Correction Les Déterminants de La Mobilité Sociale

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Les déterminants (les facteurs) de la mobilité sociale

1. Evolution de la structure sociale :


Certaines catégories voient leurs effectifs baisser, d’autres augmenter, parce que le système productif change. Ces évolutions
obligent des individus à connaître une mobilité sociale (mobilité structurelle), ou au contraire les en empêche.

Doc : évolution de la structure sociale (en % de la population active) depuis les années 60 en France qui produit une
mobilité structurelle
1) Lecture de « 15,4 % » : selon ce document de L. Maurin, édité en 2018 dans la revue « alternatives économiques », sur 100
actifs occupés, il y avait environ 15 agriculteurs en 1962 en France
La proportion d’agriculteurs dans la population active est passée de 15,4 % en 1962 à 1,9 % en 2014, soit une baisse de 13,5
points. Elle a été divisée par environ 8 (15,4 / 1,9) alors que dans le même temps la proportion de cadres supérieurs et
moyens était multipliée par plus de 2 (ou +24,2 points).

2) La forte diminution de la proportion d’agriculteurs (cf mécanisation, engrais, PT ,…) dans la population active a rendu plus
difficile l’accès à ce statut (déclin de l’emploi agricole) , alors qu’à l’inverse la multiplication par plus de deux de la proportion
d’emplois de cadres ( cf hausse qualification , salarisation, tertiarisation ) a facilité l’accès à ces emplois, et donc la mobilité
sociale ascendante.

3) Ces évolutions de la répartition des emplois entre les générations favorisent la mobilité sociale (on parle de mobilité
structurelle) mais ne suffisent pas à expliquer toute la mobilité. Il reste ce que les sociologues appellent une « mobilité
nette » qui est la différence entre la mobilité observée et la mobilité structurelle.

A RETENIR :

• La structure de la population active a évolué depuis plus d’un siècle. Les enfants des catégories socioprofessionnelles en
déclin (agriculteurs, puis ouvriers depuis les années 80) se déplacent vers d’autres catégories en expansion (employé, cadres
et professions intermédiaires) dont le nombre d’enfants ne suffirait pas, même en cas de reproduction sociale maximale, à
combler les besoins.

• L’expansion des catégories les plus qualifiées a provoqué une mobilité globalement ascendante.

2. Le rôle des niveaux de formation


Globalement, plus un individu est diplômé, plus il a de chance d’occuper une position sociale élevée. Toutefois, du fait de la
massification scolaire, le risque de déclassement augmente.

Doc : « l’accès à une position sociale dépend du niveau de diplôme »


1. Lecture
- « 45, 3 % » : selon MEN – DEPP édité en 2018, en 2017, en France métropolitaine et DOM (hors Mayotte), sur 100 actifs
occupés sortis depuis 1 à 4 ans du système scolaire sans diplôme ou seulement avec le brevet, environ 45 sont ouvriers
- alors que dans cette génération, en moyenne, 19,5 % des actifs occupés sont ouvriers.

2. Les 2 données précédentes signifient qu’en sortant sans diplôme ou seulement avec le brevet, on a 2,3 (45 / 19,5) fois plus de
chances d’être ouvrier que la moyenne. À l’inverse, 3 % des actifs occupés sortis avec un diplôme du supérieur long sont
ouvriers 1 à 4 ans après leur sortie de formation (donc 6,5 fois moins que la moyenne), et 81 % occupent un emploi qualifié
(41,3 % sont cadres, et 39,7 % sont professions intermédiaires). La proportion d’emplois qualifiés est de 48,2 % pour les
diplômés du supérieur court. 3.

Doc : quelle évolution du lien diplôme – emploi ?


1 Lecture : « 89 % » : selon l’article de Martinache intitulé « les diplômes ont-ils perdu de la valeur » paru dans la revue
« alternatives économiques » en 2017, sur 100 actifs sortis depuis 11 ans et plus du système scolaire avec un diplôme du
supérieur court, 89 sont devenus cadres ou professions intermédiaires en France en 1983.
Calcul du coefficient multiplicateur pour voir comment évolue la part des diplômés de l’enseignement supérieur court qui
sont cadres ou professions intermédiaires entre 1983 et 2015 : En 1983, 89 % des diplômés du supérieur court sont cadres ou
professions intermédiaires, contre 69,5 % en 2015. Cela veut donc dire qu’en 1983, un diplômé du supérieur court avait 1,3
fois plus de chances d’être cadre ou profession intermédiaire qu’en 2015.

2 On observe une corrélation positive (les 2 variables étudiées vont dans le même sens ; à savoir elles augmentent toutes les 2)
entre le niveau de diplôme et l’accès à un emploi de cadre ou profession intermédiaire : plus le diplôme est élevé, plus on a de
chances d’appartenir à ces catégories.

3 La possession d’un diplôme garantit de moins en moins l’accès à un poste de cadre ou de profession intermédiaire . Mais la
corrélation entre niveau de diplôme et accès à ces catégories est, d’une certaine façon, de plus en plus vérifiée : alors que la
possession d’un diplôme du supérieur long donne presque autant accès à ces catégories en 2015 (84,5 %) qu’en 1983 (91 %),
devenir cadre ou profession intermédiaire avec un baccalauréat ou même un diplôme du supérieur court est devenu de plus
en plus rare : 63 % des bacheliers accédaient à ces catégories en 1983 contre 38,3 % en 2015.

Doc : une inflation des diplômes


1. Les jeunes actifs risquent davantage que leurs aînés de subir à la fois un déclassement intergénérationnel (appartenir à une
catégorie inférieure à celle de leurs parents), un déclassement professionnel (ou intragénérationnel) et un déclassement
scolaire (occuper un emploi d’un niveau de qualification inférieur à son niveau de diplôme).

2. Le nombre de diplômés, notamment du baccalauréat, a augmenté plus vite que le nombre d’emplois qualifiés : c’est la
massification scolaire.

3. La métaphore économique de « l’inflation des diplômes » est utilisée pour montrer le risque de perte de valeur des titres
scolaires, autrement dit le fait qu’avoir un niveau de diplôme donné garantit moins qu’avant l’accès à un emploi qualifié.

Des notions à connaître :


Paradoxe d’Anderson : indique que l’acquisition par un étudiant d’un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas
nécessairement une position sociale plus élevée. L’augmentation du poids des diplômés (inflation des diplômes) du fait de la
massification scolaire conduit à une baisse de la valeur du diplôme. La rentabilité sociale et économique du diplôme a baissé. Le même
diplôme à une génération d’écart ne permet plus d’accéder au même type de position professionnelle et sociale. Ex du bac qui n’est
plus qu’un passeport pour faire des études supérieures, mais ne permet plus de s’insérer dans l’emploi des PI, voire des cadres, comme
il y a 40 ans.

Déclassement : exprime une baisse du statut social. Il existe 3 types de déclassement :

• Déclassement intergénérationnel : est le fait pour un enfant d’occuper une position sociale < à celle de ses parents (mobilité
sociale descendante) , alors que le niveau de diplôme du fils est > à celui du père . cf. Paradoxe d’Anderson

• Déclassement intragénérationnel : est le fait pour une personne d’occuper une position sociale < à la fin de sa vie active à
celle qu’il occupait au début de sa vie active (suite à une période de chômage : mobilité professionnelle descendante)

• Déclassement scolaire : quand un jeune entrant sur le marché du travail occupe une profession dont le statut social est < à
celui auquel il pourrait en théorie prétendre du fait de son diplôme. L’élévation du niveau de diplôme et la montée du
chômage peuvent contraindre une partie des jeunes à accepter un poste de niveau inférieur à ce qu’il pourrait prétendre.

A RETENIR :

• Plus le niveau de diplôme est élevé, plus la position sociale l’est aussi.

• La massification scolaire, plus rapide que la hausse des emplois qualifiés, se traduit par un risque de déclassement : un
diplôme supérieur garantit moins qu’avant une position sociale élevée. Cf évolution de la valeur du bac aujourd’hui

• À diplôme social identique, la position sociale dépend de l’origine sociale.

3. Les contextes familiaux


Selon leur origine sociale, mais aussi selon les caractéristiques de leur famille, les individus n’ont pas accès aux mêmes ressources
économiques, aux mêmes réseaux de relations, au même soutien, pour accéder à une position sociale. La famille : moteur et frein à
la mobilité sociale ?

Doc : les différences de rendement du diplôme selon l’origine sociale


1. Lecture « 81 % » : Selon MEN – DEPP « l’état de l’école » article publié en 2017, sur 100 enfants d’ouvriers ou d’employés qui
sont sortis du système scolaire depuis 1 à 10 ans avec un diplôme du supérieur long ,81 sont devenus cadre ou profession
intermédiaire ou indépendant en France en 2016.

2. Quel que soit le niveau de diplôme, à diplôme équivalent, l’accès à un poste de cadre, profession intermédiaire ou
indépendant est plus élevé pour les enfants de cadres, professions intermédiaires ou indépendants que pour les enfants
d’ouvriers ou d’employés. Par exemple, c’est le cas de 88 % des enfants de cadres, professions intermédiaires ou
indépendants diplômés du supérieur long, de 33 % de ces enfants s’ils sont seulement bacheliers ; les résultats, à diplôme
équivalent, sont respectivement de 81 % (écart de 7 points) et 25 % (écart de 8 points) pour les enfants d’ouvriers et
d’employés.

3. Les causes de ces écarts peuvent être économiques : par exemple, il est plus facile de devenir travailleur indépendant si on
bénéficie d’un patrimoine hérité de sa famille (on reprend l’entreprise familiale). Elles peuvent être liées aux relations
familiales, qui permettent plus ou moins facilement d’obtenir un stage, ou un emploi. (Cf. capital social : ensemble des
ressources liées à son réseau social, socialement utile, qu’un individu peut mobiliser pour atteindre ses objectifs ; « piston »
pour trouver un stage, un emploi, un logement,… .

Doc : de multiples ressources agissent sur la mobilité sociale


1. Le passage souligné fait référence au capital culturel, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs, savoir-faire, savoir être, socialement
valorisés, transmis notamment lors de la socialisation familiale, mais que l’on peut aussi acquérir, par exemple grâce à l’école.
Ce capital culturel joue un rôle essentiel dans la réussite scolaire, puisque (voir Chapitre précédent), comme le montre Pierre
Bourdieu, l’école reconnaît comme compétences scolaires des attitudes et des aptitudes inégalement transmises selon
l’origine sociale (sens de l’abstraction, culture littéraire, intérêt pour l’actualité, maîtrise d’un langage soutenu, aisance
orale…). (Cf. illusion démocratique)
2. Les deux autres capitaux qui agissent sur la mobilité sociale sont le capital économique (revenu et patrimoine) et le capital
social.
3. Un travailleur indépendant (P.C.S. 1 et P.C.S. 2) doit disposer d’un patrimoine professionnel : des terres et du matériel pour les
agriculteurs, un fonds de commerce, une entreprise, pour les artisans, commerçants, chefs d’entreprises, un cabinet pour un
avocat ou un médecin (P.C.S 3). Donc, un individu qui bénéficie de ressources économiques familiales peut plus facilement
acquérir ce patrimoine, il peut en hériter (un jeune diplômé de la faculté de droit devient plus facilement avocat en reprenant
le cabinet de son père, donc aussi sa clientèle, qu’un autre diplômé dépourvu de telles ressources).

Doc : les effets complexes de la taille de la fratrie sur la réussite scolaire et sociale (exemple d’une configuration
familiale)

1. La proportion d’enfants diplômés du supérieur (bac + 2 et au-delà) est de 47,5 % pour les fratries avec 1 ou 2 enfants, 40,2 %
avec 3 enfants, 34,7 % avec 4 enfants, et seulement 11,7 % pour les familles comprenant au moins 5 enfants. De plus, le rang
dans la fratrie joue aussi un rôle (certes plus faible) : pour les fratries de taille 3, il y a davantage de diplômés au-delà du
niveau bac + 2 pour les aînés (27,9 %), et les benjamins (25,8 %) en comparaison avec les cadets (24,8 %).
2. Le rang dans la fratrie permet de disposer de ressources supérieures. Ainsi l’aîné a pu recevoir davantage de temps de la part
de ses parents (pour faire les devoirs, …..) par rapport à ses cadets .

A RETENIR : cf. cours de 1ère chapitre socialisation

• Les familles disposent de ressources inégales : des ressources culturelles (le capital culturel des parents peut favoriser l’accès
à un diplôme, donc à une position sociale supérieure ), des ressources économiques ( capital économique : selon le revenu et
le patrimoine de la famille, les conditions d’études et d’installation dans la vie professionnelle sont différentes), des ressources
sociales (capital social est composé de réseaux de relations plus ou moins utiles pour accéder à un emploi stable,…). Ces
dispositions permettent de favoriser ou freiner la réussite scolaire et mobilité sociale.

• La configuration familiale, en agissant par exemple sur la taille de la fratrie, peut favoriser ou freiner la réussite scolaire et
mobilité sociale.

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