Fiscalité Et Gestion D'entreprise - Yere - Août - 2020

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Innocent YERE APOBE

FISCALITE DE L’ENTREPRISE :
MANUEL ET APPLICATIONS CORRIGEES

Editions Académie U
Kinshasa, Août 2020
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Innocent YERE APOBE

FISCALITE DE L’ENTREPRISE :
MANUEL ET APPLICATIONS CORRIGES

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

AVANT-PROPOS

Ce support de cours est destiné principalement aux étudiants, futurs


managers, et à tous ceux qui sont appelés, dans le cadre de leurs fonctions, à
prendre des décisions face aux obligations de responsabilité sociétale de leurs
entreprises dont la responsabilité fiscale est l’une de ses composantes. Il est
aussi utile aux enseignants, chercheurs et toute autre personne intéressée par la
problématique de l’accomplissement des obligations fiscales de l’entreprise en
République Démocratique du Congo (RDC).

Ce cours a pour objectif de donner à l’étudiant les notions de base sur les
différents impôts ainsi que les pratiques relatives aux différents prélèvements
fiscaux. Il s’agit de préparer l’étudiant à exercer le métier de fiscaliste en
entreprise et à le rendre apte à affronter les difficultés de la gestion fiscale des
organisations.

Il n’aborde pas de manière complète toute la théorie et la pratique fiscales,


ce qui reviendrait à une étude détaillée et approfondie de l’impôt, mais son
ambition est d’aider les lecteurs à mieux comprendre la fiscalité et ses enjeux
tant économiques que sociaux pour mieux gérer leurs entreprises.

L’ambition de ce cours se résume donc à « mieux comprendre la fiscalité


pour mieux gérer l’entreprise ». Autrement dit, pour bien décider, il faut bien
cerner les contours de la décision à prendre. Bien remplir les obligations fiscales
de l’entreprise est, non seulement un devoir civique, mais aussi et surtout, un
défi de bonne gouvernance pour les dirigeants des entreprises modernes qui ont
adhéré à une culture d’honnêteté et de transparence en rendant à la partie
prenante « Etat » ce qui lui est dû. Si le financier et le fiscaliste s’occupent des
questions techniques respectives qui les concernent, le Manager lui, a la
responsabilité de l’image de l’entreprise (c’est-à-dire, la transcription de l’idée
que se fait des individus sur l’entreprise).

Ce cours cherche à tester deux qualités chez les étudiants :

• la connaissance et la maitrise des techniques fiscales ;


• la capacité d’analyse critique pour prendre du recul par rapport à des
techniques.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’ouvrage permet de répondre à ces deux exigences :

• pour les questions techniques de l’étude de cas :


- avec l’exposé des outils et méthodes de la fiscalité,
- avec les applications proposées pour s’entrainer ;
• pour des questions d’analyse de l’étude de cas : avec les réflexions sur les
thèmes à la fin de chaque chapitre.

Nous n’avons pas la prétention d’avoir créé, dans cet œuvre, des théories
nouvelles de fiscalité et de gestion de l’entreprise, mais pensons mettre à la
disposition des lecteurs un outil majeur et stratégique capable de susciter une
révolution des mentalités dans la gestion des questions fiscales dans l’entreprise
car l’accomplissement correct des obligations fiscales de l’entreprise constitue le
fondement même de la mobilisation des ressources publiques en République
Démocratique du Congo (RDC), pays aux potentialités sociologiques et
naturelles immenses mais en proie à une pauvreté extrême. Nous pensons donc
éveiller la conscience des dirigeants d’entreprises en RDC afin d’adopter un
style de gestion d’organisation empreint du respect des obligations fiscales et de
la promotion d’une culture de responsabilité sociale à la satisfaction de toutes
les parties prenantes à l’entreprise.

Aussi, cet enseignement, permet aux lecteurs, de maîtriser les concepts


clés de fiscalité et de l’entreprise, de comprendre les finalités et les fonctions
essentielles d’une organisation, sa classification ainsi que les principes essentiels
de la gestion managério-fiscale de l’entreprise. Il explique le fonctionnement du
système fiscal et parafiscal congolais, (entendu comme l’ensemble des impôts et
taxes en vigueur en RDC), les procédures fiscales qui s’y rattachent et soulève, à
la fin, la problématique de la responsabilité des dirigeants des entreprises face au
défi du développement socio-économique de la RDC.

Le cours aborde tour à tour, les notions de gestion d’une entreprise,


l’étude sommaire du système fiscal congolais, les régimes fiscaux et parafiscaux
des entreprises en RDC, les questions des procédures fiscales, les enjeux de la
responsabilité financière, fiscale et sociétale de l’entreprise, de la
comptabilisation des différents impôts ainsi que des questions déontologiques
qui s’y rattachent. Pour plus de clarté et de compréhension de ce cours, les
notions importantes sont présentées sous forme d’encadrés, de schémas, de
tableaux ou en caractère gras.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Il sied de noter que cette première version a été élaborée avec la


collaboration du Docteur MAPOTI SAYA Camile, du Chef de Travaux
DIEDITOMENE NSIANGANI Blanchard, du Doctorant Paul OMANDJI
LOKONDE et des Assistants KIFWANISU Leprince, TSAKALA MUSAMU
Patrick, SONGANZILA MFUMU Grace et SIMISI KIMENIKA Glody, qu’ils
trouvent ici nos sincères remerciements.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AMR : Avis de mise en recouvrement

ASBL : Association sans but lucratif

ATD : Avis à tiers détenteurs

CA : Chiffre d’affaires

CAC : Commissaires aux comptes

CDI : Centre des impôts

CHAO : Charges hors activités ordinaires

CIS : Centre d’impôts synthétiques

CNSS : Caisse Nationale de Sécurité Sociale

DGDA : Direction générale des douanes et accises

DGE : Direction des grandes entreprises

DGI : Direction générale des impôts

DGRAD : Direction générale des recettes administratives, domaniales,


judiciaires et de participations

EI : Entreprise individuelle

ETD : Entité territoriale décentralisée

IV : Impôt sur les véhicules

IBP : Impôt sur les bénéfices et profits

ICR : Impôt cédulaire sur les revenus

IERE : Impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié

IF : Impôt foncier

IM : Impôt mobilier

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INPP : Institut national de préparation professionnelle

IPM : Impôt personnel minimum

IPR : Impôt professionnel sur les rémunérations

IRL : Impôt sur les revenus locatifs

ISCM : Impôt sur la superficie des concessions minières

OHADA : Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires

ONG : Organisation non gouvernementale

PIB : Produit intérieur brut

PME : Petite et moyenne entreprise

RAO : Résultat des activités ordinaires

RHAO : Résultat hors activités ordinaires

RDC : République Démocratique du Congo

RSE : Responsabilité sociale de l’entreprise

SA : Société anonyme

SAS : Société par actions simplifiées

SARL : Société à responsabilité limitée

SCS : Société en commandite simple

SNC : Société en nom collectif

SMIG : Salaire minimum interprofessionnel garanti

TVA : Taxe sur la valeur ajoutée

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LISTE DES TABLEAUX ET SCHEMAS

1. TABLEAUX

Tableau n° 1 : Classification générale des entreprises


Tableau n° 2 : Classification générale des impôts
Tableau n° 3 : Catégorisation des ressources parafiscales en faveur des
provinces
Tableau n° 4 : Liste de quelques régies financières provinciales
opérationnelles
Tableau n° 5 : Taux de l’impôt sur la superficie des concessions minières par
hectare
Tableau n° 6 : Modalités de calcul de la Taxe sur la valeur ajoutée
Tableau n° 7 : Sanction ou amende en matière de TVA
Tableau n° 8 : Calcul du résultat net comptable par trois paliers
Tableau n°9: Synthèse des régimes fiscaux des entreprises suivant leurs
catégorisations
Tableau n° 10 : Régimes fiscal et juridique d’une entreprise individuelle
Tableau n° 11 : Régimes fiscal et juridique d’une société en nom collectif
Tableau n° 12 : Régimes fiscal et juridique d’une société en commandite simple
Tableau n° 13 : Régimes fiscal et juridique d’une société à responsabilité limitée
Tableau n° 14 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec Conseil
d’administration
Tableau n°15 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec
administrateur général
Tableau n°16 : Synthèse des régimes fiscaux et juridiques de différentes
catégories d’entreprises
Tableau n°17 : Régimes fiscal et juridique d’une société par actions simplifiées
Tableau n° 18 : Régimes fiscal et juridique d’une société coopérative
Tableau n°19 : Synthèse du régime fiscal des sociétés minières (exploitants
industriels)
Tableau n° 20 : Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers artisanaux
Tableau n°21: Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers à petite échelle
Tableau n°22 : Synthèse des prélèvements fiscaux et parafiscaux des sociétés
pétrolières

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 23 : Synthèse du régime fiscal des Associations sans but lucratif


Tableau n° 24 : Etat récapitulatif des obligations déclaratives des entreprises
Tableau n° 25 : Synthèse des types et délais des déclarations par nature d’impôt
Tableau n° 26 : Différentes étapes de l’exercice des poursuites en recouvrement
forcé
Tableau n° 27 : Différentes phases du règlement du contentieux fiscaux
Tableau n°28 : Synthèse des pénalités, amendes et astreintes fiscales applicables
en RDC

2. SCHEMAS

Schéma n° 1 : Illustration du circuit économique des opérations assujetties


à la TVA

Schéma n° 2 : Champs d’application de la taxe sur la valeur ajoutée

Schéma n° 3 : Enjeux fiscaux de la responsabilité sociétale de l’entreprise

Schéma n° 4 : Triangle déontologique des dirigeants d’entreprise

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

LEXIQUE
Abattement : Partie du revenu qui n’est pas soumis à l’impôt. Ainsi, on parle
d’abattement de 30 % sur le salaire taxable ou de 2 % par personne en charge.

Administration fiscale : Terme générique désignant l’ensemble des services


des impôts (établissement, contrôle et recouvrement).

Techniquement cependant, il convient de faire une distinction entre les services


chargés de l’établissement de l’impôt et de son contrôle (Direction Générale des
Impôts) d’avec ceux chargés de son recouvrement (Direction Générale du
Trésor et de la comptabilité publique).

Assiette ou assiette d’imposition : Synonyme de " Base ". Désigne les éléments
sur lesquels s’applique un taux ou un barème, pour le calcul de l’impôt. En
d’autres termes, l’assiette d’un impôt est constituée par la base utilisée pour
calculer cet impôt.

Assujetti à la TVA : Est considéré comme assujetti quiconque accomplit d'une


façon indépendante et à titre habituel des opérations relevant d'une activité
économique généralement quelconque, quels que soient les buts ou les résultats
de cette activité et quel qu'en soit le lieu.

Par activité économique, on entend toute activité tendant à la réalisation de


recettes, et notamment les activités de producteur, de commerçant ou de
prestataire de services, y compris les activités extractives, les activités agricoles,
les activités des professions libérales et les activités comportant l'exploitation
d'un bien corporel ou incorporel en vue d'en retirer des recettes ayant un
caractère de permanence.

Assujetti partiel à la TVA: C’est une personne physique ou morale qui exerce,
à titre habituel, des activités à but lucratif mais qui réalise parfois des opérations
imposables à la TVA.

Avis d’imposition : C’est le document qui matérialise la dette fiscale. Cet acte
est envoyé par l'Administration Fiscale au contribuable, pour lui indiquer de
façon détaillée la nature des impositions (y compris les pénalités), le montant
des impositions à payer et le délai de paiement.

Avis de mise en demeure : C’est l’acte par lequel l'Administration Fiscale fait
sommation au contribuable de s'acquitter des impositions pour lesquelles il a

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reçu un avis de recouvrement, et lui annonce qu'au terme d'un certain délai, elle
pourra engager des poursuites.

Avis de mise en recouvrement : C’est le document qui matérialise la première


étape de la procédure de recouvrement, engagée systématiquement par
l'Administration Fiscale en cas de non-paiement de l'impôt.

La notification de l'avis de mise en recouvrement constitue le point de départ du


délai de réclamation ouvert au contribuable pour contester l'imposition.

Avis de vérification : C’est le document envoyé par l’Administration Fiscale au


contribuable pour l’informer qu'il fera l'objet d'un contrôle fiscal. Le défaut
d'avis de vérification entraîne la nullité du contrôle.

Avoir fiscal : L’avoir fiscal est une créance sur l’État, qui évite une double
imposition sur les bénéfices que les entreprises distribuent. En effet, lorsqu’une
société distribue, des sommes, à ses actionnaires, elle retient des impôts à la
source.

Par ailleurs, elles sont à nouveau imposées entre les mains de ces actionnaires, à
l’impôt sur le revenu. L’avoir fiscal constitue un mécanisme permettant de
pallier à cette double imposition.

Barème : Désigne la présentation de l’ensemble des taux d’imposition qui


s’appliquent à une base donnée.

Bénéfices Industriels et commerciaux : Bénéfices réalisés par des personnes


physiques à l’occasion d’une activité industrielle, commerciale ou artisanale,
exercée de manière habituelle.

Bénéfices non commerciaux : Bénéfices réalisés par certaines personnes


physiques, exerçant des professions libérales ou s’occupant de charges et offices
(huissiers, notaires).

De plus, toutes les activités lucratives ne se rattachant pas à une autre catégorie
de revenus sont considérées comme faisant partie des bénéfices non
commerciaux.

Capacité contributive : Faculté d’un contribuable de pouvoir s’acquitter de ses


impôts.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Charge fiscalement déductible : Dépense qui vient en diminution de la base


d’imposition de l’Impôt sur les Bénéfices (Impôt sur les Sociétés pour les
sociétés de capitaux et l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques pour les
sociétés de personnes).

Contribuable : Terme désignant toute personne physique ou morale assujettie


au champ d’application d’un prélèvement obligatoire et qui supporte
directement la charge des contributions, impôts, droits ou taxes dont le
recouvrement est autorisé par la loi.

On distingue le redevable légal et le redevable réel.

Le redevable légal : c’est la personne qui est désigné par la loi pour collecter
l’impôt et le verser à la caisse du Trésor public.

Le redevable réel : c’est la personne qui supporte réellement le poids de


l’impôt.

Cotisations sociales : Ce sont les sommes versées aux institutions de protection


sociale, publiques ou privées, par des personnes protégées ou par leurs
employeurs, en exécution d'obligations légales ou d'obligations conventionnelles
instituant un régime supplémentaire de prévoyance (maladie, retraite etc.).

Crédit d’impôt : C’est une créance sur le Trésor public.

Dégrèvement : Se dit lorsqu’un trop perçu de la part du Trésor public donne


lieu à une restitution. Se dit aussi en matière de contrôle fiscal, lorsqu’un
redressement est, partiellement ou totalement, abandonné.

Délai de reprise : Période de temps pendant laquelle l’administration fiscale


peut corriger des erreurs ou omissions du contribuable et effectuer des
redressements. Passé cette période, les infractions et les erreurs sont prescrites.

Distinction entre assujetti et redevable : L’acception de redevable de la TVA


diffère de celle d’assujetti. En effet, un assujetti, bien qu’effectuant des
opérations qui se situent dans le champ d’application de la TVA, peut n’être
redevable d’aucune TVA s’il n’a effectué que des opérations exonérées.

Alors qu’un non assujetti qui facture la TVA, même par erreur, est redevable de
cette TVA, bien qu’il ne soit pas assujetti. Néanmoins, sauf le cas de la

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

facturation de la TVA par erreur par un non assujetti, l’acception d’assujetti est
plus large que celle de redevable.

Doctrine administrative : Terme générique désignant l’ensemble des écrits


produits par l’administration fiscale. La doctrine administrative n’est pas la loi ;
elle constitue simplement une interprétation de la loi par l’administration. A ce
titre, elle lui est " opposable ", c’est-à-dire que tout contribuable peut s’en
prévaloir contre l’administration.

Domicile fiscal : On désigne sous ce terme le pays où se trouve le lieu


d’imposition d’un contribuable. C’est le lieu d’exercice des activités
professionnelles principales. C’est le centre des intérêts économiques du
contribuable.

Exigibilité : l’exigibilité de l’impôt s’entend comme :

• l’évènement qui oblige le redevable légal à s’acquitter de ses obligations


auprès de l’Administration Fiscale ;
• l’évènement qui donne le droit à l’Administration Fiscale de réclamer,
auprès du redevable légal, le paiement de l’impôt.

En matière de TVA, la date d’exigibilité peut être postérieure à la date du fait


générateur de l’impôt.

Exercice fiscal : les activités de l’entreprise sont découpées en périodes de


douze mois et chaque période correspond à un exercice fiscal. L’exercice fiscal
coïncide avec l’année civile pour les entreprises de l’espace OHADA

Exercice fiscal prescrit : Période de temps où l’administration fiscale ne peut


plus corriger les erreurs ou les omissions du contribuable.

Fait Générateur : Le fait générateur de l’impôt s’entend comme :

• l’acte posé par le contribuable qui le rend redevable de l’impôt ;


• l’évènement par lequel sont réalisées les conditions légales qui permettent
à l’Administration Fiscale d’identifier le redevable de l’impôt.

Foyer fiscal : On parle de foyer fiscal pour désigner l’ensemble des personnes
figurant sur une même déclaration de revenu. La conséquence de la constitution
d’un foyer fiscal est que les revenus de toutes les personnes le composant sont
additionnés.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Impositions de toutes natures : Toutes les obligations de payer une somme


d’argent qui ne résulte, ni d’une obligation contractuelle, ni d’un contrat, ni du
Code Civil, ni du Code de Commerce, ni du code Pénal, sont des impositions de
toutes natures.

Sont donc des impositions de toutes natures : les impôts ; les taxes fiscales.

Par conséquent, ne sont pas des impositions de toutes natures :

• les taxes parafiscales ;


• les redevances pour services rendus ;
• les cotisations sociales.

Impôt : Terme désignant un prélèvement pécuniaire, de caractère obligatoire,


effectué en vertu de prérogatives de puissance publique, à titre définitif, sans
contrepartie déterminée, en vue d'assurer le financement des dépenses publiques
de l'Etat à savoir : le pouvoir central, les provinces, les entités territoriales
décentralisées et leurs organismes auxiliaires.

L`impôt est un prélèvement pécuniaire : le caractère monétaire de l`impôt


apparaît dans deux niveaux :

• l`assiette est toujours constitué d`élément monétaire ou susceptible d`être


converti en monnaie.
• le caractère pécuniaire apparaît lors de paiement de l`impôt. L`Etat a posé
des principes très claires que l`impôt doit être payé en argent.

L’impôt est un prélèvement de caractère obligatoire : les redevables doivent


s’acquitter de leurs impôts. C’est une obligation pour l’administration fiscale de
percevoir ces impôts et les redevables sont tenus de les payer. Le redevable ne
peut pas refuser de payer ses impôts. Il ne peut pas négocier le montant de
ses impôts (il peut éventuellement négocier le montant des pénalités).

L’impôt est un prélèvement à titre définitif : l’impôt est un prélèvement


effectué à titre définitif. On ne peut pas demander la restitution de l’impôt et qui
permet de différencier l`impôt de l’emprunt. Par exception l’Etat peut
rembourser certaines sommes aux contribuables soit parce qu`il a commis une
erreur soit lorsque l`on est en présence de crédit d`impôt.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’impôt est un prélèvement sans contrepartie déterminée : les impôts


servent à couvrir les dépenses publiques. Ce sont des recettes publiques, qui ne
sont jamais affectées à des dépenses publiques précises). Les impôts sont sans
contrepartie déterminée. : Il n’y a pas de lien entre les sommes versées par un
contribuable et l’utilisation des biens et services publics. Le paiement de l’impôt
n’est donc pas une condition pour utiliser les biens et les services publics.

L'absence de contrepartie déterminée est l'un des éléments essentiels de la


notion de l’impôt.

Cet élément de la définition les distingue : des taxes fiscales, des redevances,
des taxes parafiscales et des cotisations fiscales.

Loi de finances : Loi votée par le Parlement qui prévoit les recettes et les
dépenses de l’État pour une année. Cette loi autorise la perception des recettes
par l’État, et doit être votée avant le début de l’année de référence.

Législation fiscale : Terme désignant l’ensemble des lois et textes qui


définissent les obligations du contribuable et les droits de l’Administration
Fiscale, sur un territoire national donné.

Liquidation : liquider l’impôt, c’est procédé aux différentes opérations de


détermination et de calcul en vue d’arrêter le montant net dû au Trésor.

Opérations exonérées de la TVA : Ce sont des opérations situées dans le


champ d'application de la TVA mais qui échappent à l'imposition aux termes de
dispositions expresses.

Paiement d’après les débits : Faculté offerte aux redevables effectuant des
opérations pour lesquelles l’exigibilité de la TVA est constituée par
l’encaissement, de payer la TVA lors de l’inscription en comptabilité des
sommes, dues par les clients, au débit du compte prévu à cet effet.

Péremption du droit à déduction : Perte de la possibilité, pour l’assujetti,


d’exercer son droit à déduction pour cause de prescription extinctive.

Prescription extinctive (ou libératoire) : C’est le fait, pour le titulaire d'un


droit, de le perdre du fait de son inaction prolongée.

Produit non imposable : Valeur, qui contribue à l’enrichissement de


l’entreprise, mais, qui n’entre pas dans la base d’imposition de l’Impôt sur les

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Bénéfices (Impôt sur les Sociétés pour les sociétés de capitaux et l’Impôt sur le
Revenu des Personnes Physiques pour les sociétés de personnes).

Prorata de déduction : Terme désignant le coefficient de déduction qui permet


à l’entreprise de déterminer le quantum de déduction qu’elle peut pratiquer sur
la TVA qu’elle a acquittée sur les biens et services achetés, importée ou livrés à
soi-même.

Le prorata de déduction est calculé comme suit

- au numérateur, le montant annuel du Chiffre d’Affaires Hors Taxes


afférent aux opérations taxables (y compris les exportations) et ouvrant
droit à déduction
- au dénominateur, le montant annuel du Chiffre d’Affaires Total Hors
Taxes afférent à l’ensemble des opérations situées dans le champ
d’application de la TVA.

Le Chiffre d’Affaires est un élément clé pour le calcul du prorata de déduction,


or il n’est connu qu’en fin d’exercice.

C’est pour cette raison que la législation fiscale de chaque pays fixe les délais
dans lesquels, les redevables partiels doivent, en début d’exercice, déposer une
déclaration qui fait apparaître le prorata provisoire applicable à ses activités au
cours de l’exercice.

Le prorata provisoire ainsi défini est déterminé en fonction du Chiffre d’Affaires


réalisé l’année précédente ou, pour les nouveaux assujettis, en fonction du
Chiffre d’Affaires prévisionnel de l’année en cours.

Le montant du prorata définitif est arrêté dans les délais fixés par la législation
fiscale de chaque pays.

La déduction ne peut être acquise qu’après vérification du prorata de déduction.

Le prorata définitif de l’exercice antérieur est considéré comme le prorata


prévisionnel de l’exercice suivant.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les variations à la baisse ou à la hausse entre le prorata provisoire et le prorata


définitif font l’objet d’un complément de TVA à reverser ou d’une déduction
complémentaire.

Recoupement fiscal : Terme désignant une conjonction d’informations


obtenues auprès du contribuable et des tiers et qui permettent de reconstituer un
fait générateur d’impôt.

Redevable : Terme désignant toute personne physique ou morale susceptible


qui a effectué une opération qui génère l’impôt.

Redevable légal : Terme désignant la personne physique ou morale qui est


responsable du paiement de l’impôt auprès de l’Administration Fiscale.

Redevable réel : Terme désignant la personne physique ou morale qui supporte


la charge de l’impôt.

Redevable partiel de la TVA : est une personne physique ou morale qui, dans
le cadre de ses activités à but lucratif, réalise des opérations imposables à la
TVA et des opérations exonérées.

Redevance : Somme demandée à des contribuables en vue de couvrir les


charges d'un service public déterminé ou les frais d'établissement et d'entretien
d'un ouvrage public qui trouve sa contrepartie directe dans les prestations
fournies par le service ou dans l'utilisation de l'ouvrage.

Il faut qu'il y ait une corrélation entre le montant de la redevance et le cout réel
du service rendu.

Mais le montant de la redevance ne doit pas être nécessairement l'exact


équivalent du service rendu.

On peut dire que la redevance présente un caractère facultatif puisqu'elle n'est


due que par le redevable qui demande librement, et, qui utilise effectivement, le
service.

Redressement fiscal : C’est un rappel des impôts, droits et taxes effectué par
l’administration fiscale suite à un contrôle qui a permis de constater soit une
erreur d’application des dispositions légales, soit une inexactitude, une
insuffisance, une omission, une dissimulation dans la détermination du montant
des impositions. Le redressement peut être assorti des pénalités.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Remise des pénalités : Suppression partielle ou totale des pénalités, accordée


par l’Administration Fiscale à un contribuable, par voie gracieuse.

Retenue à la source : Mécanisme par lequel une tierce personne joue pour
l’État le rôle de percepteur. Par exemple lorsque l’employeur prélève l’impôt sur
le salaire et le reverse à l’État, il joue le rôle de percepteur.

Revenus accessoires : Revenus qui ne proviennent pas de l’activité principale


du contribuable, mais qui sont imposables.

Système déclaratif : Par opposition au système du prélèvement à la source, le


système déclaratif suppose que les éléments servant de base au calcul de l’impôt
soient déclarées par le contribuable lui-même.

Ceci a pour contrepartie le droit de contrôle et de vérification que se réserve


l’Administration Fiscale.

Taxes fiscales : Ce sont des prélèvements obligatoires perçus par l'État, les
collectivités territoriales ou les établissements publics administratifs, sur le
bénéficiaire d'un avantage particulier qui lui a été procuré à l'occasion du
fonctionnement d'un service public.

Toutefois, la contrepartie en question peut n’être que potentielle il n’est pas


nécessaire qu’elle ait été effectivement rendue, contrairement à la redevance

Les taxes fiscales se différencient des impôts qui lui sont destinés à couvrir
globalement les dépenses de fonctionnement des services publics.

Le montant des taxes est forfaitaire et n’a pas de corrélation directe avec le coût
réel du service rendu.

Les taxes fiscales sont payées par tous les contribuables même ceux qui ne
bénéficient pas du service rendu.

Taxes parafiscales : Ce sont des prélèvements obligatoires, recevant une


affection déterminée, institués par voie d’autorité, généralement dans un but
d’ordre économique, professionnel ou social.

Les taxes parafiscales sont perçues au profit d'une personne morale de droit
public ou privé autre que l'Etat, les collectivités décentralisées et les
établissements publics administratifs.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Etablies par voie réglementaire, les taxes parafiscales permettaient ainsi de


financer l’action publique dans un domaine sectoriel, au moyen d’un organisme,
privé ou public, chargé d’une mission de service public.

xix
INTRODUCTION GENERALE

Le concept « fiscalité » tire son origine du mot latin « fiscus » qui signifie
« panier » que les romains employaient pour recevoir de l’argent. Il a donné
naissance au fisc, qui désigne couramment l’ensemble des administrations
publiques qui ont en charge l’impôt ou d’une manière générale les prélèvements
obligatoires. Cette introduction comprend 12 points, à savoir :

1. Pour bien comprendre la fiscalité, il faut bien comprendre


l’entreprise

En économie, l’entreprise est définie comme une entité au sein de


laquelle un certain nombre d’hommes et de femmes apportent leurs
compétences pour produire des biens et/ou des services et les vendre afin de
réaliser des profits. Ces profits permettront de rémunérer les différents facteurs
de production sous la forme de salaires versés aux employés, d’intérêts payés
aux prêteurs d’argent, d’impôts réclamés par l’Etat et les collectivités locales, et
de profits distribués à ceux qui sont juridiquement les propriétaires de
l’entreprise1.

Au regard de cette définition, on comprend bien que l’entreprise en tant


qu’agent économique reste au centre des actions d’autres agents qu’elle
rémunère d’une manière directe ou indirecte. Aussi, pour rémunérer l’Etat,
l’entreprise joue-t-elle un rôle déterminant dans la collecte de l’impôt d’abord
comme contribuable directe (celle qui supporte l’impôt), ensuite comme
redevable légal (celle qui collecte l’impôt pour l’Etat) et enfin comme
renseignant (celle qui facilite la collecte de l’impôt). De même l’Etat joue
plusieurs rôles pour aider l’entreprise à mieux réaliser ses activités. Il intervient
dans l’organisation de la concurrence, il est un régulateur (impose le respect
d’un certain nombre de conditions), il assure un certain protectionnisme (en
faveur de la production locale), il est un client dominant (il achète aussi), il est
un prescripteur (il est à l’origine des grands projets) etc.

Pour comprendre le régime fiscal applicable à une entreprise, il faut bien


comprendre les mécanismes de sa création, de son fonctionnement, ses activités,
ses enjeux ainsi que ses responsabilités. Bref, il faut avoir le maximum

1
R. PAPIN, Qu’est-ce qu’une entreprise dans Collectif Eyrolles, Mention Gestion et management, éd. Eyrolles, Paris,
2007, p. 26
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

d’informations à caractère juridique, économique, financier et autres sur ladite


entreprise avant de tirer les conséquences fiscales qui en découlent.

2. Pour bien comprendre l’entreprise, il faut bien comprendre la


fiscalité

Le rôle de la fiscalité est aussi déterminant dans le fonctionnement et


l’atteinte des objectifs de l’entreprise. La fiscalité va au-delà du simple souci de
collecte des impôts en aménageant tous les dispositifs législatifs pour améliorer
l’environnement des activités de l’entreprise en vue d’une collecte permanente
et rassurante des ressources publiques. Autrement dit, la fiscalité doit être
incitative pour les investissements. Son rôle est de s’assurer que les
prélèvements fiscaux sont des moyens qui, par un retour d’action, permettent la
continuité des activités de l’entreprise. L’impôt ne doit pas être lourd et
écrasante, mais souple et utile.

Cette vision entrepreneuriale d’une fiscalité productive est nécessaire


pour que les créateurs d’entreprise considèrent l’Etat comme l’un des
actionnaires réels. En effet, même s’il ne siège pas dans l’assemblée générale
des entreprises, en réalité, en prélevant une quotité sur les bénéfices, l’Etat est
un associé indirect.

3. Fiscalité et gestion de l’entreprise sont deux notions en étroite


interdépendance

La fiscalité et l’entreprise sont tellement liées à l’histoire depuis


l’existence des sociétés organisées que nous sommes d’avis du Professeur
KIBUEY qui dit que « l’inséparabilité est, en effet, un caractère sacro-saint de
cette cohabitation tant il est vrai que le fisc se trouve presque toujours, pour
différentes raisons, aux côtés de l’entreprise, même s’il ne s’ingère pas dans les
actes quotidiens de ce management2 ».

Cela revient à penser que sans entreprise, pas de fiscalité et vice-versa.


Les deux sont tellement interdépendantes que les textes qui les organisent
(statuts de l’entreprise et loi fiscale) n’échappent pas à cette réalité : nature
d’investissement, dépenses fiscales, exonérations, déficits reportables,

2 P. KIBUEY, La fiscalité et la gestion de l’entreprise, éd. Académie U, Kinshasa, 2014, p.1

2
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

amortissements réputés différés, subventions, responsabilité sociétale,


couverture des services essentiels, etc.

4. L’attitude du Manager est déterminante face aux obligations fiscales


de l’entreprise

Dans cette interdépendance « Fiscalité-Entreprise » se trouve deux acteurs


importants qui représentent les deux parties : le Fisc et le manager de
l’entreprise. En effet, si la gestion du fisc est confiée à un fonctionnaire de
l’Etat, celle d’une entreprise est de la responsabilité d’un homme en qui toutes
les parties prenantes à celle-ci reposent leur espérance de gains tirés de
l’entreprise : c’est le manager suprême.

L’attitude du manager vis-à-vis des enjeux fiscaux de l’entreprise, est


déterminante. Il imprime l’image que le Fisc devra avoir de son entreprise, il
décide du genre de partenariat (constructif ou conflictuel), il s’assure du respect
des obligations fiscales par son entreprise et rend compte à toutes les parties
prenantes.

Les risques fiscaux sont évidents (non-respect des règles et obligations


fiscales) et peuvent s’avérer fatals si les dirigeants n’y prennent pas garde. En
effet, les pénalités fiscales issues d’un contrôle de bilan d’entreprise peuvent
aller du simple paiement de l’impôt (principal y compris les pénalités) aux
sanctions pénales des dirigeants en cas de fraude avérée.

D’où, une culture fiscale (optimiser la fiscalité tout en respectant les


règles en vigueur) chez tous les collaborateurs concernés de l’entreprise, une
gestion de la période d’inspection fiscale se doivent d’être mise en place afin de
minimiser au mieux le risque fiscal3.

5. Mieux comprendre la fiscalité pour mieux gérer les obligations


fiscales de l’entreprise
Tout mauvais comportement du contribuable étant assorti des pénalités
et/ou amendes fiscales, l’ignorance peut faire perdre à l’entreprise et aux parties
prenantes des milliers voire des millions de dollars. La réussite d’une
organisation dépend aussi de la capacité des dirigeants à respecter les
engagements pris. Les caractéristiques d’une entreprise sont intimement liées à

3 V. PLAUCHU et A. TAIROU, Méthodologie du diagnostic d’entreprise, éd. L’Harmattan, Paris, 2008, p. 684

3
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

son activité, à la personnalité de ses dirigeants, à sa structure juridique et à son


actionnariat, à la stratégie adoptée, aux modalités de son développement ainsi
qu’à son mode de gouvernance (Imbert et Palard, 2013).

6. Importance de la fiscalité

La fiscalité occupe une place importante dans la vie politique,


économique et sociale d’un pays. Aussi devrions-nous étudier son importance :
- pour les finances publiques, - dans la vie des citoyens, - pour les entreprises.
Mais au préalable, en quoi l'étude de la fiscalité présente-t-elle un grand intérêt
pour l'étudiant ? La fiscalité est une compétence majeure pour les professions
comptables, juridiques et financières pour les 3 raisons suivantes :
1) C'est une compétence indispensable à l'exercice des métiers comptables,
juridiques et financiers.
2) C'est un créneau (place disponible sur le marché économique) porteur. Le
marché de la fiscalité est appelé à prendre un essor important au cours des
prochaines années.
3) C'est une compétence de plus en plus prisée (estimée) dans le marché du
travail.

A. Importance de la fiscalité pour les finances publiques

Les finances publiques jouent un rôle capital dans l’ordre économique et


social d’un pays. Elles permettent à l’Etat de fonctionner notamment en faisant
face aux dépenses de fonctionnement et d’investissements nécessitées par la
mise en œuvre et le financement des services publics fondamentaux tels que : la
défense du territoire, la sécurité des citoyens, la représentation des intérêts des
congolais à l'étranger, la formation, la santé, etc...

De même qu’elles permettent de contribuer au financement des


infrastructures si nécessaires au développement économique et social : routes,
écoles, lycées et universités, hôpitaux, télécommunication, etc...

L’Etat finance ses activités soit par les ressources ordinaires, soit par les
emprunts. En RDC, les ressources ordinaires de l’Etat sont constituées à
hauteur de 85% de recettes fiscales 4 , le complément provient des ressources

4
Evolution des recettes courantes : (en millions de CDF)
Réalisation 2013 Réalisation 2012
% %
Recettes fiscales 3.360,04 85 2.726,86 75
Recettes non fiscales 608,26 15 903,63 25

4
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

naturelles et des entreprises publiques. La fiscalité donne les moyens aux


finances publiques.
B. Importance de la fiscalité pour les citoyens

Les citoyens sont à la fois les sujets qui supportent l’impôt et les
bénéficiaires, en retour, des services financés par l’impôt. Toute gratuité de
service public est financée par l’impôt. Ainsi, si les étudiants ne se soucient pas
du financement de leurs études, c’est parce que les dépenses de l’université sont
prises en charge par l’Etat, autrement dit par l’impôt. Mais d’où provient
l’impôt ? Bien entendu, il provient, en dernière analyse, des citoyens sous la
forme de prélèvements de plusieurs sortes.

Dans toute action, dans tout acte, dans toute activité économique et
sociale, vous rencontrez l’impôt que ce soit en tant qu’utilisateur d’un service
gratuit ou subventionné (c’est-à-dire offert à un prix inférieur à son coût
économique) ou bien en tant que contribuable qui supporte l’impôt de façon
visible ou invisible, consciente ou inconsciente.

C. Importance de la fiscalité pour les entreprises

"Si la règle fiscale est imposée par l'Etat, dans son intérêt, pour régler ses
rapports financiers avec les particuliers, il n'en demeure pas moins que lorsque
la règle est appliquée aux entreprises, la lourdeur de la charge financière en
découlant les incite à intégrer la variable fiscale dans toute décision de gestion."5

L’entreprise est à la fois un contribuable au titre des impôts qu’elle supporte et


redevable au titre des impôts qu’elle fait supporter à ses clients ou qu’elle retient
à la source sur les sommes dues à certains fournisseurs ou à ses salariés.

L’impôt constitue pour l’entreprise un coût ou un élément qui peut


influencer sa capacité de faire face à la concurrence lorsqu’elle ne peut le
répercuter sur le client.

Les entreprises ont donc intérêt à adopter une stratégie de sécurité et


d’optimisation à l’égard de l’impôt :
- Sécurité : par le respect des règles fiscales et l’option à la régularité fiscale.

Total des recettes 3.968,30 100 3.630,49 100


ordinaires
Source : Ministère du Plan et de Révolution de la Modernité, INS (2015), Annuaire statistique 2014, Kinshasa, p.509.
5
Patrick Serlooten, Droit fiscal des affaires, édition L.G.D.J., p.9.

5
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Optimisation : par une bonne connaissance de la fiscalité et l’utilisation


optimale des options et solutions avantageuses pour l’entreprise.

Les autres stratégies de fraude totale ou partielle aboutissent généralement


à exposer à la fois l'ensemble macroéconomique et l'entreprise elle-même à des
crises dont l'effet peut être grave. La fraude fiscale peut aussi créer une situation
de rente (gain non justifié par une valeur ajoutée économique) incompatible
avec l'efficience économique.

7. Les théories justificatives du prélèvement fiscal

Aucun État moderne n’est concevable sans impôt. Aussi, depuis


longtemps a-t-on essayé de définir un cadre théorique visant à expliquer, voire à
légitimer le prélèvement fiscal. Les principales théories justificatives de l’impôt
sont :

- La contrepartie des services rendus par l’État ;


- La solidarité nationale ;
- Les facultés contributives ;
- L’expression de la souveraineté.

Ces théories exercent des influences variables sur les différents systèmes
fiscaux adoptés par les pays en fonction de leur système économique et des
courants de pensée politique dominants.

A. L’impôt, contrepartie des services rendus par l’État

Selon cette théorie, l’impôt est la contrepartie ou le prix des services


rendus par l’État, une sorte de prime d’assurance payée par les citoyens pour
jouir en sûreté de leurs droits. Dans ce sens, l’impôt est défini comme étant une
prestation pécuniaire requise des contribuables en vue de la couverture des
charges publiques.6

B. L’impôt, expression de la solidarité nationale

Au même titre que la défense du territoire qui consiste à ce que ceux qui
sont capables de défendre le territoire le font au profit de tous, l’impôt est
l’expression d’une solidarité nationale qui consiste à ce que les uns payent

6
D’après la définition du professeur Gaston Jèze.

6
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’impôt dont tous profitent. L’impôt permet ainsi de réaliser la redistribution


nécessaire à une certaine paix sociale.

C. L’impôt, une participation aux charges publiques en fonction des


facultés contributives

Il s’agit là d’un principe inscrit à la déclaration des droits de l’homme et


du citoyen de 1789 qui dispose dans son article 13 : "une contribution
commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les
citoyens en raison de leurs facultés contributives." Dans le même esprit,
l'article 16 de la constitution dispose : "Le paiement de l'impôt et la
contribution aux charges publiques, sur la base de l'équité, constituent un
devoir pour chaque personne".

D. L’impôt, expression de la souveraineté

L’impôt est défini comme un prélèvement pécuniaire par voie d’autorité,


à titre définitif et sans contrepartie. Il est la manifestation de la souveraineté de
l’État d’où l’absolue nécessité du consentement des contribuables, consentement
exprimé, à la suite d'un débat contradictoire, par le biais de leurs représentants
(les députés à l'assemblée nationale).

Dans ce sens, l’article 34 de la constitution dispose : "sont pris sous forme


de lois les textes relatifs à l’assiette et aux taux des impôts au profit de l’État,
sauf délégation accordée au Président de la République par les lois de finances
et les lois fiscales".

E. Impact des différentes théories justificatives sur les systèmes fiscaux

Les différentes théories explicatives des fondements de l'impôt


connaissent des limites et subissent des critiques. Néanmoins, les systèmes
fiscaux effectifs sont souvent une synthèse de ces différentes théories, chacune
des théories marquant plus ou moins les mesures fiscales selon les courants de
pensée politique, la politique des gouvernements et les conjonctures. Une
certaine synthèse de ces différentes théories apparaît aussi à travers l’article 16
de la constitution congolaise ci haut cité.

7
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Au nombre des critiques et limites des différentes théories justificatives


du prélèvement fiscal, on peut citer :

§ 1 - L'impôt, contrepartie des services de l'État :

Cette conception qualifiée d'individualiste a évolué vers la thèse de


l'impôt prix des services rendus par l'État. Hormis l'exemple des redevances, la
limite de la thèse de l'impôt contrepartie ou prix des services rendus par l'État est
l'impossible correspondance entre les impôts payés par un contribuable donné et
les services dont il bénéficie en contrepartie.

§ 2 - L'impôt, expression de la solidarité nationale :

La thèse de la solidarité nationale connaît des limites dès qu'on passe du


collectif à l'individuel. Les prélèvements obligatoires qui comprennent, en plus
des impôts, les cotisations sociales, sont une manifestation de cette thèse. De
même, en cas de catastrophe naturelle, les citoyens sont souvent appelés à verser
des contributions de solidarité.
La solidarité n'implique pas un droit individuel sur la communauté en cas
de renversement dans la situation du contribuable. Ainsi, par exemple, un
contribuable, qui paie des impôts pendant les années de prospérité, ne pourra pas
réclamer d'être pris en charge s'il vient à perdre toute sa fortune pour une raison
ou une autre. Néanmoins, dans les systèmes fiscaux des pays développés, il a été
introduit une nouvelle technique permettant le remboursement d'une partie des
impôts payés précédemment en cas de retournement de situation d'une certaine
catégorie de contribuables. Il s'agit de la technique du carry-back ou du report en
arrière.

§ 3 - L'impôt, une participation aux charges publiques en fonction des


facultés contributives :

Cette théorie est celle qui a le plus influencé la pensée fiscale


contemporaine. Parmi ses manifestations, la progressivité des taux d'imposition
en fonction du volume des revenus imposables, la franchise accordée aux
revenus faibles ou encore la faible imposition des régimes forfaitaires.
Certaines applications de la théorie de la faculté contributive transgressent
les principes fondamentaux d'une gestion saine de l'économie. Ainsi, par

8
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

exemple, l'exonération des régimes forfaitaires de la TVA institue une


concurrence déloyale incompatible avec un principe fondamental de l'économie
de marché.
Une application inefficace de la théorie de la faculté contributive crée des
injustices socialement et économiquement nuisibles.

§ 4 - L'impôt, expression de la souveraineté :

Plus le débat autour de l'impôt est contradictoire, multiple et varié, plus


les chances d'aboutir aux meilleures solutions sont favorisées.
Le consentement à l'impôt est l'expression d'une majorité. Il ne peut être le
fruit d'une unanimité. Ce sont les représentants de l'opinion majoritaire qui
consentent à l'impôt. Cependant, le consentement à l'impôt par la majorité, qui
confère à l'impôt un pouvoir de contrainte le rendant obligatoire à tous, ne
signifie pas le consentement à l'impôt par chacun des contribuables pris
individuellement.

De même, l'impératif de rechercher une compétitivité fiscale7 dictée par la


globalisation de l'économie ainsi que l'adhésion aux accords internationaux de
libre échange limitent la liberté d'action des législateurs nationaux et limitent,
par là même, l'expression de la souveraineté nationale.

8. Les fonctions de l’impôt

On attribue, généralement, trois fonctions à l’impôt :


- une fonction financière,
- une fonction économique,
- une fonction sociale.
A. La fonction financière de l’impôt

§ 1 - La couverture des charges publiques :

La première fonction de l’impôt est d’assurer la couverture des charges


publiques. “Il existe des charges, il faut les couvrir” écrit le professeur Gaston

7
Un système fiscal est compétitif lorsqu'il entraîne une imposition moins lourde que celle des autres pays. La compétitivité est réalisée
par des taux d'imposition allégés, des techniques simples et claires, des assiettes d'imposition conçues de façon rationnelle et un très fort
attachement à l'équité fiscale.

9
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Jèze. Le système fiscal remplit d’autant mieux cette fonction qu'il comporte un
nombre réduit d’imposition d'un bon rendement.

Le rendement fiscal est fonction de l'étendue de l’assiette (champ de


couverture de l'imposition) et des taux d’imposition : Rendement fiscal =
Assiette totale liée au champ de couverture de l'impôt x Taux d'imposition.
Moins le champ de couverture de l’assiette est large, plus les taux d'imposition
doivent être élevés pour qu’un impôt ait un bon rendement. Or lorsque les taux
sont élevés, la fraude et l’évasion fiscale se développent et réduisent l’assiette.
Ce phénomène est traduit par la formule : les taux abattent les totaux.

La courbe de LAFFER donne une représentation graphique de l’évolution


des recettes fiscales en fonction du taux de l'impôt.
Selon LAFFER, l'augmentation du taux d'imposition entraîne une augmentation
des recettes fiscales jusqu’à un point de rupture à partir duquel toute
augmentation de la pression fiscale entraîne une diminution des recettes.

§ 2 - Arbitrage entre impôt et emprunt :

L'État se finance par les recettes propres (impôts, richesses naturelles,


prélèvements sur les bénéfices des entreprises publiques) et par emprunt.
Le financement par emprunt est utilisé pour couvrir le déficit budgétaire.
Il aboutit à transférer sur les générations futures des charges de dépenses
actuelles. On considère qu'un tel procédé peut être justifié lorsqu'il permet de
financer des investissements qui augmentent le potentiel de création de richesses
de l'économie (dépenses d'investissements rentables).
En période d'inflation, l'emprunt remboursé en monnaie dévaluée, produit
pour la partie correspondant à la dépréciation de la monnaie un effet similaire à
celui de l'impôt : ponction sur le pouvoir d'achat et la richesse des contribuables.

§ 3 - Le déficit budgétaire :

Le déficit budgétaire correspond au surplus des dépenses, hors


remboursement du principal de la dette, sur les recettes.

Il correspond aussi à la différence entre les nouveaux emprunts contractés


pour financer le budget et les remboursements en principal de la dette au cours

10
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

de l'exercice. On considère qu'un déficit budgétaire de l'ordre de 3% est


compatible avec une gestion saine des finances publiques. Un déficit budgétaire
trop élevé renchérit le taux d'intérêt.

B. La fonction économique de l’impôt :

La fonction économique de l’impôt prend une dimension de plus en plus


importante dans la détermination des politiques fiscales. Aussi, cette fonction
comporte-t-elle de nombreux aspects qui ont une incidence directe sur la santé
de l’économie d’un pays :
- Les prélèvements fiscaux, frais généraux de l'économie ;
- La fiscalité, outil de politique économique ;
- Le taux de pression fiscale ;
- Incidence de la fiscalité sur la qualité de la concurrence ;
- Incidence de la fiscalité sur la compétitivité des entreprises congolaises ;
- Nécessité de comparer son système fiscal avec celui des autres pays ;
- Incidence de la fiscalité sur les prix ;
- Incidence de la fiscalité sur la trésorerie de l'entreprise ;
- L'effet d'inhibition fiscale ;
- L'effet de rente fiscale.

§ 1 - Les prélèvements fiscaux, frais généraux de l'économie :

Les prélèvements fiscaux visent à couvrir les dépenses de fonctionnement


nécessaires à l'efficacité de l'État. Dans ce sens, ils correspondent aux sommes
nécessaires à la couverture des frais généraux de l'économie. Moins les frais
généraux nécessaires à l'efficacité de l'État sont élevés, plus les ressources
consacrées à la production sont élevées.

Toutefois, les recettes fiscales utilisées pour financer les investissements


en ressources humaines (éducation, formation, santé, etc...) et en infrastructure
(routes, communications, équipements collectifs, etc...) constituent de véritables
investissements créateurs de richesses. Certains courants de pensée considèrent,
néanmoins, que l'intervention de l'Etat doit rester résiduelle pour se limiter aux
investissements d'utilité collective que le secteur privé ne peut entreprendre pour
défaut d'intérêt ou par manque de moyens (faible concentration du capital). Pour

11
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

ces courants, aujourd'hui dominants, la meilleure des impositions est la plus


légère.

§ 2 - La fiscalité, outil de politique économique :

La prise en compte des incidences fiscales par les dirigeants d'entreprise


dans leurs prises de décisions économiques, l'incidence de la fiscalité sur les prix
et par voie de conséquence sur la consommation, font que l'Etat peut utiliser les
mesures fiscales pour orienter les choix économiques. C'est le cas notamment
pour encourager l'investissement dans les secteurs ciblés et l'exportation par le
code d'incitations aux investissements.

§ 3 - Le taux de pression fiscale :

Le taux de pression fiscale mesure la part du Produit Intérieur Brut


(P.I.B.) au prix du marché prélevé par l'Etat sous la forme de recettes fiscales.

Le Produit Intérieur Brut au prix du marché correspond à la somme des


valeurs ajoutées produites par l'ensemble des agents économiques exprimée par
les taxes prélevées sur les consommations comprises.

Ainsi le taux de pression fiscale se calcule selon la formule suivante :


Somme des recettes fiscales / Produit Intérieur Brut (au prix du marché) = I / P.
A titre d'exemple, si les recettes fiscales se sont élevées en 2013 à 3 968,30
milliards de CDF alors que le PIB a atteint 31,267 milliards de CDF, le taux de
pression fiscale est de : 3 968,30 / 19.980,2 x 100 = 19,86%. Le taux de
pression fiscale a une incidence directe sur l'épargne nationale et la capacité
contributive des entreprises.

Une étude empirique menée par Wagner a pu établir une relation entre le
taux de pression fiscale et le niveau de développement d'un pays. Cette relation
appelée "loi de Wagner" postule que la dépense publique en % du P.I.B. tend à
s'élever quand un pays s'enrichit8.

8 Rapporté par "Problèmes économiques" n° 2530 - 20 Août 1997 page 5.

12
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 4 - Incidence de la fiscalité sur la qualité de la concurrence :

Un des éléments clefs de l'économie de marché est l'existence d'une


concurrence loyale entre les opérateurs économiques. Le caractère loyal de la
concurrence relève de la responsabilité de l'État et détermine sur une longue
période l'aptitude et la capacité compétitive d'une économie. Lorsqu'il existe
une fraude fiscale fortement répandue, elle peut fausser le jeu de la concurrence.
Dans un tel contexte, plus les taux d'imposition sont élevés, plus la rente du
fraudeur est forte.

§ 5 - Incidence de la fiscalité sur la compétitivité des entreprises congolaises


:
Le prélèvement fiscal est en dernière analyse un prélèvement sur l'épargne
des entreprises et sur le pouvoir de consommation et l'épargne des ménages.
Ainsi, l'Excédent Brut des Entreprises (l'excédent brut d'exploitation représente
le résultat comptable courant avant charges financières, dotations aux
amortissements et provisions et impôt sur les bénéfices) est réparti entre trois
agents :
- Les établissements de crédits sous forme d'intérêts ;
- L'État sous forme d'impôt sur les bénéfices ;
- L'entreprise sous forme de capacité d’autofinancement.

Plus le taux de pression fiscale est fort, moins la part restant à l'entreprise
et lui permettant de rémunérer ses actionnaires, d'autofinancer et de développer
ses activités, est élevée. Il en est de même de la qualité de la concurrence qui
peut être biaisée par l'impôt. Enfin, des erreurs conceptuelles dans la conception
des règles fiscales peuvent, paradoxalement, favoriser les opérateurs étrangers
ou favoriser un mauvais comportement économique. L'ensemble de ces
éléments font que les autorités fiscales doivent s'enquérir en permanence de
l'incidence réelle du système fiscal sur la compétitivité des entreprises
congolaises.

§ 6 - Nécessité de comparer en permanence son système fiscal avec celui des


autres pays :

La mondialisation de l'économie, l'intégration de l'économie congolaise


dans le marché mondial rendent nécessaire une comparaison permanente entre

13
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

les dispositions fiscales nationales et celles régissant les entreprises des autres
pays et tout spécialement des pays concurrents. L'objectif est de ne jamais
handicaper l'entreprise congolaise par une disposition fiscale trop lourde par
rapport à la fiscalité régissant les entreprises dans les pays concurrents.
L'exemple de la fiscalité des États-Unis illustre l'idée de rechercher à doter les
entreprises opérant sur le territoire américain d'un avantage fiscal comparatif.

En présentant le système fiscal américain, Francis Lefebvre avance la


conclusion suivante : «L'incitation la plus importante en faveur des
investissements étrangers aux États-Unis réside dans le régime fiscal américain
lui-même. En effet, le taux maximum de l'impôt est de 28% pour les personnes
physiques et de 34% pour les sociétés».9

§ 7 - Incidence de la fiscalité sur les prix :

La fiscalité est une composante des prix par le biais de la répercussion :


(1) Les impôts dits indirects qui frappent la consommation sont une composante
du prix. Ils sont généralement ajoutés au prix pour être supportés par le
consommateur. Néanmoins, lorsque la demande d'un produit est élastique, une
augmentation du taux de la TVA entraîne une diminution de la demande et de la
consommation.
(2) Les autres impôts font partie des coûts de revient. Ils sont répercutés sur les
prix à moins que le prix fixé par le marché n'empêche, pour une période
correspondant à un cycle économique, leur répercussion directe sur le prix de
l'offre.

§ 8 - Incidence de la fiscalité sur la trésorerie des entreprises :

Les entreprises sont débitrices réelles à l'égard de certains impôts (au titre
des impôts qu'elles supportent effectivement c'est-à-dire pour lesquels elles
constituent le point de chute de l'impôt) et simples débitrices fiscales à l'égard
d'autres impôts (au titre des impôts qu'elles répercutent - impôt sur la
consommation) et au titre des impôts qu'elles retiennent à la source.

De ce qui précède, il y a lieu de dire que la fiscalité n'est jamais neutre au


regard de la trésorerie. Alors qu'elle est généralement source de besoin de

9
Francis Lefebvre, Dossiers Internationaux, États-Unis, page 21.

14
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

trésorerie, elle peut, dans le cas exceptionnel de certaines branches d'activités,


être génératrice de trésorerie.

§ 9 - L'effet d'inhibition fiscale :

L'acte de payer un impôt n'est pas un acte naturel. L'homme, égoïste par
nature, partage difficilement ses richesses ou ses revenus. Ainsi chaque impôt a
un effet d'inhibition qui peut mener, dans les cas extrêmes, jusqu'à faire renoncer
à l'activité ou la réduire délibérément pour éviter l'impôt. La diffusion d'une
bonne culture fiscale et d'une bonne culture économique sont de nature à réduire
cet effet. Mais, toujours convient-il d'intégrer dans tout raisonnement de
politique fiscale l'effet inhibitif de l'impôt. La prise en compte de l'effet
d'inhibition fiscale amène à réduire le nombre d'impositions notamment par la
suppression des impositions à faible rendement et à étudier l'impact de chaque
imposition sur le comportement économique des contribuables.

§ 10 - L'effet de rente fiscale : L'effet de rente fiscale se produit notamment


dans les trois situations suivantes :

a) Lorsque les techniques fiscales applicables comportent des anomalies


conceptuelles qui favorisent les uns au détriment des autres. Un exemple de ce
type d'anomalie est fourni par la dispense des assujettis de la TVA au titre de
leurs achats pour le secteur non assujetti.
b) Lorsqu'une entreprise ou un individu réalise des économies fiscales dues aux
avantages fiscaux qui le dispensent de contribuer à la couverture des charges
publiques sans intérêt pour la communauté. A ce titre, il convient de remarquer
que le système des avantages fiscaux en RDC joue souvent un rôle de correctif
des anomalies du système de droit commun plutôt que comme un véritable
système d'avantages.
c) Lorsqu'une personne réalise une économie fiscale en recourant à la fraude ou
augmente sa part de marché en répercutant l'effet de la fraude fiscale.
Dans ces trois cas, il se produit un effet de rente fiscale qui limite à long terme
la compétitivité de l'économie d'un pays.

15
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

C. La fonction sociale de l'impôt

La fonction sociale de l'impôt comporte deux aspects :


- L'aspect contribution équitable à la couverture des charges publiques : les
conditions d'exercice du devoir fiscal des citoyens ;
- Et la recherche d'une régulation sociale par le biais de la redistribution des
revenus.

§ 1 - Les conditions d'exercice du devoir fiscal des citoyens :

Le principe de la contribution équitable de tous à la couverture des


charges fiscales est un principe constitutionnel. Il en est de même du principe de
l'égalité des citoyens devant la loi fiscale. La contribution équitable suppose le
respect de la règle d'universalité de l'impôt, règle qui se traduit par la
participation réelle de tous, dans les mêmes conditions, au financement des
charges publiques.

§ 2 - La régulation sociale par l'impôt :

Les mécanismes de l'économie de marché et le sous-développement


économique créent des distorsions justifiant l'intervention de l'État pour
procéder aux corrections nécessitées par les équilibres sociaux et le
développement humain. Aussi, appartient-il à l'État, par le biais de la fiscalité et
des transferts, de procéder aux corrections et à la régulation sociales nécessitées
par le développement économique et humain.

9. Les principes économiques d’imposition

Six principes fondamentaux expliquent la logique économique des


impositions et permettent d'apprécier la validité des mesures fiscales au regard
des bonnes règles de la gestion économique :
1. Le principe d'équité.
2. Le principe de neutralité.
3. La prise en compte de la règle de l'efficience économique.
4. Le principe de la simplicité.
5. Le principe de compétitivité.
6. Le principe d'efficacité.

16
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1. Le principe d'équité

Ce principe, qui en appelle aux notions de justice sociale, ne fait toutefois


pas l'objet d'une interprétation consensuelle.
Deux grandes écoles se disputent le sens de l'équité fiscale : la première
considère que l'imposition de chaque citoyen doit être basée sur sa capacité de
payer (la capacité contributive) et la seconde considère que l'équité fiscale exige
plutôt que chaque contribuable acquitte des impôts en fonction des services
publics qu'il consomme abstraction faite de sa capacité de payer.

Le principe d'équité suppose aussi un traitement similaire entre les


obligations et devoirs tant de l'administration que du contribuable d'une part et le
traitement des contribuables sur le même pied d'égalité d'autre part.

2. Le principe de neutralité

Ce principe veille à ce que les règles d'imposition ne biaisent pas la


concurrence et ne soient source de concurrence déloyale. Ainsi, par exemple, les
règles de l'imposition à la TVA doivent assurer la neutralité de cette taxe vis-à-
vis des circuits et des biens.

Le manquement au principe de neutralité peut même handicaper une


économie nationale et favoriser les produits étrangers. Un exemple édifiant à ce
titre est donné par la conséquence de l'exonération de certains produits finis sans
possibilité de récupération sur les intrants pour les producteurs nationaux.

3. La prise en compte de la règle de l'efficience économique

Ce principe vise à assurer que l'allocation des ressources se fasse par les
mécanismes de l'économie de façon optimale grâce à l'action des mécanismes
des prix et de la rationalité des agents économiques (producteurs et
consommateurs) et que ni l'effet d'inhibition fiscale ni la recherche de rente
fiscale ne viennent modifier le comportement des agents économiques.

Il existe deux hypothèses contradictoires relatives à la théorie de


l'efficience des marchés :

17
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- La première hypothèse suppose qu'une économie sans imposition fiscale alloue


de façon optimale les ressources économiques. Conséquence : les mesures
fiscales doivent tendre d'être neutres c'est-à-dire conçues de sorte qu'elles
n'influencent pas les décisions économiques (l'exonération des dividendes
découlant de la règle de l'imposition à un stade unique œuvre dans le sens de
cette hypothèse).

- La seconde hypothèse ne reconnaît pas au marché l'aptitude à allouer les


ressources de façon optimale. Les distorsions du marché rendent donc
nécessaire l'intervention de l'Etat par le biais de plusieurs instruments dont la
fiscalité (avantages fiscaux en vue d'allouer les ressources à l'investissement
dans les secteurs prioritaires).
4. Le principe de la simplicité

Le principe de simplicité impliquant le droit à la bonne information du


contribuable conditionne la bonne application de la loi fiscale et favorise son
acceptation par les agents économiques.

Il suppose que les textes fiscaux et les procédures fiscales soient d'une
compréhension facile et accessible même aux non spécialistes pour que le
contribuable puisse accéder facilement à l'information sur ses obligations et ses
droits et être à même d'évaluer le montant des impôts qu'il a à payer et en tenir
compte dans ses prises de décisions économiques.

L'existence de textes fiscaux clairs, explicites, sans piège et respectueux


des principes fondamentaux du droit et d'instructions administratives conformes
aux textes réglementaires et facilement accessibles pour tous, est de nature à
accroître le sentiment de sécurité et d'équité fiscales. Plus un texte est rendu
accessible à tous, plus il constitue un moyen de pression de nature à influencer
le comportement des contribuables.
5. Le principe de compétitivité

Un impôt est compétitif lorsqu'il est internationalement comparatif. Un


impôt trop lourd par rapport aux standards internationaux est un impôt qui
handicape la compétitivité des entreprises nationales.

18
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

La fiscalité nationale doit, dès lors, tenir compte de la fiscalité des


principaux pays partenaires et s'efforcer d'être moins lourde.

6. Le principe d'efficacité

L'impôt doit être administré par l'État et respecté par les opérateurs
efficacement, au moindre coût. Le principe de simplicité est en corrélation avec
le principe d'efficacité fiscale. Aussi, faut-il admettre que le meilleur système
fiscal ne vaut que par l'administration qui le met en œuvre.

Une administration efficace suppose une application généralisée de


l'impôt, un pilotage et une surveillance administrative performante. De même,
qu'elle suppose que l'impôt soit effectivement prélevé sur des profits réels
(Imposition directe) ou sur la véritable valeur ajoutée (TVA-non rémanente) et
que le contribuable ait dégagé effectivement la trésorerie nécessaire pour
l'acquitter.

Une administration efficace suppose aussi que la pratique du contrôle


fiscal ne soit pas une source de frustration et ne vienne pas affecter la confiance
et l'esprit d'initiative des opérateurs économiques. Il est absolument nécessaire
que la légitimité du contrôle soit admise.

Des procédures de vérification et de contentieux définies après un débat


contradictoire impliquant toutes les parties concernées, des règles d'imposition
équitables, claires et sans piège cimentent l'engagement commun et forment la
base théorique du contrôle légitime.

10. Les déterminants d’un système fiscal

Les éléments qui ont une influence sur la formation et la structure du


système fiscal sont :
- l'histoire ;
- la psychologie des contribuables ou le tempérament national ;
- les aptitudes de l'administration fiscale ;
- l'ingénierie du système ;
- les structures économiques et politiques.

19
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 1 - L'histoire :

Le système fiscal d'un pays est toujours en rapport avec l'histoire de ce


pays. Dans ce sens, le fait que le système fiscal congolais s'inspire du système
français s'explique par l'histoire de la colonisation. Il en est de même de la
tendance très marquée du congolais à résister à l'impôt.

§ 2 - La psychologie des contribuables ou le tempérament national :

La psychologie du contribuable et son attitude face à l'impôt ont une


grande influence sur la structure d'un système fiscal. Cela explique que la
structure fiscale des pays à faible civisme fiscal est généralement dominée par
les prélèvements indirects (Impôts et taxes invisibles et retenues à la source).

§ 3 - Les aptitudes de l'administration fiscale :

"Le système fiscal le mieux conçu ne vaut que par l'administration qui le
met en œuvre" écrit Gabriel ARDANT10. Mieux un système fiscal est respecté
en pratique, plus s'améliore la qualité de conception de la norme fiscale. Une
informatique performante, une bonne formation technique et une grande
formation morale des agents de l'administration fiscale sont nécessaires à un
système fiscal moderne au service du développement durable.

§ 4 - L'ingénierie du système :

L'architecture et la conception des techniques d'imposition ont une grande


influence sur la structure du système. Ainsi, par exemple, lorsqu'il est
nécessaire de taxer lourdement, il faut le faire à un stade où le contrôle est le
plus efficace.

D'une façon générale, la conception d'une bonne technique d'imposition


implique une étude de faisabilité préalable pour s'assurer que l'imposition peut
être mise en œuvre de façon satisfaisante.

10
G. Ardant, histoire de l'impôt, tome 2, page 849, rapporté par N. Baccouche en Droit Fiscal, Tome 1, page 139.

20
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 5 - Les structures économiques et politiques :

Ces structures commandent de façon déterminante le système fiscal d'un


pays. Une corrélation est établie entre le niveau de développement économique
d'une part et le niveau de développement politique d'autre part et le système
fiscal d'un pays. Une des caractéristiques fondamentales du développement est
la réduction de l'écart entre la règle édictée par les textes et son application
réelle.

Plus un pays est développé, plus la norme fiscale est respectée en


pratique. Le haut niveau de respect du droit fiscal crée un meilleur climat de
confiance entre l'administration et les contribuables en même temps qu'il
autorise de lourdes sanctions à l'encontre des fraudeurs.

11. Les critères d’un bon système fiscal

Nous avons vu que non seulement la fiscalité est inévitable, mais qu’elle a
un impact sur le développement économique et social. Mieux encore, l’histoire
humaine ne livre aucun cas de civilisation et de développement durable sans
finances publiques saines. Aussi, le plus important est-il d’être capable de mettre
en place un système de qualité pour que la fiscalité soit un outil de prospérité
économique et sociale. En effet, outre le fait que la compétitivité fiscale d'un
pays est nécessaire au maintien des capitaux nationaux sur place, elle participe à
l'attrait des capitaux étrangers et à l'implantation d'entreprises étrangères. Sept
critères fondamentaux permettent de qualifier un système fiscal :

(1) Un bon système fiscal est un système conceptuellement équitable.


(2) Un bon système fiscal doit tendre vers la simplicité et la stabilité.
(3) Le respect du système fiscal doit être généralisé.
(4) Le système fiscal doit intégrer la raison économique.
(5) Le système fiscal doit être internationalement comparatif.
(6) Le système fiscal doit avoir un bon rendement.
(7) Le système doit favoriser l'émergence d'un bon environnement fiscal.

Les sept critères d’une fiscalité de qualité semblent s’entremêler au point


de paraître comme un tout indissociable.

21
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En effet, une fiscalité d’application générale permet de dégager un bon


rendement, ce qui favorise l'amélioration de l'équité fiscale et permet de
respecter d’avantage la prééminence de l’économie et d’instituer une meilleure
fiscalité que celle des pays concurrents. De même qu’une fiscalité simple et
stable et qui intègre la réalité économique favorise l’adhésion des contribuables
et le respect spontané des lois et améliore le rendement fiscal.

Mais, bien que tout effort de hiérarchisation reste délicat, le critère d’une
application généralisée paraît, néanmoins, commander les autres critères.
Dans le cadre de la liberté de gestion reconnue à l’entreprise, cette
dernière a le droit de diminuer sa charge fiscale en évitant de créer la matière
imposable et d’opter pour une solution la moins imposée. Ce droit permet
d’abord au gestionnaire d’exploiter l’activité imposable dans le cadre juridique
de son choix, mais d’une façon générale, il lui permet la pratique de la gestion
fiscale.

12. Le plan du cours

Pour concilier à la fois les exigences académiques à celles


professionnelles, ce cours qui se veut un manuel, est composé de huit chapitres.
Le premier chapitre traite des notions d’entreprise dans ses finalités, ses
fonctions ainsi que ses différentes classifications. Le deuxième s’intéresse aux
notions de la fiscalité et parafiscalité. Le troisième fait une présentation des
systèmes fiscaux et parafiscaux congolais. Il présente aussi les services chargés
de les percevoir. Le quatrième chapitre est réservé à une étude sommaire des
différents types d’impôts et taxes exigibles en RDC.

Le cinquième chapitre procède à une présentation détaillée, d’une part,


des régimes fiscaux et juridiques de chaque catégorie d’entreprise suivant la
classification faite par l’OHADA et, d’autre part, du régime des entreprises
soumises au droit commun et celles qui bénéficient d’un régime dérogatoire. Le
sixième chapitre se penche sur la comptabilisation des différents impôts en
vigueur au pays alors que le septième chapitre s’intéresse à la gestion de
l’entreprise et les procédures fiscales en matière de déclaration, de contrôle
fiscal, de recouvrement et du contentieux. Le huitième et dernier chapitre traite
de la fiscalité et responsabilités de l’entreprise. Il aborde les enjeux fiscaux de la
responsabilité financière, sociale, juridique et managériale de l’entreprise.

22
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 1. NOTIONS D’ENTREPRISE


Ce chapitre donne un aperçu général de l’entreprise pour une bonne
compréhension de ses finalités, ses fonctions, son environnement et de sa
classification.

Il traite aussi de la notion de gestion d’une entreprise, des contraintes


auxquelles elle est appelée à faire face au quotidien ainsi que des critères dont
on peut se servir pour évaluer sa performance.

SECTION 1 : FINALITES, FONCTIONS ET ENVIRONNEMENT D’UNE


ENTREPRISE
1.1. DEFINITION D’UNE ENTREPRISE

L’entreprise est une unité économique et juridique qui a pour principale


fonction, la production de biens et services destinés à être vendus sur un
marché. Elle est une organisation économique qui combine un ensemble de
moyens humains, financiers et matériels afin de produire de biens et
services et les commercialiser sur le marché (Soparnot, 2012).

Le code de travail de la République Démocratique du Congo définit l’entreprise


comme toute organisation économique, sociale, culturelle, communautaire,
philanthropique, de forme juridique déterminée, propriété individuelle ou
collective, poursuivant ou non un but lucratif pouvant comprendre un ou
plusieurs établissements11.

L’activité d’une entreprise est décomposée en 2 phases distinctes : unité


de production et unité de répartition.

11 Article 7 de la loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 relative au code de travail.

23
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Entreprise comme unité de répartition


Entreprise comme unité de production
Elle répartit la richesse issue de la vente
Elle transforme des flux d’entrée
aux parties prenantes qui ont participé à
(Intrants ou Inputs) en flux de sortie
la réalisation de la production:
(Extrants ou outputs).
- les employés perçoivent des salaires ;
Trois categories des intrants:
- l’Etat et les organismes sociaux
- le travail fourni par le personnel ;
(CNSS) reçoivent les impôts, taxes et
- le capital technique composé des
les cotisations sociales ;
bâtiments, matériels etc. ;
- les prêteurs reçoivent des intérêts ;
- les consommations intermédiaires,
- les apporteurs de capitaux reçoivent
notamment, les matières 1ères, les
les dividendes ;
produits semi-finis, l’énergie ou les
- l’entreprise garde pour elle les revenus
services (publicité, transport etc.)
non distribués.
incorporés au processus de
production.

On entend par partie prenante ou stakeholder, l’ensemble des personnes


ou des groupes qui sont susceptibles d’affecter et/ou d’être affectés par le
déroulement de la stratégie de l’entreprise (Freeman, 1984).

1.2. FINALITES DE L’ENTREPRISE

L’entreprise poursuit, en général, quatre finalités : les finalités


économiques, les finalités humaines, les finalités sociales et les finalités
éthiques.

Finalités économiques Finalités humaines


- produire et distribuer des biens - répondre aux ambitions des dirigeants
et services ; (prestige p.ex.) ;
- assurer la survie et la croissance - assurer l’épanouissement du personnel :
de l’entreprise ; bonnes conditions de travail, bien-être
- créer durablement de la valeur des salariés, participation au pouvoir de
pour toutes les parties prenantes. gestion, etc.…
Son indicateur est le profit - respecter la dignité de la personne
humaine
Finalités sociales Finalités éthiques
- rendre service au public ; - assurer le développement durable
- assurer l’indépendance nationale (impact positif des activités sur les
; générations futures) : Ethique et

24
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- assurer la sécurité sociale des régulation, économie, finance, société,


employés. culture, santé et environnement ;
- faire le profit dans le respect du
personnel, de la planète et des
partenaires parties prenantes.

1.3. FONCTIONS PRINCIPALES D’UNE ENTREPRISE

Selon SOPARNOT Richard (2012), l’entreprise dispose de huit fonctions


essentielles, à savoir12 :

1° La logistique : la logistique consiste, pour une firme, à acheminer les


produits (semi-finis, matières premières) de ses fournisseurs vers ses sites de
production (logistique en amont). La politique logistique consiste donc
principalement à définir le mode de transport des marchandises (train, avion,
bateau et camion), le niveau de stock (élevé ou minimum), la localisation et le
nombre des sites de production et d’entreposage et enfin, l’équipement
technologique et informatique.

2° La production : la production représente le processus de


transformation, grâce aux moyens humains et techniques, des matières
premières et des composants en produits ou services finis. L’objectif est de
produire des quantités variables, avec des coûts plus faibles, dans les délais
rapides avec un niveau de qualité optimal.

3° Le marketing : il se définit comme un ensemble de techniques et


d’outils permettant d’identifier les besoins actuels et futurs des clients et
d’adapter en conséquence l’offre de l’entreprise.

4° Les finances : la fonction financière comprend la comptabilité, la


finance et le contrôle de gestion. Son rôle est d’assurer le financement de
l’activité et de veiller à la santé financière de l’entreprise.

5° La gestion des ressources humaines : la gestion des ressources


humaines (GRH) comprend une série d’activités qui suivent le cycle de vie du
salarié. Elle consiste donc à définir les besoins de l’entreprise en personnel et en
compétences, à attirer les meilleurs candidats, les recruter, les intégrer et gérer
leurs carrières en fonction des enjeux de l’entreprise et de leurs aspirations.

12 R. Soparnot, Organisation et gestion de l’entreprise, 2ème édition, Dunot, Paris, 2012, p. 34.

25
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

6° Le développement technologique : les technologies contribuent à la


conception et au développement de produits et de procédés de production,
d’organisation, de vente…Elles influencent la performance des fonctions
principales, et plus globalement la compétitivité de l’entreprise.

7° Les approvisionnements : Ils permettent l’acquisition des ressources


nécessaires au fonctionnement des fonctions principales. Ils ont une influence
sur leur efficience et la compétitivité de l’entreprise.

8° La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) : Soparnot considère


la RSE comme une huitième fonction de l’entreprise moderne car, depuis près
de 20 ans, la société dans son ensemble se préoccupe de plus en plus des enjeux
sociaux, sociétaux et environnementaux. La responsabilité sociale d’une
entreprise consiste pour cette entreprise, à mettre en œuvre une stratégie
multidimensionnelle visant à la fois la performance économique, sociale,
sociétale et écologique, dans la continuité des 3P (Peuple, Planète, Profits).
1.4. ENVIRONNEMENT DE L’ENTREPRISE

L’environnement de l’entreprise c’est l’ensemble des facteurs extérieurs


à l’entreprise qui ont une influence sur elle. Il inclut tous les facteurs
d’influence externe qui impactent sur ses décisions et ses performances13.

On distingue deux types d’environnement : le macro-environnement et


le micro-environnement.

Le macro-environnement comprend l’environnement général de


l’entreprise qui intègre les aspects sociologiques, économiques,
démographiques, technologiques, juridiques, techniques, etc., tant nationaux
qu’internationaux. Ces facteurs, qui doivent être connus par l’entreprise, ont des
conséquences sur sa vie.

FACTEURS
Démographiques Culturels Juridiques Economiques Technologiques
- Structure par - État et - - Croissance - État et
âge, évolution Règlement, économique, évolution
sexe, mortalité, des valeurs interdiction évolution des des
natalité, densité et des , prix, politiques connaissances,
de la croyances, conditions économiques nouveaux
population… niveau de de produits,
d’éducatio garantie, l’Etat (impôt, diffusion de
13 J. BOJIN, et J-M. SCHOETTL, L’essentiel de la stratégie, éd. Eyrolles, Paris, 2013, p. 376

26
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

n, des conditions taux l’innovation,


mentalités de d’intérêt…) qualité des
… vente, infrastructures...
lois….

Le micro-environnement de l’entreprise est constitué par ses partenaires


sur le marché : clients, fournisseurs, sous-traitants et concurrents. L’entreprise
désirant connaître son environnement spécifique (étude de marché) doit
apprécier les différents aspects le concernant.

Les clients Les fournisseurs Les concurrents


- Identifier les - Déterminer leur - Déterminer les concurrents
besoins nombre directs
- Déterminer leur - Evaluer leur taille et (biens similaires) et les
nombre leur concurrents indirects (biens de
- Evaluer leurs pouvoir substitution)
forces et leur -Apprécier les -Apprécier leur force et leur
pouvoir fournisseurs pouvoir
- Envisager les qui disposent d’un -Envisager les évolutions en
evolutions monopole… termes de rapport de force
- Envisager les -Déterminer s’il est difficile
évolutions d’entrer dans le secteur
(barrières à l’entrée) ou d’en
sortir (barrières à la sortie)

Toute entreprise évolue dans un environnement donné et celui-ci à une


influence, en termes de risques ou d’opportunité, sur les activités de l’entreprise.
Lorsque les éléments de cet environnement constituent des risques, l’entreprise
doit tout faire pour évaluer ces risques et en arrêter les mesures de couverture.
Mais lorsque les éléments de l’environnement constituent des opportunités de
croissance pour l’entreprise, il est indiqué pour les dirigeants d’exploiter au
maximum lesdites opportunités.

Le cycle de vie d’une entreprise est fortement influencé par son


environnement. A chaque étape de ce cycle (naissance, croissance, maturité et
déclin), correspondent des stratégies appropriées pour assurer la pérennité de
l’entreprise.

27
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 2 : CLASSIFICATION DES ENTREPRISES

Les entreprises peuvent être classifiées de trois manières, à savoir : la


classification selon les activités économiques, la classification selon leur taille,
et la classification selon leur forme juridique.

Le tableau n° 1 donne les détails sur chaque type de classification.

Tableau n° 1 : Classification générale des entreprises

Le secteur primaire Agriculture, élevage,


Classificat pêche, etc.
ion par Le secteur secondaire Industrie (transformation
secteur de matières premières en
produits finis)
Le secteur tertiaire Entreprises de prestation
des services
Les opérations Le facteur naturel est
agricoles prédominant
Classifica Classificat Les entreprises Transformation des
tion selon ion selon industrielles matières premières en
la nature le type produits finis
économiq d’opératio Les
E N T R E P R I S E

entreprises Achat pour revente en


ue ns commerciales état
accomplie Les entreprises de Service de production
s prestation de service vendue et service de
consommation
Les entreprises Opérations financières
financières
Les entreprises de Exploitation des minérais
l’industrie minière
Classificat Les entreprises de Fabrication des produits
ion selon l’industrie pharmaceutiques
la branche pharmaceutique
d’activité Les entreprises de Exploitation du pétrole
l’industrie pétrolière
etc.
Les très petites Moins de 10 employés
Classificat entreprises (TPE)
ion Les petites entreprises Entre 10 et 100 salariés
suivant (PE)
l’effectif Les moyennes Entre100 salariés voire
Classifica du entreprises (ME) 500

28
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

tion selon personnel Les grandes Plus de 500 salariés


la taille employé entreprises
Les micro-entreprises CA moins de 10 millions
Classificat de FC
ion Les petites entreprises CA > à 10 millions et < à
suivant le 80 millions de FC
chiffre Les moyennes CA < à 2 milliards et > à
d’affaires entreprises 80 millions de FC
Les grandes CA > à 2 milliards de FC
entreprises
Les Appartiennent en totalité à l’Etat (100% du capital
entreprise social)
s
publiques
Les Appartiennent en partie à l’Etat et en partie aux
entreprise privés
s
d’économi
e mixte
Appartient en totalité à une
L’entrepris personne. On distingue :
e l’entreprise individuelle à la société
Classifica individuelle anonyme unipersonnelle
tion Appartient à deux ou plusieurs
juridique personnes. On distingue:
- la société à nom collectif (SNC)
Les L’entrepris - la société en commandite simple
entreprise e sociétaire (SCS)
s privés ou société - la société à responsabilité limitée
(SARL)
- la société anonyme (SA)
- la société par actions simplifiée
(SAS)
- la société en participation
- la société de fait
- le groupement d’intérêt
économique (GIE)
La Réunit les personnes pour
cooperative l’autosatisfaction des besoins
spécifiques

29
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 3 : NOTIONS DE GESTION D’UNE ENTREPRISE


3.1. DEFINITION DU CONCEPT GESTION

La gestion est définie comme l’ensemble des techniques d’organisation de


ressources qui sont mises en œuvre pour l’administration d’une entité dans le
but de diriger les hommes afin d’obtenir une performance satisfaisante14.

La
gestion est comprise comme la mise en œuvre de l’ensemble des
processus d’organisation, de pilotage et de contrôle de l’entreprise qui vise à
améliorer son efficacité, son efficience ainsi que son rendement dans la
recherche du résultat optimum.

La gestion d’une entreprise a pour finalités d’assurer un meilleur


rendement de tous les facteurs de production de l’entreprise et d’obtenir
un meilleur résultat pour assurer le bien-être socio-économique de tous
les acteurs de l’entreprise, sans oublier le fisc.

3.2. CONTRAINTES DE GESTION D’UNE ENTREPRISE

Pour réussir la gestion d’une entreprise, les dirigeants doivent prendre des
décisions (stratégiques et opérationnelles) en vue de faire face à certaines
contraintes internes et externes à l’entreprise. Parmi ces contraintes on peut
citer, notamment :

1. Le choix des structures d’une organisation : Ce choix doit tenir compte


des avantages et des limites des diverses structures organisationnelles et
doit s’adapter aux activités et aux objectifs poursuivis par l’entreprise ;

2. L’adaptabilité de l’organisation à son environnement : la capacité de


toute organisation à se maintenir en affrontant un environnement à la
fois incertain, difficile à maîtriser, changeant et caractérisé par une
certaine compétitivité, est un autre défi permanent. Cette capacité
d’adaptation est fonction de la taille de l’organisation, de son budget, du
leadership et des contraintes légales ;

14
P. Kibuey Mulambu, La fiscalité et la gestion de l’entreprise, Editions Académie U, Kinshasa, 2014, P48.

30
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

3. L’insuffisance des ressources face à la multiplicité des besoins : la


limitation des ressources disponibles face à la multiplicité des besoins
donne lieu au problème économique fondamental, celui de l’allocation
des ressources ou celui des choix à opérer, choix qui sont quotidiens et
qui s’imposent à tous les niveaux ;

4. L’organisation de la comptabilité et l’audit pour garantir la qualité et la


fiabilité de l’information divulguée aux divers partenaires des entreprises.
La certification des activités d’une entreprise passe aussi par la qualité de
travail et l’indépendance confirmée de son service d’audit interne ;

5. La dynamique des ressources humaines : pour les personnes qui


travaillent dans une même entreprise, il se pose toujours des problèmes
touchant à la motivation au travail, à la culture d’entreprise, aux
conditions de travail et aux relations interpersonnelles en milieux
professionnels ;

6. La compétence des dirigeants : Toute organisation a besoin des dirigeants


qui soient capables non seulement de la maintenir opérationnelle, mais
aussi d’assurer sa compétitivité face à son environnement, le bien-être de
ses membres et de répondre aux attentes de ses parties prenante ;

7. La responsabilité sociale de l’entreprise : elle implique la responsabilité


vis-à-vis du développement durable, la conformité à l’éthique et aux lois
du pays et les relations entre les dirigeants de l’entreprise et ses
partenaires extérieurs.

3.3. ROLES DES DIRIGEANTS D’ENTREPRISES

Les dirigeants d’entreprise sont constitués principalement par les membres de la


Direction générale dont le Manager suprême, le Directeur Général en est
l’incarnation stratégique.

Selon Soparnot, la Direction Générale d’une entreprise a pour


rôles principaux :

1) la gestion de la chaîne de valeur : la chaine de valeur comprend l’ensemble


d’activités qui concourent à générer de la valeur. Il s’agit tant de ses
activités principales que les activités de soutien ;

2) la formulation de la stratégie de développement : il s’agit de mettre en


œuvre toutes les stratégies qui vont permettre d’assurer son développement par

31
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

la conquête de nouveaux marchés, le maintien de la part de marché, le


leadership du secteur etc. ;

3) le déploiement de la stratégie : il est question de planifier les actions à


mener, de respecter une démarche à suivre avec rigueur et de façon
systématique.

3.4. CRITERES D’EVALUATION DE LA PERFORMANCE D’UNE


ENTREPRISE

§ 1. Qu’entend-t-on par évaluer une entreprise ?

Evaluer une entreprise consiste à proposer une valeur ou une fourchette de


valeurs aux actifs d’une entreprise ou à ses titres, et en aucun cas proposer un
prix15. On comprend dès lors que l’objectif d’une évaluation d’entreprise est de
donner une valeur à ses actifs et à ses titres.

On peut distinguer la valeur financière d’une entreprise à sa valeur


stratégique. En effet, la valeur financière d’une entreprise c’est sa valeur
intrinsèque, c’est-à-dire la valeur qu’on obtient en mettant en œuvre par
exemple la méthode d’actualisation des flux de trésorerie. La valeur stratégique,
quant à elle intègre les intérêts stratégiques propres à chaque investisseur ainsi
que les synergies qu’il espère en retirer. Autrement dit il y a autant des valeurs
stratégiques qu’il y a d’acquéreurs potentiels.

§ 2. Approches de l’évaluation des entreprises

Imbert et Palard proposent trois approches pour évaluer une entreprise, à


savoir :

- L’approche patrimoniale : elle est fondée sur la réévaluation des actifs et


des passifs et le calcul de la rente du goodwill. Autrement dit, on obtient
la valeur d’une entreprise par la différence entre sa valeur économique et
ses dettes. C’est donc la valeur de son actif net ;

- L’approche analogique ou comparative : elle est fondée sur les multiples


de sociétés ou de transactions comparables. Une valeur déduite de la
valeur d’autres sociétés cotées en bourse ou d’autres transactions
comparables ;

15 Imbert et Palard, 2013

32
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- L’approche par les flux ou les revenus : elle est fondée sur l’actualisation
des cash flows (dividendes, flux de trésorerie disponibles) générés par
l’activité de l’entreprise. La valeur d’une entreprise est égale à la valeur
des dividendes distribués aux actionnaires actualisés au coût des capitaux
propres.

L’évaluation de la performance et de la valeur d’une entreprise peut être


envisagée sous différents angles notamment :

- l’évaluation de la qualité de son information comptable : valeur


actualisée de ses actifs et de ses engagements, de sa trésorerie, de son
fonds de commerce… ;

- l’évaluation du prix de cession de ses actifs et sa valorisation sur le


marché (actions ou rachat des parts) ;

- L’évaluation de la croissance de son chiffre d’affaires ;

- l’évaluation de la progression du résultat net et du bénéfice par action.

La performance d’une entreprise se mesure par sa capacité de


création de valeur : valeur ajoutée perceptible pour le client, création
et développement du capital, contribution qualitative et quantitative à
la croissance de l’économie nationale (PIB).

33
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Résumons le chapitre 1

La définition d’une entreprise dépend du contexte scientifique dans lequel on veut se


positionner. Autrement dit, une entreprise est définie différemment selon qu’on est
économiste, sociologue, juriste ou autres.

En ce qui nous concerne, et dans le contexte de ce cours, nous pouvons dire


que l’entreprise est un ensemble d’activités menées dans un processus structuré,
organisé et rationnel en vue de générer une valeur ajoutée (financière, sociale ou
autre) profitable à toutes ses parties prenantes et utile à toute la communauté.

Au-delà de cette diversité définitionnelle, tous les spécialistes seraient d’accord


sur le fait que toute entreprise :
- poursuit des objectifs précis ;
- exécute un certain nombre d’activités ou fonctions pour atteindre ses objectifs ;
- dispose d’une organisation pour atteindre ses objectifs ;
- a une certaine responsabilité vis-à-vis des tiers, parties prenantes à qui elle doit
rendre compte directement ou indirectement ;
- doit faire face, avec stratégie, à son environnement, d’une part, interne et
externe et, d’autre part, macro et micro, pour sa survie et sa croissance ;
- exige d’une part, des créateurs qui acceptent de prendre les risques et, d’autre
part, les dirigeants qui obtiennent les résultats positifs et qui savent rendre
compte.

Il revient qu’une bonne organisation structurelle et fonctionnelle de l’entreprise


constitue un premier indicateur de rationalité dans la gestion de celle-ci et par voie de
conséquence, et une possibilité heureuse du respect de ses obligations fiscales.
Après ce bref aperçu sur les rouages d’une entreprise, il nous revient
maintenant de voir comment est organisé le système de collecte des impôts, taxes,
redevances et autres droits en RDC.

34
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 2. NOTIONS DE FISCALITE ET DE PARAFISCALITE

Avant de parler des systèmes fiscaux et parafiscaux congolais, il nous a


paru nécessaire de réserver un chapitre sur les notions de fiscalité et de
parafiscalité. En effet, la fiscalité et la parafiscalité étant des notions
universelles, il est important de fixer d’abord ces notions dans leur contexte
universel avant d’aborder la réalité de la République Démocratique du Congo.

Ce chapitre aborde d’abord ainsi les définitions essentielles de fiscalité et


parafiscalité, il précise les différences entre l’impôt et les autres ressources
publiques exigées par l’Etat aux entreprises, notamment, la taxe, la redevance, la
cotisation sociale, emprunts intérieurs, les dons et legs, etc. Il donne ensuite une
classification générale des impôts et se termine par l’explication des éléments de
la technique fiscale.

Section 1. DEFINITIONS DE FISCALITE ET DE PARAFISCALITE

1.1. DEFINITIONS DU CONCEPT FISCALITE

La fiscalité peut être définie comme l’ensemble de la législation et


réglementation en vigueur en matière fiscale, des mesures et pratiques relatives
à l’administration fiscale et aux prélèvements fiscaux et des autres prélèvements
obligatoires. Elle est l’ensemble des lois, des règles relatives à la détermination
et au recouvrement des impôts16. Elle se résume aussi aux pratiques utilisées par
un Etat ou une Collectivité pour percevoir des impôts et autres prélèvements
obligatoires. La fiscalité renseigne à la fois le système de perception de l’impôt
et l’ensemble des lois qui régissent les procédés de perception.

Le grand Larousse définit la fiscalité comme étant : « le système de


perception des impôts, l’ensemble des lois qui s’y rapportent et les moyens qui y
conduisent ».
Branche du droit public, la fiscalité est constituée de l’ensemble des
règles juridiques concernant les impôts. Elle organise la participation des sujets
de droit, aussi bien personnes physiques que morales, à la vie financière de
l’Etat. La fiscalité constitue aussi pour l’Etat un outil important de politique
économique et sociale.
Le terme fiscalité tire son origine de fiscus, le panier que les Romains
employaient pour recevoir l’argent. Il a donné également le fisc, qui désigne
16 Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL)

35
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

couramment l’ensemble des administrations publiques qui ont en charge


l’impôt.
La fiscalité souffre d’une image doublement négative :
- Pour l’étudiant, c’est une matière technique, à la limite de la sphère
juridique, dont l’approche est rébarbative et qu’il parait peu rentable
d’approfondir pour un juriste sur la voie de son accomplissement intellectuel.
- Pour le citoyen-contribuable, c’est un pan de l’activité publique subi
comme une contrainte, parce qu’il incarne l’État-spoliateur, qui puise dans les
poches de ses sujets l’argent que ceux-ci ont péniblement gagné et dument
mérité.
Aucune de ces deux perspectives n’est inexacte, puisqu’elle est ressentie ;
toutefois, l’honnêteté intellectuelle et l’envie de comprendre, obligent à dépasser
cette première approche. En utilisant chacune des clés de la fiscalité pour ouvrir
les portes de la découverte, l’explorateur ne trouvera pas le placard de Barbe-
Bleue, mais une matière riche, parce qu’elle est profondément juridique, ouverte
sur les autres branches du droit, mais aussi sur les composantes économiques et
politiques de la société humaine.

1.2. DEFINITIONS DU CONCEPT PARAFISCALITE

La parafiscalité quant à elle, est l’ensemble des taxes et des redevances


obligatoires qui sont perçues au profit des personnes publiques ou privées autres
que l’Etat, les collectivités locales ou les établissements publics habilités à
percevoir des impôts.17 Elle est composée d’un certain nombre de prélèvements
obligatoires effectués sur les particuliers ou sur les entreprises afin de financer
un ensemble déterminé des prestations spécifiques.

Dans la même logique, en République Démocratique du Congo, le concept


parafiscalité revêt plusieurs connotations :

- d’abord elle constitue une sorte de prélèvement sous forme de taxe


parafiscalité définie comme « étant l’ensemble des taxes et cotisations qui ne
sont pas perçues par l’Etat mais par les organismes autonomes ».
- ensuite elle comprend, à côté des impôts, tout autre prélèvement fait par
l’Etat qui ne constitue pas tellement un impôt. C’est ainsi qu’on considère

17 M. Bouvier, Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Lextenso-LGDJ, 2012, 11ème édition, P35.

36
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

comme faisant partie de la parafiscalité, l’ensemble des taxes, redevances et


autres droits perçus en faveur de la personne morale de droit public.

Pour conforter cette position, dans une de ses correspondances, le Ministre


des Finances s’adressent à ses collaborateurs des Régies financières en ces
termes, « Je vous informe que dans le cadre du Projet de Développement des
Pôles de Croissance Ouest, financé par la Banque mondiale, le CFEF a signé, en
date du 14 novembre 2017, un contrat de services avec la firme CRC SOGEMA,
chargée de mener une étude sur la rationalisation du système fiscal par la mise
en place d’une fiscalité et d’une parafiscalité centrale et provinciale.

1.3. DIFFERENCE ENTRE FISCALITE ET PARAFISCALITE

Il existe une tendance générale de distinguer, parmi les ressources propres


de l’Etat, celles qui sont issues de la fiscalité et qu’on appelle « recettes
fiscales » à celles qui sont issues d’autres sources que la fiscalité et qu’on
appelle « recettes non fiscales ». Généralement, toutes ces recettes non fiscales
sont considérées comme des recettes de la parafiscalité.

Outre sa définition classique qui vise l’origine et l’affectation de ces


ressources, la parafiscalité peut être considérée comme l’ensemble des
ressources publiques propres de l’Etat autre que les ressources fiscales qui sont
composées essentiellement des impôts.

Dans cet ouvrage, nous adoptons cette dernière définition car elle nous
permet de distinguer, au regard de leur mode d’organisation et de perception, le
système fiscal du système parafiscal.

SECTION 2. DIFFERENCE ENTRE LES RESSOURCES D’IMPÔT ET


LES RESSOURCES PARAFISCALES PRELEVEES PAR L’ETAT
AUPRES DES ENTREPRISES

2.1. IMPÔT, TAXE ET REDEVANCE

§ 1. Impôt et taxe
Selon le dictionnaire Larousse, l’impôt vient du latin « impositum » qui
signifie « placer sur » et peut être défini comme un prélèvement effectué
d’autorité et à titre définitif sur les ressources ou sur les biens des individus ou

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

des collectivités, et payé en argent pour subvenir aux dépenses d’intérêt général
de l’Etat ou des collectivités locales.

LAMARQUE, quant à lui, définit l’Impôt comme « tout prélèvement


pécuniaire de caractère obligatoire, effectué en vertu des prérogatives de
puissance publique, à titre définitif, sans contrepartie déterminée, en vue
d'assurer le financement des charges publiques de l'Etat et des collectivités
territoriales »18.

Cette définition met en relief trois caractères fondamentaux de l’impôt : le


caractère obligatoire (les redevables ne sont donc pas sollicités mais ils sont
obligés de s’acquitter de ce devoir civique), l’absence de contrepartie retirée
par les contribuables (les redevables n’ont donc pas à imposer leur choix sur les
besoins à satisfaire, par l’Etat, mais n’ont qu’à se remettre à la volonté des élus
du peuple) et le caractère définitif (l’impôt est une ressource définitive pour les
collectivités publiques qui en bénéficient)19.

La taxe, quant à elle, s’entend d’une somme perçue lors de la fourniture


d’un service comme rétribution. Autrement dit, elle représente la contrepartie
monétaire d’un service rendu par une personne publique.

La taxe se distingue de l’impôt sous deux aspects : l’aspect obligatoire et


l’aspect proportionnalité. Concernant le 1er aspect, l’impôt présente un caractère
obligatoire (prélèvement obligatoire dépourvu de contrepartie directe) tandis que
la taxe présente un caractère facultatif (perçue à l’occasion de la prestation d’un
service). Mais il faut noter que la taxe est aussi un prélèvement obligatoire perçu
à l’occasion d’une prestation des services. Son caractère facultatif tient au fait
qu’elle n’est exigée que si le citoyen requiert le service de l’Etat contrairement à
l’impôt qui est un prélèvement d’autorité et sans contrepartie.

Quant au second aspect, la taxe administrative implique une certaine


proportionnalité entre le prix payé par l’usager et la satisfaction qu’il tire du
service rendu.

18 J. Lamarque, O. Négrin et L. Ayrault, Droit fiscal général, 2è, Lexis-Nexis, Paris, 2011, n° 1 et s
19 P. Omandji, Finances publiques, PUC, Kinshasa, 2016, p. 113.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Par son traitement juridique l’impôt se rapproche de la taxe et parfois sont


confondus. Tel est le cas de la taxe spéciale de circulation routière qui est
considéré comme un impôt réel en RDC.

§ 2. Impôt et redevance

La redevance se définit, du point de vue juridique, comme « une somme


versée au propriétaire pour l’utilisation de droit de propriété industrielle ou
d’exploitation d’une œuvre ». Sur le plan financier, on considère généralement
la redevance comme ‘une taxe due par un exploitant de ressources naturelles, au
pays qui les détient ». Elle est donc acquittée du seul fait de la souveraineté de
l’Etat sur les richesses naturelles ou biens susceptibles d’être exploités par le
requérant.20

Les redevances sont des rémunérations des services rendus et peuvent être
instituées par voie réglementaire. Ces redevances, contrairement aux impôts,
s’apparentent à un prix et doivent faire l’objet d’une contrepartie, telle que
l’utilisation d’un ouvrage ou une prestation fournie par un service public à un
usager. La redevance est perçue en contrepartie et proportionnellement au
service rendu à l’usager.

La redevance est une somme demandée à des contribuables en vue de


couvrir les charges d’un service public déterminé ou les frais d’établissement et
d’entretien directe dans les prestations fournies par le service ou dans
l’utilisation de l’ouvrage. La redevance présente aussi un caractère facultatif
puisqu’elle n’est due que par le redevable qui demande librement, et, qui utilise
effectivement, le service.21

§ 3. Taxe et redevance

La taxe se distingue de la redevance dans la mesure où elle peut être exigée


non seulement des usagers effectifs mais également des usagers potentiels et par
le fait que l’équivalence entre service rendu et prix à payer n’est pas
nécessairement requise. La redevance comme la taxe sont liées à l'offre d'une
prestation. Le montant de la redevance et la valeur du service rendu doivent être
équivalents. Son produit doit être affecté au service qui a fourni la prestation.
20 P. KIBUEY MILAMBU, Les finnaces publiques, emploi, drainage, circulation des fonds publics, édition Académie U, Kinshasa, 2017, p. 175
21 P. KIBUEY MILAMBU, La fiscalité et la gestion de l’entreprise, 3ème édition, Académie U, Kinshasa, 2014, p. XII

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En général, une redevance est un paiement versé régulièrement au


propriétaire d’un titre de propriété intellectuelle afin de pouvoir bénéficier d’un
droit d’exploitation sur sa création. Dans le domaine industriel, elle est liée à
l’exploitation d’un brevet, mais dans le domaine public, la redevance est versée
par les usagers d’un service public.

2.2. IMPÔT ET COTISATIONS SOCIALES

Les cotisations sociales sont des prélèvements obligatoires perçus par des
organismes de droit public ou privé dans un intérêt social. Il s’agit des
prélèvements qui, bien que non qualifiés d’impôts parce que comportant une
contrepartie, représentent une charge financière obligatoire sur les contribuables.
Ces prélèvements obligatoires sont effectués par les non-salariés, les employeurs
et leurs salariés, pour acquérir des droits à des prestations sociales.22

Contrairement à l’impôt qui est versé au profit du trésor public, les


cotisations sociales sont versées aux institutions de protection sociale, publiques
ou privées. Les cotisants sont des personnes physiques (employés) cherchant à
se protéger ou leurs employeurs (contribuant à cette protection) en exécution
d’une obligation légale ou conventionnelle en vue de la prévoyance sociale
contre la retraite, la maladie, etc.

Les cotisations sociales constituent aussi une charge financière obligatoire


et certaine qui pèse sur les entreprises contribuables.

2.3. IMPÔT ET EMPRUNTS INTERIEURS A COURT TERME

Lorsqu’il se trouve en situation de déficit budgétaire dû à la carence des


ressources fiscales, l’Etat peut procéder aux emprunts publics intérieurs auprès
des particuliers, plus précisément les entreprises. Ce mécanisme fait que le
trésor public se porte emprunteur auprès des institutions financières en émettant
des bons du Trésor.

L’emprunt, à la différence de l’impôt, est une ressource remboursable


(avec intérêt), sollicitée par l’Etat auprès des particuliers (personnes physiques
et morales) et dont les préteurs sont libres de consentir ou pas à la demande de

22 D. Catteau, 21 exercices corrigés des finances publiques, éd. Lextenso, Paris, p.57.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’Etat. L’impôt est donc obligatoire tandis que l’emprunt est facultatif. Cet
emprunt peut se faire sous forme de bons du Trésor.

2.4. IMPÔT ET REVENUS DOMANIAUX

Outre les taxes et les redevances déjà évoquées ci-haut, les revenus
domaniaux sont nombreux, notamment, les revenus (dividendes) des capitaux
investis dans les entreprises industrielles et commerciaux (publiques ou mixtes),
les revenus issus de la location des immeubles et autres biens faisant partie du
patrimoine de l’Etat.

SECTION 3 : SOURCES DU DROIT FISCAL APPLICABLE A


L’ENTREPRISE

Le droit fiscal est l’ensemble des règles applicables à la gestion de


l’impôt. C’est l’ensemble des principes juridiques entrainant le droit d’imposer
et de percevoir l’impôt23. Les sources du droit fiscal applicable à l’entreprise
sont, notamment24 :

3.1. LA CONSTITUTION (SOURCE CONSTITUTIONNELLE)

Il est évident que la loi fiscale soit conforme à la Constitution. La


Constitution donne à l’impôt son fondement juridique et désigne les autorités
habilitées à consentir l’impôt et celles compétentes pour l’exécuter.

3.2. LA LOI (SOURCE LEGISLATIVE)

En matière fiscale, la loi constitue la source essentielle. Il s’agit du


principe de légalité de l’impôt qui stipule « qu’il ne peut être établi d’impôts que
par la loi, il ne peut être établi d’exemption ou d’allégement fiscal qu’en vertu
de la loi ». Aussi, le code général des impôts, publié par la Direction Générale
des Impôts, reprend-t-elle l’essentiel de la loi fiscale.

3.3. LES CONVENTIONS (SOURCE CONVENTIONNELLE)

Les conventions fiscales ont une portée internationale et entraînent une


limitation de la souveraineté du législateur. Le juge peut écarter la loi fiscale
lorsqu’elle contredit une convention. La Constitution de la RDC dispose que les

23 L. Mabiala, Le droit fiscal, notes de cours, L 1 Economie Publique, FASEG, 2017.


24 P. Omandji, Op cit, p. 116

41
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

traités ou accords régulièrement ratifiés ont une autorité supérieure à celle des
lois.

3.4. LES REGLEMENTS (SOURCE REGLEMENTAIRE)

La loi, pour être mise en application, peut être complétée par des décrets
et des arrêtés ministériels ou interministériels émanant du pouvoir exécutif
(Premier Ministre, Ministre des Finances, Ministres sectoriels). Ils servent à
préciser le sens de la loi fiscale.

3.5. LA DOCTRINE (SOURCE ADMINISTRATIVE)

Il peut s’agir des réponses ministérielles fournies aux différentes


questions posées par les parlementaires et l’ensemble des écrits et opinions des
théoriciens et praticiens de la fiscalité.

3.6. LA JURISPRUDENCE

Ce sont les différents jugements rendus en matière fiscale par les


tribunaux administratifs ou judiciaires lors de conflits opposant des
contribuables à l’administration fiscale. Ces jugements peuvent donner
naissance à des nouvelles règles de droit.

3.7. LE RESCRIT FISCAL

C’est une procédure qui permet au contribuable ou à une entreprise de


demander à l’administration de prendre formellement position sur un point de
droit ou sur une situation de fait au regard d’un texte fiscal, lorsque le texte
fiscal n’est pas clair ou si le chef d’entreprise ne sait pas comment sa situation
doit être traitée au regard de ce texte25.

SECTION 4 : CLASSIFICATION GENERALE DES IMPÔTS

Selon Michel Bouvier et ses collègues, il existe trois sortes de


classification des impôts : la classification administrative, la classification
économique et les classifications techniques.26

25 E. SPIRIDION, L’essentiel de la fiscalité d’entreprise, éd. Eyrolles, Paris, 2011, P16


26 M. Bouvier, M-C. ESCLASSAN et J.P. LASSALE, Op cit, p.757.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4.1. CLASSIFICATION ADMINISTRATIVE

Cette classification consiste à répartir les impôts selon la collectivité


bénéficiaire. Aussi, trouve-t-on d’une part les impôts dont les recettes servent à
financer le budget du pouvoir central (Ce sont des impôts nationaux) et, d’autre
part, les impôts dont les recettes servent à financer les budgets des entités
territoriales décentralisées (Ce sont des impôts locaux).

4.2. CLASSIFICATION ECONOMIQUE

Suivant la classification économique les impôts sont distingués en


fonction des ressources taxées, des facteurs et acteurs économiques et de leur
objet. On a ainsi :

- la classification en fonction des ressources économiques taxées : les


impôts qui atteignent les revenus des personnes physiques ou des sociétés
(ce sont les Impôts sur les revenus), l’impôt qui frappe les dépenses de
consommation (c’est l’impôt sur la dépense) et l’impôt qui affecte les biens
mobiliers ou immobiliers du contribuable (c’est l’Impôt sur le capital ou sur
le patrimoine) ;

- la classification en fonction des facteurs et acteurs économiques : les


impôts pesant sur les ménages (tel est le cas de l’Impôt sur les
rémunérations), les impôts pesant sur les entreprises (Impôts sur les
bénéfices) et les impôts grevant les produits (Taxe sur la valeur ajoutée);

- la classification en fonction de l’objet de l’impôt : les impôts affectant


l’épargne (fiscalité bancaire), les impôts affectant les assurances (fiscalité
des assurances), les impôts affectant le secteur pétrolier (fiscalité pétrolière),
les impôts affectant des personnes (fiscalité personnelle), etc.

4.3. CLASSIFICATION TECHNIQUE

Les classifications techniques, souvent plus utilisées, distinguent :

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- les impôts directs et les impôts indirects : la démarche ici est de déterminer si
l’impôt est bien payé par celui qui y est assujetti (impôt direct) ou si celui-ci
en fait reposer la charge sur les tiers (impôt indirect). 27 Les impôts
directs sont des impôts assis sur les biens ou sur les revenus d’une personne
et qui passent immédiatement du contribuable au percepteur (exemple : Impôt
sur les véhicules). Les impôts indirects sont des impôts qui frappent les
redevables par la dépense ou la consommation ;

- les impôts réels et les impôts personnels : les impôts réels sont ceux qui
touchent les biens d’un contribuable sans considération de sa situation
personnelle. L’impôt réel est un impôt qui respecte la liberté individuelle.
Ignorant le contribuable, il évite de s’inscrire dans la sphère de ses activités. 28
Les impôts personnels entendus stricto sensu, frappent la personne sans
prendre en compte ses facultés contributives. Toutefois, c’est un impôt qui
tient compte de la situation familiale ou de fortune du contribuable pour taxer
un revenu, un produit ou un capital29 ;

- les impôts proportionnels et les impôts progressifs : l’impôt proportionnel


consiste à appliquer à la base imposable un taux d’imposition fixe quel que
soit le montant de celle-ci (TVA p.ex.) tandis que l’impôt progressif consiste
quant à lui à faire croître le taux d’imposition en fonction de la progression de
la base d’imposition (IPR p.ex.). On peut concevoir une progressivité par
tranche de revenus ou une progressivité par classe de revenus (affecter des
taux différents à chaque catégorie de revenus) ;

- les impôts spécifiques et impôts ad valorem : les impôts spécifiques sont


calculés en multipliant un poids, un volume, une surface de matière imposable
par une somme donnée. Exemple : X FC par m², Y FC par Cheval Vapeur (tel
est le cas de l’Impôt sur les Véhicules), etc. Les impôts ad valorem sont
calculés par application d’un tarif à la base imposable ;

- les impôts analytiques et les impôts synthétiques : l’impôt analytique est un


impôt assis sur les éléments d’un patrimoine ou sur une opération isolée, ou
encore sur une catégorie unique de revenu encore appelée cédule (Tel est le

27 V. Stourm, Systèmes généraux d’impôts,


28 J.C. Martinez, in Droit Fiscal contemporain,
29 M. Bouvier, M-C. ESCLASSAN et J.P. LASSALE, Op cit, P761.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

cas de la cédule « revenus locatifs »). L’impôt synthétique consiste à


appréhender un ensemble d’opérations ou de revenus et à taxer cet ensemble ;

- les impôts de répartition et les impôts de quotité : l’impôt de répartition est


celui dont le produit total (somme totale appelée contingent) est fixé à
l’avance par le législateur puis réparti ensuite entre les contribuables. Le taux
d’imposition se dégage après répartition et découle du rapport entre le
montant à répartir (contingent) et les bases imposables. L’impôt de quotité
procède de manière inverse : il consiste à définir initialement un taux d’impôt
qui sera ensuite appliqué à la matière imposable.

Pour une bonne lisibilité, le tableau ci-dessous reprend la classification


générale des impôts :

Tableau n° 2 : Classification générale des impôts

1. 1. Impôts revenant à l'Etat


Classification 2. Impôts revenant aux
administrative Provinces
3. Impôts revenant aux
ETD
1. Classification en 1. Impôts sur les
fonction des ressources revenus
économiques taxées 2. Impôts sur les
2. dépenses ou sur le
Classification Classification patrimoine
générale des économique 2. Classification en 1. Impôts sur les
Impôts fonction des facteurs et ménages
acteurs économiques 2. Impôts sur les
Entreprises
3. Impôts sur les
produits
1. Impôt sur
3. Classification en l'épargne
fonction de l'objet de 2. Impôts sur les
l'impôt assurances
3. Impôts sur les
immobiliers
4. Impôt sur les
personnes
1. Impôts directs et impôts

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

indirects
2. Impôts réels et Impôts
3. personnels
Classification 3. Impôts proportionnels
technique et Impôts progressifs
4. Impôts spécifiques et
Impôts ad valorem
5. Impôts analytiques et
Impôts synthétiques
6. Impôts de répartition et
Impôts de quotité
SECTION 5 : ELEMENTS DE LA TECHNIQUE FISCALE30

L’impôt étant du domaine de la loi, l’obligation fiscale dont le


contribuable est débiteur n’est pas de nature contractuelle. Comme toute
obligation juridique, la loi détermine absolument les éléments techniques qui
concourent à l’accomplissement des obligations fiscales.

En d’autres termes, à chaque type d’impôts correspond donc les neuf


éléments suivants : a) le fait générateur ; b) la matière imposable (assiette de
l’impôt) ; c) le redevable et/ou le contribuable de l’impôt ; d) la liquidation de
l’impôt ; e) l’exigibilité de l’impôt ; f) la période imposable, g) le recouvrement
de l’impôt, h) les personnes (physiques ou morales) exemptées ou exonérées à
l’impôt ; i) les procédures fiscales à suivre dans l’accomplissement de
l'obligation fiscale.

5.1. FAIT GENERATEUR

On entend par fait générateur de l’impôt, l’événement qui crée la dette


fiscale. Il s’agit soit d’un acte juridique, soit d’une situation économique. 31
Exemple : la perception d’un salaire constitue un fait générateur à l'imposition
de l’Impôt professionnel sur les rémunérations ; la livraison d’une marchandise
ou l’encaissement du prix donne naissance à la Taxe sur la valeur ajoutée.

Cet événement qui donne naissance à l’obligation fiscale peut s’agir d’un
fait juridique ou d’un acte juridique.

30 P. Omandji, Op cit, p. 119


31 A. Barilari, R. Drapé, Lexique fiscal, éd. Dalloz, Paris, 1992

46
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

5.2. ASSIETTE DE L’IMPÔT OU BASE IMPOSABLE

Asseoir l’impôt consiste à en déterminer la base imposable. L’opération


vise à rechercher, qualifier et évaluer la matière imposable. 32 Une fois que
l’obligation fiscale est née, il faut déterminer son montant : il faut fixer l’assiette
de l’impôt en calculant la base imposable. En matière de revenus locatifs, par
exemple, l’impôt est calculé sur les loyers bruts.

5.3. REDEVABLE ET CONTRIBUABLE DE L’IMPÔT

Le redevable est celui qui verse l’impôt et le contribuable, celui qui


supporte l’impôt. En effet, les impôts directs sont payés et supportés par le
contribuable lui-même tandis que les impôts indirects sont versés par les
entreprises ou personnes redevables, mais répercutés sur le prix de vente d’un
produit. Autrement dit, ils sont supportés par une autre personne : le
contribuable.

5.4. LIQUIDATION DE L’IMPÔT

La liquidation de l’obligation fiscale revient à calculer l’impôt dû par le


contribuable en appliquant un taux d’imposition (ou un tarif) à la base
imposable. Ce qui suppose que lorsque le taux est proportionnel, comme en
matière de TVA, il s’applique à la totalité de l’assiette, mais lorsqu’il est
progressif, comme en matière d’IPR, il varie selon la tranche d’imposition.

La liquidation peut se faire par le contribuable lui-même (dépôt de


déclaration), par l'administration (lors du contrôle fiscal) et par les tiers (retenue
à la source).

5.5. EXIBILITE DE L’IMPÔT

L’exigibilité est la date à laquelle l’obligation fiscale doit être exécutée


par le contribuable ; il s’agit donc de la date à laquelle l’Etat est en droit de
réclamer le paiement de sa créance au contribuable. A partir de là débute la
phase du recouvrement de l’impôt.33

32 M. Bouvier, Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt.


33 M. COZIAN, Finances publiques, p.2.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

5.6. PERIODE IMPOSABLE

En droit fiscal, la période imposable est la période de temps où le moment


auquel s’est produit un fait qui entraîne le paiement34. Par exemple, l’impôt sur
le bénéfice et profits (IBP), réclamé en 2020 porte sur les revenus de 2019.
L’année 2020 constitue l’exercice d’imposition (exercice fiscal) et l’année 2019,
la période imposable (année des revenus). Donc, l’exercice fiscal 2020, revenus
2019 signifie que les impositions sont établies en 2020 sur les revenus générés
en 2019.

5.7. RECOUVREMENT DE L’IMPÔT

Le recouvrement de l’impôt s’entend de toutes les opérations conduisant à la


perception, par le Receveur des Impôts, des sommes dues au Trésor par les
redevables au titre d’impôts ou autres droits et taxes. Cette opération est effectuée
par un comptable public ou le Receveur des impôts.

5.8. EXEMPTION ET EXONERATION

Selon Bruno Bedaride, « l’exemption est l’acte par lequel une autorité
affranchit un sujet de droit d’une obligation personnelle qui lui incombe
normalement ou le soustrait au régime ordinaire qui lui est applicable35 ». Par
contre, l’exonération est une mesure qui vise à alléger l’impôt du contribuable.
Elle est à différencier de la réduction qui oblige toujours de payer mais avec une
somme réduite après un calcul.

Afin d’enrichir les caisses de l’Etat, des politiques fiscales sont mises en
place par les décideurs. Des mesures incitatives sont parfois prises au profit des
contribuables ou des redevables pour qu’ils s’acquittent facilement de leurs
charges fiscales. Abattement, réduction d’impôt, jalonnement, exonération et
tous autres avantages sont accordés à certaines personnes répondant à certaines
conditions prédéterminées36.

34 www.droitsquotidiens.be, lexique.
35 B. Bedaride, Lexique juridique et fiscal, publication en ligne.
36 www.Mister-defisc, Qu’est-ce qu’on entend par exonération fiscale ?

48
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

5.9. PROCEDURES FISCALES

L’Administration fiscale a pour mission de collecter l’impôt des


contribuables. Pour ce faire, elle dispose des prérogatives que lui confère la loi,
mais en même temps, elle a aussi des obligations d’accomplir cette mission dans
le respect des procédures établies d’avance par le législateur. Il en est de même
aussi pour le contribuable. Ces droits et obligations réciproques sont définis
dans ce qu’on appelle le livre ou manuel "des procédures fiscales ». On y
reviendra.

Ce qu’il convient de retenir dans ce chapitre 2

1. Il existe une différence évidente entre, d’une part la fiscalité et d’autre part
entre tout ce qui relève de la parafiscalité en République Démocratique du
Congo. Dans le contexte congolais, les recettes fiscales sont regroupées dans
tout ce qui relève de la fiscalité et les recettes non fiscales proviennent de la
parafiscalité.

2. L’étudiant doit être capable de faire la différence entre le redevable réel et


le redevable légal. Cela revient à dire que ce dernier doit maitriser les termes
fiscaux mis à sa disposition au début de ce manuel.

3. Le lecteur doit être à mesure de faire une classification générale des impôts
en RDC, tout en précisant la classification administrative, économique et
technique des impôts.
4. Dans ce chapitre, il était question de définir la fiscalité et la parafiscalité
d’une part, et d’autre part montrer que c’est à travers cet instrument que le
gouvernement alimente les finances publiques. Les termes définies servent
par la suite au développement et à la bonne compréhension de cette
thématique. En plus, il était question de démontrer qu’il y a plusieurs
classifications de l’impôt (administrative, économique, technique).

49
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 3. PRESENTATION DES SYSTEMES FISCAL ET


PARAFISCAL CONGOLAIS

Ce chapitre aborde la façon dont la fiscalité est organisée en République


Démocratique du Congo, notamment en ce qui concerne les caractéristiques des
systèmes fiscal et parafiscal congolais, les différents types d’impôts, les
éléments de la technique fiscale, les régimes juridiques et fiscales des différentes
sortes d’entreprises.

Cependant, vu l’abondance de la matière traitée à ce chapitre et dans le


souci de traiter séparément les questions de catégorisation des impôts et celles
relatives au comportement à adopter par les managers dans la gestion des
dossiers fiscaux, les notions des procédures fiscales seront examinées au
cinquième chapitre.

SECTION 1 : PRESENTATION DU SYSTEME FISCAL CONGOLAIS

1.1. DEFINITION DU CONCEPT SYSTEME FISCAL

Cliche Pierre définit le système fiscal comme l’ensemble des éléments


administratifs, juridiques, sociaux et économiques qui caractérisent les mesures
fiscales d’une administration donnée37.

Eu égard de la définition ci-dessus, nous pouvons définir le système fiscal


congolais comme l’ensemble des impôts et taxes en vigueur en République
Démocratique du Congo ainsi que leurs modalités de gestion.

1.2. CARACTERISTIQUES DU SYSTEME FISCAL CONGOLAIS

Le système fiscal congolais est, pour l’essentiel, déclaratif, auto-liquidatif,


territorial et cédulaire.

§ 1. Système fiscal déclaratif

Le système fiscal congolais est, pour l’essentiel, fondé sur la déclaration.


Autrement dit, le contribuable, dont la bonne foi est présumée, souscrit
librement sa déclaration réputée sincère et complète, et doit être en mesure de

37 P. Cliche, Politique fiscale, dans L. Coté et J.F. Savard, Dictionnaire encyclopédique de l’administration publique, Canada, 2012, p. 59

50
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

justifier les éléments déclarés. Le contrôle fiscal fait par l’administration est la
conséquence logique du système déclaratif car il vise de vérifier la sincérité et
l’exactitude de la déclaration souscrite par le contribuable.

§ 2. Système fiscal auto liquidatif

Par ce système, le contribuable détermine librement les bases imposables,


en calcule lui-même l’impôt dû dont il en effectue le paiement au moment du
dépôt de sa déclaration au fisc. Bref, la déclaration est suivie immédiatement de
son paiement.

§ 3. Système fiscal territorial

La notion de territorialité de l’impôt voudrait que ne soient imposés en RDC,


que les revenus qui y sont réalisés, même lorsque le domicile, la résidence de la
personne physique ou le siège social de la personne morale assujettie est situé hors
des limites territoriales de la République Démocratique du Congo38. Ainsi, toute
opération réalisée en dehors de la République Démocratique du Congo n’est pas
visée par l’impôt au Congo.

§ 4. Système fiscal cédulaire

Ce système qui ne concerne que les revenus, veut que les revenus générés
dans le pays soient classifiés en cédules et imposés séparément. Aussi, sont-ils
imposés séparément en RDC, les revenus locatifs, mobiliers et professionnels.
Le système cédulaire pratiqué par la RDC s’oppose au système global qui
voudrait que les revenus dont est bénéficiaire un contribuable soient cumulés
pour subir une imposition unique.

1.3. CLASSIFICATION DES IMPÔTS DANS LE SYSTEME FISCAL


CONGOLAIS

Lorsqu’on observe la configuration fiscale des impôts dans le système


fiscal congolais, on peut dire que les impôts sont essentiellement classifiés de
deux manières : une classification administrative et une classification technique.

38 Articles 4, 13 et 27 de l’ord. Loi n° 69/009 du 10 février 1969 relative aux impôts sur les revenus tel que modifiée à ce jour

51
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Du point de vue de la classification administrative, on distingue :

- Les impôts revenants au pouvoir central : il s’agit de la Taxe sur la


Valeur Ajoutée, de l’impôt sur les Bénéfices et Profits, de l’impôt
Professionnel sur les Rémunérations et de l’Impôt mobilier ;

- Les impôts revenant aux Provinces : il s’agit de l’impôt sur les


véhicules, l’impôt sur les revenus locatifs, l’impôt foncier et l’impôt
sur la superficie des concessions minières et des hydrocarbures.

Du point de vue de la classification technique, le système fiscal


congolais distingue les impôts directs aux impôts indirects.

- Dans la catégorie des impôts directs on trouve les Impôts réels (I.R), les
Impôts cédulaires sur les revenus (I.C.R), l’Impôt exceptionnel sur les
rémunérations des expatriés (IERE) et l’Impôt Personnel Minimum
(IPM).

✓ Les impôts réels sont ceux qui frappent les biens palpables du
contribuable et sont établis annuellement sur les matières
imposables spécifiques. On distingue 4 types d’impôts réels :
• l’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties ou
non bâties ou Impôt foncier en sigle I.F ;
• l’impôt sur les véhicules en sigle I.V ;
• la redevance superficiaire en sigle RS;
• la taxe de superficie des concessions minières en sigle
TSCM.

✓ Les impôts cédulaires sur les revenus : ils aboutissent à autant


d’impositions qu’il y a des cédules ou catégories des revenus. Il
s’agit d’un impôt analytique et fragmentaire assis sur une catégorie
particulière de revenus. Le système fiscal congolais comprend trois
cédules :
• les revenus locatifs qui donnent lieu à l’Impôt sur les
revenus locatifs (I.R.L)

52
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

• les revenus des capitaux mobiliers qui donnent lieu à


l’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers ou Impôt
mobilier (I.M) ;
• les revenus professionnels qui donnent lieu à deux types
d’impôts, à savoir ; l’Impôt sur les bénéfices et profits
(IBP) et l’Impôt professionnel sur les rémunérations
(IPR).

✓ L’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel


expatrié (IERE). Il ne saurait être considéré comme un impôt sur
les revenus car la cédule « rémunérations » est déjà pris en charge
par l’IPR. Il a été instauré dans le système fiscal congolais, juste
pour encourager l’embauche de la main-d’œuvre nationale en
surtaxant les employeurs qui recourent au service de la main-
d’œuvre étrangère. Cet impôt est assis sur le montant des
rémunérations payées par chaque employeur à son personnel
expatrié.39

✓ L’Impôt Personnel Minimum (IPM) est un prélèvement mis à


charge des personnes physiques adultes dont les revenus nets
imposables n’étaient pas passibles de l’impôt professionnel.

- Dans la catégorie d’impôts indirects figurent la Taxe sur la valeur ajoutée


(TVA) et les droits de douanes et d’accises.

✓ La Taxe sur la valeur ajoutée : c’est un impôt général sur la


consommation, calculé sur le chiffre d’affaires, collecté par
l’intermédiaire des assujettis pour le compte de l’Etat et supporté
par le consommateur final ;

✓ Les droits de douane et d’accises : il s’agit des droits payés à


l’importation (droits d’entrée) et à l’exportation (droits de sortie)
ainsi que des droits d’accises.

39 Article 2 de l’Ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969 relative à l’impôt réel, telle que modifiée à ce jour.

53
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’avantage des impôts indirects réside dans le fait que le contribuable


n’est pas tout à fait sensible et conscient de payer un impôt en achetant
un bien ou service. Il est attentif à la facture qu’il paye et ne s’intéresse
pas trop de la répartition du montant entre la quotité de l’impôt et celle
du vendeur. D’où la préférence de cet impôt par rapport à l’impôt direct
qui tient compte de la situation personnelle du contribuable.

SECTION 2 : PRESENTATION DU SYSTEME PARAFISCAL CONGOLAIS

2.1. DEFINITION DU CONCEPT SYSTEME PARAFISCAL

La parafiscalité peut être définie de différentes manières. Mais dans le


contexte de cet ouvrage, nous considérons comme parafiscalité, tout droit, taxes
et redevance qui ne relève pas des recettes fiscales (recettes issues des impôts).
Aussi, pouvons-nous dire que le système parafiscal congolais comprend
l’ensemble des droits, taxes, redevances et autres recettes non fiscales à
percevoir à l’initiative des administrations et services d’assiette au profit du
gouvernement central, des provinces et des Entités territoriales décentralisées
ainsi que leurs modalités de répartition.

2.2. CARACTERISTIQUES DU SYSTEME PARAFISCAL CONGOLAIS

Du fonctionnement du système parafiscal congolais, nous pouvons dire


qu’il présente les caractéristiques suivantes :

§ 1. Un système parafiscal déclaratif

La parafiscalité est aussi gérée, dans une certaine mesure, par un système
déclaratif comme c’est le cas pour l’impôt. En effet, la loi stipule que « le
requérant d’un document administratif ou d’une autorisation d’exercer ou
d’exploiter une activité à l’obligation de souscrire une déclaration spontanée
écrite auprès du service d’assiette compétent en vue de la constatation des
droits, taxes et redevances y relatifs ». De même, pour l’exercice ou
l’exploitation d’une activité déjà installée, l’exploitant, le propriétaire ou le
détenteur d’un bien meuble ou immeuble donnant lieu au paiement des droits,

54
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

taxes ou redevances a l’obligation d’en déclarer les éléments constitutifs de


l’assiette, ainsi que leurs évolutions40.

§ 2. Un système parafiscal à législations sectorielles basées sur la


séparation des compétences entre le pouvoir central et les provinces

La perception des droits, taxes et redevances en RDC fonctionne avec le


principe de séparation des compétences entre le Pouvoir Central et les
Provinces. En effet, l’assiette des droits, taxes et redevances revenant au Pouvoir
Central ainsi que les procédures de sa constatation sont fixées par des
législations sectorielles. Les taux ainsi que la période de paiement des droits,
taxes et redevances sont fixés par arrêté conjoint du ministre ayant les finances
dans ses attributions et celui dont l’administration les constate et les liquide,
conformément aux dispositions légales et règlementaires en vigueur en la
matière41.

De même, les règles de perception des impôts, droits, taxes et redevances


provinciaux et locaux sont fixées par voie d'édits ou des décisions des organes
délibérants, conformément à la législation nationale pour les Provinces et ETD,
tandis que les règles relatives à l'assiette, au taux et aux modalités de
recouvrement des impôts locaux sont fixées par le Parlement dans les lois de
finances initiales ou rectificatives. Toutefois, les lois de finances peuvent
déléguer aux Assemblées Provinciales et aux organes délibérants des ETD, le
pouvoir de fixer le taux ou les modalités de recouvrement de certains impôts,
taxes provinciaux et locaux dans les conditions fixées par lesdits assemblées ou
organes délibérants.

§ 3. Un système parafiscal qui fonctionne avec les mêmes principes


que les impôts

A part quelques petites différences près, les droits, taxes, redevances et


autres recettes parafiscales fonctionnent avec les mêmes principes que l’impôt
en ce qui concerne les règles des procédures d’assiette, de recouvrement, de
contrôle et du contentieux.

Articles 8 et 9 de l’ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013


40

Article 4 de l’ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant réforme des procédures relatives à l’assiette, au contrôle et aux
41

modalités de recouvrement des recettes non fiscales.

55
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 4. Un système parafiscal où les procédures d’assiette et de


perception des recettes sont encadrées par plusieurs services

Il convient de noter avant tout que, l’exécution des recettes publiques se


fait en quatre étapes importantes : la constatation des droits (ou établissement
des titres), la liquidation, l’établissement du titre ou l’ordonnancement et le
recouvrement ou l’encaissement. Aussi, contrairement aux impôts où toutes ces
étapes sont couvertes par une même et unique administration, la Direction
Générale des Impôts, pour les recettes non fiscales, les opérations de
constatation des droits et de liquidation sont-elles effectuées par les services
générateurs (principalement les ministères), tan disque les opérations
d’ordonnancement et de recouvrement sont réalisées par l’administration des
recettes non fiscales (DGRAD).

2.3. CLASSIFICATION DES DROITS, TAXES, REDEVANCES ET


AUTRES RECETTES PARAFISCALES

Parmi les droits, taxes, redevances et autres recettes parafiscales on


distingue :
1) Les droits, taxes, redevances et autres recettes du Pouvoir Central ;
2) Les droits, taxes, redevances et autres recettes d'intérêt commun ;
3) Les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques aux
Provinces et Entités territoriales décentralisées.

§ 1. Droits, taxes et redevances du Pouvoir Central

Les droits, taxes et redevances du Pouvoir Central sont constatés et


liquidés par les ministères sectoriels puis ordonnancés et recouvrés par la
DGRAD au profit exclusif du Trésor public. Mais pour leur fonctionnement une
quotité de 10% est rétrocédée par le Trésor et est répartie, en raison de 5% à la
DGRAD sur toutes les recettes réalisées et 5% aux administrations et services
d’assiette au prorata des recettes réalisées.

Il existe plus ou moins 364 taxes relevant du Pouvoir Central répertoriés


dans l’ordonnance-loi n° 13/002 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des
droits, taxes et redevances du Pouvoir Central. Vu leur nombre, nous ne saurons

56
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

les énumérer tous ici. Pour ce faire, le lecteur peut donc consulter l’ordonnance-
loi sus évoquée.

§ 2. Droits, taxes, redevances et autres recettes d’intérêt commun

Les droits, taxes, redevances et autres recettes d’intérêt commun


comprennent :
- la taxe de circulation routière ;
- la taxe annuelle pour la délivrance de la patente ;
- la taxe de consommation sur la bière, l’alcool, le spiritueux et le
tabac ;
- la taxe de superficie sur les concessions forestières ;
- la taxe de superficie sur les concessions minières ;
- la taxe sur les ventes des matières précieuses de production
artisanale ;
- toutes autres recettes taxes ou redevances instituées par la loi.
Il existe plus ou moins 109 droits, taxes, redevances et autres recettes
d’intérêt commun institués par l’ordonnance-loi n° 13/001 du 23 février 2013
fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et
des Entités territoriales décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition.

§ 3. Droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques aux


Provinces et Entités territoriales décentralisées

Les taxes spécifiques à chaque Province sont prélevées sur les matières
locales, non imposées par le Pouvoir Central. Elles sont soit rémunératoires, soit
fiscales.

Parmi les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques on


distingue :
- les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques de la
compétence de la Province ;
- les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques de la
compétence de la Ville ;
- les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques de la
compétence de la Commune ;

57
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- les droits, taxes, redevances et autres recettes spécifiques de la


compétence du Secteur et Chefferie.

Il existe plus ou moins 173 droits, taxes, redevances et autres recettes


spécifiques aux provinces et Entités territoriales décentralisées institués par
l’ordonnance-loi n° 13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des
impôts, droits, taxes et redevances des provinces et des entités territoriales
décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition, dont plus ou moins 61
pour la Province, 53 pour la Ville, 47 pour la Commune et 12 pour le Secteur et
la Chefferie.

Tableau n° 3. Catégorisation des ressources parafiscales en faveur des


provinces

N° TYPE DE SOUS SOUS COMPOSANTE 2


RESSOURCES COMPOSANTE
1
• Les taxes d’intérêt commun : taxe
spéciale de circulation routière,
taxe annuelle pour la délivrance de
Les taxes locales la patente, taxes de consommation
sur la bière, l’alcool et spiritueux,
la taxe sur le tabac, la taxe de
superficie de concession forestière,
minières, la taxe sur la vente des
matières précieuses de production
artisanale et toutes autres taxes
instituées par le pouvoir central et
Les ressources revenant en tout ou en partie aux
01 propres ou provinces en vertu de la loi ;
ordinaires
Les droits • Les taxes spécifiques à chaque
provinciaux et province : taxe prélevée sur les
locaux matières locales non imposées par
le pouvoir central. Elles sont soit
rémunératoires soit fiscales ;
• Les taxes spécifiques à chaque
entité ;
• Les recettes administratives
rattachées aux actes générateurs
dont la décision relève de la
compétence des provinces

58
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les bénéfices ou les revenus de leur


participation en capital dans les
Les recettes de
entreprises publiques et les
participation
associations momentanées à but
lucratif.
• Les recettes administratives
judiciaires, domaniales et des
Les ressources participations ;
provenant de la • Les recettes de douanes et accises ;
02
part des 40% des • Les recettes provenant des impôts
recettes à ressources recouvrés sur les grandes
caractère suivantes : entreprises, des pétroliers
national producteurs ainsi que sur les autres
impôts pouvant être perçus en leur
lieu de réalisation.
• Les recettes administratives
judiciaires, domaniales et des
participations ;
Les ressources 10% de la totalité • Les recettes de douanes et accises ;
03
provenant de la des recettes à • Les recettes provenant des impôts
caisse nationale caractère recouvrés sur les grandes
de péréquation national. entreprises, des pétroliers
producteurs ainsi que sur les autres
impôts pouvant être perçus en leur
lieu de réalisation.
• Emprunts intérieurs pour financer
les investissements ;
Emprunts
• Emprunts extérieurs pour le besoin
Les ressources
04 de la province ;
exceptionnelles
• Dans les conditions fixées par la
Dons et legs
loi.

SECTION 3. SERVICES EN CHARGE DE LA GESTION DES IMPOTS


ET TAXES EN RDC

Les Administrations fiscales, communément appelées « Régies


financières », peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les Régies
financières nationales et les Régies financières provinciales. Les régies
financières nationales sont chargées du calcul et du recouvrement des impôts et
taxes à caractère national et dont les recettes sont destinées à alimenter le Trésor

59
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

public tandis que les régies provinciales récoltent les recettes des impôts et taxes
rétrocédées aux Provinces pour leur fonctionnement.

3.1. REGIES FINANCIERES NATIONALES

Les Régies financières nationales de la RDC sont des services publics


dotés d’une autonomie administrative et financière et placés sous l’autorité
directe du Ministre national ayant les finances dans ses attributions. On en
distingue trois, à savoir : la Direction Générale des Impôts (DGI), la Direction
Générale des Douanes et Accises (DGDA) et la Direction Générale des Recettes
Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participations (DGRAD).

§ 1. Direction Générale des Impôts (DGI)

La Direction Générale des Impôts exerce, dans le cadre des lois et


règlements en vigueur, toutes les missions et prérogatives en matière fiscale,
notamment celles concernant l’assiette, le contrôle, le recouvrement et le
contentieux des impôts, taxes, redevances et prélèvement à caractère fiscal. Elle
s’occupe donc de la gestion de tous les impôts directs et indirects, à l’exception
de ceux reconnus, par la Constitution, aux Provinces et Entités territoriales
décentralisées.

Dirigée par un Directeur Général, la Direction Générale des Impôts est


constituée :

- d’une Administration centrale composée :


✓ de la Direction générale qui comprend :
➢ Le Directeur Général et deux Directeurs Généraux Adjoints ;
➢ Les Services rattachés, dont :
• L’Inspection des Services ;
• La Division Administrative et ;
• La Cellule Technique.
✓ des Directions centrales composées de neuf Directions, à savoir :
➢ La Direction des Ressources Humaines (DRH);
➢ La Direction de la Gestion Budgétaire et des Services
Généraux (DGBSG);
➢ La Direction de l’Informatique (DIRINFO);

60
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

➢ La Direction de l’Assiette Fiscale (DIRAF);


➢ La Direction de la Législation (DILEG);
➢ La Direction des Etudes, Statistiques et
Communication (DESCOM);
➢ La Direction de la Recherche et des Recoupements (DRR);
➢ La Direction du Recouvrement (DIREC).
- d’une Direction opérationnelle : la Direction des Grandes
Entreprises (DGE);
- d’une Direction Urbaine dans la ville de Kinshasa (DUIK) ;
- d’une Direction provinciale dans chaque province(DPI) ;
- des Services extérieurs dans les Directions Urbaines et Provinciales :
✓ Les Centres des Impôts (CDI) chargés de la gestion des moyennes
entreprises et ;
✓ Les Centres d’Impôts Synthétiques (CIS) chargés de la gestion des
entreprises de petite taille.

§ 2. Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA)

La DGDA s’occupe de la perception des droits de douanes et des accises


et d’un impôt indirect, la TVA à l’entrée des biens à la frontière nationale.
Dirigée par un Directeur Général, assisté de deux Directeurs Généraux Adjoints,
la Direction Générale des Douanes et Accises est constituée :

- d’une administration centrale comprenant des Directions centrales ci-


après :
✓ Direction des ressources humaines ;
✓ Direction de la réglementation et de la facilitation ;
✓ Direction de la lutte contre la fraude ;
✓ Direction du tarif et des règles d’origine ;
✓ Direction de la valeur ;
✓ Direction des autres produits d’accises ;
✓ Direction des huiles minérales ;
✓ Direction des recettes du trésor ;
✓ Direction des finances internes ;
✓ Direction des équipements et logistique ;
✓ Direction des statistiques et documentation et études économiques ;
✓ Direction des affaires juridiques et contentieuses ;

61
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

✓ Direction des systèmes et technologies d’information ;


✓ Direction de l’audit interne ;
✓ Direction de reformes et modernisation.
- des Directions provinciales ci-après : Kinshasa Ville ; Kinshasa Aéroport ;
Kongo Central ; Equateur ; Province Orientale ; Nord Kivu ; Kasaï Oriental ;
Kasaï occidental ; Sud-Kivu ; Katanga ; Bandundu ; Maniema ;
- d’un Bureau de coordination ;
- des Services centraux ainsi qu’une brigade de douane qui est un corps
spécialisé constitué d’un personnel en uniforme astreint à une organisation et
à une discipline paramilitaire ;
- de Missions de représentation.

§ 3. Direction Générale des Recettes Administratives, Domaniales,


Judiciaires et de Participations (DGRAD)

Créée le 27 décembre 1995 par Décret n° 0058, la DGRAD exerce, dans


le cadre des lois et règlements en vigueur, toutes les missions et prérogatives en
matière d’ordonnancement et de recouvrement des recettes administratives,
judiciaires, domaniales et de participation émargeant au budget de l’Etat.

En collaboration avec les autres Administrations, elle peut élaborer et


soumettre aux autorités compétentes des projets de loi de décret, d’arrêtés, de
circulaire et autres instructions dans le domaine de ses attributions. Elle est
consultée pour toute modification ou révision de la législation et de la
réglementation en matière de recettes administratives, judiciaires, domaniales et
de participations, initiée par les autres administrations ainsi que pour toutes
décisions d’admission au régime d’exception. Elle exerce sa mission sur toute
l’étendue du territoire national.

Les activités de la DGRAD, contrairement aux autres Régies, ne couvrent


que l’ordonnancement et le recouvrement, la taxation relève des différentes
administrations et services publics. Cette administration, qui ne s’occupe pas
vraiment des impôts, est donc une administration chargée des recettes non
fiscales.

La DGRAD est dirigée par un Directeur Général, secondé de deux


Directeurs Généraux Adjoints et comprend :

62
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Une Direction Générale composée des Cellules rattachées suivantes :


✓ Cellule des Stratégies et des Réformes (CSR) ;
✓ Cellule des Directeurs Rattachés (CDR).
- Une Administration Centrale composée de neuf Directions, à savoir :
✓ La Direction des Etudes et du Contentieux (DECO) ;
✓ La Direction du Contrôle et de l’Ordonnancement des recettes
administratives, judiciaires et des participations (DIRAJUP) ;
✓ La Direction du Contrôle et de l’Ordonnancement des Recettes
Domaniales (DIRDOM) ;
✓ La Direction du Recouvrement et du Suivi des Régimes d’Exception
(DRSRE) ;
✓ La Direction de l’Administration et des Services Généraux (DASG) ;
✓ La Direction de l’Inspection des Services (IGS) ;
✓ La Direction des Finances et Budget (DFB) ;
✓ La Direction des Imprimés de valeur et Administratifs (DIVA).
- Deux Directions Urbaines de Kinshasa dont :
✓ La Direction urbaine Est ;
✓ La Direction Urbaine Ouest.
- Dix Directions Provinciales en raison d’une Direction par province.

§ 4. Rôles et importance des Corps de métiers dans les trois régies


financières

Pour une mobilisation des ressources publiques issues des impôts, taxes et
douanes, les trois régies financières disposent en leurs seins des corps de
métiers, généralement revêtus, pour certains, de la qualité d’officier de police
judiciaire à compétence restreinte et assermentés.
Ces agents et cadres sont recrutés dans les conditions rigoureuses et
formés dans les meilleures écoles nationales et internationales. Ils exécutent,
sous l’encadrement de leurs hiérarchies et sous la force de la loi, les missions
d’assiette et de recouvrement des impôts, taxes et droits divers. Ce sont des
corps organisés et hiérarchisés suivant les grades et missions confiés à chacune
d’eux. Il s’agit principalement des Huissiers, Vérificateurs, Instructeurs,
Receveurs et Inspecteurs. Le tableau ci-dessous donne les missions et la position
hiérarchique de chacun de ces corps au regard de chaque régie financière.

63
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 4. Description des Corps de métiers des Régies financières.

Nature du Direction Générale des Direction Direction


Corps de Impôt Générale de Générale des
métier (DGI) Douanes et Recettes
Accises Administratives,
(DGDA) Domaniales,
Judiciaires et de
Participations
(DGRAD)
Huissier fiscal
- Agent recruté sur
concours, formé,
assermenté devant le
Président du Tribunal de
Grande Instance de son
ressort et porteur d’une
Commission du Ministre des
Finances
- Agent revêtu au moins du
Huissier grade d’Attaché
d’administration de 1ère
classe (ATA1)
- Affecté auprès des services
opérationnels, sous
l’autorité du Receveur des
Impôts, il a pour mission de
poser des actes de poursuite
en recouvrement forcé
auprès des contribuables
défaillants en paiement.
Gestionnaires des
Comptes
- Agent non assermenté
mais formé
Gestionnaires - Agent revêtu au moins du
des Comptes grade d’Attaché
d’administration de 1ère
classe (ATA1)
- Affecté auprès des services
opérationnels, sous

64
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’autorité du Chef de
Division Gestion (DGE) ou
Chef de Bureau
Gestion(CDI), il a pour
mission de faire le suivi des
obligations déclaratives des
contribuables suivant un
portefeuille de ceux-ci lui
confié
Vérificateur Polyvalent
des Impôts (VPI)
- Agent recruté sur
concours, formé,
assermenté OPJ devant le
Procureur de la République
de son ressort
- Agent revêtu au moins du
grade d’Attaché
d’administration de 1ère
classe (ATA1)
- Affecté auprès des services
opérationnels, sous
Vérificateurs
l’autorité du Chef de
Division ou Chef de Bureau
du Contrôle Fiscal (DGE ou
CDI), il a pour mission de
procéder à la vérification
fiscale sur place des
déclarations des
contribuables et le cas
échéant, notifier des
impositions
supplémentaires.

Instructeur du
Contentieux
- Agent recruté sur
concours, formé,
Instructeur
assermenté OPJ devant le
Procureur de la République
de son ressort et revêtu de
la qualité de VPI.

65
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Agent revêtu au moins du


grade d’Attaché
d’administration de 1ère
classe (ATA1).
- Affecté auprès des services
opérationnels, sous
l’autorité du Chef de
Division ou Chef de Bureau
Appoint et Contentieux
Fiscal (DGE ou CDI), il a
pour mission de procéder à
l’examen du recours
administratif introduit par
le contribuable en
contestation des
redressements fiscaux faits
par le VPI ou l’Inspecteur
des Impôts et proposer une
décision administrative.
Receveur des Impôts
- Cadre formé et assermenté
devant le Président du
Tribunal de Grande
Instance de son ressort et
porteur d’une Commission
du Ministre des Finances.
- Cadre revêtu du grade de
Chef de Bureau (CDI) ou
Chef de Division (DGE),
selon les cas.
Receveur - Affecté auprès des services
opérationnels, sous
l’autorité du Directeur
(DGE) ou Chef de Centre
(CDI), il a pour mission de
recouvrer les recettes
fiscales et de contraindre
l’Huissier Fiscal à poser
des actes de poursuite en
recouvrement forcé auprès
des contribuables
défaillants.
Inspecteur Inspecteur des Impôts

66
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Cadre recruté sur


concours, formé,
assermenté OPJ devant le
Procureur de la République
de son ressort
- Cadre revêtu du grade de
Chef de Division
- Affecté à l’Inspection des
Services de la Direction
Générale, sous l’autorité de
l’Inspecteur-
Coordonnateur, il a pour
mission, notamment, de
procéder à la contre-
vérification fiscale sur place
(contrôle au second degré)
des déclarations des
contribuables et le cas
échéant, notifier des
impositions
supplémentaires.
3.2. REGIES FINANCIERES PROVINCIALES

Les Régies financières provinciales existent en raison d’une


administration par province, y compris la ville de Kinshasa, capitale du pays.
Pour rappel, ces administrations ont été créées en vertu du principe de la libre
administration des provinces consacré par la Constitution.

Les Régies provinciales des recettes existant dans chaque province sont
chargées de percevoir les impôts, taxes et autres recettes reconnues par la
Constitution aux Provinces et ETD. Ces Administrations sont organisées, à
l’interne de manière autonome en tenant compte des réalités et de la volonté des
gouvernants locaux. Aussi, les dénominations de chaque régie dépendent-elles
de chaque Province.

Après la création effective de 26 provinces, avec le principe d’une régie


financière pour chaque province, le processus de démembrement des anciennes
régies et d’implantation des nouvelles Régies financières provinciales est en
cours dans chaque province en RDC. Les régies des provinces qui n’ont pas été

67
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

démembrées ont gardé leurs dénominations. Les régies financières


opérationnelles à ce jour sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Tableau n° 5 : Liste de quelques régies financières provinciales


opérationnelles.
PROVINCE DENOMINATION DE LA REGIE SIGLE
Haut-Katanga
Kinshasa Direction Générale des Recettes de Kinshasa DGRK
Kongo Central Direction Générale des Recettes du Kongo DGRKC
Central
Kwilu Direction Générale des Recettes du Kwilu DGRK
Lualaba Direction des Recettes du Lualaba DIRELUA
Maniema Direction Générale des Recettes du Maniema DGRMA
Nord-Kivu Régie Provinciale des Recettes du Nord-Kivu RPR
Sud-Kivu Direction Provinciale de Mobilisation et DPMER
d’Encadrement des Recettes du Sud-Kivu

68
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Ce qu’il convient de retenir dans ce chapitre 3

1. Il existe une différence évidente entre, d’une part impôt, taxe, redevance,
cotisation sociale, droits et, d’autre part entre tout ce qui relève de la fiscalité
et ce qui relève de la parafiscalité en République Démocratique du Congo.
Dans le contexte congolais, les recettes fiscales sont regroupées dans tout ce
qui relève de la fiscalité et les recettes non fiscales proviennent de la
parafiscalité.

2. Le système fiscal congolais est déclaratif, auto-liquidatif, territorial et


cédulaire. Le système parafiscal est aussi déclaratif, sectoriel, à compétence
partagée et fonctionnant avec les mêmes principes que le système fiscal.

3. En RDC, les impôts sont classés principalement, d’une part en impôts


directs et impôts indirects et d’autre part, en impôt réels et impôt cédulaires
sur les revenus, mais aussi en impôts nationaux et impôts locaux.

4. Les recettes fiscales et non fiscales sont réparties entre le Pouvoir Central
et les Entités locales en vue d’alimenter leurs budgets respectifs.

5. S’il existe un nombre acceptable d’impôts (à peu près huit impôts), les
taxes, redevances et autres droits quant à eux sont très diversifiés et
nombreux (jusqu’à plus de trois cent) à tel point qu’on peut conclure, au
regard de leur répertoire, à un excès des taxes en RDC.

6. La perception des recettes fiscales et non fiscales est confiée à des services
publics érigés sous forme des régies financières nationales et locales
disposant en leurs seins des corps des métiers formés et spécialisées dans les
missions d’assiette et de recouvrement.

69
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 4. ETUDE SOMMAIRE DE DIFFERENTS TYPES


D’IMPOTS ET TAXES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO

Ce chapitre aborde l’essentiel des mécanismes de fonctionnement de


chaque type d’impôt en vigueur en République Démocratique du Congo. Aussi,
le lecteur pourrait-il avoir une connaissance générale sur les éléments de la
technique fiscale vus au premier chapitre mais appliqués à chaque impôt.

La gestion fiscale de l’entreprise exige la connaissance, par le Manager,


des notions de base du système fiscal dans le pays d’accueil. Cette connaissance
lui permettra d’avoir une vision globale des enjeux de la fiscalité dans
l’entreprise et l’aidera à bien communiquer avec le chargé de la fiscalité de
l’entreprise et le contrôleur fiscal.

Ce chapitre n’a pas l’ambition de donner trop de détails sur chaque type
d’impôt, ce qui revient à un cours de fiscalité pratique. L’objectif est de donner
aux futurs managers une idée globale sur chaque type d’impôt exigé en
République Démocratique du Congo. Toutefois, le système fiscal congolais est
composé de quatre rubriques, à savoir : les impôts réels, les impôts cédulaires
sur les revenus, la taxe sur la valeur ajoutée et l’impôt exceptionnel sur les
rémunérations des expatriés.

SECTION 1 : IMPOTS REELS

La Loi des finances 2019 identifient quatre types d’impôts réels à savoir :
l’impôt foncier (IF), l’impôt sur les véhicules (IV), la redevance superficiaire
(RS) et la taxe de superficie sur les concessions minières (TSCM).

1.1. IMPÔT FONCIER (IF)

(Texte de base : Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969 relative aux


impôts réels telle que modifiée et complétée à ce jour).

L’impôt foncier est assis sur deux bases : la superficie bâties et la


superficie non bâtie. C’est un impôt sur le capital qui frappe un élément
économique en tant que tel sans considération de la situation personnelle du
contribuable. Cet élément économique est dans le cas d’espèce, les propriétés
foncières bâties ou les concessions foncières non bâties sises dans les
circonscriptions urbaines. Les terres urbaines sont celles qui sont comprises dans

70
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

les limites des entités administratives déclarées urbaines par les lois ou
règlements en vigueur.

§ 1. Redevable

L’impôt foncier est dû par le titulaire du droit de propriété, de


possession, d’emphytéose, de superficie, de cession, de concession ou
d’usufruit des biens imposables, ainsi que par les personnes occupant, en
vertu d’un bail, des biens immobiliers faisant partie soit du domaine
privé de l’Etat, des Provinces, des Villes et des Communes, soit du
patrimoine des circonscriptions.

L’impôt foncier est dû par le propriétaire, même si par la convention de bail,


le locataire s’est engagé à le payer et si cette circonstance a été portée à la
connaissance de l’Administration.

L'impôt foncier est dû pour l'année entière sur la superficie imposable


existant au 1er janvier de l'année qui donne son nom à l'exercice fiscal, sans que la
mutation de propriété dans le cours de ladite année puisse donner lieu à
dégrèvement.

L'exercice fiscal coïncide avec l'année civile. Les immeubles nouvellement


construits ou notablement modifiés (d’au moins 20%), sont imposables d'après leur
superficie nouvelle, à partir du 1er janvier qui suit leur occupation ou leur
transformation. Le terme "immeuble" doit être interprété dans le sens de "partie
d'immeuble indépendante pouvant faire l'objet d'un contrat de location distinct", le
cas des buildings, maisons jumelles et immeubles à appartements multiples.
Les propriétés foncières sont imposées suivant deux modes de calcul :
• Le système d’imposition par superficie au m2 ;
• Le système d’imposition forfaitaire.
Toutefois, le législateur fiscal congolais a procédé au classement de 4
localités en tenant compte de la commune ou se situe l’immeuble.

§ 2. Détermination du taux et calcul de l’impôt

L’impôt foncier est fixé à un forfait annuel dont le montant varie suivant la
nature des immeubles et le rang des localités. Mais, en ce qui concerne les villas

71
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

situées dans les localités de 1er, 2ème, 3ème et 4ème rang, l’impôt foncier est imposé en
fonction de la superficie bâtie dont le taux est fixé par arrêté ministériel.

Il faut souligner que cet impôt étant rétrocédé aux Provinces, l’article 48 de la
loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre
administration des provinces, donne aux entités locales, la compétence d’établir
leurs propres mécanismes de recouvrement des impôts provinciaux sans toutefois
violer les procédures nationales.
L’impôt foncier sur la superficie des villas est calculé aux taux fixés par
mètre carré de superficie. La superficie imposable est celle qui est déterminée par
les parois extérieures du bâtiment ou de la construction. En l'absence de parois
extérieures, la superficie imposable est déterminée en fonction des limites fictives
résultant de la projection orthogonale sur le sol des bords du toit qui surmonte le
bâtiment ou la partie du bâtiment, y compris la superficie des vérandas, des perrons,
des galeries, des balcons, des terrasses.

Concernant les immeubles et appartements, l’impôt forfaitaire annuel est fixé


différemment selon qu’il s’agit d’une superficie bâtie ou d’une superficie non bâtie
et aussi selon les différentes localités et rangs. Sont seuls imposables, les terrains
non bâtis sis dans les circonscriptions urbaines.

§ 3. Déclaration de l’impôt foncier

Le redevable de l’impôt foncier est tenu chaque année de souscrire une déclaration
au plus tard le 1er février. Cette déclaration est accompagnée d’un état énonçant
tous les éléments imposables ou non imposables dont le redevable est propriétaire
ou concessionnaire au 1er janvier. Toutefois, sauf notification contraire du
redevable avant le 1er janvier de l’exercice, l’état le plus récent est valable pour
l’année suivante (art. 6 de la loi n° 004/2003).

§ 4. Exemptions

Sont exemptées de l’impôt foncier, les propriétés appartenant :

- à l'Etat, ses entités ainsi que des Offices et autres établissements de droit
congolais n'ayant d'autres ressources que celles provenant de subventions
budgétaires,

72
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- aux ASBL, les Etablissements d’utilité publique,


- aux Etats étrangers et affectées exclusivement à l'usage de bureaux
d'ambassades ou de consulats, ou au logement d'agents ayant le statut
d'agents diplomatiques ou consulaires (sous réserve de réciprocité),
- aux personnes physiques dont les revenus nets imposables annuels sont
égaux ou inférieurs au plafond de la deuxième tranche de revenus du
barème progressif relatif aux impôts cédulaires sur les revenus à
condition de faire la preuve du paiement de l'IPR ou de l'impôt personnel
minimum.

Sont aussi exemptées de l'impôt foncier :

Pour l'immeuble ou l'un des immeubles affecté à l'habitation principale, les


personnes qui, au 1er janvier de l'année d'imposition, sont âgées de plus de 55 ans et
les veuves, à condition qu'elles occupent leur habitation principale soit seules, soit
avec des personnes considérées comme à leur charge, soit avec toute autre personne
de même condition d'âge ou de situation, que leurs revenus imposables à l'impôt
cédulaire sur les revenus soient égaux ou inférieurs au plafond de la deuxième
tranche du barème visé ci-haut, qu'elles se conforment aux dispositions relatives à
la déclaration.

L’exonération de l’impôt foncier est consentie aux immeubles ou parties


d’immeubles :

- affectés par le propriétaire, exclusivement à l’agriculture ou à l’élevage, y


compris les bâtiments ou parties de bâtiments qui servent à la préparation
des produits agricoles ou d’élevage, à la condition que ceux-ci
proviennent de l’exploitation du contribuable dans une proportion au
moins égale à 80 % de l’ensemble des produits traités ;
- qu’un propriétaire, ne poursuivant aucun but de lucre, aura affectés soit à
l’exercice d’un culte public, soit à l’enseignement, soit à la recherche
scientifique, soit à l’installation d’hôpitaux, d’hospices, de cliniques, de
dispensaires ou d’autres œuvres analogues de bienfaisance ;
- affectés à l’activité normale des chambres de commerce qui ont obtenu la
personnalité civile ;
- affectés à l’activité sociale des sociétés mutualistes et des unions
professionnelles qui ont obtenu la personnalité civile, à l’exception des

73
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

locaux servant au logement, à un débit de boissons ou à un commerce


quelconque.
L’exonération mentionnée ci-dessus ne dispense pas la souscription de la
déclaration.

§ 5. Exercices d’illustration
Données :
- Monsieur Corneille BOKIE NDWAYA est propriétaire d’une concession sise
dans la Commune de la Gombe dont la villa couvre une superficie globale de 70 m².
Calculez l’impôt foncier annuel sur les propriétés bâties à payer.
- Son jeune frère NGEPA dispose d’un appartement dans la Commune de
Ngaliema, quartier Ma-campagne. Calculez l’impôt foncier forfaitaire annuel.
Solutions :
- Monsieur Corneille paiera au titre d'impôts fonciers sur les propriétés bâties
(localité de 1er rang) : 360.000 FC
- Monsieur NGEPA, jeune frère de Corneille paiera : Au titre d’impôt foncier sur les
propriétés bâties (localité de 1er rang) : 360.000 FC. Au titre de l’impôt sur terrain
non bâti 216.000 FC. Au total il paiera : 360.000 FC + 216.000 FC = 576.000 FC.

1.2. IMPOT SUR LES VEHICULES (IV)

(Texte de base : Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969 relative aux


impôts réels telle que modifiée et complétée à ce jour)

§ 1. Redevable de l’Impôt

L'impôt sur les véhicules est dû par les personnes physiques ou juridiques qui
utilisent un ou plusieurs véhicules. Hormis les véhicules appartenant aux personnes
physiques ou morales exemptées par la Loi ou des conventions particulières, tous
les véhicules immatriculés en IT sont imposables à l’impôt sur les véhicules après
un délai de 3 mois à compter de l'attribution du numéro dans la série IT.

L'impôt réel sur les véhicules est dû par les Offices et autres Etablissements
Publics disposant de ressources autres que les subventions de l'Etat, nonobstant les
dispositions contraires pouvant figurer dans leurs statuts.

74
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 2. Période imposable et débitions de l’impôt

L'impôt sur les véhicules est dû pour l'année entière s'ils sont utilisés au cours
du mois de janvier. L'impôt sur les véhicules n'est dû que pour un douzième par
mois ou fraction de mois si l'usage commence après le mois de janvier.

§ 3. Taux de l’impôt

Les taux de l’impôt sur les véhicules sont divers et varient selon les
catégories de véhicule et selon les Provinces. Ils sont fixés en tenant compte du
poids des véhicules, (pour les automobiles utilitaires), du nombre de chevaux
vapeurs (pour les véhicules de tourisme, les bateaux et embarcations à propulsion
mécanique), par mètre cube de jauge nette (pour les Baleinière, Barges et autres
embarcations remorquées…).

La puissance imposable des bateaux et embarcations à moteur est calculée


suivant une formule déterminée par la loi.

§ 4. Exonérations

L'impôt sur les véhicules n'est pas établi pour les véhicules appartenant :

- à l’Etat et ses entités,


- aux établissements publics congolais n'ayant d'autres ressources que celles
provenant de subventions budgétaires,
- aux Institutions et Associations sans but lucratif,
- aux Etats étrangers et affectés exclusivement à l'usage d'agents ayant le
statut d'agents diplomatiques (sous réserve de réciprocité),
- aux organismes Internationaux et utilisés exclusivement pour les besoins
desdits Organismes,
- aux membres du corps diplomatique étranger de même qu'aux Consuls et
agents consulaires accrédités en RDC (sous certaines conditions).

75
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’exonération concerne aussi :

- les dépanneuses, les véhicules servant à la manutention, au transport ou à


la traction dans l'enceinte des gares, des ports et des aérodromes, les
cyclomoteurs d'une cylindrée n'excédant pas 50 cm³,
- les véhicules à traction ou à propulsion humaine ou animale,
- les véhicules à moteur équipés spécialement pour l'extinction des
incendies,
- les auto-ambulances et les véhicules utilisés exclusivement comme
moyens de locomotion personnelle par les grands invalides ou par les
infirmes,
- les machines-outils, les véhicules à moteur utilisés exclusivement à l'essai
par les fabricants ou marchands, ou par leurs employés (sous certaines
conditions),
- les véhicules utilisés par des personnes qui n'ont ni domicile, ni résidence,
ni établissement en RDC, et qui n'y exercent aucune activité lucrative,
- les navires de mer voyageant au long cours et les navires employés au
grand cabotage, c'est-à-dire, tous ceux qui dans leurs voyages périodiques,
dépassent la latitude du cap Lopez ou celle du cap Frio, les voiliers.

Exercices
Données :
- Mademoiselle Marthe Tabitha est propriétaire au 1er janvier 2002 d’un camion
Mercedes de 10 tonnes, calculez l’impôt sur le véhicule et la taxe spéciale de
circulation routière qu’elle paiera à la fin de l’exercice fiscal.
- Le Directeur Commercial Mbo est propriétaire au 1er janvier 2002 d’un véhicule
de tourisme de 15 chevaux-vapeur qu’il a ramené de sa mission à Lubumbashi.
Calculez l’impôt sur le véhicule et la taxe de circulation routière qu’il paiera à la fin
de l’exercice fiscal.
Solutions :
1° Cas Marthe : 12 tonnes = 12.000 Kgs
- Le taux pour le véhicule de plus de 10.000 Kgs
- L’impôt sur le véhicule: 27.000 FC
- Taxe spéciale de circulation routière pour véhicule utilitaire de plus de 10.000 Kgs
: 18.300 FC.
- Total à payer : 27.000 FC + 18.300 FC = 45.300 FC.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

2° Cas MBO :
- Taux de l’impôt sur le véhicule de tourisme de 15 C.V. appartenant à une personne
physique : 29.700 FC ;
- Taux de la taxe spéciale de circulation routière pour véhicule de tourisme de 15
CV appartenant à une personne physique : 26.680 FC.
- Le Directeur Commercial MBO paiera au total : 64.000FC, soit (impôt 29.700 +
redevance 2.970 + TSCR 26.680 + imprimé 4650).

1.3. REDEVANCE SUPERFICIAIRE

La redevance superficiaire est payée annuellement et est calculée sur


base de la superficie du bloc pétrolier en phase d’exploration ou du bloc en
phase d’exploitation. Le taux est fixé, en phase d’exploration, en CDF par Km 2
équivalant à 100$ au taux du jour de la transaction et, en phase d’exploitation
en CDF par Km2 équivalant à 500$ au taux de transaction. Cela, en conformité à
l’article 129 Loi N° 15/012 du 01/08/2015.

1.4. TAXE DE SUPERFICIE SUR LES CONCESSIONS MINIERES

Le titulaire d’un permis de recherche est redevable de la taxe de


superficie sur les concessions minières aux taux en francs congolais équivalent à
0,2 $USD par hectare pour la première année, en francs congolais équivalent à
0,3$USD par hectare pour la deuxième année, en francs congolais à 0,35$USD
par hectare pour la troisième année et en francs congolais équivalent à 0,4
$USD/hectare pour les autres années suivantes.

Le titulaire d’un droit minier d’exploitation est redevable de la taxe de


superficie sur les concessions minières aux taux en francs congolais équivalent à
0,4 $USD par hectare pour la première année, en francs congolais équivalent à
0,3$USD par hectare pour la deuxième année, en francs congolais à 0,35$USD
par hectare pour la troisième année et en francs congolais équivalent à 0,4
$USD/hectare pour les autres années suivantes (art. 238 Loi n° 18/001 du
09/03/2018 modifiant et complétant la Loi 007/2002 du 11/07/2002 portant code
minier par hectare.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 2 : IMPOTS CEDULAIRES SUR LES REVENUS (IMPOTS


DIRECTS)

2.1. IMPOT SUR LES REVENUS DES CAPITAUX MOBILIERS OU IMPOT MOBILIER

(Texte de base : Ordonnance-loi n°69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée


et complétée à ce jour)

§ 1. Revenus imposables

L’impôt mobilier s'applique (article 13) sur :

- Les dividendes et les revenus des parts des associés non actifs dans les
sociétés autres que par actions ;
- Les intérêts d’obligations et les intérêts des capitaux empruntés à des fins
professionnelles ;
- Les tantièmes ;
- Les redevances.

Etudions cas par cas :

A. Les dividendes et les revenus des parts des Associés non actifs dans les
sociétés autres que par actions

On distingue dans cette catégorie :

Types de revenus Eléments constitutifs de ces revenus


1 Les revenus d'actions ou parts 1. Les dividendes, intérêts, parts d'intérêts ou
quelconques à charge des de fondateur et tous autres profits attribués à
sociétés par actions civiles ou quelque titre et sous quelque forme que ce
commerciales : soit ;
2 Les revenus des parts des 2. Les remboursements totaux ou partiels du
associés non actifs dans les capital social, dans la mesure où ils
sociétés autres que par comprennent des bénéfices, des plus-values
actions : ou des réserves incorporés antérieurement au
capital social.
Sont assimilées :
- aux revenus d'actions, la partie, fixée en

78
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

fonction des bénéfices, des revenus


attribués aux porteurs d'obligations et de
tous autres titres constitutifs d'emprunts ;
- aux revenus imposables des parts sociales,
toutes les sommes dont ces associés sont
débiteurs à un titre quelconque vis-à-vis de
la société à la fin de l’exercice comptable.
- ayant en République Démocratique du Congo leur siège social et leur principal
établissement administratif ;
- étrangères, ayant un établissement permanent ou fixe en République
Démocratique du Congo.

Les revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par
actions comprennent les intérêts et tous profits attribués à quelque titre et
sous quelque forme que ce soit

Sont considérés comme associés non actifs, les associés qui ne participent
pas à la gestion journalière de l'entreprise, c'est-à-dire ceux qui, n'y déployant pas
une activité régulière et effective, ne font pas fructifier par leur travail le capital
qu'ils y ont investi (article 20).

Sont considérées comme sociétés autres que par actions : la société en nom
collectif, la société en commandite simple, la société à responsabilité limitée, la
société coopérative, les associations de fait et groupes dépourvus de personnalité
civile, mais possédant une comptabilité propre (à l’exclusion des associations
momentanées).

Au point de vue fiscal, la distinction entre associé actif et associé non actif
est très importante puisque seuls les revenus des parts des associés non
actifs sont assujettis à l’impôt mobilier (art. 13,2° et 6°). Les revenus des
parts des associés actifs sont exonérés de toute imposition à l’impôt
mobilier ainsi qu’à l’impôt professionnel.

Les revenus imposables des parts des associés non actifs dans les sociétés
autres que par actions étrangères sont, quant à eux, déterminés de manière
forfaitaire. Ils sont égaux à 50% des revenus réalisés et imposés tant à l’impôt
professionnel qu’à l’impôt sur les revenus locatifs (art. 15, al 2).

79
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

B. Les intérêts d’obligations et les intérêts des capitaux empruntés à des


fins professionnelles.

Lorsqu’une société par actions a besoin de capitaux pour assurer ou étendre son
exploitation, elle peut se les procurer de deux manières : soit par une augmentation
du capital social, soit par une émission d’obligations.

Les obligations sont des titres négociables, émis par une société qui emprunte
un capital important, généralement à long terme, et divise sa dette en un grand
nombre de coupures.

L’impôt mobilier s’applique aux dividendes attribués à l’Etat congolais


(actionnaire) au même titre que ceux versés aux actionnaires privés.

L’émission d’obligations présente pour la société l’avantage de ne pas


augmenter le nombre des actionnaires qui participent aux bénéfices, mais lui impose
cependant la charge de payer des intérêts et de rembourser des capitaux empruntés.
On distingue dans cette catégorie :
Types de revenus Eléments constitutifs de ces revenus
1°) Les revenus d’obligations à charge Les intérêts, primes ou lots attribués aux
des sociétés par actions civiles ou porteurs d’obligations, bons de caisse,
commerciales ayant en République reconnaissances ou certificats et de tous
Démocratique du Congo leur siège autres titres constitutifs d’emprunts,
social et leur principal établissement ; quelle qu’en soit la durée (art. 19).
La prime de remboursement issue de la
différence positive entre le prix de rachat
d’obligations et leur prix d’émission.
2°) les revenus, y compris tous intérêts Les capitaux engagés dans l’exploitation
et avantages, des capitaux empruntés à du débiteur des revenus et qui sont
des fins professionnelles par des rémunérés par des intérêts fixes plutôt
sociétés ou par des personnes qu’au moyen des bénéfices.
physiques qui ont en République
Démocratique du Congo leur
domicile, leur résidence ou un
établissement.
Il faut souligner que ne sont imposés à l’impôt mobilier que les revenus perçus par
des personnes physiques ou personnes morales non établies au Congo. Ceux
distribués aux sociétés congolaises ou étrangères établies au Congo sont exonérés
de l’impôt sur base de l’article 22. Ces revenus ont, en effet, dans leur chef, un
caractère professionnel.

80
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Comme pour l’imposition de revenus des actions et des parts y assimilées des
sociétés par actions, la taxation des revenus des obligations requiert la réalisation
de trois conditions suivantes :
- Que la somme sorte du patrimoine de la société ;
- Que le paiement soit fait au créancier en sa qualité de prêteur ;
- Que le paiement soit fait à titre d’intérêts et non à titre de remboursement
total ou partiel du capital de la créance.

C. Les tantièmes

Par tantièmes, on entend une somme variable, prélevée sur les bénéfices
annuels réalisés par une société anonymes, et allouée aux administrateurs en
rémunération de leurs fonctions.

L’Impôt mobilier s’applique sur :


1°) les tantièmes alloués, dans les 2°) les tantièmes alloués dans les
sociétés anonymes de droit national, sociétés anonymes étrangères ayant un
aux membres du conseil général. établissement permanent ou fixe en
RDC, aux membres du conseil général
(Conseil d’administration).
Sont également assimilées aux tantièmes, les traitements imputés sur les frais
généraux et alloués dans les sociétés anonymes aux membres du conseil général
dans la mesure où ils ne correspondent pas à des appointements normaux en
rapport avec la nature des fonctions réelles et permanentes exercées dans la
société au Congo (art. 43, 6°,B, à contrario).

D. Les redevances

Le terme "redevances" désigne les rémunérations de toute nature payées


pour l'usage ou la concession de l'usage d'un droit d'auteur sur une œuvre littéraire,
artistique ou scientifique y compris les films cinématographiques, d'un brevet, d'une
marque de fabrique ou de commerce, d'un dessin ou d'un modèle, d'un plan, d'une
formule ou d'un procédé secret, ainsi que pour l'usage ou la concession de l'usage
d'un équipement industriel, commercial, ou scientifique et pour des informations
ayant trait à une expérience acquise dans le domaine industriel, commercial ou
scientifique (art. 13, 8).

L’article 13, 8° vise de manière générale la location des biens mobiliers ou


droits intellectuels qui relèvent des différentes formes de propriété littéraire et
artistique, des éléments de propriété industrielle et commerciale ainsi que des
informations ayant trait à une expérience pratique acquise dans le domaine
industriel, commercial ou scientifique.

81
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Eléments constitutifs des redevances


a) l’usage ou concession de l’usage d’un équipement industriel, commercial ou
scientifique
Lorsqu’il s’agit de la location d’un équipement industriel, il importe d’établir la
distinction entre les redevances payées pour son usage qui sont concernées par
l’article 13, 8° et son prix de vente qui peut être et pas un revenu mobilier, mais
un bénéfice, une plus-value ou un profit.
b) l’usage ou concession de l’usage d’un droit d’auteur sur les films
cinématographiques
Les droits de location pour la concession de films cinématographiques, que ces
films soient projetés dans les salles de spectacles ou à la télévision.
c) les informations ayant trait à une expérience acquise dans le domaine
industriel, commercial ou scientifique
Ce sont celles qui constituent le « know-how ».
Le contrat de Know-how diffère du contrat d’assistance technique. Il est, en effet,
une concession de bien mobilier, et à ce point de vue, comparable à la location
mobilière, tandis que le contrat d’assistance technique constitue une entreprise
d’ouvrage dans laquelle l’une des parties s’obligent à faire elle-même un ouvrage,
pour l’autre partie, au moyen des connaissances usuelles de sa profession.

§ 2. Base de calcul

L’impôt mobilier s’applique sur les montants nets des redevances qui s'entend
de leur montant brut diminué des dépenses ou charges exposées en vue de leur
acquisition ou de leur conservation par le bénéficiaire.

La base de calcul est :

a) Pour les entreprises de droit national : le montant brut des revenus spécifiés à
l’article 13.
b) Pour les sociétés de droit étranger :

1° sociétés par actions :


- 40% des revenus réalisés et imposés tant à l’impôt sur les bénéfices et
profits qu’à l’impôt sur les revenus locatifs, au titre des revenus
d’actions ou parts (article 14);
- 10% de la même base au titre de tantièmes (article 16).

82
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

2° sociétés autres que par actions :


- 50% des revenus réalisés et imposés tant à l’impôt sur les bénéfices et
profits qu’à l’impôt sur les revenus locatifs, au titre des revenus des
parts des associés non actifs (article 15).

c) Pour les redevances, le montant net s’entend du montant brut diminué des
dépenses ou charges exposées. A défaut d'éléments probants, les dépenses ou
charges sont fixées forfaitairement à 30% du montant brut des redevances.

§ 3. Redevables de l’impôt

L’Impôt mobilier est supporté par les bénéficiaires des revenus spécifiés
précédemment.

Sont tenues de prélever et de reverser cet impôt :

1°) Les sociétés par actions civiles ou commerciales, de droit national ou


étranger, les sociétés autres que par actions, de droit national ou étranger, qui
possèdent en République Démocratique du Congo leur siège social et leur
principal établissement administratif ;

2°) Les sociétés et les personnes qui paient les revenus spécifiés à l'article 13.
Les redevables indiqués ci-dessous ont le droit de retenir sur les revenus
imposables l’impôt y afférent et ce, nonobstant toute opposition des bénéficiaires
quelle que soit la nationalité de ceux-ci (article 24).

§ 4. Débition de l’impôt

Le paiement des revenus ou leur mise à la disposition du bénéficiaire


entraîne la débition de l’impôt (article 25). Est notamment assimilée au paiement,
l'inscription d'un revenu à un compte ouvert au profit du bénéficiaire.

Il y a lieu de noter à ce sujet que le simple fait de porter le revenu à un


compte ouvert au profit de l’actionnaire ne suffit pas pour qu’il y ait taxation. Il faut
en outre que ce compte soit disponible, que le bénéficiaire ait la libre disposition de
son revenu, qu’il ait la possibilité de l’encaisser. Car aux termes de l’article 25, al 1,

83
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’impôt est dû lors du paiement effectif ou de la mise des revenus à la disposition du


bénéficiaire.

Dans les sociétés autres que par actions, les bénéfices d'un exercice sont
censés être répartis au moins à concurrence des sommes dont les associés non-actifs
sont débiteurs à un titre quelconque vis-à-vis de la société à la fin de cet exercice.
Pour les sociétés étrangères, la débition est fixée au 1er avril de l'année suivant celle
de l'exercice.

§ 5. Taux de l’impôt et déclaration

L’impôt mobilier est fixé uniformément à 20% des revenus attribués. Il est
payable par retenue à la source et versé au plus tard le 15 du mois suivant celui du
paiement par les sociétés ou les personnes qui versent lesdits revenus. L’impôt pris
en charge par le débiteur des revenus est ajouté au montant de ceux-ci pour le calcul
de l’Impôt mobilier. Autrement dit, en cas de prise en charge de l’Impôt mobilier
par le débiteur des revenus, le montant imposable dans le chef du bénéficiaire
augmente ladite concurrence.

L’Impôt à charge des sociétés étrangères est reversé au plus tard le 30 avril de
l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

2.2. IMPOT SUR LES REVENUS LOCATIFS (IRL)

§ 1. Revenus imposables

L’Impôt sur les revenus locatifs est un impôt qui porte sur :
1)- Les revenus provenant de la location et de la sous location des bâtiments et des
terrains situés en République Démocratique du Congo, quel que soit le pays du
domicile ou de la résidence des bénéficiaires.
2)- Les indemnités de logement accordées à des rémunérés occupant leur propre
habitation ou celle de leurs épouses.
3)- La mise à disposition, à titre gratuit, des bâtiments et terrains en faveur d'une
entreprise ou de toute autre personne pour usage professionnel.

Par usage professionnel, il faut entendre, toute exploitation ou activité


poursuivant un but lucratif. Il importe de souligner que toute mise à disposition des
bâtiments et terrains au profit d’une entreprise sociétaire ou individuelle, quel qu’en
soit l’usage (commercial ou industriel), est réputé à usage professionnel et donc

84
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

imposable à l’impôt sur les revenus locatifs, dans le cadre de nouvelles dispositions.
Dans ce cas, la base d'imposition est déterminée suivant les tarifs minima.
Toutefois, l’utilisation par une personne physique d’un bâtiment ou terrain lui
appartenant, dans le cadre de l’exploitation d’une entreprise individuelle, ne peut
être considérée comme un cas de mise à disposition à titre gratuit, imposable à
l’IRL.

L’impôt est établi sur le revenu brut de l’année civile antérieure.

§ 2. Base imposable

L’impôt est assis sur les éléments suivants (art 5) :


1) Le revenu brut des bâtiments et terrains donnés en location ;
2) Le profit brut de la sous-location totale ou partielle des mêmes propriétés ;
3) La base minimum forfaitaire de revenu brut annuel qui se substitue au montant
des loyers déclarés lorsque celui-ci est inférieur à cette base ou en cas de mise à
disposition à titre gratuit, pour usage personnel. En cas de présomption
d'inexactitude, les loyers imposables sont déterminés pour chaque redevable, eu
égard aux loyers normaux d'un ou de plusieurs redevables similaires (art 9).

Le revenu brut s'entend du montant cumulé (article 8) :

a) du loyer ;
b) des impôts de toute nature, acquittés par le locataire à la décharge du
bailleur ;
c) des charges, autres que les réparations locatives, supportées par le
locataire, pour compte du bailleur, et résultant ou non des conditions mises
par le second à la location de l'immeuble.

La charge, consistant en une dépense une fois faite est répartie sur les années
non encore révolues de la durée du bail. Le revenu brut comprend éventuellement le
loyer des meubles, du matériel, de l'outillage, du cheptel et de tous objets
quelconques.

85
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 3. Redevables de l’impôt

Sont redevables de l’impôt, le propriétaire, le possesseur ou le titulaire d'un


droit réel immobilier et le bénéficiaire du profit brut de la sous-location des
bâtiments et terrains.

Les revenus des époux sont cumulés quel que soit le régime matrimonial
adopté. La cotisation est établie au nom du mari.

§ 4. Taux de l’impôt

Le taux de l’impôt sur le revenu de la location des bâtiments et terrains et les


profits des sous-locations est fixé à 22% (art. 11). L’Impôt est payable par retenue à
la source de 20% du loyer et versé par le locataire au plus tard le 10 du mois qui suit
celui du paiement du loyer. Le solde de 2% étant versé par le bailleur au plus tard le
1er février de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

§ 5. Exemptions

Sont exemptés de l’impôt sur les revenus locatifs (article 12):

1°) l'Etat, les Provinces, les Villes, les Territoires, les Communes ainsi
que les offices et autres établissements publics de droit congolais n'ayant
d'autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires ou
qui assurent, sous la garantie de l'Etat, la gestion d'assurances sociales ;

2°) les institutions religieuses, scientifiques ou philanthropiques créées


par application de l’article 1er du Décret du 28 décembre 1888 et
satisfaisant aux conditions requises par le Décret-Loi du 18 septembre
1965 ;

3°) les associations privées ayant pour but de s’occuper d’œuvres


religieuses, scientifiques ou philanthropiques qui ont reçu la personnalité
civile par application de l’article 2 du Décret du 28 décembre 1888 et
visée à l’article 5 du Décret-Loi du 18 septembre 1965 ;

86
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4°) les établissements d'utilité publique créés par application du Décret du


19 juillet 1926 ;

5°) les associations sans but lucratif ayant pour fin de s’occuper d’œuvres
religieuses, scientifiques ou philanthropiques qui ont reçu la personnalité
civile de Décrets spéciaux ;

6°) les organismes internationaux ;

7°) les immeubles nouvellement construits, à partir du 1er janvier 1968,


dans les Provinces Orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du
Maniema, jusqu'au 31 décembre de la cinquième année qui suit celle de
l'achèvement de la construction.

Par ailleurs, ne sont pas concernés par l’imposition à l’impôt sur les
revenus locatifs les revenus de la location des bâtiments et terrains appartenant
aux sociétés immobilières, étant donné qu’ils sont imposés à l’impôt
professionnel.

§ 6. Dispositions relatives aux bases minima (loi n°04/012 du 5 juillet


2004)

Il est institué une base minimum forfaitaire de revenu brut annuel en matière
d’impôt sur les revenus locatifs. Cette base forfaitaire est constituée par le produit de
la surface totale développée des locaux loués multipliée par un tarif minimum
exprimé en franc congolais au mètre carré (article 2). Elle se substitue donc au
montant des loyers déclarés lorsque celui-ci est inférieur à cette base. Elle ne met
pas obstacle au pouvoir de contrôle et de redressement reconnu à l’Administration
fiscale. Celle-ci conserve la faculté d’imposer les revenus réellement acquis s’ils
s’avèrent supérieurs au minimum forfaitaire.

Le tarif minimum se décompose en six tarifs particuliers allant de A à F


suivant le classement des localités tel que prévu par la loi :

Tarif A : Il est applicable aux locaux situés dans les localités de 1ère classe,
affectés à un usage industriel, commercial ou résidentiel disposant, outre la
superficie bâtie supérieure à 200m2, d'un raccordement en eau et électricité et d'un

87
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

des éléments suivant : garage fermé, cave indépendante et aménagée, jardin privé,
annexes couvertes et fermées et nombre d'étages supérieurs à deux (pour les
immeubles collectifs).

Tarif B : Autres locaux situés dans les localités de 1ère classe.

Tarif C : Locaux situés dans les localités de 2ème classe et affectés à un usage
industriel, commercial ou résidentiel et disposant d'un des éléments de confort
mentionnés au Tarif A.

Tarif D : Autres locaux situés dans les localités de 2ème classe.

Tarif E : Locaux situés dans les localités de 3ème classe et affectés à un usage
industriel, commercial ou résidentiel disposant d'un des éléments de confort
mentionnés au Tarif A.

Tarif F : Autres locaux situés dans les localités de 3ème classe.

Les tarifs minima sont fixés par chaque Province bénéficiaire de l’IRL.

Aux locaux industriels et commerciaux loués, il est appliqué un abattement


sur les tarifs dans les conditions suivantes :
- TARIF A : Abattement de 30 % ;
- TARIF C : Abattement de 10 %.

Ces abattements ne s'appliquent pas aux 200 premiers mètres carrés.

Les dispositions relatives aux bases minima ne sont pas opposables aux
propriétaires qui donnent à bail leurs locaux à l'Etat ou à des établissements publics
dont les seules ressources financières sont constituées par les subventions de l'Etat
(article 7).

QUELQUES CAS D’ILLUSTRATIONS

1. Les données
Monsieur MONSE KENZIKI loue, en date du 1er janvier 2008, une concession
située dans la commune de Ngaliema, Quartier Djelo Binza Nord contenant

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deux villas de 80 m² chacune à Monsieur KAPAYA NTANTU, pour une durée


de 7 ans.
Dans le contrat, il est stipulé que le locataire prend en charge l’impôt foncier
pour les deux villas et qu’il peut ériger un garage pour sa voiture et un studio qui
servira de maison de passage pour les membres de sa famille élargie.
Le loyer mensuel, payable par trimestre est de 210.000 Fc. Le 1er avril de 2008,
Monsieur KAPAYA Ntantu sous-loue l’une des villas à Monsieur Roger
BOTENGE pour un montant de 13.000 Fc par mois.
Ce loyer comprend les frais d’entretien de la parcelle par le domestique engagé
par Monsieur KAPAYA. La consommation d’eau et d’électricité s’élève à un
montant 29.400 Fc sachant que le studio qu’il fait construire a coûté 168.000 Fc.
En octobre 2008, Monsieur Monse renouvelle les installations sanitaires dans les
deux villas pour un montant de 56.000 Fc.
La consommation réelle d’eau et d’électricité a donné lieu à une dépense globale
de 176.400 Fc pour l’année 2008, alors que le salaire mensuel du domestique est
de 6.880 Fc.
D’autre part, Madame Monse Mboyo, mariée à Monsieur Monse Kenziki sous la
communauté universelle des biens, est propriétaire d’un appartement dans un
immeuble situé à Matete, lequel lui a rapporté les revenus de 378.000 Fc qu’elle
a envoyés à ses parents sans l’accord de son mari.
- Quelle est l’I.R.L. à payer pour l’exercice fiscal 2002 sachant que le taux de
l’impôt foncier est de 1,50 Ff par mètre carré et 1 Ff = 1 $US = 570 Fc. - Quelle
serait la situation si le contrat de bail entre Messieurs MONSE et KAPAYA
avait une durée indéterminée ?

2. Solutions
B. Monsieur MONSE KENZIKI
- Revenus bruts annuels
1° Loyers reçus
- Pour la concession : 210.000 Fc x 12 = 2.520.000 Fc
- Pour l’appartement de son épouse = 378.000 Fc
- Total loyers reçus : (2.520.000 + 378.000) Fc = 2.898.000 Fc

2° Autres éléments à ajouter

- Impôt foncier : (80 m² x 2 x 1,50 $) x 570 Fc = 136.800 Fc


- Dépenses construction studio = 168.000 Fc : 6 = 28.000 Fc
- Dépenses construction garage = 84.000 Fc : 6 = 14.000 Fc

89
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Dép. réparation toiture + plafond 41.000 Fc : 6 = 6.833 Fc


- Total éléments à ajouter : 136.800 + 28000 + 14000 + 6.833,33 =
185.633,33 Fc

3° Total revenus annuels bruts : 2.898.000 + 185.633,33 Fc = 3.083.633,33 Fc.

4° I.R.L. dû : 3.083.633,33 Fc x 22 = 678.399,33 Fc


100

C. Monsieur KAPAYA NTANTU


- Profit brut
• Recettes ou loyers de la sous-location : [(13000 Fc – 27.400 Fc – 56.000
Fc) x 9 ] – 149.633,33 Fc = 251.766,67 Fc
- Autres éléments à ajouter :[(29.400 x 9) – 176.400 x 9]= 66.150 Fc
2 x 12
- Total profit brut : 251.766,67 Fc + 66.150 Fc = 317.916,67 Fc

- Calcul de l’I.R.L. : 317.916,67 Fc x 22 = 69.941,66 Fc


100
Il sied de signaler qu’en ce qui concerne le profit brut de la sous-location
de bâtiments et terrains sis au Congo, il s’entend par la loi comme l’ensemble de
recettes perçues par le locataire initial diminuées de tout ce que lui-même a
versé à son bailleur, c’est-à-dire le revenu brut initial au sens de l’article 8 a, b et
c.

D. Si le contrat était à durée indéterminée

- Total loyer : 2.898.000 Fc


- Autres éléments à ajouter : (100.800 + 168.000 + 84.000 + 41.000) Fc =
393.800 Fc
- Total revenus bruts : 2.898.000 Fc + 393.800 Fc = 3.291.800 Fc

3.291.800 Fc x 22
- IRL : -------------------------- = 724.196 Fc
100

90
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

2.3. IMPOT PROFESSIONNEL SUR LES REMUNERATIONS (IPR) ET


IMPÔT EXCEPTIONNEL SUR LES REMUNERATION DES EXPATRIES
(IERE)

(Texte de base : Ordonnance-loi n°69/009 et 007 du 10 février 1969 : article 27-29 ; 47-52)

L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) et l’impôt exceptionnel


sur les rémunérations du personnel expatrié (IERE) sont deux impôts qui présentent
les mêmes réalités car ils frappent les rémunérations. C’est pour cette raison que
nous le présentons ensemble, sous réserve de quelques spécificités de chacun d’eux.

Selon l’article 7 alinéa 8 de la loi n° 016/2016 du 15 juillet 2016 portant code de travail, on
entend par rémunération, la somme représentative de l’ensemble des gains susceptibles
d’être évalués en espèces et fixés par accord ou par les dispositions légales et
réglementaires qui sont dus en vertu d’un contrat de travail, par un employeur à un
travailleur.

§ 1. Revenus imposables à L’IPR ET L’IERE

Sous réserve des dispositions des conventions internationales, l’impôt


professionnel sur les rémunérations atteint les revenus désignés ci-après,
provenant d’activités professionnelles exercées en RDC alors même que son
bénéficiaire n’y a pas son domicile ou sa résidence permanente (art. 27.2°):
Revenus Personnes Nature des revenus
imposables concernées
- de toutes personnes - Salaires ou traitements
rétribuées par un - Emoluments
tiers, de droit public - Indemnités qui ne représentent pas le
ou de droit privé, remboursement de dépenses
sans être liées par un professionnelles effectives. Ex.
contrat d'entreprise ; Indemnité vie chère.
- que l’exploitant - Gratifications
1) d’une entreprise - Primes
Les individuelle - Toutes autres rétributions fixes ou
rémunérations s’attribue ou attribue variables, quelle que soit leur
diverses aux membres de sa qualification (commission,

91
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

famille ; participation des travailleurs aux


- des associés actifs bénéfices, heures supplémentaires,
dans les sociétés allocation de congé.)
autres que par - Jetons de présence
actions ; - Avantages
- des administrateurs,
gérants,
commissaires,
liquidateurs de
sociétés,
gouverneurs, régents,
censeurs et de toutes
personnes exerçant
des fonctions
analogues ;
- des présidents-
délégués généraux,
des administrateurs
et commissaires des
entreprises publiques
et sociétés
d’économie mixte.
- des membres des
Institutions
politiques, cabinets
politiques, agents de
carrière des services
publics et engagés
locaux des missions
diplomatiques
- les pensions de toute nature, quelles
que soient les circonstances ou les
2) Les modalités qui en conditionnent l'octroi.
pensions ; - des salariés ; - Somme payée pendant l’incapacité de
travail ou pendant la période
précédente ou suivant l’accouchement.
- les sommes payées par l'employeur

92
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

ou le mandant, contractuellement ou
non par suite de cessation de travail ou
de rupture de contrat d'emploi ou de
louage de service.
- Ils consistent en la concession gratuite
aux salariés d’un bien dont l’entreprise
est propriétaire ou locataire ou dans la
fourniture de prestations de services.
- La fourniture de vivres ou denrées
alimentaires ;
- La fourniture du repas pris sur place
3) La valeur dans l’entreprise ;
des avantages - L’usage d’un véhicule automobile de
en nature - des salariés l’entreprise ;
- La réparation, le ravitaillement
(carburant, huiles etc.) ou l’équipement
(pneus) d’un véhicule appartenant
personnellement au salarié à concurrence
de la partie excédant l’indemnité de
transport ;
- La fourniture d’eau et d’électricité ;
- L’usage gratuit et à titre personnel
d’une installation téléphonique ;
- La fourniture gratuite de vêtements non
professionnels ;
- La mise à disposition du salarié du
personnel domestique rémunéré par
l’employeur ;
- Les avantages en nature comptés pour
leur valeur réelle, à l'exception de
logement, transport et frais médicaux.
Sont traitées comme des compléments
4) La valeur de salaire imposables à l’IPR, les
des avantages - Salariés charges sociales excédentaires en
sociaux bénéficiaires des rapport avec :
excédentaires charges sociales - les soins de santé (frais médicaux) ;
excédentaires - l’indemnité de logement (ou le

93
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

logement en nature) ;
- les allocations familiales extra légales
;
- l’indemnité de transport.

N.B : Un avantage peut être considéré comme un supplément en espèce ou en


nature accordé à un employé hors du traitement convenu. Par contre une indemnité
est une compensation financière en réparation d’un dommage ou encore une
allocation versée par un organisme officiel en compensation de certains frais et
constituant une forme de rémunération.

Comme indiqués dans le tableau ci-dessus, on peut constater que les revenus
imposables à l’IPR sont des revenus mis à la disposition du travailleur pour qu’il en
dispose à sa guise, donc un revenu enrichissant. Par contre, les indemnités
compensatoire (tel que le logement et le transport) lui sont payées pour faciliter sa
commodité en offre de ses prestations et leurs destinations sont précisées. S’il en
utilise autrement que leurs destinations ou si elles revêtent un caractère exagéré
(c’est-à-dire elles dégagent un surplus par rapport aux besoins réels), celles-ci
deviennent un enrichissement, donc des revenus imposables.

Les personnes liées par un contrat d’entreprise (louage d’ouvrage) et les


commissionnaires sont exclus du champ d’application de l’IPR car, tout en
percevant une rémunération, ils conservent leur indépendance vis-à-vis de
leurs clients.

L’Administration des Impôts considère que les boissons fournies aux


travailleurs constituent un avantage en nature non taxable, dans la mesure où cela
reste dans des limites raisonnables (exemple, un café le matin, un coca-cola dans la
journée) ou lorsque cela présente un aspect social (offrir gratuitement au personnel
certains types de boissons, tel le lait, si les conditions de travail l’exigent). Mais
dans tous les cas, il doit s’agir des boissons non alcoolisées et consommées sur les
lieux de travail.

Selon le code du travail, ne font pas partie de la rémunération, les


éléments ci-dessous qui constituent, en réalité, les charges sociales. Il s’agit de :
- les soins de santé (frais médicaux) ;
- l’indemnité de logement ou le logement en nature ;
- les allocations familiales légales ;
- l’indemnité de transport ;

94
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- les prestations funéraires ;


- les frais de voyage ainsi que les avantages accordés exclusivement en vue
de faciliter au travailleur l’accomplissement de ses fonctions (frais de
représentation et frais de mission).

Toutes ces charges sociales ne sont pas imposables comme nous l’avions
souligné ci-haut, mais à condition d’être utilisées conformément à leur objet et
ne pas être exagérées.

§ 2. Eléments immunisés dans le calcul de l’IPR

Sont immunisées dans le calcul de l’IPR et IERE les éléments suivants (article
48) :
1 Les indemnités ou allocations familiales réellement accordées aux employés et
salariés dans la mesure où elles ne dépassent pas les taux légaux ;
2 - les pensions, rentes et indemnités accordées en vertu des lois qui régissent les
pensions de vieillesse, l'octroi de secours en cas d'invalidité prématurée ou de
décès ;
- les pensions aux invalides, aux veuves, orphelins et ascendants de
combattants, aux victimes d'accidents du travail ou de maladies
professionnelles et aux estropiés congénitaux ;
- les pensions alimentaires ;
3 Les indemnités et avantages en nature concernant le logement, le transport et les
frais médicaux pour autant que :
- l'indemnité de logement ne dépasse pas 30% du traitement brut;
- l'indemnité journalière de transport soit égale au coût du billet pratiqué
localement avec un maximum de quatre courses de taxi pour les cadres et
quatre courses de bus pour les autres membres du personnel. Dans tous les
cas, la réalité et la nécessité du transport alloué à l'employé doivent être
démontrées ;
- les frais médicaux ne revêtent pas un caractère exagéré. Par conséquent ils
seront comptés pour leur valeur réelle.

§ 3. Redevables de l’impôt
L’IPR est supporté par les bénéficiaires des rémunérations tandis que l’IERE
est dû par les personnes physiques et par les sociétés qui payent les rémunérations. Il
en résulte que l’IERE ne peut être mis à la charge du bénéficiaire des rémunérations
(article 5).

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’employeur a l’obligation de retenir sur les revenus imposables l’impôt y


afférent sans recours des bénéficiaires, quelle que soit la nationalité de ceux-ci
(article 78) et, même si le bénéficiaire des rémunérations réside à l’étranger.
§ 4. Détermination de la base imposable

La base imposable à l’IPR est déterminée par la sommation de toutes les


rémunérations identifiées augmentées des avantages en nature auxquelles
on déduit les cotisations admises. L’impôt professionnel sur les
rémunérations demeure donc calculé sur le montant net de la
rémunération, tandis que l’impôt exceptionnel sur les rémunérations des
expatriés est établi sur le montant brut des rémunérations.

Il faut entendre par expatrié, toute personne physique adulte, de nationalité


étrangère, à l'exception des originaires des pays limitrophes, qui sont assimilés aux
nationaux, sous réserve de réciprocité.

S’agissant du personnel expatrié, le montant net de la rémunération sur lequel


est calculé l’impôt professionnel sur les rémunérations ne peut être inférieur au
montant du SMIG de son pays d’origine.
Le taux d’imposition de l’IERE est fixé à 25% alors que l’IPR de ce
dernier est de 30%.

L’impôt professionnel sur les rémunérations à charge des membres des


institutions politiques et assimilés est assis, conformément à l’article 47 de
l’Ordonnance-Loi n° 69/009 du 10 février 1969, sur l’ensemble des traitements,
salaires, émoluments et autres avantages octroyés visés, à l’exception des éléments
immunisés (les indemnités ou allocations familiales dans la mesure où elles ne
dépassent pas les taux légaux ainsi que les indemnités et autres avantages en nature
concernant le logement, le transport et les frais médicaux, dans les limites fixées par
la loi). Toutefois, en l’absence de ventilation des rémunérations susvisées, un forfait
de 30% de celles-ci est déduit au titre d’éléments non imposables (Décret n° 012/19
du 14 avril 2011).

Les cotisations sociales sont calculées sur les rémunérations brutes et


restent déductibles pour le calcul du revenu imposable à l’IPR.

Eu égard aux modalités de détermination de la base imposable à l’IPR


évoquées ci-dessus, il y a lieu de dégager les formules suivantes pour le calcul
de l’IPR :

96
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

a) Rémunérations brutes = Rémunérations diverses + Pensions éventuelles +


Valeur des avantages en nature + Valeur des avantages sociaux
excédentaires.

b) Cotisation sociale = % appliqué sur les rémunérations brutes.

c) Rémunérations nettes imposables à l’IPR = Rémunérations brutes –


cotisations sociales.

d) IPR = % des rémunérations nettes imposables à l’IPR

§ 5. Taux de l’impôt, des cotisations sociales et réduction

a) Taux de l’Impôt

L’IPR est calculé suivant un barème annuel à taux progressif à quatre


tranches repris dans les tableaux ci-après (article 84):

97
LE BAREME D’IMPOSITION DES REMUNERATIONS SUIVANT L’O.L. N° 13/008 du 23 FEVRIER 2013 MODIFIANT ET COMPLETANT
CERTAINES DISPOSITIONS DE L’O.L. N° 69/009 du 10/02/1969 RELATIVE AUX IMPOTS CEDULAIRES SUR LES REMUNERATIONS.

N° TAU TRANCHES ANNUELLES TRANCHES ECART IMPOT CUMUL ECART IMPOT CUMUL TAUX
X en MENSUELLES ANNUEL ANNUEL ANNUEL MENSUE MENSUEL MENSUEL en %
%
L
1 0 0 - 524 160,00 0,00 – 43 680,00 524 160,00 0,00 0,00 43 680,00 0,00 0,00 0
2 15 524 161,00 – 1 428 000,00 43 681,00 – 119 000,00 903 840,00 135 576,00 135 576,00 75 320,00 11 298,00 11 298,00 15
3 20 1 428 001,00 – 2 700 000,00 119 001,00 – 225 000,00 1 272 000,00 254 400,00 389 976,00 106 000,00 21 200,00 32 498,00 20
4 22,5 2 700 001,00 – 4 620 000,00 225 001,00 – 385 000,00 1 920 000,00 432 000,00 821 976,00 160 000,00 36 000,00 68 498,00 22,5
5 25 4 620 001,00 – 7 260 000,00 385 001,00 – 605 000,00 2 640 000,00 660 000,00 1 481 976,00 220 000,00 55 000,00 123 498,00 25
6 30 7 260 001,00 – 10 260 000,00 605 001,00 – 855 000,00 3 000 000,00 900 000,00 2 381 976,00 250 000,00 75 000,00 198 498,00 30
7 32,5 10 260 001,00 – 13 908 000,00 855 001,00 – 1 159 000 3 648 000,00 1 185 600 3 567 576 304 000,00 98 800,00 297 298,00 32,5
8 35 13 908 001,00 – 16 824 000,00 1 159 001,00 – 1 402 000 2 916 000,00 1 020 600 4 588 176,00 243 000,00 85 050,00 382 348,00 35
9 37,5 16 824 001,00 – 22 956 000,00 1 402 001 – 1 913 000 6 132 000 2 299 500 6 887 676,00 511 000 191 625,00 573 973,00 37,5
10 40 Pour le surplus

LE BAREME D’IMPOSITION DES REMUNERATIONS SUIVANT LOI DE FINANCES N° 18/025 DU 13 DECEMBRE 2018 DE
L’EXERCICE 2019 MODIFIANT ET COMPLETANT CERTAINES DISPOSITIONS DE L’O.L. N° 69/009 du 10/02/1969 RELATIVE AUX IMPOTS
CEDULAIRES SUR LES REMUNERATIONS.

N TAU TRANCHES ANNUELLES TRANCHES ECART IMPOT CUMUL ECART IMPOT CUMUL TAUX
° X en MENSUELLES ANNUEL ANNUEL ANNUEL MENSUEL MENSUEL MENSUEL en %
%

1 3 0,00 - 1 944 000 0,00 – 162 000 1 944 000 0,00 0,00 162 000 0,00 0,00 0
2 15 1 944 001,00 – 21 600 000 162 001,00 – 1 800 000 19 655 999 2 948 400 2 948 400,00 1 637 999 245 700 245 700 15
3 30 21 600 001,00 – 43 200 000 1 800 001,00 – 3 600 000 21 599 999 6 480 000 9 428 400 1 799 999 540 000 785 700 30
4 40 Pour le surplus

N.B. : - ce barème est d’application à compter de l’exercice fiscal 2019 ;


- la pression maximale est de 30% du barème imposable ;
- pas de réduction sur l’impôt se rapportant à la partie du revenu imposable dépassant la septième tranche du barème ;
- l’impôt professionnel individuel ne peut, après déduction des charges de famille, être inférieur à 2 000,00 FC par mois.
En d’autre termes, l’IPR ne peut être inférieur à 1 Ff ni supérieur à 30% du revenu imposable.
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les autres taux de l’IPR


10% pour les indemnités de fin de carrière et sur les indemnités payées par
l’employeur contractuellement ou non ensuite de cessation de travail ou de
rupture de contrat d’emploi ou de louage de service.
15% sur les jetons de présence perçus par les administrateurs qui assistent
simplement aux séances espacées du Conseil d’administration (considérés
comme une rémunération occasionnelle).
Par contre, les Administrateurs qui exercent des fonctions réelles, touchent
les rémunérations comme dirigeants salariés et les jetons de présence
comme administrateurs. Ces deux revenus sont cumulés et imposables à
l’IPR.
15% sur les rémunérations payées aux travailleurs occasionnels.
15% sur le montant des sommes destinées aux fonctionnaires et agents publics et
aux membres des institutions politiques nationales et provinciales et des
Cabinets politiques y rattachés.
25% sur les rémunérations imposables à l’IERE.
30% sur les revenus imposables comme pression maximale à ne pas dépasser
lorsqu’on applique le barème progressif.

Les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés relevant


des Microentreprises sont imposées suivant le taux forfaitaire fixé par voie d’Arrêté
du Ministre ayant les Finances dans ses attributions. L’impôt professionnel
individuel y afférent est reversé par quotités trimestrielles.

b) Taux des cotisations sociales

Parmi les cotisations sociales ouvrières, on distingue :


- Cotisations sociales à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) :

✓ 1,5% des rémunérations brutes sur risques professionnels pour les


travailleurs assimilés ;
✓ 4% des rémunérations brutes sur les allocations familiales
(Katanga).

- Cotisation syndicale : à fixer par le syndicat

- Allocation familiale par enfant : 10% du salaire journalier minimum


interprofessionnel garanti du manœuvre ordinaire.

Parmi les cotisations sociales patronales, on distingue :

- 99 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Cotisation sociales à la CNSS :


✓ 18% des rémunérations brutes sur les pensions et risques
professionnels pour les employeurs (quotte part ouvrière 5% et
quotte part patronale 13%) ;
✓ 1,5% des rémunérations brutes sur risques professionnels pour les
travailleurs assimilés ;
✓ 4% des rémunérations brutes sur les allocations familiales
(Katanga).

- Cotisations sociales à l’INPP :


✓ 3% des rémunérations brutes sur les publics ;
✓ 3% des rémunérations brutes sur les privés et autres (entreprise
ayant entre 1 à 50 employés);
✓ 2% des rémunérations brutes sur les privés et autres (entreprise
ayant entre 51 à 300 employés);
✓ 1% des rémunérations brutes sur les privés et autres (entreprise
ayant plus de de 300 employés).

- Contributions patronales à l’ONEM : 0,2% des rémunérations brutes.

c) Réduction de l’impôt

L’impôt établi par application du barème progressif est réduit d’une quotité
de 2% pour chacun des membres de la famille à charge de l’employé avec un
maximum de 9 personnes (article 89). Aucune réduction n’est accordée sur l’impôt
qui se rapporte à la partie du revenu imposable qui excède la 7ème tranche du barème
progressif ainsi que sur l’IPR versé au personnel domestique et aux salariés des
Microentreprises.

Sont considérés comme étant à la charge de redevable ; l’épouse, les enfants


célibataires, nés d’un ou de plusieurs mariages ou hors mariage mais reconnus, ainsi
que les enfants sous tutelle, dont il prouve l’existence au début de l’année et les
ascendants des deux conjoints, à la condition qu’ils fassent partie du ménage de
redevable.

- 100 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les enfants célibataires et les ascendants ne sont toutefois considérés comme


étant à charge que pour autant qu’ils n’aient pas bénéficié personnellement pendant
l’année précédant celle de la réalisation des revenus, des ressources nettes ne
dépassant pas le revenu de la première tranche du barème.

La situation de famille à prendre en considération est celle qui existe au


premier janvier de l’année de réalisation des revenus. Toutefois, en cas de mariage
dans le courant de l’année, l’épouse exerçant une activité professionnelle est
considérée comme étant à charge de son mari, pour l’établissement de la cotisation
sur les revenus cumulés des époux.

§ 6. Période imposable et débition de l’impôt

L’impôt professionnel sur les rémunérations est établi sur l’ensemble des
revenus constatés ou présumés de l’année civile antérieure (article 74).

L’Impôt est dû au moment de leur paiement ou de leur attribution, et ceci


sans préjudice de régularisation ultérieure de la part de l’Administration. (article 76)

§ 7. Exemptions

Les personnes exemptées à l’IPR sont (article 94) :

- les ambassadeurs et agents diplomatiques, les consuls et agents


consulaires accrédités en République Démocratique du Congo du chef
des rémunérations et profits touchés par eux en leur qualité officielle
lorsqu’ils sont de l’Etat qu’ils représentent, à la condition toutefois que
les Gouvernements dont ils sont les mandataires accordent la même
immunité aux diplomates et agents consulaires de la République
Démocratique du Congo ;
- les fonctionnaires et agents internationaux des organisations
internationales du chef des rémunérations touchées par eux et payées par
lesdites organisations ;
- les ONG mettant en œuvre les programmes de l’Union Européenne et
leur personnel expatrié.42

42 Article 5 du protocole d’accord entre le Gouvernement de la RDC et la Commission Européenne portant sur la situation juridique et
fiscale des organisations non gouvernementales européennes opérant en RDC pour le compte de la Commission Européenne.

- 101 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En conséquence, sont exemptés à l’IERE, les employeurs visés aux points ci-
dessus pour les rémunérations payées aux concernés.

A cela il faut ajouter l’Etat, les Provinces, les Villes, les Communes, les
Secteurs, les Chefferies, les Entités territoriales déconcentrées, ainsi que les Offices
et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que
celles provenant de subventions budgétaires.

Exercices
1. Cas de l’IPR :
Données
Calculer l’IPR d’un employé qui a en charge trois personnes dont la base
imposable est de FC ?
Solution :
Salaire de base : 2.500.000
CNSS quotte part ouvrière (2.500.000 x 5%) = - 125.000
Base imposable 2.375.000
Etape de calcul de l’IPR
1ère étape : Identifier la base imposable dans le barème
Ici, la base imposable est comprise dans la deuxième tranche du barème
(1.944.001 < 2.375.000 < 21.600.000)
Et on soustrait la borne inférieur de la base imposable, soit 2.375.000 –
1.944.001 = 430.999 FC.
2ème étape : consiste à frapper le montant trouvé à la première étape au taux de la
tranche : 430.999 FC x 15% = 64.649,85 FC.
3ème étape : consiste à additionner le montant obtenu à la deuxième étape avec le
cumul mensuel de la tranche qui vient avant, on aura : 64.649,85 FC + 0,00 FC
= 64.649,85 FC.
4ème étape : Prendre en charge le nombre de personne en charge en procédant au
rabattement et on aura :
2% x 3 = 6%, ce qui fait un rabattement de : 64.649,85FC x 6% = 3.878,99 FC
5ème étape : calcul de L’IPR : le montant de la troisième étape réduit du
rabattement
64.649,85FC – 3.878,99 FC = 60.770,86 FC
Comme la loi nous dit qu’un employé ne peut pas supporter un IPR qui dépasse
le 30% de son salaire de base, on doit comparer l’IPR calculé avec ce % et on
choisit le montant qui lui est inférieur. Dans ce cas, le 30% nous donne :

- 102 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

2.375.000 FC x 30% = 712.500 FC > 60.770,86 FC ; en conclusion l’IPR


supporté par cet agent est de 60.770,86 FC.
2. Cas de l’IERE
Données
L’entraineur français de MAZEMBE touche 1.250.000FC de salaire de base,
une prime de 150.000FC, l’indemnité de transport de 25.000FC et les heures
supplémentaires de 50.000FC. Le SMIG français durant cette période s’élève à
1.250 euros (1 euro = 1,20$ et 1$ = 1.650FC). Calculez l’IPR et l’IERE de cet
entraineur ?
Solution :
Salaire de base : 1.250.000FC
Prime : 150.000FC
Indemnité de transport : 25.000FC
Heures supplémentaires : 50.000FC
Base imposable 1.475.000FC

SMIG = (1250 euros x 1,20$) x 1.650FC = 2.475.000FC


Le calcul de l’IPR et de l’IERE va se baser du SMIG étant donné qu’il est
supérieur à la base imposable.
IPR expatrié = 2.475.000FC x 30% = 742.500FC
IERE = 2.475.000FC x 25% = 618.750FC
Attention : l’entraineur va supporter seulement l’IPR alors que l’IERE est à
charge de l’entreprise MAZEMBE. En d’autres termes, pour l’IPR, l’entreprise
est le redevable légal et l’entraineur est le redevable réel alors que pour l’IERE
l’entreprise est en même temps redevable légal et redevable réel.

2.4. IMPÔT SUR LES BENEFICES ET PROFITS (IBP)

(Texte de base : Ordonnance-loi n°069/009 du 10 février 1969 telle que


modifiée et complétée à ce jour)

§ 1. Revenus imposables

L’impôt sur les bénéfices est un impôt assis sur les bénéfices des
entreprises industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou
immobilières exploitées en sociétés ou autrement.

- 103 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Dans le cadre des revenus imposables au bénéfice, on distingue :


1 Les bénéfices de toutes 5 Les réserves ou fonds de prévision
entreprises industrielles, quelconques, le report à nouveau de l'année
commerciales, artisanales, et toutes affectations analogues (article
agricoles ou immobilières 31) ;
provenant de toutes les
opérations traitées par ses
établissements en
République Démocratique du
Congo (article 30) ;
2 Tous les accroissements des 6 Les primes d'émission non affectées à un
avoirs investis qui résultent compte indisponible ou non incorporées au
de plus-values et moins- capital social (article 31);
values soit réalisées, soit
exprimées dans les comptes
ou inventaires du redevable,
quelles qu'en soient l'origine
et la nature (article 30) ;
3 Les libéralités et avantages 7 Tous les paiements ou dépenses effectués,
quelconques revenant à par quelque moyen que ce soit, assimilables
quelque titre et sous quelque à des actes anormaux de gestion constituent
forme que ce soit aux des transferts de bénéfices qu'une société
associés non-actifs ou à leurs établie en République Démocratique du
héritiers dans les sociétés Congo octroie à une entreprise ou groupe
autre que par actions (article d’entreprises situées en dehors de la RDC
31). en raison, soit des liens de dépendance, de
droit ou de fait, soit de contrôle. (article 31
bis) ;
4 Les sommes affectées au 8 Les bénéfices obtenus même en fin
remboursement total ou d’exploitation ou après cessation de celle-
partiel de capitaux ci, soit par la vente, la cession ou l’apport
empruntés, à l’extension de d’éléments d’actif quelconques affectés à
l’entreprise ou à la plus-value l’exercice de la profession, de fonds de
de l’outillage comptabilisées commerce, contrats, brevets d’invention,
au débit d’un compte de marques de fabrique, procédés ou formules
résultat, au mépris de toute de fabrication, études ou connaissances
règle comptable (article 31); commerciales, droits de vente, de
façonnage, de fabrication ou autres
analogues, soit en contrepartie de la
cessation totale ou partielle de l’activité, de
l’annulation d’un contrat d’achat ou de
fourniture ou de l’abstention de l’exercice
de certains droits (article 32).

- 104 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

9 Dans les sociétés coopératives, sont considérés comme bénéfices les


ristournes et avantages attribués aux associés, (en tant que ristournes et
avantages provenant d'achats ou de ventes effectuées par les non-associés) et
aux non-associés (article 67).
Dans le cadre des revenus imposables aux profits des professions libérales, charges, offices et autres
occupations, on distingue les profits quelle que soit leur dénomination et quelle que soit la nature.

Ces profits comprennent, notamment (article 53):


1°. Les bénéfices résultant de la vente, 2°. Les bénéfices résultant de la
de la cession ou de l'apport de brevets, réalisation même après cessation de la
marques de fabrique, procédés ou profession, des éléments d'actif affectés
formules de fabrication ; à l'exercice de la profession ;
3°. Les bénéfices résultant de la cession 4°. Les indemnités reçues en
de cabinets, de charges ou d'offices ; contrepartie ou à l'occasion de la
cessation totale ou partielle de l'activité
professionnelle ou du transfert d'une
clientèle.
Les profits imposables visés ci-dessus sont considérés comme réalisés et obtenus
au moment de la cession des éléments, des cabinets, des charges, des offices ou
de la clientèle, quelles que soient la date et les modalités de paiement du prix de
cession ou de remise.

Les profits, quelle que soit leur dénomination, des professions libérales, charges et offices, sont
constitués par la différence entre les recettes totales et les dépenses inhérentes à l’exercice de la
profession qui ont été effectivement payées, y inclus les paiements à des tiers, des sommes
perçues pour leur compte.

Les recettes comprennent toutes les sommes encaissées à quelque titre et


sous quelque forme que ce soit, et notamment les provisions, honoraires,
remboursements de frais, sommes perçues pour compte de tiers, etc. (article 53).
§ 2. Base imposable

Les revenus des entreprises sont imposables sur leur montant net, c’est-à-dire
en raison de leur montant brut diminué des seules dépenses professionnelles
faites, pendant la période, en vue d’acquérir et de conserver ces revenus.

- 105 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Sont considérées comme faites pendant la période imposable, les dépenses


et charges professionnelles qui, pendant cette période, ont été payées ou ont acquis
le caractère de dettes ou pertes liquides et certaines.

Les sommes payées en rémunération de prestations de services de toute


nature, fournies par des personnes physiques ou morales étrangères non établies en
République Démocratique du Congo sont imposables sur leur montant brut.

§ 3. Dépenses déductibles et non déductibles fiscalement

A. Dépenses non déductibles

Ne sont pas déductibles des revenus imposables (article 46) :


1. les dépenses ayant un caractère 2. les impôts sur les revenus d'une part,
personnel, telles que l'entretien du et, d'autre part, l’impôt réel pour autant
ménage, les frais d'instruction, de congé que cette dernière n'ait pas le caractère
et de toutes autres dépenses non d'une charge d'exploitation ;
nécessitées par l'exercice de la
profession ;
3. les amendes judiciaires ou 4. les tantièmes alloués dans les
administratives fixées, à titre sociétés par actions aux membres du
transactionnel ou non, de quelque Conseil général ;
nature qu'elles soient, ainsi que les
honoraires et frais relatifs aux
infractions quelconques relevées à
charge du bénéficiaire des revenus ;
5. les dépenses relatives aux biens donnés en location par les sociétés autres
qu’immobilières, y compris les amortissements desdits biens ;
Concernant les sociétés étrangères qui ont un établissement en RDC :
- Ne sont pas admis en déduction des bénéfices réalisés par les établissements de
la République Démocratique du Congo, les frais généraux et frais
d'administration du siège social, du principal établissement ou de la Direction
Générale se trouvant à l'étranger (article 72).
- Les frais exposés à l'étranger par la société étrangère ne sont pas admis en
déduction des bénéfices réalisés par les établissements de la République
Démocratique du Congo (article 73).
Concernant les salariés d’une entreprise :
Ne sont pas déductibles des revenus imposables à l’IBP, les dépenses engagées
par l’entreprise pour le compte de son salarié mais ayant un caractère personnel,
telles que notamment l’entretien des ménages, les frais d’instruction, de congé et
de toutes autres dépenses non nécessitées par l’exercice de la profession.
Toutes les provisions constituées en vue de faire face à des pertes, des charges

- 106 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

ou à des dépréciations d’éléments de l’actif, à l’exception des provisions


règlementées, des provisions pour reconstitution des gisements miniers et
pour réhabilitation du site et des provisions pour créances douteuses
constituées par les établissements de crédit.

B. Dépenses fiscalement déductibles

1) Conditions de déductibilité

Quatre conditions doivent être remplies pour qu’une dépense soit déduite des
revenus imposables :

Quatre conditions pour qu’une dépense soit déductible :


1 Il doit s’agir d’une dépense et une 3 La dépense et la charge doivent se
charge professionnelles traduire par une diminution de
l’actif net de l’entreprise
engagées en vue d’acquérir et de les dépenses et charges réellement
conserver l’activité et exposées payées ou à payer (dettes) ou pertes
dans l’intérêt de l‘exploitation. Ce liquides et certaines (qui nécessitent
qui exclut des actes anormaux de la sortie des fonds).
gestion.
2 La dépense et la charge doivent 4 La dépense et la charge doivent
être faites pendant la période être régulièrement comptabilisées
imposable et appuyées des justifications
Il est question du bon rattachement la comptabilité est la mémoire de
de la charge au bon exercice en l’entreprise. Aussi, incombe-t-il au
vertu du principe d’indépendance contribuable de comptabiliser
des exercices comptables. correctement ses charges et de les
justifier. La facture est donc la
pièce comptable par excellence qui
permet d’établir la réalité de
l’opération.

2) Dépenses professionnelles déductibles

Les dépenses supportées par l’entreprise ne sont pas admises dans les charges
déductibles, lorsqu’elles ont pour contrepartie l’entrée d’un nouvel élément dans
l’actif destiné à être utilisé durablement comme moyen d’exploitation.

- 107 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Sont notamment considérées comme dépenses professionnelles déductibles des


revenus imposables :
N° Dépenses déductibles Commentaires
1 Le loyer réellement payé et les Toutefois, la valeur locative des
charges locatives afférents aux immeubles ou parties d'immeubles dont le
immeubles ou parties redevable est propriétaire n'est pas
d'immeubles affectés à l'exercice considérée comme loyer ou comme une
de la profession et tous frais charge locative. Il faut aussi noter que le
généraux résultant de leur loyer se rapportant aux exercices antérieurs
entretien, éclairage, etc. et payés dans l’exercice en cours est
déductible des revenus imposables, malgré
le principe de l’indépendance des
exercices.
2 Les frais généraux résultant de l'entretien du matériel et des objets mobiliers
affectés à l'exploitation.
3 Les traitements, salaires, gratifications et indemnités des employés et des
ouvriers au service de l'exploitation, les avantages en nature pour autant qu'ils
aient été ajoutés aux rémunérations pour supporter l’IPR.
4 Les intérêts des capitaux Ne sont pas considérés comme tiers, les
empruntés à des tiers et engagés associés dans les sociétés autres que par
dans l'exploitation et toutes actions. En aucun cas, les intérêts des
charges, rentes ou redevances créances hypothécaires sur des immeubles
analogues relatives à celle- donnés en location en tout ou en partie, ne
ci (art.43, 4° ICR). peuvent être considérés comme dépenses
professionnelles déductibles.
5 Les frais de transport, Les dépenses consistant en commissions,
d'assurance, de courtage, de courtages, ristournes commerciales ou
commission. autres, vacations, honoraires occasionnels
ou non, gratification et autres rétributions
quelconques ne sont admises en déduction
que s'il en est justifié par l'indication exacte
du nom et du domicile des bénéficiaires
ainsi que de la date des paiements et des
sommes allouées à chacun d'eux. A défaut
de déclaration exacte, des sommes
précitées ou de leurs bénéficiaires, lesdites
sommes sont ajoutées aux bénéfices de
celui qui les a payées, sans préjudice des
sanctions prévues en cas de fraude.
6 Le montant du bénéfice réparti entre les membres du personnel de l'entreprise.
7 Les traitements alloués dans les sociétés par actions aux membres du Conseil
général lorsqu'il est justifié qu'ils correspondent à des appointements normaux
en rapport avec la nature des fonctions réelles et permanentes exercées dans ces

- 108 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

sociétés en RDC.
8 L’impôt réel ayant le caractère d'une charge d'exploitation acquittée dans le
délai, pour autant qu'il n'ait pas été établi d'office.
9 Les charges professionnelles afférentes aux bâtiments et terrains donnés en
location par les sociétés immobilières.
10 Les sommes versées par une Ces sommes ne sont déductibles qu'à la
entreprise de droit national à une triple condition :
personne physique ou morale de - que la réalité du service rendu soit
droit étranger avec laquelle elle clairement démontrée ;
est liée soit par la voie d'une - que le service en cause ne puisse être
participation directe dans son rendu en République Démocratique du
capital, soit par l'intermédiaire de Congo ;
participations détenues par une ou - que le montant de la rémunération
plusieurs autres entreprises du corresponde à la valeur réelle du service
même groupe, en rémunération rendu.
d'un service rendu. Concernant les sociétés étrangères qui ont
un établissement en RDC, sont seules
admises comme charges professionnelles
déductibles, les dépenses faites dans ces
établissements en vue d'acquérir et de
conserver lesdits bénéfices (article 71).
11 Les versements réellement Les sommes ainsi déductibles sont
effectués, à titre définitif en vue calculées sur la base des revenus
de la constitution au profit du professionnels imposés pour l'année
redevable, d'une rente viagère, antérieure. Elles ne peuvent dépasser 20%
d'une pension, d'une assurance du montant desdits revenus.
maladie ou d'une assurance-
chômage.
12 Les frais médicaux supportés par Ces frais ne sont admis en déduction que
le redevable (résidant en RDC) pour autant qu'ils aient été effectivement
tant pour lui-même que pour sa payés ; la déduction est limitée au montant
femme et ses enfants célibataires dont il est justifié par des documents
à charge, notamment : les frais probants, c'est-à-dire reçus, extraits du
médicaux proprement dits, les carnet à souches et factures dûment
frais chirurgicaux et acquittées pour ce qui est des autres frais.
pharmaceutiques ainsi que les En cas d’absence ou d’insuffisance des
dépenses pour soins dentaires, à revenus imposables, l’excédent des
l'exclusion des prothèses. charges visées à l’article 44 peut être
déduit, à concurrence de son montant, des
revenus des trois exercices postérieurs.

Les frais généraux comprennent toutes les dépenses qui entraînent une diminution de
l’actif net. Par définition, une dépense de frais généraux se traduit donc par une
diminution de l’actif net, à la différence des acquisitions d’immobilisations ou de stocks
puisque la sortie de trésorerie ou la constatation d’une dette est alors contrebalancée à
l’actif par une valeur d’égal montant. - 109 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

N.B : Concernant les profits, à défaut d'éléments probants pour les dépenses
professionnelles déductibles, les charges professionnelles sont fixées à 25% des
recettes, autres que les sommes perçues pour compte de tiers.

3) Conditionnalités des provisions déductibles

Rubriques Provision pour reconstitution Provision pour


de gisement réhabilitation du site
Type de Gisement minier Site sur lequel sont conduites
gisement ou les opérations minières
site
5% du bénéfice imposable au 0,5% du chiffre d’affaires au
titre de l’exercice au cours titre de l’exercice au cours
duquel la provision est duquel elle est effectuée
Montant constituée (montant maximal sur lequel
maximal de la sont déduites une autre
provision provision probable et/ou
obligations financières
relatives à la protection de
l’environnement).
Avant l’expiration d’un délai Avant l’expiration du délai de
de trois ans à compter de la dix ans à compter de la clôture
Délai
clôture de l’exercice au cours de l’exercice au cours duquel
d’utilisation
duquel la provision a été elle a été constituée
constituée
Soit dans des activités de Réhabilitation des sites sur
recherches sur le territoire lesquels sont conduites les
Activités national soit dans des opérations minières
bénéficiaires participations au capital de
de la sociétés qui détiennent
provision exclusivement un ou plusieurs
permis de recherche sur le
territoire national.
La provision est réintégrée Le solde de cette provision
En cas de
dans le bénéfice imposable au non utilisée est réintégré dans
dépassement
titre du quatrième exercice le bénéfice imposable au titre
du délai
suivant celui au cours duquel du onzième exercice suivant

- 110 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

elle a été constituée. celui au cours duquel ladite


provision a été constituée.

4) Conditions de déductibilité des amortissements

Notons que du point de vue fiscal « l’amortissement est une déduction


opérée sur les résultats en raison d’une dépréciation certaine mais latente et d’un
montant imprécis d’un élément de l’actif ».

Sont déductibles des revenus imposables, les amortissements des


immobilisations servant à l’exercice de la profession ainsi que ceux des
immobilisations données en location par une institution de crédit-bail
agréée par la Banque Centrale du Congo.

Il existe trois conditions pour que les amortissements soient acceptés en


déduction à l’IBP.

Trois conditions de déductibilité des amortissements :


(Article 43 terA et l’O-L n° 13/008 du 23 février 2013)
1) Être pratiqués sur des Il n’y a pas d’amortissement sans dépréciation
immobilisations, y établie. Pour les éléments de l’actif dont la
compris celles données en dépréciation résulte du seul fait de l’usage et du
location par une temps (bâtiments, matériels, outillages,
Institution de crédit-bail aménagement, etc.…), le principe est admis du
agrée par la Banque seul fait que l’entreprise est propriétaire de
Centrale du Congo, l’élément qu’elle utilise (inscription à l’actif du
figurant à l’actif de bilan) et cette dépréciation n‘a pas à être
l’entreprise et démontrée.
effectivement soumises à
la dépréciation.
Le montant de la dépréciation subie au cours de
2) Etre pratiqués sur la
chaque exercice se calcule au moyen d’un taux
base et dans la limite de la
d’amortissement fixé d’après la durée normale
valeur d’origine des biens
d’utilisation déterminée selon les usages de
ou, le cas échéant, de leur
chaque nature d’industrie, de commerce ou
valeur réévaluée. Ils
d’exploitation. Toutefois, cette durée
cessent à partir du
correspond à celle du contrat de crédit-bail en
moment où le total des
ce qui concerne les biens donnés en location par
annuités atteint le
une Institution spécialisée dûment agréée par la
montant de cette valeur.
Banque Centrale du Congo.

- 111 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’amortissement doit être égal à la dépréciation.


Pour l’entreprise, c’est normalement le prix de
revient initial de l’élément, c’est-à-dire la
somme qu’elle-même a investie pour l’acquérir.
S’agissant des réévaluations légales, dans le cas
où un élément a été réévalué en vertu d’une loi
autorisant la réévaluation des actifs
immobilisés, les amortissements sont pratiqués
sur les valeurs comptables qui résultent des
opérations de réévaluations.
3) Etre effectivement pratiqués en comptabilité et figurés sur le tableau
des amortissements.
L’amortissement doit être réellement effectué en comptabilité. Ceci a pour
conséquence qu’il n’est pas possible de déduire des résultats des
amortissements qui n’auraient pas fait l’objet d’écritures en comptabilité.
Les amortissements cumulés admis pour l’assiette de l’impôt et afférents à un
élément donné, ne peuvent à aucun cas dépasser le total des amortissements
réellement effectués en comptabilité au titre de cet élément.
Les amortissements doivent figurer sur le tableau des amortissements.
Conformément à l’article 99-4°, le relevé des amortissements pratiqués doit
obligatoirement être joint à la déclaration.

Le petit matériel et outillage ainsi que le matériel de bureau sont admis


en déduction pour la totalité de leur prix de revient au cours de
l’exercice d’acquisition si leur valeur n’excède pas le montant fixé par
arrêté du Ministre ayant les Finances dans ses attributions

§ 4. Redevables de l’impôt

Les redevables de l’impôt sur les bénéfices et profits sont :

1) En ce qui concerne les bénéfices, ce sont les entreprises industrielles,


commerciales, artisanales, agricoles ou immobilières et les associations
momentanées qui bénéficient en R.D.C des revenus imposables, même
si elles résident ou ont leur principal établissement à l'étranger ;

2) En ce qui concerne les profits, ce sont les personnes exerçant les


professions libérales et autres activités lucratives.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 5. Période imposable et débition de l’impôt

L’impôt sur les bénéfices et profits est établi sur l'ensemble des revenus
constatés ou présumés de l'année civile antérieure. En cas de dissolution de société
dans le courant de l’année, une cotisation spéciale est établie sur les résultats
accusés par le dernier bilan de liquidation.
§ 6. Taux de l’impôt

Il existe plusieurs taux de l’IBP suivant les revenus ciblés.

Taux Revenus ciblés


30% Uniformément sur les bénéfices et profits des personnes physiques
ou morales soumises au droit commun.
35% Sur les bénéfices des sociétés pétrolières en offshore comme en on
shore.
30% Sur les bénéfices des sociétés minières de la catégorie des
exploitants industriels.
Sur les bénéfices, profits ou rémunérations réalisés ou perçus par
20% des personnes physiques après cessation des activités
professionnelles, lorsqu'ils sont recueillis après l'expiration de
l'année pendant laquelle les activités ont pris fin.
Sur les sommes payées en rémunération des prestations de
14% services de toute nature, fournies par des personnes physiques ou
morales étrangères non établies en République Démocratique du
Congo.
10% Sur le chiffre d’affaires des produits marchands des exploitants
miniers à petite échelle.
- Du chiffre d'affaires déclaré par les personnes morales ou
physiques, ne relevant pas du régime d’imposition des entreprises
de petite taille, au titre d’impôt minimum, lorsque les résultats
1% sont déficitaires ou bénéficiaires mais susceptibles de donner lieu
à une imposition inférieure à ce montant.
- En aucun cas, l’impôt minimum visé au paragraphe premier ci-
dessus ne peut être inférieur à 750.000 Francs congolais pour les
Moyennes entreprises et 2.500.000 Francs congolais pour les
grandes entreprises.
- Sur le chiffre d’affaires réalisées par les petites entreprises pour
les activités de vente
2% Sur le chiffre d’affaires de prestation de services effectuées par les
petites entreprises.
500.000 FC De forfait pour les entreprises en cessation d'activités, sans s'être
(DGE) fait radier, selon le cas, du registre de commerce et de crédit

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

250.000 FC mobilier conformément à l'article 97 de l’Acte uniforme de


(CDI) l’OHADA du 17 avril 1997 relatif au droit des sociétés
30.000 FC commerciales et du groupement d’intérêt économique ou de
(CIS) l’ordre de la corporation.
50.000 FC Impôt forfaitaire annuel pour les microentreprises
2.500.000 Pour les personnes physiques ou morales en activité qui ne
FC (DGE) réalisent pas un chiffre d’affaires au cours d’une année.
750.000 FC
(CDI)
30.000 FC
(CIS)
L’impôt minimum n’est dû que pour un douzième par mois ou fraction de mois si
le contribuable a commencé ses activités après le mois de janvier.

§ 7. Exemptions et exonérations

Sont exemptés de l’impôt sur les bénéfices et profits (article 94) :


1 L'Etat, les Provinces, les Villes, les 2 Les institutions religieuses,
Territoires, les Communes, les Secteurs, scientifiques ou philanthropiques
les Chefferies, les Entités Territoriales créées par application de l’article
Décentralisées, ainsi que les Offices et 1er du Décret du 28 décembre 1888
autres établissements publics de droit et satisfaisant aux conditions
congolais n'ayant d'autres ressources requises par le Décret-Loi du 18
que celles provenant de subventions septembre 1965 ;
budgétaires
3 Les institutions religieuses, 4 Les associations privées ayant pour
scientifiques ou philanthropiques créées but de s’occuper d’œuvres
par application de l’article 1 du Décret
er
religieuses, scientifiques ou
du 28 décembre 1888 et satisfaisant aux philanthropiques qui ont reçu la
conditions requises par le Décret-Loi du personnalité civile par application
18 septembre 1965 ; de l’article 2 du Décret du 28
décembre 1888 ;
5 Les établissements d’utilité publique 6 Les associations sans but lucratif
créés par application du Décret du 19 ayant pour fin de s’occuper
juillet 1926 ; d’œuvres religieuses, sociales,
scientifiques ou philanthropiques
qui ont reçu la personnalité civile
en vertu de décrets spéciaux ;
Sont exonérés de l’impôt sur les bénéfices et profits :
1 Sous réserve de réciprocité, les 2 Les sociétés bénéficiaires des
bénéfices qu'une entreprise établie dans dispositions du Code des
un pays étranger retire de l'exploitation Investissements ou des lois
de navires ou d'aéronefs dont elle est particulières. Cette exonération ne

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

propriétaire ou affréteur et qui font dispense pas les entreprises


escale en République Démocratique du bénéficiaires des obligations
Congo pour y charger des marchandises imposées par la loi portant réforme
ou des passagers. des procédures fiscales.
L'exonération n'est maintenue que si les entreprises bénéficiaires ne se trouvent pas
dans l'un des cas de taxation d’office.

Section 3. DETERMINATION DU RESULTAT FISCAL DE


L’ENTREPRISE

Pour rappel, les revenus imposables à l’impôt sur les bénéfices et profits
les sont sur leur montant net, c’est-à-dire en raison de leur montant brut diminué
des seules dépenses professionnelles faites, pendant la période, en vue
d’acquérir et de conserver ces revenus.

Cette évidence nous amène à travers cette section, à déterminer le résultat


fiscal de l’entreprise qui est différent du résultat comptable comme nous allons
le voir dans les lignes qui suivent.

3.1. DETERMINATION DU RESULTAT NET COMPTABLE DE


L’ENTREPRISE

Le résultat net comptable de l’exercice est calculé par deux manières :


par la différence entre les produits et les charges et par l’approche du
bilan.

§ 1. Détermination du résultat net par la différence entre les produits et les


charges

Il s’agit de la différence entre les produits (reçus ou à recevoir) et les


charges liées à l’ensemble des activités de l’entreprise (activités ordinaires et
hors activités ordinaires, payées ou à payer), déduction faite de la participation
des travailleurs au bénéfice de l’entreprise et de l’impôt sur les sociétés.

La première formule de calcul du résultat net comptable se présente comme


suit :

Produits (reçus ou à recevoir) :


(-) charges liées à l’ensemble des activités de l’entreprise (activités
ordinaires et hors activités ordinaires payées ou à payer) ;
(-) participation des travailleurs au bénéfice de l’entreprise ;

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

(-) impôt sur les sociétés.


Les produits et charges hors activités ordinaires comprennent les produits
et charges qui ne se rapportent pas aux activités ordinaires de l’entreprise.

Les produits hors activités ordinaires comprennent :


1 Le produit net de la Il se calcule par la formule : prix de vente –
cession commissions et frais de vente en cas de vente, ou le
d’immobilisations montant contractuel en cas d’apport.
(incorporelles,
corporelles et
financières)
2 Les produits qui ne Ce sont des produits constatés, des reprises de
sont pas liés à l’activité charges provisionnées hors activités ordinaires, des
ordinaire de dons et libéralités obtenus, abandons des créances
l’entreprise et obtenues (remise volontaire de dette ou une
dépourvus de renonciation volontaire à une créance détenue sur
caractère récurent. une entreprise).
3 Les reprises hors Il s’agit des annulations et ajustements en baisse des
activités ordinaires. provisions, amortissements et subventions qui ne
sont pas liés à l’activité de l’entreprise : reprises des
provisions règlementées, d’amortissements, de
provisions dépréciations hors activités ordinaires, de
provisions pour risques et charges hors activités
ordinaires, de subventions d’amortissements et autres
reprises hors activités ordinaires.
4 Les subventions C’est le montant des subventions allouées par l’Etat
d’équilibre. ou l’un de ses démembrements à l’entreprise pour lui
permettre de compenser, en totalité ou partiellement,
des pertes survenues dans des circonstances
exceptionnelles.
Les charges comprennent :
1 La valeur comptable des éléments de l’actif immobilisé cédés.
2 Les charges constatées et les charges provisionnées à court terme (moins d’un
an) ne concernant pas l’activité ordinaire de l’entreprise. Les charges hors
activités ordinaires non encore engagées, mais dont la survenance à moins d’un
an est probable et mesurable.
3 Les provisions pour risques ou charges hors activités ordinaires ou de
l’amortissement qui ne concernent par l’activité ordinaire de l’entreprise.
4 La participation des travailleurs aux bénéfices.
5 La part des bénéfices affectés obligatoirement à l’Etat au titre de l’impôt sur le
résultat.
Le calcul du résultat net comptable se fait par trois paliers suivants :

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1° le solde provenant des activités d’exploitation ;


2° le solde provenant des activités financières ;
3° le solde lié aux opérations hors activités ordinaires.

Tableau n° 8. Calcul du résultat net comptable par trois paliers

N PRODUITS CHARGES SOLDES


° CP LIBELLES CPT LIBELLES CP LIBELL
TE E TE ES
A. LES SOLDES PROVENANT DES ACTIVITES D’EXPLOITATION
1a. MARGE COMMERCIALE (MC) / CPTE 1321
(601) Achats de 132 Marge
1 701 Ventes de marchandises marchandises 1 commerci
a (6031 Variation de ale
) stocks de
marchandises
1b. MARGE BRUTE INDUSTRIELLE ET DES SERVICES (MB) / CPTE
1322
702 Vente des produits (602) Prix d’achat des
fabriqués matières et
fournitures
1 703 Vente des produits (6032 Variation des
b intermédiaires ) stocks des
matières 1ères et
fournitures liées
704 Vente des produits
résiduels 132 Marge
705 Travaux facturés 2 Brute sur
706 Services rendus matières
72 Production immobilisée
73 Production stockée ou
déstockée
2a. VALEUR AJOUTEE COMMERCIALE/ CPTE 13.3
132 MB sur marchandises Autres charges
1 d’exploitation
Autres produits (6033 Variation des
d’exploitation ) stocks d’autres
707 approvisionnemen
71 Produits accessoires ts
75 Subvention d’exploitation (604) Achats stockés des
2 Autres produits mat & fournitures
a (605) Autres achats

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(608) Achats emballages


(61) Transports
(62) Services extérieurs
A 13.3 Valeur
(63) Services extérieurs Ajoutée
B (VA)
(64) Impôts et taxes
(65) Autres charges
2b. VALEUR AJOUTEE (VA) INDUSTRIELLE ET DES SERVICES/ CPTE
13.3
2 132 Marge Brute sur matières (65) Autres charges 13.3 Valeur
b 2 d’exploitation Ajoutée
75 Autres produits (VA)
d’exploitation
3. EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION (EBE)/ CPTE 13.4
3 133 Valeur Ajoutée (VA) (66) Charges du 134 Excèdent
personnel Brut
d’Exploita
tion (EBE)
4. RESULTAT D’EXPLOITATION (RE)/ CPTE 13.5
134 Excèdent Brut (681) Dotations aux
d’Exploitation amortissements
d’exploitation non
4 financières
(691) Dotations aux
provisions
d’exploitation non 135 Résultat
financières. d’exploitat
ion (RE)
781 Transfert de charges
d’exploitation
791 Reprises des provisions
798 Reprises des
amortissements
d’exploitation
B. LES SOLDES PROVENANT DES ACTIVITES FINANCIERES
5. RESULTAT FINANCIER/ CPTE 136
77 Revenus financiers (67) Frais financiers et
charges assimilées
787 Transferts des charges (687) Dotations aux
5 financières amortissements à
caractère financier

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797 Reprises de provisions (697) Dotations aux 136 Résultat


financières provisions financier
financières
6. RESULTAT DES ACTIVITES ORDINAIRES (RAO) / CPTE 137
135 Résultat d’exploitation 137 Résultat
6 136 Résultat financier des
Activités
Ordinaires
C. DETERMINATION DU RESULTAT HORS ACTIVITES ORDINAIRES
7. RESULTAT HORS ACTIVITES ORDINAIRES (RHAO)/ CPTE 138
82 Produits des cessions (81) Valeurs
d’immobilisations comptables des
cessions
d’immobilisations
84 Produits hors activités (83) Charges Hors
7 ordinaires Activités 138 Résultat
Ordinaires Hors
86 Reprises hors activités (85) Dotations Hors Activités
ordinaires Activités Ordinaires
Ordinaires
88 Subventions d’équilibre
8. RESULTAT NET DE L’EXERCICE/ CPTE 131 ou 139
137 Résultat Activités (87) Participation des
Ordinaires travailleurs 131/ Résultat
8 138 Résultat Hors Activités (89) Impôt sur le 139 Net (RN)
Ordinaires résultat

N.B : Le compte 87 enregistre les montants prélevés sur les bénéfices réalisés et
affectés par l’entreprise à un fonds légal ou contractuel, à l’avantage des travailleurs.

§ 2. Détermination du résultat net par l’approche du bilan

Une autre façon de déterminer le bénéfice est l’approche par le bilan. Il


s’agit de calculer la variation des capitaux propres entre le début et la clôture de
l’exercice. Il peut être bénéficiaire ou déficitaire et quel que soit son signe, il
figure au passif du bilan dans les capitaux propres.

Par cette approche, le bénéfice net sera déterminé par la formule


suivante :

Bénéfice net = (Actif net à la clôture de l’exercice – actif net à


l’ouverture de l’exercice)
- (Apports + prélèvements)

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Addition (augmentation) Soustraction (diminution)


ACTIF + immobilisations - Frais d’établissement
NET = incorporelles
+ immobilisations
financières
+ Actif circulant - Dettes augmentées des
augmenté des charges produits
constatées d’avance constatées d’avance
- Amortissements et
provisions
(justifiés et comptabilisés)

Les suppléments d’apports correspondent aux apports autres que ceux


faits, en espèces ou en nature, à une entreprise lors de sa création tandis que les
prélèvements concernent ceux effectués au cours de la période par l’exploitant
ou les associés.

3.2. DETERMINATION DU RESULTAT FISCAL DE L’ENTREPRISE

§ 1. Principes généraux de détermination du résultat fiscal

La détermination du résultat fiscal des entreprises obéit à trois principes


généraux, à savoir :

1. La période d’imposition : la période dont les résultats servent de base


à l’impôt est constituée en principe par l’exercice comptable de l’entreprise ;

2. Le bénéfice imposable : le bénéfice imposable est le bénéfice net


déterminé d’après les résultats d’ensemble des opérations de toute nature,
effectuées par les entreprises. Les opérations de toute nature comprennent
l’ensemble des opérations effectuées concernant l’objet même de l’entreprise ou
sans lien direct avec son activité et effectuées à titre principal ou à titre
accessoire y compris les cessions quelconques de l’actif (immobilisés ou non),
soit en cours, soit en fin d’exploitation.

3. Le principe de rattachement des créances et des dettes : selon ce


principe, le bénéfice imposable est déterminé en fonction de l’ensemble des

- 120 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

produits définitivement acquis et des dépenses engagées. Pour être rattachées à


l’exercice, l’ensemble des créances et des dettes doivent être certaines dans leur
principe et dans leur montant, quelle que soit la date des encaissements et des
décaissements.

§ 2. Formule de détermination du résultat fiscal

Le résultat fiscal des entreprises est égal au résultat comptable corrigé des
retraitements fiscaux43.

(1) Résultat fiscal = résultat comptable + réintégrations extracomptables.

(2) Rectifications extracomptables = Charges déduites en comptabilité, non


admissibles fiscalement (réintégrations extracomptables)
(+ ou -) produits comptabilisés, à retrancher du résultat
comptable car non imposables fiscalement ou déjà imposés dans d’autres
cédules.
(-) déductions extracomptables à long terme (la fraction des
plus-values nettes à court terme de l’exercice dont l’imposition est différée).

De ce qui précède, il en résulte que le résultat fiscal sera déterminé de la


manière suivante :

Résultat comptable = RAO + RHAO


(+) Réintégrations des charges non déductibles fiscalement (opération
extracomptable)
(-) Déductions des produits non taxables dans la cédule de l’IBP (opération
extracomptable)
(=) Résultat fiscal provisoire
(-) Déficits reportables
(-) Amortissements dérogatoires
(=) Résultat fiscal définitif

Impôts sur les bénéfices = Résultat fiscal définitif x taux d’imposition

43 Extrait d’Éric Spiridion. « L'essentiel de la fiscalité d'entreprise. » i Books.

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3.3. REPARTITION DU RESULTAT DE L’ENTREPRISE44

§ 1. Etapes de répartition du résultat

La répartition du résultat de l’entreprise suit les étapes suivantes :

1) Le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas,


établit et arrête, à la clôture de chaque exercice, les états financiers de synthèse
conformément aux dispositions de l’acte uniforme relatif au droit comptable et à
l’information financière de l’OHADA.

2) Dans les sociétés anonymes et le cas échéant, dans les sociétés à


responsabilité limitée, les états financiers de synthèse annuels et le rapport de
gestion sont adressés aux Commissaires aux comptes, quarante-cinq jours au
moins avant la date de l’assemblée générale ordinaire. La décision de
l’affectation du résultat doit obligatoirement être dictée par l’intérêt de la
société, pour éviter de se rendre coupable selon le cas d’abus de majorité ou
d’abus de minorité.

3) L’Assemblée générale décide de l’affectation du résultat dans le


respect des dispositions légales et statutaires. Elle constitue les dotations
nécessaires à la réserve légale et aux réserves statutaires (article 142 de l’acte
uniforme). L’Assemblée générale peut, dans les conditions éventuellement
prévues par les statuts, décider la distribution de tout ou partie des réserves à la
condition qu’il ne s’agisse pas des réserves stipulées indisponibles par la loi ou
par les statuts. Dans ce cas, elle indique expressément les postes de réserve sur
lesquels les prélèvements sont effectués.
Le bénéfice distribuable est le résultat de l’exercice, augmenté du report
bénéficiaire et diminué des pertes antérieures ainsi que des sommes portées en
réserve en application de la loi ou des statuts.
3) La mise en paiement des dividendes. Elle doit intervenir au plus tard les
9 mois qui suivent la clôture de l’exercice.

44 Yere I, Comptabilité générale, Notes de cours deuxième Licence Pharmacie, 2019.

- 122 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe
Sauf en cas de réduction de capital, aucune distribution ne peut être faite
aux associés lorsque les capitaux propres sont ou deviendraient, à la suite
de cette distribution, inférieurs au montant du capital augmenté des réserves
que la loi ou les statuts ne permettent pas de distribuer.

§ 2. Affectation du résultat net

La répartition du résultat (bénéfice ou perte) est expressément prévue


dans le contrat de société “la part de chaque associé dans les bénéfices est
proportionnelle à sa participation dans le capital social”.

A. Cas du résultat bénéficiaire

Rappelons que pour la SNC, les statuts de la société peuvent prévoir une
réserve statutaire, mais il n’y a pas de réserve légale à constituer. L’assemblée
générale peut décider de la constitution d’autres réserves ainsi qu’un éventuel
report à nouveau. Pour la SARL et SA, la répartition du bénéfice est prévue par
une clause des statuts mais de nombreuses dispositions légales leur imposent
certaines règles :

Les principales réserves relatives à l’affectation du résultat net bénéficiaire de


l’exercice sont :

1) Réserve légale : il est obligatoirement prélevé sur le bénéfice net de


l’exercice diminué du report à nouveau antérieur, une somme
correspondant à 10% en vue de constituer une dotation à la réserve légale
jusqu’à ce qu’elle atteigne 20% du capital social.

2) Réserves statutaires ou contractuelles : la constitution de cette réserve


limite la distribution de bénéfices propres de la société.

3) Réserve réglementée : elles peuvent être constituées à la suite de


dispositions fiscales particulières portant sur les plus-values nettes à long
terme et à la suite de l’octroi de subventions.

4) Partie distribuée aux actionnaires : la partie du bénéfice net de


l’exercice distribuée aux actionnaires constitue le dividende.

- 123 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Le dividende brut comprend :

- le premier dividende ou intérêt statutaire : il est déterminé sur base


d’un taux souvent fixé par les statuts et ce, sur le montant du capital
appelé versé non amorti;
- le deuxième dividende ou superdividende : appelé aussi dividende
complémentaire, il est attribué pour un montant identique à toutes les
actions libérées ou non, amorties ou non. Ainsi, le dividende brut =
premier dividende + deuxième dividende.
- Report à nouveau créditeur : c’est la partie du bénéfice non distribué
après toutes les affectations prévues.

B. Cas du résultat déficitaire : déficits reportables

La perte peut être soit reportée à nouveau, soit répartie entre les associés
par leurs comptes courants.

Il faut préciser qu’une perte professionnelle est une perte éprouvée par le
redevable pendant l’exercice de ses activités, matérialisée par un résultat fiscal
négatif.
Par conséquent, les pertes professionnelles d'un exercice comptable peuvent être déduites
des bénéfices réalisés. Dans tous les cas, l’imputation des pertes professionnelles de
l’exercice comptable concerné et des exercices antérieurs ne peut dépasser 70% du bénéfice
fiscal avant l’imputation desdites pertes. Il en est de même aussi pour les amortissements
comptabilisés en période déficitaire qui sont réputés différés.

Le caractère bénéficiaire ou déficitaire d'un exercice doit s'apprécier par


référence au résultat fiscal, abstraction faite des déficits reportables des exercices
antérieurs.

On entend par amortissements réputés différés du point de vue fiscal,


les déficits qui proviennent d’amortissements comptabilisés en période
déficitaire et qui peuvent être reportés sur le premier exercice bénéficiaire.
Il convient de retenir que l’exercice de déduction d’une perte professionnelle
doit suivre les règles suivantes :

1°) Il est impossible pour une entreprise de transférer son déficit reportable
à une autre entreprise (nouvel exploitant) : cas d’achat d’une entreprise
déficitaire, cas de changement complète d’activités, cas de
transformation totale de sa composition et de son activité, que tout en

- 124 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

ayant conservé sa personnalité juridique, elle n’est plus en réalité la


même ;

2°) Le déficit doit obligatoirement être reporté sur les résultats du premier
exercice bénéficiaire, puis sur les résultats du ou des exercices suivant
dans la mesure où le bénéfice du premier exercice non déficitaire n’a
pas atteint un montant suffisant. Les échelonnements ne sont pas
autorisés ;

3°) Le principe de la limitation de la déduction n’est pas applicable aux


résultats déficitaires et aux amortissements comptabilisés en période
déficitaire ;

4°) Le caractère bénéficiaire ou déficitaire d’un exercice doit s’apprécier par


référence au résultat fiscal, abstraction faite des déficits reportables des
exercices antérieurs ;

5°) Les déductions s’opèrent dans l’ordre suivant :


- amortissement de l’exercice ;
- déficits ordinaires des exercices antérieurs en commençant par les
plus anciens ;
- déficits d’exercices antérieurs provenant d’amortissements
réputés différés.

6°) La faculté de report illimité des amortissements réputés différés en


période déficitaire cesse de s’appliquer si l’entreprise reprend tout ou
partie des activités d’une autre entreprise ou lui transfère tout ou partie
de ses propres activités ;

7°) Les amortissements pratiqués en l’absence de bénéfices peuvent être


réputés différés en période déficitaire à condition d’avoir été réellement
inscrits en comptabilité et figurer distinctement sur le tableau des
amortissements ;

8°) Le redevable doit tenir informée, par une lettre, l’administration fiscale.
L'absence de déclaration ou la remise tardive d'une déclaration pour un
exercice fiscal déterminé exclut toute possibilité de faire admettre
postérieurement la déduction de la perte éprouvée pendant l'année se
rapportant à cet exercice fiscal ;

9°) Les pertes subies dans les établissements étrangers des redevables,
pendant l'année de réalisation des revenus en République Démocratique

- 125 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

du Congo, ne peuvent, en aucun cas, influencer, du point de vue fiscal,


les résultats des exploitations en République Démocratique du Congo.

Exercice
Données
Le solde créditeur de l’entreprise YAPI est de 16 millions de FC dans le compte de
gestion qu’à générer le résultat trouvé comme suit :
• Loyer annuel perçu par la société 5 millions de FC ;
• Assurance véhicule payé pour une année en date du 30 juillet 2017 pour 3
millions de FC ;
• Le catering en faveur de travailleur non réintégrer dans leur base imposable à
l’IPR dont le coût unitaire est de 2000FC dans laquelle l’entreprise a servie
400 personnes ;
• L’IERE payé par la société pour les deux expatriés 1.200.000FC ;
• La société YAPI a bénéficié de dividende de 6.000.000FC pour lequel
l’impôt mobilier a été retenu.
Travail demandé : déterminer le résultat imposable et calculer le résultat fiscal si
l’entreprise YAPI est de droit commun ?
Solution :
1. Déduction (produits)
Loyer : 5.000.000FC (HAO)
Intérêt et dividende : 6.000.000FC (HAO)
11.000.000FC

2. Réintégration (charges)
Assurance véhicule (3.000.000 : 12) x 5 = 1.250.000FC
Catering : 2.000 x 400 = 800.000FC
IERE 1.200.000FC
3.250.000FC
Résultat fiscal = Résultat comptable + réintégration – déduction
Résultat fiscal = 16.000.000FC + 3.250.000FC – 11.000.000FC =
8.250.000FC

3. IBP = 8.250.000FC x 30% = 2.475.000FC

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SECTION 4 : IMPOTS INDIRECTS


4.1. TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE (TVA)

(Texte de base : Ordonnance n° 10/001 du 20 avril 2010)

§ 1. Considérations générales sur la TVA

A. Définition de la TVA

Enoncé Commentaires
est un impôt général sur Elle est un impôt qui frappe le
la consommation, consommateur d’un bien ou d’un service.
calculé sur le chiffre Sur la facture de la consommation ou de la
a) La d’affaires, dépense.
TVA collecté par Assujetti personne physique ou morale
l’intermédiaire des exerçant une activité économique
assujettis, imposable
pour le compte de Il s’agit d’une recette du Trésor public
l’Etat,
et supporté par le Seul le consommateur final supporte
consommateur final. réellement la TVA puisqu’il n’en collecte
pas.
Elle frappe tous les biens et services de toutes origines, consommés ou utilisés
en République Démocratique du Congo.
est un impôt indirect La TVA est un impôt dont la collecte est
assurée par les entreprises pour les
comptes de l'État.
Unique et à paiements Bien qu’à charge du consommateur, la
fractionnés TVA est régulièrement perçue, sous forme
b) La d’avance, chaque fois qu’une transaction
TVA imposable est effectuée.
Perçue par l’Etat à Producteur ou fabricant, grossiste,
chaque stade du circuit détaillant.
économique d’un
produit
et supporté par le Seul le consommateur final supporte
consommateur final réellement la TVA puisqu’il n’en collecte
pas.
L’impôt payé en amont étant Le redevable de la TVA doit, aux divers
déductible de l’impôt collecté. stades du circuit économique, déduire de la
TVA collecté, celle qu’il a supporté en
amont et ne verser au trésor que la

- 127 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

différence.
Elle frappe la valeur ajoutée au Bien qu’ayant comme base de calcul, à
produit ou au service vendu. chaque stade du circuit économique, le
chiffre d’affaires, la TVA est en définitive
calculée sur la valeur ajoutée totale
conférée au produit tout au long du circuit
économique.

Le mécanisme fonctionne en trois étapes

B.
1 2 3

Mécanisme de fonctionnement de la TVA


TVA collectée TVA déductible TVA à reverser
L’assujetti collecte L’assujetti déduit la L’assujetti reverse
auprès de ses clients, la TVA que ses périodiquement au Trésor
TVA facturée sur ses fournisseurs lui ont public la différence entre
ventes. facturée sur ses achats la TVA collectée et la
et ses consommations TVA déductible.
externes.

Formule : TVA collectée - TVA déduite = TVA reversée

Pour illustrer le fonctionnement général de la TVA, partons d’un exemple


du circuit économique comportant les hypothèses suivantes :

- présence sur le marché de quatre intermédiaires réalisant les opérations


taxables à la TVA, à savoir :
✓ l’agriculteur qui cultive le cacao et le vend à l’industriel;
✓ l’Industriel produit le chocolat qu’il vend au grossiste ;
✓ le grossiste à son tour vend le chocolat au détaillant ;
✓ le détaillant le revend au consommateur final ;
- tout le circuit est imposable à la TVA au taux unique de 16% ;
- le taux de marge qui constitue la valeur ajoutée est de 30% ;
- le prix de vente de départ est de 400.000,00 FC.

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Schéma n° 1. Illustration du circuit économique des opérations assujetties à


la TVA

Circuit 1
AGRICULTEUR INDUSTRIEL

Produc Ventes TVA TVA Ventes Achats


Cout : PV HT : TVA C : TVA C : PV HT : CA HT :
400.000 400.000 64.000 83.200 520.000 400.000

TVA D : TVA C : TVA D : TVA D : TVA C : TVA D :


00 64.000 00 64.000 83.200 64.000

PVTTC : TVA N : TVA N : PVTTC : PATTC :


464.000 64.000 19.200 603.200 464.000

Circuit 2
TRESOR

64.000
19.200
24.960
32.448

140.608

DETAILLANT Circuit 3 GROSSISTE

Achats Ventes TVA TVA Ventes Achats


CA HT : PV HT : TVA C : TVA C : PV HT : CA HT :
676.000 878.800 140.608 108.160 676.000 520.000

TVA D : TVA C : TVA D : TVA D : TVA C : TVA D :


108.160 140.608 108.160 83.200 108.160 83.200

PATTC : PVTTC : TVA N : TVA N : PVTTC : PATTC :


784.160 1.019.408 32.448 24.960 784.160 603.200
8

Le schéma ci-dessus peut être résumé dans le tableau ci-après :

- 129 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 6. Modalités de calcul de la Taxe sur la valeur ajoutée


Circuit PA TVA VA PV TVA PV TTC TVA
économiq déducti HT collect nette
ue (1) ble (3) ée (6)=(4)+ (7)=(5)-
(2) (4) (5) (5) (2)
Agriculte 0 0 400.000 400.00 64.000 464.000 64.000
ur 0
Industriel 464.000 64.000 120.000 520.00 83.200 603.200 19.200
0
Grossiste 603.200 83.200 156.000 676.00 108.16 784.160 24.960
0 0
Détaillant 784.160 108.160 202.800 878.80 140.60 1.019.40 32.448
0 8 8
TOTAL 878.800 140.608
N.B :
- Le prix d’achat (colonne 1) chez l’acheteur correspond au prix de vente TTC
chez le vendeur (colonne 6);
- La TVA déductible (colonne 2) chez l’acheteur correspond à la TVA collectée
(colonne 5) chez le vendeur ;
- La valeur ajoutée chez l’acheteur (colonne 3) est calculée en appliquant le taux
de la marge sur le prix de vente
HT chez le vendeur (colonne 4) ;
- Le prix de vente TTC correspond à l’addition des colonnes 4 et 5 ;
- La TVA nette (colonne 7) correspond à la TVA collectée (colonne 5) moins la
TVA déductible (colonne 2).

C. Caractéristiques de la TVA

1. La TVA est un impôt 2. La TVA est un impôt 3. La TVA est un impôt


sur la Valeur ajoutée sur la consommation indirect
Dans l’exemple ci- La TVA vise la Le consommateur final
dessus, la TVA de consommation ou la est le redevable réel (qui
140.608 FC supportée dépense. C’est le en supporte
par le consommateur consommateur final qui effectivement la charge)
final correspond à 16% supporte enfin toute la tandis que l’entreprise
de la valeur ajoutée totale charge fiscale car il n’a qui verse la TVA
de 878.800 FC. aucune possibilité de constitue le redevable

- 130 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

déduire. légal.

4. La TVA est un impôt 5. La TVA est un impôt 6. La TVA est un impôt


neutre à paiement fractionné réel
La TVA n’a aucune Dans l’exemple ci- La TVA frappe
incidence sur les résultats dessus, la TVA de l’utilisation des revenus
des redevables légaux, 140.608 FC est perçue (dépense ou
car elle est entièrement à par paiements consommation) des biens
charge des redevables fractionnés, à savoir : et services sans tenir
réels que sont les compte de la qualité ou
consommateurs finaux. - 64.000 FC par de la capacité
En effet, dans un circuit l’Agriculteur ; contributive du
économique où tous les - 19.200 FC par consommateur ou de la
stades sont taxés, la TVA l’Industriel ; personne engageant la
frappe, grâce au - 24.960 FC par le dépense. Autrement c’est
mécanisme de déduction, Grossiste ; la nature des opérations
le prix final d’un bien ou - 32.448 FC à l’étape du qui compte et non la
d’un service d’une détaillant. situation personnelle de
charge égale quel que l’assujetti ou son client.
soit le nombre des
opérations qui précèdent
la livraison au
consommateur final.
7. La TVA est un impôt 8. La TVA est un impôt
6. La TVA est un impôt
transparent déductible
ad valorem
Elle est perçue en Contrairement au La TVA supportée en
proportion de la valeur système cumulatif, la aval, est déduite de la
des produits et non en charge supportée en TVA collectée en amont
référence à la qualité amont par chaque et c’est la différence dite
physique du produit. assujetti est connue avec « TVA nette » qui est
exactitude et est toujours reversée au Trésor.
calculée sur un prix hors
taxe.

§ 2. Champ d’application de la TVA


Le champ d’application de la TVA est constitué par l’ensemble des
opérations destinées en principe à être soumises à cette taxe ; cependant certaines

- 131 -
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d’entre elles échappent à cette imposition parce qu’elles bénéficient de


l’exonération. On détermine le champ d’application de la TVA de deux manières :

On distingue, d’une part, les opérations placées dans le champ d’application


et les opérations imposées sur option et d’autres part, le champ d’application
matériel, le champ d’application personnel et le champ d’application territorial.
Les deux champs peuvent être schématisés de la manière suivante :
Schéma n° 2. Champs d’application de la TVA

CHAMP
D’APPLICATION
DE LA TVA

Opérations placées dans Opérations imposées


le champ d’application sur option
(Certaines opérations peuvent être
Opérations imposées volontairement soumises à la taxe par les
personnes qui les réalisent. Si l’option est
autorisée par la loi, ces personnes peuvent
Opérations exonérées l’exercer librement à condition d’en
informer l’administration)

Champ d’application Champ d’application Champ


matériel personnel d’application
(Opérations (Personnes territorial
imposables) imposables) (Territorialité)

1°. Les livraisons de biens meubles corporels faites


Opérations imposables à des tiers ;
par nature 2°. Les prestations de services faites à des tiers.

3°. Les livraisons de biens à soi-même ;


Opérations imposables 4°. Les prestations de services à soi-même ;
par disposition expresse 5°. Les importations, quelle que soit leur valeur
de la loi (même les non assujettis à la TVA).

- 132 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Une opération normalement passible de la TVA, c’est-à-dire qui entre


dans le champ d’application de la taxe et qui est imposable, n’est effectivement
soumise à cette taxe en RDC que si elle entre dans son champ territorial. Les
règles de territorialité permettent donc de déterminer si, compte tenu du lieu où
elle est réalisée, une opération est soumise à la TVA congolaise, à la TVA d’un
autre Etat ou si elle y échappe.

A. Opérations imposables par nature

Sont soumises à la taxe sur la valeur ajoutée, les opérations relevant


d’une activité économique et effectuées, à titre onéreux, par un assujetti
agissant en tant que tel.

Ces opérations sont obligatoirement imposables parce qu’elles


remplissent les 4 critères ci-après :
1°) elles doivent relever d’une 2°) elles doivent être réalisées entre deux
activité économique personnes distinctes
Par activité économique, on entend les Moyennant une contrepartie en espèces
activités de production, d’importation, ou en nature, quels que soient les buts
de prestation de service et de recherchés (lucratif ou non) ou les
distribution, y compris les activités résultats obtenus (bénéficiaire ou non).
extractives, agricoles, agro- La contrepartie visée ici correspond au
industrielles, artisanales et celles des prix convenu. Elle doit avoir un lien
professions libérales ou assimilées. direct avec le bien livré ou le service
rendu.
3°) elles doivent être réalisées à titre 4°) elles doivent être effectuées par un
onéreux assujetti agissant en tant que tel.
- Il faut qu’il y ait une contrepartie en Par assujetti agissant en tant que tel, on
espèces ou en nature ; entend une personne qui réalise de manière
- Il faut qu’il y ait un lien direct entre indépendante une activité économique
le service rendu et la contre-valeur c’est-à-dire des opérations entrant dans le
reçue. Cette condition n’est champ d’application de la TVA (imposable
caractérisée que si deux conditions ou exonérée), quel que soit :
sont cumulativement remplies : - son statut juridique ;
- l’opération doit procurer un avantage - sa nationalité ;
au bénéficiaire (on parle ici d’un - le but de son intervention.
service direct ou individualisé) ;
- la somme versée par le bénéficiaire
doit être en relation avec l’avantage
reçu.

- 133 -
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Ne sont donc pas assujettis à la TVA notamment : les salariés et les travailleurs à domicile dont les
gains sont considérés comme des salaires etc.

La TVA est dans les livraisons de biens meubles corporels faites à des tiers
et sur les prestations de services faites à des tiers.

a) Les livraisons de biens meubles corporels faites à des tiers.

La livraison d’un bien meuble corporel consiste en un transfert du pouvoir


de disposer de ce bien comme propriétaire, en ce compris le transfert opéré en
vertu d’une réquisition de l’autorité publique45.
Sont considérés comme les livraisons de biens meubles corporels (article
6)46 :
1 L’échange de biens ; 2 L’apport en société ;
3 La location-vente ; 4 Le prêt de consommation ;
5 La vente à 6 Les ventes d’articles et matériels d’occasion
tempérament ; faites par des professionnels ;
7 Les cessions 8 Les exportations de marchandises et opérations
d’éléments d’actifs ; assimilées.
Sont assimilées aux exportations de marchandises et de services, les
opérations ci-après (article 7):
1. Les opérations de construction, 2. les livraisons de marchandises ou objets
de transformation, de réparation, destinés à l’avitaillement de ces aéronefs
d’entretien, d’affrètement portant effectuant des liaisons internationales ;
sur des aéronefs utilisés par des 4. Les opérations consistant en la livraison
compagnies de navigation d’engins et filets de pêche ainsi que la
aérienne, dont les services à fourniture de tous les articles et produits
destination ou en provenance de destinés aux bateaux pratiquant la pêche
l’étranger ont représenté, au professionnelle maritime, fluviale ou
cours de l’année civile lacustre (au-delà du territoire national) ;
précédente et en chiffre
d’affaires, au moins 80% de
l’ensemble des services qu’elles
exploitent ainsi que la fourniture
de tous les articles et produits
destinés à être incorporés dans
ces aéronefs ;
3. les opérations de construction, 5. Les opérations de manutention, de
de transformation, de réparation, magasinage et d’aconage portant sur les

45 Guides de Gestion RF, Guide de la TVA, 1ère édition, GRF, 2011, Paris, P18.
46 Modifié conformément à l’O.-L n° 13/007 du 23 février 2013.

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d’entretien, d’affrètement portant marchandises manifestées en transit


sur les bâtiments de mer international ainsi que sur les
congolais et étrangers de la marchandises exportées ;
marine marchande, les bateaux
affectés à la pêche 6. Le transport des marchandises destinées
professionnelle maritime, fluviale à l’exportation47
ou lacustre (au-delà du territoire
national), les bateaux de
sauvetage et d’assistance, ainsi
que la fourniture de tous les
articles et les produits destinés à
être incorporés dans ces mêmes
bâtiments et bateaux ;

b) Les prestations de services faites à des tiers.


Sont considérées comme prestations de services, (article 8):
Les prestations de services sont toutes les opérations autres que les livraisons de biens
meubles corporels. Elles constituent toutes les activités qui relèvent du louage d’industrie ou
du contrat d’entreprise, par lequel une personne s’oblige à exécuter un travail quelconque
moyennant contrepartie.

1. Les locations de biens meubles ; 2. Les locations d’immeubles


meublés ;
3. Les opérations portant sur des biens 4. Les opérations de crédit-bail ;
meubles incorporels ;
5. Le transport de personnes et de 6. Les opérations réalisées dans le
marchandises, le transit et la cadre d’une activité libérale, de
manutention ; travaux d’études, de conseil,
d’expertise et de recherche ;
7. La fourniture des télécommunications ; 8. La fourniture d’eau, d’électricité,
de gaz, d’énergie thermique et des
biens similaires ;
9. Les opérations d’entremise ; 10. Les ventes à consommer sur
place ;
11. Les réparations avec ou sans pose de 12. Les travaux immobiliers ;
pièces et le travail à façon ;
13. Les locations des terrains nus non 14. Les opérations concourant à la
aménagés et des locaux nus effectuées par production ou à la livraison
des personnes assujetties à la taxe sur la d’immeubles par les promoteurs
valeur ajoutée ; immobiliers ;

47Article 18 de la Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 ajoutant un point 7 à l’article 7 de l’Ordonnance-loi
n° 10/001 du 20 août 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée.

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15. Les jeux de hasard et de divertissement.

1. des droits dérivant d’un brevet d’invention et protégés par la


Les législation en la matière ;
opérations 2. du droit incorporel qu’un inventeur peut posséder sur un
portant sur procédé de fabrication non breveté ;
des biens 3. des droits reconnus par la législation en vigueur sur les marques
meubles de fabrique et de commerce ;
incorporels 4. des droits que la législation sur les droits d’auteur reconnaît à
concernent la tout auteur d’une œuvre littéraire ou artistique ;
cession ou la 5. du droit d’exposer publiquement le portrait d’une personne ;
concession 6. du droit d’utiliser un non commercial ;
notamment48 : 7. du droit d’utiliser une enseigne ;
8. du droit de représenter en public une œuvre théâtrale ou autre.

B. Opérations imposables par disposition expresse de la loi


Il s’agit des opérations qui ne satisfont pas aux conditions d’imposition à la
TVA mais qui, par la seule volonté du législateur, sont placées dans le champ
d’application de la TVA afin de respecter le principe de neutralité fiscale de la TVA
quel que soit le choix du circuit économique49. Il s’agit des opérations ci-après :

a) Les livraisons de biens à soi-même.

La livraison de biens à soi-même se réalise lorsque l’entreprise fabrique elle-


même les biens et se les livre en l’état. Elle se réalise également lorsque les
biens acquis par l’entreprise et qui ont fait l’objet d’une déduction de taxe sur
la valeur ajoutée, sont affectés à des besoins autres que ceux de l’entreprise
(besoins privés des dirigeants, du personnel ou des tiers, notamment la
distribution gratuite de biens et le prélèvement dans le stock).

b) Les prestations de services à soi-même

Les prestations de services à soi-même consistent en des services que les


assujettis réalisent à partir des moyens de l’entreprise, soit pour les besoins
de leur entreprise, soit pour d’autres besoins dans le cadre normal de leur
activité.

48 Article 18 du Décret n° 11/42 du 22 novembre 2011 portant mesures d’exécution de la législation sur la Taxe sur la valeur ajoutée
49
Fiscalité française 2014/2015, p.33

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

On parle de prestation de services à soi-même en cas :


1. d’utilisation d’un bien affecté à 2. d’utilisation d’un bien affecté à
l’entreprise ou de prestations effectuées l’entreprise pour les besoins privés de
à titre gratuit par l’assujetti pour les l’assujetti, ceux de son personnel ou à
besoins de l’entreprise ; des fins étrangères à l’entreprise ;
3. prestations effectuées à titre gratuit par l’assujetti pour ses besoins privés, ceux de
son personnel ou à des fins étrangères à l’entreprise.

c) Les importations, quelle que soit leur valeur (même les non assujettis à
la TVA).
L’importation d’un service vise le service reçu de l’étranger par des

Les importations consistent en l’introduction dans le territoire de la


République Démocratique du Congo d’une marchandise quelconque.
L’importation d’un bien est réalisée par le seul fait matériel du
franchissement de la frontière de la République Démocratique du Congo,
sans qu’il ne soit besoin de rechercher si la personne qui importe a la
qualité d’assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée, ou si elle a acquis ce
bien à la suite d’un contrat ou si elle en était déjà propriétaire, ou si ce
bien est importé à des fins purement privées ou professionnelles.

résidents sur base d’un contrat commercial ou de tout autre document faisant
office de contrat. L’imposition des importations répond au souci d’assurer la
compétitivité entre les produits locaux et les produits importés.
C. Opérations imposées sur option

Certaines opérations peuvent être volontairement soumises à la taxe par les


personnes qui les réalisent. Si l’option est autorisée par la loi, ces personnes peuvent
l’exercer librement à condition d’en informer l’administration.

Lorsque le chiffre d’affaires est inférieur au seuil d’assujettissement à la


taxe sur la valeur ajoutée, les personnes morales et physiques peuvent opter pour
le régime de la taxe sur la valeur ajoutée.

L’option est accordée sur demande expresse adressée à l’Administration


des Impôts et devient définitive pendant deux ans suivant l’exercice de l’option,
sauf révocation de l’Administration des Impôts (article 14).

- 137 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

D. Territorialité de la TVA

Sont soumises à la taxe sur la valeur ajoutée, toutes les opérations


réalisées en République Démocratique du Congo, même lorsque le domicile, la
résidence de la personne physique ou le siège social de la personne morale
assujettie est situé hors des limites territoriales de la République Démocratique
du Congo (article 21).
Les opérations réputées réalisées en République Démocratique du Congo
sont (article 22) :
1. la livraison de biens ou toute autre opération ayant pour effet de
transfert de propriété à un tiers, lorsque ledit bien se trouve sur le territoire
national au moment de la vente ou de toute autre opération ;
2. les travaux immobiliers, lorsqu’ils sont effectués dans le pays ;
3. les prestations des services, lorsque le service rendu, le droit cédé ou
l’objet loué, sont utilisés ou exploités au pays.
Lorsqu’un assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée est établi ou domicilié
hors de la RDC, il est tenu de désigner, par lettre légalisée ou notariée, un
représentant résidant sur le territoire national et agréé par l’Administration des
Impôts. Celui-ci est solidairement responsable avec l’assujetti, de la déclaration
et du paiement de la TVA ainsi que des suppléments de taxe établis par
l’Administration des Impôts.
E. Personnes imposables

La TVA est imposable à l’assujetti agissant en tant que tel, c’est-à-dire une
personne qui réalise de manière indépendante une activité économique. Autrement
dit elle réalise les opérations entrant dans le champ d’application de la TVA
(imposable ou exonérée), quel que soit son statut juridique, sa nationalité et le but de
son intervention.

Sont considérées comme personnes distinctes (article 5) :


- les personnes juridiques différentes, si toutes les parties à
l’opération sont établies en République Démocratique du
Congo ;
- les personnes différentes ou les établissements, agences,
bureaux, succursales, si l’une des parties est située hors de la
République Démocratique du Congo, qu’ils aient ou non un
statut juridique distinct.

- 138 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Dans tous les cas où il y a contrepartie, l’association momentanée est


considérée comme une personne distincte de ses membres lorsqu’elle traite avec
l’un d’entre eux ou avec tous.

Sont réputées agir de manière indépendante, les personnes qui exercent une
activité sous leur propre responsabilité et jouissant d’une totale liberté dans
l’organisation et l’exécution des opérations qu’elles réalisent.

Ne sont donc pas assujettis à la TVA notamment : les salariés et les


travailleurs à domicile dont les gains sont considérés comme des salaires etc.

F. Opérations exonérées

En règle générale, il y a lieu de noter que la TVA ne s’accommode pas avec


les exonérations. Celles-ci sont strictement limitées pour éviter de réduire son
champ d’application. En effet, certaines de ces exonérations tiennent compte de la
vocation sociale et culturelle de certains produits et d’autres sont justifiées par des
considérations de pure technique fiscale notamment les activités qui sont soumises à
des taxations spécifiques.

C’est ainsi que les exonérations concernent plus les activités médicales et
paramédicales, d’enseignement, bancaires, de transport, les services publics et les
services à caractère social, éducatif, culturel ou sportif, rendus par les Associations
sans but lucratif, les opérations d’assurance, les terrains agricoles, la location
d’immeubles à usage d’habitation, les biens et services destinés à l’usage officiel
des missions diplomatiques et consulaires sous réserve de réciprocité.

Etant donné que les exonérations à la TVA prévues par la loi sont
limitatives et ne peuvent être étendues en vertu des similitudes ou analogies
entre les opérations exonérées et les opérations non exonérées, les listes des
opérations exonérées sont citées par la loi.

§ 3. Autres dispositions en matière de TVA

A. Assujettis et seuils d’assujettissements

Sont assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée, les personnes physiques ou


morales, y compris l’Etat, les Provinces, les Entités territoriales décentralisées et
les organismes de droit public, qui effectuent de manière indépendante, à titre
habituel ou occasionnel, des opérations imposables à la taxe sur la valeur ajoutée
(article 13) et ce, quels que soient leur statut, leur situation au regard des autres
impôts, la forme ou la nature de leurs interventions.

- 139 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

On entend par :
1) L’assujetti partiel : la personne qui réalise une partie de ses opérations dans le
champ d’application de la TVA et une autre partie hors champ d’application.
2) Le redevable partiel : la personne qui réalise toutes ses opérations dans le champ
d’application, mais que certaines d’entre elles sont exonérées.
3) L’assujetti non redevable : la personne qui réalise une opération située dans le
champ d’application de la TVA, mais non imposée c’est-à-dire exonérée
notamment.

Les personnes morales et physiques sont assujetties à la taxe sur la valeur


ajoutée lorsqu’elles réalisent un chiffre d’affaires annuel (hors taxe) ou
prévisionnel pour les entreprises nouvelles, égal ou supérieur à 80.000.000 FC.
B. Fait générateur

Le fait générateur est constitué par (article 24):

1. la livraison de biens, pour les ventes de biens meubles corporels ;

2. l’exécution de services et de travaux ou de tranches de services et


de travaux, pour les prestations de services, y compris les travaux à
façon et les travaux immobiliers ;

3. le franchissement des frontières de la République Démocratique du


Congo, pour les importations et les exportations ;

4. la mise à la consommation, pour les marchandises placées sous


régimes douaniers suspensifs ;

5. la sortie des marchandises de la zone franche en vue de leur mise à


la consommation en République Démocratique du Congo ;

6. l’acte de mutation ou de transfert de propriété ou, à défaut d’acte,


l’entrée en jouissance, pour les opérations immobilières réalisées
par les promoteurs immobiliers ;

7. l’acte de mutation, de jouissance ou à défaut d’acte de mutation,


l’entrée en jouissance, pour les locations de terrains nus non
aménagés ou de locaux nus réalisés par des personnes non
assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée ;

- 140 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

8. la première utilisation ou la première mise en service, pour les


biens ou les prestations de services que les redevables se livrent à
eux-mêmes ;

9. l’expiration des périodes auxquelles se rapportent les décomptes et


les encaissements, pour les livraisons de biens, les prestations de
services et les travaux immobiliers donnant lieu à l’établissement
de décomptes ou paiements successifs, à l’exception de celles
portant sur des biens faisant l’objet d’une vente à tempérament,
d’une location ou d’une location-vente ;

10. l’encaissement du prix ou d’un acompte, pour les autres opérations


imposables.

C. Exigibilité de la TVA

L’Exigibilité de la TVA intervient :

1. Lors du transfert du pouvoir de disposer d’un bien comme


propriétaire, pour les livraisons de biens faites à des tiers ;

2. lors de la première utilisation ou de la première mise en service,


pour les livraisons de biens faites à soi-même ;
3. au moment de l’encaissement du prix, des acomptes ou avances,
pour les prestations de services faites à des tiers et les travaux
immobiliers;

4. à la date de l’exécution du service, pour les prestations de services à


soi-même ;

5. au moment de l’enregistrement de la déclaration de mise à la


consommation en RDC, pour les biens et marchandises importés
directement, placés sous l’un des régimes suspensifs ou sortis d’une
zone franche ;

6. à la date de l’échéance de l’effet, en cas d’escompte d’un effet de


commerce ;

7. à l’échéance des intérêts ou des loyers, pour les opérations de crédit


à la consommation ou de crédit-bail réalisées par les établissements
financiers ;

- 141 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

8. à la livraison de produits ou à l’occasion de perception du


préfinancement s’il en existe, pour les opérations liées aux cultures
pérennes ;

9. à la date de mutation ou du transfert de propriété, pour les


mutations de propriété d’immeuble.

D. Base d’imposition et taux

La base d’imposition est constituée par toutes les sommes, valeurs, biens
ou services perçus en contrepartie de l’opération, y compris les subventions
ainsi que tous frais, impôts, droits, taxes ou prélèvements de toute nature y
afférente, à l’exclusion de la taxe sur la valeur ajoutée elle-même (art. 27).
Sont inclus dans la base d’imposition : le prix de base, les impôts, taxes et
autres prélèvements, les frais accessoires, le départ magasin, les indemnités et
les subventions.
Le taux de la taxe sur la valeur ajoutée est fixé à 16 %. Il s’applique à
toutes les opérations imposables, sauf en ce qui concerne les exportations et
opérations assimilées dont le taux est de 0% (article 35).

E. Principes et conditions de déductibilité de la TVA

La taxe sur la valeur ajoutée qui a grevé en amont les éléments du prix
d’une opération imposable est déductible de la taxe applicable à cette opération
pour les assujettis.

✓ Conditions de fond :

1. les biens et services pour lesquels le redevable a engagé les


dépenses doivent être nécessaires à l’exploitation ;

2. les biens et services doivent être affectés à l’exploitation (au


moins partiellement) ;

3. les biens et services ne doivent pas être exclus du droit à


déduction.

- 142 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

✓ Condition de forme :

1. la TVA est déductible si elle est portée sur un document


justificatif établi au nom de l’assujetti par un assujetti
immatriculé et mentionnant son numéro impôt. Ce document
peut être une facture ou un autre document en tenant lieu.

2. pour les importations, elle doit être portée sur la déclaration de


mise à la consommation ou sur le document de la liquidation
d’office établi par les services douaniers.

3. pour les livraisons à soi-même, elle doit être portée sur une
déclaration spéciale souscrite par le redevable lui-même.

4. pour les exportations, les déductions ne sont définitivement


acquises que lorsque la preuve de l’effectivité de l’exportation est
apportée.

✓ Condition de délai :

1. le droit à déduction prend naissance lorsque la taxe devient


exigible chez le redevable. Toutefois, en ce qui concerne les
importations et les marchandises placées sous l’un des régimes
douaniers suspensifs, le droit à déduction prend naissance lors de
la mise à la consommation ;

2. le droit à déduction est exercé jusqu’à la fin du premier exercice


fiscal qui suit celui au cours duquel la taxe est devenue exigible.
A l’expiration de ce délai, la TVA non déduite est acquise
définitivement au Trésor.

F. Régime des déductions

Le principe général est que la TVA qui a grevé en amont les éléments du
prix d’une opération imposable est déductible de la taxe applicable à cette
opération pour les assujettis.

Toutefois, il convient de retenir qu’il existe deux procédés de récupération


de la TVA déductible : l’imputation et le remboursement.

L’imputation de la TVA déductible est opérée sur la TVA collectée. Si le


résultat est négatif (la TVA déductible est supérieure à la TVA collectée), l’excédent
peut être reporté sur les déclarations de TVA futures.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

G. Obligations du redevable

La taxe sur la valeur ajoutée est à charge des consommateurs de produits


ou bénéficiaires de services. Elle est collectée et acquittée par les personnes
effectuant les opérations imposables (article 53). Aussi, les assujettis à la TVA
sont-ils soumis aux obligations ci-dessous :
Les obligations des assujettis à la TVA
Souscrire une déclaration Présenter un état détaillé
Avant le début de ses activités et au Pour exercer le droit à déduction,
plus tard le 15 du mois qui suit celui de l’assujetti est tenu de joindre un état
réalisation des opérations. détaillé des déductions à la déclaration
mensuelle de la taxe sur la valeur
ajoutée. La loi détermine les
indications contenues dans les états
détaillées et les sanctions en cas de
défaut de production de ces états50.
Tenir une comptabilité régulière Présenter les pièces justificatives en
originaux
Cette comptabilité, disponible en RDC, Les pièces justificatives relatives à des
doit comporter : un livre-journal, un opérations ouvrant droit à déduction
grand livre des comptes, une balance doivent être des documents originaux.
des comptes, un journal de ventes, un
journal d’achats, un livre
d’inventaire et un livre des
immobilisations.
Délivrer une facture ou un Paiement par chèque pour les
document tenant lieu transactions supérieures à un million
de FC
Les mentions sur la facture ou le Toute transaction entre assujettis à la
document tenant lieu, sont déterminées taxe sur la valeur d’un montant d’au
par voie réglementaire. moins 1.000.000,00 de Francs
congolais doit être par chèque, par
virement ou par carte bancaire.

H. Liquidation, recouvrement et remboursement

La liquidation de la taxe sur la valeur ajoutée consiste à déterminer le


montant net de la taxe ou du crédit de taxe sur la valeur ajoutée en imputant sur
50Lire à ce propos l’article 22 de la Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 modifiant et complétant l’article 56
de l’Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 août 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

la taxe collectée augmentée, le cas échéant, des reversements, la taxe déductible,


les crédits éventuels résultant des périodes antérieures et les déductions
complémentaires découlant des régularisations.

Le recouvrement de la taxe sur la valeur ajoutée est assuré par


l’Administration des Impôts. Toutefois, à l’importation, la taxe sur la valeur
ajoutée est perçue par l’Administration des douanes.
Lorsque le montant de la taxe sur la valeur ajoutée déductible au titre d’un mois
est supérieur à celui de la taxe exigible, l’excédent constitue un crédit d’impôt
imputable sur la taxe exigible du ou des mois suivants jusqu’à l’épuisement
(article 63). Le crédit d’impôt ne peut pas faire l’objet d’un remboursement au
profit de l’assujetti et ne peut être cédé.

Les exportateurs, les entreprises réalisant des investissements lourds, les


entreprises minières et pétrolières en phase de recherche ou de développement et
construction du projet minier ou pétrolier et celles en cessation d’activités
peuvent, sur demande expresse adressée à l’Administration des impôts obtenir le
remboursement de leur crédit d’impôt sur la taxe sur la valeur ajoutée résultant
de l’acquisition des biens meubles et des services (article 64).

I. Pénalités et amendes en matière de TVA

Les sanctions ou amendes en matière de TVA sont résumée dans le


tableau ci-dessous.

Tableau n° 7. Sanction ou amende en matière de TVA

N° Type de faute Sanction ou amende


1 L’absence de déclaration d’assujettissement Amende de 500.000 francs
auprès de l’Administration des impôts dans congolais
le délai
2 Sans préjudice des poursuites pénales, toute Amende fiscale égale au
mention abusive de la taxe sur la valeur triple du montant de la taxe
ajoutée portée sur une facture ou un illégalement facturée (article
document en tenant lieu 70).
3 Sans préjudice des poursuites pénales, le Amende fiscale égale au
contribuable qui émet une fausse facture triple de la taxe ainsi facturée
comprenant la taxe sur la valeur ajoutée ou (article 71).
qui falsifie une facture présentée en
justification d’une déduction
4 L’absence de facture ou de document en Amende fiscale égale au
tenant lieu, en cas de livraison de biens et double du montant des droits
de prestations de services effectués par un compromis (article 72). En

- 145 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

redevable de la taxe sur la valeur ajoutée cas de récidive, l’amende est


triplée.
5 Tout remboursement de crédits de la taxe Restitution immédiate des
sur la valeur ajoutée obtenu sur la base de sommes indûment perçues,
fausses factures assorties d’une amende égale
au même montant (article
73).
6 Toute déduction effectuée et ne Amende fiscale égale au
correspondant pas, en partie ou en totalité, à montant des droits indûment
une acquisition de biens ou à une prestation déduits.
de services
7 - Le défaut de souscription d’une - Amende de 1.500.000,00
déclaration de la taxe sur la valeur ajoutée Francs congolais et par la
créditrice dans le délai perte d’une quotité de 10%
du montant du crédit.
- Le cas de déclaration sur la Taxe sur - Amende de 500.000,00
valeur ajoutée d’un montant nul. Francs congolais

Les infractions en matière de la taxe sur la valeur ajoutée découlant de


l’importation des marchandises sont constatées, poursuivies et sanctionnées
conformément à la législation douanière.
Le régime général des pénalités prévues par la Loi n° 004 du 13 mars
2003 portant réforme des procédures fiscales s’applique (article 76).
4.2. DROITS DE DOUANE ET ACCISES

Les Droits de douanes comprennent : les droits d’entrée et les droits de


sortie.

- Les Droits à l’importation ou droits d’entrée ont pour objectifs de protéger la


production intérieure contre la concurrence étrangère et de fournir à l’Etat des
ressources fiscales complémentaires. Ces deux objectifs sont dans une certaine
mesure contradictoire si ces droits réussissent à décourager l’importation des
produits qu’ils frappent, le Trésor percevra moins de recettes.

- Les Droits à l’exportation ou droit de sortie frappent les matières premières


exportées comme le pétrole, le cacao, le sucre, le bois en grume. Le taux doit
être aménagé de façon à être répercuté dans les prix afin de ne pas entraver les
échanges. De plus, leur rendement est très variable en fonction de la conjoncture
économique mondiale et de certaines matières premières.

- Les droits d’accises : Traditionnellement, les accises s’appliquent aux seules


marchandises produites à l’intérieur du pays. Quand elles sont mises en œuvre,

- 146 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

leurs taux sont fixés à un niveau calculé en fonction des droits de douane.
Quelques accises d’introduction récente, s’appliquent aussi bien aux produits
importés qu’aux produits similaires d’origine nationale.

On distingue comme droits d’accises :

- les droits somptuaires ;


- les droits sur les carburants ;
- les accises sur les services ;
- les droits sur les services ;
- les droits spéciaux divers.

Ce qu’il convient de retenir dans ce chapitre 4

1. Un impôt peut se distinguer de l’autre selon qu’il porte sur les revenus (IPR,
IM, IBP, IRL) ou sur le patrimoine (IF, IV, ISCMH) ou encore sur la
consommation (TVA, DDA).

2. Au regard de chaque type d’impôt abordé dans ce chapitre, il se dégage que


la gestion des obligations fiscales dans l’entreprise relève d’un domaine
technique qui nécessite, pour les décideurs, une connaissance plus ou moins
moyenne en fiscalité.

3. Pour bien comprendre le mécanisme d’un impôt, il faut être capable de


répondre aux six questions relatives aux éléments de la technique fiscale de cet
impôt, à savoir ; quels sont les éléments imposables, qui est redevable de
l’impôt, quel est le fait générateur, quelle est la période imposable, quel est le
taux, qui est exonéré ou exempté.

4. Le régime fiscal d’une entreprise dépend aussi de sa forme juridique que de


son chiffre d’affaires seulement.

5. La détermination du résultat fiscal passe par un processus technique de


détermination préalable du résultat comptable, de retraitements
extracomptables en vue de la réintégration des charges non admissibles
fiscalement et de déduction des produits non taxables.
Après cette étude de différent type d’impôt, le chapitre qui suit nous
ramène maintenant à parler des régimes fiscaux de chaque entreprise suivant sa
catégorisation.

- 147 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Chapitre 5. REGIMES FISCAUX ET PARAFISCAUX APPLICABLES AUX


ENTREPRISES CONGOLAISES

Pour rappel, les entreprises congolaises sont classées fiscalement selon


leurs chiffres d’affaires, en microentreprises, petites entreprises, moyennes
entreprises et grandes entreprises.

A chaque catégorie d’entreprise correspond aussi un régime fiscal


approprié. Autrement dit, la nature d’impôts à payer par une entreprise reste liée
à sa forme juridique et, dans une certaine mesure, à son chiffre d’affaires. A titre
d’exemple l’assujettissement à la TVA est fonction du seuil du chiffre d’affaires
donné.

Il existe deux types de régimes fiscaux en République Démocratique du


Congo :

- le régime réel normal ou régime du droit commun qui regroupe les


entreprises imposées suivant les règles communes de fiscalité ;
- le régime exceptionnel ou régime dérogatoire qui est un régime
applicable uniquement à une certaine catégorie d’entreprises telles
que les microentreprises, les sociétés minières, et les entreprises
pétrolières etc.

Le régime fiscal des contribuables en RDC peut se résumer dans le


tableau ci-après :
Tableau n° 9 : Synthèse des régimes fiscaux des entreprises suivant leurs
catégorisations
RUBRIQUE MICRO- PETITE MOYENNE GRANDE
S ENTREPRIS ENTREPRIS ENTREPRIS ENTREPRIS
E E E E
CHIFFRE Moins de Entre Entre Supérieur à 2
D’AFFAIRE 10.000.000 10.000.001 et 80.000.001 et milliards de
S FC 80.000.000 2 milliards de FC
FC FC
REGIME DE Non assujettie Non assujettie Assujettie Assujettie
LA TVA sauf par obligatoire obligatoire
option

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Forfait : Régime fiscal Régime fiscal Régime fiscal


REGIME - Service : 2% du droit du droit du droit
FISCAL AU du C.A Commun Commun ou Commun ou
TITRE DE - vente : 1% régime régime
l’IBP du C.A dérogatoire dérogatoire
- Cumul des
CA du service
et commerce :
imposition au
taux de
l’activité
principale
AUTRES - IPR - IPR - IERE - IERE
IMPOTS Exploitant Exploitant - IM - IM
SUR LES Individuel Individuel - IRL - IRL
REVENUS - IRL - IRL
IMPOTS - IF - IF - IF - IF
REELS - IV - IV - IV - IV
SUPPORTES - TSCR - TSCR - ISCMH - ISCMH
- TSCR - TSCR
IMPOTS - TVA - TVA - TVA - TVA
INDIRECTS supportée supportée, (déductible) (déductible)
SUPPORTES - Droits de sauf option - Droits de - Droits de
douanes et - Droits de douanes et douanes et
d’Accises douanes et d’Accises Accises
d’Accises
IMPOTS - IPR - IPR - IPR - IPR
COMME Nationaux Nationaux Nationaux Nationaux
REDEVABL - Retenues - Retenues - IPR Expatrié - IPR Expatrié
E LEGAL locatives locatives - TVA - TVA
(collectée) (collectée)
- IM - IM
- Retenues - Retenues
locatives locatives
REGIME
PARAFISCA
L

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Dans les lignes qui suivent, nous donnons en détail, les régimes juridiques et
fiscaux de chaque catégorie d’entreprises suivant la classification faite par
l’OHADA.
Section 1. REGIME FISCAL DE DROIT COMMUN

1.1. ENTREPRISE INDIVIDUELLE (EI)

Tableau n° 10 : Régimes fiscal et juridique d’une entreprise individuelle

RUBRIQUES EXPLICATION
C'est la forme juridique la plus simple et la moins
contraignante en termes de gestion. L'entreprise et le
Nature juridique
créateur sont confondus et ne constituent qu'une seule et
même personne.
Capital Aucun capital minimum n’est exigé lors de la constitution.
Nombre d'associés Aucun. L'entrepreneur est le seul mais il peut embaucher.
Fonctionnement C’est une entreprise dirigée par une seule personne (le
de l’entreprise créateur). Il s’agit très souvent d’une affaire familiale.
Responsabilité du Illimitée, le créateur prend seul toutes les décisions et les
chef d’entreprise assume.
Statut social du Le créateur ne peut être considéré comme salarié de son
chef d’entreprise entreprise, il est rémunéré par les bénéfices de l’entreprise.
- Simplicité des démarches : pas des statuts à rédiger,
lancement à moindre coût ;
- Une gestion simplifiée : juste tenir à jour un registre des
Points forts
recettes et des dépenses
- Fiscalité allégée : impôt forfaitaire ou barémique au titre
des revenus.
- Confusion des patrimoines : privé et professionnel
- Le patrimoine privé peut être saisi en cas d'insolvabilité
Points faibles
de l'entreprise
- Moins de rationalité dans la gestion.
L’entreprise individuelle est recommandée pour les
créateurs qui tiennent à leur autonomie et qui ont
Recommandations
l’ambition de croissance des affaires.
Cette forme juridique exige peu d’investissement et

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

présente des risques modérés


L’entreprise individuelle est soumise, au titre de bénéfice
ou profit, soit au régime fiscal forfaitaire (si son chiffre
d’affaires est inférieur à 80 millions de FC), soit au régime
de droit commun (si son chiffre d’affaires dépasse 80
Régime fiscal de
millions de FC).
l’entreprise
Le forfait est déterminé par application au chiffre
d’affaires de l’année civile d’un coefficient fixé selon qu’il
s’agit des services ou du commerce conformément aux
taux fixés dans le code général des impôts
Tout ce que le créateur et les membres de sa famille
Statut fiscal du gagnent ou retire de sa caisse ou sa banque est considéré
chef d’entreprise par le fisc comme les rémunérations payées, soumis à
l’impôt professionnel sur les rémunérations.
Régime parafiscal

1.2. SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC)

Tableau n° 11 : Régimes fiscal et juridique d’une société en nom collectif

RUBRIQUES EXPLICATION
La société en nom collectif est celle dans laquelle tous les
Définition de la
associés sont commerçants et répondent indéfiniment et
société
solidairement des dettes sociales.
Dénomination La dénomination sociale est précédée ou suivie du sigle
sociale SNC
Divisé en parts sociales de même valeur nominale
Capital social
Pas de minimum de capital
Nombre Peut être créée avec deux personnes au moins
d’associés
Les associés répondent indéfiniment et solidairement des
Responsabilité dettes sociales (c'est-à-dire en cas de défaillance de la
des associés société, la responsabilité peut s’étendre au patrimoine
privé de chacun des associés)
- Les statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants,
Fonctionnement
associés ou non, personnes physiques ou morales.
de la société
- L’autorisation préalable des associés est requise lorsque

- 151 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

le gérant exerce une activité similaire à celle de la société,


ou que sa relation avec la société est régie par une
convention.
- Les décisions qui ne rentrent pas dans le cadre des
pouvoirs attribués aux gérants, sont prises à l’unanimité
des associés, sauf stipulation contraire des statuts en ce qui
concerne certaines décisions.
Sauf dérogation, la SNC est redevable des impôts ci-après
:
- La société paiera l’Impôt sur les Bénéfices et Profits au
taux de 35% au plus tard le 30 avril de l’année qui suit
celle de la réalisation des revenus ;
-La société paiera l’impôt mobilier, comme redevable
légal, au taux de 20% avant le 15 du mois qui suit celui du
paiement ou de la mise à disposition des revenus
imposables ;
- La société retiendra et versera l’impôt professionnel sur
les rémunérations de son personnel national au taux
maximum de 30% avant le 15 du mois au cours duquel les
Régime fiscal
rémunérations ont été payées.
- Acomptes provisionnels. Elle payera deux acomptes de
40% chacun, sur les bénéfices y compris les suppléments
éventuels d’impôts, calculés sur la base de l’impôt de
l’exercice N-1, respectivement avant le 1er août et le 1er
décembre de l’année,
- Elle collecte et reverse la TVA nette au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de l’encaissement.
- L’impôt sur les revenus locatifs (comme bailleur) au taux
de 22% ou une retenue de 20% (comme locatrice) sur les
loyers au plus tard le 15 du mois qui suit celui
d’encaissement des loyers.
Cession des Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec l’accord
parts sociales de tous les associés
Régime parafiscal
En cas de résultat bénéficiaire, les statuts de la société
Répartition du
peuvent prévoir une réserve statutaire, mais il n’y a pas de
résultat
réserve légale à constituer.

- 152 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

L’Assemblée générale peut décider de la constitution


d’autres réserves ainsi qu’un éventuel report à nouveau.
- Les associés sont considérés comme des commerciaux.
- La désignation d’un commissaire aux comptes est
obligatoire si le chiffre d’affaires annuel dépasse 500
millions de F CFA (ou total bilan supérieur à 250 millions
de F CFA), soit avec un effectif supérieur à 50 personnes.
Autres
- Lorsqu’un jugement de liquidation judiciaire ou arrêtant
caractéristiques
un plan de cession totale, une mesure d’interdiction
de la société
d’exercer une profession commerciale, ou une mesure
d’incapacité est prononcé à l’égard de l’un des associés, la
société est dissoute à moins que sa continuation ne soit
prévue par les statuts ou que les autres associés ne la
décident à l’unanimité.
Cette forme juridique est recommandée pour les activités à
Recommandations
faible risque (peu de capitaux)

1.3. SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE (SCS)

Tableau n° 12 : Régimes fiscal et juridique d’une société en commandite


simple

RUBRIQUE EXPLICATION
La Société en commandite simple est celle dans laquelle
coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales dénommés
Définition de « associés commandités », avec un ou plusieurs associés
l’entreprise responsables des dettes sociales dans la limite de leurs
apports dénommés « associés commanditaires » ou
« associés en commandite », et dont le capital est divisé en
parts sociales (article 293 OHADA- AUDSCGIE).
Dénomination sociale précédée ou suivie du sigle SCS
Le nom d’un associé commanditaire ne peut en aucun cas
Dénomination
être incorporé à la dénomination sociale, à défaut de quoi ce
sociale
dernier répond indéfiniment et solidairement des dettes
sociales.
Capital Aucun capital minimum n’est exigé
Nombre C’est une société avec au moins 2 types d’associés : un

- 153 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

d’associés commandité et un commanditaire


L’associé commandité est responsable indéfiniment et
Responsabilité solidairement alors que l’associé commanditaire n’est
des responsable qu’à concurrence de ses dettes.
Associés Les avis et conseils, les actes de contrôle et de surveillance
n’engagent pas les associés commanditaires.
La société est gérée par tous les associés commandités, sauf
stipulation contraire aux statuts mais pas par les associés
Fonctionnement
commanditaires.
de la société
Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants
sont prises par la collectivité des associés.
Cession des Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le
parts sociales consentement de tous les associés
- Les associés ne peuvent pas changer la nationalité de la
société.
- La société continue malgré le décès d’un commanditaire.
- La désignation d’un commissaire aux comptes n’est
obligatoire que si le chiffre d’affaires est supérieur à 500
millions FCFA.
- En cas de redressement ou de liquidation judiciaire d’un
des associés commandités, d’interdiction d’exercer une
Autres profession commerciale ou d’incapacité frappant l’un des
caractéristiques associés commandités, la société est dissoute, à moins que,
de la société s’il existe un ou plusieurs autres associés commandités, la
continuation de la société ne soit prévue par les statuts ou
que les associés ne la décident à la majorité requise pour la
modification des statuts.
- Les associés commanditaires et les associés non gérants ont
le droit, deux fois par an, d’obtenir communication des livres
et des documents sociaux et de poser par écrit des questions
sur la gestion sociale, auxquelles il doit être répondu
également par écrit.
Sauf dérogation, la SCS est redevable des impôts ci-après :
- La société paiera l’Impôt sur les Bénéfices et Profits au
Régime fiscal taux de 35% au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle
de la réalisation des revenus ;
- La société paiera l’impôt mobilier, comme redevable légal,

- 154 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

au taux de 20% avant le 15 du mois qui suit celui du


paiement ou de la mise à disposition des revenus imposables
;
- La société retiendra et versera l’impôt professionnel sur les
rémunérations de son personnel national au taux maximum
de 30% avant le 15 du mois au cours duquel les
rémunérations ont été payées.
- Elle supporte l’IERE au taux de 25% si elle emploie le
personnel expatrié,
- Elle paiera les acomptes provisionnels de 40% chacun, sur
les bénéfices y compris les suppléments éventuels d’impôts,
calculés sur la base de l’impôt de l’exercice N-1,
respectivement avant le 1er août et le 1er décembre de
l’année,
- Elle collecte et reverse la TVA nette au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de l’encaissement.
- l’IRL : l’impôt sur les revenus locatifs (comme bailleur) au
taux de 22% ou une retenue de 20% (comme locatrice) sur
les loyers au plus tard le 15 du mois qui suit celui de
paiement des loyers.
Régime
parafiscal

1.4. SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE (SARL)

Tableau n° 13 : Régimes fiscal et juridique d’une société à responsabilité


limitée

RUBRIQUE EXPLICATION
La SARL est une société dans laquelle les associés ne sont
Définition de la responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
société apports et dont les droits sont représentés par des parts
sociales.
Dénomination Dénomination sociale précédée ou suivie du sigle SARL
sociale
Formalités de Rédaction et enregistrement des statuts de la société.
creation Dépôts des fonds à la banque. Publicité légale ;

- 155 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Immatriculation au RCCM et obtention du numéro impôt.


Capital minimum exigé de 1 million de F CFA divisé en
parts sociales égales dont la valeur nominale ne peut être
Capital
inférieure à 5.000 F CFA ou l’équivalent en monnaie
nationale.
Elle peut être constituée par une personne physique ou
Nombre
morale, ou entre deux ou plusieurs personnes physiques ou
d’associés
morales.
- La société est gérée par un ou plusieurs personnes
physiques, associés ou non, généralement désignés dans
les statuts.
- La durée du mandat des gérants est de 4 ans en l’absence
Fonctionnement
des dispositions statutaires. Ils sont rééligibles.
de la société
- Les gérants sont responsables, individuellement ou
solidairement selon le cas, envers les tiers, soit des
infractions aux dispositions légales applicables aux SARL,
soit des violations des statuts, soit des fautes de gestion
Responsabilité Les associés ne supportent les pertes qu’à concurrence de
des associés leurs apports
En cas de résultat bénéficiaire, la répartition du bénéfice
Répartition du
est prévue par une clause des statuts, mais de nombreuses
résultat
dispositions légales lui imposent certaines règles.
- La désignation d’un commissaire aux comptes est
Autres obligatoire si le chiffre d’affaires dépasse 250 millions de
caractéristiques F CFA avec un effectif d’au moins 50 personnes.
de la société - L’assemblée générale constitue le principal instrument de
contrôle de la SARL
Sauf dérogation, la SARL est redevable des impôts ci-
après :
- La société paiera l’Impôt sur les Bénéfices et Profits au
taux de 35% au plus tard le 30 avril de l’année qui suit
celle de la réalisation des revenus ;
Régime fiscal
- La société paiera l’impôt mobilier, comme redevable
légal, au taux de 20% avant le 15 du mois qui suit celui du
paiement ou de la mise à disposition des revenus
imposables ;
- La société retiendra et versera l’impôt professionnel sur

- 156 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

les rémunérations de son personnel national au taux


maximum de 30% avant le 15 du mois au cours duquel les
rémunérations ont été payées.
- Elle supporte l’IERE au taux de 25% si elle emploie le
personnel expatrié,
- Elle paiera les acomptes provisionnels de 40% chacun,
sur les bénéfices y compris les suppléments éventuels
d’impôts, calculés sur la base de l’impôt de l’exercice N-1,
respectivement avant le 1er août et le 1er décembre de
l’année,
- Elle collecte et reverse la TVA nette au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de l’encaissement.
- l’IRL : l’impôt sur les revenus locatifs (comme bailleur)
au taux de 22% ou une retenue de 20% (comme locatrice)
sur les loyers au plus tard le 15 du mois qui suit celui de
paiement des loyers.
Régime parafiscal
- La cession des parts sociales doit être constatée par écrit
sous peine de nullité.
- Les statuts organisent librement les modalités de
transmission des parts sociales entre associés et, à titre
onéreux à des tiers étrangers à la société.
Cession des
- Les souscriptions en nature sont intégralement libérées et
parts sociales
en numéraire en occurrence de 50% au moins.
- Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers
qu’avec le consentement de la majorité des associés non
cédants représentant au moins les 3/4 de leurs parts
sociales.
- La SARL est recommandée dans le cas où le créateur
souhaite limiter les risques en s’associant avec d’autres
associés.
- Le créateur veut bénéficier, en tant que gérant de la
Recommandations SARL, du statut de salarié et des avantages d’affiliation à
l’INSS.
- Les créateurs envisagent à moyen ou long terme,
l’introduction de l’entreprise en bourse et la
transformation de celle-ci en SA.

- 157 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

le statut est évolutif : la Sarl permet d'accueillir des


associés et des investisseurs. Au fil des années, elle peut
élargir le nombre d'associés et faire appel à des nouveaux
partenaires financiers.
Points forts - Un cadre rassurant : la responsabilité des associés est
limitée aux montants de leurs apports, il n'y a pas de risque
de confusion entre les patrimoines professionnels et
personnels.
- Les audits internes et externes sont de rigueur.
- Des formalités administratives : la création impose la
rédaction de statuts... parfois les démarches sont longues et
coûteuses.
Points faibles - Une gestion concertée : un certain nombre de règles de
gestion doivent être observées. Ainsi tous les actes
importants liés à la vie de l'entreprise sont pris en
Assemblée générale.

1.5. SOCIETE ANONYME (SA)

La société anonyme est une société dans laquelle les actionnaires ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les
droits des actionnaires sont représentés par des actions. La société anonyme peut
ne comprendre qu’un seul actionnaire. (Article 385, Ohada-Actes uniformes).

Il existe deux formes de sociétés anonymes : la SA avec Conseil


d’Administration et la SA avec Administrateur Général.

La société anonyme peut, en cours de vie sociale, changer à tout moment


son mode d’administration et de direction. La décision est prise par l’assemblée
générale extraordinaire qui modifie les statuts en conséquence, lesquelles sont
publiés au registre du commerce et du crédit mobilier.

a) La SA avec Conseil d’Administration

Tableau n° 14 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec


Conseil d’administration

- 158 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

RUBRIQUE EXPLICATION
Sa dénomination sociale doit être immédiatement
précédée ou suivie en caractères lisibles des mots :
Dénomination
“société anonyme” ou du sigle “S.A.” et du mode
d’administration de la société.
Dirigée soit par un Président-Directeur Général, soit par
Direction de la
un Président du Conseil d’Administration et un Directeur
société
Général
Le capital minimum est de 10 millions de F CFA ou
l’équivalent en monnaie nationale. IL est divisé en actions
dont le montant nominal est librement fixé par les statuts.
Le montant nominal est exprimé en nombre entier.
Le capital de la société anonyme doit être entièrement
Capital
souscrit avant la date de la signature des statuts ou de la
tenue de l’assemblée générale constitutive.
Les actions représentant des apports en numéraire sont
libérées, lors de la souscription du capital, d’un quart au
moins de leur valeur nominale.
Nombre Au moins 5 associés
d’associés
- La société est gérée par un conseil d’administration
composé de 3 membres au moins et 12 au plus.
- Les membres du conseil d’administration doivent être
propriétaires d’un minimum d’actions qui doit être précisé
dans les statuts.
- La durée du mandat des membres du CA est déterminée
dans les statuts sans pouvoir excéder 6 ans en cas de
nomination par les assemblées générales et 2 ans en cas de
Fonctionnement
nomination par les statuts.
de la société
- Le Conseil d’Administration (CA) est investi des
pouvoirs les plus étendus pour prendre, en toutes
circonstances, toute décision à la réalisation de son objet
social au nom de la société.
- Le CA élit en son sein un président qui assume, sous sa
responsabilité, la direction générale de la société, et
représente la société dans ses rapports avec les tiers.
- Le CA convoque les assemblées d’actionnaires, fixe

- 159 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’ordre du jour, arrête les termes des résolutions à leur


soumettre et ceux du rapport à leur présenter sur ces
résolutions.
- Le CA établit à la clôture de chaque exercice le rapport
de gestion annuel qu’il présente à l’assemblée générale
ordinaire.
Rémunération du L’assemblée générale peut allouer au CA une somme
conseil annuelle fixe, qu’il répartit entre ses membres dans les
d’administration proportions qu’il juge convenables
Rémunération du Le salaire du PDG est fixé par le Conseil d’Administration
PDG
Un ou plusieurs commissaires aux comptes doivent être
Contrôle de la
désignés pour faire le contrôle et le suivi des comptes
Société
sociaux
Responsabilité Limitée à leurs apports dans la société
des actionnaires
En cas de résultat bénéficiaire, la répartition du bénéfice
Répartition du
est prévue par une clause des statuts, mais de nombreuses
résultat
dispositions légales lui imposent certaines règles.
Sauf dérogation, la SA avec Conseil d’administration est
redevable des impôts ci-après :
- La société paiera l’Impôt sur les Bénéfices et Profits au
taux de 30% au plus tard le 30 avril de l’année qui suit
celle de la réalisation des revenus ;
- La société paiera l’impôt mobilier, comme redevable
légal, au taux de 20% avant le 15 du mois qui suit celui du
paiement ou de la mise à disposition des revenus
imposables ;
Régime fiscal
- La société retiendra et versera l’impôt professionnel sur
les rémunérations de son personnel national au taux
maximum de 30% avant le 15 du mois au cours duquel les
rémunérations ont été payées.
- Elle supporte l’IERE au taux de 25% si elle emploie le
personnel expatrié,
- Elle paiera les acomptes provisionnels de 40% chacun,
sur les bénéfices y compris les suppléments éventuels
d’impôts, calculés sur la base de l’impôt de l’exercice N-1,

- 160 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

respectivement avant le 1er août et le 1er décembre de


l’année,
- Elle collecte et reverse la TVA nette au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de l’encaissement.
- l’IRL : l’impôt sur les revenus locatifs (comme bailleur)
au taux de 22% ou une retenue de 20% (comme locatrice)
sur les loyers au plus tard le 15 du mois qui suit celui de
paiement des loyers.
Régime parafiscal
- La SA est recommandée pour les projets présentant un
fort potentiel de développement et nécessitant
Recommandations
d’importants fonds.
- les créateurs envisagent d’introduire la société en bourse.

b) La SA avec Administrateur général

Tableau n° 15 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec


Administrateur général

RUBRIQUE EXPLICATION
Sa dénomination sociale doit être immédiatement précédée
Dénomination ou suivie en caractères lisibles des mots : “société anonyme”
ou du sigle “S.A.” et du mode d’administration de la société.
Nombre Au moins 3 actionnaires
d’actionnaires
Le capital minimum est de 10 millions de F CFA ou
l’équivalent en monnaie nationale. IL est divisé en actions
dont le montant nominal est librement fixé par les statuts. Le
montant nominal est exprimé en nombre entier.
Capital
Le capital de la société anonyme doit être entièrement
souscrit avant la date de la signature des statuts ou de la
tenue de l’assemblée générale constitutive.
Les actions représentant des apports en numéraire sont

- 161 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

libérées, lors de la souscription du capital, d’un quart au


moins de leur valeur nominale.
- L’Administrateur général est désigné par les statuts ou
l’assemblée générale ordinaire en cours de vie de la société
parmi les actionnaires ou en dehors d’eux.
- La durée du mandat de l’Administrateur général est
Fonctionnement déterminée dans les statuts et est comprise entre 2 et 6 ans.
de - L’administrateur général assume, sous sa responsabilité,
la société l’administration et la direction générale de la société. Il
convoque et préside les assemblées générales d’actionnaires.
Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toutes circonstances au nom de la société et les exerce dans
la limite de l’objet social…
Rémunération L’assemblée générale fixe la rémunération de
de l’Administrateur général.
l’administrateur
général
Contrôle de la La désignation d’un ou plusieurs commissaires aux comptes
Société est obligatoire quel que soit le chiffre d’affaires
Responsabilité Limitée à leurs apports dans la société
des
Actionnaires
En cas de résultat bénéficiaire, la répartition du bénéfice est
Répartition du
prévue par une clause des statuts, mais de nombreuses
résultat
dispositions légales lui imposent certaines règles.
Sauf dérogation, la SA avec Administrateur général est
redevable des impôts ci-après :
- La société paiera l’Impôt sur les Bénéfices et Profits au
taux de 30% au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle
de la réalisation des revenus ;
- La société paiera l’impôt mobilier, comme redevable légal,
Régime fiscal
au taux de 20% avant le 15 du mois qui suit celui du
paiement ou de la mise à disposition des revenus imposables
;
- La société retiendra et versera l’impôt professionnel sur les
rémunérations de son personnel national au taux maximum
de 30% avant le 15 du mois au cours duquel les

- 162 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

rémunérations ont été payées.


- Elle supporte l’IERE au taux de 25% si elle emploie le
personnel expatrié,
- Elle paiera les acomptes provisionnels de 40% chacun, sur
les bénéfices y compris les suppléments éventuels d’impôts,
calculés sur la base de l’impôt de l’exercice N-1,
respectivement avant le 1er août et le 1er décembre de
l’année,
- Elle collecte et reverse la TVA nette au plus tard le 15 du
mois qui suit celui de l’encaissement.
- l’IRL : l’impôt sur les revenus locatifs (comme bailleur) au
taux de 22% ou une retenue de 20% (comme locatrice) sur
les loyers au plus tard le 15 du mois qui suit celui de
paiement des loyers.
Régime
parafiscal

Ci-après un tableau récapitulatif des caractéristiques des différents types


d’entreprises.

Tableau n° 16 : Synthèse des régimes fiscaux et juridiques des différentes


entreprises.

Rubriques Type d’entreprises


Entreprise SNC/SCS SARL SA
Individuelle
Nombre 1 2 1 à 50 5
d’associés
Illimitée Illimitée avec Limitée Limitée aux
Responsabilité Solidarité aux Apports
Apports
Industrielle Parts sociales Parts Actions
Type de propriété
sociales
Créateur Gérant / Cogérants Gérant / Cons.
Cogérants d’Admist.
Organe de gestion
Adminst.
gén.

- 163 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Commerçant Commerciale par la Commerci Commercial


Nature forme ale e
commerciale par la par la forme
forme
Individuelle Société de Personnes Société de Société de
Forme sociétaire
Capitaux Capitaux
Forfait ou Droit commun ou Droit Droit
Droit régime dérogatoire commun commun ou
Régime fiscal commmun ou régime régime
dérogatoir dérogatoire
e
Régime parafiscal
CAC CAC obligatoire si le CAC CAC
facultative CA>250M obligatoir obligatoire
Contrôle e si le
CA>250
M
Pas de limite Pas de limite Plus ou Plus ou
Capital minimum moins 1 moins 10
exigé million de millions de
F CFA F CFA

1.6. SOCIETE ANONYME UNIPERSONNELLE

La société anonyme unipersonnelle ne comprend qu’un seul actionnaire.


Dans ce cas, les décisions qui doivent être prises en assemblée, sont prises par
cet actionnaire unique.

Dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice, l’actionnaire unique
prend donc toutes les décisions qui sont de la compétence de l’assemblée
générale (ordinaire ou extraordinaire ou annuelle). Ces décisions qui sont prises
au vu des rapports de l’administrateur général et du commissaire aux comptes
qui assistent aux assemblées générales, revêtent la forme de procès-verbaux.

1.7. SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEES (SAS)

- 164 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

La société par actions simplifiées est une société instituée par un ou


plusieurs associés et dont les statuts prévoient librement l’organisation et le
fonctionnement de la société sous réserve des règles impératives des actes
uniformes OHADA.

Les associés de la société par actions simplifiées ne sont responsables des


dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont représentés
par des actions.

Il existe deux types de SAS : une société avec une seule personne et une
société avec deux ou plusieurs personnes.

Tableau n° 17 : Régimes fiscal et juridique d’une société par actions


simplifiées

SAS avec une seule personne SAS avec plusieurs personnes


La dénomination est précédée ou La dénomination est précédée ou
suivie des mots « société par actions suivie des mots « société par actions
simplifiée unipersonnelle » ou SASU simplifiée » ou SAS
L’associé unique exerce les pouvoirs Les attributions du conseil
dévolus aux associés d’administration ou de son président
sont exercées par le président de la
société par actions simplifiée ou celui
ou ceux de ses dirigeants que les
statuts désignent à cet effet.
Le rapport de gestion, les comptes Les règles concernant les sociétés
annuels et, le cas échéant, les comptes anonymes sont quasi applicables à la
consolidés sont arrêtés par le président. société par actions simplifiée.
L’associé unique approuve les
comptes, après rapport des
commissaires aux comptes. Lorsqu’il
est lui-même président, le dépôt des
comptes vaut approbation.
La société par actions simplifiée ne peut faire appel public à l’épargne.
Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixés par
les statuts
Les règles fixant la responsabilité des membres du conseil d’administration des

- 165 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

sociétés anonymes sont applicables au président et aux dirigeants de la société


par actions simplifiée.

1.8. SOCIETE EN PARTICIPATION

La société en participation est celle dans laquelle les associés conviennent


qu’elle ne sera pas immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier
et qu’elle n’aura pas la personnalité morale. Elle n’est pas soumise à publicité.

Les associés conviennent librement de l’objet, de la durée, des conditions


du fonctionnement, des droits des associés, de la fin de la société en
participation sous réserve de ne pas déroger aux règles impératives des
dispositions communes aux sociétés, exception faite de celles qui sont relatives
à la personnalité morale.

A moins qu’une organisation différente n’ait été prévue, les rapports entre
associés sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif.

Les biens nécessaires à l’activité sociale sont mis à la disposition du


gérant de la société. Toutefois, chaque associé reste propriétaire de tout ou partie
des biens qu’il acquiert en vue de la réalisation de l’objet social. Chaque associé
contracte en son nom personnel et est seul engagé à l’égard des tiers.

Toutefois, si les associés agissent expressément en leur qualité d’associé


auprès des tiers, chacun de ceux qui ont agi est tenu par les engagements des
autres.

1.9. SOCIETE DE FAIT

Il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou


morales se comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une
des sociétés reconnues par l’Acte uniforme régissant le droit des sociétés
commerciales dans l’espace OHADA ou ont constitué entre elles une société
reconnue par cet Acte uniforme mais sans accomplir les formalités légales
constitutives. Lorsque l’existence d’une société de fait est reconnue par le juge,
les règles de la société à nom collectif sont applicables aux associés. Il en

- 166 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

découle aussi que du point de vue fiscal, le même régime fiscal que la société à
nom collectif lui est appliqué.

1.10. GROUPEMENT D’INTERÊT ÉCONOMIQUE (GIE)

Le groupement d’intérêt économique est celui qui a pour but exclusif de


mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter
ou à développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à
accroître les résultats de cette activité. Son activité doit se rattacher
essentiellement à l’activité économique de ses membres et ne peut avoir qu’un
caractère auxiliaire par rapport à celle-ci. Il ne donne pas lieu par lui-même à
réalisation et à partage des bénéfices. Il peut être constitué sans capital mais il
jouit de la personnalité morale.

1.11. SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE

La société coopérative est un groupement autonome de personnes


volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques,
sociaux et culturels communs, au moyen d’une entreprise dont la propriété et la
gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et selon
les principes coopératifs51.

Il existe plusieurs catégories de sociétés coopératives :

a) La société coopérative simplifiée : Elle est constituée entre cinq


personnes physiques ou morales au minimum décidée par l’assemblée
générale constitutive. La dénomination est précédée ou suivie par
l’expression « SCOOPS » ;

b) La société coopérative avec conseil d’administration : Elle est


constituée entre quinze (15) personnes physiques ou morales au moins
et porte une dénomination précédée ou suivie de l’expression
« COOP-CA ».

51
Yere I, Gestion des institutions financières au Congo, Notes de cours L1 Anglais Informatique des Affaires, UNIKIN, 2019.

- 167 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 18 : Régimes fiscal et juridique d’une société coopérative

RUBRIQUE EXPLICATION
Coopérateurs unis par le lien commun sur la base duquel
Qualité d’associés
la société a été créée
Adhésion, retrait Adhésion à la demande écrite, le retrait par écrit avec
et exclusion préavis et exclusion suivant les clauses des statuts.
Documents de Statuts et règlement intérieur
constitution
Les associés apportent, soit de l’argent, soit des biens en
nature, soit l’apport en industrie et reçoivent des titres
Types d’apports
sociaux dénommés parts sociales, en représentation de
leurs apports.
Ressources Fonds propres,
Les organes de gestion ou d’administration ont tout
pouvoir pour engager la société coopérative, sans avoir à
justifier d’un mandat spécial. Ces organes sont :
l’assemblée générale (tous les membres), le comité de
Fonctionnement
gestion ou le conseil d’administration, le conseil de
surveillance ou commission de surveillance, le
commissaire aux comptes (pour un CA supérieur à 100
millions de F CFA ou à son équivalent en monnaie locale)
Régime fiscal Identiques à toutes les autres entreprises
Régime parafiscal

SECTION 2 : REGIMES FISCAUX D’EXCEPTION

2.1. REGIME FISCAL APPLICABLE AUX ENTREPRISES DE


PETITE TAILLE
(Texte de base : Ordonnance-loi n° 13/006 du 23 février 2013 modifiée par la
loi de finances n° 14/002 du 31 janvier 2014)

Pour rappel, les Entreprises de petite taille sont subdivisées en :

- Petites Entreprises : dont le chiffre d’affaires est supérieur à


10.000.000 de francs congolais et inférieur à 80.000.000 de francs
congolais ;

- 168 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Microentreprises : dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 10.000.000


de francs congolais.

Les professions libérales et les professions constituées en charges ou


offices dont le chiffre d’affaires est inférieur à 80.000.000,00 de Francs
Congolais sont considérées comme Microentreprises et Petites Entreprises
suivant les conditions définies ci-dessus.

§ 1. Régime fiscal des microentreprises

Les Microentreprises acquittent un impôt forfaitaire annuel de 50.000


Francs Congolais, au moyen d’une déclaration auto liquidative, au plus tard le
30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus.

Les Microentreprises ne sont pas soumises à la vérification de


comptabilité. Elles sont d’ailleurs autorisées à ne tenir qu’une comptabilité
simplifiée. Les activités de l’Administration des Impôts se limitent au
recensement, à l’immatriculation, à l’éducation, à l’évaluation du chiffre
d’affaires et à la facilitation en vue du paiement de l’impôt forfaitaire.

Lorsque les circonstances l’exigent, le Ministre ayant les Finances dans


ses attributions est habilité à réajuster les chiffres limites des catégories des
Entreprises de petite taille et le montant de l’impôt forfaitaire annuel des
Microentreprises.

§ 2. Régime fiscal des petites entreprises

Les Petites Entreprises sont imposées, en matière d’impôt sur les bénéfices
et profits, sur le chiffre d’affaires annuel réalisé ou à raison de toute somme
proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an.

Aucune division des bénéfices provenant d’exploitation en commun n’est


admise entre les membres d’une même famille habitant ensemble. Les revenus
professionnels des époux sont cumulés quel que soit le régime matrimonial
adopté et la cotisation est établie au nom du mari (Article 63).

- 169 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Le taux de l’impôt sur les bénéfices et profits à charge des Petites


Entreprises est de 1% du chiffre d’affaires pour les activités de vente et 2%
pour les activités de prestation de services.

Lorsqu’un contribuable exerce à la fois les activités de vente et de service,


les chiffres d’affaires respectifs sont cumulés et imposés suivant l’activité
principale (article 6).

L’impôt sur les bénéfices et profits à charge des petites entreprises est
payé en deux quotités de 60% représentant l’acompte payable au plus tard le
31 janvier de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus et du solde de
40% payable au plus tard le 30 avril de la même année.

Les Petites Entreprises dont le chiffre d’affaires vient à dépasser, au cours


de deux années successives, la limite fixée précédemment, accèdent, sur
décision de l’Administration des Impôts, au régime de droit commun.

En cas de minoration avérée dans le chef de la Petite Entreprise ayant


faussé sa catégorisation, celle-ci est reclassée et imposée conformément au
régime de droit commun, sans préjudice des pénalités prévues par la Loi portant
réforme des procédures fiscales (article 8).

Les Petites Entreprises peuvent opter pour l’imposition selon le régime


de droit commun, à condition de formuler par écrit cette option avant
le 1er février de l’année de réalisation des revenus, et de remplir toutes
les obligations fiscales et comptables prévues par ce régime. Cette
option est définitive et irrévocable.

Les dispositions de droit commun relatives à l’identification, à la


déclaration, au contrôle, au recouvrement, aux garanties du Trésor, à la
réclamation, au recours et aux pénalités fiscales sont applicables aux Petites
Entreprises.

§ 3. Patente

Selon l’Ordonnance-loi n° 13/009 du 23 février 2013 modifiant et complétant


certaines dispositions de l’ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant
réglementation du Petit commerce, l’exercice du Petit commerce n’est subordonné
qu’à la détention d’une patente.

- 170 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

La patente est ainsi considérée comme une simple autorisation administrative


annuelle d’exercer le Petit commerce et non un impôt. Aussi, l’exercice du Petit
commerce n’est pas soumis à l’obligation de tenir l’ensemble des livres du
commerce.

2.2. REGIME FISCAL DES PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES ETRANGERES

Est considérée comme société étrangère, toute société qui n’est pas une
société de droit national. Est considérée comme société de droit national, la
société créée suivant la législation applicable en République Démocratique du
Congo et y ayant à la fois son siège social et son principal établissement
administratif.

Dans l’ensemble, les personnes physiques ou morales étrangères sont


soumises aux obligations fiscales suivantes :
- tenir au siège de leurs établissements situés en République
Démocratique du Congo une comptabilité spéciale des opérations
traitées par ces établissements ;
- exprimer cette comptabilité en Francs Congolais et en français suivant
les règles en vigueur en République Démocratique du Congo.

Les personnes physiques ou morales étrangères sont considérées comme


ayant un établissement en République Démocratique du Congo :
- soit lorsqu'elles disposent dans le pays d'une installation matérielle telle
que : siège de direction effective, succursales, fabriques, usines,
ateliers, agences, magasins, bureaux, laboratoires, comptoirs d'achats
ou de vente, dépôts, immeubles donnés en location, ainsi que toute
autre installation fixe ou permanente quelconque de caractère
productif ;
- soit, en l'absence d'installation matérielle, lorsqu'elles exercent
directement sous leur propre raison sociale, une activité
professionnelle pendant une période au moins égale à six mois.

La notion d’établissement suppose trois éléments : fixité ou permanence,


productivité et dépendance. Une installation est fixe lorsque son existence est

- 171 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

limitée par la durée du travail à effectuer. Elle est permanente lorsqu’aucune


limitation de durée ne peut être déterminée à priori.

Pour qu’il y ait établissement stable, il faut en outre que l’installation ait un
caractère productif, qu’elle soit génératrice de revenus. Ainsi, un bureau d’études
qui a pour tâche d’effectuer des travaux préliminaires à l’installation d’une
entreprise étrangère ne peut être considéré comme établissement stable, quelle qu’en
soit la durée. En revanche, un tel bureau qui se livrerait à des études pour compte
d’autres entreprises tomberait sous le coup d’établissement stable.

Les personnes physiques ou morales étrangères qui exercent une activité en


République Démocratique du Congo sont imposables sur les bénéfices
réalisés par leurs établissements permanents ou leurs établissements fixes
qui y sont situés (article 68).

Les dépenses faites dans ces établissements en vue d’acquérir et de conserver


les bénéfices sont admises comme charges professionnelles déductibles des revenus
imposables.

Ne sont pas admis en déduction des bénéfices réalisés par les établissements
de la République Démocratique du Congo :

▪ les bénéfices réalisés par les établissements de la République


Démocratique du Congo, les frais généraux et frais d’administration du
siège social, du principal établissement ou de la direction générale se
trouvant à l’étranger;
▪ les frais exposés à l’étranger par la personne physique ou morale
étrangère.

Les pertes subies dans les établissements étrangers des redevables, pendant
l'année de réalisation des revenus en République Démocratique du Congo, ne
peuvent, en aucun cas, influencer, du point de vue fiscal, les résultats des
exploitations en République Démocratique du Congo.

2.3. REGIME FISCAL DES SOCIETES MINIERES

Le code minier reprend de manière exhaustive et limitative les impôts


auxquels l’activité minière est assujettie. La législation fiscale de droit commun ne
s’applique à l’activité minière qu’en cas de renvoi exprès par le Code minier.

- 172 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 1. Régimes fiscaux des sociétés minières

Le Code minier organise concrètement trois régimes fiscaux pour les mines :

1) le régime fiscal de base pour l’exploitation industrielle (titulaire de


droit minier) ;
2) le régime fiscal applicable à l’exploitation artisanale (exploitants
artisanaux, négociants et comptoirs agrées) ;
3) le régime fiscal applicable à l’exploitation minière à petite échelle.

Compréhension de quelques concepts


Concept Définition
Est titulaire de droit minier, toute personne au nom de laquelle
un droit minier ou de carrière est accordé et un titre minier ou
Un Titulaire un titre de carrières est établi, conformément aux dispositions
de droit du Code minier et qui réalise ou fait réaliser les opérations
minier autorisées en vertu de son titre minier ou de carrières.
L’amodiataire est assimilé au titulaire ;
On entend par Comptoir agréé, toute personne autorisée à
acheter des substances minérales d’exploitation artisanale
Comptoir
provenant des négociants ou des exploitants artisanaux, en vue
agréé
de les revendre localement ou de les exporter conformément
aux dispositions du Code minier ;
Par exploitation artisanale, il faut entendre, toute activité par
laquelle une personne physique de nationalité congolaise se
Exploitation livre, dans une zone d’exploitation artisanale délimitée en
Artisanale surface et en profondeur jusqu’à trente mètres au maximum, à
extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant
des outils, des méthodes et des procédés non industriels.
Une exploitation minière à petite échelle comprend toute
Exploitation activité par laquelle une personne se livre à une exploitation de
Minière à petite taille et permanente, exigeant un minimum
Petite Echelle d’installations fixes en utilisant des procédés semi-industriels
ou industriels, après la mise en évidence d’un gisement

§ 2. Synthèse de la fiscalité du secteur minier

Les tableaux ci-dessous font des synthèses des régimes fiscaux des
entreprises du secteur minier :

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 19. Synthèse du régime fiscal des sociétés minières (exploitants


industriels)

Régime fiscal des exploitants industriels


- Le titulaire de droit minier ;
- L’amodiataire est assimilé au titulaire ;
Sont concernés
- Les sociétés affiliées ;
- Les sous-traitants.
- Sous réserve de quelques dérogations, les impôts suivants sont
dus et assujettis au droit commun comme redevable réel ou
Impôts et taxes légal : l’I.V, l’I.S.C.M.H, l’I.F, l’I.M, l’I.B.P, l’I.R.L, l’I.P.R,
dus l’I.E.R.E, TVA, la T.S.C.R.
- A cela, il faut ajouter les droits superficiaires et la redevance
minière.
- L’impôt foncier est dû uniquement sur les immeubles pour
lesquels l’ISCMH n’est pas dû.
- L’impôt sur les véhicules n’est pas dû sur les véhicules de
transport de personnes ou de matériaux, de manutention ou de
traction, utilisés exclusivement dans l’enceinte du projet minier.
- Les recettes de la redevance minière sont distribuées en raison
de 60% au Gouvernement Central, 25 % à la Province où se
trouve le projet et 15 % à la Ville ou le Territoire.
- L’impôt mobilier sur les intérêts des emprunts contractés en
devises à l’étranger est exempté;
- les dividendes et autres distributions versés aux actionnaires
sont assujettis à l’impôt mobilier au taux de 10%.
Quelques - Le titulaire est redevable de l’IERE au taux de 10%.
dérogations - Le titulaire est redevable de l’impôt sur les bénéfices au taux
par rapport au de 30%.
Droit Commun - Le titulaire peut tenir sa comptabilité en monnaie étrangère
cotée par la Banque Centrale du Congo.
- Quant aux amortissements : la première annuité de
l’amortissement exceptionnel est égale à 60%. Le montant des
dépenses de recherche et de développement réalisées, autres que
celles liées à l’acquisition d’immobilisations, est amorti pendant
les deux exercices suivants en raison de 50% l’an.
- La redevance minière est déductible de la base imposable à
l’impôt sur les bénéfices.
- Le titulaire est autorisé à constituer, en franchise de l’impôt
sur les bénéfices, une provision de 5% pour reconstitution de
gisement à utiliser avant l’expiration d’un délai de trois ans à
compter de la clôture de l’exercice au cours duquel la provision

- 174 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

a été constituée.

Tableau n° 20. Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers artisanaux

Régime fiscal des exploitants artisanaux


On distingue dans cette catégorie :
- les comptoirs agréés ;
Sont concernés
- les négociants ;
- les exploitants artisanaux.
Sous réserve de quelques dérogations, les impôts suivants sont
Impôts et taxes dus et assujettis au droit commun comme redevable réel ou
dus légal : l’I.V, l’I.M, l’I.B.P, l’I.R.L, l’I.P.R, l’I.E.R.E, la TVA,
la T.S.C.R.
Le régime douanier et parafiscal applicable porte sur les taxes et
redevances suivantes :

a) pour les exploitants artisanaux :


- le droit d’entrée et la TVA à l’importation pour le petit
matériel, équipements, liés à l’exploitation artisanale,
- le droit d’entrée pour réactifs,
- la taxe rémunératoire sur la carte d’exploitant artisanal ;

b) pour les négociants :


- la taxe rémunératoire sur la carte de négociant.

c) Pour les comptoirs agréés :


- la redevance annuelle anticipative à payer au trésor public, lors
Quelques de l’agrément du comptoir et du renouvellement de celui-ci ;
dérogations - la caution à payer lors de l’agrément ;
par rapport au - la taxe ad valorem, les droits de sortie, les taxes
Droit Commun rémunératoires pour les services intervenants ;
- la taxe d’intérêt commun de 1% sur les transactions d’or et de
diamant ;
- les impôts et taxes pour lesquels les comptoirs agréés sont des
redevables légaux ;
- la taxe rémunératoire sur la carte de travail d’étranger.

En ce qui concerne les comptoirs agréés, l’Arrêté


Interministériel (finances et mines) détermine les taux des
différentes taxes et redevances ci-dessus et également les
valeurs minimales des achats annuels et les quotités
trimestrielles d’achat des substances minérales précieuses ainsi
que les modalités de la caution et de la perception des

- 175 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

redevances et taxes visées.

Tableau n° 21. Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers à petite


échelle

Régime fiscal des exploitants à petite échelle


Exploitation de petite taille et permanente, exigeant un
minimum d’installations fixes en utilisant des procédés semi-
Sont concernés
industriels ou industriels, après la mise en évidence d’un
gisement
- Le paiement d’un forfait de 10% du chiffre d’affaires des
Impôts et taxes produits marchands exempte le titulaire du paiement de la
dus redevance minière, de l’I.M, de l’IBP, de l’IERE et, de la TVA.
- Les autres impôts dus sont : l’IF, l’I.V, l’IRL, l’IPR, la TSCR.
Quelques
L’exploitant de la mine à petite échelle peut opter soit de
dérogations
demeurer dans le régime de taxation unique soit d’être régi par
par rapport au
les dispositions du droit commun. L’option ainsi faite est
Droit Commun
irrévocable.

2.4. REGIME FISCAL DES SOCIETES PETROLIERES52

§ 1. Phases de l’industrie pétrolière

La chaine pétrolière est composée de l’amont et de l’aval pétroliers

L’amont pétrolier comprend trois phases, à savoir :

1) L’exploration : il s’agit des opérations de recherche en vue de la


découverte d’un gisement (étude géologique et géophysique, forage
d’exploration, évaluation des réserves, études sismiques, analyse des
données…) ;

2) Le développement : opération qui consiste en la mise en place des


installations et des équipements de production pour assurer
l’exploitation du gisement (équipement de traitement, de comptage et
des systèmes d’évacuation, détermination du nombre optimal des
puits…) ;

3) L’exploitation : il consiste en l’ensemble des opérations assurant la


bonne marche des installations de production (meilleure extraction
52 Ces données sont tirées d’un séminaire de formation des cadres de la Direction Générale des Impôts par l’Expert MAPOTI SAYA.

- 176 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

des hydrocarbures et amélioration de la production. Il s’agit de


maximiser la montée des hydrocarbures.

L’aval pétrolier est composé de quatre activités principales :

1) Le transport : Le transport se fait de quatre façons, à savoir : la voie


maritime, la voie ferroviaire, la voie routière et les pipelines. Le brut
est toujours transporté par voie maritime.

2) Le raffinage : opération et procédés qui consistent à transformer le


pétrole brut (un mélange des millions des composés chimiques) en
produits finis. Les produits finis comprennent, d’une part les produits
blancs (essences, pétrole léger ou kérosène et lourd, gasoil etc.) et,
d’autre part, les produits lourds (fuel ou fomi, huiles de base ou SAE,
graisse, asphalte, bitume) ainsi que les produits volatiles (paraffines,
propane, butane etc.).

3) La distribution : elle se fait par le truchement des entreprises


commerciales.

4) L’industrie chimique : s’occupe du raffinage et de la production des


produits dérivés (SAE 40, 90, etc.).

§ 2. Cadre juridique du secteur des hydrocarbures en RDC53

A. L’Ordonnance-Loi 81-013 du 02 avril 1981 portant législation


générale sur les mines et les hydrocarbures

Les secteurs des mines et des hydrocarbures était régi au départ par
l’Ordonnance-loi n° 67-231 du 11 mai 1967, modifiée et complétée par
l’Ordonnance-Loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les
mines et les hydrocarbures. Mais avec la promulgation du Code minier (Loi n°
007/2002 du 15 juillet 2002), la Loi sus évoquée n’a gardé que les dispositions
en rapport avec les hydrocarbures, précisément à partir des articles 79 et les
suivant. Bien que modifiée et complétée par la suite (Ord. Loi n° 82-039 du
5/11/1982 et Loi n° 86-008 du 27/12/1986), la loi n° 81-013 est resté l’unique
texte applicable au secteur jusqu’à la promulgation de la Loi n° 15/012 du 01
août 2015.

53
Données tirées du séminaire de formation sur la fiscalité du secteur des hydrocarbures animé en faveur des agents et cadres de la DGI par
les Experts BAFALA et MAPOTI en août 2017

- 177 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

B. La Loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général des


hydrocarbures

Cette loi crée quatre zones fiscales (Zones A à D) suivant les


caractéristiques géologiques et environnementales de chacune d’elle.

Comme le souligne le Docteur MAPOTI SAYA, la fiscalité pétrolière


congolaise est un système dualiste, elle reprend à la fois, les
dispositions fiscales du droit commun, et les dispositions
conventionnelles avec des prélèvements fiscaux et parafiscaux
particuliers.

§ 2. Types de contrats dans le secteur pétrolier en RDC

Type de Contrat Contenu


- Le sol et le sous-sol étant une propriété de l’Etat
Congolais selon la loi Bakajika, l’Etat n’accorde aux
compagnies pétrolières que l’autorisation d’exploiter le
pétrole.
- La concession pétrolière est un acte par lequel un Etat
a) Le contrat de accorde à un tiers, pendant une certaine durée et sur une
concession ou certaine superficie, le droit exclusif de rechercher des
convention. gisements d’hydrocarbures et, en cas de découverte, le
droit exclusif d’exploitation des produits et d’en disposer
librement, sous réserve de remplir certaines obligations
techniques, financières et économiques.54
Il s’agit de l’accord aux termes desquels, le groupe
pétrolier qui a financé tous les investissements de
recherche et de développement du gisement découvert,
amortit ses frais par la cession d’une quote-part de la
production et, est rémunéré en recevant gratuitement une
part de production restante.

- Par ce contrat, le titulaire assure le financement de ces


b) Le contrat de
opérations pétrolières, tandis que la production
partage de
d’hydrocarbures est affectée au remboursement des coûts
production
pétroliers effectivement supportés par le titulaire, pour la
réalisation des opérations pétrolières.

- Cette part est appelée, « costoil » ou « production pour

54 J. Devaux-Charbonnel repris par KIBUEY, p325.

- 178 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

la récupération des coûts ». Le solde de la production


totale d’hydrocarbures, après déduction de la part
prélevée au titre du costoil ou « profit oil » ou
« production pour la rémunération » est partagé entre
l’Etat et le titulaire, selon les modalités fixées par le
contrat pétrolier.
Il s’apparente aux contrats de partage de production, mais
avec la différence essentielle que, le remboursement de
ses dépenses et la rémunération de ses services sont
établis sur une base monétaire, ce contrat prévoit une
rémunération par une partie de la production
c) Le contrat de
d’hydrocarbures qui comprennent les hydrocarbures
services
liquides et le gaz naturel découverts et/ou produits sur la
zone de permis.
Dans ce cas, les compagnies sont rémunérées par le pays
d’accueil pour les services qu’elles fournissent, elles
n’assurent pas la commercialisation de la production et ne
peuvent donc bénéficier du cours du brut.

§ 3. Prélèvements fiscaux dans les cas de conventions

Il sied de souligner que l’Ordonnance-loi n° n° 67-231 du 11 mai 1967


consacre déjà, à son époque, une fiscalité basée sur les contrats de concessions.
Autrement dit, le régime fiscal à appliquer aux entreprises pétrolières est celui
qui est issu de la convention signée avec la République Démocratique du Congo.
Aussi, à ce jour, malgré le nouveau code des hydrocarbures, les conventions
signées à l’époque restent en vigueur jusqu’à leurs expirations suivant les durées
convenues entre les deux parties. En République Démocratique du Congo, il
existe deux conventions pétrolières : celle du 09 et celle du 11 août 1969, selon
qu’il s’agit de l’offshore (pétrole sur mer) ou de l’on shore (pétrole sur terre).

Tableau n° 22. Synthèse des prélèvements fiscaux et parafiscaux des


sociétés pétrolières

Service de l’Etat Fiscalité en Offshore Fiscalité en on shore


(dans l’océan) (sur la terre)
IPR selon le barème IPR selon le barème
progressif progressif
IBP à 35% sur le IBP à 35% sur le bénéfice
DGI
bénéfice net payables net payables par avances
par avances mensuelles de 20% des

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mensuelles de 75% bénéfices prévisionnels.


des bénéfices
prévisionnels.
Taxe de statistique : Royaltie de 12,5% de la
1% du chiffre production fiscalisée à la
d’affaires FOB (la valeur des exportations.
production fiscalisée).
Taxe sur la marge
Participation
distribuable : 40% de
Sonahydroc : 15% du
ladite marge.solde (Bénéfice – IBP) de
participation seulement
DGRAD
dans LIREX.
Taxe de participation : Taxe de participation de
20% de 60% restant l’Etat : 15% du solde
de la marge (Bénéfice – IBP).
distribuable (ou marge
de participation.
Un budget de : Un budget de :
- 150.000 $ pour le - 60.000 $ pour le social
social et le du territoire ;
développement du - 150.000 $ pour la
OBLIGATIONS
territoire ; formation de personnel
CONVENTIONNELLES
- 150.000 $ pour la Etatique ;
formation de - 150.000 $ pour la
personnel Etatique. formation
LIREX/Sonahydroc
I. Marge distribuable : la différence entre le chiffre d’affaires et les dépenses
opérationnelles, y compris la taxe
statistique comme dépense déductible.
II. Production fiscalisée : production nette diminuée des coûts de transport et de
stockage jusqu’au point d’enlèvement.

Il sied de signaler que trois entreprises de droit étranger qui exploitent en


Offshore (Muanda International Oil Compagny, TEIKOKU et ODS Chevron) et
deux entreprises de droit congolais ( Lirex et Perenco Rep).

§ 4. Prélèvements fiscaux et parafiscaux dans le cadre de la Loi n° 15/012

Pour rappel, le régime fiscal selon la Loi n° 15/012 du 1er août 2015 ne
s’applique pas aux conventions déjà signées avec la République jusqu’à leur
terme. Sans préjudice des exonérations accordées par la Loi, ce régime institue
des impôts, taxes et redevances ci-après à charge des contractants :

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✓ les royalties : Les royalties sont prélevées sur la quantité des


hydrocarbures produits à la tête du puits, déduction faite des eaux et des
sédiments produits, des quantités utilisées dans les opérations pétrolières
et des coûts de transport et des installations de production jusqu’au point
d’exploration ;

✓ la part du profit-oil : C’est la part résiduelle de la production qui se


dégage après le prélèvement des royalties et du cost stop, laquelle est
partagée entre l’Etat et le contractant, suivant un barème progressif ;

✓ la part de l’excess-oil de l’Etat ;

✓ les bonus de signature, de droit d’exploration, de renouvellement de droit


d’exploration, de renouvellement de droit d’exploitation, de l’avenant, de
la première production ;

✓ la redevance superficiaire : Les redevances sont liées à la production et à


la superficie. Elles sont dues même si le résultat est négatif. Elle est payée
annuellement et est calculée sur base de la superficie du bloc en phase
d’exploration ou du bloc en phase d’exploitation ;

✓ la taxe statistique ;

✓ le paiement d’un document administratif ;

✓ l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié ;

✓ l’impôt professionnel sur les rémunérations des nationaux ;

✓ la taxe sur la valeur ajoutée à l’intérieure sur la consommation locale en


phase d’exploitation ;

✓ la taxe sur toute forme de cession de droits ou d’intérêts en phase


d’exploitation.

En plus, une prime dont la hauteur est fixée par rapport aux zones fiscales
prévues par l’article 124 de la loi sus évoquée, est payée à l’Etat à la survenance
des événements suivants : la signature du contrat par les parties,
l’enregistrement de droit d’exploration, le renouvellement du droit
d’exploitation, la signature de l’avenant et la production du premier baril.

Au titre du régime douanier, les activités des hydrocarbures en amont sont


soumises au régime du droit commun à l’exception des opérations d’importation

- 181 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

et d’exportation des biens spécifiquement destinés aux opérations pétrolières et


les opérations d’exportation d’hydrocarbures bruts.

2.4.1. CALCUL DE L’IMPOT SUR LA SUPERFICIE DES CONCESSIONS


MINIERES ET DES HYDROCARBURES

(Texte de base : Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969 relative aux


impôts réels telle que modifiée et complétée à ce jour)

§ 1. Redevables, période imposable et débition de l’impôt

L'impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures est dû


par ceux qui sont titulaires d'une concession accordée soit pour l'exploitation, soit
pour la recherche à titre exclusif. L'impôt est dû pour l'année entière si les éléments
imposables existent dès le mois de janvier sinon aucun impôt n’est dû.

§ 2. Taux de l’impôt

Le taux de l’impôt sur la superficie des concessions minières et


d’hydrocarbures est fixé, en ce qui concerne les concessions d’hydrocarbures
à (article 54):
1°) 0,04 Ff par hectare de concession ayant pour objet l’exploitation
d’hydrocarbures ;
2°) 0,02 Ff par hectare de concession ayant pour objet le droit de rechercher,
à titre exclusif, une ou plusieurs substances d’hydrocarbures. Il n’est pas tenu
compte des fractions d’hectare.

Ce taux sera augmenté de 50% pour la deuxième année, 75% pour la


troisième année, 100% pour les années suivantes.

Selon l’article 238 de la Loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code


Minier, le titulaire d’un permis de recherches est redevable de l’impôt sur la
superficie des concessions minières et d’hydrocarbures aux taux en francs congolais
équivalent à :
- 0,02 USD par hectare pour la première année ;
- 0,03 USD par hectare pour la deuxième année ;
- 0,035 USD par hectare pour la troisième année ;
- 0,04 USD par hectare pour les autres années suivantes (article 238 du
code minier).

- 182 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Le titulaire d’un droit minier d’exploitation est redevable de l’impôt sur la


superficie des concessions minières et d’hydrocarbures aux taux en francs congolais
équivalent à :
- 0,04 USD par hectare pour la première année ;
- 0,06 USD par hectare pour la deuxième année ;
- 0,07 USD par hectare pour la troisième année ;
- 0,08 USD par hectare pour les autres années suivantes.

En application de l’article 325 du code minier, les montants exprimés des


droits, taxes, impôts et amendes prévus dans le code et règlement minier, les taux de
l’impôt sur la superficie des concessions minières par hectare sont ajustés
conformément au tableau ci-dessous :

Tableau n° 23. Les taux de l’impôt sur la superficie des concessions minières
par hectare

Année Année Anné Anné Anné Anné Anné Anné Année Année
1 2 e3 e4 e5 e6 e7 e8 9 X
Permis de recherche 0,0241 0,0361 0,024 0,048 0,048 0,048 0,048 0,048 0,0481 0,0481
($) 1 1 1 1 1 1
Permis 0,0481 0,0722 0,084 0,096 0,096 0,096 0,096 0,096 0,0963 0,0963
d’exploitation des 2 3 3 3 3 3
petites mines ($)
Permis 0,0481 0,0722 0,084 0,096 0,096 0,096 0,096 0,096 0,0963 0,0963
d’exploitation ($) 2 3 3 3 3 3
Permis 0,0481 0,0722 0,084 0,096 0,096 0,096 0,096 0,096 0,0963 0,0963
d’exploitation des 2 3 3 3 3 3
rejets ($)

2.4.1.1 La fiscalité des hydrocarbures en RDC.

Elle est comprise comme un instrument de la politique pétrolière à


travers laquelle l’Etat exerce sa souveraineté sur les ressources pétrolières en
contrôlant les consortium ou les compagnies exploitant dans le territoire
national.
Fondamentalement, la fiscalité pétrolière assure la promotion de la
production pétrolière à un niveau rentable et, à maximiser les recettes fiscales
que l’Etat y retire.
Vu l’importance que prend de plus en plus le secteur des hydrocarbures avec
les conclusions des pré-explorations prometteuses, la RDC, aujourd’hui
producteur de +/- 25 000 barils par jour à Muanda ; pourrait devenir un géant.
Ce secteur étant très stratégique, pourvoyeur des ressources financières
importantes , ce qui a valu le terme « or noir » au pétrole, nécessite de gros
investissements (financiers et matériels) et une fiscalité dérogatoire au droit
commun.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

A l’absence d’un code des hydrocarbures (le projet en discussion au


Parlement), c’est le régime conventionnel qui est appliqué.
Les différents conventions et contrats pétroliers sont signés entre les
compagnies pétrolières et l’Etat Congolais , les uns sont en phase des
recherches , les autres en exploitation.

§ 1. Les conventions et les contrats pétroliers.


Le pétrole brut enfoui dans le sous-sol est, en principe, la propriété de
l’Etat. Son exploitation est soumise à une autorisation de celui-ci, d’où, l’octroi
des titres d’hydrocarbures.
Il existe plusieurs types de conventions d’hydrocarbures.
Pour le Professeur BAKANDEJA wa MPUNGU ; une convention
pétrolière se réfère à ’tout contrat type conclu par l’Etat avec une ou des
sociétés pétrolières pour effectuer, à titre exclusif, la recherche et l’exploitation
des hydrocarbures à l’intérieur d’un périmètre bien défini’’.55
De nos jours, trois principaux types des contrats ou conventions sont
plus utilisés :
• Le contrat de concession ;
• Le contrat de services ;
• le contrat de partage de production (CPP).
Toutefois, une autre variante du contrat est observée en Iran : le contrat de buy-
back.

A. Le Contrat de Concession.

Ce contrat est le premier à être utilisé dans le secteur pétrolier, il mettait la


production du pétrole sous le contrôle entier des compagnies possédant à la
fois, les capitaux et la technologie.
La concession est la conséquence logique du principe de domanialité publique
du sol et du sous-sol, laquelle implique que les compagnies exploitantes
privées n’intègrent le secteur qu’à la suite de l’autorisation accordée par l’Etat à
travers un contrat dit de concession.
J. Devaux-Charbonnel définit la concession pétrolière comme un acte par
lequel un Etat accorde à un tiers, pendant une certaine durée et sur une certaine
superficie, le droit exclusif de rechercher des gisements d’hydrocarbures et, en
cas de découverte, le droit exclusif d’exploitation des produits et d’en disposer
librement, sous réserve de remplir certaines obligations techniques, financières et
économiques.56

55 BAKANDEJA wa MPUNGU Grégoire : op.cit. p.233


56 J. Devaux-Charbonnel repris par BAKANDEJA wa MPUNGU, op. cit., p.235.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

B. Le contrat de partage de production.

Il s’agit de l’accord aux termes desquels, le groupe pétrolier qui a financé


tous les investissements de recherche et de développement du gisement découvert,
amortit ses frais par la cession d’une quote-part de la production et, est rémunéré
en recevant gratuitement une part de production restante.57
Par ce contrat, le titulaire assure le financement de ces opérations
pétrolières, tandis que la production d’hydrocarbures est affectée au remboursement
des coûts pétroliers effectivement supportés par le titulaire, pour la réalisation des
opérations pétrolières.
Cette part est appelée, « costoil » ou « production pour la récupération des
coûts ». Le solde de la production totale d’hydrocarbures, après déduction de la part
prélevée au titre du costoil, communément appelé « profit oil » ou « production pour
la rémunération» est partagé entre l’Etat et le titulaire, selon les modalités fixées par
le contrat pétrolier.
En vertu de la nouvelle orientation accordée au contrat de partage de
production en RDC, les relations entre l’Etat et les contracteurs inspirèrent du cadre
d’une association, l’Etat étant directement intégré dans la réalisation des travaux
pétroliers en participant avec une voix délibérative au comité d’opérations et par
l’intermédiaire de la société nationale à toutes les activités pétrolières.
Bien que l’Etat soit propriétaire des ressources de son sous-sol en vertu du
principe de la domanialité publique des mines, les hydrocarbures deviennent une
propriété indivise au passage de la tête du puits, ce qui matérialise clairement
l’association.58
L’intérêt de ce type de contrat, d’après BAKANDEJA. W, se situe dans
l’approvisionnement énergétique et dans l’acquisition progressive, sans frais,
des infrastructures pétrolières.
Dans le premier cas, l’Etat peut mettre en place des industries de
transformation non dépendante du marché mondial et, dans le second cas, c’est la
liquidation du costoil qui permet à l’Etat d’accéder progressivement à la propriété
des installations et des infrastructures.
Les partenaires sont associés dans le résultat de l’exploitation, et se
partagent le profit oil suivant le prorata de répartition figurant dans le contrat de
partage de production.
Ceci permet à l’Etat de bénéficier du savoir-faire et du transfert de technologie, et
de se construire une industrie d’hydrocarbures personnelles.59
Le consortium s’engage à exécuter et à financer, à ses risques, toutes les
opérations d’exploration, de développement et de production et, en contrepartie, il
dispose d’une partie de la production ; le « costoil » dont la vente permettra le

57 J. DEVAUX- CHARBONNEL, repris par BAKANDEJA wa MPUNGU, op. cit. p.241


58 BAKANDEJA wa MPUTU Grégoire, op. cit. p. 243.
59Idem, p.244.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

remboursement de toutes les dépenses : les investissements et les coûts


opérationnels.
Le costoil est donc la part de la production destinée au recouvrement des
dépenses d’exploration, de développement et d’exploitation réalisées dans le cadre
du contrat de partage de production.

Schématiquement :
Costoil (coûts pétroliers) = coûts d’exploration + coûts de développement + couts
d’opérations.

LE PROFIT OIL.
Est le solde de la production qui est ensuite partagé, dans des
proportions et suivant des modalités définies, avec l’Etat (ou la société nationale
désignée par lui).
Ainsi,
La production nette = Production brute-Redevances.
Profit oil = Production nette – cost oil.

B.1 Les désavantages du Contrat de Partage de la Production.

1. Les compagnies, souvent étrangères, prétendent toujours cumuler les


investissements, réels ou non, et de prolonger infiniment ses prérogatives ;

2. La part élevée, entre 60% et 70%, des revenus accordées aux majors pendant
la période d’amortissement allant jusqu’à 40 ans ;

Une tentative d’explication de cette part élevée des majors par la situation
sécuritaire du pays d’accueil. Les majors exigent de solides garanties de retour
d’investissements.
3. Signer le contrat de partage de production avec un pays à déficit d’expertise, en
matière pétrolière, constitue une garantie pour tirer le drap de son coté, quand
on sait que par le pétrole, les intérêts des compagnies pétrolières et ceux de leurs
Etats se rencontrent.

C. Le contrat de service.

Il s’apparente aux contrats de partage de production, mais avec la différence


essentielle que, le remboursement de ses dépenses et la rémunération de ses
services sont établis sur une base monétaire. Ce contrat prévoit une rémunération du
titulaire en espèces, au lieu d’une rémunération par une partie de la production
d’hydrocarbures.
Dans ce cas, les compagnies sont rémunérées par le pays d’accueil pour les
services qu’elles fournissent, elles n’assurent pas la commercialisation de la

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

production et ne peuvent donc bénéficier du cours du brut. En d’autres termes, le


contrat de services est celui par lequel un tiers procède, pour le compte de l’Etat ou
de la société nationale, à ses propres risques et frais, ou sur financement de l’Etat, en
cas de contrat d’assistance technique, à la réalisation de tout ou partie des travaux
pétroliers pour la mise en valeur d’un bloc moyennant une rémunération adéquate
en espèces.60
Une autre variante de contrat est utilisée par l’Iran compte tenu des
réalités de ce pays, il s’agit du contrat qui suit :

D. Le contrat de buy-back.
Ce type de contrat est proposé par l’Iran dont la constitution n’autorise
pas que les firmes étrangères détiennent des droits sur une ressource
nationale. A l’issue d’une période de moyen terme (sept ans en général) , les
compagnies doivent restituer à l’Etat les investissements qu’elles ont effectués.
La rémunération à taux fixe se fait par prélèvement d’une partie de la
production.61

§4 : Quelques Concepts de base dans la fiscalité Pétrolière en RD CONGO62


Certains concepts sont récurrents dans la fiscalité pétrolière Congolaise ,
il s’agit de :

A. Le back costs.
Ce sont des coûts engagés par l’opérateur au nom du contractant, pour
les travaux en relation avec le contrat avant la date d’entrée en vigueur : les
coûts de rédaction, les dépenses du personnel de l’opérateur, le financement des
visites des représentants de la RDC.

B. Le contrat d’association ou « Joint Operanting Agreement » JOA


Le contrat conclu entre les entités constituant le contractant, ses annexes
et ses avenants, pour la réalisation en association des travaux pétroliers.

C. Les hydrocarbures.
Il s’agit des hydrocarbures liquides et le gaz naturel découverts et/ou
produits sur la zone de permis.

D. La ZERE.
La zone exclusive de reconnaissance et d’exploration pour une durée de
cinq ans renouvelable deux fois.

60
Loi n° 15/012 du 1/08/2015 portant Régime Général des Hydrocarbures, Kinshasa, Journal Officiel du 23 avril 2016, p.9.
61 S. FURFARI, cité par BAKANDEJA wa MPUNGU, op. cit. p.245
62 Le Contrat de partage de Production CPP RDC – ENERGULF AFRICA Ltd & COHYDRO, Kinshasa 16/11/2005 pp. 4-

5.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

E. La production nette.

C’est la production totale des hydrocarbures liquides diminuée de


toutes eaux et de tous sédiments produits, de toutes quantités des
hydrocarbures réinjectées dans le gisement, utilisées ou perdues au cours
des travaux pétroliers.

F. La production fiscalisée.
C’est la production nette diminuée des coûts de transport et de
stockage jusqu’au point d’enlèvement.
§ 5 : Les Ressources Financières Issues du Pétrole.
L’exploitation pétrolière produit, généralement, six catégories
différentes des ressources financières :
1. Le bonus : il peut être le bonus de signature, de découverte, de mise en
production…
2. Les redevances proportionnelles et les royalties liées à la production et à la
superficie. Elles sont dues même si le résultat est négatif.
3. Les impôts et les prélèvements divers calculés sur les bénéfices ou les
profits : l’impôt sur les bénéfices, l’impôt spécial, le partage du profit-oil, les
dividendes, les parts d’actionnaires…
4. Les revenus indirects comme les droits de douanes , l’impôt sur les
salaires, les autres impôts indirects et la parafiscalité : la sécurité sociale,
les frais de formation…
5. Les cessions d’actifs et de participations.
6. Les subventions versées et autres versements effectués suite à des appels
de fonds et des participations aux travaux.

§ 6 : Le Cadre Juridique de base du Secteur des Hydrocarbures En R.D


Congo.
• Les secteurs des mines et des hydrocarbures ont toujours été
encadrés par un même texte législatif, il s’agit de l’Ordonnance-loi n°
67-231 du 11 mai 1967, modifiée et complétée par l’Ordonnance-Loi
n°81-013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines
et les hydrocarbures.
• La loi n° 007/2002 du 15 juillet 2002 portant Code Minier crée la
séparation de ces deux secteurs, en laissant les activités des
hydrocarbures dans l’ancienne loi.
• Pris dans l’ensemble, le secteur pétrolier en RDC comprend d’une part ;
les entreprises productrices des hydrocarbures liquides et gazeuses et
d’autre part , les entreprises de raffinage des bruts, et celles de
distributions des produits pétroliers ( déjà raffinés).

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

• La fiscalité pétrolière congolaise est un système dualiste, elle reprend à


la fois, les dispositions fiscales du droit commun, et les dispositions
conventionnelles avec des prélèvements fiscaux et para fiscaux
particuliers.
• Les sociétés exploitantes sont soumises aux régimes fiscaux
particuliers résultant des conventions.
§7 : L’architecture de la fiscalité des Hydrocarbures EN RDC.

La fiscalité pétrolière est une des ressources financières de l'Etat


Congolais, elle a un impact important sur son budget.
Deux architectures se présentent selon qu’on est en offshore ou en onshore.

§ 8 : La fiscalité en offshore.

Les prélèvements sont opérés à la fois par la DGRAD et par la


DGI.

Par la DGRAD :

- La taxe de statistique 1% du Chiffre d’affaires (la production


fiscalisée) ;
- La taxe sur la marge distribuable 40 % de la marge distribuable ;
- La taxe de participation 20 % de la M.D,

Par la DGI :

- L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) selon le barème à


taux progressifs ;
- L’impôt sur les bénéfices et profits est passé de 40% à 35 % sur le
bénéfice net depuis 2014.

Précisons que la marge distribuable est la différence entre le chiffre


d’affaire et les dépenses opérationnelles y compris la taxe de statistique
comme dépense déductible.

Les obligations conventionnelles

- Social et développement du territoire de Muanda : 150 000,00 $ ;


- Formation de personnel Etatique : 150 000,00 $.

§ 9 : La fiscalité en onshore.
Par la DGRAD :

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Royalty 12,5 % de la production fiscalisée ;


- Taxe de participation Etat 15% du Solde (Bénéfice - IBP) ;
- 15 % participation Sonahydroc du solde (bénéfice - IBP).
(Participation de Sonahydroc seulement dans LIREX)

Par la DGI :

- L’IBP de 40 % à 35 % depuis 2014 du bénéfice net.

Les obligations sociales conventionnelles de ON SHORE à MUANDA.

- 60 000,00 $ de social au territoire de Muanda ;


- 150 000,00$ pour la formation des personnels Etatiques/ payés au
Ministère des Hydrocarbures ;
- 150 000, 00 $ pour la formation LIREX/ Sonahydroc.

Convention Offshore :
Signée le 9 aout 1969 avec 7 avenants depuis 1969 à ce jour.
Elle concerne une concession avec le titre n° 177, valide jusqu’au 20
novembre 2023.
Convention Onshore :
Signée le 11 aout 1969, elle a huit avenants à ce jour et porte sur trois
concessions :
Le titre n° 179 : Est-Mibale.validité jusqu’au 30 septembre 2029 ;
Le titre n° 180 : Liawenda-Kinkazi, validité jusqu’au 30 septembre 2019 ;
Le titre n° 191 : Muanda-Banana, validité jusqu’au 25 juin 2034.
§10 : La vente du brut congolais.
Le brut congolais est appelé ‘’COCO’’ : « Congo Composite Crude
Oil ».
Les marqueurs de référence : BRENT et Différentiel CABINDA
Le calcul du prix :
Cotation Brent ( pour période de référence) – différentiel Cabinda (pour
période de référence) - Discount (négociation commerciale, éloignement des
raffineries, taille des cargos, etc ; entre $ 0,11/ Baril et $ 0,19/ Baril
actuellement.
Exercices
Données 1 :
La société PERENCO a pendant l’année 2015 produits 40.000 barils de
pétrole brut au coût annuel moyen de 50$/baril. Le terminaling fees payé
pendant l’année est de 1,2$/le baril. Les dépenses opérationnelles s’élève à
700.000$. Calculez la fiscalité pétrolière liée à cette société.
Solution 1 :

- 190 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En on shore, la PERENCO paie : la Royalty 12,5%, l’IBP de 35%, la dividende


de l’Etat 15%, la dividende Sonaydroc 15%, le social à Moanda 60.000$ et la
formation des agents de l’Etat 150.000$.
Solution
1. CA = 40.000 x 50$ = 2.000.000$
2. Terminaling fees = 40.000 x 1,2$ = 48.000$
3. Royalty = (CA – terminaling fees) x taux
= (2.000.000$ - 48.000$) x 12,5% = 244.000$

4. Calcul de l’IBP
Bénéfice = CA - Charges
Somation des charges :
Dépenses opérationnelles : 700.000$
Terminaling fees : 48.000$
Royalty : 244.000$
Social de Muanda : 60.000$
Formation des agents de l’Etat : 150.000$
1.202.000$
Bénéfice = 2.000.000$ - 1.202.000 = 798.000$
IBP = 798.000 $ x 35% = 279.300$
5. Dividende brute: 798.000$ - 279.300$ = 518.700$
Dividende à verser à l’Etat : 518.700$ x 15% = 77.805$
Dividende à verser à la Sonahydroc : 518.700$ x 15% = 77.805$
Données 2 :
La société MIOC a vendu 80.000 barils de pétrole brut au prix de 60$ le baril.
Elle a perçu le coût de passage et de stockage de PERENCO. Les dépenses
opérationnelles s’élèvent à 2000.000$. La société a réalisé ses engagements
auprès de la communauté locale de Muanda. Calculez la fiscalité pétrolière liée
à cette société à la fin de l’année.
Solution 2 :
Ici, nous avons affaire à l’exploitation pétrolière en offshore c’est-à-dire dans
l’océan.
Par la DGRAD :
- La taxe de statistique 1% du Chiffre d’affaires (la production
fiscalisée) ;
- La taxe sur la marge distribuable 40 % de la marge distribuable ;
- La taxe de participation 20 % de la marge distribuable (M.D).

Par la DGI :
- L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) selon le barème à
taux progressifs ;
- L’impôt sur les bénéfices et profits à 35% sur le bénéfice net.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Solution

1. Calcul de la taxe statistique


CA = 80.000 x 60$ = 4.800.000$
Taxe statistique = 4.800.000$ x 1% = 48.000$
2. Calcul de la taxe sur la marge distribuable
MD = CA – dépenses opérationnelles
Somation des charges :
Dépenses opérationnelles : 2.000.000$
Taxe statistique : 48.000$
Social Muanda : 150.000$
Formation des agents de l’Etat : 150.000$
2.348.000$
MD = 4.800.000$ - 2.348.000$ = 2.452.000$
Taxe sur la marge distribuable = 2.452.000$ x 40% = 980.800$
Calcul de la taxe de participation = (= 2.452.000$ - 980.800$) x 20% =
294.240$
3. Calcul de l’IBP
Bénéfice = 4.800.000$ - (2.348.000$ + 980.800$ + 294.240$) =
1.176.960$
IBP = 1.176.960$ x 35% = 411.936 $
4. Dividende brute : 1.176.960$ - 411.936$ = 765.024$
Dividende à verser à l’Etat : 765.024$ x 15% = 114.753,60$

2.5. REGIME FISCAL DES ASBL ET DES ETABLISSEMENTS PUBLICS


(Texte de base : Loi n° 004/2001 du 20 juillet 2001 portant régime général
applicable aux Associations sans but lucratif et Etablissements d’utilité public)

§ 1. Définition et compréhension du concept ONG/ASBL

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Une Organisation non gouvernementale (ONG) est une organisation de la


société civile, d'intérêt public ou ayant un caractère humanitaire, qui ne
dépend ni d'un Etat, ni d'une institution internationale.

Une Association sans but lucratif (Asbl) est une association qui ne se
livre pas à des opérations industrielles ou commerciales, et qui ne
cherche pas à procurer à ses membres un gain matériel. Mais, dans le
développement de l'entrepreneuriat social, une Asbl peut se livrer à des
activités commerciales pour autant que les profits générés soient en tout
temps réaffectés à la réalisation du but social défini par les statuts de
chaque association.

Grâce à l'apport de la sociologie des organisations, les principaux


critères définissant une ONG sont les suivants :
• l'origine privée de sa constitution ;
• le but non lucratif de son action ;
• l'indépendance financière ;
• l'indépendance politique ;
• la notion d'intérêt public.

§ 2. Exemptions et obligations fiscales

Les associations sans but lucratif « ASBL » à caractère culturel, social,


éducatif ou économique de droit congolais comme de droit étranger, les ONG et
associations confessionnelles et les établissements d’utilité publique (fondation),
une fois dotées de la personnalité juridique sont bénéficiaires des exemptions
fiscales de certaines facilités fiscales et administratives prévues par la législation
fiscale de base.

A cet effet, l’Etat accorde aux organisations non-gouvernementales les


exemptions et certaines facilités administratives et fiscales.

Cependant, en vertu des dispositions de la Loi n° 004/2003 portant


réforme des procédures fiscales, les ASBL et les ONG répondent aussi aux
obligations fiscales suivantes :

- 193 -
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- communiquer à l’administration des impôts en cas de demande, toutes


pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres
droits ;
- souscrire dans les 15 jours qui suivent la fin de chaque trimestre, le
relevé des sommes versées aux tiers à l’exclusion des salaires ;
- communiquer en cas de demande des documents de services par
l’Administration des impôts sans opposer le secret professionnel.

Il résulte donc des dispositions de la législation en vigueur que l’ASBL


n’est redevable réel d’aucun impôt en République Démocratique du
Congo. Toutefois, le bénéfice effectif de ces exceptions est subordonné, au
cas par cas, à la signature de l’arrêté interministériel des ministres du
Plan et des Finances. Celui-ci a pour objet de constater le bénéfice de
l’octroi des facilités administratives et fiscales.

Le tableau ci-dessous fait la synthèse du régime fiscal des Asbl.

Tableau n° 24. Synthèse du régime fiscal des Associations sans but lucratif

Les exemptions fiscales


- - L’impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et non bâties « l’impôt
foncier » ;
- - L’impôt sur les véhicules ;
- - La taxe spéciale de circulation routière ;
- - L’impôt sur les revenus locatifs ;
- - L’impôt sur les bénéfices et profits ;
- - L’impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés ;
- - La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)
- Les facilités administratives et fiscales
- - l’exonération de droits sur l’importation des biens et équipements ;
- - l’assistance en matière d’obtention du permis de séjour pour étrangers et leurs
familles ;
- - le droit d’utilisation d’équipement et de fréquence-radio ;
- - l’application de procédures simplifiées à l’Office Congolais de Contrôle.
- Elles sont collectrices (redevable légal) des impôts ci-dessous
- - l’impôt professionnel sur la rémunération des nationaux (IPR/N) ;
- - l’impôt professionnel sur la rémunération du personnel Expatrié (IPR/E) ;
- - la retenue locative (IRL/RAS).
- Les sanctions en cas de non-respect des formalités et obligations fiscales

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1) - Le paiement d’une astreinte fiscale par jour de retard en cas de refus de


répondre dans le délai à une demande de renseignements ;
2) - Le paiement d’une amende en cas d’absence de relevé trimestriel des sommes
versées aux tiers ;
- Le paiement d’une amende égale au montant de la retenue due en cas de défaut
de retenue sur le loyer ou de non reversement de celle-ci ;
3) - Le paiement d’une amende en cas de communication de faux renseignements
lors d’une demande des renseignements ;
4) - le paiement d’une amende en cas de communication des renseignements
incomplets ;
5) - Une taxation d’office dans les cas suivants :
▪ Absence de déclaration IPR/N et IPR/E
▪ Le défaut de remise des pièces justificatives, des renseignements
demandés ou de réponse dans les délais fixés par la loi ;
▪ L’opposition au contrôle fiscal

§ 3. Dispositions particulières et spéciales

Au-delà des avantages fiscaux accordés par la Loi n°004/2001, les


accords de siège signés entre la République Démocratique du Congo et certaines
organisations internationales, reconnaissent à ces dernières des privilèges et
immunités réservés aux organisations internationales accréditées auprès du
Gouvernement de la République Démocratique du Congo.

Les Traités et les accords internationaux régulièrement conclus ont,


suivant les dispositions de l’article 215 de la Constitution de la république
démocratique du Congo, dès leur publication, une autorité supérieure à celles
des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre
partie.

Par conséquent, leur application ne requiert pas un arrêté interministériel


comme c’est le cas des accords-cadres qui concernent les ONG Internationales.

Parmi les accords de siège, il y a lieu de citer notamment, les accords ci-
après :

1. Accord entre l’Organisation des Nations Unies et la République


Démocratique du Congo signé le 04 mai 2000.
En vertu de cet accord, « le gouvernement s’engage à respecter le statut
exclusivement international de la Mission des Nations Unies au Congo » et à ce
titre ; elle n’est pas tenue au droit de communication prévu par les articles 46 et
47 de la Loi n°004/2003 portant réforme des procédures fiscales et n’est
soumise au paiement d’aucun n’impôt ni en tant que redevable réel ni même en

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

tant que redevable légal.


Il s’en suit donc que les contractants autres que les ressortissants de la RDC sont
exonérés de tous droits et taxes sur les services fournis à la Mission des Nations
Unies au Congo (Monusco).
2. Protocole d’accord entre le Gouvernement de la République du Zaïre et la
Commission européenne portant sur la situation juridique et fiscale des
organisations non gouvernementales européennes opérant en République du
Zaïre pour le compte de la Commission européenne.
Aux termes de ce protocole d’accord, les ONG mettant en œuvre les
programmes de l’Union européenne, bénéficient des règles fiscales en vigueur
pour les projets de la Commission européenne. Elles sont à ce titre et durant
toute la durée de la validité de l’accord exemptées notamment à :
1° L’impôt Professionnel sur les Rémunérations du personnel Expatriés
(IPR/E) ;
2° L’Impôt Exceptionnel sur les Rémunérations du personnel Expatrié
(IERE) ;
3° L’Impôt sur les Propriétés Foncières Bâties et non Bâties (IF) ;
4° L’ICA/I, sur les achats effectués pour le compte des ONG (aujourd’hui
TVA);
5° La Retenue Locative (sur le paiement des loyers pour le compte du
propriétaire).

Il faut cependant souligner que, les rémunérations du personnel employé


localement sont soumises aux impôts sur les revenus selon la règle suivante :
- paiement d’un montant forfaitaire global de 10% des rémunérations
effectué par l’employeur sous forme de retenue à la source. Ce montant
liquide les obligations fiscales en matière de l’impôt professionnel sur les
rémunérations.
- les charges sociales soumises aux cotisations sociales sont fixées
forfaitairement à 7,5% des rémunérations du personnel employé
localement.
1) 3. L’accord de siège entre la République Démocratique du Congo et
WWF-WORLD WILDLIFE FUND - Fonds Mondial pour la nature
(WWF), signé le 10 octobre 2001 et notarié à Kinshasa le 07/07/2005.
En plus des avantages fiscaux reconnus à toute asbl et aux établissements
d’utilité publique par la loi n° 004/2001 du 20 juillet 2001, le Représentant ainsi
que le personnel de l’ONG WWF bénéficient de l’exonération de tout impôt
direct sur les traitements et émoluments leurs versés par elle ainsi que sur tout
autre revenu reçu de source extérieure à la RDC.

Ces mêmes avantages fiscaux s’étendent aux 27 ONG affiliées aux Fonds
Mondial pour la Nature travaillant toutes pour la conservation de la nature et qui
sont parties prenantes au dit accord, à savoir : World Wildlife Fund Inc (WWF-

- 196 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

US), WWF-Belgique et WWF-Allemagne.


2) 4. L’accord de siège entre la République Démocratique du Congo et
l’Organisation Internationale pour les Immigrations (OIM), signé à Genève le 30
mars 2001.
Suivant accord, spécialement dans son article 21, les biens et les avoirs de
l’OIM sont exonérés de tout impôt direct. L’OIM reste toutefois redevable des
taxes pour les services rendus.

Ce qu’il convient de retenir dans chapitre 5

1. Il existe deux principaux régimes fiscaux appliqués en RDC à savoir, le


régime du droit commun et le régime exceptionnel. Il ressort que les secteurs
stratégiques de la RDC (mines et hydrocarbures) sont soumis au régime
exceptionnel.

2. Les secteurs stratégiques doivent être gérés avec beaucoup de rigueur afin
de faire profiter ses fruits à la nation toute entière.

- 197 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 6 : COMPTABILITE DES TRANSACTIONS LIEES A LA


FISCALITE DES ENTREPRISES

Une gestion prudentielle de la fiscalité liée à l’activité de


l’entreprise exige une saisie comptable correcte des transactions y afférentes.
Aussi consacrons nous ce chapitre au traitement comptable des transactions liées
à la fiscalité des entreprises privées qui est en vigueur dans les pays : le système
comptable OHADA révisé.

6.1. LES DISPOSITIONS DU SYSCOHADA

En SYSCOHADA, les principaux comptes qui enregistrent les


transactions liées à la fiscalité des entreprises sont les suivants :
44 Etat et Collectivités publiques ;
44.1 Etat, Impôt sur les bénéfices ;
44.2 Etat, Autres impôts et taxes ;
44.3 Etat, TVA facturée ;
44.4 Etat, TVA due ou Crédit de TVA ;
44.5 Etat, TVA Récupérable ;
44.6 Etat, Autres taxes sur le Chiffre d’affaires ;
44.7 Etat, Impôts retenus à la source ;
44.8 Etat, Charges à payer et produits à recevoir ;
44.9 Etat, créance et dettes diverses.
64 Impôts et Taxes
64.1 Impôts et taxes directs ;
64.5 Impôts et taxes indirects ;
64.6 Droits d’enregistrement
64.7 Pénalités, Amendes fiscales ;
64.8 Autres impôts et taxes ;
89 Impôts sur le Résultat ;
89.1 Impôts sur les bénéfices de l’exercice
89.2 Rappel d’Impôts sur résultats antérieurs ;
89.5 Impôts minimum forfaitaire (IMF) ;
89.9 Dégrèvements et annulations d’impôts sur résultats antérieurs.
Ces comptes fonctionnent non seulement entre eux mais également
en contrepartie d’autres comptes de la comptabilité générale.
Dans leur fonctionnement, il existe une similitude entre les trois
comptes prévus dans le système comptable de la RDC et ceux tenus dans le
SYSCOHADA révisé, plus compte « Organismes sociaux » (43) et « Etat et

- 198 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

collectivité publiques » (44), « l’impôt et taxes » (64) et enfin, « Impôts sur le


résultat » (89). Ainsi, nous y revenons plus en détails.
Quant aux subdivisions de trois compte principaux prévus par le
SYSCOHADA révisé en compte divisionnaires et sous comptes, celle-ci se
présentent comme suit :
44. ETAT ET COLLECTIVITES PUBLIQUES
44.1. Etat, impôt sur les bénéficies ;
44.2. Etat, autres impôts et taxes ;
44.2.1. Impôt et taxes d’Etat ;
44.2.2. Impôt et taxes pour des collectivités publiques ;
44.2.3. Impôt et taxes recouvrables sur des obligataires ;
44.2.4. Impôts et taxes recouvrables sur des associés ;
44.2.6 Droit de douane ;
44.2.8. Autres impôts et taxes ;
44.3 Etat, TVA Facturée
44.31 Etat, TVA facturée sur ventes ;
44.32 Etat, TVA facturée sur prestation de services ;
44.33 Etat, TVA facturée sur travaux ;
44.34 Etat, TVA facturée sur production livrée à soi-même ;
44.35 Etat, TVA sur factures à établir ;
44.4 Etat, TVA due ou crédit de TVA
44.41 Etat, TVA due ;
44.49 Etat, crédit de TVA à reporter ;
44.5 Etat, TVA récupérable
44.51 Etat, TVA récupérable sur immobilisations ;
44.52 Etat, TVA récupérable sur achats ;
44.53 Etat, TVA récupérable sur transport ;
44.54Etat,TVA récupérable sur services extérieurs et autres charges ;
44.55 Etat, TVA récupérable sur factures non parvenues ;
44.56 Etat, TVA transférée par d’autres entités ;
446 Etat, autres taxes sur le chiffre d’affaires ;
44.7 Etat, impôts retenus à la source ;
44.71 Impôt général sur le revenu ;
44.72 Impôts sur salaires ;
44.73 Contribution nationale ;
44.74 Contribution nationale de solidarité ;
44.78 Autres impôts et Contributions ;
44.8 Etat, Charges à payer et produits à recevoir ;
44.86 Etat, Charges à payer ;
44.87 Etat, Produits à recevoir.
449 Etat, créances et dettes diverses
4491 Etat, obligations cautionnées ;
4492 Etat, avances et acomptes versés sur impôts ;

- 199 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4493 Etat, fonds de dotation à recevoir ;


4494 Etat, subventions d’investissement à recevoir ;
4495 Etat, subventions d’exploitation à recevoir ;
4496 Etat, subventions d’équilibre à recevoir ;
4497 Etat, avances sur subventions ;
4499 Etat, fonds réglementés provisionnés.
64 IMPOTS ET TAXES
641 Impôts et taxes directs ;
6411 Impôts fonciers et taxes annexes ;
6412 Patentes, licences et taxes annexes ;
6413 Taxes sur appointements et salaires ;
6414 Taxes d’apprentissage ;
6415 Formation professionnelle continue ;
6418 Autres impôts et taxes directs ;
645 Impôts et taxes indirects
646 Droits d’enregistrement
6461 Droits de mutation
6462 Droit de timbre
6463 Taxes sur les véhicules de société
6464 Vignettes
6468 Autres droits
647 Pénalités, amandes fiscales
6471 Pénalités d’assiette, impôts directs ;
6472 Pénalités d’assiette, impôts indirects ;
6473 Pénalités de recouvrement, impôts directs ;
6474 Pénalités de recouvrement, impôt indirects ;
6478 Autres pénalités et amendes fiscales ;
648 Autres impôts et taxes.
89 IMPOTS SUR LE RESULTAT
891 Impôts sur les bénéfices de l’exercice ;
8911 Activités exercées dans l’Etat ;
8912 Activités exercés dans les autres Etats de la Région ;
8913 Activités exercés hors Région ;
892 Rappel d’impôts sur résultats antérieurs ;
895 Impôt minimum forfaitaire (IMF) ;
899 Dégrèvements et annulations d’impôts sur résultats antérieurs ;
8991 Dégrèvements ;
8994 Annulations pour pertes rétroactives.

- 200 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

6.2. LA COMPTABILISATION DES OPERATIONS LIEES AUX IMPOTS DIRECTS

Les impôts directs sont, comme déjà souligné, ceux dont les
montants restent définitivement à charge des personnes physiques ou morales
qui les ont payés de telle sorte que ces personnes n’ont pas la possibilité d’en
répercuter les charges sur autrui. Les impôts directs sont donc ceux qui frappent
directement les revenus ou les fortunes des contribuables ; ils comprennent :
✓ Les impôts réels ;
✓ Les impôts cédulaires sur les revenus ; et
✓ Les impôts sur les revenus professionnels.
6.2.1 LES IMPOTS REELS

Ils comprennent :
➢ Impôt sur la superficie des propriétés foncières bâties et non bâties (impôt
foncier) ;
➢ Impôt sur les véhicules (IF) ;
➢ La taxe sur la superficie des concessions minières ;
➢ La redevance superficiaire.

6.2.1.1 COMPTABILISATION DE L’IMPOT SUR LA SUPERFICIE DES


PROPRIETES FONCIERES BATIES ET NON BATIES

La comptabilisation de l’impôt sur la superficie des propriétés


bâties et non bâties se fait en deux temps : constatation de l’impôt et paiement.
Les articles y afférents sont :

1. Lors de la constatation

D/ 6411 Impôts fonciers et taxes annexes


C/ 4422 Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques.
2. Lors du paiement :

D/ (4422) Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse

6.2.1.2 COMPTABILISATION DE L’IMPOT SUR LES VEHICULES


La comptabilisation peut se faire à deux niveaux : constatation de
l’impôt et paiement.

- 201 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1. Lors de la constatation

D/ (6411) Impôts et taxes sur véhicules


C/ (4422) Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques
2. Lors du paiement :

D/ (4422) Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

6.2.1.3. COMPTABILISATION DE LA TAXE SUR LA SUPERFICIE


DES CONCESSIONS MINIERES

La comptabilisation de La taxe sur la superficie des concessions


minières suit le même cheminement.
1. Lors de la constatation

D/ (6418) Autres Impôt et taxes directs


C/ (4422) Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques
2. Lors du paiement :

D/ (4422) Etat, impôts et taxes pour les collectivités publiques


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

6.2.2 LES IMPOTS CEDULAIRES SUR LES REVENUS

Ils comprennent :
➢ Impôts sur les revenus locatifs ;
➢ Impôts sur les revenus des capitaux mobiliers ;
➢ Impôts sur les revenus professionnels (IPR et IBP).

6.2.2.1 IMPOTS SUR LES REVENUS LOCATIFS

1. Cas de l’impôt sur les revenus perçus par une entreprise immobilière

Dans ce cas, l’impôt représente les ressources dues à l’Etat


(acompte provisionnel complément des impôts dus…). Celles-ci sont portées au
débit du compte 89 « Impôts sur le résultat » par le crédit du compte 44 « Etat et
collectivités publiques » ou des comptes financiers concerné en cas de paiement.
Les articles comptables y relatifs sont :

- 202 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1. Lors de la constatation

D/ 89 Impôts sur le résultat


C/ (44) Etat et collectivités publiques
2. Lors du paiement

D/ (44) Etat et collectivités publiques


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.
Il convient de noter que le compte 89 « Impôt sur le résultat » est
débité aussi bien pour les sommes dues au titre d’acomptes provisionnels que
du complément éventuel des impôts dus.

Article
D/ (89) Acompte Impôt sur le résultat/ Résultat Locatif
C/ (44) Etat et collectivités publiques

A la fin de la période, le compte (Acompte sur l’impôt sur les


résultats (89) est crédité de l’excédent éventuel des acomptes déjà versés par
rapport à l’impôt dû. Il est aussi crédité pour solde par le débit du compte (130)
« Résultat en instance d’affectation ».
Article
D/ (44) Etat et collectivités publiques
D/ (1301) Résultat en instance d’affecter
C/ (13) Résultat net de l’exercice
C/ (89) Acompte impôt sur les résultats

2. Cas d’indemnités de logement accordées aux cadres de l’entreprise

Dans le cas d’indemnités de logement accordées aux cadres et


agents de l’entreprise, l’impôt versé à l’Etat représente une retenue sur les
sommes dues aux bénéficiaires par l’entreprise. L’indemnité elle-même
représente une composante du poste 66 « Charge du personnel ».
Article
D/ (66) Charges de personnel
C/ (42) Personnel
C/ (44) Etat et collectivités publiques
Ainsi que le montre l’article ci-dessus, la retenue opérée sur l’indemnité de
logement versée aux cadres et agents au titre d’impôt locatif est crédité au
compte « Etat » (44) du montant dû.
Le compte « Etat » (44) sera débité lors du règlement du montant dû.

- 203 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Article
D/ (44) Etat et collectivité publique
C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

3. Cas de l’impôt sur les revenus perçus par une entreprise non immobilière

Dans ce cas, le montant perçus par l’entreprise s’enregistre comme


produit divers. La comptabilisation de l’opération se fait comme suit :
1. Lors de la constatation

D/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou


Caisse.
C/ (7074) Locations et redevances de location-financement
C/ (44) Etat et collectivité publique
2. Lors du paiement

D/ (44) Etat et collectivité publique


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

6.2.2.2 LES IMPOTS SUR LES REVENUS MOBILIERS

La dette de l’entreprise redevable de l’impôt mobilier est portée


directement au crédit du compte (4424) « Etat, impôts et taxes recouvrables sur
des associés » pour constater l’exigibilité du versement à l’Etat dont devra
s’acquitter l’entreprise par débit du compte « (1301) Résultat en instance
d’affectation ou « Associés compte courant » (44/46).

Lors du paiement.
Le compte (4424) « Etat, impôts et taxes recouvrables sur des
associés » est débité par le crédit des comptes financiers (521 ou 57).
Articles
1. Lors de la constatation

D/ (1301) Résultat en instance d’affectation ou D/ (46) Associés compte


courant
C/ (4424) « Etat, impôts et taxes recouvrables sur des associés »
2. Lors du paiement
D/ (4424) « Etat, impôts et taxes recouvrables sur des associés »
C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte
ou Caisse.

- 204 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

6.2.2.3. L’IMPOT SUR LES REVENUS PROFESSIONNELS

Nous distinguons les deux types d’impôts ci-après :


- L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) ; et
- L’impôt sur les bénéfices et profits (IBP)

6.2.2.3.1. IMPOT PROFESSIONNEL SUR LES REMUNERATIONS

Cet impôt est calculé sur base des rémunérations de l’employé


tandis que l’employeur n’est que collecteur, d’où le compte (4472) Etat, impôts
retenus à la source-impôts sur salaire est crédité pour constater la dette vis-à-vis
de l’Etat et débité lors du paiement.
Articles
1. Lors de la constatation de la dette
D/ (66) Charges de personnel
C/(42) Personnel, Rémunérations dues
C/(4472) Etat, impôts retenus à la source-impôts sur salaire.

2. Lors du paiement

D/ (4472) Etat, impôts retenus à la source-impôts sur salaire.


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

6.2.2.3.2. Impôt professionnel sur les bénéfices et profits

La loi 006/03 du 13 mars 2003 institue deux acomptes


provisionnels de 40% chacun de l’impôt déclaré au titre de l’exercice précédent
augmenté des suppléments éventuels établis par l’administration fiscale. Le
premier acompte est payé avant le 1er Août et le 2eme avant le 1er décembre.
a) Comptabilisation des acomptes provisionnels

Les comptes mis en mouvement sont :


1. Lors du paiement

D/ (4492) Etat, avances et acomptes versés sur impôts


C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.
2. Après la détermination de l’impôt sur les revenus professionnels
D/ (891) Impôts sur les bénéfices
C/ (441) Etat, impôts sur les bénéfices
C/ (4492) Etat, avances et acomptes versés sur impôts

- 205 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Ensuite :
D/ (131) Résultat net : bénéfice
C/ (891) Impôts sur les bénéfices

6.3. LA COMPTABILISATION DES OPERATIONS LIEES AUX IMPOTS


INDIRECTS

6.3.1. LA TAXE SU LA VALEUR AJOUTEE (TVA)

La T.V.A étant un impôt indirect, ne constitue pas une charge pour l’entreprise
qui ne joue que le rôle de collecteur. C’est le compte Etat qui est mis en
mouvement.

A. PRINCIPES
a) Vente avec T.V.A

Après-vente l’entreprise réalise des recettes auxquelles s’ajoute la


« T.V.A collectée » à reverser à l’Etat, d’où une dette de l’entreprise vis-à-vis
de l’Etat à mettre au crédit du compte « Etat, T.V.A collectée » (443).
Article :
D/ (411) Clients
C/ (701) Vente de marchandises ou (702) Ventes de produits finis
C/ (443) Etat, TVA récupérable.
b) Achat avec T.V.A

Les achats engendrent des dépenses récupérables par les mécanismes déduction.
D’où la créance envers l’Etat portée au débit du compte « Etat, T.V.A
récupérable » (44.5).
Article :
D/ (601) Achats de marchandise
D/ (602) Achats de Matières Premières et fournitures liées
D/ (605) Autres achats
D/ (44.5) Etat, T.V.A récupérable
C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse
C/ (401) Fournisseurs

C) Montant net à décaisser et/ou à reporter


Si la T.V.A facturée (portée au crédit du compte « Etat, T.V.A facturée »), est
supérieur à la TVA récupérable (portée au débit du compte « Etat, TVA
récupérable »), il y a une dette de l’entreprise envers l’Etat. Celle-ci devra être
payée au cours du mois suivant.
Par contre, si la T.V.A facturée est inférieure à la T.V.A récupérable, il y a une
créance de l’entreprise sur l’Etat à reporter sur le mois suivant (crédit d’impôt).

- 206 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tout comme on peut se retrouver à la fin du mois ou la T.V.A facturée est égale
à la T.V.A récupérable, en ce moment-là, on remplit et dépose la déclaration
sans payer aucun rond. Les trois situations peuvent donner les écritures de
régulation suivante :
1er cas : si la T.V.A facturée ˃ T.V.A récupérable = T.V.A due
ECRITURES DE REGULARISATION DE T.V.A
1) Si T.V.A Facturée ˃ T.V.A Récupérable = T.V.A due

D C D C

4431 Etat, T.V.A Facturée sur ventes X1

4452 à Etat, TVA Récupérable sur Achats X2


4441 Etat, TVA due X3
« Régularisation de la TVA du mois
de …. » dito
Etat, TVA due X3
4441
521 à Banque X3
« Paiement de la TVA par chèque au
titre du mois de……… »

Si TVA Facturée ˂ TVA Récupérable = crédit de TVA à reporter


D C D C

4431 Etat, TVA Facturée su ventes X1


4449 Etat, crédits de TVA à reporter X4
4452 à Etat, TVA Récupérable sur Achats
X2 « Régularisation de la TVA du mois de … »

 Le mois prochain, si TVA facturée devient ˃TVA Récupérable, on doit


soustraire d’abord le crédit de TVA antérieur ; on aura :

D C D C

- 207 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4431 Etat, TVA Facturée sur ventes X1


4452 à Etat, TVA Récupérable sur Achats
X2
4449 Etat, Crédit de TVA à reporter (antérieure)
X4
4441 Etat, TVA due X3
« Régularisation de la TVA du mois
De… » dito

4441 Etat, TVA due X3


521 à Banque X3
« Paiement de la TVA par chèque au
Titre de mois de ….. »

2) Si TVA facturée = TVA Récupérable = pas de TVA à payer. On


constate seulement la régularisation.

D C D C

4431 Etat, TVA Facturée sur ventes X1


4452 à Etat, TVA Récupérable sur Achats X2
« Régularisation de TVA du mois de … »

- 208 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

6.3.2. LES DROITS DE DOUANE ET LES DROITS DE CONSOMMATION OU


D’ACCISES
6.3.2.1 LES DROITS DE DOUANE

Lors de l’importation ou de l’exportation des marchandises, la DGDA perçoit


le droit de douane. Ce dernier est la somme de droit d’entré et de la TVA. La
DGDA prélève ce droit lorsqu’il y a présence de deux éléments :
marchandise et la frontière. En douane, la marchandise est toute chose qui
existe sur terre sauf les personnes vivantes. A ce titre, le cadavre est une
marchandise.

1. Lors de la constatation

D/ 645 Impôts et taxes indirects


C/ 4426 Droit de douane
C/ 445 Etat, TVA récupérable
2. Lors du paiement :

D/ (4426) Droit de douane


D/ 445 Etat, TVA récupérable
C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

6.3.2.2 LES DROITS DE CONSOMMATION OU D’ACCISES

Les droits de consommation ou d’accise sont des impôts indirects qui font
parties des recettes de la DGDA et frappent la production sur le territoire
national ainsi que l’importation de certains biens de consommation.
Comme dit ci haut, leur fait générateur de l’imposition aux droits de
consommation ou d’accise est :
• la production sur le territoire de la RDC des biens de consommation ;
• l’importation de ces mêmes produits sur le territoire national.

1. Lors de la constatation

D/ 645 Impôts et taxes indirects


C/ 4428 Droit de Consommation ou d’Accise
C/ 445 Etat, TVA récupérable
2. Lors du paiement :

D/ (4428) Droit de consommation ou d’accise


D/ 445 Etat, TVA récupérable
C/ (521/56) ou 57 Banques/ Banques, Crédits de trésorerie et d’escompte ou
Caisse.

- 209 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 7. GESTION DE L’ENTREPRISE ET LES


PROCEDURES FISCALES

Les dirigeants d’entreprise doivent connaître et veiller au strict respect des


procédures relatives à l’accomplissement des obligations fiscales de la firme
afin d’éviter tout désagrément susceptible de porter préjudice aux finances et à
la réputation de celle-ci. Un mauvais comportement, une négligence ou une
faute intentionnelle pourrait aboutir à des sanctions pécuniaires ou pénales. D’où
l’importance de connaître, non seulement les obligations fiscales de l’entreprise,
mais aussi ses droits vis-à-vis du Fisc et de s’assurer de bons rapports entre les
deux parties dans ce processus de collecte d’impôts. Ces questions sont traitées
et regroupées dans ce qu’on peut appeler « livre des procédures fiscales ».

Les procédures fiscales en République Démocratique du Congo sont


régies par la Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réformes des procédures
fiscales, telle que modifiée et complétée à ce jour. Ce chapitre traite de ces
questions.

SECTION 1 : DEFINITION, ENJEUX ET TYPES DE PROCEDURES


FISCALES63

1.1. DEFINITION DES PROCEDURES FISCALES

Les procédures fiscales regroupent, d’une part, l’ensemble des règles qui
gouvernent les prérogatives de l’administration et les garanties du
contribuable tout au long du processus d’imposition, de la détermination
de l’assiette au recouvrement de l’impôt, en passant par sa liquidation et,
d’autre part, des techniques précontentieuses et contentieuses instituées
pour résoudre les conflits qui ne manqueront pas de subvenir tout au
long de ce processus.

En d’autres termes, les procédures fiscales codifient les relations


qu’entretiennent le contribuable et l’administration.

Dans l’ultime objectif de rendre meilleurs les rapports devant exister entre
l’administration fiscale incarnant la puissance publique et le contribuable, la
poule aux œufs d’or, les deux parties sont légalement astreintes aux obligations
légales réciproques dont l’inobservance partielle ou totale est sanctionnée, à

63 J. GROSCLAUDE et P. MARCHESSOU, Procédures fiscales, 6è, Dalloz, Paris, 2012, p.1.

- 210 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

charge du contribuable notamment par des pénalités, parfois très lourdes, dans
un but dissuasif, et à l’égard de l’Etat par la perte de certains privilèges lui
reconnus, du fait des turpitudes que pourraient éventuellement commettre
certains agents de l’administration, dans l’exécution de leurs tâches, à moins que
les mêmes textes n’en disposent autrement64.

1.2. ENJEUX DES PROCEDURES FISCALES

Les procédures fiscales prennent naissance à partir de deux logiques


antagonistes : d’un côté l’Etat qui doit, à tout prix percevoir l’impôt, et de
l’autre, le contribuable qui veut payer son impôt avec assurance et certitude de
bien accomplir son devoir et ne pas être inquiété plus tard. D’où la nécessité
d’une loi pour résoudre et prévenir d’éventuels conflits65.

Les procédures fiscales sont édictées par la loi dans le but de résoudre et
de prévenir d’éventuels conflits qui pourraient subvenir de cet antagonisme.
Elles jouent deux rôles importants : protéger les contribuables et lutter contre la
fraude. Pour éviter les difficultés de compréhension des procédures fiscales suite
à la disparité des textes des lois y relatifs, les règles de procédures fiscales ont
été regroupées dans un seul et unique texte contenu dans la loi n° 004/2003 du
13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales. Cette loi a été plusieurs
fois modifiée et complétée à ce jour.
1.3. TYPES DE PROCEDURES FISCALES

Généralement, les procédures fiscales regroupent celles relatives à


l’investigation, à l’assiette fiscale, au contrôle, au recouvrement et au
contentieux fiscal.

Les procédures dans le système fiscal congolais peuvent être schématisées


de la manière suivante :

64 T. ILEKOLA, Que sais-je des procédures fiscales congolaises ?, Médiaspaul, Kinshasa, 2016, p. 13
65 P. OMANDJI, Finances publiques, PUC, Kinshasa, 2016,

- 211 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Schéma n° 2. Types de procédures fiscales en RDC

PROCEDURES FISCALES
(Elles codifient les relations entre
l’administration fiscale et le
contribuable)

PROCEDURES DE PROCEDURES
PROCEDURES RECOUVREMENT CONTENTIEUSES
D’ASSIETTE (Elles sont liées aux (Elles portent sur l’examen
(Elles reposent sur la opérations de perception des réclamations introduites
détermination de la des sommes dues au par les contribuables)
matière imposable et le Trésor)
calcul de l’impôt)

PROCEDURES DE PROCEDURES DE
CONTROLE FISCAL RECOUVREMENT PROCEDURES DU
(Vérification fiscale des A L’AMIABLE CONTENTIEUX
déclarations) (Paiement dans le ADMINISTRATIF
délai légal) (Examen par la DGI)

PROCEDURES DE PROCEDURES DU
PROCEDURES RECOUVREMENT CONTENTIEUX
FORCE JURIDICTIONNEL
DECLARATIVES
(Cas de paiement (Examen par la Cour
(Procédures de hors délai légal) d’appel)
déclaration fiscale)

PROCEDURES
D’INVESTIGATION
(Recherche des
renseignements fiscaux)

1. Droit de communication
2. Droit d’enquête
3. Droit de visite et de saisie

- 212 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 2 : ENTREPRISE FACE AUX DIFFERENTS TYPES DE


PROCEDURES FISCALES

2.1. ENTREPRISE ET PROCEDURES D’INVESTIGATION

Il est reconnu à l’administration le droit de rechercher des renseignements


de nature fort diverse en vue de contrôler l’établissement et le paiement de
l’impôt.

Nous pouvons regrouper dans les droits d’investigation, le droit de


communication, le droit d’enquête et le droit de visite et de saisie.

§ 1. Droit de communication

En vertu du droit de communication, les agents de l’administration


peuvent prendre connaissance et, au besoin, copie d’un certain nombre de
documents pour les utiliser à des fins d’assiette, de contrôle ou de recouvrement
de tous les impôts66. Ces documents peuvent être exigés au contribuable mais
aussi au tiers.

Parlant du droit de communication, la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003


portant réforme des procédures fiscales dispose que « Les agents de
l’Administration des impôts ont le droit général d’obtenir, des personnes
physiques ou morales, publiques ou privées, communication de toutes pièces
ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres droits dus par
les redevables »67

On peut donc constater que le droit de communication est global


(concerne toute sorte de renseignement fiscal), général (concerne tous les
impôts) et contraignant (application des astreintes fiscales et amendes en cas de
refus d’exécution).

Le manager d’entreprise devra savoir que, dans un système fiscal


déclaratif, la communication des renseignements demandés permet à
l’administration, de collecter les éléments nécessaires au calcul de l’impôt. Dans
la mesure où les renseignements demandés concernent les tiers contribuables
66 J. GROSCLAUDE et P. MARCHESSOU P., Procédures fiscales, 6ème édition, Dalloz, Paris, 2012, p. 144
67 Article 46 de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

autre que le renseignant, la communication desdits renseignements relève du


sens de responsabilité et de collaboration avec le fisc.

§ 2. Droit d’enquête

Le droit d’enquête est une procédure d’intervention inopinée permettant


de rechercher les manquements aux règles de facturation et au régime d’entrepôt
auxquels sont soumis les assujettis à la Taxe sur la valeur ajoutée.

Le droit d’enquête est institué par l’ordonnance-loi n° 13/005 du 23


février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 004/2003
du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales. Cette enquête permet à
l’administration fiscale d’intervenir de manière inopinée auprès des assujetties à
la TVA pour y chercher, sur place (locaux à usage professionnel, terrains ou
entrepôts…), des preuves ou faire la constatation matérielle des éléments
physiques (copies factures, registres, documents professionnels) devant ou ayant
donné lieu à facturation en matière de TVA.

Les agents des impôts, munis d’un ordre de mission ayant pour objet
d’exercer le droit d’enquête, peuvent se présenter et prendre copies des
factures ainsi que des livres, registres et documents professionnels
pouvant se rapporter à des opérations ayant donné lieu ou devant donner
lieu à facturation, principalement de la TVA.

Il faut préciser que le droit d’enquête s’exerce généralement en matière de


TVA. Mais, outre le droit d’enquête, il existe aussi une autre enquête fiscale
menée par les Inspecteurs des Impôts préalablement à une mission de contrôle
fiscal au second degré ou contre vérification fiscale.

En effet, à l’occasion d’une dénonciation de fraude fiscale dans le chef


d’un contribuable dont le contrôle fiscal au premier degré a déjà été effectué,
l’Inspecteur des impôts peut mener une enquête fiscale destinée à établir la
réalité des faits dénoncés et par conséquent décider oui ou non de l’opportunité
d’un second contrôle fiscal pour le même exercice.

Dans l’un comme dans l’autre cas, l’enquête ne peut, donner lieu en lui-
même, à un redressement fiscal, mais ses conclusions peuvent être évoquées
pour exercer un droit de contrôle fiscal ou de contre vérification fiscale.

- 214 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En ce qui concerne les recettes non fiscales, les agents relevant des
services d’assiette et revêtus de la qualité d’Officier de Police Judiciaire à
compétence restreinte et munis d’un Ordre de mission ou de service signé par
l’autorité compétente, peuvent opérer la constatation sur base d’une enquête ou
d’un contrôle. Ils peuvent également procéder à des enquêtes en vue de déceler
les éléments d’assiette éludés lors de la déclaration spontanée.

§ 3. Droit de visite et de saisie

Le droit de visite et de saisie est un véritable droit de perquisition, pour


la recherche des infractions en matière d’impôts directs et de Taxe sur la valeur
ajoutée68.

L’administration fait recours à ce droit exceptionnel lorsqu’elle


estime vraiment qu’il existe une ou plusieurs présomptions graves
d’agissements frauduleux dans le chef de l’assujetti concerné
(ventes sans factures, fausse factures, omission des écritures
comptables…), et qu’elle a besoin de suffisamment de preuves, pour
assurer des actions fiscales.

Pour assurer les libertés individuelles et l’inviolabilité du domicile


d’autrui, cette procédure est subordonnée dans son exercice à une demande
motivée faite au Procureur de la République territorialement compétent afin
d’obtenir l’autorisation d’effectuer des visites en tous lieux, même privés, où les
pièces et documents nécessaires aux investigations sont susceptibles d’y être
détenus et procéder à leur saisie éventuelle, quel que soit le support69.

L’article 56 quarto A de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2004 portant


réforme des procédures fiscales ajouté par l’ordonnance-loi n° 13/005 du 23
février 2013) stipule ceci : « L’Administration des Impôts saisit le Procureur de
la République territorialement compétent pour l’autoriser à effectuer des visites
en tous lieux, même privés où les pièces et documents nécessaires à ses
investigations sont susceptibles d’être détenus, et procéder à leur saisie, quel que
soit le support lorsqu’elle estime qu’il existe des présomptions qu’un
contribuable se soustrait à l’établissement ou au paiement des impôts, droits et
taxes :
- en se livrant à des achats ou à des ventes sans facture ;
- en utilisant ou en délivrant des factures ou des documents ne se
rapportant pas à des opérations réelles ;

68 J. GROSCLAUDE et P. MARCHESSOU, Procédures fiscales, 6ème édition, Dalloz, Paris, 2012, p. 171
69 T. ILEKOLA, Que sais-je des procédures fiscales congolaises ?, éd. Médiaspaul, Kinshasa, 2016, P.47

- 215 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- en omettant sciemment de passer des écritures ou en passant ou en


faisant sciemment des écritures inexactes ou fictives dans des
documents comptables dont la tenue est imposée par la législation
fiscale en vigueur ».

2.2. ENTREPRISE ET LES PROCEDURES DECLARATIVES

Les déclarations fiscales sont des formulaires qui permettent au


contribuable de fournir à l’Administration des Impôts les éléments de sa
situation imposable ainsi que les montants des impôts y relatifs.

En vertu du principe fiscal déclaratif, les contribuables ont l’obligation


de souscrire leurs déclarations dans la forme, les modalités, le contenu
et les échéances, fixés par la loi.

Il faut noter que, dans un système fiscal déclaratif, le recouvrement des


impôts et la gestion des relations entre le Fisc et le contribuable dépend avant
tout des informations que ce dernier aura à communiquer à l’administration des
impôts.

§ 1. Obligations déclaratives

Les différentes obligations déclaratives sont reprises dans le tableau ci-


dessous :

Tableau n° 25. Etat récapitulatif des obligations déclaratives des entreprises

a) Obligations déclaratives relatives au début des activités (déclaration


d’existence)
Toute personne physique ou morale, exonérée ou non, redevable d’impôts, droits,
taxes, acomptes perçus par l’Administration des impôts est tenue de se faire
connaître, dans les quinze jours qui suivent le début de ses activités, en formulant
une demande de Numéro Impôt conforme au modèle fixé par l’Administration.
b) Obligations déclaratives pendant l’exercice des activités
Pendant l’exercice des activités, les déclarations à souscrire par les redevables
sont de deux sortes, à savoir, les déclarations d’informations et les déclarations
périodiques.
Les déclarations d’informations sont faites dans le but de communiquer au Fisc,
les informations nécessaires requises par elle (pour asseoir ou non l’impôt) et les
secondes sont souscrites à des échéances fixées par la Loi en vue de

- 216 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

communiquer à l’administration des Impôts les bases d’impositions ainsi que les
impôts y afférents.
c) Obligations déclaratives après cessation d’activités
A la cessation d’activités, le contribuable est censé porter l’information auprès
du fisc à travers une déclaration de clôture annonçant la cessation définitive des
activités après avoir rempli toutes les formalités exigées à cette fin.
d) Obligation déclarative de toute modification intervenue dans l’entreprise
Toutes les modifications relatives à l’identité, à la direction, à l’adresse ou affectant
un élément imposable ou l’exploitation, ou y mettant un terme, feront l’objet d’une
déclaration auprès de l’Administration des impôts, dans les quinze jours de la
survenance de l’événement.
e) Obligation de déposer sa déclaration au Fisc
Les déclarations, dûment remplies, datées et signées par les redevables ou leurs
représentants, sont déposées auprès des services compétents de l’Administration des
impôts.
f) Obligation de déclarer, même dans les circonstances particulières
En cas de décès du redevable, les déclarations doivent être souscrites par ses
héritiers, légataires et donataires universels ou par leurs mandataires.
Les déclarations doivent être souscrites même si le redevable est exonéré. Les
personnes exemptées sont dispensées de l’obligation de souscrire les déclarations.
g) Obligation d’exiger au Fisc, un formulaire de déclaration
Le redevable de l’impôt qui n’aurait pas reçu le formulaire de déclaration ne peut se
prévaloir de cette omission pour se soustraire à l’obligation de déclaration dans les
délais impartis. Il est tenu, dans ce cas, de demander le formulaire auprès de
l’Administration des impôts.

§ 2. Formes de déclarations
Du point de vue formel, il convient de distinguer les déclarations
formalisées des déclarations libres.

Les déclarations formalisées sont celles qui permettent au redevable de


fournir à l’administration des Impôts les éléments d’imposition tandis que les
déclarations libres sont utilisées pour porter à la connaissance de
l’administration un fait ou un élément se rapportant soit à l’identité du
redevable, soit à sa localisation soit encore à l’exploitation de ses activités.

Par ailleurs, la législation fiscale congolaise distingue les déclarations


servant au calcul des impôts et celles qui ne sont pas utilisées à cette fin. Les
déclarations servant au calcul des impôts contiennent généralement les éléments
ci-après :

- 217 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- l’identification du contribuable : nom ou dénomination sociale, adresse,


numéro impôt etc. ;
- l’identification des impôts : nature de l’impôt, exercice auquel se
rapporte l’impôt ;
- les éléments d’imposition ;
- le mode de paiement et le montant à payer ;
- l’identification du mandataire : nom et qualité du signataire, la date de
dépôt ;
- les cases réservées à l’Administration et autres indications nécessaires.

§ 3. Types et délai de déclaration par nature d’impôts

Le tableau n° 26 donne les types et les délais des déclarations au regard de


chaque impôt.

Tableau n° 26. Synthèse des types et délais des déclarations par nature
d’impôts

N° Nature d’impôts Echéance Personne habilitée à


déclarer
1er février Propriétaires
d’immeubles, des
terrains et des
concessions minières ou
01 Impôt foncier
d’hydrocarbures, les
locataires d’immeubles
faisant partie du
domaine privé de l’Etat.
Impôt sur la 1er février Détenteur du titre
superficie des minier
02 concessions
minières et
d’hydrocarbures
Impôt sur les Avant la mise en usage Utilisateurs du véhicule
03
véhicules
Impôt sur les 1er février Bailleur
revenus locatifs
04 Relevé des Le 15 du mois qui suit celui Locataire
retenues sur loyers de paiement du loyer
Le 30 avril de l’année qui Propriétaire ou
Impôt sur les
05 suit celle de la réalisation des mandataire de la société
bénéfices et profits
revenus.
06 Impôt Le 15 du mois qui suit celui Employeur

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

professionnel sur du paiement des salaires ou


les rémunérations de leur mise à disposition
aux bénéficiaires.
Impôt Le 15 du mois qui suit celui Employeur
exceptionnel sur du paiement des salaires ou
07
les rémunérations de leur mise à disposition
des expatriés aux bénéficiaires.
Le 15 du mois qui suit celui Payeurs des dividendes,
du versement des revenus ou redevables d’intérêts,
celui de leur mise à etc.
08 Impôt mobilier
disposition des bénéficiaires
et le 30 avril pour les sociétés
étrangères.
Taxe sur la valeur Le 15 du mois qui suit celui L’assujettie
09
ajoutée de l’encaissement de la taxe.
Relevé trimestriel Le 15 du mois qui suit Les ASBL
10 des sommes chaque trimestre
versées aux tiers

Sous réserve des dispositions particulières applicables aux entreprises de


petite taille, la déclaration à l’Impôt sur les bénéfices et profits (IBP) doit être
appuyée70 :

- du Bilan ;
- du compte de résultat ;
- du tableau de flux de trésorerie ;
- des notes annexes et de l’état supplémentaire statistique conformément à
l’Acte uniforme de l’OHADA 26 janvier 2017 ;
- un relevé récapitulatif des ventes réelles effectuées au cours de l’année
précédente à des personnes physiques ou morales réputées
« commerçantes » ou « fabricants ».
- toutes autres pièces justificatives que le contribuable jugerait
nécessaires. Elles sont contresignées par le conseil ou le comptable du
redevable.

Les personnes morales devront aussi fournir une copie des procès-verbaux
notariés des assemblées générales ordinaires et extraordinaires approuvant les états
financiers joints à la déclaration fiscale ou ayant entraîné la modification des statuts.

70Article 8 de la Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 modifiant et complétant l’article 13 de la Loi n°
004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les documents et pièces justificatives visés ci-dessus doivent être certifiés


exacts par le redevable ou son représentant et contresignés par son comptable ou son
conseil. Ils doivent être présentés dans la langue officielle.

La déclaration doit être souscrite même si le redevable estime qu'il a subi des
pertes ou qu'il n'a pas réalisé de revenus imposables.

Les sociétés établies en République Démocratique du Congo qui sont sous


la dépendance, de droit ou de fait, d’entreprises ou groupes d’entreprises
situées à l’étranger doivent tenir à la disposition de l’Administration des
Impôts une documentation permettant de justifier la politique de prix
pratiquée dans le cadre de transactions de toute nature, réalisées avec ces
entreprises.

2.3. ENTREPRISE ET LES PROCEDURES DE CONTROLE FISCAL

§ 1. Définition et finalités du contrôle fiscal

Le contrôle fiscal c’est la vérification sur pièces et/ou sur place des
déclarations des contribuables en vue de s’assurer de la sincérité et de l’exactitude
desdites déclarations. Le contrôle fiscal peut également consister en l’examen de la
cohérence entre les éléments déclarés et la situation patrimoniale, la situation de
trésorerie et/ou autres indices d’où résulte une aisance supérieure à ces éléments.

Les procédures fiscales en matière de contrôle, traitent des questions liées à la


mise en œuvre de ce contrôle, des droits et obligations du contribuable vérifié, des
documents y relatifs, des pénalités résultant d’une fraude avérée, des modalités de
notification fiscale et de clôture d’un contrôle.

Le contrôle fiscal poursuit trois finalités, à savoir :

- une finalité dissuasive : dissuader les fraudeurs potentiels de passer à l’acte


et inciter ainsi tous les contribuables au civisme fiscal par l’effet « peur du
gendarme ». En effet, le contrôle fiscal fait peur car il confronte les
contribuables, quelle que soit leur puissance ou leur situation de fortune, à la
puissance régalienne de l’Etat qui lui, se retranche derrière l’adage « nul n’est
censé ignorer la loi » ;

- une finalité budgétaire : le contrôle fiscal vise aussi à recouvrer rapidement


les impôts éludés pour alimenter le budget de l’Etat. Si l’efficacité de la
prévention de la fraude est très difficile à évaluer, en revanche, les droits

- 220 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

recouvrés après contrôle, ainsi que les redressements et pénalités associés,


sont de bons indicateurs de l’efficacité du contrôle fiscal ;

- une finalité répressive : le contrôle fiscal cherche à sanctionner les


comportements les plus frauduleux, sur le plan financier voire pénal. Si le
risque de se faire contrôler, et à priori de sanctionner est faible, le
contribuable sera incité à ne pas respecter ses obligations fiscales.

§ 2. Types de contrôles fiscaux

Il existe plusieurs types de contrôles fiscaux selon qu’il s’agit des impôts à
vérifier, de l’urgence d’effectuer une vérification, du lieu de vérification ou des
agents chargés de faire la vérification. Aussi, distingue-t-on :

A. Du point de vue de types d’impôts à vérifier, on distingue :

- le contrôle polyvalent : il concerne tous les impôts sur toute la période non
prescrite par la loi ;

- le contrôle ponctuel : il consiste au contrôle d’un seul impôt (relevant des


droits courants) sur une période inférieure à un exercice fiscal. Il est orienté
vers le contribuable dont le comportement laisse présager des indices sérieux
d’irrégularités.

B. Du point de vue de l’urgence de contrôle, il existe :

- le contrôle ordinaire qui est celui qui s’effectue normalement en vertu du


droit de contrôle que dispose l’administration des impôts après le dépôt des
déclarations par les contribuables. Il s’agit d’un contrôle classique qui ne
revêt pas le caractère urgent ;

- le contrôle inopiné qui est une vérification sans délai amorcée lorsque les
intérêts du Trésor risquent d’être compromis. Elle se limite à des
constatations matérielles concernant notamment, les inventaires, les relevés
de prix et les contrôles de l’existence des pièces comptables obligatoires.

C. Du point de vue du lieu de contrôle, on distingue :

- le contrôle sur pièces : Il s’entend comme le diagnostic ou l’analyse critique


de la sincérité et de la vraisemblance des déclarations fiscales souscrites. Le
contrôle sur pièces vise les renseignements contenus dans la déclaration. Il
cherche la cohérence entre les éléments déclarés et les informations

- 221 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

supplémentaires demandées auprès du contribuable ou recoupées auprès des


tiers en vertu du droit de communication ;

- le contrôle sur place : le contrôle sur place ou contrôle interne consiste en un


ensemble d’opérations qui ont pour objet d’examiner, sur place dans les
installations du contribuable ou son conseil, la comptabilité d’une entreprise
et de la confronter à certaines données de fait ou matérielles afin de contrôler
la sincérité et l’exactitude de la déclaration.

D. Du point de vue des agents qualifiés pour effectuer le contrôle, on a :

- le contrôle au premier degré : il est effectué par les Vérificateurs des


Impôts. Il concerne tout exercice non encore contrôlé et non prescrite ;

- le contrôle au second degré : il est effectué par les Inspecteurs des impôts
ou les Inspecteurs des Finances et porte sur l’exercice fiscal ayant déjà fait
l’objet d’un contrôle au premier degré.

§ 3. Mise en œuvre du contrôle fiscal et documents qui le déclenchent

Le système fiscal congolais étant essentiellement déclaratif, l’Administration


des impôts, par son pouvoir exclusif de vérifier, sur pièces ou sur place, l’exactitude
et la sincérité des déclarations, peut procéder au contrôle fiscal d’une partie ou de
tous les impôts et autres droits dus par les redevables.

Donc, dans son fondement, le contrôle fiscal constitue la contrepartie logique


et nécessaire du système déclaratif.

Les principaux documents qui déclenchent le contrôle fiscal sont : l’ordre


de vérification et l’avis de vérification.

Les documents qui déclenchent la vérification


Document signé par le fonctionnaire compétent (Directeur
Ordre de ou Chef de Centre) pour autoriser le porteur (Vérificateur
vérification ou Inspecteur) de vérifier, sur place, l’exactitude des
déclarations souscrites par les redevables.
Document adressé à l’entreprise par l’agent porteur d’un
Avis de vérification ordre de vérification, au moins huit jours avant la date de
la première intervention pour l’informer notamment de
son droit de se faire assister d’un conseil de son choix et
précise la nature des impôts ou autres droits ainsi que la
période soumise au contrôle.

- 222 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Le redevable peut solliciter le report de la date de la première intervention, en


formulant par écrit et en motivant sa demande dans les quarante-huit heures de
la réception de l’avis. Ce report, qui ne peut dépasser quinze jours, doit être
expressément accepté par le Vérificateur des Impôts.

§ 4. Lieu d’exercice de la vérification

Le contrôle fiscal peut être effectué au bureau ou nécessiter le déplacement


des agents des Impôts vers les installations du contribuable. Dans le premier cas, il
s’agit du contrôle sur pièces et dans le second, du contrôle sur place.

La vérification sur place s’exerce au siège de l’entreprise ou au lieu de son


principal établissement, au bureau du comptable (conseil fiscal), et pendant les
heures de service. Elle peut s’effectuer dans les locaux de l’Administration fiscale à
la demande du redevable.

§ 5. Déroulement de la vérification

Les opérations de vérification consistent à confronter la comptabilité


présentée à certaines données de fait ou matérielles afin de contrôler la
sincérité des déclarations souscrites et de procéder, le cas échéant, à
l’établissement des impôts ou autres droits éludés (article 29).

Le contrôle sur place ou vérification des comptabilités consiste en un


ensemble d’opérations qui ont pour objet d’examiner la comptabilité d’une
entreprise, de la confronter aux éléments d’exploitation et aux renseignements
détenus par l’Administration afin de mesurer la sincérité et l’exhaustivité des
déclarations souscrites.

Le contrôle peut également consister en l’examen de la cohérence entre les


éléments déclarés et la situation patrimoniale, la situation de trésorerie et/ou autres
indices d’où résulte une aisance supérieure à ces éléments.

L’Administration des impôts peut inviter tout redevable à fournir


verbalement ou par écrit des explications, éclaircissements ou justifications et, en
outre, s’il a l’obligation de tenir des livres, carnets et journaux, à communiquer sans
déplacement, ses écritures et documents comptables, aux fins de permettre de
vérifier les renseignements demandés ou fournis (article 26).

Les demandes d’explications, d’éclaircissements, de justifications et de


renseignements peuvent porter sur toutes les opérations auxquelles le redevable a

- 223 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

été partie et les informations recueillies peuvent également être invoquées en vue de
l’imposition de tiers.

Les demandes d’éclaircissements portent généralement sur les


discordances constatées et les demandes de justification sur la
recherche des preuves. Il revient que cette dernière demande est
plus contraignante.

Le redevable qui reçoit une demande écrite pour fournir des explications,
éclaircissements, justifications ou renseignements dispose d’un délai de vingt
jours pour y répondre (article 35).

Lorsqu’une vérification de comptabilité ou une procédure de


redressement requiert des connaissances techniques particulières,
l’Administration des impôts peut faire appel aux conseils techniques d’agents de
l’Etat ou des Etablissements publics (article 33).

Lorsque les intérêts du Trésor risquent d’être compromis,


l’Administration des impôts peut procéder sans délai à une vérification
inopinée.

Dans ce cas, l’avis de vérification est remis en mains propres au


contribuable lors de la première intervention et les opérations doivent se limiter
à des constatations matérielles, concernant notamment les inventaires, les
relevés de prix et les contrôles de l’existence des pièces comptables obligatoires
(article 31).

La vérification inopinée peut également porter sur l’impôt professionnel


sur les rémunérations et l’impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel
expatrié, en cas de dissimulation d’éléments imposables devant servir
mensuellement de base de calcul de ces impôts.

Le vérificateur qui a constaté des omissions, des insuffisances ou des


dissimulations commises par le contribuable se propose de procéder à la
rectification des bases d’impositions dans le cadre d’une procédure de redressement
contradictoire.

- 224 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

La procédure de redressement contradictoire débute par une notification


de redressements, se poursuit par la possibilité donnée au contribuable d’y
répondre en formulant ses observations et se conclut par la confirmation
ou l’abandon, par l’administration de tout ou partie des impositions
notifiées.

Au terme du contrôle, les redressements effectués sont notifiés au redevable


sous forme d’avis de redressement, envoyé sous pli recommandé avec accusé de
réception ou remis en mains propres sous bordereau de décharge.

Le redevable est invité à faire parvenir à l’Administration des impôts,


dans un délai de vingt jours, soit sa confirmation, soit ses observations motivées
(article 37). Le défaut de réponse dans le délai vaut acceptation et les
suppléments d’impôts et autres droits ainsi notifiés sont mis en recouvrement.

Lorsque les observations formulées par le redevable dans le délai sont


motivées, l’Administration des impôts peut abandonner tout ou partie des
redressements notifiés. Elle en informe le redevable dans un avis de
confirmation des éléments déclarés ou dans un avis rectificatif, envoyé sous pli
recommandé avec accusé de réception ou remis en mains propres sous
bordereau de décharge (article 38).

Si l’Administration entend maintenir les redressements initiaux, elle les


confirme dans une lettre de « réponse aux observations du contribuable » et
informe le contribuable de la possibilité de déposer une réclamation après
réception de l’Avis de Mise en Recouvrement.

§ 6. Droits et garanties du contribuable vérifié

En contrepartie des pouvoirs de vérification reconnus à l’administration


fiscale, le contribuable bénéficie d’un certain nombre de droits et garanties ci-
dessous :

- Aviser le contribuable d’une vérification par l’adresse


d’un avis de vérification accompagné d’un ordre de
Droits et garanties vérification, 8 jours avant le début de l’intervention sur
préalables à la place. Une charte du contribuable vérifié peut lui être
vérification remise à cet effet.
- En cas de crainte que l’avis de vérification n’amène le
contribuable à faire disparaître quelques éléments de

- 225 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

preuve, il peut être procédé à une vérification inopinée,


c’est-à-dire adresse préalable d’un avis de vérification
mais au jour même de l’intervention sur place.
- Droit de se faire assister (ou se faire remplacer) par un
conseil de son choix.
- La durée de la vérification qui est déterminé dans
l’ordre de vérification et ne peut être dépassée sous peine
Droits et garanties de nullité de la mission, sauf en cas de prorogation écrite.
pendant la - Le débat oral et contradictoire avec le vérificateur est
vérification aussi une garantie contre une consultation de la situation
comptable du contribuable sans commentaires.
- La garantie contre le changement de la doctrine pour
limiter les effets du virement de la doctrine
administrative.
- Droit d’être informé des conclusions de la vérification,
des motivations de chaque tête de redressement, de faire
parvenir aussi ses observations motivées sur les
Droits et garanties impositions fiscales lui notifiées. Jusqu’à une notification
postérieurs à la définitive,
vérification - Droit d’être protégé contre un nouveau contrôle sur les
mêmes impôts et le même exercice sauf en cas de
découverte d’un élément nouveau suite à une
dénonciation de fraude fiscale.

§ 7. Conclusion du contrôle

A l’issue de la vérification fiscale, et eu égard à ce qui précède, le


Vérificateur des Impôts clôture, généralement sa mission par l’un de trois cas
suivants :

Type de Contenu Commentaires


document
Le Vérificateur conclut que le Il s’agit d’une sorte de
contribuable a souscrit correctement félicitation adressée au
(de manière sincère et exact) sa contribuable pour la
déclaration et il a respecté toutes les
sincérité de sa déclaration.
Avis de exigences en la matière, auquel cas ilCe cas est rare car le
non- lui sera adressé un avis d’absence contrôle n’est programmé
imposition d’impositions. que lorsqu’il est établi que
le contribuable est
soupçonné de fraude ou
d’irrégularités flagrantes.
Lorsque la mission n’a pu s’effectuer Ce cas est aussi rare (à la

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Rapport de pour des raisons diverses telles que, DGE et au CDI) sinon il
non-lieu l’adresse introuvable du redevable, la dénoterait du
cessation effective d’activités d’un dysfonctionnement des
redevable qui émarge encore dans le services dans la gestion des
répertoire, le non assujetti à l’impôt répertoires des
qui fait l’objet d’un contrôle fiscal. contribuables
L’avis de redressement est un L’avis de redressement ne
document qui reprend les détails par clôture pas la mission du
impôt et par période de tous les Vérification des Impôts,
Avis de suppléments d’impôts que mais il déclenche la
redresseme l’Administration envisage de mettre procédure contradictoire
nt à charge de redevable, tout en car le contribuable devra
distinguant les suppléments réagir aux impositions lui
proprement dits et des pénalités ou notifiées.
amendes qui en découlent.
Redressement corrigé par l’abandon L’Avis rectificatif met fin
de tout ou d’une partie dudit aux échanges entre le
redressement à la suite des contribuable et le
Avis observations motivées formulées par Vérificateur. En cas de
rectificatif le redevable dans le délai. non satisfaction, il ne reste
au contribuable que de
saisir le contentieux au
moment opportun.
Redressement confirmé (sans aucune L’Avis de confirmation est
correction) à la suite des observations souvent à la base du
motivées formulées par le redevable contentieux fiscal car le
Avis de dans le délai. Autrement dit, le contribuable, non
confirmatio Vérificateur rejette en bloc les convaincu ou satisfait,
n observations du contribuable et voudra bien poursuivre sa
confirme ses impositions. contestation en s’adressant
au service chargé du
contentieux fiscal.

2.4. ENTREPRISE ET PROCEDURES DE RECOUVREMENT

§ 1. Définition

Le recouvrement de l’impôt s’entend de toutes les opérations conduisant à la


perception, par le Receveur des Impôts, des sommes dues au Trésor par les
redevables au titre d’impôts ou autres droits et taxes.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les procédures de recouvrement définissent les modalités d’exercice de deux


types de recouvrement : le recouvrement à l’amiable et le recouvrement forcé.

Il y a recouvrement à l'amiable lorsque le contribuable s’est acquitté de ses


obligations fiscales en matière de paiement d’impôt dans le délai légal et dans le
respect des dispositions de la loi fiscale en la matière.

Ce paiement effectué spontanément par le contribuable explique l’usage du


terme courant de « recettes des droits spontanés » pour désigner toutes les recettes
perçues aux échéances fiscales de certains impôts et « recettes des droits émis » qui
sont réclamées et payées à l’issue de la prise en charge des notifications fiscales
adressées aux contribuables.

Par contre, la procédure de recouvrement forcé est amorcée lorsque le


contribuable ne s’est pas acquitté, dans les délais légaux, de ses obligations fiscales
de paiement des impôts dus et réclamés par voie d’Avis de mise en recouvrement
(AMR).

L’avis de mise en recouvrement est un titre par lequel l’Administration des


Impôts rend exigibles les créances dues par le contribuable au titre d’impôt ou autres
droits.

§ 2. Modalités de recouvrement des impôts

On distingue trois modalités de recouvrement des impôts en vigueur en RDC


:

- le recouvrement par voie de déclaration auto liquidative ;


- le recouvrement par voie d’avis de mise en recouvrement ;
- le recouvrement forcé

A. Le recouvrement par voie de déclaration auto liquidative

Il consiste au paiement de l’impôt en même temps que le dépôt de la


déclaration. Les impôts et autres droits établis par les redevables dans leurs
déclarations doivent être payés au moment du dépôt de celles-ci.

Le recouvrement de l’impôt sur les bénéfices et profits est effectué par voie
d’acomptes provisionnels. Les acomptes provisionnels sont dus par les
contribuables relevant de la Direction des Grandes Entreprises et des
Centres des Impôts. Ils représentent, chacun, 40% de l’impôt déclaré au
titre de l’exercice précédent, augmenté des suppléments éventuels établis
par l’Administration des Impôts, que ces sommes fassent ou non l’objet de
contestation.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Les acomptes provisionnels sont versés, à l’aide d’un bordereau de versement


d’acomptes provisionnels, suivant le modèle fixé par l’Administration des Impôts,
avant le 1er août (premier acompte) et avant le 1er décembre (deuxième acompte) de
l’année de réalisation des revenus imposables. Ces deux versements sont à déduire
de l’impôt dû par le contribuable pour l’exercice fiscal considéré, le solde devant
être versé au moment du dépôt de la déclaration y afférente.

Si les acomptes provisionnels versés sont supérieurs à l’impôt dû pour la


même année par le contribuable, les crédits constatés à son compte courant fiscal,
peuvent, à sa demande, servir au paiement d’autres impôts et droits dus.

Les modalités de paiement des impôts


1. le paiement des impôts et droits s’effectue auprès des banques commerciales
et institutions financières intervenantes sur base de la déclaration fiscale dûment
remplie, datée et signée par le redevable ;
2. le redevable, muni de l’attestation de paiement délivrée par la banque
commerciale ou l’institution financière intervenante, se présente auprès des
Services compétents de la DGI pour souscrire sa déclaration fiscale dans le délai
légal ;
3. les Services compétents de la DGI lui délivrent un récépissé valant accusé de
réception de la déclaration fiscale et de l’attestation de paiement ;
4. une quittance lui sera délivrée par les Services compétents de la DGI après
réception des avis de crédit établis par la Banque Centrale du Congo ;
5. s’agissant des acomptes provisionnels en matière d’impôt sur les bénéfices et
profits, le paiement s’effectue auprès des banques et des institutions financières
intervenantes sur base du bordereau de versement d’acompte au regard du
montant repris sur l’invitation à payer établie par les Services compétents de la
DGI ;
6. concernant l’impôt professionnel sur les rémunérations des membres des
institutions politiques et assimilés, le paiement se fait par retenue à la source par
le Ministre du Budget ;
7. pour le cas de déclarations créditrices ou « Néant », les redevables sont tenus
de souscrire leurs déclarations fiscales directement auprès des Services
compétents de la DGI dans les délais légaux.

B. Le recouvrement par voie d’avis de mise en recouvrement.

Les impôts, suppléments d’impôts et autres droits établis par l’Administration


des Impôts sont recouvrés par l’émission d’un Avis de Mise en Recouvrement.
Il est envoyé au redevable sous pli recommandé avec accusé de réception ou
remis en mains propres sous bordereau de décharge.

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Les AMR concernent les impôts qui n’ont pas été payés dans les délais
légaux ainsi que ceux établis lors d’un contrôle fiscal (redressements ou taxation
d’office).

Les redevables sont tenus d’acquitter les montants dus dans un délai de 15
jours à compter de la réception de l’AMR, soit par chèque ou virement bancaire,
soit en numéraire.

C. Le recouvrement forcé.

La procédure de recouvrement forcé est utilisée lorsque le contribuable n’a


pas acquitté sa dette fiscale dans les délais légaux. L’Administration des Impôts
enclenche alors des poursuites précédées de quelques actions déclinées ci-dessous.
§ 3. Modalités d’exercice des poursuites en recouvrement forcé

Les poursuites en recouvrement forcé se font en cinq étapes successives


qui sont :
- la mise en demeure ;
- la contrainte et commandement ;
- l’avis à tiers détenteurs ;
- la saisie ;
- la vente.
Tableau n° 27. Différentes étapes d’exercice des poursuites en
recouvrement forcé

Les étapes successives du recouvrement forcé Délais


Les redevables sont invités d’acquitter les
ère 15
1 étape : montants dus dans le délai de 15 jours à compter
jours
de la réception de l’AMR.
Mise en En cas de déclaration sans paiement ou avec un
demeure paiement insuffisant, le redevable fait l’objet d’une 8 jours
mise en demeure l’invitant à payer dans le délai.
A l’expiration des délais de 15 ou 8 jours prévus
ci-haut, selon les cas :
Sans
- - Le Receveur des Impôts adresse une contrainte
délai
au Huissier l’enjoignant de poursuivre, en
ème
2 étape : recouvrement forcé, le redevable défaillant ;
- - L’Huissier, à son tour, adresse un
Contrainte commandement au redevable lui enjoignant de
et payer dans les huit jours, sous peine d’exécution 8 jours
commandement. des mesures de poursuite.
Le commandement ne peut être signifié que par

- 230 -
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l’agent de l’Administration des impôts muni d’une


Commission d’Huissier, signé par le Ministre des
Finances, et porteur de contraintes à la requête du
Receveur des impôts.
A défaut de recouvrer les sommes dues, le
Receveur demande aux tiers personnes détentrices
des sommes du redevable, de payer à l’acquit de ce
dernier jusqu’à concurrence des Impôts dus. Ladite
Sans
demande est faite par pli recommandé avec accusé
délai
de réception ou remis en mains propres sous
3ème étape :
bordereau de décharge. Le redevable en est
dûment informé par les soins du Receveur des
impôts.
Avis à tiers
Le tiers-détenteur, saisi par le Receveur des
détenteurs.
impôts, informe ce dernier de la situation des
fonds ou du patrimoine du redevable qu’il détient.
A défaut, pour ces tiers-détenteurs de satisfaire à 8 jours
cette demande dans un délai qui court à dater de la
réception de la demande, ceux-ci sont poursuivis
comme s’ils étaient débiteurs directs.
Après expiration du délai fixé dans le
commandement, le Receveur des impôts fait
procéder à la saisie des biens mobiliers et
Sans
immobiliers du débiteur.
délai
4ème étape : L’Huissier, après avoir effectué l’inventaire des
biens saisissables, dresse un procès-verbal de
Saisie. saisie selon les formes prescrites par la Loi.
La saisie conservatoire est convertie en saisie
exécution.
Est assimilée à la saisie, la demande du Receveur 2 mois
des impôts adressée aux tiers-détenteurs des biens
des redevables.
Huit jours au moins après la signification au
contribuable du procès-verbal de saisie, l’Huissier
8 jours
procède à la vente des biens mobiliers saisis
jusqu’à concurrence des sommes dues et des frais.
5ème étape : Le produit brut de la vente est versé au compte du
Receveur des impôts [qui], après avoir prélevé les
Vente sommes dues, tient le surplus à la disposition de
2 ans
l’intéressé pendant un délai de deux ans à
l’expiration duquel les sommes non réclamées sont
acquises au Trésor.

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Le Receveur des impôts peut, dans tous les cas où les intérêts du Trésor
sont en péril, faire saisir conservatoirement, avec l’autorisation du Directeur des
impôts compétent, les objets mobiliers du redevable.

Les héritiers d’un redevable décédé sont tenus, à concurrence de leur part
héréditaire, au paiement des impôts dus par le de cujus.

Toutes les contestations relatives au paiement des cotisations et aux


poursuites sont instruites par le Receveur des impôts. En cas de
contestation au sujet de la validité et de la forme des actes de poursuite,
l’opposition suspend l’exécution de la saisie jusqu’à la décision
judiciaire.

Il y a prescription pour le recouvrement des impôts et autres droits dus


après dix ans à compter du dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’Avis
de Mise en Recouvrement.

Lorsque le débiteur n’est pas en mesure de payer une dette fiscale, compte
tenu de l’état de sa trésorerie, une suspension des poursuites peut être consentie
par le Directeur compétent ou son délégué, en contrepartie de l’engagement du
débiteur d’acquitter sa dette majorée des pénalités selon un plan échelonné
(article 74). Le délai d’échelonnement du paiement des sommes dues visé ci-
dessus ne peut excéder six mois. La suspension des poursuites peut être
révoquée en cas de non-respect d’un délai d’échelonnement.
§ 4. Garanties du Trésor

Pour le recouvrement des impôts, des factures émises par le


Gouvernement et rendues exigibles par l’Administration des impôts, et autres
droits dus ainsi que des pénalités et frais y afférents, le Trésor a privilège
général sur tous les biens meubles et immeubles du redevable en quelque lieu
qu’ils se trouvent (article 75).

Ce privilège grève également les biens meubles et immeubles du conjoint


du redevable dans la mesure où le recouvrement des impositions peut être
poursuivi sur lesdits biens. Il s’exerce avant tout autre et pendant deux ans à
compter de la date de dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’Avis de Mise
en Recouvrement.

Pour le recouvrement des impôts, factures, et autres droits ainsi que des
pénalités et frais de poursuite, le Trésor a également droit d’hypothèque légale
sur tous les immeubles du redevable. Le recouvrement de l’impôt établi à
charge de la personne qui effectue les prestations d’assistance peut être

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poursuivi sur tous les biens, meubles et immeubles, du bénéficiaire desdites


prestations, lequel est solidairement responsable de l’impôt éludé.

La sortie du territoire est subordonnée à la présentation, au service de


la Sûreté de l’Etat, d’un document délivré par le Receveur des impôts attestant
que le redevable est quitte des impôts en République Démocratique du Congo
(article 82).

2.5. ENTREPRISE ET PROCEDURES CONTENTIEUSES

§ 1. Définition et types de contentieux

Le contentieux fiscal est une procédure qui consiste à prendre en


charge et à gérer une réclamation ou un litige né à la suite des
impositions mises à charge du redevable par l’Administration des
Impôts ou à l’occasion de leur recouvrement.

Les procédures contentieuses décrivent les mécanismes de la mise en


œuvre du contentieux fiscal tant dans sa phase administrative que dans sa phase
juridictionnelle.

On distingue deux types de contentieux :

- le contentieux d’assiette : est celui qui est né à la suite des


impositions mises à charge du contribuable ;
- le contentieux de recouvrement : est celui qui est né à l’occasion du
recouvrement de ces impositions.

§ 2. Formes de contentieux

On distingue le contentieux fiscal administratif et le contentieux fiscal


juridictionnel : Le contentieux fiscal administratif est celui qui se déroule au
niveau de l’Administration des Impôts sur base de la réclamation introduite par
le contribuable. Le contentieux fiscal juridictionnel est celui qui se déroule au
niveau de la Cour d’Appel appelée à trancher un litige contre la décision de
l’administration des Impôts.

§ 3. Services compétents pour traiter le contentieux fiscal

Le traitement du contentieux administratif est de la compétence du


Directeur des Grandes Entreprises pour les contribuables relevant de la DGE et
du Directeur Urbain ou Provincial des Impôts ou les Chefs de Centre des Impôts

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(CDI) ou Chefs de Centre d’impôts synthétiques (CIS), selon les cas pour les
contribuables relevant de leurs juridictions.

Aussi, l’instruction du contentieux de l’imposition ou du contentieux de


l’assiette relève-t-elle de la compétence du service d’Appoint et Contentieux à la
différence du contentieux du recouvrement dont l’instruction est assurée par le
Receveur des Impôts, tandis que la Cour d’Appel ou la Cour suprême de justice
(en cas de pourvoi en cassation) est compétente pour traiter le contentieux
juridictionnel.

A. Phase administrative du règlement du contentieux

§ 5. Phases du règlement du contentieux

Le tableau ci-dessous explique les différentes phases de traitement d’un


contentieux

Tableau n° 28. Différentes phases du règlement du contentieux

Phase administrative du contentieux


Dans un contentieux d’assiette, le contribuable s’attaque
généralement à l’impôt lui-même et fonde sa réclamation
sur les éléments suivants :
- l’imposition jugée non fondée au motif que
l’Administration a commis des erreurs ;
- erreur dans la détermination de l’assiette ;
- erreur dans la liquidation de l’impôt.
Dans un contentieux de recouvrement, le contribuable ne
Les éléments
conteste pas le bien-fondé de l’impôt mais s’attaque à :
d’une
- la régularité en la forme de l’acte de poursuite
réclamation
(opposition à poursuites) : vice de forme ;
- l’existence de l’obligation de payer ou les causes de la
poursuite (opposition à contrainte) : quotité ou
exigibilité.
- Les redevables ainsi que leurs mandataires qui justifient
Les personnes
d’un mandat général ou spécial en vertu duquel ils
habilitées à
agissent ;
introduire une
- Sont assimilées au redevable, les personnes à charge
réclamation
desquelles l’impôt a été retenu à la source.
La réclamation doit être écrite, individuelle et motivée
Les formes et c’est-à-dire qu’elle doit contenir tous les arguments de
contenus d’une droit et de fait que le contribuable entend valoir à
réclamation l’encontre de l’imposition mise à sa charge.

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Aussi longtemps qu’une décision n’est pas intervenue, le


redevable peut compléter sa réclamation initiale par des
moyens nouveaux libellés par écrit. Il doit joindre à sa
réclamation, les documents nécessaires notamment une
copie de l’avis de mise en recouvrement ou de la
déclaration pour faciliter son instruction par les services.
- Sous peine de déchéance, la réclamation doit être
introduite dans les six mois à partir de la date de la
déclaration ou de réception de l’Avis de Mise en
Recouvrement. Il est délivré reçu de sa réclamation au
redevable.
Les délais et
conditions de
- Pour être recevable, la réclamation doit être motivée.
recevabilité d’une
réclamation
- La décision de l’Administration doit être notifiée dans les
six mois qui suivent la date de réception de la réclamation.
L’absence de décision dans ce délai est considérée comme
une décision de rejet de la réclamation.
Le lieu Il importe de souligner que le service compétent pour être
d’introduction saisi d’une réclamation est celui auprès duquel le
d’une contribuable a souscrit sa déclaration ou celui qui a émis
réclamation l’avis de mise en recouvrement.
A l’introduction d’une réclamation, un numéro est attribué
à chaque dossier et notifié au contribuable dans l’accusé de
réception de sa réclamation et doit être rappelé dans toutes
les correspondances qui seront échangées entre
l’Administration des Impôts et le contribuable.

Pour l’instruction de la réclamation, l’Administration des


impôts peut procéder à la vérification des écritures du
Procédures redevable, s’assurer de la conformité des extraits et
d’instruction documents produits et se faire présenter toutes les pièces
d’une justificatives utiles.
réclamation
L’agent instructeur doit aussi requérir l’avis du service à
l’origine des impositions et peut demander à d’autres
services de lui fournir tous les renseignements nécessaires.

Une fois l’instruction terminée, l’agent instructeur doit


rédiger un rapport d’instruction qu’il signe lui-même et un
projet de décision qu’il transmet à son chef hiérarchique
pour sanction par l’autorité compétente.

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Quelle qu’en soit la forme, l’Administration des Impôts est


tenue de motiver sa décision qui doit être notifiée au
redevable dans les six mois.

La phase administrative du contentieux fiscal peut se


clôturer par l’une de deux décisions importantes suivantes :
- le rejet total de la réclamation : il se matérialise par une
Le résultat d’une confirmation des impositions qui font l’objet de la
réclamation réclamation ;
- le dégrèvement partiel ou total des impositions
contestées : il se traduit par l’annulation d’une partie ou
de tout, des impositions contestées ;
- l’établissement de suppléments d’impôts : il se traduit
par les nouvelles impositions.

Ce qu’il convient de savoir encore :

1. Si le redevable s’abstient, pendant plus de vingt jours, de fournir les


renseignements demandés ou de produire les documents comptables et autres
pièces justificatives, sa réclamation est rejetée.

2. Sauf en cas d’erreur matérielle ou de double emploi, l’introduction


d’une réclamation, d’un recours en appel ou d’un pourvoi en cassation ne
suspend pas l’exigibilité de l’impôt et autres droits dus ainsi que des pénalités et
frais y afférents.

3. Lorsque la réclamation porte sur un supplément d’impôt, le


contribuable peut, à sa demande, bénéficier d’un sursis de recouvrement de
l’impôt litigieux et des pénalités y afférentes. Dans ce cas, il est tenu de verser
un montant au moins égal au cinquième du supplément d’impôt contesté. Cette
disposition ne concerne pas les cas de taxation d’office. Le sursis dont bénéficie
le contribuable ne dispense pas l’Administration des impôts d’appliquer les
pénalités prévues par la Loi, en cas de rejet de la réclamation.

4. Lorsqu’une imposition a été annulée pour n’avoir pas été établie


conformément à une règle légale, l’Administration des Impôts peut établir, à
charge de même redevable, une nouvelle cotisation à raison de tout ou partie des
mêmes éléments d’imposition. Dans ce cas le rapport d’instruction ne doit pas se
limiter à constater le vice de forme ou de procédure dans l’établissement des
impôts contestés, mais il doit indiquer, notamment sur base de l’avis du service
à l’origine de l’imposition, si une nouvelle cotisation sera notifiée au réclamant.

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5. Même après l’expiration des délais de réclamation, le Directeur des


impôts compétent accorde d’office le dégrèvement des surimpositions résultant
d’erreurs matérielles ou de doubles emplois. Toutefois, si l’impôt est déjà payé,
le surplus n’est inscrit au crédit du compte courant fiscal du redevable que si la
surimposition est constatée ou signalée dans un délai de trois ans à compter de la
prise en recettes (article 105).

6. La compétence de la prise de décision en matière contentieuse est


répartie entre le Directeur Général, le Directeur Urbain ou Provincial et le Chef
de Centre des Impôts. En effet, toutes les décisions dont le montant du litige :
- excède 500.000.000 FC est de la compétence du Directeur Général ;
- se situe entre 500.000.000 FC et 50.000.000 FC est de la compétence du
Directeur Urbain ou Provincial ;
- est inférieur à 50.000.000 FC est de la compétence du Chef de Centre des
Impôts.

Si le contribuable est convaincu du bien-fondé des impositions (en


principal et pénalités) mises à sa charge mais veut néanmoins fléchir,
l’administration fiscale afin d’obtenir la remise totale ou partielle des pénalités
liées à l’imposition établie, la loi fiscale congolaise prévoit la possibilité d’un
recours gracieux.
En cas d’indigence ou de gêne mettant un contribuable dans
l’impossibilité de se libérer de sa dette envers le Trésor, celui-ci peut solliciter le
remise totale ou la modération des pénalités fiscales établies et non le principal
dû, auprès du Ministre ayant les finances dans ses attributions.

B. Phase juridictionnelle de règlement du contentieux

La décision de rejet total ou partiel peut faire l’objet d’un recours devant
la Cour d’Appel.

Le recours en appel doit, sous peine de déchéance, être introduit dans un


délai de six mois à partir de la notification de la décision au redevable ou, en
l’absence de décision, à compter de la date d’expiration du délai prévu.

Aucune demande nouvelle ne peut être présentée à l’occasion de ce


recours. Autrement dit, le juge ne traite que le litige tel que présenté devant lui.

Mais il faut noter que le recours ne suspend pas le recouvrement des


impôts ainsi que les pénalités y relatives. Si la décision est prise dans le sens du
rejet, la poursuite en recouvrement continue et les pénalités ou intérêts
moratoires sont calculées.

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2.6. ENTREPRISE ET SANCTIONS FISCALES


(Texte de base : Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 telle que modifiée à ce jour)

§ 1. Pénalités et amendes

Le système fiscal congolais prévoit les pénalités et amendes fiscales


suivantes :

1) les pénalités d’assiette ou majorations : Elles sanctionnent le


défaut de déclaration au regard des délais légaux, les déclarations
inexactes, incomplètes ou fausses ;

2) les pénalités de recouvrement ou intérêts moratoires : Elles


sanctionnent le retard dans le paiement des impôts et autres droits
dus ;

3) les astreintes : C’est une sanction pécuniaire frappant les personnes


mises en demeure par pli recommandé avec accusé de réception ou
remis en mains propres sous bordereau de décharge pour n’avoir
pas donné suite, dans le délai, à une demande de renseignement de
l’Administration des Impôts dans le cadre du droit de
communication. L’astreinte visée à l’alinéa précédent est établie par
le service ayant demandé les renseignements, et réclamée par voie
d’Avis de Mise en Recouvrement ;

4) les amendes administratives : Ce sont les sanctions qui répriment le


non-respect des formalités comptables et fiscales ainsi que le
mauvais comportement du contribuable, du redevable ou de toute
autre personne, tendant à faire perdre au Trésor Public les droits
dus, soit par le contribuable ou le redevable légal, soit par les tiers ;

5) les sanctions pénales.

Par récidive, il faut entendre le fait de commettre une même infraction


déjà sanctionnée, dans un délai de deux ans ou de 6 mois en ce qui concerne
respectivement les impôts annuels et les autres impôts.

§ 2. Calcul des pénalités d’assiette et de recouvrement

Les pénalités d’assiette sont assises sur le montant de l’impôt dû, éludé,
reconstitué ou fixé forfaitairement par la loi ou en vertu de la loi (article 85).

- 238 -
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Lors de l’établissement des suppléments d’impôts ou de la taxation


d’office, la base de calcul des pénalités de recouvrement est uniquement
constituée du montant du principal des droits éludés, reconstitués ou fixés
forfaitairement par la loi (article 86). En cas de paiement au-delà du délai de 15
jours à dater de la réception de l’Avis de Mise en Recouvrement (AMR), les
pénalités de recouvrement sont calculées sur base du montant des droits et des
pénalités d’assiette.

Tableau n° 29. Synthèse des pénalités, amendes et astreintes fiscales


applicables en RDC

Taux des pénalités, amendes et astreintes fiscales


N° Nature de faute Taux Base de calcul ou
observation
1 Cas de taxation d’office pour 50% du montant de l’impôt dû
absence de déclaration pour la première infraction
servant au calcul de tout 100% du même montant en cas de
impôt ou accompagnant le récidive
paiement d’un droit.
2 25% du montant de l’impôt dû.
Cas de régularisation dans
les 5 jours de la relance 50% en cas de récidive
3 Autres cas de taxation 25% du montant de l’impôt dû
d’office pour la première infraction
50% en cas de récidive.
4 20% du montant de l’impôt éludé
Cas de redressement 40% du même montant, en cas de
récidive
5 Défaut de paiement ou 50% du montant de l’acompte non
l’insuffisance de paiement de versé71.
l’acompte provisionnel
6 4% d’intérêt moratoire par mois
de retard. Cet intérêt est
décompté du premier jour du
Cas de retard de paiement mois au cours duquel l’impôt
des impôts et autres droits. aurait dû être payé au jour du
mois du paiement effectif,
tout mois commencé étant
compté intégralement.

71Article 14 de la Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 modifiant et complétant l’article 98 bis de la Loi n°
004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales.

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7 100.000 par annexe ;


Cas d’absence d’annexes à la
FC
déclaration de l’impôt sur les
200.000 en cas de récidive.
bénéfices et profits
FC
8 500.000 pour les personnes morales
Cas d’absence d’une
FC
déclaration ne servant pas au
250.000 pour les personnes physiques
calcul de l’impôt
FC
9 200.000 pour les déclarations d’un
FC contribuable exonéré ou
Cas de défaut de souscription réalisant les opérations
de déclaration dans le délai exonérées et pour les
déclarations avec mention
« néant ».
10 Cas de défaut de retenue sur 100% du montant de la retenue due
loyers ou de reversement de
celle-ci
11 1.500.000 pour les personnes morales
Cas de communication de FC
faux renseignements 250.000 pour les personnes physiques
FC
12 750.000 pour les personnes morales
Cas de communication de FC
renseignements incomplets 125.000 pour les personnes physiques
FC
13 Cas d’omission d’une 750.000 pour les personnes morales
mention obligatoire constatée FC
dans une facture ou un 250.000 pour les personnes physiques
document en tenant lieu FC
13 1.000.000 pour la 1ère infraction
Cas d’opposition au droit
FC
d’enquête ou au contrôle
2.000.000 en cas de récidive
inopiné
FC
14 1.000.000 fermeture provisoire ainsi
FC que régularisée d’office
et pour les personnes morales
Cas d’exercice d’une activité 100.000 pour les personnes physiques
soumise à l’impôt sans FC exerçant le commerce ou une
l’obtention au préalable d’un profession libérale ;
numéro impôt 50.000 pour les personnes physiques
FC bénéficiaires de revenus
locatifs.

- 240 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

15 100.000 pour les personnes morales


FC
Le refus de répondre, dans le
25.000 pour les personnes physiques,
délai légal, à une demande de
FC par jour de retard, jusqu’au
renseignements (en dehors
jour où les informations
de toute procédure de
demandées seront
contrôle)
communiquées
16 3% Commandement
Frais de poursuites 5% Saisie
3% Vente
Taux des pénalités, amendes et astreintes des recettes non fiscales
N° Nature de faute Taux Base de calcul ou
observation
1 Défaut de déclaration 20% Des droits dus
spontanée
2 Déclaration incomplète ou 25% Des droits dus
fausse
3 Cas de récidive 50% Des droits dus
4 Frais de poursuites 3% Commandement
5% Saisie
3% Vente

§ 3. Infractions fiscales

Sont qualifiées par la loi des infractions fiscales concernées


sont (article 102) :
- L’omission volontaire de déclaration ;
- La dissimulation volontaire des sommes sujettes à l’impôt ;
- La passation délibérée des écritures fictives ou inexactes dans les
livres comptables ;
- L’incitation du public à refuser ou retarder le paiement de l’impôt ;
- L’émission de fausses factures ;
- L’opposition à l’action de l’Administration des impôts ;
- L’agression ou l’outrage envers un agent de l’Administration des
impôts
Aussi, les peines prévues sont-elles les suivantes :
Sans préjudice des peines portées aux articles 123 et 124 du Code Pénal,
les auteurs d’infractions fiscales qui procèdent manifestement d’une intention
frauduleuse sont passibles des peines ci-dessous :

- 241 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1) Pour la première infraction :

- Emprisonnement d’un à 30 jours ;


- Amende égale au montant de l’impôt éludé ou non payé dans le
délai ;
- Ou l’une de ces peines seulement.

2) En cas de récidive :

- Emprisonnement de 40 à 60 jours ;
- Amende égale au double du montant éludé et non payé dans ce
délai ;
- Ou l’une de ces peines seulement.

Les poursuites en application des dispositions des articles 101 et 102 ci-
dessus sont exercées par le Procureur de la République à la requête de l’agent de
l’Administration des impôts revêtu de la qualité d’Officier de Police Judiciaire à
compétence restreinte, du Directeur Général ou du Directeur compétent, selon le
cas (article 103).

Pour tous cas d’intention frauduleuse, la charge de la preuve incombe à


l’agent visé à l’alinéa précédent ou à l’Administration des impôts qui doit établir
la matérialité des faits ainsi que la responsabilité du délinquant. L’intention
frauduleuse consiste à poser des actes en vue de se soustraire ou de soustraire
des tiers à l’établissement ou au paiement total ou partiel de l’impôt dû.

- 242 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Ce qu’il convient de retenir dans ce chapitre 7


1. Les procédures fiscales jouent deux rôles importants : protéger les
contribuables et lutter contre la fraude.

2. Les agents des impôts ont le droit :


- général d’obtenir des personnes physiques ou morales, publiques ou
privées, communication de toutes les pièces ou documents nécessaires à
l’établissement des impôts et autres droits dus par les redevables ;
- d’intervenir de manière inopinée auprès des assujetties à la TVA pour y
chercher, sur place (locaux à usage professionnel, terrains ou entrepôts), des
preuves ou faire la constatation matérielle des éléments physiques (copies
factures, registres, documents professionnels) devant ou ayant donné lieu à
facturation en matière de TVA ;
- de procéder à des perquisitions pour la recherche des infractions en
matière d’impôts directs et de TVA lorsqu’ils estiment vraiment qu’il existe
une ou plusieurs présomptions graves d’agissements frauduleux dans le
chef de l’assujetti concerné et ils ont besoin de suffisamment de preuves,
pour assurer des actions fiscales ;
- de procéder à la vérification, sur pièces et sur place, de l’exactitude et de
la sincérité des déclarations des contribuables et effectuer, les cas échéants,
à l’établissement des impôts ou autres droits éludés ;
- de procéder au recouvrement, à l’amiable ou forcé, des impôts échus

3. Les contribuables ont l’obligation :


- de souscrire leurs déclarations dans la forme, les modalités, le contenu et
les échéances, fixés par la loi ;
- de payer les impôts suivant les modalités définies par la loi (respect des
échéances et du circuit de paiement, paiement auprès des institutions
bancaires et usage des documents appropriés).

4. Les contribuables ont le droit :

- à la procédure contradictoire en cas de contrôle fiscal


- à un recours en matière d’assiette et de recouvrement, même en cas de
gêne de paiement des impôts

- 243 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CHAPITRE 8. FISCALITE ET RESPONSABILITES DE L’ENTREPRISE

Il est évident que l’entreprise devra bien s’acquitter de ses obligations


fiscales, en matière de déclaration et de paiement des impôts pour donner à
l’Etat, les ressources budgétaires nécessaires dont il a besoin pour le
financement des politiques publiques.

Ce chapitre aborde cette question de responsabilité de l’entreprise ou du


moins celle de ses dirigeants et la situe à quatre niveaux :

1. une responsabilité financière : réaliser les résultats financiers les plus


élevés possibles et aux moindres coûts et bien rémunérer toutes les parties
prenantes ;

2. une responsabilité sociale : exercer ses activités tout en prenant en


compte des conséquences sociales et environnementales et des
engagements sociétaux en faveur du développement durable, de la lutte
contre la discrimination et la promotion des diversités ;

3. une responsabilité juridique : implique le respect des règles et lois


fiscales dans la gestion des dossiers fiscaux par les managers ;

4. une responsabilité managériale : gérer de façon optimale et performante


l’entreprise en appliquant les règles déontologiques et celles de la
profession.

A ces quatre questions s’ajoute, comme préalable, la compréhension du


fondement même de l’impôt. En effet, la légitimité de l’impôt repose sur une
représentation bien admise qui pose la fiscalité comme la concrétisation d’un
lien social, d’une solidarité entre citoyens, d’une participation matérielle à une
même communauté. Autrement dit, l’état de contribuable constitue un élément
essentiel de la citoyenneté et c‘est une image communautaire de l’impôt qui
fonde une alliance déjà ancienne72.

72 M. BOUVIER, Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, LMDJ, Paris, 2013, p. 813.

- 244 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 1. FISCALITE ET RESPONSABILITE FINANCIERE DE


L’ENTREPRISE

1.1. FONDEMENT ECONOMIQUE DE L’IMPÔT

§ 1. Impôt finance les dépenses publiques

Le principe de l’existence de l’impôt se justifie par le souci de couvrir


absolument les dépenses d’intérêt général. Il y a entre l’impôt et les dépenses,
une relation tellement étroite que l’on peut dire que la dépense d’intérêt général
est le fondement et la mesure de l’impôt moderne »73.

Le financement des dépenses publiques est généralement considéré


comme la principale fonction des prélèvements obligatoires. L’impôt est un
instrument privilégié de financement du budget de l’Etat et des Entités locales.

§ 2. Impôt accroit l’efficacité économique

La fiscalité n'est pas neutre d'un point de vue économique. En effet,


tous les impôts ont une incidence sur le comportement des agents
économiques. On peut jouer sur la fiscalité pour orienter l'activité des
agents économiques vers l'épargne ou l'investissement.

Pour contrôler l’équilibre macro-économique, assurer la croissance et


tendre vers le plein emploi, on distingue habituellement les politiques centrées
sur la demande visant au soutien ou à la relance de l’activité économique
(théorie Keynésienne), des politiques privilégiant l’offre, plus restrictives,
favorables à l’épargne et/ou cherchant à améliorer la compétitivité des
entreprises et donc de l’économie nationale.

§ 3. Impôt attire les investissements

Les taux d’impôts peuvent être baissés et les exonérations octroyées dans
le but d’attirer les investisseurs dans un pays.

L’impôt a la vertu de pouvoir inciter sans nécessairement contraindre, son


usage en tant qu’instrument de réalisation du plan, ou de tous autres objectifs de
73 G. JEZE, Cours de Finances Publiques, Giard, Paris, 1931, p. 123.

- 245 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

politiques publiques. Cette politique peut, certes, aboutir à une concurrence


fiscale dommageable vis-à-vis d’autres États, mais la législation fiscale d’un
pays est donc un puissant instrument d’incitation économique et sociale.

1.2. GESTION FINANCIERE OPTIMALE ET MAXIMISATION DU


COÛT-VALEUR

Si l’impôt sert à financer les dépenses publiques, à accroître l’efficacité


économique et à attirer les investissements, il se dégage une lourde
responsabilité des entreprises entant que pourvoyeuses des ressources publiques.
Aussi, les conséquences fiscales de la responsabilité financière de l’entreprise se
mesure-t-elle par la capacité de gestion à générer un résultat positif susceptible
de maximiser les ressources fiscales attendues par l’Etat.

Cette espérance fiscale de l’Etat dépend de deux comportements


stratégiques que devra adopter l’entreprise dans sa gestion financière, à savoir :
optimiser les produits et maitriser les charges en vue d’une augmentation des
revenus imposables. Cette exigence des actionnaires est aussi celle de l’Etat
entant que partie prenante ;

La recherche du bénéfice constitue donc un processus d’agrandissement


du poste « résultat » qui figure au bilan de l’entreprise où il apparaît comme un
résidu dans la proportion telle que schématisée comme suit :

CHARGES

PRODUITS
BENEFICE

En effet, comme nous l’avions souligné au chapitre trois, le résultat de


l’entreprise découle de la différence entre les produits et les charges. Aussi, plus
les produits augmentent et moins il y aura des charges, les bénéfices vont
augmenter. Le contraire serait le début de la dérive, non seulement de
l’entreprise, mais aussi des intérêts de l’ensemble des parties prenantes.

La rentabilité d’une entreprise se calcule par le rapport entre les marges et


les capitaux investis. Et les marges s’obtiennent par la différence entre les

- 246 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

produits et les charges. La rentabilité ne se calcule donc pas par rapport au


chiffre d’affaires (rapport entre marge et chiffre d’affaires). Il en résulte que la
performance de l’entreprise se mesure par sa capacité de création de valeur dont
les indicateurs les plus courants sont74 :
- le taux de rentabilité interne (total shareholder return TSR) ;
- la valeur de marché totale des actifs (VMA) qu’on obtient par la
formule suivante : (valeur boursière + endettement net) – (valeur
comptable (immobilisation + besoins en fonds de roulement) ;
- la rentabilité des fonds propres (return on équity).
La performance d’une entreprise se mesure, notamment, par sa
capacité de maitriser les coûts et la valeur créée par elle.75. La maitrise du
couple « coût-valeur » consiste, pour l’entreprise, à mettre toujours en place des
politiques de réduction des coûts et d’augmentation des produits76 :

Bref, les dépenses ostentatoires sont à éviter car elles constituent un


premier indicateur de mauvaise gestion et contribuent à l’affaiblissement de la
situation financière de l’entreprise et par conséquent un manque à gagner
fiscal pour le Trésor public.

1.3. ENJEUX DE LA RESPONSABILITE FINANCIERE DE


L’ENTREPRISE

La responsabilité financière de l’entreprise se résume dans la capacité des


dirigeants à :

§ 1. Présenter les états financiers qui reflètent l’image fidèle de


l’entreprise

Présenter les états financiers qui reflètent l’image fidèle de l’entreprise


implique la régularité, la sincérité et la fidélité des comptes.

La confiance due aux dirigeants par les parties prenantes dépend en


grande partie de leur capacité à respecter les principes financiers et comptables
et leur degré de moralité dans les affaires. C’est à titre que plusieurs
corporations professionnelles (régulateurs financiers, Corps des Commissaires

74
75 R. Demester, P. Lorino et N. Mottis, Pilotage des l’entreprise et contrôle de gestion, 5ème édition, Dunod, Paris, 2012, P590
76 JG. Degos & S. Griffiths, Gestion financières, de l’analyse à la stratégie, Eurolles éditions d’organisation, Paris, 2011, P130

- 247 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

aux comptes p.e) veuillent à la moralité et la qualité des dirigeants en


sanctionnant avec sévérité les délits comptables et financiers ;

§ 2. Faire le reporting de la performance financière de l’entreprise

La mondialisation couplée de l’expansion des marchés financiers a accru


les obligations, pour les entreprises, de diffuser les informations financières à
destination des investisseurs et toute autre partie prenante. Ce reporting
concerne les plus souvent le résultat réalisé par l’entreprise, les capitaux propres,
le capital physique

§ 3. Augmenter les produits ou les volumes de la production de


l’entreprise

Pour augmenter ses produits ou le volume de sa production tout en


espérant écouler la totalité desdits produits sur le marché, le manager de
l’entreprise peut adopter quatre stratégies suivantes :

1) Augmenter la capacité de production de l’entreprise : investissement


d’expansion, de croissance, augmentation des actifs constatés dans le
Bilan de l’entreprise (immobilisations, stocks de marchandises ou
matières…), investir en incorporant le progrès technique ;

2) Rationnaliser la production par le suivi du coût de revient : produire à


des coûts les plus faibles possibles (productivité), dans les délais rapides
(réactivité) et avec un niveau de qualité optimale, amortir les charges
fixes sur des volumes plus importants. Si l’on veut augmenter les résultats
de l’entreprise par l’augmentation des produits, il convient de maitriser,
dans le processus de production, les contraintes liées au coût, au délai et à
la qualité. Il est toujours indiqué de réduire certaines charges sans pour
autant risquer de compromettre l’activité de l’entreprise : pas de
gaspillage et réduction des effectifs moins utiles ;

3) Amorcer une stratégie marketing axée sur les 4P : Produit (définir et


positionner l’offre), Prix (fixé en fonction des enjeux), Place (choix du
circuit de distribution) et Publicité (communiquer le message pour faire
connaître et faire acheter le produit) ;

- 248 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4) Bien piloter les produits dans le temps et à travers son cycle de vie :
savoir au moment opportun, lesquels des produits modifier, privilégier,
délaisser, introduire, faire soi-même…

SECTION 2 : FISCALITE ET RESPONSABILITE SOCIALE DE


L’ENTREPRISE
2.1. FONDEMENT SOCIOLOGIQUE DE L’IMPÔT

§ 1. Consentement à l’impôt : sacrifice fiscal

La
légitimité de l’impôt réside dans son consentement (Michel Bouvier,
2016). Autrement dit, les citoyens, en adhérant au paiement de l’impôt,
expriment leur consentement à faire un sacrifice fiscal. L’impôt est donc un
déterminant de la puissance d’un Etat organisé matérialisée par le sacrifice fiscal
des citoyens (personnes physiques contribuables) et des entreprises.

Consentir à l’impôt c’est accepter d’être débiteur de l’Etat dans une


logique de constitution d’une « communauté universelle ». Le
renforcement du consentement à l’impôt, producteur de la « légitimité
fiscale républicaine » repose sur l’idée que la vie en société organisée
procure des avantages et qu’il faut donc en payer le coût (Bouvier M,
A cet effet, Jean Jacques ROUSSEAU souligne déjà au 17ème siècle que :
« le maintien de l’Etat et du gouvernement exige des frais et de la dépense ; et
comme quiconque accorde la fin peut refuser les moyens, il s’ensuit que les
membres de la société doivent contribuer de leur bien à son entretien »77.

§ 2. Impôt : contrat social

La théorie de l’impôt-échange considère l’impôt comme le prix payé par


le contribuable pour la sécurité et les services que lui apporte l’Etat. Cette thèse
de « l’impôt-assurance ou impôt-contrepartie ou impôt-bénéfice », est
dominante depuis le 18ème siècle et reste attachée au courant d’un contrat social
selon lequel un pacte aurait été conclu de manière tacite entre l’individu et
l’Etat, les premiers acceptant d’aliéner une part de leur liberté et de leurs biens
en échange d’une garantie de sécurité. D’un tel point de vue, il peut être déduit

77 JJ. ROUSSEAU, « Discours sur l’économie politique », Encyclopédie, 1755, in Rousseau, Œuvres politiques, Bordas, 1989, Paris, p. 346.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

l’existence d’une sorte de « contrat social » se présentant soit comme un contrat


d’assurance, soit comme un contrat de louage d’ouvrage.

En vogue à ce jour, cette théorie communément appelée aussi « principe


d’équivalence » soutient que la répartition de l’impôt se fait en fonction de
l’utilité que chacun retire de la consommation des services collectifs ainsi
financés78. Le postulat est que le contribuable client ne paiera le prix demandé
que s’il considère que celui-ci est inférieur à l’avantage qu’il peut retirer du
service.

§ 3. Impôt : instrument de solidarité nationale

Contrairement à l’école de « l’impôt-échange », la théorie de « l’impôt-


solidarité » soutient le caractère sacrificiel de l’impôt et soulève la difficulté de
conceptualiser le rapport Etat-citoyens sous la forme d’un rapport
producteur/consommateurs. Pour les tenants de cette théorie (J.J ROUSSEAU),
l’impôt est à considérer comme un devoir nécessaire à l’établissement d’un lien
social fondé sur l’idée de solidarité79.

Le principe s’appuie sur l’idée qu’une société forme un tout dont les
éléments sont en interrelations. Si l’un des éléments vient à montrer quelques
faiblesses, il s’ensuit que, c’est l’ensemble qui s’en trouve lui-même affaibli.
Appliqué à la fiscalité, on en tire les conclusions qu’il convient de :
- veiller à répartir correctement les richesses si l’on veut éviter des
dysfonctionnements ;
- tenir compte de la capacité contributive des contribuables et instituer une
progressivité de l’impôt ;
- considérer l’impôt comme un instrument de redistribution et d’égalisation.

On en conclut que l’impôt devient un prélèvement « que la souveraineté


exige de l’individu en vertu du principe de la solidarité nationale pour
subvenir aux dépenses d’intérêt général et aux charges résultant des dettes
de l’Etat ». (CAUWES, cité par ALLIX E., in Traité élémentaires de
science des finances et de législation financière)

78 G. GILBERT, « Capacités contributives », in Dictionnaire encyclopédique de finances publiques, PUG, Grenoble, 2013, P. 98.
79 M. BOUVIER, op cit, p. 713.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

§ 4. Impôt négatif : revenu minimum garanti

Le principe de l’impôt négatif repose sur l’idée que si l’Etat n’a pas à
corriger les inégalités engendrées par le fonctionnement des mécanismes du
marché, il existe toutefois un certain nombre d’exclus du marché du travail
auxquels il se doit de venir en aide80.

Autrement dit, l’impôt négatif constitue un moyen de redistribution des


revenus en direction des plus démunis et s’inscrit dans une politique globale de
restructuration du rôle de l’Etat. L’impôt négatif consiste en une allocation
dégressive sur le revenu destinée à assurer à ses bénéficiaires un revenu
minimum garanti qui, tout en leur permettant de subsister, ne doit pas les inciter
à demeurer oisifs.

2.2. ORGANISATION DE L’ENTREPRISE EN MATIERE DE


RESPONSABILITE SOCIALE

§ 1. Responsabilité sociale de l’entreprise : notion de plus en plus


contraignante

Si l’impôt est un instrument de solidarité nationale, l’entreprise devra


constituer une modalité et une preuve par excellence de l’expression de cette
solidarité qui ferait que, même les personnes non concernées directement par le
profit de l’entreprise, trouvent leur compte par effet d’entrainement social.

La notion de responsabilité sociale de l’entreprise s’efforce de rendre


compte de l’exercice par les entreprises, d’une responsabilité vis-à-vis des
différents groupes avec lesquels elles interagissent, souvent désignés sous le
terme de parties prenantes ou stakeholders, et qui se situent au-delà de leurs
strictes obligations, techniques, légales et économiques81.

La notion de responsabilité sociale de l’entreprise implique que


l’entreprise s’impose volontairement l’obligation de poursuivre des objectifs
servant réellement les intérêts de tous ceux qui sont intéressés par son activité, et
ce, au-delà des obligations lui imposées par la loi (obligations sociales). Il s’agit
donc d’une obligation morale ou éthique que l’entreprise s’impose
volontairement et qui implique, pour elle, la distinction entre le bien et le mal,

80 J. PERCEBOIS, Economie des finances publiques, A. Colin, Paris, 1991, p. 231.


81 JP. GOND, La responsabilité sociale de l’entreprise, éd que sais-je ?, PUF, Paris, 2008, P9

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

entre ce qui ne l’est pas, étant approprié et ce qui est juste et ce qui ne l’est pas,
étant entendu que ce qui est légal n’est pas forcément moral ou éthique82.

Respect des droits de l’homme, des relations et des conditions de travail,


protection de l’environnement, bonnes pratiques des affaires, prise en charge des
questions relatives aux consommateurs ainsi que l’engagement social sont autant
d’obligations de responsabilité sociale de l’entreprise.

En effet, même si les entreprises, qui détruisent l’environnement et créent


des dégâts sociaux (maladies, pollutions, violation des droits de l’homme…),
payaient correctement leurs impôts, il serait dommage de constater que, d’une
manière ou d’une autre, les recettes fiscales générées par lesdites entreprises
serviront à réparer les dégâts environnementaux et sociaux créés par elles.

Il en découle que l’impôt payé par une entreprise nuisible est non
rentable pour l’Etat. La responsabilité d’une entreprise est donc avant
tout une responsabilité sociétale avant d’être une responsabilité
fiscale. Autrement dit, payer un franc d’impôt pour en occasionner 2
francs de dépense publique, relève de l’irresponsabilité sociale et donc
de la destruction de l’Etat.

§ 2. Quatre piliers de la responsabilité sociale

Eu égard à ce précède, nous pouvons confirmer avec le Professeur


GAMELA que la responsabilité sociale de l’entreprise repose sur quatre
piliers83 :

- Pilier économique : l’entreprise vise, non seulement, le profit ou la


création de la richesse économique, mais aussi la croissance et la survie ;

- Pilier environnement : l’entreprise doit contribuer au développement


durable par sa gestion des ressources naturelles et par la préservation de
l’environnement. En effet la notion de développement durable implique
une utilisation des ressources naturelles permettant de satisfaire les
besoins des générations d’aujourd’hui tout en protégeant l’environnement
et les ressources naturelles pour les générations futures ;

82 O. GAMELA, Introduction générale au management, Manuel d’initiation à la gestion des entreprises, éd. Universitaires Africaines, Kinshasa, 2015,
p.61.
83 O. GAMELA, Responsabilité sociétale de l’entreprise, Note de cours en DEA FASEG, Filière Gestion, Unikin, Kinshasa, année académique

2015-2016, inédit, p.36

- 252 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

- Pilier social : la responsabilité de l’entreprise en matière des ressources


humaines consiste à améliorer les conditions de travail qui aura comme
effets d’entrainement une motivation des employés et leur meilleure
adhésion aux objectifs de l’entreprise ;

- Pilier de la gouvernance : une entreprise socialement responsable se doit


d’améliorer son système de gouvernance en prenant en compte les
attentes de toutes les parties prenantes et non seulement celles des
actionnaires.

§ 3. Pacte Mondial en matière de responsabilité sociale

Dans le souci de pousser les entreprises à plus de responsabilité sociale,


plusieurs organisations, dont l’Organisation des Nations Unies (ONU) et
l’Union Européenne (UE) ont édicté, à l’endroit de leurs Etats membres, des
principes relatifs à l’impératif du développement durable connus sous les noms,
respectivement, de « Pacte Mondial » pour l’ONU et « l’approche de l’Union
européenne en matière de responsabilité sociale » qu’il nous convient
d’examiner.
Lors du forum économique mondial de Davos organisé par l’ONU en
1999, les dix principes suivants relevant du Pacte mondial en matière de
responsabilité sociale de l’entreprise ont été édictés84 :

Pacte mondial en matière de responsabilité sociale des entreprises


1 Promouvoir et respecter la 6 Eliminer la discrimination en matière
protection du droit international d’emploi et de profession
relatif aux droits de l’homme
dans leur sphère d’influence
2 Veiller à ce que leurs propres 7 Appliquer l’approche de précaution
compagnies ne se rendent pas face aux problèmes touchant
complices de violation des l’environnement
droits de l’homme
3 Respecter la liberté 8 Entreprendre des initiatives tendant à
d’association et reconnaître le promouvoir une plus grande
droit de négociation collective responsabilité en matière
d’environnement
4 Eliminer toutes les formes de 9 Favoriser la mise au point et la

84 Idem, P34

- 253 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

travail forcé ou obligatoirediffusion de technologies


respectueuses de l’environnement
5 Abolition effective du travail 10 Agir contre la corruption sous toutes
des enfants ses formes, y compris l’extorsion de
fonds et les pots-de-vin.

§ 4. Approche de l’Union européenne en matière de responsabilité


sociale

Bien qu’elle ne soit pas encore légalement contraignante, l’approche


européenne peut être considérée comme une ligne directrice montrant
l’orientation de l’Union Européenne (UE) sur les questions de responsabilité
sociale de l’entreprise. Inspirée de la Charte de l’Union Européenne relative aux
droits fondamentaux des travailleurs (proclamée au Sommet de Nice en 2001),
elle énonce une série de droits regroupés sous six rubriques ci-dessous85 :

1) La dignité : droit à la vie, l’interdiction de la torture et du travail forcé ou


obligatoire ;

2) Les libertés : liberté de pensée, d’expression et d’association, droit d’asile


et droit à la propriété ;

3) L’égalité : non-discrimination et droits de l’enfant ;

4) La solidarité : conditions de travail, interdiction du travail des enfants,


droit à la protection de la santé et droit de négociation collective, droit de
grève ;

5) Les droits de citoyenneté : droit de vote et de liberté de circulation ;

6) La justice : droit au procès juste et équitable.

§ 5. Outils de gestion de la responsabilité sociale de l’entreprise

Pour mesurer la responsabilité sociale d’une entreprise, les experts


utilisent, quelques outils, notamment, le reporting social, l’audit et les conseils
aux entreprises86.

85 J. Brilman & J. Hérard, Management : Concepts et meilleures pratiques, 6ème édition, Eyrolles, Paris, 2011, P931
86 JP. GOND, Op cit, éd. Que sais-je ?, Paris, P120

- 254 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

A. Le reporting social

Le reporting social consiste à mesurer la performance d’une


organisation en matière de développement durable, à en communiquer
les résultats puis à en rendre compte aux parties prenantes internes et
externes.

Pour faire le bilan des impacts économiques, environnementaux et


sociaux, on utilise, outre le terme de reporting social d’autres termes tels que
« le triple bilan, le rapportage de développement durable ou le reporting
sociétal ».

Plusieurs sociétés à travers le monde rendent compte, chaque année, de


leurs résultats en matière de responsabilité sociétale. Ces résultats sont publiés
dans leurs rapports annuels de gestion ou dans une partie du site internet dédiée
à la responsabilité sociale de l’entreprise.

L’obligation de reporting de l’entreprise en matière de responsabilité


sociale constitue à ce jour un indicateur de bonne gouvernance des
entreprises modernes. C’est pour cela que certains pays rendent le reporting
social obligatoire.

Il existe une panoplie de formes de reporting social suivant les entreprises


ou les secteurs d’entreprises. Ce reporting peut se faire sous forme de rapport
annuel d’activités qui contient les éléments de la responsabilité sociale.
B. L’audit de la responsabilité sociale de l’entreprise

L’audit porte sur un modèle (modèle de Wood p.e) comparé à une


pyramide à trois niveaux :
- le sommet est constitué des principes (précautions, équité et
transparence) et les engagements que l’entreprise a souscrits vis-à-
vis de ses parties prenantes ;
- le centre se compose de processus de déploiement opérationnel ;
- la base comprend l’ensemble des résultats obtenus.

La mission de l’auditeur consistera à évaluer les dispositifs mis en place


par l’entreprise en matière de responsabilité sociale et à donner l’assurance de la
maitrise, par celle-ci, des activités, suivant les trois niveaux de la pyramide :
évaluer les principes et les engagements pris, évaluer les processus opérationnels
et évaluer les résultats obtenus.

- 255 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

C. Le conseil aux entreprises autour de la responsabilité sociale

En dehors de l’audit, il existe des offres de service en matière de


responsabilité sociétale : aide au diagnostic, conseil en stratégie, conseil en
communication. Des propositions adressées aux entreprises contribuent au
développement de pratiques de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).

La dimension de la responsabilité sociale de l’entreprise appelle les


conseils sur les notions de surveillance des fournisseurs, des sous-traitants,
d’éthique, d’égalité homme-femme, de diversité, des restructurations, et des
relations sociales.

La notion de la responsabilité sociale de l’entreprise implique la


satisfaction des intérêts des parties prenantes à l’entreprise et le respect des
engagements vis-à-vis de chacune d’elle. C’est pour cela qu’il est indiqué que
l’entreprise communique les informations nécessaires sur ses activités
(transparence de l’information) à toutes les parties prenantes qui demeurent dans
une position de veille permanente.

2.3. ENJEUX FISCAUX DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE


L’ENTREPRISE

Dans ses engagements vis-à-vis de la partie prenante « Etat », l’entreprise


a des obligations fiscales. Les enjeux fiscaux de la responsabilité sociale de
l’entreprise se situent, en amont comme en aval des objectifs de développement
de l’Etat.

En amont, l’entreprise doit :

1. déclarer sincèrement et correctement ses impôts en vue de donner


à l’Etat les moyens budgétaires de sa politique : il s’agit de la
contribution fiscale de l’entreprise au développement de l’Etat ;

2. payer correctement les impôts pour lesquels elle est, soit


contribuable (impôt direct), soit redevable légale (impôt indirect) ;

3. payer correctement ses partenaires en affaires (employés,


actionnaires, fournisseurs, banque) pour que ces derniers puissent, à
leur tour, aussi bien payer leurs impôts. Honorer ses engagements
financiers vis-à-vis des parties prenantes, constitue une contribution
indirecte à la mobilisation des ressources fiscales.

- 256 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

En aval l’entreprise doit :

4. communiquer tout renseignement fiscal sur ses transactions avec


les tiers de manière à permettre au Fisc d’asseoir correctement
l’impôt auprès de ces derniers;

5. prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger


l’environnement et les droits des travailleurs en vue d’éviter à
l’Etat des dépenses budgétaires orientées vers la réparation des
dégâts (matériels et humains) causés par les entreprises dans leur
système de gestion de la production : comportement responsable
pour éviter des dépenses publiques.
Les ressources fiscales financent le budget de l’Etat et par là, le
développement du pays. Il en découle donc que se soustraire de payer ses
impôts constitue un comportement incivique et une destruction active et
indirecte de l’économie du pays.

Les enjeux fiscaux de la responsabilité sociale de l’entreprise peuvent se


résumer dans le schéma ci-dessous :

Schéma n° 3. Enjeux fiscaux de la responsabilité sociale de l’entreprise

Enjeux fiscaux de la responsabilité sociale de l’entreprise

Enjeux Conséquences Résultats

1. Payer correctement et
globalement ses impôts
Accroissement
des ressources Contribution à la
budgétaires de consolidation de
2. Rémunérer correctement
l’Etat l’Etat,
et globalement les parties
prenantes au
développement
durable
et au
3. Respecter les normes Réduction des progrès mondial
environnementales et dépenses
sociales publiques

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 3 : FISCALITE ET RESPONSABILITE JURIDIQUE DE


L’ENTREPRISE

3.1. FONDEMENT JURIDIQUE DE L’IMPÔT

Le droit fiscal (ensemble des règles de droit en vertu desquels un Etat


prélève des impôts87) est régi par un certain nombre de principes juridiques, à
portée constitutionnelle ou non, qui sont notamment : la légalité, l’égalité,
l’annualité, la territorialité, l’universalité, la non rétroactivité, le contradictoire,
le déclaratif et l’auto liquidatif. Examinons quelques-uns des principes ayant un
lien direct avec la responsabilité juridique des managers d’entreprises.

§ 1. Principe de la légalité de l'impôt

Selon ce principe, il ne peut être établi d’impôts que par la loi, il ne peut
être établi d’exemption ou d’allégement fiscal qu’en vertu de la loi 88 .
Autrement dit, seul le législateur a le pouvoir de créer ou de supprimer des
impôts, qu'il s'agisse d'impôts d'Etat ou des impôts locaux. Les gouvernants
disposent donc d'une marge de manœuvre, mais dans les limites fixées par la loi.

Ce principe ne doit pas néanmoins, faire oublier l’importance d’autres


actes réglementaires et surtout de la jurisprudence. Un observateur non averti
pourrait à tort déduire que les sources réglementaires, pourtant fort importantes,
ne jouent qu’un rôle secondaire, alors qu’une approche plus fine permet de faire
ressortir la longue et patiente édification d’un droit fiscal à part entière au
travers d’une dialectique faisant intervenir non seulement les textes législatifs et
réglementaires mais aussi l’important apport de la jurisprudence.89

§ 2. Principe d'égalité devant l'impôt

Ce principe recouvre deux principes : le principe d'égalité devant la loi et


le principe de l'égalité devant les charges publiques 90 . Le principe d’égalité
exige que le même régime juridique soit appliqué à toutes les personnes qui se
trouvent dans des situations identiques, mais il ne s’oppose pas à ce que des
dispositions différentes soient appliquées à des personnes qui se trouvent dans
des situations différentes.91

87 J. MALHERBE, Droit Fiscal international, Maison Larcier, Bruxelles, 1994, p.11


88 Article 9 de la Loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques en sigle LOFIP.
89 M. BOUVIER, M-C. ESCLASSAN et JP. LASSALE, Finances publiques, éd. LMDJ, Paris, 2013, p.720.
90 Articles 12 et 174 de la Constitution de 2006 de la République Démocratique du Congo.
91 C. DAVID, O. FOUQUET, et B. PLAGNET, Les grands arrêts de la jurisprudence fiscale, Sirey, Paris, 1989, p. 128.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Le principe de l’égalité devant l’impôt implique l'absence d'immunité


fiscale : prohibition d'un privilège fiscal total et définitif.

§ 3. Principe de l'universalité de l'impôt

Il signifie que chacun doit s'acquitter de sa dette fiscale sans


exception92. Il faut noter que ce principe justifie la légitimité du contrôle fiscal
initié par le Fisc, comme une action de l’administration visant à combattre la
discrimination afin que tous les contribuables soient égaux en droit et en
devoirs.

En effet, le contrôle fiscal, qui aboutit souvent à des notifications fiscales


supplémentaires, ne vise pas seulement de faire les recettes fiscales pour le
Trésor public, mais aussi, il cherche à rétablir la justice fiscale qui voudrait que
chaque contribuable paye absolument, obligatoirement et totalement ses impôts,
et se rassurer qu’aucun contribuable ne s’y soustrait.

§ 4. Principe d'imposition en fonction des facultés contributives

Ce principe soutient que chaque contribuable doit payer ses impôts en


fonction de ses capacités contributives.93 Prendre en considération la capacité
contributive des contribuables, c’est vouloir que le sacrifice demandé soit égal
pour tous en rapport avec leur « pouvoir économique ».94 Autrement dit, l’Etat
est certes fondé à exercer une contrainte financière sur les contribuables mais il
doit tenir compte de « leur situation économique et financière, indépendamment
des avantages qu’ils retirent des prestations publiques ».95

§ 5. Principe de territorialité de l'impôt

L'espace fiscal en République Démocratique du Congo (RDC) est le


même que l'espace national. Autrement dit, tous les revenus générés en RDC
sont passibles aux impôts en RDC. Mais, en vertu de certaines conventions
fiscales internationales, la souveraineté fiscale de l’Etat peut déborder ses
frontières et vice-versa.

Par ailleurs, cette souveraineté peut être affectée par des normes
supérieures à la loi nationale parce que cela découle d’un traité ratifié et
approuvé par le Parlement.96
92 Article 65 de la Constitution de 2006 de la RDC.
93 L. WEBER, in Revue Française des Finances publiques (RFFP), n° 28, p. 23
94 Idem, p. 34
95 G. JEZE, Cours de Finances Publiques, cité par BOUVIER M., Op cit, 10ème éd, LGDJ, Paris, 2013, p.712.
96 M. BOUVIER, M-C. ESCLASSAN et J.P. LASSALE, Op cit, p.723.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

3.2. MANAGER FACE A QUELQUES PRINCIPES DU DROIT FISCAL

Il se dégage de plus en plus des critiques à l’égard des gouvernances


d’entreprises, surtout multinationales dans l’exploitation abusive de leur
puissance financière pour obtenir, même en violation des lois, des avantages
fiscaux illicites. Certaines pratiques illicites ci-dessous sont décriées à cause de
leurs violations aux principes du droit fiscal :

1. La planification fiscale abusive : elle consiste pour un contribuable, à


arranger ses affaires de manière à payer le moins d’impôt possible qu’il
ne devait en violant la loi (Naciri, 2016).

2. L’optimisation fiscale : elle consiste à réduire la charge fiscale d’un


contribuable sans commettre d’infraction à l’égard des lois fiscales en
vigueur et à tirer un avantage maximal de toutes les déductions,
exemptions, crédits, abattements, etc. contenus dans la loi.

3. La translation fiscale : il s’agit d’un comportement des agents


économiques qui constituent un obstacle à l’efficacité de l’impôt
lorsqu’ils manipulent les variables économiques qu’ils contrôlent (prix,
salaire) pour reporter sur d’autres la charge fiscale. Il s’agit de ce que
MONNIER appelle le « phénomène de la translation » dont l’impact sur
les prix ou les revenus se diffusent progressivement et des distorsions
apparaissent dans les mécanismes économiques.

4. Le prix de transfert : le recours au prix de transfert a pour objectif de


faire en sorte que seule une infime partie du bénéfice est imposée dans le
pays où ce bénéfice a été réalisé en vertu du principe de territorialité.

5. La fuite de l’impôt : il s’agit de la délocalisation des activités de


l’entreprise d’un pays à l’autre pour fuir la pression fiscale.

6. L’évasion fiscale : il s’agit de l’utilisation légale des failles du système


fiscal afin de réduire le montant de l’imposition. L’évasion fiscale
correspond aux comportements visant à réduire le montant des
prélèvements obligatoires, mais sans l’existence de l’élément
intentionnel (Naciri, 2016).

7. Le secteur informel : il s’agit des activités non déclarées au fisc


exercées par des personnes non répertoriées.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Toutes ces pratiques que l’on retrouve dans le chef des entreprises
constituent des violations à certains principes du droit fiscal tels que la légalité
de l’impôt (planification fiscale), l’égalité devant l’impôt (translation fiscale),
l’universalité de l’impôt (secteur informel), la territorialité de l’impôt (prix de
transfert) et l’imposition en fonction de la capacité contributive de chacun
(secteur informel).

Eu égard à ce qui précède, la responsabilité juridique en matière


fiscale consiste donc pour les dirigeants de l’entreprise à :

- Respecter la légalité de l’impôt en évitant tout comportement de nature à


se faire obtenir des allégements ou privilèges fiscaux contraire à la loi ou
en imposant, suite à des lobbies financières puissantes, des textes fiscaux
taillés à la volonté du contribuable ;

- Accepter, dans le cadre de la procédure contradictoire des missions de


contrôles fiscaux en vue de permettre au Fisc de s’assurer de la sincérité
et de l’exactitude des déclarations souscrites. Le refus du contrôle fiscal
ou l’usage des manœuvres dilatoires est une des modes de résistance à
l’impôt punissable par la loi ;

- Eviter l’évasion fiscale et la fuite de l’impôt car bien que n’étant pas des
pratiques illicites, elles peuvent tout de même jeter un discrédit à
l’entreprise par le reflet d’une image anti patriotique.

SECTION 4. FISCALITE ET RESPONSABILITE MANAGERIALE DE


L’ENTREPRISE

Le management de l’entreprise s’inscrit dans le cadre du gouvernement


d’entreprise. Celui-ci est considéré comme l’ensemble des idées et des
mécanismes mis en place pour assurer la meilleure direction de l’entreprise dans
l’optique du contrôle des conflits d’intérêts.

Les dirigeants de l’entreprise sont appelés à gérer celle-ci dans l’intérêt de


la société et non dans leur propre intérêt car leur responsabilité dans la mauvaise
performance de l’entreprise a, non seulement été plusieurs fois établie, mais elle
a provoqué la faillite de plusieurs entreprises.

- 261 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

4.1. FONDEMENT POLITIQUE DE L’IMPÔT

§ 1. Impôt consenti par le Parlementaire démocratique

Il faut souligner qu’il existe une différence entre « le consentement à


l’impôt » (vu précédemment) et « le consentement de l’impôt » qui suppose que
la levée du prélèvement soit explicitement acceptée par ceux sur qui en retombe
la charge ou par leurs représentants. Ainsi c’est le consentement de l’impôt qui
fonde la légitimité politique de ce dernier. Le principe de consentement de
l’impôt a eu une portée décisive dans l’évolution des institutions politiques
puisqu’il est à l’origine de l’Etat parlementaire97.

L’impôt pour être légitime doit être légal ; et pour être légal, il
doit avoir été consenti par le Parlement. Ainsi, le pouvoir de
décision appartient-il, au moins formellement, aux
représentants des citoyens.

§ 2. Fiscalité citoyenne

Si le Fisc est entendu comme l’administration publique chargée de


prélever, auprès des contribuables, toute somme nécessaire au fonctionnement
de l’Etat, la fiscalité quant à elle regroupe des mesures et pratiques relatives à
l’administration fiscale et aux prélèvements fiscaux et des autres prélèvements
obligatoires98.

L’impôt apparait de plus en plus comme un service rendu par l’institution


qui en bénéficie et de moins en moins comme l’expression d’un lien de
solidarité voire même d’un devoir social. De fait le contribuable est plus
soucieux qu’autrefois de l’utilisation qui est faite de l’argent public, il se
considère beaucoup plus comme un client que comme l’usager d’un bien
collectif.

97 M. BOUVIER, op cit , p. 715.


98 Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), document en ligne, www.cnrtl.fr

- 262 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Face à ces défis, le Fisc se voit obligé d’évoluer de plus en plus comme
une administration de services en recherche permanente de l’efficacité
et de la performance en vue de faire accepter l’impôt, de prévenir
l’évasion fiscale, de professionnaliser ses pratiques, bref d’améliorer le
civisme fiscal des contribuables.

Tout doit être mis en œuvre pour favoriser l’avènement d’une


administration moderne préoccupée par la consolidation de ses rapports avec les
contribuables et par l’image qu’elle reflète dans l’opinion. A l’instar de
n’importe quelle autre organisation, l’administration fiscale est, dans ses
rapports avec les contribuables, soumise à des exigences de qualité en dépit de
ses prérogatives dont elle jouit.99

4.2. MANAGER ET BONNE GOUVERNANCE DE L’ENTREPRISE

Autant le Fisc devait se préoccuper d’améliorer la qualité de service rendu


aux usagers, autant les dirigeants d’entreprises devraient aussi contribuer à
l’amélioration de ce partenariat pour le développement.

La gouvernance comprise dans le sens d’une entreprise privée, est


considérée comme un système dans lequel l’entreprise est gérée et

Le gouvernement d’entreprise a pour objet, les mécanismes de direction


visant à établir un rapport équilibré entre la direction, le contrôle et la
transparence à l’intérieur des entreprises et a pour but le renforcement
du rôle des actionnaires qui supportent le risque lié au capital (Norme
ISO 26000).

contrôlée.100
En matière de responsabilité sociale, la gouvernance de l’entreprise
repose sur le respect d’un certain nombre d’engagements ou obligations pour les
managers. Ces engagements constituent un défi pour ces personnes à qui est
confiée la gestion de l’entreprise et dont les parties prenantes espèrent, chacun
en ce qui le concerne, de tirer le bénéfice de celle-ci.

Il s’agit des engagements et obligations ci-après :

99 L. LUKANDA L., & K. TSHISUAKA, « Marketing et fiscalité », in Revue CARAS psychologie et société, vol IX, 2010, P. 87
100 B. TRAORE, Découvrir et comprendre la gouvernance ; gouvernance publique et gouvernance privée, éd. l’Harmattan, Paris, 2012, p15.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1) L’obligation de régularité, de sincérité et de certification des


comptes : les comptes comptables doivent refléter l’image fidèle du
patrimoine de l’entreprise et de sa situation financière ;

2) L’intégrité des dirigeants : la garantie de l’intégrité des dirigeants


constitue le fondement éthique, préalable à une gestion rassurante de
l’entreprise ;

3) La gestion, de manière responsable, des relations avec les parties


prenantes : il s’agit d’entretenir de bonnes relations et de respecter
les engagements pris avec l’Etat, les actionnaires, les employés, les
fournisseurs, les banques et les clients ;

4) Le respect de la légalité des normes et procédures : règles de bonne


conduite et de concurrence loyale excluant toute connivence et
entente illicite, respect de la qualité, des procédures internes, des
droits des employés ;

5) La volonté déclarée de réaliser certains objectifs quantifiés ou


qualitatifs et de rendre compte de ses actes ;

6) Le renforcement des capitaux propres particulièrement grâce au


meilleur moteur de la croissance que constitue le résultat
bénéficiaire ;

7) La transparence des procédures de travail et de l’information. La


diffusion de l’information (complète et significative) tant qu’elle vise
à promouvoir un climat de transparence et de confiance vis-à-vis des
clients, de l’Etat, des collaborateurs et des actionnaires.

4.3. RÔLES DU MANAGER DANS LA GESTION DES DOSSIERS


FISCAUX

Les dossiers fiscaux ont toujours été très sensibles pour les managers
d’une entreprise. En effet, les impositions fiscales notifiées à l’entreprise
soulèvent, généralement, des débats qui requièrent des connaissances techniques
internes en fiscalité. En plus, elles suscitent des craintes de la part de ces

- 264 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

managers d’être traités de fraudeurs ou mauvais gestionnaires qui occasionnent


des charges fiscales supplémentaires qui auraient pu être évitées.
Cette crainte pousse parfois à la tentation de vouloir négocier les impôts
pour obtenir des allègements occultes par des pratiques délictueuses telles que la
corruption, le trafic d’influence, les menaces et intimidations etc.

Le Manager joue donc un grand rôle dans la gestion des dossiers


fiscaux. Sa responsabilité dans l’accomplissement des obligations
fiscales de l’entreprise doit être éprouvée.

Les rôles des managers dans la gestion des dossiers fiscaux peuvent être
résumés en quelques mots ci-dessous :

1) Faire respecter les obligations fiscales de l’entreprise entant que


redevable réel et redevable légal.

Ce respect implique le fait :


- de déclarer et de payer ses impôts de manière sincère, exacte et à
terme échu ;
- d’accomplir, en toute légalité, les formalités fiscales et
administratives exigées par la loi ;
- de collaborer avec les agents du Fisc dans l’exercice de leurs
missions ;
- d’agir en protégeant les intérêts, notamment du Trésor public,
propriété de la partie prenante « Etat ».

2) Faire preuve de civisme fiscal.

Le civisme fiscal est entendu comme l’accomplissement volontaire par


tout contribuable de ses obligations en matière de paiement des droits, taxes,
redevances dues à l’Etat.

D’une manière générale, les contribuables ne s’acquittent pas


correctement et spontanément de leurs obligations en matière d’impôts et taxes.
Certains ayant perdu le sens de l’impôt ont développé une perception très
négative et ne manquent pas d’arguments pour justifier leur résistance à
l’impôt : pression fiscale excessive, insuffisance marquée des infrastructures
sociales de base, lourdeur des procédures et des formalités, comportement de

- 265 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

certains agents du fisc qui percevraient les impôts pour leur propre compte,
l’utilisation que la classe dirigeante ferait de cet argent, la non généralisation du
paiement de l’impôt (seule une catégorie paie), complexité du système fiscal,
insuffisance communicationnelle, etc.

Pourtant, la reconstruction et le développement d’un pays comme la


République Démocratique du Congo nécessitent la mobilisation d’importantes
ressources publiques en vue de la fourniture des services publics suffisants et de
qualité, et de la couverture de nombreuses charges, notamment en matière
d’éducation, de soins de santé, de réhabilitation et de construction.

Le civisme fiscal pour les dirigeants d’entreprise consiste dans


l’amélioration du niveau de consentement de l’entreprise à l’impôt
devant se traduire par un acquittement régulier et correcte de ses
obligations fiscales et une augmentation significative des revenus
imposables.

3) Développer une culture fiscale axée sur la sincérité de la déclaration


des impôts.

La culture d'entreprise ou la culture organisationnelle est l'ensemble de


croyances et d'attitudes partagées par les membres d'une organisation. Elle
comprend les normes comportementales, les valeurs, la philosophie de
l'entreprise, les règles du jeu qui permettent d'agir ensemble et de parvenir à
faire un certain nombre de choses.

Cette
culture est à son tour influencée par la culture de la société plus
large au sein de laquelle l'entreprise doit opérer. Ces valeurs dictent le
comportement de chaque membre de l'entreprise, s'enrichit et parfois se modifie
au fil du temps et donne à l'organisation une identité propre101.

Il est donc important que le Manager soit le premier, non seulement à


montrer l’exemple, mais aussi un acteur principal dans l’activation de la
culture fiscale au sein d’une entreprise.

101 O. Gamela, Responsabilité sociétale de l’entreprise, Cours de DEA Sciences de gestion, UNIKIN, 2017.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

La culture fiscale à développer dans une entreprise est celle du respect de


l’Etat et de l’amour de la patrie. Un bon citoyen paye ses impôts. Donc un
employé qui paie ses impôts est un bon citoyen.

4) Respecter les règles déontologiques dans ses rapports vis-à-vis de


l’administration fiscale.

Nous entendons par triangle déontologique des dirigeants d’entreprise, les


trois règles dont le sommet est représenté par « le respect des engagements
pris » comme règle d’or, le centre est constitué par « l’honnêteté » et la base par
le « respect des lois du pays ».

Le respect des règles déontologiques constitue un facteur important de


réussite dans les affaires. La gestion de l'entreprise implique les relations
professionnelles sincères avec le Fisc, les banques, les clients, les fournisseurs,
l'Etat, le personnel etc. Tout cela exige de l'entrepreneur le respect des normes
de comportement et des règles éthiques.

Schéma n° 4. Triangle déontologique des dirigeants d’entreprise

Règle n°1: Respect


des engagements
pris, respect de la
parole donnée

Règle n° 2: L'honnêteté.
Une entreprise honnête
commence par
n'employer que le
personnel hônnete

Règle n° 3 : Le respect des lois du


pays, protection de l'environnement,
lutte contre la fraude et la
corruption

- 267 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

5) La lutte contre toute forme de corruption et de fraude fiscale.

On entend par corruption, toute utilisation abusive des prérogatives


attachées à une fonction (publique ou privée) ou le détournement des ressources
(publiques ou privée) au profit d’intérêts personnels. Il s’agit du manquement
aux devoirs de sa charge à des fins personnelles. La corruption implique la
violation des devoirs professionnels, le gain personnel, la dissimulation et la
mise en péril du bon fonctionnement de l’entreprise.

La fraude fiscale peut être comprise comme une rétention des fonds, qui
proviennent d’une activité légale, mais non déclarés à l’administration fiscale.

La fraude est d’abord une affaire de prise de conscience car les montages
frauduleux sont de plus en plus sophistiqués rendant ainsi la lutte difficile. Elle
peut être le fait d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises organisé pour
compliquer le recoupement d’informations fiscales par le Fisc et priver l’Etat de
ses droits.

Il convient de préciser que frauder l’impôt c’est commettre un crime


financier. Donc les dirigeants d’entreprises qui pratiquent la fraude sont
des criminels financiers. De même, la fraude fiscale est un des
indicateurs du non-respect des règles déontologiques par les managers.

La fraude fiscale se pratique de plusieurs manières dans une


entreprise :

1° En interne, il s’agit souvent des actes ci-après102 :

- altération des recettes ;


- dissimulation totale ou partielle des revenus ;
- disqualification des revenus (exemple : convertir les salaires en
charges sociales) ;
- multiplication des dépenses, exagération des frais généraux,
publicités gonflées ;
- minoration du chiffre d’affaires ;
- dépenses fictives (frais imaginaires)…

102 R. Muzellec, Livre de Finances publiques, 1er éd., Sirey, Paris, 2009, p.553

- 268 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

2° En externe de l’entreprise, on distingue trois grandes pratiques :

- Les sociétés-écrans : ce sont des sociétés fictives créées


spécialement pour dissimuler les transactions financières d’un ou
plusieurs autres sociétés liées ;
- Les inversions corporatives : certaines entreprises multinationales,
par exemple vont jusqu’à changer d’adresse de leur siège social, ne
serait-ce que sur papier, afin d’être imposées dans des pays étrangers
là où les taux d’imposition sont faibles ou inexistants et là où les
administrations fiscales semblent plus accommodantes. La stratégie
consiste à une fusion suivi d’un changement d’adresse ;
- Le paradis fiscal : à la recherche des moyens de se soustraire des
impôts certaines entreprises s’installent dans les paradis fiscaux qui
répondent aux caractéristiques suivantes : système fiscal très
avantageux, réglementation souple et respect scrupuleux de la
confidentialité.

La fraude fiscale est un acte qualifié de mauvaise foi accomplie et en


opposition avec les valeurs morales, de violation de la loi et nuisible aux droits
du Trésor car il amoindrit ses possibilités financières. C’est un acte délibéré
pour échapper à l’impôt, un acte de résistance à l’impôt et d’incivisme fiscal qui
pénalise le contribuable honnête qui en est victime et crée des distorsions dans la
concurrence. La fraude est difficile à évaluer à cause de son caractère occulte.

Les conséquences de la fraude sont multiples, notamment :


- l’effet de contagion sur les autres contribuables ;
- le manque à gagner qui va supprimer certains services publics (santé,
éducation par exemple) du fait du manque des ressources publiques ;
- la perte des revenus à impact sur le niveau d’endettement ;
- la concurrence déloyale suite à la mauvaise répartition de la charge
fiscale…

- 269 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Ce qu’il convient de retenir dans ce chapitre 8

1. La fiscalité n'est pas neutre d'un point de vue économique. En effet, tous
les impôts ont une incidence sur le comportement des agents économiques.
On peut jouer sur la fiscalité pour orienter l'activité des agents économiques
vers l'épargne ou l'investissement.

2. La législation fiscale d’un pays est donc un puissant instrument


d’incitation économique et sociale.

3. Les dépenses ostentatoires sont à éviter car elles constituent un premier


indicateur de mauvaise gestion et contribuent à l’affaiblissement de la
situation financière de l’entreprise et par conséquent un manque à gagner
fiscal pour le Trésor public.

4. L’impôt payé par une entreprise nuisible est non rentable pour l’Etat. La
responsabilité d’une entreprise est donc avant tout une responsabilité
sociétale avant d’être une responsabilité fiscale.

5. Respect des droits de l’homme, des relations et des conditions de travail,


protection de l’environnement, bonnes pratiques des affaires, prise en
charge des questions relatives aux consommateurs ainsi que l’engagement
social sont autant d’obligations de responsabilité sociale de l’entreprise.

6. L’obligation de reporting de l’entreprise en matière de responsabilité


sociale constitue à ce jour un indicateur de bonne gouvernance des
entreprises modernes.

7. Le civisme fiscal pour les dirigeants d’entreprise consiste dans


l’amélioration du niveau de consentement de l’entreprise à l’impôt devant
se traduire par un acquittement régulier et correcte de ses obligations
fiscales et une augmentation significative des revenus imposables.

8. Frauder l’impôt c’est commettre un crime financier. Donc les dirigeants


d’entreprises qui pratiquent la fraude sont des criminels financiers. De
même, la fraude fiscale est un des indicateurs du non-respect des règles
déontologies par les managers.

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

CONCLUSION GENERALE

Dans son principe, l’Etat est solidaire vis-à-vis de l’entreprise et se


comporte comme les actionnaires ou associés, propriétaires de l’entreprise. Ces
derniers, en cas de bénéfice, se partagent des dividendes ou revenus des parts et
en cas de perte, ils n’exigent rien.

L’Etat adopte le même comportement en matière de fiscalité : en cas de


bénéfice, l’impôt sur les bénéfices est dû, mais en cas de perte, non seulement
qu’il renonce à l’impôt (puisqu’il n’est pas dû) mais il va jusqu’à permettre
d’abord à l’entreprise d’éponger sa perte antérieure avec les bénéfices à venir
avant d’envisager l’éventualité de payer l’impôt sur les bénéfices.

Outre ce report déficitaire, l’Etat engage beaucoup d’autres dépenses


fiscales (exonérations, abattements, réduction des taux, etc.) pour protéger et
garantir la croissance des activités de l’entreprise.

Cette disposition de dépenses fiscales démontre à suffisance, le souci de


l’Etat de soutenir la croissance des entreprises, sa solidarité pendant les
moments de crise et sa ferme volonté de sacrifier les intérêts du Trésor pour
permettre à l’entreprise de relancer ou d’accroître ses activités. Mais cette
dispense ne constitue pas une excuse pour les entreprises de perpétrer les contre-
performances car l’objectif premier d’une entreprise est de réaliser une valeur
ajoutée dans l’économie.

Plus les bénéfices sont élevés, plus chaque partie prenante dans
l’entreprise tire un avantage : les salariés perçoivent les rémunérations, les
actionnaires bénéficient des dividendes, les clients se procurent des produits de
consommation, les fournisseurs sont aussi payés et le couronnement de cela est
que l’Etat perçoit les impôts auprès de chaque partie prenante. Aussi, les effets
d’entrainements économiques sont-ils multiples et positifs.

Par contre la fraude fiscale cause un manque à gagner pour le Trésor,


accentue l’inégalité, crée la concurrence déloyale. La systématisation de la
fraude est devenue une culture des entreprises congolaises. Les déclarations

L’entreprise responsable est celle qui paie correctement ses impôts, protège
l’environnement et les droits des travailleurs, lutte contre la corruption et la fraude ;
n’occasionne pas à l’Etat des dépenses publiques inutiles, mais coopère avec le Fisc dans
le seul but de permettre une fiscalisation maximum et une canalisation totale des recettes
fiscales dans la caisse de l’Etat.

sincères sont de plus en plus rares. Comme le souligne Raymond Muzellec,


jusqu’à la seconde moitié du 20ème siècle, la fraude en était à l’âge artisanal,

- 271 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

aujourd’hui elle est passée à l’âge industriel. Elle constitue une véritable
industrie qui se vend : elle a ses démarches, ses encaisseurs, ses investisseurs.
Le banditisme financier est une réalité103. Et pour mieux dire le banditisme fiscal
est une réalité-scandale en RDC.

Bref une seule entreprise prospère peut créer dix autres entreprises.
De même, sans bénéfice, pas d’impôt et plus d’impôts.

Pour améliorer son image et développer un partenariat positif et


constructif, l’administration fiscale doit être une véritable administration de
service, qui facilite aux contribuables l’accomplissement de leurs obligations
fiscales, qui assure la rapidité dans le traitement des dossiers des contribuables,
qui réduit la pénibilité des démarches pour le paiement des impôts et qui offre
une meilleure accessibilité des services notamment par la simplification des
procédures et des formalités.

Le bon partenariat Fisc-entreprises passe aussi par un système fiscal


incitatif, l’amélioration du climat des affaires et le respect mutuel des droits et
obligations de chaque partie.

103 R. Muzellec, Finances publiques, 1er éd. Sirey, Paris, 2009, p.553

- 272 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

2. ALLIX, E., in Traité élémentaire de science des finances publiques et de


législation financière, éd. Rousseau, Paris, 1999.
3. AVENEL, J-D., L’essentiel de la stratégie des organisations, éd.
Galiano, Paris, 2016.
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5. Beatrice et Françis GRANDGVILLOT, Droit fiscal, les points clés, éd.
,Gualino, Paris, 2014.
6. BEDARIDE, B., Lexique juridique et fiscal, publication en ligne
7. BOUVIER, M., ECLASSAM, M-C., LASSALE, J-P., Finances
publiques, éd. Lexis, Paris.
8. BOUVIER, M., Introduction au droit fiscal général et à la théorie de
l’impôt, éd. Lexis, Paris.
9. BRIMAN, J. & HERARD, J., Management : concepts et meilleurs
pratiques, 6ème édition, Eyrolles, Paris, 2011
10. CATTEAU, D., 21 exercices corrigés des Finances publiques, éd.
lextenso, Paris,
11. Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexical (CNRTL)
12. COZIAN M., Finances publiques
13. COZIAN M., & DEBOISSY, F., Précis de fiscalité des entreprises
2012/2013, 36ème édition, Paris, 2012
14. DAVID C., FOUQUET, O., et PLAGNET, B. ? Les grands arrêts de la
jurisprudence fiscale, Sirey, Paris, 1989
15. DEGOS JG., & GRIFFITHS, S., Gestion financière, de l’analyse à la
stratégie, Eyrolles éditions d’organisation, Paris, 2011
16. DEMESTER, R., LORINO, P., et MOTTIS, N., Pilotage de l’entreprise
et contrôle de gestion, 5ème édition, Dunod, Paris, 2012
17. FREEMAN. R.E., Strategic Management : A stakeholder Approach,
Boston, Pitman, 1984.
18. GILBERT, G., Capacités contributives, in Dictionnaire encyclopédique
des finances publiques, PUG, Grenoble, 2013
19. GOND J.P., La responsabilité sociale de l’entreprise, éd. que sais-je,
PUF, Paris, 2008
20. GROSCLAUDE J. et MARCHESSOU P., Procédures fiscales, 6è éd.
Dalloz, Paris, 2012
21. Guide de Gestion RF, Guide de la TVA, 1ère édition, GRF, Paris, 2011
22. ILEKOLA I.T., Que sais-je des procédures fiscales congolaises ?, ed.
Médiaspaul, Kinshasa, 2016

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Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

23. IMBERT F., & PALARD J-E., Guide pratique d’évaluation d’entreprise,
éd. Eyrolles, Paris, 2013.
24. JEZE Gaston, Cours de Finances publiques, Giard, Paris, 1981.
25. KIBUEY MULAMBU P., Finances publiques, éd. Académie U,
Kinshasa, 2017.
26. KIBUEY MULAMBU P., La fiscalité et la gestion de l’entreprise, éd.
Académie U, Kinshasa, 2018.
27. LAMARQUE Jean, O. NEGRIN et L. AYRAULT, Droit fiscal général,
2è lexis, Paris.
28. LARROQUE C., Finances publiques, publication sur internet
29. MABIALA UMBA L., Le droit fiscal, FASEG/ UNIKIN, 2017.
30. MALHERBE J., Droit Fiscal international, Maison Larcier, Bruxelles,
1994.
31. MARTINEZ J.C, Droit fiscal contemporain.
32. MUZELLEC, R., Livre de finances publiques, 1ère édition, Sirey, Paris,
2009.
33. OMANDJI LOKONDE Paul, Finances publiques, édition des presses
universitaires au Congo (PUC), Kinshasa, 2016.
34. PERCEBOIS, J., Economie des finances publiques, A. Colin, Paris, 1991.
35. PLAUCHU V. et TAIROU A., Méthodologie du diagnostic d’entreprise,
L’Harmattan, Paris, 2008.
36. ROUSSEAU JJ., Discours sur l’économie politique, Encyclopédie, 1775,
in Rousseau, Œuvres politiques, Bordas, Paris, 1989.
37. SOPARNOT Richard, Organisation et gestion de l’entreprise, 2è éd.,
Dunod, Paris, 2012.
38. SPIRIDION Éric, L’essentiel de la fiscalité d’entreprise
39. STOURM V., Systèmes généraux d’impôts
40. TRAORE BAKARI, Découvrir et comprendre la gouvernance :
gouvernance publique et gouvernance privée, éd. L’Harmattan, Paris,
2012.
41. YERE, I., La gestion des assurances, éd. Académie U, Kinshasa, 2018.
42. YERE, I. et NTOMBA H., « Réflexions stratégiques pour l’optimisation
du système fiscal de la RD Congo : un système sous-développé et peu
compétitif », in Cahier économiques et sociaux, Vol. XXXVIII N°1
Décembre, PUK, Kinshasa, 2017.
43. YERE, I., Législation et pratique douanière, éd. Académie U, Kinshasa,
2018.
44. YERE, I., Comptabilité générale, Notes de cours, L2 Pharmacie,
UNIKIN, 2019.
45. YERE, I., Gestion des Institutions Financières au Congo, Notes de cours,
L1 Anglais Informatique des Affaires, UNIKIN, 2019.

- 274 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

II. REVUES

1) LUKANDA, L. & TSHISUAKA, K., Marketing et fiscalité, in Revue


CARAS Psychologie et société, vol IX, Kinshasa, 2010.
2) PAPIN R., Qu’est-ce qu’une entreprise dans Collectif Eyrolles, Mention
Gestion et management, éd. Eyrolles, Paris, 2007.
3) WEBER, L., In revue Française des finances publiques (RFFP), n° 28.

III. LOIS ET ACCORDS

1) Constitution de la République Démocratique du Congo de 2011


2) Protocole d’accord entre le Gouvernement de la RDC et la Commission
Européenne portant sur la situation juridique et fiscale des organisations
non gouvernementales européennes opérant en RDC pour le compte de la
Commission Européenne.
3) Ordonnance-loi n° 69/009 du 10 février 1969 relative aux impôts
cédulaires sur les revenus
4) Ordonnance-loi n ° 69/007 du 10 février 1969 relative aux impôts réels
5) Ordonnance-loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des
procédures fiscales
6) Ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 portant institution de la Taxe
sur la valeur ajoutée
7) Loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques en sigle
LOFIP
8) Décret n° 11/42 du 22 novembre 2011 portant mesures d’exécution de la
législation sur la taxe sur la valeur ajoutée
9) Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015.
10) Loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 portant code de travail.

IV. SITES INTERNET

1) www.droitsquotidiens.be.lexique
2) www.mister-defisc

- 275 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

TABLE DES MATIERES


AVANT-PROPOS ................................................................................................................... iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................... vi
LISTE DES TABLEAUX ET SCHEMAS .......................................................................... viii
1. TABLEAUX ............................................................................................................... viii
Tableau n° 1 : Classification générale des entreprises .................................................. viii
Tableau n° 2 : Classification générale des impôts ......................................................... viii
Tableau n° 3 : Catégorisation des ressources parafiscales en faveur des provinces .. viii
Tableau n° 4 : Liste de quelques régies financières provinciales opérationnelles ...... viii
Tableau n° 5 : Taux de l’impôt sur la superficie des concessions minières par hectare . viii
Tableau n° 6 : Modalités de calcul de la Taxe sur la valeur ajoutée ................................ viii
Tableau n° 7 : Sanction ou amende en matière de TVA .................................................... viii
Tableau n° 8 : Calcul du résultat net comptable par trois paliers .................................... viii
Tableau n°9: Synthèse des régimes fiscaux des entreprises suivant leurs catégorisations
................................................................................................................................................. viii
Tableau n° 10 : Régimes fiscal et juridique d’une entreprise individuelle ...................... viii
Tableau n° 11 : Régimes fiscal et juridique d’une société en nom collectif ..................... viii
Tableau n° 12 : Régimes fiscal et juridique d’une société en commandite simple .......... viii
Tableau n° 13 : Régimes fiscal et juridique d’une société à responsabilité limitée ......... viii
Tableau n° 14 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec Conseil
d’administration .................................................................................................................... viii
Tableau n°15 : Régimes fiscal et juridique d’une société anonyme avec administrateur
général .................................................................................................................................... viii
Tableau n°16 : Synthèse des régimes fiscaux et juridiques de différentes catégories
d’entreprises .......................................................................................................................... viii
Tableau n°17 : Régimes fiscal et juridique d’une société par actions simplifiées ........... viii
Tableau n° 18 : Régimes fiscal et juridique d’une société coopérative ............................ viii
Tableau n°19 : Synthèse du régime fiscal des sociétés minières (exploitants industriels)
................................................................................................................................................. viii
Tableau n° 20 : Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers artisanaux ............... viii
Tableau n°21: Synthèse du régime fiscal des exploitants miniers à petite échelle .......... viii
Tableau n°22 : Synthèse des prélèvements fiscaux et parafiscaux des sociétés pétrolières
................................................................................................................................................. viii
Tableau n° 23 : Synthèse du régime fiscal des Associations sans but lucratif ................. ix
Tableau n° 24 : Etat récapitulatif des obligations déclaratives des entreprises .............. ix
Tableau n° 25 : Synthèse des types et délais des déclarations par nature d’impôt ......... ix

- 276 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

Tableau n° 26 : Différentes étapes de l’exercice des poursuites en recouvrement forcé . ix


Tableau n° 27 : Différentes phases du règlement du contentieux fiscaux .......................... ix
Tableau n°28 : Synthèse des pénalités, amendes et astreintes fiscales applicables en RDC
................................................................................................................................................... ix
LEXIQUE ................................................................................................................................. x
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1
CHAPITRE 1. NOTIONS D’ENTREPRISE...................................................................... 23
SECTION 1 : FINALITES, FONCTIONS ET ENVIRONNEMENT D’UNE ENTREPRISE ... 23
1.2. FINALITES DE L’ENTREPRISE ..................................................................................................... 24
1.3. FONCTIONS PRINCIPALES D’UNE ENTREPRISE .......................................................................... 25
SECTION 2 : CLASSIFICATION DES ENTREPRISES .................................................................... 28
SECTION 3 : NOTIONS DE GESTION D’UNE ENTREPRISE ....................................................... 30
3.1. DEFINITION DU CONCEPT GESTION ........................................................................................ 30
CHAPITRE 2. NOTIONS DE FISCALITE ET DE PARAFISCALITE .......................... 35
Section 1. DEFINITIONS DE FISCALITE ET DE PARAFISCALITE ........................................... 35
SECTION 2. DIFFERENCE ENTRE LES RESSOURCES D’IMPÔT ET LES RESSOURCES
PARAFISCALES PRELEVEES PAR L’ETAT AUPRES DES ENTREPRISES .......................... 37
SECTION 3 : SOURCES DU DROIT FISCAL APPLICABLE A L’ENTREPRISE ................... 41
3.1. LA CONSTITUTION (SOURCE CONSTITUTIONNELLE)..................................................... 41
SECTION 4 : CLASSIFICATION GENERALE DES IMPÔTS ........................................................ 42
SECTION 5 : ELEMENTS DE LA TECHNIQUE FISCALE ............................................................ 46
CHAPITRE 3. PRESENTATION DES SYSTEMES FISCAL ET PARAFISCAL
CONGOLAIS ......................................................................................................................... 50
SECTION 1 : PRESENTATION DU SYSTEME FISCAL CONGOLAIS ...................................... 50
SECTION 2 : PRESENTATION DU SYSTEME PARAFISCAL CONGOLAIS .......................... 54
2.1. DEFINITION DU CONCEPT SYSTEME PARAFISCAL .......................................................... 54
SECTION 3. SERVICES EN CHARGE DE LA GESTION DES IMPOTS ET TAXES EN RDC
............................................................................................................................................................................. 59
3.1. REGIES FINANCIERES NATIONALES ........................................................................................ 60
3.2. REGIES FINANCIERES PROVINCIALES.................................................................................... 67
Tableau n° 5 : Liste de quelques régies financières provinciales opérationnelles. .......................... 68
CHAPITRE 4. ETUDE SOMMAIRE DE DIFFERENTS TYPES D’IMPOTS ET
TAXES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ......................................... 70
SECTION 1 : IMPOTS REELS .................................................................................................................. 70
SECTION 2 : IMPOTS CEDULAIRES SUR LES REVENUS (IMPOTS DIRECTS) ................. 78
Section 3. DETERMINATION DU RESULTAT FISCAL DE L’ENTREPRISE ................... - 115 -
3.1. DETERMINATION DU RESULTAT NET COMPTABLE DE L’ENTREPRISE .........- 115 -
3.2. DETERMINATION DU RESULTAT FISCAL DE L’ENTREPRISE ............................... - 120 -
3.3. REPARTITION DU RESULTAT DE L’ENTREPRISE ....................................................... - 122 -
SECTION 4 : IMPOTS INDIRECTS .................................................................................................- 127 -
Chapitre 5. REGIMES FISCAUX ET PARAFISCAUX APPLICABLES AUX
ENTREPRISES CONGOLAISES ................................................................................. - 148 -
Section 1. REGIME FISCAL DE DROIT COMMUN ...........................................................................- 150 -
1.1. ENTREPRISE INDIVIDUELLE (EI)............................................................................... - 150 -
1.2. SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC) ......................................................................................... - 151 -
1.3. SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE (SCS) .............................................................................- 153 -
1.4. SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE (SARL) .............................................................. - 155 -
1.5. SOCIETE ANONYME (SA) ..............................................................................................................- 158 -
1.6. SOCIETE ANONYME UNIPERSONNELLE .................................................................................. - 164 -

- 277 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

1.7. SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEES (SAS) ...........................................................................- 164 -


1.8. SOCIETE EN PARTICIPATION .....................................................................................................- 166 -
1.9. SOCIETE DE FAIT ............................................................................................................................ - 166 -
1.10. GROUPEMENT D’INTERÊT ÉCONOMIQUE (GIE)................................................................ - 167 -
1.11. SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE ............................................................................................................- 167 -
SECTION 2 : REGIMES FISCAUX D’EXCEPTION .............................................................................- 168 -
2.2. REGIME FISCAL DES PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES ETRANGERES ..............- 171 -
2.3. REGIME FISCAL DES SOCIETES MINIERES .............................................................................- 172 -
2.4. REGIME FISCAL DES SOCIETES PETROLIERES .....................................................................- 176 -
2.4.1. CALCUL DE L’IMPOT SUR LA SUPERFICIE DES CONCESSIONS MINIERES ET
DES HYDROCARBURES ..........................................................................................................- 182 -
2.5. REGIME FISCAL DES ASBL ET DES ETABLISSEMENTS PUBLICS .....................................- 192 -
CHAPITRE 6 : COMPTABILITE DES TRANSACTIONS LIEES A LA FISCALITE
DES ENTREPRISES ...................................................................................................... - 198 -
6.1. LES DISPOSITIONS DU SYSCOHADA ......................................................................................... - 198 -
6.2. LA COMPTABILISATION DES OPERATIONS LIEES AUX IMPOTS DIRECTS .................- 201 -
6.2.1 LES IMPOTS REELS ...................................................................................................................... - 201 -
6.2.2 LES IMPOTS CEDULAIRES SUR LES REVENUS ..................................................... - 202 -
6.3. LA COMPTABILISATION DES OPERATIONS LIEES AUX IMPOTS INDIRECTS- 206
-
6.3.1. LA TAXE SU LA VALEUR AJOUTEE (TVA) ............................................................. - 206 -
6.3.2. LES DROITS DE DOUANE ET LES DROITS DE CONSOMMATION OU D’ACCISES . -
209 -
6.3.2.1 LES DROITS DE DOUANE ........................................................................................ - 209 -
6.3.2.2 LES DROITS DE CONSOMMATION OU D’ACCISES ...........................................- 209 -
CHAPITRE 7. GESTION DE L’ENTREPRISE ET LES PROCEDURES FISCALES ... -
210 -
SECTION 1 : DEFINITION, ENJEUX ET TYPES DE PROCEDURES FISCALES ...........- 210 -
1.2. ENJEUX DES PROCEDURES FISCALES ..............................................................................- 211 -
SECTION 2 : ENTREPRISE FACE AUX DIFFERENTS TYPES DE PROCEDURES
FISCALES .................................................................................................................................................- 213 -
2.1. ENTREPRISE ET PROCEDURES D’INVESTIGATION ................................................... - 213 -
2.2. ENTREPRISE ET LES PROCEDURES DECLARATIVES ................................................- 216 -
2.3. ENTREPRISE ET LES PROCEDURES DE CONTROLE FISCAL .................................- 220 -
2.4. ENTREPRISE ET PROCEDURES DE RECOUVREMENT ..............................................- 227 -
§ 3. Modalités d’exercice des poursuites en recouvrement forcé.................................................. - 230 -
2.5. ENTREPRISE ET PROCEDURES CONTENTIEUSES....................................................... - 233 -
CHAPITRE 8. FISCALITE ET RESPONSABILITES DE L’ENTREPRISE ......... - 244 -
SECTION 1. FISCALITE ET RESPONSABILITE FINANCIERE DE L’ENTREPRISE ..- 245 -
1.1. FONDEMENT ECONOMIQUE DE L’IMPÔT.......................................................................- 245 -
1.2. GESTION FINANCIERE OPTIMALE ET MAXIMISATION DU COÛT-VALEUR..- 246 -
1.3. ENJEUX DE LA RESPONSABILITE FINANCIERE DE L’ENTREPRISE .................. - 247 -
SECTION 2 : FISCALITE ET RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE .........- 249 -
2.1. FONDEMENT SOCIOLOGIQUE DE L’IMPÔT ...................................................................- 249 -
2.2. ORGANISATION DE L’ENTREPRISE EN MATIERE DE RESPONSABILITE SOCIALE
......................................................................................................................................................................- 251 -
2.3. ENJEUX FISCAUX DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE ......- 256 -
SECTION 3 : FISCALITE ET RESPONSABILITE JURIDIQUE DE L’ENTREPRISE ....- 258 -
3.1. FONDEMENT JURIDIQUE DE L’IMPÔT .............................................................................- 258 -
3.2. MANAGER FACE A QUELQUES PRINCIPES DU DROIT FISCAL............................. - 260 -

- 278 -
Fiscalité de l’entreprise : Manuel et applications corrigées par le professeur Innocent Yere Apobe

SECTION 4. FISCALITE ET RESPONSABILITE MANAGERIALE DE L’ENTREPRISE ....... -


261 -
4.1. FONDEMENT POLITIQUE DE L’IMPÔT .............................................................................- 262 -
4.2. MANAGER ET BONNE GOUVERNANCE DE L’ENTREPRISE ....................................- 263 -
4.3. RÔLES DU MANAGER DANS LA GESTION DES DOSSIERS FISCAUX................... - 264 -
CONCLUSION GENERALE ...............................................................................................................- 271 -
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... - 273 -
TABLE DES MATIERES .............................................................................................. - 276 -

- 279 -

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