Educalcool f
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ALCOOL AU VOLANT :
AVIS D’ÉDUC’ALCOOL
RELATIVEMENT À LA PERSPECTIVE D’ABAISSER
DE 80 À 50 MG LA LIMITE LÉGALE D’ALCOOL POUR CONDUIRE.
AOÛT 2017
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Présentation
Éduc’alcool est un organisme sans but lucratif qui mène depuis près de vingt-six ans
des actions de prévention, des programmes d’éducation et des campagnes
d’information pour promouvoir la consommation responsable de l’alcool.
Ils visent les apprentis conducteurs avec le programme « Boire. Conduire. Choisir »
qui est diffusé dans les écoles de conduite du Québec en partenariat avec elles.
Ils visent les chasseurs, les plaisanciers, les bateliers et les pêcheurs grâce à des
programmes ciblés, réalisés notamment avec la Société de sauvetage.
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Notre initiative, la mise en ligne sur notre site Internet d’un « Planificateur de
soirée » qui permet aux consommateurs de prévoir leur taux d’alcoolémie en
fonction de leurs intentions de boire a connu un succès tout à fait remarquable. Des
dizaines de milliers de Québécois y ont eu recours faisant de lui un instrument de
prévention fort efficace de la conduite avec les facultés affaiblies.
Notre application « le Calcoolateur » que l’on peut télécharger sans frais à la fois
pour iPhone et pour appareils Android offre els mêmes fonctionnalités sur appareils
portables.
Il est naturellement impossible de citer ici la multitude d’actions menées par notre
organisme. Qu’il suffise cependant de signaler que plusieurs de ces programmes tels
A toi de juger, La grossesse et l’alcool en questions, Parler d’alcool avec ses enfants,
entre autres, sont repris dans de nombreux pays étrangers. De plus, l’expérience
d’Éduc’alcool est citée en référence dans bien pays dont plusieurs, tels l’Australie, la
Suisse, la Suède, la France, le Portugal, le Costa Rica pour n’en citer que quelques-
uns, s’inspirent de son action.
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Introduction
L’alcool est une des causes principales de décès sur les routes canadiennes et
québécoises. Selon les plus récentes données disponibles, près de 40 % dees
accidents de la route sont dus à l’abus d’alcool. Le problème est particulièrement
tragique chez les jeunes, mais il n’est pas restreint à ces derniers.
L’impact sur la société des accidents non mortels est encore plus important. Une
estimation prudente du nombre de personnes sérieusement blessées, parfois même
de façon permanente, est d’au moins dix fois le nombre de décès. Ce fléau
représente annuellement, seulement en frais d’indemnisation des victimes de la
route, une facture globale de plus de 100 millions $ pour les Québécois. D’ailleurs,
plus les collisions sont graves, plus la probabilité que l’alcool soit en jeu augmente.
La conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool est la plus grande source des
coûts sociaux et économiques engendrés par la consommation abusive d’alcool au
Canada et au Québec.
La mise en œuvre de ces trois stratégies au cours des dernières années a été
associée à une importante réduction du nombre d’accidents attribués à la
consommation d’alcool. En 1987, 50% des conducteurs québécois blessés
mortellement et soumis à un test d’alcoolémie avaient une concentration d’alcool
dans le sang (CAS) supérieure à 0,08, alors que ce pourcentage avait baissé à
22,3% en 1999 (Mayhew, Brown & Simpson, 2002). Ces changements indiquent
que les efforts déployés pour réduire ce problème peuvent être efficaces et que c’est
par milliers que des décès prématurés et des blessures graves peuvent être évités.
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Il importe de noter aussi que nous avons parfois tendance, comme société, à nous
poser les questions par le mauvais bout de la lorgnette. Ainsi, dans le cas qui nous
concerne, plutôt que de débattre des mérites d’une mesure spécifique (la réduction
du taux d’alcoolémie), nous serions sans doute mieux avisés de nous demander :
« Que faut-il faire pour améliorer le bilan routier en ce qui concerne la conduite avec
facultés affaiblies »?
Il faut savoir que la question de la réduction du taux d’alcoolémie est une affaire
complexe. Beaucoup plus complexe qu’il n’apparaît à première vue.
• La norme de 0,08 n’est pas tombée du ciel. C’est le taux d’alcoolémie à partir
duquel les effets de l’alcool augmentent sur une base exponentielle. Elle a
donc une base scientifique.
• Dans les pays où l’on a réduit le taux d’alcoolémie de 0,08 à 0,05 %, le
nombre d’accidents sous l’effet de l’alcool a diminué pour toutes les
catégories de conducteurs.
• Mais dans tous ces pays, les changements à la loi ont été précédés ou
accompagnés d’autres mesures, notamment des campagnes d’information,
l’augmentation des barrages routiers, la publicisation des mesures,
l’augmentation de la perception que l’on va se faire arrêter si l’on boit trop,
les cours obligatoires pour les serveurs des établissements licenciés. Si bien
que l’on ne peut déterminer dans quelle mesure on peut attribuer
l’amélioration constatée à la réduction du taux d’alcoolémie.
• D’ailleurs, la performance s’est aussi grandement améliorée au fil des ans
dans des pays et États qui ont adopté toutes ces mesures sans baisser le
taux légal d’alcoolémie (le Québec en est un exemple).
• Il est indiscutable que l’alcool affaiblit les facultés des conducteurs même à
un niveau de 0,05 ou 0,06 %.
• Toutefois, il est essentiel de noter qu’à de hauts niveaux d’alcoolémie, l’alcool
n’est pas toujours nécessairement la cause des accidents de la route.
D’autres éléments tels la vitesse, l’état de la chaussée, l’état du véhicule -
particulièrement celui des pneus et des freins - la fatigue et bien d’autres
éléments peuvent causer des accidents. Certes, un conducteur qui a un taux
d’alcoolémie de 0,06 ou de 0,07 risque davantage d’être impliqué dans un
accident de la route, mais il faut éviter d'avaliser à tout coup que c’est l’alcool
qui est la cause de l’accident. D’ailleurs une majorité d’accidents de la route
sont dus à des conducteurs parfaitement sobres.
• Il existe des mesures dont on est certain de l’efficacité. Parmi elles, la
perception qu’on a moins de chances de s’en sortir sans se faire arrêter, les
programmes de formation obligatoires des serveurs, la notoriété des
sanctions et le fait de mettre le sujet à l’ordre du jour du débat public.
Or, pour éviter d’analyser le problème sous le seul angle de la réduction du taux
d’alcoolémie, pour éviter de nous retrouver dans le mauvais débat, Éduc’alcool se
propose de partir du problème plutôt que de la solution pré-établie, sans ignorer le
débat sur le taux d’alcoolémie.
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Nous tenterons donc de répondre à cette simple question : Quelle est la meilleure
façon de réduire les problèmes sur nos routes?
De plus, la sécurité routière étant de juridiction provinciale, il est clair que c’est à ce
niveau que doit se faire l’immense majorité des interventions en tenant compte de
la culture de chacune des provinces. Le gouvernement du Canada n’a de juridiction
que dans le domaine du Code criminel. Aussi la seconde question qui se pose est :
« Doit-on rendre criminel la conduite automobile avec un taux d’alcoolémie de 50
mg par 100 ml de sang », la gravité du crime – à ce niveau de consommation –
justifie-t-elle les sanctions considérables que subissent les citoyens qui ont un
dossier criminel et la graduation des sanctions ne devrait-elle pas s’appliquer en
fonction de la gravité de l’acte posé ?
Méthodologie
Sept pays ont réduit la limite légale de CAS et ont été l’objet d’études visant à
évaluer les effets d’une telle mesure. Un de ces sept pays est les États-Unis, mais
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puisque dans ce pays, on n’a pas réduit la limite légale à un seuil qui est inférieur à
celui présentement en vigueur au Canada, ces études ne seront pas citées.
En 1988, les Autrichiens ont fait passer la limite de 0,08 à 0,05. Une étude portant
sur les effets de cette loi a montré que par rapport au nombre total d’accidents de la
route, il y avait eu une diminution de 9,4% d’accidents de la route où l’alcool était
en jeu (Bartl & Esberger, 2000). Par ailleurs, ces auteurs ont noté qu’au même
moment, d’intenses campagnes médiatiques et une surveillance policière accrue
avaient été mises en place et que par conséquent, il était impossible d’identifier la
cause réelle de la diminution du nombre d’accidents. Bartl & Esberger (2000) ont
conclu que combiner une réduction de la limite légale de CAS à campagnes de
prévention et une surveillance policière accrue entraînait des effets positifs à court
terme.
C’est probablement au même genre de phénomène que les Français ont assisté. En
effet, une étude réalisée dans la province de Haute-Savoie en France a indiqué que
le nombre d’accidents de la route causé par l’alcool était passé de 100 à 64, un an
après l’introduction de la loi réduisant à 0,05 le seuil d’alcoolémie permis (Mercier-
Guyon, 1998). Le fait que les effets de la nouvelle loi se soient fait ressentir qu’un
an après l’application de celle-ci indique que d’autres facteurs aient pu être
responsables de cette diminution du nombre d’accidents.
Le Danemark est un autre pays où, en 1997, la limite légale de CAS à été réduite à
0,05. Bernhoft et Behrensdorff (2003) ont évalué les effets de cette nouvelle loi sur
les habitudes de consommation des Danois, le nombre d’accidents de la route, le
nombre d’arrestations pour conduite en état d’ébriété. Les résultats de cette étude
ont montré que les Danois buvaient significativement moins deux heures avant de
conduire depuis l’introduction de la nouvelle loi et l’analyse des données portant sur
les arrestations a montré qu’il y avait eu une diminution significative du nombre de
conducteurs arrêtés avec une très haute CAS. Les auteurs de cette étude ont
toutefois dû conclure que cette plus grande responsabilisation ne s’était pas traduite
en une réduction du nombre d’accidents et d’accidents avec décès. Les auteurs
notent que le fait que les données analysées datent de 1998, soit un an seulement
après l’introduction de la loi, aient pu être trop récentes pour que des effets sur les
accidents puissent être observés.
En 1990, les Suédois ont réduit le seuil légal de CAS à 0,02. Alors que la Suède
avait adopté un seuil de 0,05 dans les années 50, cette réduction additionnelle
semblerait avoir amélioré davantage la sécurité routière. Norström et Laurell (1997)
ont montré qu’au cours des 6 années suivant l’introduction de seuil limite de 0.02, il
y a eu une réduction de 9,7% d’accidents mortels, une réduction de 11%
d’accidents impliquant un seul véhicule et une réduction de 7,5% de tous les types
d’accidents. Ces auteurs ont noté que l’effet le plus significatif avait été noté au
niveau des accidents mortels et des accidents impliquant une seule voiture, soit les
deux catégories d’accidents où l’alcool est généralement le plus en cause. Ceci
suggère que la réduction d’accidents ne peut pas uniquement être attribuable à une
tendance, mais sans doute – au moins en partie – à la réduction de la limite légale
de CAS.
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Finalement, c’est en Australie qu’il y a eu le plus grand nombre d’études portant sur
les effets d’une diminution de la limite légale de CAS. Smith (1986) a évalué les
effets du passage de la limite légale de 0,08 à 0,05 dans Queensland en 1983, en
comparant la CAS des conducteurs impliqués dans des accidents avant et après
l’introduction de la loi. Selon cette étude, la nouvelle loi a entraîné des diminutions
significatives du nombre d’accidents impliquant une personne en état d’ébriété.
Cette diminution fut plus prononcée chez les conducteurs avec une haute CAS (>
0.15) qu’une basse CAS (entre 0.8 et 0.15).
En Australie du Sud, la limite légale a été réduite à 0,05 en 1991. Kloeden & McLean
(1994) ont montré que le nombre de conducteurs sur les routes la nuit ayant
consommé de l’alcool avait été réduit de 14,1% après l’adoption de la loi. Les
résultats d’une deuxième étude portant sur l’Australie du Sud n’ont pas montré que
la nouvelle loi avait entraîné une réduction du nombre de conducteurs en état
d’ébriété blessés mortellement (Kloeden et al., 1995). Henstridge, Homel & Mackay
(1995) ont réalisé une étude rigoureuse qui a analysé des tests aléatoires
d’alcoolémie (TAA) et la loi du 0,05 qui prévaut en Australie en contrôlant pour des
facteurs qui sont généralement ignorés. Cette étude australienne était contrôlée
pour les effets saisonniers, les conditions météorologiques, les tendances
économiques, l’utilisation de la route, le jour de la semaine et la consommation
d’alcool. Alors que le but principal de l’étude était l’effet des TAA, les effets de la
nouvelle loi sont aussi ressortis comme étant significatifs. L’étude a statistiquement
tenu compte des effets d’autres mesures relatives à la consommation d’alcool afin
de déterminer la valeur spécifique du déclin qui pouvait être directement attribuée
aux TAA ou à la nouvelle loi. Cette étude a démontré que les États australiens qui
avaient fait passer la limite de 0,08 à 0,05 avaient obtenu de réelles réductions
d’accidents où l’alcool était en jeu. Suite à la décision de Queensland en Australie de
réduire la limite 0,05 en 1982, une diminution de 18% des accidents avec décès et
une diminution de 14% des accidents graves ont été observées. Ces résultats sont
indépendants de ceux attribuables aux TAA puisque ces tests ne furent introduits
que 8 ans plus tard. De façon similaire, on a estimé que l’introduction d’une limite
de 0,05 dans le New South Wales avait entraîné des diminutions de 7% des
collisions graves, 8% d’accidents avec décès et 11% d’accidents survenant la nuit et
n’impliquant qu’un seuil véhicule. Les auteurs ont traduit ceci en une réduction
annuelle de 605 accidents graves, 75 accidents mortels et 296 accidents la nuit et
n’impliquant qu’un seuil véhicule. Quoique la limite de 0,05 n’ait été introduite que
deux ans avant les TAA dans le New South Wales, les auteurs ont tenu compte de
ce fait dans leur étude et ont bel et bien tenté de déterminer les réductions
d’accidents attribuables à chacune des mesures.
Les études épidémiologiques démontrent que ceux qui conduisent avec les plus
bas niveaux d’alcoolémie, incluant ceux qui se situent entre 0,05 et 0,08,
constituent une proportion relativement petite des conducteurs et ne sont
responsables que de très peu d’arrestations, collisions, blessures et décès.
Statistiquement, ce sont les conducteurs avec les plus hauts niveaux de CAS qui
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sont plus à risque d’être impliqués dans des accidents de la route et sont
responsables de la majorité des problèmes causés par la conduite en état d’ébriété.
Par conséquent, une importante question est de savoir si diminuer le taux
d’alcoolémie per se aurait seulement un effet sur les conducteurs visés par l’écart
entre l’ancienne et la nouvelle loi, ou si des effets plus généraux s’étendant à ceux
qui conduisent à des niveaux bien supérieurs à 0,08 seraient observés.
Certaines des études déjà citées se sont penchées sur cette question. La majorité
de ces études suggèrent qu’une réduction de la limite légale a en soi un effet à tous
les niveaux de CAS, incluant la proportion de conducteurs avec les plus hauts
niveaux de CAS (0.15 et plus) qui ont été testés, arrêtés ou blessés mortellement.
Ces études indiqueraient que viser la majorité modéré aurait un effet sur les
cas problématiques.
Chez les Danois, l’introduction de la nouvelle loi avait été fort contestée par ceux
qui soutenaient qu’une telle réduction de la limite légale n’allait pas affecter les
conducteurs récalcitrants qui conduisent avec une CAS très élevée. Or, un an après
que l’amendement ait été apporté, Bernhoff et Behrensdorff (2003) ont observé
qu’il y avait eu un changement dans la distribution de la CAS des conducteurs, ce
qui indiquerait qu’au-delà de la population générale, les récalcitrants auraient aussi
réagi à la nouvelle loi.
L’étude de Norström et Laurell (1997) qui portait sur les effets d’une réduction de
0.02 à 0,05 a aussi révélé que suite à l’adoption de la nouvelle loi, la CAS moyenne
des chauffeurs pris en défaut était passée de 0.168 à 0.154 et que les plus grandes
réductions apparaissaient être chez les conducteurs avec les CAS les plus élevées.
Ces observations indiquent que lorsqu’une réduction de la limite légale a des effets
positifs sur la sécurité routière, ces effets ne seraient pas exclusifs à ceux visés
directement par la réduction. Au contraire, ces effets semblent être le résultat d’un
effet dissuasif sur l’ensemble de ceux qui boivent et conduisent et un tel effet serait
peut-être encore plus prononcé chez ceux qui conduisent avec les plus hauts
niveaux de CAS. Les chauffards et les récidivistes sont, avec raison, la cible de
plusieurs inquiétudes quant à la sécurité routière. Or, il semblerait que les
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chauffards soient susceptibles d’être influencés par la loi et la répression policières,
dans la mesure où les lois sont appliquées. Cependant, les mécanismes derrière ces
effets positifs sont encore forts méconnus et la recherche scientifique devra
éventuellement s’y attarder (Bernhoft & Behrensdorff, 2003; Fell & Voes, 2003;
Mann et al., 2001). Les études démontreraient qu’une réduction de la limite de CAS
aurait un effet dissuasif sur tous et non pas seulement sur ceux qui sont
précisément visés par l’écart entre l’ancienne et la nouvelle loi.
Toutefois, il apparaît important d’insister sur le fait que l’établissement d’un seuil
limite de CAS est une question sociopolitique et culturelle. Il en découle qu’il
faut être fort prudent avant d’inférer les résultats d’un pays à ce qui pourrait être
obtenu dans un autre. Par exemple, Mann (2002) a repris les résultats suédois et
australiens, les a appliqués aux données canadiennes sur les accidents de la route
et a conclu qu’au Canada, une réduction de la limite de CAS permettrait de sauver
entre 185 et 555 vies annuellement. Or, il convient de douter de la justesse d’une
imputation qui néglige complètement le contexte culturel. En effet, peut-on
présumer qu’une loi aura les mêmes effets dans des pays où la culture du boire est
celle de l’intoxication, que dans un autre où la culture dominante est celle de la
modération? En Suède, au Danemark et en Australie, boire modérément est
inhabituel. Il est donc fort probable que fixer une limite à 0,08, 0,05 ou 0.02
revienne implicitement à imposer à ceux qui prennent le volant d’être absolument
sobres. Certes, plusieurs études déjà mentionnées quant aux effets d’une réduction
de la CAS sont encourageantes, mais avant d’adopter d’emblée une telle mesure, il
semblerait important d’étudier davantage la conduite en état d’ébriété dans le
contexte culturel québécois.
De fait, nous demeurons dans le domaine des sciences sociales et tout comme il est
généralement impossible d’isoler les effets précis de mesures telles que la
sensibilisation, l’éducation et l’information sur les comportements des individus, il
l’est tout autant d’évaluer les effets nets d’une loi. Par ailleurs, ce n’est pas parce
qu’il est impossible d’isoler les effets d’une telle loi, qu’il faille rejeter d’emblée l’idée
d’une telle mesure. Il faut plutôt s’attarder à identifier quelles sont les conditions
garantes et essentielles au succès d’une nouvelle loi.
Entre 2007 et 2009, trois articles scientifiques révisés par les pairs ont
spécifiquement porté sur l’association entre une réduction de la limite légale de
concentration d’alcool dans le sang (CAS) et les accidents de la route. Une étude
américaine a examiné les effets d’une telle réduction dans 28 États américains entre
1976 et 2002 (Wagenaar, Maldonado-Molina, Ma, Tobler, & Komro, 2007). Durant
cette période, la majorité des états à l’étude ont réduit la CAS légale de 0,1 à 0,08.
Dans l’ensemble, Wagenaar et ses collègues ont observé que chaque unité de
changement de 0,01 est statistiquement associée au nombre d’accidents de la route
survenant la nuit ; au nombre d’accidents avec un conducteur dont la CAS se situe
entre 0 et 0,07, entre 0,08 et 0,14 et au-delà de 0,15. Par ailleurs, si ces auteurs
ont trouvé une association significative à l’échelle nationale, ils ont relevé de
grandes variations entre les États. Selon eux, ces dernières seraient dues aux
provisions légales, aux procédures administratives, à l’allocation des
ressources et au pouvoir coercitif qui entourent la loi relative à la CAS
permise pour conduire dans chaque État et qui sont autant de dimensions dont on
reconnaît l’impact sur le nombre d’accidents de la route.
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Au Japon, en 2002, la CAS permise pour conduire un véhicule est passée de 0,05 à
0,03. À notre connaissance, deux études ont spécifiquement étudié les effets de
cette nouvelle loi sur le nombre d’accidents et de décès sur la route. Selon l’étude
de Nagata (Nagata, Setoguchi, Hemenway, & Perry, 2008), du point de vue de la
santé publique, la mise en place de cette nouvelle loi fut bénéfique. En contrôlant
pour un ensemble de facteurs influents, ces auteurs ont observé des réductions de
20% du nombre d’accidents de la route mortels, de 23% du nombre d’accidents
graves non mortels et de 32% du nombre d’accidents avec blessés. Alors qu’avant
la loi, 15% des accidents de la route étaient dus à la conduite en état d’ébriété,
cette proportion a diminuée à 11% en 2004. L’étude de (Desapriya, Shimizu, Pike,
Subzwari, & Scime, 2007) corrobore ces résultats et montre que l’effet bénéfique fut
observé à travers les catégories d’âge et ce, tant chez les femmes que chez les
hommes.
Par ailleurs, il est important de noter qu’au Japon, la réduction de la limite légale du
taux d’alcool dans le sang pour opérer un véhicule moteur a été accompagnée de
plusieurs mesures très coercitives. Notamment, l’amende associée à la conduite
en état d’ébriété a été décuplée en passant d’environ 450 dollars canadiens à
4 250 $, le nombre de points d’inaptitude a sévèrement été ajusté et finalement
selon la nouvelle loi, les serveurs et les passagers sont tout aussi coupables que les
conducteurs. Puisque les autorités ont largement mis en application les nouvelles
dispositions de la loi, Desapriya et ses collègues (2007) ont conclu que c’est la
réduction de la limite légale de la CAS associée à ces mesures qui explique la
réduction significative du nombre d’accidents au Japon depuis 2002. Et il y
a certainement lieu de se demander si les réductions observées ne sont pas
davantage associées aux mesures coercitives qu’à la nouvelle limite de 0,03 en tant
que telle.
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À la lumière des études consultées, il y a un consensus général à l’effet que le
succès d’une nouvelle loi passe par une série d’étapes intermédiaires que
sont la sensibilisation, l’éducation et l’information. Le recensement de 2002 du
CAMH sur les pratiques exemplaires pour réduire les collisions dues à l’alcool relève
l’importance d’informer le public et de le sensibiliser à la loi ainsi qu’aux
conséquences et aux façons d’éviter la conduite en état d’ébriété. Plus précisément,
les mesures de sensibilisation doivent parvenir à créer l’élément dissuasif le plus
reconnu : la perception du risque d’être arrêté. Tant le CAMH que le gouvernement
canadien abondent dans le même sens et concluent leurs rapports en soulignant
que le public doit être avisé des risques d’arrestation puisque c’est lorsque
l’éducation attire l’attention du public sur ces risques et les pénalités qu’entraîne la
conduite en état d’ébriété qu’elle est la plus efficace. La population doit percevoir
que la loi est mise en application et que le risque pour les fautifs d’être interceptés
est élevé.
Selon Krüger & Vollrath (2004), ce sont essentiellement les ressources policières qui
permettent d’entretenir de telles perceptions et sans ces ressources, les effets de la
loi seront probablement nuls. « Sans mesures d’exécution de la loi, les citoyens ne
croiront pas qu’ils risquent de se faire prendre et d’être punis et ils pourraient ne
pas être suffisamment incités à se conformer à la loi » (Gouvernement du Canada,
2000).
En France, entre 2001 et 2007 malgré une réduction de 40% du nombre d’accidents
de la route, la conduite automobile en état d’ébriété a augmenté de 10%
(Constant et al., 2009). Les auteurs de cette étude montrent qu’en France, la
réduction du nombre d’accidents de la route est davantage associée à la loi portant
sur la vitesse qu’à celle portant sur la limite légale de CAS. Ils estiment que la
raison à ce fait est que les Français considèrent élevée la possibilité de se
faire épingler pour vitesse, mais qu’ils considèrent très mince celle de se
faire arrêter pour conduite en état d’ébriété. L’importance de la croyance en la
probabilité réelle de se faire arrêter constitue donc le facteur déterminant.
12
comparé une communauté de contrôle à une autre où fut mise en place une
approche intégrée de prévention relative à la limite légale de CAS pour conduire.
Entre l’hiver 2006 et l’automne 2007, une campagne médiatique d’information
quant à cette loi fut diffusée et la surveillance policière fut accrue. Notamment, le
nombre de barrages policiers est passé de 15 à 60 par mois. Les résultats de cette
étude ont montré que durant cette période, la proportion de buveurs interceptés au
volant d’une voiture avec une alcoolémie supérieure à 0,08 était significativement
moindre dans la communauté testée que dans la communauté de contrôle, surtout
chez les jeunes âgés de moins de 25 ans. Ceci a amené les auteurs à conclure que
dans la lutte contre la conduite en état d’ébriété, la surveillance policière
ainsi que la médiatisation de cette surveillance sont d’importants facteurs
de protection. Ces résultats ont été corroborés par ceux de Fell et al. (Fell,
Tippetts, & Levy, 2008) dans une étude réalisée dans sept états américains.
En Italie, le nombre de personnes au volant d’une voiture avec une CAS supérieure
à la limite légale est passé de 15% à 6% après que le nombre de barrages policiers
soit passé de 250 000 à 800 000 par an (Taggi & Macchia, 2009). Au Canada, une
récente étude a elle aussi souligné l’importance de la surveillance policière et de la
mise en application de la loi actuelle pour réduire le nombre d’accidents de la route
chez les jeunes (Chamberlain & Solomon, 2008).
Parmi les autres mesures qui peuvent contribuer au succès d’une loi, de plus en plus
d’études recommandent la mise en place de programmes s’adressant plus
directement aux récidivistes et aux récalcitrants. En effet, il est maintenant reconnu
que ce petit groupe d’individus est responsable de la majorité des accidents de la
route (Beirness et al. 1997; Simpson and Mayhew 1991; Simpson et al. 2004;
Sweedler 1995 in : Beirness et al., 2005). Au Canada, 84% de tous les
déplacements où le conducteur dépasse la limite légale de CAS sont réalisés par
moins de 3% des détenteurs de permis de conduire (Beirness et al., 2005). Certes,
ces programmes ne pourraient remplacer une loi, mais couplées à cette dernière, ils
peuvent aider à créer un contexte général d’intolérance et d’intransigeance face à la
conduite en état d’ébriété. Par conséquent, le CAMH recommande que l’installation
d’un éthylomètre anti-démarreur sur les véhicules des récidivistes soit rendue
obligatoire. De plus, le CAMH recommande de rendre obligatoire un programme de
formation reconnu destiné aux propriétaires, directeurs et serveurs des
établissements qui vendent de l’alcool.
13
employés sont souvent en contact avec les récalcitrants, soit le noyau dur de ceux
qui refusent de respecter les limites actuelles. Les récalcitrants – généralement des
hommes qui conduisent avec des taux d’alcoolémie qui dépassent largement le 0,08
et qui ne se soucient aucunement des limites légales – se retrouvent régulièrement
dans les bars et autres établissements publics où l’on sert de l’alcool. Ceux qui
servent de l’alcool sont dans une position privilégiée identifier les situations où il y a
risque d’intoxication et prévenir la consommation abusive d’alcool. Une des
recommandations du tout récent rapport préparé pour la Commission Européenne
sur l’alcool en Europe est précisément de mettre en place des programmes efficaces
pour les serveurs et les employés des établissements qui vendent de l’alcool afin de
réduire les risques de conduite en état d’ébriété. (Anderson & Baumberg, 2006).
De plus, selon le CAMH (2002) les programmes bien développés ont su démontrer
leur efficacité à atteindre de tels buts. La formation des serveurs des établissements
licenciés dans l’Oregon a permis de réduire de près du quart le nombre d’accidents
mortels (Holder et Wagenaar, 1994; Dejoong et Hingson, 1998). Les programmes
communautaires de Californie ont, eux aussi, réduit considérablement le taux de
conduite avec facultés affaiblies et le nombre d’accidents mortels sur les routes
(Voas, 1997; Voas, Holder et Gruenewald, 1997). Ainsi, pour la population en
général et les récalcitrants en particulier, les programmes de serveur peuvent
s’avérer une excellente mesure préventive
Entre 2007 et aujourd’hui, des études ont souligné le potentiel de certaines mesures
pour réduire le nombre de chauffards sur les routes. Une étude américaine (Naimi,
Nelson, & Brewer, 2009) et une recherche suédoise (Jones & Holmgren, 2009) se
sont toutes deux intéressées à décrire les individus qui prennent la route en état
d’ébriété. Selon Naimi, outre le fait d’être un homme et celui d’être âgé de plus de
35 ans, c’est le fait d’avoir bu dans un établissement licencié qui est de loin le plus
grand facteur de risque associé à la conduite en état d’ébriété. Par conséquent, ces
auteurs concluent qu’afin de réduire le nombre de chauffards sur les routes, un
programme de formation reconnu destiné aux serveurs des établissements
qui vendent de l’alcool doit être rendu obligatoire.
Si les études épidémiologiques sur les effets globaux d’une réduction de la limite
légale du taux d’alcoolémie sont encourageantes et pourraient inciter à vouloir
tenter cette démarche législative, les conclusions et les recommandations de
rapports et d’études sur la nécessité de doubler une loi de mesures
complémentaires amènent à considérer qu’au Québec, ce serait plutôt la
revitalisation de telles mesures qui est le plus susceptible de réduire le
nombre d’accidents de la route causés par la consommation d’alcool.
1) On aura beau amender toutes les lois du pays, Code criminel compris, si les
citoyens ont la perception que la loi ne sera pas appliquée, ils ne changeront
pas leurs comportements. Et la loi perdrait dès lors non seulement son
efficacité mais aussi sa légitimité. On pourrait bien instaurer la peine de mort
en cas de conduite avec les facultés affaiblies, ce n’est pas tant la sévérité de
la sanction que la perception de sa probabilité qui fera la différence.
Les pays et les nations s’inspirent régulièrement les uns des autres pour développer
et mettre en œuvre leurs politiques, incluant celles de sécurité routière. On parle
alors de transfert des politiques, soit un processus "par lequel la connaissance des
politiques, des arrangements administratifs, des institutions et des idées d’un
contexte politique donné (passé ou présent) sont utilisées dans l'élaboration de
politiques, d'arrangements administratifs, d'institutions et d'idées dans un autre
système politique » (Dolowitz & Marsh 2000: 5).
16
Par ailleurs, un transfert des politiques n'est évidemment pas un processus de tout
ou rien. Dolowitz & Marsh (2000) ont identifié quatre gradations différentes de
transfert de politique:
Every decision must be seen against the backdrop of uncertainty that will never be
totally abridged. Because of this, every decision must be seen as a gamble.
Cela mérite à tout le moins d’être analysé avant de prendre des décisions.
17
L’avis d’Éduc’alcool
(2) faire avec eux un inventaire avant de prendre des décisions dont les
conséquences sont très lourdes à bien des égards. Bien que nous n’ayons
pas les ressources pour mesurer quantitativement l’ensemble des
répercussions possibles d’une copie des lois et sanctions adoptées ailleurs
dans la collectivité, nous devons nous donner les moyens de relever un
certain nombre d’indicateurs qui risquent d’être affectés par les mesures
proposées dont :
Notre société a des moyens limités. Elle ne peut investir des ressources
partout. Elle ne peut tout faire en même temps. Et si elle tente de tout faire
à la fois, elle risque plus souvent qu’autrement de rater tous ses objectifs.
Adopter une mesure sans en prévoir l’implantation et le succès, c’est un peu
comme ne pas l’adopter du tout. Or l’implantation des changements
nécessite du temps, des efforts, des ressources humaines et des ressources
financières.
Une fois ces mesures sérieusement implantées, une fois qu’on en aura
mesuré l’effet réel, alors il y aurait lieu de débattre de l’opportunité
d’abaisser le taux légal d’alcoolémie. Ce débat se fera à la lumière de la
situation qui prévaudra alors.
Pour l’heure, le moins que l’on puisse dire est que, dans le contexte actuel,
cette mesure isolée n’est ni pertinente, ni crédible car, à défaut de réunir les
conditions préalables, elle risquerait aussi d’être inefficace.
19
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