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Godet
P. Durance
La prospective
stratégique
La prospective stratégique
a prospectiva estratégica
Pour les entreprises
et les territoires
Philippe Durance
Michel Godet
estratégica
A prospectiva P. Durance
M. Godet
Michel Godet
Philippe Durance
LA PROSPECTIVE
STRATÉGIQUE
Philippe DURANCE :
Professeur associé au Conservatoire national des Arts & Métiers
(École Management & Société), membre actif du Cercle des
Entrepreneurs du Futur.
Hans d’Orville
Sous-directeur général de l’Unesco
pour la Planification stratégique
plus en plus dans le cadre élargi des Nations unies, tant au niveau
global qu’à celui des pays.
Deux de ces dimensions sont organiquement liées au travail de la
prospective stratégique. D’une part, la gestion axée sur les résultats
nous incite à accroître la cohérence, la pertinence et l’impact de
notre action. Il s’agit d’une obligation prospective d’anticiper pour
atteindre et améliorer les résultats. D’autre part, la gestion du risque
concentre notre attention sur les menaces et les opportunités qui
peuvent affecter notre environnement interne et externe de manière
inattendue. Il s’agit alors d’une obligation prospective d’appré-
hender l’incertitude qui est la marque même de l’avenir.
Gérer en vue d’un meilleur résultat en sachant quels risques prendre
ou éviter sont donc devenus des principes d’organisation en termes
de stratégie, de budget ou de personnel. Ces dimensions sont inter-
dépendantes et il faut les maîtriser si l’on veut, plutôt que subir le
changement, devenir une force de proposition. Aussi, nous nous féli-
citons, avec la publication de ce manuel de Prospective stratégique.
Pour les entreprises et les territoires, de voir renouer avec un partena-
riat fructueux et stimulant qui avait déjà donné lieu une très riche
publication, From Anticipation To Action1 dans les années 1990.
L’anticipation et la prospective n’ont de sens en effet que si on
travaille à en diffuser les concepts et les méthodes – car destinées aux
organisations, qu’elles soient publiques, privées ou associatives.
La publication de ce nouveau manuel est donc la bienvenue, dans la
mesure où il montre comment une organisation peut, à l’échelle
locale, sur le terrain, élaborer et diffuser en son sein une vision, un
langage et des références communs qui soient adoptés par
l’ensemble des acteurs concernés – direction, personnels, donateurs,
actionnaires ou gouvernements nationaux ou locaux. Prospectivistes,
nous aurons réussi si nous parvenions à faire progresser une culture
d’anticipation, de résilience, de curiosité et d’inventivité qui contri-
© Dunod - La photocopie non autorisée est un délit.
Janvier 2011
Préface V
C hapitre 1
De la rigueur pour une indiscipline intellectuelle
C hapitre 2
Des problèmes aux méthodes
C hapitre 3
La prospective stratégique pour les territoires
C hapitre 4
Les scénarios, outils de la stratégie
et du management
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Bibliographie 173
Avant-propos
P r é v o i r l ’ a v e n i r, o u l e c o n s t r u i r e ?
que nous semblait être le strategic foresight, ses concepts et ses prati-
ques. Il nous semblait pouvoir trouver facilement un terrain d’entente
entre deux des principaux foyers des méthodes d’anticipation d’après
la Seconde Guerre mondiale, pourtant dès l’origine radicalement
différents : d’un côté, les États-Unis, avec des approches très avancées
de technological forecasting développées dans un environnement prin-
cipalement militaire ; de l’autre, la France, avec une attitude prospec-
tive fondée sur une critique de la décision, laissant une grande place à
la liberté humaine et aux réflexions sur les finalités de l’action et les
valeurs. […]
Au fur et à mesure de nos discussions, plusieurs oppositions sont appa-
rues, que l’on retrouve plus ou moins explicitement dans les différentes
contributions publiées. La première concerne la signification du terme
foresight en lui-même, qui ne se rapproche de la prospective qu’à con-
dition de préciser strategic foresight. Dans le “style américain”, sa signi-
fication est restreinte à l’image d’un futur donné. Dans le fameux
rapport Brundtland, publié par les Nations unies en 1987, le terme
foresight est utilisé dans la version anglaise originale et traduit dans la
version française par “intuition”. Cet exemple illustre parfaitement
cette conception. Dans cette perspective, le terme foresight ne devrait
pas être utilisé pour désigner le processus, ainsi que les outils associés,
qui conduit à la définition de cette image. Dans le “style français”, la
prospective, comme son supposé équivalent strategic foresight, est con-
sidérée comme désignant à la fois un processus et le résultat de ce pro-
cessus en termes d’action.
Cette première opposition constitue une part d’explication de la
seconde, qui concerne la pratique de la prospective. Considérer que le
foresight est uniquement un résultat permet d’envisager le rôle du pros-
pectiviste comme étant de fournir à des clients donnés des images de
futurs donnés, sans que ces derniers accordent une quelconque impor-
tance aux moyens mis en œuvre pour les établir. Cette posture a deux
conséquences importantes.
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◆
Cet ouvrage constitue une introduction à la prospective stratégique
qui prétend seulement donner un aperçu du champ couvert par le
Manuel de prospective stratégique que je publie depuis une vingtaine
d’années en m’appuyant sur l’expérience du chercheur, puis du
professeur consulté par les entreprises et les territoires depuis bientôt
quarante ans (Godet, 2007).
J’entends préparer la relève des générations et je suis heureux de
cosigner ce livre avec Philippe Durance, certainement le plus fidèle,
le plus efficace et le plus prometteur de ceux que j’ai pu influencer.
Sa thèse sur Gaston Berger, sous la direction de Jacques Lesourne,
soutenue au CNAM en 2009, fera certainement date.
Vu de l’étranger, le rayonnement de l’École française de prospective
n’a jamais cessé depuis la fin des années cinquante et nous avons
entretenu la flamme en développant des méthodes aussi rigoureuses
que participatives, faisant appel aux outils rationnels pour aborder la
complexité et féconder la pensée par l’imagination tout en réduisant
les incohérences collectives.
Depuis 2003, j’ai eu la grande joie, grâce au Cercle des entrepre-
neurs du futur, qui comprend une cinquantaine de grandes entre-
prises1, de mettre ces méthodes rigoureuses et les logiciels associés
— pour identifier les variables clés, analyser les jeux d’acteurs, cons-
truire des scénarios, les probabiliser, choisir de façon multicritère et
en avenir incertain — gratuitement à disposition sur Internet en trois
langues (français, anglais, espagnol). Depuis cinq ans, il y a eu plus
de quarante mille téléchargements dans le monde, dont près de 40 %
en Amérique latine, ce qui témoigne de l’influence réelle de l’École
française de prospective.
Nul n’étant prophète en son pays, nous n’avons pas réussi à susciter
le même intérêt auprès des pouvoirs publics qui, contrairement aux
entreprises, continuent à lancer des exercices de prospective sur la
France de demain sans même songer à former un tant soit peu les
membres de groupes de réflexion, considérant sans doute que cette
indiscipline intellectuelle allait de soi, comme la prose de Monsieur
Jourdain. Dans les collectivités territoriales, l’engouement est plus
répandu que dans les ministères, mais le professionnalisme et la
rigueur ne sont pas toujours au rendez-vous.
Un mot encore sur l’École française de prospective : ses divisions
n’empêchent pas son rayonnement et celui-ci est certainement
moindre en raison des chapelles qui rivalisent trop souvent dans la
confusion des genres, car la prospective est aussi une activité rentable
au moins pour les consultants. Les sujets de discorde sont multiples ;
nous pensons que l’on abuse aujourd’hui de l’élaboration de scéna-
rios, au détriment de la construction de projets endogènes. On
abuse également de l’utilisation des méthodes que nous avons systé-
matisées, comme l’analyse morphologique qui permet de construire
des scénarios emboîtés comme un jeu de Lego, mais dont la perti-
nence, la cohérence, et surtout la vraisemblance, dépendent de la
connaissance, de la culture et de l’expérience de ceux qui les cons-
truisent. On peut apprendre à dire la messe des méthodes par cœur
en quelques semaines. Mais il faut des années de pratiques et de
recherches dans les textes pour devenir un professionnel expéri-
menté. Contribuer à la transmission du capital humain de la prospec-
tive stratégique, telle est l’ambition de ce livre comme des précé-
dents.
Enfin, je suis très reconnaissant à l’UNESCO, qui avait déjà publié
en 1994 From Anticipation to Action, de s’être associé à la Fonda-
tion Prospective et Innovation et aux Éditions Dunod pour diffuser
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