ECOG 2 Chapitre IV
ECOG 2 Chapitre IV
ECOG 2 Chapitre IV
Introduction
L’oligopole est une structure de marché, sur lequel il existe un certain nombre de concurrents,
mais pas un nombre suffisant pour considérer que chacun d’eux, a un effet négligeable sur le
prix. Les modèles d’oligopole se préoccupent des interactions stratégiques qui apparaissent
dans un secteur d’activité quand il y a un petit nombre d’entreprises. Pour simplifier,
considérons deux entreprises (Duopole) sur le marché et que celles-ci produisent un bien
homogène. Il y a quatre variables à prendre en considération : le prix que chaque entreprise
pratique et la quantité que chacune produit.
q1* = f1 (q2* )
*
q2 = f 2 (q1 )
*
Graphique : Chemin d’ajustement vers l’équilibre dans un Duopole de Cournot
Q2
q2*
t +2 t +1 t +1 t +1
( q1 , q2 ) ( q1 , q2 )
t +1 t t t
( q1 , q2 ) ( q1 , q2 )
q1*
1 ( P1 , P2 )
=0
P1
Les conditions nécessaires de l’équilibre de Bertrand :
2 ( P1 , P2 ) = 0
P2
Supposons que la firme 1 soit le « leader » et qu’elle choisisse de produire une quantité q1 .
L’entreprise 2, le « suiveur » réagit en choisissant une quantité q2 . Chaque entreprise sait que
le prix d’équilibre sur le marché dépend de la quantité totale du produit qu’elles vont mettre sur
le marché.
Le follower choisira un niveau de production tel que sa recette marginale soit égale à son coût
marginal : Rm2 = Cm2
C’est la fonction de réaction de la firme 2 et indique que le suiveur réagit à la production choisie
par le leader.
Quant au leader, le problème de maximisation du profit est : Max = P(q1 + f 2 (q1 )q1 − c1 (q1 ) .
Au fait, le leader connait la fonction de réaction du follower et l’intègre dans sa fonction de
profit. La résolution donne la quantité optimale ( q1 ) que le leader doit produire.
Une fois la quantité produite par le leader connue, le follower l’intègre dans sa fonction de
réaction pour déterminer à son tour la quantité optimale qu’elle doit produire [ q2 = f 2 ( q1 ) ].
Le problème de maximisation du profit pour les deux entreprises consiste dès lors à choisir
leurs productions q1 et q2 afin de maximiser les profits totaux du secteur :
Les conditions d’optimalité impliquent que la recette marginale d’une unité supplémentaire de
production doit être la même, quelle que soit la firme qui la produit. Il s’en suit que
Rm = Cm1 (q1* ) = Cm2 (q2* ) .
Rm = Cm1 = Cm 2 Où = 1 + 2
Comme le monopole réduit le bien être sociale, l’Etat peut ainsi prendre des initiatives pour
empêcher la collusion. Une des solutions consiste à rendre le marché contestable.
V. Le marché contestable
Dans leur ouvrage intitulé « Contestable markets and the theory of industry structure », W.
Baumol, J.C Panzar, R.D Willig (19822) ont donné les trois raisons qui ont motivé le
développement de la théorie des marchés contestables : (i) Fournir les bases d'une
interprétation plus riche et plus scientifique de la relation entre concurrence et marché
(l'intensité de la rivalité concurrentielle existant sur un marché ne serait plu s liée à
l'importance du nombre de ses participants ) ; (i) Elaborer une nouvelle théorie de l'oligopole
qui n'intègre pas les variations conjecturales des firmes établies et (iii) Généraliser le domaine
d'applicabilité de la notion d'efficacité.
- L'entrée sur celui-ci s'avère totalement libre, au sens de Stigler, c'est-à-dire lorsque
les entreprises tentées d'y opérer ne souffrent, par rapport aux firmes en place,
d'aucun désavantage sur le plan des techniques de production ou de la qualité des
produits (les entrants potentiels peuvent évaluer la profitabilité de l'entrée à partir des
prix de pré-entrée de la firme déjà installée).
- La sortie en est totalement libre, au sens de peu coûteuse.
Au concept de concurrence parfaite, chère à la théorie néo-classique, Baumol, Panzar et
Willig substituent celle de la contestabilité parfaite. De ce fait, un marché de concurrence
parfaite constitue nécessairement un marché contestable. Toutefois, la réciproque n'est pas
vraie. Un marché contestable ne se limite pas au cas du marché de concurrence parfaite. En
d'autres termes, cela signifie qu'une situation de concurrence ne serait pas
nécessairement liée à l'existence d'un nombre important d'offreurs sur le marché
concerné (l'hypothèse d'atomicité n'est donc plus une condition nécessaire d'obtention des
prix concurrentiels). Dans la nouvelle conception du marché contestable, on ne se rapproche
pas graduellement de l'optimum lorsque le nombre d'offreurs augmente. L'existence de deux
entreprises peut être suffisante pour garantir que le prix de marché se situera au niveau du
coût marginal de production.
Dans une telle optique, la liberté de sortie constitue l'hypothèse fondamentale du marché
contestable. C'est en effet à ce niveau que se situe l'apport essentiel des auteurs de l'ouvrage.
La liberté de sortie signifie que, sur un marché contestable, une entreprise peut cesser sa
production et quitter le secteur sans supporter des coûts irrécupérables (les fameux Sunk
Costs). En d'autres termes, cela signifie qu'un offreur peut renoncer à produire sans subir lors
de sa sortie du secteur d'autres coûts que ceux liés à la dépréciation normale du capital engagé.
La quasi-gratuité de la sortie conditionne d'ailleurs directement la liberté d'entrée. Il serait, en
effet, souvent trop risqué de pénétrer sur un marché, même si on était en mesure de produire
aussi efficacement que les entreprises en place si en cas d'échec, l'addition à payer s'avérait
trop élevée.
En s'appuyant sur le couple liberté d'entrée - liberté de sortie que Baumol, Panzar et Willig
soutiennent que l'allocation optimale des ressources n'est absolument pas exclue et même fort
vraisemblable sur un marché où le nombre d'offreurs est très faible. Un marché sera
contestable et fonctionnera dans des conditions proches de l'optimum car il est à la merci
d'une « guerre commerciale » que pourraient mener des concurrents potentiels en mesure de
pénétrer rapidement sur ce marché, d'y réaliser des profits si les prix sont plus élevés que les
coûts marginaux et de se retirer tout aussi rapidement « sans pertes » dès que les prix baissent
ou les firmes en place agacées par cette concurrence, commencent à contre-attaquer. La
possibilité d'une telle guerre (Hit and Run Entry) doit suffire pour inciter les entreprises en
place à se comporter comme des entreprises en situation de concurrence et à ne pas fixer un
prix plus élevé que le coût marginal. En outre, sur un marché parfaitement contestable, les
phénomènes d'inefficiences si souvent évoqués pour justifier l'intervention des autorités
concurrentielles sur les marchés concentrés et dominés par quelques firmes de grande taille,
ne peuvent être présents que dans le très court terme. De telles situations constituent en effet,
une invitation à l'entrée sur le marché et ne peuvent donc se pérenniser dans le long terme,
seule période de référence lorsqu'il s'agit de juger de la réalité et des effets du processus
concurrentiel.
Dès lors, « l'absence d'entrée sur un marché ou l'existence d'un taux de concentration élevé
peuvent alors constituer plutôt des signes de bon que de mauvais fonctionnement du
processus concurrentiel. Il en sera ainsi si les coûts d'entrée sur ce marché sont négligeables.
Dans ces conditions, tout effort pour changer la structure du marché peut s'avérer totalement
inappropriés ».
La théorie des marchés contestables tend à insister sur certaines caractéristiques des marchés
et des entreprises afin de décrire les différentes configurations d'industrie.
- L'entrée libre (ce qui ne signifie pas qu'elle soit sans coût)
- Les firmes sont multiproduits
- Il existe une symétrie dans les dotations technologiques (la firme installée et l'entrant ont les
mêmes fonctions de coût) et l'entrant peut produire les biens/services de la firme installée.
- La fonction de coûts est dite sous-addictive, c'est-à-dire, qu'il est plus coûteux pour deux ou
plusieurs firmes de produire une quantité d'un bien quelconque que pour une seule firme (on
retombe ici sur la notion de monopole naturel évoquée précédemment). Panzar (1989) note
toutefois que la sous-addictivité est un concept local dans la mesure où elle se réfère à un
point particulier de la fonction de coût. Pour savoir si les coûts sont ou non sous-additifs en
tout point, il faut disposer d'une information complète sur l'état de la fonction de coûts pour
des niveaux de production plus faibles (en d'autres termes, pour savoir si la production d'une
seule entreprise est plus avantageuse que celle de plusieurs firmes, il faudrait connaître les
niveaux de coûts supportés par ces petites firmes).
- L'entrant se comporte comme un suiveur et la firme installée maintient son niveau de prix
après entrée.
- Absence de coûts fixes irréversibles
- La sortie se fait sans coût, ce qui permet de rendre crédible l'entrée transitoire de
concurrents potentiels.
Les fonctions de coûts et de demande de marché étant données et connues, la question que
s'attache alors à analyser la théorie des marchés contestables est de déterminer le type de
structure de marché qui devrait émerger d'un libre jeu des forces économiques. La taille des
firmes étant déterminée par la position de la fonction de coût, le nombre de celles qui
évolueront sur le marché sera fonction de la position de la fonction de demande de marché.
(i) La configuration d'industrie doit être réalisable, l'ensemble des entreprises évoluant sur
un marché doit couvrir ses coûts au prix d'équilibre. La notion de configuration traite de
situations de marché où l'équilibre offre-demande est assuré, c'est-à-dire en longue période.
Le caractère réalisable de cette configuration implique également que chaque firme obtienne
des profits non négatifs (logique de profitabilité). Par ailleurs, cette configuration sera
efficiente si la somme des coûts totaux supportés par l'ensemble des firmes en place sur le
marché est égale au minimum du coût de production de l'industrie concernée.
(ii) Pour qu'une situation réalisable soit compatible avec l'existence d'une situation d'équilibre
sur un marché contestable (l'entrée est libre au sens de Stigler, la sortie est libre au sens de
l'absence de coûts irrécupérables), la configuration d'industrie doit être soutenable. Elle ne
doit pas offrir la possibilité pour un nouvel entrant de pénétrer sur le marché de façon
profitable. En d'autres termes, aucune entrée ne peut permettre d'espérer des gains positifs.
Une configuration soutenable présente plusieurs propriétés. Tout d'abord, elle traduit
l'absence de gaspillages et d'inefficacités. Aucune autre configuration faisant apparaître un
nombre suffisant de producteurs, aucune autre répartition de leur taille (niveaux de production)
ou adoption de nouvelles techniques de production ne sont en mesure de réaliser le niveau de
production de l'industrie à un coût plus faible. Ensuite, elle doit être synonyme d'efficacité. Si
deux firmes ou plusieurs produisent chacune le même bien, leurs niveaux de production
doivent être tels que leurs coûts marginaux sont égaux. En outre, elle entraîne l'absence de
prix de prédation 1. Dans toute configuration soutenable, le prix doit au moins être égal au
1
La pratique d'une tarification prédatrice par une firme installée consiste soit à fixer un prix, soit à prendre une
décision d'offre, quitte à faire des pertes momentanées, de façon à éliminer le concurrent ou l'entrant potentiel,
coût marginal. Si une firme installée réalisait des profits non négatifs tout en ayant un niveau
de production tel que son coût marginal excède le prix du marché, un nouvel entrant pourrait
réaliser des profits en opérant de la même façon que la firme installée mais en réduisant son
niveau de production légèrement au dessous de son concurrent. Dans ce cas, la configuration
initiale ne serait plus soutenable. Cette analyse suggère que sur un marché parfaitement
contestable, une stratégie de prix prédateurs n'est pas profitable. Enfin, elle suggère l'absence
de prix ou de profits excessifs (prix de monopoles). Sur des marchés parfaitement contestables,
même une situation de duopole peut satisfaire la règle fondamentale de tarification prévalant
en concurrence parfaite. Chaque firme doit appliquer à un prix égal à la fois au coût marginal
et au coût moyen. Ce résultat contredit l'opinion traditionnelle selon laquelle 1) la différence
entre le prix et le coût marginal a toute chance d'être d'autant plus importante qu le nombre
de firmes évoluant sur le marché est faible ; 2) le prix se rapproche du coût marginal à mesure
que le nombre de firmes augmente. Baumol, Panzar et Willig (1982) montrent donc qu'il y a
une différence importante entre les situations de monopole et de duopole sur des marchés
contestables (dès qu'il y a au moins deux firmes sur le marché, le prix d'équilibre doit être
égal au coût marginal). Pour que la production réalisée par une seule entreprise soit
compatible avec une configuration soutenable, il faudrait que l'entreprise concernée offre une
quantité correspondant à une situation de monopole naturel (coûts sous-additifs) et fixe son
prix égal au coût moyen de production.
ou à réduire l'intensité concurrentielle sans provoquer la sortie des concurrents dans la période courante, afin de
bénéficier ultérieurement des rentes de monopoles.