Induction Électromagnétique

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7.

L'induction électromagnétique et les inducteurs


Nous avons vu dans le chapitre XI qu'un courant produisait un champ magnétique. A la suite de cette
observation, les scientifiques se sont demandé si, à l'inverse, un champ magnétique pouvait faire
apparaître un courant. Quelque 10 ans plus tard, vers 1830, Joseph Henry et Michael Faraday ont
confirmé cette hypothèse, chacun de leur côté. Le terme induction électromagnétique désigne la
production de courants et donc de f.é.m. à partir de champs magnétiques ; on parle de courants induits
et de f.é.m. induites. L'induction électromagnétique est à l'origine du fonctionnement des générateurs,
des transformateurs et à la base de la production d'ondes électromagnétiques telles que, par exemple,
la lumière et les ondes radio.
7.1 : Les conditions pour créer des courants induits
Nous allons maintenant étudier quelles sont les conditions auxquelles un courant est induit à partir
d'un champ magnétique.
a) Constatons tout d'abord qu'aucun courant n'est induit dans un conducteur immobile dans un champ
magnétique constant.
b) Par contre lorsque le champ magnétique au travers d'une boucle de conducteur varie, un courant est
induit dans la boucle.

Figure 7.1.
Cet effet est illustré à la figure 7.1. En rapprochant l'aimant de la boucle de conducteur, le champ
magnétique B qui traverse celle-ci augmente ; en effet, le champ magnétique produit par l'aimant
diminue au fur et à mesure qu'on s'en éloigne. Suite à ce mouvement, un courant est induit dans la
boucle et peut être observé à l'aide d'un galvanomètre, alors qu'il n'y a pas de pile dans le circuit ; ce
courant a été induit par la variation de champ magnétique au travers de la boucle. Dès que l'aimant
s'arrête, B cesse de varier et le courant s'annule. Lorsqu'on éloigne l'aimant de la boucle, un courant en
sens inverse apparaît seulement pendant la durée du mouvement. Le même résultat peut être obtenu en
laissant l'aimant immobile et en bougeant la boucle de courant.
c) Un courant est également induit dans une boucle de conducteur flexible, située dans un champ
magnétique constant et uniforme, lorsqu'on modifie subitement l'aire délimitée par cette boucle, en
tirant dessus par deux points diamétralement opposés ; cette aire se trouve ainsi réduite (voir figure
7.2). Le courant s'annule lorsque la déformation de la boucle s'arrête.

Figure 7.2.
d) Il est encore possible de faire apparaître un courant induit dans une boucle de conducteur d'aire
constante, traversée par un champ magnétique constant et uniforme, en faisant tourner la boucle par
rapport à la direction du champ (voir figure 7.3).
Figure 7.3.
7.2 : La loi de Faraday et la loi de Lenz
Les observations faites à la section précédente s'expriment dans la loi de Faraday qui dit que l'intensité
de la f.é.m. induite dans un circuit est donnée par la valeur absolue du taux de variation du flux
magnétique, φB au travers de ce circuit : │eind│= 7.1
Le flux magnétique au travers d'une boucle plane se définit, dans le cas d'un champ magnétique
uniforme, par :
φB =B.S.cosθ , pour B uniforme et boucle plane 7.2
où S est l'aire de la boucle et θ est l'angle que fait le champ magnétique B avec la perpendiculaire à la
surface de la boucle (voir figure 7 .4).

Figure 7 .4
En définissant le vecteur S comme un vecteur perpendiculaire à la boucle, de longueur S, on peut aussi
écrire : φB = B.S, pour B uniforme et boucle plane 7.3
Avec la définition du flux magnétique donnée en (7.2), la loi de Faraday exprimée par la relation (7.1)
implique bien que pour provoquer un courant induit et donc une f.é.m. induite, il faut soit une
variation de B, soit une variation de S, soit une variation de θ ou toute combinaison de ces variations.
L'unité SI de flux magnétique est le weber (Wb). D'après la relation 7.2, un flux d’un weber est produit
par un champ magnétique d'un tesla traversant perpendiculairement une surface de 1m2.1Wb ≡ 1T.1
m2.
Si le champ n'est pas uniforme ou si la surface considérée n'est pas plane, le flux magnétique au
travers de la surface est donné par une intégrale :

φB = ∫ 𝑩 𝒅𝑺 7.4
La loi de Faraday telle qu'énoncée en (7.1) permet de déterminer l'intensité de la f.é.m. induite et d'en
déduire l'intensité du courant induit à l'aide de la loi d'Ohm :
|𝑒in𝑑 |
Iind = 𝑅
où R est la résistance de la boucle de conducteur.

Pour déterminer le sens du courant induit, H.F. Lenz proposa une règle connue sous le nom de
Loi de Lenz :
Le sens du courant induit est tel que le champ magnétique qu'il produit s'oppose à la variation
de flux qui le produit.
Pour comprendre comment appliquer la loi de Lenz appliquons-la à la situation illustrée sur la figure
7.5.

Figure 7.5.
En (a), l'aimant est rapproché de la boucle de conducteur, conduisant à une augmentation du champ
magnétique extérieur, Bext, au travers de celle-ci et donc à une augmentation du flux magnétique. Le
courant induit Iind doit donc avoir un sens tel que le champ qu'il induit, Bind provoque une diminution
du flux magnétique. Dans le cas de la figure 7.5.b, l'aimant est éloigné, provoquant une diminution du
flux magnétique. Le sens du courant induit doit donc être tel qu'il provoque un champ induit qui
conduit à une augmentation du flux magnétique. La loi de Lenz n'est en fait qu'une conséquence de la
loi de conservation de l'énergie. En effet, dans le cas de la figure 7.5.a, si le champ magnétique induit
venait renforcer le champ magnétique extérieur, ce champ supplémentaire entraînerait une
augmentation du courant induit. Le courant plus intense provoquerait un champ induit plus intense, qui
à son tour produirait un courant induit plus intense. Il est évident que cette croissance continuelle de la
f.é.m. induite n’est pas possible sur le plan énergétique : un agent extérieur doit fournir l'énergie
nécessaire à créer la f.é.m. induite.
Il est possible d'exprimer les lois de Faraday et de Lenz au moyen d'une seule expression, à condition
d'adopter une convention pour le signe de eind et pour le sens du vecteur S . Cette convention est
illustrée à la figure 7.6.

Figure 7.6
Par convention, eind > 0 correspond à la f.é.m. qui produirait un courant donnant lieu à un champ
magnétique de même sens que le champ extérieur Bext et l'orientation du vecteur A est telle qu'elle
conduit à un flux magnétique initial positif. Les lois de Faraday et de Lenz combinées s'énoncent
alors :

7.5
Dans le cas d'un bobinage de N spires, si le flux magnétique traversant chaque spire est le même, φB ,
chaque spire est le siège d'une même f.é.m. induite donnée par la relation (7.5) et ces N f.é.m. induites,
placées en série, s'ajoutent pour donner la f.é.m. induite aux extrémités du conducteur formant le
ⅆ𝜙𝐵
bobinage : eind = -N ⅆ𝑡
7.6

7.3 : Les générateurs d'électricité


La principale application de la loi de Faraday est sans doute le générateur électrique ou dynamo ; il
transforme de l'énergie mécanique en énergie électrique. La figure 7.7 illustre le schéma de principe
d'un tel générateur.
L'énergie mécanique fournie au générateur fait tourner son axe et entraîne dans sa rotation une spire de
conducteur (plusieurs en réalité) qui se met à tourner entre les pôles d'un aimant. Il en résulte une
variation du flux magnétique au travers de la spire et par conséquent une f.é.m. et un courant sont
induits dans le conducteur. Ce courant est collecté vers un circuit extérieur par l'intermédiaire de deux
bagues sur lesquelles sont fixées les extrémités du conducteur formant la spire, et deux balais qui
établissent le contact avec le circuit extérieur.
La f.é.m. induite dans un tel générateur peut être calculée à l'aide de la loi de Faraday (7.5) :
ⅆ𝜙𝐵 ⅆ(𝐵𝑆 𝑐𝑜𝑠𝜃)
eind = - =−
ⅆ𝑡 ⅆ𝑡

où B est l'intensité du champ magnétique uniforme créé par l'aimant, S est l'aire de la spire et θ l'angle
entre B et S (voir figure 7.8).

Figure 7.8.
𝑑𝜃
ω= 𝑑𝑡
= constante.

Donc θ = ωt
ⅆ(cos 𝜃)
Dès lors : eind = - B.S 𝑑𝑡
, car S et B sont constants
ⅆ𝜃
= +BS sinθ ⅆ𝑡

= +BS ω sin(ωt)
Ce qui peut s'écrire sous la forme : eind = -e0 sin(ωt) (7.7)
On observe que la f.é.m. est une f.é.m. alternative qui varie de manière sinusoïdale avec le temps.
Son amplitude vaut :
e0 = S B ω
et:
e0 = N S B ω, dans le cas d'un bobinage de N spires (7.8)
Ce que nous venons de voir explique pourquoi le courant domestique et industriel sont, le plus souvent
alternatifs et sinusoïdaux : ils sont produits par la rotation de spires dans un aimant. Dans une centrale
électrique située près d’un barrage, par exemple, c’est l’eau qui en tombant, entraîne des turbines.
Celles-ci font tourner l’axe des spires. Dans les éoliennes, c’est le vent qui fait tourner des pales et
l’axe des spires.
7.4 : La force contre-électromotrice (f.c.é.m.) des moteurs
Le principe du moteur électrique : lorsqu’un courant parcourt un bobinage monté sur pivot dans un
champ magnétique, ce bobinage est soumis à un couple de forces qui le fait tourner. Lorsque les spires
du bobinage se mettent à pivoter dans le champ magnétique, elles sont le siège d’une f.é.m. induite,
comme dans le cas d’un générateur électrique ; cette f.é.m. induite s’oppose à la f.é.m. extérieure qui
provoque le courant qui fait tourner le moteur ; on l’appelle la force contre-électromotrice (f.c.é.m.).
La f.c.é.m. est proportionnelle à la vitesse angulaire ω du moteur (voir relation (XII.8)). Au
démarrage, lorsque le moteur ne tourne pas encore, la f.c.é.m. est nulle et le courant est produit par le
seule f.é.m. extérieure ; il est alors maximum. Le couple de forces intense qui en résulte met le moteur
en marche ; il se met à tourner de plus en plus vite. La f.c.é.m. croît en conséquence, réduisant la f.é.m.
effective et donc le courant dans le moteur :
f.é.m. eff. = f.é.m. ext. - f.c.é.m.
I = f.é.m. eff. / R
Le couple de forces est plus faible et la vitesse angulaire croît moins vite jusqu’à atteindre une valeur
constante lorsque le couple de forces s’annule. Si le moteur ne fournit aucun travail, cette situation est
atteinte lorsque la f.c.é.m. compense exactement la f.é.m. extérieure. Le courant est alors nul. Lorsque
le moteur effectue un travail mécanique, entraînant par exemple les couteaux d’un moulin à café, il est
ralenti (les grains de café exercent sur le moteur un couple de forces qui s’oppose à sa rotation). La
diminution de la vitesse angulaire entraîne une diminution de la f.c.é.m. et par conséquent la f.é.m.
nette augmente, ainsi que le courant dans le moteur. La puissance électrique fournie à ce moment par
la f.é.m. extérieure est convertie en puissance mécanique par le moteur qui effectue un travail. Si le
travail à effectuer est trop important, la f.c.é.m. diminue encore, conduisant à un courant accru qui
risque de faire griller le moteur. En fait, lorsqu’un moteur ne fournit pas de travail, un faible courant le
parcourt, même lorsqu’il a atteint sa vitesse de rotation constante. En effet, les forces de frottement sur
l’axe du moteur et les pertes par effet Joule dans le circuit électrique le ralentisse de sorte que la
f.c.é.m. est légèrement inférieure à la f.é.m. extérieure, conduisant à une faible f.é.m. nette et donc à
un faible courant.

Figure 7.9.
7.5 : Les transformateurs et le transport de l’énergie électrique
Un transformateur est un appareil servant à augmenter ou à diminuer une tension alternative. La
figure 7.9 représente un transformateur simple constitué de deux bobines, enroulées sur un noyau de
fer doux laminé qui les relie. La bobine primaire, reliée à la source qui fournit une f.é.m. ep , comporte
Np spires, tandis que la bobine secondaire comporte Ns spires.
La tension alternative ep fait circuler dans le primaire un courant alternatif qui produit un flux
magnétique variable φB dans chacune des spires. Le noyau de fer doux guide ce flux magnétique
jusqu’aux spires de l’enroulement secondaire de sorte que d’après la loi de Faraday, une f.é.m. est
ⅆ𝜙𝐵
induite aux bornes de l’enroulement secondaire : es = -Ns 7.9
ⅆ𝑡

De même, le flux magnétique variable induit une f.c.é.m. aux bornes de l’enroulement primaire :
ⅆ𝜙𝐵
Np
ⅆ𝑡

La loi des mailles, appliquée au circuit primaire, nous dit que la f.é.m. fournie par la source, ep égale
la tension aux bornes de l’enroulement primaire :
ⅆ𝜙𝐵
ep = -Np ⅆ𝑡
7.10

En divisant les relations (7.9) et (7.10) membre à membre, on obtient :


𝑒𝑠 𝑁
𝑒𝑝
= 𝑁𝑝s 7.11

Le rapport des f.é.m. dans le primaire et dans le secondaire est égal au rapport de leur nombre de
spires.
Lorsque Ns est supérieur à Np , la tension du secondaire est supérieure à celle du primaire,on dit qu’on
a un transformateur élévateur de tension ou survolteur. Dans le cas où Ns est inférieur à Np , on parle
de transformateur abaisseur de tension ou dévolteur.
Dans un schéma électrique, le transformateur est représenté par le symbole illustré à la figure 7.10.

Figure 7.10.
Si on branche une résistance R aux bornes du secondaire, il y circulera un courant Is . Si le
transformateur est idéal, il y aura transfert complet de puissance entre le primaire et le secondaire :
Ps = Pp ,
et donc :
esIs = epIp , (7.12)
où Ip est le courant dans le primaire. En combinant les relations (7.11) et (7.12), on obtient :
𝐼𝑠 𝑁
𝐼𝑝
= 𝑁𝑝s (7.13)

Par conséquent, un transformateur élévateur de tension a pour effet de diminuer le courant dans le
secondaire, tandis qu’un transformateur abaisseur de tension, augmente le courant.
C’est cette dernière propriété des transformateurs qui rend leur usage intéressant dans le transport de
l’électricité depuis les centrales électriques vers les lieux d’utilisation. Au départ de la centrale la
tension est élevée à l’aide d’un transformateur : le courant est transporté par des lignes à haute tension,
typiquement quelques dizaines de milliers de volts.
Le courant qui circule dans ces lignes à haute tension est par conséquent très faible, ce qui limite les
pertes de puissance par effet Joule pendant le transport. Au voisinage des habitations, pour des raisons
de sécurité notamment, un deuxième transformateur abaisse la tension, à une valeur efficace de 220 V
en Belgique et dans les pays voisins.
7.6 : L’inductance et les inducteurs
Un courant électrique produit un champ magnétique. Si le courant est variable, les variations de flux
magnétique au travers du circuit lui-même (auto-induction) ou au travers d’un autre circuit situé à
proximité (induction mutuelle) font apparaître, d’après la loi de Faraday, une f.é.m. induite.
Inductance Mutuelle
Lorsqu’on place deux bobines à proximité l’une de l’autre, comme sur la figure 7.11, un courant
variable I1 circulant dans la première crée un champ magnétique variable B1 . Le flux variable de ce
champ magnétique B1 au travers des spires du deuxième circuit, φ 21 , induit une f.é.m., e2 , aux
bornes de ce deuxième circuit :
ⅆ𝜙21
e2 = -N2 ⅆ𝑡
(7.14)

où N2 est le nombre de spires du deuxième circuit.


Le flux total de B1 au travers du deuxième circuit est proportionnel au courant I1 qui le créé :
N2φ21 ≈ I1
On pose :
N2 φ21 = M I (7.15)
où la constante de proportionnalité, M, est appelée inductance mutuelle (à ce stade, il faudrait écrire
M21 mais on peut montrer que l'inductance mutuelle du circuit 2 sur le circuit 1, M12 =M21= M).

Figure 7.11.
En combinant (7.14) et (7.15), on a :
ⅆ𝑰𝟏
e2 = -M ⅆ𝒕
7.16

L'inductance mutuelle de deux circuits dépend de leurs dimensions, de leur forme géométrique et de
leurs positions relatives ; elle est indépendante des courants qui circulent dans les deux circuits.
La relation (7.16) a l'avantage de relier directement l'effet, la f.é.m. induite, à la cause, la variation de
courant qui se mesure plus directement qu'une variation de flux.
Auto-inductance
De même, le courant variable qui circule dans un circuit, provoque un flux magnétique variable au
travers de celui-ci et donc une f.é.m. induite :
ⅆ𝝓𝟏𝟏
e1 = -N𝟏 ⅆ𝒕
(7.17)

et :
N1 φ11 =L I1, (7.18)
où la constante de proportionnalité L est appelée auto-inductance. En combinant (7.17) et (7.18), on a :
ⅆ𝑰𝟏
e1 = -L ⅆ𝒕
(7.19)

L'auto-inductance d'un circuit dépend de ses dimensions et de sa forme géométrique. Elle est
indépendante du courant qui circule dans le circuit et permet de relier directement la f.é.m. induite à la
variation de ce courant.
L'unité SI d'inductance, que ce soit pour l'inductance mutuelle ou pour l'auto-inductance, est le henry
(H). Les relations (7.15) et (7.18) montrent que l'inductance est un flux par unité de courant. Une
inductance de un henry correspond au cas où un courant d'un ampère crée un flux magnétique d'un
wéber :
1 H ≡ 1 Wb/A = 1 V.s/A (7.20)
Inducteur
On appelle inducteur un élément de circuit ayant une auto-inductance non négligeable ; il s'agit en
général d'une bobine. Dans un schéma, l'inducteur se représente par le symbole :

7.7 : Les circuits RL


Tout inducteur offre une certaine résistance au courant. On le représente généralement comme un
inducteur idéal, de résistance nulle, en série avec une résistance R. Une résistance peut aussi être mise
en série avec un inducteur. Dans les deux cas on se retrouve dans la situation schématisée à la figure
7.12.

Figure 7.12.
Que se passe-t-il lorsqu'on alimente soudainement une telle combinaison avec une pile fournissant une
différence de potentiel V (circuit rouge de la figure 7.12) . A l'instant t = 0, où on ferme l'interrupteur,
le courant qui était nul tend à s'établir.
Il y a donc une variation de courant ; celle-ci produit donc une f.é.m. induite aux bornes de
ⅆ𝐈
l'inducteur :VCB = -L ⅆ𝐭
(voir relation 7.19), qui s'oppose à celle de la pile qui produit le courant. La
différence de potentiel aux bornes de la résistance est donnée par la loi d'Ohm : VAB = RI. En
ⅆ𝐈
appliquant la loi des mailles de Kirchhoff à ce circuit, on a : V− L =RI (7.21)
ⅆ𝐭

L'équation différentielle ci-dessus montre que tant que le courant varie, la différence de potentiel aux
bornes de la résistance est inférieure à celle de la pile et le courant est inférieur à la valeur finale
maximum I max telle que :
V = R Imax
Une fois cette valeur maximum atteinte, le courant est continu (dI = 0), la différence de potentiel aux
bornes de l'inducteur est nulle.
Le rôle de l'inducteur est donc de retarder l'établissement du courant
Imax = V/R qui s'établirait immédiatement en l'absence d'inducteur.
Une fois la valeur I max atteinte, l'inducteur n'a plus d'effet, le courant étant continu.
Pour vérifier cela, résolvons l'équation (7.21), en séparant les variables t et I :
𝑑𝐼 𝑑𝑡
𝑉−𝑅𝐼
= 𝐿

et en intégrant :
𝐼 𝑡
𝑑𝐼′ 𝑑𝑡
∫ =∫
𝑉−𝑅𝐼 𝐿
0 0

1 V−𝐼𝑅 𝑡
ce qui donne :− 𝑅 ln ( 𝑉
) =𝐿

ou encore, en posant τ = L/R : 7.22


La dépendance de I en fonction du temps obtenue ci-dessus est illustrée à la figure 7.13.a.
Elle montre que le courant tend effectivement vers I max = V/R, lorsque t tend vers l'infini. La
constante de temps τ = L/R, joue le même rôle que la constante de temps τ = RC dans les circuits
RC : au bout d'un temps t = L/R, le courant atteint 63% de sa valeur maximum.

Lorsqu'on fait basculer l'interrupteur de la figure 7.12, on obtient le circuit bleu dans lequel la pile a
été soudainement retirée. A cet instant initial, t = 0, I = I0 et la loi des mailles donne (7.22 avec V = 0) :
𝑳 ⅆ𝑰
ⅆ𝒕
+ 𝑹𝑰 = 𝟎 7.23

En séparant les variables et en intégrant, on obtient :


𝐼 𝑡
ⅆ𝐼 𝑅
∫ = − ∫ ⅆ𝑡
𝐼 𝐿
𝐼0 0

ce qui donne :
𝐼 𝑅
ln 𝐼0 =- 𝐿 t

ou encore :

7.24
où τ = L/R désigne à nouveau la constante de temps du circuit. La relation (7.24) est illustrée à la
figure 7.13.b. On voit que le courant tend vers zéro lorsque le temps tend vers l'infini. Au bout d'un
temps t = L/R, il n'a déjà plus que 37% de sa valeur initiale. A nouveau le rôle de l'inducteur est de
retarder la suppression du courant qui serait immédiate si on retirait la pile dans un circuit où seule se
trouve une résistance.
7.8 : L'énergie emmagasinée dans un inducteur
Lorsqu'un élément de circuit d'inductance L est parcouru par un courant variable I, il reçoit de l'énergie
à un taux :
ⅆ𝐈
P=I.e=-LI
ⅆ𝐭

en utilisant la relation (7.19). Pour calculer le travail requis pour faire croître le courant dans un
inducteur de zéro à I, on calcule le travail infinitésimal effectué pendant un temps dt, pour faire passer
le courant de I à I + dI :
dW = P dt = LI dI
Pour trouver le travail total, on intègre l'expression ci-dessus de zéro à la valeur finale du courant :

Ce travail correspond à l'énergie U emmagasinée à l'intérieur de l'inducteur transportant un courant I,


en posant U = 0, lorsque I = 0 :

7.25
7.9 : Les circuits LC et les oscillations électromagnétiques
Après avoir étudié les circuits RC et RL, voyons ce qui peut se produire dans un circuit idéal, où on
peut négliger toute résistance et où seuls se trouvent un condensateur de capacitance C et un inducteur
d'inductance L (voir Fig 7.14).

Figure 7.14.
Supposons que le condensateur soit initialement chargé et que ses armatures portent une charge Q0 à
l'instant t = 0 où on ferme l'interrupteur.
Le courant qui était nul tend à s'établir dans le sens indiqué sur la figure. Il y a donc une variation de
ⅆ𝐈
courant qui produit une f.é.m. induite aux bornes de l'inducteur : VBA=−L ⅆ𝐭 , qui s'oppose à celle de la
source de courant, ici, le condensateur chargé. En appliquent la loi des mailles au circuit fermé, on a :
𝐐 ⅆ𝐈
𝐂
= L ⅆ𝐭 (7.26)
ⅆ𝐐
Le courant est donné par I = − ⅆ𝐭
car le courant I qui s'écoule de la plaque positive du condensateur
vers la plaque négative (voir figure 7.14) fait décroître la charge du condensateur : dQ < 0. Le signe
moins permet d'obtenir I > 0, comme il se doit. Dès lors, en remplaçant dans 7.26, on obtient :

(7.27)
En dérivant deux fois et en remplaçant dans l'équation ci-dessus, on peut vérifier aisément que :
Q(t) = Q0 cos ( ωt + φ ) (7.28)

1
est une solution de cette équation, pour : ω =√𝐿𝐶 ; (7.29)

ω est appelée fréquence angulaire, Q 0 est l'amplitude et φ la phase. Ces deux dernières constantes
sont fixées par les conditions initiales. Le courant est obtenu en dérivant l'expression (7.28) :
ⅆ𝐐
I(t) = − ⅆ𝐭
= ω Q0 sin( t ) (7.30)

Les variations de Q et de I en fonction du temps, données par les expressions (7.28) et (7.30), sont
illustrées à la figure 7.15 dans le cas où la phase φ est nulle.

Figure 7.15.
On voit que les deux variables oscillent entre leur valeur maximum, +Q 0 pour la charge, I0 = ω Q0 ,
pour le courant et leur valeur minimum, -Q0 et -I0 respectivement. Elles oscillent à la même
fréquence :

, (7.31)
𝜋
mais sont déphasées d'un angle 2 : le courant s'annule lorsque la charge passe par un extrémum ;la
charge s'annule lorsque le courant passe par un extrémum.
Ces expressions, (7.28) et (7.30), traduisent l'oscillation de la charge Q0 d’une armature à l'autre du
condensateur, au travers de l'inducteur. Au moment où dans la situation illustrée à la figure 7.14, on
ferme l'interrupteur, l'armature de gauche porte une charge +Q0 , celle de droite, -Q0 ; le courant
initialement nul se met à croître dans le sens positif indiqué par la flèche et le condensateur se
décharge progressivement. Lorsqu'il est totalement déchargé, le courant a atteint sa valeur maximum,
I0 et continue de faire passer des charges positives de l'armature de gauche à celle de droite. Il se met à
décroître et s'annule lorsque c'est l'armature de droite cette fois qui porte une charge +Q0 et celle de
gauche une charge –Q0 . Ensuite les charges positives repartent en sens opposé, vers l'armature de
gauche et le courant devient négatif, puisqu'en sens inverse de la flèche sur la figure 7.14.
Ces oscillations de la charge d'une armature à l'autre du condensateur correspondent à un transfert de
l'énergie emmagasinée dans le condensateur,
1 1
UC=2Q2 /C , à celle contenue dans l'inducteur, UL= 2L2I et réciproquement. L'énergie totale à chaque
instant est conservée :

En remplaçant ω2 = 1/LC et en mettant en évidence, on obtient :

Donc

(7.32)
C'est l'énergie totale initiale entièrement stockée dans le condensateur, le courant étant nul à cet
instant. Lorsque le condensateur est déchargé et que le courant est maximum (dans un sens ou dans
l'autre), toute l'énergie se retrouve dans l'inducteur. Ces oscillations de l'énergie entre le condensateur
et l'inducteur sont illustrées à la figure 7.16.

Figure 7.16.

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