Élection présidentielle algérienne de 2024
| ||||||||||||||
Élection présidentielle algérienne de 2024 | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Inscrits | 24 351 551 | |||||||||||||
Votants | 11 221 195 | |||||||||||||
46,08 % 6,2 | ||||||||||||||
Blancs et nuls | 1 759 767 | |||||||||||||
Abdelmadjid Tebboune – Indépendant | ||||||||||||||
Voix | 7 976 291 | |||||||||||||
84,30 % | 26,2 | |||||||||||||
Abdelaali Hassani Cherif – MSP | ||||||||||||||
Voix | 904 642 | |||||||||||||
9,56 % | ||||||||||||||
Youcef Aouchiche – FFS | ||||||||||||||
Voix | 580 495 | |||||||||||||
6,14 % | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Abdelmadjid Tebboune Ind. |
Abdelmadjid Tebboune Ind. | |||||||||||||
modifier - modifier le code - voir Wikidata |
L'élection présidentielle algérienne de 2024 a lieu de manière anticipée le afin d'élire le président de l'Algérie au suffrage universel direct.
Le président sortant Abdelmadjid Tebboune est réélu pour un second mandat face à deux autres candidats peu connus, dans un contexte de répression de l'opposition et de rejet de la plupart des candidatures, de personnalités peu connues à l'exception de l'opposante Zoubida Assoul, par la Cour constitutionnelle faute de parrainages suffisants. Soupçonnés d'être gonflés, les chiffres de la participation et des suffrages obtenus par les candidats sont finalement remis en cause par ceux-ci, y compris le président sortant. Ceci conduit la Cour constitutionnelle à annoncer de nouveaux résultats profondément différents des premiers, et qui sont à leur tour contestés par l'opposition mais pas par les trois candidats.
Contexte
[modifier | modifier le code]Initialement prévue pour décembre 2024, l'élection a lieu de manière anticipée le [1],[2]. La décision d'anticiper le scrutin permet la tenue de la campagne électorale durant la saison estivale[3].
Politique
[modifier | modifier le code]Le scrutin a lieu cinq ans après le Hirak, mouvement pacifique réclamant une réforme du système politique en vigueur depuis 1962 et une libéralisation des médias et une réforme de la justice. Avec le soutien de l'armée, celui-ci[Qui ?] a obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika. La même année, Abdelmadjid Tebboune est devenu président à l'issue lors d'une élection largement boycottée. Le mouvement prend fin du fait de la pandémie de Covid-19 puis à l'arrestation de figures du mouvement, dont le nombre est d'environ 250, qui sont condamnés, en attente de jugement ou emprisonnés. Pour le sociologue Nacer Djabi, les objectifs du mouvement n'ont pas été atteints. Selon lui, les élections, jouées d'avance notamment depuis l'instauration du multipartisme en 1990, et choisies par le régime pour mettre fin à la crise, ne « règlent pas les problèmes »[4].
En 2024, Amnesty International dénonce une « répression continue, sans relâche [des] droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique ». Appelant à réformer les lois sur les fausses informations et sur le terrorisme, jugées liberticides et aux « dispositions vagues et trop larges utilisées », l'ONG appelle à « mettre fin au harcèlement des opposants et voix critiques »[4].
Du fait de la condamnation de plusieurs personnalités du régime, dont Saïd Bouteflika et les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que d'autres ministres et hommes d'affaires à des peines d'emprisonnement pour corruption, l'avocat Abdellah Haboul estime « qu'exercer une haute fonction ne confère plus une immunité totale »[4].
Économique
[modifier | modifier le code]En 2024, l'Algérie profite d'indicateurs macroéconomiques positifs, profitant par ailleurs de la hausse du prix du pétrole[3].
Système électoral
[modifier | modifier le code]Le président de la République est élu au suffrage universel direct uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Si aucun candidat ne remporte la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second est organisé entre les deux candidats arrivés en tête quinze jours après la proclamation des résultats du premier par la Cour constitutionnelle. Le candidat recueillant le plus de suffrages au second tour est élu[5].
L'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est chargée de la gestion des élections présidentielles.
Conditions d'éligibilité
[modifier | modifier le code]Le candidat à la présidentielle doit remplir les conditions suivantes[6] :
- avoir la nationalité algérienne de naissance, né de père et de mère eux- mêmes de nationalité algérienne de naissance, et n'avoir jamais obtenu une autre nationalité ;
- attester de la nationalité algérienne d’origene du conjoint ;
- être de confession musulmane ;
- avoir quarante ans révolus au jour du scrutin ;
- jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques ;
- justifier d’une résidence permanente exclusive en Algérie durant un minimum de dix années précédant le dépôt de la candidature ;
- justifier la participation à la révolution du pour les candidats nés avant juillet 1942 ;
- justifier de la non implication des parents du candidat né après juillet 1942, dans des actes hostiles à la révolution du ;
- produire la déclaration publique du patrimoine mobilier et immobilier, tant à l’intérieur qu’à l'extérieur de l’Algérie.
Processus électoral
[modifier | modifier le code]Convocation du corps électoral par le président de la République | |
Date limite de dépôt des candidatures. | |
Validation de la liste des candidats par l'ANIE. | |
Confirmation de la liste des candidats par la Cour constitutionnelle | |
Ouverture de la campagne électorale. | |
Fin de la campagne électorale. | |
Premier tour. |
Candidats
[modifier | modifier le code]Candidatures déclarées
[modifier | modifier le code]Le , Zoubida Assoul, présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), un parti d'opposition, annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2024[7]. Par ailleurs avocate de plusieurs figures du Hirak, elle estime que le « boycott n'apporte rien » et prône un changement par les urnes. Selon elle, « la classe politique, les élites médiatiques et universitaires n'ont pas assumé leur responsabilité par une canalisation [des revendications] dans des projets politiques »[4].
Le , Abdelmadjid Tebboune annonce qu'il se rendra en France à l'automne pour une visite d'État, quelques semaines après la date prévue du scrutin[8]. Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, déclare dans un entretien à propos du président sortant « Je pense qu'il a fait de son mieux durant son premier mandat et les Algériens lui en seront reconnaissants. Un second mandat a de fortes chances de se transformer en un malheureux échec qui sera autant pénible pour lui que pour le pays »[9]. En mai 2024, dans le cadre de la création d'une « alliance » entre le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement El-Bina et le Front El Moustakbal, le secrétaire général du RND, Mustapha Yahi, précise que l'alliance « proposera un candidat consensuel remplissant les conditions requises, notamment la capacité à préserver les acquis réalisés depuis 2019 »[10]. Quelques jours plus tard, Abdelkader Bengrina (Mouvement El-Bina), annonce que son parti désigne comme candidat le président sortant, Abdelmadjid Tebboune[11]. En mai 2024, l'Union des forces démocratiques et sociales, par la voix de son secrétaire général Abderrahmane Salah, annonce la participation de sa formation politique[12]. Courant juin, le parti se rallie à la candidature de Tebboune[13]. Le 7 juin, les représentants de dix partis politiques (Mouvement El-Bina, El Fadjr El Djadid, le Front de l'Algérie nouvelle, El Karama, le Mouvement de l'entente nationale (MEN), le Parti de la liberté et de la justice, El Wassit Siyassi, le Parti algérien vert pour le développement, le Parti du renouveau algérien et l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS)) déclarent qu'il est « impératif de s'entendre sur un candidat de consensus capable de diriger l'Algérie nouvelle stable », tout en soulignant que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, « a tenu tous ses engagements et promesses malgré les défis »[14]. Tebboune officialise sa candidature le 11 juillet[15].
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, a annoncé le la participation de son parti à l'élection présidentielle[16]. Le 13 juillet elle décide d'annuler sa participation aux élections[17],[18], n'ayant pas réussir à recueillir un nombre de parrainages suffisants[19].
En avril 2024, Belkacem Sahli, secrétaire général de l'Alliance nationale républicaine (ANR), annonce sa candidature au nom d'une groupe de sept partis créé le 19 avril sous le nom de Groupe des partis pour la stabilité et les réformes. Selon les sources, ce groupe comprend l'ANR, le Parti du renouveau et du développement (PRD), le Front démocratique libre (FDL), le Mouvement national pour la nature et le développement (MNND), le PSN, le Parti républicain progressiste (PRP) et le MEN[20] ou bien, selon une autre source, il comprendrait l'ANR, le Parti pour le renouveau et le développement (PRD), le Front du militantisme national (FMN), le Parti algérien vert pour le développement (PAVD), l’Union pour le rassemblement national (URN) et le Mouvement national pour les travailleurs algériens (MNTA)[21].
Le 24 mai, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) désigne Abdelaali Hassani, président du parti, comme candidat[22]. En mai 2024, le Mouvement Ennahda, par la voix de son secrétaire général Mohamed Dhouibi, annonce la participation de la formation politique, « précisant que la forme de cette participation sera tranchée ultérieurement »[23]. Le parti se rallie à la candidature du président du MSP[24].
Le 7 juin, Youcef Aouchiche, Premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), est plébiscité comme candidat lors d'un congrès de son parti[25].
Le 10 juin, Saida Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), annonce, sa candidature à l'élection présidentielle[26].
Le 11 juin 2024, Chaabane Zerouk, ancien magistrat qui avait également tenté de se présenter à l'élection présidentielle annulée du 18 avril 2019, retire les formulaires de souscription des signatures pour se porter candidat à l'élection présidentielle de 2024[27].
Le 12 juin, Farid Akkouche annonce sa candidature à l'élection présidentielle en tant que candidat indépendant[28].
Candidatures déposées
[modifier | modifier le code]Le , l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) annonce le début du processus de candidature, qui va durer 40 jours, au bout desquels les candidats retenus seront annoncés.
Au , 34 postulants avaient retiré, les formulaires de souscription des signatures[29].
Au dernier jour du délai, le , seize candidats avaient déposé leurs dossiers de candidature en attendant leur validation par l'ANIE[30] :
- Abdelmadjid Tebboune, président sortant
- Abdelaali Hassani Cherif, président du parti le Mouvement de la société pour la paix (MSP)
- Tarek Zaghdoud, président du Rassemblement Algérien (RA)
- Chaabi Salem, candidat indépendant
- Youcef Aouchiche, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS)
- Belkacem Sahli, secrétaire général de l'Alliance nationale républicaine (ANR)
- Labadi Belabbas, candidat indépendant
- Zoubida Assoul, présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP)
- Saïda Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA)
- Hichem Baba Ahmed, candidat indépendant
- Abdelhakim Hamadi, candidat indépendant
- Raouf Aib, candidat indépendant
- Ahmed Gouraya présidente du Front de la jeunesse démocratique pour la citoyenneté (FJDC)
- Slimane Bouamrioune, candidat indépendant
- Kamel Hebbal, candidat indépendant
- Amar Chekar, candidat indépendant
Le , le procureur général de la cour d'Alger, annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire approfondie concernant la vente de parrainages par plus de 50 élus à des candidats à la présidentielle du 7 septembre. Le parquet annonce que tous les candidats impliqué seront arrêtés sur la base de la législation anti-corruption en vigueur[31]. Trois candidats recalés : Belkacem Sahli, Saïda Neghza et Abdelhakim Hamadi sont placés sous contrôle judiciaire[32].
Candidatures retenues
[modifier | modifier le code]L'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) publie le la liste des candidats retenus, validée par la Cour constitutionnelle algérienne le [33]. Parmi les 16 candidats ayant déposé leur dossier, trois d'entre eux ont vu ainsi leur candidature validée. Les autres, pour la plupart peu connus du grand public, ont vu leurs candidatures rejetées généralement pour un nombre de parrainages insuffisants[34].
Les recours auprès de la Cour constitutionnelle de cinq candidats écartés sont rejetés[35].
Candidat (nom et âge[Note 1]) et parti politique |
Principales fonctions politiques exercées |
Slogan | Commentaires | |
---|---|---|---|---|
Youcef Aouchiche (41 ans) FFS |
Président de l'Assemblée populaire de la Wilaya de Tizi Ouzou (2017-2022) Sénateur (depuis 2022) Premier secrétaire du FFS (depuis 2020) |
Vision pour demain[36] | Candidat du FFS, parti politique laïque, bien implanté en Kabylie. C'est la seconde participation du FFS aux élections présidentielles algériennes après celles de 1999. | |
Abdelmadjid Tebboune (78 ans) Indépendant |
Premier ministre d'Algérie (2017) Président de la République (depuis 2019) |
Pour une Algérie triomphante[36] | Président sortant, soutenu par plusieurs partis politiques nationalistes : FLN, RND, El-Bina, El Moustakbal[37]. | |
Abdelaali Hassani Cherif (57 ans) MSP |
Député (2007-2012) Président du MSP (depuis 2023) |
Opportunité[36] | Candidat du MSP, parti politique de mouvance islamique. C'est la seconde participation du MSP aux élections présidentielles algériennes après celles de 1995. |
Campagne électorale
[modifier | modifier le code]Le , le président sortant Abdelmadjid Tebboune désigne le ministre de l'Intérieur Brahim Merad comme son directeur de campagne[38]. Un décret présidentiel stipule que Brahim Merad est mis en « congé spécial » pour les besoins de la campagne électorale à partir du , et reprend son poste de ministre de l'Intérieur le , donc avant la tenue de l'élection présidentielle le [39]. Le RCD, parti politique d'opposition, dénonce qu'« avec la désignation du ministre de l’Intérieur comme directeur de campagne du chef de l’État pour un second mandat, le discrédit qui frappe cette élection vire à la provocation »[40].
Le , le candidat Abdelaali Hassani Cherif désigne Ahmed Sadok député du MSP à l’Assemblée populaire nationale comme son directeur de campagne[41].
L’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, déclare que « jamais une campagne électorale présidentielle n’a été empreinte d’une répression aussi implacable » : des cadres de son parti, dont son président, Atmane Mazouz, sont brièvement arrêtés le 20 août, empêchés d’arriver à Ifri, dans la wilaya de Béjaïa, où ils avaient le projet de commémorer la tenue du Congrès de la Soummam. Karim Tabbou, président de l’Union démocratique et sociale (UDS), et Fethi Ghares, coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), après avoir été interpellés, sont désormais interdits de publier des commentaires politiques sur les réseaux sociaux ou de participer à des débats politiques[42]. Ces actes de restriction des libertés sont condamnées par Amnesty International[43].
Relativement inconnus, les deux candidats qui se présentent face au chef d'État sortant promettent de renforcer les libertés individuelles et de libérer les prisonniers d'opinion[44]. Pour sa part, le Front des forces socialistes présidé par Aouchiche, est qualifié d'« opposition responsable » par les responsables du régime, par contraste avec une supposée opposition « radicale ». Sa candidature doit ainsi permettre de réhausser le taux de participation en Kabylie[45]. Les trois candidats, qui ont sillonné le pays, promettent de rehausser le pouvoir d'achat et d'opérer un redressement de l'économie, pour la rendre moins dépendante des hydrocarbures. Le président sortant promet notamment de construire de nouveaux logements, créer des emplois, des investissements et d'augmenter les salaires et les pensions des retraités. En politique étrangère, les trois candidats soutiennent les causes palestinienne et sahraouie[44].
Dans le but de redorer son blason et de donner une image de proximité avec le peuple, Tebboune est actif sur Tiktok, où il apparaît par exemple en train de jouer au football, ce qui lui vaut le surnom affectueux[44] de « Tonton Tebboune » sur les réseaux sociaux[46], surnom également repris par ses partisans[47], pour selon Hasni Abidi, affirmer leur proximité avec celui-ci, qui, « dans un mélange de réalisme, mais aussi d'une certaine forme de populisme » s'exprime avec des « mots simples » en arabe algérien[48] et jouit d'un certaine popularité[49],[50]. Pour le géopolitologue Adlene Mohammedi, cette expression est cependant utilisée de manière ironique par la plupart des Algériens[48].
De son côté, une partie de la jeunesse choisit de ne pas voter. Par exemple, lors du match de football opposant l'équipe d'Algérie de football à l'équipe de Guinée équatoriale de football à Oran, une partie des supporters chantent qu'ils ne voteront pas, préférant quitter le pays de manière clandestine par voie maritime[51].
À deux jours du scrutin, l'ancienne candidate Zoubida Assoul appelle au vote blanc pour empêcher la récupération de l'abstention par le système politique. Son appel est cependant critiqué par des citoyens, qui prônent l'abstention, et estiment que participer au scrutin revient à le légitimer. Par ailleurs, le vote blanc n'est pas reconnu en Algérie, et est confondu avec le vote nul. Toutefois, ce dernier, dont le taux a été de 18,25 % lors des élections législatives algériennes de 2012, n'est lui aussi pas comptabilité dans les suffrages exprimés[52].
Déroulement du scrutin
[modifier | modifier le code]Les bureaux de vote situés à l'étranger sont ouverts du 2 au 7 septembre 2024[53].
En Algérie, le vote se déroule le 7 septembre 2024, à partir de 8 h, pour une clôture initialement prévue à 19 h.
En fin d'après-midi, l'ANIE annonce autoriser à voter les personnes munies d'une carte d'électeur mais qui ne figurent pas sur les listes électorales[54].
Le taux de participation enregistré à 17 h étant en forte baisse par rapport à l'élection de 2019, l'ANIE décide en début de soirée de repousser de 19 h à 20 h la fermeture des bureaux de vote[55].
Un « taux de participation moyen » préliminaire est communiqué avec 3 h de retard par l'ANIE, il s'élève à 48,03 %, en hausse de plus de 8 points par rapport au scrutin précédent[56]. Alors que seuls 6,82 % des électeurs inscrits avaient voté entre 17 h et 19 h lors du scrutin précédent en 2019, 21,57 % des électeurs inscrits auraient ainsi voté entre 17 h et 20 h lors de ce scrutin[57].
Résultats
[modifier | modifier le code]Participation
[modifier | modifier le code]Taux
de participation |
1er tour | Différence | |
---|---|---|---|
En 2019 | En 2024 | ||
Matinée | 7,92 % (11 h) | 4,56 % (10 h)[58] | Non comparable |
Après-midi | 20,43 % (15 h) | 13,11 % (13 h)[59] | |
À 17 h | 33,06 % | 26,46 %[60] | 6,60 |
À la fermeture | 39,88 % | 46,10 %[61] |
6,22 |
Résultats
[modifier | modifier le code]Candidats | Partis | Premier tour | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | |||||
Abdelmadjid Tebboune | Indépendant | 5 329 253 | 94,65 | |||
Abdelaali Hassani Cherif | MSP | 178 797 | 3,18 | |||
Youcef Aouchiche | FFS | 122 146 | 2,17 | |||
Votes valides | 5 630 196 | |||||
Votes blancs et nuls | ||||||
Total | 100 | |||||
Abstention | ||||||
Inscrits / participation moyenne | 24 351 551 | 48,03 |
Candidats | Partis | Premier tour | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | |||||
Abdelmadjid Tebboune | Indépendant | 7 976 291 | 84,30 | |||
Abdelaali Hassani Cherif | MSP | 904 642 | 9,56 | |||
Youcef Aouchiche | FFS | 580 495 | 6,14 | |||
Votes valides | 9 461 428 | 84,28 | ||||
Votes blancs et nuls | 1 764 637 | 15,72 | ||||
Total | 11 226 065 | 100 | ||||
Abstention | 13 125 486 | 53,90 | ||||
Inscrits / participation | 24 351 551 | 46,10 |
Analyse
[modifier | modifier le code]Sans surprise, le président sortant est réélu pour un second mandat, obtenant dans une première annonce 94,65 % des voix[64],[65]. Pour le politologue Mohamed Hennad, le résultat du scrutin est « connu d'avance », du fait de « la qualité », du « nombre inhabituellement réduit » de candidats, et des « conditions dans lesquelles s'est déroulée la campagne électorale qui n'est qu'une comédie »[44]. Pour le politologue Hasni Abidi, ce taux de participation peut être expliqué par « une campagne médiocre » avec deux postulants qui « n'étaient pas à la hauteur » et le chef de l'État qui « a animé à peine quatre meetings », donc « à quoi bon voter »[66]. Pour le sociologue Nacer Djabi, « les partis politiques sont incapables de produire de nouvelles élites »[45].François Brousseau qualifie la victoire de Tebboune de « triomphe… humiliant », soulignant le « score soviétique », le « déficit de crédibilité démocratique » et « l'abstention massive »[67]. Dans un entretien au journal Le Monde au lendemain des élections, Soufiane Djilali déclare « que la démocratie est en échec en Algérie » et dénonce « une façade démocratique »[68].
Avec une faible participation, les électeurs se montrent peu enthousiastes par le scrutin[69], un résultat attribué aux fortes chaleurs et au boycott contestataire du processus électoral[70]. Le taux de participation final, annoncé en pleine nuit trois heures après la fermeture des bureaux de vote[66], qui passe de 26,46 à 48,03 % en trois heures, questionne les observateurs et opposants[57]. À cette occasion, le président de l'ANIE indique que le taux de participation à ce scrutin « témoigne du haut degré de maturité électorale du peuple algérien, toutes composantes confondues »[71]. Il s'agirait en fait d'une moyenne des taux participations de chaque wilaya divisé par le nombre total de celles-ci[51]. Le taux de participation réel serait compris entre 23 et 25 %, ce qui serait le taux le plus bas de l'histoire[72]. Le candidat du MSP dénonce pour sa part, des manœuvres visant à « gonfler » les chiffres du scrutin, dont le taux de participation, la non-publication des procès-verbaux des bureaux de vote, ainsi que des cas de votes massifs par procuration[73],[74].
Les irrégularités sont telles qu'au soir du 8 septembre, les trois candidats publient un communiqué commun où ils prennent leurs distances avec les chiffres annoncés de la participation et des scores qu'ils ont obtenus[72]. C'est la première fois qu'un président élu dénonce les résultats le donnant vainqueur[75]. Ces chiffres auraient ainsi été produits par excès de zèle de la part de l'ANIE[76]. Aouchiche et Hassani Cherif annoncent déposer des recours auprès de la Cour constitutionnelle[77],[78], recours déposés le 10 septembre[79].
Les résultats définitifs sont annoncés le 14 septembre, ils diffèrent de façon significative des résultats préliminaires. En plus des 5,6 millions de votes valides initialement annoncés, 3,8 millions de voix supplémentaires sont comptabilisées, attribuées pour 69 % d'entre-elles à Tebboune, 19 % à Hassani Cherif, et 12 % à Aouchiche. Tebboune voit ainsi son score passer de 94,65 % à 84,30 %, quand les deux autres candidats triplent chacun leur score, passant de 3,18 % à 9,56 % pour Hassani Cherif, et de 2,17 % à 6,14 % pour Aouchiche[80],[81]. Ces scores définitifs permettent à l'ensemble des candidats de bénéficier du remboursement de leurs frais de campagne électorale, tous ayant dépassé le seuil de 5 % des voix[82]. Le nouveau taux de participation est cependant dénoncé à son tour par des figures de l'opposition parlementaire[83].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- L'âge des candidats est donné au , date du premier tour de l'élection présidentielle.
Références
[modifier | modifier le code]- « En Algérie, une élection présidentielle anticipée fixée au 7 septembre », sur Libération, Libération (consulté le ).
- « Présidentielle anticipée le 7 septembre prochain en Algérie », (consulté le )
- Farid Alilat, « En Algérie, pourquoi Abdelmadjid Tebboune précipite-t-il l’élection présidentielle ? », .
- « Le Hirak s'est éteint mais a provoqué une prise de conscience durable », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Constitution », sur www.joradp.dz (consulté le ).
- Ministère de l’Intérieur Algérien, « Site du ministère de l’Intérieur Algérien »
- « UCP : Zoubida Assoul annonce sa candidature à la candidature à l’élection présidentielle de 2024 », (consulté le )
- « Algérie: le président Tebboune confirme sa visite en France et une rencontre avec Emmanuel Macron », sur RFI, (consulté le )
- « Présidentielles anticipées : entretien avec Soufiane Djilali », (consulté le )
- Quatre partis forment une alliance politique pour réaliser un consensus national, site aps.dz, 23 mai 2024.
- Présidentielle en Algérie : Bengrina choisit Tebboune comme candidat, site tsa-algerie.com, 24 mai 2024.
- Le parti de l'UFDS participera à la prochaine élection présidentielle, site aps.dz, 18 mai 2024.
- ania.b, « Présidentielle : 10 partis politiques veulent un second mandat pour Tebboune », sur www.algerie360.com, Algerie360, (consulté le ).
- Présidentielle: dix partis politiques prêts à se rallier à un candidat de consensus capable de garantir la stabilité institutionnelle, site aps.dz, 4 juin 2024.
- Reuters, « Algérie: Abdelmadjid Tebboune candidat à un nouveau mandat présidentiel », sur Challenges, (consulté le ).
- « Présidentielle 2024 en Algérie : Louisa Hanoune annonce la participation de son parti », (consulté le )
- « Élection présidentielles : Louisa Hanoune annonce son retrait », sur La patrie news, (consulté le )
- (ar) « Présidentielle du 7 septembre : Louisa Hanoune se retire de la course », sur Ennahar Online, (consulté le )
- « L'Expression: Nationale - Hanoune s'explique », sur www.lexpressiondz.com (consulté le ).
- Présidentielles en Algérie : Belkacem Sahli candidat au nom de sept partis, site tsa-algerie.com, 20 avril 2024.
- Élection présidentielle : Belkacem Sahli se porte candidat, site inter-lignes.com, 20 avril 2024.
- Élection présidentielle: le MSP propose la candidature de son président Abdelaali Hassani Cherif, site aps.dz, 25 mai 2024.
- Le mouvement Ennahda réaffirme sa participation au prochain scrutin présidentiel, site aps.dz, 11 mai 2024.
- « Ennahda soutient la candidature d’Abdelaali Hassani Cherif », sur Horizons, (consulté le ).
- FFS : Youcef Aouchiche, candidat du parti à l’élection présidentielle, site inter-lignes.com, 7 juin 2024.
- Saida Neghza annonce sa candidature à la Présidentielle du 7 septembre, site aps.dz, 10 juin 2024.
- « Le retrait des formulaires de souscription des signatures par les prétendants à la candidature pour l’élection présidentielle du 7 septembre prochain », (consulté le )
- شاهد ماذا قال فريد عكوش المترشح لرئاسيات 2024#دنيا_تيفي_نيوز #لماذا_أنا, DOUNIA TV (, 0:45 minutes), consulté le
- « Présidentielle du 7 septembre: 34 postulants ont retiré les formulaires de souscription », (consulté le )
- « Présidentielle anticipée : dix prétendants ont déjà déposé leurs dossiers de candidature auprès de l’ANIE »
- « Afrique Présidentielle en Algérie: la justice accuse de corruption trois candidats dont le dossier a été refusé », (consulté le )
- « Saïda Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hammadi placés sous contrôle judiciaire », (consulté le )
- Rédaction LNR, « La Cour constitutionnelle a reçu 4 recours », sur La Nouvelle République Algérie, lnralgerie, (consulté le ).
- Middle East Eye, « Présidentielle algérienne : un scrutin sous contrôle », sur Courrier international, (consulté le ).
- « Élections présidentielles du 7 septembre : la Cour constitutionnelle publie la liste finale des candidats », sur Radio Algérienne (consulté le ).
- « slogan élections présidentielles » (consulté le )
- Karim Kebir, « Présidentielle en Algérie : la bataille de trois courants politiques », sur www.tsa-algerie.com, (consulté le )
- Riyad Hamadi, « Présidentielle : Abdelmadjid Tebboune choisit son directeur de campagne », (consulté le )
- « Election présidentielle du 7 septembre, à J-5 du coup de starter : Un rendez-vous crucial pour l’Algérie nouvelle », (consulté le )
- « Le RCD fait un constat amer sur la situation du pays », (consulté le )
- « Présidentielle: Ahmed Sadok directeur de campagne du candidat Abdelaali Hassani Cherif » (consulté le )
- En Algérie, les arrestations pour délit d’opinion se multiplient à l’approche de la présidentielle, site lemonde.fr, 30 août 2024.
- Amnesty International appelle le régime algérien à cesser les violations des libertés à l’approche de l’élection présidentielle, lematindalgerie.com, 2 septembre 2024.
- « L'Algérie élit son président, victoire attendue d'Abdelmadjid Tebboune », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
- (en) https://www.facebook.com/middleeasteye/, « Algeria election: A foregone conclusion with the president’s rivals on the sidelines », sur Middle East Eye (consulté le ).
- « Election présidentielle en Algérie : comment Abdelmadjid Tebboune a éteint la contestation pour s’assurer une nouvelle victoire », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Election en Algérie : dans le fief électoral du président candidat, des partisans «fiers» d’«oncle Tebboune» », sur Libération, Libération (consulté le ).
- La-Croix.com, « Présidentielle en Algérie : le mythe entretenu de « tonton Tebboune » », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).
- « Dans les rues d’Alger, « tonton » Tebboune plébiscité », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- « Présidentielle en Algérie : Tebboune, d’homme d’appareil à figure paternelle », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- « Présidentielle en Algérie : imbroglio autour du taux de participation », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
- Hamid Arab, « Zoubida Assoul appelle au vote blanc ! », sur Le Matin d'Algérie, (consulté le )
- « Présidentielle anticipée en Algérie : Début de l’opération de vote des Algériens à l’étranger », sur www.aa.com.tr (consulté le )
- « Présidentielle algérienne : l’ANIE annonce des facilitations à disposition des électeurs », sur al24news.com (consulté le )
- « Élection présidentielle en Algérie : le taux de participation trop faible pousse les autorités à prolonger le vote », sur midilibre.fr (consulté le )
- « Présidentielle en Algérie: attente des résultats, victoire prévue de Tebboune | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
- La-Croix.com, « Présidentielle algérienne : la Kabylie a repris le chemin des bureaux de vote », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).
- « Présidentielle: Taux de participation national de 4,56% à 10h », sur APS, (consulté le )
- « Taux de participation à 13h au niveau national », sur Algerie ECO, (consulté le )
- « Présidentielle: 26,45% de taux de participation au niveau national à 17:00 », sur asp.dz asp.dz, (consulté le ).
- « Résultats définitifs de la Présidentielle du 7 septembre : un taux de participation de 46,10 % », sur asp.dz asp.dz, (consulté le ).
- (ar) فيصل مزهود, « عبد المجيد تبون يفوز بعهدة رئاسية جديدة – النهار أونلاين », sur النهار أونلاين, https:web.facebook.comEnnaharTv, (consulté le ).
- Algérie Presse Service, « Présidentielle du 7 septembre : M. Abdelmadjid Tebboune élu président de la République pour un second mandat », sur www.aps.dz (consulté le ).
- « Présidentielle en Algérie : Abdelmadjid Tebboune largement réélu avec 94,65 % des votants », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « ALERTE. Présidentielle en Algérie : Abdelmadjid Tebboune élu pour un 2nd mandat », sur TSA, (consulté le )
- « Présidentielle en Algérie : participation sous les 50%, victoire prévue de Tebboune », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- François Brousseau, « En Algérie, un triomphe… humiliant pour le président », (consulté le )
- « Soufiane Djilali : « Il faut reconstruire en Algérie la confiance perdue entre l’Etat et les citoyens » », (consulté le )
- « Algérie-Le président Tebboune vise un 2e mandat, les électeurs sans enthousiasme », sur Boursorama, (consulté le ).
- « Présidentielle en Algérie: une journée de vote marquée par une faible mobilisation ».
- La participation au scrutin témoigne du haut degré de maturité électorale du peuple algérien, site aps.dz, 8 septembre 2024.
- « En Algérie, contre toute attente, le président réélu et ses deux adversaires dénoncent des « incohérences majeures » dans les résultats annoncés », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Résultats "gonflés", "pressions"... Un candidat à la présidentielle en Algérie dénonce des "violations" durant le scrutin », sur BFMTV (consulté le ).
- « Présidentielles en Algérie : le représentant de Hassani évoque le « retour des anciennes pratiques » », sur TSA, pagesTSA-Tout-sur-lAlgérie135765743142770, (consulté le ).
- « «Mascarade», «incohérences»... En Algérie, le président réélu et ses adversaires contestent les résultats de la présidentielle », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- « Coup de tonnerre en Algérie : les résultats de la présidentielle réfutés par les trois candidats, dont Tebboune », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
- « En Algérie, des résultats contestés et une abstention record mettent à mal la réélection d’Abdelmadjid Tebboune », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Présidentielle en Algérie: deux candidats contestent le taux de participation et leurs résultats », sur BFMTV (consulté le ).
- « En Algérie, deux candidats à la présidentielle déposent des recours constitutionnels », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- Melissa NAIT ALI, « Présidentielle du 7 septembre : la Cour Constitutionnelle proclame les résultats définitifs », sur INTERLIGNES, interlignesAlgerie, (consulté le ).
- « En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- The Associated Press, « La Cour algérienne certifie la réélection écrasante de Tebboune », sur L’actualité, (consulté le )
- « En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).