Unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr
Unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr Unitățile Teritoriale Autonome din stînga Nistrului (ro) | |
Armoiries[1] |
Drapeau[2] |
Administration | |
---|---|
Pays | Moldavie |
Statut politique | Territoire autonome de la Moldavie contrôlé par la République moldave du Dniestr |
Capitale | Cocieri |
Démographie | |
Population | 475 007 hab.[3] (2015) |
Densité | 114 hab./km2 |
Langue(s) | Roumain, russe et ukrainien |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 22′ 00″ nord, 29° 15′ 00″ est |
Superficie | 4 163 km2 |
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Les unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr (en roumain : Unitățile Teritoriale Autonome din stînga Nistrului, en russe : Автономная территориальные единицы левобережья Днестра (Avtonomnaya territorial'nyye yedinitsy levoberezh'ya Dnestra) ou plus brièvement Приднестровская автономная единица (Pridnestrovskaya avtonomnaya yedinitsa)) sont les cinq raions de Camenca, Rîbnița, Dubăsari, Grigoriopol, Slobozia et la municipalité (ro) de Tiraspol qui forment, selon le droit de la Moldavie et selon l'Organisation des Nations unies, une région autonome de ce pays désignée par l'acronyme UTAN[4]. Il s'agit d'une entité différente de la république moldave du Dniestr - Republica Moldovenească Nistreană (RMN ci-après, RMD en Français) qui contrôle la majeure partie de son territoire :
- statutairement l'UTAN est une région autonome de la Moldavie reconnue comme telle par la communauté internationale, Russie incluse, donc une entité de jure créée et confirmée par les différents traités signés par la Moldavie, la Russie, l'Ukraine et la Roumanie en 1992, 1994 et 1996 et transcrits dans la loi moldave n° 764-XV de 2001, tandis que la RMN est un État autoproclamé, donc de facto ;
- territorialement leurs limites ne coïncident que partiellement ;
- leurs attributs sont également différents :
- les Constitutions et les lois des deux entités sont différentes ;
- la capitale de l'UTAN est Cocieri, celle de la RMN Tiraspol ;
- la monnaie de l'UTAN est le leu moldave, celle de la RMN le rouble transnistrien ;
- l'alphabet utilisé dans l'UTAN est l'alphabet latin, mais l'alphabet cyrillique dans la RMN ;
- les forces de l'ordre et l'armée de l'UTAN sont celles de la république de Moldavie, tandis que la RMN a ses propres forces et armées ;
- enfin les drapeaux sont également différents car l'UTAN utilise une version sans emblème soviétique[5], et la RMN une version avec cet emblème[6].
Les deux entités ne se reconnaissent pas mutuellement puisque la république de Moldavie ne reconnaît pas l'indépendance de la RMN, tandis que celle-ci ne reconnaît pas l'existence de l'UTAN.
Géographie
[modifier | modifier le code]De fait, seule la moitié de l'un des cinq raions, celui de Dubăsari, se trouve sous le contrôle des autorités moldaves. Le reste du territoire autonome, ainsi que la ville et la citadelle de Bender/Tighina sur la rive droite du Dniestr et six communes adjacentes, se trouvent sous le contrôle d'une entité auto-proclamée, militairement protégée par la 14e armée russe[7] : la « république moldave du Dniestr » (RMN), en russe : Приднестровская Молдавская Республика, en ukrainien : Придністровська Молдавська Республіка et en moldave : Република Молдовеняскэ Нистрянэ (en caractères roumains cyrilliques, soit en roumain : Republica Moldovenească Nistreană, abrégé en RMN), qui est un État non reconnu, issu de la dislocation de l'URSS (1991).
Dénominations
[modifier | modifier le code]Le nom de « Transnistrie » utilisé par les médias en français pour désigner cette entité, n'a aucun caractère officiel. Il a été inventé par les ethnographes roumains du XIXe siècle dans leurs descriptions des minorités roumanophones vivant dans les gouvernements russes de Podolie et de Kherson, où elles s'étaient installées en provenance du Boudjak et de Dobrogée, pour fuir la double-capitation sur les chrétiens (haraç) et l'enlèvement des garçons pour les enrôler dans les janissaires, pratiqués dans ces régions devenues ottomanes au XVe siècle. Au début du XXe siècle cette dénomination tombe en désuétude jusqu'en 1941, lorsque le régime fasciste du maréchal Antonescu, le « Pétain roumain », occupe la région ukrainienne située entre le Dniestr et le Boug, alors dénommée officiellement « gouvernement de Transnistrie ». Cette occupation dure trois ans, après quoi à nouveau le terme sombre dans l'oubli (sauf pour les historiens de la Shoah en Roumanie) pour ressurgir en 1992 lors de la guerre du Dniestr consécutive à la dislocation de l'URSS, mais cette fois avec un sens territorialement plus restreint, désignant seulement le territoire moldave situé rive gauche du Dniestr.
Les autorités et populations russophones contestent cette dénomination roumaine, signifiant « au-delà du Dniestr », et utilisent la dénomination russe Pridniestrovie (Приднестровье) signifiant « sur le Dniestr » ou « le long du Dniestr ».
En forme longue, le gouvernement de Tiraspol utilise un nom différent dans chacune de ses trois langues officielles (russe, ukrainien et « moldave »). La dénomination moldave : Република Молдовеняскэ Нистрянэ en caractères roumains cyrilliques est la même qu'en caractères latins (roumain : Republica Moldovenească Nistreană, soit littéralement « République moldave nistréenne »), tandis qu'en russe : Приднестровская Молдавская Республика et ukrainien : Придністровська Молдавська Республіка elle comporte le préfixe При (pri) dont la traduction française, en toponymie, donne « lez », « lès » ou « auprès de ». La forme longue slave serait donc « république moldave du Dniestr ». La nuance est importante car « Transnistrie », « au-delà du Dniestr », se réfère à la définition moldave légale n'incluant que la rive gauche du fleuve, alors que Приднестровье, translittéré Pridnestrovie ou Pridniestrovie, « près du Dniestr », se réfère à la définition russe incluant des territoires sur les deux rives du fleuve[8]. La meilleure traduction en français des noms slaves serait « Cisdniestrie », et la meilleure transcription « Pridniestrie ».
On trouve quelquefois la forme « Transdniestrie », mélange entre la dénomination roumaine et la dénomination russe[9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Les armoiries de la Moldavie sont utilisées comme armoiries officielles pour représenter les Unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr.
- Le drapeau de la Moldavie est utilisé comme drapeau officiel pour représenter les Unités territoriales autonomes de la rive gauche du Dniestr.
- (en) « Population de la Transnistrie », sur Citypopulation.de.
- Ainsi cité dans la loi no 764-XV de 2001 sur l'organisation territoriale de la Moldavie.
- [1]
- [2]
- Depuis l'accord de paix moldo-russo-ukrainien de 1992 consécutif à la guerre du Dniestr, il est prévu le rapatriement des forces russes présentes le long du Dniestr, mais en fait, ce rapatriement n'a jamais eu lieu car, selon Andreï Devyatkov, expert senior au centre de recherches post-soviétiques de l'Académie des sciences de la fédération de Russie, il est important pour la Russie de maintenir une présence militaire sur le Dniestr, capable d'intervenir rapidement en Moldavie si celle-ci risquait de basculer du côté occidental (U.E. et OTAN) et de prendre à revers l'Ukraine en cas d'extension de la guerre du Donbass vers l'ouest : [3].
- Exemple sur le site Internet Pridnestrovie
- Une rapide recherche sur le site Internet du Conseil de l'Europe relève 1248 occurrences pour « Transnistrie/Transnistria », 134 occurrences pour les mots « Transdniestrie/Transdniestria » et 22 occurrences pour « Transdnistrie/Transdnistria ».
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (fr) Xavier Deleu, Transnistrie, la poudrière de l'Europe, Hugo, Paris, 2005 (ISBN 2755600551).
- (fr) Frédéric Delorca, Transnistrie, voyage officiel au pays des derniers soviets, Éditions du Cygne, Paris 2009 (ISBN 9782849241301)
- (fr) Victor-Yves Ghebali, L'OSCE dans l'Europe post-communiste, 1990-1996, Éditions Bruylant, 1996, 741 p. (ISBN 2802707469)
- (fr) Marc Ferro, L'état de toutes les Russies, Éditions La Découverte, 1993, 446 p.
- (fr) Florent Parmentier, La Moldavie à la croisée des chemins, Editoo.com, 2003, 178 p. (ISBN 2747700712)
- (fr) Matei Cazacu, La Moldavie ex-soviétique : histoire et enjeux actuels, Acratie, 1993, 271 p. (ISBN 2909899012)
- (fr) P.Loubière, Autoproclamation de la Transnistrie. Quelle révolution orange pour la Moldavie ?, Paris, -
- (fr) André Sellier, Atlas des peuples d'Europe centrale, Éditions La Découverte, 2002, 200 p. (ISBN 2707136395)
- (fr) Jean Radvanyi, L'URSS : régions et nations, Masson, Paris, 1990, 294 p. (ISBN 2225820465)
- (fr) Jean Radvanyi, Les États postsoviétiques : Identités en construction, transformations politiques, trajectoires économiques, Armand Colin, 2003, 235 p. (ISBN 2200264623)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Conflits post-soviétiques
- Géopolitique de la Russie
- Guerre de Transnistrie
- Forces armées transnistriennes
- Présence militaire russe en Transnistrie
- Conflit de Transnistrie
- Quatre piliers de Transnistrie
- Conseil suprême
- Politique étrangère de la Transnistrie
- Relations entre la Moldavie et la Russie
- Proposition d'annexion de la Transnistrie par la Russie
- Liste des pays non reconnus mondialement
- Crise douanière transnistrienne de 2006 (en)
- Réintégration de la Transnistrie dans la Moldavie
- Reconnaissance internationale de la Transnistrie