La thérapie neurocognitive et comportementale.
La thérapie neurocognitive et comportementale.
La thérapie neurocognitive et comportementale.
La thérapie
neurocognitive et
comportementale
Prise en charge neurocomportementale
des troubles psychologiques
et psychiatriques
Jacques FRADIN,
Camille LEFRANÇOIS
Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée pour le Groupe De Boeck.
Nous vous remercions de respecter la propriété littéraire et artistique.
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Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : mai 2014 ISSN 1780-9517
Bibliothèque royale de Belgique, Paris : 2014/0074/098 ISBN 978-2-8041-8970-9
Sommaire
Conclusion 273
Annexes 275
Annexe 1 – Modèle de Gestion des Modes Mentaux (GMM) 277
Annexe 2 – Modèle des Personnalités en TNC 283
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie
du Positionnement Grégaire 291
Annexe 4 – Hypofonctionnement ou « Hypo » ou CAES 307
Annexe 5 – Paramètres modulateurs de l’affrontement de l’Hypo 313
Annexe 6 – Hyperfonctionnement ou « Hyper » 317
La thérapie neurocognitive et comportementale
Glossaire 347
Bibliographie 371
Index des notions 389
Index des auteurs 395
Table des matières 399
6
Table des abréviations
AA Activation de l’action
AD Art Dédramatique
AE Personnalité en Activation Empêchée ou Novatrice
AR Personnalité en Activation Réussie ou épicurienne ou
Philosophe
BC Bonne case
CAES Comportement automatique d’évitement social
CPF Cortex Préfrontal
EUI États d’Urgence de l’Instinct
FE Personnalité en Fuite Empêchée ou Sécuritaire
FLI Fuite, Lutte, Inhibition
FR Fuite Réussie ou Personnalité Animatrice
GMM Gestion des modes mentaux
GMMs Gestion des modes mentaux supérieurs
IE Personnalité en Inhibition Empêchée ou Altruiste ou Solidaire
IA Inhibition de l’Action
IR Personnalité en Inhibition Réussie ou affective ou participa-
tive
IRMf : voir imagerie cérébrale fonctionnelle
LE Lutte Empêchée ou Personnalité Compétitrice
LR Personnalité en Lutte réussie ou Stratège
7
La thérapie neurocognitive et comportementale
MC Mauvaise case
MC P. II. Mauvaise case de personnalité secondaire
MM Mode mental
MMAd
ou MMP Mode Mental Adaptatif ou Préfrontal
MMAu
ou MMA Mode Mental Automatique
MMP Mode Mental Préfrontal
NL Cortex Néo-limbique
P.I. Personnalités primaires
P. II. Personnalités secondaires
PG Positionnement grégaire
PGD Positionnement grégaire dominant ou dominance
PGI Positionnement grégaire intégré ou intégration
PGM Positionnement grégaire marginal ou marginalité
PGS Positionnement grégaire soumis ou soumission
PL Paléo-limbique
RH Répression d’hyper
TCC Thérapies Comportementales et Cognitives
TNC Thérapie Neurocognitive et Comportementale
Remerciements
Pour nous avoir aidés dans l’aboutissement de cet ouvrage, nous tenons à
remercier chaleureusement :
Anaïs Lafaye, Antoine Coutant, Aurélie Van Dijk, Bjørg Kilavik,
Céline Butin, Elisabetta Monfardini, Pierre Moorkens, Riadh Lebib,
Stéphanie de Chalvron, Suzanne Robert-Ouvray
… ainsi que tous ceux qui ont pu nous apporter leur soutien.
9
Introduction
Bases et méthodologie
11
La thérapie neurocognitive et comportementale
– La modélisation stratégique
– Le traitement (ici principalement comportemental, la dimension
cognitive étant davantage abordée dans d’autres ouvrages,
cf. Fradin et al., 2008 ; Fradin & Le Moullec, 2006 ; Fradin &
Fradin, 2006).
Quelques bases fondamentales et orientations méthodologiques de la
TNC sont abordées en prélude au développement clinique. En effet,
celles-ci nous sont apparues utiles à la compréhension et à l’utilisation
rationnelle et pertinente de la discipline2.
1. MÉDECINE ENVIRONNEMENTALE,
PSYCHOLOGIE ET INTERDISCIPLINARITÉ
Commençons par un petit détour aux origines de notre recherche en
TNC, puisque celle-ci a été mise au point dans le cadre du Laboratoire de
Psychologie et Neurosciences (LPN) de l’IME.
La Médecine Environnementale (ME) se définit comme la médecine
du mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil…) et des rela-
tions de l’individu à l’environnement (général, domestique, profession-
nel, social…). Elle s’oppose à la Médecine Génétique (MG)3, en ce sens
qu’elle s’intéresse à tout ce qui n’est pas génétique, autrement dit à ce
qui résulte de l’interaction entre gènes et environnement. Par ailleurs,
la ME est largement opérationnelle car on sait de plus en plus ce qu’il
faut faire et ne pas faire pour vivre en meilleure santé et plus heureux
plus longtemps. À ce stade, la médecine génétique n’est encore que bal-
butiante. Mais surtout, il est reconnu que les maladies d’origine stricte-
ment génétique sont rares (Feingold & Martinez, 1998 ; Kazma, 2010,
Danchin et al., 2011), et tout porte à croire que les facteurs environne-
mentaux constitueraient plus de 90 % des facteurs de risque de santé ou
de maladies4.
2. Les lecteurs n’ayant pas d’appétence particulière pour ce type de thématique peuvent
directement se référer aux chapitres abordant la pratique.
3. La médecine génétique étudie le diagnostic et le traitement des maladies d’origine
génétique et héréditaire.
4. Nous noterons que l’épidémiologie génétique, qui fait partie de la branche de la méde-
cine environnementale, se situe en réalité au carrefour de cette dernière et de la médecine
génétique : l’épidémiologie génétique vise plus exactement « à étudier le rôle des facteurs
génétiques et de leurs interactions avec des facteurs de l’environnement dans le déterminisme de la
santé et des maladies dans les familles et dans les populations humaines » (cf. Khoury et al., 1993).
12
Bases et méthodologie
13
La thérapie neurocognitive et comportementale
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Bases et méthodologie
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La thérapie neurocognitive et comportementale
3. DU CONTENU PSYCHOLOGIQUE
AU CONTENANT NEURO-FONCTIONNEL
16
Bases et méthodologie
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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Bases et méthodologie
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La thérapie neurocognitive et comportementale
7. Nous rappelons que l’empirisme peut être défini comme une méthode ou théorie selon
laquelle la connaissance vient de l’expérimentation, de l’observable.
20
Bases et méthodologie
8. La maladie de Lyme est une maladie bactérienne transmissible à l’être humain par
morsure de tique. Elle peut atteindre à la fois plusieurs organes et systèmes, et mener
à des handicaps physiques et mentaux.
9. La Sclérose En Plaques (SEP) est une maladie inflammatoire chronique touchant le
système nerveux central. Elle implique une destruction de la myéline (gaine protec-
trice du nerf), un dépôt et un durcissement anormaux de tissu conjonctif. Cette
maladie entrave la transmission nerveuse et provoque des troubles de la vision,
moteurs et autres.
10. Rapport agréé par la Haute Autorité de la Santé (HAS), Fédération française de
neurologie, avec la participation et selon la méthodologie de l’Agence nationale
d’accréditation et d’évaluation en santé. La sclérose en plaques. Conférence de
consensus - 7 et 8 juin 2001. Rev Neurol 2001 ; 157 (8-9 cahier 2) : 902-1192.
21
La thérapie neurocognitive et comportementale
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Bases et méthodologie
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
l’animal. L’enfant finit par avoir peur à la simple vue de l’animal, et cette peur s’éten-
dit à la vue de tout ce qui pouvait ressembler à l’animal (fourrure blanche, animaux
blancs, etc.). Malgré ce malheureux constat, il serait imprudent d’en conclure que
toutes les phobies naissent de tels traumatismes.
2. Nous rappelons ici que la mémoire dite déclarative ou explicite rend compte de souve-
nirs conscients et comprend les sous-systèmes que sont la mémoire épisodique et la
mémoire sémantique, d’après la classification de Squire (2004). La mémoire épisodique
intègre les événements de vie du sujet, tandis que la mémoire sémantique correspond au
stockage de ses connaissances générales. La mémoire non déclarative relève davantage
d’habiletés ou de routines de comportements dont le sujet n’a pas forcément conscience.
3. Le modèle de Baddeley (2012), dans sa version revisitée, comprend aujourd’hui quatre
sous-systèmes sous-tendant la mémoire de travail : l’administrateur central, représentant le
lieu essentiel de manipulation de l’information ; le buffer épisodique, assurant les interac-
tions de la mémoire de travail avec la mémoire à long terme ; puis les deux sous-systèmes
que sont la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial, destinés respectivement à
recueillir l’information auditive et verbale d’une part, et visuelle et spatiale d’autre part.
26
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
27
La thérapie neurocognitive et comportementale
28
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
… Ou le démembrement du syndrome
Si nous avons consacré un chapitre à la description des mécanismes de
l’évitement automatique et de ses bases neurophysiologiques, dans ce livre
qui se veut essentiellement clinique et destiné à des praticiens, c’est parce
que nous les croyons au centre de nombreuses pathologies. Il nous semble
que ces mécanismes se trouvent non seulement au cœur de la phobie
simple que nous venons d’évoquer, mais participent également, de façon
plus confuse, à l’émergence de la « phobie sociale ».
Pour rappel, la phobie simple constitue une entité diagnostique homo-
gène et précise construite sur la triade suivante :
1. Un vécu de peur pour la survie devant un danger supposé vital,
autrement dit, construite sur la base de peurs instinctives bien iden-
tifiées comme celles de certains animaux, de certains lieux (clos ou
ouverts), mais aussi de stimulus olfactifs ou sonores (fumée, explo-
sions…), ou encore de situations spécifiques (vertige des hauteurs,
prédation…).
2. Un comportement d’évitement automatique (peu contrôlable)
engendré par ledit vécu de peur.
3. Un apaisement immédiat après l’évitement.
Or, à la peur pour la survie de la phobie simple se substitue, dans le
cadre de la phobie sociale, des sentiments aussi divers que la peur du ridi-
cule, la honte, l’anxiété par anticipation de l’échec, la souffrance morale
de l’amertume, le sentiment de culpabilité ou d’indignité, etc. (cf. DSM
IV, 1996). De surcroît, à la différence des phobies simples, ce type de pho-
bie ne présente pas toujours d’évitement automatique ni d’apaisement
dans l’évitement.
Faut-il alors l’appeler encore « phobie » sociale ?
La littérature scientifique présente depuis de nombreuses années
la phobie sociale comme étant un « concept », ou plutôt un syndrome, à
la fois flou et hétérogène (cf. Heimberg et al., 2000 ; Hofmann et al.,
1995 ; Hofmann et al., 2004 ; Huppert et al., 2008 ; Vriends et al., 2007).
29
La thérapie neurocognitive et comportementale
Le comportement d’Hypofonctionnement
a) Caractéristiques ou définition globales
de l’Hypofonctionnement
Cliniquement, le Comportement Automatique d’Évitement Social
(CAES, Fradin, 2005 ; Fradin & Fradin, 2006) ou Hypofonctionnement
(Hypo) est proche de la phobie classique car il présente :
– un évitement automatique devant l’objet de fixation ;
– un apaisement immédiat après l’évitement.
Cependant, le vécu associé au CAES est quelque peu différent de la
phobie simple : il correspond à la peur du ridicule ou de la honte, au
tabou.
30
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
7. Il est entendu que ces mécanismes ne sont pas sans rappeler les phénomènes entourant
le tabou sexuel évoqué en Psychanalyse par Freud (1924). Cependant, à la différence
de ce modèle qui se focalise sur le tabou sexuel et « sa » conversion hystérique, notre
modèle suppose que tous les objets peuvent être tabous (Hypos) et (presque) toutes les
compensations (Hypers) semblent possibles.
8. Il semblerait que le CPF n’acquiert sa maturation qu’aux environs de 25 ans
(cf. Walsh, 2004).
31
La thérapie neurocognitive et comportementale
32
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Hyper
Hypo
Figure 1.1
Représentation du caractère direct ou indirect
de l’accès à l’objectif en fonction du processus Hypo-Hyper
33
La thérapie neurocognitive et comportementale
Intensité
du comportement
Point
de consigne
Temps
Figure 1.2
Schématisation de la fluctuation de l’intensité d’un comportement
autour d’un point de consigne, lors d’un phénomène
de simple autorégulation en cybernétique
(cf. Fradin & Fradin, 2004-2006 ; Fradin, 2005)
34
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Intensité
du comportement
Point de consigne 2
(substitution)
Zone de
« dérégulation »,
Point de consigne 1 soumise
(«normal») à des forces
Zone d’hyperfonction opposées
Temps
Figure 1.3
Schématisation de la fluctuation de l’intensité d’un comportement
entre deux points de consigne, lors d’un phénomène
de double autorégulation
(Fradin & Fradin, 2004 ; Fradin, 2005, op. cit.)
35
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.1
Qu’est-ce qu’un Hyper efficace ?
36
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Comme nous avons pu le voir, les Hypos peuvent être définis de façon
brève comme des interdits sociaux que l’on considère comme relativement
primitifs, se mettant en place lors de l’enfance et, au plus tard, à l’adoles-
cence. Ceux-ci prennent forme en fonction de caractéristiques principa-
lement grégaires et relatives à l’image sociale9. Ils se manifestent
cliniquement par un ensemble de signes particuliers d’aversion et de déva-
lorisation de sujets « tabous ».
Nos recherches et expériences cliniques nous ont conduits à isoler
plusieurs types d’Hypo. Cette distinction, nous le verrons, se révèle
37
La thérapie neurocognitive et comportementale
38
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Encadré 1.2
Fiche de synthèse sur l’Hypo
39
La thérapie neurocognitive et comportementale
l’ensemble des exemples fournis dans cet ouvrage. Aussi, nous précisons que
chaque relation Hypo(s)/Hyper(s) est spécifique et nécessite d’être diagnostiquée
et validée pour chaque cas clinique particulier.
Les Résonances d’Hypo sont un ensemble de ressentis et d’émotions
apparentés à de l’intolérance (tels l’agacement ou la gêne), que l’individu
éprouve à l’égard de situations, personnes ou personnages qui pourtant ne
l’entraînent pas : par exemple au cinéma, dans la rue, au restaurant, etc.
L’appellation Résonance provient du fait que ces émotions se déclenchent
même « à distance », alors que l’on n’est pas concerné(e) par la situation.
Cette réaction émotionnelle, involontaire et difficilement contrôlable
n’est ainsi que la partie émergée d’un iceberg. Elle signifie que le compor-
tement ou l’attitude observés dans ladite situation sont Hypo pour l’indi-
vidu.
Il est intéressant de savoir que la Résonance d’Hypo est LE critère dia-
gnostique de l’Hypo par excellence, le plus facile à utiliser et qui se suffit
à lui seul, pour les raisons suivantes :
1. Il est totalement pathognomonique de l’Hypo.
2. Il présente en outre le caractère exceptionnel de ne pas être (ou très
peu) concerné par l’évitement automatique et le vide cognitif,
lesquels se manifestent lors de l’affrontement de l’Hypo.
Afin de confirmer une Résonance d’hypo, il faut pouvoir mettre en
évidence l’un des trois vécus que nous évoquons ci-après, et ce dans une
situation où l’individu n’est pas impliqué.
La gêne ou la honte
La Résonance provoquant gêne ou honte est dite « en Fuite ». Elle s’ac-
compagne d’une sensation de ridicule que l’on éprouve littéralement à la
place de celui qui a adopté l’attitude provoquant la résonance. Cette pro-
jection peut être suffisamment intense pour que l’on souhaite se cacher à
sa place, ne sachant plus « où se mettre ». Cette sensation implique que
l’on n’ose pas regarder la personne qui nous fait rougir. Le simple fait
d’avoir l’air de nous intéresser à ce qu’elle fait nous couvre de honte et
l’on essaie de s’en détourner.
Par exemple, un individu qui serait en Résonance de Fuite face à un
orateur qui bafouille et se perd dans son discours pourrait dire « je suis gêné
pour lui » et quitter la salle pour échapper au malaise qu’il ressent.
Physiquement, cette Résonance peut se traduire également par une intense
sensation de chaleur. Visuellement, on rosit ou rougit de honte.
40
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Illustration 1.1
Femme en Résonance de fuite (gêne)
Encadré 1.3
L’érythrophobie
L’agacement et le mépris
La Résonance provoquant agacement ou mépris est dite « en Lutte ». Elle
survient vis-à-vis de catégories d’attitudes ou de comportements qui pro-
voquent chez l’individu une profonde aversion. Il les juge sots et dépour-
vus de bon sens. Sous sa forme la plus intense, le comportement de
Résonance en Lutte peut choquer ou scandaliser.
Une telle Résonance peut apparaître par exemple face à un individu
qui aurait tendance à régulièrement [se glorifier de ses qualités dans son
41
La thérapie neurocognitive et comportementale
Illustration 1.2
Homme en Résonance en Lutte (mépris)
L’admiration larmoyante
Ce dernier type de Résonance est dit « en Inhibition ». Il prend la forme
d’un complexe et se manifeste vis-à-vis de quelqu’un que l’on admire car
il fait ce que l’on ne se sent pas apte à faire soi-même.
La notion d’admiration dans la Résonance en Inhibition est particuliè-
rement importante. Elle permet de distinguer son larmoiement d’un autre
qui serait lié à une émotion forte comme celle associée à la compassion
ou à la douleur morale. De la même façon, l’admiration sans émotion peut
être de caractère intellectuel ou purement esthétique, mais ne constitue
pas une Résonance en Inhibition. Cette dernière se manifeste
42
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Illustration 1.3
Homme en Résonance en inhibition (admiration larmoyante)
43
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.4
Synthèse des critères diagnostiques
de la Résonance d’Hypo
44
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
45
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.5
L’Hypo et la notion de morale
46
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
a) L’agacement ou le mépris
Comme nous l’avons vu plus haut, ce vécu se retrouve dans la Résonance en
Lutte. Il correspond sans doute au vécu d’Hypo le plus profond et s’accompagne
d’une adhésion totale sur les plans cognitif, comportemental et émotionnel.
47
La thérapie neurocognitive et comportementale
c) L’admiration larmoyante
Ce vécu est retrouvé dans la Résonance en Inhibition. Il se distingue, là
aussi, de « l’état d’Inhibition Instinctive », du fait qu’il concerne un objet
fixe et spécifique. Rappelons également que le larmoiement non admira-
tif et l’admiration sans larmoiement n’appartiennent pas au vécu d’affron-
tement d’Hypo, pas plus qu’à celui de la Résonance (cf. Chapitre 1.2.1.).
Nous ferons remarquer au lecteur qu’en pratique, ces trois premiers
vécus d’affrontement d’Hypo ne coexistent pas et ne peuvent se superpo-
ser à un même instant t, mais qu’ils peuvent s’alterner selon les phases
d’un affrontement.
10. Cf. Laborit, 1986, op. cit. ; Fradin & Fradin, 2006, op. cit. ; Fradin et al., 2008,
op. cit. ; Fradin & Lemoullec, 2006, op. cit. ; annexe 1.
48
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
À l’inverse, les trois vécus suivants peuvent coexister entre eux et avec
chacun des trois premiers, et ce à des degrés divers. Nous les avons clas-
sés du plus intense au moins intense :
e) Le sentiment d’absurdité
Ce sentiment est une autre variante du vécu d’Hypo, proche du vécu
précédent, mais qui est en apparence davantage cognitif et moins
d’ordre émotionnel ou (dé)motivationnel. Ce vécu est intense : la situa-
tion apparaît à la personne comme complètement irrationnelle, dépour-
vue d’explication et de finalité. Ce vécu apparemment purement
cognitif peut parfois être plus émotionnel et irrationnel qu’il n’y paraît
et ainsi, lors d’un affrontement brutal, avoir des répercussions physio-
logiques intenses et rapides. L’individu peut présenter des vomissements
ou des migraines en quelques dizaines de secondes ou minutes. Un tel
effet s’arrête généralement rapidement après l’arrêt de l’affrontement,
bien que cela puisse toutefois prendre plus de temps sur le plan neuro-
végétatif (car le système nerveux autonome n’arrêtera pas forcément
son excitation dès l’arrêt de sa stimulation par les centres supérieurs
intra-encéphaliques)11. Le repos, le silence et le changement de sujet
permettront ordinairement le retour au calme dans les minutes ou
le quart d’heure qui suivent.
11. Le système nerveux autonome est constitué en outre de neurones non myélinisés à
conduction lente.
49
La thérapie neurocognitive et comportementale
a) Étape pédagogique no 1
Cette étape consiste à expliquer au patient ce qu’est un Hypo, puis à lui
permettre d’observer ou de décrire chez d’autres personnes quelques
Hypos que lui-même n’a pas. On peut l’amener à faire des commentaires
et philosopher sur le sujet, sur la perte de liberté que l’Hypo représente
et sur le décalage entre ce qu’il vit et pense (« une situation choquante,
grotesque voire scandaleuse ») et ce qu’elle pourrait en penser de l’exté-
rieur (« elle est coincée, bloquée… ce n’est pas si dramatique, il faut contex-
tualiser… et puis là, dans le cas de l’exercice, c’est pour rire, on ne lui
demande que du théâtre ; et puis c’est de la thérapie, si elle veut aller
mieux… »).
b) Étape pédagogique no 2
Lors de cette étape, le thérapeute établit avec le patient une liste des
Hypers que celui-ci souhaiterait traiter en premier lieu, notamment parmi
ceux qui sont manifestement inefficaces et douloureux. Il faut ensuite
rechercher les Hypos qui sous-tendent ces Hypers.
c) Étape pédagogique no 3
On invite ici le patient à réfléchir aux bénéfices résultant de l’affronte-
ment d’Hypo, de façon à solliciter sa méta-motivation.
50
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
d) Étape pédagogique no 4
L’objectif de cette étape est de faire comprendre au patient que l’affronte-
ment thérapeutique n’est pas un modèle de vie mais un exercice libérateur12.
Cette libération s’accomplit pour soi, d’abord dans le secret de l’alcôve thé-
rapeutique (notamment en affrontement imaginaire) puis, parfois plus tard,
dans la vraie vie, mais pas n’importe où, ni n’importe comment ou avec
n’importe qui. C’est une liberté dont fera ce que l’on veut.
e) Étape pédagogique no 5
Pour cette dernière étape, le thérapeute doit réaliser une préparation péda-
gogique et cognitive sur les (anti-)valeurs associées à l’Hypo13. En effet,
du fait de l’absence totale de motivation spontanée à traiter ses Hypos,
une telle préparation est nécessaire et permet de développer la méta-
motivation du patient, lui permettant ainsi de progressivement s’autono-
miser dans son affrontement d’Hypo. Ce gain d’indépendance sera effectif
pour le traitement d’Hypo en cours mais également pour tous les autres à
venir. Ceci est dû au fait que le Contenant d’Hypo est le même pour tous
les Hypos et que la pédagogie n’est donc nécessaire qu’une seule fois.
12. L’Hypo est une nouvelle illustration de la différence entre le Contenant, qui structu-
rerait « ce que je peux ou ne peux pas faire », et le contenu, qui correspond ici à « ce
que je pense et fais dans ma vie ».
13. Une relativisation des antivaleurs, amenant à une moindre rigidité, à une meilleure
adaptation de l’individu et à un mieux-être (pour lui et souvent en conséquence pour
son entourage), peut être réalisée grâce à des techniques de Gestion des Modes
Mentaux (cf. Fradin et al., 2008, op. cit., annexe).
51
La thérapie neurocognitive et comportementale
52
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
la fixité en abordant plusieurs fois le même sujet, noter les évitements suc-
cessifs et la détente au changement de sujet. Ils sont tout particulièrement
utiles pour déceler l’état du patient même quand ce dernier, pour des rai-
sons de désirabilité sociale ou autre, ne souhaite pas l’évoquer.
14. Cf. chapitres 1.2.1 La Résonance d’Hypo et 1.2.2.2 Les vécus d’affrontement d’Hypo.
53
La thérapie neurocognitive et comportementale
15. La répression d’Hyper, qui est décrite dans le chapitre 4 Diagnostic clinique de la RH
et 4.1 Les vécus de RH, correspond à l’échec de l’Hyper, c’est-à-dire à l’état dans
lequel est l’individu lorsqu’il est privé de l’objet souhaité.
16. D’autres éléments permettant de faire des diagnostics différentiels entre plusieurs
types de Contenants sont présentés dans l’arbre diagnostique synthétique des
contenants TNC, en annexe 11.
54
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
que l’on adhère bien aux valeurs du groupe et que l’on « mérite »
donc d’y être intégré.
2. RH et Hypo :
Au contraire de l’Hypo, lorsque l’individu manifeste une RH, l’évi-
tement n’est pas suivi d’un apaisement : les symptômes sont réma-
nents et correspondent à des sentiments d’amertume, de douleur
morale, à l’évocation de reproches, d’attentes déçues (cf. Chapitre
1.2.4.1.).
3. Fuite et Hypo :
La Fuite dite Instinctive se distingue de l’Hypo dans la mesure où
celle-ci se traduit davantage par un « échappement » que par un
évitement et apparaît plutôt devant la contrainte ou l’agressivité en
général.
Des fiches synthétiques et pratiques du diagnostic et du traitement
d’Hypo sont présentées en annexes 4, 5 et 8.
3. L’HYPER
55
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.6
Notions de transfert et de renouvellement
d’un cycle d’Hyper
56
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
17. Une addiction comportementale peut se définir « comme le résultat d’un processus
interactionnel entre un individu et un objet externe, banal, à disposition de tous.
Ce processus conduit à une dépendance principalement psychologique, en raison
des effets qu’elle procure et des fonctions qu’elle remplit. Cette dépendance peut
entraîner des conséquences négatives pour le sujet et son entourage » (cf.
Varescon, 2009)
57
La thérapie neurocognitive et comportementale
L’ambivalence
L’ambivalence est un phénomène que l’on rencontre à toutes les phases
de l’Hyper, sous une forme ou une autre. Celle-ci se situe entre dégoût et
attirance irrésistible, et s’avère être un symptôme subtil mais très fiable de
l’Hyper :
– En Phase 1, l’individu veut tout et tout de suite, mais a peur
d’échouer donc il hésite (anxiété par anticipation).
– En Phase 2, l’individu a obtenu ce qu’il voulait, mais il ne sait plus
s’il le veut encore. L’insatisfaction malgré un bon résultat objectif
fait partie de ce tableau.
58
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
L’insatisfaction
L’insatisfaction malgré un bon résultat tangible mérite d’être expliquée
en détail : à l’instar d’une personne dépendante de substances, l’indi-
vidu en Hyper a besoin toujours plus de son objet pour obtenir satis-
faction. Cependant, cette satisfaction s’étiole progressivement car
l’Hyper, comme la drogue (ou presque), est un leurre et ne permet pas
de combler véritablement le besoin biologique ou psychologique sous-
jacent. Cette insatisfaction chronique présente les caractéristiques
suivantes :
– Elle est potentiellement visible en Phase 1 où l’on est par exemple
un(e) amant(e) exigeant(e) et épuisant(e)
– Elle est flagrante en Phase 2
– Elle est parfois encore présente en Phases 3 ou 4, par exemple si
quelqu’un nous console et que l’on n’est malgré tout jamais content
ou pas longtemps, puis que l’on reproche de ne pas « en avoir plus »,
plutôt que de remercier pour ce qu’on a eu, etc.
Ce type de fonctionnement peut également conduire, au sein d’un
couple d’individus (dont au moins l’un des deux est en Hyper sur
l’autre), au développement de comportements préventifs volontaires
de retrait. En effet, devant les demandes pressantes d’un individu en
Phase 1 vis-à-vis de son ou de sa partenaire, ce(cette) dernier(dernière)
peut mettre en place, en miroir, un véritable système de défense contre
cette hyperconsommation. Ceci peut être également parfois un moyen
de contrôle de la dépendance émotionnelle dans les relations : si deux
individus sont en Hyper l’un sur l’autre, le premier qui se désengage
met l’autre en manque (Phase 3). La demande « larmoyante et pres-
sante » de la Phase 3 met alors le premier en Phase 2 de saturation, et
ainsi de suite… Ce type de fonctionnement est aussi appelé « poulie
des Hypers ».
59
La thérapie neurocognitive et comportementale
Le caractère exigeant
Un individu en Hyper se montre le plus souvent intrusif, exigeant et égo-
centrique. Ce comportement est prévisible du fait que l’individu est
comme dépendant, « drogué » et qu’il ait besoin des autres pour compen-
ser le manque de l’Hypo. Malheureusement, dans ce cas, la prise de
conscience n’y change rien, sinon d’y ajouter de la culpabilisation, ce qui
engendre souvent un niveau d’ambivalence supplémentaire.
60
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
L’efficacité de l’Hyper
Notons l’importance du caractère plus ou moins efficace d’un Hyper
(cf. le concept d’efficacité de l’Hyper) : par nature, un Hyper n’est pas
réellement un comportement efficace puisqu‘il a deux objectifs :
1. Le premier objectif est normalisé et conscient : il correspond à celui
du comportement ordinaire avant d’être parasité par l’Hyper.
2. Le second objectif est inconscient et en substitution de l’Hypo. Ce
dernier pose problème car il est par essence difficile à percevoir et à
comprendre, donc à satisfaire par les autres, indépendamment du
caractère excessif, envahissant, non réversible, égoïste et autocentré
que confère l’Hyper. De surcroît, l’Hyper est le plus souvent une
attente à l’égard d’autrui, ce qui complique encore le contexte rela-
tionnel. On saisit mieux le pourquoi de la fréquence des échecs en
Hyper, qui est ainsi l’une des causes de l’anxiété par anticipation.
61
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.7
Synthèse diagnostique de l’Hyper
4. DIAGNOSTIC CLINIQUE DE LA RH
Pour mémo, comme dans tout diagnostic médical, chaque symptôme n’est pas
caractéristique en soi (sauf s’il est pathognomonique), c’est la convergence de
faisceaux d’arguments récapitulés dans ces tableaux qui permet la synthèse dia-
gnostique.
62
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
63
La thérapie neurocognitive et comportementale
L’amertume
Les symptômes caractéristiques de la RH sont avant tout un vécu d’aigreur
et d’amertume, un sentiment de traumatisme moral associé à une résigna-
tion meurtrie20, lesquels induisent une grande propension à faire des
reproches incessants. Ceux-ci sont sous-tendus par une demande non dite
et totalement inefficace à ce stade.
La jalousie
Parallèlement à l’amertume, l’individu en RH témoigne d’un intense sen-
timent de jalousie qui s’inscrit dans le cadre d’une compétition, d’une riva-
lité d’Hyper.
Ce symptôme est néanmoins moins spécifique de la RH. Il peut être
révélateur d’autres Contenants qui eux-mêmes sont susceptibles d’amplifier
la jalousie lorsqu’ils sont superposés à une RH. Ces Contenants peuvent
19. Notons que les techniques dites de Gestion des Modes Mentaux (GMM, annexe 1,
Fradin et al., 2008, op. cit.), qui sont un exercice de la raison et de la rationalisa-
tion des événements et dont nous supposons qu’ils stimulent l’activité cérébrale
préfrontale, n’ont que peu d’effet (ou peu durable) sur les symptômes de Répression
d’Hyper.
20. La résignation de la RH n’est pas de même nature que le phénomène d’acceptation
de la situation qui ne s’accompagne ni d’aigreur ni d’amertume (cf. Fradin et al.,
2008, op. cit. ; Hayes et al., 2004,. op. cit. ; Monestès & Villatte, 2011, op. cit.).
64
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
L’ambivalence
Nous avons vu qu’il y avait dans l’hyper une double sensation liée, d’une
part, au désir intense de l’objet, et d’autre part à la peur de le perdre. Or
la RH, qui survient souvent après un échec ou sa forte appréhension,
génère des symptômes toujours aussi ambivalents, sous le discours appa-
rent du rejet pur et simple. Le désir reste fort, mais il prend une forme
refoulée en une sorte de rumination de l’échec et de rejet en même temps.
Ces deux forces égales et peu compatibles se maintiennent et sont suscep-
tibles de s’auto-renforcer. Elles donnent l’impression que l’individu est
immobilisé et bloqué. Ce blocage apparent diffère de celui de l’hypo car
ce dernier masque l’interdit par un évitement apaisant, puisque résultant
d’une seule force ou d’un seul point de consigne : s’éloigner. Le blocage
de la RH correspond en revanche à une immobilité torturée entre plu-
sieurs forces contraires, deux voire trois points de consigne (les deux de
l’Hyper, à savoir celui de l’objet caché et celui de l’objet manifeste ; puis
celui de rejet de(s) (l’)objet(s) d’Hyper, cf. Figure 1.3). Ainsi, lorsque l’in-
dividu est en RH, son visage porte les marques de cette torture mentale,
lesquelles peuvent apparaître comme celles d’une résignation douloureuse.
Conditions d’aggravation de la RH
Nous pouvons ajouter aux critères diagnostiques de la RH quelques autres
symptômes un peu atypiques et indirects, mais très caractéristiques et très
importants à déceler.
Il est utile, en effet, de savoir que la présence d’une RH peut fortement
aggraver un tableau clinique de Soumission (PGS), et réciproquement. Cela
est d’autant plus vrai que le thérapeute donne à faire au patient des exer-
cices destinés à traiter sa soumission21. Ces exercices qui d’ordinaire amélio-
rent l’état du patient peuvent générer ici une acutisation des symptômes de
RH, avec une apparition possible de troubles somatiques tels que céphalées
et vertiges. Il y a également un risque élevé de déclencher ce que nous appe-
lons un « effet rebond de soumission »22, c’est-à-dire une augmentation des
symptômes de soumission après une période de relative accalmie.
65
La thérapie neurocognitive et comportementale
66
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Encadré 1.8
Synthèse diagnostique de la RH
23. Baudelaire, C. (1855). Les Fleurs du Mal. L’Heautontimonroumenos. Revue des Deux
Mondes, Paris.
67
La thérapie neurocognitive et comportementale
est distrait, maîtrise (un peu) mieux l’expression de son visage, mais il ne
donne guère longtemps le change. La tension interne qui l’habite, même
contrôlée, transparaît vite sous le sourire (blême, crispé, faussement détendu,
forcé…) de façade. Il est également possible de percevoir que la voix, fausse-
ment calme, peut à tout instant exploser ou se briser. Ceci est encore plus vrai
lorsque cette dynamique souvent explosive, sinon « dépressivo-colérique » ou
« agressivo-vengeresse » de la RH, est associée à d’autres Contenants syner-
giques (personnalité conquérante et justicière, positionnement grégaire mar-
ginal ou dominant, cf. Chapitre 2, et annexe 9). Cela nécessite de la part du
thérapeute une excellente aptitude à la communication.
La RH par auto-culpabilisation
L’Hyper apporte parfois quelque satisfaction souvent imparfaite mais qui
entretient malgré tout la dépendance. Ce type de satisfaction se fait cepen-
dant au prix de moyens fortement dévalorisés par rapport à ses propres
convictions24, c’est-à-dire méprisables et/ou auto-culpabilisants. L’individu
finit souvent par se dégoûter, se condamner, avoir honte de lui-même et
renoncer à l’objet de son Hyper. Nous appelons globalement ce phéno-
mène la « Répression d’Hyper morale ».
24. Selon nous, les convictions sont notamment supportées par ce que nous avons appelé
les Personnalités ou Motivations Secondaires (cf. Fradin et Lemoullec, 2006,
op. cit. ; annexe 2).
68
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
La RH « Raisonnable »
Contrairement aux apparences, le terme « raisonnable » ne désigne pas ici
une prise de recul pleinement réfléchie, assumée et donc apaisante26. Il
s’agit davantage de s’efforcer d’être raisonnable (malgré soi) que de faire
preuve d’une pleine sagesse et maturité.
L’individu tend à retrouver une cohérence, au moins factuelle et de
façade : il déplore et se montre las de ne pas pouvoir s’expliquer à lui-même
ni aux autres tous ses excès et une vie souvent aberrante (puisqu’addic-
tive). Il souhaite se reprendre en main pour faire enfin des choses
« normales », comme tout le monde : son métier, éduquer ses enfants,
s’acheter une maison, préparer sa retraite, etc.
Il cherche également à se montrer socialement plus acceptable, au
moins en apparence. L’individu ne souhaite plus donner de lui une image
immature et invasive, comme celle d’un enfant gâté jamais content, exi-
geant et éternellement insatisfait. Il souhaite se rendre plus respectable et
adopter une vie moins ambitieuse mais plus tranquille (i.e. moins parse-
mée de RH).
Ce type de RH est sensiblement moins douloureux que les deux autres
formes. La RH Raisonnable permet en effet de réduire la spirale infernale
25. Un Hypo situé dans un Hyper est un Hypo qui va entraver l’efficacité de l’Hyper. Ce
peut être par exemple avoir un Hypo sur le fait d’exprimer ses sentiments, qui
engendre ainsi un Hyper d’attente des sentiments.
26. De tels calme et prise de recul face aux situations complexes serait liés, d’après nos
recherches et observations, à un mode de fonctionnement mental de type adaptatif,
i.e. un mode de fonctionnement permettant à l’individu d’avoir un raisonnement
intègre, logico-rationnel et ajusté à la situation. Ce mode de fonctionnement serait
semble-t-il permis par l’activation du cortex préfrontal (cf. Fradinet al., 2008 ; Fradin
et al., 2006).
69
La thérapie neurocognitive et comportementale
70
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Nom de l’attitude
Caractéristiques observables
ou du comportement
Douleur morale
Répression
Amertume
d’Hyper
Évitement sans apaisement (= rémanence de la douleur)
Tableau 1.1
Synthèse des éléments de diagnostic des Hypos, Hypers et RH
Les exemples cités dans ce chapitre sont des cas de figure que nous
avons souvent rencontrés, mais il ne serait pas judicieux de les consi-
dérer comme des généralités, alors qu’ils ne représentent encore qu’une
hypothèse de recherche. Dans le cas où le thérapeute serait confronté
à de pareilles symptomatologies, il lui faudra établir un diagnostic dif-
férentiel.
Par ailleurs, le lecteur pourra également constater que de nombreuses
autres catégories d’addiction émergeant aujourd’hui peuvent entrer dans
le cadre des Hypers ou pourraient pour le moins être envisagées de ce
point de vue (addictions au jeu de hasard et d’argent, aux jeux vidéo, à la
communication via Internet, à la nourriture, etc.).
71
La thérapie neurocognitive et comportementale
L’amour passionnel
Il est relativement reconnu que l’attraction physique et amoureuse est le
fruit d’un grand nombre de facteurs plus ou moins conscients et élaborés
d’un point de vue phylogénétique (jeu hormonal, complémentarité géné-
tique, similarité du (de la) partenaire avec les premières figures d’attache-
ment, etc., cf. Vincent, 2012, 2005 ; Ortigue, 2010). Cependant, une
certaine gamme de comportements amoureux, notamment ceux ayant
trait à une forme particulière de passion, relève selon nous d’Hypers.
En effet, de nombreuses études traitent de l’amour passionnel et de son
corollaire qu’est la déception amoureuse. Certains auteurs proposent de
considérer ces comportements non comme une forme simple de dérégula-
tion affective, mais comme les symptômes d’une addiction comportemen-
tale à part entière, et suggèrent de les traiter comme tels (Brockman,
2011 ; Sussman, 2010).
Reynaud et al. (2010) déclinent certains critères permettant d’assimi-
ler l’obsession amoureuse à une addiction comportementale :
1. Euphorie et désir incoercible en présence de l’être aimé (apparenté
à une intoxication à certaines drogues).
2. Humeur maussade, anhédonie et troubles du sommeil en l’absence
de l’être aimé (ou en période de sevrage de la substance addictive).
3. Attention focalisée sur l’objet d’amour (ou la substance faisant
défaut) et pensées intrusives à son sujet.
4. Comportements peu adaptés et problématiques malgré la connais-
sance de leurs conséquences possiblement néfastes : ces comporte-
ments peuvent être par exemple une forme d’intrusivité et
d’obsessionnalité nuisant aux relations sociales.
Ces critères sont tout autant de symptômes apparaissant dans les com-
portements d’Hyper. L’autre est souvent celui qui nous permet, par sa façon
d’être, d’avoir accès à certains comportements ou choses que l’on s’interdit
ordinairement. Avec l’autre « tout devient possible ». Sans lui, l’individu
connaît un sentiment intense de perte, de désespoir et la rémanence de bons
et mauvais souvenirs, caractéristiques de la RH (cf. Fisher et al., 2010).
Par ailleurs, d’autres travaux tendent à montrer que les aires cérébrales
activées dans le système de récompense/perte sous-jacent à l’addiction à
la cocaïne sont similaires à celles associées à la douleur d’une déception
amoureuse (le stimulus proposé dans ces études étant l’image d’un être
72
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
aimé qui nous a rejetés, cf. Fisher et al., 2010, op. cit.)28. L’équipe de Xu
(Xu et al., 2012a) a également mis en évidence le fait que l’amour pas-
sionnel atténuait la réceptivité cérébrale à la nicotine. Les auteurs en ont
conclu que l’amour passionnel agit comme un substitut de la nicotine. En
d’autres termes, ils supposent qu’un objet amenant une récompense d’ordre
addictif peut remplacer la récompense apportée par un autre objet de
même ordre, en activant le même système de récompense/perte.
D’autres auteurs ont évoqué le fait que le rejet amoureux apparaissant
suite à une rupture, encore appelé le « Syndrome du cœur brisé » (« Broken
Heart Syndrome », en anglais), semblait être en lien avec l’activité de
zones cérébrales également impliquées dans l’attraction amoureuse (Aron
et al., 2005 ; Field, 2011). Cette observation est cohérente avec le fait que
l’Hyper et la RH soient deux facettes d’un même phénomène.
Au demeurant, si l’amour passionnel est un bon candidat à la symp-
tomatologie typique de l’Hyper et de la RH, il est évident que ces
Contenants ne suffisent pas à expliquer toutes les formes d’attraction
relationnelle, d’amour et d’attachement profond. En effet, nous suppo-
sons que les formes d’attachement (qu’elles soient d’ordre amoureux ou
non, qu’elles impliquent des relations intimes ou non) exclusivement
ou majoritairement issues d’un processus Hyper sont fragiles. Ceci nous
paraît particulièrement flagrant lorsque nous observons que soi-même ou
autrui est d’un naturel à passer fréquemment de passions enflammées
spontanées en déceptions amoureuses. À l’inverse, les relations durables
semblent souvent (entre autres) teintées de respect, d’empathie, d’accep-
tation réciproque et d’ouverture d’esprit, capacités qui sont généralement
particulièrement entravées lors de certaines Phases (notamment 3 et 4)
du processus Hyper-RH (cf. Cheng et al., 2010). À ce titre, certains cher-
cheurs tendent à s’atteler à la mise en évidence des mécanismes céré-
braux et comportementaux sous-jacents à l’amour durable (Acevedo et
al., 2012 ; Xu et al., 2012b). Par ailleurs, il semblerait que les hormones
que sont la vasopressine et l’ocytocine soient précisément impliquées
(entre autres) dans les processus d’attachement fort (attachement vis-à-vis
du partenaire ou de l’enfant), mais qu’elles n’apparaissent pas dans les
mécanismes neurochimiques sous-jacents aux addictions comportemen-
tales classiques (Burkett et al., 2012).
28. Les régions cérébrales impliquées dans l’étude de Fisher et al. (2010) sont : l’aire
tegmentale ventrale, le striatum, certaines régions du CPF et le gyrus cingulaire. Le
CPF est soupçonné d’être engagé dans une tentative de régulation de l’émotion
(cf. Fisher et al., 2010).
73
La thérapie neurocognitive et comportementale
L’addiction sexuelle
Il est important de rappeler que nous distinguons l’amour passionnel de
l’hypersexualité. Malgré l’intérêt médiatique croissant qu’il suscite et le
questionnement dont son intégration éventuelle dans le DSM-V a fait
l’objet (Kafka, 2009 ; APA, 2013)29, le syndrome de l’hypersexualité peine
à être défini car sa classification parmi les addictions comportementales
fait débat (Joannides, 2012).
À l’instar de l’amour passionnel, l’addiction sexuelle ou « hyper-
sexualité » comporte les caractéristiques suivantes : obsessionalité, agis-
sements compulsifs destinés à pouvoir bénéficier de l’objet désiré
malgré les conséquences néfastes de ces agissements pour l’individu,
intrusivité des pensées associées à l’objet désiré, etc. La différence
majeure entre certaines formes d’amour passionnel telles que citées
supra, et l’addiction sexuelle, est l’objet même de l’obsession. Dans le
premier cas, l’obsession porte sur un individu objet d’amour, tandis que
dans le second l’obsession porte sur l’(les) acte(s) sexuel(s) de diffé-
rentes natures.
Ce type de syndrome est interprété, traité ou dénommé, selon les
auteurs ou praticiens, tantôt comme un « trouble sexuel », tantôt comme
un « trouble du contrôle sexuel », ou encore comme un « Trouble
Obsessionnel Compulsif (TOC) », ou enfin comme une addiction. La
communauté scientifique et clinicienne, dans sa globalité, semble mal-
gré tout encline à considérer que l’hypersexualité puisse être une addic-
tion comportementale (Garcia & Thibaut, 2010 ; Levine, 2010). En
effet, l’assimilation de ce trouble à un TOC ne semble pas pertinente
car l’obsession liée à l’hypersexualité est caractérisée par un désir incoer-
cible, tandis que l’obsession associée au TOC est de toute autre nature :
elle a pour objectif de soulager une angoisse, une peur. Les autres
concepts cités plus haut semblent par ailleurs être relativement flous et
moins proches de la réalité de ce syndrome que ne l’est l’addiction
comportementale.
Dans le cadre de notre modélisation des troubles psychiatriques et de
la littérature scientifique actuelle, nous faisons l’hypothèse de l’existence
de deux formes de troubles conduisant à une hypersexualité :
29. L’addiction sexuelle a en fin de compte été rejetée par les experts ayant rédigé le
DSM-V. Ils ont considéré que trop peu d’éléments pouvaient permettre de consi-
dérer avec affirmation que les comportements sous-jacents à ce qui est usuellement
considéré comme une « addiction sexuelle » sont effectivement de l’ordre de l’ad-
diction.
74
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
30. Cf. chapitre 2. 2. 3. Description clinique des quatre personnalités difficiles ou paléo-
personnalités selon la TNC.
31. Nous attirons l’attention du lecteur quant au fait de ne pas considérer que la honte
associée aux différents comportements cités engendre systématiquement une addic-
tion sexuelle. La même remarque peut être faite concernant la phobie sociale.
75
La thérapie neurocognitive et comportementale
32. Cf. Chapitre 2. 2. 3. Description clinique des quatre personnalités difficiles ou paléo-
personnalités selon la TNC.
76
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
33. Nous rappelons que les Hypos se construisent selon nous durant les périodes d’en-
fance et d’adolescence mais guère au-delà.
34. Si ce déficit est interprété par les auteurs comme le fruit d’une perturbation des rap-
ports avec les premières figures d’attachement, nous élargissons cette possibilité à
tout individu susceptible de provoquer un attachement ou de représenter un parte-
naire sexuel.
77
La thérapie neurocognitive et comportementale
78
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
(en anglais ; VanBeek et al., 2011). Ces termes sous-entendent une forme
d’addiction au travail, laquelle reposerait sur deux principaux éléments :
une tendance à accorder une proportion trop importante de temps à son
travail et une propension à travailler compulsivement. Un nombre consé-
quent de travaux n’a cependant pas pu mettre en évidence un lien uni-
voque entre le fait de trop travailler et le mal-être ou le burn-out. En effet,
si certaines études ont montré une corrélation entre l’excès de travail et
le mal-être (Aziz & Zickar, 2006 ; Burke & Matthies, 2004 ; Taris et al.,
2005 ; van Den Broeck et al., 2011), d’autres ont au contraire mis en évi-
dence un lien entre une tendance à beaucoup travailler, le bien-être et la
santé (Becker et al., 2004). Ainsi, une autre forme de « travaillomanie » a
été identifiée et a été conceptualisée sous le nom « d’engagement au tra-
vail » (« work engagement », en anglais, Schaufeli et al., 2008). Ce type de
rapport au travail semble prédisposer l’individu à ressentir une forme d’ac-
complissement dans son travail et lui conférer36 :
1. des capacités de résilience lui permettant de faire plus aisément face
aux situations difficiles ;
2. un sentiment d’implication teinté d’enthousiasme et de créativité ;
3. une capacité de concentration aiguë empêchant notamment l’indi-
vidu de se rendre compte du temps qu’il consacre à sa tâche.
Tandis que le workaholism (WA) conduit l’individu à rapporter davan-
tage d’insatisfaction dans sa vie, des problèmes de santé et un impact
négatif de sa vie au travail sur sa vie personnelle, le work engagement
(WE), semble influer positivement sur l’individu. Le WE serait en lien
avec une meilleure satisfaction de son travail, une moindre intention de
quitter l’organisme, un moindre absentéisme, une meilleure santé aussi
bien physique que psychologique, un temps consacré au travail « volon-
taire », aux loisirs et à la vie personnelle plus importants qu’en ce qui
concerne les employés « non engagés » (cf. van Beek et al. 2011, op. cit. ;
Schaufeli & Salanova, 2007 ; Schaufeli et al., 2008, op. cit.).
Dans ce cadre, la « Théorie de l’auto-détermination » (Self-Determination
Theory, SDT, en anglais, Deci & Ryan, 2002 ; Ryan & Deci, 2000) pro-
pose que le rapport d’un individu à une activité soit essentiellement
guidé par deux types de motivations : les motivations intrinsèques et les
motivations extrinsèques. Les premières sont relatives au fait de pratiquer
une activité parce que celle-ci est en soi intéressante et satisfaisante.
79
La thérapie neurocognitive et comportementale
80
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
37. Cf. chapitre 2.2.3. Description clinique des quatre personnalités difficiles ou paléo-
personnalités selon la TNC.
81
La thérapie neurocognitive et comportementale
38. Les méta-paramètres sont des ensembles cohérents reliant de simples paramètres
entre eux. Ces méta-paramètres sont souvent le fruit de la personnalité de l’individu
(cf. chapitre 1.6.1.3. La recherche des méta-paramètres).
82
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
39. Nous noterons que ces questions portent davantage sur ce que suggère et signifie
l’objet potentiellement Hypo pour le patient, que sur la genèse historique de cet
Hypo (comme ce serait le cas si l’individu était amené à répondre ainsi : « c’est quand
mon papa me disputait que… »).
83
La thérapie neurocognitive et comportementale
84
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
sur la thérapie et/ou sur le thérapeute parfois, ce qui devient l’un des mul-
tiples problèmes à gérer et à traiter. Cependant, en tant que problème à
gérer, il devient également une demande légitime de la part du patient. Or,
si le thérapeute travaille par exemple des Hypos dans le désordre, à partir
des trouvailles faites au gré de l’exploration des Résonances d’Hypo (notées
sur un carnet d’Hypos, dans la rue, au restaurant ou en regardant la télé…),
il obtiendra, peut-être, quelque résultat un jour ou l’autre pour « le » pro-
blème, ou pas, et on ne peut savoir quand…
Il est alors important de faire dès les premières séances une amorce de
modélisation évolutive des Hypos, Hypers et RH en cours, car lorsque la
souffrance est intense, le patient se démotive très vite s’il ne comprend ni
n’approuve ce que l’on fait. Ce piège est très fréquent en TNC, car le tra-
vail peut s’éloigner très vite des symptômes signifiants et motivants pour
le patient. Il est donc nécessaire de réaliser une pédagogie attentive qui
ne soit :
– Ni excessive et déconcertante (car ce n’est pas un cours).
– Ni erratique et insuffisante : le patient doit comprendre aussi vite
que possible ce que l’on fait, surtout si cela s’éloigne de l’idée qu’il
se fait de la thérapie et de la résolution de son problème. Beaucoup
de gens assimilent la psychothérapie en général à la psychanalyse et
pensent que toutes les thérapies consistent à parler longuement de
ce qui est douloureux. La RH est de ce point de vue un véritable
trou noir à thérapie et la méthode psychanalytique, d’après notre
expérience, ne semble pas du tout permettre de traiter la RH.
Il va sans dire que si le thérapeute lui-même ne dégage pas une idée
assez claire de l’articulation de la ou des problématiques, il sera mal à l’aise
pour guider et faire vivre un travail efficace et fiable au patient. Il risque
également d’être régulièrement surpris par ce qu’il produira.
Certes, pour des raisons de progression pédagogique, en TNC comme
ailleurs, il est utile d’apprendre à se servir d’abord des outils de façon foca-
lisée, sectorielle. Il est assez vain, dans le cas contraire, d’empiler des
« briques » de connaissances et de stratégies qui ne sont pas stables et
cohérentes dans notre tête. Il faut donc d’abord dérouler pas à pas une
démarche simple jusqu’à ce que tout devienne aisé. Cette démarche peut
consister, par exemple, à :
1. faire un diagnostic d’Hyper ou de Répression d’Hyper,
2. faire de la dé-répression de l’Hyper ou de l’amélioration de son effi-
cacité,
3. faire de la pédagogie sur la cascade Hypo/Hyper/RH concernée,
85
La thérapie neurocognitive et comportementale
86
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Tableau 1.2
Exemple de tableau d’aide au traitement thérapeutique d’Hypo
40. Les ensembles cohérents de valeurs et d’intérêts peuvent être considérés, selon nous,
comme participant à la dynamique de profils de personnalité (cf. Fradin et Lemoullec,
2006, op. cit. ; annexe 2).
87
La thérapie neurocognitive et comportementale
88
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
89
La thérapie neurocognitive et comportementale
90
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Encadré 1.9
Remarque
91
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 1.10
Hypos « à quota » et « à bascule »
92
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
93
La thérapie neurocognitive et comportementale
42. L’acceptation dans le sens de la prise en compte du réel en vue d’une action et non de
la résignation peut être induite par des techniques telles que la GMM (cf. Fradin et al.,
2008, op cit.) et l’Acceptance and Commitment Therapy (ACT, cf. Hayes et al., 2003).
94
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
43. Nous parlons ici « d’obsessivité » plutôt que d’obsession car ce que peut déceler le
thérapeute n’est qu’une tendance potentielle du patient à être obsédé par quelque
chose, que celui-ci ne fera peut-être pas apparaître clairement (notamment pour des
raisons d’image sociale ou autre).
95
La thérapie neurocognitive et comportementale
96
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Encadré 1.11
Hypo, Hyper, RH et théories associationnistes
97
La thérapie neurocognitive et comportementale
Les trois types de comportement que sont l’Hypo, l’Hyper et la RH, ont
donc, selon nous, leur raison d’être du point de vue d’un premier niveau
d’adaptation, même s’il n’est pas idéal :
1. L’hypo permettrait une première résolution d’un problème lié à l’in-
tégration sociale, en générant un évitement sur un sujet socialement
tabou.
2. Le problème ainsi posé nécessite un deuxième cadre de résolution :
comment satisfaire le besoin spolié, sans s’affranchir de l’interdit
social ? L’hyper est dans ce cas un moyen indirect et assumable d’ob-
tenir le besoin censuré.
3. Cependant, lorsque l’Hyper pose lui-même des problèmes d’adapta-
tion sociale (intrusion, etc.), un autre réseau serait nécessaire pour le
censurer et le réprimer.
Précisons que chaque « réseau » neuronal relatif à ces comportements paraît
agir de façon presque indépendante du précédent, mais semble-t-il en réac-
tivité par rapport aux réponses de l’environnement à notre comportement.
Ce type de régulation s’avère ainsi relativement abrupte, oserait-on dire
« militaire », et dépourvue d’ajustement collaboratif.
98
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
99
La thérapie neurocognitive et comportementale
100
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
Hyper-Méta
Trouver des informations lui
permettant d’assumer une opinion
Hypo-Méta
Honte
de réfléchir
et d’analyser
les choses
par soi-même
Figure 1.4
Illustration des mécanismes Hypo et Hyper de l’exemple 1, ou conséquences
possibles d’un Hypo(-Méta) portant sur [l’analyse et la réflexion]
Exemple 2 :
Dans le domaine sentimental, les stratégies d’approche peuvent être la séduc-
tion, la tendresse, l’ouverture mais aussi parfois la manipulation et l’aliénation.
La mise en œuvre de ces stratégies dépend de sa personnalité, de son PG, de sa
culture, etc. L’individu en Hyper est parfaitement conscient de sa stratégie, de
ce qu’elle peut éventuellement avoir de répréhensible à ses yeux et contraire à
sa propre morale. Cependant, faute d’en avoir une autre qui soit plus accep-
table, faute de pouvoir refréner, tempérer ou arrêter le processus caché, l’indi-
vidu ira souvent jusqu’au bout du processus sans comprendre le pourquoi de
celui-ci. Un comportement analogue peut être celui du joueur d’argent qui va
sciemment jusqu’à la ruine et déclare « c’est/c’était plus fort que moi ! »...
Encadré 1.12
Remarque
101
La thérapie neurocognitive et comportementale
102
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
103
La thérapie neurocognitive et comportementale
104
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
105
La thérapie neurocognitive et comportementale
106
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
107
La thérapie neurocognitive et comportementale
besoin de l’aborder, il faut le faire avec beaucoup de prudence et après une pré-
paration pédagogique approfondie et une adhésion réelle de la part du/de la
patient(e). Il est également judicieux de commencer, au moins la première fois,
par l’exercice de saturation.
Lorsque la patiente se retrouve devant l’Hypo, elle commence à réfléchir plus
sérieusement, elle dit qu’elle perdrait certains bénéfices qu’elle ne peut pas
atteindre autrement que par ce biais détourné, caché. Elle vient de prendre
conscience, non pas instantanément ni clairement, mais au fil de l’interroga-
toire, de ce qu’elle ne pourrait plus faire ou ressentir dans ce cas imaginaire.
Nos questions vont alors porter sur la recherche d’autres objets d’Hyper
« cousins », qui pourraient servir à la même chose.
Dans le cas évoqué, on va progressivement découvrir que cet Hyper [sur la
guitare] recouvre en fait le besoin plus général de [se faire des relations]. On se
rend compte que le seul « alibi » assumable qu’elle ait jusqu’ici pour rencontrer
des gens, c’est son club de musique où elle joue.
Si l’on cherche encore un peu plus loin, on s’aperçoit qu’elle a un Hypo puis-
sant sur le fait de parler sans mobile précis, concret et immédiat. Les sujets ordi-
naires tels que la santé, le temps, la politique, lui paraissent ridicules. Elle ne peut
qu’évoquer un thème justifié par une réalité concrète dans sa vie. D’ailleurs,
même sa thérapie en est perturbée. Elle arrive en séance et ne trouve ordinaire-
ment rien à exprimer. Tout lui paraît rapidement futile. Elle ne termine pas ses
phrases et répond souvent par oui ou non aux questions, ou de façon lapidaire,
technique. La seule exception à cela est la musique. Elle se montre loquace sur le
sujet, mais elle éprouve de la fébrilité et regrette après d’avoir tant parlé. On
atteint alors le niveau de « l’objectif occulte ». À ce stade, une bonne confiance
thérapeutique est plus que jamais nécessaire car avec cette révélation, la patiente
a le sentiment d’entrer dans une zone interdite et glauque qu’est l’Hypo.
On ne doit donc lui laisser aucune possibilité de repli mais l’amener avec
douceur et tact à s’avouer consciemment cet objectif jusqu’ici totalement
inconscient. Elle pensait juste n’être passionnée que de musique et mépriser le
reste. L’objet occulte finit toujours par apparaître en filigrane. On essaie alors
de voir s’il appartient aux Hypos déjà identifiés ou s’il s’agit d’un nouvel Hypo
jusqu’ici non décelé par les résonances. Dans ce dernier cas, pour pouvoir iden-
tifier plus précisément le paramètre actif, on va devoir procéder « classiquement ».
Il faudra inventer, en collaboration avec la personne, des situations comparables
de Résonance puis tester par l’affrontement imaginaire qu’il s’agit bien du
Contenant d’Hypo sous-jacent à l’Hyper qui nous importe.
Dans la plupart de nos dossiers cliniques, nous retrouvons souvent, à
un stade avancé du travail thérapeutique, les mêmes Hypos majeurs
108
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
7. LA THÉRAPIE NEUROCOMPORTEMENTALE
DES HYPOS
109
La thérapie neurocognitive et comportementale
110
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
111
La thérapie neurocognitive et comportementale
La Pédagogie
La partie pédagogique de cette thérapie consiste à définir et faire décou-
vrir ce qu’est la cascade Hypo-Hyper-RH quels sont les liens entre ces dif-
férents mécanismes. On y aborde donc les notions suivantes :
1. Les lois cybernétiques ou systémiques biologiques amenant à l’idée
que l’Hypo est contourné et compensé.
2. Le phénomène de régulation sociale permettant de définir l’identité
du groupe notamment au travers de comportements permis et interdits.
3. Le fait que l’Hypo et l’Hyper ne soient pas des comportements anti-
nomiques : l’Hyper se substitue à l’Hypo, mais n’est pas son contraire.
Il est une façon d’utiliser ce qui est permis pour obtenir ce qui est
interdit.
4. La conséquence tardive et indirecte de ces deux processus est la RH.
Un autre type de pédagogie consiste à faire évaluer au patient ce que
d’autres Hypos (que le patient n’a apparemment pas) entravent chez les
autres. Dans un premier temps, le thérapeute commence par évoquer
les Hypos issus d’une autre culture que celle du patient. Il est relativement
aisé de bien lui faire comprendre, avec tout le recul nécessaire, à quel
point ces Hypos handicapent les individus de cette autre culture pour
objectivement profiter de certaines choses, éprouver certains plaisirs et
faire certaines expériences. Dans un second temps, le thérapeute étend
l’exploration des Hypos aux proches du patient. Ce dernier se rend alors
compte qu’il a tendance à plaindre ceux qui ont des interdits (complexes,
agacements, etc.) qu’il n’a pas. C’est alors le moment, pour le thérapeute,
d’aider son patient à se « méta-motiver » à rechercher et identifier ses
112
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
La recherche d’Hypo
Comme nous l’avons vu plus haut, le thérapeute peut chercher les Hypos
– essentiellement basiques – des Hypers, grâce aux méthodes de saturation
et/ou de sevrage.
Le thérapeute doit, après cette recherche, vérifier les Contenants des
« objets » identifiés avec les méthodes précédentes. Cette vérification s’éta-
blit via la mise en évidence d’une Résonance Émotionnelle d’Hypo que sont :
1. Un vécu d’agacement (résonance en Lutte).
2. Un vécu de gêne ou de ridicule (résonance en Fuite).
3. Un vécu d’admiration larmoyante (résonance en Inhibition).
Suite à cette vérification, le thérapeute doit identifier le paramètre
actif de l’Hypo. Pour cela, il doit poser des questions ouvertes sur la forme
mais fermées sur le fond. Par exemple :
Patient (P) : « Je ne supporte pas les gens qui coupent la parole… »
Thérapeute (T) : « “Je ne supporte pas…”, c’est-à-dire ? »
P : « Je veux dire que ça m’agace ou ça me gêne, ça dépend des fois… »
T : « Qu’est-ce qui vous agace ou gêne dans ce comportement ? »
P : « Le fait de ne pas écouter ce que l’interlocuteur répond à la question
qu’on lui a pourtant posée… »
T : « Et pourquoi cela vous agace-t-il ou vous gêne-t-il ? »
P : « Parce que cela montre qu’on ne le respecte pas… »
T : « Et pourquoi cela vous agace-t-il ou vous gêne-t-il ? »
P : « Je ne sais pas quoi dire de plus… c’est insupportable, ça me met en
furie, cet irrespect ».
À l’issue de cette étape, le thérapeute réalise un test comportemen-
tal d’affrontement d’Hypo. Dans la continuité de l’exemple sus cité, le
113
La thérapie neurocognitive et comportementale
44. Pour une illustration des processus engageant un traitement émotionnel ou ration-
nel des événements et de l’information, voir Fradin et al. (2008, op. cit.), et
Fernandez-Duque & Posner (2001).
114
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
115
La thérapie neurocognitive et comportementale
116
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
45. Les Hypos-Métas font que l’individu tolère une certaine façon de réaliser le compor-
tement tabou, mais pas une autre. Les Hypos Basiques, en revanche, sont un tabou
sur le comportement quelle que soit la façon dont il est mis en œuvre. Ceci explique
sans doute que l’adhésion au tabou soit plus difficile à remettre en cause dans le
second cas que dans le premier.
117
La thérapie neurocognitive et comportementale
Accep-
W CO
tation
VÉCU D’HYPO
Refus
TEST
D’AFFRONTEMENT
Figure 1.5
Jeu de l’oie de l’affrontement d’Hypo
« La figure 5 illustre les différentes étapes du diagnostic
et du traitement d’Hypo ».
118
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
46. On notera que l’Hypo Méta considéré dans l’exemple concerne bien le fait de ne
pouvoir assumer la prise de décision, ou ce que l’on pense en termes d’image sociale
et de tabou. Ceci n’est pas en rapport avec le fait de ne pouvoir prendre une décision
en raison de contraintes associées à une position hiérarchique par exemple, ou à un
statut particulier.
119
La thérapie neurocognitive et comportementale
Sentiment de non- « Ton travail est « Je trouve que mon travail est
reconnaissance de son excellent », « On a vraiment très bon, le temps que
travail besoin de quelqu’un j’y passe me le rend bien, je suis
comme toi », « Ce que toujours satisfait de mon travail,
tu accomplis est je sais qu’il est nécessaire pour
toujours impeccable, que je puisse avancer et faire
il n’y a rien à redire »… avancer les choses… »
Tableau 1.3
Support de traitement d’Hypo-Méta
120
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
121
La thérapie neurocognitive et comportementale
122
L’Hypofonctionnement ou Comportement Automatique d’Évitement Social
123
La thérapie neurocognitive et comportementale
125
La thérapie neurocognitive et comportementale
126
Le Positionnement Grégaire
127
La thérapie neurocognitive et comportementale
128
Le Positionnement Grégaire
vue (cf. Fradin et Fradin, 2006, op. cit. ; Birchwood et al., 2002 ; Van
Der Linden & Ceschi, 2008 ; Lefrançois et al., 2011c ; Lefrançois et al.,
2013). En effet, cette base théorique nous a conduits à construire des
jeux de rôle élaborés sur un principe « antidote ». Ceux-ci consistent
à faire adopter au patient une posture inverse à celle guidée par son
comportement « paléo-social » spontané. Ces exercices, comme nous
le verrons, semblent avoir un effet bénéfique sur des patients pré- ou
post-délirants. Nous avons également proposé ces exercices à des
patients présentant des troubles plus ou moins bénins, mais qui nous
ont semblé en lien avec cette régulation paléo-sociale (troubles de l’as-
sertivité, TOC, tics, attaques de panique, etc.). Les résultats se sont
avérés fort encourageants (cf. infra), malgré la stabilité importante de
ce type de trouble.
129
La thérapie neurocognitive et comportementale
Illustration 2.1
Femelle macaque berbère (ou Magot, Macaca Sylvanus) en compagnie
de ses petits. La position allongée d’un des petits est reconnue
comme étant un comportement/rituel de soumission
Nous pensons que cette stabilité fonctionnelle persiste chez l’être humain.
Certains travaux (Strayer & Strayer, 1976 ; McGrew, 1972 ; Pellegrini &
Long, 2003 ; Pellegrini et al., 2007) montrent par exemple que chez les
enfants, la constitution d’un groupe passe par de nombreux conflits à la ren-
contre des pairs entre eux, tandis que ces conflits tendent à diminuer au fur
et à mesure du temps et de la hiérarchisation du groupe. Par ailleurs, Pellegrini
et al. (2007, op cit.) ont pu constater que les enfants considérés comme domi-
nants (mais ne présentant pas de trouble majeur du comportement) étaient
fort appréciés par leurs pairs, et que les enseignants ne les considéraient pas
comme particulièrement agressifs. Les auteurs en ont conclu que les enfants
dominants usaient de façon stratégique de l’agressivité, uniquement quand
cela s’avérait nécessaire pour maintenir leur statut de dominance. Ils ont pu
noter que leur agressivité était efficace et essentiellement utilisée lors de situa-
tions de contestation de leur statut. Parallèlement à cela, ces enfants ten-
daient à déployer des efforts pour que leurs pairs et leurs enseignants les
perçoivent non comme agressifs mais comme « socialement compétents ».
130
Le Positionnement Grégaire
131
La thérapie neurocognitive et comportementale
3. Les neuroleptiques sont notamment actifs sur les récepteurs dopaminergiques du sys-
tème mésolimbique auxquels sont attribués les effets antipsychotiques, concurrem-
ment à ceux du système striatal auxquels sont attribués les effets secondaires
extrapyramidaux (cf. Afssaps, 2006).
4. Notons que la honte associée à la soumission diffère du sentiment de honte que l’on attri-
bue au concept d’Hypo. En effet, l’hypo est construit en regard d’une « norme sociale », de
valeurs plus ou moins justifiées, vis-à-vis desquelles il convient de ne pas s’écarter. La honte
associée à la soumission est quant à elle noyée dans un bain de culpabilité irrationnelle, où
l’individu ne saurait, très souvent, expliciter sa honte. Elle s’apparente davantage à un
sentiment de ne pas mériter « d’exister », « d’être », « d’avoir voix au chapitre » ou
« d’avoir accès à des droits légitimes », i.e. à des symptômes de soumission.
5. Voir également le chapitre 2. 2. Diagnostic des axes de PG
132
Le Positionnement Grégaire
6. Nous excluons ici les événements dépassant un certain seuil de gravité ou d’implica-
tion émotionnelle, dans la mesure où ils seraient susceptibles de modifier durablement
le niveau de PG.
133
La thérapie neurocognitive et comportementale
soumission, a permis de mieux mettre à jour cet effet rebond. L’une des
patientes présentant ces troubles de façon majeure et depuis de nombreuses
années (plusieurs hospitalisations, résistance à la médication, etc.) a vu ses
symptômes de TOC disparaître totalement lorsque son conjoint l’a quittée
et qu’elle a dû arrêter son travail, en parallèle de quoi elle a présenté une
phase de dépression (Lefrançois et al., 2013, op. cit.). Inversement, une
autre patiente a vu ses symptômes augmenter alors qu’objectivement « tout
allait bien » selon elle (installation dans un même logement avec son nou-
veau compagnon, acquisition d’un nouveau travail plus intéressant que le
précédent, etc. ; cf. Annexe 3, Lefrançois et al., 2011a, op. cit.). De façon
analogue, l’étude de Miller et al. (2013) a mis en évidence que la période
post-partum était, chez les nouvelles mères, une phase de haut risque d’ap-
parition de TOC en lien avec la santé du nouveau-né. La nature des TOC
évoqués par les auteurs est typique des mobiles d’angoisse liés à la soumis-
sion : vérification répétitive de la respiration du nouveau-né, lavage répéti-
tif et excessif des biberons, etc. Ces symptômes ont atteint, dans cette étude
menée sur 461 femmes venant d’accoucher, une prévalence de 11 %, tan-
dis qu’elle est de 2 à 3 % dans la population usuelle.
Si nous observons une fluctuation temporelle du PG autour d’un niveau
moyen, la mobilité et les effets rebonds peuvent également être « spatiaux ».
Il se peut qu’un secteur de notre vie sociale puisse nous amener à fonction-
ner sur un niveau « hiérarchique primitif » différent des autres, laissant place
à un jeu d’autorégulation ou de compensation plus ou moins subtil. Dans des
cas extrêmes, cette mesure compensatoire devient nettement pathologique.
Ainsi, avons-nous constaté par exemple qu’une promotion sociale, brutale
et/ou ressentie subjectivement comme « trop » importante, pouvait entraî-
ner pendant des mois voire une année des comportements de soumission
(avec culpabilité infondée, sentiment d’indignité et d’avoir usurpé sa place),
susceptible de conduire à une dépression de type (pré)-mélancolique ou autre
symptomatologie pouvant y être associée (TOC, attaque de panique, etc.).
L’ensemble de ces données suggère que le PG joue un rôle de régulateur
social primitif, en lissant les « anomalies » et en tendant à restituer l’état
antérieur de l’individu au terme du processus rebond. D’un point de vue
analogue, Diener & Diener (1996 ; voir aussi Biwas-Diener et al., 2005) ont
par exemple montré qu’un événement négatif, même important (par
exemple un accident aux conséquences graves), ne perturbait globalement
le niveau moyen de bonheur de l’individu que pendant quelques semaines
à quelques mois, pour revenir ensuite à son niveau moyen initial. Headey
& Wearing (1992) ont explicitement développé la « Théorie du Point de
Consigne » (ou Set-Point Theory, en anglais), suggérant que chaque individu
134
Le Positionnement Grégaire
135
La thérapie neurocognitive et comportementale
Temps ou Espace
0
Point
de consigne
(niveau moyen
du PG
de l’individu)
Soumission
Figure 2.1
Illustration d’un effet rebond de soumission dans le temps ou l’espace
136
Le Positionnement Grégaire
Vécu d’humiliation
Échec public, vexation, défaite amoureuse
ou professionnelle, etc.
Dominance
Point
de consigne
(niveau moyen
du PG 0
de l’individu) Temps ou Espace
Soumission
Figure 2.2
Illustration d’un effet rebond de dominance dans le temps et l’espace
137
La thérapie neurocognitive et comportementale
* Explication possible du retour à notre niveau initial de « bonheur » (cf. Biwas-Diener et al., 2005, op. cit.).
Tableau 2.1
Différences caractéristiques entre les accès de crises liés
à des comportements de type méritocratique
(néo-limbique) et de type PG (paléo-limbique)
138
Le Positionnement Grégaire
7. Le Haka est une danse rituelle Maori associée à des chants ou à des cris (pouvant
être des déclarations de menaces ou des propos humiliants à l’endroit de l’en-
nemi). Il constitue aujourd’hui le rituel d’avant-match de l’équipe néo-zélandaise
de rugby. Sa danse se veut particulièrement expressive, impressionnante et desti-
née à intimider l’adversaire. Le Haka est à l’origine exécuté à l’occasion d’événe-
ments sociaux (rencontre de tribus, préparation à la guerre, etc.) et constitue la
fierté sociale de la tribu. En cela, ce rituel détient une forte connotation symbo-
lique de PG.
139
La thérapie neurocognitive et comportementale
Dominance
Excès de confiance en soi, tendance à asservir et intimider
les autres pour assurer son pouvoir
5 Sadisme, cruauté
Apitoiement, culpabilisation 2
Flatterie, séduction,
1
manipulation des sentiments
Marginalité
Soumission
Manque irrationnel de confiance en soi, servilité
et absence d’esprit critique envers les Dominants
Figure 2.3
Représentation de la graduation des troubles liés aux PG dominant et soumis
140
Le Positionnement Grégaire
Encadré 2.1
L’assertivité
Nous noterons que le point zéro situé entre soumission et dominance sur la
figure 2.3 ne correspond pas pour autant à une position assertive. En effet,
l’assertivité correspond au fait qu’une personne dispose des capacités néces-
saires lui permettant, d’après Alberti & Emmons (2008, op. cit.), d’agir au
mieux dans son intérêt, de défendre son point de vue sans anxiété exagé-
rée, d’exprimer avec sincérité et aisance ses sentiments, et d’exercer ses
droits sans dénier ceux des autres. En pratique, l’habileté que représente l’as-
sertivité relève davantage de réelles capacités (intelligence émotionnelle,
empathie, théorie de l’esprit, etc.) que de la simple absence de troubles. La
littérature laisse suggérer que ces facultés sont en lien avec l’activation du
CPF (Krueger et al. 2009).
Nous avons constaté que chez l’être humain, soumis et dominants exécu-
tent fréquemment des formes de rituels comportementaux. Ces rituels peu-
vent être très divers mais témoignent des principales préoccupations liées à
la dominance (s’arroger des droits, déstabiliser autrui, attirer l’attention,
etc.) ou à la soumission (s’excuser sans raison, céder sa place à autrui, etc.).
Ces rituels sont associés à des commentaires ou ruminations intérieures
propres à chaque niveau d’intensité. Le soumis aura alors des cognitions
liées à une culpabilité irrationnelle, se sentira indigne de la place qu’il
occupe, tandis que le dominant se sentira au contraire constamment lésé,
voire humilié, pas assez imposant, pas assez prédateur, etc. (Birchwood et al.,
2002, op. cit. ; Fradin & Fradin, 2006, op. cit. ; Lefrançois et al., 2011,
op. cit.).
Ces cognitions ou messages internes peuvent engendrer des vécus et des
comportements tels que :
– l’autosatisfaction, la moquerie voire la perversion, chez les domi-
nants ;
– la culpabilité, la fascination pour la force et la violence perverse, l’au-
todestruction, chez le soumis.
Nos observations nous ont amenés à penser qu’une action thérapeutique
efficace pouvait se faire par le truchement d’une substitution des messages
internes (« je suis indigne », « j’ai usurpé ma place », ou à l’inverse « per-
sonne n’a le droit de me refuser quelque chose », etc.) liés aux différents
vécus cités plus haut, par d’autres messages dont le contenu est opposé.
Nous avons fait l’hypothèse qu’un tel processus pourrait venir à bout des
comportements de PG. Une question se pose alors : ces messages sont-ils
seulement le symptôme de la nature et du grade de PG concernés ?
141
La thérapie neurocognitive et comportementale
142
Le Positionnement Grégaire
Dominance
Marginalité
Sentiment
irrationnel
de méfiance
en les autres…
et l’Univers.
Auto-
exclusion…
Paranoïa,
sensation diffuse Malaise
d’être menacé, Sentiment de pouvoir
sans objet, Perception
méfiance Mégalomane communiquer
poussant à du “sens profond
exacerbée incompris avec les choses
se retirer des choses”
-5 -3 -1 2 4
0
-4 -2 1 3 5
Sensation Sensation Aisance Sentiment et Illumination,
d’exclusion de vivre sans pouvoir lire mysticisme
et de ne pas à côté objet les pensées,
comprendre des autres communiquer
un sens caché avec les gens
sans mots Intégration
Sentiment
irrationnel
de confiance
en les autres…
et l’Univers.
Rôle de
réconciliateur,
Soumission protecteur…
Figure 2.4
Représentation de la graduation des troubles liés aux PG Intégré et Marginal
143
La thérapie neurocognitive et comportementale
8. Notons que les dimensions proposées dans notre modèle ne sont pas sans rappeler le
fameux modèle Circumplex de Oslon (1986 ; voir aussi Wiggings, 2003). Ce modèle
évoque les dimensions d’amour/haine (ou encore communion/adversité) et de soumis-
sion/dominance. Le modèle du PG s’en distingue en décrivant la dynamique animant
ces processus, leur origine possible, ainsi qu’en proposant une thérapie en regard de
cette dynamique. Par ailleurs, une dimension équivalente à celle décrite par la soumis-
sion et la dominance a également été récemment mise en évidence et ajoutée au
fameux questionnaire de personnalité le « Big Five », devenu ainsi le « Big Six »
(cf. Lee & Ashton, 2012). Cette dimension a été nommée Honnêteté-Humilité ou
facteur H (Honesty-Humility, H factor, en anglais) par les auteurs. Un score élevé à
cette dimension traduirait une personnalité sincère et sans prétention, tandis qu’un
score faible rendrait compte d’une personnalité trompeuse, manipulatrice et prétentieuse.
144
Le Positionnement Grégaire
145
La thérapie neurocognitive et comportementale
2. DIAGNOSTIC CLINIQUE DU PG
146
Le Positionnement Grégaire
Notion de confiance et PG
Le PG détermine la confiance spontanée et irrationnelle en soi et/ou en
autrui. Il correspond à l’aisance « naturelle » que l’on ressent :
– dans une position sociale donnée,
– indépendamment du plaisir et de l’affinité éprouvés vis-à-vis des per-
sonnes présentes,
– indépendamment du fait que ces personnes nous soient connues ou
inconnues,
– sans avoir besoin de faire des efforts ni de s’appuyer sur des justifica-
tions quelconques (relatives à ses compétences, son habileté, son
courage, sa beauté, sa générosité…).
Notion de pouvoir et PG
Le PG tend à faire que l’individu se focalise, via une forme de fascination
et/ou de crainte, sur :
– les rapports de force pratiqués (imposés) et/ou redoutés, la confron-
tation ayant pour but d’instaurer un « gagnant » et un « perdant »,
où le premier s’impose pour prendre la « place » de l’autre. Le
commentaire interne d’un PG dominant peut être « si je ne le fais
pas, c’est l’autre qui le fera ! », les autres comportements de PG (sou-
mission, marginalité, intégration) étant une réponse à ce type de
rapport de force.
– Les rapports de force dépourvus de règles : l’individu en prise avec
son PG considère que « tous les coups sont permis… et les plus retors
sont même valorisés », que « c’est la loi du plus fort ».
Les représentations cognitives qui découlent de cette focalisation
induisent une certaine angoisse et appréhension « irrationnelle » à
l’égard de la violence « gratuite » (i.e. des dominants).
– Les affrontements réels (dans la cour d’école) ou rituels (démonstra-
tion de force ou de soumission, etc.).
– Le pouvoir et ses attributs « mal acquis » que peuvent être la force,
l’autorité, l’argent, le sexe, obtenus par la violence « gratuite », la
perversion, l’arbitraire, l’injustice, etc., selon un mode social clanique
ou tribal.
147
La thérapie neurocognitive et comportementale
Stéréotypie du PG
Les comportements PG sont particulièrement stéréotypés et reproductibles
d’un individu à un autre présentant la même tendance. Cette stéréotypie
concerne les dimensions cognitive, émotionnelle, comportementale et
sociale. Ses manifestations sont les suivantes :
– Croyances en ce qui est impalpable et peut apparaître comme
« magique » (ce peut être par exemple : une croyance en « une
toute-puissance du PGD ou PGI », ce peut être la superstition du
PGS, etc.).
– Émotions et comportements associés aux croyances du PG concerné.
Ce peut être, par exemple, l’anxiété, la peur, la dépression et la
culpabilité pour le PGS, ou la colère et la nervosité pour le PGD.
– Rituels sociaux à la fois symptômes et causes du PG que sont :
• Chez l’individu dominant : la tendance à occuper l’espace sonore
et physique quelque soit son degré de compétences et de connais-
sances, le « bagou », l’intimidation.
• Chez l’individu soumis : le fait de rester en retrait et de préférer
se faire oublier, la tendance à taire son opinion (surtout si elle est
différente de celle de la majorité) ou à rencontrer des difficultés
pour l’exprimer (allant jusqu’à se laisser influencer par les autres
plus nombreux et plus dominants, cf. Asch, 1951 ; Milgram, 1990,
2013)9, le fait de montrer une attention scrupuleuse envers autrui.
• Chez l’individu intégré : la tendance à se sentir en confiance et à pré-
férer occuper une place centrale dans le groupe. L’individu intégré
peut également jouer un rôle de réconciliateur entre parties opposées.
• Chez l’individu marginal : la propension à se positionner à un
emplacement où il peut voir tout le groupe et ne va pas occuper
9. Les expériences de Salomon Asch (1951) ont permis de mettre en évidence l’importance
de l’influence sociale sur un jugement, serait-il perceptif. En effet, l’auteur a proposé à des
sujets « naïfs » (naïf par rapport à l’expérience) de comparer la longueur de différentes
lignes présentées sur un dessin. Le sujet naïf devait alors en présence d’un groupe d’indivi-
dus, lesquels étaient tous complices avec l’expérimentateur et connaissaient parfaitement
la réponse. Malgré la différence de taille évidente (plusieurs centimètres) que présentaient
les lignes, les sujets complices étaient chargés de soutenir à l’unanimité que les lignes
étaient de même taille. Ainsi, l’auteur a pu constater qu’un peu moins de 40 % des sujets
naïfs se conformaient à l’unanimité plutôt qu’à leur jugement perceptif.
Dans la même optique, la « dramatique » expérience de Milgram, davantage médiati-
sée, a pu montrer qu’un pourcentage non négligeable d’individus « naïfs » pouvait
céder à la pression d’un tiers (expérimentateur) et infliger des décharges électriques à
un autre individu (complice de l’expérimentateur et mimant la souffrance), alors
même que cet individu naïf n’est menacé et contraint en rien.
148
Le Positionnement Grégaire
Phénomène d’autorégulation du PG
Le mode de fonctionnement lié au PG apparaît comme étant :
– Global, car chaque événement socialement important impacte toute
la vie sociale et même intime de l’individu.
149
La thérapie neurocognitive et comportementale
150
Le Positionnement Grégaire
10. Un événement social déclencheur d’effet rebond est par définition un événement
amenant à une position sociale incompatible avec le PG.
151
La thérapie neurocognitive et comportementale
152
Le Positionnement Grégaire
153
La thérapie neurocognitive et comportementale
Niveau 5
Niveau 4
Niveau 3
Niveau 2
Niveau 1
Intensité des comportements
de PG à l’intérieur de chaque
0 2 4 6 8 10
niveau de dominance
Figure 2.5
Diagramme illustrant le degré de PG dominant d’un individu
en fonction de son niveau de dominance et de l’intensité
des comportements de PG concernant chacun des niveaux
154
Le Positionnement Grégaire
155
La thérapie neurocognitive et comportementale
– Pour cet axe comme pour le précédent, les positions extrêmes cor-
respondent à des états psychiatriques chez l’humain et ne semblent
pas avoir d’équivalent chez l’animal. La dynamique d’effet rebond
observée sur l’axe marginalité/intégration est apparentée à celle
constatée sur l’axe dominance/soumission. Elle concerne une gra-
dation en onze niveaux allant de -5 à +5 sur l’axe lui-même,
sachant qu’en chaque niveau peuvent être considérées différents
degrés d’intensité (cf. Figure 2.4). Cette intensité est relative à
l’expression de la gamme de comportements appartenant à chaque
niveau.
Si l’effet rebond dépasse plus ou moins un point d’amplitude en termes
de gradation, notamment s’il passe de la Marginalité à l’Intégration ou
réciproquement, et si cette instabilité est également associée à une autre
sur l’axe vertical (trouble multipolaire), ceci doit avant tout évoquer une
schizophrénie.
La dominance
Déstabiliser ou faire souffrir l’autre – notamment le plus faible – le
mettre en échec, paraît caractériser avec quelques nuances le PG domi-
nant. Ainsi, l’individu dominant se fait plaisir et se divertit, laissant
apparaître une démonstration gratuite de ses capacités au travers d’une
mesure d’intimidation sans risque, destinée à consolider son image et
son pouvoir vis-à-vis du groupe. Le dominant ne s’en prend à d’autres
dominants que s’il est en position de force, en nombre supérieur, ou
par des attaques surprises, par l’intimidation ou d’inquiétantes mises en
scène.
156
Le Positionnement Grégaire
Illustration 2.2
Individu dominant
La position du regard illustrée ici (visage en arrière, position du regard montrant de
la hauteur par rapport à son interlocuteur), est souvent caractéristique des micro-
comportements de dominance.
157
La thérapie neurocognitive et comportementale
b) Niveaux de dominance
Les différents niveaux de dominance peuvent être diagnostiqués à l’aide
des éléments descriptifs ci-dessous :
– Niveau 0 : état émotionnel considéré comme normal, dans lequel
on ne ressent aucune influence de type PG, comme par exemple
la fascination par la violence, réelle ou imaginaire, donnée ou
subie.
– Niveau 1 : comportement de séduction selon un modèle Don Juan.
L’inconstance des désirs et des sentiments n’explique qu’en partie
l’attitude. Celle-ci correspond surtout à la volonté consciente de
manipuler l’autre, de le ridiculiser ou de faussement le flatter, d’oc-
cuper en permanence son esprit, attisant tour à tour désir et jalou-
sie, honte et culpabilité afin de le déstabiliser.
– Niveau 2 : comportement de type « fausse victime », occupation
bruyante de l’espace, exposition théâtrale et dramatisée de la situa-
tion, accusation souvent culpabilisante et infondée, avec possible
menace de scandale. Un double langage alterne entre plaintes ou
menaces et railleries. Le PG dominant peut aller au-delà, s’amuser
entre amis de la crédulité du « berné », avec bien sûr la mise en évi-
dence de sa propre aisance à retourner une situation.
158
Le Positionnement Grégaire
159
La thérapie neurocognitive et comportementale
La soumission
Comme nous avons pu le comprendre, le manque de confiance en soi
caractérise la soumission. Il s’exprime au travers d’une sensation perma-
nente de faute commise, de tâche mal assumée, de châtiment mérité sui-
vant le grade et l’intensité du PG de l’individu. Ainsi, il ressentirait le
besoin confus de se racheter par la soumission, la servilité vis-à-vis de ceux
qui à ses yeux représentent la force et le pouvoir. À défaut d’une « toute-
puissance » à laquelle il puisse se dévouer, il dirige ce besoin de servilité
et d’admiration vers des dominants de type PG, avec la variété que cela
suppose. Ce comportement sera dirigé vers des personnages médiatiques
ou de la jet set mais aussi, et selon le cercle dans lequel il évolue, vers les
caïds de la délinquance, les « mauvais garçons » au panache tapageur, les
meneurs de quartiers et naturellement les dominants (en termes de PG)
de sa hiérarchie clanique.
Le vécu de la soumission est stéréotypé (i.e. non ajusté à l’environ-
nement) et ainsi relativement autonome. Aussi l’individu soumis n’a-
t-il pas toujours besoin de se trouver face à un individu en état de
dominance pour se sentir dominé. Il peut en effet « projeter » des inten-
tions de dominance sur une personne simplement à l’aise en société et
extravertie.
Il arrive également que la représentation mentale du PG soit erronée.
Ce pourrait être là une des explications de ce que l’on appelle le com-
plexe. Le complexé semble se trouver contraint entre une mauvaise éva-
luation (cette évaluation résultant de son PG soumis) de la place réelle
(statut social objectif) qu’il occupe dans la société, la représentation de
son PG selon les autres (plus dominante ou plus élevée car imprégnée de
son statut social) et celle que lui attribuent ses propres structures céré-
brales supérieures (représentation qu’il aurait lors de moments de réflexion
160
Le Positionnement Grégaire
161
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 2.2
PG et croyances
La plupart des religions posent des règles rigides et imposent des rituels
figés qui évoquent ce que nous appelons le mode mental automatique
dans son ensemble (cf. Gestion des Modes Mentaux, annexe 1). Plus
précisément, la « morphopsychologie » des dieux a évolué avec l’huma-
nité, sans doute parallèlement à son développement mental. Ainsi, les
dieux les plus primitifs, aveugles, impitoyables et cruels exigeaient pré-
ventivement une « taxe léonine » : par exemple, un péché originel qu’il
fallait éternellement racheter, de longues prières en position de soumis-
sion, une vie ascétique, des sacrifices animaux, voire humains, etc. On
notera là les ressemblances de ces exigences « divines » avec celles des
dominants animaux ou humains (de niveau 4 ou 5 selon notre classifi-
cation du PG). La représentation des « dieux plus modernes » ne permet
évidemment plus de telles exigences, sans doute sous la pression de l’évo-
lution culturelle.
Puisque les dominants ont toujours la préoccupation de « tracasser » ou
terroriser les soumis, l’invention d’entités ou de « dieux » terrorisants, qui
sont censés tout voir en permanence et sanctionner des vétilles par une
éternité de tortures, est barbare (PG) mais habile. À bien y regarder
d’ailleurs, autant ou plus que des actes immoraux (d’un point de vue de
valeurs), ce sont les plaisirs et les symboles de la dominance, immorale
précisément, qui sont ordinairement interdits aux soumis, comme si ce
« style de religion » n’était fait que pour aliéner et terroriser les soumis.
La collusion historique des pouvoirs (y compris « contre-pouvoirs ») même
les plus barbares et des religions primitives n’est sans doute pas un hasard
biologique.
En thérapie NC pour le moins, libérer un soumis de sa soumission passe sou-
vent par une prise de recul cognitive sur son adhésion à de telles croyances
que l’on pourrait aussi qualifier de sectaires (ou sa fragilité à cet égard). Ce
travail est bien entendu, on l’aura compris, insuffisant pour libérer profon-
dément et durablement de cette aliénation, mais tout à fait utile pour pré-
parer le travail pédagogique et motiver l’individu à pratiquer et re-pratiquer
les exercices comportementaux de PG.
Nous noterons qu’il existe aussi une relation plus apaisée à la spiritualité
mais plus « illuminée » au sens où le PG intégré ou le mysticisme, de par
leurs caractéristiques, semblent également se prêter volontiers à ce type de
croyance (cf. Beauregard & Paquette, 2006 ; Beauregard & O’Leary, 2007 ;
Hill & Persinger, 2003).
162
Le Positionnement Grégaire
163
La thérapie neurocognitive et comportementale
de mise en échec active, etc.. « Ne pas faire signe aux Dieux » disait le monde
antique, « rester dans la platitude qui vénère et se plie »….
S’il n’est pas à la merci d’un Dieu vindicatif ou d’un dominant non
policé par sa culture, le PG soumis peut se contenter d’images. Magazines
et journaux spécialisés lui fournissent un inépuisable panel de dominants de
type Paléolimbique, fascinants et superbes. Dans ce cas, les célébrités média-
tiques le captivent, il se réjouit de leur bonheur et s’afflige de leurs soucis.
Il profite de leur plaisir sans envie, satisfait de l’autorisation d’en admirer
l’image, quelque peu écrasante. Malheureusement, cette tendance n’est pas
toujours aussi « romanesque » et certaines formes de soumission peuvent
être, comme on le sait, clairement pathologiques. Les plus graves génèrent
des dépressions pré-mélancoliques ou mélancoliques, la culpabilité pouvant
aller jusqu’à des comportements d’automutilation ou une tendance impul-
sive au suicide (Gilbert et al., 2010 ; Gilbert et al., 1995, op. cit. ; Allan &
Gilbert, 1997, op. cit.). Tout se passe comme si l’individu disposait d’un
« dominant intérieur », constituant une petite voix (voir également
Birchwood et al., 2002, op. cit.) ou des commentaires internes ressassant des
accusations (« tu manques de respect aux autres, pour qui te prends-tu ? »), des
jugements négatifs et sentencieux (« tu ne sers à rien ni personne et en plus de
cela tu consommes l’oxygène qui pourrait servir aux autres, tu es un poids pour
eux, tu es indigne de vivre »), éventuellement des moqueries (« peut-on être si
ridicule et insignifiant ? »), des ordres de préférence idiots, etc. Ces commen-
taires peuvent être comparables à un harcèlement. Tout se passe comme si
cette voix était à la « botte » du PG, s’installait et tenait à l’égard de l’in-
dividu le discours violent et pervers d’un dominant impitoyable (à l’inverse,
la voix intérieure d’un dominant lui tiendra le discours d’un soumis).
Nous verrons ci-après (chapitre 2. 4.) qu’en thérapie NC, nous nous
servons de ce mécanisme « d’inversion interne des discours » pour facili-
ter les exercices de PG.
164
Le Positionnement Grégaire
plus ou moins enclins à la dominance. Même s’il est évident qu’un événe-
ment négatif ne peut être imputé au soumis ou s’il est inévitable, l’individu
soumis se sentira coupable de n’avoir pu le prévenir. Le soumis éprouve alors
le besoin préventif de réparer, soutenir, consoler, aider le dominant qu’il
considère comme plus malheureux que lui, vis-à-vis duquel il fait preuve
d’une sensiblerie extrême. Le dominant, enclin en miroir à se plaindre et à
s’attendrir facilement sur ses propres souffrances, en profite. Il dramatise, se
donne le droit d’importuner, de mettre à son service, quand il ne joue pas
en plus sur le registre de la culpabilisation gratuite, pour le plaisir, traitant
l’autre de « con ». Le soumis ne parvient jamais à se rassurer car la démons-
tration du réel ne lui suffit pas. Même si « tout va bien », la situation n’est
que provisoire, fragile, trompeuse. Il est résigné, il sait que le bonheur per-
sonnel n’est pas à sa portée mais qu’il doit être attentif à celui des autres, ce
qui représente pour lui une activité qui l’occupe à temps plein.
b) Niveaux de Soumission
Les différents niveaux de soumission peuvent être diagnostiqués à l’aide
des éléments descriptifs ci-dessous :
– Niveau 0 : état émotionnel considéré ordinairement comme normal,
dans lequel on ne ressent aucune influence de type PG, c’est-à-dire
ni anxiété ou dépression sans objet, ni culpabilité irrationnelle.
– Niveau 1 : à ce stade, le comportement culpabilisé paraît encore de
type « raisonnable ». La personnalité du soumis est obsessionnelle,
anxieuse, perfectionniste et cherche constamment à sécuriser ses
actions, de peur d’être prise en défaut. Ce n’est pas un perfectionnisme
lié à l’amour propre, comme nous pouvons l’observer chez certains
individus soucieux de leur image ou de l’amour de la chose bien faite,
ni lié à l’attente de bénéfices égoïstes d’une action surinvestie du com-
portement Hyper. Le soumis agit par crainte de la faute, plus sans
doute que de la sanction sauf si celle-ci se répercute sur le groupe qu’il
n’a su protéger. À ce niveau d’ailleurs, certains objets d’angoisse et de
culpabilité peuvent être cohérents avec le réel, et en cela constituer
des critères sélectifs de recrutement à des emplois qui exigent minu-
tie, rigueur pointilleuse, besoin permanent de vérification.
– Niveau 2 : à ce niveau, le comportement culpabilisé devient plus
visiblement irrationnel. L’individu soumis a peur de provoquer chez
les autres des dommages ou ennuis tout à fait improbables. Sous sa
forme bénigne, ce niveau correspond à une anxiété chronique,
inconsciente, mal définie, souterraine, surgissant au moindre pré-
texte, car le malaise préexiste au danger imaginaire ou potentiel.
165
La thérapie neurocognitive et comportementale
La marginalité
Le pôle marginal du PG, qui concerne l’axe horizontal représenté en
figure 2.4, régit selon nous l’auto-exclusion progressive d’un individu
par rapport au clan qui, au départ, l’aurait déjà exclu. Une fois de plus,
166
Le Positionnement Grégaire
167
La thérapie neurocognitive et comportementale
b) Niveaux de Marginalité
Nous décrivons ci-dessous les éléments permettant de diagnostiquer les
différents niveaux de PG marginal :
– Niveau 0 : ce niveau correspond à la « normalité » sur cet axe, avec
une sensation de confiance a priori prédominante à l’égard de l’autre
et du clan, mais la méfiance est latente et peut se développer, comme
la confiance d’ailleurs, selon les expériences (cf. Figure 2.4 précé-
dente).
– Niveau 1 : l’individu ressent un malaise informel à rester parmi les
autres. Cette sensation est surmontable, mais elle incite le sujet à se
tenir légèrement à l’écart, à marcher devant ou derrière le groupe, à
se dissocier par des attitudes d’introversion, de retrait. À ce stade, il
a le sentiment de ne pas bien comprendre ce qui rapproche les autres
et ce qu’ils partagent.
– Niveau 2 : à ce stade, la sensation de « coupure » est plus marquée
et irrationnelle qu’au niveau précédent. Les règles de la vie sociale
échappent à l’individu, comme si une vitre le séparait maintenant
des autres, qu’il voit sans les comprendre. Il se tient plus nettement
à distance, évite de sortir pour des raisons futiles, purement relation-
nelles. Cette tendance peut aussi évoquer une personnalité schi-
zoïde, mais l’individu se sent encore, à ce niveau, partiellement
responsable de ce qu’il considère comme un handicap.
– Niveau 3 : le comportement marginal s’intensifie, l’autre n’est plus
perçu. Le sujet est seul, face au vide. L’idée d’une responsabilité per-
sonnelle ne l’effleure plus. Il vit une perte profonde de perception
de l’autre, devenu comme vide. Il n’éprouve plus à son égard ni
confiance, ni méfiance mais une absence. Ce niveau correspond, à
notre avis, à un stade pseudo-mégalomaniaque : par contraste à ce
vide, le sujet se sent riche d’opinions, de sentiments (douloureux,
déçus) et de courage (par opposition aux dominants qui n’attaquent
que les faibles, lorsqu’ils sont en position de force extrême). Mais
cette mégalomanie est dépitée, misanthrope, comme si elle résultait
d’un combat sans combattant. Elle se distingue de la dominance et
de la recherche de victoire chez les individus présentant des person-
nalités compétitrices : les dominants se complaisent en démonstra-
tions de force, tandis que les compétiteurs ont pour objectif un
dépassement de soi ou des autres, le simple challenge.
– Niveau 4 : le sentiment de méfiance a priori commence à être pré-
pondérant. Le marginal commence à penser que le silence des autres
et ces règles qu’il suppose invisibles lui cachent intentionnellement
168
Le Positionnement Grégaire
L’intégration
Sur l’axe horizontal dont nous tenons compte, le pôle « Intégration » cor-
respond à une notion d’inclusion sociale au niveau du PG ou d’un point
de vue Paléolimbique. Les comportements relatifs à l’Intégration consti-
tuent un miroir légèrement dissymétrique du pôle marginal. L’Intégration
procure un intense sentiment de confiance a priori à l’égard des autres et
plus particulièrement des « membres du clan ». Nous retrouvons là aussi
une forme de coercition émotionnelle qui, contrairement à l’empathie,
procure un vécu non ou peu fondé : cela devient patent dans les niveaux
élevés où le vécu de confiance peut s’étendre dans les cas extrêmes jusqu’à
la sensation de « perception immanente » des lois de l’univers.
Nous avons émis l’hypothèse que le levier émotionnel émis ou subi par
le niveau neurocognitif Paléolimbique puisse être la peur. Pourtant, si cela
semble évident pour les trois autres pôles, cela paraît plus difficile à conce-
voir pour le PG Intégré. Il semble pourtant que ce soit le cas pour les rai-
sons suivantes : la description du délire mystique qui a servi de base à ce
modèle comporte une référence à l’harmonie, mais celle-ci se définit en
opposition et en défense constantes vis-à-vis de « forces du mal » suppo-
sées. La tendance à l’Intégration est à distinguer de certains profils de per-
sonnalité également en recherche d’harmonie, mais qui ont pour objectif
de faire partager celle-ci, sans être cependant préoccupés par le fait de
constituer « barrage » au « mal » et « aux forces de la nuit », selon des termes
169
La thérapie neurocognitive et comportementale
b) Niveaux d’Intégration
Nous présentons les éléments définissant les différents niveaux d’Intégra-
tion ci-dessous :
– Niveau 0 : la normalité se situe en équilibre dynamique entre deux
sensations, la première, celle de confiance a priori, prédominant sur
celle de méfiance. L’expérience peut déplacer cet équilibre selon les
partenaires, les situations, etc.
– Niveau 1 : l’individu ressent une aisance informelle, plus appuyée
qu’au niveau précédent. Il affiche également une assurance plus mar-
quée, une liberté de mouvement et d’expression le plus souvent
adaptée à la société actuelle, quelle qu’elle soit. En outre, il a le sen-
timent de comprendre autrui à demi-mot, ce qui lui vaut souvent le
rôle de confident.
170
Le Positionnement Grégaire
11. Rappelons que l’amygdale semble nettement impliquée dans la régulation de l’axe
vertical, ce qui ferait de cette petite structure le centre peut-être prédominant des
fonctionnements que nous avons nommés paléolimbiques. Une récente étude
(Smoller et al., 2013) a par ailleurs mis en évidence une origine génétique commune
à différentes pathologies qui n’étaient jusque-là aucunement apparentées. Ces patho-
logies sont la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression majeure et le trouble
de l’hyperactivité avec déficit de l’attention. Si ces résultats sont à interpréter avec
précaution et n’excluent pas l’implication d’autres gènes que ceux dévoilés dans
chacune de ces pathologies, il n’en demeure pas moins que nous avons pu nous-
mêmes supposer l’implication du PG dans ces différents troubles. Ces résultats posent
donc question et sont convergents avec nos hypothèses.
171
La thérapie neurocognitive et comportementale
Caractéristiques
Dominant Soumis Marginal Intégré
communes
Alibis et actes Flatterie et jeux Perfectionnisme Malaise sans objet Aisance sans
socialement de séduction par crainte à partager objet à partager
acceptables cherchant excessive l’intimité, l’intimité,
Niveau 1
172
Le Positionnement Grégaire
Tableau 2.2
Présentation synthétique des hypothèses de gradation des quatre polarités du PG
3. MODÉLISATION PARTIELLE DU PG
EN PSYCHOTHÉRAPIE
Soumission et RH
Les deux plus grandes entités physiopathologiques que sont les comporte-
ments de type Hypo/Hyper et les troubles de type PG (notamment la soumis-
sion) nous paraissent impliquées dans les comportements d’évitement social :
1. La première entité est intégrée dans un niveau fonctionnel (qualifié
de néolimbique) plus global que la seconde. Elle impliquerait un
comportement automatique d’évitement social (Hypo-fonction),
173
La thérapie neurocognitive et comportementale
174
Le Positionnement Grégaire
Précautions Suivi simple possible excepté lors Suivi médical et/ou psychiatrique
de dépressions réactionnelles recommandé
massives (RH)
Tableau 2.3
Synthèse des comparaisons possibles entre Contenants d’Hyper et de PGS
175
La thérapie neurocognitive et comportementale
Dominance et Marginalité
176
Le Positionnement Grégaire
pouvoir social. Aussi, celui-ci défend son orgueil et ses privilèges, tandis
que l’individu marginal préserve son intégrité de toute intrusion poten-
tielle. En d’autres termes, le premier attaque et le second défend ses terres
et ne devient parfois dangereux que si on va le chercher dans sa « tanière ».
177
La thérapie neurocognitive et comportementale
178
Le Positionnement Grégaire
par le fait que cette tendance directive et fière soit rendue insupportable par
la soumission, tandis que le manque de dignité de la soumission peut appa-
raître comme un affront aux yeux de la personnalité leader.
Les deux Contenants peuvent par ailleurs entrer en synergie lorsque la
personnalité Stratège doute d’elle-même (notamment en cas d’échec ou
de rejet social) ou cherche à s’individualiser (car elle aura été remise en
cause dans ses valeurs, qui sont généralement plutôt conformistes). La sou-
mission aggrave, dans ce cas, ce sentiment de doute dans lequel l’individu
peut avoir l’impression de se noyer. En psychopathologie, ce duo est un
des standards que l’on retrouve dans le modèle TNC derrière les tableaux
de forte « centration externe » ou de dépersonnalisation.
Dans tous les cas, il est possible de faire un travail de prise de recul et de
relativisation autour des intolérances supportée par la personnalité Stratège et
de ses interactions possibles avec la soumission. On peut ensuite, parallèle-
ment, traiter la soumission à l’aide d’exercices comportementaux
(cf. chapitre 2.4.).
Soumission et Hypo-Méta
Ce duo donne lieu à des problématiques très comparables à celles présen-
tées précédemment. La synergie entre ces deux Contenants est aggravée
et potentialisée lorsque s’y ajoute, de surcroît, une personnalité Leader.
179
La thérapie neurocognitive et comportementale
180
Le Positionnement Grégaire
181
La thérapie neurocognitive et comportementale
182
Le Positionnement Grégaire
12. Pour plus de détails sur la notion de Gouvernance, cf. chapitre 3.3. La « Gouvernance
mentale ».
183
La thérapie neurocognitive et comportementale
4. THÉRAPIE NEUROCOMPORTEMENTALE DU PG
184
Le Positionnement Grégaire
Encadré 2.3
Le mécanisme d’inversion du discours interne
185
La thérapie neurocognitive et comportementale
Si nos hypothèses sont exactes, tout individu en crise aiguë de PG, sou-
mis notamment, se trouve dépossédé de sa volonté ordinaire, en un état
que l’on pourrait qualifier de délirant, irrationnel. Les TOC, les attaques
de panique ou même certains troubles de l’assertivité, vont selon nous en
direction de ce rapt de conscience propre au délire. Alors que les crises
instinctives (colère et anxiété passagères) sont essentiellement défensives,
donc réversibles, et permettent plus facilement les remords ou la reprise
en main de l’individu, la régulation du PG est, dans le temps, terriblement
stable. En fait, de façon plus générale, le comportement stéréotype du PG
(quel qu’il soit) constitue sans doute le socle de la personnalité dite « dif-
ficile » voire pathologique. Celle-ci est périodiquement aggravée par des
effets rebonds qui viennent sanctionner les efforts de contrôle ou de nor-
malisation du sujet. De surcroît, chaque PG a l’impérieuse nécessité de
céder périodiquement voire quotidiennement à son rituel (pensée néga-
tive irrationnelle, superstitieuse, « actes manqués », ridiculisation d’autrui,
etc.), de façon à « dépressuriser » le système (cette pression se traduisant
par exemple chez le soumis par une forte anxiété).
Concrètement, les exercices de PG sont d’abord la résultante d’une
vision théorique qu’il est important d’appréhender pour appliquer au mieux
ces exercices. Les cinq jeux de rôles que constituent les exercices de PG
durent environ une minute chacun, et sont basés sur les principes suivants :
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13. La voix de Mme Mim, personnage de sorcière présent dans le dessin animé « Merlin
l’Enchanteur » de Walt Dysney (1963), illustre relativement bien le rôle P3 destiné
à traiter la soumission.
192
Le Positionnement Grégaire
f) Remarques générales
Nous pouvons constater que certains personnages, à savoir P2 et P4, peu-
vent volontiers apparaître grossiers. La vulgarité est une caractéristique
assez symptomatique du PG dominant lorsque celui-ci n’est pas policé par
d’autres Contenants, et peut ainsi renforcer l’impact du jeu. Par ailleurs,
cela peut amener à dédramatiser le rôle au regard du patient, bien qu’il ne
faille toutefois le choquer, s’il n’est pas d’un tempérament à tolérer ce
genre de chose.
193
La thérapie neurocognitive et comportementale
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Le Positionnement Grégaire
195
La thérapie neurocognitive et comportementale
196
Le Positionnement Grégaire
14. Ivan le Terrible ou Ivan IV de Russie a été un tsar ayant régné au xvie siècle, reconnu
pour avoir exterminé ses ennemis et les individus témoignant de leur mécontente-
ment à l’égard des abus qu’il leur faisait subir.
197
La thérapie neurocognitive et comportementale
198
Le Positionnement Grégaire
f) Remarques générales
Nous informons le lecteur que les exercices destinés à traiter le PGM
n’ont été appliqués, jusque-là, que sur des patients présentant des symp-
tômes paranoïaques sub-cliniques. S’ils pouvaient, en théorie, constituer
un bénéfice pour des patients pleinement paranoïaques, il serait sans doute
beaucoup plus difficile de faire en sorte qu’ils les réalisent, étant donné la
méfiance que ces derniers pourraient manifester vis-à-vis des exercices
eux-mêmes et du thérapeute. Selon l’expression, « l’outil à décoller est ici
pris dans la colle ».
199
La thérapie neurocognitive et comportementale
200
Le Positionnement Grégaire
f) Remarques générales
De la même façon que pour le PGM, ces exercices n’ont été testés que sur
des patients sub-cliniques. Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’expé-
rimenter ceux-ci sur des patients présentant des délires mystiques, bien
que cela fût à l’ordre du jour.
Des fiches synthétiques et pratiques du diagnostic et du traitement
du PG sont présentées en annexe 9.
201
Chapitre 3
Stratégie thérapeutique globale
Mise en œuvre
La mise en œuvre de la modélisation thérapeutique en TNC consiste
à identifier les interactions entre Contenants et Contenus telles que :
– Les synergies :
• dans l’objectif de réduire le temps et le(s) coût(s) de la thérapie,
• afin de réduire les risques de démotivation et d’arrêt de la thérapie,
203
La thérapie neurocognitive et comportementale
Le PG
Le PG représente des risques potentiels avant, pendant et après la théra-
pie. Au-delà de l’impact général de ce phénomène, une thérapie réussie
va le plus souvent modifier la situation personnelle et sociale de l’indi-
vidu. Or comme nous l’avons vu précédemment, les échecs ou succès
importants ont souvent un impact notable, voire majeur, sur le PG de
l’individu. Il s’agit là d’un des principaux risques de la TNC, qui est en
quelque sorte la « rançon du succès », mais qui constitue un risque réel,
parfois susceptible de conduire l’individu à la décompensation d’un trouble
psychotique connu (si oui, prudence) ou inconnu (latent).
Les Hypers
La modélisation TNC passe par l’identification de tous les Hypers, et des
RH présentes et passées (car ces dernières orientent le thérapeute de façon
saillante vers le périmètre des Hypers). Une fois les Hypers et RH
204
Stratégie thérapeutique globale
décelés, le thérapeute pourra améliorer l’efficacité des Hypers (si cela est
envisageable et surtout « rentable ») ou identifier les Hypos qui les sous-
tendent pour les traiter.
205
La thérapie neurocognitive et comportementale
Encadré 3.1
2. DÉMOTIVATION ET REFOULEMENT
DES PERSONNALITÉS PRIMAIRES
Une P. Ire, en TNC, peut être définie d’après les caractéristiques sui-
vantes :
1. Elle confère à l’individu une motivation spontanée à expérimenter,
vivre ou réaliser certaines activités
2. Cette motivation est indépendante de la reconnaissance et du résul-
tat obtenus à l’aide de ladite expérimentation ou activité
D’après notre expérience, il semblerait que tout le monde dispose
d’une ou plusieurs P. Ires d’intensité significative à la naissance, mais
l’éducation et l’histoire de vie de chacun peut valoriser et encourager
le développement de ses vocations spontanées ou au contraire les
dévaloriser voire les interdire. Certains individus ou patients semblent
ne plus avoir conscience de ces motivations ou du moins s’être appro-
prié cette dévalorisation de cette partie d’eux- mêmes. Ce serait là
l’origine de la Dépression Molle qui, comme son nom l’indique, n’est
pas une dépression classique, mais une démotivation. Face à des
contraintes ou difficultés, le tableau clinique peut ressembler aux
formes usuelles de dépression, mais en situation de détente, la per-
sonne n’est plus déprimée.
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Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
3. LA « GOUVERNANCE MENTALE »
3.1. Définition
D’un point de vue essentiellement diagnostique, ce chapitre n’introduit
pas de pathologie ou de Contenants pathogènes particuliers. En revanche,
il met en perspective, au travers de la notion de « Gouvernance Mentale »
(GM), la dynamique et les synergies ou oppositions des Contenants et
méta-Contenants. Nous ne souhaitons pas revivifier ici le modèle de
MacLean dans son acception la plus basique1 qui est bien sûr dépassée,
mais mettre en évidence les congruences et discontinuités voire ruptures
que les entités neuro-fonctionnelles considérées (reliées plus ou moins
étroitement à des structures anatomiques et réseaux neuronaux sous-
jacents) établissent entre elles. Ces interactions sont mises en œuvre de
façon conjointe ou concurremment à celles des schémas cognitifs, indi-
viduels ou culturels (dénommés Contenus selon notre modèle) qui se
sont structurés au fil du développement de la personne.
Nous définissons la Gouvernance Mentale comme la prépondérance
que présente un Contenant ou une structure neurofonctionnelle dans
l’orientation du comportement et de l’action de l’individu, ce en interac-
tion avec d’autres territoires. La GM détermine à ce titre l’intention et
l’objectif ultimes, généraux, de l’individu. Les moyens ou les comporte-
ments mis en place pour y parvenir sont soumis aux synergies et conflits
entre structures neurofonctionnelles et comportent ainsi une certaine
variabilité inter-individuelle.
Ainsi, si chaque territoire neuronal ou population de neurones est un
instrument de musique, alors la GM représente la manière dont tous les
instruments de l’orchestre vont jouer ensemble, que ce soit de façon har-
monieuse (en réelle synergie) ou disharmonieuse (c’est-à-dire non sans
conflit(s) interne(s) ou dilemme(s)).
Dans ce cadre, tout semble se dérouler comme s’il n’était pas tant
question d’une activité alternée des territoires, mais d’une activité plus
parallèle, où chaque territoire exerce une influence plus ou moins impor-
tante sur le comportement et les objectifs généraux de l’individu. Dans
212
Stratégie thérapeutique globale
213
La thérapie neurocognitive et comportementale
214
Stratégie thérapeutique globale
4. Ces derniers Contenants sont d’ailleurs sans doute largement contributifs à ce que l’on
définit comme une personnalité évitante en psychiatrie. Les troubles de la personna-
lité évitante sont décrits comme une inhibition sociale rendant difficiles les relations
interpersonnelles (timidité, faible estime de soi, peur du ridicule, etc.) amenant l’in-
dividu à éviter globalement toute interaction sociale.
215
La thérapie neurocognitive et comportementale
5. Pour une revue des fonctions du cortex préfrontal, voir Fuster (2008).
216
Stratégie thérapeutique globale
6. Notons que la mise en évidence de ces dimensions est extraite de l’analyse de la litté-
rature concernant les fonctionnalités qui seraient permises par le CPF (cf. annexe 1).
Si l’adjectif apparaissant dans l’expression « Gouvernance Préfrontale » apparaît
comme quelque peu abusif, du fait que celle-ci n’ait pas été étudiée en tant que telle
en imagerie cérébrale, elle prend néanmoins acte d’une certaine réalité clinique,
observable chez les patients et individus tout venant. Par ailleurs, cette terminologie
facilite particulièrement le discours et la représentation du concept sous-jacent. Cette
remarque reste vraie pour l’ensemble des Métas-Contenants considérés.
217
La thérapie neurocognitive et comportementale
218
Stratégie thérapeutique globale
7. Attention, nous considérons ici ce qui est un changement de routine « aux yeux de
l’individu ». Par exemple, un changement de routine, pour un individu qui voyage de
façon permanente, pourra être le fait d’avoir une activité lui demandant de rester dans
un bureau, par exemple. Ce peut être également, pour quelqu’un qui préfère ne pas
avoir de situation durable (professionnelle, amoureuse, relationnelle), de s’engager
dans une relation à long terme.
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
Impact de la GM Instinctive
La GM Instinctive ne semble (presque) plus exister par défaut chez l’être
humain adulte :
– D’un point de vue des instincts de « vie », rares sont les gens
(adultes) qui ne semblent pas capables de contrôler leurs pulsions
« instinctives ». Ce sont plutôt d’autres Contenants, qui appartien-
nent aux Méta-Contenants Paléolimbiques ou Néolimbiques, qui
semblent entraîner les dérégulations d’instincts (boulimie, anorexie,
etc.), puisque leur traitement (de l’Hyper ou du PG) améliore et
guérit souvent le patient. On mange parfois, par exemple, pour
compenser le manque de plaisir ailleurs ou oublier le stress.
222
Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
4. PÉDAGOGIE TNC
224
Stratégie thérapeutique globale
de la thérapie, à chaque fois que le besoin s’en fera sentir et que l’efficacité
en aura été pressentie. Cette dimension pédagogique apporte une partie
non négligeable de l’efficacité thérapeutique comme ceci a été démontré
en TCC (Cottraux, 2005). On y apprend au patient ce que sont :
1. Les lois de « l’apprentissage conditionné » (par renforcement positif
ou négatif).
2. Les lois du « désapprentissage » des pensées ou comportements dys-
fonctionnels (comme l’inhibition réciproque pour le traitement
comportemental des phobies ou des Hypos).
Les pensées ou comportements dysfonctionnels sont détectés eux-mêmes
à partir des troubles émotionnels que constituent les états anxieux, agressifs
ou dépressifs. On parle alors de la triangulaire émotion/pensée/comporte-
ment, essentielle dans la compréhension des troubles et leur résolution. Ces
états considérés et décrits en psychophysiologie expérimentale (flight, fight,
freeze, cf. Cannon, 1963 ; ou Fuite, Lutte, Inhibition, système FLI, cf.
Laborit, 1986, op. cit.) permettent en TNC, comme nous allons le voir, un
enrichissement important de la prise de conscience de l’individu. Ils condui-
sent à expliquer leur rôle biologique premier et leur apparente inadaptation
dans la vie moderne, source de complexes ou de jugements moraux inadap-
tés. Ceux-ci tendent à détourner l’attention de la résolution des problèmes
étiologiques sous-jacents, notamment lorsque le patient s’accuse (ou accuse
un autre) de symptômes involontaires, connus aujourd’hui pour être auto-
matiques, stéréotypés, peu contrôlables de façon directe et volontaire.
La même démarche explicative sera mise en œuvre si le patient s’iden-
tifie à un comportement plus ou moins problématique comme l’agressivité
du PGD, une dépendance induite par un Hyper, etc. La théorie TNC per-
met ainsi de « déculpabiliser » en attribuant moins la raison de ces com-
portements à la première intention du patient mais plutôt aux substrats
neuropsychologiques ou physiologiques qui les sous-tendent. La TNC s’at-
tache également à ouvrir au patient des perspectives de changement qu’il
n’avait pas pu jusque-là envisager. Il est donc inutile de se culpabiliser
pour des symptômes qui ne cesseront qu’avec le Contenant correspondant,
comme il est peu fructueux de laisser un patient se fatiguer en cherchant
à contrôler certains troubles que l’on sait symptomatiques comme l’Hyper,
la RH ou le stress (FLI).
En découle une prise de conscience, chez le patient, du caractère à la fois :
– stéréotypé et dépourvu de « volonté » des Contenants ;
– réversible de son état, selon des processus thérapeutiques précis et
codifiés.
225
La thérapie neurocognitive et comportementale
226
Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
5. LA STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
228
Stratégie thérapeutique globale
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La thérapie neurocognitive et comportementale
Si les raisons du stress du(de la) patient(e) ne sont pas ou peu conscientes,
le thérapeute doit tenter d’identifier un Contenant précis, par exemple :
– Si le(la) patient(e) manifeste de l’anxiété et de la culpabilité sans
objet précis ou « raisonnable », cela doit lui évoquer du PGS.
– Si le(la) patient(e) manifeste de la méfiance et une certaine forme
de mutisme, cela doit lui évoquer du PGM.
– Il en va de même pour les autres types de PG.
– Si le thérapeute ne reconnaît aucun Contenant/Contenu associé précis
si ce n’est un imbroglio, un stress aigu (symptomatique) et une perte de
contrôle : cela doit lui évoquer une sonnette. Dans ce cas, il doit
reprendre à froid la situation de l’action thérapeutique envisagée et l’ana-
lyser sur une ou plusieurs séances et/ou des séances longues. En effet, une
telle démarche peut prendre quelques heures, et il n’est pas souhaitable,
pour préserver l’état du patient, d’arrêter une séance avant la fin de la
démarche. Il n’est pas pertinent d’interrompre la séance tant que le
patient n’a pas trouvé un apaisement. Ceci signifie bien entendu que l’on
ne reprend pas une nouvelle étape thérapeutique en fin de séance.
Pour ce cas de figure, la démarche sera plus exactement la suivante :
• Le thérapeute doit faire part au patient de la perspective de
reprendre éventuellement l’action thérapeutique, un jour indéfini,
quand le problème sera résolu…
• Une fois la décision prise d’aborder ce travail, il doit ensuite brie-
fer le patient sur la fonction exploratoire des expositions imagi-
naires à la situation qui lui permettront d’identifier les Contenus
et Contenants en cause dans la sonnette.
• Le thérapeute cherche à ce stade à identifier activement, avec le
patient(e), les Contenus et Contenants qui se manifestent dans la
sonnette (confrontation imaginaire).
• Après l’identification a lieu le traitement, l’un après l’autre, des
Contenants en jeu dans la sonnette. Ce traitement passe, comme
usuellement, par une étape pédagogique, une préparation cogni-
tive et une action comportementale.
• Après chaque traitement, le thérapeute reprend la même procé-
dure de mise en situation imaginaire, de façon à s’assurer de sa
démarche.
• Le thérapeute met en œuvre les étapes précédentes jusqu’à ce que
la mise en situation imaginaire ne produise plus de stress, ni à la
fin de chaque étape, ni (en y pensant) entre les séances.
• Le thérapeute envisage alors à nouveau l’action initiale : soit le
stress ne se produit plus et il peut ainsi poursuivre l’action
230
Stratégie thérapeutique globale
231
La thérapie neurocognitive et comportementale
6. CAS CLINIQUES
Les cas cliniques que nous évoquons dans ce chapitre sont des synthèses
de cas réels. Les noms des patients ont bien évidemment été modifiés et
certains éléments de leur vie n’ont pas été dévoilés de façon à préserver
au mieux leur anonymat.
Le lecteur notera de nombreuses références au modèle de personnalité
TNC. Celui-ci est explicité dans l’annexe 2. La description des personna-
lités qui nous intéressent figure dans les tableaux II.1 et II.2 présentés
dans l’annexe 2.
Généralités
Clara a 45 ans au moment où elle débute sa thérapie TNC.
Clara vient consulter en raison d’une souffrance récurrente associée,
entre autres, à l’échec de ses amours et à un bonheur dont elle estime
être privée.
232
Stratégie thérapeutique globale
D’un point de vue de ces antécédents, elle présente une enfance par-
ticulièrement difficile. Elle semble avoir été victime d’attouchements,
notamment par son père. Celui-ci s’est également montré violent verba-
lement, l’injuriant et la rabaissant régulièrement.
À l’âge adulte, Clara connaît quelques amours mais qui aboutissent
facilement à l’échec. Elle présente un surpoids depuis la pré-adolescence,
et se mésestime par rapport à cela.
Comportement apparent
Clara participe à certains stages de thérapie de groupe. Elle intervient
alors régulièrement et longuement durant ceux-ci pour faire part de son
indignation quant aux préoccupations des autres stagiaires. Elle leur fait
remarquer que leurs problèmes n’en sont pas et qu’elle seule présente une
vraie souffrance qui mérite une thérapie. De cette façon, la réaction des
stagiaires à son égard devient moins amicale. Clara s’attire ainsi, de façon
plus générale, les foudres de son entourage.
Il semble que ce type de comportement l’ait souvent amenée à voir ses
relations amoureuses ou amicales s’étioler, ce qui attise sa souffrance.
Cette tendance à la plainte, au fait de minimiser les peines d’autrui pour
ne « valoriser » que les siennes, au fait de prendre beaucoup d’attention,
et ce de façon « bruyante » durant les stages, etc., fait tout d’abord penser
à une RH certes, mais également à de la dominance.
233
La thérapie neurocognitive et comportementale
b) Les Hypos
En séance, le thérapeute peut constater que Clara présente des Hypos sur :
– L’intelligence,
– L’immaturité,
– L’injustice,
– La violence physique, verbale et sexuelle,
– La manipulation,
– La futilité sociale (sophistication, inutilité de certains discours ou de
certains gestes, etc.),
– La féminité,
– Les femmes qu’elle estime peu élégantes, trop fortes et qui portent
des vêtements aguicheurs, sexy,
– Le fait d’assumer ce que l’on est en public, même si cela semble en
décalage avec les valeurs apparentes du groupe, le fait de s’affirmer
sans justification morale.
c) Les sonnettes
Les symptômes très intenses et l’alternance entre une jalousie extrême et
une culpabilisation tout aussi ravageuse conduisent au diagnostic d’une
sonnette entre les différents Contenants que voici :
– L’ensemble des Hypos (et leurs RH associées) exposés ci-dessus,
– Sa personnalité épicurienne (P. AR Ire, cf. tableaux II.1 et II.2)
– Sa personnalité justicière et conquérante (P. LE IIre)
– Son PGS
Le thérapeute observe principalement que les Hypos de Clara sur la
féminité et sur le comportement aguicheur induisent un Hyper sur la vie
sentimentale (la rassurant sur le fait de plaire sans avoir à en passer par la
féminité) et une RH vis-à-vis des hommes, de ses partenaires. Parallèlement
à cela elle se montre tantôt profondément agacée, tantôt admirative des
femmes élégantes et séduisantes (Hypo). Son surpoids, maintenu entre
autres par son PGS, participe également à cette RH, laquelle génère en
contrepartie des effets rebonds de PGS.
Son épicurisme spontané ne peut être assumé du fait de ses Hypos sur
la futilité, ce qui l’empêche ainsi d’avoir accès à des plaisirs simples, ou à
une meilleure estime d’elle-même (qui serait en lien avec l’acceptation de
son côté insouciant et futile). Par ailleurs la personnalité que nous
234
Stratégie thérapeutique globale
Stratégie thérapeutique
Du fait de ses Hypos sur l’intelligence (sans doute générés par les humilia-
tions de son père), Clara présente à l’origine un blocage vis-à-vis de la thé-
rapie, notamment sur ses aspects comportementaux (travail des Hypos) et
sur les exercices de rationalisation qui pourraient lui être proposés (GMM,
cf. Annexe 1). En effet, la thérapie TNC en passe par la compréhension et
l’intégration que peut avoir le patient de l’acte thérapeutique et sa partici-
pation active, ce qui peut être entravé par un Hypo sur les manifestations
de l’intelligence. Le diagnostic de la patiente s’avère donc, durant de nom-
breuses séances, relativement incertain, tandis que la thérapie ne peut
consister qu’à un traitement cognitif passif sans grand succès.
Au terme de cette période peu fructueuse, il est décidé de consacrer
une journée thérapeutique au diagnostic de la patiente. À cette occasion,
les Contenants en jeu dans la sonnette peuvent enfin être clairement mis
en évidence. Suite à un certain nombre de négociations, le travail d’Hypo
peut également commencer.
Le travail d’Hypo concernant les comportements aguicheurs ou le fait
d’être sexy consiste par exemple à porter des vêtements pouvant paraître
quelque peu vulgaires. Le travail d’Hypo sur la futilité demande quant à
lui de faire un geste pouvant paraître étrange et inutile pour l’entourage.
Dans ce dernier cas, le thérapeute demande tout simplement à la patiente
de lever les bras bien en l’air, sans raison aucune. Nous noterons que
comme pour beaucoup de traitements d’Hypos, le simple fait de lever les
bras en l’air fait beaucoup rire la patiente. Ce qui est intéressant est de
savoir que le thérapeute invite Clara à réaliser ce geste chaque fois (par
exemple en stage) qu’elle manifeste une RH et un sentiment d’injustice
vis-à-vis des « fausses souffrances » dont elle est témoin. Instantanément,
au lieu de s’emporter, Clara se met à rire dès lors qu’elle réalise le geste,
puis se trouve apaisée après ce fou rire.
Ses comportements de RH et d’Hypos s’amenuisent au fur et à mesure
des exercices de confrontation d’Hypo. Parallèlement à cela, des exercices
235
La thérapie neurocognitive et comportementale
À retenir
Les points intéressants de ce cas sont tout d’abord le fait que certains com-
portements apparents ont pu dans un premier temps laisser croire à un
PGD (P. LE, RH), tandis que la patiente présentait au contraire un PGS.
Par ailleurs, nous pouvons voir que le caractère quelque peu explosif
du comportement de Clara, alternant avec des phases de culpabilisation
aiguës, doit alerter sur la présence d’une sonnette entre plusieurs
Contenants. La mise en œuvre de la stratégie thérapeutique consistant à
traiter un à un chaque Contenant a permis de valider en retour le dia-
gnostic, car il a pu être observé, au fur et à mesure des exercices, un apai-
sement de certains Contenants (RH et Hypos). Par ailleurs, il est notable
que la soumission de la patiente s’est avant tout avérée pathogène du fait
de son interaction nuisible avec ses RH. Une fois les Hypos et la RH trai-
tés, les crises de soumission se sont atténuées.
Généralités
Isabelle montre des troubles psychologiques depuis l’enfance, qui se sont
tout d’abord traduits par une difficulté à se socialiser, à s’intégrer à l’école
ou dans des groupes de pairs, et par des relations sentimentales quelque
peu chaotiques.
236
Stratégie thérapeutique globale
Comportement apparent
En 2011, Isabelle a repris sa vie en main depuis un an, entre autres grâce
à un coaching personnalisé améliorant son état de santé et lui laissant
entrevoir la possibilité d’une reprise de ses activités notamment
professionnelles.
Isabelle manifeste soudainement des symptômes laissant tout d’abord
penser à un syndrome neurologique ou à une sclérose en plaques (effon-
drements brutaux, perturbation des mouvements volontaires à l’image
d’une ataxie cérébelleuse, céphalées, sensation de viscosité mentale, etc.).
Après vérification auprès de spécialistes, le problème est considéré d’ori-
gine psychologique. Le psychiatre hospitalier consulté diagnostique alors
une dépression mélancolique sévère. Il prescrit à Isabelle de doubler la
dose d’amisulpride (antidépresseur) soit 150 mg/j.
Il en résulte une amélioration nette pendant un an, qu’elle met à pro-
fit pour continuer la reprise en main de sa vie, physique par une activité
physique régulière quoique très laborieuse et difficile, mentale par une
mobilisation autour d’objectifs ambitieux, comme une reprise d’autono-
mie, capacité à rester seule, conduire, toutes « libertés » perdues après sa
première crise patente de mélancolie en 2000, etc.
Puis, à l’automne 2012, alors même qu’elle envisage de reprendre dou-
cement son activité professionnelle, elle commence une rechute sévère
qui atteint le stade d’une grave crise en quelques semaines. Son traitement
est alors augmenté par palier jusqu’au maximum pour un traitement ambu-
latoire (amisulpride à 800 mg et clomipramide à 200 mg). Devant l’échec
patent de ce traitement (chaque amélioration induite par l’augmentation
des doses est « gommée » en quelques jours), devant celui également du
traitement PG (une à deux heures d’exercices par jour parviennent le plus
237
La thérapie neurocognitive et comportementale
238
Stratégie thérapeutique globale
239
La thérapie neurocognitive et comportementale
À retenir
Tout comme pour le cas de Clara, il est intéressant de voir que la soumis-
sion d’Isabelle s’est montrée pathogène du fait d’une interaction avec des
Hypos. Chaque fois que les événements de sa vie l’amenaient à améliorer
sa situation, Isabelle se trouvait confrontée à ses Hypos sur la prise en
main, confrontation qui attisait également sa soumission. Le travail
d’Hypo a ainsi permis une diminution radicale de sa soumission et du trai-
tement médicamenteux, mais également une vie plus active.
Généralités
Tanguy est diagnostiqué comme présentant des troubles bipolaires. Il
manifeste depuis son adolescence des crises régulières alternant entre une
forte anxiété, une dépression, des tendances suicidaires et des comporte-
ments agressifs. Adulte, il fait montre d’une grande instabilité sociale et
professionnelle. Le lithium n’a pas d’effet sur ses troubles.
240
Stratégie thérapeutique globale
Comportement apparent
Lorsque Tanguy s’engage dans une thérapie de type TNC, il a 57 ans. Il
sort tout juste d’une hospitalisation psychiatrique. Cette hospitalisation a
été la conséquence d’une crise importante d’angoisse impliquant un risque
de suicide qui perdure au-delà de son séjour en centre de soins. Aucun
traitement médicamenteux ne lui a été délivré pendant son hospitalisa-
tion, les médecins l’ayant pris en charge étant d’obédience psychanaly-
tique et le lithium n’ayant pas montré d’effet auparavant. Tanguy n’a pas
non plus pris de tel traitement lors de la thérapie TNC.
Lorsque l’on observe Tanguy en groupe, il présente une apparente timi-
dité sociale, se montre très introverti et plutôt attentionné envers les
autres. Ce comportement, associé à son angoisse, à ses envies suicidaires,
au fait qu’il soit attiré par des personnes présentant un tempérament fort
et plutôt dominant, et au fait que le patient n’évoque pas tout de suite ses
antécédents psychiatriques, fait tout d’abord penser à un profil de soumis-
sion. Lorsque le thérapeute évoque les symptômes de soumission et de
dominance, le patient dit se reconnaître dans les symptômes de soumis-
sion et exclut totalement la dominance chez lui. Le psychothérapeute lui
propose alors la réalisation des exercices de traitement du PGS. Au terme
de quinze jours d’exercices quotidiens, Tanguy se montre violent verbale-
ment et ressent des impulsions de violence physique, ayant besoin de cas-
ser des objets pour se calmer. Cette montée inattendue de violence
inquiète Tanguy, qui se confie alors davantage à son thérapeute. Un nou-
veau diagnostic est posé.
Diagnostic
Suite à cet accès d’agressivité, Tanguy parle de ses antécédents à son thé-
rapeute. Il témoigne également du fait qu’adolescent, il pratiquait des acti-
vités plutôt violentes. Au fil de la discussion, le thérapeute met en
évidence une sonnette comprenant les Contenants suivants :
– PG dominant,
– PG marginal,
– Hypo sur l’immoralité et la manipulation,
– Antivaleurs liées à l’injustice et à la malhonnêteté (P. LE IIre),
– Antivaleurs liées à l’insécurité (P. FE IIre),
– Antivaleurs liées à l’agressivité (P. FR IIre),
– Un Hyper Méta sur le fait d’être aimé,
– Un Hypo sur les symptômes manifestes de son anxiété
241
La thérapie neurocognitive et comportementale
Stratégie thérapeutique
Une fois la sonnette de Tanguy identifiée, la thérapie consiste à traiter ses
Contenants un à un, en commençant par les éléments les plus faibles pour
en venir à traiter les plus forts. Aussi, le thérapeute réalise tout d’abord
un travail sur l’acceptation des symptômes d’anxiété, puis sur la prise de
recul vis-à-vis des antivaleurs (GMM). À la suite de cela, un travail cogni-
tif puis comportemental des Hypos de Tanguy est effectué. Le travail por-
tant sur l’Hypo Méta de l’Hyper Méta est particulièrement bénéfique : il
242
Stratégie thérapeutique globale
À retenir
Plusieurs points importants sont à relever dans ce cas atypique. Tout
d’abord, nous avons pu voir ici que la dominance peut être camouflée par
d’autres Contenants de telle façon que l’on puisse croire à de la soumis-
sion. En outre, nous pouvons constater que les exercices de PG ne produi-
sent pas un effet placebo : dans un cas de contre-indication, ils aggravent
l’état du patient, alors même que celui-ci se déclare et se voudrait soumis.
Les cas que nous présentons ci-après confirment cette observation.
À l’issue de ce cas, nous nous sommes posé la question de savoir si les
individus présentant un trouble bipolaire résistant au lithium ne souf-
fraient pas en réalité d’une sonnette impliquant des comportements
extrêmes et relativement opposés. Nous souhaitons élucider cette question
lors de nos prochains travaux. En effet, la prise en charge brève d’un autre
patient diagnostiqué bipolaire et présentant une réelle alternance de com-
portements de soumission et de dominance nous a confortés dans l’idée
que différentes synergies de Contenants peuvent être interprétées comme
de la bipolarité. Cet autre patient avait été diagnostiqué par les mêmes
psychiatres (spécialistes reconnus du sujet) ayant observé cette même
pathologie chez Tanguy.
Pour finir, nous souhaitons attirer l’attention du lecteur sur le fait
qu’un Hypo sur l’agressivité n’empêche pas l’apparition d’un comporte-
ment agressif. Au contraire, la tension qui peut être générée par une
sonnette entre un tel Hypo et de la dominance peut rendre une agressi-
vité latente plus difficile à canaliser pour le patient.
243
La thérapie neurocognitive et comportementale
Simon
a) Généralités
Simon a 33 ans au commencement de la thérapie. Il est encore fortement
déprimé et sujet à panique, et présente des antécédents dépressivo-
suicidaires. Il regrette son échec universitaire et n’a jamais vraiment
exercé de métier, car il se montre très velléitaire dans ce qu’il entreprend.
Il est sous la dépendance de l’alcool et du tabac depuis de nombreuses
années. Il est issu d’un milieu culturel assez raffiné, et de façon générale
se montre plutôt agréable.
b) Diagnostic
Les symptômes cités ci-dessus et la tendance à l’autodestruction ont tout
d’abord suggéré un profil de soumission. Rapidement, Simon est en réa-
lité diagnostiqué comme dominant et marginal, mais lui-même exclut
toute possibilité d’être dominant. Au fur et à mesure que Simon com-
prend ce qu’est la dominance, il finit malheureusement par se sentir indé-
sirable et s’enferme dans un certain mutisme durant les séances de
thérapie. En effet, la dominance s’avère relativement incompatible avec
les valeurs qu’il présente (favorisant l’échange et le contact, P. IR Ire) et
ses Hypos sur la violence. Il lui est ainsi difficile d’assumer les caractéris-
tiques propres à la dominance, voire même celles de la marginalité, la
marginalité elle-même rendant difficile l’acceptation de la dominance.
Son thérapeute constate par ailleurs un Hypo Méta sur la prise de déci-
sion, le courage et la capacité à affronter, entravant sans doute également
les capacités d’acceptation de son profil et d’engagement vis-à-vis de la
thérapie. Simon est ainsi particulièrement lent à demander de l’aide et se
montre peu actif. D’un point de vue professionnel et relationnel, le thé-
rapeute observe que Simon présente les Hypers Méta de son Hypo Méta,
à savoir qu’il souhaiterait que soit reconnu et « porté à la gloire » le peu
qu’il fait, alors même qu’il ne tient pas ses engagements. Simon éprouve
alors un sentiment paradoxal de rancune vis-à-vis de ses partenaires pro-
fessionnels et familiaux, tandis qu’il se déçoit lui-même en constatant son
inactivité et le manquement à ses engagements.
Dans ce cas, le thérapeute n’a pu trouver de levier suffisant pour
aider Simon à accepter sa dominance et à le sortir de son mutisme.
244
Stratégie thérapeutique globale
Nathalie
a) Diagnostic
Nathalie a 37 ans au commencement de la thérapie. Son thérapeute met
en évidence, entre autres, un PG dominant, un PG marginal et des
Hypos sur l’inauthenticité, la manipulation, le fait d’occuper l’espace
pour ne rien dire et l’égocentrisme.
b) Stratégie thérapeutique
Au contraire de Simon et Tanguy, la dominance de Nathalie est assez
visible : en groupe, elle passe difficilement inaperçue (voix dont on sent
la puissance, tendance intrusive et imposante, elle laisse aisément à ses
interlocuteurs le sentiment qu’on peut difficilement lui refuser
quelque chose).
Malgré tout, le thérapeute de Nathalie se rend compte qu’en raison de
sa marginalité et de ses Hypos sur la manipulation, l’inauthenticité, l’égo-
centrisme et l’occupation inutile de l’espace social, la patiente n’est pas
prête à accepter le diagnostic de dominance. Plus encore, elle clame le
fait d’être soumise et considère que la dominance lui est étrangère. Son
thérapeute prend alors le parti délicat de « prouver » à la patiente sa
dominance. Pour ce faire, il s’assure de la mise en place de séances lon-
gues et rapprochées pour pouvoir établir une surveillance précautionneuse
de la patiente. Une fois ce créneau défini, il propose à Nathalie de faire
des exercices destinés à traiter non pas la dominance, mais la soumission.
Au terme de dix jours d’exercices, le thérapeute et la patiente constatent
une nette aggravation des comportements intrusifs de Nathalie, avec par
exemple des accès de séduction « musclée » de type « je veux ce partenaire
donc je le prends ». L’élément le plus convaincant pour Nathalie a été le
moment où, blême, elle se met à violenter une simple poignée de porte
sans raison, et déclare « je sens que je vais tout casser ». Cet accès inhabi-
tuel et incontrôlé de violence physique a permis une démonstration à la
patiente et une vérification du diagnostic. Suite à cela, Nathalie a pu
effectuer des exercices destinés à traiter sa dominance et s’en est trou-
vée apaisée.
Nous souhaitons évoquer un autre événement intéressant de la théra-
pie de Nathalie. Cet épisode montre que l’on doit être prudent lorsque
des symptômes de stress ou de tension apparaissent lors d’un exercice où
l’on devrait non pas constater une augmentation du stress, mais au
contraire un apaisement. Nathalie travaillait depuis un certain temps ses
245
La thérapie neurocognitive et comportementale
À retenir
Les cas de Simon et Nathalie sont un exemple de la difficulté à faire
admettre à un individu sa dominance. L’annonce de ce diagnostic présente
le risque de perdre le patient ou sa confiance. Il est très utile de rappeler
au patient que l’on n’est pas responsable de ses Contenants, qu’un indi-
vidu n’est sûrement pas « que » dominance, que bien d’autres facettes
constituent sa personnalité et son intelligence, et que traiter sa dominance
et l’acceptation de celle-ci le rendra plus à même de gérer cette domi-
nance. Bien que paraissant plus acceptable socialement, la soumission est
parfois également délicate à faire entendre aux patients, lorsque ceux-ci
présentent par exemple de fortes antivaleurs sur la faiblesse ou la naïveté.
Le diagnostic doit être là aussi annoncé avec précaution.
La stratégie thérapeutique envisagée pour le cas de Nathalie est un
exemple pour lequel nous ne saurions trop prévenir le thérapeute qu’il
doit être absolument expérimenté, disposer d’un suivi rapproché du
patient, et d’un lien thérapeutique fort pour pouvoir se permettre d’appli-
quer des exercices contre-indiqués dans le but de démontrer et faire
246
Stratégie thérapeutique globale
Généralités
Arthur présente une tendance anxio-dépressive depuis l’enfance. Sa mère
était dominante et son père, apparemment charmant, mourut en 1945 en
se suicidant en prison, du fait de ne plus pouvoir supporter les exactions
qui lui étaient infligées. Arthur lui-même n’a pas été épargné par la
Seconde Guerre mondiale, puisqu’il a été déporté et a dû s’évader des
camps. Après son évasion, Arthur a fait de brillantes études.
De façon générale, Arthur est fort apprécié de son entourage et des
gens qui le rencontrent, bien qu’il puisse se montrer parfois quelque peu
« capricieux ».
Arthur a 75 ans au moment que nous relatons ci-dessous.
Diagnostic
Arthur présente assurément un PG soumis. Ses quelques caprices sem-
blent relever d’une certaine rigidité, d’un côté quelque peu « diva » (P.
LR IIre) et d’Hypers. À la retraite, Arthur tombe dans une profonde
dépression. L’essentiel de sa thérapie porte sur le PG et la GMM car le
reste ne l’intéresse pas. Bien que la thérapie ait un effet bénéfique,
Arthur manifeste régulièrement des accès de panique car son améliora-
tion l’amène à se rebeller quelque peu contre son entourage, qui tend à
se montrer dominant avec lui et lui reproche de ne plus être le soumis
qu’il était.
Sa tendance anxio-dépressive finit cependant par disparaître, bien qu’il
se plaigne toujours de son entourage.
Arthur et sa femme passent un séjour dans une maison de vacances iso-
lée de tout. Cet isolement associé aux pressions qu’exerce son épouse sur
lui finit par déclencher une crise de panique majeure. Au téléphone, le
patient peine à terminer une phrase lorsqu’il appelle son thérapeute.
Quelques jours plus tard, en séance thérapeutique, il semble que son état
247
La thérapie neurocognitive et comportementale
Stratégie thérapeutique
Dans l’impossibilité de le traiter d’une autre façon, le thérapeute tente
d’écrire un exercice de PG à cinq personnages très rudimentaires, compre-
nant une phrase simple par personnage. Le patient doit être guidé dans la
lecture de ce texte, car il oublie à chaque fin de phrase ce qu’il est en train
de dire et ne poursuit la lecture que si on lui rappelle de le faire. Le thé-
rapeute stimule Arthur de cette façon pendant cinq heures, répétant de
façon machinale l’exercice. Au fil de cette séance, la mémoire semble
revenir au patient. En fin de journée, il paraît normal et peut maintenir
une discussion. Arthur rentre chez lui. Le lendemain il rechute, mais
retrouve ses facultés au bout de deux heures d’exercices de PG, et parvient
à suivre la consigne de faire des exercices chez lui.
Dans les mois qui suivent, Arthur reprend une cadence plus raison-
nable de quelques exercices de PG par jour. Son état est revenu à la nor-
male. Il réussit à dire à son épouse qu’il ne souhaite plus aller dans leur
maison de vacances. Une année pourtant, il finit par céder et y retourne.
À nouveau, il rechute. Le même protocole est alors mis en place.
Cependant, cette fois-ci, cinq à dix heures d’exercices de PG par jour
s’avèrent nécessaires pendant plusieurs semaines pour stabiliser son état.
Au fur et à mesure des séances, il parvient à recouvrer un discours struc-
turé et se souvient de ce qui a été fait durant la séance précédente. Au
terme de trois ou quatre mois, il parvient à retrouver 70 % de sa mémoire,
reprend ses loisirs et ses activités. Il est à noter que ces crises d’angoisse et
d’amnésie ont amené Arthur à être diagnostiqué comme présentant un
trouble de type Alzheimer, et semblait intraitable. Sept ans plus tard,
Arthur a arrêté la thérapie, présente encore des difficultés par rapport à
son épouse, mais semble stabilisé. Il continue ses exercices de PG.
À retenir
Le cas d’Arthur illustre la notion de gouvernance des territoires en met-
tant en évidence une alternance entre un rapt de conscience, une perte
de nombreuses facultés cognitives et la récupération de ces mêmes capa-
cités après exercices thérapeutiques.
248
Stratégie thérapeutique globale
Généralités
Édouard a 30 ans lorsqu’il consulte en TNC. Ses parents sont catholiques
très pratiquants, plutôt intellectuels et ont une forte tendance moraliste
relative aux notions de bien et de mal. Édouard est schizophrène, vit chez
ses parents et n’a pas d’emploi. Il a été hospitalisé mais est adressé pour une
thérapie de type TNC en désespoir de cause, les psychiatres ne sachant que
faire. Édouard fait régulièrement des tentatives de suicide, se montre violent
vis-à-vis des objets. Il prend un traitement neuroleptique à dose maximale.
Ses troubles se manifestent également par le fait de se croire « habité par
le diable » et de penser que « le diable est dans sa botte ». Il exprime beau-
coup d’émotion en chaque chose. Ses sentiments à l’égard de ses parents
sont ambivalents, ils sont un mélange d’admiration, de haine et d’amour.
Diagnostic
La première séance d’Édouard avec son thérapeute TNC dure quatre à
cinq heures, dans le but d’établir un diagnostic le plus abouti possible.
Les Contenants qui sont alors mis en évidence sont les suivants :
– Personnalité désireuse de comprendre des concepts complexes
(P. AE Ire)
– Personnalité portée sur les aspects sécuritaires, sur le détail (P. FE Ire)
– Personnalité créative refoulée (P. FR Ire)
– Antivaleurs portant sur l’insécurité (P. FE IIre)
– Antivaleurs portant sur le manque d’intelligence, sur l’inefficacité,
l’injustice, l’insouciance (P. LE IIre)
– PG marginal
– PG soumis en alternance possible avec du PG dominant
– Hypo sur l’immoralité
– Hypo Méta sur la futilité, l’affirmation de soi, l’amour de soi, sur
l’instabilité (notamment en lien avec la P. FR Ire), les métiers consi-
dérés comme manquant de sérieux à ses yeux, le côté « diva » pou-
vant être associé au caractère des artistes.
249
La thérapie neurocognitive et comportementale
Stratégie thérapeutique
Durant la première séance avec Édouard, le thérapeute aborde la pédago-
gie portant sur le PG soumis. Comme celle-ci semble faire écho chez le
patient, le thérapeute invite Édouard à faire un exercice pour traiter sa sou-
mission, profitant de l’intérêt momentané du patient pour le concept. À
l’évocation de l’exercice, Édouard montre une légère panique alors qu’il
s’était montré soulagé à l’évocation du diagnostic. Fort des enseignements
qu’il a pu recevoir en TCC, le thérapeute décide de passer outre cet indi-
cateur, puisqu’il est considéré en TCC qu’il n’est jamais dangereux d’affron-
ter une panique. Aussi, le thérapeute constate effectivement que l’exercice
destiné à traiter la soumission du patient soulage celui-ci. Cependant, au
sortir de la séance, le patient, qui habite en province, se perd dans Paris et
passe la nuit dehors. Cet incident provoque un effet rebond de margina-
lité, induisant un accès de méfiance vis-à-vis du thérapeute.
Le patient finit par donner de ses nouvelles par courriel et revient en
séance quinze jours plus tard, mais cette fois-ci accompagné. Le théra-
peute se contente alors de faire une thérapie essentiellement cognitive,
portée notamment sur la pédagogie (explication, description, déculpabi-
lisation), l’acceptation et la prise de recul à avoir vis-à-vis de ses
Contenants. Il travaille plus particulièrement au fait d’expliquer
à Édouard ce que peuvent être les niveaux de gouvernance, en l’invitant
à toujours se poser la question de savoir « qui lui parle » (son PG, ses
antivaleurs, son intelligence et sa rationalité ?). Le thérapeute a égale-
ment tenté de dé-refouler quelque peu la personnalité créative d’Édouard
(P. FR Ire), en faisant un travail là aussi de pédagogie (explication de
cette personnalité), de déculpabilisation, d’acceptation et de revalorisa-
tion de cette personnalité.
Le suivi d’Édouard en TNC a fait l’objet de cinq séances de quatre
heures, à raison d’une séance par mois environ. Au terme de ces séances,
l’amélioration d’Édouard fut spectaculaire : sa dépression a disparu, il n’a
plus montré d’accès de violence, il a pu fortement réduire le dosage de ses
médicaments et s’est installé à son compte professionnel dans l’année qui
a suivi la thérapie. À ce jour, environ quatre ans après cette thérapie,
Édouard s’est marié, il vit toujours de sa profession, il paie lui-même l’ap-
partement qu’il partage avec son épouse, il est inscrit à des réseaux sociaux,
côtoie des amis et compose de la musique. Il n’a plus fait de tentative de
suicide. Édouard envoie régulièrement des courriels à son thérapeute en
lui faisant part de sa progression, et indiquant par moments « qu’il a tou-
jours le diable dans le pied mais qu’il sait que ce n’est pas le diable ».
250
Stratégie thérapeutique globale
À retenir
Le cas d’Édouard est intéressant pour plusieurs raisons : tout d’abord, les
délires qu’il présente semblent de l’ordre du PG. Bien que cela n’ait pu
être prouvé, le fait que la pédagogie du PG l’ait soulagé est selon nous
signe de cohérence d’un point de vue diagnostic (cf. Modèle des modes
mentaux, Annexe 1). Cette pédagogie montre d’ailleurs toute son
importance et son utilité dans le cas d’Édouard, puisqu’elle a constitué
l’essentiel de sa thérapie. En effet, il n’était pas envisageable que les
exercices de PG, trop confrontants pour le patient, ne soient supervisés
et suivis que de loin en loin (une fois par mois), en raison de la distance
géographique.
Généralités
Noémie, au moment de sa première consultation en TNC, a 30 ans. Elle
est mariée et n’a pas d’enfants.
Lors de son enfance, elle a été confrontée à une mère soumise et à un
père qu’elle percevait comme glacial. La mère de la patiente admirait
la sœur (dominante) de Noémie, tandis qu’elle n’assumait pas Noémie
et la dépréciait de façon ouverte. Un événement traumatisant pour la
patiente a été une fois où elle a montré sa colère, aux alentours de
15 ans, à sa mère et à sa sœur. Colère qui a été très mal perçue par sa
famille et dont Noémie a mal vécu les retombées. Depuis cet événement,
la patiente présente des troubles de la cénesthésie, qui ne semblent pas
avoir de support neurologique spécifique mais qui se traduisent par une
sensation d’avoir le cerveau en carton-pâte et qui se rétracte, sans par-
venir à penser à autre chose qu’à cette sensation. Ce trouble persiste
depuis lors, fluctue et se manifeste notamment lorsque quelque chose
la perturbe.
Noémie présente depuis l’enfance des problèmes d’intégration sociale.
Elle semble avoir été souffre-douleur à l’école mais elle a malgré tout
accédé à des études lui permettant de trouver un emploi, cependant rela-
tivement peu valorisé. Au travail, ses relations professionnelles sont diffi-
ciles, elle souffre d’un rejet social profond.
Son mari se présente comme quelqu’un d’assez introverti, qui se plaint
souvent et lui adresse régulièrement des reproches.
251
La thérapie neurocognitive et comportementale
Diagnostic
D’après son thérapeute, Noémie présente les Contenants suivants :
– Personnalité affective refoulée (P. IR Ire et IIre)
– Personnalité portée sur la compréhension de concepts complexes (P.
AE Ire et IIre)
– Personnalité portée sur la sécurité et le détail (P. FE Ire et IIre)
– PG soumis très important
– PG marginal léger
– Hypo Méta sur le fait d’exprimer son opinion et ses sentiments
– Hypo sur tout ce qui touche à l’expression corporelle
Stratégie thérapeutique
Une fois le diagnostic posé, le thérapeute de Noémie se trouve très rapide-
ment confronté à son blocage corporel, qui entrave les différents exercices
comportementaux possibles (PG, Hypos, etc.). Plus clairement, le théra-
peute parvient à faire faire à la patiente des exercices traitant la soumission,
mais ceux-ci sont sans effet. À ce stade de la thérapie, le thérapeute se
demande alors si le manque d’effet des exercices est dû au fait que Noémie
n’a pas de soumission ou au fait qu’elle habite si peu les rôles qu’on lui
demande de jouer, tel un automate. En raison des difficultés de compréhen-
sion majeures de la patiente, le travail cognitif est par ailleurs très limité.
Le maigre travail comportemental réalisé sur les Hypos parvient cepen-
dant à améliorer quelque peu la patiente qui décide alors, à l’insu de son
psychiatre et de son psychothérapeute, d’arrêter son traitement neurolep-
tique dont on rappelle qu’il était à forte dose. Cet arrêt aboutit, comme
on peut l’imaginer, à une crise l’amenant à être hospitalisée. Elle sort
ensuite de l’hôpital à nouveau sous traitement, et reprend sa thérapie.
À cette époque, Noémie développe une phobie/(ou un Hypo massif ?)
sur le fait d’uriner en public. Ce trouble se manifeste suite à une légère
252
Stratégie thérapeutique globale
fuite urinaire apparaissant alors qu’elle n’est pas allée aux toilettes depuis
un très long moment. Noémie considère cet incident comme totalement
inassumable et témoignant de son côté asocial. À un certain stade, Noémie
limite ses déplacements et ses sorties car elle souhaite ne jamais être éloi-
gnée de toilettes. Le travail corporel n’étant pas possible et le travail cogni-
tif étant très limité, aucune progression n’est constatée pendant un an.
Ce manque de progression décide le thérapeute de prendre le parti délicat
de faire affronter à la patiente sa phobie d’uriner en public. Malgré la consigne
considérée usuellement en TCC, et invitant les thérapeutes à ne rien impo-
ser « d’anormal » socialement parlant, le thérapeute tente de convaincre la
patiente, pendant plusieurs séances, d’uriner en public. La patiente finit par
accepter. Le thérapeute entame donc un traitement classique de désensibili-
sation progressive de la phobie. La progression est la suivante :
– 1ère séance : Noémie vient en séance individuelle, elle va aux toi-
lettes durant la séance, urine dans ses sous-vêtements, et se change.
– 2e séance : Noémie vient en séance individuelle, va aux toilettes,
urine à travers ses sous-vêtements et son survêtement, et se change.
– 3e séance : Noémie vient en séance individuelle, et a pour consigne
d’uriner au-dessus d’un seau, dans ses vêtements, devant son thérapeute.
– 3e séance : Noémie, en séance de groupe (groupe de confiance),
annonce au groupe ce qu’elle va faire et pourquoi elle doit le faire
(vaincre sa phobie) : elle urine donc devant tout le monde au tra-
vers de ses vêtements.
– 4e séance : Noémie, en séance de groupe, urine au travers de ses
vêtements sans prévenir les membres du groupe du pourquoi de la
démarche, en assumant son geste sans le justifier.
À l’issue de chaque étape, le thérapeute vérifie bien sûr que l’angoisse
de la patiente tombe et qu’elle est apaisée (sans quoi il ne poursuit pas la
démarche). Cette thérapie quelque peu osée permet alors de dégeler com-
plètement le comportement de Noémie, qui se trouve plus à l’aise corpo-
rellement et semble avoir acquis de la confiance en elle : ce travail l’a
menée à gagner de la détermination (grâce à un travail sur l’individuali-
sation, cf. Annexe 1). Elle n’a plus peur d’uriner en public.
Suite à cette étape majeure, tout le travail comportemental peut
réellement commencer : Noémie réalise des exercices pour traiter son
PGS qui semble cette fois-ci avoir un effet, de même que son travail
comportemental sur ses Hypos. Tout se passe comme si un trou avait
été percé dans la carapace que constituait sa schizophrénie. Son manque
d’expression émotionnelle n’apparaît plus, ses affrontements sont
253
La thérapie neurocognitive et comportementale
À retenir
Tout d’abord, le cas de Noémie montre le bénéfice du traitement d’un
Hypo massif et du PG sur sa schizophrénie. À ce titre, il serait intéressant
de voir dans quelle mesure un tel bénéfice peut se renouveler chez des
patients présentant des troubles apparentés.
254
Stratégie thérapeutique globale
Olivia
a) Généralités
Olivia a environ 60 ans. Elle présente des TOC de lavage depuis sa gros-
sesse. Ses TOC durent une dizaine d’heures par jour à toute une journée
selon les périodes. Au moment de commencer le protocole thérapeu-
tique, Olivia a tenté plusieurs types de thérapies, a été hospitalisée plu-
sieurs fois, a fait quelques tentatives de suicide et présenté des phases de
dépression. Elle n’a jamais montré de diminution particulière de ses
TOC, si ce n’est pendant ses phases de dépression sévère, notamment
après son divorce. Elle prend un traitement médicamenteux pour ses
TOC et par moments pour ses phases de dépression. Les spécialistes la
considèrent incurable.
255
La thérapie neurocognitive et comportementale
256
Stratégie thérapeutique globale
257
La thérapie neurocognitive et comportementale
Albert
Albert a environ 35 ans au commencement de la thérapie TNC. Il suit
une thérapie cognitive depuis 5 ans. Il présente des TOC de vérification
depuis qu’il a dépassé un camion en voiture, et pensé après cela que cette
manœuvre avait été dangereuse. Cet incident a eu lieu sept ans avant qu’il
commence sa thérapie TNC.
Les TOC d’Albert se traduisent par le fait qu’il achète un certain
nombre de journaux pour vérifier dans les faits divers s’il n’a pas généré
d’accident en parcourant la ville. De plus, il reste un long moment sur un
trottoir avant de traverser une rue par crainte de provoquer un accident
en traversant. Une fois qu’il est parvenu à traverser (généralement une
heure après avoir attendu de traverser), Albert reste environ une heure
de plus sur le trottoir d’en face, de façon à vérifier qu’il n’a pas généré
d’accident en traversant. Les obsessions liées au fait d’avoir pu porter
atteinte à autrui durent souvent une grande partie de la journée. En
258
Stratégie thérapeutique globale
raison de ses TOC, Albert limite énormément ses déplacements (ne sort
pas déjeuner avec ses collègues ou s’interdit certains loisirs, par exemple),
alors qu’il est d’un naturel plutôt disposé à profiter de sorties entre amis
ou collègues.
259
La thérapie neurocognitive et comportementale
effet, Albert a pu, petit à petit, traverser les rues sans attendre une heure,
puis quitter le deuxième trottoir sans attendre et sans se retourner pour
vérifier s’il n’avait pas créé d’accident. Ses obsessions ne durent plus toute
la journée, il peut à nouveau sortir déjeuner avec ses collègues, etc. Il n’a
pas vécu cela depuis plusieurs années. Le thérapeute constate cependant
un léger effet rebond suite à l’acquisition de ces nouvelles libertés, sans
doute parce qu’Albert aura trop vite profité de celles-ci. Par ailleurs, il se
trouve que dès qu’Albert arrête les exercices pendant les phases sans trai-
tement, les angoisses d’Albert réapparaissent et se montrent telles qu’il
demande à ce que la phase sans traitement soit écourtée.
Trois ans après ce protocole, Albert n’a pas continué ses exercices,
mais dit cependant n’avoir que peu ou pas de TOC.
À retenir
Les cas d’Albert, Olivia et Elsa (cf. Annexe 3), constituent un réel espoir
quant à l’apport possible des exercices de PG à des patients souffrant de
TOC, qu’ils soient considérés comme curables ou non. Nous prévoyons
d’étudier cet effet sur une plus large population de patients.
Le cas d’Olivia va dans le sens de l’étude de Miller et al. (2013, op.
cit.), et témoigne du fait que la période post-partum est une période à
risque pour les femmes susceptibles de développer un TOC. Nous pensons
que cela est dû à l’événement majeur que constitue l’arrivée d’un enfant
dans une famille, lequel génère sans doute un effet rebond massif chez cer-
taines patientes.
Par ailleurs, il est parfois indiqué que certains patients présentant des
TOC peuvent se montrer relativement tyranniques envers les autres, lais-
sant davantage penser à de la dominance. Nous faisons l’hypothèse que ces
individus se montrent farouches du fait d’avoir peur qu’on les empêche d’ef-
fectuer leurs rituels et ainsi de sentir monter l’angoisse et la culpabilité. Il
se peut également que certains symptômes puissent apparaître comme des
TOC, mais qu’ils ne soient pas totalement assimilables à ceux-ci. En effet,
rappelons que l’individu présentant des TOC cède à ses rituels pour pou-
voir soulager ses angoisses. D’autres individus peuvent présenter des rituels,
mais nous ne les rangeons pas dans la même catégorie (maniaquerie, plai-
sir du détail, Hyper ? P. FE IIre ?), car ces rituels ne sont pas effectués pour
soulager la culpabilité de l’individu. Nous pensons donc que ceux-ci doi-
vent être traités et envisagés différemment des TOC liés à la soumission.
Nous attirons également l’attention du lecteur sur le fait qu’il est tou-
jours prudent d’indiquer à un patient soumis qu’il risque de « se sentir
260
Stratégie thérapeutique globale
pousser des ailes » et oser des choses – a priori normales pour un qui-
dam – qu’il ne se permettait pas ordinairement, après avoir effectué ses
exercices. Dans ce cas, il vaut mieux inviter le patient à se limiter quelque
peu dans l’appropriation de ces nouvelles libertés, car cela peut générer un
effet rebond que le patient peut regretter par la suite, comme cela a pu
être le cas pour Albert.
Par ailleurs, les cas d’Albert, Olivia et Arthur montrent à quel point il
est nécessaire de faire en sorte que le traitement soit assuré pendant une
période suffisamment longue (généralement au moins six mois sans événe-
ment majeur provoquant un effet rebond). En effet, un arrêt prématuré des
exercices provoque généralement un effet rebond très important et tout à fait
critique, même si cet effet rebond peut tarder à se manifester (cf. Arthur).
Généralités
Yves a 40 ans au moment de sa thérapie, il est médecin.
Diagnostic
L’essentiel problème de ce patient est un Hypo fréquemment rencontré,
qui est celui de demander le paiement de la consultation à ses propres
patients. Cet Hypo porte précisément sur le fait de ne pas assumer la
demande de rémunération directe que mérite son travail, ce qui est typique
d’un certain nombre d’individus en profession libérale. Cet Hypo n’appa-
raîtrait donc pas dans le cas d’un employé (commercial ou autre) cher-
chant à saisir des contrats et gagner de l’argent pour son entreprise, et qui
recevrait par ailleurs son salaire sans avoir (a priori) à le demander.
L’Hypo se manifeste ainsi : alors que certains de ses patients gardent
l’argent dans leur main mais ne le lui tendent pas, que d’autres disent
seulement « je vais y aller » alors qu’ils n’ont pas réglé la consultation,
ou encore qu’ils attendent simplement qu’Yves leur indique le montant
du paiement, ce dernier s’évertue à prolonger la consultation lorsqu’il
n’a pas tout simplement un blanc mental et reste sans voix. Son raison-
nement consiste à se dire que peut-être ces patients estiment « qu’ils n’en
ont pas eu assez pour leur argent », ce qui le conduit à parler davantage
avec eux. Ces patients comprennent alors manifestement qu’ils peuvent
aisément en exiger plus au même prix. Ce faisant, Yves se dit épuisé par
ce type de patient, sans trop avoir conscience de ce blocage chez lui.
261
La thérapie neurocognitive et comportementale
Généralités
Sophie a 33 ans, est célibataire et a un enfant de 8 ans.
Sophie ne se plaint pas spécifiquement de sa vie et s’avère plutôt joviale.
Sa fille ne semble pas être une enfant particulièrement difficile ou tyran-
nique, mais Sophie fait régulièrement des crises dont le principal sujet est
la culpabilité et la crainte de ne pas être une bonne mère. Bien que beau-
coup de mères puissent être empruntes de doutes quant à la qualité de
l’éducation qu’elles donnent à leur enfant, Sophie s’avère particulièrement
anxieuse et manifeste des crises assez intenses. Elle pleure régulièrement
sans qu’aucun événement particulier ne puisse l’amener à penser qu’elle ait
mal fait. Ces crises se manifestent d’autant plus que Sophie s’épanouit dans
sa vie professionnelle et qu’elle s’intéresse de nouveau à sa vie sentimen-
tale, sans pour autant délaisser concrètement sa fille.
262
Stratégie thérapeutique globale
7. NOSOLOGIE TNC
Réflexions méthodologiques
Nous avons vu plus haut que la TNC s’inscrit dans le mouvement des
TCC, et plus particulièrement dans celui de la troisième vague, davantage
centrée sur le changement d’attitude que sur la résolution de problème.
Les raisons de l’inclusion possible de la TNC dans le courant des TCC
sont les suivantes :
1. L’affrontement d’Hypo est, d’un point de vue technique, directe-
ment dérivé de l’affrontement des phobies simples (donc issu de la
première vague des TCC).
2. La GMM (cf. Annexe 1) est, à l’image de la deuxième vague cogni-
tiviste des TCC de Beck, une technique de rationalisation des
(modes de) pensées.
263
La thérapie neurocognitive et comportementale
264
Stratégie thérapeutique globale
consulte dans un premier temps pour anxiété majeure dans son (jeune)
exercice professionnel.
Éléments biographiques de Quentin
Après des études brillantes dans les disciplines scientifiques, Quentin est
amené à diriger une petite équipe de techniciens supérieurs dans l’indus-
trie. Tout se passe bien mais cette position de manager le met de plus en
plus sous pression. En effet, il n’a jamais encore assumé de révéler son pro-
blème de dysorthographie majeure en dehors de contextes intimes,
incluant quelques enseignants au cours de ses études et ses proches. Cette
révélation s’est toujours faite, jusqu’à ce jour, dans un contexte de honte
profonde, puisque pour lui, ne pas savoir écrire le présentait comme inculte
et paria social.
Il a, bien entendu, tout essayé durant son enfance et même au-delà :
consultations chez de nombreux orthophonistes, comportementalistes et
psychologues divers.
Lorsque nous le recevons, il est totalement découragé quant à la
possibilité de résoudre son problème et confie avoir opté pour une solu-
tion très lourde : tous les soirs et week-ends, il prépare avec l’aide de
sa compagne tout ce qu’il peut avoir à rédiger au cours de la prochaine
journée de travail. Ces tâches concernent donc des feuilles de paper-
board préremplies pour animer ses réunions d’équipe, des notes et cour-
riers divers, et bien sûr la confection de dossiers. Sa compagne adopte
la fonction de secrétaire et tous deux passent leurs soirées et nuits à
cela.
Il vient nous consulter de la part d’un de ses proches, mais sans y croire.
Principaux diagnostics réalisés sur le cas de Quentin
En l’écoutant, nous diagnostiquons rapidement trois types de problèmes :
1. Un Hypo sur le fait de ne pas savoir écrire, accompagné d’un Hyper
basique sur son amie qui écrivait pour lui,
et d’un Hyper-Méta sur le fait que cela ne se voit pas.
2. Une P. IIre en LR, soit une orientation très conventionnelle et une
difficulté à assumer le fait d’être différent, éventuellement margina-
lisé par un handicap cérébral, ce qui est le plus difficile à assumer
par une personnalité qui se construit d’abord sur le contrôle de soi
et de son image, qui doit être aussi aboutie que possible.
3. Une érythrophobie, i.e. une attaque de panique sur la gêne et le rou-
gissement que son Hypo lui procure en situation d’affrontement
265
La thérapie neurocognitive et comportementale
11. L’aire de Wernicke est une zone cérébrale située au niveau du lobe temporal gauche.
Elle serait impliquée dans le traitement du langage oral et écrit. Pour une revue des
troubles du langage, voir le rapport Inserm (2007).
266
Stratégie thérapeutique globale
Par ailleurs, nous avons essayé de faire travailler, d’un point de vue
cognitif, des territoires alternatifs/connexes aux territoires que nous sup-
posions déficitaires :
Première piste explorée :
Nous avons tenté de solliciter l’aire de Broca, centre du langage parlé,
sain, et celui de Wernicke, du langage écrit, déficient.
Pour cela, nous lui avons proposé, en séance, de faire l’expérience sui-
vante : « Vous allez écrire un texte quelconque (par exemple ce que vous avez
à dire en introduction à votre prochaine réunion professionnelle) mais en le pro-
nonçant à voix haute juste avant de l’écrire et en vous le répétant au fur et à
mesure de l’écriture. Vous attacherez une particulière attention à la façon dont
vous concevez la césure des mots, leur étymologie intuitive ou leur lien avec
d’autres mots approchants (moteur, motivation, émotion…) en termes de sens
et de construction du mot et la grammaire : quel est le sujet, le verbe, le com-
plément, comment cela pourrait-il s’accorder… ? »
Le résultat fut stupéfiant : au terme de quelques séances et des quelques
dizaines d’heures de pratique à la maison, Quentin avait éliminé les fautes
de construction de mots, de césure et de grammaire les plus grossières. Il
ne faisait plus que vingt fautes par page alors qu’il en faisait jusqu’à deux
cents avant le traitement.
Seconde piste explorée :
Nous lui avons aussi fait découvrir quelques notions de GMM, notam-
ment les exercices orientés sur la créativité et sollicitant a priori les territoires
préfrontaux (cf. Annexe 1 ; Fradin et al. 2008, op. cit.) : cette pratique a eu
pour effet d’améliorer de façon significative la fluidité de son langage écrit.
Suite à cela nous l’avons rapidement perdu de vue, car son problème
psychosocial a été réglé, selon lui, par les deux bouts :
– il n’a (presque) plus montré d’angoisse ni de honte sur le sujet ;
– son problème dysorthographique s’en est trouvé largement atténué ;
– ses relations avec son amie, qui vivait la situation avec difficulté, se
sont améliorées.
267
La thérapie neurocognitive et comportementale
12. Le Syndrome de Korsakoff est causé par une atteinte des régions hippocampo-
mamillo-thalamiques du cerveau. Ce syndrome fait suite, la plupart du temps, à
de l’alcoolisme, mais peut également être la conséquence d’un traumatisme ou
autre. Les symptômes les plus manifestes sont l’amnésie des événements récents
(notamment liés à la mémoire épisodique), la fabulation et la désorientation
temporo-spatiale.
268
Stratégie thérapeutique globale
13. Pour une revue sur la mémoire, voir Squire & Kandel (2005), Nicolas et al.
(2007), Lechevalier et al. (2008).
14. Nous rappelons que la mémoire de travail peut être définie comme un système
maintenant et manipulant l’information de façon temporaire, lors de tâches de
compréhension, d’apprentissage ou de raisonnement (cf. Baddeley, 2012, op. cit.)
269
La thérapie neurocognitive et comportementale
270
Stratégie thérapeutique globale
273
La thérapie neurocognitive et comportementale
277
La thérapie neurocognitive et comportementale
278
Annexe 1 – Modèle de Gestion des Modes Mentaux (GMM)
1. L’insight peut être défini en psychologie cognitive comme le processus amenant l’indi-
vidu à trouver, de façon spontanée et sans mécanisme de réflexion apparent, une
solution à un problème.
279
La thérapie neurocognitive et comportementale
Mode de
Mode traitement Modèle ergonomique du traitement
Mode de traitement Skills de traitement Rules Knowledge de l’information de Rasmussen
(1983)
Figure I.1
Concordances entre le modèle des modes mentaux
et les modèles de Dijksterhuis et Nordgren (2006),
de Schneider et Shiffrin (1977) et de Rasmussen (1983)
2. Le détail théorique et pratique des exercices de GMM est proposé dans l’ouvrage de
Fradin et al. (2008, op. cit.).
280
Annexe 1 – Modèle de Gestion des Modes Mentaux (GMM)
La routine La curiosité
C’est l’aisance et la facilité de l’habitude, C’est l’exploration sensorielle,
le goût du familier, du connu, de la tradition, la recherche active de la nouveauté, l’attrait
l’amour de la maîtrise, du travail bien fait, pour la créativité, la curiosité
l’attrait pour l’expertise, les procédures… pour les choses et les autres
(même quand tout va bien),
la vigilance, l’ouverture à l’imprévu
La persévérance La souplesse
C’est la recherche de contrôle, de continuité C’est l’acceptation, la réceptivité,
malgré l’obstacle, l’insistance malgré l’échec la prise en compte de toute la réalité
apparent, la défense des principes « comme elle est », la flexibilité,
et des règles… la capacité à repartir, rebondir, reconstruire
La simplification La nuance
C’est la vision tranchée pour faciliter le tri des C’est la perception de la complexité
informations et la classification et de la continuité des choses, une vision
des situations, voire la vision binaire subtile concevant un gradient, des valeurs
(blanc / noir ; bien / mal ; vrai / faux) intermédiaires, un complément d’enquête
pour approfondir
Les certitudes La relativité
C’est la sensation de « vérité », la croyance C’est la prise de recul et de hauteur,
que le monde est ce que nous en voyons, la conscience que la carte n’est pas
la conviction que nos perceptions sont « toute le territoire et que chacun a son « regard » :
la réalité », que nous détenons chaque vision est relative, superficielle
la « vérité » sur ce sujet ou sur nous-mêmes et terriblement limitée par rapport au réel
infini… On sort du sentiment de réalité
pour formule des hypothèses,
un modèle explicatif…
L’empirisme La réflexion logique
C’est la recherche des résultats, le choix C’est la rationalisation, la mise à l’épreuve
de la meilleure solution connue, du modèle explicatif : si ce modèle est vrai, telle
des « recettes toutes prêtes qui marchent tout cause doit systématiquement produire tel effet.
de suite », dans l’espoir d’une efficacité En pratique, c’est comprendre avant d’agir,
immédiate, sans réflexion « compliquée » savoir « perdre du temps (à réfléchir) pour en
et sans risque gagner »
L’image sociale L’opinion personnelle
C’est la priorité donnée au regard des autres C’est la prise de risque assumée,
et aux émotions qui accompagnent leurs la capacité à s’individualiser
jugements : recherche de reconnaissance et de et à individualiser les membres d’un groupe,
validation génératrices de fierté, évitement des à assumer un point du vue ou une décision
vécus de honte, ridicule, culpabilité, personnels faits de raison, d’intuition
prétention… surtout face à un groupe et de prise de risque, ouverts à l’opinion
et aux sentiments des autres
(mais pas sensibles à leurs jugements)
Figure I.2
Description des extrémités des six dimensions définissant le mode automatique
d’une part et le mode adaptatif d’autre part (Fradin et al., 2008, op. cit.)
281
La thérapie neurocognitive et comportementale
Il est à noter que les outils thérapeutiques proposés dans les techniques
de l’ACT et de la mindfulness tendent également à développer les six
facultés cognitives adaptatives (ou « préfrontales ») susmentionnées. Il a
été mis en évidence, en imagerie cérébrale, que ces techniques généraient
une activité des aires préfrontales (cf. Levenson et al., 2012, op. cit. ;
Davidson et al., 2003 ; Lutz et al., 2004).
Par ailleurs, nous attirons également l’attention du lecteur sur le fait
que la GMM, de même que les techniques TCC dites de 3e vague, per-
mettent selon nous une meilleure gestion émotionnelle des troubles asso-
ciés au PG et aux Hypos, mais ne permettent pas leur traitement.
Tableau I.1
Manifestations plus ou moins intenses et associées aux différents états de stress
(Laborit, 1986 ; Fradin et Fradin, 1992-2004 ; Fradin et al., 2008)
Annexe 2
Modèle des Personnalités
en TNC
Fiche synthétique
283
La thérapie neurocognitive et comportementale
284
Annexe 2 – Modèle des Personnalités en TNC
285
286
Les 8 Les origines Dynamiques comportementales
Caractéristiques
personnalités 4 états émotionnels réussis Ce qui nous plaît en soi, nous motive et nous fait agir
typiques
primaires (R) ou empêchés (E) (même sans résultats ni reconnaissance, même en cas d’échec)
Tableau II.1
Les personnalités dites « primaires » du modèle TNC (motivations durables)
287
Annexe 2 – Modèle des Personnalités en TNC
288
Les 8 Les origines Aversions comportementales
personnalités 4 états émotionnels réussis Antivaleurs Ce qui nous déplaît le plus, que nous évitons
secondaires (R) ou empêchés (E) autant que possible et même que nous détestons
– Être irresponsable
Tableau II.2
289
Annexe 2 – Modèle des Personnalités en TNC
Le modèle que nous proposons présente une distinction entre les per-
sonnalités dites « réussies » et les personnalités dites « empêchées ». Cette
appellation est issue du fait que le nourrisson puisse intégrer son état ainsi
que le fait que cet état ait pu conduire à un succès ou à un échec.
Imaginons un nouveau-né en état de Lutte, commençant à être crispé, en
colère et criant parce qu’il a faim : si l’environnement répond à son besoin
à cet instant, il peut engrammer le fait que son état à ce moment-là est
source de bénéfice, il peut compter sur l’entourage, ce qui le prédispose à
une structure de Lutte en état réussi. En revanche, si son état de Lutte
perdure et que l’environnement ne répond que tardivement aux besoins
de l’enfant (situation d’échec), celui-ci peut engrammer un état de Lutte
quelque peu différent, teinté du fait de ne pas compter sur l’environne-
ment mais plutôt sur soi, de manifester une certaine ténacité, etc. Dans
ce cas, nous avons préféré parler d’état « empêché » plutôt qu’en échec
car l’individu tend, par la suite, à « idéaliser » ce comportement et ressent
un plaisir dans ce comportement au contraire d’un quelconque sentiment
de défaite. En effet, d’un point de vue darwiniste, nous imaginons mal
qu’un comportement, si tôt, puisse être annihilé par un jeu de récom-
pense/punition, car le nourrisson a besoin d’être proactif pour faire
entendre ses besoins, apprendre du monde et ainsi survivre. Ceci expli-
querait l’idéalisation des comportements du nourrisson. Ce que nous appe-
lons une P. Ire en Lutte Empêchée, par exemple, éprouve du plaisir à faire
une action seule, à relever des défis, à aller au bout d’elle-même.
Les aspects théoriques et pratiques de ce modèle sont développés dans
d’autres ouvrages (Fradin & Lemoullec, 2006, op. cit.).
Annexe 3
Elsa : cas de TOC
traité par thérapie
du Positionnement Grégaire
Lefrançois & Fradin
1. CADRE THÉORIQUE
291
La thérapie neurocognitive et comportementale
292
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
293
La thérapie neurocognitive et comportementale
Mancini & Gangemi, 2004 ; Shafran, Watkins & Charman, 1996 ; Yao,
1995 ; Weiner & Mohl, 1996). En effet, des commentaires tels que « la dou-
leur est due à un horrible sentiment de culpabilité : j’ai commis un acte inconce-
vable, criminel »1 (Rapoport, 2001) associés à aucun acte répréhensible,
peuvent être constatés aussi bien chez des individus dits « soumis », que
TOC. Au vu de ces observations, nous avons souhaité étudier l’impact des
exercices de PG sur les symptômes TOC.
Dans ce cadre, une patiente présentant des TOC de vérification a
accepté de participer à notre étude exploratoire. Nos hypothèses étaient
que les exercices de PG peuvent diminuer l’anxiété et éventuellement les
obsessions associées aux comportements TOC.
294
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
Matériel
a) Questionnaires
Mesure des TOC : l’Inventaire de Padoue (Sanavio, 1988 ; Bouvard &
Cottraux, 2005), est un questionnaire d’auto-évaluation comportant 60
items qui décrivent des pensées ou des comportements de type obsession-
nel et compulsif. Cette échelle met en évidence un score total et les sous-
scores de contrôle affaibli sur les conduites mentales, de contamination,
de vérification et d’inquiétude concernant le contrôle moteur.
Mesure du Positionnement Grégaire : L’Inventaire de Positionnement
Grégaire (IPG) est un questionnaire d’auto-évaluation comprenant
24 questions destinées à évaluer l’intensité des comportements de soumis-
sion et 26 questions destinées à évaluer l’intensité des comportements de
dominance. Deux scores globaux de soumission et de dominance sont
recueillis, ainsi que cinq sous-scores correspondant aux différents niveaux
de soumission et 5 sous-scores correspondant aux niveaux de dominance.
La validation de ce questionnaire étant en cours (de Chalvron, in revi-
sion), il a été utilisé à titre indicatif.
295
La thérapie neurocognitive et comportementale
Méthodologie
Nous avons souhaité réaliser un protocole de type ABA’B’2 de quatre fois
quatre semaines. Ce type de protocole propose de commencer par une
phase sans traitement durant laquelle nous établissons des mesures à
2. Un protocole de type ABAB propose d’alterner des phases sans traitement avec des
phases de traitement, en commençant par une mesure des symptômes de l’individu
sans traitement.
296
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
297
La thérapie neurocognitive et comportementale
Questionnaires Padoue, IPG Padoue, IPG Padoue, IPG Padoue, IPG Padoue, IPG Padoue
Tableau III.1
Récapitulation des mesures et phases correspondantes,
durant l’étude de cas d’Elsa
2.3. Résultats
Nous avons réalisé une analyse descriptive des phases, comme il est de rigu-
eur pour une étude de cas. Nous avons ajouté à cela une corrélation entre la
variable temps T à 29 modalités et les variables dépendantes de mesure (toutes
phases de traitement confondues), afin d’avoir un ordre d’idée quant à la ten-
dance générale de l’évolution des symptômes. Les variables dépendantes qui
ont été mises en corrélation avec la variable temps sont donc les suivantes :
– Variable Padoue (P), à 4 modalités : score total de Padoue (p1), sous-
score Mental activity control (p2), sous-score Contamination (p3),
sous-score Checking (p4), sous-score Motor behavior control (p5) ;
– Variable Positionnement Grégaire Soumis (G) à une modalité : score
total de Positionnement grégaire soumi<cf2<<cf1<s (g1).
Nous avons également pris en compte, dans l’analyse des corrélations,
la variable indépendante période de traitement (D) à 2 modalités (avec trai-
tement d1, sans traitement d2).
Par ailleurs, nous noterons que certains événements « importants »
pour la patiente, positifs ou négatifs, sont survenus lors de l’étude et ont
pu influencer son évolution. Une liste des événements les plus importants
est présentée ci-dessous :
298
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
T Événements
Entre t0 Elsa a peur que des choses qu’elle a dites à propos d’une amie soient colportées ; problèmes
et t1 de sommeil (difficultés à s’endormir, cauchemars).
Entre t1 Elsa part en vacances et culpabilise de cela (elle s’inquiète de ne pouvoir voir tous ses amis
et t2 durant ses vacances).
Entre t1 Commencement des exercices ; la vérification des serrures ne prend plus que 5 à 15 min par
et t4 jour par serrure. Elsa ne songe plus à ses obsessions pendant la journée.
Entre t4 Période sans traitement, Elsa recommence à ne pas dormir et à faire des cauchemars ; elle doit
et t7 prendre à nouveau 20 min pour fermer chaque porte, mais n’y pense toujours pas pendant le
reste de la journée.
A t7 Ses TOC et son anxiété ont suffisamment repris pour qu’elle prenne de nouveau ponctuelle-
ment un anxiolytique. Elle demande à reprendre les exercices « parce qu’elle n’en peut plus »,
selon ses propos.
A t8 Son compagnon lui demande de vivre avec elle. Elle l’annonce à sa colocataire qui semble
accueillir la chose sans trop d’enthousiasme. Elsa culpabilise de cela.
A t9 Elsa reprend ponctuellement des anxiolytiques, présente de la culpabilité vis-à-vis du fait d’ha-
biter chez son compagnon, elle a l’impression de s’imposer chez lui ; elle culpabilise aussi vis-
à-vis du fait de chercher un nouveau travail car elle souhaite désormais s’affirmer en choisissant
une profession plus conforme à ses aspirations, elle se culpabilise donc « d’abandonner » ses
collègues ; tout va « trop bien » selon elle et cela l’angoisse (superstition).
Entre t12 Période d’installation chez son compagnon ; elle a mis une heure pour fermer la maison, parce
et t13 qu'elle partait en vacances ; mais par ailleurs elle dit se sentir bien, estimer que tout va bien
dans sa vie, être heureuse dans son travail et dans sa vie sentimentale.
Entre t13 Elle réduit de nouveau sa durée de fermeture des portes à 5 à 10 min.
et t14
A t17 Son compagnon lui fait part de la difficulté qu’il a à gérer au quotidien ses TOC. Elsa culpabilise
donc et recommence à manifester des attaques de panique.
Entre t22 Son compagnon lui reproche à nouveau ses TOC ; elle appréhende la rentrée et son nouveau tra-
et t25 vail ; à t24 elle est sollicitée pour être témoin à un mariage bientôt ; elle dit accumuler par ailleurs le
stress de ses proches (son frère passe un examen bientôt, et son ami prépare un gros événement).
Entre t26 Phase C, mesures effectuées trois ans après l’étude : la patiente déclare n’avoir plus de problèmes
et t28 de TOC. Elle dit faire des exercices de PG de temps en temps quand elle en ressent le besoin.
Ils présentent chaque fois bénéfice immédiat.
Tableau III.2
Synthèse des évènements survenus dans la vie d’Elsa durant la thérapie
299
La thérapie neurocognitive et comportementale
90
80
70
Score Total de Padoue
60
40
30
A B A' B' B" C
20
t0 t2 t4 t6 t8 t10 t12 t14 t16 t18 t20 t22 t24 t26 t28
Figure III.1
Évolution de l’intensité du Score Total Padoue (TOC) d’Elsa durant l’étude
300
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
3.5 A
3 B A' B' B" C
2.5 Mental activity control
2 Contamination
1.5 Checking
1 Motor behavior control
0.5
0
t0 t2 t4 t6 t8 t10 t12 t14 t16 t18 t20 t22 t24 t26 t28
Figure III.2
Évolution des sous-scores d’Elsa à l’Inventaire de Padoue (TOC) lors de l’étude
301
La thérapie neurocognitive et comportementale
200
180
Score de soumission (IPG)
160
140
120
100 Submissive Total Score
80
60
40
20 A B A' B' B"
0
t0 t2 t4 t6 t8 t10 t12 t14 t16 t18 t20 t22 t24
Figure III.3
Évolution du score total de soumission (IPG) d’Elsa durant l’étude
302
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
3. DISCUSSION
303
La thérapie neurocognitive et comportementale
4. CONCLUSION
Les résultats que nous avons obtenus avec Elsa ainsi qu’avec d’autres
patients (cf. Lefrançois et al., 2011b) nous laissent penser que les exer-
cices de Positionnement Grégaire peuvent avoir un effet bénéfique sur
les TOC. Cette hypothèse est actuellement étudiée sur de plus amples
groupes de patients et en comparaison à l’effet d’autres techniques de
thérapie comportementale et cognitive (ERP, techniques d’affirmation
de soi de la 3e vague de TCC). Les exercices de Positionnement Grégaire
sont, d’un certain point de vue, assimilables aux techniques d’affirma-
tion de soi. Cependant, une différence notable existerait dans le fait que
3. Les deux études de cas présentées dans Lefrançois et al. (2011b) sont des cas de TOC
de vérification et de lavage très sévères.
4. Notion de métacognition chez les patients TOC (Zermatten et al., 2008 p. 119) : « la
métacognition est définie comme toute connaissance ou processus cognitif qui est
impliqué dans l’évaluation, la surveillance ou le contrôle de la cognition […] ».
304
Annexe 3 – Elsa : cas de TOC traité par thérapie du Positionnement Grégaire
5. BIBLIOGRAPHIE
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305
La thérapie neurocognitive et comportementale
306
Annexe 4
Hypofonctionnement
ou « Hypo » ou CAES
Fiche synthétique
1. DÉFINITION
Le comportement Hypo est un comportement automatique d’évitement.
Cet « interdit » est d’origine grégaire (Néolimbique), ce qui le différencie
de la phobie (comportement automatique d’origine Paléolimbique/
Instinctive). Ceci signifie que l’Hypo se constitue dans le cadre de rejets
sociaux (ridiculisation, rejet, dévalorisation de la part de proches perçus
comme dominateurs mais non menaçants), c’est pourquoi on le nomme
aussi, de façon plus descriptive, Comportement Automatique d’Évitement
Social (CAES). La phobie, en revanche, se constitue plutôt au contact de
menaces physiques (par exemple lors d’un enfermement…) ou d’animaux
considérés comme potentiellement prédateurs ou dangereux en termes de
survie/intégrité corporelle.
L’Hypo dit « basique » porte sur des contenus de type objet ou
comportement.
L’Hypo dit « méta » porte sur une façon d’agir (par exemple une façon
de danser spécifique, une façon de chanter, etc.).
307
La thérapie neurocognitive et comportementale
3. DIAGNOSTIC D’HYPO
308
Annexe 4 – Hypofonctionnement ou « Hypo » ou CAES
Réversibilité
En Hypo, il y a réversibilité au sens où la résonnance d’hypo se manifeste
indépendamment de l’individu (soi ou autrui) qui réalise l’action. Cette
réversibilité existe toujours sur le paramètre actif, même en Hypo-méta,
mais dans ce dernier cas elle est un critère difficile : le comportement
Hypo concerne une certaine façon de faire, par exemple maladroite, et
non le fait que ce soit moi ou l’autre.
En Hyper et en RH, il n’y a pas réversibilité, en ce sens que ces com-
portements se manifestent essentiellement si c’est soi ou autrui qui
adopte un comportement nourrissant ou déclenchant l’Hyper ou la RH.
Il y a donc dissymétrie (ce qui est valable pour soi ne l’est pas forcément
pour l’autre) et personnification du problème (la RH est interprétée
comme étant causée par un individu et non comme un mécanisme
interne).
4.3. Évitement
L’évitement lié à l’Hypo est fixe et spécifique, ce qui le différencie de :
– l’évitement de la Fuite, qui est global et fluctuant (Instinctif)
– l’évitement du PGS et du PGM qui sont plus globaux et fluctuants
(Paléolimbique)
– l’évitement intelligent : pour lequel il n’y a pas de Stress et l’indi-
vidu est en « Mode Mental Préfrontal ou Adaptatif » (voir fiche
Gestion des Modes Mentaux).
309
La thérapie neurocognitive et comportementale
310
Annexe 4 – Hypofonctionnement ou « Hypo » ou CAES
– « Pourquoi cela vous agace-t-il (ou vous gêne ou vous émeut, suivant les
cas) dans cette situation ou attitude ? »
– « Ce que vous venez de décrire, pourquoi cela vous agace-t-il (ou vous
gêne ou vous émeut, suivant les cas) ? »
– Etc.
On s’assure ainsi de bien rester toujours sur le Contenant d’Hypo, sans
glisser vers d’autres contenants !
Résultat
Pour définir un seul et même Hypo à partir de plusieurs Résonances, il
faut parvenir à identifier un paramètre actif commun et fixe quel que soit
le type de Résonance (en Fuite, en Lutte ou en Inhibition).
Cas particulier
Notons le cas particulier où des paramètres dits « modulateurs » modi-
fient l’intensité ou le type de la Résonance ou du vécu d’affrontement du
paramètre actif. Ces paramètres modulateurs provoquent ainsi la bascule
d’un type de résonance vers l’autre.
– Exemple : les meilleures interprétations de la Callas émeuvent un
patient mais ses échecs le gênent ou l’agacent. On parlera de sous-
paramètre commun si l’on met par exemple en évidence que ce sont
« ses audaces » qui déclenchent les diverses Résonances précédem-
ment décrites. En revanche, si la beauté l’émouvait et la dysharmo-
nie l’agaçait, on décrirait deux paramètres actifs distincts : la beauté
et la dysharmonie. Il y aurait ainsi deux Hypos différents.
Autrement dit, l’ajout ou non d’un paramètre modulateur ne modi-
fie pas la présence d’une Résonance ou le vécu d’affrontement mais
en modifie simplement l’intensité ou le type.
À l’inverse, l’ajout ou la suppression d’un paramètre actif fait appa-
raître ou disparaître la Résonance ou le vécu d’affrontement5.
Par contre, une seule Résonance peut contenir plusieurs paramètres
actifs (donc la technique de recherche de paramètre actif par élimination
de paramètres ne peut suffire) : il faut tester isolément chaque paramètre
évoqué par une recherche de Résonance. L’apaisement immédiat après
l’évitement dans l’Hypo rend cette méthode pertinente (et permet de faire
un diagnostic différentiel vis-à-vis d’un « évitement » de RH).
5. Les paramètres modulateurs ont une grande importance pendant la Phase Thérapeu-
tique pour rendre le travail progressif et « assumable » par le patient.
311
La thérapie neurocognitive et comportementale
7. CONCLUSION
L’identification des paramètres actifs d’Hypo est déterminante pour la
Phase Thérapeutique parce que :
– l’Hypo est au centre de la thérapie NC,
– le travail d’affrontement cognitif et comportemental est considéra-
blement approfondi et renforcé par cette identification,
– la Phase de Stratégie Thérapeutique, qui peut éviter un enlisement
du travail et même quelques faux pas (aggravation de sonnettes
notamment) dépend essentiellement de la qualité de l’identification
des paramètres et sous-paramètres actifs. Celle-ci permet la lisibilité
des forces en présence (Hypos) et de leurs interactions (entre elles
et avec les Hypers et la RH),
– l’exploration des Résonances est facile, indolore et de surcroît les
symptômes sont immédiatement réversibles (à la différence de la RH).
Annexe 5
Paramètres modulateurs
de l’affrontement de l’Hypo
Fiche synthétique
1. DÉFINITION
On appelle paramètre modulateur d’affrontement le (ou les) facteur(s) qui
active(nt) ou modère(nt) la réaction de contenant induite par l’affronte-
ment du paramètre actif telle qu’elle est définie en TNC. Cette réaction
peut être un des trois États de Stress (Fuite, Lutte, Inhibition) ou un
Hypo, un Hyper et une Répression d’Hyper (RH). Connaître et gérer ces
paramètres modulateurs est important en TNC en général (à l’égard de
tout contenant) mais particulièrement en ce qui concerne les Hypos,
notamment dans le but d’accentuer ou de limiter le vécu d’affrontement
au cours de la phase thérapeutique comportementale.
313
La thérapie neurocognitive et comportementale
314
Annexe 5 – Paramètres modulateurs de l’affrontement de l’Hypo
1. DÉFINITION
L’Hyper est un comportement de substitution d’un comportement A inter-
dit, ce dernier étant appelé Hypo. L’Hyper constitue un mécanisme auto-
matique soumis aux lois de la cybernétique des systèmes autorégulés. Dans
ce cadre, l’objectif du comportement A (Hypo) est inconscient, peu appa-
rent, inassumable. À l’inverse l’objectif du comportement B (Hyper)
constitue l’objectif manifeste, apparent et permettant à l’individu d’accé-
der indirectement à l’objectif « caché » du comportement A.
Les aberrations apparentes du comportement Hyper sont liées au fait que
le comportement B (conscient ou apparent) subit en fait un paramètre direc-
teur invisible (l’objectif inconscient de A) qui explique les ambivalences
visibles de B. On observe alors, parmi les caractéristiques du comportement B :
– un désir intense initial (par carence chronique de satisfaction de A) ;
– puis une insatisfaction malgré un « bon résultat apparent » (puisque
le comportement B ne peut remplacer et combler idéalement le
comportement et l’objectif de A) ;
– et enfin une anxiété par anticipation liée aux échecs antérieurs (pri-
vation de l’objectif) et éventuellement à la perception latente des
inadaptations et approximations engendrées par le caractère auto-
matique, impérieux et incontrôlable de l’Hyper.
317
La thérapie neurocognitive et comportementale
A. Les Ambivalences
Ces ambivalences se traduisent notamment par des tensions internes, une
incohérence et/ou instabilité dans le temps, un désir intense et un enthou-
siasme initiaux, jusqu’à fébrilité, exaltation, impatience et :
1. anxiété par anticipation par peur de l’échec (après expérience(s)
malheureuse(s)), allant jusqu’à abandon de l’objectif B par auto-
Répression d’Hyper ;
2. puis, si succès (insatisfaction malgré un bon résultat apparent, allant
jusqu’à l’ennui, le désintérêt, le mépris… puis changement accéléré
d’objet, papillonnage
3. ou, si manque (désir exacerbé, incontrôlable malgré le caractère
douloureux (avec toutefois risque de RH)
4. ou alternance avec Répression d’Hyper
B. L’Intrusivité de la cognition ET du comportement
C. Les Vécus et comportements
1. tendance « obsessionnelle » et « compulsive »
2. impétuosité des désirs, permanente inflation/exagération, esprit de
compétition, jalousie,
3. non-réversibilité, « égoïsme », mauvaise foi, esprit « mauvais joueur »
D. Les Critères limbiques généraux : fixité/reproductibilité, spécificité
3. DIAGNOSTIC D’HYPER
Hyper = soit A (1 ou 2 ou 3 ou 4) + D
soit B + C (1 ou 2 ou 3) + D
L’Hyper, qui est une fixation sur la possession d’un objet, est à distinguer de :
1. l’Hypo, qui est une fixation sur un principe ;
2. un vécu de stress associé à « l’état d’esprit » d’une relation, perçue
comme amicale ou hostile
3. la dominance, qui est un comportement associé à une posture vis-à-
vis d’autrui (en termes de rapport de force), et de ce fait non asso-
cié à un objet spécifique.
318
Annexe 6 – Hyperfonctionnement ou « Hyper »
5. CONTENU DE L’HYPER :
RECHERCHE DES PARAMÈTRES ACTIFS
Tous les tests suivants sont plus faciles, plus productifs, plus fiables et plus
confortables lorsqu’ils sont testés avec la recherche d’ambivalence : Désir
+ Anxiété d’Anticipation
Deux méthodes :
1. Questions ouvertes :
– descriptives : quoi, quand, comment, où, avec qui (ces questions
précisent le stimulus)
– explicatives : pourquoi (ces questions précisent les motivations
conscientes du cpt)
2. Questions fermées analytiques :
– on teste un à un tous les paramètres actifs d’Hyper (ou « Hypers »)
imaginables (descriptifs puis explicatifs), c’est-à-dire tous ceux
qui déclenchent un contenant d’Hyper.
Résultat
Pour définir un seul et même Hyper à partir de plusieurs contenants, il
faut parvenir à identifier un paramètre actif commun et fixe quel que soit
319
La thérapie neurocognitive et comportementale
7. CONCLUSION
1. DÉFINITION
La Répression d’Hyper (RH) appartient au « syndrome Hyper », dont elle
constitue un stade évolutif (cf. l’anxiété par anticipation, l’intolérance à
l’échec, l’ambivalence, etc.). En pratique, soit des phases de RH alternent
avec des phases d’Hyper au gré des événements, soit la RH peut finir par
devenir l’aboutissement naturel de l’Hyper « vieillissant », problématique
et/ou « maltraité ».
La RH est une répression consciente et plus ou moins volontaire de
comportements Hypers perçus comme douloureux, préjudiciables ou dan-
gereux. Il existe donc différentes catégories de RH qui dépendent de l’ori-
gine de celle-ci : échec, culpabilisation (par les autres ou par une prise de
conscience personnelle du caractère intrusif de l’état), « raisons raison-
nables » plus ou moins tolérées. La RH peut finir de bloquer une bonne
partie de ce qui ne l’était pas par les Hypos, à savoir les Hypers. Elle peut
survenir à tous les âges, à la différence de l’Hypo qui se constitue dans
l’enfance.
321
La thérapie neurocognitive et comportementale
2. CRITÈRES DE CONTENANT DE LA RH
A. Les Ambivalences
Elles correspondent à une douleur morale par « auto-interdit » avec :
1. tentative d’évitement volontaire sans apaisement immédiat ;
2. antécédent de désir intense et d’enthousiasme initiaux (Hyper)
3. alternance avec phases Hyper
B. L’Intrusivité de la cognition ET du comportement
C. Les Vécus et comportements
1. amertume, aigreur, rancune, traumatisme moral, pseudo-phobie de
l’agressivité (« RH d’échec »)
2. vécu de culpabilité (« RH morale »)
3. résignation « pseudo-raisonnable » et douloureuse (« RH raison-
nable »)
D. Les Critères limbiques généraux : fixité/reproductibilité, spécificité
3. DIAGNOSTIC DE RH
Répression d’Hyper = soit 1 (a ou b ou c) + 4
soit 2 + 3 (a ou b ou c) + 4
4. DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS DE RH
322
Annexe 7 – Répression d’Hyperfonctionnement ou RH
5. CONTENU DE LA RH :
RECHERCHE DES PARAMÈTRES ACTIFS
Résultat
Pour définir une seule et même RH à partir de plusieurs contenants, il faut
parvenir à identifier un paramètre actif commun et fixe quel que soit le
type de contenant de RH observé.
323
La thérapie neurocognitive et comportementale
Test diagnostic de la RH
Toute identification de paramètre ou de sous-paramètre supposé actif doit
être validée par un test de contenant sur :
– le concept considéré
– des situations particulières totalement extrapolées : on ré-injecte du
paramètre actif dans une autre situation totalement décalée par rap-
port à celle qui a déclenché la Résonance décrite ou observée.
6. CONCLUSION
1. GÉNÉRALITÉS
Devant tout Hyper, on est en droit de se demander quel est son rôle,
puisque l’objectif apparent et/ou conscient ne constitue pas pleinement
l’objectif réel. Quel est donc l’Hypo qui le sous-tend ? Cela est essen-
tiel en TNC si l’on souhaite par exemple désamorcer un Hyper ou une
RH.
Rappel sur les relations fonctionnelles entre Hypo et Hyper :
L’Hyper est un comportement automatique de substitution B d’un compor-
tement interdit A : l’Hypo. En d’autres termes, c’est une façon indirecte d’ob-
tenir A totalement ou partiellement, ou pour le moins des avantages indirects
qui découlent de A.
Mathématiquement parlant :
– B contient A (B ⊂ A)
– si l’on provoque plusieurs substitutions de A (par technique de blo-
cages successifs des différentes valeurs de B, soit B1 puis B2 puis B3...
Bx), A appartient à l’intersection de B1, B2, B3... Bx
– A est le paramètre directeur de B, en termes de système autorégulé,
qui est à l’origine du caractère Hyper de B. Donc supprimer A, c’est
supprimer le caractère Hyper de B.
325
La thérapie neurocognitive et comportementale
326
Annexe 8 – Relations à considérer entre les Hypers et Hypos
327
Hypofonctionnement Hyperfonctionnement Répression d’Hyper (RH)
A. Sans implication = la résonance A. Ambivalences (« poulie des Hypers » A. Ambivalences : douleur morale (voir 3)
328
Vécus : point commun = aversion avec adhésion = tensions internes, incohérence par auto-interdit avec :
cognitive. Du + au – adhérent : et/ou instabilité dans le temps) : désir (1) tentative d’évitement volontaire sans
(1) agacement, mépris, sensation d’être face intense et enthousiasme initiaux, jusqu’à apaisement immédiat
à de la bêtise, sentiment grégaire de supériorité fébrilité, exaltation, impatience et : (2) antécédent de désir intense et d’enthousiasme
(résonance en Lutte) (1) anxiété d’anticipation par peur de l’échec initiaux (Hr)
(2) gêne, malaise, fou-rire, sensation d’être face (après expérience(s) malheureuse(s)), allant (3) alternance avec phases Hr
au ridicule (résonance en Fuite) jusqu’à abandon par auto-Répression d’Hyper B. Intrusivité de la cognition
(3) admiration avec émotion, envie de pleurer (voir fiche RH) et/ou du comportement
avec sensation de beauté, de sublime (2) puis si succès ! insatisfaction malgré C. Vécus et comportements :
(résonance en Inhibition) un bon résultat apparent, allant jusqu’à l’ennui, (1) amertume, aigreur, rancune, traumatisme
B. Avec implication = affrontement le désintérêt, le mépris, puis changement accéléré moral, pseudo-phobie de l’agressivité
(1) apaisement immédiat après évitement d’objet, papillonnage (« RH d’échec »)
(2) vécus et comportements d’affrontement. (3) ou puis si manque ! désir exacerbé, (2) vécu de culpabilité (« RH morale »)
Point commun = aversion avec adhésion incontrôlable malgré le caractère douloureux (3) résignation « pseudo-raisonnable »
cognitive. Du + au – adhérent : (avec toutefois risque de RH) et douloureuse (« RH raisonnable »)
(a) l’agacement, le mépris, le dégoût (4) ou alternance avec Répression d’Hyper D. Critères limbiques généraux :
(b) la gêne, le malaise, le ridicule, la honte (voir fiche RH)
La thérapie neurocognitive et comportementale
fixité/reproductibilité, spécificité
(c) l’émotion avec sensation de sublime B. Intrusivité de la cognition et du comportement
(d) le sentiment d’absurde, le sentiment C. Vécus et comportements :
d’inutilité, l’ennui mortel (1) tendance « obsessive » et « compulsive »
(e) le blanc mental, l’absence de créativité (de la forme banale jusqu’au TOC)
C. Critères limbiques généraux : (2) impétuosité des désirs, permanente
fixité/reproductibilité, spécificité inflation/exagération, esprit de compétition,
jalousie
(3) non-réversibilité, « égoïsme », mauvaise foi,
esprit « mauvais joueur »
D. Critères limbiques généraux :
fixité/reproductibilité, spécificité
soit A (1 ou 2 ou 3) + C soit A (1 ou 2 ou 3 ou 4) + D soit A (1 ou 2 ou 3) + D
soit B (1 + 2 (a ou b ou c ou d ou e)) + C soit B + C (1 ou 2 ou 3) + D soit B + C (1 ou 2 ou 3) + D
Tableau VIII.1
Tableau de synthèse des diagnostics et traitements d’Hypo, d’Hyper et RH
Annexe 8 – Relations à considérer entre les Hypers et Hypos
1. DÉFINITION
Le Positionnement Grégaire (PG) peut être défini comme l’ensemble
des comportements relatifs à la confiance irrationnelle et spontanée en soi
ou en l’autre, et au rapport de force. Il comprend quatre polarités ou pro-
fils répartis sur deux dimensions : la dimension Dominance/Soumission
(PGD/PGS) et la dimension Marginalité/Intégration (PGM/PGI). Ces
comportements engagent des instincts de survie, au travers par exemple
de la peur de mourir et la peur de la violence, sans qu’il y ait obligatoire-
ment de raison. Ces comportements sont supposés être mis en œuvre par
des territoires cérébraux anciens d’un point de vue phylogénétique (notam-
ment la zone amygdalienne, « paléolimbique »).
2. CRITÈRES DE CONTENANT DE PG
331
La thérapie neurocognitive et comportementale
332
Annexe 9 – Positionnement Grégaire (PG)
3. DIAGNOSTIC DE PG
1. Axe vertical Dominance/Soumission :
a. Degré de confiance en soi (spontané, irrationnel, (quasi)perma-
nent…)
b. Degré d’occupation de l’espace social :
i. voix,
ii. bruits,
iii. gestuelle,
iv. posture, attitudes,
v. prérogatives en termes de tour de rôle, priorités…
2. Axe Horizontal (Marginalité/Intégration) :
a. Degré de confiance en les autres (spontané, irrationnel, (quasi)
permanent…)
b. Degré d’intégration sociale :
i. Distance interpersonnelle
ii. Type de « ressourcement » : au contact des autres ou loin d’eux.
Cf. Ci-après tableaux IX.1 et IX.2.
– Niveau 1 :
• Alibis et actes socialement acceptables (mais sous-tendus par une
impulsion irrationnelle invisible et socialement non assumée)
– Niveau 2 :
• Alibis et actes irrationnels (sous-tendus par une impulsion irration-
nelle visible mais non assumée)
– Niveau 3 :
• Affichage social, dans le discours, des « intentions » de l’état
– Niveau 4 :
• Actes impulsifs et peu contrôlables, dont les mobiles sont conscients
mais non encore « assumés » socialement
– Niveau 5 :
• Affichage social, dans les comportements, des intentions de l’état,
allant jusqu’au prédélire et délire (= rapt de la conscience), stéréo-
typie génétique révélant la nature du trouble
333
PGS PGD PGM PGI
334
Etat émotionnel normal. Etat émotionnel normal. Etat émotionnel normal. Etat émotionnel normal.
Pas de tendance à l’anxiété Pas d’intérêt pour rapport Equilibre spontané entre Equilibre spontané entre
Niveau 0
non motivée ni de force confiance et méfiance vis-à- confiance et méfiance vis-à-
à la culpabilité irrationnelle vis des autres vis des autres
Culpabilité « raisonnable » Séduction (emprise), Malaise informel et léger Aisance informelle, liberté
mais scrupuleuse, anxieuse manipulation des sentiments, à rester parmi les autres, de mouvement
et perfectionniste, besoin chaud/froid pour s’amuser tendance à se tenir et d’expression encore
Niveau 1 de vérification par crainte légèrement à l’écart adaptées. Sentiment
de la faute, plus que et en retrait par introversion. de comprendre autrui
de la sanction Difficulté à comprendre à demi-mots
ce qui rapproche les autres
Culpabilité plus irrationnelle, Se présenter en (fausse) Sentiment d’une coupure Sentiment de « percevoir
peur de provoquer victime, théâtralisation, irrationnelle, comme le sens profond » des choses,
La thérapie neurocognitive et comportementale
des dommages improbables culpabilisation, chantage, si une vitre le séparait des êtres, des événements.
chez les autres. Angoisse scandale publique, alternance des autres, qu’il voit sans Prise de parole aisée sur
Niveau 2 et volonté de « réparation » plaintes/menaces et railleries les comprendre. Tendance ces sujets
de la faute supposée (peut à se tenir nettement
se traduire sous forme à distance, évite de sortir
de symptômes de type TOC). pour des raisons futiles,
Servilité/dominant purement relationnelles
Superstition, le bonheur Perversion verbale affichée, L’autre n’est plus perçu, face Sentiment que son intuition
« porte malheur », à lui déstabilisation et ridiculisation auquel l’individu se sent riche devient « connaissance »,
et ses proches, il se « paie » de la victime, alternance d’opinions, de sentiments de l’ordre de « l’indicible ».
moqueries et comportements (douloureux, déçus), de vrai Tendance à penser disposer
Niveau 3
« protecteurs » courage (face aux dominants). de moyens de
Mais cette mégalomanie communication invisibles
est dépitée, misanthrope pour lire les pensées
profondes des autres
Peur de devenir fou, Menaces suggérées, Méfiance a priori, tendance Sentiment de communication
angoisses incontrôlables, intimidation, actes violents à penser que le « silence » immanente avec la nature,
idées de suicide impulsives, imprévisibles sur objets des autres et ces règles qu’il en harmonie avec
Niveau 4 impulsions d’automutilation suppose invisibles lui cachent les éléments perçus comme
irrépressibles intentionnellement quelque protecteurs
chose. Bouffées d’agressivité
contre ce supposé complot
Tableau IX.1
Synthèse des caractéristiques comportementales et cognitives associées aux différents niveaux de PG
335
Annexe 9 – Positionnement Grégaire (PG)
PGS PGD PGM PGI
336
et à méfiance (offensif/ au centre du groupe
défensif) (en tant que « chef »/pour
PGD
rassembler et être
en « communion » avec
les gens)
Difficulté à émettre
Hypo-méta une opinion (sujet précis/
global)
Tendance à se mettre
Hyper-méta
en avant
Positivisme, forme
de naïveté (dirigé vers
AR la nature, la nature
humaine, la philosophie/
global)
Se mettre au service Tendance à diriger les autres Tendance à rapprocher
de certains (des futurs (pour faire régner les individus et à vouloir
talents/des dominants) une certaine harmonie/ régler les différends
pour asseoir son pouvoir) (pour des raisons d’image
LR
sociale, d’engagement,
d’harmonie/par sentiment
de connaître les pensées
et la souffrance des gens)
Comportement inhibé,
individu d’aspect fragile
(centré sur soi et sur
IR
les individus fragiles/
craintif et au service
des dominants)
Se mettre au service
IE de certains (des démunis/
des dominants)
Tableau IX.2
Synthèse des points communs entre contenants et des diagnostics différentiels à prendre en compte
En noir : les éléments communs aux contenants présentés à la fois en colonne et en ligne ; en gras les caractéristiques n’appartenant qu’aux
337
Annexe 9 – Positionnement Grégaire (PG)
Contenants présentés en ligne ; en italiques : les caractéristiques des Contenants présentés en colonne
La thérapie neurocognitive et comportementale
Cas particuliers
PG dit « secondaire » : cette forme de PG semble assez rare et ne peut
être considérée comme du PG en soi. Elle semble être une valorisation des
comportements de PG (par ex. valorisation de la servilité ou au contraire
du fait de voler, humilier) qui ne subit pas l’auto-régulation observée dans
le PG ordinaire. Le PG secondaire traduit un ensemble de valeurs/antiva-
leurs fonctionnant à l’image des contenants NéoLimbiques. Ce type de
PG ne se traite pas comme du PG ordinaire, mais de façon pédagogique
(avec prise de recul et rationalisation).
PG bipolaires ou multipolaires : ce type de PG correspond au fait
qu’un seul individu peut présenter des formes extrêmes et antinomiques
de PG. Il n’est pas souhaitable, dans ces cas d’utiliser les exercices de PG
mentionnés ci-dessous, car ils peuvent produire un effet rebond amenant
l’individu sur l’autre extrême de son PG. Pour leur traitement, se référer
à l’ouvrage (en cours de rédaction) intitulé provisoirement Thérapie
NeuroComportementale des Troubles Psychologiques et Psychiatriques.
338
PGS PGD PGM PGI
1er personnage Caricature de personnage Caricature de personnage Caricature de personnage Caricature de personnage
soumis et affolé, comme dominant, défiant tout paranoïaque, se méfiant intégré, déclarant faire
s’il était joué pour éprouver sa puissance de tout et défiant « fusion » avec les autres
par un dominant (y compris « Dieu ») quiconque de l’attaquer et avec le monde
4. TRAITEMENT
qui se moquait
des soumis
339
Annexe 9 – Positionnement Grégaire (PG)
PGS PGD PGM PGI
4e personnage Personnage grossièrement Caricature de personnage Personnage intégré affolé Personnage marginal
dominant se moquant soumis rappelant des commentaires se moquant
des tentatives le 3e personnage à l’ordre, dépréciatifs de l’inefficacité
de déstabilisation affolé de voir le discours du 3e personnage. et de la naïveté
du 3e personnage tenu par celui-ci, Il appelle à pardonner du 3e personnage face
et tentant de rétablir le premier personnage aux « forces du mal »
la raison du dominant et à le prendre en pitié
joué en premier
personnage
Tableau IX.3
Synthèse des exercices à 5 personnages alloués à chaque traitement de PG
Annexe 10
Économie psychologique
Différents thèmes
100 %
Investissements
globaux estimés
en temps
+ argent
+ énergie
0%
Différents thèmes
100 %
Plaisirs
réellement
éprouvés
0%
341
La thérapie neurocognitive et comportementale
Différents thèmes
100 %
Investissements en
– temps (en rouge),
– argent (en bleu),
– énergie (en vert),
– somme (en noir)
0%
Différents thèmes
100 %
Plaisirs réellement
éprouvés
0%
Différents thèmes
100 %
Attentes spontanées
de plaisir
0%
Différents thèmes
100 %
Attentes de plaisir
à long terme
après réflexion
0%
Annexe 11
Arbre diagnostique synthétique
des contenants TNC
343
La thérapie neurocognitive et comportementale
Objet mental
(cognitif/comportemental
/émotionnel)
Apprentissage Effet rebond
+→+ (autorégulation)
−→− +→−
−→+
CORTEX
SOUS-CORTICAL
Complexification : Polarisation :
Curiosité Routine
Souplesse Persévérance
Nuance Simplification
Relativité Certitudes
Rationalité Empirisme
Individualisation Opinion des autres
Mode Mental Mode Mental
Adaptatif Automatique
NEO-LIMBIQUE
+ et − → changement
= + et − → +
Résilience =
Vocation +→+
NÉOCORTEX −→−−
PREFONTAL Personnalité Primaire = + et − → ±
Prudence… ou blocage =
Ambivalence
Extravertie Introvertie
Hyper Phases I, II
et III
Individualiste Sociale Individualiste Sociale
Phase IV
AR1 FR1 LR1 IR1 AE1 FE1 LE1 IE1 Évitement (RH)
Antivaleur, désagrément
Volontaire
Personnalité secondaire + rémanence
Automatique douloureuse
+ apaisement immédiat
Extravertie Introvertie
+ vécu de peur vitale
+ vécu de peur sociale
Individualiste Sociale Individualiste Sociale
AR2 FR2 LR2 IR2 AE2 FE2 LE2 IE2 Mépris, Honte, Admiration Phobies
agacement ridicule larmoyante vraies
344
Annexes
Autorégulation…
(effets rebonds)
+→−
−→+
SOUS-CORTICAL
Réactivité :
Cumulative, fluctuante, globale, Réactivité :
Grégaire (rapports de force) Immédiate, brève,
Impulsive +++ Individualiste (de survie)
Manque de contrôle +++ Impulsive +
Rituels +++ Manque de contrôle +
Style voyant +++
Insensibilité / soi & autre HYPOTHALAMUS
(tendance autistique)
Phobies STRESS
PALEO-LIMBIQUE
vraies Anxiété Colère Asthénie
Agitation Susceptibilité Abattement
PALEO- Sourire vide Tension cou Oppression
LIMBIQUE > Ouvrir > Valoriser > Soutenir
Confiance Confiance < Critiquer
en les autres < Fermer < Laisser
en soi
Fuite Lutte Inhibition
345
Glossaire
347
La thérapie neurocognitive et comportementale
348
Glossaire
349
La thérapie neurocognitive et comportementale
350
Glossaire
351
La thérapie neurocognitive et comportementale
352
Glossaire
353
La thérapie neurocognitive et comportementale
354
Glossaire
355
La thérapie neurocognitive et comportementale
confondre Hyper efficace et Hyper satisfait, car un Hyper peut très bien
être satisfait par l’environnement (les autres, l’argent d’un héritage...) sans
pour autant supposer que le sujet ait la maîtrise de la situation. Dans le
modèle TNC, l’intensité de l’anxiété d’anticipation ou, plus généralement,
l’ensemble du tableau pathologique de l’Hyper, est largement dépendant
du caractère plus ou moins inefficace de l’Hyper considéré plutôt que de
son degré d’insatisfaction du moment.
Hyper-Méta (Comportement méta-hyper-fonctionnel) : comporte-
ment hyperfonctionnel portant sur la manière de faire, pas sur l’objet du
comportement. Classiquement, l’Hyper-méta est une recherche de recon-
naissance ou de validation externe, compensant un déficit interne de
même nature (capacité à se reconnaître et valider).
Hypo (Comportement hypo-fonctionnel) : comportement d’évite-
ment automatique dans l’affrontement suivi d’un apaisement immédiat
dans l’évitement (comme la phobie simple) mais caractérisé par un
vécu de gêne, de ridicule, de honte ou une réaction d’agacement, de
mépris.
Hypo-basique (Comportement hypo-fonctionnel basique) : compor-
tement hypo-fonctionnel induisant un interdit massif du comportement
considéré (sur le fond), par opposition à l’Hypo-Méta (voir ce terme) qui
porte davantage sur la façon de faire (notamment « mal faire », de façon
inélégante...).
Hypofonctionnement : idem Comportement Hypo-fonctionnel (voir
ce terme) ou Hypo.
Hypo-Méta (Comportement méta-hypo-fonctionnel) : forme atténuée
du comportement automatique d’évitement social. Interdit individuel,
conditionné durant l’enfance ou l’adolescence (Hypo), qui déclenche,
dans le cas particulier (Hypo-Méta = qui porte en fait sur la manière de
faire), une admiration larmoyante (avec sensation de sublime) lorsque
d’autres s’affranchissent avec « élégance » de l’interdit.
Hypothalamus : territoire situé à la base et dans la profondeur du
cerveau, juste au-dessus de l’hypophyse. Représentant moins de 1 % du
volume cérébral, il assure un rôle de contrôle des sécrétions hormo-
nales de l’hypophyse, considérée comme le chef d’orchestre des autres
glandes de l’organisme, et participe aux grands équilibres homéosta-
tiques de l’organisme. Il est le principal interprète des besoins bio-
logiques de l’espèce : instincts de vie (alimentaire, sexuel, régulation
thermique, etc.) et méta-instincts de survie (système FLI du stress, voir
ce terme).
356
Glossaire
357
La thérapie neurocognitive et comportementale
358
Glossaire
certains Hypos mais la réciproque est bien moins vraie : les Hypos n’ex-
pliquent pas ou peu la personnalité.
Métapsychologie : dimension méta de la psychologie : prise de dis-
tance, analyse des mécanismes psychologiques.
Micro comportement : comportement automatique (voir ce terme),
réalisé fréquemment et machinalement.
Mindfullness : état dit de pleine conscience. Terme issu de la médita-
tion tibétaine.
Mode mental (MM) : mode de fonctionnement particulier du cerveau,
sous-tendu par la mise en œuvre caractéristique de structures cérébrales
identifiables. Synonyme : contenant cérébral.
Mode Mental Adaptatif ou Préfrontal (MMAd ou MMP) : ce mode
mental est pertinent pour gérer le nouveau et/ou le complexe. En TNC,
nous lui définissons six dimensions : la curiosité sensorielle, l’acceptation,
la nuance, la relativité, la réflexion logique et l’opinion personnelle.
Mode Mental Automatique (MMAu ou MMA) : mode mental « éco-
nomique » mobilisé lorsqu’un événement est perçu comme simple et/ou
connu.
Mode Mental Préfrontal (MMP) : voir Mode Mental Adaptatif.
Motivation extrinsèque ou externe ou exogène : motivation induite
par des stimulations issues du milieu, satisfaisant un besoin biologique ou
social (succès, reconnaissance…). En TNC, cette motivation est notam-
ment associée aux Personnalités Secondaires… Elle s’oppose à la motiva-
tion intrinsèque (voir ce terme) ou interne ou endogène.
Motivation intrinsèque : c’est une motivation d’origine endogène,
issue des gènes ou de la période d’empreinte post-natale. Elle a pour carac-
téristique de ne pas dépendre du résultat de notre action. Elle associée à
la Personnalité dite Primaire (voir ce terme) et s’oppose à la motivation
Extrinsèque (voir ce terme), Externe ou Exogène.
Motivation intrinsèque refoulée : motivation intrinsèque (voir ce
terme) non exprimée en raison d’une dévalorisation d’origine culturelle
ou à une expérience personnelle négative à cet égard. Les formes les plus
pathogènes sont le fait d’un Hypo ou comportement Hypo-fonctionnel
(voir ce terme).
Motivation négative : type de motivation associée à des vécus d’échec
et colorée par la volonté d’éviter de les revivre. Synonyme : mauvaises
cases (voir aussi ce terme).
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Glossaire
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La thérapie neurocognitive et comportementale
dominant chez l’un et de soumission chez l’autre) mais qui reste évolutive
tout au long de la vie, notamment jusqu’à la puberté. Elle définit le posi-
tionnement (« irrationnel », issu d’un rapport de force primitif) de l’indi-
vidu par rapport à son groupe, selon les deux axes du positionnement
grégaire : l’un définit le degré de confiance irrationnelle en soi (domi-
nance/soumission) et l’autre celui de confiance irrationnelle en l’autre
(aisance irrationnelle/marginalité).
Personnalité Compétitrice (LE) : voir Personnalité (modèle de) en
TNC
Personnalité difficile : en TNC, ce concept inclurait 1/l’exagération
d’une Personnalité Secondaire ou 2/la dérégulation (par son intensité ou
son instabilité comme lors des troubles bipolaires) d’une personnalité
archaïque (PG).
Personnalité en Activation Empêchée (AE) : voir Personnalité
(modèle de) en TNC
Personnalité en Activation Empêchée ou Novatrice (AE) : voir
Personnalité (modèle de) en TNC
Personnalité en Activation Réussie (AR) : voir Personnalité (modèle de)
en TNC
Personnalité en Activation Réussie ou épicurienne ou Philosophe
(AR) : voir Personnalité (modèle de) en TNC
Personnalité en Fuite Empêchée (FE) : voir Personnalité (modèle de)
en TNC
Personnalité en Fuite Empêchée ou Sécuritaire (FE) : voir Personnalité
(modèle de) en TNC
Personnalité en Fuite Réussie (FR) : voir Personnalité (modèle de) en
TNC
Personnalité en Inhibition Empêchée (IE) : voir Personnalité
(modèle de) en TNC
Personnalité en Inhibition Empêchée ou Altruiste ou Solidaire (IE) :
voir Personnalité (modèle de) en TNC
Personnalité en Inhibition Réussie (IR) : voir Personnalité (modèle de)
en TNC
Personnalité en Inhibition Réussie ou affective ou participative
(IR) : voir Personnalité (modèle de) en TNC
Personnalité en Lutte Empêchée (LE) : voir Personnalité (modèle de)
en TNC
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Glossaire
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La thérapie neurocognitive et comportementale
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Glossaire
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La thérapie neurocognitive et comportementale
autorégulé », freiné par son produit final et qui fluctue ainsi autour d’un
point de consigne.
Répression d’Hyper : voir répression de comportement Hyper-
fonctionnel.
Répression d’hyper (RH) : répression consciente et plus ou moins
volontaire d’un comportement hyperfonctionnel perçu comme doulou-
reux, préjudiciable ou dangereux. Appartient au « syndrome Hyper » dont
elle constitue un stade évolutif (phase 4). C’est une des causes majeures
de dépression, dite réactionnelle. Symptomatologie dépressivo-agressive
très rémanente, donnant un sentiment de traumatisme moral, où l’on se
sent initialement victime, abandonné, incompris. Puis, après la phase de
reproches, on se sent progressivement incapable, méprisable, sans intérêt.
Récidives fréquentes, hypersensibilité et susceptibilité. Le syndrome Hyper
n’est qu’une symptomatologie de l’Hypo, qui se traite avec lui.
Résonance (d’hypo) : Critère diagnostic caractéristique de l’hypo par
confrontation indirecte. La résonance est involontaire, peu contrôlable.
Elle se traite en profondeur par affrontement comportemental de l’Hypo
(en proportion exacte de la résolution du trouble). Voir aussi résonance
émotionnelle.
Résonance émotionnelle : réaction émotionnelle particulière (gêne,
agacement ou admiration avec émotion) face à un individu/un comporte-
ment par lequel nous ne sommes nullement impliqué/menacé.
Classiquement, cela se produit ou persiste même devant une fiction, par
exemple au cinéma, même si cela n’évoque rien de notre vie personnelle.
C’est le comportement « en soi » qui produit en nous cette réaction. Ce
symptôme est caractéristique de l’Hypo et constitue un précieux signe dia-
gnostic, facile et fiable, alors que l’Hypo lui-même est invisible (tabou) du
fait de l’évitement automatique avec « vide mental » secondaire (hors
résonance). On dit en TNC de celui qui provoque la résonance qu’il a une
liberté que l’on n’a pas (même s’il nous paraît méprisable !). S’il abuse de
sa liberté, il faut toujours prendre au sérieux ce qu’il nous révèle sur nous.
Une fois l’affrontement fait et le problème traité, on voit mieux la liberté
qui nous manquait.
Saturation de l’Hyper : méthode de recherche du ou des Hypos d’un
Hyper, par exagération imaginaire (totale et durable) du succès d’un
Hyper, pour identifier ce qu’il apporterait de plus que son objet apparent
i.e. son objet caché (voir ces termes).
Schémas de pensée : trames de pensées stables (modèle TCC) voire
rigidifiées, souvent sous-tendues par les personnalités (modèle TNC) ou
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Glossaire
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Index des notions
A Amygdale 127
– noyaux amygdaliens notamment
Acceptance and Commitment Therapy
basolatéraux. 127
(ACT) 15, 94
Anxiété chronique 142
Acevedo 73
Anxiété sociale 142
ACT 106, 112
APA 74
Actif du passif 326 Art Dédramatique 116, 228, 273
Activation Réussie 181, 286, 288 Assertivité 125, 141
Addiction 35, 55, 57 Attaque de panique 142, 231
– comportementale 24, 57, 72, 74 Autorégulation 133
– sexuelle 74-75
– double 35
Admiration larmoyante 48
– simple 34
Affirmation de soi 76
Affrontement 114 B
– affrontement-test 82 Big Six 144
– thérapeutique 37 Bipolarité 240
Agacement 41, 47
Burn-out 78, 81
Aire tegmentale ventrale 73
Aire visuelle associative 28 C
Alzheimer 247 CAES 32, 307
Ambivalence 318 Comportement
Amertume 322 – de substitution 317
Ames 292 – automatique d’évitement social 24,
Amour passionnel 72-73 30
389
La thérapie neurocognitive et comportementale
390
Index des notions
391
La thérapie neurocognitive et comportementale
392
Index des notions
T Trouble
– de l’Adaptation Post-traumatique
Tabou 30-32, 35, 37, 57 avec Amertume (ou Post-traumatic
– sexuel 31 Embitterment Disorder, PTED, 63
TCC 28 Trouble bipolaire 155, 171
TEP 28 Trouble Obsessionnel Compulsif
Théorie (TOC) 34, 74, 125, 133, 142,
– associationnistes 97 150, 166, 255
Théorie de l’auto-détermination 79 Troubles psychotiques 174
Théorie du Point de Consigne 134
V
Thérapie
– cognitive 86 Valeur
– cognitive et comportementale 15 – antivaleurs 51, 81, 96, 111
– neurocognitive et Vide mental 50
comportementale 11, 15
Tomographie par Émission de Positrons W
(TEP) 22 Work engagement 79
Transfert 56 Workaholics 78
Travaillomanes 78 Workaholism 79
Index des auteurs
A Bateson 158
Bauman 126
Adams 75, 77, 97
Beauregard 162
Adolphs 126-127
Afssaps 132 Beck 15, 170
Aggleton 128 Becker 79, 127
Ahs 31, 126 Bernard 128
Alberti 139, 141, 292 Biddulph 77
Allan 133, 135, 138-139, 164 Birchwood 129, 141, 164
Amara 76 Bishop 127
Amaral 127 Biwas-Diener 134
Amir 31 Blackshaw 144
André 15 Boesch 129
Antoniadis 127 Boesch-Achermann 129
Aron 73, 97 Bouvard 295
Asch 148 Braggio 131
Ashton 144 Brockman 72
Aureli 146 Burke 79
Aziz 79 Burkett 73
Butovskaya 146
B
Bachevalier 126 C
Bandler 128 Cale 76
Bandura 189 Calhoun 76
395
La thérapie neurocognitive et comportementale
Canceil 28 Fossum 75
Cannon 225 Fradin 12, 26, 30-31, 35, 48, 51, 61,
Cardinale 128 64-65, 68-70, 81, 86-87, 94, 106, 109,
Carnes 77 114, 125, 129, 132, 135, 141, 166,
Cheng 73 177, 267, 273, 277, 283, 285, 292
Chichinadze 131 Freud 31
Combs 144 Frost 16
Corvalán 14 Fuster 27
Cottraux 189, 225
G
Crino 291
Garcia 74
D Giedd 32
Damasio 24, 126-127, 171, 278, 284 Gilbert 126, 128, 133, 135, 138-139,
Danchin 12 164
Davidson 128, 152, 282 Gilliland 75, 97
de Chalvron 125, 293, 295 Golwinn 75
de Waal 146 Gosselin 52
Dearing 75 Gourou 170
Deary 75 H
Deci 79, 81
Del Casale 126 Hayes 15, 64, 106
Diamond 32 Headey 134-135
Diener 134 Heimberg 29
Dijksterhuis 279 Heimburger 127
Dilger 28 Heriot-Maitland 144, 163
Doar 32 Hertenstein 146
Hill 162
E Hinde 129
Ekman 51, 53-54 Hofman 292
Emery 126 Hofmann 29
Emmons 139, 141 Hooker 144
Etkin 129 Houdé 27
Hout 293
F Hoyer 75
Fanget 189 Hubel 284
Fedoroff 76 Huppert 29
Feingold 12
I
Feinstein 127
Fernandez-Duque 114 Isenberg 128
Field 73
Fisher 72-73
J
Fornette 279 Jarvis 131
396
Index des auteurs
Joannides 74 Maslach 78
Jolly 126, 129 Mason 75
Josephs 131 Mattews 75
Matthies 79
K Mazur 76, 126
Kabat-Zinn 15 McCool 127
Kafka 74 McGrew 130
Karl Groos 131 Mehta 131
Kazma 12 Mehu 51, 53
Khoury 12 Milgram 148
King 127, 163 Miller 134
Kling 126 Monfardini 149
Koestner 81 Mouilso 76
Kolb 26 Mueller 16
Koski 146
N
Kozintsev 146
Krueger 141 Notariis 151
Kumaran 76, 126
O
L O’Connor 75
Laborit 26, 32, 48, 225, 282, 284 O’Leary 162
Le Moullec 12, 65
P
Ledoux 26
Lee 144 P. Ires 284
Lefrançois 34, 125, 129, 132, 134, P. IIres 284
141, 277, 292-293, 304 Pavlov 25
Leiter 78 Pellegrini 128, 130-131, 152
Lemoullec 48, 68, 70, 81, 87, 109, Persinger 162
135, 166, 177, 283 Peters 144
Levenson 282 Phelps 26
Levine 74 Piaget 151
Linden 63 Posner 14, 114, 279
Ljungberg 146 Price 129
Lorenz 284 Pulkkinen 128
Losier 81
Lussier 76 R
Lutz 282 Raichle 279
Rapoport 294
M
Rasmussen 280
Málková 126 Reid 75
Marsh 128 Reynaud 72
Martinez 12 Robinson 75, 77, 97
397
La thérapie neurocognitive et comportementale
Romano 292 V
Rosvold 126
van Beek 79-81
Rothbart 14
van den Broeck 79, 81
Rouchouse 189
Van der Linden 129
Rule 128, 153
Ryan 79, 81 Van Dijk 149
VanBeek 79
S Vieira 145
Salanova 79 Villatte 15, 64
Salkovskis 293 Vincent 72
Sanavio 295 Vriends 29
Schaufel 79
W
Schaufeli 79
Schimd Mast 126 Walsh 32
Schmolck 126 Warlow 22
Schneider 279 Watson 25
Schreiner 126 Wearing 134
Schwartz 77 Weiner 294
Segal 15 Welkowitz 291
Serber 153 Whishaw 26
Sevlie 75 Wiechelt 97
Shafran 294 Wiesel 284
Sherwood 52 Wiggings 144
Shiffrin 279 Wilson 75
Shirom 78
Wolpe 28
Skinner 25, 27
Smoller 171 X
Strayer 130, 133, 151
Xu 73
Sugiura 16
Sussman 72 Y
T Yang 126
Taris 79 Yao 294
Terburg 128 Young 75, 97
Thibaut 74
Z
Thompson 75
Thompson-Schill 32 Zermatten 304
Tranel 126 Zickar 79
Trower 126, 128, 292 Ziegler 22
Table des matières
Sommaire 5
Table des abréviations 7
Remerciements 9
Introduction. Bases et méthodologie 11
1. Médecine Environnementale, Psychologie et interdisciplinarité 12
2. Thérapies Cognitives et Comportementales,
Neurosciences et TNC 15
3. Du Contenu psychologique au Contenant neuro-fonctionnel 16
4. La clinique, science molle ou dure ? 19
4.1. Sciences dures et sciences molles : où est leur césure ? 19
4.2. Sciences dures et méthodologie clinique 21
4.3. L’outil statistique 23
399
La thérapie neurocognitive et comportementale
… Ou le démembrement du syndrome 29
Le comportement d’Hypofonctionnement 30
1.3. Cybernétique et régulation : l’Hypo et l’Hyper 32
1.4. L’addiction relative au comportement Hyper 35
1.5. Principe thérapeutique du traitement de l’Hypo et de l’Hyper 37
2. Diagnostic clinique de l’Hypo 37
2.1. La Résonance d’Hypo 39
La gêne ou la honte 40
L’agacement et le mépris 41
L’admiration larmoyante 42
2.2. Confirmation du diagnostic par affrontement d’Hypo 44
Intérêt de l’affrontement d’Hypo 45
Les vécus d’affrontement d’Hypo 47
Phase pédagogique de l’affrontement d’Hypo 50
2.3. Critères diagnostiques de l’Hypo issus des micro-
comportements 51
Utilité et fragilité des signes issus des micro-comportements 52
Concordance entre les critères de Résonance, d’affrontement
et micro-comportements 53
2.4. Diagnostic différentiel de l’Hypo 54
3. L’Hyper 55
3.1. Liens entre Hypo, Hyper et RH 55
3.2. Les critères diagnostiques usuels de l’Hyper 57
Alternance de quatre phases 58
L’ambivalence 58
L’insatisfaction 59
L’anxiété par anticipation 60
Le caractère exigeant 60
L’efficacité de l’Hyper 61
3.3. Les critères diagnostiques de l’Hyper issus des micro-
comportements 61
4. Diagnostic clinique de la RH 62
4.1. Les vécus de RH 64
L’amertume 64
La jalousie 64
L’ambivalence 65
Conditions d’aggravation de la RH 65
Douleur morale liée à l’évitement 66
4.2. Critères diagnostiques de la RH issus des micro-
comportements 67
400
Table des matières
401
La thérapie neurocognitive et comportementale
1.3. Une mobilité autour d’un point de consigne : l’effet rebond 132
1.4. La régulation du Positionnement Grégaire
est construite sur le vécu de peur et de culpabilité 135
1.5. Le Positionnement Grégaire et la pathologie 138
Le Positionnement Grégaire n’est pas une pathologie
mais une régulation sociale 138
Pathologies issues du Positionnement Grégaire
de type Dominance-Soumission 139
Pathologies issues du Positionnement Grégaire
de type Marginalité-Intégration 142
2. Diagnostic clinique du PG 146
2.1. Diagnostic du Méta-Contenant Positionnement
Grégaire (PG) 146
Notion de confiance et PG 147
Notion de pouvoir et PG 147
Stéréotypie du PG 148
Phénomène d’autorégulation du PG 149
2.2. Diagnostic des axes de PG 152
L’axe vertical dominance/soumission 152
L’axe horizontal Marginalité/Intégration 155
2.3. Description clinique des quatre personnalités difficiles
ou paléo-personnalités selon la TNC 156
La dominance 156
La soumission 160
La marginalité 166
L’intégration 169
3. Modélisation partielle du PG en psychothérapie 173
3.1. Diagnostics différentiels du PG et principales interactions 173
Soumission et RH 173
Dominance et Marginalité 176
Soumission et personnalité dite « Stratège » 177
Soumission et Hypo-Méta 179
Dominance, Marginalité et personnalité dite « Compétitrice » 180
Intégration et personnalité dite « Philosophe » 181
3.2. Sonnettes et attaques de panique 182
Sonnette entre Extraversion et RH 182
Sonnette entre PG et Méta-Contenant Néolimbique 183
4. Thérapie neurocomportementale du PG 184
4.1. Principes généraux du traitement 184
Premier personnage : « je caricature mon PG » 186
402
Table des matières
403
La thérapie neurocognitive et comportementale
404
Table des matières
405
La thérapie neurocognitive et comportementale
406
Table des matières
Glossaire 347
Bibliographie 371
Index des notions 389
Index des auteurs 395
Table des matières 399