Protection Des Personnes Handicapees Contre Les VBG

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PROTECTION DES PERSONNES HANDICAPÉES CONTRE LES VBG

Objectifs du module

Ce module permettra à chaque auditeur d’acquérir des connaissances sur:

 Les obstacles auxquels les personnes handicapées sont confrontées


lorsqu'elles souhaitent accéder aux services de gestion des cas de VBG

 Les dynamiques de la maltraitance et de la violence contre les survivants


handicapés

 Les stratégies de communication dans le cadre du travail avec les survivants


handicapés

 Les problèmes clés liés au consentement éclairé et à la prise de décision

 La façon de fournir des soins et un soutien aux survivants handicapés de


manière sûre et encourageante

 Le travail avec les personnes qui s'occupent des survivants handicapés de


manière sûre et éthique
Introduction

Des personnes de toutes les communautés peuvent être handicapées.1


Dans les communautés touchées par les conflits ou les catastrophes naturelles,
beaucoup plus de personnes peuvent être encore touchées puisqu’elles sont
victimes de nouvelles déficiences en raison des blessures et/ou d'un accès limité
aux soins. Cela a des implications importantes pour leur protection dans les zones
de crise humanitaire.
Les recherches menées dans les contextes humanitaires ont démontré que la
combinaison du sexe, du handicap et du déplacement accroît le risque de violence
pour les femmes, filles, garçons et hommes handicapés, et les personnes qui
s'occupent d'eux.
Les femmes handicapées qui sont isolées chez elles rapportent des viols et
des violences conjugales. Les femmes, filles, garçons et hommes souffrant de
déficiences intellectuelles et psychosociales sont également plus vulnérables aux
violences sexuelles surtout dans les zones de crise humanitaire, en raison du
manque d'informations et de sensibilisation en matière de VBG, et des lacunes dans
les réseaux de pairs de protection.

En plus, les femmes et les adolescentes, qui assument de manière disproportionnée


les responsabilités auprès des personnes handicapées au sein de leurs foyers,
peuvent être exposées au harcèlement et à l'exploitation lorsqu'elles cherchent une
assistance ou souhaitent accéder à des revenus.

Il faut noter que l'attitude des familles, des prestataires de services axés sur
les VBG et des membres de la communauté est l'obstacle le plus important et
l'élément prépondérant pour les personnes handicapées qui souhaitent accéder à
des services de gestion des cas et à une assistance efficaces en toute sécurité.2

1 Organisation Mondiale de la santé et Banque mondiale. (2011). Rapport mondial sur le handicap.Genève :OMS.
2International Rescue Committee et Women's Refugee Commission. (2015). « Je vois que cela est possible » -
Renforcer les capacités pour l'inclusion du handicap dans les programmes relatifs à la violence basée sur le genre
dans les environnements humanitaires (en anglais). https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Je-vois-
que-cela-est-possible-Renforcer-les-capacit--s-pour-l-inclusion-du-handicap-dans-les-programmes-relatifs----la-
violence-bas--e-sur-le-genre-dans.pdf
I- Comprendre le handicap
On parle de handicap lorsqu'un problème de santé interagit avec des
barrières sociétales, ce qui fait qu'il est difficile d'exécuter les gestes quotidiens et de
participer à la vie de la communauté comme les autres. L'article 1 de la Convention
des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées énonce que :
« Par personnes handicapées on entend des personnes qui présentent des
incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont
l'interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective
participation à la société sur la base de l'égalité avec les autres.»
Ainsi, sont en situation d’handicap les personnes qui présentent :

• des déficiences physiques,


• des déficiences sensorielles,
• des déficiences intellectuelles,
• des déficiences psychosociales.

En effet, les déficiences physiques concernent les personnes qui ont des
difficultés à se déplacer. Certaines personnes présentant des déficiences physiques
utilisent des dispositifs d'assistance, tels qu'un fauteuil roulant ou une canne, pour
mener leurs activités quotidiennes.

Quant aux déficiences sensorielles, elles incluent les personnes qui sont sourdes
ou ont des difficultés auditives, ainsi que les personnes qui sont aveugles ou
malvoyantes (et ont du mal à voir même avec des lunettes).

Pour ce qui est des déficiences intellectuelles, elles font référence aux personnes
qui vivent avec des troubles neuro-développementaux, également appelés troubles
cognitifs ou développementaux. Les déficiences intellectuelles concernent le
fonctionnement intellectuel (tel que l'apprentissage, le raisonnement, la résolution
de problèmes, etc.) et au comportement adaptatif (les compétences théoriques,
sociales et pratiques qui sont apprises et mises en pratique dans la vie quotidienne).

En ce qui concerne les déficiences psychosociales, cela inclut les personnes qui
présentent des problèmes de santé mentale, et dont la discrimination et les
différentes barrières sociétales qu'ils peuvent rencontrer entravent leur participation
à leur communauté sur la base de l'égalité avec les autres.
Ce qu’i faut noter en tant qu’intervenant VBG, c’est que les personnes handicapées
ne constituent pas un groupe homogène. Les facteurs de risque de VBG, les
dynamiques de la violence et la façon dont vous travaillez avec les survivants
dépendront, entre autres, de leur âge, leur sexe, l'accès aux réseaux de soutien et du
type de handicap.

II- Les facteurs de risque de violence3

Les causes de VBG contre les personnes handicapées sont enracinées dans
les inégalités associées au handicap.
Un certain nombre de facteurs expliquent la vulnérabilité des personnes
handicapées aux VBG. Il s’agit :
• de la perception des capacités des personnes handicapées,
• de leur isolement social,
• de la perte des mécanismes familiaux et communautaires de soutien (surtout
dans les situations d’urgence),
• des questions exagérées de pouvoir et de contrôle.

La perception des capacités des personnes handicapées explique la


vulnérabilité des personnes handicapées dans la mesure où les agresseurs peuvent
avoir l'impression que les personnes handicapées sont physiquement incapables de
se défendre, ou de communiquer efficacement et de signaler les actes de violence,
ce qui les rend particulièrement vulnérables à la violence. Il peut arriver que les
personnes handicapées ne soient pas écoutées ou crues lorsqu'elles divulguent des
actes de violence, en particulier si elles présentent des déficiences intellectuelles ou
psychosociales. En outre, dans certains contextes, les personnes présentant des
déficiences intellectuelles sont considérées comme incapables d'apprendre les
mêmes concepts ou de participer aux mêmes activités que les autres personnes, et
n'ont donc pas accès aux informations sur la violence, la sexualité et les relations
saines ; ces personnes n'ont pas donc l'opportunité de développer de nouvelles
compétences et de renforcer leurs réseaux. Ainsi, elles peuvent être plus facilement
manipulées et confrontées au viol, à la maltraitance et à l'exploitation, ou être moins
à même de négocier le partage du pouvoir dans le cadre de relations intimes.

3 Ibid.
L’isolement social est aussi un facteur de vulnérabilité parce que selon le
niveau de stigmatisation associé au handicap au sein de la communauté, les familles
de personnes handicapées peuvent cacher ou isoler la personne, ce qui augmente le
risque et sa vulnérabilité à la violence, en particulier au sein de son foyer, et limite
les possibilités dont elle dispose pour signaler les incidents ou chercher une
assistance à l'extérieur
.
Perte des mécanismes familiaux et communautaires de soutien :
Au cours d'un déplacement, les familles et les communautés peuvent être séparées,
et les structures communautaires de soutien traditionnelles peuvent être déficientes,
ce qui affecte de manière disproportionnée les personnes handicapées et leurs
familles.
Cela est particulièrement vrai dans les nouveaux contextes de déplacement, où
les familles n'ont pas encore établi de relations et un climat de confiance avec les
autres membres de la communauté ni reconstruit leurs réseaux de soutien. Les
personnes handicapées devront peut-être compter sur le soutien de membres de
leur famille ou de leur communauté moins proches, ce qui les expose souvent
davantage à la violence. Il se peut également qu'il y ait moins de personnes en qui
elles peuvent avoir confiance et vers lesquelles elles peuvent se tourner pour
demander un soutien si elles subissent des actes de violence.

 Les dynamiques et les tactiques du pouvoir et de contrôle pouvant être


utilisées contre les personnes handicapées :

Les questions de pouvoir et de contrôle peuvent être plus complexes dans le


cadre des relations impliquant une personne handicapée, en particulier si la
personne qui s’occupe de la personne handicapée est sa/son partenaire intime.
Mais ces dynamiques et tactiques ne se limitent pas aux partenaires intimes. Les
agresseurs peuvent être toute autre personne chargée de la prise en charge de la
personne handicapée :4

 Les agresseurs peuvent menacer de ne plus s'occuper de la personne, lui


refuser les soins et le soutien fondamentaux (nourriture, argent, hygiène) ou
la laisser sans surveillance.

4Wisconsin Coalition Against Domestic Violence. http://www.springtideresources.org/resource/power-and-


control-wheel-people-disabilities-and-their-caregivers
 Les agresseurs peuvent menacer de refuser, d'utiliser à mauvais escient ou de
retarder le soutien spécifique qui permet à la personne de vivre au quotidien
(par exemple des médicaments ou du matériel).

 Les agresseurs peuvent utiliser l'argent de la personne pour eux-mêmes


et/ou prendre des décisions financières pour elle sans son consentement.

 Les agresseurs peuvent isoler la personne des réseaux sociaux.

 Les agresseurs peuvent ridiculiser et embarrasser la personne en raison de


son handicap.

 Les agresseurs peuvent blâmer la personne handicapée pour leur stress (par
exemple parce qu'ils s'occupent d'elle).

III- Obstacles aux soins5

Les survivants handicapés sont susceptibles d'être confrontés à de nombreux


obstacles lorsqu'elles souhaitent accéder aux soins et obtenir un soutien. Certains
de ces obstacles sont : la stigmatisation et discrimination, les barrières de
communication, les relations avec les personnes responsables des
survivants, la peur de ne pas être cru, les barrières physiques, les problèmes
de confidentialité et les obstacles administratifs et politiques

 Stigmatisation et discrimination
Les normes sociales discriminent et stigmatisent les personnes handicapées.
Elles peuvent être ostracisées et négligées au sein de leur communauté, et avoir
peur de chercher du soutien auprès de leur famille et des membres de leur
communauté. Les prestataires de services peuvent également exclure les personnes
handicapées en se fondant sur des convictions selon lesquelles les services de
prévention des VBG et de réponse aux VBG ne sont pas pertinents ou adaptés aux
personnes handicapées, ou par peur de s'engager auprès de ces dernières.
5International Rescue Committee et Women's Refugee Commission. (2015). « Je vois que cela est possible » -
Renforcer les capacités pour l'inclusion du handicap dans les programmes relatifs à la violence basée sur le genre
dans les environnements humanitaires (en anglais). https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Je-vois-
que-cela-est-possible-Renforcer-les-capacit--s-pour-l-inclusion-du-handicap-dans-les-programmes-relatifs----la-
violence-bas--e-sur-le-genre-dans.pdf
Ainsi, les personnes handicapées peuvent ne pas recevoir une éducation
adéquate concernant la sexualité, les relations saines et la sécurité personnelle.

 Barrières de communication
Les informations sur les VBG et les services associés peuvent ne pas être
présentées dans des formats accessibles aux personnes handicapées, notamment
celles qui souffrent de déficiences visuelles ou auditives et de déficiences
intellectuelles/psychosociales. De ce fait, les personnes handicapées, en particulier
celles qui présentent des déficiences intellectuelles, peuvent ne pas reconnaître les
mauvais traitements lorsqu'ils se produisent ou ne pas savoir où chercher du
soutien. Ces barrières sont renforcées si une personne a été isolée de sa
communauté, ce qui la rend incapable d'accéder aux réseaux d'information
informels.

En outre, il se peut que les aidants et les prestataires de services ne soient pas
formés aux méthodes de communication accessibles. Cela les empêche alors de
communiquer clairement et respectueusement avec les personnes souffrant de
différents types de déficiences ou ayant différentes préférences en termes de
communication. Cela entrave la mise en œuvre d'une approche axée sur les
survivants, réduit la qualité des soins, et décourage les personnes de continuer à
offrir un soutien dans le cadre de la gestion des cas.

 Relations avec les personnes responsables des survivants


Les personnes handicapées dépendent parfois d'autres membres de leur famille
ou de leur communauté pour accéder aux services et obtenir une assistance, ce qui
rend difficile pour elles l'accès aux services en toute confidentialité. Si la personne
responsable du survivant est l'agresseur, il sera extrêmement difficile pour le
survivant d'obtenir de l'aide, car il dépend de cette personne pour communiquer, se
déplacer et répondre à ses besoins quotidiens.

 Peur de ne pas être cru


Comme pour tous les survivants de VBG, la peur du survivant de ne pas être
crue est un obstacle courant aux soins. Cela est encore plus vrai pour les survivants
handicapés, particulièrement ceux qui présentent des déficiences intellectuelles, et
dont la compréhension et la capacité de décision peuvent être remises en cause de
façon inappropriée. Ces survivants peuvent avoir peur de ne pas être crus s’ils
parlent à quelqu'un et cela les expose davantage à de nouveaux sévices.
 Barrières physiques
Les services de prévention des VBG et de réponse aux VBG peuvent être
physiquement inaccessibles en raison des distances, du manque de transports
accessibles ou des coûts associés à l'accès aux installations. En outre, les cliniques et
les centres de femmes peuvent ne pas être accessibles aux personnes en fauteuil
roulant ou à mobilité réduite, ce qui peut également laisser croire que ces services
n'accueillent pas les personnes handicapées.

 Problèmes de confidentialité
Les survivants peuvent avoir besoin de parler aux autres afin d'accéder aux
services, et le personnel en charge des VBG peut avoir besoin d'impliquer un large
éventail d'acteurs dans les processus de gestion des cas. Ce manque de
confidentialité et la peur d'être davantage stigmatisés peuvent dissuader les
survivants de parler, et créent des obstacles supplémentaires à l'accès aux services et
à l'assistance.

 Obstacles administratifs et politiques


Dans des services administratifs et politiques de certaines régions, il est souvent
demandé aux usagers, sans discrimination positive, de revenir plus tard ou de suivre
de longues démarches administratives lorsqu'ils essayent d'accéder à certains
services. Cela est particulièrement difficile pour les survivants handicapés qui
peuvent faire face à de plus grandes difficultés pour retourner dans le centre en
raison de ressources plus limitées, d'une moins grande indépendance, et d'un accès
plus difficile aux moyens de transport.

IV- Comment fournir des soins et un soutien aux survivants


handicapés ?

Les éléments particuliers à prendre en considération pour fournir des soins et un


soutien aux survivants handicapés sont :
• la Communication,
• le consentement éclairé et la prise de décision,
• le travail avec les personnes qui s'occupent des survivants ou des membres
de leur famille.
 Communication
Dans la plupart des cas, les survivants handicapés peuvent communiquer
directement avec les aidants ou les prestataires de services sans aucune adaptation,
ou avec des adaptations relativement mineures, telles qu'en identifiant une
personne qui peut interpréter leur langage des signes ou en utilisant un langage
simplifié lors des discussions. Dans d'autres cas, il peut être moins évident de
trouver le meilleur moyen de communiquer avec un survivant, et d'autres mesures
peuvent alors être nécessaires pour y parvenir.

En tant qu’intervenant, lorsque vous travaillez avec des personnes handicapées


qui ont du mal à communiquer, il vous revient de :

 prendre le temps, regarder et écouter


Si vous êtes dans un cadre d'intervention où vous pourrez rencontrer un survivant
plus d'une fois, il faut garder à l’esprit que la gestion des cas est un processus et non
un évènement exceptionnel. Chaque fois que vous rencontrerez la personne, vous
apprendrez quelque chose de nouveau à son sujet, et vous comprendrez mieux
comment elle communique et ce qu'elle veut dire ;

 vous adresser toujours directement à la personne, même lorsqu'une


personne responsable d'elle est présente :
Si vous êtes actuellement en train de mettre au point des méthodes de
communication avec la personne et si vous devez demander des conseils à la
personne responsable d'elle, veillez à avoir ces conversations devant la personne
handicapée afin qu'elle puisse entendre les propos tenus et participer de toutes les
manières possibles. Rappelez-vous que les personnes qui ne peuvent pas parler ou
se déplacer peuvent quand même comprendre ce qui se passe autour d'elles et ce
que les gens disent d'elles.

 faire attention à la façon dont la personne souhaite communiquer :


Cela peut être à travers ses gestes et parfois ses émotions. Certaines personnes
souffrant de déficiences intellectuelles et psychosociales peuvent présenter un large
éventail de comportements. C'est parfois leur façon de communiquer avec les
autres. Si vous observez ou sentez que la personne essaie de communiquer avec
vous, mais que vous ne la comprenez pas, vous pouvez dire « Je ne comprends
pas ».
 ne pas forcer la personne à parler.
Souvent, le niveau de compréhension/fonctionnement des survivants présentant
des déficiences intellectuelles et des troubles développementaux régresse lorsqu'ils
sont soumises au stress. Il faut toujours respecter la volonté de la personne de
parler d'incidents. Comme avec toutes les survivants, veillez à ne pas reproduire
inconsciemment les dynamiques de pouvoir et de contrôle en forçant le survivant à
divulguer des informations qu'il n'est pas prêt à partager.

 Consentement éclairé et prise de décision

La Convention relative aux droits des personnes handicapées souligne que les
personnes handicapées ont, comme n'importe qui, le droit de prendre leurs propres
décisions, et que des mesures appropriées doivent être prises pour les aider à
exercer leur capacité juridique. Une personne ne peut pas perdre sa faculté de
prendre des décisions simplement parce qu'elle a une déficience.6

En tant que intervenant, vous devez toujours partir du principe que tous les
survivants adultes handicapés ont la capacité de fournir leur consentement éclairé
en toute autonomie. Ainsi, il faut toujours demander à la personne si elle aimerait
obtenir un soutien pour prendre une décision éclairée.

Si vous travaillez avec une personne avec laquelle vous avez du mal à
communiquer, il vous faut vous poser les questions de savoir :

 Si vous avez essayé plus d'une méthode pour transmettre les informations ;
si vous avez laissé du temps au survivant pour examiner les informations et
poser des questions.

 Si vous êtes en mesure de déterminer si le survivant comprend les


informations et les conséquences des décisions qu'il prend. Comment vous
vous êtes arrivé à ce constat (par exemple en posant des questions, en
discutant, en faisant des gestes ou par d'autres moyens ?)

6Convention relative aux droits des personnes handicapées.


http://www.un.org/disabilities/documents/convention/convoptprot-f.pdf
 Si vous avez pu vous assurer que les décisions du survivant sont prises
volontairement et qu'il n'a pas été forcé ou contraint par d'autres. Comment
vous en êtes arrivé à ce constat (Une personne responsable du survivant ou
un membre de sa famille est-il déjà impliqué ? Si tel est le cas, comment ?
Cette personne répond-elle aux questions que vous posez pendant votre
discussion avec le survivant ?)

Si, après avoir réfléchi à ces questions, vous ne savez toujours pas si un
survivant a la capacité de donner son consentement en toute autonomie, vous
devrez impliquer un superviseur pour vous aider à déterminer si un soutien
supplémentaire est nécessaire pour obtenir le consentement éclairé.

Voici les mesures à prendre dont vous pouvez discuter avec votre superviseur :

o Envisager d'impliquer une personne de confiance qui soutient


le survivant
Les membres de la famille, les personnes responsables du survivant et
d'autres personnes handicapées peuvent être une ressource précieuse facilitant la
compréhension de la personne et la communication avec elle. Si vous déterminez
que cela est sans danger, il faut demander la permission du survivant avant de faire
participer une personne en qui il a confiance à vos discussions de manière à faciliter
la communication et à améliorer sa capacité à fournir son consentement éclairé. Il
faut laisser le survivant identifier qui il aimerait impliquer, et cherchez tout signe
indiquant qu'il est d'accord ou pas d'accord avec les suggestions faites par la
personne qui lui apporte son soutien. Vous devrez soigneusement vérifier que la
personne qui apporte son soutien n'accapare pas le processus de décision.7

o Évaluer l'intérêt supérieur du survivant


Finalement, si vous ne savez toujours pas si un survivant a la capacité de donner
son consentement à un moment donné dans le cadre du processus de gestion des
cas, vous pourrez alors utiliser les principes directeurs suivants pour identifier les
décisions qui sont dans son intérêt supérieur.

o Sécurité
La décision/l'action protège-t-elle la survivante d'éventuels actes de maltraitance
(sur le plan physique, émotionnel, psychologique, sexuel, etc.) ?
7 Ibid
.
o Autonomisation
La décision/l'action répond-elle à l'interprétation de la volonté et des
préférences de la survivante ?8

o Analyse coût-bénéfice
Les avantages éventuels de la décision/l'action compensent-ils les risques
encourus ?

o Guérison :
La décision/l'action favorise-t-elle la guérison, le développement et le
rétablissement du survivant ?

Dans la mesure du possible, vous devez quand même obtenir l'assentiment


éclairé du survivant (c'est-à-dire sa volonté affichée de participer aux décisions, aux
services et/ou aux activités proposés).

 Travailler avec les personnes qui s'occupent des survivants ou des


membres de leur famille

Comme nous en avons discuté dans les précédentes parties du module, il


peut être très utile et, dans certains cas, nécessaire de travailler avec la/les
personne(s) responsable(s) du survivant et/ou les membres de sa famille. Toutefois,
cela peut également compliquer les efforts visant à favoriser la sécurité, la
confidentialité et les intérêts du survivant.
Les personnes handicapées doivent toujours être consultées sur l'implication
des personnes qui en ont la charge et des membres de leur famille, comme c'est le
cas pour tous les survivants. Vous devrez systématiquement évaluer les risques et
les avantages inhérents à l'implication d'une personne responsable du survivant
pour ses soins, et vous demander continuellement s'il est nécessaire et sûr de
l'impliquer et, finalement, si cela confère au survivant des moyens d'action.

Voici quelques éléments importants dont il faut tenir compte lorsque vous
travaillez avec les personnes responsables des survivants et les membres de leur
famille :

8 Ibid.
o Évaluer la sécurité
Effectuez systématiquement une évaluation approfondie de la sécurité pour
éviter les actes de maltraitance potentiels de la part des personnes qui offrent leur
assistance, car très souvent, l'agresseur est quelqu'un que le survivant connaît, et il
peut s'agir de la personne qui lui fournit des soins et une assistance au quotidien.

o Se concentrer sur le survivant


Le survivant est la personne qui cherche à bénéficier des services, et toutes
les actions doivent être guidées par sa volonté et ses préférences. Les intérêts des
membres de sa famille et des personnes qui en ont la charge peuvent être liés ou
non à la volonté et aux préférences du survivant. Vous devez donc maintenir avant
tout la communication et établir une coopération avec le survivant, et lui demander
sa permission avant de communiquer avec la personne responsable d'elle ou un
membre de sa famille.

o Préserver la confidentialité
Si le survivant divulgue des informations qu'il ne veut pas partager avec la
personne qui en a la charge/les membres de sa famille, vous devez respecter et
préserver la confidentialité. Ne transmettez pas les informations du survivant,
même à la personne qui en a la charge, sans son consentement explicite. Lorsque
vous partagez des informations, réfléchissez toujours à la raison pour laquelle la
personne responsable du survivant en a besoin, et ne lui transmettez que ce qui est
nécessaire pour faciliter les soins.
Par exemple, vous pouvez organiser une séance conjointe avec un survivant
et la personne qui en a la charge afin d'examiner un plan d'action personnalisé, car
ce dernier nécessite l'implication de la personne responsable du survivant ou d'un
membre de sa famille. Dans ce cas, ils doivent uniquement savoir ce qui est
pertinent pour faciliter cette partie des soins du survivant. Enfin, si une personne
responsable du survivant ou un membre de sa famille est impliqué dans le
processus de gestion des cas, il/elle devra également préserver la confidentialité.
Assurez-vous que vous l'expliquez clairement à la personne dès le début.

o Soutenir la personne responsable du survivant ou le membre de


sa famille
Si vous déterminez que la personne responsable du survivant ou le membre
de sa famille impliqué(e) est fiable et digne de confiance, vous devez également
le/la soutenir. Lui fournir des informations précises sur les risques et les
conséquences des VBG et du traumatisme peut l'aider à comprendre ce que le
survivant endure et comment le soutenir au mieux. Les personnes responsables
d'un survivant peuvent être enclines à la blâmer, et vous devez donc vous assurez
de bien leur expliquer que ce qui s'est passé n'était pas de la faute du survivant. Les
personnes responsables d'un survivant peuvent également se reprocher de ne pas
être capables de le protéger de la violence. Il peut être important de partager aux
personnes responsables d'un survivant des messages encourageants, non
culpabilisants et ne portant aucun jugement. En les soutenant, vous renforcez
également leur capacité à soutenir le survivant.

 Etablir un plan de sécurité du survivant

Les plans visant à assurer la sécurité des survivants handicapés doivent être
individualisés et prendre en compte les éléments suivants :

o Le handicap et les conditions de vie spécifiques de la personne, ainsi


que les moyens par lesquels un agresseur peut essayer d'exploiter le
handicap du survivant afin de l'isoler, l'empêcher de partir ou lui faire
du mal ;

o La façon dont les déficiences du survivant peuvent entraver


l'exécution du plan visant à assurer sa sécurité, et l'ajustement du plan
si nécessaire ;

o Les éléments spécifiques au handicap dont la personne peut avoir


besoin dans le cadre de la mise en œuvre du plan visant à assurer sa
sécurité, tels que des médicaments, des équipements ou du matériel
d'assistance, ou de la documentation pertinente relative au soutien
juridique ou en matière de santé.

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