Protection Des Personnes Handicapees Contre Les VBG
Protection Des Personnes Handicapees Contre Les VBG
Protection Des Personnes Handicapees Contre Les VBG
Objectifs du module
Il faut noter que l'attitude des familles, des prestataires de services axés sur
les VBG et des membres de la communauté est l'obstacle le plus important et
l'élément prépondérant pour les personnes handicapées qui souhaitent accéder à
des services de gestion des cas et à une assistance efficaces en toute sécurité.2
1 Organisation Mondiale de la santé et Banque mondiale. (2011). Rapport mondial sur le handicap.Genève :OMS.
2International Rescue Committee et Women's Refugee Commission. (2015). « Je vois que cela est possible » -
Renforcer les capacités pour l'inclusion du handicap dans les programmes relatifs à la violence basée sur le genre
dans les environnements humanitaires (en anglais). https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Je-vois-
que-cela-est-possible-Renforcer-les-capacit--s-pour-l-inclusion-du-handicap-dans-les-programmes-relatifs----la-
violence-bas--e-sur-le-genre-dans.pdf
I- Comprendre le handicap
On parle de handicap lorsqu'un problème de santé interagit avec des
barrières sociétales, ce qui fait qu'il est difficile d'exécuter les gestes quotidiens et de
participer à la vie de la communauté comme les autres. L'article 1 de la Convention
des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées énonce que :
« Par personnes handicapées on entend des personnes qui présentent des
incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont
l'interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective
participation à la société sur la base de l'égalité avec les autres.»
Ainsi, sont en situation d’handicap les personnes qui présentent :
En effet, les déficiences physiques concernent les personnes qui ont des
difficultés à se déplacer. Certaines personnes présentant des déficiences physiques
utilisent des dispositifs d'assistance, tels qu'un fauteuil roulant ou une canne, pour
mener leurs activités quotidiennes.
Quant aux déficiences sensorielles, elles incluent les personnes qui sont sourdes
ou ont des difficultés auditives, ainsi que les personnes qui sont aveugles ou
malvoyantes (et ont du mal à voir même avec des lunettes).
Pour ce qui est des déficiences intellectuelles, elles font référence aux personnes
qui vivent avec des troubles neuro-développementaux, également appelés troubles
cognitifs ou développementaux. Les déficiences intellectuelles concernent le
fonctionnement intellectuel (tel que l'apprentissage, le raisonnement, la résolution
de problèmes, etc.) et au comportement adaptatif (les compétences théoriques,
sociales et pratiques qui sont apprises et mises en pratique dans la vie quotidienne).
En ce qui concerne les déficiences psychosociales, cela inclut les personnes qui
présentent des problèmes de santé mentale, et dont la discrimination et les
différentes barrières sociétales qu'ils peuvent rencontrer entravent leur participation
à leur communauté sur la base de l'égalité avec les autres.
Ce qu’i faut noter en tant qu’intervenant VBG, c’est que les personnes handicapées
ne constituent pas un groupe homogène. Les facteurs de risque de VBG, les
dynamiques de la violence et la façon dont vous travaillez avec les survivants
dépendront, entre autres, de leur âge, leur sexe, l'accès aux réseaux de soutien et du
type de handicap.
Les causes de VBG contre les personnes handicapées sont enracinées dans
les inégalités associées au handicap.
Un certain nombre de facteurs expliquent la vulnérabilité des personnes
handicapées aux VBG. Il s’agit :
• de la perception des capacités des personnes handicapées,
• de leur isolement social,
• de la perte des mécanismes familiaux et communautaires de soutien (surtout
dans les situations d’urgence),
• des questions exagérées de pouvoir et de contrôle.
3 Ibid.
L’isolement social est aussi un facteur de vulnérabilité parce que selon le
niveau de stigmatisation associé au handicap au sein de la communauté, les familles
de personnes handicapées peuvent cacher ou isoler la personne, ce qui augmente le
risque et sa vulnérabilité à la violence, en particulier au sein de son foyer, et limite
les possibilités dont elle dispose pour signaler les incidents ou chercher une
assistance à l'extérieur
.
Perte des mécanismes familiaux et communautaires de soutien :
Au cours d'un déplacement, les familles et les communautés peuvent être séparées,
et les structures communautaires de soutien traditionnelles peuvent être déficientes,
ce qui affecte de manière disproportionnée les personnes handicapées et leurs
familles.
Cela est particulièrement vrai dans les nouveaux contextes de déplacement, où
les familles n'ont pas encore établi de relations et un climat de confiance avec les
autres membres de la communauté ni reconstruit leurs réseaux de soutien. Les
personnes handicapées devront peut-être compter sur le soutien de membres de
leur famille ou de leur communauté moins proches, ce qui les expose souvent
davantage à la violence. Il se peut également qu'il y ait moins de personnes en qui
elles peuvent avoir confiance et vers lesquelles elles peuvent se tourner pour
demander un soutien si elles subissent des actes de violence.
Les agresseurs peuvent blâmer la personne handicapée pour leur stress (par
exemple parce qu'ils s'occupent d'elle).
Stigmatisation et discrimination
Les normes sociales discriminent et stigmatisent les personnes handicapées.
Elles peuvent être ostracisées et négligées au sein de leur communauté, et avoir
peur de chercher du soutien auprès de leur famille et des membres de leur
communauté. Les prestataires de services peuvent également exclure les personnes
handicapées en se fondant sur des convictions selon lesquelles les services de
prévention des VBG et de réponse aux VBG ne sont pas pertinents ou adaptés aux
personnes handicapées, ou par peur de s'engager auprès de ces dernières.
5International Rescue Committee et Women's Refugee Commission. (2015). « Je vois que cela est possible » -
Renforcer les capacités pour l'inclusion du handicap dans les programmes relatifs à la violence basée sur le genre
dans les environnements humanitaires (en anglais). https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Je-vois-
que-cela-est-possible-Renforcer-les-capacit--s-pour-l-inclusion-du-handicap-dans-les-programmes-relatifs----la-
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Ainsi, les personnes handicapées peuvent ne pas recevoir une éducation
adéquate concernant la sexualité, les relations saines et la sécurité personnelle.
Barrières de communication
Les informations sur les VBG et les services associés peuvent ne pas être
présentées dans des formats accessibles aux personnes handicapées, notamment
celles qui souffrent de déficiences visuelles ou auditives et de déficiences
intellectuelles/psychosociales. De ce fait, les personnes handicapées, en particulier
celles qui présentent des déficiences intellectuelles, peuvent ne pas reconnaître les
mauvais traitements lorsqu'ils se produisent ou ne pas savoir où chercher du
soutien. Ces barrières sont renforcées si une personne a été isolée de sa
communauté, ce qui la rend incapable d'accéder aux réseaux d'information
informels.
En outre, il se peut que les aidants et les prestataires de services ne soient pas
formés aux méthodes de communication accessibles. Cela les empêche alors de
communiquer clairement et respectueusement avec les personnes souffrant de
différents types de déficiences ou ayant différentes préférences en termes de
communication. Cela entrave la mise en œuvre d'une approche axée sur les
survivants, réduit la qualité des soins, et décourage les personnes de continuer à
offrir un soutien dans le cadre de la gestion des cas.
Problèmes de confidentialité
Les survivants peuvent avoir besoin de parler aux autres afin d'accéder aux
services, et le personnel en charge des VBG peut avoir besoin d'impliquer un large
éventail d'acteurs dans les processus de gestion des cas. Ce manque de
confidentialité et la peur d'être davantage stigmatisés peuvent dissuader les
survivants de parler, et créent des obstacles supplémentaires à l'accès aux services et
à l'assistance.
La Convention relative aux droits des personnes handicapées souligne que les
personnes handicapées ont, comme n'importe qui, le droit de prendre leurs propres
décisions, et que des mesures appropriées doivent être prises pour les aider à
exercer leur capacité juridique. Une personne ne peut pas perdre sa faculté de
prendre des décisions simplement parce qu'elle a une déficience.6
En tant que intervenant, vous devez toujours partir du principe que tous les
survivants adultes handicapés ont la capacité de fournir leur consentement éclairé
en toute autonomie. Ainsi, il faut toujours demander à la personne si elle aimerait
obtenir un soutien pour prendre une décision éclairée.
Si vous travaillez avec une personne avec laquelle vous avez du mal à
communiquer, il vous faut vous poser les questions de savoir :
Si vous avez essayé plus d'une méthode pour transmettre les informations ;
si vous avez laissé du temps au survivant pour examiner les informations et
poser des questions.
Si, après avoir réfléchi à ces questions, vous ne savez toujours pas si un
survivant a la capacité de donner son consentement en toute autonomie, vous
devrez impliquer un superviseur pour vous aider à déterminer si un soutien
supplémentaire est nécessaire pour obtenir le consentement éclairé.
Voici les mesures à prendre dont vous pouvez discuter avec votre superviseur :
o Sécurité
La décision/l'action protège-t-elle la survivante d'éventuels actes de maltraitance
(sur le plan physique, émotionnel, psychologique, sexuel, etc.) ?
7 Ibid
.
o Autonomisation
La décision/l'action répond-elle à l'interprétation de la volonté et des
préférences de la survivante ?8
o Analyse coût-bénéfice
Les avantages éventuels de la décision/l'action compensent-ils les risques
encourus ?
o Guérison :
La décision/l'action favorise-t-elle la guérison, le développement et le
rétablissement du survivant ?
Voici quelques éléments importants dont il faut tenir compte lorsque vous
travaillez avec les personnes responsables des survivants et les membres de leur
famille :
8 Ibid.
o Évaluer la sécurité
Effectuez systématiquement une évaluation approfondie de la sécurité pour
éviter les actes de maltraitance potentiels de la part des personnes qui offrent leur
assistance, car très souvent, l'agresseur est quelqu'un que le survivant connaît, et il
peut s'agir de la personne qui lui fournit des soins et une assistance au quotidien.
o Préserver la confidentialité
Si le survivant divulgue des informations qu'il ne veut pas partager avec la
personne qui en a la charge/les membres de sa famille, vous devez respecter et
préserver la confidentialité. Ne transmettez pas les informations du survivant,
même à la personne qui en a la charge, sans son consentement explicite. Lorsque
vous partagez des informations, réfléchissez toujours à la raison pour laquelle la
personne responsable du survivant en a besoin, et ne lui transmettez que ce qui est
nécessaire pour faciliter les soins.
Par exemple, vous pouvez organiser une séance conjointe avec un survivant
et la personne qui en a la charge afin d'examiner un plan d'action personnalisé, car
ce dernier nécessite l'implication de la personne responsable du survivant ou d'un
membre de sa famille. Dans ce cas, ils doivent uniquement savoir ce qui est
pertinent pour faciliter cette partie des soins du survivant. Enfin, si une personne
responsable du survivant ou un membre de sa famille est impliqué dans le
processus de gestion des cas, il/elle devra également préserver la confidentialité.
Assurez-vous que vous l'expliquez clairement à la personne dès le début.
Les plans visant à assurer la sécurité des survivants handicapés doivent être
individualisés et prendre en compte les éléments suivants :