Flavius Euodius
Flavius Euodius (parfois orthographié Evodius) est un homme politique romain de la fin du IVe siècle.
En tant que préfet du prétoire des Gaules, il est l'un des plus importants dignitaires de la cour de l'empereur Maxime à Trèves. Il est nommé consul pour l'année 386.
Biographie
[modifier | modifier le code]Contexte
[modifier | modifier le code]Euodius est le préfet du prétoire des Gaules entre 385 à 386, sous les ordres de l'empereur Maxime. Ce dernier, un général d'origene espagnole qui commandait aux forces romaines en Grande-Bretagne, a été proclamé empereur par ses troupes en 383.
Après avoir vaincu et fait exécuter l'empereur d'Occident Gratien le , Maxime exerce le pouvoir sur l'Espagne, la Gaule et sur la province de Bretagne. Les autres régions de l'Empire d'Occident, l'Italie, l'Illyrie et l'Afrique, passent sous l'administration du frère de Gratien Valentinien II, avec lequel la cour de Maxime à Trèves entretient une relation tendue[1].
Préfet du prétoire des Gaules
[modifier | modifier le code]En tant que préfet du prétoire des Gaules, Euodius est l'un des principaux dignitaires de la cour basée à Trèves[2]. Il mène en 385 le procès de Priscillien. Cet évêque espagnol accusé d'hérésie, a fait appel à l'empereur Maxime de sa condamnation au synode de Bordeaux par les évêques de Gaule[3]. Les adversaires de Priscillien, en particulier Hydacius d'Emerita et Ithace d'Ossonoba, font pression pour obtenir sa condamnation[4]. L'enquête refuse cependant de trancher sur les questions religieuses[5]. Le tribunal se concentre plutôt sur les accusations relevant du juge séculier : accusations de maléfices et de pratiques immorales[6]. Euodius le reconnaît coupable sur ces deux points[2].
A l'issue de son procès Priscillien est condamné à mort à Trèves en 385 avec six de ses partisans. L'opinion publique interprète ce procès comme un procès d'hérésie aboutissant à des exécutions capitales - ce qui était contraire à la doctrine chrétienne de l'époque, qui n'admettait pas de condamnation à mort dans les affaires de foi. Le verdict suscite de nombreuses protestations, émanant notamment de Martin de Tours, d'Ambroise de Milan et du pape Sirice, qui contestent le recours à la peine de mort[6].
Consul
[modifier | modifier le code]Euodius est nommé consul posterior par Maxime pour l'année 386 aux côtés du fils de l'empereur romain d'Orient Théodose Ier, alors âgé d'un peu plus d'un an[2]. Cette nomination intervient dans un contexte de réchauffement des relations entre la cour de Valentinien II basée à Milan, celle de Théodose à Constantinople et celle de Maxime à Trèves[7],[8].
Euodius est évoqué par Sulpice Sévère dans sa Vie de Martin de Tours. Le chroniqueur le décrit de manière élogieuse comme « l'homme le plus juste qui ait jamais été »[9].
Références
[modifier | modifier le code]- Jean-Rémy Palanque, « Collégialité et partages dans l'Empire romain aux IVe et Ve siècles », Revue des Études Anciennes, vol. 46, no 1, , p. 47–64 (DOI 10.3406/rea.1944.3274, lire en ligne, consulté le )
- (en) Arnold Hugh Martin Jones (dir.), John Robert Martindale (dir.) et John Morris (dir.), Prosopography of the Later Roman Empire, vol. I : A.D. 260-395, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0521072335, lire en ligne), p. 297
- Prosper Tiro, Chronique s.a. 385.
- Encyclopædia Universalis, « Biographie de PRISCILLIEN (335 ou 345-385) », sur Encyclopædia Universalis, (consulté le )
- Aline Rousselle, « Quelques aspects politiques de l'affaire priscillianiste », Revue des Études Anciennes, vol. 83, no 1, , p. 85–96 (DOI 10.3406/rea.1981.4105, lire en ligne, consulté le )
- Paul Monceaux, « La question du priscillianisme (premier article) », Journal des Savants, vol. 9, no 2, , p. 70–75 (lire en ligne, consulté le )
- Venance Grumel, « La deuxième mission de saint Ambroise auprès de Maxime », Revue des études byzantines, vol. 9, no 1, , p. 154–160 (DOI 10.3406/rebyz.1951.1041, lire en ligne, consulté le )
- Stephen Williams et Gerard Friell, Theodosius. The Empire at Bay, London, B.T..Batsford Ltd, , p. 32
- Sulpice Sévère, Vie de Martin de Tours, 20, 4.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Arnold Hugh Martin Jones (dir.), John Robert Martindale (dir.) et John Morris (dir.), Prosopography of the Later Roman Empire, vol. I : A.D. 260-395, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0521072335, lire en ligne), p. 297.