Génétique Moleculaire

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 40

Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année.

Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

CHAPITRE I: GENETIQUE MOLECULAIRE


1. STRUCTURE DE L'ADN
1.1. Eléments constitutifs de l'ADN
L'ADN est constitué de 3 éléments qui constituent des nucléotides monophosphates.
- Un groupe phosphate (phosphoryle)
- Un sucre, le désoxyribose: un pentose (5 carbones)
- Une base azotée qui peut être l'une des 4 bases azotées suivantes (Fig.1):
o Adénine: A
o Guanine: G
o Cytosine: C
o Thymine: T
Les bases A et G sont des purines ou bases puriques
Les bases C et T sont des pyrimidines ou bases pyrimidiques.

Figure 1
L'association de chaque base avec une molécule de sucre constitue un nucléoside, et l'ajout d'un groupe
phosphate donne un nucléotide monophosphate (Fig.2).

Figure 2

Le désoxyribose se lie au groupe phosphate par son carbone 5' et à la base azotée par son carbone 1'.
Les nucléotides sont des esters de nucléosides et de phosphate (Fig.3).

Figure 3

Pr. G. Belaaloui 1 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Tous les nucléotides peuvent exister sous une forme qui contient plus d'un groupement phosphate en 5':
Nucléoside mono-, di-, ou triphosphate (Fig.4).
Les liaisons entre les groupements phosphate sont riches en énergie et sont utilisés comme source d'énergie
dans différentes activités cellulaires.

Figure 4
Exemple:
Adénine+ désoxyribose + 1 phosphate = dAMP
Adénine+ désoxyribose + 2 phosphates = dADP
Adénine+ désoxyribose + 3 phosphates = dATP

1.2. Structure primaire de l'ADN


L'acide nucléique ADN est une macromolécule formée
de nucléotides.
Les nucléotides s'enchaînent l'un après l'autre.
Les bases azotées sont branchées sur un squelette
Phosphate-Sucre (Phosphate-Sucre- Phosphate-Sucre-
…etc.).
Leur ordre de succession constitue la structure
primaire de l'ADN que l'on appelle la séquence de
l'ADN (Fig. 5).

Les nucléosides triphosphates (NTP) sont utilisés dans


la synthèse de l'ADN (Fig. 6): l'extrémité 5' du nouveau
nucléoside triphosphate réagit avec le groupement
hydroxyle (OH) à l'extrémité 3' de la chaine
polynucléotidique. Une liaison phospho-diester née et
les deux derniers groupements phosphates du NTP sont
libérés sous forme d'une molécule appelée
Figure 5
pyrophosphate (ou PPi).
L'addition des nucléotides donne ainsi une polarité à la
chaine d'ADN qui a ainsi une extrémité 5' phosphate et une extrémité 3' hydroxyle.
Par convention, on dit que la séquence de l'ADN est toujours orientée de 5' vers 3'.

Pr. G. Belaaloui 2 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Figure 6
1.3. Structure secondaire de l'ADN
En 1953 Watson, Crick, Wilkins et Franklin découvrent la structure de la molécule d'ADN.
La molécule d'ADN est constituée de deux chaines (polymères). Ces deux chaines sont appelées "brins
d'ADN".
Les bases azotées des deux brins sont reliées par des liaisons faibles : liaisons hydrogènes (Fig. 7).
Les bases sont associées par paires. Dans chaque paire il y a toujours une purine associée à une pyrimidine:
- Les bases A sont associées aux bases T par 2 liaisons hydrogènes
- Les bases G sont associées aux bases C par 3 liaisons hydrogènes
Les deux brins sont complémentaires l'un de l'autres mais ne sont pas identiques. En connaissant la
séquence de l'un on peut déduire la séquence de l'autre.
Ils sont orientés de manière opposée par rapport aux extrémités 3' et 5': l'un est orienté dans le sens 5'3' et
l'autre dans le sens 3'5': on dits qu'ils sont antiparallèles.
Le squelette sucre-phosphate est à l'extérieur et porte des charges négatives sur ses groupements
phosphates.

Pr. G. Belaaloui 3 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Fig. 7
1.4. Structure tertiaire de l'ADN (double hélice d'ADN)
Chaque brin d'ADN ressemble à une hélice, les deux brins forment alors une structure en "double hélice".
La double hélice présente deux types de sillons : les grands sillons et les petits sillons. (Fig. 8). C’est au
niveau de ces deux types de sillons que se fixent les protéines nécessaires aux processus de transcription, de
réplication ou de réparation de l' ADN (voir plus loin).

Fig. 8
2. PROPRIETES PHYSIQUES DE L'ADN
2.1. Taille :
Les acides nucléiques (ADN et aussi ARN) sont les plus grandes macromolécules naturelles.
Trois caractéristiques peuvent être utilisées pour exprimer la taille :
- La longueur (en µm ou en nm),
- La masse moléculaire en Dalton (Da): 1 dalton = la masse d'un atome d'hydrogène. 1kilo Dalton
(KDa) = 1000 Da.
- Le nombre de nucléotides ou de bases (noté b) pour les molécules monocaténaires (simple brin) ou
de paires de bases (noté pb) pour les bicaténaires (double brin): 1 kilo paires de bases (Kpb) = 1000
pb.
Une paire de bases d'ADN correspond en moyenne à 660 daltons.

Pr. G. Belaaloui 4 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

2.2. Spectre d'absorption de l'ADN:


L'ADN présente une absorption de la lumière (densité optique) qui est maximale dans l'ultraviolet UV (c.-
à-d. à une longueur d'onde = 260 nm).
2.3. Dénaturation ou fusion de l'ADN:
C'est la séparation des 2 brins d'un ADN bicaténaire sous l'effet de la chaleur ou de solutions salines
faiblement concentrées. Elle correspond à la destruction des liaisons hydrogènes.
La dénaturation s'accompagne d'une augmentation brusque de l'absorbance en UV: c'est l'effet hyperchrome
(Fig. 9).

Fig. 9
On appelle température de fusion ou Tm (melting temperature) : la température qui correspond à la
dénaturation de 50% des molécules d'ADN dans une solution.
Elle est généralement de 83°C (Fig. 10).

Fig. 10

En chauffant à des températures supérieures à la Tm (85-95°C), tout l'ADN est dénaturé.


Les ADN qui sont riches en paires de bases GC ont une Tm plus élevée que les ADN riches en AT,
puisque trois liaisons hydrogène lient G et C alors qu'il n'y en a que deux entre A et T.
2.4. Renaturation de l'ADN
La fusion est un phénomène réversible : en abaissant lentement la
température, il y a une réassociation des 2 brins, c'est la renaturation
de l'ADN.
Deux simples brins provenant de 2 ADN différents chauffés peuvent
aussi se réassocier. C'est une propriété qui s'appelle l'hybridation.
2.5. Densité de l'ADN
Quand on centrifuge le produit de lyse cellulaire à haute vitesse
(ultracentrifugation) dans une éprouvette contenant un gradient de
densité formé par une solution de chlorure de césium (CsCl), les
Fig. 11
Pr. G. Belaaloui 5 2019-2020
Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

macromolécules (protéines, ADN, ARN) présentes dans la solution de CsCl forment des bandes distinctes
selon leurs densités flottantes:
La densité de l'ARN > la densité de l'ADN > la densité des protéines (Fig. 11).
2.6. Solubilité de l'ADN
L'ADN est soluble dans l'eau mais pas dans l'éthanol.
NB: notion de procaryotes et d'eucaryotes
Les cellules de tous les organismes vivants peuvent être classées en deux grandes catégories: Les eucaryotes
et les procaryotes.
(Caryo = noyau, eu = vrai, pro = avant).
Les différences essentielles entre eucaryotes et procaryotes sont les suivantes:
Procaryotes Eucaryotes
- Pas d'enveloppe nucléaire, c.-à-d. pas de vrai - Vrai noyau avec enveloppe nucléaire
- Le matériel génétique est constitué d'un seul - Le matériel génétique est formé de plusieurs
chromosome chromosomes
- Généralement absence d'organites - Présence d'organites développés:
intracellulaires développés mitochondries, appareil de golgi, réticulum
Ex.: les bactéries endoplasmique…
Ex.: les cellules animales.

3. REPLICATION DE L'ADN
La réplication de l'ADN est le processus de duplication à l’identique d’une molécule de ADN en deux
molécules filles.
Le modèle accepté de réplication de l’ADN est le modèle semi conservatif : chaque molécule nouvelle
d’ADN est formée d’un brin parental et d’un brin nouvellement synthétisé (Fig. 12).

Figure 12

La réplication de l’ADN débute à partir d’une origine de réplication (Ori) et progresse dans les deux sens à
partir de ce point créant ainsi deux fourches de réplication. On dit que la réplication de l’ADN est
bidirectionnelle (Fig. 15).

Pr. G. Belaaloui 6 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

3.1. Mécanisme de la réplication de l'ADN


On distingue trois étapes au cours de la réplication : initiation, élongation, terminaison.
L’initiation.
- Une protéine d’initiation reconnaît une séquence particulière correspondant à l’origine de
réplication: il s'agit de la DnaA chez les bactéries et le complexe protéique ORC (Origin Recognition
Complex) chez les eucaryotes (Fig. 16).
- Une ADN hélicase se fixe sur cette protéine d’initiation et va dénaturer l'ADN pour former la
fourche de réplication (structure en Y).
- Des protéines vont empêcher la fermeture de la double hélice: la SSB (Single Strand Binding) chez
les bactéries et la RPA (Replication protein A) chez les eucaryotes.
- Une ARN primase va se fixer au niveau de l’ADN hélicase et constituer ainsi le primosome.
La primase catalyse, à proximité de la fourche de réplication, la synthèse de courtes séquences d'ARN
(3-5 nucléotides chez les procaryotes, et environ 10-20 chez les eucaryotes) qui vont par la suite servir
d’amorce (ou primer) à l’ADN polymérase III.
- L’ADN polymérase peut commencer la synthèse du brin complémentaire au brin parental. Au bout
de quelques déoxyribonucléotides incorporés, l’initiation est terminée.

Figure 16

L’élongation.
- Pour que la fourche de réplication puisse continuer à avancer il faut dérouler la double hélice ceci se
fait par une coupure sur l’un des deux brins de la matrice, le laisser ce brin tourner autour de l’autre
puis le raccrocher ; c’est le rôle des topoisomérases (Fig. 16).
- L’ADN polymérase va pouvoir agir facilement:
o Elle catalyse la réaction de polymérisation suivante:

o Elle synthétise en continu, à partir d’une chaîne parentale un nouveau brin d’ADN, le brin
précoce (ou avancé ou direct ou leading strand) (Fig. 17).
o Par contre, sur l’autre chaîne parentale, la synthèse s’effectue de manière discontinue pour
former le brin tardif (ou retardé ou indirect ou lagging strand). La primase va régulièrement
synthétiser des amorces d’ARN à partir desquelles l’ADN polymérase III va synthétiser les
fragments d’Okasaki (fragments d'ADN d'environ 200 nucléotides).

Pr. G. Belaaloui 7 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

o Ces fragments sont reliés les uns aux autres par l’ADN ligase, après que l’ADN polymérase ait
dégradé l’amorce ARN (grâce à son activité exonucléase 5’ 3’) puis re-synthétisé la partie
manquante.

Figure 17

La terminaison.
Pour l’ADN linéaire (eucaryotes), les fourches de réplication s’arrêtent
- Soit lorsqu’elles rencontrent une autre fourche de réplication,
- Soit lorsqu’elles arrivent à l’extrémité d’un chromosome appelé télomère: dans ce cas il faut savoir
que:
o L’ADN des télomères est formé par des répétitions très régulières, 5 à 8 paires de bases riches en
G qui se combinent entre elles pour former des structures en épingles à cheveux. Ces structures
protègent contre la dégradation par des endonucléases (Fig. 18).
o La réplication des télomères peut être incomplète, aboutissant à une dégradation progressive des
répétitions télomériques (Fig. 18). Ceci entraine le raccourcissement de l'ADN aboutissant, au
bout d’un certain nombre de réplications, à une absence de répétition télomérique, donc une
absence de la protection contre les endonucléases (diminution de la durée de vie d'une cellule).

Figure 18

Pr. G. Belaaloui 8 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

o Dans les cellules souches normales et les cellules cancéreuses (et pas dans les cellules normales
différenciées), il existe une enzyme nommée télomérase (c'est en fait un complexe protéo-
ribonucléique) (Fig. 19) qui stabilise les télomères en ajoutant quelques nucléotides (riches en G)
à l’extrémité 3' du brin parental, les nucléotides ajoutées vont servir de matrice pour la
synthèse de nouveaux fragments d'Okazaki, de cette manière, les fragments d'ADN "sacrifiés" à
chaque réplication ne seront pas porteurs d'information génétique, celle-ci ne se perdra donc pas
ou peu au fil des réplications.

Figure 19
Dans le cas d’un ADN circulaire (bactérie), la terminaison est réalisée lorsque les deux fourches de
réplication se rencontrent et se lient grâce à la topoisomérase de type IV.
Remarque:
- des recherches sont en cours pour l'utilisation des inhibiteurs de télomérase dans le traitement
dans cancers.
- Des mutations touchant le complexe de la télomérase sont responsable d'une maladie nommée:
"Dyskératose Congénitale" qui est due à un raccourcissement excessif des télomères dans les
tissus hautement prolifératifs: vieillissement prématuré (peau, cheveux gris, chute précoce des
dents, anomalies des ongles), hypoplasie cérébrale, insuffisance médullaire (de la moelle osseuse),
cirrhose du foie,…
4. ORGANISATION DE L'ADN EN CHROMOSOMES
4.1. Condensation de l'ADN cellulaire
L'ADN d'une cellule humaine mesure environ 1.8 mètres et se trouve à l'intérieur du noyau cellulaire qui ne
mesure que quelques micromètres. Ceci s'explique par la forme compacte de l'ADN résultant de sa

Pr. G. Belaaloui 9 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

condensation en présence de protéines dont la charge positive va neutraliser sa charge négative de l’ADN,
le tout formant ainsi les chromosomes.
La condensation se fait en plusieurs niveaux:
1- Enroulement de l'ADN (160-180pb) sur des protéines nommées histones
(deux de chacun des histones: H2a, H2b, H3 et H4 = octamère) pour
former des
Nucléosomes
qui vont
donner une
structure en
"chapelet" ou "collier de perles" nommée
fibre de chromatine ou nucléofilament.
Elle mesure 11 nm d'épaisseur. Donc
l'élément constitutif de la chromatine est
le nucléosome (Fig. 20).
2- La fibre de chromatine s'enroule autour de
l'histone H1 pour former une fibre
hélicoïdale (ou solénoïde), plus courte et
plus épaisse, de 30 nm d'épaisseur. Cette
fibre représente l'état de repos de l'ADN
en interphase (phase de repos du cycle
cellulaire) (Fig. 21).
3- Cette fibre de 30 nm s'enroule sur des
protéines pour former une fibre en boucles
de 300 nm avant la phase M du cycle
cellulaire (mitose).
4- La fibre en boucles s'enroule encore pour
former une fibre super-enroulée de 700
nm d'épaisseur.
5- L'ensemble de 2 fibres super-enroulées
forme le chromosome métaphasique (1400
nm).

4.2. Structure du chromosome


L'ADN chez l'homme est représenté par 23 Fig. 21
paires de chromosomes:
- 1 paire de chromosomes sexuels XX ou XY
- et 22 paires de chromosomes non sexuels dits autosomes.
Les cellules où les chromosomes sont organisés en paires (2n chromosomes) sont dites: diploïdes, celles où
les chromosomes ne sont pas en paires (n chromosomes) sont dites haploïdes.
Chaque chromosome est formé d'une seule molécule d'ADN enroulée quand la cellule n'est pas en division:
il présente un étranglement nommé centromère qui délimite deux bras du chromosome: un bras long (q) et
un bras court (p). L'extrémité de chaque bras est appelée télomère (Fig. 22).

Figure 22

Pr. G. Belaaloui 10 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Dés que la cellule commence à entrer en division, cette molécule se réplique pour donner deux chromatides
(Fig. 23).
Le chromosome métaphasique est la forme la plus visible d'un
chromosome formé de deux chromatides.

Selon la localisation du centromère on distingue les formes suivantes


(Fig. 24):
- Les chromosomes métacentriques: Le centromère délimite Figure 23
deux bras égaux.
- Les chromosomes acrocentriques: Le centromère délimite deux bras inégaux.
- Les chromosomes télocentriques: Le centromère se confond avec l'une des extrémités télomériques.

Figure 24

Remarque: Chez les procaryotes (ex. Bactéries):


on trouve généralement un seul chromosome
circulaire. Avec existence de plasmides. Mais
quelques espèces ont plusieurs chromosomes.
4.3. Euchromatine et hétérochromatine
Chez les eucaryotes, l'état de condensation de
l'ADN affecte l'activité génétique: Plus l'ADN est
condensé plus il est difficile d'utiliser son
information génétique (transcription).
A la métaphase, la chromatine se condense en
chromosomes visibles, il n'y a pas de transcription.
Durant l'interphase, deux types de chromatine
peuvent être observées (Fig. 25): Fig 25
 L'euchromatine: ADN qui retrouve son état
décondensé interphasique et qui est dit ADN actif. Elle est répartie à l'intérieur du nucléoplasme.
 L'hétérochromatine,
o ADN qui conserve son état condensé et qui est principalement inactif.
o Elle est localisée principalement en périphérie du noyau et du nucléole.
o Selon la permanence de l'état condensé on distingue:
 L'hétérochromatine constitutive, qui n'est jamais exprimée. Elle est située autour du
centromère du chromosome.
 L'hétérochromatine facultative, qui est parfois exprimée.

5. DIVISION ET CYCLE CELLULAIRE CHEZ LES EUCARYOTES


5.1. Mitose
La cellule somatique (non sexuelle) nucléée peut se diviser pour donner 2 cellules filles ayant les mêmes
caractères morphologiques et physiologiques que la cellule mère.

Pr. G. Belaaloui 11 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Le cycle cellulaire est l’ensemble des modifications qu'une cellule subit entre sa formation par division de la
cellule mère et le moment où cette cellule même fini de se diviser à son tour en 2 cellules filles grâce à la
mitose. Il comprend des alternances de mitoses et de phases intermitotiques : interphases (Fig. 26).
Interphase e
- Période comprise entre la fin de la division et le début de la suivante.
- C’est la plus grande partie du cycle, et le noyau est mécaniquement inactif.
- La durée est variable en fonction de la cellule : la cellule intestinale se divise 2 fois/j, la cellule hépatique se
divise 1 à 2 fois/an.
- Se décompose en une phase G1, S et G2.
Phase G1 :
- G vient de Gap = intervalle, c’est la phase entre la fin de mitose et le début de la synthèse d’ADN.
- Durée variable en fonction de la nature de la cellule.
- La cellule en phase G1 peut :
* Entrer en phase S et s’engager dans le processus de division, ce passage est irréversible.
* ou Entrer dans la phase G0 où elle reste même des années sans se multiplier.
- La quantité d’ADN reste constante pendant G1 : 2N chromosomes.
- Chaque chromosome est sous forme d'un seul nucléofilament.
Phase S :
- Synthèse de l’ADN : réplication de l’ADN.
- Chaque chromosome devient formé de deux chromatides sous formes de 2 nucléofilaments réunis par un
centromère.
- Synthèse des ARNm qui vont servir à la synthèse des histones
- Arrêt de la synthèse des autres ARN.
Phase G2 :
- Condensation de la chromatine (fibre en boucle de 300 nm).
- Synthèse des protéines nécessaires à la division
Mitose ou Phase M :
La mitose distribue de façon égale l’ADN entre les 2 cellules filles.
Prophase :
Prépare la division des chromosomes par
- La division du centrosome qui est un MTOC (microtubules organizing center : centre organisateur des
microtubules.) qui polymérise, à partir du matériel centriolaire, les microtubules qui vont former le fuseau
mitotique et qui guidera les chromosomes dans leurs mouvements.
- La condensation des chromosomes : c'est à cette phase que les chromosomes commencent à devenir
visibles. Chacun est constitué de 2 chromatides unies par leur centromère.
- L’enveloppe nucléaire se fragmente en petites vésicules.
Métaphase :
- Attachement des chromosomes au niveau de leurs centromères aux microtubules par l’intermédiaire des
kinétochores et leur migration vers plaque équatoriale de la cellule où ils vont se localiser. Le kinétochore
est un complexe macromoléculaire qui sert de lien entre les microtubules du fuseau et le chromosome
mitotique.
- Chaque chromosome métaphasique est constitué de 2 chromatides qui portent chacune un kinétochore.
- Le fuseau mitotique est constitué des microtubules
Anaphase :
Séparation des deux chromatides sœurs et migration de chacun vers un pôle opposé de la cellule pour
devenir un chromosome indépendant.
Télophase :

Pr. G. Belaaloui 12 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

- Regroupement des chromosomes aux pôles cellulaires.


- Reconstruction du noyau par l’enveloppe nucléaire à partir des vésicules dans l’ancienne membrane
nucléaire.
- Décondensation des chromosomes.
- Cytodiérèse : Séparation des éléments cytoplasmiques par formation d’une membrane séparant les 2
cellules filles.

Figure 26

5.2. Méiose
La méiose est une suite de deux divisions qui se produisent pendant la gamétogénèse (la formation des
gamètes).
La première: division réductionnelle car elle divise par deux le nombre de chromosomes. Ceux ci passent
de 2n à n par séparation des chromosomes homologues.
La deuxième : division équationnelle car elle maintient le même nombre de chromosomes dans chaque
cellule par séparation des chromatides.

Pr. G. Belaaloui 13 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

À la première phase de la méiose (méiose réductionnelle), lorsque les chromosomes homologues se


séparent, ils peuvent s'échanger des morceaux. Un chromosome cède alors à son homologue une ou plusieurs
parties de lui-même en échange des mêmes morceaux provenant de l'autre chromosome. Après l'échange, les
deux homologues se séparent et migrent chacun dans un gamète. Cet échange de matériel génétique entre
ses chromosomes homologues, est nommé « Crossing-over » (ou enjambement). Il survient à la
prophase I. Il entraine la formation de 4 types de gamètes au lieu de 2 dans une méiose sans échanges.

Chez les hommes, la spermatogenèse (processus de formation des gamètes) commence à la puberté et elle
est très rapide : Une fois la puberté atteinte, des dizaines à des centaines de millions de spermatozoïdes sont
produits par jour. De plus, les deux divisions méiotiques ont une cytodièrèse égale (cellules de la même
taille).

Pr. G. Belaaloui 14 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Cependant, lors de l’ovogénèse (formation des gamètes femelles), les deux divisions méiotiques ont une
cydiérèse inégale, résultant en une grande cellule haploïde et trois petites cellules haploïdes qui dégénèrent.
Les petites cellules sont appelées globules polaires.
A la différence de l’homme, l'ovogenèse commence avant la naissance pour donner à partir des ovogonies,
des ovocytes I qui resteront bloqués au stade de la prophase I. Au début de la puberté, un ovocyte I
terminera la méiose I à chaque mois dans le cadre du cycle menstruel, puis sera libéré dans les trompes de
Fallope pour la fécondation. Il s'agit de l'ovocyte secondaire qui restera bloqué au stade de métaphase II.
S’il est fécondé, il achèvera la méiose II et le noyau final fusionnera avec le noyau du spermatozoïde pour
former l’ovule fécondé (zygote) et commencer une nouvelle vie.

5.3. Régulation du cycle cellulaire


Rôle des complexes Cdk-Cyclines
Les complexes Cdk-Cyclines (Cdk : cyclin dependant kinase) permettent le passage
d’une phase à une autre du cycle.

Pr. G. Belaaloui 15 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Les Cdk sont des sérine-thréonine kinases, enzymes qui catalysent la phosphorylation de protéines cible
jouant un rôle dans les événements du cycle cellulaire (fragmentation de l’enveloppe nucléaire,
compaction des chromosomes, réplication de l’ADN ….). Les Cdk majeures sont Cdk1, Cdk2, CD4 et
Cdk6. Elles ne deviennent fonctionnelles que lorsqu’elles sont associées à une cycline.
Les cyclines n’ont pas d’activité enzymatique, ce sont des protéines régulatrices nécessaires aux Cdk
pour qu’elles soient enzymatiquement actives.
Le taux de Cdk dans une cellule ne change pas mais celui des cyclines est variable selon différents
signaux que reçoit la cellule.
L’activité enzymatique des Cdk est modifiable également par plusieurs protéines inhibitrices et
activatrices.

Le contrôle du cycle cellulaire se fait à plusieurs endroits du cycle cellulaire appelés des « check points » :
1. DNA Damage Checkpoints (DDCP):
La surveillance de l'intégrité de l'ADN s'effectue tout au long de l'interphase (G1, S, G2), on parle de
checkpoint G1/S, intra-S et G2/M.
2. Replication Checkpoint (RCP) :
La surveillance de l'accomplissement de la réplication (RCP) s'étale tout au long de la phase S et de la
phase G2. Ainsi, la cellule ne pourra pas commencer la mitose tant que la réplication n'est pas correctement
terminée et lorsqu'un défaut de réplication est détecté, la cellule arrête le cycle. La transition G2/M ne pourra
donc se faire que si la réplication est correctement terminée et si l'ADN n'est pas lésé.
3. Spindle Assembly checkpoint (SAC) et transition métaphase-anaphase :
Il vérifie si tous les chromosomes sont attachés au fuseau mitotique et si les chromatides peuvent se
séparer.
6. GENES
6.1. Généralités:
Le gène est une séquence d'ADN qui occupe un site particulier sur un chromosome, c'est l'unité physique
de l'hérédité. Il code pour un produit fonctionnel tel qu'une protéine ou une molécule d'ARN (ex.:
ARNr ou ARNt)
Chaque copie du gène située sur un chromosome homologue est nommée
allèle (Fig. 27).
Si les deux allèles sont un peu différents: l'individu est dit hétérozygote pour
ce gène
Si les deux allèles sont strictement identiques: l'individu est dit homozygote
pour ce gène.
La taille des gènes est variable.
La place occupée par un gène sur le chromosome et sur la carte génétique est
appelée le locus du gène (pluriel: loci ou locus)

Pr. G. Belaaloui 16 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Le gène codant pour une protéine est d'abord transcrit en ARN messager (ARNm) c'est la transcription.
L'ARNm est ensuite traduit en protéine: la traduction (Fig. 28).

En réalité, l’ADN, l’ARN et les protéines travaillent en réseau et


nous allons voir leurs interactions possibles.

6.2. Structure du gène chez les


eucaryotes
D'un point de vue structural, un gène au sens strict est formé d'une unité de transcription.
D'un de point de vue fonctionnel, un gène au sens large est formé d'une unité de transcription et d'éléments
de contrôle (Fig. 29).
6.2.1. L'unité de transcription:
- Elle commence au site d'initiation de la transcription et se termine au site de fin de transcription.
- Le site de départ (ou d'initiation) de la transcription (marqué souvent +1) est le point de
commencement d'un gène codant pour une protéine.
- La séquence de tête non traduite (5' UTR, 5'-UnTranslated Region): est la séquence qui suit le site
d'initiation de la transcription.
Elle sera transcrite mais pas traduite.
Elle contient quelques dizaines ou quelques centaines de pb.
Elle contient une séquence qui va rendre l'ARNm capable de se lier à un "CAP" (ou chapeau ou coiffe qui est
le m7G), après la transcription: c'est le coiffage ou "capping" de l'ARNm.
- Le codon d'initiation ATG est le site de départ de traduction, il suit la séquence 5'UTR. ATG code pour
l'acide aminé méthionine, toutes les protéines débutent leur synthèse par la méthionine qui est éliminée par la
suite si elle ne fait pas partie de la séquence protéique.
- Puis vient une succession de séquences tantôts codantes, les exons qui seront transcrits et traduits, tantôt
non codantes, les introns qui seront transcrit mais pas traduits (après la transcription, les introns seront
excisés et les exons épissés).
- Le site de fin de traduction: il vient à la fin du dernier exon, c'est un codon STOP (TAA, TAG ou TGA).
- La séquence de queue non traduite (3'UTR, 3' UnTranslated Region) vient après le codon STOP.
Elle s'achève au site de fin de transcription.
Elle peut contenir jusqu'à plusieurs milliers de bases.

Pr. G. Belaaloui 17 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Elle contient une (ou plusieurs) séquence de polyadénylation (séquence AATAAA de l'ADN qui
correspond à la séquence AAUAAA de l'ARN) qui va permettre d'ajouter une queue poly(A) à l'ARNm
après sa transcription: c'est la polyadénylation.
6.2.2. Eléments de contrôle du gène:
a- Le promoteur:
C'est une séquence située en amont, côté 5' du gène, adjacente du site d'initiation de la transcription.
Elle mesure une centaine de pb,
Elle définit le site d'initiation de la transcription et sa direction.
Elle contient le site de fixation de l'ARN polymérase.
Elle peut comporter des séquences régulatrices.
Le promoteur comprend:
- Le promoteur minimal formé d'une séquence consensus à -30pb en amont du site d'initiation de la
transcription de gènes, appelée TATA box. Elle est formée de la séquence consensus: 5' TATA (A/T)
A (A/T) 3'.
- Des séquences consensus régulatrices proximales ou "éléments en amont= upstream elements"
b- Les séquences consensus régulatrices distales (voir § 9 pour plus de détails).

7. EXPRESSION D'UN GENE


Un gène code pour un produit fonctionnel qui peut être une protéine ou une molécule d'ARN.
7.1. Structure des ARN
Les ARN (acides ribonucléiques) sont des molécules dont la composition est sensiblement pareille que
celle de l'ADN sauf qu'elle contient de l'Uracile à la place de la Thymine et du ribose à la place du
désoxyribose. (Pour la nomenclature, le nucléoside de l'Uracile est l'Uridine, ex.: UMP = Uridine
monophosphate).
Il s'agit de molécules monocaténaires qui peuvent présenter des appariements (Fig. 32):

Pr. G. Belaaloui 18 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

- Intramoléculaires: lorsqu'il existe des séquences complémentaires


au sein de la même molécule d'ARN.
- Intermoléculaires: lorsqu'il existe des séquences complémentaires
entre deux molécules d'ARN différentes. Figure 32

Les ARN peuvent être classés en différentes classes fonctionnelles


de structures différentes.
a- Les ARNt ou ARN de transfert
Ils transfèrent les acides aminés (aa) du cytoplasme jusqu'aux
ribosomes (lieu de synthèse des protéines).
Ils sont caractérisés par:
- Une structure en feuille de trèfle (Fig. 33) résultant
d'appariement intramoléculaires donnant 3 tiges ou bras qui se
terminent par 3 boucles et un bras accepteur.
- L'extrémité 3'-OH, au bout du bras accepteur toujours formée
de l'enchainement CCA, permet de porter l'aa à transférer qui
va se fixer sur sa base A.
- La boucle en face du bras accepteur porte un triplet de
nucléotides qui sont complémentaires du codon
complémentaire sur l'ARN messager lors de la traduction, il est
appelé: anti-codon.
b- Les ARNr ou ARN ribosomaux
Ils sont formés d'un réseau complexe de tiges et de boucles qui lui Figure 33
donne la forme d'un peloton (Fig. 34).
Ils participent, avec les protéines ribosomales à la
synthèse des ribosomes (lieu de synthèse des
protéines).
D'une manière générale, les ribosomes sont
composés de deux sous-unités: une petite sous-
unité et une grande sous-unité (Fig. 34).
c- Les ARNm ou ARN messagers
Les ARNm résultent de la transcription de l'ADN,
Figure 34
ils portent un message du gène vers les ribosomes
pour synthétiser la protéine codée par ce gène.
Ils sont formés de triplets de nucléotides appelés codons, chacun correspondant à un acide aminé.
Ils portent à leurs extrémités des marques de maturation post-transcriptionnelle du pré-ARNm qui sont
la coiffe 5' (ou m7G) et la queue poly(A).
7.2. La transcription: synthèse de l'ARNm
L'ARNm est transcrit à partir du brin matrice (ou brin anti-sens) d'un gène.
- L'ARN polymérase se fixe sur le promoteur pour commencer la transcription.
- L'ARN polymérase écarte les deux brins d'ADN et assemble des nucléotides d'ARN au fur et à mesure que
leurs bases s'apparient avec la matrice d'ADN. Elle synthétise ainsi un brin d'ARN qui s'allonge dans le sens
5'3'.
- L'unité de transcription est le segment de l'ADN transcrit en ARN.
- Chez les procaryotes il existe un seul type d'ARN polymérase qui synthétise tous les types d'ARN,
alors que chez les eucaryotes il existe 3 types d'ARN polymérases:
- L'ARN polymérase I: synthèse des ARNr
- L'ARN polymérase II: synthèse des ARNm et quelques ARNsn (petits ARN nucléaires
impliqués dans la maturation de l'ARNm).
- L'ARN polymérase III: synthèse des ARNt, ARNr et la plupart des ARNsn.

Pr. G. Belaaloui 19 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

La transcription peut être divisée en 3 étapes pour faciliter son étude: l'initiation, l'élongation et la
terminaison.
a- L'initiation de la transcription
- Chez les procaryotes, l'ARN pol reconnaît elle-même le promoteur et s'y fixe alors que chez les eucaryotes,
elle a besoin d'intermédiaires appelés les facteurs de transcription généraux (il en existe au moins 6) qui vont
se fixer sur le promoteur avant qu'elle ne le fait. L'ensemble: ARN pol + Facteurs de transcription
généraux + promoteur = Unité d'initiation de la transcription (Fig. 35). Le premier facteur de
transcription reconnaît une séquence consensus sur le promoteur: la TATA box, puis il recrute l'ARN pol et
les autres facteurs de transcription.
- Une fois l'ARN polymérase se fixe sur le promoteur, ce dernier décide du point de départ de la
transcription et du brin qui va être transcrit (brin matrice ou brin anti-sens).

Fig. 35

b- Elongation de la transcription
- L'ARN pol déroule alors l'ADN et commence la synthèse de l'ARN à partir du brin matrice, la molécule
d'ARN croît dans le sens 5'  3'.
- La partie de la double hélice qui se trouve derrière l'ARN pol. se reconstitue et le brin d'ARN synthétisé se
détache progressivement (Fig. 36). Chez les eucaryotes, la vitesse de progression de la transcription est de 60
nucléotides par seconde.
- Un même gène peut être transcrit par plusieurs ARN pol. en même temps ce qui permet à la cellule d'avoir
une plus grande quantité de la protéine codée par l'ADN.
c- Terminaison de la transcription

Pr. G. Belaaloui 20 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

La transcription s'étend jusqu'au codon STOP puis va au-delà vers la séquence transcrite et non traduite
3'UTR qui contient la séquence permettant la polyadénylation de l'ARN pré-messager.

Remarque: On peut résumer les différences dans la transcription entre eucaryotes et procaryotes dans: la
présence chez les eucaryotes de 3 types d'ARN polymérase, la nécessité de facteurs de transcription et de
plusieurs séquences régulatrices ainsi que la nécessité de contourner l'empaquetage de l'ADN dans les
nucléosomes.

Fig.36

Remarque importante:
Par convention, la séquence d'un gène est toujours indiquée par la séquence du brin d'ADN non
transcrit (brin sens) car elle correspond à celle de l'ARN. Elle est donc dans le sens 5' 3' de l'ARN et doit
obligatoirement contenir le codon de départ (ATG) qui code pour la méthionine.
Par convention, on représente aussi le brin sens (non transcrit) dans sa direction 5'3' au dessus du brin
anti-sens (transcrit ou matrice) (Fig. 37).

Pr. G. Belaaloui 21 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

7.3. Maturation de l'ARN pré-messager


Elle ne s'observe que chez les eucaryotes.
Elle concerne dans tous les cas, les extrémités de l'ARN pré-messager plus, dans la plupart des cas, certaines
parties internes qui sont excisées et les parties restantes réunies par épissage.
a- Le coiffage ou capping de l'ARN pré-messager:
L'extrémité 5' de l'ARN pré-messager est immédiatement recouverte d'une coiffe qui est formée d'une
molécule de: 7-méthyl-guanosine-triphosphate (m7G-P-P-P). Elle:
- Protège l'ARN de la dégradation enzymatique (Ribonucléases).
- Participe au transport de l'ARN vers le cytoplasme.
- Elle devient une partie du repère de fixation des ribosomes lors de la traduction.
b- Polyadénylation de l'ARN pré-messager:
L'extrémité 3' de l'ARN pré-messager est aussi modifiée avant de quitter le noyau.
Une enzyme: poly A polymérase y ajoute une queue polyA formée de 50-250 nucléotides d'adénine (Fig.
38). Elle a pratiquement les mêmes fonctions que la coiffe.
La coiffe et la queue poly-a sont attachées respectivement à une séquence guide et une séquence remorque,
qui ne seront pas traduites mais qui interviennent dans la régulation de la traduction.

Fig. 38

c- Epissage constitutif et épissage alternatif de l'ARN pré-messager


L'épissage (ou splicing) ne survient que chez les eucaryotes, c'est un mécanisme complexe d'excision et de
recollage.
Il permet d'enlever le caractère discontinu de l'ARNm résultant lui-même du caractère discontinu du gène
(intron, exon, intron, …), ceci se fait en enlevant les introns.

Pr. G. Belaaloui 22 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Les sites d'épissage sont constitués de courtes séquences nucléotidiques situées aux extrémités des introns et
reconnues par des particules appelées snRNP (small nulear Ribonucleoproteins) (Fig. 39). Les snRNP sont
formés de protéines et de snRNA.
Un ensemble de snRNP forment le complexe d'épissage qui coupe l'ARN en des points déterminés et libère
l'intron, il réunit aussi les exons qui l'encadraient.
On distingue deux types d'épissage (Fig. 40):
L'épissage constitutif: lorsque tous les introns sont enlevés et les exons sont raboutés l'un à l'autre
(attachés). Il se fait toujours.
L'épissage alternatif: lorsque les exons aussi sont excisés de manière différentielle donnant ainsi des
ARNm de différentes tailles codant pour des protéines ayant des fonctions proches (isoformes) ou
différentes. Il se fait souvent selon les gènes.

Figure 39 Figure 40

7.4. La traduction: Synthèse des protéines


La traduction est l'expression de l'information génétique portée par l'ARNm sous forme de protéine
(polypeptide) synthétisée.
Le code génétique
On dit qu'il y a traduction car on change de "langue": l'ARNm parle "NUCLEOTIDES", la protéine parle
"ACIDES AMINES". Pour faire une traduction il faut un dictionnaire: ici c'est le code génétique. Il est
formé de toutes les combinaisons de trois à trois possibles entre les 4 lettres désignant les nucléotides de
l'ARNm (A, U, G et C).
Chaque combinaison de 3 lettres (ou codon) correspond à un acide aminé.
Le nombre théorique de combinaisons est de 43 (soit 64 possibilités), mais il n'existe que 20 acides aminés.
L'explication vient du fait que certaines combinaisons codent pour le même acide aminé.
Le code génétique est universel, ou presque, il est retrouvé chez tous les organismes vivants, une exception
est le code génétique au niveau des mitochondries qui présente quelques différences.
Le code génétique est représenté par le tableau 2:

Pr. G. Belaaloui 23 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Tableau 2

Parmi les 64 combinaisons possibles:


- 3 codons ne correspondent à aucun acide aminé, ils sont dits codons STOP ou codons non-sens
(UAA, UAG, UGA).
- 61 codons, dits codons sens, codent pour les 20 aa.
- Les codons qui codent pour le même aa sont dits "synonymes". Cette caractéristique est appelée
"dégénérescence du code génétique".
- La séquence codante d'un ARNm située entre le codon de départ et le codon d'arrêt (codon STOP) est
appelée: cadre ouvert de lecture ou ORF (Open Reading Frame). La traduction est réalisée codon
par codon, dans un seul cadre de lecture (un nucléotide ne peut appartenir à deux codons), de rares
exceptions existent chez les virus. On dit alors que le code génétique est non chevauchant ou
presque.
Les étapes de la traduction (à comprendre seulement)
Elle comprend trois étapes principales: Initiation, élongation et terminaison.
Les deux premières étapes nécessitent de
l'énergie apportée par l'hydrolyse de GTP.
La structure du ribosome lui permet de
rapprocher l'ARNm et l'ARNt. Elle comprend
un site de liaison à l'ARNm et trois sites de
liaison à l'ARNt (Fig. 41):
- Le site P (peptidyl-ARNt), retient
l'ARNt qui porte la chaine
polypeptidique en cours de synthèse.
- Le site A (aminoacyl-ARNt), retient Figure 41
l'ARNt qui porte le prochain acide

Pr. G. Belaaloui 24 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

aminé qui sera ajouté à la chaine.


- Le site E (Site de "Sortie"): site par lequel l'ARNt quitte le ribosome.
Les trois étapes sont représentées sur la (Fig. 42):

Figure
42

Remarque:
- La synthèse d'un polypeptide commence toujours par son extrémité N-terminal qui correspond alors à
l'extrémité 5' de l'ARNm (Fig. 37).
- Il n'existe pas de différences fondamentales entre la traduction chez les eucaryotes et celle chez les
procaryotes, sauf le fait qu'elle soit couplée à la transcription chez les procaryotes, l'ARNm aussitôt transcrit
est traduit.
8. REGULATION DE L'EXPRESSION DES GENES
8.1. Régulation de l'expression génique chez les eucaryotes
Au cours de la différenciation des cellules, ces dernières voient l'expression de certains de leurs gènes
s'éteindre et celle de d'autres gènes s'allumer. Ceci dépend de stimuli internes et externes. L'expression des
gènes est donc régulée et son déséquilibre entraine de sérieuses maladies, notamment des cancers.
Elle se fait à différents niveaux de la voie qui part du gène et qui mène à la protéine fonctionnelle (Fig. 43):

Pr. G. Belaaloui 25 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Figure 43

Modifications de la chromatine
a- Niveau de condensation de la chromatine
Il interfère avec l'expression des gènes:
Les gènes de l'hétérochromatine sont moins exprimés que ceux de l'euchromatine, fort probablement car les
protéines de la transcription les atteint difficilement.
b- Les modifications épigénétiques:
L’Epigénétique : est l’étude des modifications (activation ou inactivation) transmissibles et réversibles
de l'expression des gènes sans changements des séquences nucléotidiques.
Ces modifications peuvent se produire au niveau de l’ADN (par méthylation des cytosines) ou des protéines
liées à l’ADN (par acétylation (ou méthylation aussi) des histones).
* Méthylation de l'ADN
C'est l'addition de groupements méthyle (--CH3) à des bases d'ADN après synthèse de celui-ci.
Elle se fait au niveau de certaines cytosines qui précèdent des guanines au niveau de régions riches en
dinucléotides CG et appelés ilôts CpG.
La méthylation entraîne généralement la répression des gènes.
60 % des promoteurs de gènes possèdent des ilôts CpG (dont la plupart ne sont pas méthylés).

Pr. G. Belaaloui 26 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

* Les modifications des histones (acétylation, désacétylation, phosphorylation, méthylation…)


Elles entraînent soit une activation soit une répression d'un gène. Par exemple: Acétylation des histones 
ils enserrent l'ADN moins étroitement  les facteurs de transcription ont plus de facilité à accéder aux gènes
 expression de ces gènes. L'inverse peut se dire pour la désacétylation.

Facteurs influençant les modifications épigénétiques


Les modifications épigénétiques se font spontanément ou en réponse à plusieurs facteurs de
l’environnement tels que : le régime alimentaire, le tabagisme, la pollution, les drogues et le stress.
Ainsi, un même génotype peut donner différents phénotypes en fonction de l’environnement comme on
peut le constater chez des jumeaux monozygotes (qui ont le même génome) mais exposés à différents
facteurs environnementaux ; ces jumeaux peuvent différer dans leur vitesse de vieillissement ainsi que dans
la susceptibilité à certaines maladies.

Les jumelles de gauche paraissent plus vielles que leurs sœurs à cause du tabac et d’une histoire d’exposition prolongée au soleil
En effet, de plus en plus de données scientifiques convergent vers l’implication de l’épigénétique dans
plusieurs maladies comme le cancer, le diabète, les allergies, certaines maladies psychiatriques. Le
caractère réversible de l’épigénétique ouvre des perspectives pour le traitement et même la prévention de
ces maladies.

Régulation de la transcription
C'est le point de régulation le plus important et le plus souvent mis à contribution.
a- Rôle des facteurs de transcription
Chez les eucaryotes, les facteurs de transcription sont indispensables au travail de l'ARN polymérase avec
laquelle ils forment le complexe d'initiation de la transcription qui se fixe sur le promoteur.
b- Rôle des éléments de contrôle
Le complexe d'initiation de la transcription n'aboutit pas à une transcription efficace: très peu d'ARN
transcrits. Les séquences régulatrices situées à des distances variables du promoteur permettent alors
d'ajuster le débit de la transcription (Fig. 44).
Le promoteur:
C'est une séquence située en amont, côté 5' du gène, adjacente du site d'initiation de la transcription.
Elle mesure une centaine de pb,
Elle définit le site d'initiation de la transcription et sa direction.
Elle contient le site de fixation de l'ARN polymérase.
Elle peut comporter des séquences régulatrices.
Le promoteur comprend:
- Le promoteur minimal ou TATA box:
Située à -30pb en amant du site d'initiation de la transcription de gènes. Elle est formée de la
séquence consensus: 5' TATA (A/T) A (A/T) 3'. Elle est essentielle au positionnement correct de
l'ARN polymérase II sur le site d'initiation de la transcription en présence de facteurs de
transcription généraux.
- Des séquences consensus régulatrices proximales ou "éléments en amont = upstream elements"

Pr. G. Belaaloui 27 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Elles sont reconnues par des facteurs de transcription spécifiques en amont "upstream factors". On
a, par exemple:
Elles permettent l'augmentation de la vitesse de transcription (celle de l'assemblage du complexe
d'initiation).
Les séquences consensus régulatrices distales
Elles sont présentes à des distances très variables du promoteur, en amant, en aval, voire dans un intron du
gène (voire sur l'autre brin d'ADN).
Elles sont reconnues par des "facteurs de transcription spécifiques".
Parmi les séquences consensus régulatrices distales on a:
- Les séquences amplificatrices ou "enhancers" ou amplificateurs: elles activent la transcription de
base (accélèrent l'assemblage du complexe d'initiation).
- Les séquences extinctrices ou "silencers" ou répresseurs: qui la dépriment (ralentissent
l'assemblage du complexe d'initiation).
Les séquences consensus régulatrices distales sont responsables de:
- La spécificité tissulaire de la transcription, ce sont une sorte de mots de passe qui permettent
l'accès de l'ARN pol à certains gènes spécifiques de tissus et qui en régulent l'expression.
- L'ajustement du taux de transcription aux besoins de la cellule
Remarque:
- Les séquences consensus régulatrices distales et proximales sont appelées éléments cis-régulateurs,
les facteurs de transcription spécifiques qui s'y lient sont appelés éléments trans-régulateurs.
- Exp de facteurs de transcription spécifiques: les récepteurs des hormones stéroïdes (comme les
hormones sexuelles) qui se trouve dans le cytoplasme ou dans le noyau et qui sont activés après
fixation de ces hormones. Cette activation leur permet d'activer la transcription des gènes cibles.

Fig. 44

Comment est ce que les facteurs de transcription spécifiques peuvent avoir une influence sur la
transcription alors qu'ils sont loin du promoteur?
La courbure de l'ADN semble permettre aux facteurs de transcription spécifiques déjà liés aux séquences
régulatrices de se lier au complexe d'initiation de la transcription (Fig. 45).

Pr. G. Belaaloui 28 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Figure 45

Régulation post-transcriptionnelle
C'est une régulation qui peut se faire rapidement permettant à la cellule de répondre à des modifications
rapides de son environnement.
a- Régulation de la maturation de l'ARN
Les transcrits d'ARN peuvent être épissés de plusieurs façons, ce qui donne des molécules d'ARNm
différentes (Fig. 46).

Figure 46

b- Régulation de la dégradation de l'ARNm


La dégradation de l'ARNm affecte la durée de vie de l'ARNm et donc la quantité de protéine synthétisée.
Elle commence par la dégradation de la queue poly(A) puis de la coiffe 5' ce qui rend l'ARNm vulnérable
aux nucléases.

Rôle des ARN non codants:


Récemment des ARN non codants ont été impliqués dans la régulation de l'expression des gènes. Il existe
des:
ARN non codants Long: long ncRNA

Pr. G. Belaaloui 29 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

ARN non codants Petits: small ncRNA comme: microRNA (miRNA), small interfering RNA
(siRNA),
Ils agissent de différentes manières:
- Liaison avec les ARNm empêchant leur traduction en entraînant leur dégradation
- Remodelage de la chromatine: en recrutant des protéines qui provoquent la méthylation de l'ADN
- Contrôle de la transcription: en se liant à des protéines qui peuvent la réprimer.
c- Régulation de la traduction
La traduction de certains ARNm peut être suspendue par des protéines régulatrices qui se lient à des
segments spécifiques de la séquence guide située à l'extrémité 5' de l'ARNm. Cela empêche les ribosomes de
se lier à l'ARNm.
d- Régulation de la maturation et dégradation des protéines
Une maturation de la protéine synthétisée est souvent nécessaire pour qu'elle soit fonctionnelle, par exemple:
- le polypeptide d'insuline doit être coupé pour donner une hormone fonctionnelle.
- Modification chimique de certaines protéines: glycosylation, phosphorylation,…
- Transport de la protéine vers un site particulier
La cellule est capable de réguler la durée de vie d'une protéine en contrôlant sa dégradation.
9. MODIFICATIONS DU MATERIEL GENETIQUE (MUTATIONS)
9.1. Définitions
- Les mutations sont des modifications du matériel génétique des cellules. On distingue:
- Les mutations chromosomiques:
Ce sont les modifications de la structure ou du nombre de chromosomes (elles seront étudiées dans un
chapitre à part).
- Les mutations ponctuelles ou alléliques:
Ce sont les modifications qui touchent une ou plusieurs bases de l'allèle d'un gène. Créant ainsi un allèle
mutant.
Selon le type de cellule touché, on doit distinguer entre
- les mutations germinales qui affectent les gamètes ou les cellules productrices de gamètes; elles
peuvent être transmises à la descendance directe ou aux générations suivantes.
o Si elles ont des effets nocifs sur le phénotype de l'individu, on parle d'anomalie génétique ou de
maladie héréditaire.
o Si elles n'ont pas d'effet nocif, elles participent au polymorphisme génétique des individus
- les mutations somatiques qui affectent les autres cellules et qui peuvent être une cause importante
de cancers.

9.2. Les catégories de mutations ponctuelles


a- Les substitutions des paires de nucléotides
C'est le remplacement d'un nucléotide et de son vis-à-vis sur le brin d'ADN complémentaire par une paire
de nucléotides différente.
Il peut s'agir de:
Transition : purine remplacée par une purine (A  G) ou pyrimidine par une pyrimidine (T  C)
Transversion : pyrimidine remplacée par une purine ou l'inverse (A  C ou T  G).
Les conséquences des substitutions sont (Fig. 48):
Mutation synonyme
- Le codon résultant spécifie le même aa.
- Elle s'explique par la dégénérescence du code génétique: par exemple, si CCG devient CCA après
substitution, le codon d'ARNm CCG devient CCA, or ces deux codons donnent le même aa: la glycine.

Pr. G. Belaaloui 30 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

- C'est une substitution qui, généralement, n'a aucun effet sur la protéine synthétisée (mutation muette).
- Cependant, les mutations synonymes peuvent affecter le devenir de l’ARNm de différentes manières :
* Affecter l’épissage de l’ARN :
Les séquences nommées ESE (Exonic Splicing Enhancer) augmente l’épissage d’un ARN, sa mutation
pourrait diminuer l’affinité des facteurs d’épissage et donc affecter ce dernier.
* Modifier la structure secondaire de l’ARNm : entrainant sa dégradation ou sa traduction.
* Création ou suppression d’un site de fixation de microARN : affectant la demi vie de l’ARN
* Création d’un site affectant l’initiation/élongation de la traduction ou d’un site de pause
ribosomique (affectant l’enroulement d’un domaine de la protéine seul ou avec le domaine suivant de la
protéine).

Mutation faux-sens
Le codon résultant code pour un aa différent de l'ancien. Il a un sens mais qui est erroné. Il peut s'agir de:
Mutation faux-sens conservative
Le nouvel aa est chimiquement similaire à l'ancien:
- Il possède des propriétés très proches de celle de l'ancien aa
- Et/ou, il est situé dans une région qui n'est pas essentielle aux fonctions de la protéine.
Mutation faux-sens non conservative
Les codons touchés codent encore pour des aa et ont donc un sens mais qui est erroné.
Mutation non-sens
Le codon correspondant à un aa est remplacé par un codon STOP. Ceci entraîne un arrêt prématuré de la
traduction et la formation d'un polypeptide plus court que la normale ou même son absence totale. Le plus
souvent ceci aboutit à une protéine non fonctionnelle.
b- Les insertions et les délétions
Les insertions correspondent à l'ajout (insertion) ou la perte (délétion) d'une ou plusieurs paires de
nucléotides dans un gène. Leurs conséquences sont généralement plus désastreuses que les substitutions.
Elles dissocient les codons originaux du message génétique et peuvent entrainer des mutations par décalage
du cadre de lecture quand le nombre de nucléotides insérés ou enlevés n'est pas un multiple de trois
et/ou quand elle se fait à l'intérieur d'un codon. Les nucléotides situés après la modification sont alors
regroupés en des codons erronés. Il en résulte un long faux-sens qui se termine tôt ou tard par un non-sens.
La protéine formée ne sera probablement pas fonctionnelle.

Pr. G. Belaaloui 31 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Fig 48

9.3. Origine des mutations ponctuelles


Les mutations peuvent être induites ou spontanées.
a- Les mutations induites:
Ce sont les mutations qui surviennent suite à l'exposition à des agents mutagènes chimiques ou physiques.
L'induction des mutations par une exposition à des mutagènes s'appelle la mutagénèse.
Il existe au moins 3 mécanismes (A comprendre seulement !) d'induction des mutations:
* Remplacement de bases
Certains composés chimiques ont une structure chimique qui rappelle celle des purines et pyrimidines. Ils
peuvent être incorporés à l’ADN lors de la réplication. Ce sont les analogues de bases.
- Le 5-bromo-uracile (5-BU) est un analogue de la Thymine qui peut s'apparier avec l'Adénine mais il peut
aussi changer de forme pour faire un mésappariement avec la Guanine.
Il entraine donc des substitutions par transition: GC  AT ou AT  GC au cours de la réplication (Fig. 49).

Pr. G. Belaaloui 32 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

* Modifications des bases


Certains mutagènes modifient une base et provoquent un mésappariement.
Alkylation:
C'est l'ajout de groupements alkyles (éthyle ou méthyle) en de nombreuses positions dans les 4 bases.
Pourtant, l'apparition d'une mutation est plus probable quand il s'agit de guanine.
Ex: la nitrosoguanine (NG) peut transformer la guanine en O6-méthylguanine, ce qui entraîne la rupture de
liaisons hydrogènes entre la guanine et la cytosine. Par ailleurs, la O6-méthylguanine peut s'apparier par
erreur avec la thymine, ce qui pourrait conduire à une transition GC  AT.
Désamination:
L’acide nitreux provient de la digestion des nitrites (conservateurs des aliments). Il est à l’origine de
désaminations = perte d'un groupe NH3.
Il peut entrainer la transformation de la C en U ce qui provoque la transition GC  AT
Il peut entrainer aussi la transformation de l'A en hypoxanthine ce qui provoque la transition AT  GC.
Les mutations induites par l'acide nitreux sont donc réversibles.
Oxydation
Les formes actives d'oxygènes (radicaux supreoxyde O2-, le peroxyde d'hydrogène H2O2 et les radicaux
hydroxyles OH) sont des sous produits du métabolisme aérobie normal mais leur production peut augmenter
après exposition à des radiations ionisantes (les rayons X et gamma produisent des ions réactifs) quand
elles interagissent avec les molécules biologiques
Les radicaux libres possèdent des électrons non appariés et sont chimiquement très réactifs. Ils interagissent
avec l'ADN et peuvent entrainer une oxydation de certaines bases causant ainsi des mésappariements.
En plus de leur effet sur l'ADN par les radicaux libres qu'elles créent, les radiations ionisantes ont une
action directe sur l'ADN :
- ruptures dans l'un ou les deux brins.
- altération ou perte de bases.
Les sources des radiations ionisantes sont soit
Naturelles: rayons cosmiques (incluant le rayonnement solaire) et les éléments radioactifs du sol ou des
produits du sol (bois, pierre),
Artificielles : rayons X pour le diagnostic, essais nucléaires, TV, etc.
* Agents intercalants :
Acridine, proflavine, bromure d’ethidium (BET) sont des molécules qui s’insèrent entre les bases de
l’ADN. Ceci entraîne un étirement de l’ADN. La polymérase peut insérer alors une base surnuméraire en
face de la molécule étrangère (Fig. 50).

Pr. G. Belaaloui 33 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Fig. 50

* Lésion des bases


Un grand nombre de mutagènes endommagent une ou plusieurs bases, empêchent alors tout appariement
spécifique de celles-ci. Le résultat peut être un blocage de la réplication.
Photodimères:
Lorsque deux pyrimidines sont adjacentes (TT ou CC ou TC) sur le même brin d'ADN, elles peuvent former
un dimère sous l'action des UV, ces produits sont appelés des photodimères.
Ceci entraine une perturbation de la structure locale de l'ADN, interfère avec l'appariement normal des bases
et bloque la transcription et la réplication (Fig. 51).

Fig. 51

Dépurination
L'aflatoxine B1, un puissant cancérigène hépatique (produit par certains champignons proliférant sur
des arachides et le maïs) se fixe sur la G et la dissocie du sucre d'où formation d'un site apurinique.
Il a été remarqué qu'une A se forme en face de ce site. Ceci conduit donc à des transversions GC TA
(Fig. 52).
Des agents provoquant la dépurination existent aussi dans la fumée de tabac et dans les aliments trop
grillés.

Pr. G. Belaaloui 34 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Figure 52

b- Les mutations spontanées :


Ce sont les mutations qui surviennent en l'absence d'agent mutagène connu.
Leur fréquence est plus faible que celle des mutations induites.
Leurs mécanismes peuvent être
* Lésions spontanées
- Dépurination
- Déamination
- Oxydation
* Erreurs lors de la réplication
- Substitutions de bases
Aucune réaction chimique n'est parfaitement efficace. Une erreur de réplication peut survenir avec mise en
place d’un nucléotide incorrect, ce qui entraîne une mutation lors de la réplication suivante.
- Insertion et délétion de base
Elles entrainent un décalage du cadre de lecture.
Elles sont observées très fréquemment en des points précis de certains gènes que l'on appelle points chauds
de mutation. On a pu montrer que ces points chauds résultent de la présence de séquences répétées dans le
gène concerné.
Ces séquences favorisent le glissement d'un brin d'ADN sur l'autre, c'est ce qui appelé "dérapage réplicatif"
(Fig. 53):
- Si le brin matrice (parental) dérape en direction de son extrémité 3', formant à l'extérieur du brin une boucle
(d'une ou de plusieurs unités de séquences répétitives), le brin néo-synthétisé se trouve "raccourci" d'une
unité de séquence répétitive; lors de la réplication suivante, le brin néo-synthétisé précédent, devenu brin
matrice, donne naissance à un nouveau brin également "raccourci". Le dérapage réplicatif du brin matrice
entraine donc une délétion.
- Si le brin néo-synthétisé dérape en direction de son extrémité 5', formant à l'extérieur du brin un boucle
(d'une ou de plusieurs unités de séquence répétitive), le brin néo-synthétisé se trouve "allongé" d'une unité de
séquence répétitive; lors de la réplication suivante, le brin néo-synthétisé précédent, devenu brin matrice,
donne naissance à un nouveau brin également "allongé". Le dérapage réplicatif du brin néo-synthétisé
entraine donc une insertion.

Pr. G. Belaaloui 35 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

F. 10

9.4. Mécanismes de réparation des mutations


Ils peuvent être classés en 3 catégories:
La restauration de la zone endommagée: retour à l'état antérieur
a- La photoréactivation :
C'est la réparation des photodimères induits par les UV grâce à une enzyme qui n'est fonctionnelle que dans
la lumière visible, c'est la photolyase. Elle existe chez de nombreuses bactéries, les eucaryotes inférieurs
mais elle semble absente chez les mammifères.

F. 54

Pr. G. Belaaloui 36 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

b- Réparation des alkylations


Elle se fait grâce à des alkytransférases.
La réparation dépendant de l'homologie
Elle est basée sur l'homologie (ou complémentarité) entre les deux brins d'un ADN
a- La réparation par excision de bases ou BER (base excision repair):
- Des ADN glycosylases clivent les liaisons base-sucre, libérant ainsi les bases endommagées et produisant
des sites apuriniques ou apyrimidiques.
- Une endonucléase AP coupe ensuite le squelette sucre-phosphate auquel il manque une base.
- La désoxyribophosphodiestérase nettoie le squelette en enlevant un segment de résidus sucre-phosphate
voisins, ce qui permet ensuite à l'ADN polymérase de combler le vide avec des nucléotides
complémentaires de l'autre brin.
- L'ADN ligase relie ensuite les nouveaux nucléotides au squelette (Fig. 55).

Figure 55

Pr. G. Belaaloui 37 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

b- La réparation par excision de nucléotides ou NER (nucelotid excision repair):


Il n'existe pas autant d'ADN glycosylases que de manières d'endommager une base, un autre système est
alors nécessaire pour réparer les dégâts sur lesquels les glycosylases ne peuvent pas intervenir, c'est le
système de réparation par excision des nucléotides (NER).
Ce système détecte les déformations de la double hélice dues à la présence de base anormale (ex.: les
photodimères) et met en place un processus de réparation impliquant plusieurs protéines (Fig. 56).
Chez l'homme, un complexe protéique est capable de reconnaître l'ADN endommagé, d'exciser environ 30
nucléotides autour de la lésion et de combler le vide en utilisant le brin complémentaire comme matrice, il
est appelé Réparosome.

Figure 56

Une maladie héréditaire Xeroderma pigmentosum (Fig. 57) est due à un


défaut dans les gènes responsables des NER. Ce défaut est responsable d'une
Figure 57
sensibilité anormalement élevée aux rayons UV. Ceci
entraîne une sensibilité élevée au soleil et l'apparition
de cancer de la peau dans les zones qui lui sont
exposées.

c- La réparation des mésappariements:


(DNA mismah repair (MMR) system)
Le système de réparation des mésappariements est une
sorte de correcteur orthographique. Il permet de:
- Reconnaitre les paires de bases mal appariées
- Déterminer la base incorrecte à l'intérieur du
mésappariement
- Exciser la base incorrecte et effectuer une synthèse
réparatrice.
Chez l'homme, l'une des cibles importante de ce
système est constituée de courtes séquences qui
peuvent subir un dérapage réplicatif.
Des mutations dans certains composants de ce système
sont responsables de plusieurs maladies humaines, en
particulier des cancers. Notamment: le cancer
colorectal héréditaire sans polypose (syndrome de
Lynch).
Pr. G. Belaaloui Figure 58 2019-2020
38
Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Réparation des cassures double-brin


Les cassures double-brin d'ADN peuvent apparaître spontanément (ex. formes réactives d'oxygènes) ou être
causées par les radiations ionisantes.
Deux mécanismes de réparation sont possibles:
a- Réunion d'extrémités non homologues ou raboutage ou "end-joining"
Elle est observée dans les cellules qui ont arrêté de se diviser (ex. neurones..) (Fig. 59):
C'est une réparation imparfaite mais ses conséquences sont moins dangereuses que l'absence de réparation.

Figure
59
b- Recombinaison homologue
C'est un mécanisme qui se sert de la chromatide sœur pour réparer les cassures double-brin.
C'est une réparation qui est généralement dépourvue d'erreur.

Pr. G. Belaaloui 39 2019-2020


Faculté de Médecine. Batna. 1ière Année. Génétique Chapitre I: Génétique moléculaire

Les déficits dans les systèmes de réparation des cassures double-brins entrainent des cancers variés (ex.
Cancer du sein familial (BRCA1/2), anémie de Fanconi, ataxie télangiectasie…etc.).
10. GENOME DES EUCARYOTES
10.1. Définition du génome
Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu. Chez l'homme il est composé d'environ 3
milliards de pb et il comprend :
- L'ADN des chromosomes nucléaires.
- L'ADN présent hors des noyaux dans les mitochondries :
o Il est petit : 16 559 pb,
o Il code pour des ARNt, des ARNr et des enzymes de la chaine respiratoire,
o très compact et presque sans introns.
o Il se réplique indépendamment de l'ADN des chromosomes.
10.2. Composition du génome
L'ADN nucléaire humain contient environ 19 000 gènes ce qui représente seulement 1% environ du
génome (quand on ne prend que les parties codantes de ces gènes et environ 33% quand on prend aussi les
parties non codantes)
La plus grande partie de l'ADN humain (et des eucaryotes) est donc non codante: séquences répétées
non codantes et ADN "espaceur".

Pr. G. Belaaloui 40 2019-2020

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy