Introduction Générale
Introduction Générale
Introduction Générale
1
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, Université de Yaoundé II, 2020, p. 4.
2
Nous pouvons citer :
- Les fautes de gestions ;
- Les détournements de derniers publics ;
- Le non versement des fonds au trésor public ;
- L’absence des états d’émargement. Cette incohérence managériale a par exemple été relevée dans le cas
de l’arrêt no 72/AD/CSC/CDC/S2 du 29 septembre 2011 (commune urbaine de Garoua pour l’exercice
2004) ;
- La comptabilité de fait relevée également dans l’arrêt n o 118/P/S2 du 6 septembre 2012 (communauté
urbaine de Yaoundé pour l’exercice 2007) ;
- Le retard dans la production des comptes dans l’arrêt n o 187/D/S2 du 22 novembre 2012, compte de
gestion de la commune urbaine de Douala pour l’exercice 2009.
3
MAGNET (Jacques), Éléments de comptabilité, Paris, LGDJ (3e éd.), Coll. Système-Finances Publiques, 1996,
p. 11.
4
CHARTIER (Jean – Louis), « Les collectivités locales et la corruption », RFFP, no 69, 2000, pp. 87-94.
perte significative des fonds devant servir au financement des politiques publiques locales. Il
apparaît donc plus qu’impératif, que la collectivité satisfasse au mieux les besoins de la
population vivant sur son territoire. Cet objectif passe non seulement par l’amélioration de la
gestion financière de la collectivité, mais davantage par la pratique d’un contrôle dynamique 5
et efficace. Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun soulève plusieurs interrogations. Malgré les avancées
législatives et institutionnelles, les défis majeurs subsistent en termes de gestion financière
locale. Les dysfonctionnements budgétaires, la corruption, l’inefficacité administrative et le
manque de transparence sont autant de maux qui entravent la bonne gouvernance locale. De
plus, les mécanismes de contrôle existants, qu’ils soient internes ou externes, peinent souvent
à remplir pleinement leur rôle, en raison de contraintes institutionnelles, logistiques et
humaines. L’amélioration de la gouvernance des finances
publiques en général, et de celles locales particulier y reste primordiale. Elle a pour
corollaires, la protection des finances publiques à travers l’impulsion d’une dynamique
d’adoption des mesures économique, juridique et politique sur les principes fondamentaux de
la transparence et de la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. À
l’analyse, l’adoption de ces mesures au Cameroun constitue primo, une manifestation des
réformes auxquelles notre administration publique est soumise ; secundo, une résultante de la
nécessité et surtout de l’obligation d’arrimer fondamentalement les finances publiques
camerounaises aux exigences de la nouvelle gouvernance financière publique. Cette dernière
est une approche managériale qui a foncièrement pour objectif la mise en place d’un système
de gestion par performance. À l’observation, les
finances publiques locales camerounaises sont imbibées de cette nouvelle philosophie qui
innerve la gestion publique. Elles « sont le « nerf de la guerre » en ce qu’elles conditionnent
la capacité des collectivités locales à mettre en œuvre les politiques publiques locales »6 et
d’atteindre leurs objectifs7. C’est dire en effet, que les finances publiques sont à la base de
toute action administrative, et aucune activité administrative ne s’exercent sans les finances
publiques8. Sur ces
entrefaites, la présente étude se penche sur la question, et se propose de mener une recherche
5
LEJOUR (Baptiste), Du contrôle budgétaire et financier au contrôle de gestion dans les collectivités locales,
Mémoire de D.E.S.S, Institut d’Études politiques de Lyon, 2003, p. 4.
6
YATTA (Paul François), « La gestion des finances locales en Afrique : Convergence et Divergence des
systèmes », RAFL, éd. 2014, pp. 2-35.
7
OWONA (Joseph), La décentralisation camerounaise, L’Harmattan Cameroun, 2011, p. 62.
8
LAKENE DONFACK (Charles-Étienne), Finances publiques camerounaises, Paris, Berger-Levrault, mars
1987, p. 16.
sur « Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun ». Ainsi, pour mieux l’appréhender, il est plus que nécessaire de procéder à la
construction scientifique de notre étude en mettant un point d’honneur sur les cadres théorique
(I) et matériel (II), ainsi que les axes de ladite étude (III).
I- CADRE THÉORIQUE
A- LE CADRE CONTEXTUEL
1- Le contexte politique
14
Art. 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
15
MONGBAT (Alassa), DJODA (Jean-Marc), « Recherche sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales décentralisées en droit public financier camerounais », IMJST, Vol. 5, 2020, pp. 2203-2217, p. 2203.
16
Ibid.
17
Idem.
on n’anticipe pas sur les risques d’exclusion, de corruption, de confiscation du pouvoir local,
la décentralisation peut simplement signifier transférer les problèmes du niveau central vers le
niveau local sans pour autant les résoudre.
Le Cameroun en général et les CTD en particulier n’ont pas
échappé à cette préoccupation du contrôle car leurs finances ont été confrontées à plusieurs
maux : mauvaise gouvernance et détournements de derniers publics ont sans nul doute
accentué la problématique de la qualité et de l’efficacité des mécanismes de contrôle. Nous
avons encore en mémoire le classement de l’ONG Transparency International, qui a classé le
Cameroun deux fois champion du monde de la corruption18. Notre étude s’insère dans un
contexte politique marqué par des scandales de la corruption, de détournement de derniers
publics et de mauvaise gestion qui se répandent, au sein des régions et des communes comme
une traînée de poudre. C’est pourquoi, le législateur camerounais consacre des modalités de
contrôle de l’exécution du budget des CTD afin de « tordre le cou » aux irrégularités
survenues dans le processus de l’exécution de la dépense publique locale. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle « La fonction de contrôle des finances publiques est devenue un des
standards du droit et de la gestion des finances publiques dans le monde 19 ». En gros, le
contexte politique de cette étude sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au
Cameroun est marqué par les défis persistant en matière de gestion financière et de
gouvernance au niveau local. Dans un
pays où la décentralisation est un pilier de la gouvernance publique, le contrôle efficace de
l’exécution du budget revêt une importance cruciale pour assurer la transparence, la
responsabilité et l’efficacité dans l’utilisation des ressources publiques. Le contexte politique,
économique et institutionnel du Cameroun influence directement les mécanismes et les
pratiques de contrôle budgétaire au niveau des CTD, et met en lumière l’urgence d’une
analyse approfondie de ces processus. La dynamique complexe entre l’État et les collectivités
locales, les ressources financières limitées et la pression croissante pour répondre aux besoins
des populations sont autant de facteurs qui façonnent le contexte dans lequel s’inscrit cette
étude. En comprenant pleinement le contexte spécifique dans lequel s’opère le contrôle de
l’exécution du budget du Cameroun, cette étude vise à fournir des recommandations
pragmatiques adaptées pour renforcer les mécanismes de contrôle et améliorer la gestion
financière des collectivités territoriales décentralisées.
18
Classement de l’ONG Transparency International de 1998 et 1999, « https://issue.com/tranparency-
international/docs »/CPI-1998, 1999. Lire Claude Assira, « Procès et procédures : état de non droit permanent »,
in sous la direction de Charlie Gabriel MBOCK, L’opération épervier au Cameroun, un droit d’injustice, éd.
Kiyikant, octobre 2011, p. 49 et s.
19
MÉDÉ (Nicaise), Finances publiques Espace UEMOA/UMOA, Sénégal, L’harmattan, 2016, p. 323.
2- Le contexte juridique
B- LE CADRE CONCEPTUEL
Émile DURKHEIM affirmait que le chercheur « doit d’abord définir les choses dont il
traite afin que l’on sache et qu’il sache de quoi il est question 26 ». A ce titre, notre sujet repose
sur certains concepts dont la compréhension mérite une définition assez précise afin de donner
sens à leur usage dans le corps de nos développements. Il s’agit précisément des concepts de
contrôle, de l’exécution, du budget et de collectivités territoriales décentralisées,
Le concept de « contrôle » peut être appréhendé sous une double acception, l’une
littéraire (a) et l’autre juridique (b).
a- L’acception littéraire
25
Loi no 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État et des autres entités publiques.
26
DURKHEIM (Émile), Les règles de la méthodologie, Paris, PUF, 1891, p. 34.
des écarts entre prévisions et réalisations »27.
Le concept de « contrôle » dans le cadre de son acception littéraire, semble moins
original et moins adapté dans le cadre de notre étude. C’est la raison pour laquelle, ce concept
mérite une définition juridique plus précise pour la compréhension de notre argumentaire.
b- L’acception juridique
27
Dictionnaire Universel, Hachette (4e éd.), p. 275.
28
GRANDGUILLAUME (Nicolas), Théorie générale du contrôle, Paris, Economica, 1994, 187 p.
29
BENSOUDA (Noureddine), « Efficacité et transparence des finances publiques pour une meilleure offre de
biens pour le citoyen », RFFP, no 100, Novembre 2007, pp. 333 – 336.
30
BESSALA (Alain Georges), Ajustement Structurel et Droit Budgétaire Camerounais : contribution à l’étude
des Droits Budgétaires des États Africains sous Ajustements Structurel, Thèse de Doctorat PhD en Droit Public,
Université de Yaoundé II, 2013-2014, p. 431.
31
Art. 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.
32
Ibid., Art. 15.
MOLINIER relèvent que : « les finances publiques constituent une richesse »33 et, un « moyen
d’action des collectivités publiques »34. Ces ressources sont employées par ces personnes
publiques, pour la satisfaction directe ou indirecte des besoins d’intérêt général, même si à
l’observation du déploiement du secteur public aujourd’hui, l’on peut avoir un sentiment de
corrosion de l’intérêt général35 pourtant inébranlable36. Il faut préciser que le constituant
camerounais de 1996, a consacré deux types de CTD, les régions et les communes.
Contrairement à la commune37, la mise en place de la région se trouve encore dans les sentiers
de la progressivité consacrée par la constitution. Par ailleurs, l’institution communale
demande encore un champ d’investigation juridique particulièrement profond, même si sous
d’autres cieux, certains s’interrogent sur l’avenir de cette dernière.
Le contrôle en clair, renvoie à la vérification des
actes et des documents. M. Gérard CORNU entend par contrôle, une « opération consistant à
vérifier si un organe public, un particulier ou un acte respectent ou ont respecté les exigences
de leurs fonctions ou des règles qui s’imposent à eux. Ex. contrôle fiscal, contrôle de la
régularité d’un compte »38. Dans son acception juridique plus large, le concept de
« contrôle » renvoie à la « vérification de la conformité à une norme, d’une décision, d’une
situation, d’un comportement, etc. »39. Pour l’éminent auteur Michel BOUVIER,
contrôler c’est faire des investigations et mener des recherches sur la sincérité et l’exactitude
d’un fait, d’une pièce ou d’une situation 40. Poursuivant son propos, il précise, qu’il s’agit des
opérations de recherches et d’analyses41. Il parle à cet effet, d’un « contrôle vérification »42.
Sous ce rapport, il faut relever, que la logique de l’assimilation du contrôle à la vérification
semble rencontrer l’adhésion de M. Jean-François FABRE cité par M. Cheickna TOURE 43. Le
chercheur l’appréhende comme une mesure dont la finalité est de s’assurer qu’une chose est
33
GAUDEMET (Paul Marie), MOLINIER (Joël), Finances publiques, Paris, budget / trésor, Tome 1,
Montchrestien (6e éd.), 1992, p. 16.
34
Ibid., p. 17.
35
PONTIER (Jean – Marie), « L’intérêt général existe-t-il encore ? », Recueil Dalloz, 1998, pp. 327 et suivantes.
36
RANGEON (François), « Peut-on parler d’un intérêt général local ? » in La proximité en politique : Usages,
rhétoriques, pratiques, Rennes, PUR, 2005, pp. 45 – 46.
37
PEKASSA NDAM (Gérard Martin), « La classification des communes au Cameroun », RASJ, no 1, Vol. 6,
2009, pp. 229 – 266.
38
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 236.
p. 236.
39
Ibid.
40
BOUVIER (Michel), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ (6e éd.), 2004,
p. 1.
41
BOUVIER (Michel), Les finances locales, Paris, LGDJ (12e éd.), 2013, p. 4.
42
Idem.
43
TOURE (Cheickna), « Le système de contrôle des finances publiques au Mali », Afrilex, no 4,
https://www.afrilex.u-bordeaux4.fr.
bien, telle qu’on l’a déclarée, ou telle qu’elle doit être par rapport à une norme donnée 44. Eu
égard à la clarification du concept de « contrôle », le contrôle de l’exécution du budget peut
donc être appréhendé comme un processus par lequel les autorités compétentes vérifient si les
dépenses prévues dans le budget d’une collectivité territoriale décentralisée sont effectivement
réalisées conformément aux priorités et aux normes établies. Souvent qualifié de « contrôle
de gestion », celui-ci trouve ses fondements au lendemain de la seconde guerre mondiale
suite aux efforts menés par les États-Unis d’Amérique de conduire la guerre à moindre coût et
de maîtriser l’avenir des entreprises45. Aussitôt, il va s’affirmer comme un véritable outil
d’aide à la performance au sein des entreprises et se répandre dans le monde capitaliste. 46
Parallèlement, la nouvelle culture
managériale résultant des réformes internationales au sein des États, appréhende le contrôle de
gestion comme un outil d’aide à la performance qui viendra contribuer à l’efficacité des
politiques publiques47. KHEMAKHEM (1976) met l’accent sur la mobilité des énergies et des
ressources pour atteindre les objectifs fixés par l’entité. De cette réflexion découle la
définition suivante : « le contrôle de gestion est le processus mis en œuvre au sein d’une
entité économique pour s’assurer d’une mobilisation efficace et performante des énergies et
des ressources en vue d’atteindre l’objectif que vise cette entité 48 ». Qu’il s’agisse d’une
organisation publique ou privée, le contrôle de l’exécution du budget est un processus qui vise
à surveiller et à évaluer la mise en œuvre des dépenses prévues dans le budget d’une entité.
Ce processus
comprend différentes activités telles que la vérification des dépenses effectuées par rapport
aux prévisions budgétaires, l’évaluation de la conformité aux règles et aux réglementations en
vigueur, et l’analyse de l’efficacité et de l’efficience des dépenses réalisées. En d’autres
termes, le contrôle de l’exécution du budget permet de s’assurer que les fonds alloués dans le
budget sont utilisés de manière transparente, responsable et conforme aux objectifs fixés. Il
contribue également à détecter les écarts éventuels entre les prévisions budgétaires et la
réalité, ce qui permet d’identifier les problèmes potentiels et de prendre des mesures
coercitives si nécessaire. Le
contrôle de la gestion des finances publiques est un mécanisme indispensable à la bonne au
44
FABRE (Jean-François), Le contrôle des finances publiques, Paris, PUF, 1968, p. 8.
45
TCHATCHOUA NYA (Magloire), NJIKE NGOMESSE (Désirée), KETCHANKEU (Pierre), « Perception des
enjeux du contrôle de gestion dans les municipalités au Cameroun : une approche par le cadre théorique de
l’acteur stratégique ? », FFI, Vol. 1, no 25, 2013, pp. 1-24., p. 3.
46
Ibid.
47
Idem.
48
KHEMAKHEM (Abdellatif), La dynamique du contrôle de gestion, Dunod (2e éd.), 1976.
niveau local. Cela est d’autant plus important, que l’évolution de la situation financière des
CTD se conjugue à la complexification du secteur local 49. Le secteur local en pleine
métamorphose, s’apparente progressivement à un système dont le contrôle et la régulation
deviennent particulièrement malaisés à assurer50. En marge du
concept de « contrôle », le mot exécution qui apparaît dans l’intitulé de notre thème de
recherche mérite d’être défini.
Le concept d’exécution peut être défini sous un double angle. Il peut être défini sous
l’angle littéraire (a) et sous l’angle juridique (b).
a- L’acception littéraire
b- L’acception juridique
49
AKONO OLINGA (André), L’apport de la performance au contrôle des finances locales au Cameroun, Thèse
de doctorat en Droit Public, op.cit., p. 5.
50
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 20.
51
Dictionnaire Universel, op.cit., p. 459.
52
Dictionnaire Larousse, p. 163.
53
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, p. 384.
contrôle des dépenses effectuées pour s’assurer qu’elles sont conformes aux autorisations
budgétaires et aux règles financières en vigueur. Elle peut également impliquer des
ajustements ou des réallocations de fonds en cours d’exercice budgétaire pour répondre aux
besoins changeants ou aux situations d’urgence. L’exécution du budget comporte donc deux
phases, qu’il s’agisse de la dépense ou de la recette publique : la phase administrative et la
phase comptable. Mais avant de parler d’une quelconque exécution, il sied de rappeler que
celle-ci fait, traditionnellement intervenir deux grandes catégories d’acteurs : les ordonnateurs
qui décident de l’opération en recette ou en dépense et les comptables publics qui, procèdent
au recouvrement ou au paiement de ces opérations54.
Afin d’assurer un contrôle de régularité le plus
étendu possible dans la gestion financière publique, les fonctions d’ordonnateur et de
comptable public sont confiées à des autorités différentes dont les compétences sont
strictement délimitées. L’un et l’autre bénéficient, également, d’une indépendance réciproque.
Une finalité et des exigences qui se confondent au sein de ce que l’on nomme le principe de
séparation des ordonnateurs et des comptables publics 55. Les ordonnateurs disposent d’une
compétence particulièrement large dans la mesure où les trois premières opérations de chaque
phase budgétaire relèvent de leurs prérogatives. Seul le maniement des derniers publics leur
est interdit, car réservé aux comptables publics. Ces derniers sont donc les seuls agents
autorisés à manier les fonds publics, aussi bien en recette qu’en dépense. À ce titre, ils ont la
charge de contrôler les ordres de recouvrer et de payer transmis par les ordonnateurs.
Le terme « exécution dans le cadre des finances
publiques locales ne se suffit pas. Il y a lieu de se demander ce que l’on exécute. C’est
pourquoi ce terme mérite d’être complété par la définition du concept de « budget ».
Le concept de « budget » est un mot polysémique qui peut être entendu non seulement
sous l’angle littéraire (a), mais aussi sous l’angle juridique (b).
a- L’acception littéraire
54
« L’exécution des lois de finances », Article disponible en ligne sur
https://www.fallaitpasfairedudroit.fr/finances-publiques/les-finances-de-l-execution-du-budget/66-la-
responsabilite-des-ordonnateurs-et-des-comptables-synth, Consulté jeudi, 21 mars 2024 à 18h18 min.
55
Ibid.
Sous l’angle littéraire, le budget peut être défini comme un « état de prévision des
recettes et des dépenses d’un pays, d’un département, d’une famille, d’un particulier, etc. »56.
Il ressort de cette définition une typologie de budget. Non seulement cette définition du
budget fait référence au budget général de l’État, ce qui a été qualifié de « recettes et dépenses
d’un pays », mais aussi au budget des collectivités locales, au budget familial et au budget
d’une personne physique. Cette définition littéraire du budget semble plus large, c’est
pourquoi, il est judicieux de l’appréhender sous l’angle juridique.
b- L’acception juridique
Dans le cadre juridique, le concept de « budget » peut, être défini au sens formel et au
sens matériel. Formellement, le budget est un « acte par lequel sont prévues et autorisées les
recettes et les dépenses des organismes publics »57. Au sens matériel du terme, il peut être
appréhendé comme l’« ensemble des recettes et dépenses d’un organisme public, autorisées
et effectuées au titre d’une année »58. Le budget peut encore être défini comme un « état
prévisionnel et limitatif des dépenses et des recettes à réaliser au cours d’une période donnée
par une unité économique »59. L’établissement d’un budget implique des choix, puis le
respect de ceux-ci lors de l’exécution, mais au préalable, une information sur l’avenir plus
satisfaisante possible est nécessaire60. La qualité de cette information dépend de la nature de
l’unité économique, de l’horizon temporel dans lequel s’inscrit le budget.
Chaque année, les gouvernements préparent et rendent publics les documents
budgétaires qui vont définir leur action économique et financière 61. Ces documents sont repris
par les médias qui les dissèquent, en font une présentation simplifiée et recueillent les
commentaires de nombreux spécialistes. Des groupes d’intérêt divers vérifient si les mesures
annoncées correspondent aux demandes qu’ils ont faites et prennent position sur la place
publique. S’ils ont une telle couverture de presse et si l’opinion publique est interpellée par les
documents budgétaires, c’est qu’ils expriment clairement le programme d’action d’un
gouvernement, avec les contraintes qui sont les siennes. C’est d’ailleurs ce que soulignait un
premier ministre Québec, René LÉVESQUE : « Un budget réussi, pourvu qu’on sache le lire,
c’est chaque année, la photo la plus précise qu’on peut tirer d’une société, avec tout son pain
56
Dictionnaire de Français Larousse, p. 53.
57
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, op.cit., p. 124.
58
Ibid.
59
SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean-Marie), Lexique d’économie, Dalloz, (11e éd.), 2010, p. 118.
60
Ibid.
61
CLICHE (Pierre), Gestion budgétaire et dépenses publiques, Québec, PUQ, 2009, p. 13.
et tout son beurre62 ».
En fait, le budget est sans doute l’ensemble de documents le plus important publié
annuellement par un gouvernement. Il indique ses priorités, puisque les ressources étant rares,
des choix ont dû être effectués par rapport à de multiples possibilités. Il s’inscrit, ce faisant,
dans une démarche d’imputabilité car les choix étant explicites, une reddition de comptes
devra s’ensuivre. Mais à travers ces documents, il est également possible de voir apparaître
tout le fonctionnement d’un État et la dynamique des rapports entre ses différentes
composantes. De même, si le budget permet de mieux comprendre l’environnement concret
de la gestion publique, il est aussi le reflet de la part de la richesse collective consacrée à la
production de biens et de services publics63.
À la suite du législateur communautaire, à travers les directives du 19
décembre 2011, le législateur camerounais prend le soin d’internaliser et de s’approprier, la
programmation budgétaire comme une nouvelle logique ou stratégie d’élaboration des
budgets des personnes publiques. Cette stratégie nouvelle, qui ne répudie pas totalement la
teneur de l’annualité budgétaire, consacre désormais la programmation budgétaire. Celle-ci
postule l’élaboration des activités et actions des personnes publiques au-delà d’une année
budgétaire, mais dans une limite n’excédant pas trois (3) ans. De même, en dépassement du
principe de l’équilibre budgétaire consacré par l’article 35 64 de la loi du 10 juillet 2009 portant
régime financier des CTD, le législateur camerounais du 11 juillet 2018, consacre désormais
un principe de soutenabilité budgétaire. En effet, tandis que l’équilibre budgétaire se résume
autour de l’interdiction de déficit ou excédent budgétaire, le principe de soutenabilité
budgétaire quant à lui, autorise les personnes publiques à exécuter les budgets déficitaires à
condition de pouvoir assumer les dépenses prioritaires inscrites dans les programmes
budgétaires. Avant même de parler de l’exécution et du contrôle de
l’exécution, le budget des CTD au Cameroun est mis en œuvre par l’étape préalable qu’est
l’élaboration. L’élaboration du budget, du latin « Laborare », qui signifie « travailler »,
l’élaboration du budget des CTD est une étape qui désigne l’ensemble des opérations ou des
activités juridiques préalables à l’exécution du budget des personnes publiques. À cet effet,
l’élaboration du budget des CTD au Cameroun se déroule en trois phase 65 à savoir : la
préparation, le vote ou l’adoption et l’approbation.
62
LEVESQUE (René), Attendez que je me rappelle, Montréal, Québec-Amérique, 525 p.
63
CLICHE (Pierre), op.cit.
64
L’article 35 de la loi no 2009/011 du 10 juillet 2009, portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées dispose à cet effet que : « le budget est voté en équilibre en recettes et en dépenses ».
65
Les phase de l’élaboration du budget des CTD au Cameroun sont : la préparation, le vote ou l’adoption et
l’approbation.
La préparation du budget local est une notion qui
met en exergue deux approches complémentaires : l’une classique et l’autre moderne. Dans
son approche classique, la préparation du budget des personnes publiques consiste à
déterminer les prévisions de recettes et de dépenses d’une personne publique. En revanche, la
conception moderne consacrée en droit positif camerounais par les lois n o 2007/006 du 26
décembre 2007, portant régime financier de l’État, et la loi n o 2018/011 du 11 juillet 2018,
portant régime financier de l’État et des autres entités publiques, consacrent l’élaboration des
programmes comme articulation nouvelle de l’élaboration du budget des personnes publiques.
Il s’agit, au-delà des prévisions de recettes et de dépenses, de déterminer les projets, activités
et action à réaliser par les pouvoirs publics au cours du prochain exercice budgétaire ou
encore durant une période triennale. L’adoption du budget communal ou
régional quant à elle, est une phase qui incombe à l’organe délibérant de chacune des CTD ci-
dessus évoquées. Telle est la teneur de l’article 422 (1) du CGCTD66.
En ce qui concerne l’approbation
du budget des CTD, elle en mise en œuvre par les organes d’approbation tels que, les organes
délibérants des CTD et les autorités de tutelle des CTD. En effet, « le budget de la
Collectivité Territoriale est approuvé par arrêté du représentant de l’État dans un délai de
quinze (15) jours suivant la date de sa réception par celle-ci. Passé ce délai, le budget est
réputé approuvé67 ». Hormis le concept de « budget »,
le concept de « collectivité territoriale décentralisée » qui, apparaît dans l’intitulé de notre
thème de recherche mérite à son tour d’être défini.
66
L’article 422 (1) du CGCTD dispose à cet effet que : « le budget de la collectivité territoriale, est voté, par
l’organe délibérant, au plus tard le 15 Novembre de chaque année ».
67
Art. 426 du CGCTD.
68
SILEM (Ahmed), ALBERTINI (Jean-Marie), Lexique d’économie, op.cit., p. 171.
loi. C’est dans cette perspective que, la loi n o 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi
d’Orientation de la Décentralisation définit les collectivités territoriales comme des personnes
morales de droit public69 jouissant d’une autonomie administrative et financière pour la
gestion des intérêts régionaux et locaux.
Au Cameroun, cela peut inclure les communes, les régions et autres entités
territoriales. Eu égard à cette définition, il ressort qu’au sein d’un État unitaire dont
l’organisation est décentralisée70, comme c’est d’ailleurs le cas du Cameroun, les CTD sont
des circonscriptions administratives dotée de la personnalité morale et de l’autonomie
administrative et financière71. En définissant l’autonomie financière, Monsieur André ROUX
martèle qu’elle « revêt une double dimension. En premier lieu, c’est la reconnaissance d’une
capacité juridique de décision qui, en matière de recettes, implique un véritable pouvoir
fiscal, le pouvoir de créer et, de lever l’impôt et, qui en matière de dépenses implique la
liberté de décider d’affecter les ressources à telle ou telle dépense. En second lieu, c’est la
possibilité pour les collectivités régionales ou locales d’assurer le financement de leurs
dépenses par des ressources propres en volume suffisant 72 ». Pour cet auteur, le pouvoir fiscal
local est d’abord un pouvoir normatif, c'est-à-dire le pouvoir de créer les recettes fiscales. Or,
ce pouvoir de création de recette appartient au Parlement en vertu du principe de la légalité
fiscale. Ensuite, le pouvoir fiscal local est budgétaire, c'est-à-dire le pouvoir de percevoir
l’impôt et de l’utiliser librement. Cette conception extensive du pouvoir fiscal local ne fait pas
l’unanimité en doctrine. La raison semble être simple. Doter les collectivités locales du
pouvoir de créer les recettes fiscales serait une atteinte au principe de la légalité fiscale dans
un État dont la forme revêt un caractère unitaire et décentralisé. C’est pourquoi l’autonomie
financière s’entend pour certains « comme la situation d’une collectivité locale disposant
d’un pouvoir propre de décision et de gestion de ses recettes et des dépenses regroupées en un
budget nécessaires pour l’exercice de ses compétences 73 ». Autrement dit, « l’autonomie
implique un pouvoir fiscal local, accompagné d’un pouvoir budgétaire autonome dotant les
collectivités locales de la capacité de disposer d’un budget propre, distinct du budget général
de l’État, et dont l’exécution se fait indépendamment de toute contrainte extérieure ou
69
Art. 4 (4) de la loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant loi d’Orientation de la Décentralisation.
70
AVRIL (Pierre), GICQUEL (Jean), Lexique de droit constitutionnel, PUF (4e éd.), p. 23.
71
Ibid.
72
ROUX (André), « L’autonomie financière des collectivités locales en Europe », Rapport introductif, AIJC,
2006, p. 499 ; du même auteur, « Le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités
territoriales », RFDA, 1992, Vol. 8, no 3, pp. 435-452.
73
ESSONO OVONO (Alexis), « L’autonomie financière des collectivités locales en Afrique noire francophone.
Le cas du Cameroun, de la Côte-d’Ivoire, du Gabon et du Sénégal », REA, Bordeaux 4, pp. 1-24, p. 2.
précisément de toute influence étatique74 ». Cependant, le pouvoir fiscal local ne serait qu’un
élément du pouvoir budgétaire. L’on peut soutenir cet avis par le fait que le fiscal constitue un
élément du budgétaire. En droit budgétaire, l’impôt constitue une matière budgétaire et une
recette permanente du budget. A l’analyse, l’étude sur le pouvoir budgétaire des collectivités
territoriales se situe dans le vaste champ de la décentralisation financière. En effet, finances
publiques et décentralisation ne s’excluent pas l’une de l’autre. La première constitue la
condition sine qua non de réalisation de la décentralisation. La seconde quant à elle ne peut
être effective que si les collectivités territoriales décentralisées disposent des moyens
nécessaires pour financer le développement local. Pour ce faire, elles ont besoin d’un véritable
pouvoir budgétaire qui constitue une condition de l’autonomie financière 75 et permet la
réalisation de la décentralisation76 . En vertu du principe de subsidiarité 77, le législateur leur
accorde un certain nombre de compétences en matière financière pour gérer les affaires
publiques locales78. C’est au regard de ce principe qu’il est reconnu aux CTD d’exercer
certaines compétences au niveau local dans l’optique de limiter l’intervention de l’État sans
toutefois l’effacer79. Les CTD qui bénéficient de cette
autonomie financière au Cameroun sont de deux types à savoir les régions et les communes 80.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Georges VEDEL affirme que : « Ce n’est pas l’État
qui a changé la vieille société ; c’est la nouvelle société qui a changé l’État 81 ». Nous ne
pouvons envisager aborder ce sujet sans avoir saisi la notion même de décentralisation qui est
74
MONEMBOU (Cyrille), « Le pouvoir règlementaire des collectivités locales dans les États d’Afrique noire
francophone (les cas du Cameroun, du Gabon et du Sénégal) », RC/SJP, no 002/2015, pp. 79-111, p. 97.
75
PHILIP (Loïc), « L’autonomie financière des collectivités territoriales », CCC no 12, Dossier : le droit
constitutionnel des collectivités territoriales – mai 2002, in www.conseil-constitutionnel.fr consulté, le 30
décembre 2023 à 14h59 min.
76
OLIVA (Éric), « La conception de l’autonomie locale, quel contenu ? quelle effectivité ? », G&FP, 2017/no 2,
pp. 13-24, p. 13.
77
Comme on l’a expliqué, « principe d’origine ancienne ayant trouvé son premier essor dans la pensée sociale
catholique, le principe juridique de subsidiarité implique une double obligation qui découle directement de sa
double origine étymologique. Provenant à la fois du terme subsidium, signifiant "renfort, ressource" (idée de
secours), et du terme subsidiarius, signifiant "en réserve" (idée de secondaire), ce principe oblige, d’une part, le
niveau supérieur de compétence à demeurer "en réserve" et donc de laisser intervenir le plus possible les
niveaux inférieurs, et impose d’autre part, à ce niveau supérieur de venir "en renfort" et donc au secours des
niveaux inférieurs dès lors que ceux-ci ne sont plus en mesure d’intervenir », DEROSIER (J.-P.), « « Et au
milieu coule la rivière » : la subsidiarité et la frontière rhénane. Signification juridique, implication possibles et
portées positives de deux articles 72, alinéa 2 : la subsidiarité, entre principe et objectif », in BRISSON (Jean-
François) (dir.), Les transferts de compétence aux collectivités locales, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 91-108, pp.
93-94.
78
DELCAMP (Alain), « Principe de subsidiarité et décentralisation », RFDC, n° 23, 1995, pp. 609-624.
79
PONTIER (Jean – Marie), « La subsidiarité en droit administratif », RDP, 1986, pp. 1515-1537.
80
Art. 2(1) de la loi no 2019/024 du 24 décembre 2019 portant CGCTD ; Art. 55 Al. 1 de la loi constitutionnelle
du 18 janvier 1996.
81
VEDEL (Georges), « Décentralisation et finances locales : clés pour la réflexion », RFFP, no 38, 1992, pp. 9-
13, p. 10.
au cœur du droit budgétaire des collectivités territoriales décentralisée, même si elle n’est pas
un terme clé de notre sujet.
Le concept de décentralisation n’est certes pas identifié dans l’intitulé de notre mémoire,
mais il revêt un intérêt fondamental pour la compréhension de notre argumentaire.
La décentralisation, elle peut être entendue comme un processus par lequel certaines
responsabilités gouvernementales et administratives sont transférées des autorités centrales à
des entités locales, telles que les collectivités territoriales décentralisées, l’objectif étant de
rapprocher la prise de décision des citoyens et de promouvoir le développement local.
Autrement dit, la décentralisation est le « fait de donner le pouvoir de décision, dans la
gestion administrative, à des collectivités territoriales ou à des personnes publiques distinctes
de l’État »82. L’opération constituante amorcée depuis quelques années au Cameroun et qui
s’est achevée avec la promulgation par le Président de la République, de la Loi no 96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972, n’a donné naissance ni à un
État fédéral ni à un « État régional »83.
Le constituant a marqué sa préférence pour un « État unitaire
décentralisé84 ». S’il n’y a pas révolution, il faut cependant reconnaître qu’une évolution
significative a été opérée. L’article 1 er al. 2 de la Constitution du 2 juin 1972 disposait que « la
République du Cameroun est un État unitaire ». Le constituant du 18 janvier 1996 y a ajouté
le qualificatif « décentralisé ». Il s’agit d’une solution de compromis qui renvoie dos-à-dos les
tenants du fédéralisme et ceux de l’État unitaire centralisé. Mais c’est un choix qui est loin
d’être accepté par tous, en particulier par les tenants du fédéralisme 85. Quoi qu’il en soit, cette
option a pour corollaire la constitutionnalisation de la décentralisation territoriale au
Cameroun. L’histoire constitutionnelle du Cameroun enseigne que la constitutionnalisation de
la décentralisation en 1996 n’est pas une opération nouvelle. Le constituant avait inséré, pour
la première fois, dans le texte constitutionnel du 4 mars 1960, en son article 46, une
disposition qui faisait des provinces et des communes des « collectivités locales de l’État du
Cameroun ». Celles-ci devaient s’administrer librement par des conseils de élus, être dotées
de la personnalité morale et jouir de l’autonomie financière86.
82
RUDELLE (Christian), Dictionnaire des termes juridiques, Édimages, 1992, p. 83.
83
GUIMDO DONGMO (Bernard – Raymond), « Les bases constitutionnelles de la décentralisation au
Cameroun (Contribution à l’étude de l’émergence d’un droit constitutionnel des collectivités territoriales
décentralisées) », RGD, no 1, décembre 1998, Vol. 29, pp. 79-100., p. 81.
84
Art. 1er de la Loi constitutionnelle no 96/06 du 18 janvier 1996.
85
Ibid.
86
Idem.
Pour mieux mener notre analyse, il est judicieux de
joindre au cadre théorique, le cadre matériel.
87
OLIVIER (Lawrence), BEDARD (Guy), FERRON (Julie), L’élaboration d’une problématique de recherche,
Paris, l’Harmattan, 2005, Coll. Logiques sociales, pp. 10 – 11.
88
BIWOLE (Joseph), « Gouvernance locale et contrôle de l’exécution budgétaire dans les collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun ».
alourdissement des procédures et une modernisation des méthodes de contrôle 89. Michel
PRAT et Sylvie CHAIGNAU PEYROUX90, n’en disent pas autrement en assimilant la
transformation à la modernisation91. Ils rejoignent ainsi Michel BOUVIER et Jean-Marie
PONTIER qui expriment une idée semblable en opinant respectivement, que la recherche de
l’efficacité est devenue un impératif, justifie à certains égards, les transformations du contrôle
des finances locales92 ; et « si les finalités du contrôle (…) demeurent les mêmes
qu’auparavant, le sens de ce contrôle a profondément changé, et il est possible de parler de
transmutations »93. Restant dans la même logique, Michel BOUVIER, Marie – Christine
ESCLASSAN et Jean – Pierre LASSALE, semble marquer son adhésion à cette appréciation.
Ils se montrent favorables à la thèse de la transformation du contrôle avec la complexification
du secteur public local qui se présente aujourd’hui en forme satellitaire94.
Oumarou BOUBA se concentre sur la région de
l’Extrême-Nord du Cameroun pour étudier la relation entre la décentralisation budgétaire et la
performance des CTD, soulignant les défis spécifiques rencontrés dans cette région et
proposant des recommandations pour améliorer la gouvernance locale et la prestation des
services publics95. Justin BADJECK quant à lui, offre une analyse
approfondie du contrôle des finances publiques dans les collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun, identifiant les défis tels que la corruption et les lacunes en
matière de transparence, et suggérant des solutions pour renforcer l’efficacité et la
responsabilité dans la gestion des finances publiques locales96. Henri ATANGANA
ONDOA et Patrice Vessal NDJANDJA quant à eux examinent le bilan de la décentralisation
budgétaire au Cameroun, évaluant les progrès réalisés et les défis persistants, et proposent des
pistes pour renforcer ce processus, notamment en améliorant la coordination entre les niveaux
de gouvernement et en favorisant la participation citoyenne97. Marie-Claire OKOUGBO
89
DESCHEEMAEKER (Christian), « La transformation des contrôles. L’alourdissement des procédures »,
RFFP, no 87, Septembre 2004, pp. 203 – 217.
90
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », RFFP,
no 87, Septembre 2004, pp. 219 – 230.
91
PRAT (Michel), CHAIGNAU – PEYROUX (Sylvie), « La modernisation des méthodes de contrôle », op.cit.
92
BOUVIER (Michel), Les finances locales, op.cit., p. 146.
93
PONTIER (Jean – Marie), « Les transmutations du contrôle sur les collectivités territoriales décentralisées »,
La semaine juridique. Administrations et Collectivités territoriales, no 44, 5 Novembre 2012, p. 6.
94
BOUVIER (Michel), ESCLASSAN (Marie – Christine), LASSALE (Jean – Pierre), Finances Publiques,
Paris, LGDJ, Montchrestien (18e éd.), 2019 – 2020, p. 961.
95
BOUBA (Oumarou), « Décentralisation budgétaire et performance des collectivités territoriales décentralisées
au Cameroun : cas de la région de l’Extrême – Nord ».
96
BADJECK (Justin), « Analyse du contrôle des finances publiques dans les collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun ».
97
ATANGANA ONDOA (Henri), NDJANDJA (Patrice Vessal), « La décentralisation budgétaire au Cameroun :
bilan et perspectives ».
se penche sur le contrôle de l’exécution du budget des CTD au Cameroun, identifiant les
pratiques actuelles, les défis et les perspectives d’amélioration, mettant en avant la nécessité
de renforcer les capacités institutionnelles et de promouvoir la reddition de comptes 98.
Ensemble, ces travaux offrent un
aperçu approfondi de la décentralisation budgétaire et de ses implications pour la gouvernance
locale et la gestion des finances publiques au Cameroun. Ils soulignent l’importance de
renforcer la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne pour garantir
l’efficacité et l’efficience des CTD dans la fourniture de services publics. C’est à la lumière de
ces travaux que l’objet de notre étude sera structuré.
B-
L’OBJET DE L’ÉTUDE
1- La problématique
98
OKOUGBO (Marie – Claire), « Le contrôle de l’exécution du budget des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun : état des lieux et perspectives d’amélioration ».
99
BEAUD (Michel), L’art de la thèse, Paris, éd. La découverte, 2006, p. 55.
100
KELSEN (Hans), Théorie générale du droit et de l’État, Paris et Bruxelles, LGDJ et Bruylant, 1997, p. 355.
Cependant en matière de finances publiques locales, l’on constate que la
décentralisation financière rime avec une certaine centralisation qui parait excessive. En effet,
l’intention du législateur de doter les CTD d’un certain nombre de pouvoir en matière
budgétaire ne serait qu’apparente voire trompeuse au regard de l’encadrement strict dudit
pouvoir. D’où la question : comment s’effectue le contrôle de l’exécution du budget des
collectivités territoriales décentralisées au Cameroun ?
2- L’hypothèse de recherche
1- L’intérêt de l’étude
a- L’intérêt théorique
101
SY (Aboubakry), La transparence dans le droit budgétaire de l’État en France, Paris, LGDJ, 2017, p. 6.
102
Art. 2 Al. 2 de la loi no 2018/11 du 11 juillet 2018 portant CTGFP.
103
Art. 5(2) de la loi portant CGCTD.
Un contrôle rigoureux de l’exécution du budget contribue à assurer la
stabilité financière des CTD en évitant les déficits budgétaires et en garantissant une gestion
prudente des ressources. En résumé, au plan théorique, l’intérêt du contrôle de l’exécution du
budget des CTD au Cameroun réside dans sa capacité à promouvoir la transparence, la
responsabilité, l’efficacité et la gouvernance démocratique au niveau local, tout en
garantissant une utilisation optimale des ressources financières pour répondre aux besoins des
citoyens. Hormis l’intérêt théorique, notre étude repose également sur un
intérêt pratique.
b- L’intérêt pratique
2- La méthode de l’étude
104
SALMON (Jean), Le droit international à l’épreuve au tournant du XXI e siècle, Cours Euro-méditerranéens,
Bancaja de droit international, Valencia, Vol. VI, 2002, pp. 35 – 363, p. 53.
œuvre scientifique105. D’après Madeleine GRAWITZ, la méthode d’analyse est appréhendée
comme « une démarche intellectuelle essentielle pour parvenir à la vérité, et de prouver cette
vérité le cas échéant. Elle permet d’expliquer le processus d’établissement du résultat
obtenu106 ». Ainsi, notre travail sera prioritairement abordé sous l’angle de la méthode
juridique ou du positivisme juridique (a) et éventuellement sous l’angle de la méthode
sociologique (b).
105
KAMTO (Maurice), Pouvoir et droit en Afrique noire francophone : Essai sur le fondement du
constitutionnalisme francophone, Paris, éd. LGDJ, 1987, p. 47.
106
GRAWITZ (Madeleine), Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz (11e éd.), 2000, p. 71.
107
KAMTO (Maurice), TCHEUWA (Jean-Claude), Manuel de méthodologie et exercices corrigés de droit
international, éd. PUCAC, 2010, p. 85.
108
COHENDET (Marie – Anne), Méthodes de travail : droit public, Paris, Montchrestien (3e éd.), 1998, p. 209.
109
BERGEL (Jean – Louis), Méthodes de droit et théorie générale du droit, Dalloz, (2e éd.), p. 35.
b- La méthode complémentaire : la méthode sociologique
Une fois la méthode d’analyse mise en œuvre, notre sujet sera davantage structuré autour
de deux techniques de recherches à savoir : la recherche documentaire et la recherche
numérique. S’agissant de la recherche documentaire, elle consiste à consulter différents
ouvrages et autres publications de la doctrine qui traitent d’une manière générale le régime
financier de l’État et d’une manière particulière le régime financier des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun afin de parvenir à des résultats envisagés. La
recherche numérique quant à elle, sera pour nous, un complément à la recherche documentaire
à travers l'actualisation des données et de nouvelles informations nécessaires relatives au
contrôle de l’exécution du budget des CTD. C’est à la lumière de cette approche
méthodologique que l’on étudiera l’efficacité du contrôle de l’exécution du budget des CTD
au Cameroun. Compte tenu de la question et de
l’hypothèse de recherche, l’étude du contrôle de l’exécution du budget des collectivités
territoriales décentralisé sera structurée autour de deux grands axes.
Pour mieux cerner la question de recherche à analyser afin d’aboutir à des résultats
fiables, nous avons jugé opportun de subdiviser la présente étude en deux parties. La première
partie (PARTIE I) de notre mémoire porte sur un contrôle formellement structuré. La
110
VIRALLY (Michel), Le phénomène juridique, LGDJ, 1966, p. 37.
111
Ibid.
seconde partie (PARTIE II) de notre travail quant à elle porte sur un contrôle matériellement
aménagé.