Technique de Gestion Des Écosytèmes
Technique de Gestion Des Écosytèmes
Technique de Gestion Des Écosytèmes
July 1999
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© FAO 1999
FAO Paper for the World Bank Forest Policy Implementation Review and Strategy iii
AVANT-PROPOS
Le concept de rendement soutenu s’est développé au fil de nombreuses décennies de
recherche et d’aménagement forestiers. La plupart des forestiers le connaissent bien et l’on a
tenté à plusieurs reprises de concevoir des systèmes d’aménagement forestier conformes aux
principes du rendement soutenu. Toutefois, plus récemment, un concept plus large
d’aménagement durable des forêts a été introduit dans le débat politique national et
international sur les systèmes d’aménagement forestier les plus appropriés. A la différence du
rendement soutenu, qui se concentre sur un ou deux produits, l’aménagement durable vise à
garantir la durabilité d’un plus large éventail de produits forestiers. On est encore loin d’avoir
atteint un consensus sur ce qu’est exactement l’aménagement durable des forêts, ou sur la
manière dont il devrait être réalisé, mais la plupart des commentateurs conviendraient que
seule une petite partie du domaine forestier mondial est actuellement gérée d’une manière
durable, au sens large.
C’est dans ce contexte que la présente étude a été exécutée sur commande par la FAO, pour le
compte de la Banque mondiale, pour examiner et résumer les expériences actuelles en matière
d’aménagement durable des forêts. L’étude se concentre sur les efforts d’aménagement des
forêts axés sur la production durable de bois, même si elle examine également les rares
informations disponibles sur l’aménagement forestier orienté vers d’autres objectifs. Seuls les
pays en développement sont couverts. Les forêts tempérées et boréales sont examinées dans
un autre document de cette même série.
La présente étude a été préparée par le personnel du CIRAD – Forêt, en s’appuyant sur la
vaste gamme d’expériences de cette organisation et sur un examen des publications
existantes. La FAO tient à exprimer sa gratitude à tous ceux qui ont contribué à cette étude et
à remercier tous ceux qui lui ont fait part de leurs observations sur les versions provisoires
antérieures. La FAO continuera à rechercher, avec les Etats Membres, les systèmes les plus
appropriés pour mettre en oeuvre les principes de l’aménagement forestier durable. A ce
propos, nous invitons nos lecteurs à nous faire part de leurs observations sur tous les aspects
de cette étude.
Lennart Ljungman
Directeur
Division des politiques et de la planification forestières
Département des forêts
! L’arbre est une plante pérenne à croissance lente, sa longévité varie de quelques années à
plusieurs siècles. De fait, la dynamique des formations forestières tropicales qui se
succèdent s’inscrit dans des échelles de temps variant de plusieurs décennies au
millénaire. La durée des temps de réponse et l’inertie des écosystèmes forestiers oblige à
élargir nos réflexions et nos actions dans le long terme. Cette contrainte est antagoniste
des options financières et économiques actuelles qui déterminent en fin de comptes les
choix des protocoles techniques.
Dans la présente étude, il s’agit de traiter des questions d’ordre technique et non celles d’ordre
moral, culturel ou socio-politique: d’un débat de société centré sur les fins, on passe ici à un
débat de techniciens centré sur les moyens.
Le problème-clé est donc celui de la gestion des risques. Il s’agit d’appliquer le principe de
précaution sans tomber dans l’immobilisme ou l’angélisme en ce qui concerne les capacités
de résilience des écosystèmes forestiers tropicaux.
AVANT-PROPOS ................................................................................................................................................iii
1 INTRODUCTION....................................................................................................................................... 1
5 BILAN........................................................................................................................................................ 31
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 67
GLOSSAIRE........................................................................................................................................................ 79
A1.1 Etude de cas No 1: aménagement des forêts denses humides africaines - le projet
d'aménagement pilote de Dimako (Cameroun) .................................................................................. 91
A1.1.1 Le contexte .................................................................................................................................... 91
A1.1.2 Les résultats ................................................................................................................................... 91
A1.2 Etude de cas No 2: aménagement des forêts denses humides africaines - le projet
d'aménagement de Deng-Deng (Cameroun) ...................................................................................... 93
A1.3 Etude de cas No 3: projet de gestion et de conservation participatives de la faune
en Afrique Australe - le programme CAMPFIRE (Zimbabwe) .......................................................... 97
A1.3.1 Le contexte Zimbabwéen............................................................................................................... 97
A1.3.2 Le programme CAMPFIRE........................................................................................................... 97
A1.4 Etude de cas No 4: aménagement des forêts claires et des savanes en zone
soudano-sahélienne - le cas du Burkina Faso.................................................................................. 100
A1.4.1 Le contexte Burkinabé................................................................................................................. 100
A1.4.2 Méthodologie utilisée .................................................................................................................. 100
A1.5 Etude de cas No 5: l’expérience du Niger en matière d’aménagements forestiers ......................... 103
A1.5.1 Le contexte .................................................................................................................................. 103
A1.5.2 Les coopératives forestières inter-villageoises des années 80 ..................................................... 103
A1.5.3 La stratégie energie domestique (SED) ....................................................................................... 104
A2.1 Etude de cas No 6: la gestion des massifs forestiers en Malaisie et en Indonésie .......................... 106
A2.1.1 Intensité d'exploitation................................................................................................................. 106
A2.1.2 Systèmes d'exploitation ............................................................................................................... 107
A2.2 Etude de cas No 7: modèle d’aménagement forestier au Sarawak ................................................. 109
A2.2.1 Le contexte .................................................................................................................................. 109
A2.2.2 Le projet ...................................................................................................................................... 109
A2.2.3 Les résultats ................................................................................................................................. 110
A2.3 Etude de cas No 8: une aire totalement protégée - l'exemple du sanctuaire de
faune de Lanjak-Entimau (Malaisie)................................................................................................ 111
A2.3.1 La situation .................................................................................................................................. 111
A2.3.2 Les différentes phases du projet .................................................................................................. 111
A3.1 Etude de cas No 9: projet de développement de la forêt tropicale humide en Honduras................ 113
A3.1.1 Le contexte .................................................................................................................................. 113
A3.1.2 Les différentes composantes du projet......................................................................................... 114
A3.1.3 Des résultats positifs .................................................................................................................... 114
A3.1.4 Les problèmes rencontrés ............................................................................................................ 115
A3.2 Etude de cas No 10: projet sylvicole d’aménagement de la forêt
domaniale Alexander Von Humboldt (Pérou) .................................................................................. 116
A3.2.1 Le contexte .................................................................................................................................. 116
A3.2.2 Les différentes composantes du projet......................................................................................... 116
A3.2.3 Les contraintes............................................................................................................................. 117
A3.3 Etude de cas No 11: aménagement et conservation des forêts denses en
Amérique tropicale - le projet pilote de Quintana Roo (Mexique)................................................... 118
A3.3.1 Le contexte .................................................................................................................................. 118
A3.3.2 Le projet ...................................................................................................................................... 118
A3.3.3 Les résultats ................................................................................................................................. 118
A3.4 Etude de cas No 12: aménagement de la forêt naturelle sur une petite
échelle - le cas de l'Amazonie brésilienne ........................................................................................ 120
A3.4.1 Le contexte .................................................................................................................................. 120
A3.4.2 Les concepts ................................................................................................................................ 120
A3.4.3 Les différentes phases.................................................................................................................. 120
A3.4.4 Résultats et incertitudes ............................................................................................................... 121
A3.5 Etude de cas No 13: aménagement, conservation et développement des mangroves au Panama .. 122
A3.5.1 Reboisement et recherche forestière ............................................................................................ 122
A3.5.2 Etude de la biologie des mangroves ............................................................................................ 122
A3.5.3 Informations géographiques ........................................................................................................ 122
A3.5.4 Participation de la population locale............................................................................................ 123
A3.5.5 Proposition d'une commission nationale des mangroves............................................................. 123
A3.5.6 Résultats et incertitudes ............................................................................................................... 123
Tableau 1: Surfaces occupées par les différents types de forêts tropicales naturelles...................................... 1
Tableau 2: Surfaces, boisements annuels des plantations forestières en 1995 ................................................. 3
Tableau 3: Superficies des forêts juridiquement classées par fonction en 1990 ............................................ 11
Tableau 4: Consommation mondiale de produits forestiers en 1994 ............................................................. 14
Tableau 5: Zones forestières disponibles en 1990 pour la production de bois d’œuvre
et le rendement soutenu à long terme (production potentielle/récolte) ........................................ 14
1 INTRODUCTION
Les forêts tropicales couvrent 1,681 millions d'hectares dont environ 900 millions en
Amérique du Sud, 500 millions en Afrique et 260 millions en Asie (Tableau 1 et Figure 1).
Les forêts denses sempervirentes représentent près de 800 millions d'hectares, les forêts
denses semi-décidues 590 millions d'hectares, les forêts sèches 238 millions d'hectares et les
mangroves, 16 millions d’hectares. Les taux de déforestation actuels varient de 1.1% en Asie
à 0.7% en Amérique latine et en Afrique (Figure 2). Les superficies des terres forestières
dégradées représentent plus de 2,000 millions d'hectares. Quel que soit leur degré
d’anthropisation, les forêts naturelles comme les plantations ou les forêts secondaires sont
concernées par la gestion durable.
Tableau 1: Surfaces occupées par les différents types de forêts tropicales naturelles
Types de formation Asie et Afrique Amérique et Total
Pacifique Caraïbes
(en millions (en millions (en millions (en millions d'ha)
d'ha) d'ha) d'ha)
Forêts tropicales humides
(Sempervirentes, décidues ou d’altitude) 219 338 870 1,427 (85%)
Forêts tropicales sèches 41 151 46 238 (14%)
Mangroves 7 3 6 16 (1%)
Total Forêts naturelles 267 492 922 1,681 (100%)
(16%) (29%) (55%) (100%)
Les données sont tirées et lissées à partir de différentes sources: Forêts tropicales humides (en 1990) - FAO (1995), Forêts
tropicales sèches et formations d’altitude (en 1990) - FAO (1993) et Mangroves - FAO (1994).
Figure 1: Le patrimoine forestier tropical mondial
Les utilisations de ce type de forêt sont très diversifiées. Elles varient d'une pression de
récolte très faible (chasseurs-cueilleurs par exemple) à l'exploitation commerciale d'intensité
variable de bois d’œuvre, en passant par les prélèvements de produits non ligneux et de gibier.
L'agriculture itinérante est une forme particulière d'utilisation de la forêt, qui peut conduire à
une dégradation des ressources, si elle n'est pas conduite de façon durable. Les analogies sont
nombreuses entre régions et continents, avec toutefois quelques différences marquées. En
Afrique, dans les zones forestières subissant une forte pression foncière, on assiste
schématiquement à l'ouverture de pistes par l'exploitation forestière au sein de massifs intacts,
suivie de leur pénétration par des cultivateurs pratiquant le système défriche/brûlis. En
Amérique tropicale, l'élevage est très souvent considéré comme la finalité ultime du
déboisement (cas de l’Amazonie). En Asie du Sud-Est, il s'avère que l'exploitation intensive
des peuplements riches en bois d’œuvre est un facteur majeur et parfois suffisant de
dégradation.
Les aires plantées en espèces forestières, susceptibles de constituer des relais de production
représentent environ 27 millions d'hectares (Tableau 2). Elles sont essentiellement localisées
en zones humides. Il faut y ajouter autant de cultures agricoles pérennes (hévéa, cocotier,
palmier à huile...) qui occupent une surface d’environ 26 millions d’hectares. On estime
aujourd'hui que plus de 500 millions d'hectares de terres dégradées peuvent être boisés ou
reboisés. Le rythme actuel de reboisement serait de 1,7 millions d'hectares par an. Les rôles
des plantations sont multiples: piégeage du carbone, source de bois alternative par rapport aux
forêts naturelles, restauration des terres dégradées, création d'emplois et de revenus, etc.
Tableau 2: Surfaces, boisements annuels des plantations forestières en 1995
Surface totale Boisement annuel Taux en boisement
(en millions d'ha) (en millions d'ha) industriel
Afrique 2.43 0.12 52 %
Amérique et Caraïbes 5.97 0.23 76 %
Asie et Pacifique 19.11 1.30 45 %
TOTAL 27.51 1.65
FAO (1997).
Elles sont définies aujourd'hui comme des formations ligneuses installées naturellement sur
des terres dont la végétation d'origine a été intégralement supprimée par l'homme. A la fin des
années 90, 165 millions d'hectares de forêts secondaires existeraient en Amérique, 90 millions
d'hectares en Afrique et 87 millions d'hectares en Asie. Cela apparaît comme l'un des
problèmes majeurs auxquels sont confrontés les aménagistes des régions tropicales. La
restauration du couvert forestier peut se faire naturellement grâce à une mise en défens
appropriée. Cependant, il faudrait des pas de temps séculaires avant que la forêt ne retrouve sa
structure et ses fonctions originelles.
La définition de la forêt, selon la FAO, correspond à un couvert arboré de plus de 10% sur au
moins un demi-hectare. L’arbre étant défini comme une plante pérenne avec une seule tige
(ou plusieurs si elle est recépée) atteignant au moins cinq mètres à maturité.
Les principaux types de forêts tropicales peuvent être regroupés en trois grands groupes avec
des caractéristiques écologiques bien différenciées: les forêts denses humides, les forêts
sèches et les mangroves (voir Encadré 1 et Figure 3).
Encadré 1: Classification des forêts
Les forêts denses humides
Les forêts denses sempervirentes se situent dans des zones où la pluviométrie annuelle est supérieure à
2,000 mm avec moins de trois mois secs par an. Elles sont caractérisées par une structure complexe, une
grande richesse floristique et animale et une prédominance d’essences à bois dur pouvant atteindre 40-50
mètres de hauteur. La canopée reste feuillée toute l’année, chaque arbre ayant un rythme propre de défoliation.
Les forêts denses humides semi-décidues correspondent à une pluviométrie annuelle comprise entre 1,000 et
2,000 mm/an avec moins de six mois secs. Leur structure et leur composition floristique varient beaucoup en
fonction de la pluviosité et des sols. Moins riches en espèces animales et végétales que les forêts
sempervirentes, elles sont caractérisées par une chute partielle des feuilles en saison sèche. On y note une
grande richesse en essences commerciales de valeur à bois tendre (hauteur 40-45 mètres).
Les forêts de montagne poussent à des altitudes supérieures à 1,000 m. Selon le climat, ce sont en général des
faciès des forêts denses humides. Les arbres et arbustes sont moins élevés que dans les formations de plaine.
Elles sont riches en mousses et lichens épiphytes et espèces ombrophiles.
Les forêts sèches apparaissent avec une pluviométrie annuelle comprise entre 600 et 1,200 mm/an avec moins
de 8 mois secs/an. Leur structure est bistrate, avec une strate arborée décidue (hauteur 15-20 mètres) sous
laquelle se développe une strate arbustive et graminéenne. Leur protection contre les feux de brousse est
essentielle pour assurer leur viabilité. La disparition des ligneux s’accompagne du développement de la strate
herbacée. Il existe des formations sèches de montagne.
Les forêts claires se rencontrent dans les régions où la pluviométrie annuelle est comprise entre 300 et 600
mm/an. Ce sont des formations mixtes, ligneuses et herbacées, dont le couvert ligneux est inférieur à 50%.
Dégradées, elles cèdent la place aux savanes arborées ou boisées où le couvert arboré dépasse rarement 15%.
Les mangroves
Ce sont des formations sempervirentes côtières poussant en dessous du niveau de la mer. Les espèces végétales,
peu nombreuses, doivent supporter l’immersion temporaire en milieu halophile. Cet écosystème particulier
offre un potentiel important de production diversifiée (bois, tanin, animaux marins...). Il est fragile, au même
titre que les forêts marécageuses, ripicoles ou périodiquement inondées. Ces forêts sont étroitement liées à la
dynamique hydrique du milieu qui les caractérise.
C'est dans son état naturel ou géré de façon durable que l'écosystème forestier peut assumer
au mieux ses fonctions de protection et de conservation. Outre le maintien des ressources en
eau et du sol, les forêts tropicales ont un rôle non négligeable sur la régulation du climat aussi
bien au niveau local que global. Elles abritent plus de 50% des espèces sur terre dont
beaucoup sont encore inconnues. Ces forêts constituent ainsi un potentiel inestimable pour les
besoins de l'humanité.
Une forêt tropicale bien gérée constitue une source durable de produits à valeur commerciale
ou d’usage, correspondant aux besoins humains à différentes échelles géographiques comme
le bois d'œuvre, les bois à usage domestique, le bois de feu ainsi que les produits forestiers
non ligneux (fruits, épices, latex, rotins, fourrages, produits médicamenteux, gibiers...). Outre
le fait qu'elle constitue une réserve potentielle de terres fertiles pour l'agriculture, la forêt joue
non seulement un rôle important dans la garantie de la sécurité alimentaire des populations
humaines et animales, mais aussi un rôle social et culturel inestimable. En effet, les forêts sont
le cadre de vie de nombreuses populations locales et appartiennent au patrimoine culturel
mondial. Elles contribuent à l'amélioration de la qualité de l'environnement et représentent
aussi un enjeu pour la recherche scientifique, l'éducation, ou l'écotourisme.
• Les forêts tropicales très diversifiées et riches sont d'une grande complexité.
• Elles font l'objet d'un trop grand nombre d'enjeux de ce fait même disparates entre-eux.
• Elles dépassent largement l’échelle de temps de la vie humaine.
Par le passé, les effets du climat sur les grandes tendances des évolutions forestières ont été
beaucoup plus importants que ceux de l'homme. La forêt tropicale que l’on croyait
relativement stable depuis 10,000 ans a été en réalité affectée par d’intenses modifications:
fluctuations de la limite forêt/savane, perturbations des écosystèmes forestiers mises en
évidence par les études de paléobotanique/paléohydrologie.
Les sécheresses ont ainsi été à l’origine de leur fragmentation, et des modifications séculaires
des écosystèmes forestiers se superposent aux grandes tendances de la dynamique de la
végétation (cycles longs). Les derniers siècles sont caractérisés par une reconquête forestière
sur les savanes tant en Afrique qu’en Amérique du Sud. Les savanes incluses dans les forêts
sont souvent des formes relictuelles de savanes autrefois beaucoup plus étendues.
Il faut aussi noter que depuis 10,000 ans, d’après les études de charbons de bois fossilisés, les
incendies de forêt ont été épisodiquement fréquents en Amérique du Sud (Amazonie) mais
aussi en Afrique et en Asie. Ce phénomène s’expliquerait en grande partie par de brèves et
intenses sécheresses liées à des phénomènes du type “El Niño”, couplés à des variations des
alizés confirmés par les données paléoclimatiques.
Plus récemment et contrairement aux forêts méditerranéennes, les forêts tropicales n'ont fait, à
quelques exceptions près (forêt atlantique du Brésil, Caraïbes, Inde...), que l'objet
d'interventions humaines localisées et modérées (agriculture itinérante, cueillette, prélèvement
limité de bois précieux...), et ceci jusqu'à la première moitié du vingtième siècle. Ce n'est qu'à
partir des années 50 que de profonds bouleversements ont affecté les forêts tropicales, dont
les plus importants ont été le passage des sociétés traditionnelles à une économie de profit et
l'explosion démographique. Avec les besoins croissants en matériaux de construction,
l'augmentation de la production agricole et du besoin en terre de conversion et surtout l'idée
reçue d'étendues inépuisables de surfaces boisées, on assiste à une accélération du phénomène
de déboisement. Ce n'est qu'à partir des années 70, avec l'émergence des méthodes
d'observation spatiale et des possibilités de traitement informatique des données, que les
premières constatations du caractère limité des ressources forestières sont apparues. Ce fut
l'amorce du changement progressif des concepts en foresterie tropicale. En 1982, le bilan
général d'estimation des ressources forestières tropicales publié par la FAO, a souligné la
rapidité de consommation des ressources naturelles, et par voie de conséquence, la plupart des
actions forestières menées jusqu'alors furent remises en question, notamment les deux
chevaux de bataille traditionnels:
L'homme n'utilise les ressources de manière durable qu'à partir du moment où il est confronté
au fait qu’elles sont limitées. La pénurie apparaît donc comme l'un des facteurs déclenchant
une démarche d'aménagement durable des ressources naturelles. De plus, la récente prise de
conscience médiatique de la pollution atmosphérique et de la dégradation de la couche
d’ozone ont restitué à l’arbre ses vertus de fixateur du carbone atmosphérique et de filtre
naturel. Le bois n’est plus considéré uniquement comme un des produits de la forêt parmi tant
d’autres. Produits forestiers non ligneux et services divers entrent en complémentarité avec la
fonction de production de biomasse spécialisée. L'aménagement est alors perçu comme une
utilisation polyvalente de la forêt (voir Encadré 2).
Commission Brundtland,1 la gestion durable des forêts est un des outils du développement
durable en général.
Encadré 2: Historique
1960-1970 Projets papetiers. Dégradation accélérée des forêts. Développement des plantations
intensives après coupe rase avec des exotiques. Restauration de la fertilité. Notion des
ressources limitées.
1985-1998 Gestion durable. Changements climatiques. Effet de serre. Incendies de forêts. Biodiversité.
Politiques forestières. Espèces locales. Ecocertification. Conflits de droits de propriétés.
Rôle des femmes.
1
Dans le Rapport Bruntland (1987), le développement durable est défini comme:
“un processus de développement qui rencontre les besoins du présent sans hypothéquer la
capacité qu’auront les générations futures de faire face à leurs propres besoins. C’est un
développement économique basé sur des ressources renouvelables, qui respecte les
processus écologiques fondamentaux, la biodiversité et les systèmes entretenant la vie.”
D’une manière plus restrictive, l’aménagement forestier durable peut se définir comme étant:
Il convient alors d'aborder la notion de "durabilité" dans ses aspects temporels mais aussi
économiques, sociaux-culturels et écologiques.
2.3.1 Le temps
Les systèmes biologiques naturels tels que la forêt, soumis à des variations
environnementales, évoluent en permanence. La notion de "durabilité" sous-entend une
approche analytique dynamique. C’est une forme de développement économique basée sur
une exploitation pérenne des ressources renouvelables sans dommage pour l’environnement et
les générations à venir. Une gestion durable suppose donc le renouvellement et la pérennité de
la ressource exploitée. Il se pose alors en particulier le problème de l’échelle de temps utilisée
pour les analyses. Autrement, faute d'éléments de décision solides, c'est le principe de
précaution qui s'applique. Négliger les contraintes temporelles a été la cause de nombreuses
incompréhensions et de l’échec de nombreux projets de développement. Le temps biologique,
physique, financier, économique ou encore le temps historique, ne se définissent pas sous les
mêmes termes. Il est nécessaire d’identifier les différentes perceptions du temps pour
permettre une communication effective entre tous les intervenants.
2.3.2 L’économie
La diversité de la forêt tropicale implique celle des activités économiques. Avec la raréfaction
de la ressource, l'accès aux biens et services forestiers génère une compétition et des conflits
d'intérêt de plus en plus importants. Par ailleurs, la forêt est souvent perçue comme ayant une
valeur moindre que celle générée par une conversion en terre agricole. L'accès aux biens et
services devrait être régulé dans le temps et l'espace. La préservation de la forêt doit être
justifiée économiquement aux différents niveaux de la société. La gestion des espaces
forestiers ne peut pas se faire indépendamment de celle des espaces agricoles. Tous deux
obéissent à la même logique et doivent participer aux mêmes objectifs de développement
durable.
2.3.3 Le socio-culturel
Il ne peut y avoir de gestion durable que si les différents acteurs sont pleinement
responsabilisés, attentifs à leur propre impact sur les forêts et conscients des enjeux forestiers.
Les démarches « top-down » doivent être limitées au profit d’actions de concertation et de
conception « bottom-up ». Il faut éduquer, instruire, sensibiliser de telle manière que chaque
acteur puisse intégrer les objectifs de gestion durable des forêts dans ses actes. Pour ce faire, il
est fondamental de reconnaître les droits et rôles de chaque intervenant ou opérateur.
L’instauration d’un dialogue constructif et ouvert est une nécessité pour trouver des solutions
adaptées à la complexité des problèmes rencontrés. Les conditions d’hygiène et de confort des
acteurs impliqués, que ce soit le personnel d'entreprise ou les communautés, sont des facteurs
indispensables de stabilisation des actions menées pour aboutir à une gestion durable.
2.3.4 L’écologie
Les seules forêts tropicales ombrophiles ne couvrent que 7% de la superficie terrestre mais
recèlent plus de 50% des espèces vivantes. Elles abritent donc une grande diversité
biologique, qui reste souvent encore à découvrir. La valeur à long terme des ressources
génétiques forestières n'est pas quantifiable car nous ne connaissons pas actuellement la
taxonomie exhaustive de ce qui existe ainsi que les besoins des générations futures. La
biodiversité aboutit à une politique purement conservatrice des écosystèmes naturels en tant
que banque de gènes alors que le développement durable met l'accent sur la nécessité d'une
production soutenue économiquement intéressante. Ces deux notions de conservation et de
développement a priori antagonistes ne sont, de fait, pas incompatibles et peuvent être
réconciliées par une gestion appropriée.
Des objectifs d'aménagement (voir Tableau 3) différents peuvent être envisagés dans le cadre
de cette gestion forestière durable: production ligneuse, protection des eaux et des sols,
paysage en liaison avec une gestion de l’espace (plantations linéaires, parcs arborés...), et
maintien de la biodiversité dans une fonction ténue de conservation du connu mais aussi de ce
qui reste à connaître. Concevoir ainsi les formations forestières, les place dans le contexte
élargi de l’aménagement du territoire.
Tableau 3: Superficies des forêts juridiquement classées par fonction en 1990
Fonction Asie et Afrique Amérique et Total
Pacifique Caraïbes
(en millions (en millions (en millions (en millions
d'ha) d'ha) d'ha) d'ha)
Production 151 58 100 309
Protection 44 8 90 142
Conservation 27 18 26 71
TOTAL 222 84 216 522
FAO (1995).
La gestion forestière tire l'essentiel de ses moyens financiers de la production ligneuse. Il est
nécessaire de bien connaître la demande en types et catégories de produits ainsi que son
évolution prévisible. Les produits forestiers non ligneux, le gibier, le fourrage (etc.) présentent
un intérêt économique et social appréciable à l'échelle locale qu’il ne faut pas sous-estimer. Il
faut aussi penser au rôle important que la forêt peut jouer dans la protection des sols, des eaux
et de l'atmosphère. De bonnes pratiques sylvicoles peuvent substantiellement accroître la
résistance des peuplements forestiers aux aléas des événements climatiques (vents,
sécheresses) ou biotiques (feux, pollutions, etc.).
Cet objectif est le plus souvent assigné à des forêts dont les rôles principaux sont la protection
des sols, le maintien des débits d'eau et les fonctions de régularisation des bassins versants. Ce
type d'affectation des terres n'est pas opposé à d'autres types de formations végétales ou
d'utilisation des sols (agroforesterie par exemple). La protection des forêts est un corollaire de
leur exploitation. Limiter les perturbations biotiques et abiotiques est une des conditions de la
durabilité.
Dans les régions tropicales, il existe un grand nombre de types de forêt, et il est important de
conserver des échantillons représentatifs de cette diversité. Ce type d'affectation des terres
(aires protégées) apparaît souvent comme conflictuelle face à d'autres types d'utilisation des
terres. D'une manière élémentaire, la conservation de la biodiversité de la faune et de la flore a
donc une valeur économique difficile à évaluer. L'analyse de l'intérêt financier et économique
des exploitations et défrichements doit notamment prendre en considération:
Cette approche doit être basée sur des actions stabilisatrices du milieu étroitement associées à
des actions d'amélioration de la productivité des terroirs.
Les plantations forestières ou de plantes pérennes (hévéa, palmier, cocotier, cacao, café,
fruitiers, etc.) permettent de réhabiliter les peuplements et les terrains dégradés. La plus
grande attention doit être accordée à l’analyse écologique des sites, au choix du matériel
végétal, aux associations symbiotiques, aux problèmes phytosanitaires, aux méthodes et
techniques sylvicoles. Compte-tenu de leur productivité, une augmentation importante des
plantations forestières permet de satisfaire une demande croissante de produits ligneux, de
diminuer la pression sur les écosystèmes forestiers naturels et de fixer les gaz à effet de serre.
D'importants efforts ont été réalisés au cours des dernières années pour la rédaction de plans
de gestion. Pourtant, presque nulle part, la mise au point des plans d’aménagement n’est
suivie d’une mise en application effective. En 1990, les forêts naturelles “intouchées” et donc
potentiellement gérables de manière durable, représentaient environ 155 millions d’ha soit
seulement 30% des surfaces forestières utilisées pour production. Les autres 70% sont
exploitées et donc justifiables au moins partiellement d’une gestion forestière durable.
Les forêts déjà exploitées pour le bois d’œuvre représenteraient 330 millions d’hectares: plus
de 148 millions en sont extraits pour un potentiel de production durable de 134 millions de
m3/an. Seulement 17% de la production totale de bois rond ont une utilisation industrielle,
dont environ 18% se retrouvent sur le marché international (Tableau 4). La FAO a évalué le
prélèvement excessif de ressources forestières en bois d’œuvre à l'échelle régionale. Le ratio
de «production à rendement soutenu» (production potentielle/récolte) nous donne les
tendances à l’échelle régionale des degrés d'exploitation forestière (Tableau 5). Il en ressort
que:
• en Afrique, la situation est variable selon les zones: l’Afrique centrale forme une zone où
le prélèvement est inférieur à la production; en Afrique occidentale le seuil de
surexploitation des forêts a été largement dépassé (supérieur à 200% de la production
potentielle);
Tableau 5: Zones forestières disponibles en 1990 pour la production de bois d’œuvre et le rendement
soutenu à long terme (production potentielle/récolte)
Forêts non perturbées Forêts perturbées Production Production à
par l’homme par l’homme moyenne rendement
disponibles disponibles 1990-95 soutenu
(en millions d'ha) (en millions d'ha) (millions de m3) (en pourcentage)
Afrique 59.6 112.9 17.1 174%
Asie et Pacifique 53.0 91.9 97.6 59%
Amérique et Caraïbes 42.1 122.5 33.8 141%
TOTAL 154.7 327.3 148.5 91%
Production potentielle/Récolte: inférieur à 100%, ce ration indique théoriquement une gestion quantitative durable (FAO,
1997).
Tableau 6: Biomasses et ratios de dégradation des forêts naturelles de production
ECOREGION Biomasse Biomasse Ratio de dégradation
potentielle estimée (biomasse estimée/
(tonnes/ha) (tonnes/ha) biomasse potentielle)
ASIE CONTINENTALE
Zones humides de plaine 449 225 0.50
Zones sèches de plaine 244 76 0.31
Zones humides de montagnes 306 155 0.51
ASIE INSULAIRE
Zones humides de plaine 543 273 0.50
Zones humides de montagnes 504 254 0.50
AFRIQUE TROPICALE
Zones humides de plaine 412 299 0.73
Zones sèches de plaine 92 60 0.65
Zones humides de montagne 197 105 0.53
Plus le ratio est élevé, plus les formations végétales concernées sont dégradées. FAO (1997).
• Cette surexploitation s’accroît avec l’importance des besoins des populations: c'est le cas
pour les forêts de l’Inde et du Bangladesh, des forêts de montagne au Burundi et au
Rwanda, des forêts sèches d'Afrique de l'Ouest (Niger, Nigéria, Togo et Bénin) et
d’Afrique Australe (Botswana, Somalie, Zimbabwe, Malawi). La biomasse actuelle
représente moins de 50% de leur biomasse potentielle.
• Globalement, en zone humide, la situation est plus favorable en Afrique qu’en Asie.
L’Indonésie, l’Asie péninsulaire, les Philippines, le Sri Lanka présentent des degrés
d’exploitation de la biomasse préoccupants.
Tropique du Cancer
Equateur
Tropique du Capricorne
Afrique. Les forêts tropicales humides africaines (340 millions d’ha) malgré leurs variétés
floristiques et l'abondance de grands arbres, ne contiennent qu'un nombre relativement
restreint d’espèces technologiquement valorisables. Le prélèvement y est très souvent
inférieur au volume potentiellement exploitable et, du fait des conditions de marché, les
concessionnaires se limitent au seul bois d’œuvre de haute qualité ("bois rouge") qui se situe
majoritairement dans des massifs enclavés à l'intérieur des terres. Le prélèvement est de 10 à
40 m3/ha.
Asie. Ces peuplements forestiers (220 millions d’ha) sont caractérisés par une relative
homogénéité de taille, une moindre fréquence de très grands arbres par rapport aux
peuplements africains et des diamètres d'arbre supérieurs à ceux trouvés en Amérique. La
famille dominante des Diptérocarpacées recèle la plupart des essences de valeur et leur
abondance confère une richesse aux forêts insulaires d'Asie qui se traduit par une activité
commerciale considérable, notamment par le fait de leurs qualités techniques intéressantes
pour le bois d’œuvre. Le prélèvement est important: 70 m3/ha, et souvent plus.
Amérique. Les arbres des formations forestières d’Amérique tropicale (870 millions d’ha)
sont souvent de moindre taille que ceux d’Afrique ou d’Asie, et les peuplements qu’ils
forment présentent une plus forte diversité spécifique commerciale. En outre, les espèces
américaines (notamment de très forte densité du bois) n'ont pas les caractéristiques techniques
qui font le succès commercial des bois d'Asie ou d'Afrique. De ce fait, le prélèvement n’a pas
encore la même envergure, il est compris entre 5 et 30 m3/ha.
L'Asie possédait le potentiel valorisable le plus important, compte tenu des techniques de
transformation et les caractéristiques du marché des bois tropicaux. De ce fait, de nombreuses
zones de cette région, où la forêt dense humide occupait de vastes superficies, ont été très
appauvries par la surexploitation. Les exportateurs d'autrefois sont devenus importateurs nets
(Thaïlande, Philippines...). Devant le constat de l'appauvrissement de la ressource, nombre de
pays ont pris conscience de la nécessité de gérer durablement les forêts de production (études
de cas 6 et 7). Le concept d'aménagement forestier en Afrique (études de cas 1 et 2) et en
Amérique tropicales est, certes, plus récent qu’en Asie mais aucun plan d’aménagement n’a
encore atteint le stade de mise en œuvre intégrale. En fait, la nécessité de gérer correctement
une ressource menacée aussi par l’élevage extensif et l’agriculture ne s’est imposée que
récemment.
Pendant longtemps, les projets d'aménagement durable étaient souvent confondus avec la
sylviculture, ceci en vue d'un rendement soutenu en produits ligneux, par exemple: le MUS
("Malaysian Uniform System") en Asie du Sud-est, l’APN en Afrique ("L’Amélioration des
Peuplements Naturels") ou bien le "Celos Management System" testé sans suite au Surinam.
Une gamme de sylvicultures a ainsi été développée, éprouvée et mise en œuvre par le passé
(voir synthèse des essais sylvicoles, Annexe 4). Elles insistaient particulièrement sur les
modalités de renouvellement de la ressource-bois. Ces méthodes ont échoué dans leur
application à longue échéance.
De plus, l'évolution politique a souvent eu pour effet de modifier les orientations des
institutions responsables des aménagements des forêts, et la préférence a été donnée à des
techniques promettant des résultats plus rapides (plantations par exemple) que ceux fournis
par les forêts naturelles de croissance plus lente. Ce ne sont généralement pas des problèmes
liés à une méconnaissance des traitements sylvicoles, de la dynamique des écosystèmes ou
d'incapacité de maintenir une régénération suffisante qui entravent la démarche de nombreux
projets d'aménagement forestier tropicaux. Il serait certes utile de disposer de davantage
d'informations dans ces domaines mais on possède actuellement assez d'éléments pour mettre
en œuvre des aménagements simples fondés sur la production soutenue et durable. En effet, le
bilan en matière de sylviculture est plutôt positif et de nombreuses études et projets ont
permis de fournir une base solide pour une sylviculture efficace dans les forêts naturelles
tropicales. Les difficultés rencontrées sont le plus souvent bien en amont des problèmes
Le choix d'une technique dépendra d'une part des objectifs de l'aménagement et d'autre part
des contraintes inhérentes aux peuplements (potentiel sur pied, sensibilité aux incendies...).
Cette approche sylvicole se traduit par trois impératifs techniques élémentaires:
En général, ce sont les communautés locales qui vivent le plus de leurs forêts, il est important
de les faire participer et d'entretenir un dialogue avec elles pendant toute la période de
formulation et d'exécution. En effet, la divergence des objectifs des différents partenaires
aboutit souvent à des conflits d'intérêt. Il faut aussi mettre en avant la difficulté de faire
comprendre les bénéfices à long terme aux utilisateurs directement concernés par le plan
d'aménagement. Le problème est d'élargir "l'horizon temporel et spatial" des personnes
intéressées. En effet, les pays tropicaux sont dominés par des contraintes de développement
agricole et industriel souvent peu compatibles avec les standards de la durabilité. D’une
manière générale les ressources forestières naturelles sont surexploitées pour répondre à des
impératifs à court terme.
Les mangroves semblent bien préservées dans les pays à faible densité de population et
ressources en bois suffisantes (Gabon, Guyane, Australie) et en régression dramatique où la
pression démographique est forte. Par exemple, aux Philippines et en Equateur, elles ont été
abusivement converties en bassins d'aquaculture, tandis qu'en Indonésie, le rythme de leur
exploitation forestière est excessif. En Afrique de l'Est, la principale cause de leur régression a
été la conversion en marais salants.
Peu d'aménagements durables pour la production de bois (énergie et bois de service) sont
appliqués sauf localement dans certains pays asiatiques (Inde, Bangladesh, Thaïlande,
Malaisie). C'est l'Australie qui semble le mieux assurer à la fois la protection, la conservation
et l'exploitation de ces écosystèmes (vingt trois parcs nationaux et sites effectivement
protégés). Le rôle des mangroves dans la protection contre l'érosion côtière et la conservation
de la faune aquatique a été reconnu: des reboisements et des remises en état de mangroves
dégradées sont réalisés dans certaines zones d’Asie et d’Amérique centrale (étude de cas 13).
Les mangroves peuvent être techniquement gérées de façon durable en vue d'un rendement
soutenu en produits ligneux et autres produits forestiers. Toutefois les aménagements sont
fortement dépendants des pratiques d'utilisation des zones terrestres, surtout en ce qui
concerne les variations des régimes hydriques, d’où la nécessité d’intégrer les zones en arrière
du littoral dans l’aménagement des mangroves.
Tropique du Cancer
Equateur
Tropique du Capricorne
La forêt tropicale sèche est représentée par une mosaïque de différents écosystèmes
comprenant la forêt dense sèche, la forêt claire, la savane boisée, la savane arborée et la
savane arbustive. Il existe 238 millions d'hectares de forêts sèches et très sèches dont environ
64% se situent en Afrique. Les écosystèmes tropicaux semi-arides et arides abritent près d'un
milliard d'êtres humains et la moitié du cheptel domestique tropical, sans parler de la faune
sauvage.
Ces régions sont fragilisées depuis près d'un demi-siècle par les sécheresses répétées et les
facteurs anthropiques (non-maîtrise des feux, conversion en terres agricoles, surpâturage,
surexploitation des ressources forestières etc.). Le bois représente 50% à 90% de l'énergie
utilisée en Afrique (beaucoup moins en Asie/Amérique, Tableau 7). Le bois-énergie a été
longtemps, et encore maintenant, considéré comme une ressource gratuite dont le prix se
réduit au seul coût de la récolte. L'accès libre à la ressource (terre, bois ou parcours) et
l'absence de sécurité foncière concourent à la destruction de la ressource. Les défrichements
anarchiques et la collecte de bois de feu dépassent de loin la capacité de régénération naturelle
de l’écosystème. Par ailleurs, l'avancée des terres cultivées réduit l'espace disponible pour
l'élevage traditionnel (bovins). La transhumance est alors de plus en plus reléguée dans les
forêts, où le pâturage est complété par le fourrage que produisent les espèces ligneuses.
Tableau 7: Part du bois de feu dans l'approvisionnement énergétique de quelques pays tropicaux
Année
Pays 1978 1982 1990
Sénégal 60% 82% 54%
Mauritanie 69% 94% nd
Mali 93% 90% 80%
Burkina Faso 94% 94% 91%
Niger 88% 95% 80%
Tchad 89% nd 80%
Côte d'Ivoire 65% 60% 72%
Thaïlande nd nd 24%
Philippines nd nd 43%
nd = non disponible, (FAO, 1992)
Durant les années 80, de nombreux projets ont vu le jour en Afrique avec un objectif
prioritaire (production de bois d’œuvre ou de feu, gestion de la faune sauvage), mais avec une
participation restreinte des populations. Ces dernières étaient consultées et/ou constituées en
groupements de gestion forestière, comités locaux de conservation, etc. Par la suite, la prise
en compte des problèmes fonciers et de la problématique multi-acteur et multi-usage a
infléchi l'aménagement vers une gestion décentralisée des ressources naturelles au profit des
habitants des terroirs.
Contre la désertification, stade ultime de dégradation, des efforts considérables ont été
déployés pour tenter d'arrêter ou même d'inverser cette tendance: reboisement avec des
espèces exotiques; construction de “barrages verts”; développement de l'agroforesterie; etc.
Malheureusement, le problème est loin d'être résolu, malgré de forts investissements. Les
résultats sont restés inférieurs à l'attente. Pour les plantations, cela est dû aux coûts financiers
trop élevés et au rejet de ces méthodes par la population. Les actions de type "barrages verts",
quant à elles, n'ont pas été suffisamment associées à la mise en place de politiques conjointes
efficaces de développement agricole et pastoral nécessaires à leur pérennité.
La faune est enfin un élément vital d'aménagement de ces forêts. Elle revêt une très grande
importance au niveau local en tant que source de viande et d'autres produits non ligneux. Elle
représente aussi une ressource touristique de premier plan dans des pays comme le Kenya, la
Tanzanie et le Zimbabwe (voir étude de cas 3).
Face à la demande croissante de terres agricoles et pastorales, il est important d'appliquer des
techniques en vue d’améliorer et de maintenir la productivité des exploitations agricoles et
des parcours du bétail dans les programmes forestiers, ceci tout en évitant la dégradation des
terres. En effet, l'érosion généralisée des sols et le déclin de leur fertilité restreignent les
possibilités d'aménagement durable. La gestion de l'eau est un autre sujet crucial dans ces
régions, qui par définition, ne disposent que de précipitations réduites pour la croissance des
plantes et le renouvellement des eaux souterraines. Les feux de brousse sont aussi un facteur
limitant de l'aménagement durable. Leur gestion raisonnée passe par des pratiques comme les
feux précoces (début de saison sèche) combinés avec des pressions de pâturage adaptées.
Il s'agit de forêts où des options de gestion non-durable ont conduit au remplacement total des
écosystèmes forestiers par des écosystèmes dominés par des espèces herbacées, arbustives,
rampantes, etc. Cette évolution peut être due à une surexploitation progressive du bois des
forêts, au raccourcissement des cycles d'agriculture itinérante ou à une culture excessive
suivie d'une baisse de fertilité des sols et de l'abandon des terres. Ces sites sont caractérisés
par une perte de fertilité et de la structure des sols, une importante érosion et une vulnérabilité
aux incendies.
Les superficies des terres forestières dégradées représentent plus de 2,000 millions d'hectares.
Selon l'état plus ou moins avancé de dégradation de la forêt, plusieurs actions d'aménagement
en vue d'une restauration de la fertilité et/ou de la production peuvent être menées:
• L’aménagement des forêts secondaires est une des possibilités. Ces formations
ligneuses spontanées, surgies naturellement sur des terres dont la végétation d’origine a
été supprimée par l’homme ont un cortège floristique réduit, facile à conduire
sylvicolement, mais dont la valeur intrinsèque est elle aussi réduite (sauf dans quelques
cas: Aucoumea klaineana, Cordia alliodora...). Ce type “récent” d’écosystème représente
un enjeu croissant du fait de son extension et de son étendue (plus de 350 millions
d’hectares dont la moitié en Amérique). Beaucoup reste à faire concernant leur
connaissance et leur valorisation.
3.6.1 Plantations
Le choix du type de plantation doit avant tout tenir compte de la vulnérabilité écologique du
milieu et des objectifs. Les reboisements à grande échelle (cas du Teck en Asie), ont
commencé pour la plupart durant la première moitié de ce siècle. Le taux de reboisement a
progressivement augmenté plus particulièrement en Amérique latine (Brésil) et en Asie
(Indonésie).
Jusqu'à présent, la plupart des forêts de plantation ont été établies en tant que monoculture
équienne, principalement avec des essences à croissance rapide exotiques, faciles à maîtriser
techniquement et plus rentables à court terme (Eucalyptus, Acacias, Pins) avec un objectif de
production ligneuse. Il en résulte un rétablissement de la productivité dans certains de ces
sites, mais aussi une diminution de la biodiversité accompagnée par une sensibilité accrue aux
maladies, aux parasites et aux feux des peup^lements forestiers. Par contre, les peuplements
en mélange facilitent le contrôle des adventices, limitent le problème des feux par l'obtention
de peuplements pluristrates, permettent le maintien et la restauration de la fertilité et
diversifient les possibilités de valorisation. Par expérience, le rendement en bois des
plantations forestières est durable si les essences sont adaptées au site et si des méthodes
valables d'aménagement sont effectivement utilisées. Il s’avère que le reboisement n'est pas
toujours employé à bon escient à cause d'une mauvaise adéquation station/essence et du non
respect des différentes opérations d'entretien et de suivi. Des reboisements mal conçus
peuvent même accélérer l'érosion, la pollution des eaux et la sédimentation des cours d'eau.
Aujourd'hui, les techniques de reboisement artificiel et de conduite des plantations sont bien
connues pour de nombreuses espèces. Les méthodes d'enrichissement ont donné des résultats
appréciables, mais des contraintes socio-économiques (main d’œuvre disponible) et
techniques (difficulté d'expansion à de grandes superficies) les ont fait écarter au profit de
méthodes intensives mécanisées.
Les plantations forestières s'avèrent presque toujours trop onéreuses pour être
économiquement rentables à court terme, vu le niveau actuel des prix des produits forestiers
sur les marchés. De plus, les revenus des investissements dans les plantations sont à
considérer sur le long terme alors qu'ils sont sujets à divers risques, (effondrement des prix,
calamités naturelles, instabilité politique...). Il faut aussi tenir compte de l’impact social de ces
programmes de plantations sur les paysans sans terre et les défavorisés, qui rentrent en
concurrence directe quant au mode d'appropriation de la terre. En effet, les plantations
industrielles ont parfois évincé les usagers traditionnels, ont perturbé les systèmes de mise en
valeur en cours et ont engendré de graves conflits sociaux. Il est donc difficile de se limiter à
une analyse financière hypothéquée par la valeur du bois sur le marché; et ce à long terme.
Les analyses doivent aussi prendre en compte les avantages/contraintes socio-économiques
(foncier, emploi...) et écologiques (sols, eau, carbone atmosphérique, biodiversité...).
3.6.2 Agroforesterie
Dans les régions traditionnellement agricoles, des arbres à usages multiples ont été plantés
(notamment dans le Sud-Est asiatique) afin d'augmenter la productivité et de restaurer la
fertilité des sols. L'agroforesterie comprend une grande variété de systèmes d'utilisation des
terres qui vont de ceux où les arbres sont plantés sur des terres agricoles à ceux où
l'agriculture est pratiquée sur des terres forestières sans en provoquer le déboisement. Le
développement de systèmes agroforestiers a accompli de réels progrès lors de cette dernière
décennie, grâce aux nouvelles orientations de la recherche et de la vulgarisation, et dans la
mise à l'essai de nouvelles techniques. Toutefois, des progrès restent encore à faire pour
mettre au point des systèmes viables d'un point de vue biologique et socio-économique.
Leur aménagement est récemment devenu un aspect important de la foresterie tropicale du fait
de l’ampleur de la dégradation des ressources forestières. Il apparaît comme l'un des défis
majeurs auxquels sont confrontés les aménagistes des régions tropicales. La restauration du
couvert forestier peut se faire naturellement via la succession naturelle des formations
végétales et grâce à une mise en défens de la zone considérée. Cependant, il faut des pas de
temps séculaires pour que la forêt retrouve sa structure et ses fonctions originelles. Le
processus est lent et l'expérience montre que de nombreux sites dégradés sont exposés à des
perturbations périodiques (feu par exemple), ce qui a pour effet d'inhiber les phénomènes de
régénération naturelle et de bloquer la reconstitution forestière. Très souvent l’option de
cycles courts (quelques décennies) de jachères arborées est retenue pour restaurer la fertilité
des sites dégradés avant leur remise en culture. Cette option doit être combinée avec des
options de conservation et de production de ces forêts à plus long terme pour être pertinente et
admissible.
La conservation des écosystèmes forestiers naturels est la fonction majeure des aires et des
autres zones affectées à la conservation des ressources naturelles. Les parcs nationaux et les
réserves intégrales ne sont plus des méthodes de conservation de la biodiversité préconisées
car trop rigides. Les surfaces concernées recouvriraient actuellement 5% de la surface
forestière tropicale et le taux d'acquisition de nouvelles surfaces a décliné ces dernières
années du fait des pressions exercées quant à l'utilisation des terres. Une alternative possible
est la gestion forestière en vue d’usages multiples. Cette dernière option inclut l'exploitation
régulière de produits forestiers dans le cadre d'un aménagement ayant à la fois pour objectifs
de conserver la diversité biologique et de fournir des bénéfices durables aux populations
locales et à l'économie nationale. Le terme "d'aire protégée" englobe, en fait, une grande
diversité d’approches pour la protection et la gestion des zones naturelles et semi-naturelles.
En zone tropicale, même si des aires protégées ont été établies et possèdent un statut légal
d'aménagement (Tableau 8), de nombreux problèmes se posent: conflits sur le statut foncier
des terres avec les populations locales, prélèvements illégaux de ressources animales et
végétale. Ils sont accentués par la faiblesse des services étatiques chargés de les protéger.
Tableau 8: Étendue en 1990 des aires de conservation dans les secteurs forestiers, de la faune sauvage et
les autres secteurs
Asie et Pacifique Afrique Amérique et Caraïbes
(en millions d'ha) (en millions d'ha) (en millions d'ha)
Forêts/flore 70.5 25.9 116.5
Faune sauvage 55.6 197.7 118.4
Autres secteurs 0.8 0.6 120.7
Total 126.9 224.2 355.6
(et % de la surface régionale) (14.2%) (10.0%) (21.5%)
FAO (1995)
distribution des espèces que par les pressions exercées par les autres formes de mise en
valeur des terres. De plus, la conservation de la biodiversité n'est pas garantie par les
réserves intégrales du fait de leurs superficies limitées et leurs répartitions souvent
aléatoires. En effet, la base scientifique de la conservation des espèces et de leurs
ressources génétiques est essentiellement conditionnée par l'étude et l'interprétation de
l'information taxonomique, de la répartition naturelle des espèces et des bases écologiques
de leur présence. Ces trois ensembles de données, qui devraient former la base de
stratégies rationnelles de conservation, sont insuffisants sous les tropiques, et dans bien
des cas inexistants. Les réseaux d'aires protégées, même dans l'hypothèse la plus optimiste
sur les surfaces susceptibles de leur être affectées, ne seront pas en mesure de conserver la
totalité ou même la majorité des espèces et des ressources génétiques désirables. Il est
donc important d'identifier les zones prioritairement intéressantes après mise en œuvre
d'inventaires multi-ressources.
Les aires protégées ne peuvent réaliser leurs objectifs de conservation que si les terres qui les
entourent sont soumises à un aménagement approprié compatible avec les objectifs de l'aire
protégée elle-même (voir Encadré 3). En effet, beaucoup de zones protégées souffrent
d’empiétements de la part des cultivateurs et des exploitants. Actuellement, l'objectif de
maintien de la biodiversité ne peut être assuré que par l'addition de surfaces significatives de
forêts naturelles à but de production. Une "zone tampon" peut a priori répondre à ces
objectifs tout en procurant des bénéfices pour la population locale. En effet, l'expérience
montre que la seule protection juridique est insuffisante pour assurer des actions efficaces de
conservation. Les zones tampons constituent une barrière physique à l'empiétement humain
dans la zone centrale protégée et permettent d'agrandir la zone réelle d'habitat naturel de la
réserve. De plus, un appui des populations locales aux objectifs de conservation peut être
induit par leur participation à l'exploitation de la zone tampon (agroforesterie, chasse,
plantations). Néanmoins, un des écueils des zones tampons reste le phénomène d'attraction
engendré par le développement économique ainsi créé, dont les effets peuvent être pervers et
augmenter la pression sur la ressource.
Protéger la nature et maintenir les processus naturels dans un état non perturbé afin de disposer d'exemples
écologiquement représentatifs du milieu naturel pour des études scientifiques, la surveillance continue de
l'environnement, l'éducation et pour le maintien des ressources génétiques dans un état évolutif.
Parc national
Protéger des régions naturelles et des paysages exceptionnels relativement étendus, d'importance nationale ou
internationale, à des fins scientifiques, éducatives et récréatives, gérés par la plus haute autorité compétente du
pays.
Protéger et préserver des éléments naturels d'importance nationale en raison de leur intérêt particulier ou de
leurs caractéristiques uniques.
Garantir le maintien des conditions naturelles nécessaires pour protéger des espèces, groupes d'espèces,
communautés biologiques ou traits physiques d'importance nationale lorsque leur perpétuation peut nécessiter
une intervention spécifique de l'homme.
Paysages protégés
Maintenir des paysages naturels d'importance nationale, caractéristiques de l'interaction harmonieuse entre
l'homme et la terre, tout en donnant au public la possibilité de jouir, par des activités de loisir et de tourisme, de
ces régions.
Protéger les ressources naturelles de la région pour une utilisation future et empêcher ou limiter les activités de
développement qui pourraient affecter ces ressources.
Permettre aux sociétés qui vivent en harmonie avec leur environnement de continuer à mener une existence non
perturbée par la technologie moderne.
Région naturelle aménagée à des fins d'utilisation multiple/Zone de gestion des ressources naturelles
Garantir la production durable d'eau, de bois d'œuvre, de produits de la faune et de la flore sauvage, et des
pâturages et l'organisation de loisirs de plein air, la conservation de la nature étant principalement orientée vers
le soutien de ces activités économiques.
Réserve de la biosphère
Conserver, en vue d'une utilisation présente et à venir, la diversité et l'intégrité des communautés animales et
végétales représentatives à l'intérieur des écosystèmes naturels et sauvegarder la diversité génétique des
espèces dont dépend leur évolution permanente.
Protéger les éléments naturels ayant justifié l'inscription du site sur la liste du patrimoine mondial et fournir des
informations pour l'édification du public dans le monde.
(IUCN, 1993)
Le cas de l'Afrique, qui détient la faune la plus remarquable de tous les continents, est
représentatif des problèmes rencontrés pour l'aménagement durable d'un patrimoine faunique.
Les habitats des animaux sauvages diminuent au profit de l'agriculture, de l'élevage ou par
suite de la surexploitation de la ressource ligneuse. De plus, le braconnage est à l'origine de
l'extinction ou de la raréfaction de nombreuses espèces d'animaux sauvages. Dégradation des
habitats et surexploitation cynégétique sont les deux principales menaces pour la durabilité de
la faune. Celle-ci est aussi exploitée à des fins touristiques (chasse, éco-tourisme)
principalement en Afrique. En plus de sa valeur financière, ce mode d'utilisation des
ressources cynégétiques doit être écologiquement et socialement viable. Il est aussi important
de rappeler que la faune revêt une grande importance socio-culturelle (religieuse, mystique,
tabous).
Par le passé, les aménagement "autoritaires", à savoir une protection intégrale et totale de la
faune, ont souvent échoué. Les mesures prises par les autorités ont spolié les communautés
locales au mépris des valeurs culturelles traditionnelles. L’interdiction totale d'utilisation et de
commercialisation du gibier les a poussés au braconnage. Du fait du statut légal de “res
nulius” du gibier, la faune est alors considérée comme gratuite et de libre accès par les
populations locales écartées de sa gestion. L'Etat, seul responsable de cette ressource, n'est
généralement pas en mesure d'assumer efficacement son rôle de gestionnaire. Il s'avère
qu'aucun aménagement durable des ressources naturelles et de la faune ne peut être réalisé
sans une participation active des communautés locales aux prises de décisions et aux
bénéfices qui en découlent. Des programmes intégrés communautaires de conservation de la
ressource ont été élaborés avec succès dans plusieurs pays d'Afrique (voir étude de cas 3),
particulièrement dans sa partie australe (Botswana, Zimbabwe, Zambie), aboutissant à une
réduction significative du braconnage, l'augmentation des populations animales et la
régénération des habitats.
Notons aussi que les crédits alloués par les Etats à la surveillance des zones protégées sont
insuffisants la rendant quasi inexistante. Par ailleurs, il y a trop peu de gestionnaires de faune
formés. La réglementation la concernant reste souvent inadaptée, et porte encore la marque
des réglementations coloniales plaquées sur des systèmes très différents de ceux des pays
colonisateurs. Les connaissances en matière de biologie de certaines espèces restent très
faibles (en particulier les petites espèces gibiers). Sans ces connaissances, une gestion durable
de la faune semble peu envisageable.
Tout en étant une composante naturelle de nombreux écosystèmes, le feu a néanmoins des
effets très défavorables sur la végétation, et par conséquent, sur l'érosion du sol, sa fertilité, et
sur la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre du fait de la forte concentration de
carbone dégagée lors des incendies de forêt. La plupart des feux sont d'origine anthropique et
sont dus à différentes causes: activités de déforestation (conversion de la forêt), culture sur
brûlis, régénération des pâturages (pastoralisme, chasse), origine accidentelle, utilisation
traditionnelle (religieuse, ethnique...), conflits socio-économiques et politiques sur les droits
de propriété et d'utilisation des terres (conflits d’usage des terres, revendications diverses,
dettes, etc.). Les feux ne se déclarent toutefois que rarement dans des forêts naturelles non
perturbées. Le risque augmente dans les forêts anthropisées dont la voûte forestière et la
structure ont été modifiées par l’homme.
Le feu est utilisé pour ouvrir de vastes zones boisées pour l'agriculture (plus de 15 millions
d'hectares de forêts sont brûlés chaque année). Bien maîtrisé, il demeure un outil précieux
pour l'agriculteur, le pasteur et le forestier (préparation des sites pour des plantations ou pour
la régénération naturelle par exemple). Près de 500 millions de personnes pratiquent
l'agriculture itinérante sur brûlis, cela concerne de 300 à 500 millions d'hectares/an.
L'augmentation de la taille des parcelles défrichées et le raccourcissement des rotations
aboutit à une dégradation continue des ressources. En zone humide, les incendies de forêt ont
été la cause principale de la diminution de la surface forestière en 1997, particulièrement en
Amazonie brésilienne et en Indonésie. Ces phénomènes se sont renouvelés à grande échelle
en 1998 (Amazonie). Les feux ont pris de graves dimensions du fait des conditions de
sécheresse combinées au phénomène “El Niño”. Au début des années 80, les périodes de
sécheresse exceptionnelle couplées à l'Harmattan ont provoqué de nombreux incendies en
Afrique de la Guinée Conakry à la République Centrafricaine. Les incendies de forêt
aboutissent à une mortalité notable des arbres, et s’ils se répètent, à la disparition des forêts.
Les sols dénudés sont alors recouverts par des adventices envahissantes facilement
inflammables (Imperata, Chromolaena odorata par exemple) qui bloquent toute régénération
forestière naturelle.
Les incendies de forêts dans les zones sub-humides à sèches africaines, appelés feux de
brousse, s’avèrent être les plus puissantes contraintes à la conservation et à la gestion durable
des ressources forestières. En Amérique centrale, dans les Caraïbes et récemment au Brésil
(Etat du Roraïma), la plupart des forêts de la région ont été endommagées par des feux.
A partir des années 70, des essais de lutte mécanique contre les feux de brousse ont été
réalisés en utilisant des équipements modernes (camions citernes, pompes...). Etant trop
onéreuses, ces méthodes d'aménagement anti-feu ont été orientées vers la participation des
populations locales et des collectivités, l'éducation et la formation et l'utilisation de petits
équipements et outils manuels. La protection absolue est délaissée au profit du brûlage
précoce (en début de saison sèche) qui est de loin la méthode de protection la plus sûre et la
plus efficace. En fait, la lutte contre les incendies pose davantage de problèmes sociologiques
que techniques. Elle relève en priorité de l'éducation des populations et des politiques
agricoles.
La lutte contre les incendies de forêt implique plusieurs types d'activités pour protéger la
ressource:
• La prévention vise d'une part les hommes (campagnes d'information) et d'autre part la
réduction de l'inflammabilité des ressources forestières (via des techniques sylvicoles pour
réduire l'action éventuelle des combustibles forestiers).
• L'anticipation comporte toutes les activités à entreprendre en cas d'incendie qui sont
conçues de façon à assurer son extinction: surveillance, mise au point de techniques
d'extinction (par exemple, l'usage à bon escient de contre-feux), etc.
• L'extinction en elle même doit avoir un coût minimum et doit être conforme aux objectifs
d'aménagement de la terre et de la ressource.
• La restauration des forêts, activité faisant suite aux incendies, est un élément vital de
l’aménagement forestier durable.
Dans chacun de ces quatre domaines, il est nécessaire de renforcer le cadre institutionnel, la
recherche et l’éducation du public, d’adopter une technologie appropriée et d’inciter à la
participation des populations locales.
En région tropicale, la plupart des bassins versants abritent une population dense
d'agriculteurs. Certains aménagements agricoles, comme les terrasses en Asie, ont des
fonctions de conservation de l'eau et du sol éprouvées. Par contre, les reboisements,
préconisés dans les zones dégradées par l’agriculture/élevage, se sont révélés être des
solutions techniques extrêmement coûteuses. En concertation avec les populations locales, la
mise en défens et la régénération naturelle permettent la réinstallation de forêts secondaires
dans la plupart des cas.
Dans les forêts naturelles aménagées pour l'exploitation du bois qui se situent sur des pentes
accentuées, les effets de ces activités vont dépendre essentiellement du tracé des routes et des
pistes, de leur entretien, des techniques d'abattage et de débardage, des interventions
sylvicoles, de la protection contre les feux et les ravageurs, etc.
Les bassins versants de petite surface, qui alimentent en eau une zone peuplée doivent être
impérativement épargnés par l'agriculture itinérante et l'urbanisation anarchique. Le seul
"aménagement" est alors une surveillance efficace pour protéger le couvert forestier. Associer
dans un même bassin versant les fonctions d'alimentation en eau et de réserve naturelle de
faune et de flore (exemples des parcs nationaux du Kenya et de la Tanzanie) ne présente
généralement pas de problèmes techniques et, en général, les aménagements hydrauliques en
aval de ces zones protégées ont été menés avec succès.
5 BILAN
La dégradation des ressources issues de l'écosystème forestier est directement liée à leur
utilisation abusive ou excessive qui s'explique par une série de facteurs (ou écueils) souvent
concomitants de nature:
• politique: avec l'insécurité des états et des gouvernements qui ne peuvent assurer une
gestion suivie et durable et avec l'absence d'un consensus international sous forme d'une
convention sur les forêts;
• économique: avec une érosion du niveau de vie ayant pour effet indirect la
surexploitation des ressources et une réduction des moyens gouvernementaux pour la
gestion des aires protégées ou des forêts aménagées;
• psychologique: avec la méfiance (parfois viscérale) des acteurs les uns par rapport aux
autres (gouvernements, sociétés privées, collectivités, mouvements écologistes, ONG,
chercheurs, bailleurs de fonds...) qui empêche de cristalliser les actions positives et
négociées pour induire des situations conflictuelles aux dépens de l'écosystème forestier.
Les exemples abondent tels que celui de Chimanes en Bolivie, de Deng-Deng au
Cameroun (voir étude de cas 2) ou les revendications actuelles en Indonésie;
• ergonomique: étant donné que la forêt tropicale constitue pour beaucoup un milieu
hostile et un contexte de travail dépourvu de confort que tôt ou tard, du fait de contraintes
professionnelles, familiales ou culturelles, les intervenants se voient désireux
d'abandonner. Trop peu est avancé en la matière et peu d'études y sont consacrées, alors
que c'est le quotidien pour les hommes de terrain; et
• technique: avec l'ignorance de la nature précise des ressources et des modalités idoines de
récolte de celles-ci, avec l'inconstance et l'impéritie pour leur maintien et leur
reconstitution que regroupent deux facteurs ci-après développés.
Le facteur temps, qui, faute d'être pris en compte, est à l'origine de nombreux échecs:
• la reconstitution des ressources issues de la forêt exige un pas de temps jugé excessif
par la plupart des décideurs, des bénéficiaires et même des techniciens;
• la perception du temps est variable et incohérente en fonction des acteurs, de leur échelle
de valeurs, des enjeux, des approches. Par exemple, l'impatience des décideurs et des
bailleurs de fonds induit des raccourcis, des choix et des approximations, tous techniques,
systématiquement préjudiciables au bon déroulement des projets (si ce n'est à leur bon
démarrage) et par voie de conséquence, aboutissent à des résultats décevants ou
trompeurs. La validité et la durabilité technique de l'entreprise forestière sont assujetties à
la volatilité des opinions. Celles-ci sont soumises aux changements d'objectifs, d’abord
par la loi du commerce international, et aussi du fait de la variabilité des priorités à court
terme indifférentes à l’expérience acquise et aux choix de durabilité.
Le facteur diversité des écosystèmes forestiers qui est source d'enjeux disparates et
antagonistes, et qui alourdit les difficultés d'étude, d'approche (etc.) du fait de leur complexité
inhérente; ceci est facile à illustrer par:
• le conflit entre “conservateurs et développeurs" qui n'a pas lieu d'être, mais qui survit
et sévit toujours;
• l'antinomie déconcertante entre la fragilité des forêts et leur rôle protecteur. La forêt
génère des sols fragiles et relativement peu fertiles dont la dégradation rapide conduit au
phénomène de latéritisation. Mais par ailleurs, cette même forêt, représente un des
meilleurs modèles de réhabilitation de ces sols;
Concevoir et mettre en œuvre avec succès un aménagement forestier conduit à respecter des
règles élémentaires. Beaucoup sont issues des enseignements tirés des multiples
aménagements de forêts tentés sous les tropiques depuis plusieurs décennies. Ces règles
permettent d’évoluer de modèles simples et rigides vers des modèles complexes plus proches
des réalités.
Jusqu'à présent, l'approche utilisée pour l'aménagement durable des forêts était analytique et
réductionniste, propre au champ technique. La durabilité doit être pensée globalement en
intégrant les connaissances issues des différentes disciplines concernées. Le défi est de créer
des approches multidisciplinaires opérationnelles tant au niveau de la conception que de la
mise en œuvre. L’aménagement forestier participatif est une des évolutions récentes du
produit vers le multi-usage. C’est une démarche globale qui prend en compte les étapes
suivantes pour aboutir à des aménagements viables:
L'expérience passée nous a montré que si l'aménagement durable de la forêt ne vise que la
production de bois, les autres biens et services que fournit la forêt sont compromis.
Actuellement, il est reconnu qu’une gestion durable implique que l’on veille à entretenir les
fonctions productives, protectrices et écologiques des écosystèmes forestiers. Parfois la
production de bois pouvait être en conflit avec les autres fonctions de la forêt, surtout
lorsqu'elle tendait à exclure les activités de ceux qui vivaient traditionnellement de la forêt.
Les produits forestiers autres que le bois sont souvent considérés comme des produits
secondaires de sorte que leur potentiel en valeur marchande ou pour l'autoconsommation
(cueillette, pâturage, viande de gibier...) est souvent sous-estimé. Ces produits forestiers
autres que le bois peuvent être la principale motivation incitant les populations locales à
participer à l'aménagement forestier.
L’arbre est une plante pérenne à croissance lente. La dynamique des formations forestières
tropicales s’inscrit dans des échelles de temps variant de plusieurs décennies à plusieurs
siècles. La durée des temps de réponse et l’inertie des écosystèmes forestiers oblige donc à
inscrire nos réflexions et nos actions dans le long terme. Cette contrainte est antagoniste des
options financières et économiques actuelles qui sont déterminantes dans les choix
méthodologiques et techniques. Ceci entraîne aussi de très grandes difficultés
méthodologiques et métrologiques en particulier pour l’évaluation des pratiques sylvicoles. Il
ne s’agit plus d’évaluer seulement les effets mais aussi les conséquences qu’elles sont
susceptibles d’entraîner à long terme sur d’autres objets ou systèmes (agronomique,
climatique, hydrique.).
La prise en compte des changements écologiques globaux (effet de serre) s’inscrit dans un
contexte planétaire. L’action à mener va du global au local. Pour être opérationnel au niveau
local, un contexte favorable doit être aussi mis en place au niveau international et national.
1983 Création de l’OIBT (Organisation Internationale des Bois Tropicaux opérationnelle à partir de 1987).
1983 Démarrage des PAFT (Plan d’Action Forestier Tropical/ FAO) et plus tard des PNAE (Plans
Nationaux d'Action Environnementale).
1992 Sommet de Rio (Sommet de la Terre): déclaration sur l’environnement et le développement durable,
gestion des forêts... CDD (Commission du Développement Durable), Conventions sur la Biodiversité
et le Changement climatique et la Désertification.
Le choix d'une politique foncière est un préalable à l'action des aménagistes. Il faut souligner
que ce choix est éminemment politique, il échappe souvent aux techniciens. C'est en fonction
de choix d'options et de stratégies générales de développement que l'aménagiste pourra
développer utilement son action technique. Le rôle de l’Etat devrait consister à fournir un
environnement approprié en termes de politiques, de législation et de réglementations. Il
devrait élaborer des méthodes de gestion simples et souples facilement utilisables par les
collectivités locales.
C’est pour l’échelon local que sont conçus les plans d’aménagement ou de gestion. Il faut
gérer durablement l’espace, la ressource et les outils en accord avec les acteurs.
L’espace. Il est nécessaire de situer correctement les forêts dans l’espace rural. Pour se faire,
les étapes de cette démarche sont:
• Intégrer la transformation.
Les acteurs. Pour réaliser l’ensemble de ces adaptations et transformations, un effort doit être
fait pour mobiliser et améliorer les compétences des différents acteurs: institutionnels,
professionnels du bois, communautés villageoises, ONG. La coordination et les échanges
entre ces différents acteurs doivent aussi être favorisés.
• Les relations entre les forêts tropicales et les grands cycles biogéochimiques (carbone,
eau, ozone...) ainsi que le climat.
• Les modalités de la régénération naturelle par voie sexuée ou végétative des espèces
exploitées.
• Les méthodes de restauration et d'amélioration des parcours pour les zones sèches.
Les plantations
Dans les années 1990, pour asseoir un diagnostic correspondant aux besoins de
suivi/évolution des forêts, des critères2 et indicateurs3 ont été élaborés. Ils fournissent un
moyen de formuler sous une forme structurée, une définition de la gestion durable des forêts.
Il en ressort que:
• Les C&I ne sont que des outils dont la complexité des situations limite le champ
d’application géographique.
• Il est souvent difficile de comparer les valeurs des indicateurs d’un site à un autre. La
standardisation des C&I est difficilement applicable au-delà de l’échelle nationale.
• L’interprétation statistique des données brutes est complexe et nécessite la mise au point
d’outils adaptés.
2
Les critères doivent, en principe, décrire les différents aspects de la durabilité à un niveau conceptuel. C'est
un trait caractéristique ou une série de conditions sur la base duquel il est possible d’évaluer les différents
aspects de la foresterie. Un critère contient en soi un objectif à atteindre.
3
Les indicateurs permettent une description quantitative, qualitative ou évolutive d’un aspect particulier d’un
critère. Ils fournissent donc des indications précises sur l’évolution dans le temps des critères dans un
contexte forestier déterminé. Les indicateurs devraient ainsi couvrir les différents domaines de
l’aménagement: état et changement des ressources forestières, diversité biologique, santé et vitalité des
écosystèmes, production de bois et d’autres produits forestiers, protection du sol et des eaux, fonctions socio-
économiques et cadre légal et institutionnel.
Dans cet esprit, différents organismes internationaux ou privés (OIBT, CIFOR, Forest
Stewardship Council) poursuivent des initiatives d’évaluation et d’amélioration des C&I
depuis 1993. Des tests d’applicabilité ont été réalisés dans différents sites à l’échelon local
(Indonésie, Côte d’Ivoire, Brésil, Cameroun, Gabon). L’objectif actuel est de rendre
opérationnel cet outil.
Ce processus en cours devra déboucher sur des outils évolutifs dans le temps et utilisables à
différentes échelles. Son adoption et sa généralisation s’inscrivent de fait dans le long terme.
Les C&I relèvent davantage aujourd’hui du forum d’échange que des outils pratiques de la
gestion forestière durable.
Certaines applications des C&I sont prévues à l’échelon local et peuvent déboucher sur des
procédures d’écocertification4 en définissant des conditions standards à respecter.
L'écocertification est censée promouvoir la gestion durable des forêts et l'accès aux marchés
consommateurs, à la suite des campagnes associées au boycott des bois tropicaux.
Cependant, après dix ans d'efforts de mise en œuvre, l’écocertification n’apparaît pas comme
un instrument essentiel ou nécessaire à la gestion forestière durable pour les zones tropicales,
notamment en Asie, voire même en Afrique, du fait du manque d’exigence de la part des
clients et du marché étroit des produits certifiés limité à certains pays du Nord. D’autres
incertitudes jouent un rôle à l’encontre de l’écocertification notamment:
• C'est dans ce contexte qu'il est important d'analyser l'impact potentiel de l'écocertification
qui est limité par la part relativement faible de l'exploitation sur la déforestation et un
marché étroit des produits certifiés limités à certains pays du «Nord». La portée possible
de cet instrument sur les pratiques forestières ne semble pas être significative, par manque
de légitimité.
• Cet outil ne peut pas être opérationnel dans un contexte où de nombreux éléments
déterminants pour une gestion forestière durable sont insuffisants, voire inexistants
(législation forestière adéquate, aménagement du territoire effectif...). De plus, les
incertitudes s’accroissent sur le plan commercial: crédibilité de l'écocertification au niveau
des marchés consommateurs, problèmes d'accessibilité au marché par les producteurs, du
fait d'exigences parfois prises de façon unilatérale (l'écocertification s'apparente alors plus
à une nouvelle barrière commerciale).
4
La certification est une évaluation indépendante qui vérifie, pour un produit ou une fonction, que les
conditions standards ont été respectées. La certification du bois peut être définie comme un processus dont la
finalité consiste à délivrer un certificat à la compagnie, attestation remise par l'organisme conseil
professionnel et indépendant qui s'occupe du règlement de la gestion forestière de cette zone.
• Enfin, se pose le problème difficile qui est de savoir qui peut procéder à l'écocertification
et des critères d’attribution des responsabilités (légitimité, indépendance, objectifs non
lucratifs, etc.).
Les surfaces forestières aménagées de manière durable sous les tropiques seraient de l’ordre
de 3 millions d’hectares (dont 30% plantés) en 1998, selon les critères de l'écocertification,
par le FSC (Forest Stewardship Council, initiative lancée en 1993 sous l'impulsion
d'organisations environnementalistes dont le WWF).
L'option de l'aménagement - d'une partie des forêts naturelles comme des autres forêts - vise à
rendre compatibles plusieurs usages de la ressource en conciliant plusieurs niveaux d'intérêts,
en restant en deçà des seuils d'irréversibilité et en préservant les intérêts des générations
futures. Le schéma théorique d'un plan aménagement comporte trois étapes clés:
La conception d'un plan aménagement forestier doit au minimum intégrer quatre niveaux
d'information dans son contenu: les facteurs sociaux, politiques et culturels, les facteurs
physiques, biologiques et écologiques, les facteurs financiers et économiques et les facteurs
techniques (sylviculture, exploitation, transformation). Les conditions d'élaboration des plans
d'aménagement doivent, pour pouvoir assurer la pérennité des massifs, être assujetties à la
satisfaction des besoins en terres et en produits forestiers des populations. La connaissance de
l'écosystème forestier, de son évolution, de ses potentialités et des options de valorisation sera
inutile sans une analyse approfondie d'éléments connexes agricoles, politiques et sociaux. Il
faut toujours garder à l'esprit que les forêts tropicales sont des écosystèmes complexes, encore
peu connus, localisés dans des zones socio-économiquement très diverses. Les tentatives
faites pour essayer de simplifier ces écosystèmes se sont traduites par des échecs dans la
plupart des cas. Il est nécessaire de tirer parti de cette réalité en réalisant impérativement une
approche souple et adaptative aux différents niveaux d'intervention (local, régional, national).
Il n'y a pas de méthode d'aménagement universelle.
La planification et la gestion des forêts doivent avoir pour but un développement durable et
équilibré des ressources naturelles (eau, sol, végétaux, faune, etc.) et viser à maintenir la santé
et la vitalité des écosystèmes forestiers.
Elle concernera la production d’une gamme de services et produits, ligneux ou non, sur une
base durable. La préservation et l’amélioration des fonctions de protection des forêts sont à
favoriser.
L’évaluation et le suivi des ressources forestières doivent être assurés de manière permanente
et continue. Ils prendront en compte les facteurs biotiques et abiotiques-clés qui peuvent
affecter la vitalité des écosystèmes forestiers (parasites, surpâturage, incendies, variations
climatiques, pollutions, etc.). Les plans d’aménagement périodiquement actualisés doivent
considérer l’ensemble des ressources, des droits de propriétés et des usages forestiers. Ils
préciseront les moyens et méthodes propres à minimiser les risques de dégradation des
écosystèmes forestiers. La réhabilitation des écosystèmes dégradés est systématiquement à
rechercher. L’échange d’information et la concertation entre les différents acteurs doivent être
favorisés.
Une gestion minimale de l’espace. Pratiquement, l’espace forestier fait l’objet d’un zonage
qui repose sur:
La gestion d'un massif dans un but de production à long terme ne se conçoit pas sans la
maîtrise de l'espace. L'aménagiste doit être assuré de la pérennité de son action. Il faut donc
délimiter et protéger ensuite contre tout empiétement le domaine forestier qu'il soit public,
communautaire ou privé. Cette délimitation nécessite en particulier la réalisation de deux
opérations: une cartographie du massif et l'ouverture et la matérialisation des limites.
L'association avec les communautés rurales jouxtant la forêt lors de la réalisation des limites
doit être recherchée. Leur adhésion à cette opération permettra d'identifier en particulier les
cas de litiges à résoudre rapidement. Il est bien évident que la délimitation suppose que les
aspects liés au foncier ont été préalablement pris en compte et les problèmes aplanis
(l'existence du moins d'un aménagement du territoire connu et respecté). L'expérience passée
a clairement démontré la vacuité des opérations d'aménagement forestier lorsque cette phase
préalable n'a pas été correctement réalisée.
La protection des massifs. La mise en œuvre d'un aménagement nécessite un certain nombre
de mesures de protection du massif, propres à rendre durables les actions entreprises,
notamment contre les exploitations illicites, les défrichements et les feux. Ces trois aspects
sont interdépendants et doivent donc faire l'objet d'une approche globale. Avant même de
procéder à l'aménagement d'un massif, il est souvent nécessaire de prendre des dispositions
temporaires susceptibles d'en assurer l'intégrité.
En forêt dense humide la productivité bois d’œuvre est comprise entre 0.5 et 3 m3/ha/an dans
les forêts intouchées. Dans les forêts exploitées de manière durable cette productivité peut
atteindre 4 à 6 m3/ha/an. Il y a lieu de rappeler ici que cette production de bois d'œuvre n'est
qu'une partie de la production des formations naturelles dont la capacité de production est
élevée: la production annuelle de phytomasse est en effet de 10 à 35 tonnes/ha/an alors que la
phytomasse aérienne est de 200 à 500 tonnes/ha. Le bois d'œuvre ne représente au plus
qu'environ 10% du matériel ligneux produit. Cet aspect ne doit jamais être sous-estimé dans
l'aménagement des forêts de production.
Pour les mangroves la productivité est de l’ordre de 5 à 10 m3/ha/an, l’essentiel étant utilisé
en bois-énergie .
Pour les forêts claires du domaine soudano-guinéen, la productivité bois-énergie varie entre 1
et 5 m3/ha/an.
Choisir des rotations d’exploitation adaptées. Le choix de la durée de la rotation est soumis
à diverses contraintes structurelles, économiques, techniques, sociales, etc. Il est apparu à
l'usage que de trop longues durées étaient irréalistes face aux rapides mutations des règles de
société. De trop courtes rotations compromettent la durabilité de l'aménagement. L'utilisateur
doit disposer de garanties suffisantes pour un investissement important (infrastructures,
matériel, etc.) qui est le garant d'une bonne utilisation de la ressource. Cela conduit à des
périodes dont l'ordre de grandeur est de vingt ans.
La rotation doit aussi tenir compte des contraintes de croissance des peuplements. Il est
apparu à cet effet qu'il est nécessaire d'attendre plusieurs décennies pour voir se reconstituer
les peuplements (sans que pour autant ils soient identiques à ceux d'origine). L'appropriation
par le gestionnaire de la forêt doit le conduire à manifester sa présence aussi souvent que
possible. Plus la mise en valeur est forte, plus il est possible d'affirmer la propriété ou la
jouissance de l'écosystème (y compris sur le sol). Il faut donc éviter de laisser en attente des
parcelles pendant de trop longues périodes. En tenant compte des contraintes sylvicoles (voir
synthèse des méthodes sylvicoles en Annexe 4), il faut opter pour des rotations entrant dans le
cycle de la mémoire des générations (20-40 ans).
Classer les peuplements en fonction des objectifs. Les résultats d'inventaire permettent un
classement des peuplements en fonction de leur potentiel et de leur attribuer ainsi un objectif
précis; ce qui se traduit par leur affectation dans différentes séries. La série est un ensemble de
parcelles pas nécessairement contiguës, qui forme une unité d'objectif et de traitement. Les
séries pourront être définies en fonction de la richesse des peuplements en essences
commerciales et de critères écologiques.
• Les séries de production - Toute série où des récoltes de bois seront, tôt ou tard possibles
et où on peut appliquer ou envisager une sylviculture optimisant cette fonction de
production.
• Les séries de protection - Les conditions de station ou les contraintes que la protection
impose au traitement des peuplements ne permettent d'espérer aucune récolte vendable.
Les peuplements doivent jouer un rôle de protection affirmé. Des interventions sylvicoles
devront assurer le maintien de l'état boisé.
• Les séries hors-cadre - Aucun objectif de production ni de protection lié à l'état boisé ne
paraît justifier, même à terme, une intervention sylvicole. Des objectifs agricoles,
agroforestiers, agrosylvopastoraux, etc., peuvent être assignés à ces séries.
7.1.3 La recherche
Celle-ci a fait l'objet de critiques, car elle est, ou a été, considérée comme déconnectée de la
réalité du terrain. Pourtant de nombreux dispositifs expérimentaux ont été matérialisés dans le
monde tropical, notamment pour l'étude très pragmatique d'évolution et de dynamique des
peuplements forestiers soumis aux interventions humaines, dont l'exploitation au sens large.
Ces différents dispositifs, dont certains bénéficient d'un recul dans le temps important,
fournissent une masse considérable d'informations difficiles à présenter ici et qui font l'objet
de synthèses de grande valeur, comme par exemple celles du projet FORAFRI en Afrique.
Pourtant beaucoup reste à faire, par exemple, en ce qui concerne la dynamique précise
d'espèces de valeur telles que les méliacées, Swietenia macrophylla et Cedrela odorata
d'Amérique latine, qui constituent un goulot d'étranglement de la durabilité faute d'une
régénération suffisante et maîtrisée. Autant pourrait être encore dit vis-à-vis du comportement
des Dipterocarpacées qui a compromis le bon déroulement technique des systèmes
d'aménagement malais et indonésiens (voir études de cas 6 et 7). Ici, se pose aussi le problème
de la durabilité de l'appui à la recherche et de son financement. Il faut citer le manque de
personnel apte à conduire et à appliquer les plans d'aménagement. Pour contourner cet écueil,
les chercheurs de terrain sont invariablement convaincus que la meilleure école est celle de la
Il reste encore à mettre au point certains outils d'aménagement, citons sans être exhaustif:
• Les techniques d'inventaires de terrain, bien adaptés aux objectifs, ne font l'objet
d'aucune expérimentation rigoureuse pour déterminer les bons taux de sondage, les
modalités de sondage (taille idoine des placettes, etc.) et les aménagistes sont désorientés
dès qu'il s'agit de planifier un inventaire "ad hoc" sur de grandes superficies devant
combiner effort minimum (et coûts) et informations maximales (correspondant bien aux
objectifs).
• La télédétection (photos aériennes, optique ou radar) s'avère être un appui essentiel pour
mener à bien le plan d'aménagement d'un massif ou du territoire environnant: des efforts
d'application sont à poursuivre car il s'agit d'un outil fondamental de cartographie, de
stratification, d'aide à l'inventaire de terrain et d'aide à la décision quand les données
satellitaires sont intégrées dans la base de données d'un système d'information
géographique (S.I.G.).
• Le suivi des peuplements naturels avant/après exploitation, et/ou éclaircie, doit être
impérativement assuré par un réseau de parcelles de contrôle géré par une recherche
d'accompagnement à ne pas sous-estimer lors de l'élaboration des projets.
• La qualité du bois sur pied est un domaine encore peu exploré qui devrait fournir des
économies de dégâts, de production, d'environnement... Encore un effort expérimental à
assurer! La qualité du bois sur pied introduit d'ailleurs la notion fondamentale de valeur de
bois sur pied, qui est la pierre d'angle du raisonnement économique et fiscal. Les
techniques d'approche économique, d'étude de marchés et de filières-bois ou d'enquêtes
sociologiques sortent du cadre de cette présentation mais sont aussi fondamentales.
Pour finir, il est bon de souligner que si les plans d'aménagement forestiers sont rarement
révisés en fonction de variables externes (telles que la demande du marché du bois), ceci est
surtout dû au fait que les données multiples (inventaires, données satellitaires, cartes enquêtes,
réseau routier) restent statiques sous forme de documents insuffisamment cohérents entre-eux.
La reprise et le croisement des données en fonction de nouvelles circonstances
(conjoncturelles) s'avèrent, presque toujours être un exercice impossible qui n'est que
partiellement résolu par de nouvelles récoltes de données coûteuses. Ainsi, apparaît-il
nécessaire qu'une construction de base de données actives et manipulables gérées par des
méthodes adaptées comme les Systèmes Informatiques de Gestion (S.I.G). soit une condition
ultime pour l'aménagement durable et rationnel des ressources. Ce serait la garantie de
durabilité, car à tout moment du déroulement du plan de gestion, celui-ci serait révisable et
donc adapté aux besoins évolutifs dans le temps.
Il faut aussi maintenir en l’état des couloirs de végétation naturelle le long des rivières afin de
préserver la qualité de l'eau et de constituer un habitat pour la flore et la faune. Une valeur
indicative de 20 mètres de largeur peut être recommandée pour les rivières permanentes, mais
le plus important consiste dans l'application et le respect de ce principe.
C’est finalement avec un délai proportionnel à l'intensité du prélèvement (20 ans pour 5 à
15 m3/ha de bois exploité, mais 50 ans ou plus pour une exploitation dépassant 25 m3/ha), que
le peuplement retrouve sa surface terrière avant exploitation qui doit être de l'ordre de 25 à
30 m2/ha.
Par ailleurs, la régénération de la plupart des essences de valeur exige le maintien des
semenciers régulièrement disséminés en forêt. Des bouquets ou îlots sélectionnés sont donc à
préserver au sein des zones exploitées afin de servir de refuge et de réservoir génétique. Des
corridors devraient les relier aux parties inexploitées de la forêt. Ils doivent être préservés et
relevés avant les opérations de coupe. Cette recommandation est présente dans les directives
de l'OIBT, et elle est préconisée également par l'UICN. Elle est très difficile à faire appliquer,
malgré son importance pour l'écosystème et seul un dispositif incitatif très efficace permettrait
son respect de la part des utilisateurs de la ressource.
Il s’agit de favoriser par des coupes d'exploitation et des soins culturaux, la régénération et le
développement des espèces commerciales tout en conservant au peuplement sa structure
d'origine et si possible sa diversité.
La reconstitution du peuplement est à favoriser par les soins sylvicoles traditionnels. Les
systèmes sélectifs à courte rotation de 20 à 30 ans, ne peuvent être appliqués qu'au sein de
peuplements riches en espèces d'avenir et ceci, à condition de pratiquer des éclaircies
d'amélioration aux dépens des arbres de grande taille en surnombre ou inutilisables.
Autrement, il faut adopter des rotations plus longues, de l'ordre de 50 ans. Les limites
inférieures de diamètre d'exploitabilité dépendent de la composition et de la structure des
forêts (ainsi que d'autres facteurs tels que les marchés ou les possibilités de transformation) et
aucune recommandation standard n'est valable, si ce n'est d'adopter des marges de sécurité.
Pour éviter une destruction irréversible des peuplements, dans tous les cas, il faut éviter
d’éliminer plus de 30% de la surface terrière sur pied.
Le recours aux éclaircies systématiques d'amélioration par dévitalisation sur pied d'espèces
inutilisables est à envisager au sein de forêts homogènes et riches, mais à éviter lorsque le
peuplement trop pauvre ne justifie pas cette action coûteuse; dans ce cas, seules des éclaircies
sélectives cantonnées au voisinage immédiat des arbres à favoriser sont envisageables (voir
Figure 6). Elles sont à moduler pour préserver la biodiversité. Par ailleurs, il faut souligner
que dans le cadre d'un aménagement, ces travaux d'éclaircie ne doivent pas être confiés à un
concessionnaire ("à chacun son métier") et qu'ils ne peuvent être effectués que par un service
forestier "opérationnel".
L'utilisation d'arboricides pour mener les dévitalisations sur pied constitue une plate-forme de
débats "pour" et "contre", notamment en Amérique latine. Il s'agit d'une pratique ancienne
dont les risques n'ont pas été quantifiés, même si jusqu'à présent aucun effet néfaste n'a été
décelé. Un bilan (mené sous l'égide d'entités internationales à ce sujet) s'impose. Quoi qu'il en
soit, d'autres modalités de dévitalisation sont possibles (quoique moins performantes) mais il
est indubitable que l'élimination par abattage entraînerait des dégâts considérables et des coûts
prohibitifs.
7.2.4 L'enrichissement
L’enrichissement est une méthode sylvicole extensive pour des peuplements naturels
appauvris en essences commerciales. L'enrichissement consiste à compléter le capital
d'essences commerciales préexistantes par plantation serrée (3-4 mètres) d’espèces précieuses
dans des layons parallèles ouverts en forêt (écartement 20-30 mètres). Cette méthode a été
utilisée partout dans le monde, parfois avec succès, sur des superficies relativement modestes
mais bien contrôlées. En effet, son caractère est certes extensif mais elle exige une grande
rigueur dans le suivi. L’enrichissement a le mérite de conserver en l'état la forêt naturelle sans
trop la perturber, mais il présente aussi des inconvénients: contrôle difficile des travaux,
planification sur une longue durée des interventions, besoins en main d’œuvre élevés, etc.
L'ensemble de ces mesures doit permettre une maîtrise des coûts qui est nécessaire pour
intensifier les efforts de reboisement. Différentes méthodes sont utilisables pour la conversion
des forêts naturelles: manuelle, mécanisée, associant reboisement/agriculture. Le choix devra
être fait en fonction de critères écologiques, économiques, sociologiques et techniques. Les
méthodes manuelles nécessitent de mobiliser une main d’œuvre importante qui n’est pas
toujours disponible au moment voulu. La nécessité de reboiser durablement des superficies
importantes, exige souvent d’avoir recours à la mécanisation de certaines tâches.
- Ouvrir la forêt sur au moins 3 mètres avec des lignes distantes de moins de 25 mètres.
- Orienter les lignes E-W pour favoriser l’éclairement des plants.
- Utiliser des espèces héliophiles à croissance rapide en hautes tiges (2 ans).
- Planter serré sur la ligne (< 3 mètres).
Les
- Garder les lignes ouvertes pour limiter la concurrence le temps nécessaire pour que les
enrichissements
plants atteignent l’étage dominant.
- Disposer d’un personnel suffisant pour assurer les entretiens le temps nécessaire.
Eclaircir si nécessaire.
- Ne pas réexploiter la forêt pendant cette période de reconstitution.
La moitié du cheptel tropical (dromadaire, chèvre, mouton, zébu, etc.) se retrouve dans les
zones sèches qui représentent moins de 20% des superficies forestières. L’aménagement des
formations ligneuses dans les terres de parcours et dans les terroirs agro-pastoraux doit en
tenir compte. C'est donc l’agro-sylvo-pastoralisme qui s'est avèré être le régime le plus
approprié pour la gestion "raisonnable" de ces zones.
Les actions de défense et de restauration des sols sont fondamentales en particulier dans les
zones arides sensibles à la désertification. La production forestière est un des aspects de la
gestion agro-sylvo-pastorale. Elle concerne la production ligneuse, fourragère, fruitière, etc.
La gestion des terres de parcours et des terroirs agricoles doit être ainsi intégrée dans la
gestion des espaces forestiers. Le principal facteur limitant est la sécheresse avec comme
corollaires l’importance des feux de brousse et la gestion des strates herbacées pour le
pâturage.
Des règles d’usage équitables concernant l’exploitation des terres de parcours par les
transhumants doivent être édictées. La gestion de l’hydraulique pastorale est un élément clé
de la gestion intégrée des formations sèches. Il faut conserver un équilibre entre la strate
ligneuse et herbacée. La gestion des parcours doit permettre la lutte contre
l’embroussaillement et le maintien des potentialités sylvo-pastorales. La charge animale doit
être adaptée au stock fourrager dans l’espace et dans le temps. Les parcours seront mis en
repos périodiquement. Le feu est un élément-clé de la gestion des formations sèches. Les feux
précoces (début de saison sèche) seront préférés aux feux tardifs pour favoriser la dynamique
des végétaux ligneux et herbacés. Etant donné le contexte (surtout africain), il ne faut pas
oublier le rôle primordial des femmes dans les domaines de la formation et de la vulgarisation
des pratiques de gestion durable.
La sylviculture tiendra compte des fortes contraintes du milieu physique, biologique et sociale
(sécheresse, feux de brousse, élevage extensif, transhumance, etc.). L’essentiel des efforts
portera sur la gestion sylvicole des formations naturelles. La régénération naturelle par voie
végétative (rejets, drageons) est à privilégier: plus le régime hydrique est défavorable, plus la
régénération naturelle sexuée cède la place à la reproduction végétative. Le sylviculteur aura
comme exemple l'action de la nature lui dictant les techniques à utiliser: régénération sexuée
en milieu favorable et stolons, rejets, marcottes, etc., en milieu présentant des stress hydriques
sérieux.
L'enrichissement est possible à l'instar de ce qui est fait en forêt dense humide avec les mêmes
avantages et un inconvénient en plus: la vulnérabilité potentielle du fait de passage de feux
(même de faible intensité). Il doit être cantonné aux zones de forêt ouverte et de savane
arborée ou arbustive réunissant des conditions de pluviosité suffisantes (minimum 800 mm
sur des périodes étalées dans le temps) ainsi que de suivi en entretien et protection.
Des mesures de protection des espèces fruitières et fourragères seront prises (contrôle de
l’élagage et l’émondage). Pour le taillis, le diamètre minimum d’exploitation est fixé à 6-8 cm
selon les espèces. Les rotations sont courtes, 7 à 14 ans. La hauteur de recépage sera adaptée à
chaque espèce. Pour la futaie à vocation bois d’œuvre, les diamètres minimums d’exploitation
sont de 30-35 cm avec des rotations de 20 à 40 ans, parfois davantage (plus de 50 ans).
Les mangroves sont des écosystèmes qui relèvent d'une gestion multi-usages du fait de leur
spécificité. Leur gestion est étroitement dépendante de celle du territoire, et plus
particulièrement des mesures influant les dynamiques hydriques et côtières qui régulent son
fonctionnement.
A cet effet, les récoltes de produits ligneux doivent être compatibles avec les autres fonctions
de production de cet écosystème halophile (gibier, poissons, crustacés, mollusques,
apiculture, sel, etc.) ainsi qu'avec les fonctions de protection (faune, flore, biodiversité). Un
diamètre minimum d’exploitabilité de 15-18 cm doit être respecté pour maintenir les autres
fonctions de production et de conservation de cet écosystème. La rotation sera d’au moins 10
ans.
Lors des récoltes, un soin particulier doit être apporté pour limiter les dégâts du sol et assurer
la régénération naturelle. Des porte-graines doivent être conservés si celle-ci est insuffisante
(au moins 2,500 tiges/ha de plus de 30 cm de hauteur). En l’absence de régénération naturelle,
des plantations sont préconisées. Les canaux primaires et secondaires doivent être utilisés
pour l’évacuation des produits et soigneusement entretenus. La profondeur des nouveaux
canaux sera inférieure à 1.5 m pour limiter les phénomènes d’érosion et de dégradation des
sols.
• Actualiser les plans de gestion pour d’une part atteindre les objectifs de maintien de la
biodiversité et d’autre part valoriser au mieux la ressource (chasse, vision de faune,
écotourisme, activités récréatives, etc.).
Tableau 11: Recommandations pour la conservation et l’amélioration de la biodiversité dans les
écosystèmes forestiers
- Identifier et délimiter de nouveaux parcs et réserves pour représenter chaque zone
écologique.
- Actualiser les plans de gestion des parcs et réserves pour réaliser des objectifs de
biodiversité à l'échelle nationale et mondiale.
Parcs - Limiter les activités humaines (écotourisme et activités récréatives) à certaines zones pour
nationaux éviter les perturbations du comportement ou de la reproduction de certaines espèces
animales.
et Réserves
- Elaborer des politiques et programmes participatifs pour la planification des aires
naturelles
protégées et des zones tampon.
- Etablir des bases de développement durable des espèces d'un point de vue biologique via
des programmes de recherche intégrés.
- Etablir des programmes de formation et d'éducation du personnel et des collectivités
locales des aires protégées.
8 RECAPITULATIF ET CONCLUSION
8.1 Recapitulatif
Les forêts tropicales naturelles couvrent environ 1,600 millions d'hectares dont 900 millions
en Amérique du Sud, 500 millions en Afrique et 260 millions en Asie. Les forêts
sempervirentes représentent environ 720 millions d'hectares, les forêts semi-décidues 590
millions d'hectares et les forêts sèches 238 millions d'hectares. Les taux de déforestation
actuels varient de 1.1% en Asie à 0.7% en Amérique latine et Afrique. Les superficies des
terres forestières dégradées représente plus de 2,000 millions d'hectares.
C'est dans son état naturel ou géré de façon durable que l'écosystème forestier peut assumer
au mieux ses fonctions de protection et de conservation. Outre le maintien des ressources en
eau et du sol, les forêts tropicales ont un rôle non négligeable sur la régulation du climat aussi
bien au niveau local que mondial. Elles abritent plus de 50% des espèces du globe dont
beaucoup sont encore inconnues. Elles constituent un potentiel inestimable pour les besoins
de l'humanité.
La forêt tropicale que l'on croyait relativement stable depuis 10,000 ans a été en réalité
affectée par d'intenses modifications dues à des variations climatiques. Les phases sèches ont
été accompagnées en particulier de nombreux incendies de forêts. Ces variations climatiques
ont engendré des phases de progression/récession des formations végétales.
Contrairement aux forêts méditerranéennes, la majorité des forêts tropicales n'a fait, à
quelques exceptions près (forêt atlantique du Brésil, Caraïbes), que l'objet d'interventions
humaines localisées et modérées (agriculture itinérante, cueillette, prélèvement limité de bois
précieux, etc.) et ceci jusqu'à la moitié du vingtième siècle. Depuis quelques décennies, ces
forêts sont intensément exploitées.
Les forêts naturelles, humides ou sèches et les formations végétales fortement anthropisées
comme les plantations ou les forêts secondaires sont concernées par la gestion durable.
Les forêts denses humides. Les utilisations de ce type de forêt sont diversifiées: d'une
pression de récolte très faible (chasseurs-cueilleurs par exemple) à l'exploitation commerciale
d'intensité variable de bois d'œuvre, en passant par les prélèvements de produits non ligneux
et de gibiers. L'agriculture itinérante est une forme particulière d'utilisation de la forêt, qui
peut conduire à une dégradation des ressources, si elle n'est pas conduite de façon durable.
Les analogies sont nombreuses entre régions et continents, avec toutefois quelques différences
marquées. En Afrique, dans les zones forestières subissant une forte pression foncière, on
assiste schématiquement à l'ouverture des pistes par l'exploitation forestière au sein de massifs
intacts, suivi par la pénétration de cultivateurs pratiquant le système défriche/brûlis. En
Amérique tropicale, l'élevage est considéré comme la finalité ultime du déboisement. Ainsi,
sur les zones défrichées, il y a exploitation agricole intense suivi de la reprise des sols libérés
pour la pratique d'élevage extensif sur de grandes surfaces. En Asie du Sud-Est, il s'avère que
l'exploitation intensive des peuplements riches en bois d'œuvre est un facteur majeur et
parfois suffisant de dégradation.
Les forêts sèches. Plusieurs causes anthropiques, climatiques et biologiques sont à l'origine
de la dégradation des ressources et de la déforestation de ces zones. Le déboisement,
principalement pour la conversion des terres à l'agriculture, la surexploitation des forêts pour
la collecte du bois de feu et le pâturage, conjugués à l'aggravation des conditions de
sécheresse, sont les principales causes de la dégradation des sols, et plus globalement de la
désertification. Les feux de brousse ne font qu'accélérer ce processus, 70% des zones sèches
tropicales seraient touchées par la désertification, induisant une paupérisation toujours
croissante des populations.
Les plantations. Les aires plantées en espèces forestières, susceptibles de constituer des relais
de production représentent 27.5 millions d'hectares. Elles sont essentiellement localisées en
zones humides. Il faut y ajouter autant de cultures agricoles pérennes: Hévéa, Cocotier,
Palmier à huile... On estime aujourd'hui que plus de 500 millions d'hectares de terres
dégradées peuvent être boisés ou reboisés. Le rythme annuel de reboisement est actuellement
de 1.7 millions d'hectares par an. Le rôle des plantations est important pour le piégeage du
carbone, leur potentiel en tant que source de bois alternative par rapport aux forêts naturelles,
la restauration des terres dégradées et la création d'emplois et de revenus.
Les forêts secondaires. Les forêts secondaires sont définies aujourd'hui comme des
formations ligneuses installées naturellement sur des terres dont la végétation d'origine a été
supprimée par l'homme. La FAO a estimé qu'à la fin des années 90, 165 millions d'hectares de
forêts secondaires existent en Amérique, 90 millions d'hectares en Afrique et 87 millions
d'hectares en Asie. Beaucoup de pays d'Asie du sud-est et d'Amérique centrale investissent
actuellement dans des programmes de réhabilitation des forêts dégradées. Cela apparaît
comme l'un des plus graves problèmes auxquels sont confrontés les aménagistes des régions
tropicales. La restauration du couvert forestier peut se faire naturellement via la succession
naturelle des formations végétales et grâce à une mise en défens de la zone considérée.
Cependant, il faut plusieurs centaines d'années avant que la forêt ne retrouve sa structure et
ses fonctions originelles. Le processus est lent et l'expérience montre que de nombreux sites
dégradés sont exposés à des perturbations périodiques (feu par exemple), ce qui a pour effet
d'inhiber les phénomènes de régénération naturelle et de bloquer la reconstitution forestière.
Très souvent l'option de cycles courts (quelques décennies) de jachères arborées est retenue
pour restaurer la fertilité des sites dégradés avant leur remise en culture. Cette option doit être
combinée avec des options de conservation et de production de ces forêts dans le moyen et le
long terme pour être pertinente.
La pénurie apparaît comme l'un des facteurs déclenchant une démarche d'aménagement
durable des ressources naturelles. De plus, la récente prise de conscience médiatique de la
pollution atmosphérique et de la dégradation de la couche d'ozone ont restitué à l'arbre ses
vertus de fixateur du carbone atmosphérique et de filtre naturel. Produits forestiers non
ligneux et services divers entrent en complémentarité avec la fonction de production de
biomasse spécialisée. L'aménagement est alors perçu comme une utilisation polyvalente de la
forêt. Cette évolution a accompagné l'émergence des concepts-clés de développement durable
et de biodiversité. Le facteur social est aussi devenu un élément essentiel de la foresterie
D'importants efforts ont été réalisés au cours des dernières années pour la rédaction de plans
de gestion. Pourtant, presque partout, la mise au point des plans d'aménagement n'est pas
suivie de leur mise en application. En 1990, les forêts naturelles "intouchées" et donc
potentiellement gérables de manière durable, représentaient environ 155 millions d’hectares
soit 10 % des surfaces forestières. Les autres 90% sont exploitées et donc justifiables au
moins partiellement d’une gestion forestière durable.
Objectif bois d’œuvre. Les forêts déjà exploitées pour le bois d'œuvre représenteraient
330 millions d’hectares: plus de 148 millions de m3 en sont extraits pour un potentiel de
production durable de 134 millions de m3. Seulement 17% de la production totale de bois
rond ont une utilisation industrielle dont environ 18% se retrouvent sur le marché
international.
• En Afrique, la situation est variable selon les zones: le Congo, la R.D. du Congo, la RCA,
le Gabon, la Guinée équatoriale forment une zone où le prélèvement est inférieur à la
production. En Afrique occidentale le seuil de surexploitation des forêts a été largement
dépassé (supérieur à 200% de la production potentielle).
• La dégradation s'accroît avec l'aridité et la densité de la population: c'est le cas pour les
forêts de l'Inde et du Bangladesh, des forêts de montagne au Burundi et au Rwanda, des
forêts sèches d'Afrique de l'Ouest (Niger, Nigeria, Togo et Bénin) et de d'Afrique Australe
(Botswana, Somalie, Zimbabwe, Malawi, La biomasse actuelle représente moins de 50%
de leur biomasse potentielle.
• Globalement, en zone humide, la situation est plus favorable en Afrique (ratio de 70%
entre biomasse actuelle et potentielle) qu'en Asie (ratio de 50%). L'Indonésie, l'Asie
péninsulaire, les Philippines, le Sri Lanka ont des ratios biomasse actuelle/biomasse
potentielle préoccupants (inférieurs à 45%).
Pendant longtemps, les projets d'aménagement durable étaient souvent confondus avec la
sylviculture, ceci en vue d'un rendement soutenu en produits ligneux. Les acquis techniques
disponibles sont considérables, même si de nombreuses connaissances restent encore à
acquérir. En effet, le bilan en matière de sylviculture est plutôt positif et de nombreuses
études et projets ont permis de fournir une base solide pour une sylviculture efficace dans les
forêts naturelles tropicales.
Zones humides. L'Asie possédait le potentiel valorisable le plus important, compte tenu des
techniques de transformation et les caractéristiques du marché des bois tropicaux. De ce fait,
de nombreuses zones de cette région, où la forêt dense humide occupait de vastes superficies,
ont été très appauvries. Les exportateurs d'autrefois sont devenus importateurs nets
(Thaïlande, Philippines).
Le concept d'aménagement forestier en Afrique est beaucoup plus récent qu'en Asie et aucun
plan d'aménagement n'a encore atteint le stade de mise en œuvre intégrale. La plupart des
pays d'Amérique du Sud disposent encore de ressources forestières importantes. Ce n'est que
récemment que s'est fait sentir la nécessité de plan d'aménagement des ressources du fait de la
forte pression exercée sur la forêt notamment pour le ranching et l'agriculture.
Le trait commun à la plupart des programmes d'aménagement interrompus dans ces régions
est rarement le fait d'infaisabilité technique. En effet, l'expérience asiatique montre que
l'aménagement des forêts tropicales pour une production ligneuse durable est techniquement
possible bien que les systèmes malais et indonésiens ont plus ou moins été respectés du fait
des difficultés d'application et de contrôle. L'interruption des programmes initiés en Amérique
latine est due à des problèmes socio-économiques ou politiques (problème des paysans sans
terre, d'écoulement du produit ligneux...). En Afrique, ce serait plutôt les déficiences dont
souffrent les administrations forestières et les organismes en jeu qui font que la mise en
application est difficile
Il est apparu à l'usage que de trop longues durées étaient irréalistes face aux rapides mutations
des règles de société. De trop courtes rotations compromettent la durabilité de l'aménagement.
L'utilisateur doit disposer de garanties suffisantes pour un investissement important
(infrastructures, matériel...) qui est le garant d'une bonne utilisation de la ressource. La
rotation doit aussi tenir compte des contraintes de croissance des peuplements. Il est apparu à
cet effet qu'il est nécessaire d'attendre plusieurs décennies pour voir se reconstituer les
peuplements (sans que pour autant ils soient identiques à ceux d'origine). Dans un délai de 50
à 60 ans en Afrique ou en Indonésie, et de 80 à 100 ans en forêt néotropicale (Brésil/Guyane),
la surface terrière prélevée serait reconstituée intégralement. Malgré l’incertitude de ces
chiffres, il faut souligner deux faits essentiels: l’existence d’un différentiel de croissance entre
les forêts des différents continents et la lenteur du retour vers l’état initial. En tenant compte
des contraintes sylvicoles, il faut opter pour des rotations entrant dans le cycle de la mémoire
des générations (20-40 ans) en adaptant le prélèvement à la production.
Zones sèches. La plupart des écosystèmes forestiers de la zone sèche inter-tropicale ont fait
l'objet de descriptions et d'inventaires axés uniquement sur la production ligneuse et non
multi-ressource, connaissances nécessaires pour réaliser des aménagements intégrant les
multiples utilisations des terres ("aménagements agro-sylvo-pastoraux intégrés"). Il faut
connaître les ressources forestières, pastorales, agricoles, mais aussi les autres ressources
telles que la faune sauvage et les différents produits forestiers non ligneux (miel, gomme, etc.)
La réhabilitation des forêts naturelles, les plantations d’arbres à usages multiples, de brise-
vent, de rideaux arborés et de haies vives sont aussi à inclure dans les aménagements agro-
sylvo-pastoraux intégrés. Face à la demande croissante de terres agricoles et pastorales, il est
important d'intégrer des techniques visant à améliorer et maintenir la productivité des
exploitations agricoles et des parcours du bétail, tout en évitant la dégradation des terres. En
effet, l'érosion généralisée des sols et le déclin de leur fertilité restreignent les possibilités
d'aménagement durable. La conservation de l'eau est un autre sujet crucial dans ces régions,
qui par définition, ne disposent que de précipitations réduites pour la croissance des plantes et
le renouvellement des eaux souterraines. Les feux de brousse sont aussi un facteur limitant de
l'aménagement durable dans les zones sèches. Leur gestion passe par des pratiques comme les
feux précoces (début de saison sèche) combinés avec un pâturage adapté des zones où la
diminution de la strate graminéenne est recherchée.
8.1.5 Bilan
La dégradation des ressources issues de l'écosystème forestier est directement liée à leur
utilisation abusive ou excessive qui s'explique par une série de facteurs (ou écueils) souvent
concomitants de nature: politique, économique, institutionnel, réglementaire, démographique,
conceptuel et finalement technique. Avec l'ignorance de la nature précise des ressources et des
modalités adaptées de récolte de celles-ci, avec l'inconstance et l'impéritie pour leur maintien
et leur reconstitution que regroupent deux facteurs ci-après développés.
Le facteur temps qui, faute d'être pris en compte, est à l'origine de nombreux échecs:
• la reconstitution des ressources issues de la forêt exige un pas de temps jugé excessif par
la plupart des décideurs, des bénéficiaires et même des techniciens;
• le recul du temps nécessaire pour la recherche en vue de préciser les mécanismes évolutifs
de la forêt fait cruellement défaut par essoufflement expérimental et/ou par carence
d'appuis techniques et financiers soutenus;
• la perception du temps est variable et incohérente en fonction des acteurs, de leur échelle
de valeurs, des enjeux, des approches... Par exemple, l'impatience des décideurs et des
bailleurs de fonds induit des raccourcis, des choix et des approximations, tous techniques,
systématiquement préjudiciables au bon déroulement des projets (si ce n'est à leur bon
démarrage) et par voie de conséquence, aboutissent à des résultats décevants ou
trompeurs. La validité et la durabilité technique de l'entreprise forestière sont assujetties à
la volatilité des opinions, celles-ci étant soumises aux changements d'objectifs, en tout
premier lieu, du fait des lois du marché international des produits ligneux, mais aussi par
la variabilité des priorités à court terme indifférentes non seulement vis-à-vis du long
terme, mais en outre du passé et de l'expérience acquise.
Le facteur diversité des écosystèmes forestiers qui est source d'enjeux disparates et
antagonistes, et qui alourdit les difficultés d'étude, d'approche, etc., du fait de leur complexité
inhérente; ceci est facile à illustrer par:
• le conflit entre "conservateurs" et "développeur" qui n'a pas lieu d'être, mais qui survit et
sévit toujours;
• l'antinomie déconcertante entre la forêt qui repose et génère des sols fragiles et
relativement peu fertiles dont la dégradation rapide conduit au phénomène de latérisation
et cette même forêt qui représente un modèle de réhabilitation de ces sols à plus ou moins
longue échéance;
forestière durable est donc une notion floue, complexe et vaste qui regroupe des approches
multi-critères. Elle intègre de fait différentes composantes:
• La composante humaine avec ses aspects sociaux et culturels qui fait appel à l’ensemble
des sciences humaines et de la société prenant en compte l’évolution des sociétés, leur
notion de bien-être, la viabilité de leur culture et leur notion de patrimoine.
• La composante écologique qui couvre tous les domaines relatifs aux écosystèmes
concernés et qui traite, de façon intégrée, de l’ensemble des fonctionnements physiques,
chimiques et biologiques des milieux.
• Enfin la composante des pratiques, des techniques et des méthodes mises en œuvre dans
les forêts par les sociétés et qui représentent les outils et moyens utilisés pour gérer au
profit des sociétés l’exploitation intégrée des ressources forestières.
C’est l’harmonisation de ces différentes composantes qui permet une gestion durable des
forêts.
Encadré 5: Recommandations générales pour les pratiques de gestion forestière
Les pratiques de gestion forestière doivent assurer la conservation, en quantité et qualité, des ressources
forestières à moyen et long terme. Elles équilibreront l'accroissement et le prélèvement en favorisant les
techniques qui minimisent les dégâts directs ou indirects aux ressources forestières, pédologiques ou
hydrologiques.
Ces pratiques de gestion devront intégrer de manière économique les structures et processus de la dynamique
naturelle des écosystèmes.
Des mesures de sylviculture appropriées doivent être mises en œuvre afin de maintenir la ressource forestière à
un niveau souhaitable du point de vue économique, écologique, social et culturel. Les opérations de régénération,
d'entretien et d'exploitation devront être programmées dans le temps et dans l'espace de manière à ne pas réduire
les capacités de production du site.
La planification, la création et l'entretien des infrastructures minimiseront les impacts négatifs sur
l'environnement.
Les règles de sylviculture devront minimiser l'impact des interventions sur les sols, la qualité des eaux, la
dynamique des populations animales, la diversité biologique.
Les pratiques forestières devront promouvoir la diversité des structures tant verticales qu'horizontales dans les
peuplements forestiers. La régénération naturelle devra être préférée sous réserve que les conditions soient
adéquates pour assurer en quantité et qualité le renouvellement des ressources forestières.
Le boisement des jachères ou des terres déboisées devra être pris en considération chaque fois qu'il est
susceptible d'ajouter une valeur économique, écologique, sociale et culturelle.
Le reboisement et/ou boisement seront basés sur des essences et des méthodes sylvicoles adaptées aux sites.
L'utilisation d'essences autochtones et des provenances locales sera favorisée partout où les conditions
économiques le permettent.
Les systèmes agroforestiers et sylvo-pastoralistes doivent être encouragés pour concilier des objectifs de gestion
complémentaires économiquement viables.
Des mesures doivent être adoptées pour équilibrer la pression des populations d'animaux et du pâturage sur la
régénération et la croissance des forêts, ainsi que sur la biodiversité.
8.2 Conclusion
La forêt tropicale désigne toutes les zones boisées situées entre le tropique du Cancer et le
tropique du Capricorne. Elle représente environ 10% de la surface du globe. La forêt
tropicale, est un milieu fragile qui est d’une importance cruciale, pour le bien-être de
l'ensemble de la planète. Elle nous fournit une multitude de produits utiles (bois, fruits,
légumes, champignons, médicaments /molécules, huiles essentielles, gommes, résines, cires,
édulcorants, condiments, colorants, gibier, etc.).
La biodiversité des forêts tropicales dépasse, de loin, celle de tous les autres écosystèmes
terrestres de la planète. Ces forêts abritent en effet au moins 50% de toutes les espèces
végétales et animales du monde, dont seule une infime partie a été décrite et, à ce jour,
pratiquement pas encore étudiée. Elles jouent aussi un rôle essentiel dans la régulation du
climat, localement et à l'échelle planétaire, en maintenant les équilibres biophysiques et en
régularisant notamment les cycles de l’eau et du carbone.
La menace qui pèse sur ces ressources naturelles dans les pays en développement est liée à
des processus existant depuis des décennies. Il faut distinguer les causes directes de la
déforestation des causes sous-jacentes.
Parmi les causes directes, les plus importantes sont: Les variations climatiques, les cultures
itinérantes, l’exploitation de bois, la conversion pour l’agriculture et l’élevage, le
développement des infrastructures... Certaines de ces causes ont des répercussions
séquentielles. Par exemple, le développement des routes facilite l’accès, encourage
l’exploitation des bois et l’ouverture de la forêt à l’agriculture.
Les causes sous-jacentes des problèmes forestiers sont complexes, imbriquées entre-elles et
dans beaucoup de cas, sont à rechercher en dehors du secteur forestier. Ces causes sont
notamment celles qui:
Ces causes sous-jacentes incluent les subventions accordées pour la conversion des forêts, la
colonisation, les routes, l’ajustement structurel, la pauvreté, l’insécurité foncière, la
démographie, l’instabilité politique mais aussi les échecs institutionnels ou l’incohérence des
politiques sectorielles. Elles tendent d’une part, à orienter les populations vers les zones
forestières pour y survivre et d’autre part, à privilégier les options spéculatives à court terme
de conversion de la forêt. Ces relations de causes à effets multiples et complexes exigent la
prise en compte et le développement des approches inter-sectorielles.
SOCIO-CULTUREL
TAXES INTERDICTIONS
Outils de gestion
TAUX D’INTERET QUOTAS
des ressources
PROPRIETES forestières NORMES
ECONOMIE BIOLOGIE
AMENAGEMENT SYLVICULTURE ECOLOGIE
La question de la gestion durable ne peut être réduite à ses seules dimensions scientifiques et
techniques. Ce ne sont que des outils qui doivent s’inscrire dans une démarche globale. Celle-
ci doit tenir compte en particulier des paramètres biologiques, socio-culturels et économiques.
Le fait de créer des conditions institutionnelles, économiques et financières favorables est
indispensable à la gestion durable des forêts tropicales. Il est aussi urgent que l’ensemble des
acteurs arrive à dialoguer de manière constructive, à s’ouvrir à d’autres domaines de
compétence ou d’action que les leurs, afin de mieux se comprendre et de trouver des solutions
adaptées aux problèmes toujours complexes rencontrés.
Les outils pour construire ce dialogue reposent notamment sur le contrôle de l’accès à la
ressource et sur le contrôle des facteurs de production. Ces questions doivent faire l’objet de
véritables débats et conduire à des relations de partenariat authentique. Reconnaître les droits
et le rôle de tous les acteurs et fixer leurs devoirs est le meilleur garant de la gestion durable
des forêts.
Figure 7: Outils de gestion durable des ressources forestières
CONTROLE
CONTROLE CONTROLE
DES FACTEURS DE
DE L’ACCES DE LA PRODUCTION
PRODUCTION
Facteurs Nature et
Accès à la Prix des
Financement Coûts physiques et volume des
Ressource produits
biologiques prélèvements
contrôle Limitation Systèmes de
Système Système
Systèmes financier technique limitation
de de contrôle
d’instruments des facteurs des facteurs des
limitation financier
financiers de physiques prélèvements
d’accès production des produits
et biologiques
licence Quotas Régulation
Taxes Règles de
Capitaux permis droits des marchés
redevances culture
taux d’intérêts droits d’usages taxes
subventions rotation
territoriaux subventions
BIBLIOGRAPHIE
Andel, S, et Kueh Shin, C, 1997, A la poursuite d'un aménagement durable, Actualités des
Forêts Tropicales, OIBT, Vol 5, Pt 3, pp 10-11.
Banque Mondiale, 1990, Living with wildlife: wildlife resources management with local
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GLOSSAIRE
Agroforesterie. Système d'utilisation des terres dans lequel les ligneux pérennes sont
conservés ou plantés selon un arrangement spatial ou temporel, sur la même parcelle
de terrain que les cultures agricoles et/ou le bétail.
Amélioration des arbres. Toutes les pratiques et techniques destinées à produire des arbres
améliorés du point de vue génétique. Ces pratiques comprennent l'identification des
essences prioritaires, l'évaluation de l'origine des semences, la production et la
propagation de matériel amélioré.
Autres produits forestiers. Egalement connus sous l'appellation produits forestiers non
ligneux, ces produits comprennent les fruits, les noix, les végétaux verts ou feuilles
comestibles, la viande de chasse, le bois de chauffage, le fourrage, l'engrais vert, les
fibres, les produits médicinaux, les semences, les champignons, les essences
ornementales et les résines. Ces produits étaient autrefois appelés « produits forestiers
secondaires ».
Bassin versant. Un bassin versant (ou hydrographique) est une surface de terrain à drainage
commun, considérée comme une unité biophysique et comme une unité politico-socio-
économique pour la planification et la gestion des ressources naturelles.
Biodiversité. Variété des espèces vivant sur terre. En termes pratiques, la biodiversité
comprend les gènes, les espèces et les écosystèmes. La diversité génétique se réfère à
la variation au sein ou entre des populations d'une même espèce; la diversité des
espèces fait référence au nombre d'espèces de plantes ou d'animaux différents (y
compris les micro-organismes) regroupés dans un site ou un habitat; la diversité des
écosystèmes se rapporte à la variété des écosystèmes, des habitats, des types de forêts
Certification de gestion forestière. Vérification réalisée par une partie tiers indépendante,
pour attester que la gestion forestière répond bien aux normes spécifiques qui se
divisent en deux types fondamentaux: (i) Normes de performance (minimum) portant
sur les impacts sur site, (ii) Normes relatives au système de gestion/à la qualité qui
examinent la politique, le système de gestion et les objectifs d'une entreprise.
Habituellement de telles normes incluent de bonnes pratiques environnementales,
sociales et économiques, et peuvent aussi aborder la question de la viabilité. La
certification examine le système de gestion forestière et/ou ses impacts sur la forêt, les
juge acceptables ou non, et donne un calendrier d'améliorations nécessaires. Elle
constitue une étape fondamentale dans l'étiquetage écologique ('label vert') des
produits forestiers.
CITES. Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d'extinction: traité international restreignant et contrôlant le commerce des
espèces en danger et convenue par 123 parties, avec un secrétariat en Suisse.
Concession d'abattage. Droit d'abattre une zone spécifique pendant une période limitée
conformément à des conditions spécifiques (cahiers de chantier, plan d’aménagement,
etc.).
Concession. Bail, p. ex. de forêts publiques ou détenues par des personnes privées à des
concessionnaires privés.
Conservation in situ (sur site). Conservation dans l'habitat originel ou naturel (cf.
conservation ex situ).
Conservation. Dans les forêts tropicales, le terme de conservation "signifie toutes les actions
visant à préserver et à réhabiliter les forêts tropicales, et particulièrement celles qui
sont conçues pour protéger ou restaurer la diversité biologique, y compris les fonctions
écologiques, de l'écosystème forestier en question et pour préserver en même temps,
autant que possible, sa valeur utilitaire actuelle et future pour l'humanité, et en
particulier pour les populations forestières".
Convention sur les changements climatiques. Elle met l'accent sur la valeur du stockage du
carbone dans les forêts existantes, la rétention du carbone dans les forêts en croissance
et les dangers de la déforestation. Divers programmes communs de mise en œuvre ont
suivi dans lesquels la conservation des forêts et le reboisement sont lancés et financés
par des producteurs d'énergie, pour compenser certains des coûts environnementaux
liés à la production de CO2.
Coupe sélective. Processus de récolte d'une toute petite partie du peuplement sur pieds (en
Afrique, généralement de 1 à 2 pieds par hectare); notion opposée à la coupe rase/à
blanc.
Critères et indicateurs (C&I). Il s'agit d'outils pouvant être utilisés pour conceptualiser,
évaluer et mettre en œuvre une gestion durable des forêts. Cependant, tout comme il
est peu probable qu'un seul ensemble de critères et d'indicateurs puisse s'appliquer
uniformément par tout le globe, il est également peu probable qu'un ensemble de
critères et d'indicateurs mis au point à un niveau national soit valable au niveau de
l'unité de gestion. Ces outils peuvent être mis au point pour un usage au niveau
national comme instruments de suivi et de rapport ou au niveau de l'Unité de gestion
forestière (FMU) pour évaluer la durabilité ou pour faciliter l'application de meilleures
Culture itinérante. Système agricole dans lequel la terre est périodiquement défrichée,
exploitée puis remise en jachère. Synonymes: culture sur brûlis et culture dérobée.
Cycle d'abattage (coupe). Période entre les coupes successives des arbres (généralement
selon une rotation ou une révolution prescrite dans un plan de gestion).
Dégradation des terres. Diminution ou disparition, dans les zones arides, semi-arides et
subhumides sèches, de la productivité biologique ou économique et de la complexité
des terres agricoles pluviales ou irriguées, des parcours, des pâturages, des forêts ou
des forêts claires, résultant de l'utilisation des terres, d'un processus ou d'une
combinaison de processus, y compris ceux découlant d'activités humaines et de
schémas d'habitation, tels que (i) l'érosion des sols causée par le vent et/ou l'eau, (ii) la
détérioration des propriétés physiques, chimiques et biologiques ou économiques des
sols, et (iii) la perte à long terme de la végétation naturelle (Convention de lutte contre
la désertification).
Désertification. Dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides
sèches, due à divers facteurs, y compris les variations climatiques et les activités
humaines (Convention de lutte contre la désertification).
Ebranchage. Elagage ou écimage comme moyen de récolte des branches de petits diamètres,
généralement pour le bois de chauffage ou le fourrage follacié.
Ecosystème naturel. Ecosystème où l'impact humain n'a pas eu plus d'influence que toute
autre espèce indigène et qui n'a pas affecté la structure de l'écosystème depuis la
révolution industrielle. L'impact humain exclut les changements à l'échelle mondiale,
tels que les changements climatiques résultant du réchauffement du globe.
Essences exotiques. Essences provenant d'une autre zone écologique; terme généralement
opposé à essences indigènes.
Exploitation. Elle implique toutes les activités requises pour l'exploitation des produits
ligneux et non ligneux issus de la forêt, y compris les traitements sur site pour la
préparation des produits au transport vers les sites de transformation primaire.
Foresterie à usages multiples. Mode de gestion des forêts visant à obtenir de multiples
produits et bénéfices (cf. forêt de production, forêt de protection et forêt de
conservation). La foresterie à usages multiples a une approche intégrée vis à vis des
différentes catégories de forêts et tient compte des valeurs scientifiques, culturelles,
récréatives, historiques, des ressources forestières ainsi que des valeurs d'agrément.
Foresterie agricole. Activités forestières orientées vers les personnes et menées sur les
exploitations agricoles collectives ou privées. Termes associés mais non synonymes:
agroforesterie, foresterie communautaire, foresterie sociale et foresterie visant le
développement rural.
Forêt classée. Zone forestière définie et délimitée comme telle, conformément à un texte
législatif ou réglementaire, de façon à lui donner la protection légale nécessaire.
Forêt de conversion. Forêt destinée à la conversion pour une exploitation d'ordre agricole ou
d'autres utilisations non forestières.
Forêt de protection. Zone forestière destinée à la stabilisation des pentes montagneuses, des
bassins hydrographiques des hautes terres, des terres fragiles, des réservoirs et des
bassins versants. L'exploitation durable ou contrôlée de produits non ligneux peut y
être autorisée.
Forêt domaniale permanente. Terrain faisant l'objet d'un accord par consensus pour être
utilisé et protégé en permanence à des fins forestières et permettant la mise en œuvre
d'une gestion forestière à long terme. Les délimitations d'une telle propriété coïncident
normalement avec des limites permanentes naturelles, telles que les bassins versants et
les cours d'eau, mais d'autres éléments (tels que les routes) peuvent également servir
de limites. Les délimitations devront être marquées, de manière à être identifiables au
sol.
Forêt ouverte. Forêt dans laquelle la voûte est discontinu mais recouvre au moins 10% de la
superficie et dans laquelle le sous-étage composé d'herbes et de plantes herbacées est
continu.
Forêt primaire. Forêt naturelle relativement intacte et généralement non modifiée par
l'activité de l'homme au cours des 60 - 80 dernières années.
Forêt secondaire. Forêt ayant été soumise à un cycle de culture itinérante aux incidences
faibles ou à des abattages d'intensité différente, tout en ayant conservé des arbrisseaux
et des essences indigènes.
Forêt tropicale sèche. Forêt ouverte dotée d'un couvert herbacé continu, se distinguant des
autres forêts tropicales par des précipitations faibles et par son caractère saisonnier
bien marqué. Ce type de forêt comprend les savanes boisées et les terres couvertes de
broussailles.
Forêts plantées. Plantations artificielles par boisement, sur des terres qui, de mémoire
d'homme, n'ont jamais porté de forêt ou des plantations artificielles par reboisement
sur des terres qui portaient auparavant des forêts, et comportant le remplacement des
essences indigènes par une nouvelle essence ou variété génétique.
Forêts tropicales humides. Forêts situées dans des zones recevant au moins 100 millimètres
de précipitation chaque mois pendant deux ans sur trois et avec une température
annuelle moyenne supérieure ou égale à 24°C. Ces types de forêt qui se trouvent
surtout dans les basses terres tropicales sont généralement des forêts denses. Elles se
divisent en forêts tropicales humides et en forêts tropicales décidues humides.
Gestion des forêts naturelles. Protection, conservation et/ou exploitation de zones forestières
naturelles relativement non touchées par l'homme, pour la production forestière à
rendement soutenu, la protection des bassins versants, la recherche scientifique ou la
conservation de la biodiversité.
Gestion des forêts/gestion forestière. Elaboration et mise en œuvre de plans pour protéger,
enrichir, manipuler et exploiter les produits ligneux et non ligneux issus de ressources
forestières naturelles ou résultant de plantations.
Gestion durable des forêts. La gestion et "l'utilisation des forêts et des terrains boisés, d'une
manière et à une intensité telles qu'elles maintiennent leur diversité biologique, leur
productivité leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire,
actuellement et dans le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales
pertinentes, aux niveaux local, national et mondial, sans causer de préjudice à d'autres
écosystèmes".
ITTA. Accord international sur les bois tropicaux; accord sur les matières premières, signé en
1983 par 32 pays producteurs et 32 pays consommateurs de bois tropicaux avec un
secrétariat situé au Japon (renouvelé en 1994).
Jachère forestière. Elle recouvre tous les types de végétation ligneuse dérivant du défrichage
d'une forêt naturelle pour l'agriculture itinérante. Elle consiste en une mosaïque de
diverses phases de succession et comprend des parcelles de forêt non défrichée et des
champs qui ne peuvent pas être réellement isolés et dont la superficie ne peut pas être
comptabilisée, en particulier par image-satellite. La jachère forestière est une catégorie
intermédiaire entre les utilisations forestières et non forestières. La partie de la zone
qui n'est pas cultivée a parfois l'apparence d'une forêt secondaire. Même la partie
faisant l'objet d'une culture ressemble parfois à une forêt, en raison du couvert
arboricole. Il n'est pas toujours possible de faire précisément la distinction entre forêt
et jachère forestière.
OIBT. L'Organisation internationale des bois tropicaux a été créée dans le cadre de l'Accord
international sur les bois tropicaux (ITTA) de 1983 et constitue un forum pour les pays
produisant et consommant du bois tropical. Les objectifs de l'OIBT sont de faire
concorder l'expansion et la diversification du commerce avec la gestion durable des
forêts tropicales au niveau écologique. A cet effet, elle vise à ce que ses membres
Organisation non gouvernementale (ONG). Toute organisation ne faisant pas partie d'un
gouvernement fédéral, provincial, territorial ou municipal. Sauf indication contraire,
cette définition comprend les organisations volontaires, les sociétés commerciales, les
institutions d'éducation privées, les syndicats et les organisations internationales non
gouvernementales, telles que l'Union internationale pour la conservation de la nature et
de ses ressources (UICN).
PAFT. Au cours des années 80, les plans d'actions forestiers tropicaux ont constitué un
mécanisme par lequel les pays en développement pouvaient élaborer leurs politiques et
programmes en matière de foresterie et d'utilisation des sols et en discuter/négocier
suivant un ordre prioritaire d’actions à entreprendre avec les bailleurs de fonds. Plans
coordonnés par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
(FAO).
Perche. Bois de petit diamètre utilisé sous forme non traitée pour la construction, les piliers
de clôture, etc.
Plan de gestion forestière (Plan d'exploitation). Plan divisant une forêt en unités de gestion
de zones (compartiments) et préconisant des traitements sylvicoles ou autres pour
chaque unité.
Populations. Agents sociaux locaux, tels que les individus, les familles, les groupes ou les
communautés.
Produits forestiers. Produits tangibles, tels que le bois d'œuvre, les perches, le bois de
chauffage et le fourrage.
Reboisement. Restauration d'un couvert arboré dans des zones récemment déboisées, au
travers de plantations, du renforcement de la régénération naturelle, ou d'une
combinaison de ces méthodes.
Recherche. La recherche fondamentale est un type de recherche non ciblée, plus théorique,
ayant pour objet de développer une base de connaissances d'ordre plus ou moins
général (p. ex. appréhension de la structure et de la fonction des écosystèmes
forestiers). La recherche stratégique a pour objet de générer les connaissances requises
pour résoudre un problème « stratégique » ou pour progresser dans un domaine
d'importance stratégique (p. ex. recherche sur la gestion durable des forêts tropicales).
La recherche modulable est utilisée pour adapter les connaissances existantes à un
nouveau contexte. Se trouvant à l'interface de la recherche et de l'application, elle est
d'une importance primordiale pour le processus d'innovation dans les pays en
développement.
Redevances forestières. Taxe forestière - taxe imposée sur la quantité (et dans le cas idéal sur
la valeur économique totale) de bois provenant de terres privées ou publiques, c.-à-d.
droit ou prix du bois sur pieds avant l'abattage.
Réhabilitation. Retour d'un écosystème dégradé à un état non dégradé pouvant être différent
de l'état initial (cf. restauration).
Restauration. Retour d'un écosystème dégradé à son état initial (cf. réhabilitation).
Sécheresse. Phénomène naturel survenant lorsque les précipitations ont été significativement
inférieures aux niveaux normalement enregistrés et engendrant de graves déséquilibres
hydrologiques qui ont des effets contraires sur les systèmes de production basés sur les
ressources terrestres (Convention de lutte contre la désertification).
Usagers de la forêt. Personnes vivant dans ou à proximité des forêts ou ayant accès aux
zones forestières et dépendant dans une large mesure des arbres et des forêts comme
moyens d'existence.
Valeurs d'usage. Entre autres, valeurs résultant d'un usage direct (telles que la nourriture, les
produits pharmaceutiques, l'écotourisme), ou d'un usage indirect (comme les services
environnementaux) ainsi que les valeurs d'usage non tangibles (y compris valeurs
éthiques, culturelles, religieuses et esthétiques).
A1.1 Etude de cas No 1: aménagement des forêts denses humides africaines - le projet
d'aménagement pilote de Dimako (Cameroun)
A1.1.1 Le contexte
Le projet API avait pour but de (i) permettre l'exploitation rationnelle d un massif forestier
dans le cadre d un plan d aménagement en mettant en place des opérations sylvicoles, (ii)
contribuer à la réflexion sur la stabilisation de l'agriculture itinérante par des actions de
développement rural, (iii) mener des activités périphériques de recherche en matière de
sylviculture et de techniques d exploitation.
Le projet a obtenu nombre de résultats concernant les techniques d'aménagement forestier, les
essais agronomiques, la connaissance des terroirs et finages. Il a également conduit à engager
une réflexion sur la nouvelle loi forestière promulguée en cours de projet et sur son
applicabilité, ainsi qu'à étudier la pertinence du plan de zonage et de la mise en œuvre de la
gestion participative.
Les techniques de gestion forestière. Elles sont basées sur l'étude et sur les modes
d'utilisation de la ressource. Elles débouchent sur un constat qui parait évident, qui pourtant
n'est pas systématiquement explicite dans les pratiques ou dans la législation: il est en effet
nécessaire de s'adapter à la nature de la ressource locale, notamment à la structure diamétrique
des principales essences de la zone. Il s'avère que l'application de règles fixes, établies a
priori, est loin d'être recevable.
• La distribution de plants d'arbres agroforestiers dans les villages reste d'un impact limité
compte tenu de la présence de ces arbres dans les forêts villageoises et de la croissance
lente de ces espèces.
• Les modes d'agriculture, de la récolte des produits forestiers non ligneux sont mieux
connus ainsi que leur appropriation. Les produits extraits de la forêt jouent en effet un rôle
significatif dans la vie des populations (alimentation, santé, don et vente).
L'utilisation de techniques améliorées peut être préconisée en ce qui concerne les inventaires
d'exploitation et la planification des pistes de débardage. Une étude des dégâts causés par
l'exploitation a débouché sur la détermination d'un seuil maximum de prélèvement
écologiquement acceptable. Une étude économique a permis de déterminer les coûts
d'exploitation en fonction des divers paramètres de production ainsi que les seuils minimums
de rentabilité ou minimum économique (voir CIRAD-Forêt, 1998).
• La gestion forestière: Les durées de concession de quinze ans semblent trop courtes par
rapport aux durées de rotation que le projet a jugé nécessaire de proposer. Il sera difficile
dans ces conditions de garantir une durabilité de l'aménagement dans un tel cadre.
• Les forêts communautaires: La pérennité des massifs forestiers du pays suppose une
participation des populations locales à leur gestion. Une gestion "cloisonnée" des espaces
qui exclurait les populations locales des espaces forestiers sur lesquels elles exercent
différents types de maîtrise, tant sur le foncier que sur les différentes ressources,
conduirait à opposer les différents utilisateurs. Une approche intégrée suppose que les
responsabilités de la gestion des massifs forestiers soient partagées entre les différents
usagers et que les décisions soient prises au niveau le plus adéquat, afin de concilier
efficacité et équité. Si les villageois perçoivent que des enjeux importants dépendent de
leur capacité d'organisation et d'initiative, une dynamique favorable peut être créée autour
d'un objectif commun pour tous les utilisateurs, paysans comme forestiers: la durabilité
des ressources forestières.
A1.2 Etude de cas No 2: aménagement des forêts denses humides africaines - le projet
d'aménagement de Deng-Deng (Cameroun)
De 1965 à 1966, cette forêt de la province de l'Est (proche de Belabo) de 290,000 hectares de
formations forestières fermées (et intactes à l'époque), fit l'objet d'un inventaire aux taux de
1% réalisé par le CTFT (aujourd'hui CIRAD-Forêt) afin d'estimer le potentiel
commercialisable de 27 espèces de valeur par blocs de l'ordre de 15,000 ha chacun.
De 1969 à 1971, un second inventaire fut réalisé dans le cadre du projet PNUD/FAO d'étude
de la mise en valeur de la forêt, afin de compléter le précédent sondage en inventoriant les
arbres de valeur à partir de 10 cm de diamètre et en dénombrant 107 essences
complémentaires. Cet inventaire se déroula au taux de 0.5% sur des massifs classés
préalablement comme forêts permanentes (220,000 ha). Aucune divergence notable ne fut
constatée entre les deux sondages.
Entre temps, dès 1975, fut constituée une société d'économie mixte, la SOFIBEL (Société
Forestière et Industrielle de Belabo, bien desservie par le tronçon de chemin de fer alors
récemment construit) qui devenait le partenaire industriel de l'aménagement. En attendant, la
construction des unités de transformation (sciage, contreplaqué) et le plan d'aménagement
définitif, la SOFIBEL eut l'autorisation d'effectuer des coupes de récupération dans des zones
à vocation agricole situées le long des routes dés fin 1977. L'unité de sciage dont la capacité
était de 4,500 m3 de grumes par mois démarra ses activités fin 1978 et l'unité de contreplaqué
(capacité de 4,000 m3 de grumes/mois) démarra fin 1979. Enfin, 4,000 m3 de grumes
pouvaient être exportées mensuellement.
Dès 1977, la SOFIBEL décida d'effectuer des contrôles au sein des forêts permanentes par
inventaire d'exploitation par bandes de 50 mètres au centre de chaque bloc. Les fréquences
d'arbres étaient les mêmes que celles des précédents sondages, mais la SOFIBEL exploita ses
résultats en introduisant la notion d'arbres "exploitables" (à la place de commercialisables ou
de valeur) en augmentant le diamètre de coupe et surtout, en déclassant systématiquement une
proposition d'arbres jugés inutilisables et en appliquant improprement au reste des coefficients
de commercialisation établis par le CTFT pour l'ensemble du volume du peuplement sur pied.
Il en résulta des divergences à la baisse, permettant d'entretenir l'idée fallacieuse que les
estimations de la FAO contenues dans le rapport précédemment cité étaient fausses et que la
forêt était moins riche que prévu. En fait, c'était au niveau de l'appréciation de la SOFIBEL
des volumes effectivement vendables sur le marché (au jour le jour) et de ses choix
commerciaux que se trouvaient les divergences.
Cet aspect technique est démonstratif du climat conflictuel qui régnait entre les différents
partenaires "campés" sur leurs positions et leurs intérêts propres.
Enfin de 1981 à 1985, le CENADEFOR réalisa un inventaire sur plus de 22,000 hectares
répartis sur différents blocs confirmant la richesse du potentiel sur pied estimé par les
précédents sondages.
En fait, si les objectifs d'aménagement sont clairement les mêmes pour tous (subvenir aux
besoins en bois du complexe industriel, soit 130,000 m3 de grumes par an), il n'en est pas de
même pour la réglementation de l'exploitation. Quant aux travaux de sylviculture notamment
après exploitation, ceux-ci sont souvent imprécis.
Les documents s'avèrent incohérents sur deux points majeurs: la durée de rotation et
l'estimation de la possibilité avec des durées de rotation soit de 30 ans avec une possibilité par
contenance, soit de 40 ans avec une possibilité par volume. En outre, les modalités
d'exploitation sont parfois discutables: abattage de tous les arbres de taille réglementaire,
maintien sur pied de semenciers désignés par le service forestier, etc. Mais surtout, le cahier
des charges de l'arrêté accordant la concession à la SOFIBEL ne stipulait rien en matière de
calcul de la possibilité annuelle et l'assiette des coupes.
En fin de comptes, aucun plan d'aménagement de la forêt n'ayant été accepté par le
gouvernement, le seul document appliqué à la forêt de Deng-Deng a été ce cahier des charges
annexé à la licence d'exploitation forestière accordé à la SOFIBEL le 22 mars 1977. Ainsi,
après avoir exploité les permis agricoles, la SOFIBEL est entrée en forêt permanente dès 1979
en obtenant des permis (2 à 3 par an) de coupe de 2,500 hectares. Dès le premier exercice
1979/80, elle a extrait 116 milliers de m3 de grumes commercialisables, soit 220 à 250
milliers de m3 abattus. Six ans plus tard, la SOFIBEL devenue entreprise d'Etat avait parcouru
plus de 60,000 hectares, soit presque le tiers de la forêt dense sur sol ferme en dépassant les
chiffres prévus par arrêté (127,000 m3 de grumes par an dont 40,000 m3 d'export) et en
interdisant ainsi l'élaboration d'un plan d'aménagement applicable par le CENADEFOR.
Après ce bref survol, il est possible de dresser une liste (non-exhaustive) de problèmes et de
conséquences. Les divergences sur la ressource (résultats d'inventaires) paraissent davantage
tenir d'une volonté de l'industriel de gagner du temps que d'une réalité technique.
critique de la part de l'industriel (les Ayous sur pied présentaient de fréquentes (?) attaques
d'insectes...) qui était conforté en constatant les contradictions sur les rotations des coupes et
sur leur assiette mal définie. La SOFIBEL se retrouvait en situation de force pour exiger un
accès à la ressource car elle avait honoré son contrat en installant le matériel
d'industrialisation et les infrastructures prévues; sa demande d'exploiter provisoirement les
zones forestières incluses dans le projet d'aménagement ne pouvait qu'être agréée (le
provisoire devenant à terme définitif).
Il faut d'ailleurs faire remarquer que la mentalité de l'époque n'était pas celle d'aujourd'hui:
• les populations riveraines n'étaient pas concernées par le projet ou seulement en tant que
réservoir de main d'œuvre bénéficiant (enfin) de salaires.
Pour ce qui est de l'administration forestière, l'expérience a montré que les règles de
fonctionnement et les moyens de la Direction des Eaux et Forêts ne correspondaient pas à la
mise en œuvre et au déroulement du contrôle de telles opérations; et ceci, par manque d'agents
compétents (du moins en nombre suffisant) pour imposer sa volonté de mener à bien sa
politique d'aménagement durable, tout en appuyant la FAO en tant que concepteur et
exécutant du projet.
Ce qui précède ne peut être que relativement objectif (ou subjectif) mais avec le recul du
temps, il apparaît clairement que les acteurs économiques et sociaux et notamment
l'exploitant, n'ont pas respecté les règles du contrat ou autrement dit, n'ont pas "joué le jeu!"
Le projet a échoué certes parce qu'il était légèrement en avance sur les convictions du
moment, mais surtout parce qu'il ne réussissait pas une des trois conditions préalables de
réussite qui consiste en un contrat en cohérence avec les objectifs d'aménagement associant
l'exploitant au sylviculteur (administration forestière, exécutant, etc.) et reposant sur le
principe de compréhension et de confiance mutuelle (principalement sur les objectifs à long
terme avec réalisme commercial).
Cette première condition est celle de l'adhésion au projet de l'acteur industriel, les deux autres
étant celles des responsables gouvernementaux et des populations villageoises:
• élaboration préalable d'un plan d'aménagement du territoire, étayé par une législation
appliquée et respectée garantissant l'aménagement effectif des différents massifs
forestiers; et
• accord sur le terroir dévolu à la forêt intégrant les besoins des populations riveraines
bénéficiant d'actions d'appui et/ou de développement en terroir agricole (voir CIRAD-
Forêt, 1993).
Le Zimbabwe possède vingt-cinq aires protégées dont onze parcs nationaux, deux étant
classés sites du patrimoine mondial. La superficie totale des zones consacrées à la faune
(parcs nationaux et zones de safari) représente plus de trois millions d'ha2 (9% de la surface
du territoire), sous le contrôle du DNPWM (Department of National Parks and Wildlife
Management).
La période post-coloniale a été marquée par la réforme de la situation foncière laissée par la
Rhodésie, et en particulier celle des zones communales (anciennement zones tribales). En
effet, en dehors des parcs nationaux et aires protégées, il existe un conflit latent pour
l'utilisation des terres, du fait des pressions exercées par les populations pour l'agriculture en
bordure des parcs nationaux. C'est en 1989 que fut créé le programme CAMPFIRE
("Communal areas Management Programme For Indigenous Ressources") sous l'impulsion de
DNPWM, afin de trouver de nouvelles solutions de conservation de la faune et de l'habitat,
qui soient satisfaisantes pour le nouveau pouvoir politique. Le principal objectif de ce
programme est de réaliser la conservation conjointement au développement rural par
l'utilisation et la gestion des ressources fauniques au niveau local. Il a été mis en œuvre par
un ensemble d'organismes: le WWF, Le "Center for applied social sciences" (Université du
Zimbabwe), le "Zimbabwe Trust" (ONG de développement social) et le DNPWM.
Les principes. La clé de cette approche réside dans le double processus de décentralisation de
l'autorité de gestion de la faune et de participation active des populations locales à la gestion
de cette ressource. La situation de l'administration du Zimbabwe, grâce à sa structure
partiellement décentralisée (à partir de 1988), a en effet permis une mise en place des
programmes plus efficace.
• la mise en place d'un dispositif de conservation de la nature qui génère des bénéfices pour
la population; et
Les différentes phases. La première phase a été la préparation du cadre légal et administratif.
L'objectif était la décentralisation du pouvoir de décision et la capture des bénéfices générés
par l'utilisation de la faune au niveau de nouvelles institutions décentralisées. Il s'agissait
d'appliquer et d'adapter aux zones communales le système de droit d'usage absolu et exclusif
de la faune. L'unité administrative de base est devenue le district composé de "wards", eux
même constitués de quatre villages. Afin de financer ces institutions décentralisées, la
solution était d'assurer que les revenus générés par les ressources naturelles d'une zone donnée
puissent servir localement à leur conservation. En l'occurrence la seule ressource sous la
juridiction du DNPWM en dehors des aires protégées est la faune sauvage, dont l'utilisation
pour les safaris de chasse (par quatre sociétés privées) est depuis longtemps réputée comme
générant des bénéfices supérieurs à l'agriculture ou à l'élevage.
La deuxième phase a été la mise en œuvre du projet réalisée selon quatre objectifs:
Les programmes intégrés n'ont véritablement commencé qu'en 1989, les districts de
Nyaminyami et de Guruve étant les précurseurs. Grâce au développement du concept par le
DNPWM dans de nombreux districts, un total de 32 districts ont obtenu "l'appropriate
authority" en 1995.
Chaque district est donc responsable de l'établissement de projets faune dans sa région. C'est
lui qui instaure les politiques de gestion des populations animales, des systèmes de production
et de redistribution des bénéfices. C'est le DNPWM qui supervise ces actions au niveau
national et conseille les autorités des districts afin que les utilisations et les répartitions des
revenus de la faune soient proportionnels au niveau de la production.
Les résultats. L'essentiel des revenus provient d'activités de safari, ainsi la chasse sportive
représente 85% de ceux de Nyaminyami. Les sociétés privées de chasse redistribuent une
partie de leurs bénéfices au DNPWN (permis de chasse, taxes), au trésor public (impôt sur le
revenu) et au District (loyers, taxes...). Une partie est donnée aux "Wards". Chaque "ward"
récupère une part proportionnelle à son nombre d'habitants, qui sera réinvestie dans des
projets communautaires pour une partie et redistribuée aux foyers pour l'autre partie.
Le cadre légal est aujourd'hui fonctionnel, le concept CAMPFIRE est en pleine expansion au
Zimbabwe. La faune est une ressource rentable et le district de Nyaminyami est un bon
exemple en étant de loin celui le plus riche, la faune est alors devenue un élément prioritaire
de développement durable.
Les contraintes. L'utilisation des fonds générés par la faune et la manière dont les revenus
sont utilisés n'est pas toujours plus efficace que lorsque le gouvernement central s'en
chargeait. En effet, des bénéfices tangibles ne parviennent pas toujours à chaque foyer. Afin
d'éviter une nouvelle centralisation au niveau du District, il faut définir les droits que les
communautés peuvent avoir sur les ressources fauniques. De plus, l'abus des ressources
financières est relativement courant au niveau du District. La décentralisation devrait aller
encore plus loin afin que la gestion de la faune revienne réellement aux communautés locales.
En effet, les villageois n'ont toujours pas le droit de chasser et le braconnage est en
augmentation. Les villageois souhaitent toujours la disparition des animaux dangereux, cause
de pertes humaines et matérielles.
Une incompréhension persiste au niveau des "wards" les plus peuplés en faune quant à la
redistribution des revenus réalisée de façon proportionnelle au nombre d'habitants, et non en
fonction de la ressource faunique sur chaque territoire. Des conflits persistent aussi quant à
l'utilisation des fonds monétaires par les wards (projets communautaires ou réinvestissement
dans la conservation de la ressource).
De plus, les intérêts politiques (commerce de l'ivoire, accès à la terre, etc.) et financiers avec
des sociétés de chasse de plus en plus puissantes, semblent être éloignées des préoccupations
premières du programme. Outre ces problèmes, l'incertitude règne encore sur l'objectif final
de conservation durable de la faune (voir Feron, 1997).
A1.4 Etude de cas No 4: aménagement des forêts claires et des savanes en zone
soudano-sahélienne - le cas du Burkina Faso
Les principes.
Les différentes phases du projet. La méthodologie d'intervention comprend deux phases qui
requièrent chacune la participation de la population locale:
• La phase de mise en aménagement est répartie sur un à deux ans. Elle est financée par des
ressources qui ne proviennent pas de la forêt et exécutée par l'équipe du projet. Elle
comprend la formulation du plan d'aménagement, la formation des encadreurs et des
responsables de l'aménagement villageois.
• La phase de gestion forestière, étalée sur 15 à 20 ans, consiste en la mise en œuvre du plan
d'aménagement, et notamment de la mise en place de la cogestion de l'entreprise de
production forestière responsable d'appliquer le plan d'aménagement. L'entreprise est
• La gestion forestière assistée (sur deux ans) qui est la phase test d'application du plan.
• La consolidation des chantiers forestiers qui vise une plus grande responsabilisation des
populations organisées en GGF. Elle vise à la prise en charge directe de la gestion des
forêts par les populations rurales.
Bien que de grandes routes la traverse du Nord au Sud, la zone du projet reste très isolée faute
de liaisons transversales. La population (environ 120,000 habitants), dont les activités
principales sont l'agriculture et l'élevage, est établie dans une centaine de villages et se
compose de quatre ethnies différentes (Gourounsis, Mossis, Peuhls, Wallas). La demande
actuelle et future de bois de feu à Ouagadougou a été estimée à 240,000 m3 en 1990 et devrait
atteindre 600,000 m3 en l'an 2000.
Des contraintes. Du point de vue technique, les limites se situent principalement dans la lutte
contre les incendies, la connaissance de la forêt et la détermination de la durée de rotation. Le
prélèvement doit être adapté à la production dans le long terme, la régénération naturelle doit
être assurée en quantité et en qualité. De plus, les méthodes d'inventaires doivent être adaptées
aux formations forestières de la zone soudano-sahélienne. Mais les principales contraintes se
rencontrent dans les domaines juridiques et socio-économiques avec les inadéquations entre
régime foncier et droit coutumier, la propriété et le droit d'usage des ressources forestières et
la difficulté de mettre en œuvre de nouvelles formes d'organisation des terres rurales et
d'utilisation des ressources naturelles. De plus, la production de bois-énergie est un objectif
insuffisant sur le long terme, une diversification de la production est à développer (voir Soto
Flandez et Ouedrago, 1997).
A1.5.1 Le contexte
De tout temps, le bois de la forêt naturelle a été considéré comme un bien gratuit accessible à
tous et donc librement exploité par les riverains (au titre de leurs droits d'usage) et par des
commerçants - transporteurs, pour qui le coût de revient de ce produit était constitué par le
transport et la main d'œuvre (plus une taxe à la production). Depuis une vingtaine d'années,
l'augmentation de la population urbaine a entraîné une augmentation de la demande en bois de
feu, exploité la plupart du temps de façon anarchique par les commerçants. Ceux-ci étaient
alors légitimés par un permis de coupe délivré par n'importe quelle autorité de
l'Administration des Eaux et Forêts. Les populations riveraines des forêts étaient négligées et
déconsidérées par ces commerçants. Il devenait alors urgent de remanier la politique
d'intervention de l'administration forestière sous peine de destruction massive des
écosystèmes forestiers.
Dès 1981, l'Etat a initié une nouvelle politique en recherchant par d'autres biais que les
plantations classiques, le moyen de répondre à la demande croissante urbaine, notamment par
la gestion des formations naturelles. Ces aménagements forestiers se sont alors focalisé sur la
gestion technique de ces massifs sans tenir compte de l'aspect social. Ils ne donnèrent pas de
bons résultats car les forêts n'étaient alors considérées qu'en termes de ressource disponible.
C'est seulement ensuite que fût recherché le moyen d'associer les populations locales à leurs
gestions, notamment par la mise en place d'un système coopératif de l'exploitation inter-
villageoise des massifs forestiers.
L'autre erreur fut de regrouper dans une même structure de gestion les villages environnants,
entraînant ainsi des problèmes de gestion (prise de pouvoir financier par quelques individus
originaires de certains villages) et d'organisation des aménagements forestiers (parcellaires ne
tenant pas compte des spécificités des différents villages et de leur droit coutumier, exclusion
des éleveurs de leur territoire ancestral de pâturage etc.). Les coopératives n'ont pu se
pérenniser car leurs modes de gestion étaient trop lourds et nécessitaient la présence
continuelle d'agents de l'administration. Les difficultés d'ordre organisationnel ont été
nombreuses (méconnaissance des principes de l'action coopérative, manque de transparence,
absence de règlement intérieur, etc.). De plus, dans le contexte traditionnel nigérien, les forêts
constituent des ressources collectives (droit d'usage tel que le droit de pâturage) et non
d'appropriation individuelle. L'aménagement forestier avec ses mises en défens temporaires
ou ses plantations ont fait généralement obstacle à l'exercice de ces droits d'usage. Le coût
trop élevé et arbitraire du bois produit par les coopératives et la concurrence avec les
commerçants-transporteurs entraînaient un écoulement difficile du produit. De plus, la mise
sous aménagement de centaines de milliers d'hectares est très onéreuse, et au Niger, l'Etat
possède peu de moyens financiers. Donc, le concours actif de la population, la création
d'activités rémunératrices et la répartition des revenus sont apparus comme indispensables
pour pérenniser les productions forestières.
Bien que la plupart des coopératives forestières ne fonctionnent plus, elles ont eu le mérite
d'être des pionnières en matière de participation des populations riveraines; jusqu'alors seuls
l'Etat et les commerçants-transporteurs organisaient l'exploitation des forêts.
La SED est un des éléments de la Politique Forestière Nationale pour les problèmes de bois-
énergie. Depuis 1989, la Direction de l'environnement appuyée par le Projet Energie II, met
en œuvre la SED qui s'organise autour de la nouvelle fiscalité relative au commerce du bois,
le contrôle forestier et les "marchés ruraux". Ces derniers sont de nouvelles structures
villageoises qui permettent de transférer aux populations la responsabilité de la gestion des
formations forestières. Les marchés ruraux ont un objectif principalement commercial dans un
premier temps. Leurs modes de fonctionnement sont plus légers que celui des coopératives,
notamment par une implication moins importante de l'administration forestière. Le rôle de
cette dernière se cantonne au suivi, au bon paiement des taxes, au respect des consignes
techniques de l'aménagement et au contrôle des produits à l’entrée des villes.
• la création de revenus; et
La démarche des aménagements forestiers nigériens est avant tout économique en voulant
satisfaire une demande en bois connue. C'est l'ensemble des massifs forestiers péri-urbains,
susceptibles d'être exploités par les commerçants - exploitants des villes, qui est alors pris en
compte (et non pas un seul massif identifié comme pour un aménagement au sens "classique"
du terme). Ce sont les populations elles-mêmes qui, incitées par des mesures institutionnelles
de la SED, qui mettent sous aménagement des forêts initialement non classées (définition de
quotas, matérialisations des limites des sites villageois exploités...).
• L'élaboration, adoption et application d'une nouvelle fiscalité sur le bois plus adaptée aux
objectifs de décentralisation de l'Etat. Elle favorise la responsabilisation des communautés
locales par un système de perception de la taxe par des représentants villageois et une
répartition de cette taxe entre le Trésor national, les collectivités locales et les
communautés rurales. Ce processus de responsabilisation a permis de mettre en place une
dynamique de développement économique émanant des villages eux-mêmes et non plus
d'apports financiers extérieurs. Les nouveaux textes adoptés en 1992 favorisent les
producteurs organisés en marchés ruraux.
• L'adaptation de cette fiscalité aux objectifs généraux de lutte contre la désertification via
des ristournes en fonction des distances d'approvisionnement et des sites de prélèvement.
Les contraintes d'un point de vue technique sont nombreuses et relèvent d'une
méconnaissance de la dynamique de régénération des ressources pastorales et forestières,
notamment des brousses tigrées caractéristiques des plateaux péri-urbains de Niamey.
Les résultats restent encore institutionnellement fragiles. Il est en effet difficile de surveiller
l'entrée des villes et parfois, ce contrôle est redevenu aussi inefficace qu'avant le projet. Des
contraintes sont aussi souvent liées à la difficile intégration de l'agriculture et de l'élevage du
fait de l'opposition entre les systèmes de production agro-pastoraux extensifs et
l'intensification de ces systèmes de production envisagée dans les aménagements forestiers.
De plus, les villageois ou les bûcherons n'ont pas encore fait le lien entre l'origine des revenus
financiers (soit la forêt) et l'importance qu'il y a à préserver à long terme ce capital. Des
efforts sont encore nécessaires pour amener la population à développer par elle-même des
actions plus spécifiquement orientées vers le maintien du potentiel ligneux des massifs
exploités (voir FAO, 1997; et Ada et al, 1997).
En Malaisie comme en Indonésie, les forêts ont été officiellement classées selon leurs
utilisations. En Malaisie, le "Permanent Forest Estate" a distingué la forêt de protection, la
forêt productive et la forêt d'aménité (patrimoine et biodiversité). En Indonésie, en plus de
l'espace forestier permanent, des zones de conversion ont été prévues.
En fait, la distinction entre forêts de protection et forêts productives et entre espace forestier
permanent et forêts de conversion est incertaine. Ceci était lié à l'ambiguïté du rôle de
l'administration forestière (Département forestier en Malaisie et Ministère de la forêt en
Indonésie) cumulant le rôle de protection avec celui de régulation de l'exploitation. Dès les
années 70, le contrôle de l'ouverture des forêts à l'exploitation commerciale a échappé au
contrôle de l'administration forestière, et l'objectif d'exploitation a pris la place de l'objectif de
conservation.
Par exemple, en Indonésie, les concessions forestières sont accordées pour une durée de vingt
ans (durée qui peut être allongée par la suite selon les progrès industriels). Pour exploiter,
transporter et commercialiser du bois, les exploitants, en plus du devoir de suivre les règles de
planification, de gestion, d'exploitation, de protection et de sécurité, doivent établir une
industrie de transformation du bois. Ils doivent également construire une infrastructure de
routes mais également de santé, d'éducation et de logements. Cette dernière obligation a été
perçue comme un signe d'indépendance vis-à-vis de l'administration forestière et de ses règles
d'exploitation. De plus, la dépendance des agents forestiers vis-à-vis des concessionnaires ne
permet pas d'effectuer des contrôles efficaces.
Dans ces deux pays, les caractéristiques des peuplements permettent des prélèvements de bois
d'œuvre très importants: 70 m3/ha, voire même 110 m3/ha, soit le tiers du volume du bois sur
pied. L'exploitation ne peut donc être que menée avec soin au risque de tout détruire.
Théoriquement, l'octroi des concessions implique une planification précise à cinq ans (qui est
rarement faite), ainsi que des plans annuels: inventaires, arbres à couper, pistes et aires de
débardage, etc. Les inventaires sont réalisés par les exploitants, et dans les faits, ces
planifications sont rarement bien réalisées et respectées. Un grave problème est que les pistes
de débardage ne sont généralement pas relevées et cartographiées avant la coupe: les
tractoristes cherchent pratiquement au hasard les arbres abattus et les transportent de la même
manière hasardeuse sur les aires de stockage.
En Malaisie, c'est le "Selective Management system" (SMS) qui est en vigueur. Il s'agit d'une
modalité de coupe qui compte maintenir qu'une partie du peuplement: les arbres
commercialisables de taille intermédiaire (entre 30 et 50 cm selon les espèces) sont épargnés
pour constituer la récolte du prochain cycle (environ 30 ans après). Si la parcelle exploitée ne
compte pas au moins 32 arbres de taille intermédiaire, on doit appliquer le MUS.
Le Malaysian Uniform System (MUS) est basé sur une coupe à longue rotation (environ 55
ans). Le diamètre minimum de coupe est de 45 cm quelle que soit l'espèce. Au Sarawak, des
cycles de 25 ans seraient en vigueur, mais la plupart des forêts exploitées sont des forêts
primaires et peu de secondes coupes ont déjà eu lieu.
La différence avec le SMS réside aussi dans le fait que le MUS se concentre sur le
dégagement des jeunes plants de valeur commerciale, en limitant l’importance des autres
groupes d’espèces (dévitalisation sur pied des arbres indésirables de plus de 15 cm de
diamètre, dégagement des "jeunes plants de valeur"). Le SMS ne demande pas d'opérations de
sylviculture particulière, l'idée majeure étant de minimiser les dommages aux arbres
intermédiaires durant la récolte.
Il s'agit d'un système économe, permettant des choix souples (possibilité de moduler les
diamètres minima d'exploitabilité).
Mais il est possible de lui reprocher une sélection négative: les arbres de taille intermédiaire
résiduels ont peut être perdu "la course de la sélection naturelle" et risquent de ne pas
atteindre les tailles requises. Par ailleurs, au fur et à mesure que les ressources forestières
s'amenuisent, la tentation est grande de pénétrer à nouveau en forêt pour couper les arbres
intermédiaires épargnés par une première coupe, mais rapidement parvenus à maturité (ceux
qui étaient légèrement en-deça du diamètre minimum lors de la coupe).
Les données techniques ne sont pas fiables, car pour atteindre la production escomptée de la
forêt (2 m3/ha/an), il faudrait limiter les dégâts subis par le peuplement intermédiaire lors de
la première coupe, ce qui est rarement le cas, le nombre d'arbres d'avenir fait souvent défaut et
les ratios de productivité s'avèrent être très faibles. Le système exige de bonnes capacités de
contrôle, mais les dysfonctionnements institutionnels ne permettent pas son application
rigoureuse et sa durabilité a été remise en question.
Malgré ce qui précède, les opérations sylvicoles sont restées très limitées (application du
M.U.S. faute d'arbres d'avenir en nombre suffisant) par rapport aux surfaces exploitées, moins
de 1% au Sarawak et en Malaisie péninsulaire aucune sylviculture n'a été prescrite.
Le TPTI est un système basé sur un cycle de coupe de 35 ans. La séquence des opérations est
la suivante:
t-2/t-1 Inventaire.
Marquage des arbres à couper et des jeunes arbres (de 20 à 49 cm de diamètre)
Construction des routes et diverses infrastructures.
t+1 Eclaircie.
Inventaire post coupe.
t+4 Eclaircie.
Ce système de coupe tel qu'il est décrit pourrait être viable à long terme, s'il ne surévaluait pas
l'accroissement naturel. En considérant un accroissement de 0.6 cm par an (plus proche des
conditions réelles que la valeur de 1 cm/an retenue par le TPTI), il faudrait que les jeunes
arbres aient un diamètre d'au moins 29 cm pour atteindre le diamètre minimum
commercialisable de 50 cm au bout de 35 ans.
En plus de ces défauts intrinsèques, ce système exige un bon savoir-faire et une forte
surveillance et il est rarement appliqué "à la lettre": marquage et inventaires négligés, coupes
éparpillées, pas de contrôle de l'érosion, etc. (voir CIRAD-Forêt, 1993).
A2.2.1 Le contexte
Ces actions ont alors été adoptées par le Gouvernement et une série de projets a été élaborée
par la suite. L'un d'entre eux était l'établissement d'une zone d'aménagement forestier modèle
(ZAFM).
A2.2.2 Le projet
La première phase du projet (1993-1995) était une période de préparation: choix du site
(162,000 hectares), estimation des ressources forestières végétales et animales, études sur
l'accroissement et les rendements, la pédologie, l'hydrologie, la socio-économie, etc. Ce
travail a ensuite permis la définition de la deuxième phase du projet, c'est à dire le plan de
développement lui-même d'une durée de 10 ans (1996-2006).
La zone d'aménagement forestier modèle. Le plan de récolte décennal est basé sur des
abattages sélectifs dans la zone de forêt naturelle. La collaboration entre le Département des
forêts et les entreprises d'exploitation (au nombre de quatre) est fondamentale. Afin de
parvenir à une exploitation durable, les travaux sont focalisés sur l'amélioration des
techniques déjà employées, la collecte de données (pour la prévision du comportement
forestier futur) et l'introduction de nouvelles techniques. Parmi ces dernières, il faut citer la
vidéographie et la cartographie à partir d'aéronefs, le débusquage héliporté (qui réduit la
construction de routes) et l'utilisation de l'informatique pour une bonne planification du réseau
routier.
En dehors de la zone de coupes sélectives, 8,000 hectares de terres dégradées par des activités
agricoles doivent être replantés ou enrichis avec le concours des collectivités locales.
Une partie de la zone d’aménagement forestier modèle a été désignée forêt de protection
(4,000 ha de forêt vierge et prés de 600 ha de zones tampon). Des études sont menées dans
cette zone afin de connaître les processus de la dynamique naturelle des forêts.
Les études de modélisation. Il s'agit d'établir des projections sur l'accroissement des forêts en
fonction de différents régimes d'exploitation pour les cinquante années à venir à partir d'un
inventaire continu des forêts. Ceci permettra l'élaboration de plans plus efficaces pour l'avenir.
Pour aboutir à de tels résultats, des placettes ont été établies dans la plupart des forêts
exploitées au cours des dix-huit dernières années, afin de suivre une trentaine de groupes
d'essences.
Les données hydrologiques sont rassemblées dans des stations d'observation des
précipitations. Des relevés hydrométriques sont aussi effectués afin de connaître les effets
cumulés des pratiques d'aménagement sur l'ensemble du bassin versant et la réaction des
réseaux hydrographiques à l'exploitation forestière (voir ITTO, 1996; et Andel et al, 1997).
A2.3.1 La situation
A l'Est de l'état du Sarawak sur l'île de Bornéo, se trouvent des forêts de production de bois
d'œuvre qui couvrent environ 60% de sa surface. Du fait de l'exploitation forestière, au cours
des années 80, des problèmes de conservation de la biodiversité sont apparus. Le
gouvernement malais a alors demandé à l'OIBT en 1989 d'évaluer les possibilités de
conservation des forêts tropicales de cette région et de faire des recommandations pour les
politiques et pratiques d'aménagement forestier futur. Une des recommandations émanant du
rapport de mission était que le sanctuaire de Lanjak-Entimau (170,000 hectares) devait être
prioritairement développé en tant qu'aire totalement protégée (cette zone, située au sud-ouest
de Sarawak, est officiellement un sanctuaire de faune sauvage depuis 1983, réserve d'Orang-
outans). Ainsi en 1992, une équipe d'experts a mené des inventaires concernant la faune, la
flore, la géologie et la géographie de cette zone. Des enquêtes ont aussi été menées pour
connaître les habitudes et les utilisations de la forêt par les populations locales.
Outre sa grande biodiversité animale et végétale, ce sanctuaire revêt une grande importance
car elle se situe en bordure de Parc National de Bentuang Karinum (Kalimantan Ouest,
Indonésie). Ils forment ensemble une des plus vastes réserves de biodiversité transfrontalière
de forêt tropicale humide (plus d'un million d'hectares).
Les enquêtes sociales menées par l'équipe, quant à elles, ont porté sur l'utilisation des
ressources forestières par les populations locales résidant en périphérie du Sanctuaire. Ce sont
principalement la récolte de produits forestiers dans des zones désignées au sein du Sanctuaire
et la chasse pour la viande en bordure de la zone (sangliers, cerfs). Soixante-dix pour-cent de
la population interviewée a exprimé son adhésion au projet de conservation, moyennant une
association au contrôle de l'accès à la réserve.
gibier. Un programme éducatif et de formation doit être entrepris pour les membres de
l'équipe du "Sarawak Forest Departement" et les représentants des populations locales pour un
développement durable des zones forestières. Un accent sera mis sur l'utilisation durable des
ressources forestières des zones tampon en bordure du Sanctuaire. Il sera aussi développé les
thèmes portant sur les banques de gènes pour les essences forestières économiquement
importantes, la culture de produits forestiers non ligneux (rotin par exemple) et de plantes
médicinales par les populations locales ainsi que l'utilisation durable des populations de
poissons et de gibiers (voir Stuebing, 1997)
A3.1.1 Le contexte
Les objectifs principaux qui ont orienté la mise en œuvre de ce projet de développement de la
forêt feuillue étaient:
Remarque: une AMI se définit comme un bassin hydrographique qui possède au moins 50%
de sa superficie recouverte de forêt. Elles sont caractérisées par des pentes supérieures à 30%
et par une population de 100 à 500 familles d'agriculteurs ou de scieurs de long.
Aménagement forestier. Il s'agit de garantir la gestion durable de la forêt par l'exécution des
plans d'aménagement forestier, la promotion de l'exploitation rationnelle et la
commercialisation des espèces ligneuses non traditionnelles. La participation de la population
est favorisée et repose sur l'organisation, la formation et la consolidation des groupes de
scieurs de long. Afin de faire prendre conscience du potentiel et de la valeur de la ressource
ligneuse, des contrats d'usufruit signés avec l'Etat ont été élaborés, qui donnent aux groupes
de producteurs la possibilité d'aménager et d'exploiter les zones boisées situées en bordure de
leurs communautés. Par le biais de ce contrat, les usagers s'engagent à respecter les normes de
gestion, à protéger les massifs, à reboiser les aires exploitées ainsi qu'à participer au Fonds
d'Aménagement Forestier qui garantit la reconstitution des aires exploitées. Ce fonds est
constitué par 50% des droits d'exploitation payés à l'Etat et de différentes contributions
apportées par les bénéficiaires des opérations de sciage manuel. Les efforts se sont concentrés
sur l'organisation et la formation des membres des groupements de scieurs afin d'améliorer les
niveaux de production et de productivité, ainsi que sur la sensibilisation des communautés
limitrophes à la gestion durable de leurs ressources.
Ce sont surtout des contraintes d'ordre politique et socio-économique qui sont susceptibles
d'entraver la bonne marche du programme: absence de volonté politique ferme de la part des
institutions publiques et des municipalités, coordination déficiente entre les institutions
gouvernementales responsables de l'exécution des lois des secteurs forestiers et agraires,
impossibilité d'obtenir la légalisation du plein droit d'usufruit sur des terres de l'Etat
défrichées à vocation forestière, migration incontrôlée et une tradition ancrée pour la pratique
de l'élevage extensif et de l'agriculture itinérante de subsistance sur brûlis (voir COHDEFOR
et al, 1995).
A3.2.1 Le contexte
La forêt domaniale Alexander von Humboldt se situe dans la zone amazonienne de Pucallpa
au Pérou. En 1965, le Gouvernement péruvien a confié la gestion de cette forêt de production
exclusivement à l'Etat. Cette clause a été modifiée durant les années 80 et des concessions
d'exploitation ont été concédées à trois sociétés privées qui exploitent aujourd'hui 80,000 ha.
Cette forêt, initialement d'une superficie de 645,000 hectares, a subi d'importantes
dégradations au cours des trente dernières années du fait de coupes illégales et d'essartages
pour l'agriculture de subsistance. De ce fait, sa superficie a été ramenée à 470,000 ha. Divers
projets y ont eu lieu (FAO, JICA, etc.), seul l’actuel est ici présenté.
Grâce aux produits de la vente des arbres sur pied, le projet doit pouvoir faire face au
paiement des coûts des opérations sylvicoles, de la surveillance de la forêt, de la conception et
de la construction de routes et ainsi s'autofinancer à long terme.
Le modèle sylvicole. Le système de récolte repose sur une rotation de soixante ans. Le
programme sylvicole consiste essentiellement à enrichir les forêts par des plantations en ligne
et des traitements de régénération naturelle issus de recherches dans des placettes
d'échantillonnage. Des traitements sont aussi appliqués dans les zones dégradées. Une
pépinière a été créée où sont élevés des plans d'essences précieuses. Plus de 308 espèces
ligneuses ont été identifiées dans cette forêt dont 25 sont considérées comme la principale
base commerciale de ressource exploitable dans le cadre de l'aménagement durable de cette
zone.
Un problème s'est présenté pour la vente du bois sur pied. En effet, les entreprises
contractantes n'ont pas effectivement prélevé la totalité du volume spécifié dans les offres du
fait de deux causes principales:
• L'instabilité politique qui a entraîné l'arrêt d'un grand nombre d'entreprises forestières.
Ce n'est que ces dernières années que la confiance s'est lentement rétablie et que les activités
ont repris. Ces circonstances ont eu pour effet d'inciter les exploitants à être très sélectifs dans
leurs prélèvements de bois en ne choisissant que les essences précieuses. Il en a résulté que
les recettes attendues par la vente de bois ont été très inférieures aux estimations.
Une des causes du déboisement à l'intérieur du périmètre forestier est l'afflux continu de
migrants (majoritairement originaires des Andes) qui pratiquent une agriculture de
subsistance et la culture de cacao. Bien entendu, les sols se dégradent facilement et ces
nouveaux arrivants partent inévitablement défricher une nouvelle parcelle forestière pour
assurer leur survie (voir Prebble et al, 1997; et Linares Bensimon, 1995).
A3.3.1 Le contexte
A3.3.2 Le projet
Le but initial de ce projet était d'éviter le déboisement lié à l'agriculture itinérante en aidant les
communautés locales à exploiter les ressources ligneuses de leur terroir.
• l'établissement de modèles d'utilisation des sols pour une production durable compatible
avec un équilibre écologique; et
Concrètement, l'aide a consisté à fournir l'équipement nécessaire aux Ejidos pour mener à
bien l'exploitation forestière et assurer l'approvisionnement des unités de transformation
existantes. Elle a aussi permis d'encadrer les actions des Ejidos grâce aux agents du SARH
(Secretaria de Agricultura y de Recursos Hidraulicos).
Une partie de ce projet est consacré à la recherche forestière sur la dynamique de régénération
du Mahogany (Swietenia macrophylla), espèce ligneuse caractéristique de ces formations
forestières et aussi celle qui assure l'essentiel de la production de bois d'œuvre.
Les points positifs. D'un point de vue technique, le projet s'est doté d'équipement
d'exploitation, a établi des limites d'utilisation des sols, a procédé à des inventaires de
possibilité de coupe, et a réalisé des reboisements. Une trésorerie a été constituée pour les
Ejidos et la gamme des espèces exploitées a été élargie. L'une des principales réussites du
projet a été de développer un processus d'entraide et surtout de confiance entre les différentes
populations locales, ainsi qu’une professionnalisation en matière forestière au sein des Ejidos;
sans oublier que le massif forestier a été préservé, ce qui est un réel succès.
Les contraintes. Les principales contraintes du point de vue technique restent les modalités
d'exploitation, de débardage et de transport des grumes. De plus, le rythme actuel de
prélèvement des espèces de valeur ne peut être maintenu sans élaboration d'interventions
sylvicoles d'amélioration de la croissance des espèces exploitées, ce qui n'est
malheureusement pas tout à fait le cas.
D'autres projets tel que celui de Chimanes en Bolivie sont aussi techniquement assujettis à la
reconstitution du potentiel du Swietenia macrophylla et des autres Méliacées commerciales; et
ceci, même si les vrais écueils sont d'ordre social, économiques, etc. (conflits entre acteurs).
Actuellement cette espèce fait l’objet de grands débats au sein de la CITES (Convention sur le
commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction) pour
son inclusion dans différentes annexes (III voire même II) correspondant à des degrés de plus
en plus stricts de contrôle de son commerce international (voir FAO, 1992).
A3.4 Etude de cas No 12: aménagement de la forêt naturelle sur une petite échelle - le
cas de l'Amazonie brésilienne
A3.4.1 Le contexte
Le projet est basé sur le principe selon lequel des perturbations à faible impact et à intervalles
rapprochés, combinés à des traitements sylvicoles, permet de maintenir une forêt dont la
structure et la biodiversité restent proches de celles de la forêt originelle. En terme technique,
ce concept se traduit par de courtes rotations et des prélèvements réduits. Le rendement sur le
long terme reste similaire à celui obtenu avec les systèmes "classiques" (rotations plus
longues mais prélèvements plus importants).
La zone de réserve officielle de la propriété est considérée comme une unité de production
pour la préparation et l'exécution d'un plan d'aménagement. Après un inventaire des
ressources ligneuses, le nombre de coupes de récolte annuelles est déterminé selon deux
règles:
• Le maximum de l'intensité de récolte à l'intérieur des parcelles est égal au total du volume
commercialisable divisé par trois (trois rotations d'une dizaine d'années au lieu du système
"classique" de 25-30 ans). Ceci permet de garantir les trois premières rotations du système
d'aménagement, vu la tendance à introduire sur les marchés d'avenir les essences
actuellement moins connues et moins prisées.
• Les règles de récolte sont basées sur une estimation prudente de rendement ligneux
(1 m3/ha/an).
Les arbres sont ensuite coupés par abattage dirigé et le transports des sciages se fait par des
animaux (bœufs) afin de minimiser les dégâts infligés à la forêt. Les paysans se chargent des
traitements sylvicoles ultérieurs à la récolte (délianage, dégagements, régénération artificielle,
etc.).
L'aménagement forestier à petite échelle faisant intervenir les paysans donnent à ceux-ci la
possibilité d'avoir une activité saisonnière en exploitant les réserves forestières de manière
économique et durable. De plus, ce type de production préserve la forêt d'une conversion en
terre pastorale ou agricole. Néanmoins, les rendements actuels restent très modérés afin de
préserver de manière prudente la biodiversité forestière. Des informations supplémentaires sur
l'adaptation de la forêt sont nécessaires pour maximiser les rendements. Le remembrement
des parcelles de production en unités plus grandes par des accords de collectivité ou de
coopération a facilité l'acquisition de nouveaux moyens techniques et a réduit les frais
généraux (notamment ceux du transport). D'un point de vue technique, les résultats fiables
concernant la structure de la forêt et les techniques d'exploitation à faible impact, sont à
consolider.
Certains problèmes persistants tels que l'absence de contrôle sur le commerce du bois
provenant de coupes illicites ou de forêts de réserve converties à l'agriculture, entraînent une
forte concurrence avec le bois produit légalement. Il est nécessaire de consolider ce système
sur grande échelle en modifiant la législation foncière et en prévoyant des moyens d'action
pour appliquer ces changements.
Ce projet innovant, pour ce qui est des concepts, doit toutefois faire la preuve de sa durabilité
dans un contexte difficile (voir Oliveira et al, 1998).
Ce projet, initié par l'OIBT en 1993, a surtout comme objectif principal de stopper la
destruction des mangroves et de promouvoir un aménagement durable de cet écosystème. Ce
projet présente une approche intégrée de l'aménagement des mangroves incluant de multiples
facettes: recherche, développement rural, reforestation, production ligneuse. Il a été réalisé par
l'INRENARE (Instituto de Recursos Naturales Renovables), qui a choisi trois sites principaux
pour initier les activités du projet principalement axées sur la foresterie, la biologie,
l'information géographique et le développement communautaire et politique.
Le projet a obtenu des résultats concrets concernant l'établissement de cet écosystème via des
essais de reforestation avec Rhizophora mangle avec un espacement de 1 m x 1 m.
Avec l'aide d'une coopérative de bassins aquacoles (crevettes), une zone, initialement occupée
par une forêt mature de Rhizophora mangle, a été reboisée avec des plantules. Le fort taux de
mortalité observé sur cette parcelle était probablement dû à des conditions de sol non
favorables (fort taux de salinité).
Quinze arbres ont été sélectionnés selon des critères morphologiques pour des études
phénologiques (floraison, fructification, production et viabilité des graines, potentiel
germinatif). Cette étude est réalisée sur différentes espèces aux caractéristiques différentes.
Pour cela, le projet travaille avec la collaboration de l'Université du Panama, l'institut
Smithsonian et l'ANCON (Association for the Conservation of Nature). Une identification des
différentes espèces végétales et animales associées à l'écosystème mangrove doit être réalisée
grâce à cette collaboration.
Une discussion a été entamée avec les exploitants de bois énergie pour essayer de réguler
l'exploitation des mangroves. Par ailleurs, une coopération a été établie avec les producteurs
de charbon de bois en matière de reboisement des mangroves.
En ce qui concerne la production de tanin, les exploitants paient dorénavant une taxe pour
chaque arbre coupé (préalablement identifié et approuvé par un technicien de l'INRENARE)
pour l'extraction de l'écorce. Ceci permet à l'institut de contrôler le volume exploité.
Des études complémentaires sont actuellement menées afin de régénérer les mangroves. Par
exemple, des essais de plantations intensives ou d'agroforêts, pour satisfaire les besoins en
bois-énergie et en tanins sont menées avec différentes espèces locales ou introduites.
L'INRENARE et l'IUCN ont rédigé un document afin d'établir une commission nationale des
mangroves, définissant le rôle de chaque institution impliquée, ainsi que les directives et les
politiques concernant l'aménagement durable de cet écosystème. De plus, le projet est
responsable de la rédaction des principes généraux de l'aménagement des mangroves au
niveau international.
Ce projet utilise une approche intégrée qui inclut tous les facteurs-clé pouvant affecter
l'écosystème mangrove au Panama. D'un point de vue technique et scientifique, il a permis
d'améliorer la connaissance générale en matière de techniques de régénération artificielle des
mangroves et de cartographier deux sites à mangrove, qui sont jusqu'à présent les plus
complets concernant cet écosystème sur le territoire panaméen. Néanmoins certains points
dans ce domaine restent à développer, notamment sur l’insuffisance de techniques économes
et d'équipements appropriés pour la production de tanin.
D'un point de vue socio-économique, les principales contraintes concernent l'exploitation pour
le bois de feu. En effet, les industries pourraient utiliser une autre source d'énergie, mais ce
type d'exploitation reste la production principale des plus pauvres qui en sont
économiquement dépendants. La commercialisation des productions issues des mangroves est
l'une des clés d'intéressement de la population locale à l'aménagement durable de cet
écosystème. En effet, la plupart des récoltants vendent leurs produits à des intermédiaires à un
prix très bas, alors que ces derniers réalisent des profits non négligeables. Si tous les
A4.1 Afrique
Durant la première moitié du siècle, la régénération naturelle et les plantations en layon ont
été testées notamment en Côte d'Ivoire et au Nigeria. A partir des années 50, de nombreux
autres pays ont aussi tenté des méthodes reposant sur la régénération naturelle, artificielle ou
sur l'amélioration de la dynamique des peuplements.
Elles ont toutes été abandonnées du fait de problèmes techniques ou des résultats décevants.
Encadré 6: Le "Tropical Shelterwood System"
année n-5 - Délianage et dévitalisation des secondaires dans le sous-bois (diamètre <10 cm).
année n-4 - Comptage de régénération. Dévitalisation d'une partie des secondaires dans les strates
intermédiaires (Hauteur >20 m).
Délianage complémentaire.
année n-3 - Dégagement de la régénération des espèces commerciales (hauteur >50 cm).
année n - Exploitation.
Recépage des essences commerciales endommagées.
L'amélioration de la dynamique des peuplements a été appliquée dans les années 50 à la forêt
d'Okoumé (Aucoumea klaineana) au Gabon en vue d'accélérer la croissance des tiges de
toutes dimensions dans les peuplements (cette technique fut abandonnée en 1962 pour passer
à la plantation directe de l'Okoumé).
Récemment, en Côte d'Ivoire un premier aménagement forestier a été réalisé de 1984 à 1989
dans la forêt de Yapo sur 8,000 ha de forêt, qui a largement contribué au démarrage du plan
Sectoriel Forestier (1988 à 2015) sur financement de la Banque Mondiale pour l'aménagement
de 700,000 hectares de forêts classées. Les principales stipulations techniques auprès des
différents concessionnaires étaient de prélever un volume proche de la possibilité estimée de
production. Des projets avec les mêmes types d'orientations ont été mis en place en Guinée
(PROGERFOR, Banque Mondiale et KFW allemand) et au Cameroun (Projet
d'Aménagement pilote, Coopération française). Ce dernier intègre notamment la dimension
sociale, en privilégiant la double association des populations locales et d'un partenaire privé
(exploitant/industriel) à tous les stades de la mise en œuvre de l'aménagement.
Actuellement, diverses initiatives privées voient le jour pour établir des plans d’aménagement
rationnels et si possible durables, notamment au Gabon.
Encadré 8: L’exploitation forestière des forêts denses humides - quelques règles élémentaires
Lors de l'exploitation quelques règles élémentaires simples peuvent aussi être proposées pour assurer la
durabilité de l’exploitation des espèces commerciales:
- Fixer un diamètre optimum d'exploitabilité pour chaque espèce sur des critères technico-économiques et
écologiques. Ce diamètre sera choisi après analyse de la structure diamétrique et des objectifs et
contraintes de l’aménagement.
- Proscrire les passages répétés en coupe sur la même parcelle (repasse). Le délai d'exploitation d'une
parcelle sera de trois ans au maximum afin de conserver une certaine souplesse dans les
approvisionnements des industriels.
- Limiter le volume exploitable à l'hectare à 25-30 m3/ha par rotation. Au-delà de ce seuil les dégâts
d'exploitation deviennent très importants. Ce maximum doit impérativement tenir compte de
l'accroissement du peuplement pendant la rotation choisie.
- Cartographier les arbres à abattre et optimiser le réseau de débardage en fonction de leur localisation et de
la topographie.
- Orienter l'abattage lorsque cela est possible (cas des tiges n’ayant pas atteint de très gros diamètres). Dans
ce cas, l'orientation de l'abattage doit tenir compte de celle du réseau de débardage ainsi que de la
localisation des arbres d'avenir et des taches de régénération.
- Recéper les brins de la régénération endommagés par l'exploitation.
Cet effet des éclaircies sur l’accroissement en diamètre est particulièrement notable pour les arbres de taille
moyenne (diamètre inférieur à 50-60 cm). Mais au delà de 10-12 ans, cet effet disparaît progressivement. Pour
les arbres de grandes dimensions (diamètre supérieur à 70-80 cm), l’effet de l’éclaircie sur l’accroissement en
diamètre est faible.
D’une manière générale, la dynamique de reconstitution de ces forêts est lente: en moyenne moins de 5 tiges/ha
d’espèces commerciales atteignent le diamètre de 10 cm chaque année. L’évolution modélisée sur 30 ans des
peuplements montre que, pour les forêts semi-décidues étudiées, des délais d’une trentaine d’années sont
nécessaires pour reconstituer un stock de 2 à 3 tiges/ha exploitables (diamètre supérieur à 60 cm) au sein des
peuplements modérément ouverts par l’éclaircie.
Une structure irrégulière avec des éclaircies sélectives s'adapte mieux aux exigences spécifiques de chaque
espèce présente. La diversité peut dans beaucoup de cas favoriser la productivité. Dans des forêts
plurispécifiques, la sylviculture doit permettre de favoriser une tige donnée si cela est nécessaire pour optimiser
sa croissance.
Les éclaircies sont des opérations optionnelles fonction du degré d’intensité de la gestion et de l’exploitation.
Les éclaircies systématiques sont à éviter dans la mesure du possible. Les éclaircies sélectives sont à mener au
profit des jeunes arbres d’avenir (diamètre inférieur à 50 cm).
Ces éclaircies sélectives peuvent être réalisées autour des arbres d’avenir sélectionnés dans un rayon d’une
dizaine de mètres.
Les éclaircies seront de préférence réalisées par dévitalisation des arbres sur pied par annélation profonde.
L’emploi de produits arboricides est seulement à préconiser pour les espèces résistantes à l’annélation simple.
A4.2 Asie
Les principaux types de sylviculture qui ont été (ou qui le sont encore) utilisés en Malaisie et
en Indonésie sont:
• Appliqué dès 1972, le "Selective Management System" (SMS), mis au point en Malaisie
péninsulaire, permet des choix souples d'aménagement fondés sur un inventaire préalable
à la coupe, en vue de déterminer des diamètres limites et les essences à extraire. Un
délianage est effectué ainsi qu'un marquage des arbres pour leur abattage directionnel afin
de réduire au minimum les dégâts d'abattage au peuplement résiduel. Le cycle de coupe
Plus récemment, des techniques d'Exploitation à Faibles Impact (EFI) qui s'inspirent du code
international des pratiques durables d'exploitation forestière, ont été implantées à Kalimantan
Est et à Sabah. Ces techniques sont variables en fonction de la situation de chaque pays. Ce
sont des types d'exploitation sélective des arbres associant des procédures dont le but est de
réduire l'impact de l'exploitation sur la végétation résiduelle, le sol et la faune.
Les Philippines possèdent aussi de vastes forêts productives. L'orientation principale est basée
sur le principe selon lequel une exploitation sélective convenablement effectuée laisse un
peuplement résiduel qui se développe, de telle sorte qu'une nouvelle coupe commerciale est
possible dans un délai de 30 à 45 ans. En 1975, le "Timber Stand Improvement" (TSI) a été
testé (via un projet allemand the RP German TSI Project): selon différents critères, un nombre
variable d'arbres par hectare est sélectionné comme potentiellement exploitable et sera suivi
durant un cycle d'exploitation de 45 ans environ.
L'expérience indienne, du fait de la grande diversité de ses forêts, englobe un certain nombre
de méthodes sylvicoles dont l'une des plus récentes est le "Selection System" qui prévoit une
exploitation sélective des essences commerciales et une aide à la régénération naturelle à des
intervalles périodiques. Il est utilisé quand il y a une faible proportion d'espèces
économiquement intéressantes, un manque d'information sur l'utilisation finale, un accès aux
ressources limité et une exigence de protection environnementale. C'est la méthode la plus
utilisée en Inde. Mais les problèmes de régénération naturelle couplés au besoin d'exploitation
intensive ont déclenché l'utilisation des "Shelterwood systems", dont les principaux utilisés en
Inde sont le "Indian irregular shelterwood system" et le "Uniform System". La variante
"uniforme" impose l'exploitation des arbres successivement selon un certain temps de
régénération, alors que celle "irrégulière" tient compte d'un diamètre en dessous duquel l'arbre
appartient à la future récolte.
Les systèmes malais et indonésiens (SMS et TPTI) ont plus ou moins été respectés du fait des
difficultés d'application et de contrôle. Ils sont censés dispenser d'opérations lourdes de
sylviculture mais ils reposent sur des hypothèses de croissance annuelle élevée. Leur
application est controversée du fait de la fréquence raccourcie des coupes qui engendre des
dégâts sur la population résiduelle et de la "sélection négative" des arbres de taille moyenne,
qui ne possèdent pas forcément un fort potentiel de développement et de valorisation. La
plupart des techniciens et des chercheurs préconisent des systèmes simples proches du MUS
avec des diamètres d'exploitation d'environ 50 cm, des cycles de coupe relativement longs
(aux alentours de 50 ans) afin d'éviter les dégâts occasionnés par des coupes trop fréquentes,
et des interventions minimes de délianage et d'éclaircie en un seul passage.
Le système sélectif élaboré en Inde est, quant à lui, relativement coûteux, ce qui influence le
choix de l'intensité de l'exploitation. De plus, il est orienté généralement sur quelques espèces,
malgré la nature complexe de l'écosystème forêt. Ceci est l'une des principales causes des
problèmes de régénération naturelle rencontrés avec cette méthode. Souvent le choix se porte
sur des systèmes d'exploitation plus intensifs tels que le Shelterwood System dans sa variante
"irrégulière" ou "uniforme". Cette forme d'exploitation n'est viable que si la régénération
naturelle est abondante et que les pressions exercées pour d'autres utilisations sont
négligeables. Dans le cas inverse, le recours à la régénération artificielle, qui coûte cher,
entraîne un raccourcissement du cycle de rotation.
En ce qui concerne les Philippines, l'exploitation sélective est considérée comme le meilleur
système applicable à ses forêts de Diptérocarpacées.
Encadré 12: Le "Selective Management System"
Le "Selective Management System" (ou "Malayan Uniform System Modified"), est une variante actualisée du
"Tropical Shelterwood System" pour les forêts irrégulières. Il repose sur les principes de base suivants:
Pratiquement tous les pays d'Amérique latine possédant des forêts tropicales ont en cours des
initiatives pilotes de gestion de la forêt naturelle ayant pour but d'obtenir des avantages
économiques sans pour autant en détruire la capacité productive à long terme. Par contre, la
recherche effectuée pour la connaissance du fonctionnement de l'écosystème et de sa
dynamique en fonction des interventions humaines ou sylvicoles est très modeste.
En ce qui concerne les programmes et projets d'aménagement, rares sont les projets engagés
avec un réel succès en forêt humide, à l'exception de Trinidad où les premières élaborations
ont été conçues en 1935. Sur 75,000 hectares, 16,000 sont considérés comme complètement
régénérés après le passage en exploitation grâce aux différents systèmes sylvicoles
d'aménagement suivants:
Open Range System (Système Sélectif). Il s'agit du modèle le plus couramment utilisé pour
contrôler l'exploitation forestière, et il est encore utilisé dans certaines forêts de production.
C'est le service forestier qui délimite les forêts pour lesquelles est délivré l'octroi de coupe
d'un volume et d'un nombre d'arbres limité. C'est lui aussi qui assure ensuite le contrôle des
arbres sélectionnés en fonction du potentiel de jeunes arbres d'avenir. Ce même système a été
amélioré à partir de 1948 en matérialisant des blocs au sein des massifs pour une meilleure
répartition de l'impact de l'exploitation (open range system whithin blocks). Le Système
Sélectif, s'il est mal contrôlé et suivi, peut aboutir à un appauvrissement définitif avec
reconversion éventuelle par plantations. Les estimations de production grâce à ce modèle sont
d'environ 1 m3/ha/an, ce qui reste inférieur à celles escomptées avec les autres systèmes. C'est
le "Periodic bloc system with silvicultural marking" qui est actuellement préconisé avec des
rotations de coupe entre 25 et 30 ans.
Periodic bloc system with silvicultural marking. Démarré en 1976, ce système est plus
intensif que le précédent. Les arbres abattus sont ceux nécessaires à maintenir une structure
satisfaisante (bonne distribution des tiges d'avenir et de porte-graines) et ceux considérés
comme défectueux ou moins intéressants. Ce modèle a dû être amélioré du fait de la difficulté
d'obtenir l'abattage des arbres sans valeur, par un système d'encouragement jouant sur le
système de taxation (with compulsory felling).
Shelterwood system (coupe sous abri). Entamé en 1929, ce modèle a été abandonné du fait
de la baisse spectaculaire de la demande en charbon de bois à partir des années 50. En effet,
durant les trois premières années d'application du traitement, le prélèvement d'une part
importante du sous-étage et de l'étage supérieur étaient réalisées par les producteurs de
charbon de bois, rendant les opérations plus aisées et moins coûteuses. Toutefois ce système
originaire d’Asie a longtemps été mené avec succès dans l’île de Trinidad.
Il existe aussi des initiatives concernant le massif guyanais (Guyane française et Surinam). Au
Surinam, les plantations étaient largement recommandées (avant la seconde guerre mondiale)
au détriment de l'aménagement de la forêt naturelle. A la suite de l'écrémage des essences les
plus nobles, les craintes concernant la future récolte ont entraîné des aides étrangères
importantes pour des programmes de reboisement. Les plantations se sont révélées moins
productives et plus coûteuses que prévu, entraînant la mise au point d'une sylviculture
permettant une gestion durable de la forêt:
Le Celos Management System. Ce système mis au point au Surinam repose sur deux
composantes principales: un contrôle strict des opérations d'exploitation (Celos Harvesting
System, CHS) et la réalisation d'interventions sylvicoles ultérieures (Celos Silvicultural
System, CSS). Le CHS a pour but de réduire les dégâts et les coûts d'exploitation grâce à un
strict contrôle de l'exploitation (la surface affectée passe de 25% à 15% de la surface totale) et
par une meilleure planification des interventions (voir Encadré 13). Le CSS (ou système
polycyclique de coupe) prévoit des éclaircies dans les essences secondaires avec une
périodicité de 8 ans pour un cycle d'exploitation de 20-25 ans environ. Le Celos Management
System quant à lui, semble être adapté d'un point de vue économique et écologique pour la
gestion de massifs forestiers permanents et dans des conditions de marché acceptables.
Malencontreusement, ces systèmes sont à ce jour inappliqués et n’ont pas dépassé le stade
expérimental.
Encadré 13: La méthode "Celos" ou "système polycyclique de coupe"
Un diamètre minimum d'exploitation de 45 cm.
Une rotation entre deux coupes d'exploitation successives de 20-25 ans.
Un volume exploité correspondant à 8-10 arbres/ha.
Des éclaircies dans les essences secondaires avec une périodicité de 8 ans.
Des projets d'aménagement durable ont été aussi initiés dans la forêt nationale de Tapajos au
Brésil et de Von Humbolt au Pérou. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été parfaitement
développés pour des raisons incluant l'important investissement demandé pour Von Humbolt
et la faible demande du marché du bois au Tapajos. Dans les pays amazoniens, de nombreux
projets de recherche et d'assistance technique existent mais ne peuvent être considérés comme
faisant partie de projets d'aménagement durable effectifs. Dans quelques concessions,
l'exploitation est faite avec une efficacité croissante grâce à une prise de conscience des
propriétaires face à une ressource de plus en plus rare (exemple de Pucallpa au Pérou). Il faut
aussi noter l'émergence de tentatives privées, par exemple à Santarem au Brésil, où certaines
entreprises d'exploitation et de transformation du bois auraient démarré des actions soigneuses
d'inventaire et de programmation de coupes.
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