II-BIOMES DES MOYENNES LATITUDES

INTRODUCTION
Les milieux tempérés correspondent aux latitudes moyennes (30°- 60°LN et LS). La classification des
régions tempérées en domaines repose sur des critères climatiques qui s’expriment à petite échelle par les
paysages végétaux uniformes. C’est ainsi qu’on distingue :
- Les milieux tempérés froids et secs, domaine de la forêt boréale ou taïga, de la prairie et de la steppe;
- Les milieux tempérés humides, domaine de la forêt de feuillus caducifoliés et la forêt mixte ;
- Les milieux tempérés méditerranéens, domaine de la forêt sclérophylle, du maquis et de la garrigue.
La diversité climatique
Le qualificatif de " Tempéré " est un terme ambigu car certains secteurs de ces latitudes sont tout, sauf
tempérés (ex ; Sibérie Orientale avec des minima absolus = -70°C et des maxima absolus à +30°C). D’une
façon plus générale, ce type de climat est défini comme étant un climat marqué par l’existence d’un hiver
et d’un été thermique (au moins un mois avec température moyenne < 18°C et un mois > 10°C). Les climats
tempérés sont tous thermiquement contrastés avec la présence d’un hiver et d’un été. Cela est dû à l’inégalité
de la durée des jours et des nuits d’une part et d’autre part à l’alternance de flux d’air méridien d’origine et
de nature opposées.
Facteurs de différenciation des climats tempérés sont :

 baisse des températures moyennes en direction des Pôles (en liaison avec la diminution du
rayonnement solaire incident) ;

 opposition de façades (à cause des courants marins et de la circulation atmosphérique) et différence

océan-continent du point de vue thermique ;

 ouest des continents tempérés = amplitude thermique annuelle faible et température hivernale
douce;

 est des continents tempérés = amplitude thermique annuelle beaucoup plus forte avec des
températures hivernales beaucoup plus froides que l’ouest à même latitude;

 centre des continents tempérés subpolaires (uniquement dans l'hémisphère nord) = hiver froid, voire
excessif ;

 les précipitations diminuent en général vers le centre des continents et en direction des tropiques
sur les bordures occidentales des continents.

2.1- Les biomes des milieux tempérés froids et secs

Localisés entre 40°- 60°LN dans l’hémisphère nord (Canada, Scandinavie intérieure, Sibérie occidentale,
régions de plaines américaines à l’ouest du Mississipi, Europe – de la Hongrie à la Sibérie occidentale) et
au sud du 40°LS dans l’hémisphère sud (Pampa argentine, Veld sud-africain, sud-est de la Nouvelle-
Zélande). Il y a trois types de formations qu’on trouve dans ces milieux : la forêt boréale, la prairie et la
steppe.
2.1.1 La forêt boréale
L’aire de la forêt boréale, le grand domaine des conifères auxquels sont associés quelques feuillus (baumier,
bouleau, saule, aulne), se trouve au sud de la toundra dans l’hémisphère nord (elle est absente dans
l’hémisphère sud en raison de l’importance des masses océaniques par rapport au terres émergées) jusque
vers 45°LN-50°LN. Elle s’étend entre 10°E-165°E en Eurasie (9,5 millions de km²) et de 60°W-140°W en
Amérique du Nord (3,5 millions de km²).
2.1.1.1 Le climat
Le climat est du type continental (intérieurs continentaux uniquement dans l’hémisphère nord ou presque
(dans l’hémisphère sud ; Patagonie intérieure) avec des hivers courts mais très froids (-10° à -50°C) et des
étés plus chauds (température positive 10°C) et une amplitude thermique annuelle forte, qui s’accentue vers
l’intérieur. Les pluies sont faibles dans les plaines continentales (250 mm) et assez élevées dans les
montagnes (1000 mm) avec un maximum net en saison chaude. Il y a des variétés de ce type de climat :
- le climat continental type (hyper continental) se trouve en Sibérie et en Amérique du Nord.
Station d’Irkoutsk (62°LN)
janv fev mars avril mai Juin juilt aout sept oct nov déc
T°C -42,7 -36,6 -23,2 -6,9 6,6 16,1 19,5 15,5 6,3 -7,9 -28,4 -39,8
P 7 6 5 7 16 31 43 38 22 16 13 9
mm
- le climat de transition entre le climat océanique et le climat continental : c’est le climat russo-polonais
qui concerne la Pologne, la Russie d’Europe jusqu’à l’Oural et une partie de la Scandinavie (côte
norvégienne au nord du 60°LN) avec des températures moyennes annuelles de l’ordre de 7° à 8°C mais avec
des minimas de -5 à -10°C en janvier et des précipitation un peu plus abondantes avec 600 mm/an.
- le climat océanique froid : en Alaska et en Norvège avec des écarts thermiques moins accusés en raison
des anomalies thermiques positives dues à la présence de la dérive nord atlantique (Norvège).
- le climat des façades orientales des continents et partie occidentale des océans : Climat des façades
continentales orientales qui sont aussi appelés climats "chinois" et assimilés se localisent :

 façades est des continents des deux hémisphères et ouest des océans dans les deux hémisphères (EU
orientaux, Russie extrême-orientale, Japon, Chine orientale, Sud du Brésil, Argentine orientale, SE
de l’Afrique du sud, côte orientale de l’Australie …) ;

 la variante la plus froide (en direction du pôle) n’existe pas dans l’hémisphère sud (en raison de la
quasi-absence de continents entre 45°et 55°S)

2.1.1.2. Les sols

Le sol symbole de la forêt boréale est le podzol, sol cendreux comme l’indique sa racine slave « zola ».
C’est un sol pauvre très lessivé avec un humus de type mor ; c’est donc un sol acide et de mauvaise qualité.
Ces sols marqués par un régime le froid, l’acidité et l’engorgement lors de la fonte des neiges. La pédogenèse
est commandée par un régime binaire qui fait alternance de périodes de gel et de dégel. Le dégel en été en
superficiel n’affecte qu’une tranche de 1 à 2 m et les eaux de fonte qui ne peuvent s’infiltrer dans le sol
ruissellent. Les plantes exploitent surtout les horizons Ao et A1 qui leur fournissent les sels minéraux car
ils se dégèlent rapidement au printemps et en été. Dans l’ensemble le podzol présente des variétés : les sols
gelés ou pergélisols, les sols dégelés et les sols hydromorphes. Le sol podzolique de la taïga présente un
profil complet (ABC).

Figure 1 : Profil pédologique d’un sol de type podzol boréal

Ao : litière épaisse, qui se décompose mal
A1 : humus noir très acide de type mor avec un pH 4 – 4,5
A2 : horizon assez mince et lessivé de couleur gris claire (horizon éluvial) avec pH : 3,5 à 4
B1 : couleur noir, accumulation de la M.O venue des horizons supérieurs (horizon illuvial)
B2 : couleur rouille à cause de l’accumulation des oxydes ferriques (horizon illuvial)
Bc : altération iso volumétrique
C : roche-mère
2.1.1.3. Les conditions écologiques
Pendant l’hiver le sol est gelé en permanence par conséquent les plantes ne peuvent plus prélever les
nutriments dont les sels minéraux. Les plantes sont donc obligées à réduire la transpiration grâce à la
xérophilie des feuilles. Ce sont des feuilles petites dures et qui n’offrent qu’une faible surface de
transpiration. Ce sont des feuilles en aiguilles et persistantes (qui subsistent pendant toutes les saisons)
d’où le nom de végétation aciculiforme (feuille en forme d’aiguille) donnée à la forêt boréale. Pour lutter
aussi contre le froid hivernal, un certain nombre de phénomènes à l’intérieur des tissus de plantes :
concentration de la sève, augmentation de la teneur en sucs intracellulaires et en graisse, diminution de l’eau
des vacuoles et augmentation de la teneur en eau du protoplasme (partie vivante de la cellule –cytoplasme-
qui contient le noyau, les vacuoles et les autres organites). C’est la durée de la neige plutôt que son épaisseur
qui lui confère un rôle écologique fondamental.
Ce sont les conditions thermiques qui sont particulièrement difficiles à supporter par les arbres ;
sempervirence et les adaptations physiologiques leur permettent de subsister sans trop de dommage. La
photosynthèse cesse totalement en hiver. L’arbre s’endurcit suffisamment pour que les liquides cellulaires
ne gèlent pas. Les aiguilles d’Epicéas, une fois endurcies peuvent rester en vie jusqu’à -38° C. Les mélèzes
sont encore mieux armés. Le mélèze d’Europe (Larix decidua) résiste à des températures de – 40 ° C. Une
espèce de mélèze de la Sibérie (Larix dahurica) ne meurt pas par des températures de – 60 ° C.
2.1.1.4. La végétation et la flore
C’est une forêt puissante qui traduit une relative homogénéité des conditions du milieu, marqué par le froid,
la neige et un sol acide. Elle aussi caractérisée par sa puissance avec des arbres qui atteignent 15 à 30 m de
haut (même s’ils sont moins hauts que ceux de la forêt de conifères du littoral pacifique de l’Amérique du
nord dont le Douglas et le Séquoia qui font 70 à 100 m de haut). Cette forêt est aussi sempervirente et
d’une grande simplicité floristique qui donne l’impression d’une monotonie. Cette forêt est qualifiée
d’acicusylve en raison de l’importance des conifères. La forêt boréale est le grand domaine des
gymnospermes ou conifères ou résineux. Les espèces appartiennent aux genres : pins (Pinus), sapins
(Abies), épicéas (Picea), tsuga ( ) et mélèzes (Larix). Les quatre premières plantes sont des espèces
persistantes alors que la dernière, le Mélèze est une espèce caduque. A ces espèces caractéristiques
s’ajoutent d’autres espèces qui sont des feuillus : bouleau (Betula), saule (Salix), aulne (Alnus) et tremble
(Populus). C’est une forêt stratifiée :
- strate supérieure composée d’arbres de 30 à 35 m de haut que sont les conifères ;
- strate moyenne moins fournie est formée d’arbustes des espèces que les aulnes, les sorbiers et les
jeunes individus des conifères ;
- la strate inférieure composée d’herbes, de mousses et de lichens.
2.1.14.1. La forêt boréale canadienne ou hudsonienne
C’est la forêt hudsonienne (elle se localise dans la baie de Hudson dans la région des grands lacs), composée
d’arbres appartenant aux genres Picea (épicea), Pinus (pin : pins rouge, pin blanc), Abies (sapin), Larix
(mélèze) et tsuga. Cette forêt est le refuge des élans, du caribou, du porc-épic, du lynx qui vivent
continuellement en sous-bois tandis que l’ours grizzly n’y pénètre qu’en automne.