vous devriez abandonner
ou vous sentir coupable de passer autant de temps dans une pratique
spirituelle que vous n’arrivez pas à maîtriser. C’est la voix sourde des forces
de l’ombre qui ne souhaitent pas vous voir participer à la guérison de la
planète.
Ce qui importe est d’acquérir la sagesse qui permet de travailler en
profondeur. Le monde actuel crée d’innombrables maladies. C’est lui qu’il
faut changer et c’est par la sagesse que l’on peut y arriver : la sagesse innée
qui est dissimulée sous des millénaires de conditionnements. On doit la
dépoussiérer, et c’est ce que réalise la pratique spirituelle de concert avec
les enseignements. En dépoussiérant la sagesse innée, on ramène, pour soi
et pour le monde entier, les conditions de vie propices à la santé.
Il vous faut être à l’aise avec le fait de vous situer à tel ou tel niveau de
pratique spirituelle et de connaissances. Surtout, ne cherchez pas
à repousser la culpabilité si elle se présente. C’est une autre forme de peur.
Il suffit de la regarder, de l’examiner jusqu’à ses racines souterraines, et elle
va disparaître. Ne désirez pas, coûte que coûte, parvenir à une certification
de praticiens en chamanisme. Vous ne feriez que poursuivre le jeu de
récompense/punition dont il faut vous déconditionner. C’est la récupération
de votre sagesse qui doit constituer votre idéal à atteindre.
Si vous savez ce qui est vrai, vous voudrez faire ce qui est vrai.
1 Puissance cristalline est aussi le titre de la réédition du livre d’Aigle Bleu portant sur la guérison
avec les cristaux dans la tradition amérindienne. Le livre a été publié en 2015 au Dauphin Blanc.
2 L’échelle de Mohs classe la dureté des pierres sur une échelle de dix : le diamant figure comme
étant le minéral le plus dur, qui ne peut être rayé que par un autre diamant. Il est suivi du corindon, de
la topaze, du quartz, etc. Nos ongles sont à environ 2,5 sur cette échelle.
3 Les Canadiens francophones utilisent le mot « perdrix » pour la gélinotte huppée.
CINQUIÈME STAGE
Niveau 4 – Les amis
LA FAMILLE ÉTENDUE
Les vrais amis
Au cours d’une vie, on établit des liens de toutes sortes avec les gens qui
nous entourent. Nous développons des relations sociales d’affaires, de
loisirs, etc. Ces relations demeurent généralement superficielles. Nous
sommes aussi en lien avec les personnes avec lesquelles nous travaillons ou
étudions. Mais ces dernières relations, bien qu’elles puissent être
conviviales et fort agréables, n’entraînent pas nécessairement que nous
y soyons très attachés.
Le niveau 4 des relations, dans la numérologie amérindienne, nous
amène à la reconnaissance de l’autre en tant qu’ami et apporte ainsi une
extension à notre famille. Étendre le lien que nous avons avec les membres
de notre famille à des personnes qui n’en font pas partie exprime
l’importance que nous leur accordons. Nous les considérons comme si nous
avions une relation de sang avec elles. Cela révèle notre compréhension de
l’amitié profonde – celle qui est rare et précieuse. Ce n’est pas pour rien
qu’on a l’habitude d’affirmer que les vrais amis se comptent sur les doigts
de la main. C’est la vérité. Les vrais amis peuvent survenir au milieu de la
nuit chez soi, ils seront accueillis à bras ouverts, écoutés et hébergés au
besoin. C’est tout comme une relation de sang.
Pour les autochtones, la plus grande richesse, c’est la famille et les amis.
S’il s’avère qu’on établit peu d’amitiés de cet ordre au cours d’une
existence, il est néanmoins possible de les poursuivre de vie en vie,
exactement comme les liens que l’on souhaite maintenir avec la personne
bien-aimée et la famille.
Les amis viennent nourrir la notion de compassion, à l’origine de l’élan
qui pousse à aider les autres. C’est l’état émotionnel lumineux du soignant,
du guérisseur, de celles et de ceux qui savent regarder un autre être humain
et l’aimer avec intensité, comme ils le font à l’égard de leur famille. Or, la
disposition à développer l’amitié et ce genre de relation compatissante vis-
à-vis de tout un chacun, quelle que soit sa différence, s’éveillent très tôt
dans la vie. Quand on est jeune, on est naturellement ouvert aux autres. Les
conditionnements et les travers qu’ils causent chez l’individu au fil des ans
n’ont pas encore ravagé l’esprit et le cœur de l’enfant en bas âge, si on ne
lui a pas retiré sa spontanéité. Il peut ainsi regarder tout autre que lui-même
et reconnaître, en cette autre personne, toute sa dignité et son importance. Il
peut percevoir la valeur de l’amitié et distinguer la vraie des fausses ; il
perçoit avec son cœur sans discrimination.
En plus d’amener à la compassion, l’amitié enseigne l’honneur, la
loyauté, la manière d’être un bon confident. Elle apprend donc à développer
les capacités d’être un bon guérisseur. L’ami·e, c’est celui ou celle en qui
nous avons pleinement confiance. Cette personne ne nous trahira jamais !
En conséquence, on a le goût d’être fidèle et loyal. L’expérience privilégiée
de tels liens fait comprendre à quel point on ne peut pas faire confiance
ainsi à tout le monde. Qui n’a pas, un jour, pensé qu’une personne présumée
être une bonne amie lui avait lancé un poignard à la première occasion ? Ce
genre de fausseté est malheureusement trop courant, ce qui ramène le
caractère précieux et rare de l’amitié à préserver.
Chez les peuples autochtones, la notion de loyauté avait une grande
valeur ; elle se démontrait à travers les gestes d’honneur d’une personne,
comme celui de donner sa parole et de la respecter. C’était d’ailleurs le fait
de respecter la parole donnée qui définissait la qualité d’un homme ou
d’une femme. Pour cette raison, on ne parlait donc pas pour rien.
Aigle Bleu, alors qu’il était plus jeune, a pu le constater. Les aînés ne
s’empressaient pas de répondre aux multiples questions dont il les
bombardait dans son envie de tout connaître. S’il restait silencieux et
patient, les énergies se mettaient en place. Le moment approprié de parler,
pour les aînés, survenait tôt ou tard ; ils livraient alors leur enseignement.
C’est en raison de ce désir d’intégrité et de loyauté que les Amérindiens
d’un certain âge ont conservé, encore aujourd’hui, cette habitude de parler
très peu. Ils parlent lorsque c’est nécessaire, lorsque ça leur semble utile et
opportun. Leur parole les définit.
En bref, dans l’amitié comme dans toutes les circonstances de la vie,
lorsque vous dites que vous allez faire quelque chose, faites-le ! C’est votre
capacité de cocréation qui est mise en cause. La qualité de votre parole, qui
révèle la nature de votre droiture en tant que personne, démontre votre réel
potentiel pour servir l’humanité.
De la part de ceux qui ont créé ce monde artificiel, il y a une volonté de
détourner l’humain des lois universelles, de tout ce qui est amour, paix et
joie. Nous en avons déjà beaucoup discuté. Nous avons un long chemin
à parcourir pour revenir aux instructions originelles, mais l’amitié nous fait
comprendre que le premier pas à poser dans la bonne direction est celui de
la confiance qu’il est impérieux de rétablir dans le monde. Avec la
confiance s’installent la compassion, l’intégrité et la loyauté. Ainsi sera-t-il
possible de ramener l’humanité et la planète au plan du Créateur, ainsi se
recréera le monde dans l’harmonie.
Les amis spirituels du cercle
Le mode de fonctionnement en cercle constitue un excellent moyen
d’expérimenter la confiance. Un des points de sa loi universelle et
immuable impose la confidentialité : ce qui est partagé dans le cercle ne
peut être rapporté aux autres. C’est le même principe qui s’impose lorsque
des amis se font des confidences.
On pourrait ainsi dire que les personnes, dans un cercle, constituent des
amis spirituels. À moins que l’autre nous en ait donné la permission, nous
ne pouvons divulguer ce qu’il a confié au moment où il avait la parole. Le
cercle se présente, donc, comme un lieu privilégié pour s’exercer aux règles
de l’amitié : l’ouverture et l’attention à l’autre, son respect à travers la
confidentialité et la loyauté. C’est l’attention qu’elle reçoit de tous les
participants du cercle qui peut contribuer à la guérison d’une personne par
cette preuve de confiance et de compassion.
On a tous une sagesse innée. Le cercle expose cette sagesse au grand
jour. En fait, une personne a rarement besoin d’aide pour se soulager de ce
qui l’accable, elle a seulement besoin d’être écoutée. Dans certains cas, il
arrive que l’animateur doive intervenir pour encourager celle ou celui qui
éprouve des difficultés à se confier, mais alors son intervention se limite
à quelques questions pour relancer le partage. C’est sa responsabilité de le
faire, mais cela ne signifie nullement qu’il lui coupe la parole ou qu’il parle
en son nom. La règle générale qui s’applique dans 99 % des situations ne
change pas : on ne doit pas interrompre qui que ce soit, on ne discute jamais
à la suite de ce qui a été dit, on parle au « je » quand vient son tour.
C’est lors d’un cercle de guérison que l’animateur doit parfois intervenir
en raison de l’émotion qui se cache derrière les mots. Certains, quand ils
parlent, semblent très au courant de ce qu’ils ont vécu, ils le rapportent avec
exactitude, mais de ce que l’événement a pu provoquer en eux, pas un mot.
C’est comme s’ils l’ignoraient. Ils paraissent dissociés de l’impact de
l’expérience vécue. Ils arrivent ainsi à raconter, sans aucune émotion, des
choses horribles ! Or, tant qu’une personne demeure coupée de ses
émotions, aucune guérison ne s’opère.
Conduire un cercle, en raison des bénéfices que chacun peut en retirer, se
révèle un art qu’il faut maîtriser en raison de son importance. On acquiert
cet art en participant à toutes sortes de cercles, pour découvrir les
particularités de chaque cercle, ou en formant des cercles que l’on anime
dans une entreprise ou tout autre milieu de travail, dans sa famille ou son
couple, à des fins de guérison, d’études ou d’enseignement. Le
fonctionnement des différents cercles demeure semblable à quelques
nuances près.
L’animateur est celui qui cadre, dès le début, les particularités du cercle
(temps alloué de parole, temps de durée de la rencontre, objectif poursuivi,
etc.). S’il intervient avec quelques brèves questions au cours du
déroulement, c’est essentiellement afin de faciliter le partage de la personne
qui tient le bâton de parole, ou la plume, ou la pierre (mais jamais un
cristal) qui fait le tour du cercle. À la fin, c’est encore lui qui doit remercier
le groupe pour les partages, dont il fait la synthèse, résumant l’ensemble de
ce qui a été dit et dans le cas d’un cercle décisionnel, énonçant la décision
qui en découle.
Si l’animateur donne un caractère sacré à l’événement « cercle », cela va
soutenir son importance et disposer favorablement les participants au
respect des règles. Le cercle s’apparentera alors à une rencontre d’amis –
d’amis spirituels. Quand des amis se retrouvent, ils ont le goût de souligner
l’événement parce qu’il a beaucoup d’importance à leurs yeux. En
proposant une purification avant de commencer un cercle, l’animateur peut
ainsi solenniser la rencontre. Il la situe d’emblée sur un autre registre que le
spatio-temporel. Il est même possible de procéder à une purification avant
de commencer le cercle et d’en faire une autre à la fin. L’animateur peut
également proposer, à l’ouverture du cercle, un chant ou un moment de
silence. Au début, deux minutes suffisent à faire toute la différence !
Si l’on en venait à l’utiliser adéquatement suivant les circonstances et les
besoins, le cercle pourrait devenir la meilleure façon de diriger un pays, un
conseil, une association, etc. En raison du respect de chacun qu’il impose et
de la responsabilité individuelle qui est sollicitée lors des décisions prises
par consensus, le cercle mérite d’être mieux connu et utilisé.
LA JUSTICE RÉPARATRICE
La loyauté protège les amitiés, elle solidifie également les liens entre tous
les humains. Si les circonstances révèlent des manquements qu’un individu
pourrait avoir eus à l’égard d’une autre personne, il lui faut réparer les torts
causés. Lorsque c’est possible, on travaille alors avec la justice réparatrice.
Cela suppose qu’on sache bien s’en servir, car elle fonctionne sur des
principes opposés au système judiciaire des sociétés démocratiques.
Mode de fonctionnement autochtone
Autrefois, la justice réparatrice faisait partie des habitudes autochtones.
Les enfants y étaient initiés dès leur jeune âge. On n’avait pas besoin de les
punir. Ils connaissaient l’un des principes importants de leur éducation :
« Si tu fais une erreur, tu dois la réparer. » Telle était la règle à suivre. On
leur enseignait du même coup à ne pas attendre de récompenses pour le
bien qu’ils feraient, le bien constituant l’unique et précieuse récompense
qu’ils recevraient et qui les rendrait heureux. Ils connaissaient la loi, inscrite
à l’intérieur d’eux, et pouvaient bâtir leur vie sur elle. Cette loi leur servait
de repère, de guide ; ils avaient confiance en elle.
La justice réparatrice nécessite la réinstallation d’un certain niveau de
confiance entre les gens et le respect de la parole donnée. On le sait
lorsqu’on fait quelque chose d’incorrect. La personne ayant subi du tort doit
pouvoir espérer qu’il y aura réparation. Le responsable du tort causé doit de
lui-même reconnaître le fait et chercher à le réparer. S’il ne le répare pas, il
va continuer à le porter intérieurement, et quand on le porte, on freine son
développement personnel. Au bout du compte, après un méfait non réparé,
il y a deux victimes.
Les manquements à l’éthique, extrêmement rares chez les Amérindiens,
étaient gérés sur le principe de réparation de la faute. Comment cela se
passait-il ? C’était simple : si quelqu’un avait fait du tort à un autre, s’il
y avait eu un manquement grave, les gens amenaient ce fait dans un cercle.
Souvent un médiateur (animateur), réputé de bon jugement, participait au
cercle. Il présentait la personne qui avait eu un manquement à l’autre
personne qui avait subi le tort et à qui il donnait la parole pour qu’elle
raconte ce qu’elle avait vécu en détail. Le fautif était obligé de l’écouter. Il
n’y avait pas d’opposition entre les deux, l’un écoutait l’autre, car le fautif
aussi avait un temps de parole pour commenter son acte. La justice
réparatrice diffère en cela totalement du système de justice à l’intérieur
duquel la victime se défend contre l’accusé et l’accusé contre la victime
pour prouver son innocence, les deux défenses se réalisant par
l’intermédiaire de procureurs de justice.
Dans la justice réparatrice, les deux en cause essaient de s’entendre ; ils
ne s’affrontent pas. Le médiateur va chercher à les aider pour qu’ils
trouvent un terrain d’entente. La personne qui exprime dans un cercle ce
qu’elle a subi se sent totalement en confiance. Elle dit ce qu’elle ressent, le
besoin de confier, comme le fera ensuite le responsable du manquement.
Les deux seront soutenus par des accompagnateurs présents dans le cercle.
Ceux-ci aussi auront un droit de parole. Tous chercheront ensemble la
manière souhaitable de corriger le manquement.
C’est cela la justice réparatrice : veiller à corriger toutes les petites
erreurs.
Dans le cas de manquements très graves, tel un meurtre, la réparation
pouvait être de remplacer la personne qui avait été tuée. Si un époux était
tué, le meurtrier, si la femme était d’accord, pouvait s’engager pour le
restant de sa vie à faire toutes les tâches qui incombaient à l’homme décédé.
Mais parfois les gestes commis étaient trop graves, comme le manque de
respect envers une femme, ce qui n’était pas toléré dans les communautés
amérindiennes, ou le refus de corriger son action malgré plusieurs cercles
de justice réparatrice le demandant. Une punition, celle qui était considérée
comme la pire de toutes les punitions, était alors envisagée. Elle consistait
en l’ostracisme. On rejetait la personne qui devait quitter à tout jamais la
communauté sans retour possible sous peine de mort ; elle ne pouvait plus
fréquenter qui que ce soit de la communauté, ni revoir sa famille, ses amis,
etc.
Cas particuliers de pardon
• Pardon à une personne ne reconnaissant pas sa faute
Il n’y a aucune possibilité d’entrer en relation juste avec une personne
qui n’admet pas ses fautes, qui n’est nullement disposée à entreprendre une
démarche de réparation. Tel l’abuseur qui ne reconnaît pas être l’auteur
d’un viol ou d’une agression. Il semble impossible de pardonner à un tel
individu, mais dans l’absolu, oui, on peut lui pardonner. On pardonne à son
âme, à la personne dans son contexte spirituel.
Dans l’invisible, on peut pardonner, mais dans le physique, on ne peut
pas accepter que cette personne-là continue à vivre dans un mensonge aussi
énorme et ignoble. C’est faire preuve de droiture que d’affirmer qu’une
chose est inacceptable, si c’est le cas. Dans l’esprit autochtone, cette
droiture entraînait même l’ostracisme ou la mort. Donc, on pardonne dans
l’absolu, dans l’invisible, mais dans le physique, on ne peut soutenir de
relations, de quelque nature que ce soit, avec un individu qui n’admet pas sa
faute, qui ne cherche donc pas à la réparer.
C’est la seule manière d’aider quelqu’un qui se comporte ainsi. Il faut
être clair avec lui : ou bien il répare, ou bien on le rejette. Si nous
n’adoptons pas une telle fermeté, nous n’aidons pas l’individu qui nous
a causé un tort ; nous ne nous aidons pas non plus.
• Résolution et dissolution des torts subis à cause d’une personne décédée
Il y a une cérémonie qui peut être faite à cette fin. Elle contribue à libérer
le cœur et l’esprit. Elle est source de guérison. En voici les étapes :
• En haut d’une feuille de papier, vous écrivez le nom de la personne
décédée qui a pu vous faire du tort. Vous séparez ensuite avec une ligne la
feuille en deux : un côté « pour » et un autre « contre ». Vous essayez
d’équilibrer les deux côtés en notant, du côté « contre », les manquements
subis et tout ce qui était inacceptable, et de l’autre côté, les points positifs
que vous reconnaissez en cette personne.
• Vous coupez, avec une paire de ciseaux, la feuille en trois : le nom, le
pour, le contre.
• Avec la partie « contre » et celle du nom, vous vous rendez dans la nature.
À un endroit qui vous convient, vous vous placez face au nord et vous
appelez la personne par son nom. Vous l’appelez trois fois. La personne
est obligée de venir, en esprit, parce que c’est un contexte sacré. Vous
lisez ensuite, à haute voix, tout ce que vous avez écrit sous le titre
« contre ». Vous voulez mettre beaucoup d’émotion, parce que vous vous
adressez à cette personne, juste à elle. Vous parlez avec le cœur, vous
videz votre sac. Quand vous avez terminé, vous chiffonnez la section
« contre » de la feuille de papier et vous la jetez par terre. Avec du sel,
vous faites un cercle autour du papier chiffonné, puis vous le brûlez.
Enfin, vous soufflez sur les cendres pour qu’elles se dispersent.
• De retour chez vous, pendant 7 jours, une fois par jour, vous lisez la
colonne « pour ». À la fin de cette période, vous déposez le papier avec le
nom à un endroit où vous allez l’oublier, par exemple dans un livre que
vous ne relirez jamais.
La cérémonie guérit, en premier lieu, la nécessité que vous pouviez
ressentir de raconter, à une personne en particulier, soit à celle qui vous
a fait du tort, le mal qu’elle vous a fait et, conséquemment, la souffrance
que vous avez alors vécue. Elle guérit, en second lieu, la relation avec cette
personne au point que vous pourrez lui pardonner. Parfois, si les torts sont
importants, il faut répéter cette cérémonie. Il faut après l’avoir effectuée
ressentir en soi l’acceptation entière de la personne. Ensuite, si vous en
ressentez le désir, vous pouvez procéder à la cérémonie du pardon.
• Résolution et dissolution des torts subis à cause d’une personne vivante
Vous pouvez faire à peu près la même cérémonie pour parvenir
à accorder votre pardon à une personne vivante ayant eu un comportement
inacceptable à votre égard, sauf qu’idéalement il est préférable de le faire en
sa présence. Dans le cas où ce serait vraiment impossible, vous reprenez les
mêmes étapes que pour une personne décédée, à la différence que vous
n’appelez pas la personne trois fois, mais seulement une fois.
Le résultat, en effectuant ce rituel de résolution sans la présence de la
personne vivante, est de ne plus rien ressentir pour elle à l’issue de la
cérémonie. Cela coupe la relation complètement. Cela enlève donc à la
personne la possibilité de corriger la situation, de réparer son erreur.
Parfois, on n’a pas le choix, il faut agir ainsi, parce que la situation nous
obsède, parce que ce qui est arrivé prend trop d’importance dans notre vie.
En ce cas, on fait la cérémonie sans la personne fautive.
• Pour accorder son pardon à une personne décédée
C’est encore, en ce cas, la même cérémonie qui est utilisée, mais sans
aucune feuille de papier dans les mains. Vous vous rendez dans la nature.
Face au nord, vous appelez, trois fois, la personne décédée, et vous lui dites
ce que vous avez à lui dire. Tout ce que vous lui reprochez. Puis vous faites
la cérémonie du pardon.
Il faut toujours réparer et pardonner. C’est une démarche de base. Ainsi,
on ne laisse pas d’ombre derrière soi. C’est parfois très exigeant, mais, si on
ne le fait pas, une pollution interne gagne de plus en plus de terrain en soi.
Il faut ramener les choses à leur point de départ. On peut se guérir de tout,
pourquoi s’en priver ? En guérissant, on revient à la loi universelle,
à l’unité, au grand arbre de la Paix.
LES ENSEIGNEMENTS DU 4
Le 4 correspond à la figure géométrique du carré. C’est le chiffre de
l’équilibre et de la voie de guérison. Le carré rappelle les 4 éléments,
lesquels sont en lien avec les 4 corps de tout être humain, qui doivent être
en équilibre pour qu’il puisse jouir d’une bonne santé. Si l’on prend soin
d’un seul des 4 corps, on connaît, un jour ou l’autre, des ennuis de santé liés
à un ou plusieurs des corps. C’est ce qui se produit si l’on se trouve
simplement dans les émotions sans la rigueur du mental, ou si l’on
développe seulement le corps physique au détriment du spirituel, ou le
spirituel sans s’occuper du corps, etc.
La santé se préserve en gardant un équilibre des 4 corps.
Un des gros problèmes de la vie actuelle est le fait que les gens
travaillent trop à cause du système. C’est bien ce qu’il veut ! Car plus les
gens sont robotisés, plus il est en mesure de les manipuler. En fait, c’est
quand on n’a pas appris autre chose que l’on adhère à une telle manière de
vivre, mais il importe d’ouvrir les yeux : être accro au travail est une autre
forme d’addiction. Certains sont parfois tellement identifiés à leur travail
qu’au moment de leur retraite, ils tombent malades et décèdent peu de
temps après.
Savoir doser (repos, loisir, travail) est un grand défi pour tous. On se sent
coupable si l’on ne travaille pas tout le temps, mais le fait d’être paresseux
n’est guère plus souhaitable. Il révèle un déséquilibre tout aussi prononcé.
Les 4 corps font référence aux 4 éléments :
« Inspirez par le nez lentement, expirez par la bouche, puis faites une suspension, gorge
ouverte et détendue. Vous répétez 2 autres fois, chaque fois avec une plus longue suspension.
Ensuite, vous respirez normalement, naturellement, sans influence, permettant au souffle de
reprendre son rythme naturel.
Nous visualisons, dans l’inspiration, une lumière bleue entrer dans les poumons. Cette lumière
bleue se répand ensuite dans notre corps en commençant par les pieds. La lumière bleue
remplit les pieds et elle détend les pieds, toutes les cellules du pied, et les orteils, le talon, la
cheville. En détendant la cheville, le pied devient très lourd et pèse sur le talon. On détend les
mollets, les genoux. Si parfois un muscle est récalcitrant à la détente, n’hésitez pas à le
contracter en le crispant, puis vous relâchez pour mieux sentir la relaxation et la détente qui
sont disponibles. On détend les cuisses, l’attache des jambes, les hanches, le bassin, les
vertèbres lombaires. Les jambes sont très lourdes maintenant et s’affaissent contre le sol. On
détend les organes du ventre, le diaphragme, les poumons, les côtes. On détend les vertèbres
jusqu’au cou, les lombaires jusqu’au cou. Vertèbre par vertèbre, on remonte. On détend
l’œsophage et les bronches, le sternum et les clavicules. On détend les épaules, les bras, les
coudes, les avant-bras, les poignets, les mains et les doigts. Les bras sont lourds et s’affaissent
contre le plancher. On détend la tête, le cou, la gorge. On détend le crâne, le front, les yeux, les
sinus, les oreilles, le pavillon externe des oreilles et l’oreille interne. On détend le nez, les
lèvres, les gencives. La mâchoire légèrement ouverte, les dents ne se touchent pas. On détend
la langue, la mâchoire. Toute la tête très détendue s’affaisse contre le sol.
Vous êtes entièrement détendu. Le corps est lourd, tellement lourd qu’il devient aussi léger
qu’un petit nuage blanc dans un grand ciel bleu.
Vous visualisez votre corps de lumière resplendissant de beauté et de perfection. Vous
visualisez le corps d’ombre que vous êtes, vos mémoires, vos souvenirs – cet être précieux qui
est aussi votre école. Maintenant, le corps de lumière infuse le corps d’ombre de sa luminosité,
et les deux corps deviennent un. Un seul corps. Unité dans la lumière, comme les ailes d’un
aigle qui vous poussent aux épaules.
(Le tambour se fait entendre.)
Vous vous élevez dans le ciel au-dessus du domaine. Vous volez toujours plus haut vers le
monde de la forme idéale. Comme sur les ailes d’un aigle, vous échappez au royaume terrestre
et même à celui du Système solaire pour atterrir dans une immense clairière au centre d’une
grande forêt. D’un côté, un ruisseau court et se jette dans une vallée. De l’autre côté, un sentier
s’ouvre et mène à une grande plaine, et cette montagne que vous avez déjà visitée est là aussi.
Il y a beaucoup de fleurs et de plantes dans cette clairière. C’est de toute beauté et à l’orée de
la clairière, des milliers d’arbres de toutes les espèces poussent. Le long du ruisseau, d’autres
plantes, et même dans le ruisseau, encore d’autres plantes poussent. La vie végétale est
foisonnante et infinie dans toutes les directions.
Vous voyez au loin des herbes très belles. Elles sont vraiment très belles. Vous sentez qu’il y a
une plante qui vous appelle. Vous sentez, comme une vibration dans l’air, comme une voix –
une voix tranquille, une voix aérienne, une voix que vous n’avez jamais entendue, qui parle
avec discrétion, mais aussi avec insistance, car elle vous appelle, elle vous parle. Et, avant
même de voir quelle est la plante, quel est l’arbre ou l’herbe qui vous parle, vous voyez son
image dans votre esprit, et cela vous indique dans quelle direction il vous faut marcher pour la
trouver. Alors, vous vous dirigez vers cette plante qui vous appelle, et vous trouvez cette
plante que vous avez vue dans votre esprit, et vous examinez ses moindres détails. Vous entrez
dans la plante. Vous êtes la plante.
(Tambour seulement pendant quelques instants.)
Vous ressortez de la plante, vous l’admirez, vous la remerciez. Vous êtes enthousiasmé par
votre expérience, votre découverte – votre grande découverte. Et vous vous sentez attiré par un
arbre, ou encore par une autre plante. Vous entendez cette voix à l’intérieur de vous qui vous
dirige et qui vous indique sa présence. Vous voyez déjà, dans votre esprit, ses feuilles, et vous
vous dirigez vers lui, et vous trouvez l’arbre qui vous parlait et vous l’admirez. Vous allez
examiner chaque détail et vous lui demandez de pouvoir partager sa vie. Et l’arbre
immédiatement acquiesce, et vous entrez dans l’arbre. Vous êtes arbre, et vous percevez
comme un arbre perçoit, comme cet arbre perçoit. Vous faites la vie de l’arbre.
(Tambour et chant quelques instants, ensuite Aigle Bleu poursuit en s’accompagnant de son
tambour.)
Vous ressortez de l’arbre et vous l’admirez, et vous le remerciez, et vous allez vers le ruisseau.
Et là, vous suivez le ruisseau en bas, en haut, en nageant. Et le ruisseau se jette dans la vallée,
devient rivière, devient fleuve et se jette dans la mer immense. Et là dans l’eau, vous voyez de
grandes algues qui poussent, vous allez vers les algues qui se balancent comme un ballet dans
les vagues de l’eau. Vous les admirez et vous devenez algues. Vous êtes algues et vous
percevez comme les algues.
(Tambour et voix quelques instants, ensuite il poursuit avec le tambour seulement.)
Et vous ressortez des algues qui se balancent doucement dans les vagues comme dans un
ballet. Et vous les remerciez, et vous remontez jusqu’au ruisseau, du fleuve à la rivière, puis au
ruisseau. Et cette fois, vous suivez le sentier jusqu’à la plaine en volant comme un aigle, et
vous arrivez dans la plaine qui est couverte de grandes herbes, de grandes graminées qui
couvrent l’horizon et qui dansent dans le vent. Vous devenez herbe, vous êtes herbe et
graminée. Vous percevez comme une herbe dans la plaine.
(Tambour et voix, puis reprise du voyage.)
Vous ressortez de l’herbe, et vous la remerciez. Le temps est venu. Vous remettez les ailes d’un
aigle et vous volez. Et vous revenez ici, vous revenez vers la terre, ce bijou dans les airs, ce
bijou de grande beauté. Vous revenez et vous vous retrouvez dans votre corps, ici,
maintenant. »
EXERCICE DE TÉLÉPATHIE
La télépathie est utile pour les soins de guérison. Elle est également fort
utile si on anime un cercle : on sait quelles questions poser, quelles
interjections lancer, et à quels moments le faire. La télépathie nous souffle
discrètement les mots justes en soutien de la personne qui parle pour qu’elle
parvienne à libérer les émotions qui la retiennent. Elle nous fait voir ce qui
doit être soigné.
L’exercice que propose Aigle Bleu vise à développer les facultés
télépathiques que tous possèdent, même s’ils l’ignorent. Les praticiens en
chamanisme, comme toute personne intervenant auprès des gens, quel
qu’en soit le motif, ont grand intérêt à utiliser la télépathie pour que leur
action réussisse. Mais, pour l’utiliser adéquatement, il faut s’y exercer.
Pour l’exercice en question, le grand groupe de stagiaires se répartit en
petits cercles de 4 personnes. Une personne est désignée dans chaque cercle
pour faire 3 projections lorsque l’animateur dira que le moment est venu de
les faire : la première projection consistera en une forme géométrique ; la
seconde, en une forme géométrique avec une couleur, et la troisième, en un
souvenir joyeux. Les autres participants devront noter, par la suite, ce qu’ils
auront saisi télépathiquement. Ensuite, ce sera le tour d’une autre personne.
Quand on comprend comment les pensées peuvent se transmettre, on
acquiert vite des habiletés en télépathie. L’exercice se pratique ainsi :
• Tous sont assis, le dos bien droit. Aigle Bleu évoque rapidement les
visualisations de la méditation de base. La pensée doit visualiser d’une
manière accélérée, tout en demeurant précise et claire. Il faut être bien
ancré.
• Les images sont sommairement rappelées : « Vous sentez les deux
spirales, celle de la terre et celle du ciel, qui tournent en vous et autour de
vous en sens opposé. La spirale de la terre monte au 1er centre d’énergie.
Vous sentez l’effet puissant d’ancrage à la terre qui se produit. Vous
voyez le double tétraèdre avec, au centre, les 3 feux : rouge, jaune et bleu.
Vous voyez l’anneau vert avec les 5 rivières de couleur qui pénètrent et
nourrissent tous vos systèmes physiques avec, aussi, le poids de l’énergie
dans le fond de l’abdomen, où vous avez de la force vitale accumulée.
Cela remonte au plexus solaire. Vous voyez le cube bleu avec le soleil
orange. Le soleil doré au cœur avec, au centre, le double tétraèdre, pointe
à pointe. Vous restez un petit instant avec le cœur pour sentir la
communion avec le Tout. Au cou, à la gorge, vous voyez le fer à cheval
bleu foncé avec une étoile blanche à 5 pointes qui tourne. La lemniscate
améthyste à l’occiput. L’ouverture au sommet. La corne de bison au
centre de la tête. Le triangle doré au front et les 9 étoiles au-dessus de la
tête, en ligne droite. Très rapidement, vous les tissez : 9-7-8-9 (4 fois) ; 7-
5-6-7 (4 fois) ; 5-3-4-5 (4 fois) ; 3-1-2-3 (4 fois). De la 1re étoile au
triangle doré au front, puis au centre de la tête, le fil remonte par
l’ouverture, puis retourne à la 1re étoile (3 autres fois). Du triangle doré au
front, puis au cœur, cela remonte par le canal central, au centre de la tête,
et retourne au triangle doré (3 autres fois). La lumière dorée devient rose
quand elle transite par le cœur.
• Maintenant, vous envoyez de la 5e étoile au-dessus de la tête, au centre
des étoiles, un rayon bleu, du triangle doré au front, un rayon jaune, et du
cœur, un rayon rouge. Les 3 rayons convergent au centre de votre cercle
de 4 personnes, puis s’enfoncent au plus profond de la terre, au cristal de
la terre, et remontent, à l’inspiration, dans le dos. Et à chaque fois que
vous expirez, les 3 rayons rencontrent les autres rayons du groupe au
centre du cercle avant de descendre au cœur de la terre. Vous ressentez
bien le groupe des 4. La télépathie se communique et se reçoit sur les
3 rayons quand ils se rencontrent. Vous refaites cette respiration quelques
fois. »
• La personne désignée dans le cercle pour faire 3 projections est invitée
à faire la première, soit la forme géométrique. Aigle Bleu joue du
tambour sur un rythme régulier et stable pendant ce temps.
• L’exercice se réalise donc en 3 phases : conceptualisation, émission et
réception. Les personnes notent par la suite ce que leur esprit a capté. Les
mêmes étapes sont reprises pour les deux projections restantes, soit la
forme géométrique avec une couleur et le souvenir joyeux.
Il faut émettre et recevoir les 3 rayons si l’on désire « lire » la personne
qui vient consulter pour obtenir des soins. On les émet et les reçoit avec la
respiration. La respiration est capitale même pour cet exercice de télépathie.
À l’expiration, on émet ; à l’inspiration, on reçoit. Quand on émet, on doit
être concentré pour que la pensée ne dévie pas. C’est, en ce sens, un très
bon exercice !
La télépathie se communique et se reçoit principalement lorsque les
3 rayons se rencontrent, mais il est possible de recevoir l’information
à d’autres moments. Le moment le plus fort, le point culminant, demeure,
toutefois, celui de la pause qui survient après l’émission des rayons, donc,
avant d’inspirer.
CÉRÉMONIE DE GUÉRISON
Il existe un grand nombre de cérémonies de guérison à travers le monde.
Beaucoup de chamans ont leur mode de guérison spécifique, un mode qui
leur convient, qui leur est adapté.
La cérémonie qu’accomplit Aigle Bleu utilise des plumes d’aigle et le feu
sacré, qu’il considère d’ailleurs comme le canal par excellence pour
communier avec le Grand Esprit. Le feu peut tout transformer et amener
à la guérison. La plume d’aigle du chaman enseignant porte du crin de
cheval. Elle se trouve ainsi rattachée à la terre, ce qui lui donne une plus
grande sensibilité. C’est un véritable rayon X pour Aigle Bleu. Grâce
à cette médecine, il sait toujours exactement sur quoi travailler dans le corps
ou les champs d’énergie d’une personne espérant une guérison.
Déroulement de la cérémonie
Voici comment Aigle Bleu célèbre sa cérémonie de guérison :
1. Méditation visant à aligner les participants pour que l’énergie se place et
que le travail de guérison se prépare à l’intérieur d’eux. Tous sont assis
par terre en cercle.
2. Enseignement sur la conception amérindienne de la guérison et de la
santé, spirituelle autant que physique, si c’est la première fois que les
gens vivent une telle cérémonie. Autrement, on amorce immédiatement la
cérémonie par le chant et la prière pour que chaque participant intériorise
encore un peu plus ce qui se passe en lui et qu’il identifie la guérison qu’il
souhaite obtenir.
3. Purification, avec de la sauge, d’une première personne, qui est invitée
à rentrer à l’intérieur du cercle et à se présenter devant le feu sacré pour se
débarrasser de ce dont elle n’a plus besoin. Pour ce faire, elle pose des
gestes explicites avec les mains, par lesquels le Grand Esprit et ses
puissances intermédiaires peuvent comprendre à quel point elle est
réellement disposée à se guérir de tel ou tel problème. C’est le message
que les forces d’En Haut reçoivent par cette pratique demandant de
montrer physiquement l’intensité et l’ampleur du désir de guérison qui
nous anime. Après sa session devant le feu sacré, la personne se dirige
vers Aigle Bleu, qui nettoie les mauvaises énergies qu’elle pourrait
conserver encore. Il l’ausculte avec ses plumes, en même temps qu’il lui
donne l’énergie dont elle a besoin. (Chaque participant défile ainsi à tour
de rôle pour être purifié avec la sauge, puis par la puissance du feu sacré
et l’intervention chamanique.)
4. À la fin, tous se lèvent, se prennent par la main, agrandissant leur cercle
par toute l’énergie nouvelle qui circule en chacun. Aigle Bleu fait une
prière de remerciement à l’intention du Grand Esprit pour les grâces
accordées. Elle est suivie par le chant du cœur.
Détails sur la cérémonie de guérison
L’expérience vécue par les stagiaires a été très puissante. Voici un certain
nombre d’observations sur le déroulement de la cérémonie, comme
Aigle Bleu la conduit.
• Le feu sacré est au centre du cercle formé par les participants, qui sont
assis par terre, calmes et recueillis à la suite de la méditation qu’ils
viennent de faire.
• Aigle Bleu est à proximité du feu pour présenter une offrande de fumée
aux quatre directions. Après s’être purifié et avoir purifié ses plumes, il
transmet aux stagiaires les consignes pour le déroulement de la
cérémonie, surtout, en ce qui concerne l’étape 3 décrite ci-dessus, pour
que chacun comprenne l’importance des gestes concrets qu’il doit poser
pour évoquer la guérison qu’il désire. Immédiatement après les consignes,
la cérémonie s’enclenche.
• Aigle Bleu commence à prier en chantant alors qu’il fait le tour du feu
sacré. Il tient, dans la main gauche, ses plumes d’aigle, et dans la droite,
l’offrande qu’il fera au feu après sa prière. Puis, il s’immobilise devant le
feu, face à l’est. La tête levée vers le Ciel, il se met à prier à voix haute :
« Créateur, Grand Esprit, Sainte Mère divine, Père céleste, Terre-Mère,
sages protecteurs des quatre directions, esprits gardiens qui veillez sur
nous, grands-pères, grands-mères, ancêtres qui avez marché sur la terre
avant nous, d’une manière sacrée, nous prions aujourd’hui pour dire
merci pour tout ce qui nous a été donné et tout particulièrement pour la
voie sacrée, les enseignements qui nous ont été transmis depuis tant de
générations. Malgré toutes les tribulations, parce qu’ils ont survécu
jusqu’à aujourd’hui, nous disons merci ! Et nous prions pour remercier
aussi pour la terre, pour les règnes minéral, végétal et animal, pour les
éléments de la terre, de l’eau, du feu et du vent. Nous remercions pour les
jeunes et les enfants, les vieux et les aînés. Nous prions pour ceux qui ont
quitté cette vie, afin qu’ils montent vers la lumière, et pour ceux qui ne
sont pas encore nés, afin que nous puissions contribuer à ce que l’eau soit
bonne à boire et l’air bon à respirer. Et nous prions, en ce moment sacré,
pour la guérison de tous ceux qui sont ici et pour la guérison du lieu de
leur naissance. Nous prions afin que l’énergie puisse être présente dans le
respect de tous les êtres et que je puisse être un bon véhicule pour les
énergies qui doivent être, à ce moment-ci, dans le respect de tous les
êtres. C’est notre prière. Aho ! »
• Il ajoute en jetant au feu son offrande de farine de maïs : « Que tous
puissent obtenir ce dont ils ont besoin ! » Puis, il s’assoit et recommence
à chanter en priant avec le groupe et en attendant que défilent devant lui
les personnes, une à une, après leur passage devant le feu sacré où elles se
sont libérées, avec des gestes explicites, de ce qui fait l’objet de leur désir
de guérison.
• Pendant qu’une personne vit l’étape 3, les autres participants demeurent
assis en cercle autour du feu sacré. Ils prient, particulièrement, pour la
personne qui se présente devant Aigle Bleu à ce moment-là. Ils prient
avec le « chant des éléments », qui nourrit le corps physique s’il est repris
en continu ; quelques-uns accompagnent le chant d’un battement régulier
de tambour ou exécutent la « danse des quatre directions » à l’intérieur du
cercle. Tout se fait dans l’harmonie.
• La personne est purifiée dès son entrée à l’intérieur du cercle, ensuite elle
se dirige vers le feu sacré pour faire son offrande au feu (pincée de farine
de maïs), en demandant de transformer en compost toutes les erreurs et
les souffrances du passé. Alors, avec les mains, elle prend tout ce qui lui
semble être de mauvais souvenirs ou de mauvaises pensées, et elle les
jette dans le feu. Lorsqu’elle a terminé, elle tourne une fois autour du feu,
puis se rend près d’Aigle Bleu. Ce dernier va parfaire le nettoyage avec
une grande plume d’aigle et ausculter ensuite avec une autre plume
d’aigle à laquelle sont rattachés des crins de cheval. Il fait ensuite les
ajustements, harmonisations et guérisons requises toujours à l’aide de
cette plume. Ensuite, la personne retourne s’asseoir dans le cercle et
poursuit sa prière avec le chant des éléments, qui ne cessera pas avant que
tous ne soient passés à l’intérieur du cercle.
• À la fin, tous se prennent par la main pour chanter le chant du cœur. Le
cercle est nettement plus large et énergisé, presque électrifié. Juste avant
le chant, Aigle Bleu formule une dernière prière de reconnaissance au
nom du groupe : « Créateur, Grand Esprit, Grand Mystère, nous vous
remercions infiniment pour les bénédictions que nous avons reçues, pour
les offrandes de guérison, pour ceux qui les ont acceptées, pour
l’ouverture à accepter la guérison, pour la bénédiction des éléments du
feu, de l’eau, de la terre et du vent. Merci ! Aho ! »
Méditation de guérison
La méditation est la première étape de la cérémonie de guérison. Il peut
s’agir de la méditation du corps de diamant ou d’une méditation plus
spécifique, comme celle décrite ci-dessous, mais il peut s’agir de la
méditation de base. Toutes les personnes participant à la cérémonie sont
assises par terre ; elles forment un grand cercle autour du feu sacré. C’est
dans cette position qu’elles vont méditer avec le crépitement du feu sacré.
Si la méditation s’avère importante dans le cadre de la cérémonie de
guérison, c’est qu’elle peut enclencher la guérison par la puissance
évocatrice des images, des formes géométriques et des couleurs suggérées.
L’imagination crée ce qu’elle donne à voir. La complexité des visualisations
au cours d’une méditation oblige à ouvrir son esprit, à augmenter sa
concentration, sa conscience et son cœur, donc, à s’abandonner au flot des
images ; l’ego n’est plus au contrôle de l’individu méditant.
Voici un exemple de méditation pouvant être utilisée pour une cérémonie
de guérison :
• Commençons par suivre le va-et-vient du souffle, visualisant que chaque
inspiration nous apporte énergie, vie et lumière, que chaque expiration
répand cette énergie, vie et lumière dans toutes nos cellules et qu’à
chaque suspension entre les souffles, nous sommes vie par la présence du
Grand Esprit (silence).
• Visualisons la spirale qui monte de la terre, qui tourne en nous et autour
de nous, qui monte jusqu’au ciel, purifiant et clarifiant tout notre être
(silence).
• La lumière qui monte de la terre parvient au 1er centre d’énergie, à la base
de l’épine dorsale, au périnée, où nous visualisons un double tétraèdre
à l’intérieur duquel brillent 3 feux : une flamme bleue, celle de la volonté
d’être, une flamme rouge, celle de l’amour compassion, une flamme
jaune, celle de l’intelligence active et créatrice. Nous activons les
3 grands-pères créateurs de toute forme, acceptant les dons de la grande
puissance sous le sol, et activons le feu primordial à l’intérieur de nous
avec le chant de la terre.
• Les feux brillent avec intensité et montent le long de la colonne vertébrale
ou, plutôt, au canal central, qui est juste devant la colonne vertébrale,
parvenant au 2e centre, derrière le nombril, que nous visualisons comme
un anneau vert, vert forêt, et, dans cet anneau, pénètrent 5 rivières de
lumière, nourrissant notre corps physique, tous nos systèmes d’organes,
avec les dons précieux de la Terre-Mère. Une rivière de lumière blanche
qui nourrit les poumons et le côlon ; une rivière de lumière bleu foncé qui
nourrit les reins et la vessie ; une rivière de lumière vert foncé qui nourrit
le foie et la vésicule biliaire ; une rivière de lumière rouge vif qui nourrit
le cœur et les intestins (silence). Et une lumière solaire orange et jaune,
qui se transforme – de temps à autre, elle devient orange ou jaune –, qui
nourrit la rate, le pancréas et l’estomac (silence). Nous les visualisons
maintenant simultanément, 5 rivières de lumière comme un arc-en-ciel
venant de la terre et nous permettant une santé parfaite (chant de la terre).
• La grande énergie qui continue à monter parvient au plexus solaire,
visualisé comme un carré bleu, un cube bleu, et, dans ce cube bleu, une
sphère orangée : conscience solaire, accumulateur d’énergie qui permet
l’autoguérison, et les outils habiles pour transmuter et transformer notre
relation avec les émotions afin de les épurer pour qu’elles ne soient que
paix, joie et amour, d’abord avec un son qui fait sauter le diaphragme, qui
dénoue et « décristallise ». Avec la respiration, ensuite, pour faire circuler,
transmuter et transformer tout ce compost émotionnel pour qu’il devienne
des fruits bénéfiques pour les 7 générations à venir. Compréhension de
notre nature fondamentale (chant des éléments).
• Et la lumière parvient au cœur, où elle rencontre la spirale du ciel, double
tétraèdre qui, cette fois, se touche pointe à pointe, l’une venant d’en haut,
l’autre venant d’en bas. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Et
la jonction de ces 2 pointes produit une grande énergie que nous
visualisons comme des spirales de lumière rose qui se répandent dans
toutes les directions – énergie de l’amour universel, de l’amour
inconditionnel, sans frontière ni barrière. À la grandeur du monde, cette
lumière se répand, apaisant et consolant tous ceux qui souffrent, inspirant
et instillant sagesse dans tous ceux qui guident, décident et mettent en
place tout ce qui est nécessaire pour le nouveau monde où l’homme est en
paix et en harmonie avec la création du Grand Mystère.
• Nous observons ainsi une 2e spirale qui est blanche, celle-ci, et qui tourne,
dans l’autre sens. La spirale rose tourne toujours dans le sens horaire, elle
est beaucoup plus grande et importante que cette 2e spirale blanche qui,
elle, dissout et décompose tout ce qui n’est plus nécessaire, qui a servi
pour un temps et qui, maintenant, doit devenir compost énergétique pour
les nouvelles constructions du nouveau monde, de la nouvelle terre
(silence), fortifiant et stabilisant et équilibrant cette énergie du cœur,
établissant une relation avec tout ce qui existe dans l’harmonie, avec le
chant du cœur.
• Et la lumière parvient à la gorge. Au cou, nous visualisons un profond
tunnel de lumière indigo, sous la forme de la lettre U à l’envers avec, au
centre, une étoile blanche à 5 pointes, qui tourne sur elle-même, une
pointe toujours vers le ciel. Nourrie par notre respiration et notre
concentration, cette étoile se met à tourner de plus en plus vite et se met
à émettre à chacune des pointes de petites étoiles blanches qui courent le
long de nos méridiens d’énergie, purifiant tous nos canaux énergétiques
afin que nous puissions bien recevoir et distribuer la vitalité (silence, puis
chant avec le son « ou »).
• La lumière monte à l’arrière de la tête, là où le cou se joint au crâne.
À l’occiput, nous visualisons une lemniscate améthyste, violette, avec
cette énergie qui circule continuellement entre les 2 cercles perpétuels qui
apportent, dans l’instant, la connaissance du passé et de l’avenir, la
compréhension de la continuité de nos expériences. Au front, un triangle
doré pointe vers le ciel, vision juste des choses telles qu’elles sont, vision
éclairée des énergies subtiles. Au sommet de la tête, une ouverture par où
descend le nectar divin recueilli au centre de la tête par une corne de
bison ouverte à l’intérieur de laquelle résident 2 petites coupes, une dorée,
une violette, qui recueillent ces énergies, les distillent et les mettent à la
pointe de la corne, qui alors s’égouttent, goutte à goutte, dans le fond de
la gorge, portant à toutes nos glandes les messages d’En Haut. Trois
centres qui vibrent à l’unisson et que nous équilibrons et fortifions avec le
son « i » (chant).
• En ligne droite au-dessus de la tête, 9 étoiles – 9 niveaux supérieurs de
notre être, 9 paliers de plus en plus subtils, 9 portes de la compréhension
divine. La 1re étoile, directement au-dessus de la tête, et les 8 autres en
ligne droite au-dessus d’elle. Parmi ces étoiles, nous tissons un vêtement
de gloire, un habit de beauté, une broderie de lumière, en prenant donc un
fil de la 9e étoile qui arque et qui revient pour traverser la 7e, qui ressort,
arque de nouveau pour revenir à la 8e étoile, qui ressort et qui arque de
nouveau pour revenir à la 9e, tissant un premier point dans cette broderie
de lumière que nous répétons 3 autres fois.
De la 7e à la 5e, à la 6e et à la 7e (4 fois).
De la 5e à la 3e, à la 4e et à la 5e (4 fois).
De la 3e à la 1re, à la 2e et à la 3e (4 fois).
• De la 1re étoile, un rayon doré jaillit et descend au triangle doré du front,
pénètre au centre de la tête, à la corne d’abondance, à la corne de bison, et
remonte par l’ouverture au sommet de la tête pour retourner à la 1re étoile,
raffermissant ainsi notre conscience d’exister dans de multiples
dimensions et toute l’énergie lumineuse que cela comporte (3 autres fois).
• Du triangle doré au front, une lumière dorée jaillit, revient, pénètre le
mystère qui est le cœur. Traversant le cœur, elle devient une lumière rose
et monte le long du canal central, traversant la gorge, remontant au centre
de la tête, revenant au triangle doré au front, rattachant toute cette lumière
au corps physique (3 autres fois).
• Les 9 étoiles descendent en nous, pénétrant par l’ouverture au sommet de
la tête, chacune des étoiles venant se placer près d’un des centres que
nous avons visualisés, les remplissant de lumière arc-en-ciel (silence). Et
un autre « 9 étoiles » descend du ciel et vient se placer au-dessus de la
tête, chacune comme une fontaine de lumière arc-en-ciel qui déborde,
lumière jaillissant partout autour de nous et en nous (silence).
• Jaillissent de la 5e étoile, au-dessus de la tête, un rayon bleu-blanc, et du
triangle doré au front, une lumière jaune, et du cœur, une lumière rouge.
Ces 3 rayons de lumière se rencontrent devant nous et descendent
jusqu’au cœur cristal au milieu de la terre. À l’inspiration, ces 3 rayons
remontent dans notre dos, à l’extérieur du dos, jusqu’au-dessus de la tête,
jusqu’aux 9 étoiles. À l’expiration, encore ces 3 rayons, rouge du cœur,
jaune du front, bleu blanc de la 5e étoile, se rencontrent devant nous et
descendent au cœur cristal de la terre. À l’inspiration, ils remontent
à l’arrière de nous, jusqu’aux 9 étoiles au-dessus de la tête. À chaque
expiration, les 3 rayons se rencontrent, descendent devant, une petite
partie de cette énergie est recueillie par le 2e centre d’énergie, qui se
contracte pour la conserver, tandis que le reste continue jusqu’au cœur
cristal de la terre. En remontant, cette énergie emporte un peu de l’énergie
du cœur cristal de la terre et remonte aux étoiles au-dessus de la tête. On
continue cette respiration quelques instants.
• Une nouvelle fois, à l’expiration, les 3 rayons sont unis ; cette fois, les
3 rayons rencontrent tous les autres rayons des membres du groupe, au
centre de la salle. Ensuite, les rayons continuent et descendent au cœur
cristal de la terre. À l’inspiration, ils remontent dans le dos ;
à l’expiration, les 3 rayons sont unis et rencontrent tous les rayons des
autres personnes. Ils rencontrent l’esprit du groupe, au milieu de la salle,
puis descendent au cœur cristal de la terre qui est au centre de la terre, et
remontent dans le dos. À mesure que l’on continue cette respiration, on
perçoit les messages et l’information qui viennent de l’esprit du groupe
(silence).
• Maintenant, nous lâchons prise sur toute conceptualisation et
visualisation, et demeurons simplement dans l’instant, dans la quiétude et
l’inspiration du moment présent, observant simplement le flot de la
conscience qui s’écoule sans intervenir (silence, puis chant de la création
avec les maracas).
CÉRÉMONIE DU LEVER DU SOLEIL
Après les grandes joies éprouvées à la suite de la cérémonie de guérison,
on ressent énormément de reconnaissance. Se lever tôt pour célébrer le jour
nouveau n’est pas un exercice exigeant ; la joie et la paix nous habitent. La
cérémonie du lever du soleil est, de fait, une excellente manière d’exprimer
sa reconnaissance, de laisser son cœur chanter tout le bonheur qu’il ressent.
Chaque nouveau jour mérite, en fait, une telle cérémonie, même si la
température est maussade, même si l’on ne se sent pas très enthousiaste
à l’idée de vivre la journée qui s’annonce pour toutes sortes de raisons
personnelles. Or, la cérémonie du lever du jour, vécue en groupe, peut
alléger l’esprit et le corps, mettre de la lumière dans les pensées sombres,
réconforter et redonner l’énergie déficiente. À un moment donné, le soleil
surgira, augurant un jour de grande luminosité sinon extérieure, tout au
moins intérieure, par la chaleur humaine des personnes qui nous entourent.
Par le feu sacré d’une famille élargie.
Comme la cérémonie se déroule aux lueurs de l’aube, alors que le soleil
n’est pas encore sorti, cela suppose qu’on ait préparé, la veille, tout ce dont
on aura besoin : l’emplacement du feu, s’il n’y en a encore jamais eu à cet
endroit, et les pierres le délimitant ; assez d’écorce de bouleau pour
l’allumage et les 4 fagots de 8 branches de grandeur différente pour
constituer le feu sacré après les invocations.
Déroulement commenté de la cérémonie
• La cérémonie commence avec la purification des lève-tôt, au moment où
ils prennent place autour de l’endroit où le feu sacré sera construit,
suivant les règles déjà enseignées qui demeurent les mêmes, quelle que
soit la cérémonie. D’ailleurs, du fait même qu’on doive répéter
exactement toutes les étapes spécifiques au feu sacré, on finit par les
mémoriser et les intégrer si parfaitement qu’elles nous deviennent
spontanées et faciles. Cela nous permet d’en arriver à une intensité
toujours plus grande dans les prières et les gestes. Tel est le but de la
régularité dans la pratique spirituelle, qu’il s’agisse de rituel, de
cérémonie, de danse ou de méditation : sentir, avec plus d’acuité et en
pleine conscience, son ancrage à la Terre-Mère et son lien avec le Grand
Esprit et les puissances disponibles à tout instant.
· Après les invocations extérieures des directions et entre-directions,
Aigle Bleu invoque le feu intérieur en jetant son offrande de farine de
maïs dans le feu sacré, qu’il allume avec une allumette de bois. Jamais
avec un briquet, ne l’oubliez pas ! Puis, il distribue de la farine de maïs
à chaque personne formant un cercle autour du feu sacré pour qu’elle
puisse mettre son intention de prière dans le feu sacré. Juste avant, pour
que ces nouvelles intentions soient favorablement accueillies, Aigle Bleu
invoque, une seconde fois, les directions, la Terre-Mère et le Ciel, dans
les mots habituels, en commençant toujours vers l’est : « Nous appelons
ici l’esprit et le pouvoir de l’est, lumière intérieure et extérieure,
illumination, Aigle doré. Viens ici, maintenant, nourrir cette prière et ce
feu sacré. » À chaque invocation spécifique, il élève la main droite tenant
l’offrande de maïs vers la direction invoquée, le corps tourné aussi vers
cette direction. Tous suivent les gestes qu’il fait, tirant leur main jusqu’au
cœur avec une forte tension dans le bras.
• Au moment de remercier la Terre-Mère, Aigle Bleu met un genou et la
main contenant le maïs sur le sol, ce que font aussi les autres, et prie avec
ces mots : « Nous offrons nos remerciements à la Très Sainte Terre,
à notre Mère, pour tous ses bienfaits, sa beauté, sa bonté, pour toutes les
formes de vie qu’elle porte. » Tous se redressent ensuite et, le bras élevé
au Ciel, s’unissent à la nouvelle invocation d’Aigle Bleu : « Pour le
Créateur ! » Ils font 3 petits cercles avec le poing fermé retenant leur
offrande, puis tirent le bras tendu jusqu’au cœur.
• La prière se poursuit : « Créateur, Grand Esprit, d’une manière sacrée
aujourd’hui, devant le feu sacré, nous accueillons le jour nouveau, nous
attendons le soleil (alors que nous voyons la lune – si c’est le cas), et nous
remercions pour tout ce qui nous a été donné en ces jours bénis où les
enseignements ont pu être partagés, où la guérison s’est effectuée, où le
lieu nous a accueillis avec une bonne énergie, où les esprits nous ont
accompagnés avec guérison, sagesse et sérénité. Nous remercions pour
tous ceux qui ont contribué à notre rencontre, de près ou de loin. Nous
remercions pour la terre qui nous accueille. Nous remercions pour les
vallées, les montagnes et les plaines de la terre, pour les ruisseaux, les
lacs, les océans, les nuages, la pluie, la neige de la terre. Nous remercions
pour les vents qui soufflent des 8 directions de la terre. Nous remercions
pour les feux, les volcans, les éclairs de la terre. Nous remercions pour les
cristaux, les métaux, les pierres et les roches de la terre. Nous remercions
pour les légumes, les fruits, les arbres, les herbes, les arbustes, les
champignons, les pousses, les plantes – la chevelure de la terre. Nous
remercions pour ceux qui volent dans les airs, qui nagent dans les eaux,
qui rampent sur la terre, les quadrupèdes et les insectes, les enfants de la
terre. Nous remercions pour les jeunes, les enfants et les bébés, les vieux,
les vieillards, les aînés, et nous prions pour tous ceux qui ont quitté cette
vie afin qu’ils retrouvent leur chemin dans la lumière et pour tous ceux
qui ne sont pas encore nés pour que nous puissions contribuer à une terre
où l’eau est bonne à boire et l’air bon à respirer. Nous prions, en ce jour,
pour tous les peuples afin qu’ils puissent retrouver le chemin de la terre,
afin qu’ils puissent comprendre que la terre est abondante et que, si nous
la cultivons avec notre famille, nous pouvons subvenir à tous nos besoins,
et qu’il n’y a pas de plus grande sagesse et de plus grand talent et de plus
grande connaissance que celle de connaître la terre. C’est notre prière.
Aho ! »
• La dernière prière reprend les principaux éléments des prières habituelles
proposées par Aigle Bleu, mais elle est spécifique au jour même où on la
fait et aux personnes en présence. Elle doit donc tenir compte du contexte,
du moment présent. Elle contient ainsi toujours un ou des éléments qui ne
figuraient pas dans la cérémonie précédente. Comme chaque jour est
différent, chaque prière au lever du jour doit être renouvelée par la
personne qui conduit la cérémonie. Elle est suivie des offrandes de maïs
de chaque participant qui exécute alors les gestes prévus, et déjà
enseignés, pour une offrande : porter, d’abord sur son front, la main
contenant la farine, ensuite, inspirer et expirer sur la main légèrement
ouverte, puis jeter l’offrande au feu. Si on le désire, on peut faire une
offrande supplémentaire, par exemple, en prononçant sa prière à voix
haute avant de jeter la pincée de farine dans le feu.
• Après l’offrande, on ne doit pas oublier de faire un tour complet du feu et
d’éviter de lui tourner le dos, alors que l’on revient à sa place dans le
cercle. On s’éloigne donc du feu sacré en marchant à reculons. Lorsque
toutes les offrandes sont terminées et que chaque personne est revenue
à sa place, Aigle Bleu fait tourner le cercle. Tous tournent lentement
autour du feu sacré, en maintenant la forme circulaire, puis se clôture la
cérémonie avec un chant de réjouissance.
CONCLUSION
Dans toutes les communautés amérindiennes, quand des enseignements
étaient donnés, c’était à l’intérieur des clans, car chaque clan portait une
médecine particulière. Aucun point de ces enseignements ne devait être
révélé en dehors du clan. On les gardait secrets parce qu’on estimait qu’ils
ne concernaient pas les autres clans. Chaque membre du clan s’engageait
ainsi à ne rien dévoiler. C’était une manière d’inculquer la loyauté,
l’intégrité et le respect de la parole donnée, valeurs qui étaient primordiales
pour les Amérindiens, car elles servaient à solidifier les liens entre eux,
dans la nation, le clan ou la communauté. Ils étaient donc liés par le sang et
la confiance qui existait inconditionnellement des uns envers les autres.
Le chiffre 4 nous a rappelé la qualité des relations que nous devons
développer avec les autres, ceux qui font partie de notre famille étendue :
les vrais amis, les amis spirituels, les personnes venant nous demander des
soins, etc. Car la compassion nous donne un élan vers autrui, elle nous
pousse vers celui ou celle qui a besoin de nous, sans discrimination de sexe,
de religion ou de race. Le 4 nous redit l’importance d’élargir toujours
davantage le rayonnement de notre cœur ouvert pour que le monde se
transforme plus rapidement.
Les soins de guérison s’élaborent aussi à partir des enseignements que
donne le 4, le nombre de l’équilibre. On a vu différentes méthodes pour
aider les autres à équilibrer leur être sur tous les plans, dans tous les corps.
Nous comprenons très bien, de ce fait, la nécessité de préserver cet
équilibre dans nos propres existences. Alors, quand les circonstances
mettent à l’épreuve notre vulnérabilité et notre fragilité, nous savons
comment rétablir, sans attendre, notre ancrage à la terre, notre lien avec le
Créateur et tous nos systèmes de guérison.
Toutes les méthodes de guérison enseignées ne nous parlent sûrement pas
de la même manière. Certaines peuvent nous paraître inintéressantes ou
inabordables. Perfectionnons celles qui nous interpellent, celles qui nous
conviennent, celles qui font sens. Il faut, avant tout, que « ça » nous parle si
l’on désire parvenir à maîtriser tel ou tel soin et ressentir joie et amour
à l’utiliser dans le but d’aider une autre personne.
SIXIÈME STAGE
Niveau 6 – Le clan
CONSIDÉRATIONS SUR LE 6
Le clan
On peut dire que le clan, c’est une famille étendue qui existe partout,
dans toutes les nations, sur le plan international. La notion se perd dans
certains lieux en raison des influences de la société moderne et des
religions, mais la famille clanique est bien réelle. Elle constitue une famille
avec les caractéristiques suivantes : on ne peut épouser quelqu’un du même
clan, ce qui peut être considéré comme une forme d’inceste, même si les
personnes n’ont aucun lien biologique ; on peut voyager dans différentes
nations et être bien accueilli partout en raison de notre appartenance au
même clan, même si les gens ne nous connaissent pas.
Aigle Bleu, par exemple, qui est du clan de l’Ours, dès qu’il arrive dans
une nouvelle nation, s’informe pour savoir où rencontrer des personnes de
son clan. Et, là où on le dirige, si c’est un vieil homme qui lui ouvre la
porte, il peut le saluer en l’appelant « grand-père », parce qu’il est
immédiatement considéré comme faisant partie de la famille. D’ailleurs,
tous les grands enseignants qu’il a eus au cours des ans sont du clan de
l’Ours. Tous ses plus grands amis aussi.
Le clan, c’est une réalité très proche de qui on est.
Au niveau des animaux totémiques, l’animal du clan est habituellement
celui qui est à l’intérieur de soi. C’est le totem qui nous identifie le plus,
à qui nous ressemblons le plus en général. Il se place en notre cœur. Il
définit aussi le type de responsabilités que nous avons par rapport aux
autres, car chaque clan, au sein de la nation, était autrefois responsable d’un
ou de plusieurs secteurs importants de la vie quotidienne. C’est ce qui
donnait une organisation harmonieuse aux communautés. Chacun savait ce
qu’il avait à faire, comme quelque chose d’inné, faisant partie de soi ou
allant de soi.
La responsabilité du clan de l’Ours consistait à aller, chaque matin, en
haut de la montagne, pour prier à la tête des eaux, parce que les eaux ont
une mémoire, et que, si nous priions là, les eaux emportaient notre prière, la
faisant ainsi voyager à travers tout le pays. Ce clan était aussi responsable
de tout ce qui concernait la médecine, les soins à donner. Il comprenait bon
nombre de guérisseurs et de gardiens de la tradition.
Certaines responsabilités attribuées à des clans se sont perdues au fil de
l’histoire des Amérindiens, qu’on a cherché à exterminer. Mais c’est aussi
le cas des autochtones sur d’autres continents. Petit à petit, elles
resurgissent toutefois, et les communautés peuvent se réorganiser en
fonction d’elles. Le clan du Loup était ainsi formé de chasseurs et de
guerriers des plus efficaces pour assurer la protection de la communauté et
former les équipes de chasse. Le clan du Castor comprenait les personnes
responsables de l’écologie. On s’adressait à cette famille, entre autres, pour
tout ce qui avait trait aux célébrations cycliques.
Chaque responsabilité servait à tous. Chaque clan était responsable
d’abord des membres qui en faisaient partie, mais aussi de la communauté,
de la nation. C’est ainsi que les traditions et les enseignements ont pu se
transmettre. Les prophéties en sont un bel exemple : elles ont été révélées,
cinq cents ans avant la venue des Européens, par une transmission secrète
à une famille dans chaque clan de chaque communauté.
Certaines nations, dont les Ojibwés, ont beaucoup de clans ou des clans
qu’on ne retrouve pas ailleurs, tels les clans avec des noms de poissons.
D’autres, dont les Hurons, n’en possèdent plus que quatre. La réalité des
clans dans les nations, aujourd’hui, est très diversifiée, mais elle est encore
bien présente.
Lors d’un séjour près de Berlin, en Allemagne, dans une petite
communauté écologique, Aigle Bleu a rencontré un ancêtre celte qui lui
a raconté qu’à cet endroit même, les clans des Celtes étaient autrefois basés
sur les arbres, mais que cette connaissance s’était complètement perdue. Un
chaman celte a pu lui confirmer, plus tard, que le deo celte était issu du
chêne, c’était chose connue, mais pour le reste, il lui a avoué qu’il peinait
à retracer le savoir traditionnel.
L’ancêtre lui a aussi confié que le langage symbolique privilégié par les
Celtes était en lien avec les fleurs. Celui des Amérindiens utilisait les
animaux : si l’on portait une plume de telle façon, cela signifiait telle chose
en particulier, ou si l’on utilisait telle partie d’animal, c’était pour indiquer
telle autre chose, etc. En Europe, comme il y a plus de diversité au niveau
de la flore qu’en Amérique du Nord, le recours aux fleurs s’avérait tout
à fait pertinent. On peut comprendre ainsi le grand intérêt qu’il y a
à communiquer avec les ancêtres pour réapprendre les spécificités propres
au territoire où l’on vit. Cela permet de retrouver ses racines. Quand on sait
qui on est vraiment, on sait comment parvenir au bonheur.
Trouver son animal totémique
Les animaux totems existaient aussi en Europe. Ils se présentaient sous
d’autres formes ou significations que celles en contexte nord-américain,
mais leurs caractéristiques principales étaient semblables, à savoir : un
totem ne change pas, on le garde pour la vie. Il importe, en ce sens, de le
distinguer des animaux qui viennent à nous de façon passagère pour
apporter un enseignement éclairant le moment présent. Cela peut être
à travers une vision, un rêve ou une rencontre au cours d’une promenade
dans la nature. Cet animal va revenir tant que l’on n’aura pas compris son
message, mais il n’est pas pour autant un totem. Si on l’appelle, il ne
viendra pas nécessairement toujours, contrairement à l’animal totem, dont
l’esprit accourt dès que l’on fait appel à lui.
Une excellente manière de rencontrer son animal totémique est de faire
un voyage chamanique à cette fin, mais dans le quotidien, on peut déjà
obtenir des indications révélatrices d’un totem en particulier.
Si, par exemple, on voit souvent le même animal, que ce soit dans la
nature ou dans un rêve, on peut soupçonner qu’il est un des 7 totems que
tout individu possède. Pour le situer, vous vous mettez dans une ambiance
ou attitude méditative. Bien centré, bien aligné, vous appelez l’animal :
« (Nom de l’animal), viens vers moi ! » Puis, vous observez où il se place :
au cœur, en avant ou en arrière de vous, du côté gauche ou droit, en dessous
de vous ou au-dessus.
Lorsque vous serez familier avec votre animal totem, vous pourrez même
voyager avec lui. Pour un voyage sur les plans subtils, cela va beaucoup
plus vite. C’est également plus sûr, parce que l’animal accède à des
informations qui ne nous sont pas accessibles autrement qu’à travers lui. On
peut voyager avec l’un ou l’autre des totems qu’on a, cela ne se restreint pas
à l’animal du clan. En fait, c’est celui qui se présente au moment où l’on
désire faire un voyage.
Il y a des dons et des aptitudes qui se rajoutent à notre personne à travers
les totems, si nous faisons appel à eux – ce qui est, par ailleurs,
indispensable dans le travail chamanique. Il est également très utile de
connaître les totems des gens avec qui l’on travaille. On peut converser
directement avec ces totems ; ils peuvent nous informer souvent mieux que
la personne à soigner ! Car le totem n’a pas de filtre ; il a accès à des
connaissances pertinentes, soit aux caractéristiques du totem de la personne
demandant un soin, dont nous pourrions avoir besoin.
On est dans un processus de retour aux racines. C’est une question de
survie. Il nous faut retrouver la sagesse primordiale qui permet d’être en
unité avec la nature. La connaissance de l’animal totem est précieuse dans
cette quête, parce que le totem nous rattache à nos vraies racines. Cela
donne une compréhension profonde et innée de la nature qui est devenue
primordiale du fait que l’on vit dans des circonstances et dans des lieux
généralement très loin de la pure nature. Il paraît, dès lors, impérieux de
connaître ses totems, comme étape préparatoire à l’affirmation de son être
véritable. Ils ne se trouvent pas tous d’un seul coup, lors d’un unique
voyage chamanique ou d’une seule promenade.
Il n’est pas nécessaire de connaître nos 7 animaux totems. Le plus
important, c’est celui du cœur, au centre de notre être. Il va de lui-même
finir par se faire voir de vous s’il ne vient pas en premier. Par contre, si un
autre totem vous apparaît, vous l’accueillez ; il vient, en premier, parce qu’il
est celui dont vous avez besoin dans l’immédiat.
VOYAGE CHAMANIQUE
À LA RENCONTRE DES ÉLÉMENTS
La préparation est semblable à celle des autres voyages. En mémorisant
les étapes, on les fait siennes au point qu’elles finissent par se succéder sans
heurt, tout naturellement. La détente survient plus rapidement. On se laisse
emporter dans le voyage, on s’y enfonce sans résistance, on lâche prise.
Pour une pleine détente, il importe de s’installer confortablement avant
de commencer les exercices de respiration et de relaxation. Aigle Bleu le
rappelle donc dès le départ.
« Vous commencez par vous centrer en prenant de grandes respirations : inspiration par le nez,
expiration par la bouche, puis un temps de suspension (3 fois). Votre gorge doit être détendue
et bien ouverte.
Une autre très grande inspiration, suivie d’une puissante expiration jusqu’au bout des
poumons, puis vous relâchez tout (3 fois). Toute tension, toute nervosité, toute attente sortent
de votre corps. Vous recommencez ensuite à respirer normalement, sans concentration autre
que sur le souffle.
Vous visualisez ce que le souffle vous apporte, soit une lumière bleue. À l’inspiration, il y a
une lumière bleue qui entre dans les poumons et, à l’expiration, cette lumière bleue, vous la
dirigez dans vos pieds, orteils, talons, chevilles et dans la plante des pieds. Si vous sentez qu’il
y a des muscles qui résistent à la détente, vous pouvez les tendre, les crisper, puis vous les
relâchez. Détendez-les bien, comme il le faut. Entièrement.
Vous remontez avec la lumière bleue le long des jambes. Vous détendes les mollets, les
genoux, les cuisses, les hanches. Vous détendez le bas-ventre et tous les organes du ventre.
Tout se détend, se relâche. Vous détendez le diaphragme, les côtes, les poumons et les
bronches. Vous détendez l’œsophage, les clavicules, les trapèzes, les épaules. Vous détendez
les bras, les coudes, les avant-bras, les poignets et les mains. Il est nécessaire de tendre chaque
doigt pour ensuite le relâcher encore plus totalement.
Vous détendez la colonne vertébrale à partir du coccyx en remontant vertèbre par vertèbre
à travers les vertèbres sacrées. Vous ressentez les nerfs qui partent de chaque vertèbre, qui s’en
vont irradier tout le corps. Vous les sentez tous se détendre, vous sentez bien tous les organes,
les tissus, les os qui se détendent, et vous remontez ainsi vertèbre par vertèbre dans le dos.
Vous parvenez au cou. Vous détendez aussi les vertèbres du cou. Vous détendez la gorge,
encore le début des bronches et l’œsophage, les muscles du cou jusqu’à l’arrière de la tête.
Vous détendez tout le crâne ainsi que le cuir chevelu. En détendant le cuir chevelu, chaque
cheveu tombe détendu. Vous détendez le front, les arcades sourcilières, les yeux, les tempes,
les oreilles, à la fois le pavillon de l’oreille externe et l’oreille interne. Vous détendez le nez et
les sinus, les sinus des joues et dans le front. Vous détendez les joues, les mâchoires, même les
dents, la langue, la bouche et le menton ; les dents des mâchoires supérieure et inférieure ne se
touchent pas.
Vous vous sentez totalement détendu. Très lourd. Confortablement lourd et pesant. Si bien
dans votre corps que vous éprouvez un grand amour pour ce corps, complètement détendu, que
vous laissez se relâcher dans une béatitude corporelle. Il devient tellement lourd que
subitement vous êtes aussi léger qu’un petit nuage blanc dans un grand ciel bleu. Et dans cette
légèreté, vous visualisez votre corps de lumière resplendissant de beauté et de perfection, sans
aucune tare, sans aucune limitation d’aucune sorte, aussi pur qu’à l’orée de la création, au
début de toute chose. Et vous visualisez votre corps d’ombre, qui est la somme de toutes vos
expériences, de votre personnalité, de votre corps – précieux outils de votre développement, de
connaissance du monde.
Et maintenant, votre corps de lumière infuse le corps d’ombre de sa luminosité, et ils
deviennent un seul corps. S’ouvrent alors les portes de l’esprit.
(Aigle Bleu poursuit en s’accompagnant d’un battement régulier de tambour.)
Et vous vous envolez au-dessus du pays. Vous survolez l’océan vers l’Amérique. Vous êtes
rapide comme l’éclair. Et vous survolez maintenant la côte est du Canada. En continuant dans
la même direction, vous voyez les immenses forêts du Nord canadien. Et là, vers le milieu du
pays, vous voyez une petite clairière où vous avez été appelé. Un vieil homme est là. Un vieil
Indien qui semble n’avoir pas d’âge tellement il est vieux. Et vous atterrissez à côté de lui. Il
ne bouge pas, mais vous savez qu’il vous a vu. Mais il est imperturbable. Et vous voyez qu’il
a préparé un grand trou, un peu en forme de tombe. Et il tend la main ouverte vers le trou,
c’est une invitation à descendre dans le trou. Alors, vous vous allongez au fond de ce trou, qui
est environ à un mètre et demi sous la surface du sol. La terre est fraîche dans votre dos, mais
confortable. Et le vieil homme se lève, et il pousse un monticule de terre qu’il y avait à côté du
trou et qui alors tombe sur vous et vous recouvre. Une terre argileuse, c’est frais, mais c’est
confortable. Vous sentez la pesanteur de la terre et curieusement, puisque vous êtes dans un
corps de lumière, vous pouvez continuer à respirer. Et tranquillement, il vous ensevelit sous
terre. Vous êtes immobile et c’est confortable, c’est comme un tampon frais sur vous. Pourtant,
vous sentez une présence dans cette terre froide, argileuse. Des êtres l’habitent, des êtres qui
sont des gnomes. Parfois ils parlent, mais très rarement. Peut-être ont-ils un message pour
vous. Mais surtout, vous vous apercevez que votre conscience est mobile sous terre, que la
terre elle-même parle et qu’elle-même a un message pour vous. Et vous vous laissez emporter
par ces sensations, par ces messages, par ces présences. Vous explorez la terre.
(Le battement de tambour demeure le même, tandis qu’Aigle Bleu laisse sortir des sons
chamaniques pendant quelques minutes. Puis le voyage se poursuit au son du tambour.)
Dans votre tombe sous terre, vous sentez qu’il pleut. L’eau coule en fines, très fines
gouttelettes à travers les particules de terre. Et vous suivez les particules d’eau qui trouvent
une petite veine d’eau sous terre. Et là, il y a un mouvement d’eau. La petite veine en rejoint
une plus grande sous terre, c’est une artère d’eau. Vous coulez avec cette eau ; la pression
devient plus forte. Là où elle est plus forte, elle est plus puissante. Alors, par une petite veine,
vous vous engouffrez dans l’eau et vous débouchez au pied d’une montagne. Une petite source
coule dans la prairie, vous coulez avec cette eau qui joue sur les pierres et qui voit la vie qui
brille. Elle rejoint un autre ruisseau qui devient plus grand, et ce ruisseau devient une rivière,
et vous continuez à couler. Il y a maintenant des poissons et toutes sortes de vies. Et cette
rivière se jette dans un grand fleuve, le grand fleuve Saint-Laurent qui coule vers la mer – un
bras immense d’eau qui coule. Et bientôt, cette eau-là devient salée, et c’est la mer immense.
Vous explorez les consciences qu’il y a dans l’eau. Il y a toutes sortes d’esprits, ondins et
ondines de multiples formes, et vous écoutez les profonds messages. Vous communiez avec
l’eau.
(Le tambour continue avec des sons chamaniques pendant quelques minutes. Puis Aigle Bleu
recommence à parler au rythme régulier du tambour.)
Le soleil brille fort sur l’eau. Il y a un courant d’air ascendant dans l’eau qui vous amène à sa
surface. Et de l’eau s’évapore, et vous montez avec les vapeurs d’eau. Vous montez dans le
ciel très haut et là, vous devenez nuage. Vous êtes nuage. Très léger. Un grand nuage blanc qui,
paresseusement, flotte au-dessus de la terre. Les tourbillons d’air ascendant viennent précipiter
plusieurs nuages ensemble et une force électrique se bâtit à l’intérieur du nuage. Une force,
une force puissante qui électrise, qui électrise… Et un tourbillon se crée, et toutes ces fines
vapeurs deviennent gouttelettes et tombent vers la terre. Et pendant qu’elles tombent, un grand
vent les secoue, et vous abandonnez la forme eau. Et vous devenez vent – un vent puissant qui
va ici et là au-dessus de la terre, parfois vite, parfois lentement. Vivant est le vent ! Vivant est
le vent ! Très vivant est le vent ! Parfois, vous apercevez des êtres immenses, éthérés,
longilignes, très, très longs, qui sont où le vent pousse – qui sont aussi vous. Et vous vivez
dans le vent au-dessus de la terre. Vous voyez tout, vous ressentez les pensées des autres, et
vous voyagez de par la terre.
(Le battement de tambour demeure le même, accompagné de sons chamaniques. Aigle Bleu
recommence à parler après quelques minutes, tout en maintenant le battement régulier du
tambour.)
Le vent court sur la terre et vous parvenez dans une région de grandes montagnes. Et là, vous
voyez un volcan, et vous courez sur le volcan – le vent court sur le volcan. Et vous voyez la
lave qui coule, et vous frottez la lave qui coule, avec votre souffle qui devient brûlant dans la
coulée de lave. Et cette coulée de lave rencontre un arbre qui, à son contact, s’enflamme, et la
flamme, elle, vous attire. Elle vous capte, et vous devenez feu. Et là, la mouvance du feu qui
consume la masse sombre et qui ne cesse de bouger d’une manière étrange et transformatrice.
Elle transforme immédiatement tout, elle n’arrête jamais de bouger. Et il y a des êtres très
curieux qui sont là, qui apparaissent et disparaissent à la vitesse de l’éclair, qui se nomment
« salamandres ». Et vous vivez dans le feu.
(Le battement de tambour est accompagné de sons chamaniques. Après quelques minutes,
Aigle Bleu reprend, toujours avec le même battement régulier du tambour.)
Une transformation incroyable s’opère, et vous vous retrouvez sous la terre, dans une tombe au
fin fond du Canada. Et vous repoussez la terre au-dessus de vous avec les mains. Vous vous
assoyez. Vous vous levez. Vous vous hissez hors de ce trou. Le vieil homme est toujours là,
imperturbable, conscient de votre présence, mais sans réaction. Les mains jointes, vous le
saluez, vous le remerciez. Vous remerciez le monde autour de vous : la fine pluie qui tombe,
les rayons de soleil, le vent. Vous exultez de joie dans votre compréhension des éléments du
monde et dans votre compréhension qu’ils sont vivants. Que tout ça est vivant. Que vous êtes
constitué de ces éléments. Vous les ressentez dans votre corps de lumière, qui est lié à votre
corps d’ombre. Le feu, le vent, l’eau, la terre sont tous là. Vous sentez tous les éléments qui
jouent et qui créent les formes, les multiples formes de l’Univers et de toute la création.
Lorsqu’ils sont combinés ensemble, ils deviennent la vie. Vous voyez passer une libellule et
vous voyez, sur le chatoiement de ses ailes, les éléments qui jouent entre eux. Et cette libellule
se transforme et devient dragon, et tous les éléments jouent dans ses yeux qui vous regardent !
(Arrêt du tambour. Aigle Bleu termine le voyage.)
Et vous revenez dans la pièce. Vous êtes, ici, maintenant, dans votre corps. Vous bougez les
doigts, les orteils. Prenez tout votre temps ! »
DANSE DE LA COUVERTURE
La manière traditionnelle de faire une levée de fonds chez les
Amérindiens consiste à danser avec une couverture. Cela s’apparente au
« chapeau » que l’on fait circuler dans une salle pour recueillir des sous ou
à celui que dépose le musicien à ses pieds pour qu’on l’encourage avec un
don.
Pour la danse amérindienne de la couverture, il faut 4 personnes, soit la
plus âgée et la plus jeune du groupe, ainsi qu’un couple. Les 4 danseurs
tiennent, chacun, un coin de la couverture et dansent autour du cercle en
chantant. Les gens jettent dans la couverture ce qu’ils peuvent donner pour
la cause justifiant cette sollicitation.
CONCLUSION
La deuxième année de formation s’achève.
Le travail sacré que vous accomplissez en fabriquant le masque ou le
costume de votre animal totem se poursuit en vous et à travers vous. Les
effets de ces enseignements qui s’installent en vous ne sont peut-être pas
immédiatement perceptibles. Ce que vous apprenez n’en continue pas
moins à mûrir au-delà de vos diverses activités. C’est l’effet assuré du
travail sacré soutenu par la forme, d’où l’importance des liens à développer
avec les autres aspirants praticiens de « Créons le monde ». C’est un peu
comme si cet égrégore correspondait à celui d’un clan : si vous coupez
votre relation avec les membres du clan, vous perdrez petit à petit les
apprentissages et les acquis, mais si vous les entretenez, vous vous
enrichissez toujours plus.
Pratiquez individuellement, c’est important, mais pratiquez ensemble,
c’est essentiel. Vous devez nourrir votre esprit communautaire, c’est
l’élément fondateur de tout enseignement amérindien. De cette manière, ce
que vous apprenez va prendre plus de sens. Votre feu intérieur va
s’intensifier.
L’enseignement, c’est comme un soleil qui existe vraiment et qui est
rayonnant, sauf qu’il n’est pas matériel. Quand on est en relation juste avec
l’égrégore qui a créé le soleil, on peut avoir accès à toutes ces informations.
Dans votre cheminement, il arrivera un moment où vous accéderez
directement à ce soleil. Vous n’aurez plus besoin d’enseignant ou des autres
membres du groupe pour vous indiquer comment faire. Lorsqu’il vous
manquera une information, vous la chercherez par vos propres moyens et
vous la trouverez. Pour ça, il faut que tous, nous demeurions en relation
juste pour que l’égrégore agisse de la sorte.
La démarche intellectuelle occidentale est éloignée de la réalité.
Tellement séparée de l’émotionnel, du physique et du spirituel qu’elle en
déforme les esprits. Pas étonnant que les nations autochtones de culture
chamanique n’envoient pas à l’école leurs enfants destinés à devenir
chamans ! La sagesse qu’elles possèdent leur a fait comprendre qu’il ne faut
jamais se laisser séduire par le système et que seule la pratique spirituelle
peut sauver les humains. Être cocréateur du monde dans lequel on vit
signifie qu’il faut s’aligner sur les instructions originelles parce que c’est ce
lien qui permet d’utiliser le pouvoir de cocréation.
Appliquons-nous à cocréer le monde avec des intentions accordées aux
instructions originelles, à l’encontre de la société actuelle qui crée beaucoup
de choses, mais dont les inventions détruisent le monde. À l’opposé, nos
« créations » – et non, nos « inventions » – bien alignées sur le divin sont
porteuses de vie. Bref, n’inventons rien ! Réalisons la cocréation du monde
que le Créateur nous a donné pour notre bonheur, notre santé et celle des
générations futures !
1 Voir Les Animaux totems, Aigle Bleu, Éditions du Dauphin Blanc, Québec 2016.
LE CYCLE DES INITIATIONS
SEPTIÈME STAGE
Niveau 7 – La nation
« Un jour, chacun des cercles, à quelque niveau qu’il figure actuellement, va élire un délégué
qui va rencontrer les délégués des autres cercles, afin de former un conseil d’administration
pouvant contribuer à la suite de l’évolution de “Créons le monde”, consistant à cocréer
tangiblement ce monde de lumière, plus juste et plus beau, en Europe, au Canada ou ailleurs
dans le monde, en répandant un mode de vie plus sain par les domaines familiaux. Cela doit se
réaliser de manière distincte, d’un pays à l’autre, pour que la représentation élargie rencontre
bien les besoins spécifiques à un territoire, à une nation. Pour vous aider les uns les autres,
pour améliorer les outils favorisant votre travail et pour accroître votre influence au sein du
monde, il faut que vous favorisiez le développement de cercles dans chacune de vos régions,
au sein de votre nation. Cela va vous permettre de prendre le pouls de l’évolution spirituelle
atteint, en tant que groupe de praticiens chamaniques, et de pousser toujours plus loin par la
pratique. »
Si tu sais vivre au sein de la nature, ton corps s’habitue à elle et va s’adapter. Tu possèdes
toutes les énergies de l’Univers en toi pour t’adapter.
« On est rassemblés pour voyager dans le monde de la forme idéale. C’est un endroit où vous
vous êtes déjà rendus à quelques reprises, mais cette fois, ce sera dans un but différent. On va
commencer comme d’habitude. Vous allez tous vous centrer et prendre de profondes
respirations.
Maintenant, vous allez détendre chaque partie de votre corps en partant des pieds. Visualisez
que, dans le souffle, il y a une lumière bleue à l’inspiration et à l’expiration, dirigez cette
lumière bleue dans votre corps. Alors, vous allez diriger cette lumière bleue dans les pieds, et
vous allez détendre les pieds. Vous allez détendre les chevilles, les mollets, les genoux.
S’il y a un muscle ou une partie du corps qui résiste à la décontraction, nous le contractons,
puis nous le relâchons. Nous voulons montrer au muscle ou à cette partie du corps dans quelle
direction nous voulons qu’ils aillent. Et nous continuons en détendant maintenant les cuisses.
Vous détendez les attaches, les articulations des jambes aux hanches et les jambes sont tout
à fait détendues. Elles sont très lourdes contre le sol. Et vous détendez le bas-ventre, le ventre
et tous les organes du ventre. Et vous détendez le diaphragme, et les côtes, et les clavicules, et
les bras. Vous détendez les épaules. Vos bras s’affaissent lourdement. Vous prenez le temps de
détendre tous les doigts de la main. Vous détendez ensuite les mains, les poignets, les avant-
bras, les coudes, le haut des bras, et de nouveau, les épaules. Les bras sont très lourds,
affaissés contre le sol.
Vous détendez les poumons, l’œsophage, les bronches et la colonne vertébrale en partant des
vertèbres lombaires. Vous remontez vertèbre par vertèbre, et à mesure que vous détendez les
vertèbres, toutes les parties du corps qui y sont connectées, c’est-à-dire l’ensemble du corps, se
détendent encore davantage. Et vous détendez le cou, les mâchoires, les dents, les joues, la
langue, la bouche, les sinus, les yeux, le front, le crâne, les oreilles, le pavillon externe et
ensuite, interne – l’oreille interne. Finalement, même vos cheveux sont détendus.
Tout votre corps est très lourd, affaissé contre le sol. Vous le sentez plus lourd parce que vous
le détendez encore davantage, dans son ensemble, une autre fois. Tellement détendu, tellement
lourd qu’il devient aussi léger qu’un petit nuage blanc dans un grand ciel bleu.
Nous visualisons le corps de lumière que nous sommes, l’être immortel et éternel, sans
substance physique, qui est parfait, lumineux, rayonnant, à l’image de la Création. Et nous
visualisons le corps d’ombre que nous sommes, ce corps de chair et tous les souvenirs
accumulés depuis la naissance. Ce merveilleux corps qui est notre école, qui nous donne
l’opportunité de la vie si précieuse. Et maintenant, le corps de lumière infuse le corps d’ombre
de sa luminosité et les deux corps deviennent un seul corps.
(Aigle Bleu poursuit en s’accompagnement d’un battement régulier de son tambour.)
Et vous sentez à ce corps de lumière pousser des ailes, et votre corps de chair reste
profondément endormi au sol. Mais votre corps de lumière s’élève et tend ses ailes, s’élance
dans l’espace. Comme un aigle, vous volez de plus en plus haut.
Vous volez de plus en plus haut, vous traversez les nuages, vous voyez toutes les étoiles, la
myriade d’étoiles, et vous montez encore plus haut, vous dépassez ce monde physique et vous
arrivez au monde de la forme idéale. Et vous voyez une falaise où pousse une grande forêt de
pins, et vous atterrissez sur le bord de la falaise à l’orée de la grande forêt de pins, et vous
marchez avec vos jambes. Vous marchez le long du sentier qui serpente à travers la forêt de
pins. Qui descend vers une plaine, une vallée, un lieu magique, un lieu que vous avez déjà
visité, car vous débouchez dans cette immense clairière au fond de laquelle brille, comme un
joyau, le lac magique des eaux bénies du souvenir et du pardon.
Vous voyez, du côté droit, une autre forêt avec des marches qui mènent au temple de la
Compréhension et dans la plaine, sous tout cela, vous voyez des êtres. Vous vous rapprochez
avec humilité, avec révérence pour ces êtres, et à mesure que vous vous rapprochez, vous
reconnaissez des ancêtres de plusieurs traditions.
Vous voyez un vieil homme, très grand, les cheveux jusqu’aux genoux avec, à ses côtés, un
couple de vieilles personnes cherokees Ani Yun Wiwa. Vous voyez mon grand-père algonquin
et ma grand-mère algonquine. Et à leurs côtés, vous voyez vos ancêtres d’il y a très longtemps,
ceux qui ont choisi de rester dans les règnes subtils pour accompagner leur descendance, et qui
sont là, et qui ont toujours été là pour vous aider.
Vous mettez un genou à terre, vous penchez la tête en signe d’humilité et de révérence, et
demandez leur bénédiction. Leurs mains s’élèvent par-dessus votre tête et vous recevez cette
bénédiction. Et vous demandez les enseignements qu’ils ont à partager avec vous. Vous sentez
l’intensité des 3 rayons qu’ils émettent rencontrer les 3 rayons que vous avez si diligemment
travaillés. Ils se joignent, communient. Vous les voyez parler. Vous les entendez en vous et
vous recevez leurs enseignements.
(Aigle Bleu ne parle pas pendant environ 15 minutes. Il n’y a plus que le battement régulier du
tambour avec des sons chamaniques. Puis il reprend en maintenant le battement du tambour.)
Sachant que vous pourrez toujours revenir au monde de la forme idéale, rencontrer vos
ancêtres, vous leur témoignez votre reconnaissance pour les messages partagés, pour la
bénédiction reçue. Ils acquiescent. Vous reculez de quelques pas, par respect, et ensuite vous
repartez, vous remontez dans la forêt de pins.
Vous prenez le sentier dans la forêt de pins, vous parvenez à la falaise, et des ailes vous
poussent. Comme un aigle, vous vous élancez dans le ciel étoilé et vous descendez en plongée.
Vous voyez la terre apparaître au loin et vous vous rapprochez rapidement. Elle grossit. Vous
traversez les nuages.
(Arrêt du tambour.)
Et vous vous retrouvez ici, maintenant, dans la salle, dans votre corps. Vous reprenez
possession fermement du corps. Vous bougez les orteils, les doigts, vous faites les gestes que
le corps a envie de faire. Vous vous étirez et quand vous sentirez que vous habitez pleinement
ce corps, vous pourrez continuer à vous détendre pendant que je vais partager quelques
enseignements avec vous. »
« Lorsque vous aurez quelques fois visité vos ancêtres, vous aurez établi un lien qui deviendra
permanent. Vous apprendrez à garder ce contact télépathique avec eux et à les voir même dans
l’activité. Lorsque vous serez en cérémonie, en guérison, une partie de vous dansera à leurs
côtés et vous sentirez les messages et les énergies qu’ils vous envoient depuis le monde de la
forme idéale, celui de l’Ungawi.
Les ancêtres seront ainsi toujours avec vous. Et leur sagesse et leurs enseignements seront
disponibles au moment où vous en aurez besoin, même dans l’activité.
Il faut prendre l’habitude, dans certaines de vos activités spirituelles, de les voir et de voir ce
lieu où résident le temple de la Compréhension, le lac magique des eaux bénies du souvenir et
du pardon, et les ancêtres qui sont là, qui attendent de vous communiquer leur sagesse.
Selon les circonstances dans lesquelles vous serez, vous verrez qu’ils ont des attitudes
différentes. Lors de certaines grandes cérémonies, vous les verrez danser. Vous saurez qu’ils
sont en unité avec vous, qu’ils sont avec vous. Ainsi vous établirez un lien qui sera toujours là
pour vous. Ils pourront vous accompagner de leur sagesse, de leur réconfort, de leur soutien.
Sachez que le monde de la forme idéale, c’est un lieu réel, même s’il est non matériel, et que
vos ancêtres, ils sont vraiment là. Prenez l’habitude de leur rendre visite. Ils aiment cela, et
vous, ça vous rend plus entier, plus illuminé, ça restitue, ça refait, ça reconnecte des aspects de
votre être qui ont été oubliés parce qu’ils n’ont pas été utilisés. Cela permet ainsi de sentir
l’unité des instructions originelles qui sont à l’intérieur de vous et qui sont manifestes par ce
lieu.
Prenez également un moment, de temps à autre, pour présenter, dans le monde réel d’ici, des
offrandes à vos ancêtres après leur avoir demandé quelles offrandes ils aimeraient recevoir.
Cela va permettre de bien entendre ce qu’ils veulent, et, à eux, de bien voir que vous êtes
sérieux puisque vous accomplissez ce qu’ils vous ont suggéré.
Et leurs enseignements seront plus disponibles et plus facilement atteignables. Ils seront
facilement accessibles en raison de leur volonté de vous les transmettre, parce qu’ils ont vu
que vous mettez en pratique ce qu’ils vous enseignent.
Vous pouvez rester quelques minutes encore avec eux, si vous le désirez, ou simplement
continuer à vous détendre. Mais avant de trop bouger, je vous conseille de prendre des notes
sur ce que vous avez vécu au cours de votre voyage, sur les enseignements reçus de vos
ancêtres afin de les retenir. Car le monde de la forme idéale et le monde dans lequel nous
vivons sont très différents. Souvent, l’activité dans notre monde de la forme masque un peu
nos souvenirs de ce monde-là. »
« Créateur, Grand Esprit, Grand Mystère, d’une manière sacrée, nous venons ici, aujourd’hui,
afin de communier avec l’âme de notre totem. Dans les enseignements de nos Anciens, nous
avons appris comment ils peuvent nous aider. Nous sommes reconnaissants de ce qu’ils nous
apportent tous les jours. Pour approfondir et consolider cette communication et cette
communion, nous te demandons, ainsi qu’à tous les ancêtres et qu’à tous les totems, de nous
aider à bien incarner aujourd’hui, dans la joie, dans la simplicité et dans la vérité, nos totems
afin que nous puissions mieux ressentir ce qu’ils peuvent nous apporter et comment nous
pouvons les honorer. C’est notre prière. Aho ! »
Alors, avec joie, simplicité et vérité, s’amorce le défilé des totems qui
s’avancent par catégories : ceux qui marchent, qui rampent, qui volent, etc.
Lorsqu’ils sont invités à se présenter, les stagiaires incarnent leurs totems
avec des mouvements et des sons propres à leur animal gardien. La
diversité des totems évoqués démontre la richesse et la puissance de l’aide
mise à la disposition des humains qui le désirent.
La cérémonie des totems est une communion en profondeur avec l’esprit
de notre animal protecteur. Cette incarnation, quand elle a été aussi bien
préparée, a des répercussions, par la suite, sur la manière d’être de chacun.
Elle est l’occasion de prendre pleinement conscience de qui on est.
Une fois la présentation des totems terminée, on fait une offrande au feu,
puis on se retire dans sa chambre ou dans la grande salle. Aigle Bleu
a invité chacun à se retirer en silence pour aller prendre des notes sur ce
qu’il vient de vivre. Habituellement, on reçoit des messages lors de cette
cérémonie. Consigner par écrit ce que l’on a entendu ou ressenti permet de
ne pas oublier l’essentiel de la communication avec son totem. C’est une
manière de respecter l’animal gardien et de poursuivre, avec gratitude,
l’étroite relation qui vient de se confirmer avec lui.
CONCLUSION
La communion avec notre animal totem est essentielle au même titre que
les rencontres que nous pouvons avoir avec les ancêtres vivant dans le
monde de la forme idéale. Nous ne pouvons pratiquer le chamanisme sans
la protection et la sagesse de tous ces esprits qui nous accompagnent depuis
toujours. Ils révèlent des aspects de notre personnalité que nous pouvions
ignorer. Ils nous amènent à notre réelle identité. Par-dessus tout, ils nous
rendent conscients du fait que l’on peut changer le monde. Que l’avenir sera
ce que nous choisissons d’en faire aujourd’hui.
Accompagnés par toutes ces énergies subtiles, nous pouvons accomplir
l’œuvre de cocréation qui va totalement accorder ce monde transformé aux
désirs divins.
Le niveau 7 de toutes nos relations nous a amenés à la compréhension de
la nation et de la prophétie. Nous savons quel travail il nous reste à faire et
dans quelle direction nous devons aller pour le bien de tous.
1 Dans deux enregistrements spécifiques, Aigle Bleu présente « l’histoire et les prophéties
amérindiennes » et les perspectives d’« un nouveau monde ». Ces DVD sont rassemblés dans un
coffret sous le titre Rencontres avec Aigle Bleu. Sagesse et spiritualité amérindienne. Ils ont été
produits par Invocation et Terre de l’Aigle.
2 Dans Wikipédia, on mentionne que la constitution de la Ligue iroquoise des Six-Nations était
connue au départ, en 1570, sous le nom des Cinq-Nations (Cayuga, Mohawk, Oneida, Onodaga,
Sénéca). La sixième nation (Tuscarora) se serait ajoutée en 1722, soit deux ans après la rédaction de
la Constitution de la Ligue iroquoise, appelée « Gayanashagowa » ou « grande loi d’unité ». On
précise que cette Constitution « s’est transmise pendant plusieurs siècles sous forme de maximes
récitées par cœur ». Puis on ajoute – preuve de la fécondité de ce type d’organisation politique – que
la grande loi de l’unité « préfigure les écrits constituants des Pères fondateurs de l’Amérique
moderne ». En effet, Benjamin Franklin s’est inspiré de cette Constitution pour écrire la Constitution
des États-Unis. Malheureusement, il n’avait pas compris le principe du consensus. Le Canada est
constitué de manière similaire dans une fédération de provinces et de territoires.
HUITIÈME STAGE
Niveau 8 – La planète
LA CONSCIENCE PLANÉTAIRE
La responsabilité planétaire de l’individu
La cérémonie d’ouverture précédente nous amène au niveau 8 des
relations à développer pour jouir d’une vie équilibrée et saine, le chiffre
« 8 » symbolisant la Terre-Mère pour les Amérindiens. Ces derniers se
définissent d’ailleurs comme les gardiens de la Terre. Votre travail de
praticiens chamaniques va donc prendre tout son sens et toute sa
signification si vous travaillez avec et pour la planète, puisque la relation
avec la Terre est au centre de la spiritualité amérindienne.
Or, on se trouve à une époque où l’avenir de la Terre est menacé. Il faut
de toute urgence entreprendre la recréation des conditions qui pourraient
guérir l’état actuel de conscience de l’humanité, et c’est à l’intérieur de soi
que l’opération de sauvetage doit d’abord se réaliser. Tout commence par le
« 1 », parce que c’est l’engagement de l’individu qui peut contribuer
à transformer la situation. C’est l’union de toutes les consciences
individuelles engagées dans cette transformation essentielle pour l’avenir.
Les menaces qui visent la planète sont d’autant plus immédiates qu’un
grand nombre de femmes et d’hommes ne sont nullement connectés à la
terre. Pis encore, ils ne se sentent pas du tout reliés les uns aux autres, pas
du tout reliés au projet divin auquel ils prennent néanmoins part. Parce
qu’ils ne se soucient que de leur petit univers personnel, ils prétendent
n’avoir aucune responsabilité vis-à-vis des dangers compromettant l’avenir
de la planète et de l’humanité. Leur seul bonheur les captive. Ces gens
ignorent les liens originels ; ils continuent ainsi, en toute inconscience,
à produire des toxines et des pollutions de toutes sortes, conduits par un
esprit de séparation et les appétits de consommation.
À l’opposé, chacun d’entre vous, en tant que praticien chamanique, doit
avoir à cœur de se relier pleinement à la planète et à tout ce qui est force
créative, c’est-à-dire à tout ce qui représente l’énergie du Créateur.
Dans la démarche autochtone, vous l’avez sûrement déjà remarqué,
même si les gens se connaissent, au début du cercle, ils se nomment à tour
de rôle. Ce n’est pas une affirmation de leur ego, mais bien plutôt celle de
l’individualité que chacun porte dans sa responsabilité de veiller sur la
planète. Car chaque personne est unique. Son nom la distingue des autres.
Si nous prenons la peine de nous présenter par notre nom au début d’un
cercle, ce n’est pas seulement à l’intention des personnes qui nous
entourent. Nous nous nommons surtout pour nos ancêtres et pour la Terre.
Chaque fois que je me nomme, j’affirme que je suis fille ou fils de la
Terre-Mère.
Pour que chacun intègre bien cet enseignement, Aigle Bleu propose de
faire un cercle afin que tous se nomment, bien conscients d’affirmer ainsi
leur filiation et, du même coup, leur appartenance à la même famille
planétaire.
« Rappelez-vous, en vous présentant, insiste l’enseignant, que la Terre nous appartient et que
nous appartenons à la Terre. Par conséquent, notre identité se décline dans cette relation avec
la planète. De plus, comme le Créateur nous parle par sa création, il nous parle par cette
merveilleuse planète qu’il nous a donnée. Elle est le reflet de ses lois, de ses principes, de son
autorité, de sa luminosité. Elle nous relie avec tout ce qui existe. Tout ce qui existe, existe de
par sa création. Un exemple l’illustre bien : toutes les plantes sont reliées aux étoiles et
certaines de leurs instructions originelles dépendent d’elles. C’est la raison de certaines
préparations utilisées en agriculture bio-
dynamique, qui redonnent une grande intégrité aux cultures. Les étoiles et les plantes sont
liées, comme nous sommes, nous aussi, en lien avec les étoiles. C’est une même conscience
qui existe et qui amène la manifestation de tout ce qui se trouve sur terre et dans les cieux. »
MÉDITATION TEMPORELLE
Assis confortablement, bien centrés, tous commencent par observer leur
respiration. Aigle Bleu leur propose alors de visualiser tous les centres
d’énergie de la méditation habituelle : « Il y a divers chants qui vont
résonner pour vous préparer à la méditation temporelle. Laissez-vous
simplement entrer en résonance harmonique avec ces chants en visualisant
progressivement tous les centres d’énergie jusqu’aux étoiles, et ensuite,
pour le tissage des étoiles au-dessus de la tête, je vous accompagnerai. »
Immédiatement, il lance un premier chant, puis il y a alternance de chants
et de périodes de silence. Le groupe s’unit à son animateur quand il chante
avec les maracas. Puis, comme il l’avait dit, dès que les participants en sont
tous rendus aux étoiles au-dessus de la tête, il commence à les guider en
continuant de faire tinter ses maracas en douceur et avec régularité :
• Nous visualisons 9 étoiles au-dessus de la tête. De la 9e, nous prenons un
fil de lumière qui descend et traverse la 7e, et remonte et s’unit à la
8e avant de rejaillir pour revenir à la 9e, tissant un 1er point dans cette
broderie de lumière que nous répétons encore 3 autres fois.
• De la 7e à la 5e à la 6e et à la 7e (4 fois).
• De la 5e à la 3e à la 4e et à la 5e (4 fois).
• De la 3e à la 1re à la 2e et à la 3e (4 fois).
• De la 1re au triangle doré du front, ensuite le rayon va jusqu’à la médulle,
jusqu’au symbole de l’infini violet à l’arrière de la tête, et remonte à la
1re étoile. Nous le faisons 4 fois.
• Du triangle doré au front, la lumière descend au cœur et remonte, 3 autres
fois.
• Et maintenant la lumière bleu-blanc de la 5e étoile jaillit et descend à la
gorge, au 6e centre d’énergie, que nous visualisons comme un « U »
à l’envers de couleur bleu indigo, avec, au centre, une étoile blanche à
5 pointes qui tourne rapidement. La lumière bleu-blanc de l’étoile qui
a pénétré le centre qui est indigo remonte à l’occiput, à la lemniscate et là,
active la lemniscate. L’énergie dans le double cercle qui circule de
manière infinie et perpétuelle est activée.
(Arrêt des maracas au profit du tambour, avec un rythme semblable,
lent et régulier.)
• Maintenant, 4 rayons sont émis : un rayon rose venant du cœur, un rayon
bleu-noir venant de la gorge, un rayon jaune venant du front, un rayon
bleu-blanc venant de la 5e étoile. Les 4 rayons tournent en spirale
ensemble, formant un cylindre. Les 4 spirales forment un cylindre en
spirale devant nous qui s’en va en s’agrandissant et dans lequel on peut
regarder. Au bout de ce cylindre, nous voyons une porte – une porte que
nous connaissons. Cela peut être la porte de notre maison, de notre
appartement, de notre chambre ; c’est une porte que l’on voit et que l’on
reconnaît au bout de ce cylindre, au bout de ce tunnel devant nous.
• Et nous choisissons un événement dans notre passé, un événement plutôt
neutre ou joyeux. Une fois que nous avons choisi cet événement, nous
nous disons que cet événement est derrière la porte. Immédiatement, notre
corps de lumière, notre corps lumineux, ouvre la porte et fait un pas de
l’autre côté.
• Vous vous retrouvez dans l’événement du passé que vous avez choisi.
Vous observez.
(Le battement du tambour continue. À quelques reprises, il est martelé
plus fort, puis revient plus léger lorsque Aigle Bleu se remet à parler.)
• Et vous revenez, vous retraversez la porte et vous la refermez, vous
revenez à travers le cylindre, le tunnel, et là, dans votre esprit, toujours
avec ces spirales, les 4 rayons qui forment un cylindre devant vous, vous
choisissez un événement du passé qui était une erreur de votre part, ou qui
était traumatique.
(Le battement du tambour se fait plus pénétrant, plus marqué, même
lorsque Aigle Bleu se remet à parler.)
• Nous visualisons que cet événement est derrière la porte. Nous marchons
dans le cylindre, dans ce couloir formé par les 4 rayons. Nous ouvrons la
porte et nous faisons un pas de l’autre côté de la porte. Nous sommes
dans cet événement du passé. Cette fois, nous cherchons à changer
l’événement. Nous agissons consciemment pour changer l’événement
dans un sens positif.
(Il n’y a que le battement du tambour régulier et bien appuyé par
moments.)
• Et maintenant, nous revenons, nous ouvrons la porte, nous retraversons,
nous refermons la porte avec une bonne intention, nous marchons dans le
couloir.
(Battement du tambour seulement.)
• Et maintenant, vous choisissez un aspect de votre vie avec l’intention de
voir ce que cet aspect pourrait devenir dans l’avenir. Vous choisissez un
aspect de votre vie où il y a un devenir possible. Vous marchez dans le
couloir formé par les 4 rayons en spirale, vers cette porte du temps. Vous
ouvrez le temps et vous observez. Vous ouvrez la porte et vous faites un
pas de l’autre côté. Vous refermez la porte, et là, dans l’événement ou
l’aspect de votre vie que vous avez choisi, vous êtes l’observateur des
avenirs possibles. Plusieurs avenirs possibles peuvent alors se présenter.
(Battement du tambour seulement.)
• Vous les observez bien parce qu’il est parfois possible de choisir celui qui
nous convient en influençant le présent. Observez bien.
(Battement du tambour régulier et bien appuyé par moments.)
• Vous joignez les mains devant vous, peu importe où vous êtes rendu dans
votre visualisation. Vous retraversez la porte. Vous refermez avec
attention la porte. Vous retraversez le couloir, vous revenez dans votre
esprit.
(Arrêt du tambour à cet instant.)
• Vous vous installez bien confortablement dans votre corps. Vous bougez
les doigts, les orteils. Vous faites les mouvements qui vous permettent de
mieux ressentir le corps de manière bénéfique et positive.
CONCLUSION
Tout est possible. Nous appartenons à la terre et la terre nous appartient.
Nous pouvons agir sur le temps, nous n’avons pas à nous laisser dépérir
dans l’acceptation d’une mort à petit feu. Nous sommes éternels pour autant
que nous adoptons un mode de vie soutenant la santé du corps et de l’esprit
à travers une pratique spirituelle quotidienne et une meilleure
compréhension du temps, qui assure la continuité de la conscience.
Partout sur la planète, tous les humains poursuivent le désir d’être
heureux. Ils cherchent le bonheur de différentes manières, en différents
lieux, sous diverses apparences. Or, ils ne parviendront pas à trouver le
bonheur loin de la nature, c’est-à-dire en étant coupés de la communication
directe que nous pouvons avoir avec le Créateur. Sans l’alimentation et la
puissance que nous offre la Terre-Mère, sans l’inspiration et la guidance que
la nature nous offre, nous sommes privés de la vraie vie, celle qui coule
sans effort et sans peine, telle celle dans un paradis terrestre. Nous ne
pouvons vivre bien longtemps en bonne santé sans respecter les lois de la
Terre et de l’Univers.
Le niveau 8 de toutes nos relations insiste sur la responsabilité que nous
avons en tant qu’humains vis-à-vis de la Terre. Les praticiens chamaniques
ont le souci et la responsabilité d’accomplir cette mission avec plus de
détermination que quiconque. Ils devront entraîner à leur suite ceux et
celles qui demeurent dans la méconnaissance des instructions originelles,
qui ignorent les principes permettant de transmuter et de transformer
l’existence sur tous les plans, rendant ainsi possibles les rêves de bonheur.
La planète est grande. Elle est le lieu qui a été conçu et créé pour tous
sans exception. Il n’existe aucun motif de rejet, aucune raison justifiant la
naissance d’un conflit ou la pratique d’iniquités sociales. Quand la terre
sera couverte de domaines familiaux, la paix et la justice régneront dans le
monde parce que les gens seront conscients et convaincus que c’est l’unique
manière d’assurer un avenir heureux pour tous, d’assurer l’avenir de la
planète.
On ne doit pas rêver à un avenir meilleur en un ailleurs imprécis et
incertain. C’est ici, sur la terre, et dès maintenant, que l’on doit chercher
à améliorer son existence. Nous existons au présent. Le temps est vivant, ici
et maintenant. Il nous est possible de ressentir déjà une joie infinie en
participant à la cocréation de l’Univers dans lequel nous vivons, en le
cocréant tel que nous le désirons, tel qu’il nous est révélé dans la nature par
le Créateur, tout en harmonie et en liberté.
DU NIVEAU 1 AU NIVEAU 9
La conscience universelle est l’apothéose de l’intégration de tous les
autres niveaux de nos relations qui prennent leur départ dans l’individu, le
niveau 1.
Lorsqu’un individu vibre en résonance avec l’amour et son corollaire
dans ses relations avec l’autre, le respect, il peut entrer en relation avec des
êtres qui sont différents sans sentir de menace ou d’atteinte à son intégrité.
L’amour assure la cohésion de l’être et le respect étend cette cohésion
à l’autre. Ainsi, l’autre non plus ne sentira aucune menace ou atteinte à son
intégrité. C’est alors que la communication avec des êtres différents peut
s’établir. Évidemment, elle suppose que l’individu a affiné ses capacités de
perception subtile – évolution qui se fait naturellement lorsque nous suivons
le sentier et les pratiques du chamanisme initiatique.
Bien des êtres qui existent et qui peuvent apporter beaucoup sur de
nombreux plans, ayant des connaissances et des informations auxquelles
nous n’avons pas accès, sont immatériels. Ils sont invisibles aux yeux
physiques, et leur mode de communication est télépathique. Ils sont
pourtant bien réels et importants dans nos vies. Pensons aux ancêtres, aux
esprits de la nature, aux esprits des éléments, aux hiérarchies d’êtres qui
portent diverses responsabilités spirituelles, comme ceux qui maintiennent
les musiques qui sous-tendent la création, etc.
Il y a, bien sûr, d’autres formes de vie qui existent sur d’autres planètes,
dans d’autres galaxies. D’après Anastasia, il ne s’en trouve pas d’aussi
parfaite que celle de l’humain en raison de sa capacité émotionnelle à ne
faire qu’un avec l’ensemble de tous ses corps (physique, émotionnel,
mental et spirituel). Or, dans le monde actuel, on nie l’émotivité. Ce qui
prime est la raison, la rationalité, la science. C’est donc précisément parce
que nous mettons de côté l’émotion que nous rencontrons tellement de
problèmes !
La vie extraterrestre
L’émotion est notre capacité de comprendre des milliers d’informations
en un seul instant, par intuition, c’est la capacité de l’être émotionnel
d’intégrer tous les autres corps. Lorsque l’intégration de l’émotionnel avec
les autres corps est effective, alors peut se réaliser la communication avec
d’autres formes de vie à l’extérieur de notre planète.
Il y a des familles qui sont reconnues pour leur maîtrise du 9e niveau de
relations. Aigle Bleu a ainsi demandé, un jour, à une grand-mère dans l’une
de ces familles, combien de races extraterrestres elle connaissait. Après un
instant de réflexion, elle lui avait répondu : « 13. » Elle avait même ajouté
qu’il existait « une université galactique à proximité de l’étoile Sirius où
bien des peuples de différentes planètes se rencontrent ». Selon cette
personne, Sirius est le cœur de notre galaxie.
Il est un peu enfantin après toutes ces observations d’ovnis et de contacts
avec d’autres races de la galaxie, bien documentées à travers le monde, de
continuer à prétendre que la vie extraterrestre n’existe pas. Les Amérindiens
ont toujours eu des contacts avec ces représentants d’autres planètes. Mais,
malheureusement, ils ne sont pas tous ici avec de bonnes intentions.
Certains ont endommagé leurs planètes avec leur technologie, qui est plus
avancée que la nôtre. Ils s’immiscent dans les affaires humaines puisqu’ils
nous ressemblent beaucoup. Ils ont fait des expériences avec notre ADN,
d’où les innombrables témoignages de personnes qui disent avoir été
enlevées pour un temps par ces êtres.
Il est important de savoir que la puissance de l’être humain excède de
beaucoup celle de ces êtres qui n’ont pas un corps émotionnel et spirituel
développé et intégré dans une unité fonctionnelle. C’est seulement parce
que nous avons été diminués par une civilisation mondiale répressive et
technocratique qu’ils sont en mesure aujourd’hui d’influencer négativement
la direction que prend notre empreinte sur la planète. Cette situation sera
résolue lorsque les familles auront des enfants libres sur les domaines
familiaux. Le pouvoir d’êtres humains qui vivent au sein de notre belle
planète avec une éducation adaptée à leur potentiel leur permettra de
résoudre ces problèmes.
Le 9, qui permet d’entrer en communication avec toutes les
manifestations de vie pouvant exister dans l’Univers, présuppose que nous
ayons intégré les niveaux précédents. On revient inévitablement à la base
relationnelle, soit le 1, correspondant à l’individu : on se recentre plus
modestement sur qui l’on est, sur la manière dont on vit et sur la pratique
spirituelle qu’on privilégie.
La pratique spirituelle quotidienne
Avant de développer une conscience universelle, mais aussi afin de
pouvoir y parvenir, on se ramène plus modestement à qui l’on est, à la
manière dont on vit, à la pratique spirituelle que l’on privilégie.
Alors qu’il préparait l’enseignement sur le 9, Aigle Bleu raconte qu’un
leitmotiv revenait constamment en son esprit, à savoir : ne pas oublier de
rappeler l’exigence de base du chamanisme initiatique, soit la pratique
quotidienne, et d’insister là-dessus avant de conclure la formation « Créons
le monde ». Car c’est la pratique quotidienne qui caractérise le chamanisme
initiatique et qui permet de développer les aptitudes pour en arriver à le
pratiquer. C’est la pratique qui fait le praticien !
En intégrant une synthèse des connaissances de l’humanité à l’intérieur
de la pratique quotidienne, on avance encore plus loin parce qu’on peut,
aujourd’hui, avoir accès à énormément d’enseignements de partout dans le
monde. Avec une pratique appropriée, il n’y a pas de risque à intégrer de
nouveaux éléments aux acquis obtenus après de nombreuses années. Mais
préalablement, avant d’improviser, on doit apprendre à bien faire ses
gammes.
Si vous ne connaissez pas les gammes de votre instrument de musique,
vous ne pouvez pas improviser. C’est comme ça aussi sur le plan spirituel.
Il vous faut commencer par faire des cérémonies exactement telles qu’elles
vous ont été enseignées, en respectant la tradition qui les a portées jusqu’à
vous. Vous devez agir ainsi très longtemps, en fait, jusqu’à ce que ces
cérémonies vous deviennent naturelles, automatiques. À ce moment, vous
démontrez une maîtrise des gammes de votre instrument. Vous pouvez alors
commencer à intégrer des éléments différents à votre pratique, à modifier
les enchaînements, à improviser. L’esprit restera bien ancré en vous. En
apportant quelques variantes aux cérémonies, vous obtiendrez tout de même
le même effet. C’est l’esprit qui vous habite qui vous guidera pour que le
rituel conserve tout à fait son sens.
Dans la pratique spirituelle, chaque personne développe une relation
particulière. Par exemple, Aigle Bleu a appris à communiquer avec ses
ancêtres, comme d’autres parviennent à communiquer avec les étoiles, avec
le « petit peuple » ou avec les extraterrestres. Chacun va finir par
développer un domaine personnel de communication. De même, on
développera un champ d’action particulier en travaillant le niveau 9, car
l’Univers est vaste. Il est impensable de tout faire, de tout savoir faire.
Le but de l’humanité actuelle est l’élévation de la conscience en unité
avec les lois de la création. Le respect des instructions originelles en
développant toutes les aptitudes des niveaux de relation avec les êtres
amène l’individu à pouvoir entrer en relation avec d’autres formes de vie.
C’est la pratique spirituelle qui favorise cette élévation, mais comme dans
tout autre domaine, afin de progresser dans son développement, des efforts
s’avèrent nécessaires tant pour apprendre que pour s’améliorer et se
perfectionner. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas les enseignements
eux-mêmes qui font que la conscience va s’élever ou non. C’est la pratique
qui peut vous y amener. La théorie sans la pratique reste vide. On suppose,
bien sûr, que les enseignements reçus étaient justes et éclairants.
Considérez votre vie comme une symphonie. Chaque jour, vous en
découvrez un mouvement, une harmonie, une mélodie ou contre-mélodie
grâce à votre pratique spirituelle. Grâce à cet enchaînement d’exercices, de
danses, de prières et de méditations qui mettent de la lumière et de la beauté
dans ce que vous vivez durant une journée, cette lumière et cette beauté
vont également se répandre autour de vous. Votre vie devient alors une
vibration de beauté, une merveilleuse symphonie.
MÉDITATIONS
Pour conserver l’efficacité des diverses visualisations et des chants de la
méditation de base et des nouvelles méditations qui doivent s’intégrer
à votre démarche spirituelle, il est essentiel de ne pas perdre de vue leur
sens. Chaque visualisation s’appuie sur des symbolismes que vous devez
connaître et reconnaître afin d’être en mesure de les utiliser adéquatement et
avec conviction. Chaque chant est choisi en fonction de l’effet qu’il peut
produire.
Un enchaînement plus précis contribue à une meilleure compréhension.
En ce sens, il peut améliorer votre pratique, mais aussi celle que vous
proposerez éventuellement à d’autres en tant que praticiens chamaniques
initiés et certifiés.
Des méditations importantes qui ont été pratiquées dans les derniers
stages n’ont toutefois pas été consignées. Aigle Bleu considérait qu’elles
étaient trop avancées pour être transmises sans guidance.
En réponse à la question formulée par plusieurs sur le « Soleil noir », qui
est mentionné dans une de ces méditations, l’enseignant explique
brièvement ce qu’il signifie : le Soleil noir représente l’origine de toute
chose. Comme il y a un début à toute chose, le Soleil noir est le guide
primordial. C’est la manière de nommer la matrice du monde. Toutes les
traditions expliquent cette vérité à leur manière, mais cela demeure une
explication de la même réalité : il n’y a pas de forme sans le vide, pas de
vide sans la forme. Les bouddhistes tibétains vont, pour leur part, admettre
l’existence du monde de la forme idéale tout en concevant l’existence d’un
monde qui lui est antérieur ; c’est le monde où il n’y a rien, le monde du
vide. L’énergie qui provient du Soleil noir est une énergie ineffable,
impossible à décrire. Aigle Bleu affirme que chaque fois qu’il capte cette
énergie primordiale, elle le traverse tel un courant électrique et le fait
trembler comme une feuille.
VORTEX DE LUMIÈRE
Comme la pipe sacrée ou le feu sacré, le vortex de lumière crée un lien
avec le monde spirituel, mais, de plus, il permet que la lumière du monde de
l’Ungawi – de la forme idéale – se déverse sur terre dans un canal qui est,
à ce moment-là, au-dessus du feu sacré.
Le but de l’ouverture d’un vortex de lumière est d’éclairer l’ombre. On le
fait à des moments spéciaux pour amener beaucoup de luminosité et
d’énergie spirituelle très élevée afin de favoriser l’incarnation de la
perfection sur le plan terrestre. On retrouve avec le vortex un peu l’intention
de la danse de l’Ungawi, mais lorsque le vortex est créé, l’effet continue
jusqu’à ce que l’on décide de le fermer. En conséquence, il ne faut jamais
partir sans fermer un vortex.
Des vortex, il y en a de toutes les sortes. Il y en a qui sortent de la terre,
d’autres qui rentrent dans la terre. C’est spécialement celui de l’Ungawi qui
amène la lumière d’En Haut sur terre. C’est celui de la perfection de la
manifestation. Si vous prenez l’habitude de bien énergiser vos mains et
d’ausculter la terre, vous allez vous apercevoir que la surface terrestre
présente des pores par où l’énergie rentre et sort.
Pour créer un vortex, des éléments précis doivent être observés :
1. La première chose à faire consiste à installer et à allumer le feu sacré.
C’est la lumière initiale qui accompagne l’événement.
2. Vous assignez ensuite 3 personnes pour danser autour du feu. Elles vont
représenter les 3 feux, les 3 aspects du Divin au sein du monde : la
flamme bleue de la volonté d’être, la flamme rouge de l’amour et de la
compassion, la flamme jaune de l’intelligence active. Chaque danseur
incarnant les feux doit idéalement porter des vêtements de la couleur qui
lui a été attribuée. Tout au moins, il faut prévoir un bandeau autour de la
tête de chacun pour évoquer le feu qu’il représente. À noter : on devrait
privilégier un homme pour la flamme bleue, une femme pour la flamme
rouge et, idéalement, une personne plus jeune pour la flamme jaune. Se
rajoute de cette manière un autre symbolisme lié non pas à la couleur
mais au chiffre 3, qui correspond à la vie créatrice personnifiée par le
père, la mère et l’enfant. Enfin, ces 3 personnes qui se tiennent autour du
feu sacré vont danser de manière statique, c’est-à-dire qu’elles vont rester
en place, cherchant à incarner l’énergie de la flamme qu’elles
représentent.
3. On doit aussi prévoir 4 personnes pour les quatre directions. Chacune
aura à incarner l’animal d’une des directions : l’aigle (est), le coyote
(sud), l’ours (ouest) et le bison blanc (nord). Ces 4 personnes, pour leur
part, vont danser de manière à évoquer l’animal qu’elles représentent
avec l’énergie de la direction à laquelle il se rattache.
4. Autour de ces danseurs incarnant les animaux, il y a le cercle formé par
les autres participants. On peut placer les 4 animaux à l’intérieur ou
à l’extérieur du cercle, cela n’a aucune influence sur le vortex. Cela
dépend uniquement de l’espace dont on dispose et de l’énergie qui est en
place. Ceux qui forment le cercle vont eux aussi danser, mais ils vont le
faire en tournant dans le sens horaire durant toute la cérémonie, et ils
feront la danse des quatre directions, la danse de l’aigle et la danse des
étoiles et de la lune.
5. La personne qui dirige la cérémonie va se tenir à l’extérieur du cercle
avec son tambour pendant la danse. Auparavant, elle fait le chant d’appel
aux quatre directions avec les offrandes ; c’est le même chant qui est
utilisé lors des huttes de sudation. Après son chant, elle fait une prière
pour l’événement spécifique qui justifie l’ouverture du vortex. C’est après
ces moments de recueillement qu’elle peut lancer les danses.
6. Comme les danseurs formant le cercle se suivent, c’est la personne à l’est
qui commence à danser, les autres vont la suivre. Donc, dès que le
premier danseur a fait son salut au début de la danse des quatre directions,
les autres vont faire de même. La personne qui dirige se trouve alors
à l’extérieur du cercle et les accompagne avec le tambour. On essaie de
faire 9 cycles au total : 3 cycles de la danse des quatre directions, suivis
par 3 cycles de la danse de l’aigle et pour finir, 3 autres cycles de la danse
des quatre directions.
7. Bien d’autres indications sur le rôle interne, intérieur et individuel, que
chaque participant doit maintenir pour que s’ouvre le vortex ont été
communiquées mais ne sont pas consignées ici.
« Esprit et pouvoir du saule, pour tous tes bienfaits, nous te remercions. Nous venons souvent
auprès de toi pour tes branches qui servent aux huttes de sudation, pour ton aubier qui nous
sert de tisane pour soigner nos maux de tête, pour ton bois pour divers objets que nous
fabriquons. Nous t’en remercions infiniment. Nous venons encore aujourd’hui pour te
demander un peu de ton corps afin de construire une petite hutte d’offrandes pour le petit
peuple, qui nous aide tant et que tu as sûrement déjà connu, et qui a pu aussi t’aider. Nous
t’offrons tabac et farine de maïs. Accepte nos offrandes et donne volontairement,
heureusement et joyeusement à notre petite entreprise d’offrandes pour le petit peuple
aujourd’hui. Aho ! »
Vous choisissez ensuite les quelques branches dont vous avez besoin, de
préférence celles qui sont assez droites. Après leur avoir retiré les feuilles,
vous pouvez commencer la construction de la petite hutte, comme s’il
s’agissait d’une hutte de sudation, mais sans la recouvrir. C’est le petit
peuple qui va se charger de mettre quelque chose par-dessus la structure.
La hutte mise en place dans le lieu consacré, vous déposez vos offrandes
dedans tout simplement en chantant le chant des éléments. Puis, quand tout
est placé, vous l’accueillez avec le chant du cœur, les mains levées, paumes
vers la hutte d’offrandes. Allez de temps à autre placer des offrandes pour le
petit peuple.
ENSEIGNEMENTS DE MONGOLIE
Le voyage en Mongolie qu’Aigle Bleu a entrepris en compagnie d’un
certain nombre de stagiaires lui a permis de constater, une fois de plus,
à quel point le chamanisme partout dans le monde développe une
conscience universelle susceptible d’aider à la survie de la terre et de
l’humanité.
Dans son enseignement du chamanisme initiatique, Aigle Bleu indique
l’importance et l’urgence du travail à accomplir. Il établit les étapes en
fonction du cercle de toutes nos relations, ce qui signifie partir de l’individu
pour monter jusqu’à la conscience universelle. L’individu, le 1, c’est
l’incarnation sur la terre, la responsabilité qui nous revient à chacun de
veiller à la qualité de notre vie, de nous assurer d’avoir un corps physique,
émotionnel, mental et spirituel en parfaite santé, comme prévu dans les
instructions originelles. La pratique spirituelle enseignée s’insère dans un
développement personnel global. Les méditations sont l’occasion de
travailler les centres d’énergie pour qu’ils s’ouvrent et s’harmonisent
à l’intérieur de soi.
En Mongolie, les centres d’énergie ont aussi une très grande importance
dans la pratique chamanique. Ils sont appelés « roues d’énergie ». Plusieurs
des exercices physiques qu’ils préconisent visent à rendre les roues
d’énergie plus efficaces. La plupart sont très exigeants quand on n’y est pas
habitué. Certains agissent sur une partie du corps, d’autres sur toutes les
fonctions et tous les organes du corps. Tout comme nous, les chamans
mongols estiment nécessaire de conserver une bonne santé physique. Aussi
est-il fort intéressant de découvrir leurs exercices et de commencer à en
pratiquer. Le fait de travailler différemment un organe ou un muscle
à travers un nouvel exercice peut produire d’excellents résultats.
Un autre aspect à remarquer dans les exercices physiques proposés au
cours du voyage en Mongolie, c’est le fait qu’on a recours à la figure du
« 8 » pour certains mouvements, comme nous l’utilisons, entre autres, dans
la danse des quatre directions ou lors des échauffements avant de faire la
danse, soit au moment où notre tête tourne en spirale en traçant une
lemniscate, de gauche à droite, de droite à gauche, formant ainsi une spirale
qui rapetisse toujours de plus en plus jusqu’à ce que nous ayons
l’impression que tout notre corps est passé dans la spirale et qu’il est
devenu cette spirale – le 8 de l’infini.
Dans chaque exercice physique proposé, on porte l’attention sur la partie
qu’on travaille. C’est un souci que nous partageons avec les enseignants de
Mongolie, car chaque fois que nous effectuons des exercices, il faut être
bien présents dans notre corps. Même au moment d’un exercice de
relaxation, on doit visualiser avec clarté et précision les moindres éléments
constituant le corps physique.
En somme, le but ultime des exercices physiques est l’élévation non
seulement du corps vers le ciel, mais celle de la pensée à travers des
conceptualisations ou des visualisations propres à mieux comprendre
l’Univers dans lequel on évolue. Or, pour vraiment comprendre les choses,
il faut devenir les choses. Alors, si vous réfléchissez à un papillon ou à une
rose, vous devez essayer de devenir un papillon ou une rose pour vous en
faire une idée précise. C’est la voie de la compréhension de tout l’Univers.
Nous en avons parlé à plusieurs reprises au cours des stages précédents. Il
faut continuellement réfléchir à tout ce qui existe pour comprendre
comment fonctionne l’Univers.
« Ce que je vous transmets, explique Aigle Bleu, c’est une porte qui va vous amener à pouvoir
communiquer avec vos ancêtres de façon à pouvoir ramener les traditions de votre pays qui
ont pu être complètement oblitérées par les forces de l’ombre et le bulldozer de la
civilisation. »
Tel est le cas particulier de la France alors qu’il reste très peu de
traditions ancestrales et qu’il n’y a à peu près personne qui sache les
pratiquer véritablement. Aigle Bleu avoue qu’il n’a pas vu d’authenticité
dans les pratiques celtiques qui lui ont été présentées. En fait, les pratiques
sont appelées « celtiques », mais il n’y avait pas que les Celtes autrefois. Il
y avait les Goths, les Wisigoths, les Gaulois, etc. Il y avait plusieurs nations
avec des pratiques distinctes, qui devaient tout de même avoir des pratiques
communes. Sur ce point, Aigle Bleu se fie à l’enseignement de l’ancêtre
allemand dont il a fait mention dans un stage précédent. Les clans étaient,
à l’époque, identifiés par les arbres plutôt que par les animaux.
Cela nécessite un travail important de synthèse. Il est, d’une certaine
manière, amorcé par le travail de synthèse qu’Aigle Bleu a déjà fait et qu’il
poursuit avec le groupe de praticiens chamaniques qui s’y intéressent. Mais
comme il est maintenant possible d’accéder aux traditions du monde entier,
on doit faire une synthèse de tout ce qu’on peut découvrir afin d’améliorer
la conscience universelle dans l’être humain. De cette manière, on va créer
une synthèse de l’ensemble des sagesses universelles de la planète Terre
pour nous amener vers la guérison de l’humanité, vers la compréhension
que nous sommes tous un, que nous sommes tous unis avec la Terre, que
nous sommes tous unis avec les étoiles, que nous sommes tous unis avec
l’humanité. C’est primordial de comprendre et de réaliser cette unité-là.
Le fondamentalisme, ou l’intégrisme que l’on voit se manifester sur terre,
est destructeur. C’est d’une extrême violence. C’est ignorer que nous
sommes tous des êtres humains et que nous possédons tous une même
spiritualité de base : nous sommes tous frères et sœurs parce que nous avons
la même mère, la Terre, et le même Père céleste. Telle est la compréhension
aborigène des Peuples Premiers partout sur terre. Au début de la
colonisation, les étrangers étaient accueillis comme des frères et des sœurs
venus de très loin. C’est après des années et des années de génocide, de
violence et de racisme, qu’une espèce d’intégrisme et de racisme est née
à l’intérieur de certaines nations amérindiennes. La situation s’apparente
à ce qui se vit du côté de l’islam, qui est aussi la victime de la colonisation
et des guerres de religion, appelées « croisades ».
Depuis le Moyen Âge et les croisades, les peuples européens tapent sur la
tête des gens qui sont d’allégeance religieuse différente. Et ils s’attendent
que ces gens-là continuent d’être bien disposés envers eux ! C’est insensé.
On récolte ce que l’on sème, affirme un vieil adage. Il faut en finir avec ces
prétentions affirmant qu’une personne catholique ou chrétienne est
meilleure que les autres, ce qui lui donne le droit de taper sur la tête des
individus qui ont d’autres croyances. En Amérique, c’est ce qui s’est passé.
Le pape avait envoyé une bulle papale dans laquelle il disait que les
« Indiens » étaient des animaux, qu’ils n’avaient pas d’âme et qu’on pouvait
en disposer comme on voulait.
Ce sont des manifestations de ségrégation et de racisme que l’on doit
transcender aujourd’hui. Or, il n’y a pas de meilleure façon de transcender
que de synthétiser les sagesses du monde. Une évolution rapide peut
s’ensuivre, particulièrement si l’on privilégie les meilleures techniques
disponibles de sagesse et si on les pratique. On favorisera ainsi l’évolution
et l’épanouissement de la conscience. Car tout dépend de la conscience que
nous développons.
Le monde créé dépend de notre conscience. Nous créons le monde.
Ainsi, à mesure que nous augmentons notre conscience et que nous la
partageons, nous travaillons dans une unité spirituelle intense.
Conclusion générale
LIVRES
Les Temps perforés, Québec, Éditions Le Loup de Gouttière, 1993 (poésie).
L’Écho sondeur, Québec, Carvelle inc., 1985 [suite du premier récit biographique d’Yvan
Boudreault].
Par le hublot de la nuit, Montréal, Héritage Plus, coll. « Vis-à-vies », 1980 [premier récit
biographique d’Yvan Boudreault] ; réédité aux éditions Carvelle inc. en 1984 et paru en feuilleton,
entre 1981 et 1983, dans le quotidien Le Soleil et plusieurs autres journaux régionaux du Québec.
Au fur et à mesure, Montréal, Héritage Plus, coll. « Vis-à-vies », 1980 [récit biographique de James
de Priest qui a donné lieu à une entrevue que j’ai réalisée pour la chaîne de télévision Radio-
Québec en 1981 dans le cadre de l’émission « Visages »].
ARTICLES ET COMMUNICATIONS
« Le sociogramme du divin dans Lucie ou un midi en novembre de Fernand Ouellette »,
communication présentée à Québec en 1998 à l’université Laval, faculté de théologie, et publiée
dans Poétique du divin sous la direction de Robert Hurley et Pierre-Marie Beaude, Les Presses de
l’université Laval, 2001.
« Marie-Luce Hermine Frémont, 1851-1873, première carmélite canadienne », article paru dans
Mémoires d’elles, fragments de vies et spiritualités de femmes, collectif sous la direction de Marie-
Andrée Roy et Agathe Lafortune, Montréal/Paris, Médiaspaul, 1999.
« L’anti-évangile d’une Québécoise : l’Euguélionne de Louky Bersianik », communication présentée
à l’université de Metz et publiée dans La Bible en littérature, Paris/Metz, Les Éditions du Cerf,
université de Metz, 1997.
« L’image de Dieu dans le roman québécois contemporain », article paru dans Québec français,
no 100, hiver 1996, [résumé d’une communication présentée lors du congrès de l’ACFAS en 1995,
à l’université du Québec à Chicoutimi, dans la catégorie « sciences religieuses », et qui a fait
l’objet d’une entrevue radiophonique sur les ondes de Radio-Canada dans le cadre de l’émission
« Religions et Sociétés » diffusée le 18 juin 1995].
« La pensée prophétique de Gabrielle Roy », article paru dans la revue Nouveau dialogue, revue du
service Incroyance et Foi, no 95, Montréal, 1993.
« L’art régénérateur » et « Parmi les formes, une forme : synthétique », articles parus dans la revue
Poésie, vol. XVIII et XIX, Québec, 1979.
RECENSIONS
Dans la revue Laval théologique et philosophique, université Laval (Québec), vol. 53, no 2,
juin 1997 : « Jean-Pierre Jossua, Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire. Tome III :
Dieu au XIXe et au XXe siècle. »
Dans la revue Pastoral Sciences = Sciences pastorales, université d’Ottawa (Ontario), vol. XV,
1996 : « Jacques Gauthier, Que cherchez-vous au soir tombant ? »
Dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome VIII – « La guerre des autres de Louise
Simard et Jean-Pierre Wilhelmy » et des mêmes auteurs, recension de « De père en fille » ;
tome VII - « Au fond des yeux, 25 Québécoises », « Le messager céleste de Jean-Paul Cofsky » et
« Saint-Denys Garneau, la couleur de Dieu de Nicole Durand-Lutzy » ; tome VI – « Dieu de
Carole Massé ».
Dans la revue Québec français : plusieurs recensions entre 1994-1998 (no 93, 96, 97, 100 et 109) et
dans Poésie, entre 1976 et 1979.
AUTRES
Poèmes publiés dans la revue Estuaire, no 80-81, 1996 ; dans Les Cahiers œuvres ouvertes, no 6,
1994 ; dans L’Écrit primal, no 16, et dans la revue Poésie entre 1976 et 1979.
Éditoriaux, articles, poèmes et narrations brèves dans un mensuel québécois intitulé Le Trait
d’Union, entre 1983 et 1993.
Mémoire du grade de maître ès arts (M. A.), L’Oasis des mots, École des gradués, université Laval,
Québec, 1992.
Livres, disques et CD d’Aigle Bleu
LIVRES
Aux Éditions de Mortagne, Boucherville, QC, Canada
L’Héritage spirituel des Amérindiens
Aux Éditions du Dauphin Blanc, Québec, QC, Canda
Le Cercle de toutes nos relations
Puissance cristalline
Le Sentier de la beauté
Les Animaux totems
La Philosophie de la nature
Aux Éditions Invocations d’Aigle Bleu Inc.
Fragrances sacrées et musiques mystiques
MUSIQUE
Les disques et CD, label Invocations
Spirit Songs
Tambours de la Terre-Mère
Mystères
Les Chants du cygne
Chants dans la tradition amérindienne
Sons du ciel
Sérénité
Aigle Bleu sur la guitare
Table of Contents
Copyright
Page de titre
Sommaire
Préface
Avertissement par aigle bleu
Introduction
1. Le cycle solaire
Premier stage : Niveau 1 – L’individu
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
PHILOSOPHIE DES ORIGINES
L’individu au cœur du
nouveau monde
La culture chamanique
Le chamanisme
initiatique à privilégier
La formation de
praticiens chamaniques
Les manigances de
l’ombre
La lumière à l’encontre
des forces de l’ombre
La relation avec la terre
PRATIQUES SPIRITUELLES
INDIVIDUELLES
En unité avec la Terre-
Mère
Les trois lois du
chamanisme
Le lieu de pouvoir
La méditation
Purification du corps et
du cœur
Les quatre directions
Prières, offrandes et
danses sacrées
L’autel tortue
RITUELS PERSONNELS IMPORTANTS
Pour la protection
personnelle
Pour la protection des
lieux – le bâton de prière
Pour modifier ce qui ne
va pas dans notre vie
Pour réaliser les œuvres
qu’on entreprend
Pour stimuler
l’abondance dans sa vie
Pour accompagner les
âmes décédées
Pour aider une âme
perdue
CONCLUSION
Deuxième stage : Niveau 3 – La famille
COMPRÉHENSION DE LA FAMILLE
Le niveau 3 de toutes nos
relations
Création de l’enfant
Cercle de parole en
famille
L’enfant, un être à part
entière
Les deux-esprits
Le caractère divin de
l’enfant
RITES DE PASSAGE
Cérémonie du premier
nom
Fête des premiers pas
Rites de passage de la
puberté
La quête de vision, rite de
passage chez les adultes
pour les hommes
La loge de lune, rite de
passage chez les adultes
pour la femme
Reconnaissance de la
femme sacrée
Le mariage
Rite de l’aîné spirituel
Rite de passage ultime
CÉRÉMONIE DU PARDON
Histoire amérindienne
révélant l’importance du
pardon
Voyage vers le lac sacré
des eaux bénies du
pardon et du souvenir
RELATIONS FAMILIALES AVEC LA
TERRE
L’étoile de la famille
Méditation du corps du
diamant
AUTRES EXERCICES ACCOMPAGNANT
LE CHEMINEMENT SPIRITUEL
Automassage
Danse du bâton
Prière à la fin de la
journée
INTRODUCTION À LA
MUSICOTHÉRAPIE AMÉRINDIENNE
Le son
Le rythme
La mélodie
L’harmonie
CONCLUSION
Troisième stage : Niveau 5 – La communauté
LA COMMUNAUTÉ ET L’ÉDUCATION
DES ENFANTS
Nécessité d’une
communauté aidante
Pour éveiller le potentiel
de l’enfant
Un système d’éducation
perverti
IMPROVISATION SUR LE MODE
PENTATONIQUE
Le mode pentatonique
Toucher thérapeutique
sonore et chant des esprits
CÉRÉMONIES CYCLIQUES
Solstice d’hiver
Équinoxe de printemps
Solstice d’été
Équinoxe d’automne
LES 5 ÉLÉMENTS
L’eau
Le vent
La terre
Le feu
Le son sacré
VOYAGE AU TEMPLE DE LA
COMPRÉHENSION
CÉRÉMONIES DE VIGILE
LA ROUE DE MÉDECINE
Réalisation d’une roue de
médecine
Activation de la roue
Bénédiction de la roue
COMPRÉHENSION DU CERCLE
Le cercle décisionnel
Le cercle de parole ou de
guérison
RITUEL DU CALUMET SACRÉ
L’histoire du tabac sacré
Le calumet de paix
Le caractère sacré des
offrandes de tabac
Cérémonie de la pipe
sacrée
Bénédiction d’une pipe de
travail ou d’une pipe
personnelle
TRANSMISSION DU FEU SACRÉ
PETIT PRÉAMBULE AUX ANIMAUX
TOTEMS
CONCLUSION
Récapitulatif et approfondissement
LA PHILOSOPHIE AMÉRINDIENNE
La nature au service de
l’humain
Trois principes de base,
trois vérités
fondamentales
Cinq principes de vie,
cinq éléments
Cinq rituels principaux
Sept rappels
Neuf préceptes du code
des relations justes
LA MUSICOTHÉRAPIE AMÉRINDIENNE
Les trois lois
fondamentales de la
guérison
2. Le cycle lunaire
Quatrième stage : Niveau 2 – Le couple
LA SEXUALITÉ SACRÉE DES ORIGINES
Dans la tradition védique
russe
Dans la tradition
amérindienne
Cérémonie pour trouver
l’être aimé
Cercle de couple
Expériences de couple
LA GUÉRISON AVEC LES CRISTAUX (1)
Trois prérequis au travail
avec les cristaux
Considérations générales
sur le cristal
Purification d’un cristal
Principales utilisations
des cristaux
La famille des quartz
Autres cristaux de
guérison
Quelques choix
recommandés de cristaux
Programmation des
cristaux
Cérémonie de
consécration d’un cristal
LE TOUCHER THÉRAPEUTIQUE
LA HUTTE DE SUDATION
Légende concernant la
hutte de sudation
Une très ancienne
cérémonie
Construction d’une hutte
de sudation
La cérémonie de la hutte
de sudation
CONCLUSION
Cinquième stage : Niveau 4 – Les amis
LA FAMILLE ÉTENDUE
Les vrais amis
Les amis spirituels du
cercle
LA JUSTICE RÉPARATRICE
Mode de fonctionnement
autochtone
Cas particuliers de pardon
LES ENSEIGNEMENTS DU 4
Terre/corps physique
Eau/corps émotionnel
Vent/corps mental
Feu/corps spirituel
Pour une approche vraie
des soins de santé
VOYAGE CHAMANIQUE À LA
DÉCOUVERTE DES TOTEMS
VÉGÉTAUX
EXERCICE DE TÉLÉPATHIE
LA GUÉRISON AVEC LES CRISTAUX (2)
Pierre matrice ou croix de
Bretagne (1)
Mohawk Walk
MÉTHODE DE LA MAIN TREMBLANTE
Les différents champs
électromagnétiques
Démonstration
commentée de la méthode
Étapes détaillées de la
méthode de la main
tremblante
CÉRÉMONIE DE GUÉRISON
Déroulement de la
cérémonie
Détails sur la cérémonie
de guérison
Méditation de guérison
CÉRÉMONIE DU LEVER DU SOLEIL
Déroulement commenté
de la cérémonie
CONCLUSION
Sixième stage : Niveau 6 – Le clan
CONSIDÉRATIONS SUR LE 6
Le clan
Trouver son animal
totémique
VOYAGE VERS L’ANIMAL TOTEM
Découverte des animaux
totems par les participants
INSTRUCTIONS POUR LA FABRICATION
DES COSTUMES TOTÉMIQUES
Garder la forme
L’autel tortue et les
totems
Pour la fabrication des
masques
Les faux-visages et les
masques totémiques
Symbolique des costumes
VOYAGE CHAMANIQUE À LA
RENCONTRE DES ÉLÉMENTS
CONDUITE DES HUTTES DE SUDATION
Prérequis à la conduite
d’une hutte de sudation
Règles de base à observer
Autres particularités à
retenir
DANSE DE LA COUVERTURE
TRAITEMENT AVEC LE CRISTAL DE
QUARTZ
CONCLUSION
3. Le cycle des initiations
Septième stage : Niveau 7 – La nation
CONSIDÉRATIONS SUR LA PROPHÉTIE
ET LA NATION
La prophétie
L’égrégore « Créons le
monde »
L’exemple des Six-
Nations
Pour l’avènement d’une
nation plus juste
À la conquête de sa
véritable nation
Liberté et fierté
d’appartenir à sa nation
VIVRE EN AMOUR AVEC LA TERRE
LA PIERRE MATRICE (2)
Être relié aux éléments
Particularité
CÉRÉMONIE AVEC UNE PLANCHE À
PRIÈRE
VOYAGE DANS LE MONDE DE LA
FORME IDÉALE
Recommandations
particulières de
l’enseignant
DANSE DU SOLEIL ET DE LA LUNE
CÉRÉMONIE DES ANIMAUX TOTEMS
CONCLUSION
Huitième stage : Niveau 8 – La planète
LA CONSCIENCE PLANÉTAIRE
La responsabilité
planétaire de l’individu
Les émotions et la
conscience planétaire
Les éléments à votre
service
Le 8 évoque la
conscience de la Terre
QUELQUES RAPPELS ET AJOUTS
Concernant les soins de
guérison
Concernant les
cérémonies cycliques
Concernant la roue de
médecine
Les signes de la nature
DANSE AVEC LES CRISTAUX
TECHNIQUES POUR ATTEINDRE
L’IMMORTALITÉ
Purification du corps
Continuité de la
conscience
Conscience du temps
MÉDITATION TEMPORELLE
CONCLUSION
Neuvième stage : Niveau 9 – La conscience universelle
DU NIVEAU 1 AU NIVEAU 9
La vie extraterrestre
La pratique spirituelle
quotidienne
EXERCICES PHYSIQUES AU SOL
MÉDITATIONS
VORTEX DE LUMIÈRE
RÈGNE DU « PETIT PEUPLE »
Des êtres au service de la
nature
Consacrer un lieu au petit
peuple
Cérémonie d’offrande au
petit peuple
CÉRÉMONIE DU COUCHER DE SOLEIL
SPHÈRES DE CRISTAL ET MANCIE
ENSEIGNEMENTS DE MONGOLIE
SYNTHÈSE DES TRADITIONS
Conclusion générale
Publications de Micheline Simard
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