MARMI - Geochimie - L3 - GRM - 2020 Geo3

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DEPARTEMENT DES SCIENCES GEOLOGIQUES

GEOCHIMIE PROSPECTIVE
(L3-S6 : GRM ; 2019/2020)
(Prof. Ramdane MARMI)

CHAP.I. RAPPELS ET DEFINITIONS

1. Définitions
La prospection géochimique a pour objectif, dans une région donnée, d'avoir une estimation aussi
précise et exhaustive que possible des contenus métalliques en éléments majeurs et/ou traces des
roches ou horizons pédologiques qui en dérivent de façon à définir au mieux le fond géochimique
naturel et ce qui est concentration anormale d'origine naturelle ou anthropique.
La géochimie est la discipline qui étudie la répartition des éléments chimiques, de leur distribution
dans les objets du système solaire, de leur origine, de leur nature et de leur comportement au cours
des processus géologiques. La méthode de prospection repose sur l'analyse systématique des
teneurs (très faibles) en métal recherché, dans la terre superficielle, l'eau de ruissellement ou les
feuilles des plantes.
C’est une Science qui étudie l'histoire et le comportement des éléments chimiques qui composent les
zones profondes et superficielles du globe terrestre à l'aide des méthodes conjointes de la géologie et
de la chimie. La géochimie proprement dite s'efforce d'approfondir les problèmes théoriques que pose
l'origine de la répartition des éléments chimiques et de leurs combinaisons dans les diverses couches
du globe terrestre.
2. Éléments majeurs et éléments mineurs
L’abondance moyenne des éléments chimiques est très variable dans la lithosphère. Pour les
principaux types de roches et de sols, les éléments O, Si, Al, Fe, Ca, Na, K et Mg, communément
appelés «majeurs», représentent près de 99 % du poids total de l’écorce terrestre. Leurs teneurs
moyennes respectives y sont comprises entre 50 et 1% suivant la nature des formations. Le titane
représente déjà 0,45 % à lui seul des autres éléments dits «mineurs». Les teneurs moyennes de ces
derniers vont de quelques centaines de grammes à quelques milligrammes par tonne. Le gramme par
tonne (g/t), terme utilisé en recherches minières, correspond au ppm (partie par million); le
milligramme par tonne (mg/t) équivaut au ppb (partie par billion, le milliard des Anglo-Saxons). Pour
les eaux et les cendres de plantes, les teneurs des éléments mineurs s’expriment généralement en
milligrammes par tonne et en microgrammes par tonne.
Les méthodes de la prospection géochimique sont basées sur la connaissance de la distribution des
éléments mineurs dans les roches, les sols, les eaux et les plantes, dans le but de déterminer les
régions où cette distribution est anormale pour un ou plusieurs éléments, les anomalies pouvant trahir
l’existence de gîtes métallifères.
2.1. Fonds géochimiques
Lorsque les formations naturelles et les sédiments meubles qui les recouvrent, ainsi que les eaux et la
flore, ne sont pas touchés par des phénomènes minéralisateurs endogènes ou exogènes, il est
possible, après un échantillonnage massif et sélectif, de déterminer, à l’aide de moyens analytiques
appropriés, les «fonds géochimiques» régionaux ou locaux, c’est-à-dire les teneurs représentatives
des formations étudiées pour certains éléments, calculées par des méthodes statistiques. Par
exemple, pour un certain type de roche ou de sol dans une région donnée, les fonds géochimiques
peuvent être inférieurs ou supérieurs aux clarkes respectifs des éléments (le Clarke, par définition, est
la moyenne arithmétique des résultats d’analyse d’un certain élément dans des échantillons provenant
d’une formation donnée de l’écorce terrestre).
2.2. Anomalies géochimiques
Lorsque, dans certains secteurs, les phénomènes endogènes ou exogènes sont accompagnés de
l’apport de certains éléments et du départ de certains autres, l’analyse de roches, de sols, de
sédiments pour les éléments en «traces» peut donner des teneurs anormales par rapport aux teneurs
de fond géochimique. Ces teneurs anormales constituent des «anomalies lithogéochimiques» (ou
simplement géochimiques). Les teneurs anormales, dans les eaux superficielles ou souterraines, sont
appelées «anomalies hydrogéochimiques». La présence, dans une région, de teneurs anormalement
élevées dans les roches, les sols et les eaux conditionne la présence, dans les plantes croissant dans
cette région, d’anomalies «biogéochimiques». Ces dernières peuvent concerner toutes les plantes ou
certaines d’entre elles (plantes indicatrices ou concentratrices).

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Les anomalies géochimiques peuvent être vraies ou fausses. Les vraies anomalies sont
principalement liées aux gisements métallifères proprement dits, à leurs auréoles de dispersion
primaire et secondaire ainsi qu’à leurs traînées de dispersion (cf. Méthodes lithogéochimiques et
hydrogéochimiques), soit suivant la topographie, soit suivant le réseau hydrographique situé à l’aval
de la formation minéralisée. Les fausses anomalies proviennent généralement de pollutions
artificielles, de concentrations des éléments dispersés par les effets biochimiques, l’évaporation,
l’absorption, ou de roches à fond géochimique élevé, telles que les roches ultrabasiques à forte teneur
en nickel.
Il est donc nécessaire, dans l’interprétation de tous résultats géochimiques (fonds et anomalies
géochimiques) de tenir compte de toutes les données géologiques, structurales, métallogéniques et
morphologiques dont on peut disposer sur la région prospectée, ainsi que de tous les facteurs
physico-chimiques pouvant les influencer.

CHAP.II. STADES (OU ETAPES) DE LA PROSPECTION GEOCHIMIQUE ET BUTS A


ATTEINDRE
I. Les stades de prospection
La prospection géochimique s’applique aux différentes phases de la prospection géochimique en
général :
- Reconnaissance générale (ou reconnaissance régionale), éch. 1/500 000 à 1/200 000
- Prospection stratégique : 1/200 000° à 1/50 000
- Prospection tactique ou de détail : 1/50 000 à 1/10 000 (et même plus).
Ces stades sont fondés principalement sur la mise en évidence d’anomalies secondaires.
1. La reconnaissance régionale, consiste à parcourir une région peu connue par des itinéraires
à large maille et vise à recueillir les premières données de caractère :
• Géographique (réseau hydrographique, relief, voies d’accès,…)
• Géologique (nature des formations rencontrées : sédimentaire ou socle, etc…)
• Pédologique (type d’altération, nature dessols, présence de sédiments de ruisseaux, etc…).
En prospection générale, la géochimie s’applique à la recherche de métaux dont les minéraux sont
facilement altérables (Pb, Zn, Cu, Mo, Sb, Hg, V, U...), donc difficilement décelables en prospection
alluvionnaire; ou à la recherche de tous les métaux, lorsque les conditions géomorphologiques sont
telles qu’elles font craindre de passer à côté des gisements sans les voir, ni même les soupçonner.
Ce pourrait être le cas, par exemple, de gisements appartenant à différents types génétiques se
trouvant dans des zones forestières ou d’accès difficile, ou bien recouverts par des couches de
sédiments alluviaux, éluviaux, latéritiques, éoliens, glaciaires, ou de formations géologiques plus ou
moins épaisses; ou celui de gisements ayant pu donner, dans des régions à relief jeune ou rajeuni,
des affleurements visibles, mais dont les minéraux primaires ou secondaires ont été lessivés (Mo, U,
V...); ou bien il s’agit de gisements n’affleurant pas actuellement, mais ayant pu affleurer à d’autres
époques; ou, encore, de gisements subaffleurants, c’est-à-dire à peine touchés par l’érosion ou
seulement sur le point de l’être. Enfin, ce pourrait être le cas de gisements cachés proprement dits,
qui n’ont pas subi l’influence de l’érosion et qui peuvent être décelés par ces méthodes dans des
régions où les conditions géologiques structurales et métallogéniques sont favorables.
2. La Prospection stratégique
C’est une prospection systématique qui doit donner une information continue sur toute l’étendue de la
surface prospectée. Son rôle est de mette en évidence, dans une région déterminée des zones
anomales en relation probable avec des minéralisations.
3. Prospection détaillée ou «tactique»
La prospection détaillée concerne les problèmes les plus particuliers: extension de gisements ou de
structures minéralisées en surface et en profondeur; dispersions primaires ou secondaires dans les
travaux miniers, permettant de détecter des corps minéralisés au voisinage; recherches de structures
particulières par application de méthodes indirectes (étude des éléments mineurs de minéralisations
principales: As pour les minéraux arseniés et dans la pyrite située au toit de gisements de stibine; Se
et Te dans les «chapeaux de fer» des gîtes sulfurés; Cd dans les roches encaissant les filons de
blende; Hg dans les gîtes polymétalliques; Ta, As, Hg, Sb, F, Br, I dans les roches, pour localiser les
gîtes par rapport à leur niveau actuel d’érosion).

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La prospection détaillée ou «tactique» est aussi une méthode systématique. Elle précise dans les
zones des anomalies stratégiques, l’origine de celles-ci, leur extension superficielle et les niveaux de
teneur atteints.
Il faut bien noter qu’à ces trois stades on n’obtient par des renseignements de surface, que l’image
plus ou moins déformée de l’intersection du gîte avec la surface d’altération : anomalie secondaire.
Dans certains cas, la géochimie pourra être complétée par des opérations plus ponctuelles de
reconnaissance en surface : géochimie en tarière, analyses en tranchées, etc….
II. Type de prélèvements (échantillonnage)
Introduction
Les prélèvements porteront sur des sédiments de ruisseau, des sols ou des roches. Pour ces trois
types, on fait généralement une étude méthodologique préalable pour déterminer la meilleure tranche
granulométrique à analyser ou pour voir s’il existe une phase porteuse privilégiée des métaux
(hydroxydes, oxydes) qui pourrait être isolée et dont l’analyse permettrait d’obtenir des niveaux de
teneurs et des contrastes géochimiques (teneurs anomales/teneurs fond) plus élevés. Cette étude
peut être faite dès le stade de la reconnaissance générale au cours de laquelle on essaie tout les
types de prélèvements.
L’échantillonnage effectué le long d’itinéraires et coupe de reconnaissance n’est ni systématique ni
tout à fait irrégulier. On s’attachera, dans la mesure du possible, à orienter ces coupes
perpendiculairement aux formations et à collecter des prélèvements d’une manière assez continue le
long des coupes pour mettre en évidence les variations des fonds géochimiques.
Cette approche régionale est orientée vers la mise en évidence des principales unités géochimiques.
Elle permet la sélection des zones à prospecter en géochimie stratégique et le choix des méthodes à
employer sur ces zones sélectionnées.
1. Dans le cas d’une prospection stratégique, on prélève la plupart du temps des sédiments
de ruisseau (stream-sediments), technique, qui, à l’heure actuelle, paraît la mieux adaptée. On peut
toutefois être conduit pour différentes raisons, à prélever partiellement des échantillons. Il faudra alors
augmenter la densité d’échantillonnage et prélever les sols en zones basses plutôt qu’en zones de
crêtes. Pour certains métaux, particulièrement ceux dont les minéraux sont sous forme d’oxydes (W,
Sn) l’analyse de concentré de batée couplée avec son examen optique fournit des résultats moins
dispersés à des niveaux de teneurs plus élevés.
2. Toute prospection tactique est basée sur l’échantillonnage en sol, normalement à la base
de l’horizon A. La présence d’une altération particulière, cuirasse latéritique, ou d’un recouvrement
plus ou allochtone peut obliger à l’emploi de techniques spéciales de prélèvement : par exemple
prélèvement des fractions grossières du sol en pays désertique à recouvrements éoliens possibles,
prélèvement dans l’horizon C à la tarière en cas de recouvrements allochtones caractérisés.

III. Densité de prélèvements


La densité d’échantillonnage varie suivant l’échelle de la prospection et suivant la taille des cibles
recherchées. En prospection stratégique on travaille généralement à une échelle variant de 1/200 000
à 1/50 000. L’échantillonnage se fait à large maille avec une densité de 1 à quelques prélèvements au
Km2, s’il s’agit de sédiment de ruisseau.
La notion d’espacement de prélèvements suivant le réseau doit céder le pas à la notion de densité
moyenne, beaucoup plus importante pour obtenir une information continue. Dans le cas de
prélèvements mixtes sols et sédiments de ruisseau, la densité devra être augmentée. Quoi qu’il en
soit, une densité de prospection stratégique ne devrait pas descendre d’un Km 2. Une telle maille vise
à « accrocher » directement des anomalies liées à des concentrations minérales. Cette densité
permet en outre une visualisation satisfaisante du fond géochimique local. Tout point anomal, même
isolé, devra être pris en considération.
Au stade tactique, les prélèvements étant fait suivant une grille régulière, on ne parlera plus de
densité au Km2, mais de maille. Celle-ci sera variable en fonction du métal recherché. Une maille
carrée 200m x 200m est normalement suffisante pour une première localisation d’anomalies Pb, Zn ou
Cu, mais il faudra choisir une maille 50m x 50m dans le cas d’anomalies Sb ou W. Un resserrement
ultérieur est toujours préférable à un « sur maillage » initial.

IV. Analyses
C’est un poste essentiel, et le choix d’une technique plutôt qu’une autre pourra changer totalement
l’efficacité et la signification de la campagne envisagée.

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La technique utilisée doit être à la fois sensible, reproductible et peu couteuse.
Deux grandes stratégies se dégagent :
- Adopter des méthodes simples permettant une utilisation sur le terrain par exemple en camion
laboratoire,
- Choisir une technique plus sophistiquée, disponible dans un laboratoire central.
Toutes les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Il existe de nombreux laboratoires effectuant commercialement des analyses de type prospection
géochimique, auxquels l’on peut sous-traiter les travaux de dosage. Une précaution essentielle sera
néanmoins d’introduire des étalons à teneur connue, afin de contrôler à la fois la reproductibilité et le
niveau des teneurs des analyses fournies par le laboratoire.
L’application de techniques d’analyse multiéléments a modifié les critères de choix, elle est de plus
fréquente au stade de la prospection stratégique.
Au stade de la prospection tactique, le problème est normalement beaucoup mieux défini et seul un
petit groupe d’éléments sera analysé, cependant que certains autres que ceux que l’on recherche
directement sont très utiles pour juger du caractère métallogénique ou non des anomalies. Par
exemple, Ni sera systématiquement analysé dans une prospection tactique pour Cu ; de même As,
Ag, Mo, Cd, Sb sont des indicateurs intéressants pour les prospections Pb-Zn.
Au stade de la reconnaissance d’indices et spécialement s’il s’agit d’étudier des auréoles primaires à
partir de la géochimie en roche, des analyses multiéléments seront indispensables : intérêt primordiale
des variations des éléments majeurs et intérêt des halos métalliques composites permettant dans
certains cas de visualiser la polarité et le niveau d’érosion d’un gisement.
Dans le cas d’études de chapeau de fer, ce sont les éléments tels que Sn, Bi, Sb, Ag, Mo,….qui
permettent de faire un diagnostic sur la valeur de la minéralisation. Il faudra même dans certains cas
avoir recours à des techniques d’analyse en infra-traces pour Au, Ag, etc…

Méthodes d’analyse les plus courantes


Deux techniques d’analyses multi-éléments sont utilisées le plus couramment :
- Spectrométrie d’émission à partir d’une source plasma :
• 12 éléments prioritaires : Cu, Pb, Zn, Ag, W, Sb, Ba, Ni, Mn Fe, Cr, Sn ;
• 10 éléments utiles, soit en tant qu’éléments accompagnateurs, soit pour la cartographie
géochimique : V, P, As, Mo, B, Be, Cd, Co, Ni, Y.
- Spectrométrie d’émission optique à lecture directe : quantomètre qui dose simultanément 7
éléments majeurs et 26 éléments traces (SiO2, Al2O3, Fe2O3, MgO, CaO, Na2O, K2O-Mn, P, Ti, Zr,
B, Ba, Sr, La, Y, Nb, Pb, Zn, Cu, Ag, Cd, As, Sb, Bi, Li, Sn, W, Mo, Cr, Co, V, Ni).
Pour les anablyses courantes mono-élémentaires, la technique la plus employée est l’Absortion
Atomique. Les résultats d’analyses sont généralement donnés en p.p.m. (partie par million, c-à-d
gramme par tonne), parfois en p.p.b. (partie par milliard). Pour les éléments majeurs, ils sont donnés
en %.
Recommandation importante
Les différentes techniques d’analyse ayant des sensibilités distinctes selon les métaux analysés, il est
absolument impossible de comparer des résultats provenant de techniques différentes.
Une campagne stratégique devra par conséquent être exécutée entièrement avec la même technique
analytique.
Enfin, pour s’assurer de la reproductibilité et de la précision des analyses, on intercalera des
échantillons doubles ou des échantillonstémoins à raison d’environ 1 échantillon toutes les 100
analyses. Les échantillons doubles de contrôle seront obtenus soit par double prélèvement, soit par
quartage d’un échantillon abondant. Les échantillons témoins se feront par l’intermédiaire d’étalons
géochimiques internes.
Il conviendra de prévoir des numéros sans échantillon pour y placer les témoins.

CHAP.III. METHODES DE RECHERCHES


A. Méthodes lithogéochimiques
Les méthodes lithogéochimiques sont fondées sur la mise en évidence d’auréoles de dispersion
primaires de gisements ou de corps minéralisés, ainsi que de leurs auréoles secondaires et traînées
de dispersion.
Hypothèse : la mise en place d’un corps minéralisé exerce une influence sur son encaissant sous
forme d’une auréole (halos de dispersion).
Elle consiste alors à faire un échantillonnage de roches selon des profils perpendiculaires aux
structures géologiques afin de mettre en évidence les faciès porteurs de la minéralisation.

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Elle se pratique en surface, dans les tranchées, sondages et galeries afin de délimiter les corps
minéralisés, établir la zonalité géochimique et gîtologique du site minéralisé.
B. Prospection géochimique de Sol (Métallométrie)
Méthode appliquée dans les zones recouvertes par un sol résiduel,
Se base sur l’analyse chimique des matériaux de sols prélevés dans l’horizon B,
L’échantillon prélevé est tamisé sur place pour obtenir la fraction granulométrique comprise entre 75
et 180 µm.
Les objectifs de la prospection géochimique au sol :
a. connaitre la présence d’éléments métalliques dans le sol, au préalable à toute autre opération,
b. permettre d’identifier un fond géochimique naturel dans le sol susceptible de révéler des indices
de minéralisation en profondeur.
Pour cela, on effectue :
c. soit un prélèvement de sol, au moyen d’une petite pelle ou d’une tarière à main.
d. soit la récolte de fragments de roches en « pierres volantes » visible à la surface.
Les échantillons recueillis sont ensuite analysés afin de connaitre la présence d’éléments métalliques
et d'avoir une première idée de leurs teneurs.
Une carte est ensuite établie afin de connaitre un état initial de la chimie du sol (métaux contenus en
quantité suffisante) et de cerner des anomalies qui révèlent des objets minéralisés en profondeur
(fig.4.5).
On peut également réaliser une carte par élément chimique analysé.
Grâce à ces cartes on pourra positionner les sondages à réaliser pour connaître, plus précisément
et en profondeur, l’origine des anomalies détectées.
C. Prospection géochimique alluvionnaire
Elles sont appliquées aux sédiments de ruisseaux. Les échantillons alluvionnaires sont prélevés dans
le lit des cours d’eau. Ils sont de deux types : les sédiments de ruisseau (“ stream sediments ”) et les
minéraux lourds formant la partie dense des graviers alluvionnaires. Les premiers se trouvent souvent
au fond des cours d’eau et sont formés par des boues ou matériaux noirâtres très fins. Les seconds
sont des graviers lavés à la batée jusqu'à obtenir un concentré final comprenant la plupart des
minéraux denses tels que silicates ferro-magnésiens d’origine magmatique - pyroxènes, micas,
amphiboles, olivine, sphène – ou de genèse métamorphique - andalousite, disthène, sillimanite,
grenat - ou encore et le plus souvent des oxydes divers - magnétite, ilménite, goethite, spinelle
difficilement altérables.
Une fraction légère (quartz, minéraux felsiques, apatite, monazite, ...) trop importante peut être
complètement éliminée par séparation aux liqueurs denses en laboratoire.
Les “ streams ” sont placés dans des sachets en plastique résistants avant d’être numérotés et
envoyés pour analyses.
Alluvionnaire et Stream-sediment
Dispersion des minéraux et des éléments chimiques par altération des corps minéralisés et des
roches encaissantes et leur entrainement vers le ruisseau.
Objectif : recherche des minéraux lourds (Au, Ag, Pt, Pd, Sn, W, Zr…..)
Se base sur l’analyse chimique et minéralogique des concentrés alluvionnaires (minéraux lourds)
préparés par panage des sédiments de ruisseaux prélevés en aval des cours d’eaux. Les ML
proviennent de la fragmentation des roches, ils sont transportés et déposés par les cours d’eau sous
forme de grain mono ou polyminéral. Durant le transport, ces minéraux ont les propriétés qui leurs
permettent de résister à l’abrasion mécanique et à l’altération chimique.

Densité des minéraux


Lourds Légers
Or natif 19,3 Calcite 2,7
Platine 19 Anhydrite 2,9
Argent 10,5 Ankérite 3
Scheelite 6 Béryl 2,7
Wolframite 7,4 Chrysocolle 2,1
Sylvanite 8,1 Feldspath 2,6
Covellite 4,6 Gypse 2,3
Cinabre 8,1 Halite 2,1
Diamant 8,52 Kaolin 2,26

5
Uraninite 9,4 Sylvite 2

Echantillonnage :
Cible : alluvions du lit vif du cours d’eau
Matériel utilisé
Tamis : tamisage de l’échantillon, collecte de la fraction < 2mm
Pannage de l’échantillon : concentré alluvionnaire au fond de la batée.
Stream-sediment
Objectif : recherche de métaux de base (Pb, Zn, Cu, Sb…..)
- Se base sur l’analyse chimique des sédiments fins de ruisseaux (argile, dépôt silteux…)
prélevés en aval de cours d’eau. Les éléments chimiques proviennent de l’altération chimique des
roches, puis transportés par les cours d’eau. Ces éléments sont fixés par les argiles, les oxydes et les
hydroxydes de fer….
- L’échantillon prélevé est tamisé sur place pour obtenir la fraction granulométrique inférieure à
180 µm
- Les méthodes alluvionnaires et stream-sediment sont complémentaires.

D. Méthodes hydrogéochimiques
Les méthodes hydrogéochimiques sont fondées sur la mise en évidence d’auréoles et de traînées de
dispersion dans les eaux superficielles ou souterraines.
La formation d’auréoles de dispersion hydrogéochimiques résulte de divers processus physico-
chimiques auxquels est soumis un gîte. Selon la composition du corps minéralisé, la nature de la
formation encaissante et les conditions climatiques, les étapes d’altération du gîte et de son milieu
sont différentes. Pour les gisements essentiellement composés de sulfures (blende, galène, pyrite,
chalcopyrite, etc.), les solutions d’acide sulfurique (formées par l’action de l’oxygène de l’air sur les
sulfures, puis de l’eau sur les produits d’oxydation) jouent un rôle très important dans leur dégradation
progressive. Pour les gîtes à oxydes (cassitérite, wolframite, etc.), l’influence des phénomènes
d’hydrolyse et de solutions aqueuses chargées en acide carbonique provenant de l’air est
prédominante. Si les gîtes à sulfures sont situés à grande profondeur et en présence d’eaux captives,
la solubilisation de minéraux sulfurés par processus électrochimiques permet la formation d’auréoles
hydrogéochimiques.
Les auréoles et les traînées de dispersion hydrogéochimiques ont une zonalité horizontale qui
provient de la concentration de certains éléments dans les eaux baignant le gîte ou proches de celui-
ci, puis de l’abaissement des teneurs, au fur et à mesure de leur éloignement. Le pouvoir de migration
des éléments dans les eaux dépend principalement des propriétés oxydo-réductrices et acido-
basiques du milieu.

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La migration verticale, correspondant à la zonalité verticale des éléments d’une nappe à une autre,
peut se faire soit par diffusion ou capillarité, soit par décharge, si la nappe minéralisée est en charge.
Les auréoles hydrogéochimiques peuvent être cachées ou affleurantes et possèdent des indicateurs
directs (éléments principaux du gîte) et indirects (mis à part les éléments alcalins, ce sont les ions S 4-,
Cl-, HC3-, le pH, la minéralisation totale, la résistivité).
Les teneurs du fond hydrogéochimique en éléments métalliques (alcalins exceptés) sont
généralement exprimées en mg/t. Les teneurs anormales dépassent rarement 10 g/t, exception faite
pour les teneurs provenant de prélèvements d’eau particuliers effectués, par exemple, dans les
travaux miniers ou dans les sondages à proximité des corps minéralisés. Les anomalies les plus
intenses se trouvent dans les zones de forte oxydation.
La dimension des anomalies est de l’ordre de quelques centaines de mètres (de 400 à 600 m). Leurs
traînées, dans les cas favorables, se font sentir sur quelques kilomètres à partir de l’origine de la
minéralisation.
Outre les fausses anomalies, qui sont nombreuses et dues à la précipitation de certains éléments (par
suite du changement du pH des eaux, des effets de décharge des nappes minéralisées en charge et
de la concentration des éléments par effets biochimiques), les désavantages de la recherche
hydrogéochimique sont représentés par la distribution irrégulière ou le manque de points d’eau dans
certaines régions, le changement, dans le temps, de la teneur des éléments dans les eaux –
nécessitant des observations spéciales de leur régime – et la difficulté d’interprétation et d’évaluation
des anomalies (par suite de leur très faible teneur). Malgré tout, les avantages de la recherche
hydrogéochimique restent importants: profondeur d’investigation et étendue de la dispersion.

E. Méthodes biogéochimiques
Les méthodes biogéochimiques sont fondées sur le lien entre la composition chimique, la morphologie
des organismes végétaux ou animaux, et leurs associations, et la composition chimique de leur milieu
nourricier.
Les méthodes géobotaniques reposent sur la recherche de plantes indicatrices. Le lien entre la
composition chimique des plantes et celle des roches, des sols qui en dérivent et des eaux est loin
d’être simple. Elle est influencée par une série de facteurs dont les principaux sont: la teneur
habituelle en éléments du type de plante considéré; l’irrégularité de la distribution des éléments dans
les différentes parties de la plante (racines, feuilles...); l’âge de celle-ci; les conditions climatiques; la
dépendance des teneurs d’un élément donné dans les plantes par rapport à leur composition totale et
aux types de sols sur lesquels elles croissent (ainsi, certaines plantes, appelées «concentratrices»,
s’enrichissent sélectivement en certains éléments indépendamment de la teneur de fond du milieu
environnant).
Ces divers facteurs, dont il faut tenir compte, font que les recherches géobotaniques sont plutôt
délaissées au profit des recherches lithogéochimiques, plus simples.
Néanmoins, dans certains cas (zones humides où les sols sont ou peuvent être lessivés ou drainés en
profondeur, régions semi-arides où le recouvrement par les formations allochtones est important),
l’échantillonnage des plantes à système radiculaire profond (de 15 à 20 m) peut apporter de bonnes
informations. D’autre part, la présence de corps minéralisés donnant lieu à des teneurs élevées dans
les sols peut amener des modifications dans les particularités biologiques locales, telles qu’un
changement dans la composition des associations, la croissance de plantes spécifiques (indicatrices),
l’atrophie, le gigantisme.
F. Méthodes atmogéochimiques
Les méthodes atmogéochimiques (ou atmochimiques) font partie des méthodes directes pour la
recherche de minéraux radioactifs, de pétrole, de gaz naturel, de charbon ou de mercure (par les
émanations respectivement de radon, d’hydrocarbures et de vapeurs de mercure). Elles peuvent être
«aéroportées» ou employées directement au sol, selon que les éléments sont analysés dans l’air de
l’atmosphère ou qu’ils le sont par pompage, dans l’air contenu dans le sol ou diffusé en surface.
Ces méthodes demandent des moyens d’analyse extrêmement sensibles et donnent de bons
résultats.

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References bibliographiques

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