Corrigc3a9 I Questions 1

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Correction du devoir commun : Partie I – Questions

A. Texte littéraire

Mme Lefèvre et sa servante Rose habitent une petite maison en Normandie.

1 Comme elles possédaient un jardin, elles cultivaient quelques légumes. Or, une nuit,
2 on leur vola une douzaine d'oignons. Un fermier d'à côté leur offrit ce conseil : "Vous
3 devriez avoir un chien". […] Pas un gros chien, Seigneur ! Il les ruinerait en nourriture.
4 […] On se mit à sa recherche, mais on n'en trouvait que des grands, des avaleurs de
5 soupe à faire frémir. L'épicier de Rolleville en avait bien un, tout petit ; mais il exigeait
6 qu'on le lui payât deux francs. Mme Lefèvre déclara qu'elle voulait bien nourrir un quin1,
7 mais qu'elle n'en achèterait pas.
8 Or, le boulanger apporta, un matin, un étrange petit animal tout jaune, presque sans
9 pattes, avec un corps de crocodile, une tête de renard et une queue en trompette.
10 Mme Lefèvre trouva fort beau ce roquet immonde, qui ne coûtait rien. […]
11 Il fut installé dans une vieille caisse à savon et on lui offrit d'abord de l'eau à boire. Il
12 but. On lui présenta ensuite un morceau de pain. Il mangea. Mme Lefèvre inquiète,
13 eut une idée : "Quand il sera bien accoutumé à la maison, on le laissera libre. Il
14 trouvera à manger en rôdant par le pays". On le laissa libre, en effet, ce qui ne
15 l'empêcha point d'être affamé. Il ne jappait d'ailleurs que pour réclamer à manger ;
16 mais, dans ce cas, il jappait avec acharnement. Tout le monde pouvait entrer dans le
17 jardin. Pierrot allait caresser chaque nouveau venu, et demeurait absolument muet.
18 Mme Lefèvre cependant s'était accoutumée à cette bête. Elle en arrivait même à
19 l'aimer […]. Mais elle n'avait nullement songé à l'impôt, et quand on lui réclama huit
20 francs, - huit francs, Madame ! - pour ce freluquet de quin qui ne jappait seulement
21 point, elle faillit s'évanouir.
22 Il fut immédiatement décidé qu'on se débarrasserait de Pierrot2. […] On fait piquer
23 du mas3 à tous les chiens dont on veut se débarrasser […].
24 Les deux femmes aperçurent le puits et l'atteignirent […]. Alors Rose, qui pleurait,
25 embrassa Pierrot, puis le lança dans le trou.
26 Elles furent saisies de remords, et elles se sauvèrent en courant.
27 Leur nuit fut hantée de cauchemars épouvantables. Mme Lefèvre rêva qu'elle
28 s'asseyait à table pour manger la soupe, mais, quand elle découvrait la soupière,
29 Pierrot était dedans. Il s'élançait et la mordait au nez. Elle se réveilla et crut l’entendre
30 japper encore. […]
31 Alors elle voulut le revoir, se promettant de le rendre heureux jusqu'à sa mort. Rose
32 proposa : "Si on lui jetait à manger, à ce pauvre chien, pour qu'il ne meure pas comme
33 ça ?". Mme Lefèvre approuva, toute joyeuse ; et les voilà reparties, avec un gros
34 morceau de pain beurré. […]
35 Elles revinrent tous les jours.
36 Or, un matin, au moment de laisser tomber la première bouchée, elles entendirent
37 tout à coup un aboiement formidable dans le puits. Ils étaient deux ! On avait précipité
38 un autre chien, un gros !
39 Rose cria : "Pierrot !" Et Pierrot jappa, jappa. Alors on se mit à jeter la nourriture ;
40 mais, chaque fois elles distinguaient parfaitement une bousculade terrible, puis les cris
41 plaintifs de Pierrot mordu par son compagnon, qui mangeait tout, étant le plus fort. […]
42 Les deux femmes se regardaient ; et Mme Lefèvre dit : "Je ne peux pourtant pas nourrir
43 tous les chiens qu'on jettera là-dedans. Il faut y renoncer".
1
Epreuve commune série Générale
44 Et elle s'en alla, emportant même ce qui restait du pain qu'elle se mit à manger en
45 marchant. Rose la suivit en s'essuyant les yeux du coin de son tablier bleu.

D'après « Pierrot » dans Les Contes de la Bécasse,


Guy de Maupassant, 1882
1
« Chien », qui se prononce quin en Normandie.
2
C’est le nom du chien.
3
« Piquer du mas » signifie emmener les chiens dans un puits profond de vingt mètres pour
les y laisser mourir.

B. Image

Je ne porte pas de fourrure, 2008


©Fondation Brigitte Bardot

Grammaire et compétences linguistiques (18 points)

Toutes les réponses mal formulées (phrases incomplètes ou incorrectes) sont sanctionnées
d’au moins un demi-point par réponse. Il y a 13 réponses, fais le calcul de tous les points que
tu perds en ne prenant pas le soin de faire des phrases correctes !

1. a) Quel temps est utilisé dans la première phrase ? Pourquoi l’auteur utilise-t-il
ce temps ? (3 points)
Le temps utilisé dans la première phrase est l’imparfait : Comme elles possédaient un
jardin, elles cultivaient quelques légumes. Il est employé car il s’agit d’une description
du contexte. Cette phrase ne fait pas avancer l’histoire, ce n’est pas une action
ponctuelle (qui arrive une seule fois à un moment précis). Elle est à l’arrière-plan.

b) Quel temps est utilisé dans la phrase suivante ? Pourquoi ce changement ?


(3 points)
Le temps utilisé dans la phrase suivante est le passé simple : Or, une nuit, on leur vola une
douzaine d'oignons. C’est une action brève et ponctuelle (elle arrive une seule fois : une
2
Epreuve commune série Générale
nuit), qui fait avancer l’histoire (c’est à la suite de ce vol que les femmes vont acquérir un
chien). Elle est au premier plan.

2. Comparez l’emploi du pronom « on » dans les deux phrases suivantes : « on


leur vola » (l.2) et « on se mit à jeter » (l.39). (2 points)
Dans « on leur vola », « on » est un pronom impersonnel : on ne connaît pas la ou les
personnes qu’il désigne. Dans « on se mit à jeter », « on » désigne les deux femmes.

3. « Mme Lefèvre rêva qu'elle s'asseyait à table pour manger la soupe, mais,
quand elle découvrait la soupière, Pierrot était dedans. Il s'élançait et la mordait
au nez. Elle se réveilla et crut l’entendre japper encore. […] Alors elle voulut le
revoir, se promettant de le rendre heureux jusqu'à sa mort. »
Réécrivez ce passage en remplaçant « Mme Lefèvre » par « je » et en utilisant le
présent de l’indicatif. Faites toutes les modifications nécessaires. (10 points)
Je rêve que je m’assois à table pour manger la soupe, mais, quand je découvre la soupière,
Pierrot est dedans. Il s’élance et me mord au nez. Je me réveille et crois l’entendre japper
encore.
Alors je veux le revoir, me promettant de le rendre heureux jusqu’à sa mort.
Chaque transformation bien effectuée rapporte un point. Attention : les fautes de copie
enlèvent des points, concentre-toi !

Compréhension et compétences d’interprétation (32 points)

4. Lignes 8 à 10 :
a) Que pouvez-vous dire de la description de Pierrot ? Vous vous appuierez
sur des éléments précis du texte. (4 points)
« Or, le boulanger apporta, un matin, un étrange petit animal tout jaune, presque sans
pattes, avec un corps de crocodile, une tête de renard et une queue en trompette. Mme
Lefèvre trouva fort beau ce roquet immonde, qui ne coûtait rien. »
On peut relever les adjectifs : ils sont négatifs voire péjoratifs (étrange, immonde) et
mettent en valeur la fragilité de l’animal (petit). On peut remarquer aussi que l’animal est
difforme (presque sans pattes, queue en trompette) et hybride (= croisement de plusieurs
espèces) : corps de crocodile, tête de renard. Il rappelle les chimères et fait penser
globalement à un monstre.

b) Pourquoi Mme Lefèvre le trouve-t-elle « fort beau » ? (2 points)


Mme Lefèvre trouve le roquet « fort beau » car il « ne coûte rien » bien qu’il soit en réalité
« immonde ». Sa vision est donc déformée par son intérêt financier.

5. Le chien remplit-il correctement sa « mission » ? Justifiez en citant le texte. (2


points)
Le chien ne remplit pas correctement sa mission. En effet, il laisse les inconnus rentrer dans
le jardin, leur témoigne de l'affection et ne jappe pas comme le montrent les lignes 16-17 :
« Tout le monde pouvait entrer dans le jardin. Pierrot allait caresser chaque nouveau venu, et
demeurait absolument muet. »

6. Pourquoi Mme Lefèvre décide-t-elle de s’en séparer ? (2 points)

Mme Lefèvre décide de se séparer du chien car elle ne veut pas payer les huit francs d’impôt
(l.19-22).
3
Epreuve commune série Générale
7. Que révèle la phrase suivante de l'état d'esprit de Mme Lefèvre : « Et elle s'en
alla, emportant même ce qui restait du pain qu'elle se mit à manger en
marchant. » (l.44) ? (2 points)
Cette phrase est la dernière de l’extrait, elle est donc particulièrement mise en valeur ici : c’est
ce que l’on retient en dernier. Elle montre que Mme Lefèvre est plus préoccupée par ses
besoins (elle mange et rentre chez elle) que par la vie de son animal. Elle semble égoïste,
comme le souligne l’adverbe « même ».

8. Quel est finalement le principal défaut de Mme Lefèvre ? Vous justifierez votre
réponse par des citations variées. (4 points)
Pour avoir une idée des citations valables pour cette réponse, regarde les mots surlignés dans
le texte.
Le principal défaut de Mme Lefèvre est l'avarice :
- elle choisit ce chien pour son petit prix et non pas pour sa beauté ou ses qualités
de gardien : « Mme Lefèvre trouva fort beau ce roquet immonde, qui ne coûtait rien. »
(l.10)
- elle n'est pas prête à dépenser pour avoir un gros chien : « Pas un gros chien,
Seigneur ! Il les ruinerait en nourriture. » (l.3)
- elle se sépare du chien et lui inflige un châtiment cruel pour ne pas payer l’impôt
de huit francs : « Mais elle n'avait nullement songé à l’impôt, et quand on lui réclama
huit francs, - huit francs, Madame ! - pour ce freluquet de quin qui ne jappait seulement
point, elle faillit s'évanouir. Il fut immédiatement décidé qu'on se débarrasserait de
Pierrot » (l.19-22).

9. Ce texte est-il réaliste, fantastique ou merveilleux ? Justifiez votre réponse. (4


points)
Ce texte est réaliste car il représente la réalité telle qu'elle est :
- il n’est pas édulcoré, contrairement aux contes : on y trouve de la violence, du cynisme et
une fin négative
- il n’y a pas d’événements surnaturels, contrairement au fantastique
- les éléments du texte sont vraisemblables : les expressions (quin), le toponyme (Rolleville),
la description du milieu social et de la campagne, les péripéties banales le montrent.
Ce texte est également réaliste car il vise à dénoncer un aspect de la société en le mettant
en valeur : il y a une morale implicite (= c’est au lecteur de la deviner) à la fin, contrairement
à la fable où la morale est explicite (= elle est écrite).

10. Que pensez-vous de l'attitude de ces deux femmes ? Justifiez votre réponse
par des arguments précis. (6 points)
Dans les questions où l’on te demande ton avis, garde en tête ces points de méthode :
- Un avis n’est pas une description (mauvais exemple : Mme Lefèvre achète un roquet
mais après elle l’abandonne).
- Un avis doit être soutenu par des arguments.
- Un argument doit être soutenu par une citation correctement insérée (guillemets et
ligne).
Exemple de réponse :
Mme Lefèvre semble être une personne égoïste parce qu’elle fait passer ses intérêts
financiers avant la vie d’un autre être vivant (Je ne peux pourtant pas nourrir tous les chiens
qu'on jettera là-dedans. Il faut y renoncer l.43). De plus, elle n’assume pas ses
responsabilités suite à l’acquisition de cet animal (Quand il sera bien accoutumé à la
4
Epreuve commune série Générale
maison, on le laissera libre. Il trouvera à manger en rôdant par le pays l.13-14).
Rose a une attitude plus empathique mais on regrette qu’elle ne tienne pas tête plus
fortement à Mme Lefèvre, elle semble trop soumise à son employeuse (Rose la suivit en
s'essuyant les yeux du coin de son tablier bleu l.45 : elle pleure mais la suit tout de même).

11. Quels rapprochements pouvez-vous faire entre le texte et l’image ? Pour


répondre à cette question, vous ferez une description précise de l’image et vous
demanderez quelles réactions ces deux documents veulent provoquer chez le
lecteur ou spectateur. (6 points)
Comme l’indique la consigne, il faut ici procéder en plusieurs étapes :
- décrire l’image
- se demander quel est l’effet sur le lecteur ou spectateur
- la comparer avec le texte (similarités et différences)

Description
L’image à l’étude est une affiche publicitaire datant de 2008, qui fait partie d’une campagne
contre la violence animale lancée par la Fondation Brigitte Bardot. On y voit une femme
habillée de manière « tendance » qui s’exclame : « Je suis une victime de la mode, tout
comme vous ! ». A l’arrière-plan, on voit un abattoir avec des cadavres d’animaux. Le
slogan de la publicité dénombre la quantité de lapins tués pour leur fourrure par vêtement
produit.

Comparaison entre texte et image


Similarités
Les deux documents visent à représenter la réalité telle qu’elle est, contrairement au
merveilleux. Il s’agit de dénoncer les travers de la société en montrant la violence animale
afin de susciter l’indignation et la tristesse chez les spectateurs ou les lecteurs dans l’espoir
de modifier les comportements envers les animaux.
Différences
Le texte est un extrait d’une nouvelle et l’image vient d’une campagne publicitaire. La
cause de la violence animale est différente : le rapport à l’argent est dénoncé par le texte et
le rapport à l’apparence (la mode) est dénoncé par l’image.

Pour aller plus loin


On peut noter le second degré du slogan ; il est ironique. Il y a un jeu de mots sur le mot
« victime » qui désigne les lapins dans son sens normal mais qui est utilisé sous forme
d’expression (« une victime de la mode ») par la jeune femme. Or, ici, la jeune femme est
l’opposé d’une victime, comme le montrent l’expression de son visage, sa position et l’arme
qu’elle tient à la main (un couteau).

5
Epreuve commune série Générale

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