Dieu Parle Comment L Ecouter
Dieu Parle Comment L Ecouter
Dieu Parle Comment L Ecouter
COMMENT L’ECOUTER ?
Un jeune homme achète un âne pour faire des randonnées en montagne. Le paysan le
prévient: « Attention ! Cet âne est un peu spécial. Il a appartenu à des charismatiques, qui
sont réputés pour entendre Dieu leur parler ! Pour faire avancer l’animal, il faut crier:
ALLELUIA ! Et pour le faire arrêter, il faut dire: AMEN ! - OK, j’ai bien compris, dit notre
homme. Quelques temps plus tard, il fait une randonnée à dos d’âne dans les Hautes Vosges.
Tout d’un coup l’âne s’emballe et le jeune homme, pas très religieux, panique tellement qu’il
en oublie le mot de passe pour le faire s’arrêter. Alors il prie: « O Dieu, si tu existes, fais
quelques chose ! Amen ». A ce mot, l’âne s’arrête, pile poil au bord d’un précipice. « Sauvé ! »
pense le jeune homme et, plein de reconnaissance, il s’écrie: « Alléluia ! »...
Blague à part, affirmer que Dieu parle à des hommes peut vous paraître tout à fait normal, à
vous, qui connaissez la Bible. En fait, il s’agit d’une incroyable provocation ! Si vous en voulez
la preuve, allez demain matin dans la rue et dites à la première personne rencontrée que Dieu
vous a parlé - et vous verrez à l’expression de son visage qu’elle aura beaucoup de peine à
vous prendre encore au sérieux ! Et cela n’est pas étonnant ! L’idée que le Créateur de
l’univers puisse adresser la parole personnellement à un être humain est d’autant plus
incroyable qu’il y a de nombreux abus dans ce domaine ! Il arrive que des personnes prennent
leurs propres désirs pour la voix de Dieu, soient malades dans leur âme, ou même sous
influence démoniaque. Cela peut avoir des conséquences comiques ou tragiques, selon les
cas ! Ainsi, par exemple, le meurtrier de la ministre suédoise des affaires étrangères, Anna
Lindh, en 2003, a-t-il prétendu avoir agit sur l’ordre de Jésus ! Une autre personne restait des
journées entières au lit sous prétexte que Dieu ne lui avait pas dit de se lever ! Il est
compréhensible que celui ou celle qui a entendu de telles inepties ne veuille plus entendre
parler de révélations directes de Dieu ! Et pourtant, il parle ! (3)
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1. Dieu parle déjà au moment de la création
Nous l’avons vu à propos de la naissance de l’univers, la première chose qui nous est dite de
Dieu au chapitre 1 de la Genèse, juste après ce qu’on peut considérer comme le titre, à savoir
que « Dieu créa les cieux et la terre », c’est: « Et Dieu dit... » (Genèse 1/3). On ne nous dit
même pas qui est Dieu, ni d’où il vient, mais seulement qu’il parle ! Et ce qu’il exprime se
réalise immédiatement. Si tout l’univers matériel est expression de la volonté de Dieu, c’est à
dire parole, Dieu ordonne le chaos initial également au moyen de sa Parole: durant les six
étapes de cette évolution, apparaissent dix fois les mots « Et Dieu dit ». Dieu agit en parlant.
On pourrait dire aussi il fait les choses en les exprimant au sens littéral du terme, c’est à dire
en les « poussant hors de » lui-même.
Mais Dieu n’en reste pas là ! En Genèse 1/5, il nous est dit: « Dieu appela la lumière jour et il
appela les ténèbres nuit ». Il apparaît ici que Dieu nomme les choses et, en les nommant, il
leur confère une fonction et leur donne du sens. Parce que Dieu les nomme, les choses ne
restent pas des mystères: elles deviennent objets de nomination et de connaissance par celle
d’entre les créatures de Dieu qui est capable, elle aussi, de parler, à savoir: l’être humain !
Selon le récit de la création, l’être humain est le dernier à être appelé à l’existence et le texte
de la Genèse présente ici une particularité: avant de créer l’homme, Dieu réfléchit, il se parle à
lui-même en disant: « Faisons l’homme à notre image » (Genèse 1/26). Ainsi, Dieu tient
conseil avec lui-même dès qu’il s’agit de personnes ! Et, après avoir créé l’être humain « mâle
et femelle », c’est à dire couple, il les bénit. Littéralement: il leur « dit du bien » ! Et voilà le
comble de l’histoire: Dieu, le tout-puissant Créateur de l’univers, adresse directement la parole
à des êtres humains !!! Il communique avec eux au sens moderne du terme (« Dieu leur
dit: » v. 28). Il s’agit bien d’un « Je » qui parle à un « tu »: « Voici que je vous donne... » (v.
29). (6) Ainsi, Dieu fait de l’être humain une personne, un partenaire avec lequel il
communique. Parce que Dieu lui a adressé la parole, l’homme devient, littéralement « respons-
able » devant Dieu, c’est à dire capable de lui répondre, ce qui implique, qu’il a une volonté
propre.
La suite du récit de la Création le précise: Dieu fait de l’homme le gérant d’une terre déjà
ordonnée et lui donne un commandement net et précis: « Tu pourras manger de tous les
arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car
le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Genèse 2/16-17). Il lui parle et lui fixe une limite à
ne pas dépasser, faute de quoi il se détruira lui-même. Il est à noter que l’être humain reste
fondamentalement libre. Il peut prendre en mains sa propre destinée. Ce faisant, il devient un
vrai partenaire de Dieu et non une marionnette entre ses mains. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra
vraiment « écouter Dieu » (au sens de lui obéir - « ge-horchen »). L’obéissance au sens
biblique du terme, n’est jamais une obéissance aveugle, ni forcée, mais toujours libremenrt
consentie et fondée sur l’amour. Mais Dieu n’a pas parlé aux origines seulement. La Bible
montre que ce monde ne continue d’exister que parce qu’il est porté par la parole de Dieu.
Hébreux 1/3, par exemple, dit: « Il soutient toutes choses par sa parole puissante ». Le texte
parle ici du Fils, par lequel tout a été créé, puisqu’il est « la parole faite chair qui était, au
commencement, avec Dieu et qui était Dieu » (7). Cela signifie que la Parole de Dieu est le
fondement de tout ce qui existe. Si Dieu cessait de parler, ne serait-ce qu’un instant, le monde
cesserait d’exister. Il retomberait dans le néant ! Vous rendez-vous compte ?!
Il y a autre chose encore. Ce qui fait de l’homme un homme, c’est le fait que Dieu lui adresse
la parole. Par conséquent, si Dieu cessait de lui adresser la parole, l’homme retomberait
immédiatement au rang de l’animal ! Il cesserait d’être une personne (C’est ce qui explique
pourquoi certains humains complètement sourds et insensibles à la parole de Dieu deviennent
« comme des bêtes » !).
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A partir de là (8) on peut comprendre la parole de Jésus: « L’homme ne vivra pas de pain
seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » - n’est-ce pas ? (9)
Venons-en au parler de Dieu au Mont Sinaï ! Les règles de vie que Dieu y donne à son peuple
sont l’expression de sa relation avec lui. C’est pourquoi, en hébreu, on ne parle pas des « dix
commandements », mais des « dix paroles ». (13) En Exode 20/1, nous lisons: « Alors Dieu
prononça toutes ces paroles et dit ». Ce ne sont donc pas les ordonnances impersonnelles d’un
législateur anonyme, mais l’interpellation personnelle d’un ami (Cf. Osée 2/16 à 21) ! Elles font
partie d’un entretien, ces dix paroles !
L’évènement du Sinaï appelle une autre remarque. Ecouter Dieu semblait déjà trop dur à la
plupart des membres du peuple de Dieu à l’époque. Ils n’osaient pas s’approcher de Dieu,
rechercher sa présence. Ils préféraient rester dans leur univers familier plutôt que d’écouter un
Dieu capable de briser les rochers par un feu dévorant. Aussi envoient-ils au casse-pipe... le
responsable ! L’écoute de Dieu, c’est l’affaire des responsables spirituels - pensent aujourd’hui
encore beaucoup de chrétiens. Nous aussi, nous préférons, peut-être, laisser écouter Dieu à
notre place. Ce faisant, nous nous plaçons sous tutelle au lieu de prendre nos propres
responsabilités, nous refusons de grandir, de parvenir à maturité dans la foi.
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Il se peut même que nous éludions la question au moyen d’affirmations du style: « Ecouter
Dieu, ce n’est pas pour nous, c’est bon pour les super-croyants » ou bien « Nous laissons cela
aux charismatiques ! ». Nous parlons ainsi d’autant plus facilement que nous n’avons jamais
fait l’effort d’écouter Dieu personnellement. Dieu désire pourtant nous parler ! Preuve en est le
soupir de Moïse: « Si seulement tout le peuple ...! » Mais son désir ne va se réaliser que
beaucoup plus tard, avec la venue de Jésus et de l’Esprit Saint. En attendant, Dieu continue à
parler à des hommes choisis par lui.
Puis ce sont les livres des prophètes qui regorgent d’évènements où Dieu parle à des hommes
et les charge de transmettre sa parole. Relisons le récit de la vocation d’Esaïe (Esaïe 6/1-8) au
Temple de Jérusalem et celle de Jérémie, fils de prêtre à Anatoth (Jérémie 1/4-10). Elles sont
éloquentes à ce sujet ! Les prophéties contenues dans l’Ancien Testament sont, soit des
paroles de Dieu directement adressées à des hommes (des « oracles » disent certaines
traductions modernes), soit des visions. Ce dernier terme désigne la prophétie à son origine,
car les prophètes étaient convaincus que Dieu leur faisait connaître ses révélations
essentiellement par des visions et des songes. Ils communiquaient ensuite ces révélations à
leur auditoire, soit en paroles, soit au moyen de gestes symboliques (Exemples: I Rois 11/29-
39; Jérémie 27/2). (14)
L’Ancien Testament personnifie la sagesse qui, comme partenaire de Dieu, appelle directement
les hommes à suivre ses conseils. Cette personnification de la sagesse est plus qu’une image:
c’est une réalité auprès de Dieu déjà avant la création du monde, car elle a créé le monde
avec lui ! (Proverbes 8/22-31 et Job 28) ! Cette image devient on ne peut plus claire dans le
Nouveau Testament, où cette sagesse n’est autre que le Messie ! En fait, l’espoir de Moïse de
voir prophétiser tous les membres du peuple de Dieu a commencé à se réaliser avec la venue
de Jésus et l’effusion de son Esprit sur toute chair. (16)
« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les
prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers... » (Hébreux 1/1,2).
Cette parole nous place au coeur-même du témoignage biblique. L’auteur de l’épître aux
Hébreux reconnaît en Jésus, le Fils, le porte-parole de Dieu. (17) Au début de l’évangile de Jean
se trouve le texte bien connu qui fait clairement allusion à la Création: « Au commencement
était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement
avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.... La Parole
a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons
contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jean 1/1-3 + 14).
Jésus, le Fils, est la Parole ultime que Dieu adresse aux hommes.
C’est en tant que telle qu’il est devenu homme. C’est pourquoi Jean précise: « Personne n’a
jamais vu Dieu; Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait
connaître » (Jean 1/18). Jésus, la Parole, a interprété Dieu, l’a révélé, mis à notre portée. (18)
En lui, Dieu nous parle une fois pour toutes. Jésus le dit en ces termes: « Mes paroles ne
viennent pas de moi; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a commandé lui-même ce que je dois
dire et ce dont je dois parler » (Jean 12/49). Dieu, le Père, confirme toutes les paroles de
Jésus en prenant lui-même la parole pour appeler son Fils à ressusciter d’entre les morts et à
s’asseoir à sa droite pour règner avec lui dans les cieux et sur la terre. (19)
Dieu est devenu homme en Jésus, certes, mais il ne l’est pas resté. Il a commencé une
nouvelle création à laquelle appartiennent tous ceux qui ont soumis leur vie à sa Parole ou - ce
qui revient au même - donné leur vie à Jésus. C’est à ces hommes-là que Dieu offre son Saint-
Esprit ! Autrement dit: c’est à ces humains-là qu’il se donne lui-même. Chose à peine
concevable, c’est dans le Saint-Esprit que Dieu se communique à nous aujourd’hui ! (20) Dans
le Saint-Esprit, le Père et le Fils viennent faire leur demeure en nous: « Si quelqu’un m’aime, il
gardera ma parole, et mon Père l’aimera; nous viendrons vers lui et nous ferons notre
demeure en lui » (Jean 14/23). A la réflexion, cela signifie que la Parole demeure en nous et
que Dieu nous parle de l’intérieur, désormais. C’est pour cela que nous sommes en mesure de
l’entendre et de le compendre ! Et à cause de cela aussi, nous sommes en mesure de lui
répondre correctement. En effet, c’est le Saint-Esprit qui nous apprend à prier ! Et s’il nous
arrive de ne plus pouvoir nous exprimer de façon intelligible (par exemple, dans un moment
de grande souffrance ou de grande joie !), alors (21) « Le Saint-Esprit lui-même intercède pour
nous par des soupirs inexprimables » (Romains 8/26). Avant toute chose, le Saint-Esprit nous
« présente » (au sens de: rend présent) Dieu comme notre Père, notre papa, auquel nous
pouvons parler en toute confiance:
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« Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous
avez reçu un esprit d’adoption par lequel nous crions: Abba ! Père ! L’Esprit lui-même rend
témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu... » (Romains 8/15). Et ce n’est
pas tout ! Dieu fait en sorte que nous devenions capables, non seulement d’entendre sa voix
et d’y répondre, mais encore d’y obéir: « En effet, la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a
libéré de la loi du péché et de la mort... et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit
accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit » (Romains 8/2,4).
Alors, « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre coeur » (Hébreux
3/7,8) !
La réponse à notre question initiale: « Est-ce que Dieu parle ? » est que, non seulement il
parle, mais que l’essence-même de Dieu est parole. Dieu ne peut que parler, car il ne peut pas
se renier lui-même. Si, pour le dire en langage actuel, « Dieu est Communication », alors il
l’est toujours, partout et pour chaque être humain. Il ne vit pas dans un lointain inaccessible,
mais il communie avec nous, les hommes. Si nous ne l’entendons pas, la raison doit se situer
ailleurs qu’en Dieu ! Nous touchons ici aux limites de la pensée humaine, limites qui ne
peuvent être franchies que dans l’adoration. C’est dans la contemplation de Dieu que nous
recevons la certitude que Dieu est amour et que les trois personnes de la Trinité sont
l’archétype et la source de tout amour véritable, car l’amour est communication, échange,
dialogue par excellence. Aussi pouvons-nous dire avec certitude: parce que Dieu est amour, il
ne peut faire autre chose que parler. J’espère que vous en êtes tous convaincus ! Ceci dit,
venons-en à la question: (22)
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De même, il nous arrive parfois de penser à téléphoner à une personne précise. Lorsque nous
donnons suite à cette intuition, il peut s’avérer que notre coup de fil arrive juste au moment où
cette personne en avait le plus besoin. Et c’est à cela que nous reconnaîtrons qu’elle émanait
de Dieu !
Dans le livre des Actes, aux chapitres 10 et 11, nous voyons à quel point une image a été
nécessaire pour induire un changement important dans l’histoire du Christianisme naissant. La
question qui se posait était de savoir si des non-Juifs pouvaient devenir chrétiens sans autre
forme de procès ou s’ils devaient d’abord devenir Juifs, comme l’étaient tous les premiers
disciples de Jésus. Pour les Judéo-chrétiens, la réponse était évidente: il était impensable
d’appartenir au peuple élu de Dieu sans se soumettre à la Torah. Ce filtre théologique était si
fort, qu’il était impossible de l’éliminer au moyen d’arguments rationnels. Face à cette
situation, Dieu a utilisé une vision, une image qui a saisi l’homme-clef de l’Eglise, l’apôtre
Pierre, et lui a montré quelle était la volonté de Dieu dans la question qui préoccupait l’Eglise
en ce temps-là. Vous connaissez certainement le récit: durant sa prière, Pierre a vu descendre
du ciel une nappe remplie d’animaux considérés comme impropres à la consommation et il a
entendu, à trois reprises, l’ordre: « Prends et mange ! » Or sa religion le lui interdisait !
Imaginez un instant ce que Pierre a dû ressentir à ce moment-là ! Peu après, il fut appelé à
venir dans la maison d’un homme considéré, lui aussi, comme impur dans la tradition juive: le
centenier romain Corneille. Pierre comprit l’ordre reçu et il obéit. Il a vu aussitôt que l’Esprit de
Dieu pouvait faire de non-Juifs des disciples de Jésus remplis du Saint-Esprit. Cet évènement a
tellement impressionné l’Eglise de l’époque qu’il nous est rapporté deux fois (Actes 10/9-20 et
11/4-12).
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Et pourtant, il y eut encore bien des discussions théologiques par la suite, avant que le
changement ne devienne effectif !
Si Dieu nous envoie des images plutôt que des paroles, c’est parce que les métaphores,
symboles, rêves et visions, sont une partie vitale du langage du cœur. Pourquoi en est-il
ainsi ? Parce que l’homme est un animal qui symbolise: le langage lui-même est symbolique.
(29) Les symboles sont nécessaires pour mieux appréhender le transcendant dans tous les
domaines et toutes les phases de nos vies. Or, nous avons été largement « dé-symbolisés »,
privés du transcendantal et nous sommes de plus en plus centrés sur l’homme au lieu d’être
centrés sur Dieu.
Mais, chaque fois qu’un système symbolique fait défaut, un système inférieur prend sa place.
Cela explique que l’imagination de l’homme est déformée, malade, et cela entraine toute sorte
de confusions. Il est dangereux, pour un chrétien, d’adopter les systèmes humanistes à la
mode. D’où l’importance de retrouver nos symboles bibliques ! Il en va de notre identité !
Nous devons comprendre ce langage symbolique. Pour nous, la question est: comment
pouvons-nous être re-symbolisés ? Tout simplement en recevant les paroles et les images que
Dieu nous donne !
Ces images ressemblent à des images de rêve, mais on les voit de façon consciente (C’est ce
qui différencie un rêve ou un songe d’une vision !). Les deux, les visions et les rêves,
contiennent des éléments symboliques et demandent une interprétation. Ils doivent être
également objets de discernement, parce qu’ils peuvent provenir de Dieu, mais aussi du
monde, de la chair ou du diable. J’y reviendrai.
Une dernière chose concernant les images: il faut toujours se souvenir que même les images
que notre cœur se fait du réel ne sont pas le réel en soi (pas plus que le mot « pomme » n’est
une pomme; il n’en est que le symbole) (30). Nos images sont simplement le langage du cœur,
et, comme les icônes, ce ne sont que des images à travers lesquelles le réel est évoqué. Si
l’image est confondue avec le réel (l’icône avec Dieu) elle devient alors « consciente d’elle-
même » et devient une idole. Ceci dit, examinons encore d’autres formes sous lesquelles Dieu
peut nous parler. (31)
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7. Sous forme d’évènements
Dieu a, par ailleurs, des façons peu conventionnelles de nous parler. En voici un exemple.
Dans une réunion de prière, un frère essayait de se concentrer pour écouter Dieu. Mais le « tic
-tac » de l’horloge qui se trouvait au mur de la pièce l’empêchait de se concentrer. Il était sur
le point de se lever pour arrêter l’horloge, lorsqu’il se rendit compte qu’en fait il n’entendait le
tic-tac de cette horloge que durant trente seconde, sur soixante. Dans l’intervalle, il y avait
chaque fois trente secondes de silence. Alors qu’il s’en étonnait, il entendit Dieu lui dire: « Dis
à la personne pour laquelle tu pries qu’elle ne doit pas vivre seulement la moitié de sa journée
avec moi, mais la journée tout entière ! » Jérémie, le prophète, a fait une expérience analogue
lorsqu’il a visité l’atelier d’un potier. (33) Dieu lui a fait comprendre alors que le peuple d’Israël
était entre ses mains comme l’argile entre celles du potier (Jérémie 18/1-17).
Dieu peut parfois nous parler de manière très claire à travers d’autres personnes, par exemple
le prophète Nathan s’adressant à David (II Samuel 23/2); mais aussi tous ceux qui
évangélisent (II Pierre 1/21b). Cela peut se produire aujourd’hui par exemple à travers une
prédication ou un enseignement particulièrement bénis. Mais aussi à travers un ami, un frère
ou une sœur dans la foi qui reçoit une parole de Dieu pour nous.
Il y a une étroite collaboration entre l’écoute de Dieu et les charismes. Recevoir une parole de
Dieu, c’est recevoir une parole de sagesse ou de connaissance, un charisme de « foi
surnaturelle » ou de « discernement des esprits », un « don de guérison » ou celui d’un
« langage surnaturel » (langues, interprétation, prophétie). Permettre aux dons spirituels
d’opérer, c’est écouter et recevoir de la part de Dieu. Lorsque les dons sont opérationnels dans
notre vie, ils facilitent l’écoute. Ce fait se vérifie de manière unique dans le don des langues,
car il contourne la pensée rationnelle et édifie la pensée intuitive, sensible ou inconsciente (Cf
I Corinthiens 14/2). (34) L’opération des dons spirituels est l’une des manières les plus
courantes que Dieu utilise pour nous parler en tant que groupe de prière ou équipe de travail
(I Corinthiens 14/20). Nous ne pouvons ôter la cire qui bouche nos oreilles et écouter, tant
que nous ne « ranimons pas la flamme du don de Dieu que nous avons reçu » (II Timothée
1/6).
A certains moments, Dieu peut parler très concrètement à travers la création, sa beauté et sa
majesté. (35) « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue céleste raconte l’œuvre de
ses mains. Le jour en donne instruction au jour et la nuit en donne connaissance à la nuit. Ce
n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles, leur voix n’est pas entendue… », nous dit le
Psalmiste (Psaume 19/2-4) et Paul mentionne brièvement ce fait: « Les perfections invisibles
de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient fort bien depuis la création du monde,
quand on les considère dans ses ouvrages » (Romains 1/19-20).
Dieu a beaucoup d’imagination lorsqu’il nous parle ! Dans le livre d’Esaïe se trouve un chant
prophétique (Esaïe 5) et dans celui d’Amos, Dieu parle à travers un jeu de mots (Amos 8/2). Il
le fait sous toutes les formes et toutes les façons. Mais il s’impose rarement de façon
évidente ! Le plus souvent, il s’adresse à nous de façon très discrète, avec beaucoup de tact et
de douceur. Il faut être d’autant plus attentifs à ce qu’il veut nous dire. L’écoute de Dieu
comporte plusieurs étapes, qui ont, chacune, des caractéristiques et des difficultés propres(36):
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1° Il nous faut recevoir ce que Dieu dit,
2° Nous devons l’interprèter
3° Nous devons le mettre en pratique.
Il est très important de différencier soigneusement ces trois étapes. Beaucoup d’erreurs et de
blessures dans le cadre de l’écoute de Dieu proviennent du fait que des gens ont bien
entendu, mais mal interprèté, ou bien mal employé ce qu’ils ont entendu. (37)
Notre être intérieur est comparable à un poste de radio: il reçoit sur de nombreuses
fréquences. Ce qui importe, c’est qu’il soit règlé sur la bonne fréquence: celle que l’on veut
recevoir. Il peut arriver, par exemple, qu’un amateur-radio capte les messages de la police ou
que les émissions d’une radio locale puissent être entendues au moyen d’une plaque de
cuisson électrique ! Il arrive, de même, que ce que capte notre esprit émane d’émetteurs
différents de Dieu ! Voyons lesquels.
Lorsqu’on commence à pratiquer l’écoute de Dieu, il arrive fréquemment que l’on reçoive des
émanations de sa propre âme, voire des signaux émis par son propre corps. (38) Ce sont alors
mes désirs, mes réflexions, mes sentiments que mon esprit reflète. Notre âme nous place à ce
moment-là devant les yeux une image - souvent très négative - d’elle-même. C’est la raison
pour laquelle il vaut mieux commencer à écouter Dieu en groupe. A ceux qui ne font que
commencer à écouter Dieu je dis: Ne craignez pas que ce soit simplement votre moi qui parle.
En très peu de temps, vous serez capables de faire la différence entre la connaissance que
vous avez déjà et la parole nouvelle que Dieu vous adresse. (39)
2. La volonté d’autrui
Il arrive que des personnes de notre entourage essaient - de façon consciente ou non - de
nous influencer, voire de nous imposer leur volonté. On se défend contre de telles influences
comme on se défend contre les tentations, en proclamant que l’on n’obéira qu’à la volonté de
Dieu et à aucune autre ! Ainsi, toute forme de manipulation est repoussée. A l’inverse, lorsque
je prie pour qu’un autre prenne conscience d’un problème ou d’un péché particulier, il faut que
je lui concède la liberté de ne pas le faire. Sinon, il peut arriver que je lui imprime, par mon
esprit, des sentiments de culpabilité au lieu de le soumettre à la parole libératrice de Dieu.
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Comment entendre Dieu ?
C’est dans la prière que l’on entend Dieu, à condition que la prière ne soit pas seulement
paroles, mais aussi écoute silencieuse ! La condition première pour une écoute efficace est
d’avoir faim de Dieu lui-même. La seconde est de désirer entendre Dieu et le voir à l’œuvre
dans notre vie.
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a) Ai-je reçu ou ai-je analysé ?
Cette question est une clé pour le discernement de la parole de Dieu. Nous recevons cette
parole sans que nous soyons obligés de réfléchir, d’analyser ou de faire des associations
d’idées. La parole de Dieu est toujours un cadeau. Notre raison n’a d’autre rôle que celui de
percevoir ce que nous recevons. Pour cela, elle doit demeurer humble et silencieuse. Si, pour
recevoir un message, je réfléchis, retourne la question dans tous les sens, alors je ne reçois
pas, je fabrique ! Nous verrons, plus loin, qu’il en va de même en ce qui concerne
l’interprétation des impressions reçues. Le résultat: ce que j’ai entendu, ce n’est pas la voix de
Dieu, ce sont mes propres pensées, aussi justes et bonnes soient-elles.
C’est la seconde étape de l’écoute de Dieu. Une image reçue n’est pas toujours
compréhensible au premier abord. Ainsi, par exemple, a-t-il fallu que Dieu lui-même explique
au prophète Amos la vision du fil à plomb que celui-ci avait reçue (Amos 7/8). Il arrive qu’une
parole soit facile à comprendre, mais qu’elle puisse être interprètée de différentes façons. On
ne sait pas, par exemple, si la parole veut dire: « Il en est déjà ainsi » ou « travaille, pour qu’il
en soit ainsi ! » ou encore: « Fais attention, pour que cela n’arrive pas ! »
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Une des paraboles les plus courtes de l’Evangile est celle de « La perle de grand prix »: « Le
royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles. Ayant
trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu’il avait et l’a achetée » (Matthieu
13/45-46). Il est clair que cette image ne veut dire qu’une seule chose, à savoir que le
Royaume de Dieu est infiniment précieux et qu’il vaut la peine de renoncer à tout le reste pour
l’avoir. Ni la perle en tant que telle, ni le marchand n’ont d’importance particulière.
Je m’arrête-là pour ce qui est de la réception et de l’interprétation des messages divins. Il nous
reste à dire un mot sur la mise en pratique de ce qu’on a reçu. (48)
IV LA MISE EN PRATIQUE
Il existe une ligne de démarcation que beaucoup de chrétiens ont de la peine à franchir, c’est
la frontière entre l’immaturité et la maturité spirituelle, la vie sous la loi et la vie dans l’Esprit.
Nous n’atteindrons la maturité dans la foi que si nous apprenons à écouter Dieu par nous-
mêmes et pour nous-mêmes et à faire taire toutes les autres voix qui essaient encore de nous
déterminer ! L’épître aux Hébreux parle « D’hommes faits qui, par l’usage, ont le sens exercé
au discernement du bien et du mal » (Hébreux 5/14). Autrement dit: rien ne vaut l’exercice, le
« training » ! Mais tout exercice implique aussi le droit à l’erreur. Il est même nécessaire de
faire des erreurs pour progresser. Cela est vrai pour l’écoute de Dieu comme pour toute autre
activité.
J’en ai parlé à propos de la question « Comment entendre Dieu ? ». Je n’y reviendrai donc pas
ici, sinon pour dire que cela demande un effort soutenu de notre volonté. Si nous sommes nés
de l’Esprit et encore incapables d’écouter Dieu ou de recevoir ses directives et ses
consolations, nous devons commencer par reconnaître la présence de Dieu avec et en nous.
(49) Il y a certaines étapes pratiques que nous devons suivre, si nous voulons entrer dans la
pensée du Seigneur. (50)
13
b) Notre volonté doit être soumise à celle de Dieu
Tel est le secret que Jésus a non seulement mis en pratique, mais aussi enseigné (Jean 5/30).
J’en ai déjà parlé également. Jésus insistait constamment sur la nécessité d’une volonté
entièrement soumise au Père comme étant la clef de la connaissance parfaite. (51) Livrez-vous
entre ses mains afin qu’il produise en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir.
2. L’obéissance
C’est avant tout cela, la mise en pratique ! Si Dieu vous a parlé, et que vous ne faites pas ce
qu’il vous a dit, ne vous étonnez pas de ne plus l’entendre, du moins pendant un certain
temps ! Si vous n’obéissez pas à sa voix, pourquoi continuerait-il à vous parler ? La sagesse
d’en-haut est reçue par ceux qui sont préparés à y obéir. Ce n’est pas du tout difficile, mais
cela nécessite que nous soyons nés d’en-haut et que nous restions centrés dans cette vie
nouvelle, où nos priorités sont celles du Christ. (52) « Ecoutez ! » nous exhortent les Ecritures,
écoutez cette parole qui vous parvient d’au-delà de votre position isolée, « afin que vous
viviez ! » Jésus demeurait à l’écoute du Père: « Je ne fais rien de moi-même, mais je parle
selon ce que le Père m’a enseigné… Moi, je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8/28-
29). Jésus nous a donné un modèle d’écoute du Père durant toute sa vie terrestre. (53)
CONCLUSION
Si nous avons reçu l’Esprit de Dieu, il ne fait aucun doute qu’il vit en nous et qu’il nous parle.
Mais n’oublions pas que la croissance de l’homme nouveau est un processus qui n’est jamais
achevé. Jusqu’à un certain point, nous serons toujours en même temps « vieil Adam » et
« homme nouveau ».
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Voilà pourquoi notre écoute de Dieu ne sera jamais parfaite ! « C’est partiellement que nous
connaissons; et c’est partiellement que nous prophétisons » (I Corinthiens 13/9) écrit Saint
Paul. Il arrivera toujours à nouveau que la source des messages reçus soit, en réalité, notre
propre âme. Il arrivera aussi que nous entendions réellement Dieu, mais que nous nous
trompions sur ses intentions. Nous restons des humains faillibles, mais tout de même aussi des
humains en marche vers le Royaume de Dieu.
Le fait d’être conscients de notre propre faillibilité doit, cependant, nous garder humbles. En
tant que priants, nous n’aurons de problèmes avec des images provenant de notre propre âme
que si nous prétendons de façon absolue et définitive qu’il s’agit de messages provenant de
Dieu. Si nous reconnaissons d’emblée que nous pouvons nous tromper, cela ne peut pas nous
arriver.
Et lorsque nous n’entendons pas Dieu ? Une des raisons pourrait être qu’au fond de nous-
mêmes, nous ne voulons pas entendre Dieu, parce qu’il risque de nous déranger, parce que
nous préférons vivre à notre guise. Une autre raison pourrait être que notre image de Dieu est
faussée, par exemple pour des raisons psychologiques (dues à notre vécu personnel) ou pour
des raisons philosophiques (à cause de la conception du monde que nous nous sommes
fabriquée), de sorte que nous restons hermétiquement fermés, enfermés en nous-mêmes.
Dieu nous fait parfois passer par la discipline du silence pour nous apprendre à chercher sa
face. Quand nous sommes incapables d’entendre, il nous reste la prière par le Saint-Esprit ou
la « prière de Jésus » (celle qui consiste à « respirer » son Nom !).
D’autre part, le pardon est nécessaire à la communion avec Dieu. Si nous refusons d’appeler
un péché par son nom, notre écoute de Dieu en sera affectée. Le péché endurci le cœur. Or,
un cœur endurci écoute toujours de travers.
Le besoin d’unité parmi les croyants est nécessaire également. Lorsque des chrétiens vivent
dans la désunion, leur écoute communautaire n’est plus fiable. Nous n’avons aucune idée de la
puissance de la prière tant que nous ne connaissons pas cette unité. Cette unité ne peut être
atteinte, là où il y a confusion entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres.
Voilà l’essentiel au sujet de notre écoute de Dieu. Vous m’excuserez d’avoir été un peu long,
mais on ne peut pas tout dire sur un sujet aussi vaste en une soirée. Par contre, s’il y en a
parmi nous qui désirent approfondir la question ou apprendre pratiquement à écouter de Dieu,
je reste, bien entendu, à leur disposition. (55) Merci de votre attention !
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