management durable
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comptabilité environnementale
ISSN : 0846-0647
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Résumé
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Introduction
« Même si je ne suis pas originaire du Nord, je n'en demeure pas moins profondément
touchée par certaines images de l'extrême arctique. Bien sûr, des photos de paysages nous
ont familiarisés avec vos splendides fresques de blancs et de bleus glacés, comme avec
les délicates et minuscules plantes découvertes dans une toundra. Mais, même lorsque je
repense au puissant silence de l'aube nordique, une autre image s'impose à moi : celle
d'un amoncellement de déchets. La vision de barils de pétrole vides abandonnés aussi loin
au Nord, dans des paysages apparemment indemnes de l'influence humaine, a quelque
chose de blessant. C'est sûrement un témoignage d'irrespect et de courte vue. »
(Dowdeswell, 1998).
Elizabeth Dowdeswell (ex. directrice générale du Programme des Nations Unies pour
l'environnement) a été profondément attristée et choquée de la façon dont nos richesses
naturelles sont protégées. Suite à la parution du premier rapport synthétique sur
l'environnement global, le Global Environmental Outlook (GEO), elle a déclaré : « Le
message du rapport GEO était clair; l'humanité est en train de polluer et de gaspiller des
ressources renouvelables cruciales – l'eau fraîche, l'air des villes, les forêts et les terres –
et ce à un rythme supérieur à la capacité de régénération de ces ressources. Ce qui est
particulièrement difficile à comprendre, c'est la raison pour laquelle les choses semblent
empirer au lieu de s'améliorer. Aucun des problèmes environnementaux qui aient émergé
ne demeure insoluble pour l'espèce humaine. Nous possédons des connaissances et des
capacités technologiques immenses. Et nous disposons, pour la plupart de ces problèmes,
de preuves très convaincantes de la nécessité d'agir. Mais, pour une raison ou une autre, il
nous manque encore la volonté politique de le faire. Il y a seulement six ans, à Rio de
Janeiro, les personnages les plus puissants de la planète ont prononcé des centaines de
discours qui rappelaient les liens entre un environnement sain et l'espoir de doter d'une
meilleure qualité de vie une plus grande proportion des habitants de la Terre; ces leaders
ont vanté les mérites d'un développement durable.»
En effet, dès 1992, les grands de ce monde, principalement les représentants des pays les
plus industrialisés, ont affirmé qu’ils allaient respecter leurs engagements en mettant en
place des politiques concrètes afin de préserver les ressources naturelles.
Le développement durable est alors apparu étroitement lié à l’idée de revenu : on
s’interroge sur la question de savoir comment consommer sans s’appauvrir à l’avenir et
jusqu'à quelle limite on peut consommer sans porter préjudice à l’environnement.
La mise en place de comptes environnementaux et économiques est soudainement
devenue la panacée qui permettrait : D’une part, de fournir des informations synthétiques
aux décideurs sur les actifs naturels de l’environnement. Et d’autre part, de calculer les
coûts environnementaux et leurs conséquences sur la production, le revenu et
l’épargne(Weber, 1998). En d’autres termes, le processus d’intégration des principes du
développement durable au processus de mondialisation pouvait commencer.
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Voir en annexe la chronologie de l’évolution du concept de développement durable de 1972 à 2002.
2
Se basant sur des recherches en écologie, toxicologie et épidémiologie, Rachel Carson dénonce l'usage des pesticides
et les conséquences de cette utilisation sur les espèces animales et la santé humaine. Voir à ce sujet le site Internet
qui lui est consacré
3
Binet et Livio (1993) nous apprennent qu’à cette occasion les pays de l’OCDE posent pour la première fois le principe
de pollueur payeur selon lequel : « Le pollueur doit supporter les frais de mise en oeuvre des mesures nécessaires
pour laisser l’environnement dans un état acceptable. »
4
Villeneuve nous apprend qu’à cette époque le terme environnement n’avait aucune connotation écologique dans
l’édition de 1972 de l’encyclopédie Universalis. Ce terme était réservé à l’architecture et ce n’est qu’en 1973, dans la
foulée de la conférence de Stockholm, que l’encyclopédie proposera une définition écologique du terme.
5
Mme Gro Harlem Brundtland était la présidente de la commission et les résultats des travaux furent publiés sous
forme d’un rapport intitulé Our common future en mars 1987. Ce rapport fut traduit en français et intitulé Notre
avenir à tous.
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- Répondre de façon équitable aux besoins des populations dans une perspective de
long terme, et plus spécifiquement les besoins essentiels des sociétés les plus
démunies qui nécessitent une aide d’urgence pour répondre à des besoins de base;
Cette définition traduit la conviction de la Commission, qui considère que des mesures
immédiates doivent être prises pour commencer à gérer les ressources de l’environnement
de manière à assurer un développement qui s’inscrit dans le temps.
On peut en déduire que le respect du long terme devient un objectif en soi, la coopération
entre les peuples, un moyen d’atteindre cet objectif et le respect de l’environnement la
voie du salut de l’espèce humaine (voir tableau 1).
6
Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Notre avenir à tous, Éditions du Fleuve, 1988.
7
Ferone, G. ( 2001)
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Avec ce rapport, il semble que la CMED ait tenté de formuler un document le moins
exhaustif possible pour qu’il puisse servir de réservoir d’analyses et d’arguments visant à
forger des alliances en vue d’une mobilisation8 internationale. Ce cadre de référence s’est
malheureusement heurté à au moins deux obstacles de taille.
8
Zaccai, E., Le développement durable : dynamique d’un projet.
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Pour essayer de surmonter ces obstacles et bien d’autres, une Conférence des Nations
Unies pour l’Environnement et le Développement (CNUED) a eu lieu à Rio de Janeiro en
1992. Elle avait pour objectif de proposer un projet de développement cohérent avec les
réalités socio-économiques et plus équitable.
Trois documents officiels ont été adoptés : la Déclaration de Rio sur l’Environnement et
le Développement, l’Agenda 21 et la Déclaration sur les forêts9 (voir tableau 2).
Trois grands textes et deux Conventions ont été adoptés à Rio en 1992
1/ Action 21, plan détaillé d'action mondiale dans tous les domaines du développement
durable
9
Voir pour plus de détails l’ouvrage de Zaccai, p. 141-167.
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Mais un des acteurs les plus important reste l’entreprise qui par nature et par tradition, a
l’habitude de mettre ses propres intérêts au-dessus de tous les autres, même ceux des
populations, des gouvernements ou de l’environnement11. D’ailleurs le Groupe de
Lisbonne12 qui a pourtant tenté de formuler des voies pour un projet mondial de
développement dans lequel le rôle de l’entreprise serait limité, a exprimé trois raisons
fondamentales qui la font apparaître comme l’acteur clé :
Mais, bien qu’elle soit l’acteur majeur du marché mondial, il existe d’autres acteurs qui
ont grandement contribué à intégrer certains principes du développement durable dans le
quotidien de l’industrie des biens et services. Les normes environnementales basées sur
certains de ces principes et qui visent la majorité des objectifs énumérés par la CMED
apparaissent comme une appropriation du monde économique, à travers une OIG14
(l’ISO15 dans notre cas), des valeurs du concept et leur traduction en recommandations
concrètes et pratiques pour mettre en place une gestion environnementale au sein des
entreprises.
10
Voir en Annexe, la chronologie détaillée de l’évolution du concept de 1972 à 2002
11
Voir pour plus de détails, l’ouvrage de Hawken, P., 1995
12
Le groupe de Lisbonne se compose de 19 personnes de formation différente et issues du milieu des affaires, des
organismes gouvernementaux et internationaux ainsi que de la communauté universitaire et des fondations. Il a été
formé en 1992, à l’initiative de Riccardo Petrella, directeur du programme FAST (Forecasting and Assessment in
Science and Technology) à la Commission de l’union européenne de Bruxelles.
13
Tiré de l’ouvrage de Zaccai (2002), p. 291
14
Organisation Internationale Gouvernementale.
15
Organisation Internationale de Normalisation.
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L’évolution des mentalités des différents acteurs qui influencent le marché (stakeholders,
dirigeants d’entreprises, consommateurs, États, etc.) n’a fait que se renforcer depuis le
rapport Brundtland. Ainsi l’augmentation des parts de marché obtenue par les produits et
services compatibles avec l’environnement reflète une nouvelle tendance lourde qui
oriente l’économie vers l’intégration croissante des principes du développement durable
dans les stratégies de développement des entreprises.
« […], En aucune manière, les entreprises qui s’engagent dans une action de
développement durable ne revendiquent l’application de valeurs militantes. En revanche,
elles se fixent des règles déontologiques, arrêtent des principes de fonctionnement qui
tiennent compte des intérêts de tous leurs partenaires, communiquent avec transparence
mais n’oublient pas pour autant leur rôle économique. » (Bello, 2001)
Il en est ainsi du World Business Council for Sustainable Development (WBCSD16), qui
regroupe d’importantes entreprises transnationales17 qui collaborent avec certaines OIG
(comme les Nations unies) dans le but de généraliser l’intégration de certains principes du
concept dans le quotidien des entreprises.
16
Site Internet : http://www.wbcsd.org/projects/pr_csr.htm
17
Zaccai (2002) nous apprend que l’histoire du WBCSD remonte à la préparation de la conférence de Rio et plusieurs
de ses membres contribueront financièrement à la conférence. De plus, début 2000, les cent vingt multinationales de
l’organisme géraient un chiffre d’affaire cumulé de 2 500 milliards USD.
18
Erkman, S. critique en détail de l’approche « end of pipe » dans son ouvrage.
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Les résultats ont été divers et le succès semble être cantonné aux pays industrialisés qui
continuent tout de même à subir les formes traditionnelles de la pollution de l’air, du sol
et de l’eau. Provost et Gendron (1996), qui se sont inspirés des travaux de Sethi20,
précisent qu’il existe quatre types de comportements qui permettent de délimiter les
grandes lignes adoptées par l’entreprise à l’égard du concept; à savoir : le comportement
proscriptif (aucune mesure environnementale), réactif (respect de la réglementation
établie), prescriptif (mise en place d’une politique environnementale avec une vision
légale) et proactif (anticipation et prévention des préoccupations liées au développement
durable).
Il apparaît que l’entreprise évolue lentement vers une logique de responsabilité. Elle doit
de plus en plus tenir compte des contraintes économiques, sociales et politiques de
chaque marché ou elle opère car elle vise avant tout des clients plus avertis.
C’est donc à partir de leurs activités propres que l’on peut formuler certains critères, à
savoir : la mise en place d’une politique environnementale et son adéquation avec la
vision et la mission de l’entreprise, les sommes d’argent allouées à la gestion
environnementale, les ressources humaines impliquées dans le processus, les outils mis
en oeuvres, etc. (Provost, 1996)21
19
Pour plus de détails, voir Notre avenir à tous, Éditions du Fleuve, 1988.
20
Pour plus de détails, voir Environnement, économie et entreprise, Télé-Université, 1995.
21
Michel Provost., Le développement durable : concept, réactions et positions de l’entreprise In Entreprise et
développement durable : opérationnaliser le développement durable au sein de l’entreprise, p. 13-34.
22
Pour plus de détails, voir les explications de Pauchant et Mitroff (1995).
23
Les travaux de Provost (1996) et d’Aktouf (1999) montrent que la responsabilisation n’est pas la même selon qu’il
s’agit d’une entreprise qui opère dans les pays du Nord ou du Sud.
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Les Nations Unies et, à un autre niveau, les instituts de statistiques internationales ont tenté de remédier
à certaines limites de la comptabilité nationale, en développant des instruments, les comptes satellites, qui
sont des systèmes comptables permettant de représenter statistiquement certains cadres particuliers du
système économique qui ne sont pas décrits de manière exhaustive dans la comptabilité nationale, tels que
le tourisme, la protection sociale, la protection de l’environnement, etc.
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2- L’expérience européenne27
Il apparaît clairement que l’Union Européenne s’est donnée des moyens considérables
pour mettre en pratique ses engagements vis-à-vis d’un développement durable; à
l’échelle de l’Europe du moins.
Mais, comme toute action d’envergure, la disparité qui existe entre les différents pays de
l’Union et le niveau de développement économique de chaque pays ne facilitent pas les
choses; ainsi : « En Europe, les atteintes à l'environnement se sont amplifiées de manière
constante au cours de ces dernières décennies. Chaque année, près de 2 milliards de
tonnes de déchets sont produits dans les États membres et ce chiffre augmente de 10 %
par an. La qualité de vie de la population européenne, plus particulièrement dans les
zones urbaines, connaît une forte dégradation (pollution, nuisances sonores, vandalisme).
La Communauté a été fortement critiquée pour avoir privilégié l’économie et le
développement des échanges commerciaux au détriment de l'impact sur l'environnement.
Aujourd'hui, il est reconnu que le modèle européen de développement ne peut être fondé
sur l'épuisement des ressources naturelles et la dégradation de l'environnement. »
Pourtant les premières actions communautaires ont débuté en 1972, dans le cadre de
quatre programmes d'action successifs. Cependant, elles reposaient sur une approche
verticale et sectorielle des problèmes écologiques. Durant cette période, la Communauté a
adopté près de 200 actes législatifs qui consistaient essentiellement à limiter la pollution
par l'introduction de normes minimales, notamment en matière de gestion des déchets, de
pollution de l'eau et de l'air. Malheureusement, ce cadre réglementaire n'a pu prévenir la
dégradation de l'environnement.
Au cours des années 1990, grâce à la prise de conscience du public des risques liés aux
problèmes liés à la dégradation de l'environnement, la nécessité d'adopter une approche
concertée à l'échelle européenne et internationale est devenue incontournable. L'action
communautaire s'est développée au fil des années, jusqu'à ce que le traité sur l'Union
européenne lui confère le rang de politique. Le traité d'Amsterdam (1997) a poursuivi
cette évolution, par l'intégration du principe de développement durable parmi les missions
de la Communauté européenne et en faisant du niveau élevé de protection de
l'environnement l'une de ses priorités absolues.
Ainsi, le Cinquième programme d'action pour l'environnement, intitulé « Vers un
développement soutenable » a posé les principes d'une stratégie européenne volontariste
pour la période 1992-2000 marquant le début d'une action communautaire horizontale,
qui intègre tous les facteurs de pollution (industrie, énergie, tourisme, transports,
agriculture). Cette nouvelle approche transversale de la politique de l'environnement a été
confirmée par l'intégration de l'environnement dans les politiques de l'Union en 1998.
Depuis, l'intégration de la problématique environnementale dans les autres politiques a
fait l'objet d'actes communautaires divers, notamment dans les secteurs de l'emploi, de
l'énergie, de l'agriculture, de la coopération au développement, du marché unique, de
l'industrie, de la pêche, de la politique économique et des transports.
27
Source : http://www.planetecologie.org/JOBOURG/Francais/Europe.htm
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Instruments et application :
Récemment, l'accent a été mis sur une plus grande diversification des instruments
environnementaux, en favorisant plus particulièrement le recours aux taxes
environnementales (principe du pollueur payeur28), à la comptabilité environnementale
ou aux accords volontaires. En effet, en l'absence d'une application effective de la
législation environnementale, aucun progrès ne peut être réalisé. Cette effectivité passe
par l'introduction de mesures incitatives à destination des opérateurs économiques
(entreprises et consommateurs).
28
Le principe de pollueur payeur (PPP): Deux tendances coexistent, la première consiste à faire supporter,
par le pollueur les coûts de prévention, de maîtrise et de réduction de la pollution ou les coûts de lutte
contre la pollution. La seconde, impose la prise en charge, par le pollueur, de tous les coûts de pollution.
29
Office Statistique des Communautés Européennes.
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Le SERIEE, basé sur le SEEA élaboré par les Nations Unies, est un modèle conçu pour
être appliqué au niveau statistique national, même si, avec les années, il a été le socle sur
lequel se sont appuyées diverses tentatives de comptabilité environnementale dans des
cadres territoriaux plus restreints (communes, régions).
Des organisations privées se sont elles aussi inspirées de ce modèle, en particulier pour la
classification des dépenses environnementales et il a été testé grâce à des projets pilotes
menés dans 17 pays.
2/ Outre le SERIEE, Eurostat a conçu aussi un système d'indicateurs physiques: l’ESEPI
(European System of Environmental Pressure Indices), appelé aussi modèle DPSIR
(Driving forces, Pressures, State, Impacts, Responses). Ce modèle développe les
phénomènes présentant un intérêt environnemental en se référant à un système organique
et structuré d'indicateurs. Le système d'indicateur DPSIR met en place une démarche, qui
va de l'analyse des processus qui déterminent les impacts environnementaux (forces
motrices et pressions), à la situation actuelle en matière d'environnement (état et impact)
et aux actions que le système entreprend pour résoudre les problèmes mis en évidence
(réponses). Aucune forme d'application standard du modèle n'est prévue, dans la mesure
où il établit une démarche logique, en laissant à ceux qui l'appliquent la définition des
indicateurs les plus adaptés aux réalités spécifiques et le choix de la forme de
présentation des résultats (tableaux synthétiques, rapport discursif, document public,
utilisation interne, etc…).
3/ Une autre méthode de comptabilité environnementale a été élaborée en Europe: la
matrice NAMEA, proposée en 1994 par l’Institut hollandais de statistiques CBS. La
matrice NAMEA est un système comptable conçu pour représenter les interactions entre
économie et environnement en réunissant dans un même tableau des comptes
économiques et environnementaux de type physique. Les deux modules, économique et
environnemental, sont directement liés afin de permettre une lecture parallèle des
principaux agrégats (production, consommation, etc.) et secteurs institutionnels (familles,
entreprises, administration publique) de la comptabilité nationale et des pressions
environnementales qu’ils déterminent.
Le système NAMEA a été mis au point pour être appliqué au niveau national et au fil des
ans, il a été expérimenté dans plusieurs pays européens (Danemark, Suède, Pays-Bas,
Italie, etc.). Dans certains cas, des expérimentations ont été menées dans des collectivités
territoriales plus petites (par exemple, les communes).
Ce système se caractérise tout particulièrement par la possibilité de réaliser un budget
environnemental avec des données monétaires et physiques déjà existantes, sans que de
nouvelles informations soient nécessaires. En définitive, c’est une forme de réagrégation
des données provenant de différentes sources (statistiques officielles, agences pour
l’environnement, etc.) sous une forme matricielle permettant d’associer aux agrégats
économiques les données des pressions environnementales correspondantes.
Face à ces différents modèles, Eurostat propose un programme d’harmonisation des
différentes expériences pour obtenir une méthode unique que l’on pourrait généraliser à
tous les pays de l’Union dans un avenir proche.
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Par exemple, s’agissant du choix des indicateurs, Eurostat a réalisé pour la Commission
européenne un Guide intitulé « Vers des indicateurs de pression environnementale », qui
identifie soixante indicateurs que l’on peut ramener au module déterminé – pressions et
réponses –, divisé en dix domaines thématiques (pollution atmosphérique, changements
climatiques, etc.).
2.2- Conclusion
Le continent européen est caractérisé par une pluralité de cultures d'importance nationale,
transnationale et régionale, dont les soixante langues parlées ne sont qu'un témoignage.
Cependant, l’Union européenne s’est bien plus affairée à mettre en œuvre les bases
comptables et financières d’un développement durable que le reste du monde.
En effet, lors du sommet de Vienne (décembre 1998), le Conseil européen s’est félicité
des premiers rapports qui lui ont été adressés par les Conseils agriculture, transport et
énergie et a invité trois nouvelles formations du Conseil (marché intérieur, industrie et
développement) à définir également des stratégies afin d’intégrer les exigences
environnementales dans leurs projets d’avenir.
Eurostat a facilité la mise en place et la généralisation d’un système cohérent de comptes
environnementaux, à la fois sur le plan conceptuel et sur le plan des réalisations. Ainsi,
un nombre de plus en plus croissant de pays de l’Union, ainsi que de pays qui souhaitent
y adhérer, répondent plus ou moins correctement (selon les modèles en place : NAMEA,
DPSIR, etc.) aux demandes européennes.
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- « Les Nord américains comptent parmi les plus importants producteurs de déchets
urbains solides du monde. Le problème que pose l'élimination de ces déchets
s'aggrave ».
30
Opinion dissidente du Bloc Québécois au rapport sur l’intégration continentale (2003).
31
Rapport de l’OCDE, du 24 septembre 2002.
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32
Dés 1970, l’Agence de protection de l’environnement fut créée et le Congrès américain vota le premier Clean Air
Act, proposé par l’administration Nixon. C’était un texte novateur qui établissait des normes sur la qualité de l’air.
33
Binet et Livio nous apprennent que des pavillons avaient été construits au dessus d’anciennes décharges industrielles
truffées de dioxine.
34
Cité in : Kyoto « lettre morte », Washington prouvera qu’une meilleure voie existe, AFP, Washington, 17 juin 2001.
Le chef des services de la maison blanche va encore plus loin, selon lui : “the goal of cutting greenhouse emissions
to below 1990 levels was picked with machiavellian intent because it enabled europeans to count in East Germany
just before its economy was collapsing. The result is that Europe must now cut its emissions far less than the United
States does.”
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Depuis son ascension à la maison blanche, le président américain a plus que diminué les
programmes gouvernementaux encadrant la protection de l’environnement. “The Bush
administration's budget reveals a ballooning environmental deficit that is growing even
greater than the fiscal deficit. The reason for this is the disproportional cuts that have
been directed at environmental programs even as overall domestic spending increases.
Between 2004 and 2005 total investments in environmental protection would decrease by
$1.9 billion or nearly six percent.”37
35
Matthieu Auzanneau (2003).
36
Exemple de l’agent orange, substance chimique, toxique et mutagène, qui a été massivement déversé sur les forets
vietnamiennes durant les années 1960-1970.
37
Wesley Warren (2004) : Deputy Director of NRDC's Advocacy Center.
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En 1972 la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE), première loi cadre visant à
protéger l’environnement au Québec est adoptée. Tous les pouvoirs de la Loi de
l’hygiène publique sont alors dévolus aux services de protection de l’environnement. Et
c’est en 1980 que le Gouvernement provincial a doté la L.Q.E. de mécanismes
d’évaluation environnementale et de participation du public. Il a adopté un Règlement sur
l’évaluation et l’examen des impacts sur l’environnement et il a crée le Bureau
d’Audiences Publiques sur l’Environnement (BAPE)38.
Finalement, en 1988 la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) est
adoptée. Elle regroupe plusieurs lois portant sur les normes environnementales, la
protection et les pénalités en cas d'infraction. Elle s'intéresse en premier lieu à la
réglementation de la pollution.
Cette évolution des mentalités vers une intégration croissante des principes du
développement durable n’a fait que se renforcer depuis le rapport Brundtland en 1987.
Cependant, suite à l’ALENA et à la concurrence inégale qu’elle a entraîné, la situation est
en train de changer.
« L’industrie canadienne craint d’être placée en situation de désavantage concurrentiel
par rapport à ses homologues américains et aux entreprises des pays en développement
qui n’ont pris aucun engagement de réduction aux termes du protocole de Kyoto.
L’industrie canadienne s’inquiète également des répercussions éventuelles sur notre
capacité d’attirer des investissements reliés à nos partenaires de l’ALENA advenant la
ratification du protocole par le Canada et l’abstention des États-Unis. »
Ce rapport du Gouvernement du Canada (2002) traduit parfaitement les craintes qui
planent sur l’engagement environnemental canadien. En effet :
1/ Les États-Unis ne sont pas concernés par l’accord,
2/ La majorité des plaintes déposées contre le Canada en vertu du chapitre 1139 de
l’ALENA, sont plus ou moins liées à l’environnement – des cas comme Ethyl, Metalclad
et S.D. Myers, par exemple, ont clairement montré que le modèle ALENA favorise
l’investisseur plutôt que l’environnement-,
3/ Le Mexique n’est pas tenu de réduire ses émissions aux termes du protocole
(Beauchamp, 2003).
L’ALENA a renforcé la surexploitation et le pillage des ressources naturelles au nom des
règles du marché allant jusqu'à menacer la légitimité du Canada, quant à son engagement
environnemental, en l’obligeant à reconfigurer son rôle d’État souverain face aux
prérogatives de l’économie et de la compétitivité des entreprises.
38
Cotnoir, L., Maheu, L. et Vaillancourt, J., G., Démocratie, écodécision et implantation des projets d’élimination de
déchets dangereux. In Instituer le développement durable : Éthique de l’écodécision et sociologie de
l’environnement sous la direction de Prades, Tessier et Vaillancourt.
39
Le chapitre 11 de l’ALENA permet aux investisseurs étrangers de poursuivre les gouvernements membres de
l’ALENA s’ils jugent avoir été lésés dans leurs droits d’investisseurs.
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3.3- Conclusion
L’approche actuelle en Amérique du Nord, dans le cadre de l’ALENA, aborde
l’environnement comme une donnée externe à la politique commerciale (comme le faisait
l’Europe au cours des années 1970) et se refuse à passer d’une approche strictement
défensive visant à prévenir les barrières non tarifaires de nature environnementale à une
approche positive favorisant à la fois la libéralisation commerciale et la protection de
l’environnement.
Ainsi le « filet de protection » de l’accord laisse passer plusieurs problématiques
environnementales entre ses mailles à cause d’une absence de coordination entre les
politiques environnementales et commerciales (Mayrand & Paquin, 2003).
En d’autres termes, les intérêts économiques et financiers, prennent de plus en plus le pas
sur l’intégration des principes du développement durable dont on ne peut évaluer les
intérêts que sur le long terme. C’est l’éternel combat avantages court terme et long terme
qui ne cesse de miner les avancées environnementales et sociales.
Le boom économique que connaît la région se traduit par un investissement croissant des
multinationales dans la région : « En 2003, les pays de l’OCDE se sont accordés sur des
approches communes pour la prise en considération des aspects environnementaux dans
le cadre de l’octroi de crédits à l’exportation40. Plusieurs d’entre eux ont depuis renforcé
les obligations d’évaluation de l’impact sur l’environnement des projets bénéficiant de
garanties de crédit à l’exportation, et pris d’autres mesures pour assurer une intégration
transparente des objectifs d’environnement dans les décisions concernant la planification
et le financement des projets. Ils ont également appuyé la mise en œuvre des principes
directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, y compris leur volet
environnemental. » (OCDE, Bilan 2004).
40
Ce programme de l’OCDE a servi de modèle pour les examens environnementaux des pays d’Europe
orientale, du Caucase et d’Asie centrale (dans le cadre du programme de la CEE-ONU) et débouché sur une
coopération avec la CEPALC (pour l’Amérique latine) et la Banque asiatique de développement (pour
l’Asie du Sud Est).
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Bien que certains principes du développement durable soient de plus en plus intégrés
dans les politiques d’investissement, il ressort que dans les faits il existe de nombreuses
lacunes : « L’application de systèmes de management environnemental et la publication
de rapports environnementaux sont des pratiques qui ont pris de l’ampleur dans le secteur
des entreprises, même si celles-ci sont peu nombreuses à tenir systématiquement une
comptabilité environnementale et à publier des rapports à ce sujet, et plus rares encore à
faire certifier leurs rapports par des organismes tiers. » (OCDE, Bilan 2004).
41
Association des Nations de l’Asie du Sud Est, créée en 1967, qui comprend : la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie,
les Philippines, Singapour, Brunei, le Cambodge, le Laos, le Myanmar et le Viêt-Nam.
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des capacités nationales dans les domaines de l'alerte précoce, de la lutte contre les
incendies et de la protection contre les inondations. » (Jorge E. Illueca42, 1998).
Pour essayer de mettre en place une gestion environnementale rigoureuse au sein de ces
pays, l’ONU a mis en place en 2000, le projet « Renforcer les capacités régionales pour le
développement des statistiques en Asie du Sud-Est43 », afin d’opérationnaliser une
comptabilité économique et environnementale, basée sur le SEEA, dans cette région.
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- Premièrement, leurs territoires ont fait l'objet d'un étalement grandissant des surfaces
agricoles, généralement aux dépens des espaces forestiers.
- Deuxièmement, en partie grâce à cette expansion, ils ont accru leurs exportations de
matières premières, minières, forestières, agricoles et halieutiques, essentiellement en
direction des pays industriels.
44
Déjà sous Bill Clinton, les États-Unis se sont engagés à signer le protocole de Kyoto, mais le Sénat s’y est opposé.
Puis l’élection de George W. Bush a fait basculer le processus. Le 29 mars 2001, ce dernier a affirmé que son pays
ne ratifierait pas le protocole parce qu’il ne va pas dans le sens des intérêts économiques.
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La conséquence la plus dramatique de cet état des choses est une crise environnementale,
particulièrement évidente dans le domaine forestier.
Mais à cela il faut rajouter le tourisme et ses effets aggravants. Encore relativement
modeste il y a quelques années, l'industrie touristique connaît actuellement un grand essor
qui semble destiné à se maintenir. Non seulement, le développement de cette industrie a-
t-il un impact socio-culturel considérable, trop souvent négatif, notamment à cause de la
prostitution qui lui est trop souvent associée, mais il a aussi des effets sur
l’environnement. Les infrastructures touristiques étant souvent implantées dans des sites
fragiles où il y a peu d’efforts de protection.
Les efforts des Nations Unies pour favoriser un développement durable dans ces régions
commencent à porter fruit. Mais le véritable problème est de savoir s’il n’est pas déjà trop
tard étant donné les perturbations environnementales majeures qui touchent le Sud-Est
asiatique; à savoir : inondations répétées, pollution transfrontalière toxique, déforestation
massive, déséquilibre écologique, etc.
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En effet, comme le précise Stiglitz (2003), la foi dans la liberté totale des marchés
attribuée à Adam Smith, a graduellement limité le rôle de l’État au profit de la
libéralisation – suppression de l’intervention de l’État sur les marchés financiers et le
démantèlement des entraves au commerce – de manière à remettre le pouvoir aux
institutions financières et aux multinationales.
Cette nouvelle comptabilité devrait répondre aux nouvelles missions des entreprises au
sein desquelles on observe une prise de conscience progressive et, a des degrés divers, de
l'importance de prendre en compte les problèmes d'environnement susceptibles d'affecter
leurs opérations à l'échelle de la planète.
Pour exemples, de nombreuses multinationales, qui ont commencé à mettre en place des
systèmes de gestion environnementale (SGE), s’engagent de plus en plus à intégrer
certaines valeurs environnementales mises de l’avant par le rapport Brundtland et
développées lors des différents sommets pour l’environnement. Elles tendent à incorporer
ces principes « légitimés » par la société afin de se bâtir une image d’entreprise
socialement responsable.
45
Site Internet des Nations Unies.
46
Site Internet des Nations Unies.
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Quel que soit notre point de vue sur le bien fondé ou non de la mondialisation, il serait
erroné de croire qu’elle impose un modèle unique d’organisation politique et
économique. En Europe, de nombreux États (comme l’Allemagne, la Suède, la France,
etc.) conservent une pleine autonomie dans le choix des modèles de solidarité, de
redistribution des richesses et de protection de l’environnement.
Tenant compte des différentes expériences des pays « riches» il apparaît que le
capitalisme s’accommode d’une grande diversité d’institutions et de systèmes politiques :
- D’un coté, la Suède, un des pays leaders en matière de développement durable est
une économie très compétitive malgré un très fort taux d’imposition,
- De l’autre, les institutions financières et les États qui les soutiennent (les États-
Unis en tête) n’ont pas hésité, en 1997, à voter des aides financières colossales
pour l’autoritarisme chinois peu respectueux de l’environnement, jugé « plus
stable » que les démocraties fragiles d’Asie du Sud-Est.
Mais au-delà du discours, quant on sait que la plupart des multinationales, originaires
majoritairement du Nord et souvent appuyées par les États des pays les plus industrialisés
dégradent et polluent l’environnement dans l’unique but d’offrir aux plus riches
consommateurs (Nord de la planète) des biens et services qui dépassent de beaucoup
leurs besoins réels.
Cette course à la surproduction légitime le pillage (par les multinationales) des ressources
naturelles des pays plus pauvres, situés majoritairement au Sud, sans aucun respect pour
l’environnement et avec la complicité d’une certaine « élite » au pouvoir, qui participe à
la paupérisation de son peuple. Ces nations, appelées pays du Tiers monde, souvent
détentrices de richesses naturelles qui devraient leur assurer une prospérité socio-
économique durable, se retrouvent en général au banc des nations les plus pauvres et les
plus démunies.
Une récente étude de l'Académie Nationale des Sciences des États-Unis (NAS) sur la
consommation actuelle a analysé l’empreinte écologique47 des populations.
47
L'empreinte écologique d'une population correspond à «la surface totale de terre ou de mer productive nécessaire
pour lui fournir ses récoltes, la viande, les fruits de mer, le bois et la fibre consommée, pour soutenir sa
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L’étude a estimé à environ 11,4 milliards d'hectares (un hectare correspond à une surface
de 100 mètres par 100 mètres, soit 10 000 mètres carrés) la superficie des territoires
productifs de la Terre. Lorsque l'on considère qu'il y a environ six milliards d'humains sur
la Terre et que l'on suppose que les ressources ne sont pas surexploitées, il revient en
moyenne à chaque être humain 1,9 hectares de ces territoires productifs.
consommation d'énergie et son besoin d'espace pour ses infrastructures». Il en découle que plus une population
s'accaparera une part importante de la capacité de production d'un territoire, plus son empreinte écologique (EE) sera
élevée.
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48
Lauréat du prix Nobel d’économie, ancien conseiller du président américain Bill Clinton et ancien économiste en
chef de la Banque mondiale expulsé en 1999 après avoir dénoncé les méthodes de ses ex-collègues pour détruire et
rendre esclave les pays sous le couvert d'un plan d'aide à la pauvreté.
49
Voir les explications, extrêmement détaillées, de J. E. Stiglitz dans « La grande désillusion » (2003).
50
Ibid.
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Stiglitz précise que les véritables gagnants de ces incendies économiques, sont :
- Les compagnies étrangères qui reprennent en main, à prix modique et avec des
avantages substantiels, l’économie des pays dévastés, grâce aux actions des
bailleurs de fond, créant ainsi une nouvelle dette extérieure pour une nouvelle aide
au développement,
- Les bailleurs de fond et le Trésor américain, qui gagnent beaucoup d'argent dans
ces tourbillons du capital international.
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Cette compétition « barbare à plus d’un titre51» nécessite plus d’éthique et appelle à la
mise en œuvre du principe de précaution52. Elle a besoin de régulations et d’actions
correctrices afin d’offrir davantage d’informations et de transparences aux investisseurs,
consommateurs. Elle implique l’adoption de stratégies gagnant-gagnant par les autorités
publiques et le secteur privé, permettant de réconcilier la compétitivité économique avec
la nécessité de protéger l’environnement. Elle renvoie à l’impératif d’une nouvelle
gouvernance, marquée par de nouveaux ajustements institutionnels, de nouveaux
instruments de mesures comme la comptabilité environnementale.
Ainsi, dans le domaine du management, le souci de réaliser des profits à long terme
pourrait revenir à n’utiliser que les quantités de ressources qui peuvent se régénérer
51
Selon Stiglitz.
52
Le principe de précaution propose, en situation d'incertitude de considérer le risque encore hypothétique
comme avéré et de prendre des mesures de protection à son égard. Il efface ainsi le retard entraîné, dans la
démarche classique par le délai d'établissement de la preuve. Indissociable des 3 autres principes de gestion
(d’action préventive, de « pollueur-payeur » et de participation), il impose donc la précaution tout en
considérant son coût. Ceci amène à s'interroger sur les risques encourus et à peser le bénéfice de cette
précaution par rapport à son coût.
53
Ce qui est malheureusement le cas dans de nombreux pays du Tiers monde, où l’État, souvent corrompu, ferme les
yeux sur les agissements des multinationales : extraction du pétrole au Nigéria, déboisement au Brésil, etc.
54
Socle des valeurs proclamées par la Déclaration universelle des droits de l’homme.
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E- Conclusion
Il est manifeste que la mise en place d’une comptabilité environnementale ne peut être
similaire d’un pays à l’autre. Au sein même des pays développés, certains ne la mettent
en place que fort timidement (exemple des États-Unis), tandis que d’autres l’appliquent
déjà dans le but d’intégrer les principes environnementaux du développement durable
(Scandinavie, Allemagne).
Comme le précisent Raes, Lambert et Grisel (2004) : « Le concept du Développement
durable traduit l'émergence d'un nouveau modèle optimiste de développement, il faut se
souvenir et garder à l'esprit que tout ce mouvement, cette agitation, autour de
l'environnement ne répond pas qu'à une réglementation croissante ou à un éveil des
consommateurs, ou encore à une thématique politique, mais bien à des échéances
naturelles. La planète est un éco-système dont la plupart des ressources naturelles ne sont
pas renouvelables, le pétrole en est l'exemple le plus célèbre. Cette réalité, reconnue par
tous depuis les travaux du Club de Rome, fait comprendre la nécessité d'une gestion large
de nos ressources et d'une approche globale. Le Développement durable est le premier
55
Cité par Ayotte.
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outil permettant ce type d'approche. Rappelons, en conclusion, que les vrais enjeux de
demain ne sont pas le lien entre la valeur de l'action et la performance environnementale
mais bien les grands thèmes que sont le changement climatique devenu une réalité (il a
plu au Pôle Nord en 1997), l'accès à la ressource en eau et son financement largement
insuffisant et la gestion du développement démographique de l'Asie. Le Développement
durable n'est que le cadre et un mode d'emploi possible pour permettre une évolution
raisonnée et qui évitera la dégradation de l'éco-système Terre. »
Pour éviter cette dégradation et tenir compte du lien qui existe entre la protection de
l’environnement et la situation socio-économique d’un pays, il est nécessaire sinon
obligatoire de mettre en place une réelle éthique de gestion, tant au niveau des État que
des multinationales, afin d’assurer un développement durable salutaire pour tous.
La nature même du système capitaliste qui met l’accent sur une concurrence sans limites,
la maximisation irraisonnée du profit, et la réduction drastique des coûts (et ce quel qu’en
soit l’impact social), constitue une « barrière structurelle fondamentale à l’adoption d’une
pratique éthique » (Ayotte, 1995).
L’approche traditionnelle des entreprises n’inclut pas une analyse complète des impacts
environnementaux de leurs activités; elle se limite à la simple soumission aux règles et
standards « imposés » par les pouvoirs publics et/ou leurs pairs56 (Welford, 1995)57.Une
comptabilité environnementale universelle et internationale poussera l’implantation d’un
nouveau code de conduite environnemental respectueux des principes du développement
durable permettant : « D’élever le niveau d’éthique environnementale dans les entreprises
et les industries. »
56
C’est le cas notamment dans le secteur de la pétrochimie, où les principales entreprises du secteur ont
mis en place le programme de « Gestion responsable » afin donner suite aux préoccupations du grand
public quant à la fabrication, à la distribution et à l'utilisation des produits chimiques, après le déversement
survenu à Bhopal, en Inde, en décembre 1984.
57
Cité par Ayotte.
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Bibliographie
Binet, L. & Livio, C. (1993). Guide vert de l’usage des entreprises, Paris, Défis-Afnor.
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Erkman, S. (1998). Vers l'écologie industrielle. France, Editions Charles Léopold Mayer
et la Librairie FPH.
Forti, M. (2003). La politique du «brouillard» unit l’Asie du Sud Est. Quatidien Suisse Le
Courrier, 01 décembre 2003.
[http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&si
d=3152.]
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Illueca, J. E. (1998). Exposé sur les politiques nationales ayant une incidence sur les
incendies de forêt.
[http://www.fao.org/docrep/003/x2095f/x2095f0l.htm.]
Mitroff, I., I. & Pauchant, T., C. (1995). La gestion des crises et des paradoxes: prévenir
les effets destructeurs de nos organisations. Montréal : Québec/Amérique-HEC.
Raes, T., Lambert, S. & Grisel, L. (2004). L'art de la gestion des risques : Les vrais
enjeux du développement durable
[http://www.lesechos.fr/formations/risques/articles/article_8_5.htm.]
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[http://www.mgm.fr/UMR/RAS/DDSanabria.html.]
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Annexe 1
Chronologie du Développement durable 1972-2002
1972 1973 1975
La Conférence des
Nations Unies sur
l’Environnement a lieu
à STOCKHOLM sous
la direction de Maurice
STRONG. Elle trouve
Promulgation de la
ses racines dans les
Endangered Species Act CITES : Entrée en
problèmes de pollution
aux Etats-Unis en vue de vigueur de la
et des pluies acides en
mieux sauvegarder, au Convention sur le
Europe du Nord. Elle se
bénéfice de l’ensemble commerce international
traduit par la création
des citoyens, le des espèces de faune et
de nombreux
patrimoine naturel de flore sauvages
organismes nationaux
(poissons, faune et menacées d’extinction.
de protection de
flore).
l’environnement et par
la mise en œuvre du
Programme des nations
unies pour
l’environnement
(PNUE)
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la pauvreté absolue.
1996 1997
Signature du Protocole
de Kyoto. Les délégués
de la troisième
conférence des parties
(COP-3) à la
Convention-cadre des
Assemblée générale de Nations Unies sur le
l’ONU. La séance changement climatique
extraordinaire rappelle signent le Protocole de
sobrement que peu de Kyoto. Le document
Le sommet des
progrès ont été réalisés engage les pays
Amériques sur le
dans la mise en œuvre industrialisés à réduire,
développement durable a
du Plan d’action 21 du entre 2008 et 2012, les
lieu à Santa Cruz
Sommet de la Terre. émissions totales de
(Bolivie). Les participants
L’Assemblée adopte le plusieurs gaz
tentent de cerner les
Programme de mise en responsables de l’effet
efforts conjoints
œuvre continue du Plan de serre d’au moins 5%
nécessaires à l’atteinte du
d’action 21, mais c’est la par rapport aux
développement durable
première réunion tenue émissions de 1990. On
dans l’hémisphère.
après celle de Rio qui se précise également
termine sans l’adoption l’échange des droits
de nouveaux d’émission, la
engagements importants. certification des
réductions d’émissions
des pays industrialisés et
un mécanisme pour un
développement sans
pollution des pays en
développement.
2002
Sommet mondial du
développement durable
de Johannesburg
(RIO+10)
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