Analyse Du Bilan
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Analyse Du Bilan
à la comptabilité financière :
le langage du monde des affaires
La comptabilité constitue un langage, le langage du monde des affaires, qui possède ses
conventions propres. La comptabilité présente une faculté d’adaptation inégalée aux situa-
tions managériales les plus diverses ; elle dispose d’un choix de « comptes » pratiquement
illimité, les créant ou les adaptant à la mesure des besoins. La souplesse est dans l’instru-
ment, mais la technologie est immuable : débit – crédit, comme dans tout langage.
La section 1 présente les premiers éléments à prendre en compte dans l’établissement
des états financiers que sont le bilan et le compte de résultat.
La section 2 décrit brièvement le système d’enregistrement comptable en se basant sur
un casus simplifié, et donc incomplet par nature.
Quant à la section 3, elle aborde la question des « travaux comptables » de fin d’exercice,
ce qui conduit à l’élaboration d’états financiers quelque peu plus réalistes.
1. Lassègue P., Gestion de l’entreprise et comptabilité, Paris, Dalloz, 11e éd., 1996.
© 2013 Pearson France – Les normes IAS-IFRS, une nouvelle comptabilité financière – P-A. Michel, B. Colmant, H. Tondeur
du jeu sont posées : le bilan s’attache à des valeurs de stocks et non à des flux. Il mesure
l’état de l’ensemble des éléments actifs et passifs d’une entreprise. Le troisième élément
mesuré, à savoir les capitaux propres – ce que nous appellerons par la suite « situation
nette » –, est en effet la résultante des deux autres, grâce à l’identité fondamentale :
Éléments actifs – Éléments passifs = Capitaux propres.
La seconde partie de la définition identifie les éléments actifs et les éléments passifs, ce
qui permet de réécrire l’équation :
Éléments du patrimoine à valeur économique positive – Éléments du patrimoine
à valeur économique négative = Capitaux propres.
Cette nouvelle formulation nous amène à une notion indispensable pour appréhender le
bilan : le patrimoine. Le patrimoine d’une entreprise est donc un ensemble d’éléments,
les uns à valeur économique positive (les avoirs et droits que l’entreprise contrôle), les
autres à valeur économique négative (les dettes ou obligations actuelles de l’entreprise).
Si tous ces éléments ont une valeur économique, c’est donc que cette dernière peut être
appréciée : nous rencontrons une première caractéristique du patrimoine, qui est de
n’être constitué que d’éléments évaluables en unités monétaires. Cela nous permet de
réécrire l’égalité précédente en termes plus concrets :
Ensemble des avoirs et droits évaluables – Ensemble des dettes évaluables
= Capitaux propres.
Ce qui revient, en termes comptables, à :
Actifs – Dettes = Capitaux propres = Situation nette.
Nous sommes donc en possession d’une définition comptable du bilan. À partir de cette
définition et des développements qui ont permis de la proposer, il nous faut remarquer
que deux exigences, directement liées à la mesure du patrimoine, définissent le champ
d’observation de la comptabilité : l’entité comptable et l’unité de mesure monétaire.
• Entité comptable : chaque entreprise, qu’elle soit individuelle ou sociétaire, doit être
considérée comme une « entité » bien distincte de ses propriétaires, de ses dirigeants
et de ses partenaires économiques.
• Unité de mesure monétaire : l’unité monétaire représente l’instrument de mesure
unique et unificateur. Tous les éléments du patrimoine ainsi que les mouvements qui
le modifient sont mesurés en euros.
1.1.1 Exemple : l’entreprise PAM SA
Pour une première prise de contact avec la comptabilité financière et les états financiers,
envisageons une entreprise établie sous forme de société anonyme : PAM SA. Tout
d’abord, nous considérons la situation patrimoniale de PAM SA à un moment donné, à
savoir au 30/09/N, dans un tableau énumératif2. Les éléments qui figurent dans ce
tableau sont de deux natures : les avoirs et droits que l’entreprise contrôle et les dettes
qui lui incombent.
2. Il est supposé dans l’exemple que l’entreprise PAM SA s’est mise sous forme de société et que les associés ont contribué
à sa constitution par différents apports.
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Il ressort que :
Situation nette = Actifs – Dettes = 8 000 – 3 500 = 4 500.
Cette entreprise a été constituée par des associés qui ont fait des apports, dont certains
sont en nature. L’un des associés, par exemple, a mis à disposition de l’entreprise un
stock de marchandises (600), des créances sur clients (800), mais aussi des dettes envers
des fournisseurs (1 300). D’un point de vue comptable, la valeur nette de son apport est
donc de 100 : ce montant correspond à sa participation dans le capital propre de la
société. La participation des autres associés s’élève à 4 400.
À partir de la situation patrimoniale, il est possible de construire un autre tableau, à
deux colonnes, reprenant les mêmes informations. Ce tableau est le « bilan » : il apparaît
sous la forme d’un diptyque dont les deux volets se trouvent en équilibre arithmétique.
Conventionnellement, la colonne de gauche – l’« actif » – rassemble les avoirs de l’entre-
prise et les droits qu’elle détient ; la colonne de droite – le « passif » – se décompose en
capitaux propres et dettes de l’entreprise contractées envers les tiers.
Le bilan de l’entreprise PAM SA se présente comme suit :
Tableau 0.2 – Bilan de PAM SA au 30/09/N (en milliers d’euros)
Actif Passif
Terrains et constructions 4 000 Situation nette 4 500
Matériel de transport 1 000 Dette bancaire à long terme 1 500
Titres de participation 1 000 Dette bancaire à court terme 700
Stocks de marchandises 600 Fournisseurs 1 300
Clients 800
Banque 400
Caisse 200
8 000 8 000
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Clients 800
Banque 400
Caisse 150
8 000 8 000
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Clients 800
Banque 400
Caisse 150
9 000 9 000
Tableau 0.5 – Opération c : Transformation de la moitié de la dette bancaire à long terme (750)
en dette bancaire à court terme, du fait qu’elle vient à échéance l’exercice comptable suivant
Clients 800
Banque 400
Caisse 150
9 000 9 000
(a) La dette bancaire à court terme comprend donc, au terme de l’opération c, deux catégories de dettes : la dette bancaire à court
terme de type découvert bancaire et la dette bancaire à long terme échéant l’exercice suivant (N + 1).
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Tableau 0.6 – Opération d : Remboursement par banque d’une partie de la dette au fournisseur
de matériel de transport (200)
Clients 800
Banque 200
Caisse 150
8 800 8 800
Tableau 0.7 – Opération e : Achat d’un hangar (1 000), un dixième étant payé par banque (100),
le solde étant financé par un crédit bancaire à long terme (900)
Clients 800
Banque 100
Caisse 150
9 700 9 700
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Tableau 0.8 – Opération f : Nouveaux apports des associés, versés en banque (500)
Clients 800
Banque 600
Caisse 150
10 200 10 200
Toutes les mutations bilantielles causées par ces opérations ont certaines caractéris-
tiques communes :
• chaque opération modifie simultanément au moins deux rubriques du bilan (principe
de partie double) ;
• l’identité fondamentale « Actifs = Situation nette + Dettes » est vérifiée, quelle que soit
l’opération réalisée et quels que soient les postes bilantiels qu’elle concerne ;
• les opérations décrites combinent de façon diverse des rubriques de l’actif et du passif :
ainsi, l’opération a modifie deux éléments de l’actif, en sens opposé, tandis que l’opé-
ration e a des répercussions sur trois rubriques (deux rubriques de l’actif en sens
opposé et une rubrique du passif) ;
• toutes les opérations modifient la situation patrimoniale, mais seule la dernière a un
impact sur la situation nette suite à un apport extérieur des associés ; l’augmentation
de la situation nette n’est pas le reflet d’un enrichissement des propriétaires : même si
cet apport a permis d’accroître les ressources de l’entreprise, ses propriétaires ne se
sont pas enrichis, ils ont simplement transféré une partie de leur patrimoine vers celui
de l’entreprise.
Envisageons maintenant des transactions qui vont, elles, modifier la situation nette de
l’entreprise et, par conséquent, l’état de richesse de ses propriétaires. Ces transactions
sont :
g. vente de marchandises au comptant : 450 ; prix d’achat des marchandises vendues :
270 ;
h. paiement par caisse de la facture d’électricité : 40 ;
i. rémunération du personnel, due mais non payée : 70 ;
j. vente de marchandises à crédit : 520 ; prix d’achat des marchandises vendues : 280 ;
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Remarque
Jusqu’à présent, nous avons considéré que la situation nette constituait les capitaux propres
de l’entreprise. Dans l’exemple, la situation nette exprime en fait le montant des apports
réalisés par les associés. Les opérations g à l nous amènent à être plus précis et à introduire
une rubrique bilantielle nouvelle séparée, appelée « Résultat », qui enregistrera les enrichis-
sements et les appauvrissements résultant de ces opérations. À partir de l’opération g, la
situation nette ne représentera plus que les apports des associés : cette rubrique est appelée
« Capital » de l’entreprise. L’addition du « Capital » et du « Résultat » constitue les « Capitaux
propres » de l’entreprise.
Pour la suite de l’exemple, nous reprenons le même canevas d’analyse que pour les opé-
rations a à f. Bien entendu, la situation patrimoniale au moment de la prise en compte
de l’opération g est celle décrite par le dernier bilan que nous venons d’établir.
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