Génétique Moleculaire
Génétique Moleculaire
Génétique Moleculaire
Figure 1
L'association de chaque base avec une molécule de sucre constitue un nucléoside, et l'ajout d'un groupe
phosphate donne un nucléotide monophosphate (Fig.2).
Figure 2
Le désoxyribose se lie au groupe phosphate par son carbone 5' et à la base azotée par son carbone 1'.
Les nucléotides sont des esters de nucléosides et de phosphate (Fig.3).
Figure 3
Tous les nucléotides peuvent exister sous une forme qui contient plus d'un groupement phosphate en 5':
Nucléoside mono-, di-, ou triphosphate (Fig.4).
Les liaisons entre les groupements phosphate sont riches en énergie et sont utilisés comme source d'énergie
dans différentes activités cellulaires.
Figure 4
Exemple:
Adénine+ désoxyribose + 1 phosphate = dAMP
Adénine+ désoxyribose + 2 phosphates = dADP
Adénine+ désoxyribose + 3 phosphates = dATP
Figure 6
1.3. Structure secondaire de l'ADN
En 1953 Watson, Crick, Wilkins et Franklin découvrent la structure de la molécule d'ADN.
La molécule d'ADN est constituée de deux chaines (polymères). Ces deux chaines sont appelées "brins
d'ADN".
Les bases azotées des deux brins sont reliées par des liaisons faibles : liaisons hydrogènes (Fig. 7).
Les bases sont associées par paires. Dans chaque paire il y a toujours une purine associée à une pyrimidine:
- Les bases A sont associées aux bases T par 2 liaisons hydrogènes
- Les bases G sont associées aux bases C par 3 liaisons hydrogènes
Les deux brins sont complémentaires l'un de l'autres mais ne sont pas identiques. En connaissant la
séquence de l'un on peut déduire la séquence de l'autre.
Ils sont orientés de manière opposée par rapport aux extrémités 3' et 5': l'un est orienté dans le sens 5'3' et
l'autre dans le sens 3'5': on dits qu'ils sont antiparallèles.
Le squelette sucre-phosphate est à l'extérieur et porte des charges négatives sur ses groupements
phosphates.
Fig. 7
1.4. Structure tertiaire de l'ADN (double hélice d'ADN)
Chaque brin d'ADN ressemble à une hélice, les deux brins forment alors une structure en "double hélice".
La double hélice présente deux types de sillons : les grands sillons et les petits sillons. (Fig. 8). C’est au
niveau de ces deux types de sillons que se fixent les protéines nécessaires aux processus de transcription, de
réplication ou de réparation de l' ADN (voir plus loin).
Fig. 8
2. PROPRIETES PHYSIQUES DE L'ADN
2.1. Taille :
Les acides nucléiques (ADN et aussi ARN) sont les plus grandes macromolécules naturelles.
Trois caractéristiques peuvent être utilisées pour exprimer la taille :
- La longueur (en µm ou en nm),
- La masse moléculaire en Dalton (Da): 1 dalton = la masse d'un atome d'hydrogène. 1kilo Dalton
(KDa) = 1000 Da.
- Le nombre de nucléotides ou de bases (noté b) pour les molécules monocaténaires (simple brin) ou
de paires de bases (noté pb) pour les bicaténaires (double brin): 1 kilo paires de bases (Kpb) = 1000
pb.
Une paire de bases d'ADN correspond en moyenne à 660 daltons.
Fig. 9
On appelle température de fusion ou Tm (melting temperature) : la température qui correspond à la
dénaturation de 50% des molécules d'ADN dans une solution.
Elle est généralement de 83°C (Fig. 10).
Fig. 10
macromolécules (protéines, ADN, ARN) présentes dans la solution de CsCl forment des bandes distinctes
selon leurs densités flottantes:
La densité de l'ARN > la densité de l'ADN > la densité des protéines (Fig. 11).
2.6. Solubilité de l'ADN
L'ADN est soluble dans l'eau mais pas dans l'éthanol.
NB: notion de procaryotes et d'eucaryotes
Les cellules de tous les organismes vivants peuvent être classées en deux grandes catégories: Les eucaryotes
et les procaryotes.
(Caryo = noyau, eu = vrai, pro = avant).
Les différences essentielles entre eucaryotes et procaryotes sont les suivantes:
Procaryotes Eucaryotes
- Pas d'enveloppe nucléaire, c.-à-d. pas de vrai - Vrai noyau avec enveloppe nucléaire
- Le matériel génétique est constitué d'un seul - Le matériel génétique est formé de plusieurs
chromosome chromosomes
- Généralement absence d'organites - Présence d'organites développés:
intracellulaires développés mitochondries, appareil de golgi, réticulum
Ex.: les bactéries endoplasmique…
Ex.: les cellules animales.
3. REPLICATION DE L'ADN
La réplication de l'ADN est le processus de duplication à l’identique d’une molécule de ADN en deux
molécules filles.
Le modèle accepté de réplication de l’ADN est le modèle semi conservatif : chaque molécule nouvelle
d’ADN est formée d’un brin parental et d’un brin nouvellement synthétisé (Fig. 12).
Figure 12
La réplication de l’ADN débute à partir d’une origine de réplication (Ori) et progresse dans les deux sens à
partir de ce point créant ainsi deux fourches de réplication. On dit que la réplication de l’ADN est
bidirectionnelle (Fig. 15).
Figure 16
L’élongation.
- Pour que la fourche de réplication puisse continuer à avancer il faut dérouler la double hélice ceci se
fait par une coupure sur l’un des deux brins de la matrice, le laisser ce brin tourner autour de l’autre
puis le raccrocher ; c’est le rôle des topoisomérases (Fig. 16).
- L’ADN polymérase va pouvoir agir facilement:
o Elle catalyse la réaction de polymérisation suivante:
o Elle synthétise en continu, à partir d’une chaîne parentale un nouveau brin d’ADN, le brin
précoce (ou avancé ou direct ou leading strand) (Fig. 17).
o Par contre, sur l’autre chaîne parentale, la synthèse s’effectue de manière discontinue pour
former le brin tardif (ou retardé ou indirect ou lagging strand). La primase va régulièrement
synthétiser des amorces d’ARN à partir desquelles l’ADN polymérase III va synthétiser les
fragments d’Okasaki (fragments d'ADN d'environ 200 nucléotides).
o Ces fragments sont reliés les uns aux autres par l’ADN ligase, après que l’ADN polymérase ait
dégradé l’amorce ARN (grâce à son activité exonucléase 5’ 3’) puis re-synthétisé la partie
manquante.
Figure 17
La terminaison.
Pour l’ADN linéaire (eucaryotes), les fourches de réplication s’arrêtent
- Soit lorsqu’elles rencontrent une autre fourche de réplication,
- Soit lorsqu’elles arrivent à l’extrémité d’un chromosome appelé télomère: dans ce cas il faut savoir
que:
o L’ADN des télomères est formé par des répétitions très régulières, 5 à 8 paires de bases riches en
G qui se combinent entre elles pour former des structures en épingles à cheveux. Ces structures
protègent contre la dégradation par des endonucléases (Fig. 18).
o La réplication des télomères peut être incomplète, aboutissant à une dégradation progressive des
répétitions télomériques (Fig. 18). Ceci entraine le raccourcissement de l'ADN aboutissant, au
bout d’un certain nombre de réplications, à une absence de répétition télomérique, donc une
absence de la protection contre les endonucléases (diminution de la durée de vie d'une cellule).
Figure 18
o Dans les cellules souches normales et les cellules cancéreuses (et pas dans les cellules normales
différenciées), il existe une enzyme nommée télomérase (c'est en fait un complexe protéo-
ribonucléique) (Fig. 19) qui stabilise les télomères en ajoutant quelques nucléotides (riches en G)
à l’extrémité 3' du brin parental, les nucléotides ajoutées vont servir de matrice pour la
synthèse de nouveaux fragments d'Okazaki, de cette manière, les fragments d'ADN "sacrifiés" à
chaque réplication ne seront pas porteurs d'information génétique, celle-ci ne se perdra donc pas
ou peu au fil des réplications.
Figure 19
Dans le cas d’un ADN circulaire (bactérie), la terminaison est réalisée lorsque les deux fourches de
réplication se rencontrent et se lient grâce à la topoisomérase de type IV.
Remarque:
- des recherches sont en cours pour l'utilisation des inhibiteurs de télomérase dans le traitement
dans cancers.
- Des mutations touchant le complexe de la télomérase sont responsable d'une maladie nommée:
"Dyskératose Congénitale" qui est due à un raccourcissement excessif des télomères dans les
tissus hautement prolifératifs: vieillissement prématuré (peau, cheveux gris, chute précoce des
dents, anomalies des ongles), hypoplasie cérébrale, insuffisance médullaire (de la moelle osseuse),
cirrhose du foie,…
4. ORGANISATION DE L'ADN EN CHROMOSOMES
4.1. Condensation de l'ADN cellulaire
L'ADN d'une cellule humaine mesure environ 1.8 mètres et se trouve à l'intérieur du noyau cellulaire qui ne
mesure que quelques micromètres. Ceci s'explique par la forme compacte de l'ADN résultant de sa
condensation en présence de protéines dont la charge positive va neutraliser sa charge négative de l’ADN,
le tout formant ainsi les chromosomes.
La condensation se fait en plusieurs niveaux:
1- Enroulement de l'ADN (160-180pb) sur des protéines nommées histones
(deux de chacun des histones: H2a, H2b, H3 et H4 = octamère) pour
former des
Nucléosomes
qui vont
donner une
structure en
"chapelet" ou "collier de perles" nommée
fibre de chromatine ou nucléofilament.
Elle mesure 11 nm d'épaisseur. Donc
l'élément constitutif de la chromatine est
le nucléosome (Fig. 20).
2- La fibre de chromatine s'enroule autour de
l'histone H1 pour former une fibre
hélicoïdale (ou solénoïde), plus courte et
plus épaisse, de 30 nm d'épaisseur. Cette
fibre représente l'état de repos de l'ADN
en interphase (phase de repos du cycle
cellulaire) (Fig. 21).
3- Cette fibre de 30 nm s'enroule sur des
protéines pour former une fibre en boucles
de 300 nm avant la phase M du cycle
cellulaire (mitose).
4- La fibre en boucles s'enroule encore pour
former une fibre super-enroulée de 700
nm d'épaisseur.
5- L'ensemble de 2 fibres super-enroulées
forme le chromosome métaphasique (1400
nm).
Figure 22
Dés que la cellule commence à entrer en division, cette molécule se réplique pour donner deux chromatides
(Fig. 23).
Le chromosome métaphasique est la forme la plus visible d'un
chromosome formé de deux chromatides.
Figure 24
Le cycle cellulaire est l’ensemble des modifications qu'une cellule subit entre sa formation par division de la
cellule mère et le moment où cette cellule même fini de se diviser à son tour en 2 cellules filles grâce à la
mitose. Il comprend des alternances de mitoses et de phases intermitotiques : interphases (Fig. 26).
Interphase e
- Période comprise entre la fin de la division et le début de la suivante.
- C’est la plus grande partie du cycle, et le noyau est mécaniquement inactif.
- La durée est variable en fonction de la cellule : la cellule intestinale se divise 2 fois/j, la cellule hépatique se
divise 1 à 2 fois/an.
- Se décompose en une phase G1, S et G2.
Phase G1 :
- G vient de Gap = intervalle, c’est la phase entre la fin de mitose et le début de la synthèse d’ADN.
- Durée variable en fonction de la nature de la cellule.
- La cellule en phase G1 peut :
* Entrer en phase S et s’engager dans le processus de division, ce passage est irréversible.
* ou Entrer dans la phase G0 où elle reste même des années sans se multiplier.
- La quantité d’ADN reste constante pendant G1 : 2N chromosomes.
- Chaque chromosome est sous forme d'un seul nucléofilament.
Phase S :
- Synthèse de l’ADN : réplication de l’ADN.
- Chaque chromosome devient formé de deux chromatides sous formes de 2 nucléofilaments réunis par un
centromère.
- Synthèse des ARNm qui vont servir à la synthèse des histones
- Arrêt de la synthèse des autres ARN.
Phase G2 :
- Condensation de la chromatine (fibre en boucle de 300 nm).
- Synthèse des protéines nécessaires à la division
Mitose ou Phase M :
La mitose distribue de façon égale l’ADN entre les 2 cellules filles.
Prophase :
Prépare la division des chromosomes par
- La division du centrosome qui est un MTOC (microtubules organizing center : centre organisateur des
microtubules.) qui polymérise, à partir du matériel centriolaire, les microtubules qui vont former le fuseau
mitotique et qui guidera les chromosomes dans leurs mouvements.
- La condensation des chromosomes : c'est à cette phase que les chromosomes commencent à devenir
visibles. Chacun est constitué de 2 chromatides unies par leur centromère.
- L’enveloppe nucléaire se fragmente en petites vésicules.
Métaphase :
- Attachement des chromosomes au niveau de leurs centromères aux microtubules par l’intermédiaire des
kinétochores et leur migration vers plaque équatoriale de la cellule où ils vont se localiser. Le kinétochore
est un complexe macromoléculaire qui sert de lien entre les microtubules du fuseau et le chromosome
mitotique.
- Chaque chromosome métaphasique est constitué de 2 chromatides qui portent chacune un kinétochore.
- Le fuseau mitotique est constitué des microtubules
Anaphase :
Séparation des deux chromatides sœurs et migration de chacun vers un pôle opposé de la cellule pour
devenir un chromosome indépendant.
Télophase :
Figure 26
5.2. Méiose
La méiose est une suite de deux divisions qui se produisent pendant la gamétogénèse (la formation des
gamètes).
La première: division réductionnelle car elle divise par deux le nombre de chromosomes. Ceux ci passent
de 2n à n par séparation des chromosomes homologues.
La deuxième : division équationnelle car elle maintient le même nombre de chromosomes dans chaque
cellule par séparation des chromatides.
Chez les hommes, la spermatogenèse (processus de formation des gamètes) commence à la puberté et elle
est très rapide : Une fois la puberté atteinte, des dizaines à des centaines de millions de spermatozoïdes sont
produits par jour. De plus, les deux divisions méiotiques ont une cytodièrèse égale (cellules de la même
taille).
Cependant, lors de l’ovogénèse (formation des gamètes femelles), les deux divisions méiotiques ont une
cydiérèse inégale, résultant en une grande cellule haploïde et trois petites cellules haploïdes qui dégénèrent.
Les petites cellules sont appelées globules polaires.
A la différence de l’homme, l'ovogenèse commence avant la naissance pour donner à partir des ovogonies,
des ovocytes I qui resteront bloqués au stade de la prophase I. Au début de la puberté, un ovocyte I
terminera la méiose I à chaque mois dans le cadre du cycle menstruel, puis sera libéré dans les trompes de
Fallope pour la fécondation. Il s'agit de l'ovocyte secondaire qui restera bloqué au stade de métaphase II.
S’il est fécondé, il achèvera la méiose II et le noyau final fusionnera avec le noyau du spermatozoïde pour
former l’ovule fécondé (zygote) et commencer une nouvelle vie.
Les Cdk sont des sérine-thréonine kinases, enzymes qui catalysent la phosphorylation de protéines cible
jouant un rôle dans les événements du cycle cellulaire (fragmentation de l’enveloppe nucléaire,
compaction des chromosomes, réplication de l’ADN ….). Les Cdk majeures sont Cdk1, Cdk2, CD4 et
Cdk6. Elles ne deviennent fonctionnelles que lorsqu’elles sont associées à une cycline.
Les cyclines n’ont pas d’activité enzymatique, ce sont des protéines régulatrices nécessaires aux Cdk
pour qu’elles soient enzymatiquement actives.
Le taux de Cdk dans une cellule ne change pas mais celui des cyclines est variable selon différents
signaux que reçoit la cellule.
L’activité enzymatique des Cdk est modifiable également par plusieurs protéines inhibitrices et
activatrices.
Le contrôle du cycle cellulaire se fait à plusieurs endroits du cycle cellulaire appelés des « check points » :
1. DNA Damage Checkpoints (DDCP):
La surveillance de l'intégrité de l'ADN s'effectue tout au long de l'interphase (G1, S, G2), on parle de
checkpoint G1/S, intra-S et G2/M.
2. Replication Checkpoint (RCP) :
La surveillance de l'accomplissement de la réplication (RCP) s'étale tout au long de la phase S et de la
phase G2. Ainsi, la cellule ne pourra pas commencer la mitose tant que la réplication n'est pas correctement
terminée et lorsqu'un défaut de réplication est détecté, la cellule arrête le cycle. La transition G2/M ne pourra
donc se faire que si la réplication est correctement terminée et si l'ADN n'est pas lésé.
3. Spindle Assembly checkpoint (SAC) et transition métaphase-anaphase :
Il vérifie si tous les chromosomes sont attachés au fuseau mitotique et si les chromatides peuvent se
séparer.
6. GENES
6.1. Généralités:
Le gène est une séquence d'ADN qui occupe un site particulier sur un chromosome, c'est l'unité physique
de l'hérédité. Il code pour un produit fonctionnel tel qu'une protéine ou une molécule d'ARN (ex.:
ARNr ou ARNt)
Chaque copie du gène située sur un chromosome homologue est nommée
allèle (Fig. 27).
Si les deux allèles sont un peu différents: l'individu est dit hétérozygote pour
ce gène
Si les deux allèles sont strictement identiques: l'individu est dit homozygote
pour ce gène.
La taille des gènes est variable.
La place occupée par un gène sur le chromosome et sur la carte génétique est
appelée le locus du gène (pluriel: loci ou locus)
Le gène codant pour une protéine est d'abord transcrit en ARN messager (ARNm) c'est la transcription.
L'ARNm est ensuite traduit en protéine: la traduction (Fig. 28).
Elle contient une (ou plusieurs) séquence de polyadénylation (séquence AATAAA de l'ADN qui
correspond à la séquence AAUAAA de l'ARN) qui va permettre d'ajouter une queue poly(A) à l'ARNm
après sa transcription: c'est la polyadénylation.
6.2.2. Eléments de contrôle du gène:
a- Le promoteur:
C'est une séquence située en amont, côté 5' du gène, adjacente du site d'initiation de la transcription.
Elle mesure une centaine de pb,
Elle définit le site d'initiation de la transcription et sa direction.
Elle contient le site de fixation de l'ARN polymérase.
Elle peut comporter des séquences régulatrices.
Le promoteur comprend:
- Le promoteur minimal formé d'une séquence consensus à -30pb en amont du site d'initiation de la
transcription de gènes, appelée TATA box. Elle est formée de la séquence consensus: 5' TATA (A/T)
A (A/T) 3'.
- Des séquences consensus régulatrices proximales ou "éléments en amont= upstream elements"
b- Les séquences consensus régulatrices distales (voir § 9 pour plus de détails).
La transcription peut être divisée en 3 étapes pour faciliter son étude: l'initiation, l'élongation et la
terminaison.
a- L'initiation de la transcription
- Chez les procaryotes, l'ARN pol reconnaît elle-même le promoteur et s'y fixe alors que chez les eucaryotes,
elle a besoin d'intermédiaires appelés les facteurs de transcription généraux (il en existe au moins 6) qui vont
se fixer sur le promoteur avant qu'elle ne le fait. L'ensemble: ARN pol + Facteurs de transcription
généraux + promoteur = Unité d'initiation de la transcription (Fig. 35). Le premier facteur de
transcription reconnaît une séquence consensus sur le promoteur: la TATA box, puis il recrute l'ARN pol et
les autres facteurs de transcription.
- Une fois l'ARN polymérase se fixe sur le promoteur, ce dernier décide du point de départ de la
transcription et du brin qui va être transcrit (brin matrice ou brin anti-sens).
Fig. 35
b- Elongation de la transcription
- L'ARN pol déroule alors l'ADN et commence la synthèse de l'ARN à partir du brin matrice, la molécule
d'ARN croît dans le sens 5' 3'.
- La partie de la double hélice qui se trouve derrière l'ARN pol. se reconstitue et le brin d'ARN synthétisé se
détache progressivement (Fig. 36). Chez les eucaryotes, la vitesse de progression de la transcription est de 60
nucléotides par seconde.
- Un même gène peut être transcrit par plusieurs ARN pol. en même temps ce qui permet à la cellule d'avoir
une plus grande quantité de la protéine codée par l'ADN.
c- Terminaison de la transcription
La transcription s'étend jusqu'au codon STOP puis va au-delà vers la séquence transcrite et non traduite
3'UTR qui contient la séquence permettant la polyadénylation de l'ARN pré-messager.
Remarque: On peut résumer les différences dans la transcription entre eucaryotes et procaryotes dans: la
présence chez les eucaryotes de 3 types d'ARN polymérase, la nécessité de facteurs de transcription et de
plusieurs séquences régulatrices ainsi que la nécessité de contourner l'empaquetage de l'ADN dans les
nucléosomes.
Fig.36
Remarque importante:
Par convention, la séquence d'un gène est toujours indiquée par la séquence du brin d'ADN non
transcrit (brin sens) car elle correspond à celle de l'ARN. Elle est donc dans le sens 5' 3' de l'ARN et doit
obligatoirement contenir le codon de départ (ATG) qui code pour la méthionine.
Par convention, on représente aussi le brin sens (non transcrit) dans sa direction 5'3' au dessus du brin
anti-sens (transcrit ou matrice) (Fig. 37).
Fig. 38
Les sites d'épissage sont constitués de courtes séquences nucléotidiques situées aux extrémités des introns et
reconnues par des particules appelées snRNP (small nulear Ribonucleoproteins) (Fig. 39). Les snRNP sont
formés de protéines et de snRNA.
Un ensemble de snRNP forment le complexe d'épissage qui coupe l'ARN en des points déterminés et libère
l'intron, il réunit aussi les exons qui l'encadraient.
On distingue deux types d'épissage (Fig. 40):
L'épissage constitutif: lorsque tous les introns sont enlevés et les exons sont raboutés l'un à l'autre
(attachés). Il se fait toujours.
L'épissage alternatif: lorsque les exons aussi sont excisés de manière différentielle donnant ainsi des
ARNm de différentes tailles codant pour des protéines ayant des fonctions proches (isoformes) ou
différentes. Il se fait souvent selon les gènes.
Figure 39 Figure 40
Tableau 2
Figure
42
Remarque:
- La synthèse d'un polypeptide commence toujours par son extrémité N-terminal qui correspond alors à
l'extrémité 5' de l'ARNm (Fig. 37).
- Il n'existe pas de différences fondamentales entre la traduction chez les eucaryotes et celle chez les
procaryotes, sauf le fait qu'elle soit couplée à la transcription chez les procaryotes, l'ARNm aussitôt transcrit
est traduit.
8. REGULATION DE L'EXPRESSION DES GENES
8.1. Régulation de l'expression génique chez les eucaryotes
Au cours de la différenciation des cellules, ces dernières voient l'expression de certains de leurs gènes
s'éteindre et celle de d'autres gènes s'allumer. Ceci dépend de stimuli internes et externes. L'expression des
gènes est donc régulée et son déséquilibre entraine de sérieuses maladies, notamment des cancers.
Elle se fait à différents niveaux de la voie qui part du gène et qui mène à la protéine fonctionnelle (Fig. 43):
Figure 43
Modifications de la chromatine
a- Niveau de condensation de la chromatine
Il interfère avec l'expression des gènes:
Les gènes de l'hétérochromatine sont moins exprimés que ceux de l'euchromatine, fort probablement car les
protéines de la transcription les atteint difficilement.
b- Les modifications épigénétiques:
L’Epigénétique : est l’étude des modifications (activation ou inactivation) transmissibles et réversibles
de l'expression des gènes sans changements des séquences nucléotidiques.
Ces modifications peuvent se produire au niveau de l’ADN (par méthylation des cytosines) ou des protéines
liées à l’ADN (par acétylation (ou méthylation aussi) des histones).
* Méthylation de l'ADN
C'est l'addition de groupements méthyle (--CH3) à des bases d'ADN après synthèse de celui-ci.
Elle se fait au niveau de certaines cytosines qui précèdent des guanines au niveau de régions riches en
dinucléotides CG et appelés ilôts CpG.
La méthylation entraîne généralement la répression des gènes.
60 % des promoteurs de gènes possèdent des ilôts CpG (dont la plupart ne sont pas méthylés).
Les jumelles de gauche paraissent plus vielles que leurs sœurs à cause du tabac et d’une histoire d’exposition prolongée au soleil
En effet, de plus en plus de données scientifiques convergent vers l’implication de l’épigénétique dans
plusieurs maladies comme le cancer, le diabète, les allergies, certaines maladies psychiatriques. Le
caractère réversible de l’épigénétique ouvre des perspectives pour le traitement et même la prévention de
ces maladies.
Régulation de la transcription
C'est le point de régulation le plus important et le plus souvent mis à contribution.
a- Rôle des facteurs de transcription
Chez les eucaryotes, les facteurs de transcription sont indispensables au travail de l'ARN polymérase avec
laquelle ils forment le complexe d'initiation de la transcription qui se fixe sur le promoteur.
b- Rôle des éléments de contrôle
Le complexe d'initiation de la transcription n'aboutit pas à une transcription efficace: très peu d'ARN
transcrits. Les séquences régulatrices situées à des distances variables du promoteur permettent alors
d'ajuster le débit de la transcription (Fig. 44).
Le promoteur:
C'est une séquence située en amont, côté 5' du gène, adjacente du site d'initiation de la transcription.
Elle mesure une centaine de pb,
Elle définit le site d'initiation de la transcription et sa direction.
Elle contient le site de fixation de l'ARN polymérase.
Elle peut comporter des séquences régulatrices.
Le promoteur comprend:
- Le promoteur minimal ou TATA box:
Située à -30pb en amant du site d'initiation de la transcription de gènes. Elle est formée de la
séquence consensus: 5' TATA (A/T) A (A/T) 3'. Elle est essentielle au positionnement correct de
l'ARN polymérase II sur le site d'initiation de la transcription en présence de facteurs de
transcription généraux.
- Des séquences consensus régulatrices proximales ou "éléments en amont = upstream elements"
Elles sont reconnues par des facteurs de transcription spécifiques en amont "upstream factors". On
a, par exemple:
Elles permettent l'augmentation de la vitesse de transcription (celle de l'assemblage du complexe
d'initiation).
Les séquences consensus régulatrices distales
Elles sont présentes à des distances très variables du promoteur, en amant, en aval, voire dans un intron du
gène (voire sur l'autre brin d'ADN).
Elles sont reconnues par des "facteurs de transcription spécifiques".
Parmi les séquences consensus régulatrices distales on a:
- Les séquences amplificatrices ou "enhancers" ou amplificateurs: elles activent la transcription de
base (accélèrent l'assemblage du complexe d'initiation).
- Les séquences extinctrices ou "silencers" ou répresseurs: qui la dépriment (ralentissent
l'assemblage du complexe d'initiation).
Les séquences consensus régulatrices distales sont responsables de:
- La spécificité tissulaire de la transcription, ce sont une sorte de mots de passe qui permettent
l'accès de l'ARN pol à certains gènes spécifiques de tissus et qui en régulent l'expression.
- L'ajustement du taux de transcription aux besoins de la cellule
Remarque:
- Les séquences consensus régulatrices distales et proximales sont appelées éléments cis-régulateurs,
les facteurs de transcription spécifiques qui s'y lient sont appelés éléments trans-régulateurs.
- Exp de facteurs de transcription spécifiques: les récepteurs des hormones stéroïdes (comme les
hormones sexuelles) qui se trouve dans le cytoplasme ou dans le noyau et qui sont activés après
fixation de ces hormones. Cette activation leur permet d'activer la transcription des gènes cibles.
Fig. 44
Comment est ce que les facteurs de transcription spécifiques peuvent avoir une influence sur la
transcription alors qu'ils sont loin du promoteur?
La courbure de l'ADN semble permettre aux facteurs de transcription spécifiques déjà liés aux séquences
régulatrices de se lier au complexe d'initiation de la transcription (Fig. 45).
Figure 45
Régulation post-transcriptionnelle
C'est une régulation qui peut se faire rapidement permettant à la cellule de répondre à des modifications
rapides de son environnement.
a- Régulation de la maturation de l'ARN
Les transcrits d'ARN peuvent être épissés de plusieurs façons, ce qui donne des molécules d'ARNm
différentes (Fig. 46).
Figure 46
ARN non codants Petits: small ncRNA comme: microRNA (miRNA), small interfering RNA
(siRNA),
Ils agissent de différentes manières:
- Liaison avec les ARNm empêchant leur traduction en entraînant leur dégradation
- Remodelage de la chromatine: en recrutant des protéines qui provoquent la méthylation de l'ADN
- Contrôle de la transcription: en se liant à des protéines qui peuvent la réprimer.
c- Régulation de la traduction
La traduction de certains ARNm peut être suspendue par des protéines régulatrices qui se lient à des
segments spécifiques de la séquence guide située à l'extrémité 5' de l'ARNm. Cela empêche les ribosomes de
se lier à l'ARNm.
d- Régulation de la maturation et dégradation des protéines
Une maturation de la protéine synthétisée est souvent nécessaire pour qu'elle soit fonctionnelle, par exemple:
- le polypeptide d'insuline doit être coupé pour donner une hormone fonctionnelle.
- Modification chimique de certaines protéines: glycosylation, phosphorylation,…
- Transport de la protéine vers un site particulier
La cellule est capable de réguler la durée de vie d'une protéine en contrôlant sa dégradation.
9. MODIFICATIONS DU MATERIEL GENETIQUE (MUTATIONS)
9.1. Définitions
- Les mutations sont des modifications du matériel génétique des cellules. On distingue:
- Les mutations chromosomiques:
Ce sont les modifications de la structure ou du nombre de chromosomes (elles seront étudiées dans un
chapitre à part).
- Les mutations ponctuelles ou alléliques:
Ce sont les modifications qui touchent une ou plusieurs bases de l'allèle d'un gène. Créant ainsi un allèle
mutant.
Selon le type de cellule touché, on doit distinguer entre
- les mutations germinales qui affectent les gamètes ou les cellules productrices de gamètes; elles
peuvent être transmises à la descendance directe ou aux générations suivantes.
o Si elles ont des effets nocifs sur le phénotype de l'individu, on parle d'anomalie génétique ou de
maladie héréditaire.
o Si elles n'ont pas d'effet nocif, elles participent au polymorphisme génétique des individus
- les mutations somatiques qui affectent les autres cellules et qui peuvent être une cause importante
de cancers.
- C'est une substitution qui, généralement, n'a aucun effet sur la protéine synthétisée (mutation muette).
- Cependant, les mutations synonymes peuvent affecter le devenir de l’ARNm de différentes manières :
* Affecter l’épissage de l’ARN :
Les séquences nommées ESE (Exonic Splicing Enhancer) augmente l’épissage d’un ARN, sa mutation
pourrait diminuer l’affinité des facteurs d’épissage et donc affecter ce dernier.
* Modifier la structure secondaire de l’ARNm : entrainant sa dégradation ou sa traduction.
* Création ou suppression d’un site de fixation de microARN : affectant la demi vie de l’ARN
* Création d’un site affectant l’initiation/élongation de la traduction ou d’un site de pause
ribosomique (affectant l’enroulement d’un domaine de la protéine seul ou avec le domaine suivant de la
protéine).
Mutation faux-sens
Le codon résultant code pour un aa différent de l'ancien. Il a un sens mais qui est erroné. Il peut s'agir de:
Mutation faux-sens conservative
Le nouvel aa est chimiquement similaire à l'ancien:
- Il possède des propriétés très proches de celle de l'ancien aa
- Et/ou, il est situé dans une région qui n'est pas essentielle aux fonctions de la protéine.
Mutation faux-sens non conservative
Les codons touchés codent encore pour des aa et ont donc un sens mais qui est erroné.
Mutation non-sens
Le codon correspondant à un aa est remplacé par un codon STOP. Ceci entraîne un arrêt prématuré de la
traduction et la formation d'un polypeptide plus court que la normale ou même son absence totale. Le plus
souvent ceci aboutit à une protéine non fonctionnelle.
b- Les insertions et les délétions
Les insertions correspondent à l'ajout (insertion) ou la perte (délétion) d'une ou plusieurs paires de
nucléotides dans un gène. Leurs conséquences sont généralement plus désastreuses que les substitutions.
Elles dissocient les codons originaux du message génétique et peuvent entrainer des mutations par décalage
du cadre de lecture quand le nombre de nucléotides insérés ou enlevés n'est pas un multiple de trois
et/ou quand elle se fait à l'intérieur d'un codon. Les nucléotides situés après la modification sont alors
regroupés en des codons erronés. Il en résulte un long faux-sens qui se termine tôt ou tard par un non-sens.
La protéine formée ne sera probablement pas fonctionnelle.
Fig 48
Fig. 50
Fig. 51
Dépurination
L'aflatoxine B1, un puissant cancérigène hépatique (produit par certains champignons proliférant sur
des arachides et le maïs) se fixe sur la G et la dissocie du sucre d'où formation d'un site apurinique.
Il a été remarqué qu'une A se forme en face de ce site. Ceci conduit donc à des transversions GC TA
(Fig. 52).
Des agents provoquant la dépurination existent aussi dans la fumée de tabac et dans les aliments trop
grillés.
Figure 52
F. 10
F. 54
Figure 55
Figure 56
Figure
59
b- Recombinaison homologue
C'est un mécanisme qui se sert de la chromatide sœur pour réparer les cassures double-brin.
C'est une réparation qui est généralement dépourvue d'erreur.
Les déficits dans les systèmes de réparation des cassures double-brins entrainent des cancers variés (ex.
Cancer du sein familial (BRCA1/2), anémie de Fanconi, ataxie télangiectasie…etc.).
10. GENOME DES EUCARYOTES
10.1. Définition du génome
Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu. Chez l'homme il est composé d'environ 3
milliards de pb et il comprend :
- L'ADN des chromosomes nucléaires.
- L'ADN présent hors des noyaux dans les mitochondries :
o Il est petit : 16 559 pb,
o Il code pour des ARNt, des ARNr et des enzymes de la chaine respiratoire,
o très compact et presque sans introns.
o Il se réplique indépendamment de l'ADN des chromosomes.
10.2. Composition du génome
L'ADN nucléaire humain contient environ 19 000 gènes ce qui représente seulement 1% environ du
génome (quand on ne prend que les parties codantes de ces gènes et environ 33% quand on prend aussi les
parties non codantes)
La plus grande partie de l'ADN humain (et des eucaryotes) est donc non codante: séquences répétées
non codantes et ADN "espaceur".