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« Le Juif et la France » : différence entre les versions

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[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1975-041-07, Paris, Propaganda gegen Juden.jpg|thumb|upright|Affiche de l'exposition sur la façade du [[palais Berlitz]].]]
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| légende = Affiche de l'exposition sur la façade du [[palais Berlitz]], réalisée par [[René Péron]]<ref>[https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb398401510 Notice bibliographique] du catalogue général de la [[Bibliothèque nationale de France|BnF]].</ref>.
}}
'''''Le Juif et la France''''' est une exposition [[Racisme|raciste]] et [[Antisémitisme|antisémite]] s'étant déroulée du {{date|5 septembre 1941|en France}} au {{date|15 janvier 1942|en France}} à [[Paris]], durant la [[Seconde Guerre mondiale]]. Elle est organisée et financée par la [[Propagande nazie|propagande]] de l'[[occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupant allemand]] à travers l'[[Institut d'étude des questions juives]] (IEQJ). Cette exposition s'appuie sur le travail de [[George Montandon]], professeur à l'[[École d'anthropologie de Paris]] et auteur du livre ''Comment reconnaître le Juif ?'' publié en {{date|novembre 1940}}. Cette exposition se veut donc {{Citation|scientifique}}.


== Histoire ==
'''''Le Juif et la France''''' est une [[exposition]] [[raciste]] et [[antisémite]] s'étant déroulée du {{date France|5|septembre|1941}} au {{date France|15|janvier|1942}} à [[Paris]], durant la [[Seconde Guerre mondiale]]. Elle est organisée et financée par la [[propagande]] de l'[[occupation de la France par l'Allemagne (Seconde Guerre mondiale)|occupant allemand]] à travers l'[[Institut d'étude des questions juives]] (IEQJ). Cette exposition s'appuie sur le travail de [[George Montandon]], professeur à l'[[École d'anthropologie de Paris]] et auteur du livre ''Comment reconnaître le Juif ?'' publié en {{date-|novembre 1940}}. Cette exposition se veut donc {{Citation|scientifique}}.
L'exposition est inaugurée au [[palais Berlitz]] par le propagandiste antisémite [[Paul Sézille]], secrétaire général de l'IEQJ, qui en a rédigé l'introduction du catalogue. Deux semaines auparavant, du {{date|20 août- 1941-}} au {{date|25 août 1941}}, avait eu lieu la [[Rafle du 20 août 1941|seconde grande rafle parisienne]], au cours de laquelle {{nombre|4232 hommes}} ont été arrêtés<ref>{{ouvrage|auteur1=Michel Laffitte|titre=Juif dans la France allemande|sous-titre=Institutions, dirigeants et communautés au temps de la Shoah|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]]|année=2006|pages totales=526|isbn=978-2-84734-342-7|passage=73}}.</ref>.


C'est au [[palais Berlitz]] que l'exposition est inaugurée, deux semaines après la seconde grande [[Collaboration policière sous le régime de Vichy|rafle]] parisienne<ref>Du 20 au 25 août 1941 ce sont {{nombre|4232}} hommes qui sont arrêtés, selon Michel Laffitte dans ''Juif dans la France allemande : institutions, dirigeants et communautés au temps de la Shoah'', éd. Tallandier, 2006, {{p.|73}}.</ref>, par le propagandiste antisémite [[Paul Sézille]], secrétaire général de l'IEQJ, qui en a rédigé l'introduction du catalogue. Le thème général est la supposée emprise corruptrice générale des Juifs sur les institutions et les secteurs d'activité français : l'armée, le cinéma, l'économie, la littérature : {{citation|l'inversion sexuelle, la destruction de nos traditions sont les thèmes favoris des écrivains juifs}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Ory|lien auteur1=Pascal Ory|titre=Les collaborateurs|sous-titre=1940-1945|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Points|série=Histoire|année=1976|pages totales=316|passage=158|isbn=2-02-004585-0}}.</ref>. Pour aider les visiteurs à se faire une idée précise et concrète de {{Citation|l'ennemi}}, photographies et maquettes exposent des visages juifs correspondant aux stéréotypes [[Antisémitisme|antisémites]], comme le nez crochu ou les cheveux sales.
Le thème général est la supposée emprise corruptrice générale des Juifs sur les institutions et les secteurs d'activité français : l'armée, le cinéma, l'économie, la littérature : {{"|l'[[inversion sexuelle]], la destruction de nos traditions sont les thèmes favoris des écrivains juifs}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Pascal Ory]]|titre=Les collaborateurs|sous-titre={{période|1940|1945}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=[[Éditions Points|Points]]|série=[[Points histoire|Histoire]]|année=1976|pages totales=316|passage=158|isbn=2-02-004585-0}}.</ref>. Pour aider les visiteurs à se faire une idée précise et concrète de {{"|l'ennemi}}, photographies et maquettes exposent des visages juifs correspondant aux stéréotypes [[Antisémitisme|antisémites]], comme le [[Stéréotype du nez juif|nez crochu]] ou les cheveux sales.


Présentée comme une entreprise d'éducation populaire {{incise|pour {{Citation|aider}} les {{citation|Français à reconnaître les Juifs par leurs caractéristiques physiques}}<ref name="Akadem">{{pdf}} « [http://www.akadem.org/photos/contextuels/878_expo_juif_france.pdf L'exposition « Le Juif et la France »] », Akadem, [[Fonds social juif unifié]].</ref>}}, cette exposition est utilisée par la propagande pour tenter de justifier diverses [[Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy|mesures discriminatoires]] prises par [[Régime de Vichy|Vichy]] à l'encontre des [[Histoire des Juifs en France|Juifs français]]. Mais les promoteurs réels de l'exposition, qui en assurent d'ailleurs le financement, sont le bureau parisien du service allemand de la Sureté ainsi que la section d'information de l'[[Ambassade d'Allemagne en France|ambassade d'Allemagne]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Bourdrel|lien auteur1=Philippe Bourdrel|titre=Histoire des juifs de France|tome=2|titre tome=De la Shoah à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=2004|pages totales=454|passage=108-109|isbn=978-2-226-14216-0|oclc=54079081}}.</ref>.
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Entre autres symboles, une araignée symbolise {{citation|la juiverie faisant un festin avec le sang de notre France}}, la sculpture d'un [[Juif errant]] hideux étreint le monde dans ses griffes au pied de « La France nouvelle »<ref>[[Béatrice Philippe]], ''Être juif dans la société française du Moyen Âge à nos jours'', éd. Complexe, 1997, {{p.|310}}</ref>… L'exposition stigmatise en outre, à travers leurs portraits parmi d'autres sur des panneaux d'exposition, une série de personnalités de diverses professions et en particulier le célèbre {{incise|à l'époque}} marchand de meubles [[Wolf Lévitan]], le journaliste de radio [[Jean-Michel Grunebaum]], le journaliste [[Pierre Lazareff]], le dramaturge [[Henri Bernstein]], le producteur [[Bernard Natan]] ou encore l'homme politique [[Léon Blum]]<ref>« [http://www.ina.fr/video/AFE86001433/inauguration-de-l-exposition-le-juif-et-la-france-au-palais-berlitz-video.html Inauguration de l'exposition ''Le Juif et la France'' au Palais Berlitz] », ''[[Les Actualités mondiales]]'', {{date-|12 septembre 1941}}, sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel|INA]].</ref>.
Entre autres symboles, une araignée symbolise {{"|la juiverie faisant un festin avec le sang de notre France}}, la sculpture d'un [[Juif errant]] hideux étreint le monde dans ses griffes au pied de « La France nouvelle »<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Béatrice Philippe]]|auteur2=[[Daniel Roche]]|préface=Pierre Emmanuel|postface=[[Annie Kriegel]]|titre=Être juif dans la société française|sous-titre=du Moyen Age à nos jours|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Complexe|Complexe]]|collection=Bibliothèque Complexe|année=1997|pages totales=471|passage=310|isbn=978-2-87027-672-3}} {{lire en ligne|url={{Google Books|ydBKS4Dg3REC|page=310}}}}.</ref>… L'exposition stigmatise en outre, à travers leurs portraits parmi d'autres sur des panneaux d'exposition, une série de personnalités de diverses professions et en particulier le célèbre {{incise|à l'époque}} marchand de meubles [[Wolff Lévitan]], le journaliste de radio [[Jean-Michel Grunebaum]], le journaliste [[Pierre Lazareff]], le dramaturge [[Henri Bernstein]], le producteur [[Bernard Natan]] ou encore l'homme politique [[Léon Blum]]<ref>[https://www.ina.fr/video/AFE86001433 « Inauguration de l'exposition “Le Juif et la France” au Palais Berlitz »], ''[[Les Actualités mondiales]]'', {{date|12 septembre 1941}}, sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel|INA]].</ref>.


== Fréquentation ==
Les chiffres de fréquentation divergent selon les sources ; certaines parlent de {{nb|155000 visiteurs}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1={{lien|Alan Riding}}|traducteur=Gérard Meudal|titre=Et la fête continue|sous-titre=la vie culturelle à Paris sous l'Occupation|titre original=And the show went on|lieu=Paris|éditeur=[[Plon]]|année=2012|pages totales=437|passage=78|isbn=978-2-259-21481-0}}.</ref>, d'autres mentionnant les {{nb|500000 visiteurs}} payants, avec autant de gratuits et demi-tarifs, revendiqués par les autorités collaborationnistes pour la région parisienne<ref>{{Harvsp|texte=Histoire des juifs de France, volume II|Philippe Bourdrel|2004|p=109}}.</ref>. Il semble néanmoins qu'après un succès de curiosité les premiers jours, l'intérêt se soit émoussé auprès d'une population méfiante face à ce qui est proposé par l'occupant<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Béatrice|nom1=Philippe|auteur2=Daniel Roche|préface=Pierre Emmanuel|postface=Annie Kriegel|titre=Etre juif dans la société française|sous-titre=du Moyen Age à nos jours|lieu=Bruxelles|éditeur=Ed. Complexe|collection=Bibliothèque Complexe|année=1997|pages totales=471|passage=311|isbn=978-2-87027-672-3|oclc=715806212|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ydBKS4Dg3REC&printsec=frontcover}}.</ref>.
Les chiffres de fréquentation divergent selon les sources ; certaines parlent de {{nb|155000 visiteurs}}<ref>{{Ouvrage|langue originale=en|auteur1={{lien|Alan Riding}}|traducteur=Gérard Meudal|titre=Et la fête continue|sous-titre=La vie culturelle à Paris sous l'Occupation|titre original=And the Show Went On: Cultural Life in Nazi-Occupied Paris|lieu=Paris|éditeur=[[Plon]]|année=2012|pages totales=437|passage=78|isbn=978-2-259-21481-0}}.</ref>, d'autres mentionnant {{nb|500000 visiteurs}} payants, avec autant de gratuits et demi-tarifs, revendiqués par les autorités collaborationnistes pour la région parisienne{{sfn|Bourdrel|2004|p=109}}. Il semble néanmoins qu'après un succès de curiosité les premiers jours, l'intérêt se soit émoussé auprès d'une population méfiante face à ce qui est proposé par l'occupant{{sfn|Philippe|Roche|1997|p=311}}.
L'exposition ou une partie de celle-ci est aussi présentée à Bordeaux (mars-{{date-|mai 1942}}) et à Nancy ({{date-|juillet 1942}})<ref>http://lebordeauxinvisible.blogspot.com/2017/02/le-juif-et-la-france-retour-sur-la.html</ref>.

L'exposition ou une partie de celle-ci est aussi présentée en province, en [[zone occupée]], à [[Bordeaux]] ({{période|28 mars 1942-|11 mai 1942}}), où le nombre de visiteurs est estimé à {{nb|60000 personnes}}<ref name=LJELFretour>{{Lien web|titre=Le Juif et la France|sous-titre=retour sur la halte bordelaise de cette exposition antisémite |url=https://lebordeauxinvisible.blogspot.com/2017/02/le-juif-et-la-france-retour-sur-la.html|site=Le Bordeaux Invisible|date=6 février 2017|consulté le=2021-06-19}}.</ref>, et à [[Nancy]] ({{période|4 juillet 1942-|2 août 1942}})<ref name=LJELFretour/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===

'''Source primaire :'''
* {{ouvrage|titre=Exposition “Le Juif et la France” au Palais Berlitz, {{date|septembre 1941}}|nature ouvrage=catalogue de l'exposition|auteur1=[[Jean Marquès-Rivière]]|préface=P. Lézine|lieu=Paris|éditeur=Institut d'études des questions juives|année=1941|pages totales=32|bnf=324216479|oclc=459308263}}.

'''Sources secondaires :'''
* {{article|auteur1=Raymond Bach|titre=L'identification des Juifs|sous-titre=L'héritage de l'exposition de {{date|1941}}, “Le Juif et la France”|périodique=[[Revue d'histoire de la Shoah]]|numéro=173|date=septembre 2001|passage=170–191|doi=10.3917/rhsho1.173.0171|url=https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah1-2001-3-page-170.htm}}.
* {{chapitre|langue=de|auteur1=[[Laurent Joly]]|titre chapitre=Le Juif et la France (Ausstellung, Frankreich {{date|1942}})|auteurs ouvrage=[[Wolfgang Benz]] ({{dir.}})|titre ouvrage=Handbuch des Antisemitismus|sous-titre ouvrage=Judenfeindschaft in Geschichte und Gegenwart|volume=7|titre volume=Literatur, Film, Theater und Kunst|lieu=Berlin et Boston|éditeur=[[Walter de Gruyter|De Gruyter]] et [[K. G. Saur Verlag|Saur]]|année=2015|pages totales=598|isbn=978-3-11-025873-8|passage=239–242 {{lire en ligne|url={{Google Livres|oSp1BgAAQBAJ|page=239}}}}|hal=01232513}}.
* {{article|auteur1=[[André Kaspi]]|titre=“Le Juif et la France”, une exposition à Paris en 1941|périodique=Le Monde juif|année=1975|numéro=79|pages=8–20|url=https://www.cairn.info/revue-le-monde-juif-1975-3-page-8.htm}}, repris dans :
** {{chapitre|auteur1=André Kaspi|titre chapitre=L'exposition “Le Juif et la France”|titre ouvrage=Les Juifs pendant l'Occupation|année=1991|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection={{s-|XX}}|isbn=2-02-013509-4|pages totales=420|passage=104–110}} ;
** {{chapitre|auteur1=André Kaspi|titre chapitre=L'exposition “Le Juif et la France”|titre ouvrage=Les Juifs pendant l'Occupation|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=[[Éditions Points|Points]]|série=[[Points histoire|Histoire]]|numéro dans collection=238|pages totales=422|numéro d'édition=2|isbn=2-02-031210-7|passage=104–110 {{lire en ligne|url={{Google Livres|Ow6PDgAAQBAJ|page autre=PT77}}}}}}.


* {{ouvrage|langue=de|auteur1=Herbert Tübergen|titre=Das Bild des Juden in der Propaganda des Vichy-Régimes|sous-titre=Analyse der antisemitischen Ausstellung "Le Juif et la France"|année=1992|pages totales=231|nature ouvrage=thèse à l'[[Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main|Université de Francfort]]|sudoc=012800929|oclc=489934242}}.
== Compléments ==
* « L'identification des Juifs » : l'héritage de l'exposition de 1941 « Le Juif et la France », in ''[[Revue d'histoire de la Shoah]]'' {{n°}}173, {{date-|septembre 2001}}, {{p.}}170-191.


== Articles connexes ==
=== Articles connexes ===
{{liste verticale-horizontale|
* [[Antisémitisme en France]]
* [[Antisémitisme en France]]
* [[Paris sous l'Occupation allemande]]
* [[Paris sous l'occupation allemande]]
* Autres expositions de propagande nazie :
** ''[[Le Juif éternel (exposition)|Le Juif éternel]]''
** ''[[Le Bolchevisme contre l'Europe]]''
}}


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{{Portail|Politique|Seconde Guerre mondiale|Judaïsme|Paris|nazisme|Shoah}}


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[[Catégorie:1941 en France]]
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Dernière version du 25 août 2024 à 18:41

Le Juif et la France
Affiche de l'exposition sur la façade du palais Berlitz, réalisée par René Péron[1].
Cadre
Type
Pays
Organisation
Idéologie

Le Juif et la France est une exposition raciste et antisémite s'étant déroulée du au à Paris, durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est organisée et financée par la propagande de l'occupant allemand à travers l'Institut d'étude des questions juives (IEQJ). Cette exposition s'appuie sur le travail de George Montandon, professeur à l'École d'anthropologie de Paris et auteur du livre Comment reconnaître le Juif ? publié en . Cette exposition se veut donc « scientifique ».

L'exposition est inaugurée au palais Berlitz par le propagandiste antisémite Paul Sézille, secrétaire général de l'IEQJ, qui en a rédigé l'introduction du catalogue. Deux semaines auparavant, du au , avait eu lieu la seconde grande rafle parisienne, au cours de laquelle 4 232 hommes ont été arrêtés[2].

Le thème général est la supposée emprise corruptrice générale des Juifs sur les institutions et les secteurs d'activité français : l'armée, le cinéma, l'économie, la littérature : « l'inversion sexuelle, la destruction de nos traditions sont les thèmes favoris des écrivains juifs »[3]. Pour aider les visiteurs à se faire une idée précise et concrète de « l'ennemi », photographies et maquettes exposent des visages juifs correspondant aux stéréotypes antisémites, comme le nez crochu ou les cheveux sales.

Présentée comme une entreprise d'éducation populaire — pour « aider » les « Français à reconnaître les Juifs par leurs caractéristiques physiques »[4] —, cette exposition est utilisée par la propagande pour tenter de justifier diverses mesures discriminatoires prises par Vichy à l'encontre des Juifs français. Mais les promoteurs réels de l'exposition, qui en assurent d'ailleurs le financement, sont le bureau parisien du service allemand de la Sureté ainsi que la section d'information de l'ambassade d'Allemagne[5]. Ce ne sont pas des représentants du gouvernement de Vichy qui inaugurent l’exposition mais deux dignitaires allemands, Carltheo Zeitschel, conseiller aux affaires juives de l’ambassade d’Allemagne et Theodor Dannecker[6].

Entre autres symboles, une araignée symbolise « la juiverie faisant un festin avec le sang de notre France », la sculpture d'un Juif errant hideux étreint le monde dans ses griffes au pied de « La France nouvelle »[7]… L'exposition stigmatise en outre, à travers leurs portraits parmi d'autres sur des panneaux d'exposition, une série de personnalités de diverses professions et en particulier le célèbre — à l'époque — marchand de meubles Wolff Lévitan, le journaliste de radio Jean-Michel Grunebaum, le journaliste Pierre Lazareff, le dramaturge Henri Bernstein, le producteur Bernard Natan ou encore l'homme politique Léon Blum[8].

Fréquentation

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Les chiffres de fréquentation divergent selon les sources ; certaines parlent de 155 000 visiteurs[9], d'autres mentionnant 500 000 visiteurs payants, avec autant de gratuits et demi-tarifs, revendiqués par les autorités collaborationnistes pour la région parisienne[10]. Il semble néanmoins qu'après un succès de curiosité les premiers jours, l'intérêt se soit émoussé auprès d'une population méfiante face à ce qui est proposé par l'occupant[11].

L'exposition ou une partie de celle-ci est aussi présentée en province, en zone occupée, à Bordeaux ( – ), où le nombre de visiteurs est estimé à 60 000 personnes[12], et à Nancy ( – )[12].

Notes et références

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  1. Notice bibliographique du catalogue général de la BnF.
  2. Michel Laffitte, Juif dans la France allemande : Institutions, dirigeants et communautés au temps de la Shoah, Paris, Tallandier, , 526 p. (ISBN 978-2-84734-342-7), p. 73.
  3. Pascal Ory, Les collaborateurs : , Paris, Seuil, coll. « Points / Histoire », , 316 p. (ISBN 2-02-004585-0), p. 158.
  4. Fonds social juif unifié, « L'exposition “Le Juif et la France” » [PDF], sur Akadem (version du sur Internet Archive).
  5. Philippe Bourdrel, Histoire des juifs de France, t. 2 : De la Shoah à nos jours, Paris, Albin Michel, , 454 p. (ISBN 978-2-226-14216-0), p. 108–109 [lire en ligne].
  6. Alexandre Sumpf, « Une exposition « pédagogique » et « scientifique », sur L'Histoire par l'image, .
  7. Béatrice Philippe et Daniel Roche (préf. Pierre Emmanuel, postface Annie Kriegel), Être juif dans la société française : du Moyen Age à nos jours, Bruxelles, Complexe, coll. « Bibliothèque Complexe », , 471 p. (ISBN 978-2-87027-672-3), p. 310 [lire en ligne].
  8. « Inauguration de l'exposition “Le Juif et la France” au Palais Berlitz », Les Actualités mondiales, , sur le site de l'INA.
  9. Alan Riding (en) (trad. de l'anglais par Gérard Meudal), Et la fête continue : La vie culturelle à Paris sous l'Occupation [« And the Show Went On: Cultural Life in Nazi-Occupied Paris »], Paris, Plon, , 437 p. (ISBN 978-2-259-21481-0), p. 78.
  10. Bourdrel 2004, p. 109.
  11. Philippe et Roche 1997, p. 311.
  12. a et b « Le Juif et la France : retour sur la halte bordelaise de cette exposition antisémite », sur Le Bordeaux Invisible, (consulté le ).

Bibliographie

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Source primaire :

  • Jean Marquès-Rivière (préf. P. Lézine), Exposition “Le Juif et la France” au Palais Berlitz, (catalogue de l'exposition), Paris, Institut d'études des questions juives, , 32 p. (OCLC 459308263, BNF 32421647).

Sources secondaires :

Articles connexes

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