Alain Ier de Bretagne
Alain Ier de Bretagne | |
Titre | |
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Roi de Bretagne | |
– (17 ans) |
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Prédécesseur | Gurwant et Pascweten |
Successeur | Gourmaëlon |
Comte de Vannes | |
– (30 ans) |
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Prédécesseur | Pascweten |
Successeur | Rudalt de Vannes |
Comte de Nantes | |
– (30 ans) |
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Prédécesseur | Pascweten |
Successeur | Foulque Ier le Roux |
Biographie | |
Titre complet | Roi de Bretagne |
Date de décès | |
Conjoint | Une première épouse (mère d'Hervé et de Guerech)
Oreguen |
Enfants | Hervé Guerech Pascweten Derrien Budic Rudalt Une fille, épouse du comte Tanki. Une fille, épouse de Mathuedoï |
Roi de Bretagne | |
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Alain Ier de Bretagne dit le Grand (Alan Iañ en breton) (mort en 907), fut roi de Bretagne vers 890 à 907.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]Les auteurs spécialistes de l'histoire de la Bretagne sont en désaccord sur la filiation d'Alain.
Selon de nombreux historiens (Edmond Durtelle de Saint-Sauveur, Arthur de la Borderie, Noël-Yves Tonnerre, André Chédeville & Hubert Guillotel, Philippe Tourault), il serait le frère de Pascweten (mort en ) et son successeur au comté de Vannes et dans la lutte pour le pouvoir face aux comtes de Rennes. Cette information apparaît dans une charte du cartulaire de Redon datée du 3 mai 878. Pascweten est qualifié de germanus d'Alain ce qui signifie "frère"[1]. Cela est également confirmé par Réginon de Prüm dans sa chronique[2] , ainsi que dans la Chronique de Nantes datée du XIe siècle[3]. Par ailleurs, une généalogie tardive établie à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers au XIe siècle[4] indique qu'ils seraient les fils d'un certain Ridoredh de Vannes. Cependant ce document n'est pas fiable car il a été rédigé cinq siècles après la mort d'Alain[5].
Plus récemment, Jean-Christophe Cassard avance l'hypothèse qu'il ne serait non pas le frère mais le fils et successeur de Pascweten, lui-même gendre et successeur du roi Salomon (mort en ). Cette affirmation apparaît plus cohérente sur le plan chronologique et générationnel : S'il est le petit-fils de Salomon, ses droits à la succession royale sont au même niveau que ceux de son rival Judicaël, fils putatif de Gurwant et petit-fils d'Erispoë[6].
Règne
[modifier | modifier le code]Alain est comte de Vannes, comte de Nantes. Il hérite des querelles avec le comté de Rennes pour la couronne de Bretagne. Devant la menace des Vikings les deux princes Alain et Judicaël se réconcilient, comme le montre la mention de Judicaël dans un diplôme de 889 par lequel Alain « par la grâce de Dieu duc des Bretons » restitue à Landram, évêque de Nantes, un domaine[7].
Selon les Annales de Saint-Vaast, en les Vikings se repliant de Paris quittent la Seine, et par mer et terre se rendent dans le territoire de Coutances. Ils assiègent et prennent le « castrum », c'est-à-dire la cité fortifiée de Saint-Lô où ils s'établissent après avoir massacré la population et l'évêque Lista qui s'y étaient réfugiés[8]. Le Cotentin faisait à cette époque partie de la Bretagne jusqu'à la Vire et Judicaël et ses troupes s'avancent à leur rencontre, mais il est tué dans un combat (888)[9].
C'est alors qu'Alain s'illustre lors de la bataille de Questembert dans le Broërec, où les Vikings sont défaits[n. 1]. Une stèle de 5 m fut érigée par l'Union Régionaliste Bretonne dans cette ville en 1907, anniversaire de sa mort[10], à l'occasion du millénaire de cette bataille, une commémoration eut lieu en 2008[11].
Désormais sans concurrent, Alain s'intitule roi dans deux diplômes, le premier en faveur de Rainon évêque d'Angers à qui il rétrocède vers 897/900 l'abbaye Saint-Serge d'Angers et l'autre de Foucher évêques de Nantes vers 897/908. Il semble avoir été reconnu comme « roi subordonné » par le carolingien Charles le Simple agissant comme son grand-père Charles le Chauve envers Erispoë[12]. Son règne de facto de 890 à 907 marque une période de calme et de prospérité pour la Bretagne. Alain règne sans rival et Foucher qui a succédé à Landran comme évêque de Nantes en fait ceindre une partie de la cité de murailles et restaurer la cathédrale[13]. La date exacte de la mort d'Alain n'est pas connue mais l'année 907 avancée par Pierre Le Baud semble vraisemblable et reprise par les historiens contemporains[14].
Après sa mort, le comte de Cornouaille Gourmaëlon ne règne que nominalement sur la Bretagne[15]. En effet le royaume de Bretagne est envahi par les Vikings qui le ruinent totalement. Les comtes et seigneurs bretons fuient à l'étranger. La reconquête sera entreprise par le petit-fils d'Alain le Grand, Alain Barbetorte, mais le royaume, diminué, ne sera plus qu'un duché.
Mariage et descendance
[modifier | modifier le code]Selon les souscriptions d'actes, Alain laissa d'une première épouse deux fils :
Et de sa seconde épouse Oreguen/Aourken[17], au moins quatre fils dont deux survivants et deux filles mariées :
- Rudalt, comte de Vannes (907-913) (« post mortem patri sui »[18]), ancêtre du lignage de Rieux ;
- Pascweten, vivant en (« Vuereche fili Alani Pascuiten fratris sui ») ;
- Derrien, mentionné en , ancêtre du lignage d'Elven et de Largoët ;
- Budic vivant en (« Pascuuethan et Dergen et Budic, filii ejus… ») ;
- Une fille, épouse de Mathuedoï comte de Poher. Ils furent les parents d'Alain II de Bretagne ;
- Une fille, épouse d'un comte Tanguy qui souscrivit une donation en faveur de l'Abbaye Saint-Sauveur de Redon avec Derrien[19]. Le Bulletin de la Société académique de Brest, tome XIX, 1894, pose la question d'un lien entre ce comte Tanguy cité dans la charte du 27 novembre 908 avec le lignage des Tanguy du Chastel[20].
Annexes
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Annales de Metz, AD 890 : « Il existait dans ce temps entre Alain et Judicaël ducs des Bretons une grave contestation au sujet du partage du royaume. Les païens ayant trouvé les Bretons dans cette division, combattant chacun séparément pour son compte et non d’un général effort et se refusant l’un l’autre le secours comme si la victoire devait appartenir à chacun non à tous, éprouvèrent de graves échecs ; ils furent égorgés de tous côtés et toutes leur possessions enlevées jusqu’à la rivière du Blavet. Alors enfin s’apercevant combien leur discorde leur avait été funeste et combien elle avait augmenté les forces de leurs ennemis ils se rallièrent mutuellement par des envoyés, convinrent du temps et du lieu du rendez-vous et réunirent pour faire la guerre leurs forces communes. Judicaël qui plus jeune était plus désireux d’illustrer son nom, sans attendre Alain engagea les combats avec ses compagnons, tua beaucoup de milliers d’ennemis, força le reste à se réfugier en un certain canton où iles ayant imprudemment poursuivis plus loin qu’il n’aurait dû, il fut tué par eux, ne sachant pas qu’il est bien de vaincre mais non de pousser plus loin la victoire, car le désespoir est à redouter. Ensuite Alain ayant rassemblé toute la Bretagne, fit vœu que si par la grâce divine, il parvenait à vaincre ses ennemis il consacreraient à Rome, Dieu et à St Pierre la dixième partie de tous ses biens. Tous les Bretons ayant également formé ce vœu, il s’avança au combat et en étant venu aux mains il fit un si grand carnage des ennemis que quinze mille qu’ils étaient auparavant à peine 4 000 regagnèrent-ils la flotte. ».
Références
[modifier | modifier le code]- (la) Aurélien de Courson, Cartulaire de l'Abbaye de Redon en Bretagne (832-1124), Paris, Imprimerie impériale, (lire en ligne), p.186.
- (de) Regino Prumiensis Kurze, Fridericis, Regionis abbatis Prumiensis Chronicon cum continuatione Treverensi, (OCLC 1140549266, lire en ligne), p. 110.
- MERLET, René, of Chartres., La Chronique de Nantes, 570 environ-1049. Publiée avec une introduction et des notes par R. Merlet., (OCLC 563625772, lire en ligne), p. 69.
- Généalogie de Saint Aubin d'Angers.
- Le Boulicaut, « La famille de Pascuueten dans le regnum breton », Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, vol. 149, , p.108-118 (ISSN 1969-4237).
- Jean-Christophe Cassard, Le siècle des Vikings en Bretagne, Editions Jean-Paul Gisserot, , 120 p. (ISBN 2-87747-214-0, lire en ligne), page 43.
- André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois Ve – Xe siècle, Éditions Ouest-France, (ISBN 2-85882-613-7) p. 366.
- André Chédeville et Hubert Guillotel op. cit. p. 364.
- André Chédeville et Hubert Guillotel op. cit. p. 364 et 367.
- « Monuments et architecture - Questembert, la stèle d'Alain Le Grand - Questembert », sur www.cirkwi.com, 1970-01-01cet01:00:00+0100 (consulté le ).
- Andon, « Centenaire Stèle Alain Le Grand », sur Andon - Association culturelle bretonne pays de Questembert, (consulté le ).
- André Chédeville et Hubert Guillotel op. cit. p. 369-372.
- Jean Renaud Les Vikings et les Celtes Ouest-France Université Rennes (1992) (ISBN 2737309018) p. 132.
- André Chédeville et Hubert Guillotel op. cit. p. 372.
- Cartulaire de Redon, charte CCLXXVI du .
- Le Boulicaut, « La famille de Pascuueten dans le regnum breton », Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, vol. 149, , p.113 (ISSN 1969-4237).
- Selon une hypothèse de Joëlle Quaghebeur Oreguen/Aourken est une sœur de Judicaël. Joëlle Quaghebeur La Cornouaille du IXe au XIIe siècle, PUR Rennes, 2002 (ISBN 2 868477437) p. 66-67.
- Cartulaire de Redon, charte CCLXXVIII du .
- Cartulaire de Redon, charte no 279 du .
- Société académique de Brest., Bulletin de la Société académique de Brest, Brest, Impr. E. Anner (Paris), Impr. Dumont (Brest), 1893 (ser2,t19) -1894. (lire en ligne), p. 440.
Sources
[modifier | modifier le code]Les informations concernant Alain le Grand sont « fragiles ». Les faits, les filiations, les dates, varient selon les auteurs. À Questembert même, la colonne du cimetière abattue en 1793, relevée en 1848, indique 878 pour date de la bataille, tandis que le monument érigé en 1907 affiche 890. Les données ci-dessus correspondent à l’Histoire de Bretagne de Pierre Le Baud, manuscrit de 1505, édition d'Hozier de 1638, reprises et discutées dans l’Histoire de la Bretagne de Arthur de La Borderie (1899). Pierre Le Baud indique qu'il se base sur de « vieilles chroniques » dont La Chronique de Nantes et celles de Réginon de Prüm, abbé du monastère de Prüm, contemporain d'Alain Le Grand. Mais selon Jean-Christophe Cassard et Philippe Tourault c'est plutôt en 890 qu'il faudrait situer la bataille et le sacre d'Alain le Grand.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Arthur de La Borderie, Histoire de Bretagne : Tome deuxième, réédition Joseph Floch Imprimeur Éditeur à Mayenne (1975).Alain et Judicaël 877-888 p. 323-330 et Règne d'Alain le Grand 888-907 p. 331-346.
- André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois Ve – Xe siècle, Éditions Ouest-France, (ISBN 2-85882-613-7), p. 298, 325, 354, 356-361, 364-370, 372-373, 389-390, 393, 408.
- Charles-Armand Picquenard, « Alain le Grand et les anciennes Chroniques », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, , p. 220-224.
- Charles-Armand Picquenard, « Nouvelles recherches sur le règne d'Alain le Grand », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, , p. 134-136.
- René Poupardin, « « Généalogies Angevines du XIe siècle » », Mélanges d'archéologie et d'histoire, vol. 20, 1900., p. 199-208.
- Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 517 p. (ISBN 2 868477437).
- Noël-Yves Tonnerre, Naissance de la Bretagne. Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe à la fin du XIIe siècle, Angers, Presses de l'Université d'Angers, , 626 p. (ISBN 2-903075-58-1).
- Philippe Tourault, Les rois de Bretagne IVe – Xe siècle, Paris, éditions Perrin, , 291 p. (ISBN 2262019088), p. 102,104,179,186-191,193,195-205,214.