Cours Environnement et énergies

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Table des matières

Liste des abréviations…………………………………………………………………………… 3


Introduction générale……………………………………………………………………... 4

Chapitre I. L’environnement dans la pensée économique……………………… 6


1. L’apport des néoclassiques ……………………………………………………………………………… 6
1.1. Externalités négatives : une défaillance du marché.............................................. 7
1.2. Les biens-publics……………………………………………………………………………………. 8
1.3. Les ressources naturelles…………………………………………………………………………… 8

2. Vers une nouvelle dimension économique de l’environnement…………………………… 9


A. L’approche de l’économie écologique………………………………………………………… 10
B. L’approche de l’école de Londres ……………………………………………………………… 10

Chapitre II. Le concept environnement……………………………………………… 12


1. L’environnement dans la littérature……………………………………………………………….. 12
2. Différents niveaux de la représentation de l’environnement……………………………… 14

Chapitre III. L’énergie…………………………..………………………………………….. 17


1. Introduction générale………………………………………………………………………………………. 17
2. Qu’est ce que l’énergie………………………………………………………………………………………… 18
3. Système énergétique et conservation d’énergie…………………………………………………….. 19
4. Les principes de la thermodynamique………………………………………………………………….. 20
5. Les différentes formes d’énergie …………………………………………………………………………..21
6. Les principales sources d’énergie…………………………………………………………………………. 22
7. Le monde des énergies fossiles et environnement ………………………………………………… 23

Chapitre IV. La production de l’énergie………………………………………………….. 27


1. La production chimique
1.1. Le pétrole………………………………………………………………………………………………………… 27
A. signification et origine…………………………………………………………………………….. 27
B. Utilité du pétrole…………………………………………………………………………………… 28
C. La chaîne pétrolière ………………………………………………………………………………… 28
D. Pétrole : géopolitique, économie et environnement………………………………….. 31
1.2. Le gaz naturel………………………………………………………………………………………………… 34
1.3. Le charbon……………………………………………………………………………………………………… 38
1.4. Le nucléaire…………………………………………………………………………………………………… 40
2. La production physique …………………………………………………………………… 42
2.1. Les ressources renouvelables …………………………………………………………………………… 42
2.1.1. L’énergie géothermique ………………………………………………………………………………… 43
a. Origine de la géothermie…………………………………………………………………………. 44
b. Exploitation de la géothermie………………………………………………………………….. 44
2.1.2. L’énergie solaire…………………………………………………………………………………………… 46
2.1.3. L’énergie éolienne ………………………………………………………………………………………… 46
2.1.4. L’énergie hydraulique……………………………………………………………………………………. 47
2.2. La production de l’énergie électrique ………………………………………………………………… 48
A. Historique de la production d’électricité …………………………………………………… 48
B. Fonctionnement d’une centrale électrique…………………………………………………. 50
Chapitre V. stockage de l’énergie………………………………………………………….. 52
1. Introduction …………………………………………………………………………………………………… 52
2. Les différents modes de stockage ……………………………………………………………………… 53
2.1. Stockage mécanique………………………………………………………………………………… 55

1
A. Station de transfert d’énergie par pompage (STEP)……………………………………… 55
B. Installation de stockage par air comprimé (CAES)……………………………………….. 56
B.1. CAES classiques…………………………………………………………………………………. 56
B.2. CAES seconde génération…………………………………………………………………… 57
B.3. Système de stockage par air comprimé adiabatique ………………………………. 57
C. Les volants d’inertie………………………………………………………………………………………. 58
2.2. Stockage thermique…………………………………………………………………………………….. 59
2.3. Stockage électrochimique……………………………………………………………………………. 60
Conclusion…………………………………………………………………………………………………………… 62
Chapitre VI. Intensité et efficacité énergétique … …………………………………. 63
1. Intensité énergétique et création des richesses………………………………………………. 63
2. Histoire de l’intensité énergétique………………………………………………………………… 64

Chapitre VII. L’énergie et les questions d’environnement………………………… 67


1. Impacts de l’énergie sur l’atmosphère ; une question d’actualité……………………………… 69
A. Augmentation de l’effet de serre planétaire………………………………………………… 69
De Rio de Janeiro, Kyoto à la COP 25……………………………………………………72
B. Les pluies acides……………………………………………………………………………………… 76
C. La rupture de la couche d’ozone……………………………………………………………… 77
2. Les objectifs de l’Europe en matière d’énergie et du climat ………………………………….. 79

Chapitre VII. Production énergétique : analyse économique……………………. 84

1. Les instruments destinés à internaliser les externalités………………………………………….. 84


1.1. Les questions posées par la prise en compte des externalités liées à l’énergie 84
1.2. Le rôle de l’État dans l’internalisation des externalités……………………………. 87
1.3. La théorie des marchés de droits d’émission : qui fait quoi ? ……………………. 91
2. Les expériences en cours sur la taxe et le permis de pollution………………………………… 92
3. Les éléments constitutifs d’un système de plafonnement et d’échange
de droit d’émissions………………………………………………………………………………………….. 96

4.Taxes ou permis de pollution ?......................................................................................... 97

Bibliographie………………………………………………………………………………………. 100

2
Liste des abréviations

AIE : agence internationale de l’énergie


CAES: Compressed Air Energy Storage ou Installation de stockage par air comprimé
GES : gaz à effets de serre
GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
NOx et SOx : oxydes d’azote et oxyde de soufre
OCDE : organisation de coopération et de développement économiques
PNEC : plan national énergie climat
PPP : principe de pollueur payeur
PSTE : le plan stratégique des technologies de l’énergie
SCEQE : système communautaire d’échange des quotas d’émission
SEQE : système d’échange des quotas d’émissions
STEP : station de transfert d’énergie par pompage
tep : tonne équivalent pétrole (Gtep, Mtep : Milliards et millions respectivement)

3
Introduction générale

Depuis son existence, l’homme a toujours puisé dans son milieu de vie les éléments
nécessaires à sa survie. Toutefois, les rapports de l’homme et de ses activités avec le
monde physique ont subi des évolutions allant d’un équilibre harmonieux vers des
pressions négatives de toute sorte. L’esprit d’imposer sa suprématie et de modifier
son milieu pour pouvoir tirer le maximum de profit illustre bien les effets désastreux
de l’homme sur l’environnement actuel.
C’est de cette tension entre les besoins des hommes et de la gestion des biens
environnementaux que naisse l’activité économique relative à l’environnement.
En effet, la croissance économique comme fondement de l’économie mondiale s’est
faite et continue à l’être en puisant sans cesse accrue dans les biens
environnementaux. La valeur des services rendus par l’environnement a
malheureusement souvent été ignorée ou sous-estimée, ce qui a conduit à une sur-
utilisation de celles-ci dans les activités de production et de consommation. Les
productions agricole, industrielle, énergétique et urbaine ont ainsi généré des
volumes colossaux de polluants dont les émissions dépassent le pouvoir auto-
épurateur du milieu. Dans les pays industrialisés, les nuisances engendrées par
l’activité énergétique ont atteint un seuil de gravité de telle sorte que la préservation
de l’environnement est désormais une préoccupation dominante pour de larges
secteurs de l’opinion.
Divers travaux d’auteurs comme Gray (1914), Hotelling (1931), Faustman (1949) et
Gordon (1954) ont fait des avancées dans l’analyse des allocations des ressources
naturelles qu’elles soient renouvelables ou épuisables (Louhichi, 2001). Toutefois, ce
n’est qu’à partir des années septante, qu’on va assister à une montée en puissance de
la conscience environnementale suite aux préoccupations liées aux interactions entre
l’environnement et les activités économiques. Les atteintes à l’environnement
apparaissent alors comme un tournant majeur dans la façon de penser le monde et en
particulier de penser les rapports de l’homme à la nature.
Ce cours «environnement et énergies» se veut comme une matière
pluridisciplinaire qui fait appel à différentes branches telles que l’économie, la
science, la politique et le droit.
Comme pour tous les secteurs de production, l’énergie est l’une des plus pressantes
sur l’environnement. Pour comprendre l’interaction énergie-environnement, il est
important de rappeler quelques notions d’économie portant sur l’environnement. En
effet, l’énergie comme source est produite à partir des ressources naturelles primaires
ou converties. Le pétrole, le gaz naturel, le charbon, le nucléaire, le vent, l’eau, le
soleil, etc. sont autant de facteurs de production énergétique qui se présentent sous
formes de stocks chimiques ou physiques, c'est-à-dire renouvelables ou non. De façon
générale, l’économie de l’environnement trouve ses origines dans la théorie
néoclassique. La notion d’externalité négative qui a pour objectif de corriger les
défaillances de l’économie du marché et une meilleure allocation des ressources a été
introduite justement par les néoclassiques (Alfred Marshal puis Cécile Pigou). La
notion prendra de l’ampleur et sera adoptée plus tard par les pays de l’OCDE pour
devenir le fameux principe du pollueur payeur (PPP).
Face aux pollutions générées par le secteur énergétique (réchauffement climatique,
pluies acides, etc.), une conscientisation mondiale quant à la nécessité d’une action
4
urgente en faveur de l’environnement s’est installée. Ainsi, on ne compte plus les
conventions, les traités, les lois, etc. qui s’organisent autours de la question
énergétique. Des concepts comme le développement durable, la transition écologique
et récemment la transition énergétique vont marquer les débats portant sur les
questions de l’environnement. Par transition énergétique, on entend l’ensemble des
scénarios à mettre en place pour réduire l’intensité carbone de l’économie et les
émissions des GES. En Europe, par exemple, les objectifs affichés aux horizons 2020,
2030 et 2050 vont tous dans le sens d’une augmentation progressive de la part du
renouvelable dans le mix énergétique, d’une réduction des émissions des GES et
d’une diminution de la dépendance aux énergies conventionnelles. Pour atteindre ces
objectifs, l’UE a adopté un plan stratégique des technologies de l’énergie comportant
cinq dimensions importantes parmi lesquelles on retrouve l’efficacité énergétique et
la décarbonation de l’économie.
C’est vrai que la combustion des énergies fossiles a généré des pollutions colossales
menaçant l’avenir de notre planète, mais à l’heure actuelle on peine à trouver des
solutions alternatives capables d’assurer les besoins énergétiques d’une population
mondiale en pleine expansion. Le problème majeur réside dans l’intermittence des
ressources renouvelables, l’insuffisance des unités de stockage, les divergences
d’intérêts entre les pays et les difficultés d’exécuter les recommandations du
protocole de Kyoto et de l’accord de Paris (COP 21) pour en citer que les deux.
Que ce soit au niveau local, continental ou mondial, divers instruments d’ordres
économiques (taxes, échange de permis, subsides, etc.) et réglementaires (normes,
directives, circulaires, etc.) sont d’application pour lutter contre les externalités
négatives de la production énergétique. L’ensemble de ces mesures se heurtent
généralement à des questions de nature scientifique, méthodologique, économique et
éthique.
Les rapports du GIEC (2014 et 2018 par exemple) soulignent clairement que
maintenir la température à un niveau acceptable (2°C) nécessite encore plus
d’implications dans les mesures adoptées. A cet égard, le système communautaire
d’échange des quotas d’émission a été révisé. Le marché a été étendu aux autres
secteurs non couverts auparavant (transports excepté l’aviation, l’agriculture, la
déforestation, etc. ), la création d’une réserve de quotas histoire d’augmenter le prix
de la tonne carbone. C’est au niveau de la gestion de la performance énergétique des
bâtiments et du secteur de transport que se situent les difficultés.
Ce cours traitera dans l’ordre les thèmes suivant
 Economie de la nature et de l’environnement
 Le concept environnement
 Energie et ressources : le monde des énergies fossiles, le monde des énergies
renouvelables
 Le stockage de l’énergie comme solution vers une meilleure valorisation de l’énergie
renouvelable
 L’intensité et efficacité énergétique
 L’énergie et effets sur l’environnement (effet de serre, pluies acides, etc.)
 Les objectifs de l’Europe en matière de l’énergie
 Energie, économie et environnement : outils d’évaluation et d’internalisation
des externalités négatives
 Transition énergétique (voir articles associés, à titre informatif).

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Chapitre I. L’environnement dans la pensée économique

1. L’apport des néoclassiques


La théorie néoclassique insiste moins sur le caractère reproductible des biens (la terre
n’est plus un facteur limitatif de la production, comme le suggérait les classiques),
puisqu’elle définit un bien économique par son utilité et sa rareté. Pour les
néoclassiques, les ressources naturelles sont considérées comme des stocks
épuisables et donc coûteux; d’où l’obligation parfois de les remplacer par d’autres
ressources plus abondantes et meilleur marché (Abdelmalki et Mundler, 2010).
Ils expliquent leur valeur à partir de leur utilité pour les agents. Ils font la distinction,
quand même, entre les biens naturels (eau, air,…) supposés abondants, libres d’accès
et ne rentrent pas dans leur raisonnement économique. Et les ressources naturelles
marchandes épuisables, comme le charbon ou le pétrole, constituées de stocks qui
diminuent au fur et à mesure qu’ils sont consommés.
Dans l’ensemble, l’analyse néoclassique évacue le caractère spécifique des ressources
naturelles (la terre) pour construire une théorie de production dans laquelle les
facteurs de production sont substituables. En s’appuyant sur un système de prix de
marché, la théorie néoclassique a essayé de dégager un ensemble de règles
d’allocation des ressources et des services naturels. Nous citons à cet égard le cadre
de référence le plus célèbre de Harlod Hotelling qui étudie la relation entre la rareté
et la rente.
La pensée économique en matière d’environnement a été fortement influencée par la
réflexion philosophique, morale et politique. Les idées économiques ont
régulièrement subi l’influence des connaissances scientifiques du moment, où ces
dernières parvenaient à constituer de véritables conceptions de l’univers (Faucheux et
Noël, 1995).
Pendant longtemps, l’économie s’est peu préoccupée des limites « naturelles » de la
croissance économique. Tous les courants de pensée confondus ont approché la
nature à la fois comme un espace illimité d’expansion et comme un réservoir
inépuisable de ressources. «Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela
nous ne les obtiendrions pas gratuitement » écrivait en 1840 Jean –Baptiste dans
son cours d’économie politique et de rajouter « les ressources naturelles ne font pas
l’objet des sciences économiques».
Le mode de production industriel, lui aussi, restait cependant marqué par l’usage de
technologies fondées sur la qualification des ouvriers plutôt que sur celle des
machines. L’emploi fréquent du bois et du charbon du bois, avec une faible
implication d’équipements techniques et métalliques, entretenait l’illusion que les
éléments concourant à la fabrication des biens étaient inépuisables (yachir 1992).
Ce n’est que durant les trois dernières décennies du 20ème siècle que l’on a
pris les limites de la conception « économique » de Say en mettant en évidence que
les ressources naturelles sont épuisables et que les activités anthropogéniques
peuvent les limiter, les détruire et les rendre rares. De cette idée vient l’urgence de
repenser la question des ressources naturelles et de l’environnement dans l’analyse et
l’évaluation économiques.

6
La prise de conscience économique en matière d’environnement s’est construite
progressivement à partir des années soixante-dix. Cet intérêt n’est toutefois pas né de
rien mais il s’est en fait nourri de différentes contributions de l’histoire de la pensée
économique, notamment néoclassique (Faucheux et Nöel, 1995). Nous faisons
allusion ici aux travaux de Hotelling (1931) pour l’analyse de l’exploitation des
ressources naturelles épuisables (économie des ressources naturelles) et de Pigou
(1920) sur l’économie du bien être et l’internalisation des externalités (économie de
l’environnement). Ce sont les apports respectifs des ressources naturelles, du travail
et du capital à la production des richesses qui ont le plus souvent retenu l’attention
des économistes.
L’agriculture et l’élevage, puis les manufactures, l’industrie moderne et le
développement des services tels que les banques, la distribution commerciale,
l’enseignement, etc. ont été et sont des réponses données à la rareté ainsi qu’à
l’inadaptation des ressources naturelles en vue de satisfaire directement les besoins
des hommes. L’allongement du processus productif séparant celles-ci de la
consommation finale par les hommes n’est alors que l’expression du développement
économique (Silem Ahmed, 2011).
Pour les économistes du marché, la réponse à ces problèmes va se construire sur un
triptyque conceptuel formé par des notions d’effets externes, de biens publics et de
ressources naturelles (Barthélemy et al. 2004). Le déploiement de ces trois notions
représente ce qu’on appelait traditionnellement l’économie des ressources naturelles
et de l’environnement (Faucheux et Noël, 1995).
Les économistes néoclassiques vont ainsi distinguer vers les années septante entre
l’économie des ressources naturelles et celle de l’environnement. Cette distinction
vient du fait qu’il est impossible d’établir les liens exacts entre consommation de
ressources naturelles (gestion de la rareté des RN) et pollution (gestion de l’impact
sur l’environnement), ou de voir les possibilités de rétroaction de l’épuisement des
ressources ou de pollution sur l’économie (Faucheux et Noël, 1995). Certains
catégories, telles les «biens collectifs» et les analyses qui en découlent, appartiennent
à la fois au champ de l’économie des ressources naturelles et à celui de l’économie de
l’environnement.
Pour les ressources naturelles, une différence est faite entre ressources renouvelables
(forêt, eau,..) et non renouvelables (minéraux) ; il s’agit d’actifs naturels ce qui
implique des choix d’allocation d’usages pour assurer la disponibilité future des
ressources. Cependant pour l’économie de l’environnement, l’attention n’est pas
portée sur les ressources, mais plutôt sur l’activité en usant, et sur la façon dans
certains individus affectent le bien-être des autres individus.
1.1. Externalités : source de défaillance du marché
C’est à Alfred Marshall que l’on doit la première réflexion sur les effets externes ou
externalités. Une externalité négative caractérise un effet affectant le bien-être d’un
agent (par les actions d’un autre) sans que le marché régule cette interaction par une
transaction. Les pollutions sont considérées généralement comme un type
d’externalités négatives.
Arthur Cecil Pigou (1920), successeur d’Alfred Marshall va reprendre cette notion
d’externalité négative et l’appliquer aux questions environnementales. Son objectif,
est d’internaliser les effets externes de l’activité d’un agent par un système de taxation

7
(taxe de Pigou ou taxe pigouvienne) ; c'est-à-dire le pollueur doit compenser les
dommages au moyen d’une indemnisation. Considérées comme des déficiences de
l’économie du marché, les externalités négatives peuvent être, selon Pigou, corrigées
par ce système de taxation, ce qui permet d’atteindre un équilibre correspondant à
l’optimum économique.
L’approche par taxation de Pigou a été reprise dans un autre contexte en 1972 par les
pays de l’OCDE et, a vraisemblablement évolué vers la première version de ce qui
sera connu sous le nom du « principe pollueur payeur PPP ».
Exemple d’une externalité négative (page 78, Tietenberg et Lewis, 2013)
« …supposons deux entreprises implantées à proximité d’une rivière. La première
produit de l’acier et la seconde, située un peu plus en aval, est un hôtel-club. Ces
deux entreprises se servent de la rivière, même si c’est de manière différente.
L’entreprise sidérurgique l’utilise pour évacuer ces déchets, tandis que l’hôtel l’utilise
pour attirer des clients intéressés par les loisirs nautiques. Si c’est deux entreprises
appartiennent à deux propriétaires différents, il sera difficile d’utiliser l’eau d’une
manière efficiente. Comme l’usine sidérurgique n’est pas impactée par le coût de la
baisse d’activité de l’hôtel due aux rejets des déchets dans la rivière, ce coût ne sera
pas considéré avec beaucoup d’attention dans son processus décisionnel. Elle risque
donc de continuer à rejeter trop de déchets dans la rivière, et l’allocation de cette
ressource ne sera alors pas efficiente »
Il faut préciser qu’il existe deux types d’externalités : négative et positive. Tout ce qui
peut nuire à l’environnement génère des externalités négatives. Certaines activités de
production, comme nous le verrons ultérieurement (cas de l’agriculture par exemple)
peuvent présenter à la fois les deux types d’externalités. On parle dans ce cas plutôt
de multifonctions d’une activité.
1.2 Les biens publics
Ils se caractérisent par la non-exclusion (nul ne peut être exclu des bénéfices apportés
par le bien) et la non-rivalité dans sa consommation (plusieurs personnes peuvent
profiter d’un beau paysage sans que la qualité ou la quantité du paysage ne s’en
trouvent modifiées). La théorie économique standard admet que la fourniture des de
biens publics ne peut reposer uniquement sur les mécanismes du marché
(Abdelmalki et Mundler 2010).
Plusieurs ressources environnementales courantes entrent dans la catégorie des biens
publics, parmi lesquelles un joli paysage, l’eau potable et la biodiversité.

1.3 Les ressources naturelles


Les ressources naturelles ou «actifs naturels» désignent l’ensemble des biens qui ne
sont pas productibles par l’homme. On peut faire la distinction d’une part, entre les
ressources épuisables (non-renouvelables) dont le stock se trouve en terre, et les
ressources renouvelables et d’autre part entre ressources marchandes et ressources
libres.
Les ressources naturelles sont présentes dans les premières réflexions économiques
car elles sont indispensables à la production des richesses. La théorie des ressources

8
naturelles trouve ses origines dans la théorie classique de la production (Faucheux et
Noël, 1995). Cette théorie définit une ressource naturelle comme un facteur de
production à part entière et que la plupart de ces ressources ont des caractéristiques
proches du capital. C'est-à-dire, elles doivent être extraites (disponibilité dépend du
travail) pour qu’elles soient consommées ou intégrées dans le processus de
production (un poisson doit être pêché avant qu’il soit consommé ou transformé par
exemple !). De ce fait, de par ces opérations d’extraction et de transformation ou de
par leur rareté, ces ressources transitent sur le marché et sont donc dotées d’une
valeur d’échange et deviennent des biens économiques. Par contre, les ressources
dont l’offre ne doit rien au travail de l’homme et dont la propriété est commune (l’air
et l’eau) sont exclues du marché et constituent ce qu’on appelle les biens libres
(Yachir, 1992).
Au cours du temps, on va assister à une exclusion progressive de la théorie des
ressources naturelles par les néoclassiques et ce à partir du 20ème siècle.

2. Vers une nouvelle dimension économique de l’environnement


La crise environnementale s’est traduite par une mise en cause de la croissance et par
des critiques visant certains aspects et certaines branches du développement
industriel (chimie, nucléaire, etc.) L’accroissement considérable du niveau de vie des
sociétés occidentales révèle alors ses contreparties environnementales sous forme de
pollution diverses et de tensions sur les marchés d’approvisionnement en ressources
énergétiques.
La première génération des politiques d’environnement, qui se met en place dans les
années 60 et 70, va privilégier les instruments administratifs. Mais au fil des années,
le recours à des instruments qui reposent sur incitation monétaire prend une
importance croissante. Alors, que dans un premier temps, à la suite des
recommandations de la théorie pigouvienne, on privilégiait une solution de taxation
pour internaliser les externalités négatives, les solutions de marché de droit à polluer
ont peu à peu pris le pas sur ces dernières (voir plus loin dans la partie Energie-
environnement et économie).
Bien que soumise dans les années 1970 à une critique sévère, voire à un rejet de la
part de pionniers, l’approche néoclassique s’est finalement imposée, une trentaine
d’années plus tard. Aux yeux de beaucoup, cette approche constitue le cadre naturel
et évident d’analyse des problèmes d’environnement. Le corps théorique qu’elle a
développé s’est notamment imposé auprès des institutions internationales et des
administrations nationales. Ainsi, lorsqu’en 1972, l’OCDE a adopté le fameux principe
pollueur-payeur, c’est en se référant à la théorie néo-classique du commerce – il ne
fallait pas distordre le commerce et l’investissement international – et à la théorie de
l’internalisation des effets externes : les prix des marchandises devaient être corrigés
pour refléter les coûts externes des activités qui requièrent l’emploi de ressources
rares de l’environnement jusqu’alors non tarifées (OCDE, 1975). De nombreux
décideurs ont vu dans cet outillage néoclassique la base la plus solide, parmi les
contributions possibles des sciences sociales à la rationalisation des processus publics
de décision et du choix des instruments de politique.
C’est au sein de cette période des années 70 que l’économie environnementale
devient un domaine à part entière. C'est également à cette époque que Passet,

9
économiste français publie en 1979 son fameux livre devenu "classique" intitulé
«l’économique et le vivant». L’approche de Passet a pour ambition de repenser
l’environnement dans une dimension bioéconomique c'est-à-dire qui inclue le vivant
et son milieu de vie (biosphère) dans toute analyse économique de l’environnement.
Quant à elles, les organisations économiques doivent respecter les rythmes de
reconstitution des ressources naturelles qui sont très complexes.
Cette nouvelle approche de Passet et d’autres personnalités scientifiques isolées,
venant du monde des économistes, mais possédant un savoir pluridisciplinaire
cherche le rapprochement entre l’économie et les sciences de la nature (chimie,
physique, biologie, etc.). Cela donnera naissance à deux écoles différentes, deux
philosophies différentes (Hamaide et al., 2012). Ces deux écoles, de visions
différentes sur la question environnementale, vont contribuer chacune à la
progression du débat sur le développement soutenable. Ces deux approches sont
celles de « l’économie écologique » et de « l’école de Londres ».

A. L’approche de l’économie écologique


Cette approche repose sur le maintien constant du stock total du capital naturel. Au
départ de cette dimension, on se base soit sur l’approche économique soit sur
l’approche écologique pour analyser les interactions environnement- activités
humaines. Cette vision semble être timide dans le sens où les modèles écologiques
ont tendance à ignorer l’être humain et les modèles économiques ont pris les simples
versions des faits écologiques.
Toutefois, vers les années 80, l’idée de dépasser la conception de ces modèles va
s’installer progressivement. On a cherché notamment dans les analyses
thermodynamiques et éco-énergétiques des approches existantes pour concevoir en
fin une analyse pluridisciplinaire. Celle-ci devait tenir compte d’un ensemble de
modèles sectoriels, climatiques, écologiques, économiques pour dégager un moyen
d’analyse systématique.
Cette approche trouve ses appuis dans la réduction de la question environnementale
à la simple théorie d’internalisation des externalités négatives ou bien à la
substituabilité illimitée des ressources naturelles. Elle part du principe que
l’environnement ne peut qu’être étudié de manière transdisciplinaire en incluant
l’économie et les sciences naturelles (essentiellement l’écologie et la
thermodynamique). Le cadre d’analyse dépasse celui de l’économie néo-classique
puisque le système économique est maintenant perçu comme faisant partie d’un
système plus large, la terre, ou la biosphère. La question de l’environnement était si
décisive pour le devenir humain qu’elle fallait constituer une nouvelle science. Celle-
ci devait étudier les interactions complexes entre l’économie humaine et le
fonctionnement biologique et physique de la planète terre. Les outils de cette
nouvelle science devaient être empruntés à la fois aux sciences de la nature et à la
partie des travaux économiques les plus préoccupés du fonctionnement de l’économie
matérielle des hommes (Godard, 2015). Cela ne remet pas en cause toute l’économie
de l’environnement et l’économie des ressources naturelles mais seulement sa mise
en perspective.

B. L’approche de l’école de Londres


Contrairement aux économistes néoclassiques qui distinguent l’analyse des
ressources naturelles de celle de l’environnement, les partisans de cette école
suggèrent qu’il n’y a pas de frontières entre les deux champs. L’environnement est
considéré comme un bien rare au même titre que les ressources naturelles. Cette
rareté implique donc des conflits d’usage : l’environnement peut être utilisé comme

10
un bien de consommation public, comme un producteur de ressources naturelles ou
comme un réservoir de déchets (Louhichi, 2001). Ici on considère que
l’environnement a une capacité d’assimilation, une capacité de renouvellement et une
substituabilité entre les ressources épuisables et renouvelables.
Cette approche repose sur l’interdépendance entre économie et environnement et
souligne le caractère multidimensionnel du développement soutenable. Le marché
demeure le mécanisme central de régulation des relations homme nature. Pour
réaliser un développement soutenable, il y a nécessité à maintenir un stock de capital
naturel critique et d’inclure des considérations institutionnelles finalisées
correspondant à une politique de développement.
Les dommages occasionnés à l’environnement peuvent être traités de deux manières.
La dégradation potentielle d’une partie du capital naturel à petite échelle peut être
traitée par des critères d’efficience économiques tels qu’ils sont définis par la
perspective néoclassique. Les dégradations à grande échelle doivent faire l’objet de
contraintes a priori. On parle ainsi du capital naturel critique.
Il s’agit ici d’une approche qui se situe entre celle des néoclassiques (soutenabilité
faible) et celle de l’économie écologique (soutenabilité forte).
Bien qu’elle présente de nombreux aspects innovateurs dans l’évolution des théories
économiques environnementales, l’approche de l’école de Londres est soumise à pas
mal de critiques. D’abord, il y a des contestations par rapport à la monétarisation de
la nature d’une part et, d’autre part, les méthodes d’évaluations utilisées (évaluation
contingente, les dépenses induites, les prix hédoniques, et la complémentarité faible)
restent délicates à appliquer pour des raisons méthodologiques, juridiques et
pratiques.

11
Chapitre II. Le concept environnement

1. L’environnement dans la littérature

Avant les années 1960, le terme « environnement » n’était pas repris dans les textes.
Pas mal d’écrivains ont essayé de retracer l’histoire de « l’environnement » en partant
de l’idée que le terme n’est pas invariant et possède donc des origines. Ainsi des
termes, comme contour, nature, faune et flore, etc. ont été respectivement cités à des
moments bien précis de l’histoire de l’humanité. Toutefois, il nous semble délicat de
faire corrélation entre ces citations et l’environnement tel qu’il est conçu actuellement
au sens pluridisciplinaire du terme !

Ce n’est que vers la fin du 19ème siècle avec les inquiétudes d’épuisement des
ressources naturelles sur lesquelles repose l’économie du marché au sein des sociétés
industrielles qu’un terme proche de l’environnement, en l’occurrence le milieu, fasse
son apparition.

Au 20ème siècle, le terme «milieu» deviendra ce qu’on appelle «cadre de vie». Son
usage s’intensifie dans les années 1960-70 à un moment où les sciences doivent
répondre à la société qui veut comprendre le fonctionnement du monde qui l’entoure
et le dominer. Le vocabulaire scientifique s’enrichit de nouveaux mots tels que
l’environnement (Torregrosa, 2005).

En effet, à la sortie de la seconde guerre mondiale, la question de l’environnement


s’organise autour d’une polarité entre protection de la nature et conservation des
ressources pour en sécuriser l’accès dans un contexte de croissance économique et
d’un croissement démographique vu comme une menace (Mahrane et al. 2012). Les
ressources naturelles ont été exploitées de manière excessive, ce qui a généré des
pollutions colossales.

En 1957, lors de l’instauration de la communauté économique et européenne (Traité


de Rome), l’environnement comme domaine politique n’existait pas. Et par peur de
distorsions commerciales au sein du marché commun qui peuvent être générées par
après suite à l’émergence des mesures environnementales, qui peuvent toucher aux
normes de production et de produits, il a fallu mettre en place une coordination des
politiques environnementales au niveau des communautés européennes.

Ainsi en 1972, lors de la conférence de Stockholm sur l’environnement humain placée


sous le slogan « nous n’avons qu’une seule terre », la question nature/ressource a été
dépassée pour introduire d’autres préoccupations relevant de l’économie et non pas
de la démographie. Des termes comme pollution, dégradation, déchets, etc.
surgissent. Pas mal de biologistes formés dans le domaine de l’écologie ont
commencé à soulever la question de dégradation du milieu. Des lors, des voix
appellent à des actions de nature politique et publique plutôt qu’administrative. C’est
en 1968, à Paris, lors de la conférence de l’Unesco sur l’Homme et la biosphère, que

12
cet appel à l’action politique fut formulé de façon explicite ((Meyer et Poncharal,
2016).).

Dans la foulée de cette sensibilisation à la dimension politique et publique de la


question environnementale, on va assister à l’adoption d’un programme d’action
pour l’environnement en 1973. Ce programme d’action définissait l’environnement de
manière anthropocentrique (l’homme au centre des problèmes environnementaux). Il
mettait en avant l’amélioration de la « qualité de vie » et le besoin de réconcilier
l’expansion économique et le développement d’une part, et la nécessité de maintenir
l’équilibre écologique d’autre part.

La notion de « l’environnement global » comme objet politique de toute action en


faveur de l’écosystème est ainsi mise en place progressivement entre 1945 et 1972. Le
cadre d’action est maintenant globalisant, dépasse les notions de protection et de
conservation, et fait appel à des interventions politiques et publiques au niveau
mondial.

La convention des Nations unies à Rio De Janeiro en 1992, baptisée le sommet de la


Terre ne représente qu’une première étape de l’ensemble des réflexions politiques sur
l’avenir de l’environnement à l’échelle mondiale. Elle souligne la dimension
planétaire ou globale des problèmes de l’environnement et réaffirme la nécessité
d’une gestion durable des biens environnementaux. Cette convention a contribué à
l’émergence du droit international de l’environnement qui comporte plusieurs
conventions (accords officiels entre États). De cette convention, découlent 4
conventions traitant de l’environnement à savoir : la convention sur les changements
climatiques, le protocole de Kyoto, la convention sur la diversité biologique et le
protocole de Carthagène (sur la prévention des risques biotechnologiques).

Le terme environnement va connaître un rapide succès, malgré que de nombreux


scientifiques et politiques reprennent encore de temps à autre le terme écologie,
initié par le biologiste allemand Ernst Haeckel en 1866, afin de mieux véhiculer leur
message.

Aujourd’hui encore, il existe une certaine confusion entre les deux, bien que l’écologie
ne représente qu’une simple partie de l’ensemble très vaste des sciences de
l’environnement (Bliefert et Perraud, 2001).

L’environnement est désormais perçu dans un contexte large, qui inclut les
perspectives scientifique, économique, sociale et culturelle. Son étude ne se limite
plus aux phénomènes physiques. Les sciences sociales deviennent intimement liées
aux sciences de la nature. L’interdisciplinarité est requise pour saisir les interactions
qui s’opèrent, car la notion d’environnement est surtout englobant, intégrante. En
associant les disciplines, on jette les bases d’une nouvelle représentation du monde.

13
2. Différents niveaux de représentation de l’environnement

Le terme environnement regroupe une telle multitude de significations qu’il est


difficile de l’aborder sous une unique facette. Devant cette diversité de définitions,
toute personne active dans un champ traitant de la matière environnementale
(géographie, physique, sociologie, économie, biologie, etc.) tente de trouver le sens
qui lui semble approprié. D’une manière générale, l’environnement représente une
sphère d’influences directes et indirectes exercées sur l’être vivant et de ses relations
avec le reste du monde.

Dans son livre, « l’environnement, le comprendre pour le construire », Poucet


distingue trois niveaux de signification :

- L’environnement imaginaire : une représentation le plus souvent façonnée par


l’apport d’images véhiculées par les médias dominants.
- L’environnement pragmatique : est celui qui résulte des politiques de « fait ».
On discerne ses contours dans les déclarations, les rapports officiels, les
législations, etc.
- L’environnement rationnel : celui qui englobe toutes les composantes du cadre
de vie de l’être humain.

Cette représentation de Poucet nous montre que l’environnement n’est pas une
science exacte et reflète la pluridisciplinarité de la matière, sa complexité et les
difficultés des significations qui lui sont accordées.

Souvent, on parle de la biosphère à la place de l’environnement. C’est-à-dire la partie


de la planète où la vie est possible en permanence pour tous les êtres vivants. Cette
approche, reste cependant la plus pertinente et la plus proche de la bonne
signification de l’environnement.

D’un point de vue scientifique, l’environnement désigne tout ce qui entoure une
entité spatiale abiotique (milieu physique) ou vivante. Depuis la fin des années 1960,
le terme a pris une acceptation plus spécifique et désigne la composante écologique
du cadre de vie de l’homme. De façon sous-jacente l’environnement est associé aux
problèmes de dégradation de la biosphère toute entière par suite de l’action de la
civilisation technologique sur la totalité des milieux naturels (Ramade, 2002).

D’un point de vue économique, l’environnement est considéré comme un actif


composite qui fournit tout un ensemble de services. Il s’agit d’un actif très spécial,
puisqu’il nous procure les systèmes nécessaires à notre vie. L’environnement offre à
l’économie les matières premières qui sont transformées en biens et services grâce au
processus de production, et aussi l’énergie qui fournit le carburant nécessaire à cette
transformation.

La figure suivante nous montre l’ensemble des interactions entre le système


économique (ici une unité de production) et l’environnement.

14
Figure 1. Le système économique et environnement (source : Tietenberg et Lewis, 2013)

La figure illustre bien l’objectif de ce cours, à savoir les répercussions directes


(extraction, transformation, transport et production d’énergie) et indirectes
(utilisation secondaire de l’énergie comme facteur de production) sur
l’environnement. En effet, une organisation (industrielle, agricole, une usine de
production d’énergie …etc.) fait appel à des intrants ou des facteurs de production
(ressources naturelles : énergie (ici une forme chimique dégradée), air, eau, …).
Après transformation de ces ressources en biens et services économiques, des
extrants sont générés (pollutions, déchets, …). Les conséquences de transformation
sont qualifiées d’externalités négatives ou déséconomie externe aux yeux des
économistes. Internaliser ces effets en termes de coûts dans la comptabilité des
agents responsables n’est pas une opération aisée.

La complexité apparaît d’autant plus quand il s’agit notamment de pollutions diffuses


(pollutions transfrontalières ; effet de serre comme exemple). Les mesures actuelles
de protection de l’environnement (taxation, principe de pollueur-payeur, quotas et
permis de pollution, …) ne donnent pas entière satisfaction. Les pays en voie de
développement, par exemple, jugent l’ensemble de ces mesures comme un frein à leur
expansion économique.

Par ailleurs, quelque soit les limites qu’en prend en compte, l’environnement reste un
système complexe, dans lequel le sol, l’eau, l’air ainsi que le monde des animaux et
des plantes, et le climat en sont les composants majeurs (Bliefert et Perraud, 2001).
Figure suivante :.

Figure 2: composants majeurs de l’environnement

15
Dans la suite de ce cours, notre analyse de la relation énergie-environnement se
placera sous l’angle scientifique et économique.

L’importance sera donnée, après analyse des processus de production énergétique


(conventionnels et non-conventionnels) et leurs effets sur l’environnement, aux
réflexions sur les scénarios de décarbonation de l’environnement et à la façon de
stocker l’énergie pour une meilleure gestion de l’offre et la demande. L’économie
«écologique» ou respectueuse de l’environnement considère que l’environnement ne
peut être analysé que de façon interdisciplinaire ; le système économique faisant
partie d’un ensemble bien plus large. Il s’agit, de façon générale, de l’écosystème
auquel appartient l’homme.

16
Chapitre III. L’énergie

1. Introduction générale
La production énergétique conventionnelle a généré des volumes colossaux de
polluants dont les émissions dépassent le pouvoir auto-épurateur du milieu.

En un siècle, la population mondiale a consommé plus de ressources fossiles


épuisables que durant les millénaires passés. Les conséquences de ce recours effréné
aux ressources fossiles, pourrait mettre en péril la planète elle-même, et par suite
l’avenir de l’humanité, en étant à l’origine des dérèglements climatiques sans
précédent (Lamoureux, 2020).

Depuis la maîtrise du feu jusqu’à celle de l’atome, le développement des sociétés


humaines s’est largement fondé sur la conquête de l’énergie. Dans tous les pays du
monde, l’énergie est ainsi devenue l’un des facteurs essentiels du développement
économique et social, au même titre que le capital, le travail ou les ressources
naturelles et nul ne saurait désormais s’en passer. Depuis une quarantaine d’années,
les problèmes liés à la production énergétique sont devenus la règle. En effet, les
crises énergétiques qu’a connu l’humanité ont eu des effets considérables : récession
économique, augmentation du chômage, conflits internationaux pour les chocs
pétroliers, pénurie de combustibles traditionnels pour la crise du bois de feu,
diminution de la couche d’ozone, renforcement de l’effet de serre et pluies acides
pour les rejets énergétiques (les oxydes de soufre et d’azote), catastrophes naturelles
liées aux transports maritimes (marées noires), …etc.

A l’heure actuelle, la plupart des pays industrialisés dépendent du pétrole et du gaz


naturel pour assurer leurs besoins en énergie. Ces pays qui représentent 16% de la
population mondiale, ont obtenue leur croissance économique au prix d’une
augmentation de la pollution ; source majeure de dégradation de l’environnement
(Destot, 2007).

Si la société industrielle a pu émerger grâce au charbon, c’est le pétrole qui lui a


ensuite permis de révéler toute sa puissance notamment après la découverte des
premiers puits en 1859 au Etats-Unis. Ainsi le pétrole a contribué à l’essor du
développement de l’humanité avec l’apparition des moteurs à essence et à diesel, des
centrales thermiques au fioul, …etc. (Meunier, 2006). Depuis la prise de conscience
du concept environnement et les questions d’épuisement des ressources et de
dégradation de l’environnement, la société mondiale a été amenée à trouver des
solutions alternatives aux énergies conventionnelles. La pensée est orientée vers les
formes les plus respectueuses de l’environnement, en l’occurrence les énergies
renouvelables.

Sujet scientifique, économique, politique et écologique, l’énergie suscite aujourd’hui


des débats voire même des conflits sur les choix à faire et leurs conséquences sur
l’avenir de l’environnement et de l’humanité (Mosseri et Jeandel, 2013). Les
questions se posent sur les efforts à consentir pour lutter contre les incidences de

17
l’énergie sur l’environnement : réchauffement climatique, pluies acides, trou d’ozone,
déchets radioactifs, accidents nucléaires…etc. En effet, si les pays industriels, ont
réalisé un développement économique en polluant, d’autres en voie de
développement demandent de faire pareil. La course au progrès pour certains, les
problèmes d’environnement et d’épuisement des ressources pour d’autres vont
animer le débat énergétique à l’avenir.

Le secteur énergétique défie les lois admises en économie, en partie parce qu’il est
régulé par l’Etat ou les monopoles privés que par les lois de l’offre et la demande.
L’évaluation économique exclut pour l’instant l’internalisation des coûts externes
relatifs par exemple à la dégradation de l’environnement et de la santé, ce qui
maintient artificiellement bas le coût des carburants fossiles.

2. Qu’est ce que l’énergie ?

L’énergie, est avant tout le produit des sciences physiques, peut être définie comme
la faculté que possède un corps de fournir du travail mécanique ou son équivalent.
Mais elle reste une notion difficile à définir car on n’en ressent que les effets sous
forme de travail et de chaleur. C’est une propriété d’un système capable de modifier
d’autres systèmes. La quantité de l’énergie est le produit de l’intensité du travail (la
puissance) par le temps durant lequel cette puissance est fournie.

Donc la puissance est une quantité d’énergie par unité de temps.

Unités

-Unité de base de la puissance est le watt (1W = 1J/s). Dans le domaine d’énergie on
emploie souvent le mégawatt (1MW = 106 W), le gigawatt (1GW = 109 W) et le
térawatt = (1TW= 1012W).

-Selon les énergies mises en jeu, on utilise différents types d’unités :

-L’unité d’énergie dans le système international est le joule (J). Unité qui mesure le
travail nécessaire pour soulever de 10cm une masse de 10Kg. Pour des
transformations macroscopiques, elle est très petite aussi utilise-t-on le kilojoule (Kj),
ou le mégajoule (MJ).

Dans le domaine de l’énergie électrique, on utilise aussi comme unité d’énergie le


watt- heure (Wh) et ses multiples. Le watt- heure représente une énergie de 1J/s
pendant une heure, soit 1Wh = 3600J.

A ne pas confondre le KWh qui est une quantité d’énergie avec le KW qui est une
unité de puissance.

-Pour les énergies mises en jeu au niveau des atomes, des molécules ou des noyaux,
qui sont les entités constituant la matière, on utilise plutôt l’électronvolt (eV) et ses
multiples. On a 1eV= 1,6*10-19J.

18
Equivalences

Pour comparer les différentes sources d’énergies, il est d’usage de les rapporter à
l’énergie fournie par le pétrole brut. Pour cela, les économistes utilisent la tep, tonne
d’équivalent pétrole. 1,6 tep représente la consommation moyenne d’énergie d’un
habitant de notre planète. Pour la consommation d’un pays, on parlera de millions de
tep (Mtep), voire de milliards de tep (Gtep).

3. Système énergétique et conservation d’énergie

Lors des échanges entre un système et l’extérieur, on distingue des transferts de


matière et des transferts d’énergie. Par convention, celle dite du banquier, tout ce que
le système reçoit de l’extérieur est compté positivement, tandis que tout ce qu’il cède
à l’extérieur est compté négativement. Ces considérations permettent de définir les
deux types de systèmes rencontrés en thermodynamique macroscopique (tableau ci-
dessous).

Nature du système Fermé Ouvert


Échange de matière Non Oui
Échange d’énergie Oui Oui
Un système fermé qui n’échange pas d’énergie est appelé un système isolé.

La partie de la physique qui s’intéresse à l’étude des échanges de la matière et


d’énergie qui ont lieu entre le système et son environnement (extérieur) est la
thermodynamique.

La thermodynamique classique s’intéresse à des systèmes macroscopiques. Par


système macroscopique, on entend : la portion de l’espace limitée par une surface
réelle ou fictive contenant la matière étudiée (atomes ou molécules).

On appelle extérieur tout ce qui n’appartient pas au système. L’ensemble système


plus extérieur constitue l’univers thermodynamique (à ne pas confondre avec
l’univers astronomique) Ici les dimensions sont limitées (Foussard et al., 2021, les
bases de la thermodynamique).

Figure 3. Notion de système (d’après Froussard et al., 2021).

19
4. Les principes de la thermodynamique ?

-1er principe :

Connu aussi sous le nom de principe de l’équivalence ou principe de la conservation


de l’énergie, exprime que l’énergie d’un système isolé reste constante au cours du
temps. Il ne peut se créer ni se détruire d’énergie, et il est impropre de parler comme
on le fait couramment de « production » ou de « consommation » d’énergie. Dans
tous les cas, il s’agit de changement de forme, ou de transfert d’un système à un autre.

Les différentes formes que peut prendre l’énergie d’un système ; énergie mécanique,
énergie calorifique, énergie potentielle, énergie cinétique sont ainsi toutes
équivalentes entre elles au sens de ce principe de la thermodynamique. Il s’agit
d’un principe de conservation analogue à celui de la conservation de la masse d’un
système, ou des espèces chimiques lors d’une réaction.

Les limites du premier principe ?

La principale limite de ce 1er principe est l’absence de prise en compte de la qualité


d’énergie. Il y a certes équivalence entre les différentes formes d’énergie exprimées,
mais les possibilités de convertir une forme d’énergie en une autre ne sont pas les
mêmes (irréversibilités).

Exemple : L’énergie mécanique, aussi appelée travail, peut toujours être


intégralement convertie en chaleur, mais la réciproque n’est pas du tout vraie.

-le second principe

Le second principe introduit la notion de qualité de l’énergie. Celle-ci se dégradant


d’énergie noble de qualité (mécanique, électrique), en chaleur (la chaleur est une
forme dégradée de l’énergie). Selon ce principe, la quantité d’énergie utilisable pour
fournir un travail diminue obligatoirement dans un système isolé du fait de
l’existence d’irréversibilités.

Le second principe est dû a Sadi Carnot, qui a démontré en 1824 que le rendement
d’une machine thermique idéale décrite par un cycle est donné par la formule  =
Tf/Tc. Tc= température de la source d’énergie thermique (source chaude), et Tf=
température de l’environnement ambiant (source froide), toutes les deux exprimées
en Kelvin.

Schématisation des échanges d’énergie dans moteur thermique

20
5. Les différentes formes d’énergie

L’énergie peut se présenter sous différentes formes :

- Mécanique1 : celles des moteurs, des muscles


- Calorifique : celle de la chaleur, du chauffage de la cuisson
- Rayonnement électromagnétique
- Electricité : centrale thermique, hydraulique,…etc.
- Chimique : celle de la nourriture, des carburants
- Nucléaire : celle des étoiles, des centrales nucléaire

1 L’énergie Mécanique se présente sous deux formes principales :

- l’énergie potentielle, provenant essentiellement de l’attraction de la gravitation


terrestre, est celle que possède un corps au repos situé en altitude : énergie
contenue dans l’eau d’un barrage par exemple.
- L’énergie cinétique est celle que possède un corps en mouvement : énergie du
vent, dans cours d’eau, arbre moteur, volant d’inertie.

Le schéma suivant montre les interactions entre les différentes formes d’énergie ou ce
qu’on appelle communément la chaine énergétique.

L’énergie diffère selon l’endroit où on la mesure :

L’énergie peut se présenter sous une forme primaire, finale (secondaire) et tertiaire
(utile).

21
L’énergie primaire, est constitué par l’énergie disponible à l’état brut, avant toute
transformation, et telle qu’elle peut être saisie à l’entrée du système énergétique. Elle
peut se présenter sous forme de stocks (charbon, pétrole brut, gaz naturel, uranium)
ou sous forme de flux (énergie solaire, éolienne ou hydraulique).

L’énergie finale est constituée de l’énergie utilisée pour satisfaire les divers besoins
(chauffage, processus industriels) après transformation de l’énergie primaire en
énergies secondaires (produits pétroliers, électricité, combustibles solides et gazeux).

L’énergie utile : directement utilisable après transport et distribution (essence,


butane de cuisine, etc.) figure ci-dessous.

Figure 4. L’énergie sous toutes ses formes

6. Les principales sources d’énergie

La nature met à disposition de l’homme deux grandes catégories de sources


d’énergie : les énergies renouvelables et les énergies non renouvelables (figure 19).

- Les énergies non renouvelables ou épuisables sont principalement les


combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel). Il s’agit ici de formes
d’énergie chimique provenant de la biomasse stockée au cours des
millénaires passés, ainsi que la fission nucléaire dérivée de l’uranium. Comme
leur nom l’indique, les réserves correspondant à ces sources d’énergie sont
limitées et ne renouvellent pas, du moins dans des périodes de temps à
l’échelle de l’homme.
- Les énergies renouvelables ont quant à elles été les premières employées par
l’homme et continuent de l’être largement dans les sociétés traditionnelles. Ce
vocable regroupe des formes d’énergies très diverses comme, la géothermie,

22
l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique, l’énergie
marémotrice, ou encore l’énergie des animaux de trait. Il s’agit ici de formes
d’énergie physique qui se présentent sous forme de flux et non de stock. Elles
sont pratiquement inépuisables.

Figure 5. L’énergie primaire et finale dans le monde en 2015

7. Le monde des énergies fossiles et environnement

Plus de 80% de l’énergie mondiale consommée à l’heure actuelle est d’origine fossile,
c'est-à-dire issue de ressources qui se présentent sous forme de stocks non
renouvelables à l’échelle du temps de l’humanité. Sachant que les besoins en énergie
vont augmenter dans les années à venir compte tenue des projections
démographiques qui voient une augmentation de la population mondiale de 2,5
milliards d’ici 2050, il est important de souligner les inquiétudes qui animent le
monde tout entier. Celles-ci sont liées plus au pétrole dont les réserves sont
« apparemment » très limitées alors que celles du gaz naturel seraient légèrement
supérieures à celles du pétrole. Heureusement pour certains, et malheureusement
pour d’autres, les réserves en charbon sont nettement plus meilleures avec une
répartition qui couvre tous les coins du monde. Alors que le charbon est très polluant,
nocif et dangereux parmi toutes sources d’énergie, certains pays ne voient aucun
problème dans son utilisation à l’avenir.

Historiquement, jusqu’à 1850, la consommation énergétique d’un pays dépendait


fondamentalement des quantités d’énergie qui pouvaient être mobilisées sur son

23
territoire (bois, biomasse, charbon principalement). A la fin du XIX siècle, le marché
du charbon s’est développé sans pour autant donner naissance à un véritable marché
international. En effet, du fait du coût élevé du transport, les échanges internationaux
se limitaient à des échanges de proximité. Source d’énergie prépondérante jusqu’à la
fin des années cinquante, il ne sera devancé par le pétrole qu’au milieu des années
1960 suite à l’explosion du nombre de voitures individuelles et du transport aérien.
Après les deux chocs pétroliers (1973 et 1979), le pétrole devient trop cher et se
spécialisera dans les transports et l’industrie (Charlez, 2017).

Produit facile à manipuler et à transporter ou à stocker, le marché des échanges du


pétrole se mondialise rapidement. Ceci s’explique selon Hansen (2019) par la
conjonction de trois facteurs principaux : i) une souplesse d’utilisation dans tous les
domaines, ii) une stratégie commerciale offensive des compagnies multinationales
présentes dans la chaîne pétrolière et, iii) un coût de production avantageux qui en
fait un concurrent redoutable pour les autres énergies surtout après la découverte de
gisements géants dans des zones faciles d’accès (Proche-Orient essentiellement).

L’estimation de la durée de « vie » des stocks d’un produit varie selon le type
d’études. Pour un géologue par exemple, une bonne estimation d’un stock dépend des
progrès de la connaissance et de ceux de la technologie. Cependant, pour un
économiste, il s’agit d’une estimation monétaire des réserves dites prouvées qui
dépend du coût d’accès au stock et du prix de vente (le prix auquel le produit pourra
être vendu sur le marché). Pour estimer le rythme auquel les réserves fossiles
s’épuisent, on utilise communément le ratio R/P (R représente le montant estimé des
réserves prouvées et le P le volume de la production annuelle). On obtient ainsi une
estimation du nombre d’années pendant lequel on pourra exploiter le gisement au
rythme de l’année considérée. A titre d’exemple, ce ratio était en 2017 de 52 ans pour
le pétrole, de 53 ans pour le gaz naturel et de 115 ans pour le charbon (Hansen et al.
2019).

De ce qui est la nature des réserves fossiles, on parle souvent de réserves prouvées au
sein desquelles nous faisons la distinction entre les formes conventionnelles et non
conventionnelles. Pour le pétrole, ces réserves sont de trois types : type 1 ou 1P ; les
quantités de pétrole dont l’existence est établie et dont les chances de récupération
aux conditions technico-économiques du moment sont d’au moins 90%, les réserves
de type 2 (2P) ; la probabilité de récupération est d’au moins 50%, et les réserves
24
dites « 3P » qui additionnent aux précédentes possibles ayant une probabilité de 10%
d’être récupérées (Hansen et al., 2019).

Que ce soit pour le pétrole ou le gaz, la forme conventionnelle désigne ces quantités
facilement récupérables du fait de leur emplacement géologique au niveau de la roche
mère. Pour le pétrole par exemple, les hydrocarbures formés au niveau de la roche
mère migrent vers une roche poreuse et perméable, s’accumulent et forment des
gisements dont l’exploitation se fait par simple forage. A l’opposé, le pétrole non
conventionnel reste piégé dans une roche peu poreuse et peu perméable du bassin
sédimentaire voire même piégé dans la roche mère (schiste bitumeux, pétrole de
schiste, pétrole lourd,.etc.). L’extraction du pétrole non conventionnel s’avère plus
complexe et nécessite une fracturation hydraulique (technique onéreuse).

En termes de production, le plus probable selon Cassoret (2018), c’est que celle-ci
passera par un maximum, pourra stagner, avant de décliner. C’est le géologue
américain King Hubert qui a été le premier dans les années 1956 a suggéré une
courbe avec un pic de consommation notamment du pétrole. Selon Hubert, le stock
américain baisserait à partir des années 1970. Différentes dates ont été avancées pour
l’obtention de ce pic pétrolier : Pour certains ce pic est déjà passé (année 2010) ou
entrain de passer, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pense qu’il ne se
reproduira pas avant 2030 (Barré, 2007), d’autres plus optimistes ne le voient que
dans quelques décennies. Ci-dessous, le schéma théorique de King Hubert où la
première moitié (partie gauche) représente ce que nous avions déjà consommé
comme pétrole, alors que la deuxième moitié représente ce qui reste encore comme
gisements mais qui sont difficiles à extraire techniquement et économiquement.

Le schéma théorique de King Hubert.

25
La figure ci-dessous représente le pétrole conventionnel découvert par période de 10
ans de 1900 à 2010 et les projections au-delà de 2010. On peut remarquer qu’à partir
de 1980, la consommation du pétrole devient significativement élevée par rapport
aux gisements existants.

Figure 6. Le rapport entre les découvertes du pétrole et sa consommation (source : Adolphe, 2011).

En considérant le climat, toutes les énergies fossiles contiennent du carbone.


Pendant la combustion, le carbone qui n’est pas récupéré se répand dans l’air sous
forme de CO2 ; un gaz impliqué dans l’effet de serre. Les considérations climatiques
affectent la politique énergétique de deux manières : le niveau de consommation
d’énergie est pris en compte du moment que des sources à émission de carbone sont
concernées et plusieurs sources d’énergie sont analysées selon leur teneur en
carbone. Parmi toutes les énergies fossiles, c’est le charbon qui contient le plus de
carbone par unité d’énergie produite et c’est le gaz naturel qui en contient le moins.

D’un point de vue économique, le problème est lié aux externalités négatives
engendrées par les émissions du carbone sous forme de CO2. Or sachant que
l’internalisation des coûts liés à ce genre d’activité semble délicate en absence de
politiques publiques adéquates, il semble que la réorientation des choix vers d’autres
produits moins polluants est très importante (notion de substituabilité). Il faut que
les choix énergétiques se caractérisent par un bais d’inefficience en raison de
l’orientation vers des énergies contenant du carbone. Ceci peut retarder le moment de
la transition vers des énergies moins polluantes. La comptabilité énergétique montre
que la consommation d’énergie qui peut être qualifiée d’inefficiente s’explique par le
fait que les utilisateurs (majoritairement privés) ne prennent pas en charge
l’intégralité des coûts qui y sont liés. L’énergie semble alors moins chère qu’elle ne
l’est en réalité.

26
Chapitre IV. La production de l’énergie

1. La production chimique

1.1. Le pétrole

A. signification et origine

Un liquide constitué par un mélange d’hydrocarbures (composés formés à base


d’hydrogène et du carbone). Il résulte de la décomposition par la chaleur, en absence
d’oxygène, de matières organiques contenues dans des roches mères. Ces matières
organiques sont le reste des végétaux (plancton), d’algues et des protéines tombées à
leur mort au fond des océans : mélangées aux sables, limons et boues, l’ensemble
s’alourdit et tombe au fond de l’eau, exerçant une pression qui accroît la température
de plusieurs centaines de degrés. Généralement entre 2500 et 5000 m de profondeur,
on obtient du pétrole liquide associé au gaz et au-delà de 5000 m, le pétrole se
transforme en gaz.

Le pétrole représente ce qui reste des êtres vivants du passé, voilà pourquoi on le
qualifie de combustible « fossile ».

Une fois formé, le pétrole remonte vers la croûte terrestre, en empruntant des pores
perméables, car sa densité est inférieure à celle de l’eau salée. Toutefois, quand il
rencontre une structure imperméable, le pétrole est emprisonné et un gisement se
forme.

Depuis sa première mise en production en 1859 par Drake aux États-Unis, le pétrole
est devenu la plus importante source d’énergie primaire dans monde. La
consommation des produits pétroliers a connu un développement considérable (1Gt
en 1960, 2,9 Gt en 1987 et 4Gt en 2007). Ceci s’explique par les avantages certains
que présente cette énergie du fait de sa forme liquide, de la forte capacité énergétique
volumique et de sa nocivité relativement faible. Les frais de distribution et de
transport sont également les moins coûteux et les plus souples. Un autre avantage
offert par le pétrole est lié à la gamme de produits provenant de sa distillation (figure
ci-dessous)

Figure 7. Game de produits dérivés du pétrole

27
L’existence d’une pluralité de produits et donc d’une pluralité de marchés a conduit
les producteurs à mettre en œuvre une politique de prix adaptée à chacun de ces
marchés. En termes de qualité, on peut faire la distinction entre 3 formes brutes, qui
sont les plus connues :

- L’Arabian Light (le brut de référence au moyen orient)


- Le Brent (le brut de référence en Europe)
- Le WTI (West Texan Intermediate, le brut de référence américain).

Suivant la nature chimique des hydrocarbures, nous avons trois grandes familles de
pétrole brut (paraffines, oléfines et aromatiques). Plus un brut est léger, plus large est
la gamme de produits raffinés qu’il fournit. Les caractéristiques et la composition du
pétrole brut conditionnent son prix de vente.

B. L’utilité du pétrole

On peut dégager trois types d’utilités :

- Source d’énergie : la plus importante source d’énergie primaire au monde


(chauffage, chaleur industrielle, source d’électricité, l’essence, etc.).
- Matière première : 95% des bitumes dans le monde utilisés comme
revêtements routiers souples et des paraffines utilisées comme lubrifiants sont
d’origine pétrolière.
- La pétrochimie : production de matières plastiques, les fibres textiles
synthétiques, les caoutchoucs, les colles, les adhésifs, etc. Environ 8% du
pétrole est utilisée dans la pétrochimie, soit 200 Mt/an.

C. La chaîne pétrolière

L’industrie pétrolière a vite évolué d’une structure concurrentielle vers une structure
oligopolistique (c'est-à-dire une concentration du marché au sein de peu de
compagnies) à cause des caractéristiques technico-économiques de cette industrie.
Elle nécessite des capitaux importants durant toutes les phases de la chaîne pétrolière
à savoir, l’exploration, le transport et le raffinage.

Pour extraire le pétrole des


gisements, il faut forer des
puits dont le coût unitaire est
très élevé. Pour limiter le
nombre de forages, la
prospection a développée des
méthodes d’exploration qui
relève de la géologie et de la
géophysique.

Figure 8 : la chaine pétrolière 28


La production : la mise en exploitation d’un gisement est réalisée en forant
plusieurs puits. Selon la pression naturelle au sein d’un gisement, la production peut
se faire spontanément ou doit être assurée par l’emploi de pompes. Ces moyens
correspondent à la récupération primaire qui ne permet de recueillir que 20% du
potentiel du gisement.

Pour améliorer le rendement, on passe à la récupération secondaire : injection de gaz


ou de l’eau sous pression facilitant la remontée du pétrole ; le taux de récupération
peut aller jusqu’à 33%. Enfin, la récupération tertiaire, beaucoup plus coûteuse et en
cours de développement. Elle devrait permettre de porter le taux d’extraction à 40 ou
50% grâce à l’injection de vapeur, ou de produits chimiques dilués dans l’eau.

La mise en exploitation complète d’un champ pétrolier peut s’étendre sur plusieurs
années et peut demander jusqu’à 15 ans pour un grand gisement sous-marins. Le
développement de l’exploration et de la production en mer a été rendu nécessaire par
le rapide épuisement des réserves à terre. Les potentiels pétroliers que recèlent les
océans sont considérables (70% de la surface de la terre est occupée par les océans).

Le transport vers les raffineries Presque 57% du pétrole est consommé hors du
pays qui l’a produit. Le transport du pétrole brut est effectué soit par des navires
pétroliers, soit par oléoduc. Le pétrole brut ne peut être utilisé tel quel et qu’il est
donc nécessaire de le raffiner pour produire des molécules aux usages quotidiens très
variés.

Le raffinage : Pour séparer les constituants du pétrole brut, deux étapes sont
considérées :
a) La distillation (figure 23)
Voici le schéma figuratif d’une colonne de distillation fractionnée à la pression
atmosphérique qui va nous permettre de séparer les mélanges complexes
d’hydrocarbures formant le pétrole en fonction de leur volatilité (plus le produit est
léger, plus il est cher). Il s’agit d’une séparation partielle aboutissant à des fractions
appelées coupes.

29
Figure 9 : la distillation du pétrole
- On porte le mélange dans la tour à distiller à une T° de +/-375°C
- Les composants les plus lourds (liquides) vont rester dans le bas de la tour et
les plus légers (gazeux) continuent leur ascension dans la tour.
- Il se produit ainsi un courant de gaz ascendant et un courant liquide
descendant.
- Plus on monte dans la tour, plus la T° diminue, les molécules se condensent et
peuvent être récupérées à différents niveaux.
- Au sommet, ce sont les molécules gazeuses les plus légères qui restent et ce
genre de gaz se retrouve dans nos bonbonnes (propane, butane).

ET après la distillation ?

Dans les différentes fractions recueillies, des atomes de soufre persistent. Afin
d’éviter que lors de la combustion l’on ne libère trop de SO2, qui réagit avec l’O2 et
l’eau pour former des pluies acides, ce souffre doit être enlevé. Le mécanisme
consiste à passer les hydrocarbures sous un courant d’hydrogène. Le soufre payant
une grande affinité pour l’hydrogène sera pompé hors des hydrocarbures. Ce
mécanisme chimique est appelé désulfuration.

b) La purification

Purification des produits par des traitements physiques et chimiques pour obtenir
des produits plus légers forts demandés par les consommateurs. On utilise ainsi le
craquage et le réformage.

30
- Craquage catalytique ? sous l’action de la chaleur et de catalyseurs, les
molécules de fractions lourdes (gazole) sont transformées en molécules plus
légères.
- Le réformage : a pour but d’améliorer la qualité des essences en augmentant
leur indice d’octane. Sous l’action de la chaleur et de catalyseurs, les chaînes
carbonées linéaires sont réorganisées en chaînes carbonées ramifiées.

Le souci croissant de réserver le pétrole à des usages spécifiques (transports routiers


et aériens) a eu pour conséquence de réduire considérablement la demande mondiale
en produits lourds depuis les premiers chocs pétroliers (figure 24)

Figure 10. Structure de production de deux raffineries avec ou sans craquage catalytique

La distribution

Le mode de distribution dépend de l’importance des consommateurs et génère des


frais. Les compagnies pétrolières disposent de surcroît de dépôts, utilisés comme
unités de stockage stratégique et économique pour répondre aux fluctuations de la
demande.

D.Pétrole : géopolitique, économie et environnement

Le pétrole s’est transformé d’une ressource naturelle de production en une arme


géopolitique génératrice de conflits entre nations. Avec plus de 100 Gt, le moyen
orient est crédité à lui tout seul de 62% des réserves prouvées mondiales. Il s’agit en
outre de pétrole de bonne qualité, dont l’extraction est très peu onéreuse. Ce pactole,
est-il une bénédiction ou une malédiction pour les populations locales ?

31
La figure suivante résume les
réserves mondiales de pétrole en
milliards de barils et montre
clairement pourquoi autant de
conflits sont localisés dans la région
du moyen orient.

Figure 11. Réserves mondiales de pétrole

Pour beaucoup de personnes, les enjeux géopolitiques ou économiques liés au


pétrole, seraient ainsi la source de conflits internationaux ou de guerres civiles dans
le monde, ou d’atteintes à l’environnement, plus ou moins visibles, qu’engendrent
son exploitation et son utilisation (accidents des navires transporteurs et productions
de marées noires, pollutions diverses, etc.). Le pétrole est devenu indispensable au
bon fonctionnement de la société moderne. C’est l’énergie secondaire de référence
dans presque tous les secteurs de production. Toutefois, plusieurs interrogations
pèsent sur l’avenir du pétrole. La principale concerne l’épuisement de ses réserves.
En effet, la demande du pétrole n’a cessé d’augmenter au cours des 20 dernières
années, en particulier en raison du développement économique des pays émergents
comme la Chine.

Toutefois, face au problème de réchauffement climatique, certains pays industrialisés


se sont engagés à diviser leurs émissions de gaz à effet de serre par 4 d’ici 2050 (par
rapport à leur niveau de 1990, conformément aux recommandations du protocole de
Kyoto). Les évolutions nécessaires pour parvenir à cet objectif imposent
inévitablement de s’interdire d’avoir massivement recours aux énergies fossiles pour
la production de chaleur et d’électricité, tout en trouvant une alternative au pétrole
notamment dans des secteurs fort concernés tels que les logements et les transports
(Copinschi, 2010). Les mouvements des prix du pétrole liés généralement à différents
contextes géopolitiques, ont eu (et ont encore) une influence importante sur l’activité
économique de chaque pays. Voici quelques dates clés de la crise pétrolière.

-Le premier choc pétrolier de 1973 (embargo décidé par les pays arabes contre les
pays occidentaux qui soutenaient Israël dans la guerre du kippour, réduction de la
production et augmentation des prix du baril),

32
- Le second choc pétrolier de 1979 déclenché par la révolution en Iran

Ces deux chocs pétroliers ont entrainé un ralentissement de la croissance, des crises
économiques, du chômage et des déficits publics.

Pour faire face à ce genre de situation, certains pays ont adopté des politiques
publiques volontaristes pour restructurer la demande en énergie et dans l’impulsion
donnée aux énergies renouvelables. La priorité était de remplacer le pétrole par une
autre source, notamment le nucléaire dans pas mal de pays qui disposaient des
capacités technologiques pour le faire, ou par le gaz naturel dans les centrales
thermiques et le chauffage des habitations. Les efforts entrepris par certains pays,
dans un second temps, pour promouvoir la filière des énergies renouvelables ont été
abandonnés vers la fin des années 1980 (le contre choc de l’Arabie Saoudite quand
elle a décidé de doubler sa production en 1986, effondrement des prix, stimulation de
la croissance…) lorsque le prix le pétrole est redescendu, rendant non rentables les
investissements dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables.

-En 2008, c’est le record du prix du baril qui survient juste avant ce qu’on a appelé la
« crise financière ». Cette fois-ci la hausse des prix n’est pas liée à des conflits entre
nations, mais à une spéculation entre l’offre et la demande. Les visions des
économistes sont nombreuses à ce sujet. On cite la raréfaction du pétrole qui n’aurait
plus alimenté la machine économique, la limitation des installations de raffinage en
cas de forte demande, etc. Ci-dessous, l’évolution des prix du baril de pétrole à New-
York qui montre clairement les chocs pétroliers et la crise de 2008 (source : Hansen
et al., 2019. Page 169).

Figure 12. Evolution des prix du baril de pétrole en fonction de diverses situations géopolitiques

33
1.2. Le gaz naturel

L’industrie du gaz est née au début des années 1800 aux États-Unis et en Europe
simultanément : il s’agissait de gaz produit par distillation de la houille (forme de
charbon) et destiné à l’éclairage public.

Le pouvoir calorifique* des divers gaz disponibles, qu’il s’agisse de gaz manufacturé
(gaz obtenu dans des usines à partir de 1875 pour l’éclairage, chauffage et cuisson) ou
de gaz naturel extrait du sous-sol varie dans des proportions considérables :
5,5kWh/m3 en moyenne pour le gaz manufacturé, de 11,1 à 12,2 kWh/m3 pour le gaz
naturel en provenance de Russie, d’Algérie ou de Norvège, 27,5kwh/m3 pour le
propane (GPL issu du pétrole) et 35,6kWh/m3 pour le butane. (Le pouvoir calorifique,

également appelé « chaleur de combustion », représente la quantité de chaleur dégagée par la combustion complète d'une
unité de volume ou de masse donnée, dans des conditions normales de température et de pression).

Le gaz d’éclairage issu de la houille a vite été détrôné vers 1880 par l’électricité. La
découverte du gaz naturel en Europe après la Seconde guerre mondiale (Italie, France
et Pays-Bas) puis la mise au point de solutions techniques pour le transporter sur de
le longues distances l’ont peu à peu détrôné du bilan énergétique au profit du gaz du
gaz naturel importé de régions de plus en plus éloignées des lieux de consommation
(Algérie, Russie, Norvège, etc.). Les États-Unis furent les pionniers dans le domaine
de l’exploitation du gaz naturel à partir des années 1930 ; il s’agissait soit du gaz
associé au pétrole, soit de gaz « sec ».

Le gaz naturel est un mélange dont le constituant principal est le méthane (CH4). Ce
dernier est souvent associé à de l’éthane (C2H6), du propane (C3H8), du butane
(C4H10) et du pentane (C5H12) dans des proportions très variables d’un gisement à
l’autre. Un gisement de gaz contient parfois d’autres produits tels que le sulfure
d’hydrogène (H2S), l’azote ou le gaz carbonique. Ces deux derniers font baisser le
pouvoir calorifique du gaz.

Le gaz naturel est normalement inodore, mais pour des raisons de sécurité (asphyxie,
explosion etc.), et avant qu’il soit distribué, il est odorisé par l’adjonction d’un produit
chimique, généralement du Tétrahydrothiophène (THT) à odeur soufrée
nauséabonde. A noter qu’en Belgique cette odorisation se fait à l’entrée des villes et
en France à l’entrée des lieux d’importation. Contrairement au gaz manufacturé, le

34
gaz naturel ne contient pas de monoxyde de carbone ; il n’est donc pas toxique. Il est
en revanche susceptible d’exploser au contact d’une étincelle.

Le gaz naturel a la même origine que le pétrole. Sa formation suit celle du pétrole :
quand ce dernier atteint une certaine profondeur, la température ambiante le
transforme en gaz par un processus de craquage. Aujourd’hui, 40% du gaz produit de
l’électricité et le reste se répartit entre usages industriels et domestiques ou tertiaires
(figure 24). D’un usage plus récent que le pétrole, il a connu une forte croissance
depuis le 1er choc pétrolier de 1973. Il fournit aujourd’hui 21% de l’énergie primaire
consommé dans le monde. Plus propre que le pétrole, en brûlant il ne dégage que de
l’eau et du gaz carbonique.

Figure 13 : utilisation du gaz naturel

Le classement des ressources de gaz naturel distingue les réserves prouvées (et
probables) en gaz conventionnel et les ressources en gaz dit non-conventionnel. Dans
les deux cas, il s’agit pour l’essentiel de méthane, mais c’est la technologie utilisée
qui fait la différence.

- Le gaz conventionnel : c’est du gaz piégé dans des réservoirs assez faciles
d’accès avec le forage vertical.

- Le gaz non conventionnel est piégé dans la roche mère ou dans des réservoirs
difficiles d’accès et il faut recourir à des technologies plus sophistiquées pour le
produire (fracturation hydraulique par exemple). Il existe plusieurs catégories de gaz
non conventionnel : le gaz du schiste (shale gas), le «tight gas», le « coalbed
methane » (le grisou), les hydrates de méthane (figure 27).

35
Les ressources mondiales en gaz non-conventionnel semblent plus grandes que celles
de gaz conventionnel, mais leur évaluation est sujette à débat. Pour l’instant seul les
États-Unis produisent à grande échelle du gaz non conventionnel, le gaz du schiste
principalement.

Figure 14: gaz conventionnel et non conventionnel.

A. La chaîne gazière

La chaîne gazière présente 5 maillons principaux. Les deux premiers qui sont
l’exploitation et la production sont les mêmes que ceux de la chaîne pétrolière.
Toutefois, l’exploitation du gaz naturel présente énormément de contraintes. Une fois
extrait du sous-sol il doit être épuré, est épuré et conditionné de manière particulière
pour pouvoir être transporté dans des conditions de sécurité acceptables. Pour le
transporter sur des milliers de km depuis les sites de production jusqu’aux lieux de
consommation, on fait recours à des technologies complexes et coûteuses.

Deux voies principales sont aujourd’hui utilisées :

- Le transport par gazoduc


- Le transport par méthanier (chaîne de gaz naturel liquéfié ou GNL).

Dans le transport par gazoduc, le gaz est transporté sous pression dans des
canalisations tubulaires d’acier soudées les unes aux autres, d’un diamètre de 0,2 à
1,5m. Pour donner au gaz une vitesse de transport suffisante (30km/h en moyenne),

36
une pression est nécessaire (de l’ordre de 70 bars). Des stations de compression
doivent donc être installées tout au long du parcours, tous les 100 à 150km environ.

Lorsque le transport par gazoduc est impossible ou trop coûteux, le recours au GNL
s’impose. Le transport par méthanier (bateaux à double coque), de gaz sous forme
liquide représente lui aussi une prouesse technique. Pour liquéfier le gaz à la pression
atmosphérique, on doit le refroidir à -160°C à l’aide de gigantesques réfrigérateurs
(les USA et le Japon, sont les deux pays les mieux équipés par ces installations). La
chaîne complète du GNL comporte ainsi (figure suivante) :

- Un gazoduc, qui relie le lieu de production à la zone portuaire ;


- Un terminal de liquéfaction et une unité de stockage de gaz liquéfié ;
- Un parc de méthanier ;
- Un terminal de regazéification
- Un réseau de gazoduc pour assurer la distribution de gaz.

Figure 15. Schéma simplifié d’une chaîne complète du GNL

Ce processus est fort consommateur d’énergie et que des pertes existent aux
différentes étapes de la chaîne GNL. Pour la Belgique, le transport du gaz se fait via
des gazoducs terrestres qui assurent le transport du gaz venant de la Russie et des
Pays-Bas et les gazoducs sous-marins qui acheminent le gaz en provenance du
Royaume-Uni et de la Norvège.

Elle dispose également d’un terminal méthanier à Zeebrugge qui permet aux bateaux
de décharger le GNL qui sera ensuite regazéifié et injecté dans le réseau de transport
belge. Ce gaz provient des pays d’outre-mer comme le Qatar par exemple.

37
Pour adapter l’offre à la demande qui varie fortement notamment entre l’hiver et
l’été, des stockages sont indispensables. Le stockage se fait généralement dans le pays
importateur. De grands réservoirs souterrains pouvant contenir plusieurs centaines
de milliers de mètres cubes de gaz ont été aménagés dans la plupart des pays
européens : ils reçoivent durant l’été le gaz qui sera déstocké au moment de la forte
demande hivernale. Ces stockages s’effectuent en nappe aquifère ou en cavité saline.

En Belgique, Fluxys gère le site de stockage souterrain de Loenhout où le gaz est


conservé sous forme gazeuse dans des nappes aquifères à grande profondeur. Il existe
également les centres de Zeebrugge et de Dudzele où le gaz est stocké sous forme
liquéfiée.

Dans un réservoir souterrain en nappe aquifère, du gaz est injecté sous pression dans
une roche poreuse perméable saturée d’eau et surmontée par une couche
imperméable. Le gaz prend en quelque sorte la place de l’eau et se trouve emprisonné
entre la couche supérieure de d’argile et la couche inférieure d’eau.

1. 3. Le charbon

Le charbon est un terme générique qui désigne un ensemble de combustibles solides


de composition et de pouvoir calorifiques variés. Il a été le combustible quasi unique
de la révolution industrielle du 19ème siècle. Depuis, le charbon a vu sa consommation
augmenter dans des proportions considérables. En 1950, la part du charbon
représentait encore 57% de la consommation mondiale d’énergie primaire
commerciale, puis elle a décliné pour atteindre un plancher de 27% en 2002. Depuis
cette date il oscille entre 25% et 33%.

Ces réductions sont dues à la concurrence d’autres sources énergétiques notamment


le pétrole, le gaz naturel et l’hydraulique.

Le charbon est composé de :

 Minéraux : morceaux de roches, sédimentés en même temps que la matière


organique.
 La matière organique : riche en carbone et, c’est elle qui donne cette couleur
noire au produit. La teneur en carbone après séchage varie en fonction des
étapes de formation du carbone (tourbe, lignite, houille et anthracite).

38
 L’eau : plus il reste de l’eau dans le charbon, plus bas est son pouvoir
calorifique.
 Les volatils : il s’agit surtout de CO2, du méthane et d’autres hydrocarbures
ainsi qu’un peu d’argon et d’hydrogène. A pression atmosphérique, les gaz se
dégagent que les mineurs appellent Grisou.

L’importance de ses réserves et leur répartition géographique complémentaire de


celle des hydrocarbures en font un concurrent potentiel sérieux pour ces derniers. Le
principal obstacle à son utilisation étant son impact beaucoup plus fort sur
l’environnement (voir études d’incidences).Le charbon a été formé à partir des
immenses masses végétales de l’époque du carbonifère (il y a environ 300 millions
d’années), mélangés à des éléments minéraux (figure 27a).

 La tourbe : s’est formée à l’ère quaternaire.


Fibreuse, légère, forte teneur en eau, elle constitue
un combustible de qualité médiocre, qui ne fait pas
l’objet d’échanges internationaux.
 Le lignite : meilleur combustible que la tourbe, il
reste d’un rendement faible, mais assez largement
utilisé.
 La houille, s’est formée à l’ère primaire. Son
pouvoir calorifique est largement supérieur à celui
de la tourbe et le lignite. La houille contient
différentes catégories de charbon, qui diffèrent par
leur teneur en carbone.
 L’anthracite est considéré comme le charbon de
qualité supérieure.

Figure 16 : les étapes de formation du charbon


Contrairement au pétrole et au gaz naturel, le
charbon présente une distribution géographique
largement représentative de l’ensemble des
continents (figure 27b). A long terme, et vu ses
réserves, le charbon présentera une réelle
concurrence aux autres énergies fossiles et aura
un rôle important à jouer dans les futurs bilans
énergétiques. Le charbon voyage peu (et le
lignite pas du tout), les quantités importées et
exportées ne représentent que 15% de la
production totale. Avec une contribution de
40%, le charbon est de loin la première source
d’électricité mondiale et ce malgré ses nuisances
sur l’environnement que nous décrirons Figure 17 : réserves mondiales de charbon en
ultérieurement. 2005 39
Contrairement au pétrole et au gaz naturel où l’on parle de chaînes (pétrolière et
gazière), pour le charbon on utilise plus le terme « l’industrie charbonnière».

L’exploitation du charbon se fait dans des mines à ciel ouvert ou souterraines.

- Les mines çà ciel ouvert : sont exploitées de manière analogue à des carrières.
Les taux de récupération que l’on peut y atteindre sont très élevés (90% contre
40% en souterrain). Cette forme de production représente 80% de la
production au canada, 60% aux Etats-Unis, 50% en Australie, 33% en Russie.
- Les mines souterraines comportent au moins deux puits, pour permettre la
ventilation nécessaire pour évacuer les gaz et climatiser la mine. Ce genre
d’exploitation pose de nombreux problèmes de sécurité : risques
d’éboulement, coup de grisou et l’inondation, les maladies pulmonaires, …

La transformation du charbon

Pour répondre à la demande des utilisateurs, le charbon extrait subit une


transformation en plusieurs étapes :

- Il doit être nettoyé, trié et calibré pour être séparé en fonction des tailles et des
qualités.
- Pour la production d’énergie, on utilise des variétés abondantes et peu
coûteuses.
- Pour augmenter la qualité, le charbon est broyé de plus en plus finement pour
avoir une bonne combustion et diminuer ainsi les émissions de polluants
(oxydes d’azotes en particulier).
1. En général, deux grands produits sortent de la mine ;
a. Produits de qualité mis directement sur le marché ou vendus à la
cokerie
b. Les produits de faible qualité sont utilisés dans la production de
l’électricité.
c. Dans la cokerie, en plus de la coke, d’autres produits de synthèse sont
fabriqués: ammoniac, méthanol, goudrons, …
1.4. Le nucléaire

L’énergie nucléaire est utilisée depuis le 20ème siècle, essentiellement pour produire
de l’électricité et pour la propulsion maritime. Très controversée, elle comporte des
atouts indéniables, mais aussi des risques majeurs.

40
Parmi ces atouts, la très haute densité énergétique (une pastille de 7g de combustible
nucléaire contient autant d’énergie qu’une tonne de charbon). L’énergie nucléaire
exploitée actuellement par plus de 31% de pays, produit 16% de l’électricité mondiale,
soit autant que tous les barrages hydroélectriques du monde. La prise de conscience
du réchauffement climatique, les variations des cours du pétrole et du gaz et les
incertitudes géopolitiques des approvisionnements ont provoqué un regain d’intérêt
pour cette source d’énergie mal aimée du public. La production de l’électricité se fait
par fission nucléaire.

41
2. La production physique de l’énergie

2.1. Les ressources renouvelables

Les énergies renouvelables qui sont inépuisables à l’échelle l’humanité sont promises
sur le moyen et le long termes à un développement important. Bien qu’elles n’ont pas
encore atteint une certaine maturité pour entrer en concurrence avec les énergies
classiques, les dimensions climatique et économique et les politiques étatiques
plaident en leur faveur.

La consommation d’énergies renouvelables est, dans les pays développés, un thème


majeur de communication politique et des entreprises. Cependant, dans les faits, leur
poids économpique est à ce jour en-deça de leur visibilité médiatique (Lacona, 2012).
Seuls quelques pays recourent de façon massive à ces énergies : hydraulique au
Brésil, en Suède et au Canada, éolienne au Danemark, agrocarburants au Brésil et aux
USA

Se présentant comme des sources de production physique c'est-à-dire des énergies


primaires de type flux, leur mise en place est limitée par :

Des contraintes techniques qui sont de trois catégories :

 Une densité de puissance relativement faible comparativement aux énergies


fossiles, ce qui implique des grandes surfaces de captation et un coût matière
élevé.
 La grande variabilité de la source ; l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique,
l’énergie des mers fluctuent largement, il faut capter quand l’énergie est
disponible, ce qui nécessite des régulations souvent complexes.
 La nécessité de stockage ; problématique de stockage de l’énergie dans de
bonnes conditions.
 Mobilisation de surfaces importantes (cas du solaire)

Des contraintes économiques;

 Coûts d’investissements très élevés


 La nécessité d’un appoint en cas d’indisponibilité de la source, ce qui impose
des surcoûts quelquefois conséquents.

42
Selon leur origine, on peut distinguer différentes catégories d’énergies
renouvelables :

 L’énergie géothermique, fournie par la terre


 Les énergies solaires (thermique, photovoltaïque)
 L’énergie éolienne
 L’énergie hydraulique
 La biomasse
 L’énergie de la mer

La source principale des énergies renouvelables facilement accessible est le


soleil. (Figure ci-dessous)

Figure18: les parcours de conversion pour les énergies renouvelables

La figure montre que ce flux d’énergie peut être obtenu directement en utilisant une
technologie thermique ou photovoltaïque (énergie solaire), ou indirectement, grâce
au vent (éolienne), aux vagues, aux barrages sur rivière (hydroélectricité) et aux
biocarburants (énergie de la biomasse dépendant de la photosynthèse).

Deux autres sources d’énergie sont souvent considérées comme renouvelables si on


considère leur nature et leur variabilité :

- L’énergie des marées, provenant de l’attraction lunaire et solaire sur les océans
qui peut être exploitée grâce à une usine marémotrice.
- L’énergie géothermique (voir le point ci-dessous).

2.1.1 L’énergie géothermique

La chaleur produite par la terre est à l’origine de l’énergie géothermique. Dans le sol,
la T° augmente d’environ 1°C tous les 30 à 40 mètres. Dans le sol belge par exemple
la température augmente d’environ 30°C par Km pour une valeur de départ de 10°C à

43
la surface (Ben Laenen, 2012 : guide de la géothermie en Belgique). Le gradient
thermique est plus favorable dans les régions volcaniques, il peut dépasser 1°C par
2,5m. De manière générale, les roches poreuses dans lesquelles l’eau est stockée sont
coiffées d’un couvercle minéral imperméable. Néanmoins quelques fuites
apparaissent ; ce son les sources, les geysers et mud-pots.

a. Origine de la géothermie

Elle trouve son origine dans trois processus liés à l'histoire géologique de la terre.

 Flux thermique profond: Une partie de la chaleur provient du moment où la


terre a été formée. Le processus de formation est lié à une série de collisions
d'accumulations de poussière et de petits fragments de roche dégageant d'énormes
quantités d'énergie. Finalement, la température était tellement élevée que la roche a
fondu. La coque extérieure de cette boule incandescente a rapidement refroidi mais le
noyau est resté chaud. La chaleur du noyau de la terre rayonne progressivement vers
la surface de la terre. Ce flux thermique profond n'est pas réparti de manière
homogène (voir figure).

 Chaleur de frottement: les mouvements des plaques tectoniques causent un


frottement qui déforme et chauffe la roche. Cette chaleur de frottement entre les
plaques en mouvement à la surface de la terre cherche une sortie. Cela donne lieu, à
certains endroits, à des sources d'eau chaude.

 Dégradation radioactive: la plus grande partie de la surface de la terre est


relativement froide et c'est ici que le troisième processus thermique est souvent
dominant: il s’agit de la dégradation radioactive. En effet, l’écorce terrestre est riche
des éléments radioactifs U, Th et 40K. Ces éléments ne sont pas stables. Ils se
décomposent progressivement en composants stables. L'énergie libérée par ce
processus est alors convertie en chaleur dans la croûte terrestre

b. Exploitation de la géothermie

Le flux thermique moyen issu de la terre est évalué à 0,06Wm2. Les gisements
géothermiques peuvent être subdivisés selon la profondeur à laquelle l’énergie peut
être produite, en :

 Géothermie à haute température (> 220°C)

44
 Géothermie à température intermédiaire (100-200°C).
 Géothermie à basse température (50°C à 100°C).

Dans le 1er cas, le fluide géothermique peut être essentiellement constitué d’eau ou de
vapeur, dans les deux autres, il s’agit de l’eau, éventuellement sous pression. Les
réservoirs géothermiques de vapeur ou d’eau chaude se forment lorsque le magma se
rapproche suffisamment de la surface de la terre pour chauffer les nappes
phréatiques. Quand la température dépasse 50°C, la source géothermique peut être
associée à des pompes à chaleur pour fournir du chauffage en hiver et de la
climatisation en été. A plus de 100°C, l’énergie géothermique peut être utilisée pour
produire de l’électricité ; comme est le cas dans certains pays : Islande (Les Geysers),
Italie (Lardarello), …figure 28

La chaleur est gratuite, mais les eaux thermales sont souvent corrosives pour les
tuyauteries des centrales.

Figure 19. Les deux types de géothermie

45
2.1.2. L’énergie solaire

L’énergie solaire provient des réactions thermonucléaires qui se produisent au sein


du soleil provoquant l’émission d’un rayonnement électromagnétique de très forte
puissance. Elle peut être utilisée pour fournir de l’électricité, du chauffage ou de l’eau
chaude.

Le rayonnement reçu par la terre varie selon la période de l’année. Une partie de ce
rayonnement est absorbé et réfléchi par l’atmosphère de telle sorte que le
rayonnement reçu au sol comporte une partie diffuse et une partie directe.

Les technologies de captation

L’énergie solaire est reçue de manière diffuse et intermittente. Les techniques de


captation de l’énergie solaire peuvent être classées en deux grandes catégories :

 Sous forme thermique (les rayons solaires après concentration appropriée,


chauffent une chaudière analogue à celle d’une centrale classique). Le soleil
joue ici le rôle de la source chaude.
 Par effet photoélectrique (conversion physique directe de l’énergie solaire en
électricité par effet photoélectrique dans un matériau semi-conducteur (en
général, du silicium).
 Par photosynthèse : (conversion de l’énergie lumineuse en énergie chimique
par les plantes).
La conversion thermique de l’énergie solaire consiste à intercepter les photons
incidents sur un matériau absorbant, dont la température s’échauffe.
a) L’énergie solaire concentrée (CSP : concentrated Solar power)
Il faut une irradiation solaire directe forte supérieur à 2000kWh/m 2.an et
limite donc l’usage de ces techniques aux régions qui bénéficient d’un tel
ensoleillement

2.1 .3. L’énergie éolienne

L’énergie éolienne correspond à l’énergie cinétique des masses d’air se déplaçant


entre des zones à pressions différentes.

En chauffant l’atmosphère de façon hétérogène, le soleil engendre des différences de


densité et de pression qui sont à l’origine du vent. L’énergie du vent a été ainsi captée

46
depuis l’antiquité, soit dans des éoliennes à axe horizontal ou vertical, soit pour la
propulsion des navires à voile.

Les premières éoliennes remontent au 19ème siècle, même si leur conception était très
artisanale. C’est le Danemark qui a pris la tête dans le développement des éoliennes
modernes et domine le marché mondial. Les allemands, les espagnols et les
américains sont également des fabricants concurrentiels.

L’efficacité d’une éolienne dépend de son emplacement. Une éolienne fonctionne


d’autant mieux que les vents sont réguliers et fréquents. Les éoliennes commencent à
fonctionner quand la vitesse du vent est supérieure à une valeur comprise entre 10 et
20 km/h. par mesure de sécurité, on doit les arrêter quand le vent dépasse 90km/h.

Les usages des éoliennes sont multiples, avec


par ordre de puissance installée croissante :

 La signalisation maritime (30 W à 5


W)
 Les télécommunications (60W à 5W)
 La recharge des batteries dans des pays
en développement
 Le pompage de l’eau (1 à 5KW)
 La production d’électricité (jusqu’à
200 MW) : plus de 2 à milles machines
ont été installées dans le monde, dont
25% aux Etats-Unis et 65% en Europe.

2.1.4 L’énergie hydraulique

L’exploitation de l’énergie hydraulique utilise la variation d’énergie potentielle de


l’eau en fonction de la hauteur. Un corps de masse m situé à une hauteur h a, dans le
champ de pesanteur terrestre dont l’accélération est g, une énergie potentielle Ep =
m.g.h (point = multiplication).

On peut récupérer une partie de cette énergie lorsque l’on fait passer l’eau dans une
turbine. La puissance que l’on peut extraire d’une chute d’eau est proportionnelle à
son débit et à sa hauteur. Il faut une grande quantité d’eau et une dénivelée
(différence d’altitude entre deux points de la surface terrestre). Pour produire
beaucoup d’électricité.

47
L’énergie hydraulique résulte de l’action du soleil à travers le cycle de l’eau, évaporée
de la surface de la terre, puis condensée sous forme de pluie.

Les petites centrales, à l’instar des grandes centrales hydrauliques, peuvent être
installées sur des chutes d’eau de dénivelées très variables (1,5 à 400m) et contribuer
de manière significative aux besoins locaux en électricité ou en puissance mécanique.
Historiquement, les moulins hydrauliques ont joué un rôle majeur dans l’essor
artisanal et industriel.

L’hydraulique est de très loin, avec 2800 TWh, la principale source d’électricité
d’origine renouvelable (Barré, 2007). La chine, le Canada, la Norvège et le Brésil sont
les pays les plus producteurs.

Malgré les nombreux avantages que présente cette filière de production


(renouvelable, très peu de gaz à effet de serre, très économique, électricité de base ou
de pointe, très souple..), les mouvements environnementalistes s’opposent
notamment aux projets de grands barrages au moins autant qu’à ceux de centrales
nucléaires. Les problèmes de l’hydraulique sont liés aux: modification des paysages,
perte de fertilité des terres suite notamment aux inondations, perte de biodiversité,
perte de sites historiques ou culturels (déplacement des temples d’Abou Simbel à
cause du barrage Nasser en Egypte par exemple)…

2.1. Production de l’énergie électrique

A. Historique de la production d’électricité


 1800 : Volta invente la pile. Mais elle ne peut pas stocker de grosses quantités
d’électricité.
La pile de Volta suscite un énorme intérêt dans le monde scientifique car le
courant électrique est alors un phénomène nouveau et inattendu. Grâce à elle,
les physiciens de l’époque peuvent entreprendre de nombreuses recherches sur
les propriétés du courant électrique et sur la résistance électrique. Ces travaux
sont à l’origine du transport d’électricité par câbles.

 1820 : Oersted (Danois), remarque qu’une aiguille aimantée placée à côté d’un
fil conducteur traversé par le courant est déviée. D’une importance capitale,
l’expérience d’Oersted établit pour la première fois un lien entre électricité et
magnétisme.

48
 1830 : Michael Faraday (Anglais), montre qu’un courant passe dans une
bobine lorsqu’on y introduit un aimant.
L’histoire du début des applications de l’électricité est dominée par les
découvertes du physicien anglais, Michael Faraday en 1830. En reliant les
bornes d’une bobine à un galvanomètre (sorte d’ampèremètre), il observe le
passage d’un courant dans la bobine, lorsqu’il introduit ou retire un aimant de
cette bobine.

L’importance de cette découverte est extrême car elle rend possible la production de
courant électrique sans avoir à utiliser de piles. L’énergie mécanique peut, dès lors,
être directement convertie en énergie électrique. C’est ce que font, depuis, tous les
alternateurs.
La transformation d’une source d’énergie primaire en énergie finale dans des
centrales électriques se fait au moyen d’un alternateur (générateur synchrone).
(Figure 29) ; partie commune à toutes ces centrales. Dans l’alternateur, la puissance
mécanique est convertie en puissance électrique.

Pour comprendre le fonctionnement d’un alternateur il est important de revenir aux


lois physiques fondamentales, notamment la loi de Faraday.

Faraday déclare, qu’un conducteur de longueur l, (en m), se déplaçant à la vitesse u


(en m/s) et soumis à un champ magnétique B (en Tesla, T), ce conducteur est le siège
d’une force électromotrice (f.é.m) v telle que :

V = B.l.u (en volt)

Le processus de conversion naturel de la mécanique (la vitesse u) vers l’électrique


(f.é.m) s’effectue grâce à la présence du champ magnétique B.

L’équation ci-dessus montre que pour produire une f.é.m v suffisamment élevée
pour l’usage pratique, il est nécessaire d’obtenir un champ magnétique (donc un flux
magnétique) de fort niveau et d’un conducteur aussi long que possible.

L’alternateur est constitué d’une partie tournante appelée rotor (un ou plusieurs
aimants) et d’une partie fixe appelé stator (bobine ou ensemble de bobines).

49
Figure 20. Structure d’un alternateur
B. Fonctionnement d’une centrale électrique
Une centrale électrique établit une chaîne énergétique afin de fabriquer de
l’électricité: une énergie primaire (chimique, nucléaire, mécanique, ..) subit une ou
plusieurs conversions pour devenir finalement une énergie électrique (figure ci-
dessous).

Figure 21 Les diverses modes de conversion de l’énergie pour produire de l’électricité

La plupart des installations de production d’électricité – centrales nucléaires,


hydrauliques ou à combustibles fossiles et les éoliennes – font exactement le même
travail : elles transforment l’énergie cinétique, c’est à dire l’énergie du mouvement, en
un flux d’électrons que l’on appelle « électricité ». Dans l’alternateur, le rotor tourne à
l’intérieur d’un bobinage de fils de cuivre nommé stator. La force ainsi produite
expulse les électrons de leurs atomes et induit dans les fils de cuivre un flux

50
d’électrons, c’est-à-dire l’électricité. Les électrons peuvent alors être envoyés, par les
lignes de transport, là où on en a besoin.

On emploie des roues géantes appelées turbines pour faire tourner les aimants à
l’intérieur de l’alternateur, ce qui nécessite beaucoup d’énergie. La source d’énergie
varie selon le type d’installation de production – on utilise un flot déversant dans une
centrale hydraulique (figure 30), la vapeur dans une centrale nucléaire ou une
centrale thermique qui brûle un combustible fossile et la force de l’air en mouvement
dans une éolienne.

Fonctionnement d’une centrale électrique (cas d’une centrale hydroélectrique).

Figure 22. Structure et fonctionnement d’une hydraulique

Compte tenu de ses nombreux avantages, l’électricité continue de connaître un fort


développement dans le monde. En effet, malgré les variations des prix du pétrole, la
croissance mondiale de la production s’est maintenue. Par ailleurs, depuis 1950, on
constate un très fort développement de l’électricité primaire d’origine nucléaire,
hydraulique et plus récemment éolienne et photovoltaïque.
La production mondiale d'électricité d'origine renouvelable a atteint 4 699 TWh en
2012, soit 20,8% de la production d’électricité mondiale.
L’électricité peut être produite de multiples manières, à partir (voir documents
power point).
 D’énergie chimique (piles, piles à combustible)
 De charbon ou d’uranium (centrales à vapeur)
 De gaz ou de pétrole (centrale à vapeur, turbines à gaz, moteurs alternatifs à
gaz…)
 D’énergie renouvelables (hydroélectricité, éoliennes, photovoltaïque, centrales
solaires thermodynamiques).

51
Chapitre V. Stockage de l’énergie
1. Introduction

L’énergie est d’une manière générale très difficile à stocker, sauf sous forme de
carburants, notamment liquides. Aujourd’hui, on ne sait pas stocker dans des
conditions économiques de grandes quantités d’électricité, ce qui oblige les
gestionnaires de parcs de centrales électriques à moduler leur production pour
répondre à une demande qui fluctue fortement, que ce soit au niveau journalier ou
saisonnier (Gicquel, 2016).

Cependant, les ressources en combustibles fossiles sont par définition finies et face à
une demande constamment croissante en énergie, on pourrait aboutir dans les
prochaines années à un plafond de production. De ce fait, l’offre ne pourrait plus
suivre la demande. L’enjeu global est donc de trouver des alternatives de stockage de
l’énergie à celui de son stockage « naturel ou biologique » : fossile (pétrole, gaz et
charbon) ou non (bois, récoles agricoles, etc.).

Le risque de finitude des énergies conventionnelles et le déséquilibre offre-demande


résultant sera aggravé par des facteurs géopolitiques (voir guerre Russie-Ukraine),
car les réserves sont concentrées dans certaines régions du monde, en particulier au
Moyen-Orient (pétrole notamment).

De manière générale, l’économie mondiale dispose d’une certaine marge d’adaptation


vis-à-vis d’une réduction de la fourniture d’une ressource énergétique, telle que le
pétrole, mais limitée, en particulier lorsqu’il n’existe plus de solutions de substitution
à court terme, c’est le cas pour les transports routiers et aériens.

Pour atteindre les objectifs de l’Union Européenne à savoir (la formule des 3 fois 20),
réduction des gaz à effets de serre, diminuer la consommation d’énergie et augmenter
la part du renouvelable dans la fourniture de l’énergie primaire, il est essentiel de
disposer de structures de stockage.

En raison de leur caractère intermittent, les énergies renouvelables ne peuvent


répondre de façon satisfaisante à la forte variabilité de la demande sauf à stocker le
surplus d’électricité produit, mais non consommé puis à le réinjecter dans le réseau
en cas de pointe de consommation. C’est le cas de l’énergie solaire qui fournit une
puissance qui varie à une latitude donnée en fonction de l’heure de la journée, de la
saison et des conditions météorologiques. C’est aussi le cas pour l’énergie éolienne
qui dépend de la vitesse du vent.

L’énergie finale issue des énergies renouvelables est recueillie sous forme d’électricité
qui est injectée dans le réseau de distribution. Cependant, la variation de la puissance
électrique qui en résulte n’est pas ajustée à la variation de la demande. L’adéquation
entre l’offre et la demande d’énergie peut être assurée en modulant la puissance d’un
système thermique de production de l’électricité.

52
L’augmentation de la part de renouvelables dans la fourniture d’énergie nécessite
donc la mise en œuvre de système de stockage de cette énergie.

Les principaux atouts de moyens accrus du stockage de l’énergie étant :

 Une intégration énergétique plus propre et une plus grande indépendance


énergétique : le stockage de l’énergie favorise l’intégration de la production
d’énergie renouvelable dans les réseaux de distribution. Il permet également
de réduire les émissions de CO2 en réduisant la dépendance aux combustibles
fossiles, et dans un contexte global à favoriser l’autonomie énergétique.
 La réduction du risque de rupture de production : celle-ci est aujourd’hui de
plus en plus vulnérable face aux menaces de la nature, des conflits, des guerres
et des accidents. Combien de familles et d’entreprises sont victimes de pannes
électriques chaque année ! Aux USA, les coupures de courant coûteraient
jusqu’à 130 milliards de USD annuellement, tout en frappant les secteurs
industriels et commerciaux les plus sensibles (De Gerlache, 2019).
 Des économies pour le consommateur : les systèmes de stockage d’énergie
fournissent une régulation de fréquence. Il permet également aux clients
d’éviter les prix élevés que les fournisseurs facturent pendant la période de
pointe.

Le stockage de l’énergie qu’il ne faut ne pas confondre avec le stockage de


combustible s’adresse dans la quasi-totalité des applications à deux grandeurs
physiques : l’électricité et la chaleur.

2. Les différents modes de stockage :

Pour l’électricité ;

Le stockage électrique n’est pas possible directement, il faut transformer l’énergie


électrique en une énergie potentielle différente (mécanique, électrochimique,
physique, etc.), elle-même stockable, puis disposer d’une seconde transformation
pour la ramener sous sa forme initiale.

Pour la chaleur ;

Le stockage est différent puisque celle-ci peut être stockée directement via un
matériau, mais elle peut aussi être transformée en un potentiel chimique ou de
sorption par exemple.

La nature du stockage est multiple et fonction du temps de décharge, de la puissance


et de la durée requises. Le stockage peut être à usage délocalisé ou centralisé, de
façon fixe, il est alors désigné comme stationnaire mais il peut être aussi mobile, il
est alors qualifié d'embarqué (moyens de transport, appareils électroniques, etc.).

Voici les différentes options de stockage de l’énergie :

a) Stockage Mécanique

53
- stockage gravitaire ou STEP (station de transfert d’énergie par pompage)
- Installation de stockage par air comprimé (CAES, Compressed Air Energy
Storage).
- Stockage basé sur le principe du volant d’inertie
b) Stockage thermique : chaleur latente ou sensible
c) Stockage physique : au moyen des sels fondus
d) Stockage électrochimique
- Batteries à base de lithium
- Batteries sodium soufre
- Batteries à flux ou à circulation d’électrolytes

Quels sont les critères de sélection du type de stockage ?

Voici les facteurs qui conditionnent le choix d’un système de stockage :

- La quantité d’énergie disponible


- Les puissances disponibles
- La densité de stockage en énergie et puissance qui conditionne le volume et le
poids du système
- Coût, maintenance, analyse du cycle de vie
- Durée de vie en fonction du nombre de cycles et de la profondeur de décharge
- Sécurité,

La figure ci-dessous compare le stockage de différents types de combustibles et


montre la difficulté à trouver des alternatives aux énergies fossiles, et notamment
aux hydrocarbures liquides. Ceux-ci permettent d’atteindre une énergie spécifique
de l’ordre de 12kW h/kg, alors qu’avec l’hydrogène, pour un stockage gazeux à 700
bars, on ne dépasse pas une densité de 1,2kWh/kg compte tenu du poids du
réservoir. Ce qui prouve la difficulté par exemple des voitures électriques à
atteindre la même efficacité en terme d’autonomie que les voitures à moteur
classique (thermique).

Figure 23 Densité de stockage des différents modes de stockage pour application mobiles

54
2.1. Le stockage mécanique
A. Station de transfert par pompage (STEP).

Considérée la principale possibilité d’évolution technologique et économique de


stockage de l’énergie. Le rendement de ce type d’installation sur un cycle est de 75 à
80%, ce qui signifie qu’un peu plus de trois quarts des énergies électriques utilisées
en mode pompage sont récupérables lors de turbinage (De Gerlache, 2019).

En plus d’une énergie propre, les STEP offrent également des services
d’approvisionnement en eau, une sécurité énergétique et facilite la coopération
régionale et le développement économique.

Les STEP (centrales à deux bassins), excellentes techniques de stockage à grande


échelle ; représentent de très loin les capacités de stockage stationnaire
mondiales les plus massives, tant en énergie stockée qu’en puissance instantanée
disponible. Elles sont économiques sur le long terme, développées depuis très
longtemps mais leur extension se heurte à la disponibilité de sites favorables, aux
coûts directs d’investissements élevés, à la consommation d’espaces et aux problèmes
environnementaux associés à l’installation de grands barrages.

Les barrages classiques (hydroélectricité avec un seul réservoir), fonctionnent comme


une réserve d’énergie dont on ne maitrise pas l’accumulation et non comme un
stockage d’énergie réversible. Les STEP sont eux conçus pour servir d’accumulation
réversible d’énergie.

Constituées de deux bassins situés à des altitudes différentes, les STEP permettent de
stocker de l’énergie en pompant de l’eau du bassin inférieur (phase de stockage de
l’énergie nécessitant de l’énergie) vers le bassin supérieur lorsque la demande
55
électrique est faible (périodes creuses). En période de forte demande électrique, elles
restituent de l’énergie électrique sur le réseau en turbinant l’eau du bassin supérieur.

Le bassin supérieur est aussi alimenté par un bassin versant ou par les fentes de
neiges au printemps et donc la quantité d’eau turbinée en phase de restitution peut
être supérieure à celle qui a été pompée.

Dans le monde, les plus grosses installations se trouvent aux États-Unis et en Chine
avec des puissances dépassant les 3GW. En Europe, la Norvège dispose d’une
capacité inexploitée de 20GW qui est convoité par les pays d’Europe du Nord pour
réguler leur production renouvelable future, l’Italie, l’Allemagne, la France et
l’Espagne. Les pays du Benelux se heurtent aux problèmes topologiques, ce explique
l’absence de ce genre de stations.

B. Installation de stockage par air comprimé (CAES, Compressed Air


Energy Storage).

La technique consiste à envoyer de l’air sous pression dans des cavités souterraines
(anciennes mine de sel ou caverne de gaz naturel) pour de longues durées, ce qui en
fait une alternative envisageable au stockage hydroélectrique. Le rendement des
CAES est cependant réduit car la compression de l’air s’accompagne d’un
échauffement. Les coûts d’installation sont moindres que ceux d’une STEP, même si
les tests de sûreté nécessitent souvent des moyens aussi importants que le stockage
hydroélectrique.

Le concept CAES est apparu en 1970 dans le cadre d’un projet européen, avec une
installation pilote de 290MW, toujours fonctionnelle, en Allemagne. L’air est stocké
dans le sous-sol à une profondeur entre 650 et 800m, à une pression d’environ
70bars et à une température proche de la température ambiante.

B.1. Les CAES classiques

Une centrale de stockage de l’énergie par air comprimé est une centrale à gaz
modifiée. Elle permet de stocker de l’électricité en excès en la transformant en un
potentiel d’air comprimé susceptible d’être retransformé ultérieurement en électricité
par turbinage. Le principe de fonctionnement est le suivant :

- Lors des périodes de faible demande en électricité, on utilise un ou plusieurs


compresseurs puis on stocke temporairement de l’air comprimé par injection
dans des réservoirs souterrains de formation géologique divers (sel, roche,
aquifères).
- Lors des périodes de fortes demandes, l’électricité stockée sous forme d’air
comprimé est restituée par turbinage et entrainement d’un générateur.

Le procédé CAES permet de stocker l’électricité avec un rendement global entre 40 et


50%, lié essentiellement à la perte de chaleur lors de la compression. Il a une
autonomie pouvant atteindre plusieurs jours et un rendement. Toutefois, la
construction d'un système CAES nécessite de disposer d'une géologie favorable
56
permettant de disposer de grandes cavités souterraines. La figure suivante illustre le
fonctionnement d’un stockage souterrain CAES à air comprimé.

Figure 24. Schéma de principe d'une installation de stockage à air comprimé

Le stockage par air comprimé améliore non seulement le rendement par rapport à
une turbine à gaz qui fournirait le même service (35%), mais aussi réduit de façon
importante la consommation de combustible, qui n’est plus que le tiers de celui
nécessaire à la turbine pour la même puissance.

B.2. Les CAES de seconde génération

Il s’agit d’une gamme qui a pour objectifs de corriger les carences de la première
génération. Voici les options revues :

- Augmentation de la capacité de stockage (durée de stockage plus longue et une


meilleure fourniture d’énergie).
- Récupération de la chaleur entre les turbines haute et basse pression, d’où une
consommation moins élevée du combustible.
- Refroidissement de l’air en sortie des compresseurs, d’où l’augmentation de la
quantité d’air stockée.

B.3. Système de stockage par air comprimé adiabatique (AACAES)

Projet européen réalisé dans les années 2000. Il portait sur un stockage adiabatique
d’énergie sous forme d’air comprimé (AA-CAES) avec un certain nombre
d’améliorations par rapport au procédé CAES classique.

57
Lors de la phase de compression, la chaleur produite par la compression de l’air
est récupérée en vue d’améliorer le rendement de l’installation. L’air comprimé
chaud est conduit vers un réservoir échangeur, où il cède sa chaleur avant d’être
temporairement stockée à faible température dans la caverne souterraine. Il y’ a
donc simultanément stockage d’air comprimé sous pression dans des cavités
souterraines, et stockage de la chaleur dans un récupérateur thermique.

Lors de la restitution d’énergie, l’air comprimé stocké à température ambiante est


réacheminé vers le stockage de la chaleur où sa température est ainsi ramenée à
celle de la sortie du compresseur. Cette technique permet d’éviter le recours à une
source externe de chaleur comme c’est le cas aujourd’hui (gaz naturel) et
d’augmenter le rendement énergétique jusqu’à 70%.

Figure 25. Principe de stockage de chaleur associé au CAES

D’autres systèmes de stockage par air comprimé existent à l’instar du système


hydropneumatique (sans stockage de chaleur), etc.

Limitations actuelles du stockage à air comprimé sous pression

- Limité géographiquement à cause des contraintes géologiques induites au


niveau du sous-sol.
- Temps de constructions assez longs (trois à 6 ans) pour les cavités souterraines
surtout s’il y a nécessité d’extraire de la matière d’où l’importance d’utiliser des
cavités déjà existantes, naturelles ou non.
C. Les volants d’inertie
Ils permettent de stocker temporairement l’énergie sous forme de rotation
mécanique. Un volant d’inertie est constitué d’une masse (anneau ou tube) en fibre
de carbone entraînée par un moteur électrique. L’apport d’énergie électrique permet
de faire tourner la masse à des vitesses très élevées (entre 8000 et 16000 tour/min)
en quelques minutes. Une fois lancée, la masse continue à tourner, même si plus
aucun courant ne l’alimente. L’électricité est donc stockée dans le volant d’inertie

58
sous forme d’énergie cinétique. Elle pourra être restituée en utilisant un moteur
comme génératrice électrique, entraînant la baisse progressive de la vitesse de
rotation du volant d’inertie. Les systèmes de stockage par volant d’inertie ont une très
forte réactivité et une grande longévité. En effet, ce système peut absorber de très
fortes variations de puissance sur de très grands nombres de cycles. Cependant, les
volants d’inertie subissent des pertes de charge en raison de phénomènes
d’autodécharge et ne permettent pas d’obtenir une durée d’autonomie importante.

Exemple d’un Volant d’inertie

2.2. Stockage thermique

Consiste à capter la chaleur et le froid pour créer de l’énergie à la demande, ou par


pompe à chaleur, encore en développement. La chaleur peut être stockée sous forme
sensible ou sous forme latente.
-La forme sensible consiste simplement à chauffer un liquide (le plus souvent de
l’eau) ou un solide (un mur par exemple) en phase de stockage et à récupérer cette
chaleur en phase de déstockage.
-La forme latente est basée sur le changement de l’état de la matière. Le changement
de phase de certains matériaux permet de disposer de grandes quantités de chaleur à
température fixe.

Figure 26. Enthalpie emmagasinée dans un matériau lors d’un changement de phase : solide-liquide

59
Les installations de stockage thermique consistent majoritairement les marchés
industriels et tertiaires et les bâtiments (pour plus d’informations, voir power-point).

2.3. Stockage électrochimique

Les accumulateurs électrochimiques de type batteries permettent de stocker des


énergies électriques importantes (de quelques Wh à plusieurs MWh selon leur taille)
sur des durées de quelques minutes à quelques mois. Contrairement aux piles et, à la
demande, elles permettent la conversion réciproque de l’énergie chimique en énergie
électrique. La conversion est effectuée avec un rendement énergétique, variable selon
les conditions d’utilisation, pouvant atteindre et parfois dépasser 80%. Le reste de
l’énergie est transformé en chaleur transférée au milieu extérieur (Ordu, 2013).

Constitution

Chaque batterie comporte une électrode négative capable de fournir des électrons (é)
au circuit extérieur lors de la décharge et une électrode positive qui accepte des é de
retours vers l’accumulateur. (Les électrodes sont dites : masses actives positive et
négative). Le passage des é se fait au moyen de conducteurs électroniques (fil
métallique par exemple). Les deux électrodes ont des compositions chimiques
différentes. Les deux électrodes baignent dans une solution électrolytique (ou
électrolyte), liquide ou sous forme de gel. C'est la réaction entre la solution et les
électrodes qui est à l'origine du déplacement des électrons et des ions dans la
solution. Ainsi, l'électrolyte a pour fonction d'assurer la conduction ionique et, plus
généralement, de participer à la réaction chimique. Les deux électrodes sont séparées
par un séparateur qui empêche le passage direct des é de la négative vers la positive à
l’intérieur de la batterie

Figure 26 : Principe de fonctionnement d’une batterie plomb acide

A la décharge, les deux polarités se sulfatent, l'électrolyte (H2SO4) est consommé ;


les ions SO42- vont sur les électrodes. L'oxygène libéré par l'électrode positive s'unit
aux ions H+ en solution pour former de l'eau. Si la décharge est totale, l'électrolyte ne
sera plus composé que d'eau.

60
Lors de la décharge, il y’a formation du sulfate de plomb (PbSO4) qui se dépose sur
les deux électrodes.
A l'électrode positive,
PbO2 + HSO4- + 3 H+ + 2 e- ==> PbSO4 + 2 H2O
A l'électrode négative,
Pb + HSO4- ==> PbSO4 + H+ + 2 e-

A la recharge, les deux polarités se désulfatent, l'électrolyte est régénéré (mise en


solution d'ions SO42-). La plaque positive est peroxydée (formation de PbO2) et des
ions sont libérés (augmentation de la concentration H+ de l'électrolyte).

Lors de la charge, à l'électrode positive, les ions Pb2+ du sulfate de plomb sont oxydés
en dioxyde de plomb Pb02.
PbSO4 + 2 H2O ==> PbO2 + HSO4- + 3 H+ + 2 e-
A l'électrode négative, le sulfate de plomb est réduit en plomb métal.
PbSO4 + H+ + 2 e- ==> Pb + HSO4- + H2O
Le principe de fonctionnement d’une batterie est basé sur des réactions de type
oxydo-réduction (réaction chimique de transfert d’é).

Les différents types d’accumulateur

On distingue des accumulateurs en milieu aqueux, acide ou alcalin, les accumulateurs


« chauds » et les accumulateurs en milieu organique. Le milieu aqueux présente une
conductivité ionique élevée, surtout en milieu acide mais le choix des masses actives
est limité.

a) Accumulateurs à électrolyte aqueux


- Accumulateur plomb-acide sulfurique

Inventé en 1858 comme générateur de puissance à une époque où l’électricité


n’était produite que par des piles. L’avènement de la dynamo, puis celui du
démarreur automobile, puis celui du sous-marin ont favorisé son développement.

-Accumulateur plomb –acide sulfurique

L’électrolyte n’est pas consommé comme dans le cas des batteries au plomb.

Les batteries électrochimiques sont majoritairement employées dans les transports


ou les appareils portables. Mais elles connaissent aussi de nombreuses applications
stationnaires : secours pour éviter des interruptions de réseau, autonomie de
panneaux solaires afin de couvrir la demande du soir, etc.

-Batteries alcalines
-Accumulateur Ni-MH
Pour les deux types de batteries (voir power-point)

b) Accumulateur à électrolyte non-aqueux


-accumulateur lithium-ion
-accumulateur lithium-polymère

61
Conclusion

Les technologies de stockage d’énergie sont en pleine expansion et des recherches


sont en cours pour permettre une meilleure gestion de l’énergie produite par voie
renouvelable en phase de faible demande. Toutes les technologies de stockage
présentent un coût en capital très élevé qui hormis, les STEP (technologie éprouvée
mais connaissant des limites de déploiement) et les CAES (intérêt économique à
confirmer), ne leur permettent pas généralement d’être compétitives directement
dans les grands réseaux bien interconnectés. Cependant, le besoin est très réel,
notamment lié au développement rapide des énergies renouvelables intermittentes et
décalées par rapport aux besoins. Les systèmes de batteries électrochimiques, malgré
leur coût très élevés, trouvent déjà de nombreuses applications dans les réseaux isolés
ou mal interconnectés et présentent un taux de renouvelable important.

Les perspectives d’évolution du marché du stockage ont fait l’objet de nombreuses


études. Elles sont présentées comme très importantes mais elles sont tempérées par
des incertitudes réglementaires et politiques ainsi que par l’évolution du prix de
carbone par exemple. Dans le domaine de stockage de masse, l’ensemble des études
privilégie un large développement des CAES par rapport aux STEP et que des percées
technologiques seront nécessaires dans le domaine des batteries si elles doivent jouer
un rôle important dans le futur.

62
Chapitre VI. Intensité et efficacité énergétique
1. Intensité énergétique et création des richesses

La création de la richesse des pays s’est effectuée en consommant des quantités importantes
des énergies fossiles. Cassoret (2018), confirme que dans les pays riches, le PIB s’est
considérablement élevé après la seconde guerre mondiale, en même temps que la
consommation du pétrole. Toutefois, il faut bien moins d’énergie primaire aujourd’hui qu’il
en a fallait jadis pour produire la même quantité de richesses. Cette relation entre la
consommation d’énergie primaire d’un pays et la création des richesses (en termes de PIB) se
mesure à l’aide d’un indicateur appelé l’intensité énergétique. Autrement, l’intensité
énergétique est une mesure de l’efficacité énergétique d’une économie qui montre combien
d’énergie est nécessaire pour produire une unité de produit intérieur brut (intensité et
efficacité sont inversement proportionnel) (De Gerlache, 2019). L’intensité énergétique peut
être appliquée par secteur : transports, bâtiments, etc. Elle s’exprime en kWh/€ (ou en
MWh/K€). Plus l’intensité énergétique est faible plus l’économie est performante puisqu’elle
faut moins d’énergie pour produire une quantité de richesse équivalente.

N.B. Le PIB est un indice révélateur de la croissance économique d’un pays. Le PIB par
habitant mesure de façon approximative le niveau de vie à travers l’accès à des biens et à des
services.

L’intensité énergétique du PIB peut être calculée soit en considérant la consommation


annuelle d’énergie primaire d’un pays (évaluée en tep) ramenée au PIB estimé en monnaie,
soit en prenant en compte l’énergie finale qui s’obtient en déduisant de l’énergie primaire
l’autoconsommation du secteur énergétique et les pertes liées à la transformation de l’énergie
primaire en énergie finale. Le rapport qui existe à un moment donné entre l’énergie finale et
l’énergie primaire traduit l’efficacité du système énergétique.

Aujourd’hui, le chauffage et le refroidissement dans les bâtiments et l’industrie représentent


environ 40% de la consommation finale d’énergie totale consommée dans le monde, soit une
part plus importante que le transport (27%). De plus, près de 65% de cette demande reposent
sur des combustibles fossiles (De Gerlache, 2019). Autant dire que des efforts doivent être
consentis dans ces domaines pour augmenter l’efficacité énergétique.

L’intensité énergétique varie fortement dans le temps et dans l’espace, ce qui s’explique
autant par la structure de la consommation d’énergie que par celle du PIB. En effet, un PIB à

63
fort contenu industriel consommera plus d’énergie qu’un PIB à dominante agricole ou
tertiaire (Hansen, 2019). Le poids des industries énergivores (sidérurgie, pâte à papier, verre,
ciment, aluminium, etc.) est un déterminant d’un fort contenu énergétique du PIB.

Depuis le début de la révolution industrielle, les réductions d’intensité énergétique ont été
considérables (figure 20). Alors qu’au milieu du 19ème siècle, il fallait plus de 7 kWh pour
produire un euro de richesse, en 2015 ce chiffre était réduit à 2,4 kWh.

Fig. 27. Evolution de l’intensité énergétique depuis le début de la révolution industrielle (source : Charlez 2017).

3. Histoire de l’intensité énergétique

L’historique de l’intensité énergétique suit une courbe d’apprentissage. Elle met en évidence
trois périodes économiques.
- La première période : l’intensité énergétique croît. Elle correspond à l’étape de
constructions d’infrastructures lourdes (nécessaires pour le développement économique :
industrie, réseaux de transports, aménagement urbain).
- La deuxième période : phase de saturation qui se manifeste par un maximum.
- La troisième période : phase de décroissance de la consommation énergétique ; la
consommation de matériaux de base à forte composante énergétique se stabilise, services
moins consommateurs de l’énergie se développent, et grâce à la technologie, l’efficacité
énergétique s’améliore.
Cette évolution en cloche (croissance-stabilisation et décroissance) de l’intensité énergétique
pourrait laisser croire que tous les pays qui s’industrialisent devraient connaître une telle
situation. Toutefois, l’avènement de la technologie, dont certains pays économiquement forts
aujourd’hui ne disposaient pas dans le temps, nous laissera également croire que les pays en
développement ne seront pas condamnés à suivre le même cheminement.

L’intensité énergétique varie fortement d’un pays à l’autre. Bien sûr, la situation
géographique, les conditions climatiques ou certaines pratiques culturelles, les politiques de
maîtrise de la consommation mises en œuvre, sont autant de facteurs qui peuvent intervenir.
Mais, pour l’essentiel, elle dépend surtout du degré de maturité du modèle économique (poids

64
des industries et des services). Une économie à forte intensité énergétique correspond à un
modèle industriel très énergivore dont la technologie reste souvent rudimentaire (Charlez,
2017). Au contraire, une économie à faible intensité énergétique se caractérise par davantage
de services et se montre beaucoup plus avancée en termes d’efficacité énergétique. Sa
réduction reflète donc à la fois une amélioration de la compétitivité, mais aussi de profondes
mutations sociétales.

La figure suivante, reprend les valeurs de l’intensité énergétique dans certains pays. On peut
remarquer que pour produire la même quantité de richesse, il y a une nette distinction à faire
entre les pays émergents (tous supérieurs à la moyenne mondiale) et les pays de l’OCDE (tous
inférieurs à la moyenne mondiale). Cette figure montre clairement, une fois encore, que les
principaux leviers de la transition se situent dans les pays émergents (faible technologie,
consommation accrue de l’énergie pour produire des richesses).

Fig.28 comparaison des intensités énergétiques (source : Charlez 2017)

La consommation finale d’énergie de l’industrie et du secteur résidentiel dans les 28


États membres de l’UE a diminué en termes absolus, passant respectivement de 332
Mtep à 285 Mtep et de 310 Mtep à 278 Mtep entre 2015 et 2018. Par contre, pour la
même période, la consommation énergétique a augmenté dans le secteur des services
et des transports.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’ici 2050, l’efficacité énergétique est
le moyen le plus économique et le plus rationnel de réduire les émissions et
d’améliorer la sûreté de l’approvisionnement en énergie. Ainsi, l’Union européenne a
fait de ce volet l’une de ses priorités. Elle a adopté la directive 2012/27/UE pour
promouvoir cette efficacité au sein des Etats membres et d’atteindre l’objectif de
20 % de réduction des consommations d’énergie à l’horizon 2020 (l’un des objectifs
de la règle 3 fois 20 !).

65
Cette directive impose aux États membres le calcul d’un objectif indicatif national en
matière d’efficacité énergétique ainsi qu’un cadre commun de mesures
contraignantes en ce qui concerne les économies d’énergie. Parmi ces mesures, on
peut citer :i) une rénovation annuelle de 3% des bâtiments de l’Etat (art. 5), ii) Des
investissements à long terme dans la rénovation du parc national des bâtiments à
usage commercial et résidentiel, public et privé (art.4), iii) Des audits énergétiques et
systèmes de management de l'énergie pour les grandes entreprises (art. 8), etc. A côté
de ce socle commun, chaque Etat membre est libre de développer en complément ses
propres mesures.

66
Chapitre VII. L’énergie et les questions d’environnement

Avec l’augmentation très rapide des consommations des diverses ressources


énergétiques qui a accompagné ces cent dernières années de croissance
démographique mondiale, d’industrialisation et de développement économique, les
questions d’environnement liées à l’énergie ont changé à la fois de nature et de
dimension géographique.
A quelle échelle territoriale les dégâts environnementaux liés à l’énergie se situent-
ils ?
Les pollutions environnementales n’ont pas de frontières, bien qu’au début de l’ère
industrielle les aspects des dégâts étaient locaux et régionaux. La déforestation
(usage de bois pour le feu), les déchets des mines de charbon, explosion de machines
à vapeur, émissions de combustibles charbonnières,…sont autant de conséquences
négatives liées à l’industrialisation de certains pays mais qui n’affectent pas le reste
du monde. Autrement, les pollutions revêtaient un caractère local et n’avaient pas de
projections hors des frontières des pays émetteurs.
Après la seconde guerre mondiale, le besoin de certains pays riches de réaliser une
expansion économique associée à une explosion de la consommation énergétique a
complètement modifié la nature de la pollution. On est passé d’une pollution
ponctuelle, locale à une pollution diffuse qui dépasse largement les pays émetteurs.
Le développement des transports pétroliers (naufrage, pollution par les
hydrocarbures), l’édification de barrages hydrauliques de grande envergure (cas de
barrage d’Assouan, sur le Nil achevé en 1970 et ses effets sur l’environnement),
l’avènement du nucléaire (accident de Tchernobyl, la question des déchets
radioactifs,..), les incidences des énergies renouvelables, ….sont autant de problèmes
qui attestent que le rapport énergie environnement est préoccupant.
D’une manière générale, trois types d’externalités négatives d’origine énergétiques
peuvent être distinguées :
 La pollution des sols, due à l’accumulation des déchets charbonniers,
pétroliers ou nucléaires.
 La pollution des eaux soit d’origine physico-chimique : extraction du charbon
et raffinage pour l’eau douce, pétrole pour la mer (marées noires, production
offshore, etc.)., soit d’origine nucléaire (contamination accidentelle des eaux
de refroidissement des centrales, retraitement du combustible, etc.) soit
encore d’origine thermique (refroidissement des centrales).
 La pollution atmosphérique : elle peut prendre plusieurs aspects : acidification
liée aux émissions des oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx), du monoxyde
de carbone (CO) émis lors de la combustion des énergies fossiles ou de la
biomasse, Et des changements climatiques liés à l’augmentation de l’effet de
serre, radioactivité due à des accidents nucléaire, etc.
La combustion est la principale source de polluants déversés dans l’atmosphère. La
production d’électricité dans des centrales à gaz, à charbon, au pétrole, les véhicules à
combustion thermique, le chauffage domestique, l’industrie, etc. sont toutes des
activités qui produisent des polluants et impuretés par combustion.

67
La combustion est une réaction chimique d’oxydation impliquant un combustible
(généralement un hydrocarbure) et un comburant (l’oxygène). Ci-dessous l’exemple
de la combustion du méthane.
CH4 + 2O2 CO2 + 2H2O + 890kJ/mole de CH4
La contribution de l’énergie à la pollution atmosphérique peut être envisagée de deux
manières :
- Une contribution directe : il s’agit notamment de polluants émis lors de la
production de l’électricité par voie conventionnelle (centrales à base du gaz, du
pétrole et du charbon).
- Une contribution indirecte : le transport routier, aérien et maritime, utilisant les
dérivés du pétrole, l’industrie, le chauffage domestique (smog, fines particules, etc.).
Outre le monoxyde de carbone (CO) émis lors d’une combustion incomplète, le
dioxyde de carbone et la vapeur d’eau, les impuretés de combustion sont composées
principalement de monoxyde d’azote (NO) (pollution particulaire).
Lorsque la combustion est bien réglée, il s’agit de particules fines dont le diamètre est
majoritairement inférieur à 1µm. Les particules sont des imbrûlés, c'est-à-dire
constituées d’un noyau de carbone sur lesquels se condensent des hydrocarbures
dont certains sont cancérigènes, des composés de soufre sous forme principalement
de sulfates.
Selon le type de polluants, les mesures de dépollution peuvent être prises à l’échelle
locale ou internationale. Au niveau local, les particules fines impliquées dans des
pollutions dites sensibles proviennent essentiellement des véhicules à moteur diesel.
En Europe, par exemple, des normes dites « EuroX » ont été imposées sur tous les
véhicules lors de leur mise en circulation, à compter du seuil Euro 0 en 1990, puis par
paliers successifs : Euro 1, Euro 2, etc. Ces performances ont été obtenues au prix de
travaux considérables sur les technologies de ces moteurs.

68
1. Impacts de l’énergie sur l’atmosphère ; une question d’actualité

A. Augmentation de l’effet de serre planétaire

Effet de serre ? Les gaz à effet de serre (GES) présents dans l'atmosphère
contrôlent en grande partie la température sur la Terre. Comme la vitre d'une serre,
ils bloquent le rayonnement solaire réfléchi par la surface terrestre et retiennent ainsi
la chaleur. Sans cet effet de serre, la température moyenne sur la Terre serait
d'environ -18 °C et la vie telle que nous la connaissons serait impossible.

La vapeur d'eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2 ou gaz carbonique), le méthane


(CH4), l'oxyde nitreux (N2O) et l'ozone (O3) sont les principaux GES naturellement
présents dans l'atmosphère.

La température à la surface de la terre est déterminée par l’équilibre entre l’énergie


qu’elle reçoit du soleil sous forme de lumière visible et l’énergie qu’elle rayonne dans
l’espace sous forme de rayonnement infrarouge. Dans cet équilibre, l’atmosphère joue
un rôle analogue à celui d’une vitre dans une serre. Elle laisse passer l’essentiel du
rayonnement visible incident qui réchauffe l’intérieur de la serre, en revanche le verre
est opaque vis-à-vis du rayonnement infrarouge qui sera absorbé.

Le transfert de chaleur entre la terre et l’atmosphère s’effectue du chaud (terre) vers


le froid (atmosphère), il se fait par convection et par rayonnement infrarouge. Une
partie du rayonnement, absorbée par des gaz contenus dans l’atmosphère contribue
donc à réchauffer l’atmosphère. Cette chaleur atmosphérique est réémise dans toutes
les directions ; une partie s’échappe vers l’espace, mais une autre partie retourne vers
la terre et s’oppose donc au refroidissement de la surface (figure 30).

C’est ce phénomène de transparence de l’atmosphère vis-à-vis du rayonnement


solaire et l’opacité vis-à-vis du rayonnement infrarouge qu’on appelle l’effet de serre.
Remarque : il faut distinguer entre :

 L’effet de serre naturel c'est-à-dire la présence normale des gaz à effets de


serre qui ont un rôle important dans le contrôle de la température à la surface
de la terre.
 L’effet de serre additionnel (celui qu’on désigne actuellement dans tous les
débats) ; celui-ci provient de la contribution humaine de par ses diverses
activités qui vont augmenter leur taux dans l’atmosphère, on parle de l’effet de
serre additionnel ou anthropogénique.

69
Figure 29 : le principe de l’effet de serre

Outre la contribution de nombreuses activités humaines dans les émissions des gaz à
effet de serre (élevage agricole, industrie, déchets, transports,…), la combustion des
énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) produit de nombreux oxydes et du
CO2 demeurant jusqu’à plusieurs siècles dans l’atmosphère avant d’être recyclés dans
des puits à carbone comme la végétation (photosynthèse).

Le tableau ci-dessous regroupe les gaz à effets de serre, leur source principale, leur
pouvoir absorbant et leur contribution au réchauffement climatique.

Les activités énergétiques participent pour une part significative à l’effet de serre et à
son augmentation :

70
 La combustion des combustibles fossiles représente environ 74% des
émissions de CO2 dues à l’homme, le reste provenant essentiellement de la
déforestation ;
 La combustion des combustibles fossiles et de la biomasse représente près de
70% des émissions anthropogéniques de N2O ;
 Dans le cas du méthane (CH4), la majeure partie des émissions provient de la
fermentation des matières organiques, la distribution et l’utilisation des
combustibles étant estimées représenter 10 à 30% du total.
La répartition sectorielle des émissions des gaz à effet de serre est donnée par la
figure suivante :

Figure 30. Contribution par secteur aux émissions de GES

La contribution de chaque gaz à l’effet de serre dépend de ses propriétés d’absorption


dans l’infrarouge et de son temps de séjour dans l’atmosphère. Ce dernier facteur
étant très variable d’un gaz à l’autre : plusieurs centaines d’années pour le gaz
carbonique et entre 10 à 15 ans pour le méthane. Pour évaluer la nocivité d’un gaz en
termes d’effet de serre, on utilise un indice nommé en français le potentiel de
réchauffement planétaire (plus connu sous le nom de global warming potential
(GWP).

Au niveau international, trois pays (États-Unis, la Russie et la Chine) rejettent plus de


la moitié de CO2 mondial.

Le changement climatique est désormais devenu un enjeu environnemental majeur


qui fait l’objet de négociations politiques nationales et internationales. Voyons à
présent ce qui a été fait pour lutter contre le réchauffement climatique liés aux
émissions de CO2.

71
De Rio de Janeiro, en passant par le protocole de Kyoto, à la COP 25.

Le Sommet de la Terre s’est tenu à Rio de Janeiro en juin 1992. C’est là qu’a été
lancée la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, un texte
fixant un objectif de « stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre dans
l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse
du système climatique». Aujourd’hui, pratiquement tous les pays du monde, États-
Unis inclus, sont signataires de cette convention. Ceci indique qu’il y a un consensus
parmi les États du monde sur les dangers de l’effet de serre et sur la nécessité d’une
action pour s’en protéger. Ce Sommet de la terre a donné naissance par après au
protocole de Kyoto signé en 1997, mais qui n’est entré en vigueur qu’en 2005 après
que 55 pays représentant 55% des émissions des gaz à effet de serre l’ont ratifié. Ce
texte impose une réduction de 8% des gaz entre 2008-2012 en considérant 1990
comme année de référence (Brohé, 2008). Ce protocole représente le seul traité
international contraignant qui se rapporte au problème du climat. Il n’est toujours
pas signé par les États-Unis (qui représentent 25% des émissions), qui déplorent la
concurrence des pays émergents comme la Chine et l’Inde non soumis au protocole et
qui devaient sortir leur population d’une extrême pauvreté. Toutefois, à partir de
2007, la donne a changé, la Chine est devenue le premier émetteur mondial des gaz à
effets de serre (Chauveau, 2009).

Malgré le peu de progrès enregistré par ce protocole, on peut néanmoins le


considérer comme le pourvoir d’une conscientisation mondiale du défi climatique.
L’après Kyoto semble délicat pour la mise en place d’une politique de réduction des
émissions de gaz à effets de serre : d’abord, les États-Unis, la plus grande puissance
scientifique et technologique de la planète, sans, son implication rien ne pourra être
atteint. Puis, comment peut-on convaincre les pays en développement, qui
représentent 40% des émissions, et qui dépasseront les pays riches en 2025, de
respecter les textes internationaux et de laisser tomber leurs stratégies qui visent à
sortir du sous-développement des millions de leurs citoyens.

Le protocole de Kyoto devait expirer en 2020 et être remplacé par un nouveau texte,
qui est l’objet de la COP 21 (21ème Conférence des Parties, Paris décembre 2015), la
convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. En 2009, la
15ème conférence qui se tenait à Copenhague pour discuter le remplacement du
protocole de Kyoto s’est soldée par un échec total vu le manque d’un engagement

72
chiffré et le fait que tous les pays concernés prônent uniquement la coopération
comme slogan à une réduction aussitôt que possible.

Depuis 2011, les COP, qui sont tenues à Durban, Doha, Varsovie et Lima ont toutes eu
comme objectif de préparer un accord en 2015. L’objectif de la COP21 (Paris) est de
conclure le premier accord universel et contraignant applicable à partir de 2020 aux
195 pays pour limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l’ère
préindustrielle.

D’autres COP (22 , 23, 24 et 25) ont été tenus respectivement à Marrakech, à Bonn,
à Katowice (Pologne), et à Madrid (décembre 2019). Cette dernière a donné « des
résultats médiocres » et a renforcé la crise climatique selon tous les acteurs en
environnement. Il faut savoir que la question climatique n’est plus une priorité
partagée par tous les pays. Comme attendu, les États-Unis, le Brésil et l'Australie ont
tout fait pour saper la dynamique. Mais le plus gênant vient du Canada, du Japon,
de la Chine et de l'Inde, qui n'ont pas été à la hauteur pour contrer ces pays. L'Union
européenne, à elle seule, n'a pas réussi à faire basculer le leadership du côté de
l'ambition (souligne Florence Roussel, journaliste Actu-Environnement : pour plus d’infos sur cette COP 25,
https://www.actu-environnement.com/ae/news/Conference-climat-cop-madrid-chili-
resultats-deception-34635.php4).

Au passage, nous précisons que la communauté internationale a réagi avant même le


protocole de Kyoto en créant, en 1988, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur
l’évolution du Climat (GIEC), dans le cadre du programme des Nations unies pour
l’environnement (PNUE) et de l’organisation météorologique mondiale (OMM). Cet
organe est chargé d’évaluer les données scientifiques, d’en apprécier les incidences
écologiques et socioéconomiques et de proposer des stratégies de prévention et
d’Adaptation. Ce groupe de travail a déjà confirmé certaines anomalies comme le
phénomène d’El Nino. Le groupe a souligné l’augmentation de la température depuis
l’ère industrielle de 0,6 à 0,9 °C à la surface de la terre. On estime que la température
moyenne à la surface de la terre pourrait s’accroitre encore de 1,8 à 4°C d’ici 2100, ce
qui se traduira par une élévation de 18 à 60 cm du niveau de la mer.

Des catastrophes naturelles peuvent apparaître à l’avenir notamment les sécheresses,


les inondations, tempêtes et cyclones (cas des dernières inondations qui ont touché la
Belgique, l’Allemagne et la France).

73
Le GIEC estime que la température à la surface de la terre a augmenté de 0.85°C en
moyenne depuis 1880 et devrait croitre de 0.3 à 4.8°C d’ici 2100 en fonction de
l’évolution des gaz à effet de serre (Garric, 2015).

Les conséquences du réchauffement climatique (à titre informatif).

a) Fonte des glaces et élévation du niveau des mers


Les scientifiques prévoient une élévation des niveaux de mers de 18 à 59 cm (certains
élèvent le chiffre jusqu’à 200 cm) d’ici 2100.
L’élévation du niveau des mers peut être due à deux causes :
 La dilatation thermique : l’eau comme d’autres substances se dilate à la
chaleur. Cette dilatation thermique entre pour plus de la moitié de
l’élévation du niveau de la mer.
 La fente de glaciers et des calottes glacières des pôles suite à une
élévation de la température à la surface terrestre.

b) Changement dans les régimes de précipitations

Les modèles climatiques indiquent que lorsque le changement climatique se


produira, les régimes de précipitations seront modifiés, certaines régions connaitront
des périodes de sècheresse plus fréquentes. En même temps, on prévoit dans d’autres
régions de plus fortes tempêtes de pluie et de neige qui provoqueront des inondations
plus fréquentes.
Que ce passera-t-il exactement ?
 Les pénuries d’eau dans certaines régions arides et semi-arides comme le
Sahel (sud du désert du Sahara) ou dans l’ouest américain.
 La fréquence et l’intensité des tempêtes sur les eaux chaudes de surface
augmenteront probablement. Depuis, l’ouragan Katrina (2005), qui a dévasté
la Nouvelle Orléans, les scientifiques s’intéressent de plus en plus aux liens
entre les tempêtes et le changement climatique.

c) Les conséquences sur les organismes : une réduction des populations


animales et végétales suite à :
 A une diminution de la nourriture pour certaines espèces
 Une baisse de succès reproducteur chez certaines espèces comme les pingouins
 Changement d’habitat et migrations de pas mal d’espèces

74
d) Les effets sur la santé humaine
Le changement climatique va avoir un effet indirect sur la santé humaine. Les
habitats des moustiques et d’autres vecteurs (transporteurs) de maladies vont
sûrement s’étendre à de nouvelles régions qui vont devenir chaudes. On aura des
maladies comme le paludisme, la fièvre jaune, le choléra,…etc.
e) Les effets sur l’agriculture
- Augmentation de la dureté et la fréquence de la sècheresse
- Augmentation des températures nocturnes auront des effets sur certaines
cultures notamment la tomate qui ne fait des fruits que si les températures
nocturnes descendent en dessous d’un seuil. D’autres cultures demandent des
étés frais et ou des gelées hivernales comme les myrtilles, les pommes ou le
brocoli.
- Au niveau des régions, les modèles actuels prévoient que la productivité
agricole augmentera dans certaines régions et diminuera dans d’autres. Ces
modèles suggèrent que le Canada et la Russie pourront peut-être augmenter
leur productivité agricole sous un climat plus chaud, tandis que les régions
tropicales et subtropicales, où vivent une grande partie des populations les
plus pauvres du monde seront les plus touchées par une productivité agricole
en baisse. L’Amérique centrale et l’Asie du sud-est risquent de connaître
certaines des plus grandes baisses de productivité agricole.

75
B. Les pluies acides

L’eau de pluie est normalement acide. La relation entre la composition chimique des
précipitations et la pollution de l’air a été montrée en 1852 par le chimiste anglais,
Robert Angus Smith en faisant des analyses sur la composition de l’eau de pluie et
celle de l’air de la région de Manchester.

La part imputable à l’énergie dans les pluies acides n’est pas clairement établie, mais
il semble indiscutable qu’elle joue un rôle important, du fait des émissions d’oxydes
de soufre et d’azote liées à la combustion des carburants liquides et solides (pétrole et
charbon). Les acides se forment dans l’atmosphère en phase gazeuse et ils se
dissolvent ensuite dans l’eau des hydrométéores : gouttes de nuage, de pluie, de
brouillard.
Des polluants sont injectés par voie
naturelle et humaine dans
l’atmosphère. En phase gazeuse, il se
forme des particules acides sèches et
humides qui vont se retrouver dans
l’environnement (forêts, sols, eaux
ou bien piégés dans les matériaux).

Les oxydes de soufre, d’azote mais


aussi les hydrocarbures (figure d’en
bas) vont réagir avec des radicaux
libres dans l’atmosphère (OH, RO3),
voire avec l’ozone (O3) pour former Figure 31 : dépots acides qui se forment en phase gaseuze :
respectivement de l’acide sulfurique dépôts secs et humides
(H2SO4), nitrique et pentoxyde
d’azote (HNO3 et N2O5), de l’acide
acétique (CH3CO2H) et carbonique
(H2CO3) en contact direct avec les
nuages (phase gazeuse).

Figure 32 : Les éléments qui contribuent à la formation


des pluies acides (NOx, SO2 et hydrocarbures)
76
Les acides formés sont principalement l’acide sulfurique et l’acide nitrique. Ces
oxydes dissous dans l’eau contenue dans les nuages, la rendent acide à cause des
acides sulfurique et nitrique qui se forment. On estime que pour la part due à
l’énergie, le dioxyde de soufre serait responsable de 65% et les oxydes d’azote
d’environ 30% de l’acidité émise.

La lutte contre les pluies acides s’est traduite en Europe par la décision d’équiper les
véhicules automobiles de pots catalytiques et par le renforcement des mesures
réglementaires pour la génération d’électricité par le charbon.

C. La rupture de la couche d’ozone

L’ozone est une forme moléculaire particulière de l’oxygène qui répond à la formule
O3.
Au niveau de l’atmosphère, il occupe deux réservoirs :
- La stratosphère (entre 12 et 50 km d’altitude) : pour 97%, on parle de l’ozone
stratosphérique qui absorbe les rayons ultraviolets qui peuvent être nocifs
pour la santé humaine
- La troposphère (partie entre la terre et la stratosphère entre 8 à 12 km
d’altitude) ; dont l’accroissement est liée à l’activité humaine (mauvais ozone).
Il participe à l'effet de serre renforcé en permettant de conserver les gaz à effet
de serre sur la surface de la Terre. Cet ozone est également un constituant du
smog.

Sans l'ozone stratosphérique, la vie sur la surface de la Terre serait impossible à long
terme.
La concentration en ozone de la stratosphère varie de manière saisonnière au dessus
des pôles (phénomène lié à la rotation de la Terre et aux variations saisonnières des
mouvements atmosphériques de convection). Depuis la fin des années 70, on a
constaté une réduction nette et progressive de la concentration en O3 au-dessus des
pôles : la couche d’ozone présente une zone centrale particulièrement appauvrie,
qualifiée de « trou » d’ozone.

77
À l'inverse, l'ozone que l'on retrouve dans la troposphère (mauvais ozone, crée par
l’Homme) entre dans nos poumons et nuit à notre santé. Cet ozone est formé lorsque
les rayons solaires réagissent avec les molécules d'oxydes d'azote issus des gaz
d'échappement des voitures ou des usines. L'ozone troposphérique se combine à
d'autres polluants atmosphériques, comme le dioxyde d'azote et le dioxyde de soufre,
pour former le smog

La couche d'ozone désigne la partie de l'atmosphère qui contient une


concentration élevée de molécules d'ozone et qui absorbe une partie des rayons
ultraviolets émis par le Soleil.
La réduction de l’épaisseur de la couche d’ozone au- dessus des pôles s’est avérée un
problème majeur pour la vie sur terre. L’ozone de la haute atmosphère filtre les
rayons du soleil et empêche que les êtres vivants soient soumis à la nocivité du
rayonnement ultraviolet. La perte de l’ozone peut induire pour l’être humain des
conjonctivites, un vieillissement accéléré de la peau et une augmentation des cancers
de la peau. Chaque année, on compte dans le monde 2 à 3 millions de nouveaux cas
de cancers de la peau, dont 66000 qui meurent (Chauveau, 2009).

En 1985, Farman et ses collaborateurs du British Antarctic Survey ont montré que la
quantité d’ozone au dessus de l’Antarctique avait diminué de plus 30% au printemps,
depuis la fin des années 70 (Fontan, 2003). La rupture de la couche d’ozone est
imputable à de nombreux gaz en particulier ceux qui contiennent le chlore. Parmi ces
gaz, figurent les chlorofluorocarbones (CFC), dont l’usage est pour environ 60%
directement lié à des applications énergétiques : production des isolants
thermiques en mousse expansée et utilisation comme fluide frigorigènes dans les
équipements de climatisation, les réfrigérateurs et les congélateurs.

Le premier accord international afin d’enrayer la rupture de la couche d’ozone est le


protocole de Montréal qui a pris effet début 1989. Les étapes de réduction de la
consommation des CFC s’enchainent entre 1993 et 1999, pour arriver à un objectif de
bannissement pur et simple à partir de l’an 2000 et seront remplacés par les HFC (les
hexafluorocarbures). Ce remplacement ne sera pas achevé avant 2030. L’accord de
Montréal est un des premiers traités à avoir appliqué le principe de précaution qui
consiste à agir avant qu’un effet néfaste se manifeste. En effet, malgré les incertitudes

78
scientifiques de l’époque sur la chimie des CFC, les pays industrialisés signataires du
traité ont fixé des limites strictes à l’utilisation de ces molécules chimiques.

2. Les objectifs de l’Europe en matière d’énergie et du climat

La feuille de route de la commission européenne recommande que, d’ici à 2050, l’UE


réduise ses émissions globales de l’ensemble des GES de 80% par rapport aux
niveaux de 1990 grâce à des mesures internes exclusivement (plutôt que d’utiliser des
dispositifs à l’échelle mondiale). Les réductions envisagées sont soutenues par les
rapports publiés par le GIEC notamment celui d’octobre 2018.

Voici de manière simplifiée, les objectifs de l’UE aux horizons 2020, 2030 et 2050.

a) Objectifs qui étaient fixés pour 2020.

Pour limiter, au niveau mondial, la hausse moyenne de la température à deux degrés


Celsius (2°C) au maximum par rapport au niveau préindustriel, le Conseil européen
a, en mars 2007, fixé des objectifs suivants (connus sous la règle de 3 x 20).

 20% de réduction de GES par rapport à 1990 (selon les recommandations du


protocole de Kyoto). Pour le renouvelable, ce pari a été relevé et même
surpassé selon le baromètre d'Eurostat qui indique que la part moyenne prise
par les énergies renouvelables dans le mix européen aurait atteint 22,1 %.
 Faire passer à 20% la part de l’énergie issue de sources renouvelables
 Améliorer de 20% l’efficacité énergétique (telle que estimée dans le livre vert
de la Commission sur l'efficacité énergétique).

79
b) Objectifs pour 2030
 Réduire de 40% les émissions de GES
 Faire passer à 27% au moins la part du renouvelable
 Améliorer de 27 à 30% l’efficacité énergétique
 Atteindre 15% d’interconnexion électrique (autrement dit 15% de l’électricité
générée dans un pays de l’UE pourra être transférée ailleurs dans
l’Union).
c) Objectifs pour 2050
 Réduire de 80 à 95% les émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990.
 La feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050 décrit les mesures à prendre
pour atteindre l’objectif. Pour y parvenir, l’Europe doit atteindre les
objectifs fixés pour 2030 (notamment une réduction de 40% de GES) et de
60% d’ici à 2040.

L’ensemble de ces objectifs insiste sur le rôle à jouer par les technologies propres. En
effet, des progrès considérables ont été réalisés dans tous les domaines prioritaires
regroupés dans ce qu’on a appelé le Plan stratégique des technologies propres de
l’énergie (PSTE). Le PSTE est composé de cinq dimensions : 1) Assurer sécurité
énergétique, solidarité et confiance (diversifier et faire une meilleure utilisation de
l’énergie produite dans l’UE), 2) Créer un marché interne de l’énergie, 3), augmenter
l’efficacité énergétique, 4). Décarbonation de l’économie (stimuler la mise en œuvre
de l’accord de Paris), 5) Stimuler l’innovation (technologie à faible intensité carbone)
(figure ci-dessous)

Figure 23. Le cadre stratégique pour une union de l’énergie résiliente : cinq dimensions qui se
renforcent mutuellement.

80
L’objectif du PSTE, est de renforcer l’économie de l’UE grâce à des technologies
propres et des énergies neutres en carbone, favorisant ainsi la croissance de l’emploi.
De réduire l’utilisation des ressources essentielles, de rendre l’Europe moins
dépendante des importations de pétrole et de gaz et en fin de réduire la pollution
générée par les combustibles fossiles.

Pour aller dans ce sens, l’UE va soumettre le plan à une consultation publique en
2013, on va assister également à un renforcement du cadre légal : étendre en 2016 le
système d’échange de quotas d’émission de carbone à d’autres secteurs non couverts
jusque-là.

La vision exprimée en 2016, dans le document La stratégie cadre de l’UE sur


l’énergie a été traduite en des initiatives concrètes, législatives et non-législatives.
Ainsi dans une communication de l’UE intitulée « accélérer l’innovation dans
l’énergie propre », on encourage les entreprises européennes à investir dans les voies
énergétiques propres.

En 2018, le Conseil de l’UE a officiellement adopté le règlement portant sur le partage


des efforts fixant des objectifs contraignants annuels en matière de réduction des
GES pour les États membres tels que fixés par le Règlement européen relatif aux
réductions des émissions de carbone de 2021-2030.Ce Règlement s’applique aux GES
des secteurs économiques qui ne relèvent pas du SCEQE couvertes par la Directive
2003/87/CE. Ce sont les sources d’énergie, la production industrielle, l’agriculture et
les déchets, transports routiers, etc.

Il faut préciser que l’approvisionnement énergétique et le secteur des transports ne


disposent pas encore de solutions de substitution à faible intensité carbone. C’est
dans ces domaines que des innovations économiques, sociétales et politiques sont
nécessaires pour une meilleure transition énergétique.

Ceux de la Belgique ? Objectifs généraux afin de mettre en œuvre la Directive


2009/28/EC sur la promotion des énergies renouvelables et la stratégie Europe
2020. La Belgique avait quatre objectifs en matière d’énergie et de changement
climatique pour 2020 ;

81
 Une réduction de 15% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur
niveau de 2005 dans les secteurs qui ne sont pas couverts par le système
communautaire d’échange de quotas d’émission (logement et transports);
 Un objectif indicatif de réduction de 18% de la consommation d’énergie
primaire en 2020
 Une part de 13% des sources d’énergie renouvelables dans la consommation
finale brute d'énergie. Ce chiffre a été atteint en 2021 grâce notamment au principe
de solidarité européenne en matière d’énergie (interconnexion électrique). Et aux
progrès réalisés dans les industries énergétiques et les activités manufacturières qui
ont le plus contribué à la baisse globale des émissions depuis le milieu des années
2000, en raison essentiellement de l’abandon progressif des combustibles solides au
profit des combustibles gazeux, de la progression de la production d’électricité à
partir des sources renouvelables et de la fermeture de certaines installations
sidérurgiques. Toutefois, le problème provient essentiellement des deux principaux
secteurs ne relevant pas du système d’échange de quotas d’émissions : les transports,
dont les émissions se sont accrues de 20.5 % en 1990-2012 ; et le logement, où les
émissions ont diminué, mais restent très élevées par rapport aux pays de l’OCDE.
(OCDE, 2015).

Pour la période 2021-2030, la Belgique comme tous les pays de l’UE dans le cadre
du fameux PSTE, a finalisé fin 2019 un Plan National d’Énergie Climat (PNEC), qui
doit expliquer comment le pays compte contribuer aux objectifs climatiques à
l’horizon 2030.

Ce plan a été précédé par :

 un projet de plan déposé fin 2018 à la Commission européenne ;


 une enquête publique, conformément à la législation européenne. Les
ministres fédéraux et régionaux de l’Énergie et du Climat l’ont ainsi lancée, le
4 juin 2019, pour une période de 6 semaines.

Le compte rendu final a été transmis à la Commission européenne fin 2019. La


Belgique a reçu une évaluation sévère car les ambitions affichées ne reflétaient guère
les objectifs de l’Europe. Parmi les points noirs du plan, la pollution de l’air due aux
transports et au chauffage reste préoccupante. L’instabilité politique du pays et les
divergences d’intérêts entre les Régions et le Fédéral ont impacté l’élaboration de ce
plan. Les experts européens (plus de 250 experts) soulignent : « la dispersion des

82
compétences et l’absence d’organe de coordination indépendant“ deux freins au
développement » d’une vision commune à long terme et à la mise en œuvre de
politiques cohérentes ».

83
Chapitre VII. Production énergétique et environnement : analyse
économique

La relation de l’énergie à l’environnement est complexe et prend des formes


multiples, depuis l’extraction de l’énergie primaire jusqu’à son utilisation finale. Ses
aspects peuvent être locaux, internationaux ou même planétaires. Les incidences liées
à la chaîne énergétique sur l’environnement sont cruciales dans les pays
industrialisés mais aussi dans les pays en voie de développement où, de surcroît,
l’usage intensif des matières premières (bois, eau, biodiversité, etc.) peut conduire à
leur raréfaction voire à leur finitude si les mesures environnementales ne sont pas
prises à temps.

Nombreuses sont les externalités négatives liées notamment aux effets des activités
anthropiques sur le fonctionnement de l’environnement (déforestation, perturbation
des cycles de la matière, disparition de la biodiversité, etc.). Ces externalités
représentent des défaillances de l’économie du marché qui se traduisent par une
mauvaise allocation des ressources entre agents économiques. L’un des objectifs de
l’économie des ressources naturelles (gestion de la rareté) et de l’environnement
(étude d’incidence) est d’intégrer ces externalités dans la comptabilité économique
afin de réorienter le comportement des agents économiques et de dédommager les
pertes qui leur sont associées.

1. Les instruments destinés à internaliser les externalités

1.1. Les questions posées par la prise en compte des


externalités liées à l’énergie

L’identification des externalités liées au secteur énergétique en matière


d’environnement pose des problèmes à plusieurs niveaux :

 Questions scientifiques : difficile d’apprécier précisément la part de


l’énergie dans les conséquences négatives sur l’environnement et ce pour
diverses raisons : les effets peuvent provenir de phénomènes que cette activité
partage avec d’autres activités socio-économiques. Même difficultés pour
l’appréciation des risques d’accidents, de leur probabilité, de l’ampleur et de la
durée de leurs conséquences.
 Questions méthodologiques : deux grandes catégories de méthodes sont
en débat pour la prise en compte des externalités de l’environnement
84
 La méthode coûts-avantages : elle consiste à recenser et à évaluer d’une
part les dégâts associés aux risques engendrés par les émissions (rejet,
déchets), et d’autre part, les actions possibles pour réduire ces émissions. La
comparaison des coûts marginaux des dommages et des réductions des
émissions permet de trouver le point d’équilibre qui assure un intérêt
économique aux mesures à prendre. Cette méthode sous-entend le principe
de pollueur-payeur (PPP), instrument économique adopté par les pays de
l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) en
1972 en s’inspirant de la taxe du néoclassique Pigou. C’est souvent le cas pour
des pollutions locales (ponctuelles) et dont les conséquences sur
l’environnement sont bien documentées.
 La méthode coût-efficacité : ici on ne cherche pas à nommer les dégâts,
leur ampleur et leur coût, mais plutôt aux causes de la pollution constatée,
aux responsables et on cherche à minimiser le coût relatif à la réduction de la
cause. La valeur obtenue correspond au coût marginal de réduction de la
pollution et n’est plus liée à celui des dommages. La méthode privilégié le
principe de précaution et propose de prendre les externalités à travers des
mesures incitatives (normes, taxes, règlementation). C’est ce type de méthode
qui a servi de base à l’élaboration du protocole de Kyoto ; c'est-à-dire il s’est
basé tout simplement sur une atténuation chiffrée des causes de ce
réchauffement. C’est aussi le cas d’une institution éventuelle d’une taxe
mondiale sur les émissions de gaz à effets de serre (GES).
Par ailleurs, les tentatives actuelles de constitution d’un fond mondial destiné
aux pays en développement pour les aider contre les conséquences du
réchauffement climatique relèvent plus de la première approche (coûts-
avantages), avec essai d’évaluation quantitative des conséquences locales du
réchauffement constaté ou attendu.
 Questions économiques : deux catégories d’outils sont en débat pour
l’internalisation des coûts externes des activités énergétiques :
 L’obligation de résultats comme prononcé dans le protocole de Kyoto ; les
pays signataires doivent réduire d’une proportion donnée à un horizon donné
leurs émissions de GES. C’est le cas aussi des quotas d’émission accordés aux
entreprises de l’Union européenne au titre de la lutte contre le réchauffement
climatique. Les résultats à obtenir sont fixés par l’autorité publique. C’est dans

85
ce cadre que se sont par exemple développés les mécanismes de marché sous
forme d’échanges de quotas ou d’achats de certificats (permis de pollution) de
réduction des émissions. C’est le cas aussi de règlementations concernant les
performances environnementales d’un appareil (exemple les émissions de
particules fines d’un véhicule automobile). Il y a aussi des taxes dites affectées
qui n’ont pas pour objectif d’inciter les choix des agents, mais de constituer
une réserve de fond destinée à financer les opérations de lutte contre une
pollution donnée.
 l’obligation de moyens : c’est le cas de l’instauration d’une taxe incitative pour
changer les comportements techniques d’agents industriels fabricants des
biens et les comportements des usagers de ces biens plus conformes à des
objectifs environnementaux donnés. C’est sur base de ce principe qu’on évoque
la mise en place d’une taxe carbone (voir plus loin) progressivement croissante
pour les lutter contre les émissions de CO2.

Les premières tentatives d’internalisation des coûts externes des activités


énergétiques datent de la fin des années 80 avec une étude menée en Allemagne
(Dessus, 2013). Pour la première fois, on suggérait que la prise en compte de ces
effets externes pouvait rendre les énergies renouvelables plus compétitives que le
charbon ou le nucléaire, en particulier pour la production de l’électricité. Ainsi, des
commissions de régulation de plusieurs États ont commencé à exiger des producteurs
d’électricité la prise en compte de ces coûts externes dans l’établissement du prix de
revient du kWh électrique. D’autres études sont venues après pour compléter ces
approches avec une méthodologie ambitieuse en trois étapes :

- Description et quantification des phénomènes physiques liés à la


construction et au fonctionnement d’une installation énergétique.
- L’évaluation des risques physiques (accidents, décès, maladies, pertes
diverses,…)
- Chiffrer les valeurs physiques en valeur monétaire (débat sur le prix de
la vie humaine !)

 Questions éthiques : il y a d’abord le facteur temps, très élevé dans le


processus d’internalisation des effets externes (réchauffement climatique et

86
ses effets sur les générations futures, les effets d’accidents comme celui de
Tchernobyl), et le prix accordé à la vie humaine.

D’une manière générale, pour chiffrer les dommages, les économistes doivent
valoriser des objets non cotés sur un marché. Par exemple, les évaluations
monétaires de la biodiversité et des écosystèmes posent énormément de problèmes.
De ce qui changement climatique, les économistes doivent donner un prix aux pertes
humaines que provoquerait une augmentation de la température. A cet égard, les
méthodes classiques utilisées (la méthode de consentement à payer ou celle des
revenus d’une vie) montrent clairement que la valeur des habitants des pays
développés vaut plusieurs fois celle d’un habitant d’un pays en développement. Ceci
reste un frein à l’estimation des dommages du réchauffement climatique.

Un autre problème qui touche à l’analyse économique est le choix du taux


d’actualisation. Un euro en 2100 vaut nettement moins qu’un euro aujourd’hui, donc
un dommage très important prévu pour 2100 a peu de valeur aujourd’hui.

Toutefois, malgré les critiques qu’on fait à ces méthodes d’évaluation des risques et
d’internalisation des coûts, ils ont eu quand même le mérite de proposer un cadre
référentiel dans le processus de prise de décision.

1.2. Le rôle de l’État dans l’internalisation des externalités

Le caractère stratégique des approvisionnements en énergie et les défaillances ou les


imperfections du marché amène l’État à intervenir dans ce secteur, et il le fait à priori
avec trois logiques différentes (Hansen et Percebois, 2015);

 En tant qu’autorité régalienne (souveraine) : instaurer des quotas


d’importation de pétrole brut (ce fut le cas des États-Unis en 1960), fixer des
normes de sécurité, taxer certaines activités au nom du respect de
l’environnement, programmer certains investissements,…etc.
 En tant que régulateur : l’État peut vérifier si le marché d’énergie fonctionne
bien et qu’il n’y a pas de discrimination à l’égard des consommateurs.
 En tant qu’actionnaire : l’État peut détenir des parts dans le capital de certains
opérateurs énergétiques, voire procéder à des nationalisations s’il estime qu’il
doit contrôler certaines de ces activités.

87
La concurrence pure et parfaite entre agents conduit normalement à une situation
optimale d’équilibre au sens de Pareto, économiste néoclassique italien. L’optimum
correspond à un état de la société dans lequel on ne peut pas améliorer le bien être
d’un individu sans détériorer celui d’un autre.

L’intervention de l’État est jugé indispensable pour trouver la meilleure façon à


répartir les ressources et les revenus entre les individus. Cette intervention est
nécessaire pour maximiser le bien-être collectif, quatre cas de figures se présentent :

 En cas de situation de monopole ou d’oligopole par certains opérateurs.


 Lorsqu’on constate la présence d’externalités, positives ou négatives, car le
coût marginal privé observé sur le marché (le prix d’équilibre) ne coïncide plus
avec le coût marginal social, c'est-à-dire le coût réellement supporté par la
collectivité nationale.
 Lorsqu’il existe des biens et services que le marché ne peut pas produire (biens
collectifs purs caractérisés par la non-rivalité). Cette situation ne concerne pas
l’énergie mais correspond aux missions de l’État gendarme ou régalien :
défense, police et justice.
 Lorsque certaines activités fonctionnent en situations de rendements
croissants. On parle alors de monopole naturel et c’est le cas des industries de
réseaux (transport et distribution du gaz et de l’électricité).

L’internalisation de certaines externalités peut se faire au niveau macroéconomique


et c’est l’État régalien (souverain) qui intervient pour lutter contre la pollution (cas
des externalités négatives), ou promouvoir certaines activités collectivement
bénéfiques (développement des énergies renouvelables qui peuvent être génératrices
d’externalités positives ou du moins éviter des externalités négatives). Le rôle de
l’État comme régulateur relève plutôt de la microéconomie.

La lutte contre le réchauffement climatique comme externalité négative, et en


particulier contre les émissions de CO2, a conduit l’Union européenne à instaurer en
Europe, dès 2005, un système de quotas de CO2, avec échange de permis. La
promotion des énergies renouvelables est également une priorité au niveau européen.

88
En pratique, trois solutions ou instruments de régulation sont alternativement ou
conjointement utilisées par les pouvoirs publics (l’Etat) pour limiter les émissions de
CO2 : normes légales, les taxes et les permis d’émission négociables.
a) L’instauration de normes : par norme on désigne au sens large un
ensemble de règles obligatoires édictées par les autorités publiques. La
constitution, les lois, les ordonnances, les décrets, les règlements ou arrêtés
représentent autant de normes. Les normes représentent un moyen indirect
pour fixer le prix du CO2 (normes de rejet de CO2 à ne pas dépasser par
exemple). Système simple, tous les opérateurs sont soumis à la même règle et
nul n’étant censé ignorer les normes. Fixer les normes, c’est opter pour un prix
implicite du carbone, une sorte de valeur de référence. Un exemple concret est
celui du secteur automobile (zones basses émissions) avec les normes
d’environnement (Euro1, 2, 3, 4 etc.). Les normes appelées aussi « label » sont
très différentes d’un pays à un autre. Parmi les normes internationales, les plus
connues figurent les règles ISO (Association Internationale de Normalisation).
Il existe des normes ISO spécifiques à chaque secteur de production. De ce
qui est énergie, nous pouvons citer la norme ISO 50001 qui propose les
modalités pratiques pour réduire la consommation énergétique par la mise en
place d’un système de management de l’énergie.
b) L’instauration de taxes et mesures de subvention. Il s’agit ici de la taxe
pigouvienne (par rapport à Arthur Pigou, néoclassique britannique) ; qui aura
effet sur le prix de vente du produit à l’origine de la pollution, donc supporté à
la fin par le consommateur. Une taxe qui procure des recettes fiscales à l’État
tout en envoyant un bon signal au consommateur. C’est le cas des taxes sur les
produits pétroliers notamment après le premier choc pétrolier et qui ont été
conçues comme un simple impôt à la consommation. Sans parler
explicitement de la taxe CO2, l’accroissement de la fiscalité sur les énergies
fossiles se justifie comme des contraintes financières indispensables à la
transition énergétique. En parallèle, pour encourager le déploiement de
l’éolien et du solaire, qui sont encore loin d’être économiques, la plupart des
Etats sont dans une politique de subvention massive !
Pour éviter de pénaliser les entreprises, les subventions sont supportées en
priorité par les particuliers via une augmentation de la taxe sur les énergies
fossiles, mais aussi et surtout sur l’électricité. Il n’est donc pas surprenant que

89
là où la transition vers les renouvelables est la plus avancée, le tarif du kWh
soit beaucoup plus cher pour les particuliers (Charlez, 2017).
c) Le marché du carbone ou tout simplement la mise en place de quotas avec
mécanismes d’échange est une autre option qui permet de donner un prix aux
GES. Une entité publique internationale (Nations Unies), régional (Union
européenne) ou nationale (les Etats) distribue un droit à émettre gratuitement
jusqu’à un certains plafond. C’est le système adopté depuis 2005 dans l’Union
européenne pour les émissions de CO2, qui est en pratique un
« marchandage de Ronald Coase, 1960 ». Selon la théorie de Coase, un
marchandage entre les agents concernés conduit à la réalisation d’une
allocation optimale des ressources, en cas d’externalités, si certaines
conditions sont simultanément réunies.
 Tous les agents concernés participent à la négociation
 Ils peuvent réaliser entre eux des transactions monétaires
 Ils négocient sans frais, c’est à dire qu’il n’y a pas de coûts de
transaction attachés au déroulement de la négociation
 Ils sont parfaitement informés des conditions de cette
négociation
 Le marchandage est mené jusqu’au point où il n’est plus possible
d’améliorer, au bénéfice de tous les participants, la situation à la
quelle ils sont parvenus.

L’attribution des quotas d’émissions de CO2 est déterminée par les pouvoirs publics
et le prix du quota est fixé par la loi de l’offre et de la demande. Trois solutions sont
envisageables :

- Des quotas globaux d’émission de CO2 négociés à l’échelle mondiale (ou


régionale) avec une répartition des quotas par pays et par secteur. C’est
le système adopté à Kyoto (1997) mais qui n’a pas bien fonctionné du
fait du non respect des Etats de leurs engagements faute de l’absence de
sanctions, ou de la sortie de certains d’autres de l’Accord, ou du laxisme
au niveau de la distribution des quotas et de la crise économique 2008-
2010.
- Des quotas volontaires fixés par pays dans le cadre de la COP21. Chaque
pays annonce une volonté de faire et affiche des efforts de réductions

90
des émissions. Deux difficultés à noter : certains pays profitent des
efforts des autres sans s’engager dans le programme de réduction, le
caractère contraignant ou non des engagements pris (en absence de
lois, certains pays ne respectent pas les engagements de réduction).
- Utiliser le principe d’une carte carbone. Chaque personne se voit
remettre par son gouvernement un quota individuel de droits
d’émissions qu’il utilise au moment où il consomme de l’énergie, ces
droits figurent sur une carte à puce.

On note que la taxe a un avantage sur le marché de permis quand le régulateur


connaît mal le coût marginal de limitation des émissions ou quand il s’agit de
contrôler une pollution diffuse.

1.3. La théorie des marchés de droits d’émission : qui fait quoi ?


Le débat « taxe sur le CO2 » versus marché de permis d’émission
Le principal enjeu énergétique mondial n’est sans doute plus aujourd’hui celui de
l’épuisement des ressources fossiles, comme c’était le cas lors des chocs pétroliers de
1973-74 et 1979-80, mais celui du défit climatique ; c'est-à-dire réduire les émissions
de gaz à effets de serre (GES), en particulier les émissions de CO2.
Il faut en quelque sorte que le stock biologique du carbone enfermé dans le sous-sol
ne se transforme pas en carbone libérable dans l’atmosphère, qui est de nature à
engendrer des effets dévastateurs pour la vie sur terre. Ce fut la préoccupation
principale de la COP 21 tenue fin 2015 à Paris et qui a permis de prendre conscience
de la dangerosité du réchauffement climatique et des coûts environnementaux
exorbitants pour l’ensemble des pays du monde.
La théorie économique considère une pollution (ici les GES, en particulier le CO2)
comme une externalité négative, c'est-à-dire un coût qui n’est pas intégré dans le prix
du marché et supporté par des agents économiques tiers, sans que ces derniers soient
légalement en droit de recevoir un dédommagement. La présence d’externalités dans
un marché fait que celui-ci est inefficace : la quantité d’équilibre ne conduit pas à la
maximisation du surplus total.
Il faut donc internaliser les « externalités » liées aux émissions et les intégrer dans le
calcul économique. Ceci suppose qu’il faut donner un prix au carbone émis. Il
s’agit ici d’un exercice difficile à mener et la question suscite pas mal de controverses

91
dans les rangs des économistes. Ainsi à la question comment introduire un prix du
carbone, voici la liste de quelques œuvres historiques liées à la problématique :
-Alfred Marshall, économiste néoclassique a proposé une taxe « environnementale »
en 1880, avec le souci de financer un fonds destiné à améliorer les conditions de vie
de populations ouvrières (ici c’est une externalité positive).
-Arthur Cecil Pigou en 1920, inspiré par les travaux d’Alfred Marshall, a instauré une
taxe (taxe pigouvienne), mais dans le souci de lutter contre la pollution, cette taxe
devait correspondre au coût supporté par les victimes des externalités négatives.
-Dans les années soixante, les économistes ont proposé une autre voie pour
internaliser les externalités environnementales : définir des droits de propriété
représentant l’externalité et mettre en place un marché de pollution. Ronald Coase
(économiste britannique, prix noble d’économie en 1991), a critiqué la taxe de Pigou
et a montré que moyennant des conditions préalables relatives à la définition de
droits de propriété et à l’absence de coûts de transactions prohibitifs, les parties en
présence peuvent négocier une solution au sein d’un marché qui permettra
d’internaliser l’externalité et de satisfaire aux conditions d’allocation optimale (c'est-
à-dire une allocation automatique par le jeu des échanges et des marchandages
auxquels les agents procèdent).
Les pollueurs disposent d’un quota d’émissions qu’ils ne peuvent théoriquement pas
dépasser, mais rien ne les empêche d’acheter des quotas à d’autres agents ou de
vendre leurs quotas s’ils ne l’utilisent pas. Ils peuvent aussi en acquérir en les
achetant à d’autres agents.

2. Les expériences en cours sur la taxe et le permis de pollution

La taxe carbone est un outil qui fixe le prix du carbone sans maîtriser les
quantités de CO2 émises (politique des quotas). Ce genre de taxe peut être
d’application pour les petits émetteurs difficiles à intégrer dans le système de quotas
(la taxe reste d’application au niveau national). Tandis que sur un marché de permis,
on cherche à quantifier les émissions et à placer un plafond de pollution. Dans ce
marché, le prix peut être volatil en fonction de pas mal de paramètres (conjoncture
économique, météo, de la spéculation, etc.).

92
Pendant les années 1990, l’Union européenne n’était pas parvenue à imposer cette
taxe au secteur industriel et il a fallu mettre en place un autre système aux effets
comparables en termes d’internalisation de la pollution : le système de quotas.

Le système des quotas est basé sur la notion de droit de propriété


représentant l’externalité et mettre en place un marché. Un marché, où les parties en
présence peuvent négocier une solution qui permettra d’internaliser l’externalité et de
satisfaire aux conditions d’allocation optimale (meilleure utilisation des ressources).
La première réalisation pratique de ce marché a eu lieu aux USA (appliqué aux pluies
acides générées par la pollution liée aux oxydes de soufre et d’azote) et plus tard en
Europe dans le cadre des recommandations du protocole de Kyoto.

Les systèmes des quotas sont nés d’abord aux USA afin de limiter les émissions
d’oxyde d’azote et de soufre. La thématique environnementale adressée par ce
marché obligatoire de droits d’émission concernait la pollution par les pluies acides
(Brohé, 2010). Le marché mondial du carbone est venu par après et représente l’un
des acquis les plus remarquables du protocole de Kyoto.

Au niveau européen, le système mis en place consiste à répartir, entre les acteurs
industriels gros émetteurs de CO2, un montant attribué à chaque pays membre. Les
acteurs sont autorisés à échanger les permis entre eux à un prix fixé sur le marché par
la loi de l’offre et la demande. Ils seront amenés, à respecter la contrainte
d’émission selon les quotas. Il faut soit réduire ses émissions au niveau des quotas
attribués, soit en achetant des permis à d’autres industriels qui sont parvenus à
réduire leurs émissions en dessous des quotas.

L’objectif du marché de droits d’émission vise à l’obtention des réductions des


émissions à un coût minimal. Avec ce permis échangeable, tout agent qui décide de
ne pas utiliser tous les droits d’émission (ou permis) en sa possession peut vendre
ceux qu’il n’a pas utilisés à un autre agent ; ce dernier est alors autorisé à émettre
d’avantage de polluants, à concurrence du nombre de permis qu’il a achetés. Un tel
échange est bénéfique pour les deux parties chaque fois que réduire les émissions
coûte moins à un agent qu’à l’autre. Il est en effet moins coûteux pour ce dernier
d’acheter des permis que de réduire ses émissions, et avantageux pour l’autre agent
de réduire davantage ses émissions afin de lui vendre des permis.

93
Le système des quotas constitue le plus grand marché jamais mis en place pour
réduire les émissions des GES. Sa première phase de fonctionnement correspondait à
la période 2005-2007. Elle a constitué une période d’essai grandeur réelle avant la
phase d’application du protocole de Kyoto (2008-2012).

Durant les deux premières phases, les quotas ont été très largement (à 95%)
attribuées gratuitement, mais la part gratuite a été réduite à 42% lors de la phase III
(2013-2020). Les entreprises soumises à ce système ont l’obligation de posséder
l’équivalent en quotas de leurs émissions, sous peine d’amende, et pour
remplir cette obligation elles peuvent soit participer aux enchères lors de l’attribution
des quotas soit racheter des quotas à des entreprises qui disposent de quotas en
excédent. Les revenus générés par les enchères de quotas ont atteint près de 4
milliards d’€ en 2016 au niveau de l’Union européenne.

La figure ci-dessous montre les dates clefs du marché européen d’échange de quotas
de CO2

La plupart des installations couvertes par le système d’échange de quotas d’émission


(SEQE) appartenaient au secteur énergétique (80% des quotas alloués). Le reste
dépendait d’industries énergivores (production d’acier et métaux ferreux, ciment,
chaux, briques, papiers…) ainsi que de secteur de l’aviation, et couvre environ 45%
des émissions de gaz à effet de serre européennes (Collard, 2018)
Dans la suite des évènements liés au SEQE, deux réformes importantes ont été
programmées et un projet en discussion ;

Réforme 1. En 2015, le Parlement européen et le Conseil décident de créer une


réserve de stabilité du marché pour le SEQE au 1er janvier 2019.

L’objectif est de geler un certains volume de quotas pour permettre une augmentation
du prix de carbone. Ce volume pourra être injecté dans le futur si les prix s’envolent
94
trop. Cette réserve de stabilité du marché n’ayant eu qu’un effet timide sur le marché
du carbone, l’UE procède en 2018 à une double modification du système SEQE
(Collard, 2018).

Réforme 2. En 2018, l’UE procède à une double modification du SEQE. En adoptant


la directive 2018/410, la quantité de quota mise en réserve sera doublée. En
même temps, l’UE décide d’accélérer la diminution du plafond de droits
d’émissions. C’est à partir de 2020 lors de la phase IV qui couvre la période 2021-
2030) qu’il faut mettre en œuvre l’ensemble de ces engagements.

-Projet : Discussion autour du prix plancher du carbone. La France, par son président
François Hollande qui souhaiterait instaurer ce mécanisme (prix de 30€ la tonne
contre les 5€ sur le marché de quotas) s’est heurtée à une opposition des pays comme
l’Allemagne (qui utilise encore de nombreuses centrales au charbon) et la Pologne.

Le système de quotas est incitatif, car les industriels qui ont réussi à réduire
leurs émissions en dessous de leur quota annuel peuvent vendre des permis qui leur
ont été attribués gratuitement. A l’inverse, les industriels peu efficaces et qui
dépassent leurs quotas devront acquérir des permis à un prix qui est à priori
inconnu. En effet, depuis l’entrée en vigueur du système de quotas, le prix d’échange
d’une tonne de carbone varie d’une année à l’autre. Parfois, il chute énormément
comme était le cas en 2014 en raison d’une crise économique qui a frappé les
industriels (- de 5€ la tonne), voire à 1€ en 2007 suite à un ralentissement
économique qui a mis sur le marché plus de permis que nécessaire.

Les industriels sont amenés à effectuer un arbitrage en comparant le prix du


permis sur le marché avec le coût marginal de dépollution. Si ce prix est supérieur à
leurs coûts de dépollution, ils seront incités à réduire leur pollution pour vendre des
permis sur le marché. Un tel système permet donc de concentrer des efforts de
réduction des émissions de CO2 sur les industriels qui ont des coûts marginaux de
dépollution les plus faibles, ce qui est un optimal du point de vue collectif.

Le graphique suivant nous montre l’intérêt d’un tel système de point de vue de
l’allocation optimale des ressources.

Supposons que le coût marginal de la dépollution de l’industriel A soit sensiblement


plus élevé que celui de l’industriel B.

95
 Les deux industriels sont soumis à la même contrainte de dépollution : réduire
la quantité de la pollution d’un montant Oq1
 L’intérêt de l’industriel A est de limiter sa dépollution au montant Oq 2, et
d’acheter la quantité q2q1 à l’industriel B à un prix de l’ordre de Px, l’industriel
B aura intérêt à dépolluer jusqu’au point q3 et à vendre la quantité q1q2 de
permis à l’industriel A.

Le gain net de A est donné par la surface EFG (coût éviter en limitant ses efforts de
dépollution à q2 et en achetant un permis. Le gain net de B est donné par la surface
EHK (recettes nettes liées à la vente d’un montant q1q3). Le prix Px sera fixé à un
niveau tel que le gain retiré de l’échange soit identique entre les deux parties.

L’institution des quotas ne consiste nullement à créer un droit à polluer là où il n’y en


avait pas. Elle restreint au contraire ce droit, là où il était auparavant illimité.

3. Les éléments constitutifs d’un système de plafonnement et d’échange


de droit d’émissions

La mise en place d’un marché d’échange des droits d’émission implique la définition
d’un plafond sur les émissions (plafonnement ou cap) dans un périmètre déterminé.
La définition du périmètre est à la fois géographique, temporelle, relative à certaines

96
émissions et à certaines activités. Le graphique ci-dessous montre les éléments
constitutifs d’un marché de droits d’émission (Brohé, 2008).

Définition d’un plafond d’émission (cap) et d’une période de conformité

Distribution des quotas (= droits d’émission) entre les acteurs (allocation)

Suivi et déclaration des émissions (monitoring & reporting)

Mise en place d’un registre pour suivre les mouvements de quotas entre
acteurs

Réconciliation et amendes à l’encontre des acteurs qui dépassent leurs


quotas

4. Taxe ou permis de pollution ?

La question qui se pose est la suivante : est-il préférable de chercher à contrôler le


prix du carbone (la taxe) ou la quantité de carbone émise (système de quotas) ?

Bien que les deux instruments (taxe et permis) devront coexister en Europe et ce en
tenant compte du coût marginal de dépollution et le dommage marginal, les
décideurs ont choisi de mettre en place un marché de permis et ce pour quatre
raisons (Schubert, 2009) :

 A l’origine, les discussions entre experts se sont organisées autour des


quantités de carbone, de plafonds de concentration à ne pas dépasser et non
pas autour du prix du carbone (conformément aux recommandations du
protocole de Kyoto).
 Opter pour le permis, aux yeux des européens, est une stratégie afin
d’augmenter les chances de voir les Etats-Unis ratifier le protocole de Kyoto.
 Avec le permis, les émetteurs ne paient que les émissions au-delà de
l’allocation permise. Alors que pour une taxe, les pollueurs paient sur toutes
les unités émises.
 La mise en place d’une taxe nécessite l’unanimité, tandis qu’un marché de
permis n’a nécessité qu’une majorité qualifiée.

97
Pour rendre davantage la relation entre la taxe et les émissions, un nombre limité de
pays (18 au total en 2015) ont mis en place une taxe carbone explicite (Charlez, 2017).
Toutefois, il faut signaler que des taxes carbones ont été instaurées au début par
quelques pays européens (Pays scandinaves et la France). L’introduction de ces taxes
s’est effectuée à partir de 1990 dans le cadre d’une « réforme fiscale verte » plus large
et visant à préserver la compétitivité de certains secteurs ou de certaines industries.
Le principe de la taxe consiste à réduire les émissions des GES en faisant payer les
pollueurs à hauteur de leurs émissions. Les revenus de ces taxes seront utilisés pour
subventionner les énergies renouvelables. Il s’agit d’une taxe très hétérogène puisque
son taux varie de 0,9€/tCO2 au Mexique à 118€/ tCO2 en Suède. Cependant, la taxe
carbone n’a pas eu d’effet massif, ce qui peut s’expliquer par la faiblesse de son taux
(sauf en Suède) et par les exemptions conséquentes et nombreuses qui ont aboutit à
ce que l’industrie ne paie quasiment pas de taxe. Le graphique ci-dessous montre que
la réduction des GES est obtenue moyennant un investissement dans des filières dites
propres (solaire et éolienne).

Certaines activités sont soumises à la taxe carbone (produits pétroliers par exemple),
tandis que d’autres doivent acquérir des quotas sur le marché européen du carbone.
La Chine, gros émetteur de carbone, a officialisé en 2017 un marché national de
carbone et la décision a été prise par le Gouvernement chinois en 2015, c'est-à-dire
juste avant la COP 21 à Paris sur le climat. Toutefois, la décision chinoise s’explique
autant par la lutte contre la pollution des villes que par la lutte contre le
réchauffement climatique ! (Hansen, 2021). Notons que pas mal d’entreprises privées
et publiques, à commencer par celles du secteur de l’énergie, introduisent « un prix

98
de référence » du carbone dans le processus de choix de leurs investissements, ce qui
est un moyen d’anticiper l’instauration d’une taxe et/ou de privilégier les solutions
« bas carbone ». On parle ici d’une « valeur tutélaire » du carbone. Une telle valeur a
été introduite en France en 2008 en fixant une valeur de 100€ par t/CO2 à l’horizon
de 2030 et de 200€ à l’horizon de 2050. En Suède par exemple, cette valeur est
largement supérieure à celle adoptée en France.

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