Article 5 - CADHD-DD - N°79 Vol 3 - Alexis LISIMO SAYA
Article 5 - CADHD-DD - N°79 Vol 3 - Alexis LISIMO SAYA
Article 5 - CADHD-DD - N°79 Vol 3 - Alexis LISIMO SAYA
Par
RESUME
Publiée au Journal officiel de la RDC le 18 octobre 2016, la loi organique n° 16/027
du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif est entrée en vigueur depuis le 19 novembre 2016,
soit 30 jours à compter de cette première publication. Mais l’effectivité dans
l’application de certaines dispositions de ladite loi a pris énormément du retard,
notamment en ce qui concerne la fixation des ressorts territoriaux et des sièges
ordinaires des Cours administratives d’appel et des Tribunaux administratifs par voie
de décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres. Ce silence ne pouvait
que susciter de l’inquiétude pour savoir s’il s’agit d’une incapacité ou d’une mauvaise
foi.
Sans répondre à cette question, il s’agit plutôt d’un constat qui pousse à la réflexion
contributive pour endiguer cette carence. Le présent article propose plutôt la mise en
œuvre d’un processus évaluatif des différents préalables indispensables pour
l’effectivité des juridictions administratives inférieures et invite l’autorité
réglementaire compétente à la prise du décret tant attendu et dont l’étude en donne un
modèle assis sur la cartographie générale du territoire national.
Mots-clés : Conseiller référendaire, Cour administrative d’appel, Juridiction
administrative, Magistrat assis, Magistrat débout, Ressort territorial,
Siège ordinaire, Système dualiste, Système mixte, Tribunal administratif
SUMMARY
Published in the Official Journal of the DRC on October 18, 2016, organic law no.
16/027 of October 15, 2016 on the organization, jurisdiction and operation of
administrative order jurisdictions has been in force since November 19, 2016, i.e. 30
days from this first publication. However, the effective application of certain provisions
of the aforementioned law has been enormously delayed, particularly with regard to the
determination of the territorial jurisdictions and ordinary seats of the Administrative
Courts of Appeal and the Administrative Tribunals by means of a Prime Ministerial
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inferieures de la République Démocratique du Congo. Incapacité ou mauvaise foi ?
decree deliberated in the Council of Ministers. This silence was bound to give rise to
concern as to whether it was a question of incapacity or bad faith.
Without answering this question, it is rather an observation that prompts
contributory reflection to stem this deficiency. This article proposes the implementation
of an evaluation process of the various prerequisites for the effectiveness of lower
administrative jurisdictions, and invites the competent regulatory authority to issue
the long-awaited decree, a model of which is provided in this study, based on the general
mapping of the national territory.
Keywords: Conseiller référendaire, Cour administrative d'appel, Juridiction
administrative, Magistrat assis, Magistrat débout, Ressort territorial,
Siège ordinaire, Système dualiste, Système mixte, Tribunal administratif
INTRODUCTION
L’institution constitutionnelle d’un ordre de juridictions administratives en
République Démocratique du Congo (RDC) est à considérer, à juste titre,
comme un choix optatif parmi tant d’autres. En effet, il existe à travers le
monde plusieurs systèmes juridictionnels, dont le système moniste1, le système
dualiste2 et le système mixte3.
Les systèmes retenus dans les textes constitutionnels antérieurs de la RDC
furent d’abord celui dit « moniste », ensuite le système mixte. Dans le système
mixte, il est organisé des juridictions administratives (ou sections
1 Le système moniste est celui selon lequel « le règlement juridictionnel des contestations juridiques,
sans distinction quant au droit applicable ou quant à la qualité des justiciables est exclusivement de la
compétence des Cours et tribunaux » (R. ANDERSEN, « Du pouvoir judiciaire. Commentaire des
articles 144, 145 et 146 de la Constitution belge », voir M. VERDUSSEN (dir.), La Constitution
belge. Lignes & entrelignes, Bruxelles, Le CRI Edition, 2004, p.322).
On entend par-là, « un système dans lequel toutes les contestations juridiques, y compris celles mettant
en cause les pouvoirs publics, sont confiées à un seul juge, en l'espèce le juge judiciaire » (R.
ANDERSEN, ibidem).
2 Le système dualiste, qui est d’application notamment en France et, actuellement, en
République Démocratique du Congo, est caractérisé par la dualité de juridictions ; c’est un
système selon lequel, « il existe deux catégories (dites : « ordres ») de juridiction : - des juridictions
administratives, dont la juridiction suprême est le Conseil d'Etat, chargées de connaitre de la plupart
des litiges dans lesquels sont en cause l'Etat ou les autres collectivités publiques ; - des juridictions
judiciaires, pour le reste, dont la juridiction suprême est la Cour de cassation » (S. GUINCHARD et
G. MONTAGNIER (dir.), Lexique des termes juridiques, 15e éd., Paris, DALLOZ, 2005, p.250.)
En droit français, « Les conflits de compétence pouvant surgir entre les deux ordres de juridictions sont
tranchés par le Tribunal des conflits » (R. GUILLIEN et J. VINCENT, loc.cit.). Pour le cas de la
RDC, la compétence pour trancher les conflits de compétence entre la Cour de cassation et le
Conseil d’Etat relève de la Cour constitutionnelle (article 161, alinéa 4, de la Constitution).
3 Par système mixte, à l’instar de celui en vigueur en RDC avant la Constitution du 18 février
2006, c’est le système qui organise des sections administratives à l’intérieur des juridictions
judiciaires.
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parce qu’en 2008 déjà, un avant-projet de la loi organique sur les juridictions de l’ordre
administratif avait été déposé devant les Chambres parlementaires. C’est sur la base de cet
avant-projet que nous avions pu orienter la réflexion sur le thème de la « Cassation en matière
administrative », thème abordé dans un mémoire de Diplôme d’Etudes Supérieures défendu en
2013 à l’Université de Kinshasa.
10 Pour la concrétisation effective de certains processus organisationnels prévus dans la loi
organique sur les juridictions de l’ordre administratif, l’attention sera focalisée sur les articles
13 ; 44, alinéa 4 ; 60, alinéa 2 et 69, alinéa 3, de la loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016
portant organisation, compétence et fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif.
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Ces articles disposent respectivement ce qui suit : « Sauf pour le Conseil d’Etat, le ministre ayant
la justice dans ses attributions peut établir, pour toutes les juridictions, des sièges secondaires dans la
même localité ou les localités de leurs ressorts autres que celles où sont établis leurs sièges ordinaires »
(article 13) ; « Le statut du Conseiller référendaire près le Conseil d’Etat est fixé par décret du Premier
ministre délibéré en Conseil des ministres » (article 44, alinéa 4) ; « Le ressort et le siège ordinaire de
la Cour administrative d’appel sont fixés par décret du Premier ministre délibéré en Conseil des
ministres » (article 60, alinéa 2). Aussi, « Le ressort et le siège ordinaire des Tribunaux administratifs
sont fixés par décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres » (article 69, alinéa 3).
11 On peut s’interroger sur ce qui reste de ce pouvoir réglementaire du Premier ministre lui
reconnu par l’article 44, alinéa 4, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif,
car l’arrêt R. Const. 309 de la Cour constitutionnelle a totalement anéanti ce pouvoir.
En effet, saisi par voie de recours, pour l’examen de sa conformité à la Constitution, de la loi
organique sur les juridictions de l’ordre administratif, le juge constitutionnel a décidé,
tranchant que « par respect du principe de la séparation des pouvoirs, l’article 44 [alinéa 4] doit être
compris au sens de la soumission des conseillers référendaires au statut des magistrats, lequel est porté
par une loi organique, plutôt qu’à un statut édicté par le Premier ministre, Chef du Gouvernement ».
Au vu de la conformité sous réserve de l’article 44, alinéa 4, de la loi organique sur les
juridictions de l’ordre administratif, le pouvoir de fixation du statut des Conseillers
référendaires au Conseil d’Etat n’appartient plus au Premier Ministre tel que l’avait voulu le
législateur de ladite loi organique.
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savoir, la fixation des ressorts territoriaux et des sièges ordinaires des Cours
administratives d’appel et ceux des Tribunaux administratifs. Cette carence
interpelle et nous a conduit à l’interrogation pour savoir si ce comportement
pouvait-il s’analyser en une incapacité ou à la mauvaise foi de la part de
l’exécutif national dont le Premier Ministre en est le chef ?
Que cette carence soit-elle analysée, à tort ou à raison, en une incapacité ou
à la mauvaise foi de la part de cette autorité exécutive, la solution idoine à cette
problématique ne peut être envisagée que lorsqu’il est mis en exergue les
préalables nécessaires et indispensables à la matérialisation de ces missions
aussi importantes (A). Aussi, il serait plutôt intéressant, après avoir relevé ces
préalables, d’envisager quelques propositions idoines et pragmatiques en
guise de contribution de notre part, soit-elle modeste (B).
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12 Article 70, alinéa 1er, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
13 Article 70, alinéa 2, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
14 Article 71, alinéa 2, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
15 Article 71, alinéa 3, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
16 Article 71, alinéa 1er, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
17 Article 61 de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
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18 Article 37, alinéa 1er, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
19 Article 39, alinéa 1er, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
20 Article 68, alinéa 1er, de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
21 Article 73 de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif.
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22 Sincérité oblige, il faut préciser que ce travail fut réalisé depuis l’année 2017 dans le cadre de
nos fonctions assumées au sein d’une institution de la République, mais nous avons perdu de
vue quant à l’identité de l’auteur et quant à l’intitulé de l’ouvrage exploité, et dans lequel est
suffisamment étalée la cartographie générale du territoire de la République. Ainsi, nous
présentons toutes nos excuses au lecteur du présent article.
23 En ce sens, Gérard CORNU, et alii, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, 10e édition
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24 L’ordre alphabétique des noms des provinces qui est pris en compte dans le présent travail
procède du qualificatif « Province » collé au nom de chaque province, suivie de l’article défini,
« de » selon que le nom de la province s’écrit au masculin, ou au féminin. Province du….
(exemple, Province du Kwango) ; Province de la…. (exemple, Province de la Mongala) ;
Province de l’…. (exemple, Province de l’Ituri), etc.
Cela n’exclut pas de suivre aussi l’ordre tel qu’établi à l’article 2, alinéa 2, de la Constitution.
Mais cette disposition constitutionnelle n’a pas tenu compte de l’ordre alphabétique
relativement aux dénominations des Provinces. Aux termes de l’alinéa 1er de l’article 2 de la
Constitution, « La République Démocratique du Congo est composée de la ville de Kinshasa et de 25
provinces dotées de la personnalité juridique ». L’alinéa 2 aligne ces Provinces comme suit : « Ces
provinces sont : Bas-Uele, Equateur, Haut-Lomami, Haut-Katanga, Haut-Uele, Ituri, Kasai, Kasai
Oriental, Kongo central, Kwango, Kwilu, Lomami, Lualaba, Kasaï Central, Mai-Ndombe, Maniema,
Mongala, Nord-Kivu, Nord-Ubangi, Sankuru, Sud-Kivu, Sud-Ubangi, Tanganyika, Tshopo,
Tshuapa ».
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a) LA VILLE DE KINSHASA
1. Cour administrative d’appel de Kinshasa/Gombe
- Siège ordinaire : Gombe
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Bandalungwa, Barumbu, Bumbu,
Gombe, Kalamu, Kasa-Vubu, Kinshasa, Kintambo, Lingwala, Makala, Mont-
Ngafula, Ngaliema, Ngiri-Ngiri, et Selembao.
2. Cour administrative d’appel de Kinshasa/Matete
- Siège ordinaire : Limete
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Kimbaseke, Kisenso, Lemba,
Limete, Maluku, Masina, Matete, N’Djili, N’Sele et Ngaba.
3. Tribunal administratif de Kinshasa/Gombe
- Siège ordinaire : Gombe
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Barumbu, Gombe, Kinshasa,
Kintambo, Lingwala, Mont-Ngafula, et Ngaliema.
4. Tribunal administratif de Kinshasa/Kalamu
- Siège ordinaire : Kalamu
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Bandalungwa, Bumbu, Kalamu,
Kasa-Vubu, Makala, Ngiri-Ngiri, et Selembao.
5. Tribunal administratif de Kinshasa/Matete
- Siège ordinaire : Limete
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Kisenso, Lemba, Limete, Matete et
Ngaba.
6. Tribunal administratif de Kinshasa/N’Djili
- Siège ordinaire : N’Djili
- Ressort territorial : couvrant les Communes de Kimbaseke, Maluku, Masina,
N’Djili et N’Sele.
b) LES PROVINCES
I. PROVINCE DE L’EQUATEUR
1. Cour administrative d’appel de Mbandaka
- Siège ordinaire : Mbandaka
- Ressort territorial : étendue administrative de la Province de l’Equateur.
2. Tribunaux administratifs de la province de l’Equateur
2.1. Tribunal administratif [de la Ville] de Mbandaka
- Siège ordinaire : Mbandaka
- Ressort territorial :
2.2. Tribunal administratif du [Territoire de………]25
- Siège ordinaire : ……………….
- Ressort territorial :……………..
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V. PROVINCE DE LA TSHUAPA
1. Cour administrative d’appel de Boende
- Siège ordinaire : Boende
- Ressort territorial : étendue administrative de la Province de la Tshuapa.
2. Tribunaux administratifs de la province de la Tshuapa
2.1. Tribunal administratif [de la Ville] de Boende.
- Siège ordinaire : Boende
- Ressort territorial : …………………
2.2. Tribunal administratif du [Territoire de …]29
- Siège ordinaire : ……………..
- Ressort territorial : …………..
VI. PROVINCE DU BAS-UELE
1. Cour administrative d’appel de Buta.
- Siège ordinaire : Buta
- Ressort territorial : étendue administrative de la Province du Bas-Uélé.
2. Tribunaux administratifs de la province du Bas-Uélé
2.1. Tribunal administratif [de la Ville] de Buta
- Siège ordinaire : Buta
- Ressort territorial :…………….
2.2. Tribunal administratif du [Territoire de …]30
- Siège ordinaire : ……………….
- Ressort territorial : …………….
VII. PROVINCE DU HAUT-KATANGA
1. Cour administrative d’appel de Lubumbashi
- Siège ordinaire : Lubumbashi
- Ressort territorial : étendue administrative de la Province du Haut-Katanga.
2. Tribunaux administratifs de la province du Haut-Katanga
2.1. Tribunal administratif [de la Ville] de Lubumbashi.
- Siège ordinaire : Lubumbashi
- Ressort territorial :……………..
2.2. Tribunal administratif du [Territoire de …]31
- Siège ordinaire : ……………….
- Ressort territorial : …………….
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II. Décret fixant les ressorts territoriaux et les sièges ordinaires des
juridictions de l’ordre administratif
Comme nous l’avons dit en ce qui concerne les documents devant être joints
au décret, de même, le Premier ministre conserve son pouvoir discrétionnaire,
car il peut aussi souverainement lever l’option en établissant distinctement
deux décrets. L’un sera consacré exclusivement aux tribunaux
administratifs (Décret n°…du... fixant les ressorts territoriaux et les sièges
ordinaires des tribunaux administratifs) ; tandis que l’autre sera aussi
exclusivement réservé aux Cours administratives d’appel (Décret n°…du…
fixant les ressorts territoriaux et les sièges ordinaires des Cours
administratives d’appel).
Faisant d’une pierre deux coups, la proposition ici faite fusionne les deux
décrets dans un même document.
Modèle : Décret n°…du... fixant les ressorts territoriaux et les sièges
ordinaires des Cours et tribunaux administratifs
Vu la Constitution, telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant
révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo
du 18 février 2006, spécialement en son article 92, alinéas 1, 2 et 4 ;
Vu la Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et
fonctionnement des juridictions de l’ordre administratif, spécialement en ses articles 13 ;
60 et 69 ;
Vu l’Ordonnance n°…….portant nomination d’un Premier Ministre ;
Vu l’Ordonnance n°…………………portant nomination des Vice-Premiers Ministres ; des
Ministres d’Etat, des Ministres, d’un Ministre Délégué et des Vice-Ministres ;
Vu l’Ordonnance n° …………….../….du.....fixant l’organisation, le fonctionnement du
gouvernement et les modalités de collaboration entre le Président de la République et le
Gouvernement ainsi qu’entre les membres du Gouvernement ;
Vu l’Ordonnance n°…….du……. fixant les attributions des Ministères ;
Sur proposition du Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux ;
Le Conseil des Ministres entendu ;
DECRETE :
Article 1 :
Il est créé, dans la Ville de Kinshasa, deux Cours administratives d’appel et, dans
chaque province, une Cour administrative d’appel.
Excepté pour la Ville de Kinshasa, le ressort de la Cour administrative d’appel
couvre l’étendue territoriale de la province.
Article 2 :
Il est créé un tribunal administratif dans chaque Ville et dans chaque Territoire.
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CONCLUSION
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52 Illustrons ces cas de discordance jurisprudentielle en évoquant deux arrêts des Cours d’appel :
l’arrêt RA 536 du 09/10/2021 de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe dont, en cause, Société
Bana Buwa Sarl c/RDC et le Secrétaire Général à l’Urbanisme et Habitat, inédit et l’arrêt ROR
018 du 10/3/2022 de la Cour d’appel de Kinshasa/Matete dont, en cause, Monsieur Godefroid
Mayobo c/RDC et le Ministre de l’Intérieur, en présence du Parti Lumumbiste unifié, « PALU »
en sigle, inédit.
Dans le premier arrêt cité, certes que l’acte mis en cause est l’œuvre d’une autorité
administrative du Pouvoir central, mais c’est l’unique dimension qui paraît avoir orienté la
perception du juge des référés de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, ignorant ou faisant
semblant d’ignorer que la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif a prévu
certains litiges spécifiques relevant de la compétence exclusive du Tribunal administratif et ce,
quel que soit le niveau de l’autorité administrative impliquée dans ces litiges. Il s’agit des
litiges ou des contentieux spécifiques prévus aux articles 110 à 115 de la loi organique sur les
juridictions de l’ordre administratif.
Dans le second arrêt rendu par le juge des référés de la Cour d’appel de Kinshasa/Matete, pour
l’essentiel, on note dans la partie dispositif que « le juge des référés en demande de référé-liberté se
déclare matériellement incompétent pour statuer sur la présente requête ». Cette partie du dispositif
est justifiée par le motif selon lequel, « la décision mise en cause est celle contenue dans la lettre n°
[…] de Monsieur le vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires
coutumières dont la compétence relève du Conseil d’Etat et, par conséquent, la requête en référé-liberté
devrait être introduite devant cette instance ».
Saisi en appel sous RORA 026 et, statuant par évocation, le juge des référés du Conseil d’Etat
a fait droit à la requête de la Société Bana Buwa à travers l’ordonnance rendue le 12 novembre
2021. De même, saisi aussi en appel sous le RORA 037 et, statuant par évocation, le juge des
référés du Conseil d’Etat a fait droit à la requête de Monsieur Godefroid Mayobo, à travers
l’ordonnance rendue le 13 mai 2022.
Faut-il rappeler que devant le premier juge, le requérant avait insisté sur la nature de ce litige
principal, en l’occurrence un litige consécutif à sa désignation au titre du Secrétaire Général
Chef du Parti Lumumbiste Unifié, litige dont la compétence est déterminée à l’article 112 de la
loi organique des juridictions administratives, mais le premier juge n’en a même pas fait la
moindre allusion dans la partie motivation de l’ordonnance en cause, ne serait-ce que pour
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inferieures de la République Démocratique du Congo. Incapacité ou mauvaise foi ?
Il faut avouer que pour arriver à l’étape de l’édiction du décret tant attendu,
l’évaluation à faire pour retenir les villes ou les territoires où seront installés les
Cours et tribunaux administratifs n’est pas aussi simpliste qu’on peut le croire ;
c’est un travail aussi ardu qui fera intervenir certaines technicités et des
méthodologies appropriées afin d’atteindre les résultats escomptés. Il faut
nécessairement faire un premier pas.
Une autre compétence qui n’a pas tiré trop d’attention est celle reconnue au
Ministre ayant la justice dans ses attributions, qui peut établir, pour toutes les
juridictions, excepté pour le Conseil d’Etat, des sièges secondaires dans la
même localité ou les localités de leurs ressorts autres que celles où sont établis
leurs sièges ordinaires. En cela, le pouvoir du ministre ayant la justice dans ses
attributions est secondaire ou subsidiaire. Il ne peut établir des sièges
secondaires que lorsqu’il existe des sièges ordinaires préalablement établis par
Décret du Premier Ministre délibéré en Conseil des ministres.
Cependant, celle compétence pour l’établissement des sièges secondaires
d’une juridiction s’exprime en termes de faculté laissée au Ministre ayant la
justice dans ses attributions ; c’est dire que les sièges secondaires ne peuvent
être établis dans une même juridiction qu’en fonction des contraintes liées
notamment au besoin de désengorgement de la juridiction ou à celui de
rapprocher les justiciables du juge.
Ainsi, pour les Cours et tribunaux administratifs, les sièges secondaires
d’une juridiction administrative seront établis en fonction du décret du Premier
ministre fixant leurs ressorts territoriaux ainsi que leurs sièges ordinaires
rejeter ces conclusions en motivant un tel rejet. Par cette façon de faire, le premier juge n’a
donné aucune réponse adéquate, ni aux conclusions de Monsieur Godefroid Mayobo visant la
disposition idoine applicable et précisant la nature du litige concerné par la décision contenue
dans la lettre n°25/CAB/VPM/MININTERSEDECAC/118/ 2002 du 14 février 2022 de
Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et
Affaires Coutumières.
Bien plus, ce juge a foulé au pied en méconnaissant la décision du Conseil d’Etat qui a pourtant,
avec toute l’attention voulue, tranché sur la délicate question de la compétente transitoire des
Cours d’appel, en attendant l’installation effective des juridictions de l’ordre administratif. Il
s’agit d’une décision de principe, fondée sur les dispositions de la Constitution congolaise ainsi
que les dispositions transitoires et finales de la loi organique n°13/011-B d u 11 avril 2013
portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
De ce fait, le juge des référés du Conseil d’Etat a fait meilleure application de l’opinion du
Conseil d’Etat telle qu’émise par son Premier président : « C’est donc à titre transitoire que la Cour
d’appel, juridiction de l’ordre judiciaire, exerce les compétences dévolues aux cours administratives
d’appel et aux tribunaux administratifs par la Loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif
et ce, au premier degré, en application de l’article 224 de la Constitution et des articles 154 et 155 de la
Loi organique sur les juridictions de l’ordre judiciaire » (Félix VUNDUAWE te PEMAKO,
« Discours de la rentrée judiciaire 2021-2022 », Conseil d’Etat, Cellule de Communication et
Presse, édition spéciale, novembre 2021, p. 3).
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AINSI QUE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
respectifs. De ce fait, c’est dans la même localité que seront établis des sièges
secondaires d’une même juridiction, sinon ce sera dans les autres localités du
ressort territorial de cette juridiction, localités autres que celle où est établi son
siège ordinaire. En principe, les sièges ordinaires des Cours et tribunaux
administratifs seront établis dans les chefs-lieux des entités territoriales
prévues dans la loi organique : les provinces et la ville de Kinshasa (pour les
Cours administratives d’appel) ; et la ville de Kinshasa, les villes et les
territoires (pour les tribunaux administratifs).
En définitive, en rédigeant cet article, nous ignorons complétement
l’évolution atteinte et les dispositions qui seraient prises, dans l’entretemps,
par les acteurs principalement concernés. Avec la charge qu’il a au quotidien,
le Premier ministre ne saurait, ex officio, dénicher à travers les différents textes
de loi, les charges qui lui sont dévolues quant à l’exécution de certaines
dispositions de ces textes législatifs. Il faut donc que les collaborateurs
apportent leur concours en prenant les initiatives en termes des projets, qui
seront ensuite soumis à son appréciation ; l’initiative peut provenir aussi de la
plus haute juridiction administrative, le Conseil d’Etat, dont l’effectivité est de
mise et, pourquoi pas, des autres organes tels que le Conseil supérieur de la
magistrature, qui doit déjà, à ce jour, avoir engrangé un lot important des
dossiers de candidats magistrats devant prester au sein de ces mêmes
juridictions administratives, dont l’effectivité demeure encore en souffrance.
Toutefois, il ne sert à rien de mener une réflexion de ce genre si l’acteur
principal ne peut en prendre connaissance. C’est pourquoi, une fois publié et,
si Dieu nous prête vie, un exemplaire du présent article sera régulièrement
transmis au Premier ministre, avec ampliation au Président du Conseil
supérieur de la magistrature ainsi qu’au Premier président du Conseil d’Etat.
Peut-être que cette modeste contribution pourrait utilement booster le
processus de l’installation effective des Cours et tribunaux administratifs à
travers le territoire national et ce, pour le bonheur de tous les justiciables ainsi
que des autorités administratives.
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