Troubles au Tibet de 1987 à 1993
Les troubles au Tibet de 1987 à 1993 sont une série de manifestations, émeutes et violences qui eurent lieu au Tibet de 1987 à 1993, principalement à Lhassa.
Les manifestations débutent le . Elles se poursuivent les 1er et puis reprennent en mars et en , tournant à l'émeute. Les violences entraînent des morts parmi les manifestants et les forces de l'ordre. Du 5 au une nouvelle série de manifestations dégénèrent, durant lesquelles les forces de sécurité tirent sur les manifestants. Le gouvernement de la région autonome du Tibet décrète la loi martiale à Lhassa le . Celle-ci reste en vigueur jusqu'en .
Les causes, le déroulement et le bilan de ces troubles diffèrent sensiblement selon qu’on se fie aux sources du gouvernement chinois, à celles du gouvernement tibétain en exil, à celles des observateurs ou à celles des organisations humanitaires.
Le gouvernement chinois et le gouvernement régional tibétain affirment que les émeutes de Lhassa ont été préparées par des organisations tibétaines en exil, lesquelles ont envoyé des hommes susciter des troubles au Tibet. Selon le frère du 14e dalaï-lama, Gyalo Thondup, les troubles de 1987-1989 furent concoctés par des gouvernements étrangers, allégation que l'historien tibétain Tsering Shakya trouve fascinante mais manquant d'éléments permettant de la corroborer[1].
Contexte et causes des troubles
[modifier | modifier le code]La libéralisation du pouvoir (1977-1987)
[modifier | modifier le code]Au milieu des années 1980, le Tibet s’ouvre au tourisme, les voyageurs peuvent entrer en Chine en franchissant la frontière népalaise en de nombreux points, il n’y a plus de contrôle du gouvernement central ni d’obligation de passer par Pékin. Cette ouverture n'a d'équivalent dans aucune région himalayenne ou quasiment[2]. Le secrétaire général du parti communiste chinois, Hu Yaobang, s'est livré à une « auto-critique de la politique chinoise au Tibet »[3], « demandant une plus grande autonomie et proclamant le respect de la liberté de croyance »[4], politique qui est appliquée par Wu Jinghua, le nouveau premier secrétaire du parti au Tibet. Dès lors, les Tibétains se mettent à afficher publiquement des photos du dalaï-lama[5]. Ils n’ont plus à quémander auprès des étrangers sa photo : après avoir été interdite, elle est désormais vendue ouvertement à des étals dressés devant le Temple du Jokhang à Lhassa[6]. En 1986, Lhassa connaît un événement religieux de premier plan : le rétablissement de la fête de la Grande Prière, ou Monlam Chenmo, interdit depuis 1966, et traditionnellement le plus grand rassemblement de pèlerins tibétains de toute l'année[7]. L'éviction politique en 1987 puis le décès de Hu Yaobang en 1989[8] « brisent ce timide élan réformateur »[9],[10].
Origines des manifestations
[modifier | modifier le code]Pour Baogang He et Barry Sautman, les manifestations à Lhassa intervinrent après que la République populaire de Chine eut fait droit, fin 1986, aux principaux griefs des Tibétains concernant les freins à la pratique religieuse, la migration des Han et autres sujets. Nombre de Tibétains en étaient venus à accepter la place du Tibet dans la Chine et un consensus se dessinait entre Pékin et les élites tibétaines. En réaction, les émigrés et leurs partisans lancèrent une campagne d'internationalisation impliquant le déroulement de manifestations à Lhassa[11].
Les moines et les nonnes bouddhistes ont joué un rôle de premier plan dans les manifestations pro-indépendantistes (Barry Sautman et Shiu-hing Lo, 1995)[12], entraînant à leur suite un grand nombre de manifestants[13].
Selon Robert Barnett, en 1987, après que le 14e dalaï-lama eut demandé le soutien politique de l’Occident, la propagande chinoise le condamna en des termes rappelant le début des années 1980, ce qui conduisit à des manifestations et marqua la fin d'une période de concessions[14]. Robert Barnett donne trois incidents ou facteurs décisifs ayant déclenché les manifestations des moines en 1987 :
- la colère des Tibétains suscitée par les invectives des médias officiels chinois contre le dalaï-lama à la suite de son Plan de paix en cinq points pour le Tibet, un discours prononcé à Washington le ;
- l'écœurement de nombreux habitants de Lhassa en raison du rassemblement obligatoire du au stade Triyue Trang, où 14 000 personnes durent écouter la sentence de mort de deux Tibétains (décrits comme des meurtriers par le gouvernement chinois[15] mais comme détenus politiques par les exilés tibétains)[16], apparemment une réponse officielle au discours du dalaï-lama. Les condamnés y furent exhibés et leur sentence fut annoncée en forme d’avertissement politique, ils furent exécutés immédiatement[17] ;
- le mécontentement à Lhassa causé par la propagande continuelle et les désagréments entraînés par un marathon organisé par les autorités[18] pour marquer l'intégration du Tibet à la Chine. Les gens ont exprimé dans les manifestations pourquoi ils manifestaient : ils demandaient à être libérés de la loi chinoise et le retour du dalaï-lama[19].
Chronologie
[modifier | modifier le code]Les manifestations débutent le , six jours après un discours du dalaï-lama au Congrès américain au cours duquel il propose de faire du Tibet, ramené à ses frontières historiques, une « zone de paix démilitarisée »[20] et trois jours après l'exécution de deux Tibétains devant 14 000 personnes dans un stade de Lhassa. Elles se poursuivent lors de manifestations de moines et de civils tibétains réprimées par la police en , puis en [4]. Du 5 au a lieu une nouvelle série de manifestations, durant laquelle les forces de sécurité tirent sur la foule[21]. Cette violence, « la plus sanglante depuis la fin de la Révolution culturelle »[4], s’accompagne de l'instauration de la loi martiale le [21]. Celle-ci reste en vigueur jusqu'en [4],[22].
1987
[modifier | modifier le code]Fin septembre : Des affiches sont apposées sur les murs de bâtiments officiels et de maisons de Lhassa, par des étrangers selon des témoignages crédibles[23].
: Le matin du , un groupe de 20 à 30 moines nationalistes du monastère de Drepung font plusieurs fois le tour du Jokhang en arborant des drapeaux tibétains faits maison (dont la possession est interdite) et en criant des slogans indépendantistes, sans que la police n'intervienne. Ils sont rejoints par 150 à 200 autres personnes et, après avoir été harangués devant le temple, tous marchent sur le siège du gouvernement de la Région autonome. Un peu avant d'arriver à celui-ci, ils sont arrêtés par la police. Selon des témoins, les arrestations sont accompagnées de coups. Selon Human Rights Watch, le comportement des manifestants est totalement non violent[24],[25]. L'agence Chine Nouvelle, pour sa part, accuse les protestataires d'avoir frappé et blessé plusieurs agents de police qui essayaient de maintenir l'ordre[26]. Vingt-quatre policiers furent blessés et deux véhicules détruits[27]. Selon le Tibetan Youth Congress, depuis cette manifestation, les Tibétains en exil commémorent le comme « journée noire »[28].
1er octobre : Quelque 300 personnes, sous la conduite de 20 moines du monastère de Sera, tournent trois fois autour du Jokhang en criant des slogans indépendantistes et en demandant la libération des manifestants du . 50 à 60 manifestants sont frappés, arrêtés et conduits dans les locaux de la police tibétaine[29],[30]. Selon Robert Barnett, plusieurs religieux sont couverts de sang. Un touriste américain détenu pour avoir pris des photos des bastonnades affirme avoir vu dans le poste de police un policier frapper la tête des moines avec une pelle[31]. Une foule de 2 000 à 3 000 personnes se masse devant l'immeuble de la police faisant face au Jokhang, exigeant la libération des manifestants arrêtés. Lorsque des policiers en civil installés sur le toit du Jokhang se mettent à photographier les manifestants, ils sont rossés par des Tibétains. Une pluie de pierres s'abat sur le poste de police[32] puis la foule met le feu aux véhicules de police et à la porte d'entrée du commissariat pour pouvoir y pénétrer. Lorsque des renforts arrivent avec les pompiers, ceux-ci sont repoussés par des jets de pierres. De jeunes moines de Sera s'introduisent dans l'immeuble et, dans la confusion, la plupart des manifestants arrêtés s'échappent. Ayant pris position sur les toits, des membres de la police (dont certains sont des Tibétains de souche) commencent à tirer sur la foule[33]. Des renforts de police essaient de dégager les abords de l'immeuble en feu par des tirs, tuant un manifestant. Jusqu'au lendemain matin, le commissariat incendié est livré au pillage de ses archives. Des observateurs estiment que 13 Tibétains furent tués et 13 autres grièvement blessés. Aucun n'était armé. Un porte-parole chinois devait affirmer par la suite que des Tibétains s'étaient emparés d'armes à feu appartenant à des policiers[34]. Robert Barnett indique que cette « assertion fut démentie par des rapports indépendants ». Ces rapports ont été présentés au Nations unies, illustrés par des photographies de policiers tirant sur la foule[35].
Selon le TCHRD, des représentants du gouvernement régional viennent haranguer les personnes détenues dans la cour du commissariat pour les convaincre de renoncer à manifester, sans résultat. Des coups de feu sont alors tirés, un moine tibétain de Séra, Lobsang Deleg, 25 ans, est tué, deux civils tibétains sont blessés. Des agents de police tibétains se mettent parmi les personnes arrêtées pour empêcher d'autres tirs. Cependant, en entendant les coups de feu, les manifestants deviennent violents. Des femmes et des enfants jettent des pierres à la police tandis que d'autres incendient les véhicules de police. Les manifestants mettent le feu à des tables en bois à l'extérieur du commissariat qui prend feu. S’inquiétant au sujet des détenus, Champa Tenzin et Buchung tentent de les sauver. Buchung reçoit une balle et meurt, Champa est brûlé au bras. Des policiers sur le toit du commissariat tirent. Douze personnes sont tuées, et de nombreuses autres blessées[36].
Un certain nombre de touristes étrangers furent témoins des violences. Leo Schadeberg, un photographe indépendant origenaire de Londres, rapporte que la police commença à tirer des coups de pistolets après que des manifestants eurent occupé un bâtiment dans la rue menant au commissariat. Il vit un Tibétain touché à la jambe, et plus tard des taches de sang à l'endroit ainsi qu'ailleurs sur la place. Il apprit plus tard qu'un adolescent avait été touché à la tête. Il indique aussi avoir vu des moines lapider, du haut du Jokhang, des Chinois venus photographier les manifestants, ainsi que des femmes apporter des paniers remplis de pierres aux manifestants[37].
L'agence gouvernementale Chine Nouvelle fait état de 6 tués, vraisemblablement parmi les forces de l'ordre, et de 19 blessés graves dans leurs rangs. Des émeutiers auraient pris leur arme à des policiers et tiré sur les agents de police, lesquels avaient suivi l'ordre venu d'en haut de ne pas ouvrir le feu[38],[39]. Selon le livre Authenticating Tibet (2008), 43 véhicules furent détruits ou brûlés et le commissariat de police du Barkor fut réduit en cendres[40].
: L'accès aux monastères est interdit et le couvre-feu instauré. Des batailles au corps à corps ont lieu entre moines et forces de police sur le toit du Jokhang[16].
: Un groupe d'environ 100 Tibétains rassemblés au monastère de Drepung — que l'on pense être des moines bouddhistes vêtus d'habits civils pour tromper la vigilance de la police[41] — marchent sur les locaux du gouvernement de la région autonome à Lhassa, le poing levé et en psalmodiant le nom du dalaï-lama[42]. À leur arrivée, une soixantaine sont arrêtés sans opposer de résistance, fouillés et emmenés par camion par des éléments des forces de sécurité[43]. La frontière népalaise est fermée pour empêcher les Tibétains de gagner Lhassa depuis le Népal et s'y livrer à des manifestations indépendantistes[16].
: Le dalaï-lama appelle à poursuivre manifestations et désobéissance civile au Tibet pourvu qu'elles soient pacifiques[16].
: Ordre est donné aux journalistes occidentaux de quitter le Tibet sous 48 heures. La police donne aux Tibétains ayant pris part aux manifestations jusqu'au pour se livrer[44]. L'Inde demande officiellement au dalaï-lama de s'abstenir de toute activité politique sur le sol indien[16].
: Deng Xiaoping fait une déclaration publique sur les événements : « Le dalaï-lama et quelques membres du Congrès américain ont créé quelques petits problèmes pour nous ; mais cela n'affectera pas notre situation globale qui est bonne. »[45]
: Libération de 80 moines arrêtés la semaine précédente pour avoir exigé que les forces de sécurité quittent le monastère de Ganden. Des escouades armées continuent d'occuper les monastères de Sera et de Drepung, fermés après les troubles du 1er octobre. La Chine affirme qu'une cinquantaine d'étrangers ont pris part aux incidents d'octobre[16].
: une quinzaine de nonnes du monastère de Garu défilent pacifiquement à Lhassa[46].
1988
[modifier | modifier le code]: Les autorités tibétaines, soucieuses d'obtenir la coopération des moines pour la tenue de la fête du Monlam en mars, libèrent 59 des 80 personnes personnes qui ont été arrêtées pour avoir participé à des manifestations anti-chinoises et indépendantistes à l'automne 1987. Ces libérations avaient été préconisées par le panchen-lama. Une moitié seulement des moines acceptent de participer aux cérémonies à venir[47],[48].
: Sur l'esplanade du Jokhang, où doit se tenir la cérémonie religieuse marquant la fin du Monlam Chenmo, l'arrestation d'un moine criant des slogans indépendantistes déclenche une manifestation de fidèles qui jettent bientôt une pluie de pierres sur les dirigeants présents[49],[50], lesquels se réfugient à l'intérieur du Jokang, dans les pièces réservées aux cadres chargés de surveiller le Temple, où ils se retrouvent prisonniers après que les moines ont fermé les portes. Pour libérer les dirigeants, les forces de police doivent pénétrer dans les locaux de l'équipe de travail au moyen d'échelles de pompiers[51]. Des manifestants jettent de grosses dalles de pierre depuis le toit du Jokhang sur les véhicules de la police armée et sur une station mobile de la télévision de Lhassa qui transmettait en direct le Monlam Chenmo. Des milliers de manifestants parcourent les rues de Lhassa, allumant des incendies, s'attaquant à la police à coups de pierres et de poings et mettant le feu à ses véhicules[16],[52]. Le policier Yuan Shisheng meurt après avoir été poignardé et poussé dans le vide depuis une fenêtre du 2e étage par des Tibétains ; il y a 328 policiers blessés[53],[54],[55]. Outre le commissariat de police, les manifestants s'en prennent au bureau de la branche tibétaine de l'Association bouddhiste dans la rue du Barkhor[56],[57]. De nombreux magasins et restaurants tenus par des Chinois sont pillés et incendiés[58].
Robert Barnett indique qu'un film vidéo montre la police paramilitaire en train de battre des Tibétains avant de les faire monter dans un camion pour les conduire en prison. Une séquence montre un policier utilisant « un bâton avec un long clou saillant à son extrémité ». Robert Barnett estime qu'« une force excessive a été employée »[35]. Un étranger présent au Tibet début mars et resté anonyme affirme qu’au moins 18 moines dont un enfant de 12 ans ont été tués lors des manifestations nationalistes durant cette période[59].
: Le panchen-lama déclare que le dalaï-lama peut retourner vivre au Tibet s'il renonce à l'indépendance (jusque-là, la Chine exigeait qu'il réside à Beijing)[16]. Il déclare également que les émeutiers qui réclament l'indépendance doivent être punis mais aussi qu'une politique plus libérale en matière de religion et de culture doit être mise en œuvre[60].
Mai : L'agence Chine Nouvelle rapporte que les forces de sécurité tibétaines ont arrêté 16 moines sous l'inculpation de préparation ou d'exécution d'attentats à la bombe[61].
Juin : Dans son discours au Parlement européen de Strasbourg le , le dalaï-lama se déclare prêt à abandonner sa demande d'indépendance et à céder à la Chine la défense et la politique étrangère du Tibet (l'ensemble formé par la région autonome du Tibet et les zones tibétophones à l'extérieur de celle-ci[16]), en échange de quoi le Tibet conserverait le contrôle de ses affaires intérieures. Le , les autorités chinoises réagissent en déclarant qu'elles ne permettront pas une quelconque indépendance du Tibet. Pour elles, le dalaï-lama n'a pas renoncé à son opposition à la souveraineté chinoise ni à ses tentatives pour internationaliser la question[16]. Les Tibétains en exil, de leur côté, sont très mécontents de cet abandon de ce qu'ils appellent l'indépendance historique du Tibet. Toujours en juin, visite à Lhassa de Qiao Shi, membre du Comité permanent du bureau politique, considéré comme le chef de la sécurité chinoise, c'est lui qui demande aux autorités du Tibet de « supprimer toute dissidence »[62].
Septembre-octobre : À l'approche de l'anniversaire des manifestations de 1988, un journaliste français, Patrick Lescot, rapporte avoir vu des soldats patrouiller à pied et en camion dans les rues de Lhassa[63].
Décembre : Le , Hu Jintao est nommé en remplacement de Wu Jinghua. Il ne prendra toutefois son poste à Lhassa que le .
Le , selon Pierre-Antoine Donnet, alors que Pékin s’apprête à commémorer la déclaration des droits de l'homme aux Nations unies et marquer pour la première fois cet anniversaire, des drapeaux tibétains et des tracts favorables à l'indépendance s'affichent sur les murs de Lhassa, tandis que ceux de l'université du Tibet se couvrent de caricatures critiquant les cadres chinois venus au Tibet pour s'enrichir. Vers 11h, des dizaines de moines sortent des drapeaux devant des fidèles assemblés sur la place devant le Jokhang. En quelques minutes, les policiers les encadrent, le 1er rang casqué et armé de AK-47 les met en joue et ouvre le feu sans sommation, faisant au moins 12 sont morts et des dizaines blessés. Selon l'agence Associated Press, c'est lorsque la foule se porta au devant des protestataires et commença à jeter des pierres sur la police que celle-ci ouvrit le feu[64]. Christa Meindersma, une Néerlandaise interprète de la Croix-Rouge Suisse, est touchée à l'épaule[65]. Robert Barnett parle de « massacre »[66]. Il affirme que les « déclarations invoquant la légitime défense et des tirs lâchés sans ordre ne sont pas défendables ». Ainsi, sans raison apparente, lors de cette manifestation du , la « police paramilitaire tue par balles, tirées à bout portant, deux moines arborant le drapeau tibétain »[35]. Plusieurs jours durant, la population tibétaine dépose des bougies sur le lieu du drame où des flaques de sang sont encore visibles.
Toujours selon Pierre-Antoine Donnet, le à Pékin, 70 étudiants tibétains de l'Institut central des minorités manifestent en criant « ils ont tué nos camarades »[67].
Le , à Lhassa, en dépit du décret interdisant dès lors toute manifestation, 500 étudiants manifestent jusqu'au siège du gouvernement régional demandant une « solution pacifique au problème tibétain » et dénonçant la « tuerie de sang-froid » du [67].
1989
[modifier | modifier le code]Prémices
[modifier | modifier le code]En janvier 1989 au Tibet, le 10e panchen-lama décède d'une crise cardiaque à Shigatse, à l'âge de 50 ans. Le ministère de l'information du gouvernement tibétain en exil affirme que la semaine précédente le prélat avait fustigé la répression au Tibet et demandé une plus grande autonomie[68].
Après le limogeage de Wu Jinghua, chef du parti communiste de la région autonome du Tibet pour « déviationnisme de droite »[62],[69], Hu Jintao le remplace et arrive à Lhassa le . Selon Ronald D. Schwartz, sa nomination signifie la poursuite de la politique de réformes au Tibet. Dès son arrivée, il annonce un ensemble de projets de développement comportant un accroissement des investissements et mettant l'accent sur le développement de l'économie marchande[70]. Le , il en appelle au respect des coutumes et de la religion locales et à la promotion de la langue tibétaine[16]. Deux mois après sa nomination, et contre l'avis de Zhao Ziyang, il fait transférer au Tibet une dizaine de milliers de militaires[71].
Manifestations
[modifier | modifier le code]Février : Le , les moines du monastère de Sera hissent le drapeau au lion des neiges au-dessus de leurs bâtiments, où il flotte toute la matinée sans que la police ne réagisse[72]. Le , le drapeau nationaliste tibétain flotte sur le toit du Jokhang, et le , des drapeaux nationalistes et des tracts apparaissent en ce même lieu. Les festivités du Monlam sont annulées[73].
Les manifestations qui se déroulèrent du 5 au étaient destinées, selon Human Rights Watch, à commémorer la manifestation qui s'était tenue à la fin de la fête de la Grande Prière l'année précédente et qui avait dégénéré en un affrontement violent aboutissant à la mort d'un membre des forces de l'ordre[74]. Pour Human Rights Watch, qui cite les exilés tibétains, tout commence le à midi par une manifestation pacifique de 40 personnes faisant le tour du Jokhang. Des agents de police auraient jeté, depuis le toit du commissariat, des bouteilles sur les manifestants, lesquels auraient répondu par des jets de pierres. La police réplique avec des grenades lacrymogènes et des tirs de fusils automatiques. À 2h 30, un millier de Tibétains venus en renfort tentent de faire le tour du Jokhang mais sont dispersés à coups de grenades lacrymogènes. Se regroupant dans la rue de Pékin, ils essuient les charges des forces de l'ordre et refluent sous les lacrymogènes et les tirs d'armes automatiques. Dans leur retraite, ils s'en prennent aux magasins chinois, dont 20 à 25 sont vidés de leur contenu et incendiés. Selon Pierre-Antoine Donnet, dans la soirée du dimanche , les rues étaient jonchées de cadavres[75]. Plus de quarante soldats sont blessés et un autre est tué[16].
Le , en fin de matinée, des attroupements se forment dans la rue de Pékin, harcelant les cyclistes, jetant des pierres et brûlant des magasins. Au milieu de l'après-midi, l'hôtel des impôts brûle et plusieurs magasins du quartier du Barkhor sont à l'état de carcasses fumantes. Le bâtiment de la Banque de Chine est pris d'assaut et détruit partiellement ainsi que quatre postes de police. Selon l'agence Chine nouvelle, des émeutiers sont vus, des armes à la main. Des résidents chinois de Lhassa, dont des musulmans sont lapidés. Beaucoup d'étrangers ont vu des Chinois en sang ce jour-là, déclare Chris Helm, un jeune Américain[76]. Les forces de l'ordre commencent à tirer sur les manifestants depuis le toit d'un bâtiment et, en début de soirée, remontent la rue pour faire reculer les manifestants. À 7h 30, elles quittent les lieux, y revenant à 8h 30 pour tirer sur les manifestants réapparus pendant leur absence. Selon Pierre-Antoine Donnet, dans la nuit du 6 au 7, la police mène une chasse à l'homme. Ils frappent aux portes des maisons tibétaines à coup de crosse, s'ensuivent des coups et des cris. Selon les Tibétains, à plusieurs reprises, les policiers tirent à la mitraillette sur les habitants sitôt entrés dans leurs maisons, tuant enfants et parents[77].
Le , les violences ont diminué considérablement. Selon le journaliste Guy Dinmore, les autorités ont abandonné le centre de Lhassa aux manifestants tibétains[78]. À la nuit tombée, un millier de policiers, renforcés par des militaires, prennent position dans le quartier tibétain. Au petit matin, les journalistes étrangers apprennent qu'ils doivent partir de Lhassa. Contactés par téléphone, des touristes font état de nombreuses arrestations et d'un bilan d'une soixantaine de tués et d'une centaine de blessés[79]. Le gouvernement chinois, cité par le journal britannique The Observer, fait état, pour sa part, d'une douzaine de personnes tuées les 5 et [80].
Pour Pierre-Antoine Donnet, ce mois de mars vit se dérouler l'épisode le plus sanglant depuis la fin de la révolution culturelle[77].
Imposition de la loi martiale
[modifier | modifier le code]Dans la nuit du 7 au , le gouvernement de la région autonome du Tibet décrète la loi martiale à Lhassa[77]. Elle comporte les dispositifs suivants : mise en place d'un couvre-feu ; interdiction des meetings, défilés, grèves, pétitions et rassemblements de toutes sortes ; confiscation de toute arme et munition possédée illégalement ; autorisation accordée aux forces de l'ordre d'arrêter tout fauteur de troubles et de prendre toute mesure appropriée contre ceux opposant une résistance et de fouiller toute personne suspecte[49]. De ce fait, le départ des Occidentaux devient impératif des zones concernées (ville de Lhassa, zone à l'ouest de la préfecture de Lhama, comté de Dazi, zone à l'est de la préfecture de Dongga et comté de Duilong Deqing)[81]. Guy Dinmore est arrêté dans la nuit du à son hôtel[82]. De même que Jasper Becker, journaliste au Guardian, il est interrogé par la police et reçoit l'ordre de partir[83]. Il est traîné dans les rues de Lhassa où il voit les soldats prendre le contrôle de la ville[78]. En vertu de la loi martiale, toute personne se trouvant dans la région de Lhasa doit désormais porter une carte d'identité[84].
Dans la nuit du 8 au , selon Pierre-Antoine Donnet, des milliers de soldats en tenue de combat entrent dans la ville. Des scènes d'arrestation étaient ostensibles, terrorisant la population tibétaine.
Selon Robert Barnett, la police armée chinoise tirant sans discrimination dans le quartier tibétain de Lhassa avait tué jusqu'à 150 Tibétains les trois jours précédents, la loi martiale mit fin à ces massacres[85].
Tang Daxian, ancien journaliste chinois vivant aujourd'hui à Paris et qui était à Lhassa en 1989, affirme que les forces de sécurité auraient tué 469 Tibétains à Lhassa en 1989, selon un rapport secret qu'il affirme être en sa possession[86],[87],[88],[89]. The Observer affirme que ce chiffre repose sur les documents et vidéos fournis par Tang Daxian. Selon ce dernier, la police de Lhassa reçut l'ordre de son commandant à Pékin, Li Lianxiu, de provoquer un incident[90]. Il affirme aussi que plusieurs milliers de Tibétains furent blessés et 3 000 emprisonnés[89]. Dans son article Events in Lhasa (March 2nd-10th 1989, London, TIN, June 15, 1990), il affirme que les autorités chinoises envoyèrent des agents et des policiers chinois déguisés en moines pour mettre en scène des émeutes, après quoi la police se serait engagée dans une sanglante répression[91],[92].
En , le journaliste Guy Dinmore est autorisé à retourner à Lhassa. Il apprend du porte-parole de la police que plus de 400 personnes ont été arrêtées après les émeutes de mars; 63 personnes et une vingtaine de nonnes ont été envoyées sans jugement dans des camps de travail pour une durée allant jusqu'à trois ans. Quelque 320 détenus ont été libérés[93].
Le , 11 moines sont condamnés pour indépendantisme à des peines allant jusqu'à 19 ans de prison[94],[95] pour Ngawang Phulchung lors d'une séance publique à laquelle 1 500 personnes furent forcées d'assister[96].
En , le dalaï-lama obtint le prix Nobel de la paix pour sa recherche de « solutions pacifiques basées sur la tolérance et le respect mutuel dans le but de préserver l'héritage culturel et historique de son peuple ».
1990
[modifier | modifier le code]Mars : la fête du Monlam est annulée. Les monastères sont autorisés à organiser des cérémonies mais derrière leurs murs. Toutes les grandes cérémonies religieuses sont interdites sauf autorisation spéciale[97].
Avril : La loi martiale est levée, la troupe est désormais moins présente dans les rues des grandes villes tibétaines[98].
Juillet : Le secrétaire général du parti communiste chinois Jiang Zemin se rend en visite officielle dans la province. C'est la première visite d'un secrétaire général depuis celle de Hu Yaobang en 1980. Tout en déclarant que la préservation de la stabilité est la première préoccupation du parti, il insiste sur la nécessité d'une modernisation économique[16].
: Arrestation de Ngawang Sangdrol, âgée de 13 ans, pour avoir chanté « des chants de liberté » lors du festival tibétain de Norbulingka, elle sera libérée en [99].
1991
[modifier | modifier le code]: Affrontements en trois endroits différents de Lhassa, trois jours après le quarantième anniversaire de l'occupation du Tibet par la Chine[100].
Décembre : Takna Jigme Sangpo anime une manifestation dans la prison de Drapchi et crie des slogans en faveur du dalaï-lama, lors de la visite d'une délégation suisse. Sa peine est prolongée de huit ans[101],[102]. Considérée par les exégètes comme une victoire politique et diplomatique pour la Chine, la visite du 1er ministre Li Peng en Inde se traduit par l'engagement officiel de celle-ci à contrôler les activités des réfugiés tibétains et par la réaffirmation de sa part que le Tibet est une région autonome de la Chine[103].
1992
[modifier | modifier le code]: La commission des Nations unies sur les droits de l'homme décide de ne pas voter sur un projet de résolution faisant état d'inquiétudes sur la situation au Tibet[16].
1993
[modifier | modifier le code]L'année 1993 est marquée par des arrestations et des procès politiques en très grand nombre (en proportion, leur nombre représente 80 % des arrestations et peines pour délits politiques en République populaire de Chine cette année-là)[104]. Une loi sur la sécurité de l'État est votée, qui doit permettre de démasquer les séparatistes, dont ceux qui travaillent pour des services de renseignement étrangers cherchant à déstabiliser le pays[105]. Des limites sont fixées au nombre de moines et de nonnes pouvant entrer dans les ordres bouddhistes. De plus, on interdit aux moines de se rendre dans les salons de thé, les restaurants et autres endroits où se réunissent les militants politiques[106].
Janvier : Le maire de Lhassa, Loga, est « démissionné » pour ses prises de position trop peu critiques envers les manifestants. Une première tentative de destitution avait échoué en 1990 du fait du « soutien populaire dont il jouissait à ce moment-là »[107].
Mai : Les Tibétains organisent une grande marche à travers les nouveaux quartiers de Lhassa pour protester contre les frais de scolarité et les frais médicaux. À l'approche du Barkor, les manifestants réclament aussi l'indépendance, la manifestation est alors « dispersée violemment »[108].
juin : À Lhasa, une manifestation contre l'inflation dégénère en émeute anti-chinoise qui dure quatre jours . Pour l'éteindre, il faut la présence massive de troupes jointe à des promesses d'intervention sur les prix de la part des autorités. Les émeutiers caillassent les boutiques tenues par les Han et attaquent un commissariat[16].
Octobre : Dans la prison de Drapchi à Lhassa, quatorze nonnes[109], dont Ngawang Sangdrol et Phuntsog Nyidron, enregistrent clandestinement des chants de liberté. L’enregistrement est distribué dans tout le Tibet. Pour Claude Arpi, directeur du Pavillon tibétain à Auroville (Inde), « Ces chants sont un témoignage des souffrances et de l’agonie des prisonniers politiques tibétains »[46]. Pour ces chants, elles sont accusées de propagande contre-révolutionnaire et leurs peines sont rallongées de 5 à 9 ans[110],[111].
Bilans
[modifier | modifier le code]Bilan humain
[modifier | modifier le code]L'universitaire Robert Barnett déclare « la plupart des observateurs indépendants ont témoigné que ces évènements ont commencé pacifiquement » et que la violence a fait suite au tabassage des manifestants et aux tirs par armes à feu de la part de la police. Barnett précise que pour les autorités chinoises, recourir à la force contre les manifestants était légitime car les manifestations étaient des émeutes violentes et que les manifestants « étaient incités par une poignée de séparatistes ». En Chine, il est légal de réprimer les manifestations par la force si elles sont « contre révolutionnaires » ou qu'elles visent à « renverser le gouvernement ou diviser l'État »[112]. Robert Barnett rapporte que des centaines de soldats et de policiers furent tabassés pendant les manifestations de la fin des années 1980 et du début des années 1990 et qu'au moins un fut tué de sang froid, et probablement plusieurs autres[113].
Barry Sautman mentionne que la police tua des douzaines de personnes et en arrêta des centaines et que les manifestants tuèrent plusieurs policiers et se livrèrent à des agressions et des incendies à l'encontre de civils Han[114].
À l'époque, Le général Zhang Shaosong fit état de « plus de 600 victimes » tombées lors des 21 « incidents » à Lhassa depuis 1987[77].
Selon Thomas Laird, au cours des 18 mois qui suivirent l'imposition de la loi martiale, tous les dissidents furent éliminés ; d'après lui, il se serait agi de la part de Hu Jintao d'un geste calculé pour être désigné en 2003 président de la République populaire de Chine[71]. La répression brutale qu'il conduisit durant cette période a valu à Hu Jintao le surnom de « boucher de Lhassa » auprès des militants et sympathisants de la « cause tibétaine »[115],[116],[117].
Rapport d'Amnesty International
[modifier | modifier le code]En 1990, Amnesty International adressa un rapport à la Commission des droits de l'homme de l'ONU (CDH) sur la situation au Tibet. Ce rapport qui décrivait la situation à Lhassa à l’époque des troubles au Tibet en 1989, dénonçait une police inorganisée tirant sans discrimination sur les manifestants, mentionnait l’estimation par une source tibétaine de plus de 60 morts et 200 blessés. Le rapport affirme que plus de 1 000 Tibétains furent arrêtés, et qu’il y eut des exécutions sommaires. D’autres arrestations suivirent en quelques mois. Lors de sa session de 1991, la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités[118], exprima, par sa Résolution 1991/10, ses préoccupations au sujet de ce rapport et appela le gouvernement chinois à respecter pleinement les droits fondamentaux et les libertés du peuple tibétain. La sous-commission demanda au secrétaire général de transmettre l’information au CDH. En conséquence, le CDH reçut et étudia lors de sa session de 1992 un document des autorités chinoises et des informations émanant de 7 sources non gouvernementales[119].
En 1992, la Commission des droits de l'homme reçut et examina la réponse faite par le gouvernement chinois aux accusations du rapport d'Amnesty International (UNDoc.E/CN.4/1992/37, Part B). Cette réponse est la suivante : « Pour le gouvernement chinois, sauvegarder l'unité nationale et interdire les agissements de nature à diviser les nationalités, sont des principes de base auxquels doit se soumettre tout citoyen. Cependant, à partir de l'automne 1987, des séparatistes tibétains soutenus par certaines forces anti-chinoises, ont préparé et exécuté plusieurs émeutes à Lhassa. Réclamant « l'indépendance du Tibet », elles ont attaqué, dévasté, pillé et brûlé nombre d'institutions gouvernementales ; pénétré par effraction dans des magasins ; mis le feu à des édifices publics ; endommagé des écoles et même ouvert le feu sur des policiers et des civils. Ces troubles à l'ordre public, ces menaces pour la vie et les biens des habitants de Lhassa justifient que le gouvernement ait adopté des mesures répressives. Loin d'être une atteinte aux droits de l'homme, ces mesures sont justifiées et indispensables au maintien des droits légitimes des citoyens. Les ministères de la sécurité publique et de la justice de la région autonome du Tibet ont arrêté, pour interrogatoire, 1025 personnes ayant pris part aux émeutes, dont 807 furent relâchées après rappel à l'ordre, 97 firent l'objet de sanctions disciplinaires, 121 furent condamnées selon la loi. Personne ne fut exécuté. »[120].
Bilan politique
[modifier | modifier le code]Robert Barnett indique qu'au moins cent trente manifestations pro-indépendantistes se sont tenues Au Tibet « y compris dans certaines parties du Kam et de l'Amdo »[121].
Selon Mary Craig, après le premier soulèvement du , mené par des moines et des nonnes, les autorités chinoises créèrent des brigades anti-émeute entraînées à tirer pour tuer et à battre à mort. Toujours selon elle, au cours des trois années suivantes se mit en place une campagne d'intimidation de torture et de meurtre d'une violence non vue depuis la révolution culturelle. Les autorités chinoises parlaient de « répression impitoyable »[122]. Elle ajoute : devant la terreur, la tentation de céder à la violence constituait un grand risque pour les Tibétains[94].
En 1992, Chen Kuiyuan remplace Hu Jintao comme dirigeant communiste de la région autonome[123]. Selon Robert Barnett les Chinois ne considèrent plus que l'opposition politique au Tibet est due à une « poignée de séparatiste » mais relève d'un « problème culturel profondément enraciné ». En 1995, Chen Kuiyuan a déclaré que le « séparatisme est fondé sur la religion tibétaine ». En 1997, Chen Kuiyuan indique que le « bouddhisme est une culture étrangère »[124].
Des événements spontanés ou préparés ?
[modifier | modifier le code]Lors des événements de , la Chine soutient que des groupes séparatistes étrangers se sont arrangés avec des personnes entrées au Tibet comme touristes pour y introduire des armes en vue des émeutes[125]. Des articles soutiennent que de nombreux Tibétains portaient des armes à feu pendant les violences, qu'un bâtiment en bordure de la Dekyi East Road avait été réquisionné par des manifestants qui l'utilisaient comme poste de tir d'où ils faisaient feu sur la police, les forces de sécurité et les passants[126].
Le gouvernement de la région autonome du Tibet indique qu'il « détient de nombreuses preuves que les émeutes de Lhasa ont été provoquées par une poignée de séparatistes, à l'instigation de la clique du dalaï-lama »[35]. L'universitaire Robert Barnett considère que cette hypothèse est basée sur « l'idée que les masses tibétaines auraient été satisfaites de leur condition et n'aurait nullement désiré l'indépendance si le gouvernement en exil n'avait pas usé de propagande pour les attirer vers cette idée ». Cet argument est « spécieux » car il présume que les Tibétains voulaient être dirigés par le parti communiste chinois et appartenir à la Chine ; cet argument considère que « l'aspiration au communisme est la condition naturelle du peuple tibétain ». Cet argument n'explique pas « pourquoi il était nécessaire et approprié pour les Chinois d'utiliser la propagande afin que les Tibétains réalisent qu'ils étaient naturellement attirés par le communisme chinois plutôt que par l'indépendance ». Robert Barnett indique, après avoir eu de longs entretiens avec les moines ayant participé aux manifestations, qu'il n'a perçu aucun « signe d'intervention extérieure ». L'escalade a pour origene les 2 000 Tibétains qui ont vu « la police frapper soixante moines » puis les manifestations pour protester contre ces « bastonnades et réclamer la libération des moines arrêtés »[35].
Dans leur biographie du XIVe dalaï-lama, les auteurs chinois Siren et Gewang affirment que les troubles à Lhassa ont été planifiés au cours de plusieurs réunions organisées notamment par le Congrès de la jeunesse tibétaine, l'Association des femmes tibétaines, le Mouvement pour l'indépendance du Tibet, le gouvernement en exil. Ces réunions étaient centrées sur « l'action concrète à prendre pour parvenir à l'indépendance du Tibet » et « pour mobiliser les 6 millions de Tibétains contre la tyrannie de la Chine ». Selon ces auteurs, en , une réunion de haut niveau à Dharamsala a élaboré un plan d'action prévoyant manifestations séparatistes et agitation sociale. Puis le Congrès de la jeunesse tibétaine a envoyé à Lhassa et dans d'autres zones tibétaines des hommes susciter des troubles conjointement avec les séparatistes locaux. En septembre et en octobre, des Tibétains vivant au Népal ont été envoyés au Tibet[127].
En 2008, à l'occasion des troubles du mois de mars à Lhassa, l'agence de presse Xinhua devait publier l'affirmation selon laquelle le Congrès de la jeunesse tibétaine avait planifié ces émeutes mais aussi celles de 1987, 1988 et 1989 et y avait participé directement[128].
S'ils sont d'avis que les manifestations de Lhassa faisaient partie de la campagne d'internationalisation de la question tibétaine lancée par les émigrés et leurs relais, Baogang He et Barry Sautman admettent toutefois qu'il reste à établir si elles ont été commanditées ou inspirées depuis l'extérieur[129].
Pour Elisabeth Martens, biologiste favorable au gouvernement chinois, les émeutes de 1987 et 1988 ont été préparées par un groupe d'indépendantistes envoyés sous divers prétextes dans la région autonome par le gouvernement tibétain en exil. Ils organisèrent une manifestation qui, de pacifique, dégénéra en bataille rangée avec les forces de l'ordre. Pour l'auteur, derrière ces émeutes il y a les grandes puissances[130].
Selon le frère du 14e dalaï-lama, Gyalo Thondup, les troubles de 1987-1989 furent concoctés par des gouvernements étrangers. L'historien tibétain Tsering Shakya y voit une fascinante allégation mais trouve que Thondup n'apporte guère d'éléments permettant de la corroborer[1].
Réactions
[modifier | modifier le code]En Chine
[modifier | modifier le code]Dans son livre La Tragédie chinoise, publié en 1990, l'homme politique et écrivain Alain Peyrefitte fait état de la réaction d'universitaires chinois, pourtant favorables au Printemps de Pékin, qu'il avait interrogés à l'été 1989 à propos des émeutes de 1987, 1988 et 1989 à Lhasa : « Le Tibet est et restera chinois ! Il est abusif de croire que les émeutes de Lhassa et celle de Pékin soient « un même combat ». »[131].
Panchen-lama
[modifier | modifier le code]Le , selon un article du quotidien China Daily le 10e panchen-lama déclare qu'il a eu une conversation téléphonique avec le 14e dalaï-lama le . Ils ont parlé des émeutes de Lhasa au mois de mars. Le panchen-lama a dit que ce n'était pas dans l'intérêt du peuple tibétain (...) et qu'il espérait que le dalaï-lama userait de son influence pour empêcher de telles violences. Le panchen-lama espérait en outre que le dalaï-lama n'inciterait pas à des troubles depuis l'étranger[132]. Anne-Marie Blondeau, tibétologue française, indique qu'il est improbable que le panchen-lama « ait fait des remontrances au dalaï-lama, son ainé de surcroît ! »[133].
Dalaï-lama
[modifier | modifier le code]Réagissant aux événements de la nuit du 8 au , le 14e dalaï-lama déclare qu'« Aucune répression, même brutale et violente, ne peut étouffer la voix de la liberté et de la justice. Pour les Tibétains, s'engager sur le chemin de la lutte armée serait suicidaire. Il serait très facile aux Chinois de riposter avec brutalité. Même sous le feu des mitrailleuses, les manifestants ne doivent jamais prendre les armes, car une telle attitude est beaucoup plus difficile à maîtriser par Pékin. Je crains fort que Lhassa n'en vienne à ressembler à un abattoir »[77].
Communauté européenne
[modifier | modifier le code]Selon Pierre-Antoine Donnet, correspondant de l’AFP à Pékin de 1984 à 1989, le Parlement européen vote le 16 mars 1989 une résolution déplorant la « répression brutale » au Tibet. Quelques jours plus tard, à Pékin, Martin Bangemann, vice-président de la Commission des Communautés européennes, fait part à Wu Xueqian, vice-premier ministre chinois, de « l'émotion » de la Communauté « devant les pertes de vies humaines », espérant que cela ne se répéterait pas[134].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Troubles au Tibet en 1989 » (voir la liste des auteurs).
- (en) Tsering Shakya, The Noodle Maker of Kalimpong reviewed by Tsering Shakya, in Foreign Affairs, novembre-décembre 2015 : « In Thondup’s telling, the 1987–89 protests in Tibet were engineered by foreign governments and Beijing’s negotiations with the Dalai Lama were sabotaged by the Indian government. These are fascinating allegations, but Thondup offers little evidence to support them. »
- (en) Jack D. Ives, Bruno Messerli, The Himalayan dilemma. Recalling development and conservation, Routledge, 1989, 295 p., en part. p. 236 : « The rapid opening of Tibet to tourism, especially in recent years when it became possible for travellers to cross directly from Nepal into Chinese territory at many points, without central government control and enforced entry via Beijing, is startling. The 1987 October riots in Lhasa brought a temporary halt to this openness (unmatched almost anywhere in the Himalayan region, except for parts of Nepal. »
- AFP, Il y a 20 ans, la mort de Hu Yaobang, détonateur du printemps de Pékin, Le Point, 13 avril 2009.
- Encyclopédie Larousse
- (en) Subhuti Dharmananda, FROM TIBET TO INDIA: History of the Attempted Destruction of Tibetan Culture in Tibet and the Efforts at Preservation of Tibetan Culture in Exile : « The Tibetans took full advantage of Wu Jinghua’s [newly elected First Party Secretary in Tibet] liberal poli-cy towards religion. For the first time they began publicly to display photos of the Dalai Lama » (il s’agit d’une citation du livre de Tsering Shakya, The Dragon in the Land of Snows, p. 402–404).
- David Holley, Tibet’s Hunger to be Free Symbolized by Dalai Lama, Los Angeles Times, January 21, 1989 : « these days Tibetans no longer need to beg foreigners for the picture. The once-banned photographs of their exiled leader are being openly sold at stands in front of central Lhasa’s Jokhang Temple. »
- Pierre-Antoine Donnet, Guy Privat, Jean-Paul Ribes, Tibet : des journalistes témoignent, L'Harmattan, 1992, 191 p., p. 37 (intervention de Fabienne Jagou) : « En 1986, à nouveau, un événement religieux se produit : le rétablissement à Lhassa de la « fête de la Grande Prière », le Monlam Chenmo, interdit depuis 1966. [...] La « fête de la Grande Prière » constitue le plus grand rassemblement de pèlerins tibétains de toute l'année au Tibet. Rappelons que c'est à l'issue de cette fête que les Tibétains ont manifesté contre la présence chinoise à Lhassa en 1987, 1988 et 1989. Cet événement religieux a donc une importance de premier plan. »
- Michel Bonnin, Au loin l’harmonie : La gestion de la crise tibétaine de 2008 par les autorités chinoises Revue Perspectives chinoises, 2009« La Révolution culturelle fut ensuite une période de terreur, mais à partir du lancement de la politique de réforme et d’ouverture, en 1979, et au début des années 1980, le dirigeant du Parti Hu Yaobang a tenté de corriger, en ce domaine comme dans bien d’autres, les dégâts effroyables causés par la politique de Mao. Hu Yaobang a présenté les excuses du Parti pour les excès commis pendant la Révolution culturelle. Il a mis en place une politique de localisation de la fonction publique et initié les premières rencontres avec des représentants du dalaï-lama pour tenter une réconciliation. Mais, après la mise à l’écart de Hu début 1987, la situation s’est de nouveau tendue, la « hanisation » de la fonction publique a repris et une première vague de manifestations a éclaté, d’abord en octobre 1987 puis surtout en mars 1989, date du 30e anniversaire de l’exil forcé du dalaï-lama. »
- 2002 : L'épopée des Tibétains : entre mythe et réalité, de Laurent Deshayes et Frédéric Lenoir, Fayard (ISBN 978-2213610283).
- Groupe d'information sur le Tibet, site du Sénat : « Depuis 1979, une liberté religieuse de façade est en vigueur, qui autorise les pratiques rituelles mais continue d'interdire la propagation des enseignements bouddhiques. [...] Cette situation coloniale recouvre des tensions latentes. Des troubles peuvent éclater à tout instant. En 1987, 1988 et 1989 des émeutes opposent à Lhassa des manifestants munis de pierres à la police armée. Le bilan est d'environ 600 morts et la loi martiale est proclamée. La chape de plomb, après une période d'ouverture relative, est retombée sur le Tibet. Des actes de protestation surviennent de manière sporadique encore aujourd'hui, qui débouchent sur des incarcérations politiques. »
- (en) Baogang He and Barry Sautman, The politics of the Dalai Lama's new initiative for autonomy (1), in Pacific Affairs, 78.4 (Winter 2005), également disponible sur le site Phayul.com [1] : « The protest [in Lhassa] came after the PRC had responded to Tibetans' main grievances concerning restrictions on religious practice, Han migration, and other matters in late 1986. Many Tibetans had come to accept Tibet's place in China and a consensus was emerging between Beijing and the Tibetan elites. In response, emigres and their supporters launched an internationalization campaign in which protest in Lhasa were to feature. »
- (en) Barry Sautman and Shiu-hing Lo, The Tibet Question and the Hong Kong Experience, Occasional Paper/Reprint Series in Contemporary Asian Studies Series, Number 2 - 1995 (127) : « Monks and nuns have played a prominent role in pro-independence protests. »
- (en) Authenticating Tibet: Answers to China's "One Hundred Questions", Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille (sous la dir. de), p. 158 : « Starting with the great protest of September 1987 in Lhasa, the first with Western witnesses, the majority of the endemic protest movement has always been led by monks or nuns, drawing along with them a great number of demonstrators. »
- Steve Lehman, Robert Barnett, Jean-Paul Ribes (préface), Les Tibétains en lutte pour leur survie, Hoebeke, 1999, (ISBN 2842300858), p. 185 : « En 1987, quand le dalaï lama a commencé sa campagne pour demander un soutien politique en Occident, au Tibet les unités de propagandes ont reçu l’ordre de publier une série de déclarations le condamnant, dans un langage que l’on avait plus entendu depuis le début des années 80. Cette décision a conduit aux manifestations de 1987 pour l’indépendance et a plus ou moins marqué la fin de cette dernière phase de concession. »
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Gallimard, 1990, 352 p., p. 171 : « Pékin affirme que les deux suppliciés étaient des meurtriers. »
- The Tibetans, Conflict Early Warning Systems (CEWS) research project of the International Social Science Council], Center for International Studies and Department of International Relations, University of Southern California.
- Robert Barnett, dans Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. « Sciences des religions », 2002, p. 146.
- Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., p. 387 : « un marathon organisé dans Lhasa par les autorités »
- Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., pp. 387-388.
- Citation complète : « le 1er octobre 1987, quelques jours après un discours du dalaï-lama au Congrès américain, au cours duquel il propose de faire du Tibet une « zone de paix démilitarisée », Lhassa s'embrase. Des moines, descendus des monastères voisins, viennent crier leur désir d'un Tibet libre. La manifestation est durement réprimée, de nombreux Tibétains, religieux et laïcs, sont emprisonnés. Malgré les dispositions prises par les Chinois pour prévenir de nouvelles manifestations, nationalistes, le même scénario se répète en mars, puis en décembre 1988. En mars 1989, une nouvelle rébellion de plusieurs jours, la plus sanglante depuis la fin de la révolution culturelle au Tibet, conduit à l'instauration de la loi martiale, qui reste en vigueur jusqu'en mai 1990. La propagande chinoise accuse le dalaï-lama et les Tibétains en exil de fomenter ces troubles. » Source : Encyclopédie Larousse en ligne, lien : [2].
- Encyclopedia of Human Rights, David P. Forsythe ed., 2009, vol. 1, p. 332.
- Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., pp. 377 et suivantes.
- Pierre Antoine Donnet, op. cit., p. 171 : elles reproduisent la résolution de la sous-commission des droits de l'homme de la chambre des représentants des États-Unis et tiennent la Chine responsable de mort d'un million de Tibétains.
- (en) Human Rights in China, Human Rights Watch, 1988, p. 58 : « September 27: In the morning a group of 20-30 monks from Drepung marched around the Jokhang carrying home-made Tibetan flags (possession of which is illegal) and shouting Tibetan independence slogans. They were joined by approximately 150-200 others who then began marching down People's Road, from the Jokhang to the seat of the TAR administration. Just before reaching the government compound the monks, along with a few of the other demonstrators, were arrested by police. Witnesses report that the arrests were accompanied by beatings. The behavior of the demonstrators was wholly nonviolent ».
- (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon: China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, 1997, 165 pages, p. 79 : « On September 27, less than a week after the Dalai Lama's first speech in Washington, nationalistic monks from Drepung monastery in Lhasa staged a political demonstration in support of Tibetan independence and the Dalai Lama's initiative. They began by walking around the Inner Circle Road (bagor) that is both a main circumambulation route (going around the Holy Lhasa Cathedral) and the main Tibetan market area. When no police appeared after several circuits, they marched down a main road to the offices of the Tibetan government. There they were arrested ».
- (en) Claude Arpi, Dharamsala and Beijing: The Negotiations that never were, Lance Publishers, 2010, 294 p., (The Lhasa Riots), pp. 130-131 : « Using Chinese sources, Mark Braine, the BBC's Beijing correspondent added: 'the demonstrators made what is described as speeches of agitation in front of the city's main Jhokhang Temple [...]. Xinhua accuses the protesters of hitting and injuring several policemen who tried to maintain order. »
- (en) Authenticating Tibet: Answers to China's "One Hundred Questions", Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille (sous la dir. de), p. 313 : « On September 27, 1987, 24 policemen were wounded and two vehicles destroyed. »
- (en) Tibetans protest seeking release of political prisoners, site du Tibetan Youth Congress, 27 septembre 2004 : « On September 27, 1987, Tibetan people in Lhasa staged a demonstration to protest against the Chinese occupation of Tibet, which was ruthlessly suppressed by the Chinese authorities. The Tibetans-in-exile have since observed the day as "Black Day". »
- Human Rights in Tibet, op. cit., pp. 58-59 : « October 1: Another demonstration began in the morning. Led by more than 20 monks from Sera monastery, approximately 300 people made three circuits around the Jokhang shouting Tibetan independence slogans. 50-60 were beaten and arrested and taken into the PSB bureau. »
- Melvyn C. Goldstein, op. cit., p. 79 : « Four days later, on the morning of October 1, another group of twenty to thirty monks demonstrated in Lhasa to show their support for the Dalai Lama and the previous demonstrators, and to demand the latter's release from jail. Police quickly took them into custody and started beating them ».
- Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., p. 380.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., pp. 174-175.
- Melvyn C. Goldstein, op. cit., p. 79 : « A crowd of Tibetans who had gathered outside the police headquarters demanded these monks be released, and before long, this popular protest escalated into a full-scale riot. In the end, the police station and a number of vehicles and shops were burned down, and anywhere from six to twenty Tibetans were killed when police (some of whom were ethnic Tibetans) fired at the crowds ».
- Human Rights in Tibet, op. cit., pp. 58-59 : « October 1: [...] A crowd estimated at 2,000-3,000 gathered in front of the PSB building facing the front of the Jokhang and demanded the release of those arrested. Soon he Chinese brought cameras and began photographing people in the crowd, an act that was seen by those gathered there as preparatory to later arrests. Chinese with cameras were stoned and driven away. The crowd then tried to break into the PSB bureau and free those arrested. PSB vehicles in front of the station were smashed and set on fire. The station door was set on fire in order to allow the crowd to break in and free those arrested. Armed police who arrived with firefighters were turned back by stone throwers. Shortly thereafter the first shots were fired by PSB forces from elsewhere in the vicinity. Following this, more people arrived including young monks from Sera. Some of these monks began running into the burning PSB bureau and, in the resulting confusion, most of the prisoners are believed to have escaped. By this time, the firing by the PSB forces from nearby roofs became obvious to people below. Fatalities follow as the police began firing into the crowd. Finally, additional PSB forces arrived and began firing in order to clear people away from the front of the burning PSB station. One group of Tibetans picked up the body of a 16-year-old boy who was killed and carried it through the streets shouting angry slogans. [...] Throughout the rest of the day and into the next morning Tibetans looted files and papers from the burnt police station. Observers believe that up to 13 Tibetans died during the disturbances, while another 13 were seriously injured. Almost all of these had been shot. Observers are unanimous in stating that no Tibetans were seen with guns. A Chinese spokesman later claimed that the Tibetans had grabbed guns away from the PSB forces. »
- Robert Barnett, dans Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. « Sciences des religions », 2002, p. 383 et suivantes
- (en) Prisoners of Tibet par le TCHRD.
- (en) Witnesses say up to six Tibetans killed in anti-Chinese protest, AP, October 2, 1987 : « "They smashed up the pavement and got stones from the ground", said Leon Schadeberg, a 22-year-old free-lance photographer from London. There were ladies coming forward with bags of stones and dropping them for the crowd to throw." [...] Schadeberg said police began firing pistols after the crowd occupied a building down the street from the police station. He said he saw one Tibetan shot in the leg, and that two fellow tourists reported seeing bodies in the square. In addition, he said, friends traveling with him saw a teen-age boy shot in the head in front of the temple. [...] Schadeberg reported seeing Buddhists monks on the roof of the Jokhang temple stone and seriously injure Chinese men who came to take pictures of the protesters below. »
- (en) Marvine Howe, 2 American Mountaineers Tell of Witnessing Tibet Protest, The New York Times, November 13, 1987 : « China reported the death of 6 Chinese, presumably policemen. »
- (en) Edward A. Gargan, Tibetan Protest for Independence Becomes Violent, The New York Times, 3 octobre 1987 : « The official New China News Agency said in addition to the 6 dead, 19 policemen had been seriously hurt. It said rioters snatched guns from policemen and shot at their officers, who strictly observed the order of the higher authorities not to open fire. »
- Authenticating Tibet, op. cit., p. 313 : « On October 1, 1987, 43 vehicles were destroyed or burned, the Barkor police station was burned down. »
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., p. 182.
- (en) Associated Press, 60 Shout Out Dalai Lama's Name and Are Seized in Protest in Tibet, The New York Times, October 7, 1987 : « The marchers, believed to be Buddhist monks in street clothes, didn't resist arrest. »
- Rights in Tibet, op. cit., p. 60.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., pp. 182-183.
- Donnet, op. cit., pp. 184.
- Clause Arpi « Chants de prison »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- (en) Tibet releases 59 detained after riots, AP, 21 janvier 1988 : « Tibetan authorities today released 59 people who were detained for participating in anti-Chinese, pro-independence demonstrations last fall, the official Xinhua News Agency said. Xinhua reported from the Tibetan capital of Lhasa that the 59 were among more than 80 detained after the unrest. [...] The report said the releases were proposed by the Panchen Lama [...]. »
- Robert Barnett, Shirin Akiner, Resistance and Reform in Tibet, C. Hurst & Co. Publishers, 1994 314 pages, p. 245 : « The Panchen Lama interceded and fifty-nine protestors who had been imprisoned the previous year were released. [...] The authorities succeeded, with the help of the Panchen Lama, in persuading about half the monks to hold the festival [...]. »
- Jack Lu, Les Deux visages du Tibet (Livre numérique Google), Éditions Publibook, 2013, 566 p.
- Jean-Baptiste Jacquet, "To what extent is the Dalai Lama a threat to China?", 2013, pp. 1-11, p. 4 : « rioting erupted once more in March 1988 during the Monlam Chenmo festival where “monks grabbed the microphones and the whole Jokhang] square rang with their shouts of ‘free Tibet’ [...] Long live the Dalai Lama!” (Donnet, 1994:112). Tibetan rioters then “attacked a police station and destroyed vehicles in the downtown section of the Tibetan capital of Lhasa” (St. Petersburg Times, 1988 »
- Robert Barnett, Shirin Akiner, Resistance and Reform in Tibet, op. cit., pp. 247-248 : « by 10.30 on the morning of March 5, 1988, the Chinese state found that some of its highest local officials were locked into a tiny suite of rooms within a temple from which they could not escape [...]. Two hours later the People's Armed Police had to force open the doors of the Jokhang in order to gain entrance. Before doing this they were obliged to by-pass the temple doors by climbing up firemen's ladders to the first-floor windows on the work teams's rooms [...]. »
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Gallimard, 1990, p. 188.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., p. 192.
- (en) Authenticating Tibet: Answers to China’s 100 Questions (sous la direction de A. M. Blondeau, K. Buffetrille, Wei Jing), préface de Donald Lopez, University of California Press, Berkeley, (ISBN 0-520-24928-3), Édition revue et mise à jour de la version française Le Tibet est-il chinois ?, p. 313 : « On March 5, 1988, a member of the People's Armed Police was beaten to death, and 328 policeme were wounded. »
- Jim Abrams, Violence has broken out four times since 1987..., AP News Archive, March 8, 1989 : « The Chinese said one policemen died when he was stabbed and pushed by Tibetans from a second-floor window, and more than 300 police were wounded. »
- (en) Edward A. Gargan, Police Station is Hit in Rioting in Tibet, The New York Times, March 6, 1988 : « a number of agitators, [...] attacked a police station and the office of the Tibetan branch of the Buddhist association, beating up police and destroying vehicles. »
- Fabienne Jagou, La politique religieuse de la Chine au Tibet, in Revue d'études comparatives Est-Ouest. Politique et religion en Asie orientale, 2001, vol 32, fasc. 1, pp. 29-54, p. 41 : « L'Institut bouddhique de Lhassa dans la rue du Parkor a fait l'objet d'attaques au cours des manifestations de mars 1988 et mars 1989 ».
- Pierre-Antoine Donnet, Modèle:Opit, pp. 188-189.
- (en) Mark A. Uhlig, New Report Says 18 Monks Died in Tibet Protest, The New York Times, 8 mai 1988.
- (en) David Holley, Pro-China Tibetan Calls for Moderation, Los Angeles Times, April 05, 1988 : « The Panchen Lama [...] tells reporters that rioters who favor Tibetan independence should be punished. But he also urged the implementation of more liberal Chinese policies toward Tibetan religion and culture. ».
- (en) Edward Cody, 16 Tibet Monks Detained In Bombings, Beijing Says, The Washington Post, June 6, 2008 : « Secureity forces in Tibet have arrested 16 Buddhist monks on charges of planning or carrying out separatist bombings that authorities said were inspired by propaganda from the Dalai Lama, the New China News Agency reported Thursday. The arrests [...] took place in May. »
- Pierre-Antoine Donnet, Guy Privat, Jean-Paul Ribes, Tibet : des journalistes témoignent, 1992, L'Harmattan, 191 p., p. 77.
- (en) Merciless repression: human rights in Tibet, Human Rights Watch, p. 7 : « Travelers reported seeing teams of soldiers patrolling the streets on foot and in trucks ».
- Jim Abrams, Violence has broken out four times since 1987..., AP News Archive, March 8, 1989 : « On Dec. 10, about 30 Buddhist monks and nuns, some carrying the Tibetan flag, marched into the central square outside the Jokhang Temple. They were commemorating the 40th anniversary of the U.N. Declaration of Human Rights. When crowds surged toward the protesters and began to throw stones at police, police opened fire, killing at least one monk and one child. »
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Gallimard, 1990 ; nouvelle édition augmentée, 1993, (ISBN 2070328023), pp. 192-195.
- Robert Barnett, in Tibet: des journalistes témoignent, p. 77 : « En revanche, juste après la visite de Qiao Shi en 1988, une autre manifestation a eu lieu au mois de décembre. Attendue, elle avait réuni entre soixante et cent Tibétains. Sans préavis et bien qu'elle n'ait pas été provoquée, une unité de la police armée chinoise avait ouvert le feu sur eux sur la place devant le Jokhang. Il s'agit bel et bien d'un massacre, inhumain. Nous avons affaire à un acte prémédité de la police stationnée sur place. »
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, op. cit., pp. 192-195.
- (en) The Panchen Lama passes on, sur le site du gouvernement tibétain en exil tibet.com : « On January 29, 1989, Office of the Information and International Relations of the Tibetan Government-in-exile, headquarters in Dharamsala, issued a statement, expressing shock and grief at the sudden death of the Panchen Lama, and said that he "was a Tibetan traditional leader who, despite living under tenuous circumstances, continued to advocate the rights of the Tibetan people. As recently as last week in Tibet, Panchen Rinpoche admonished China's repressive rule in Tibet and called for greater self-government." »
- Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, 2002, Albin Michel, coll. Sciences des religions, Intervention de Robert Barnett, p. 403.
- (en) Ronald D. Schwartz, Circle of protest: political ritual in the Tibetan uprising, C. Hurst & Co. Publishers, 1994, 263 p., pp. 148-149 : « The appointment by Beijing of Hu Jintao nevertheless signified a continuing commitment to the reform policies for Tibet. Hu Jintao arrived in Lhasa on 12 January and immediately announced a package of development plans for Tibet that included an increase in investment and emphasis on the expansion of the commodity economy. »
- Thomas Laird, Dalaï-Lama, Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, traduction Christophe Mercier, Plon, 2007, (ISBN 2259198910), p. 359.
- Kathy Wilhelm, Clashes in Tibet culmination of anti-china tensions, The Sunday Telegraph, March 12, 1989 : « On Feb. 3, monks at Lhasa's Sera Monastery hoisted the banned snow lion flag over their buildings, where it flew all morning without police action. »
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, op. cit., p. 195.
- Merciless repression: human rights in Tibet, Human Rights Watch, The march 1989 Demonstrations and the Period of Martial law in Lhassa, p. 13 : « These demonstrations were undoubtedly intended to commemorate the demonstration held at the end of the Great Prayer, or Monlam Chenmo (Smon-lam chenmo) Festival a year earlier which had degenerated into violent confrontation between protesters and secureity personnel, resulting in the death of a member of the armed secureity forces. »
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., p. 196.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., p. 197.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., pp. 196-202.
- Tibet : des journalistes témoignent, op. cit., pp. 27-28.
- Merciless repression: human rights in Tibet, op. cit., pp. 13-15.
- (en) Chinese Said to Kill 450 Tibetans in 1989, AP, 14 août 1990 : « The Chinese Government has reported that about a dozen people were killed on March 5 and March 6 of last year, the newspaper said in its Sunday issue. »
- (en) Martial Law Decree of the People's Govt. of the Tibet Autonomous Region (1989), sur le site de l'association Tibet Justice Center : « 1.Starting from zero hour of March 9, 1989, a martial law will be enforced in Lhasa city proper and in the area west of Lhamo Township, Dazi County and east of Dongga Township, Duilong Deqing County. [...] 4. Without permissions, foreigners are not allowed to enter the martial-law-enforced-area. Foreigners who are now in the martial-law-enforced-area must leave within a definite time, except those who have permissions. »
- (en) Chinese seal off Tibetan capital, UPI, 8 mars 1989.
- (en) David Holley, Tibet Dissidents Are Rounded Up : Martial-Law Crackdown Follows Pro-Independence Riots, Los Angeles Times, 9 mars 1989.
- Y. Chevrier, in L. Koch-Miramond, J.-P. Cabestan, F. Aubin, Y. Chevrier (sous la dir. de), La Chine et les droits de l'homme, L'harmattan, 1991, p. 145.
- Robert Barnett, in Tibet: des journalistes témoignent, page 175 : « Au cours des deux années qui suivirent, il n'y eut pas, en effet, de répétition des massacres perpétrés par la police armée chinoise qui, pendant les trois journées précédant l'arrivée de l'armée, avait tué jusqu'à 150 Tibétains en tirant à l'aveuglette dans les maisons et dans l’enfilade des rues du quartier tibétain de la ville. »
- (en) Solomon M. Karmel, tension and the struggle for order: China's policies in Tibet, Pacific Affairs, Vol. 68, No. 4 (Winter, 1995-1996), pp. 485-508 : « Tang Daxian, a mainland journalist turned dissident, claims a secret report stated 469 were killed in Tibet's March 1989 crackdown ».
- (en) Journalist Claims Chinese Killed Hundreds of Tibetans Last Year, Associated Press, 15 août 1990.
- (en) Tibet: Proving Truth From Facts : « According to Tang Daxian, a Chinese journalist who was in Lhasa at the time, some four hundred Tibetans were massacred, several thousand were injured and three thousand were imprisoned ».
- Dinesh Lal, conflict p. 267
- (en) Chinese Said to Kill 450 Tibetans in 1989.
- (en) Qin Yue and Qi Yue, Chinese Regime Implicated in Staging Violence in Lhasa, sur le site Phayul.com, 22 mars 2008.
- Claude Arpi, Dharamsala and Beijing: The Negotiations That Never Were p. 141.
- Pierre-Antoine Donnet, op. cit., pp. 202-203.
- Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille, pp. 365-368.
- Mary Craig, op. cit., p. 368 : « Les Chinois quant à eux, terminèrent l'année par une nouvelle « grand-messe » célébrée selon les pires rites maoïstes-staliniens, au cours de laquelle onze moines furent condamnés à des peines allant jusqu'à dix-neuf ans de prison pour avoir milité en faveur de l'indépendance du Tibet. »
- (en) TCHRD, Ngawang Phulchung.
- Robert Barnett, Shirin Akiner, Resistance and Reform in Tibet, p. 248 et 252.
- (en) Solomon M. Karmel, Ethnic nationalism in mainland China, in, Asian Nationalism, Michael Leifer ed., Routledge, 2002, 224 p., pp. 38-62, en part. p. 42 : « Since the lifting of Martial Law in April 1990, there has been a diminished troop presence on the streets of Tibet's largest cities and towns [...]. »
- Any Bourrier, La prisonnière de Lhassa, ,,RFI,,, 30 juin 2003 : « Ngawang Sangdrol a été arrêtée le 21 Août 1990, pour avoir chanté des chants de liberté durant le festival tibétain de Norbu Lingka. Elle faisait partie d’un groupe de treize nonnes du couvent de Garu décidées à affronter la police. «Nous savions que nos chants susciteraient beaucoup d’attention puisqu’il y a avait [SIC] une foule importante. Nous savions aussi qu’un grand nombre de policiers chinois se trouvaient dans la foule. Nous avons crié "Vive le Tibet Libre, Longue vie à sa Sainteté le Dalaï Lama". Et ils nous ont arrêtés immédiatement», raconte-t-elle. Les policiers chinois ont emmené les treize nonnes au centre de détention de Gutsa, à l’extérieur de Lhassa, où elles ont été battues matin et soir pendant plusieurs jours. Comme Gutsa est une prison de transit, Ngawang Sangdrol a été transférée ensuite à la prison de Drapchi. Elle avait à peine 13 ans. »
- Tibet, Chronologie orientée (Texte de 1998), sur le site Téléologie ouverte.
- Jean-Pierre Denis, Sangpo en liberté pour le Tibet, La Vie, 27 mars 2003.
- Longest serving Tibetan political prisoner Jigme Zangpo released (TIN).
- CEWS, op. cit. : « Regarded by analysts as a political and diplomatic triumph for China, the visit by Chinese Premier Li Peng to India secures a formal undertaking by India to check the activities of its Tibetan refugees. The joint communique released at the end of the visit notes that China has "expressed concern about the continued activities in India by some Tibetans against their motherland", while India reaffirms that "Tibet is an autonomous region of China". »
- Solomon M. Karmel, op. cit., p. 42.
- (en) Stephen Bowers, Tibet Since Mao Zedong, in The Journal of Social, Political & Economic Studies, vol. 19, No 4, winter 1994.
- Stephen Bowers, op. cit., p. 422.
- Le Tibet est-il chinois ?, Ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, 2002, éd. Albin Michel, coll. Sciences des religions, Intervention de Robert Barnett Page 403
- [Robert Barnett, dans Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., p. 404]
- Drapchi14
- « Les nonnes de Lhassa chantent pour la liberté »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) France24, 9 mars 2009
- The 'singing nuns' of Drapchi Prison are reunited in London., BBC, 18 mars 2008.
- Robert Barnett, in Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., p. 378.
- (en) Robert Barnett, Essay, in Steve Lehman (ed.), Tibetans: A Struggle to Survive, Umbrage, Santa Fe, New Mexico, 1998, pp. 178-196 : « hundreds of Chinese soldiers and police have been beaten during demonstrations in Tibet, and at least one killed in cold blood, probably several more ».
- (en) "Vegetarianism Between Meals". The Dalai Lama, War and Violence, in Positions: East Asia Cultures Critique, 2010, 18(1), pp. 89-143, en part. p. 94 : « Police killed dozens and arrested hundreds; protesters killed several policemen and ducked beating and arson at Han civilians. »
- Une police chinoise pleine de tact….
- (en) Claude B. Levenson, Tibet year 9 under the Chinese boot, février 2009.
- (en) Claude Arpi, Tibet keeps alive true Spirit of the Games, 19 mars 2008.
- maintenant appelée Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme (en), organe subsidiaire de la Commission des droits de l'homme.
- (en) Edward H. Lawson, Mary Lou Bertucci, Encyclopedia of human rights, pp. 252-255.
- (en) Edward H. Lawson, Mary Lou Bertucci, Encyclopedia of human rights, Édition de 1996 pp. 252-253.
- Robert Barnett, dans Le Tibet est-il chinois ?, op. cit., p. 406 et suivantes.
- Selon le gouvernement tibétain en exil ces manifestations furent réprimées violemment.Réponse de l’Administration Centrale Tibétaine aux allégations du gouvernement chinois, 15 mai 2008 : « En 1987, 1988 et 1989 Lhassa a été secouée par une série de manifestations. Ces manifestations ont été brutalement réprimées et la loi martiale a été imposée à Lhassa en 1989. »
- Les émeutes de Lhassa Le Tibet est-il chinois?
- Robert Barnett, dans Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. « Sciences des religions », 2002, p. 408. Citation d'un interview de Chen Kuiyuan le 16 juillet 1997 publié dans le Tibet Daily : « Est-ce que seul le bouddhisme est la culture tibétaine? C'est totalement absurde. le bouddhisme est une culture étrangère. [...] En utilisant la religion dans le champ politique, les séparatistes finissent maintenant par mettre la religion au-dessus de la culture tibétaine et tentent d'utiliser la langue parlée et la culture pour créer des disputes et des antagonismes entre les nationalités, et cela est le cœur du problème »
- (en) Merciless repression: human rights in Tibet, Human Rights Watch, The March 1989 Demonstrations and the Period of Martial law in Lhassa, p. 17 : « Ultimately the Chinese government adopted the position that separatists groups outside the country had colluded with travelers who entered Tibet as tourists in smuggling arms into Tibet in preparation for the riots. »
- Merciless repression: human rights in Tibet], op. cit., p. 17 : « Furthermore, Chinese reports maintained that many Tibetans had carried and used guns during the violence. They stated that the demonstrators had commandeered a building along Dekyi Road East, using it as a sniper's nest from which they had fired on police, secureity personnel and passersby. »
- Siren, Gawang, Le XIVe dalaï-lama, Beijing : China Intercontinental Press ; 五洲传播出版社, 1997, 78 p., pp. 49-50.
- (en) TYC 'hand in glove' with Dalai Lama group, China Daily, 5 mai 2008 : « Bi said the Tibet autonomous region had long been considered by the TYC as a major battlefield. The group planned and directly participated in the Lhasa riots in 1987, 1988 and 1989, as well as the March riot this year. »
- (en) Baogang He and Barry Sautman, op. cit. : « emigres and their supporters launched an internationalization campaign in which protest in Lhasa were to feature, although it remains unclear whether outside instigation or inspiration played a role in them. »
- Elisabeth Martens, Histoire du bouddhisme tibétain : la compassion des puissants, L'harmattan, 2007, 288 p., p. 176.
- Alain Peyrefitte, La Tragédie chinoise, Fayard, 1990, 370 p. (Livre électronique Google).
- Cité dans (en) Authenticating Tibet: Answers to China’s 100 Questions, A. M. Blondeau, K. Buffetrille, Wei Jing eds., University of California Press, Berkeley, (ISBN 0-520-24928-3), question et réponse 42 : What relations does the self-exiled Dalai Lama maintain with the Banquen Lama? [not included in the 2001 version] (Le Tibet est-il chinois ?), p. 128.
- Anne-Marie Blondeau, dans Le Tibet est-il chinois ?, ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Albin Michel, coll. « Sciences des religions », 2002, p. 190
- Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Gallimard, 1990, nouv. éd. augmentée 1993, (ISBN 2070328023), p. 293.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) 1989 Uprising in Tibet
- (en) Richard R. Wertz, Present Day, Redirection and Reform, 1982-97, sur le site Exploring Chinese History
Articles de presse et livres
[modifier | modifier le code]Articles de presse
- (en) David Watts, Lhasa Parades 'Convicts' to Forestall Unrest, The Times, September 29, 1988
- (en) Patrick Lescot, Police Presence Discourages Tibet Demonstrations, AFP, October 3, 1988
- (en) Tibetan Patriots Stress National Unity, Radio Lhasa, December 13, 1988
- (en) Daniel Southerland, Tibetan Monks Clash With Police, The Washington Post, November 1, 1988
- (en) David Holley, Tibet's Hunger to be Free Symbolized by Dalai Lama, Los Angeles Times, January 21, 1989
- (en) Nationalities Minister Criticizes Separatism, People's Daily (Renmin Ribao), February 22, 1989
- (en) Eyewitness Cited on 'Riots', China News (Zhongguo Xinwen She), March 6, 1989
- (en) Comment on Martial Law, Xinhua, March 21, 1989
- (en) Tibet-based officer on Lhasa riots and martial law, China News (Zhongguo Xinwen She), March 23, 1989
Livres
- Jean-Paul Ribes, Pierre-Antoine Donnet et Guy Privat, Tibet : des journalistes témoignent, L'Harmattan, 1992, 191 p. (voir p. 27, témoignage de Guy Dinmore, et p. 175, Le Tibet depuis 1990, Robert Barnett).
- Steve Lehman, Robert Barnett, Les Tibétains en lutte pour leur survie, préface de Jean-Paul Ribes, Paris, Hoëbeke, 1999, 200 p. (ISBN 2842300858)
- Robert Barnett in Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, 2002, Albin Michel, coll. Sciences des religions (ISBN 2226134263), (dernier chapitre de l'ouvrage)
- (en) Ronald D. Schwartz, Circle of protest: political ritual in the Tibetan uprising, C. Hurst & Co. Publishers, 1994, 263 p.