Jacob Bunel
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Henri IV (1553-1610), roi de France (d) |
Jacob Bunel est un peintre français de la seconde école de Fontainebleau né à Blois, baptisé le [1], et mort à Paris le [2].
Biographie
[modifier | modifier le code]Jacob Bunel est issu d'une famille d'artistes. Son père, François Bunel, travaillait à Blois comme peintre, et son frère, François Bunel le Jeune, est lui aussi un peintre actif dans l'entourage de la cour de Navarre[3]. Son acte de naissance rapporté par Alexandre Dupré montre qu'il est né catholique. On ignore à quelle date il est devenu protestant. Ce changement de religion a dû se faire avant qu'il entre au service d'Henri de Navarre.
Sylvie Béguin[4] rapporte qu'après avoir été formé par son père, il est parti assez jeune en Espagne et aurait assisté Federico Zuccaro et Pellegrino Tibaldi sur le chantier du cloître de l’Escurial où ils travaillent entre 1585 et 1588. Il est ensuite à Rome où on le retrouve dans l'atelier de Zuccaro. Revenu à Blois, il y peint de nombreux portraits.
Jacob Bunel est de retour à Tours où il loue une maison par contrat du et se marie à Tours avec Marguerite Bahuche, de religion protestante, elle-même peintre et fille de peintre[5]. Ils viennent travailler à Paris en 1599 à la demande d'Henri IV, peut-être en souvenir de son père, François Bunel, qui avait été son peintre et son valet de chambre. Il n'a pas d'enfant de ce premier mariage et à sa mort, sa femme reprend sa charge de peintre du Roi.
Dès 1600, il est employé par le roi aux décors du Palais des Tuileries, et sans doute dès 1603 aux décors de la Petite Galerie du Louvre (actuelle "Galerie d'Apollon", totalement reconstruite au début du règne de Louis XIV), en remplacement de Toussaint Dubreuil qui venait de mourir[6],[7],[8]. Il obtient également un logement sous la grande galerie du Louvre, en tant qu'artiste protégé par le roi[9],[10]. Il s'associe à son épouse Marguerite Bahuche pour orner les travées de la galerie de 28 portraits de rois et reines de France, de Saint Louis à Henri IV, et la décoration du plafond, avec des scènes mythologiques (ensemble totalement détruit lors de l'incendie de 1661, et connu par de rares dessins préparatoires). Henri Sauval en donne une description admirative dans Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, tome 2, p. 39. Le peintre étend son intervention à la "Salle des Antiques" en 1609[11].
Peut-être vers 1612-1614, il participe à un dernier chantier royal : aux côtés de Gabriel Honnet, Guillaume Dumée et Ambroise Dubois, il réalise les décors du Grand cabinet de la reine-mère au rez-de-chaussée de l'aile sud de la Cour carrée du Louvre, sur le thème de la Jérusalem délivrée du Tasse.
Entre 1608 et 1610, il réalise les peintures du maître-autel de la nouvelle église des Feuillants du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, commandé par Marie de Médicis. Le tableau d'autel représentait L'Assomption de la Vierge (déposé au musée des beaux-arts de Bordeaux dans l'hôtel de ville de Bordeaux en 1803 et détruit par l'incendie du ), et la face arrière de l'autel était ornée d'une représentation du Christ au Jardin des Oliviers également perdue. L'Assomption aurait été volontairement laissée inachevée par l'artiste, de confession protestante et ayant refusé de représenter la Vierge. C'est le peintre Charles de La Fosse qui aurait finalement terminé le tableau à la fin du XVIIe siècle.
Il peint une Pentecôte (perdue) pour le maître-autel de la chapelle de l'Ordre du Saint-Esprit au monastère des Grands Augustins[12].
À son décès il est inhumé au cimetière des Saints-Pères.
Son élève et compatriote tourangeau Claude Vignon (1593-1670), qui le quitta en 1609 pour un séjour en Italie dit de lui « J'ay eu l'honneur de connoistre Jacob Bunel, le plus grand peintre qui fut en Europe, et mesme je me glorifie d'auoir eu de sa bonté les premiers enseignements de peinture. »[13].
Famille
[modifier | modifier le code]- Jean Bunel[14], peintre à Blois. En 1518, il reproduit des écussons aux armes de la ville,
- François Bunel (1525-avant 1580)[15] marié avec Marie Gribbet ;
- François Bunel le Jeune (vers 1552-1599), marié par contrat du , en présence de sa mère, veuve, et de son oncle Philibert Bunel, passé à Tours avec Catherine Guillet, fille de l'orfèvre Louis Guillet et de Marie Benard. Il s'installe alors définitivement à Tours. Il est peintre de la Cour de Navarre au moins depuis 1583, jusqu'en 1589, valet de chambre du roi[16] ;
- Appelles Bunel, baptisé le , mort jeune ;
- Jacques ou Jacob Bunel (1558-1614), marié en 1595 avec Marguerite Bahuche (vers 1561-1632), fille d'Antoine Bahuche[17] (vers 1535-1617), peintre, et de Jeanne Guirault, nièce de Marie Bahuche, fille de son frère Pierre Bahuche, marchnd à Lyon, et de Judith Foubert, mariée en 1616 à Pierre Boulle, tourneur et menuisier du roi[18]. Marguerite Bahuche est la sœur de Marthe Bahuche (morte avant 1615), mariée à Daniel Jumeau, qui a eu deux enfants, Marthe et Daniel Jumeau, auxquels Marguerite Bahuche fait des donations à leur mariage. Sans descendance de sa première union, Marguerite Bahuche se remarie en 1618 avec Paul Galland, receveur des tailles de l'élection de Tours.
- Philibert Bunel.
- François Bunel (1525-avant 1580)[15] marié avec Marie Gribbet ;
Œuvres
[modifier | modifier le code]Peintures
[modifier | modifier le code]Image | Titre | Date | Technique et dimensions | Commentaire | Lieu de conservation | Référence |
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Le Concert | vers 1591 | Huile sur toile 93,5 x 118 cm |
Collection particulière | |||
Le flûtiste | 1591 | Huile sur toile 46 x 36 cm |
Paris, musée du Louvre[19] | |||
Portrait d'Henri IV en Mars | vers 1600 | Huile sur toile 185 x 136 cm |
Peut-être peint comme "dessus-de-cheminée" des appartements royaux du Palais des Tuileries. Autrefois attribué à Ambroise Dubois. | Pau, musée national du château | ||
Henri IV à la bataille d'Arques | Huile sur bois 51,5 x 67 cm |
Pau, musée national du château[20] |
Dessins
[modifier | modifier le code]- Tête d'homme, tourné vers la droite, dessin du Musée du Louvre[21]
- Portrait en pied d'Henri IV, dessin du Musée du Louvre[22]
- Soldat endormi, allongé à terre, dessin du Musée du Louvre[23]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Lafond 1898, p. 580
- Lafond 1898, p. 601
- Notice sur le site Portrait-Renaissance.fr
- Sylvie Béguin, « Pour Jacob Bunel », dans Claude Vignon et son temps, actes du colloque international de l’université de Tours, 28 – 29 janvier 1994, Paris, Klincksieck, 1998, p. 84
- Notice biographique de Marguerite Bahuche sur le site Siefar.org
- Sauval 1724, p. 38
- Sauval a écrit : La gallerie des Rois est la mieux peinte, & la plus accomplie de Paris. Bunel & de Breuil, tous deux excellents Maîtres lui ont donné tous les ornemens qui la font admirer ; chacun en a peint la moitié. Du Breuil a peint la partie la plus proche de l'appartement du Roi, Bunel l'autre, où Porbus a fait le portrait de Marie de Médicis : ils ont tous réussi, & se sont surpassés eux-mêmes (tome 3, p. 20.
- Charles-Philippe de Chennevières-Pointel, « La première Galerie, dite Galerie des peintures », dans Notice historique et descriptive sur la galerie d'Apollon au Louvre, Paris, Pillé fils aîné imprimeur-librairie, (lire en ligne), p. 8-16
- Sauval 1724, p. 507
- Adrien-Léon Lacordaire, « Brevets accordés par les rois Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV à divers artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, orfévres, etc : XXXIII- Robert Picou, peintre de sa majesté (8 octobre 1614) », Archives de l'art français, , p. 190-192 (lire en ligne)
- Sauval 1724, p. 42
- Sauval 1724, p. 724
- Lettre de Claude Vignon à Simon François de Tours (1606- ) citée, sans date, par Jean-Louis Chalmel dans son Histoire de Touraine, 1828, t. IV, p. 154, extrait retranscrit par Auguste Jal
- Si la généalogie des membres de la famille Bunel sont à peu constants suivant les sources consultées, ce n'est pas le cas de leurs parents.
- Bosseboeuf 1909, p. 52
- Paul Raymond, « Notes pour servir à l'histoire des artistes en Béarn : François Bunel », Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, 2e série, t. 3, 1873-1874, p. 133-137 (lire en ligne)
- Antoine Bahuche est cité en 1560 pour la reprise des couleurs de la fontaine de Beaune, à Tours(« Fontaine dite Fontaine de Beaune », notice no IA00071150, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture).
- Archives nationales : Pierre Boulle, tourneur et menuisier du Roi, demeurant à Paris dans les galeries du Louvre, et Marie Bahuche, assistée de Marguerite Bahuche, veuve de Jacob Bunel
- Collections du Musée du Louvre : Jacob Bunel, Le flûtiste
- « Musée national du château de Pau : attribué à Jacob Bunel, Henri IV à la bataille d'Arques », notice no 00000060292, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
- Collections du Louvre : Jacob Bunel, Tête d'homme, tourné vers la droite
- Collections du Louvre : Jacob Bunel, Portrait en pied d'Henri IV
- Collections du Louvre : Jacob Bunel, Soldat endormi, allongé à terre
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Sauval 1724] Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, t. 2, Paris, Chez Charles Moette et Jacques Chardon, (lire en ligne), p. 38, 42, 331, 507, 724
- [Haag 1852] Eugène et Émile Haag, « Bunel (Jacob) », dans La France protestante, ou Vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'histoire depuis les premiers temps de la réformation jusqu'à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l'Assemblée nationale, Paris, Joël Cherbuliez libraire-éditeur, (lire en ligne), p. 80-83
- [Poirson 1867] Auguste Poirson, Histoire du règne de Henri IV, t. 4, Paris, Didier et Cie libraires-éditeurs, , 2e éd. (lire en ligne), p. 526-527, 571, 574-575, 579-584, 587-589, 592-593, 595
- [Dupré 1868] Alexandre Dupré, « Notice sur quelques peintres blésois », Gazette des beaux-arts, t. 25, , p. 265-267 (lire en ligne)
- [Jal 1872] Auguste Jal, « Bunel (Jacob) ?1558-1614 », dans Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques d'après des documents authentiques inédits, Paris, Henri Plon, (lire en ligne), p. 294-295
- [Giraudet 1885] Eugène Giraudet, « Bunel », dans Les artistes tourangeaux : architectes, armuriers, brodeurs, émailleurs, graveurs, orfèvres, peintres, sculpteurs, tapissiers de haute lisse, Tours, Imprimerie Rouillé-Ladevèze, (lire en ligne), p. 52-54
- [Bryan 1886] (en) Michael Bryan, « Bunel, Jacques », dans Dictionary of painters and engravers, biographical and critical, vol. 1 A - K, London, Robert Edmund Graves, (lire en ligne), p. 194-195
- [Lafond 1898] Paul Lafond, « XXXVI- François et Jacob Bunel, peintres de Henri IV », dans Réunion des sociétés savantes des départements salle de l'hémicycle de l'École nationale des beaux-arts du 12 au 16 avril 1898. Section des beaux-arts, Paris, Typographie E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 557-606.
- [Dupin de Saint-André 1902] Armand Dupin de Saint-André, « L'ancienne Église réformée de Tours. Les membres de l'Église », Bulletin historique et littéraire de la Société d'histoire du protestantisme français, vol. 50, , p. 16-17 (lire en ligne)
- [Bosseboeuf 1909] L. Bosseboeuf, « Documents sur les arts en Blésois », dans Réunion des sociétés savantes des départements salle de l'hémicycle, à l'École nationale des beaux-arts, Paris, Typographie Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 50-52
- [Guiffrey 1915] Jules Guiffrey, « Peintres : Jacob Bunel, peintre et valet de chambre du roi », dans Artistes parisiens du XVIe et du XVIIe siècles : donations, contrats de mariage, testaments, inventaires, etc. tirés des insinuations du Châtelet de Paris, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne), p. 81-86
- Frédéric Sichet, « La place du portrait peint d'Henri IV à la petite galerie du Louvre », dans Imaginaire et création artistique à Paris sous l'Ancien Régime (XVIIe – XVIIIe siècles), art, politique, trompe-l'oeil, voyages, spectacles et jardins, Paris, 1998, pp.77-80.
- Sylvie Béguin, « Pour Jacob Bunel », dans Claude Vignon en son temps, Actes du colloque international de l'université de Tours, 28-, Paris, 1998, pp.83–96.
- Sylvie Béguin, « Evidence for the decoration of the Tuileries under Henri IV », dans The Burlington Magazine, , vol.137, n°1106, pp.314-316.
- Idelette Ardouin-Weiss et Hélène Plot-Vagnini, Les familles du peintre Jacob Bunel et de sa femme Marguerite Bahuche de 1517 à 1636, Centre généalogique de Touraine, , 2e éd., 22 p..
- Vladimir Nestorov, Nicolas Baullery (vers 1560 - 1630), enquête sur un peintre parisien à l’aube du Grand Siècle, mémoire de recherche, 2014, École du Louvre (lire en ligne)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives aux beaux-arts :
- « Pierre de Franqueville », notice no 50170002088, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Musée du Louvre : Attribué à Augustin Quesnel, Portrait dit de Jacob Bunel », notice no 000PE002279, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
- D'histoire et d'@rt : Sylvain Kerspern, Revoir Jacob Bunel